Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-12-22
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 22 décembre 1908 22 décembre 1908
Description : 1908/12/22 (N14165). 1908/12/22 (N14165).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
::.01416S.-= 1" Nivôse an1273
CINQ CENTIMES LE NUMEBO
9
Mardi 22 Décemfcre 1908. — N* 14165 v
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TRIBUNE LIBRE
..u.
Enfants abandonnés
1
-
Dans l'exercice de ses
fonctions, un juge de Turin
avait vu comparaître un
grand nombre d'adolescents
qui avaient provoqué sa pi-
tié plus que sa - sévérité. La
responsabilité de leurs méidits retom-
tait avec plus de justice sur l'Etat que
sur eux-mêmes. La loi ne se révélait à
ces enfants que pour châtier leur pre-
mière faute contre la société. Mais que
levaient-ils à cette société-là ? qui s'é-
tait préoccupé de les instruire ? qui les
avait protégés, au cours de leur enfan-
ce misérable ? que pouvaient-ils savoir
de leurs obligations ? Notre devoir,
s'est le droit des autres, dit Nietsche
en une formule concise qui peut servir
de principe fondamental à une doctrine-
sociologique. Or, le devoir d'un gou-
vernement est d'exercer une tutelle ef-
fective sur les créatures qui ont besoin
de protection. Il est leur tuteur obliga-
toire. Quand il néglige ses fonctions, le
jeune malfaiteur peut, avec juste rai-
son, se retourner vers le magistrat,
agent de l'Etat, et lui dire : « — Etes-
vous bien autorisé à me demander
compte aujourd'hui de mes actes délic-
tueux ? A qui la faute si je ne sais pas
distinguer entre le bien et son contrai-
re, si je n'ai pas le goût du travail ?
Tout comme les enfants de bourgeois,
j'aurais pu faire un honnête homme et
travailler utilement au bien social, si la
société ne s'était pas désintéressée de
moi. Monsieur le magistrat, vous vous
signalez à mon attention pour me rap-
peler à la pratique de mon devoir.
Avez-vous rempli le vôtre ? Si vous
eti-ez venu au monde dans le lit (Je ma
mère, et moi dans le lit de la vôtre.
vous occuperiez mon banc, et moi votre
fauteuil. »
Le magistrat de Turin n'eut pas a
subir pareille mercuriale, dans la salle
de ses audiences. Les pauvres petits
soumis à sa juridiction, ayant vécu en
sauvages comme les bêtes des bois,
étaient inhabiles à extraire la quintes-
sence des choses. D'ailleurs, la société
ne tolérerait pas qu'un précoce malfai-
-teur le prenne sur ce ton avec elle.
Cependant, ce magistrat de Turin
possédait une âme rare. Sa candeur
avait résisté aux effets ordinaires des
sentences automatiquement prononcées
par ses pareils. Parvenu à la retraite,
il se remémorait les actes de sa carriè-
re ; il songeait surtout aux nombreux:
petits vagabonds qu'il avait vus (Iéfiler
à sa barre et auxquels il avait obliga-
toirement appliqué la loi, en les en-
voyant se perfectionner dans les mai-
sons de corruption, improprement ap-
pelées maisons de correction.
Alors, il dut se tenir à lui-même le
langage prêté plus haut au jeune vaga-
bond, et il résolut d'utiliser ses loisirs
en donnant un bon exemple à cette so-
ciété au nom de laquelle il avait pro-
noncé des - arrêts de répression. Il re-
cueillit à son foyer un petit sans fa-
mille, puis deux, puis trois, et il pro-
céda à leur culture. Ses ressources li-
mitaient le champ de sa bonté. Mais
le bien exerce heureusement sa conta-
gion. Les dons affluèrent à tel point,
que Turin possède aujourd'hui un vas- '(
te et riche établissement où quelque
trois cents petits abandonnés sont mis
à l'abri 3e la misère matérielle, intel-
lectu.elle et morale.
Deux maisons pareilles fonctionnent
en Italie : l'une à Rome, l'autre à Pa-
poue. J'ai visité cette dernière ; l'éta-
blissement en est dû à une femme d'é-
lite, Mme Omboni dont le mari fut un
ces professeurs les plus distingués de
l'université de cette ville. Ces instituts
privés de l'Infanzia abbandonata se dis-
tinguent de nos refuges congréganistes
par des caractères très marqués. Ce que
j'en dis concerne tout au moins l'ins-
titut de Padoue.
1 Les enfants y reçoivent une éducation
essentiellement familiale, sous la direc-
tion de personnes laïques, pères et mè-
res de famille qui, loin de les soumettre
au régime des couvents ou des maisons
de correction, les entourent de soins
aussi affectueux qu'intelligents. Tous
les garçons ne sont pas astreints aux.
travaux agricoles et les jeunes filles ne
passent pas leur temps à faire des
boutonnières, à coudre des ourlets, à
Confectionner des chemises pour les
grandes maisons ou à broder des mou-
choirs, taies d'oreillers et autres linges
fins pour dames du monde ou du demi-
monde..
Jusqu'à l'âge de douze ans, les en-
fants vont à l'école nationaler Passé-
l'âge scolaire, les garçons font eux-mê-
mesLchoix 9'M métier conforme à leurs
joûts et aptitudes ; on les place en
qualité d'apprentis chez des menuisiers,
charpentiers, peintres, carrossiers, cor-
donniers, tailleurs ou mécaniciens de la
ville. Ils rentrent à l'institut pour y
prendre leurs repas et y coucher, jus-
iqu'au jour où, suffisamment instruits
de leur métier, ils sont en état de ga-
gner leur vie et de se conduire libre-
ment. -
Les jeunes filles ne vont pas en ap-
prentissage. Elles travaillent sous la
direction de maîtresses spéciales qui en
font des repasseuses, des lingères, des
couturières, des modistes, au gré de
leur désir.
Dès que ces adolescents ou adolescen-
tes commencent à recevoir une rétribu-
tion, on la met en réserve à la Caisse
d'épargne, pour leur propre compte-. Ils
prennent possession du pécule le jour
de leur sortie de l'institut.
Je ne crois pas qu'il existe, en Fran-
ce, un seul établissement organisé sur
ce modèle.
Les enfants recueillis par l'Assistan-
ce publique sont dispersés, à la cam-
pagne, chez des agriculteurs qui les
utilisent, 'dès le bas âgé, d'abord à là
garde des bestiaux, et puis aux travaux
des champs, plus préoccupés d'en tirer
prbfit que de les élever paternellement.
Je signale cette question à l'étude 'des
services compétents de l'intérieur. Elle
s'impose aux chefs de notre 'démocratie.
DELPECH,
sénateur de l'Ariègé.
président d'honneur du Comité Exécutif
du Parti radical et radical-socialiste.
LA POLITIQUE
LA DELEGATION ET LES REFORMES
- La « résurrection » de la dé-
légation des gauches demeure
la question du jour dans les
milieux parlementaires et dans
les groupes de militants. Les
députés se laissent intervie-
wer sur cette actualité, et les publicis-
tes politiques livrent spontanément leurs
méditations au public.
(Tous les « Jean qui riaient » 'de la
politique marasmatique en Honneur dans
le monde officiel pleurnichent, mais s?é-
tudient à masquer leur mauvaise humeur
et à cacher leurs larmes.
L'ère du calme plat a pris iïn, -et après
la trêve traditionnelle des -confiseurs,, au
lendemain du renouvellement sénatorial,
va commencer l'active campagne parle-
mentaire pour le vote des réformes.
Ceux qui n'ont cessé de la réclamer,
ceux qui ont toujours pensé qu'il fal-
lait aborder le programme social, écono-
mique et fiscal du radicalisme avec la
même énergne que l'on avait déployée
pour réaliser la politique de laïcité, ceux-
là — et nous n'avons cessé 'd'en être -
se réjouissent pleinement.
Assurément, nous savons le langage
que tiennent nombre de « sages ». « On
ne peut faire des réformes incessantes!
On a liquidé les congréganistes ! On a5
dénoué les liens des Eglises et de rEtat.
On ne peut faire une grande réforme
chaque jour! Soufflons un peu! Atten-
dons! laissons le pays digérer l'oeuvre
des dernières années .W
Cette politique d'atermoiement que
l'on n'osait formuler à haute voix, que
l'on insinuait, dans les conversations et
dans les cercles intimes, était la politi-
que inavouée d'enterrement des réfor-
mes. Le nombre 'des incinérateurs et des
croque-morts était infini. Les amis des
réformes s'en sont aperçus : ils ont rom-
pu une coalition de résistance secrète en
sollicitant vers une œuvre d'action ré-
formatrice les bons démocrates. Et ceux-
ci ont ranimé la délégation et mis la
préoccupation des réformes au premier
plan. Elle y est. Elle y restera.
L'assoupissement qui, des sphères
ministérielles, gagnait le monde parle-
mentaire, a pris fin. Des dormeurs s'é-
veillent et se frottent les yeux : « Des
réformes ! Des réformes ! nous ne rêvions
qu'à cela ! »
Les députés démocrates ont cessé d'y
« rêver »; ils veulent les faire. Les élec-
teurs exigent.
Il suffit. -
LES ONDIT
NOTRE AGENDA
'Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil à 7 h, 53 j coucher à* 4 H;
: ; :
- Matinée : Ecole des Hautes-Etud so-
ciales : Feuilleton parlé de M. Le Sennh
— Première : Comédie-Française, i La
Champmerlé au campoJ *
AUTREFOIS
Rappel du 22 décembre 1872. - La Seine
baisse et l'on peut passer Ubrement rue de
Bercy. Les camionneurs qui se servaient de
leurs haquets pour transporter les habi-
tants hors du quartier inondé, perdent, du
coup, un bénéfice de. 30 à 40 jrancs par
jour.
Les inspecteurs de la boucherie pari-
sienne sont pourvus par l'autorité munici-
pale des instruments nécessaires à l'exa-
men microscopique des viandes.
Quarante-cinq soldats français, prison-
niers de guerre libérés, et retenus jusqu'à
présent en Allemagne par la maladie, sont
arrivés à Paris. On croit qu'il n'y a plus de
prisonniers militaires de l'autre côté de la
frontière.
En jouant une féerie au Château-d'Eau,
Dailly s'est pris le pied dans une trappe. Il
souffre d'une foulure grave. Au vrix de du-
res souffrances, il a pu achever son rôle,
après trois-quarts d'heure d'entr'actej
Conseil d'administration
On s'entretenait de certaines sociétés
financière qui — comme la rose dé
Malherbe — n'ont vécu que l'espace
d'un matin.
Un bon « gogo » récemment dépouil-
lé de toutes ses économies narrait ses
mésaventures.
— « Cependant, dit-il, il v avaït un
conseil d'administration d'apparence
très respectable, composé de personna-
lités triées sur le volet. »
— « Vous voulez dire triées sur le
volé », interrompit un sceptique.
CARNET LITTÉRAIRE
Comment on apprend à parler en
public, par Emile Amet.
L'éloquence est une arme à double tran-
chant Un homme qui sait passionner les
foules peut faire, ou beaucoup de bien, ou
beaucoup de mal. C'est pourquoi le ltvre
que M. Emile Amet publie, à la librairie
Henri Jouve (15, rue Racine), peut être, ou
un très bon livre, ou un ouvrage éminem-
ment dangereux.
Car, il n'y a pas à en douter, il suffit de
lire avec beaucoup d'attention la méthode
Amet pour arriver, en très peu de temps a
s'exprimer avec aisance et tacibité, à abor-
der sans crainte les sujets sur lesquels on
est le moins préparé. Et. pour obtenir un
résultat aussi merveilleux, point n'est be-
soin de posséder une éducation supérieure :
Un simple ouvrier peut y parvertir tout aus-
si bien que le plus fin lettré.
La facilité de la parole s'obtient par
l'exercice, et cet exerôice ne peut être pra.-
tiaué aue si vous possédez un nombre sul-
fisant de mots, de locations us-uelles, de
phrases bien construites. C'est ce qu'a très
bien compris l'auteur de : Comment on ap-
prend à parler en public qui, de plus, a
trouvé la suggestion permanente des idées
par les mots.
En habituant son esprit à une semblable
gymnastique, on arrive très rapidement à
des' Tésultats merveilleux et l'on cite le cas
vraiment extraordinaire d'un candidat ou-
vrier qui, en moins de quinze jours, est
arrivé par la méthode Amet, à parler beau-
eoup mieux et beaucoup plus clairement
que son concurrent réactionnaire qui était
avocat à la cour d'appel de Paris.
A la veille des élections sénatoriales, le
vOilà bien le livre de brûlante actualité
pour messieurs les délégués qui tiennent à
assurer le triomphe du candidat de leur
choix, en attendant que comme Pierre Pe-
tit .- ils se mettent à opérer eux-mêmes. -
MAURICE CABS.
Le point d'honneur
#
On s'entretenait dans les couloirs de
la Chambre de l'un de nos plus aima-
bles pacifistes, qui à l'issue d'une con-
férence. nublique. fut récemment gi-
flé iîa-r u - ntradi.ctëur.
— « A-t-H rendu la gifle 3 » *
- « Ma foi non ! »
- « AI-ors ? i)
— « Alors. il a fait remarquer que
s'il avait rendu la (gifle, son adversaire
lui en aurait appliqué une seconde,
qu'il aurait fallu rendre encore, de
sorte qu'il n'y avait plus de raison pour
que cela finisse ! » •
»
TOUJOURS LA MARINE
Le garde-côte cuirassé Terrible — qui ne
justifie guère son nom — vient de couler
à Toulon.
Pour nous consoler, les agences officieu-
ses nous informent que ce navire de guerre
allait être «< prochainement condamné ».
C'est la raison, sans doute, pour laquelle
il a préféré en finir tout de suite. Il s'est
coulé de désespoir.
M. Picard va « é'tudier » la question. Les
ffuestions ainsi soumises à l'étude de M.
Picard sont innombrables. Quelle que soit
la puissance extraordinaire de travail de
l'honorable ministre de la marine, prési-
dent de section au Conseil d'Etat, il est
vraisemblable qu'il n'aura achevé ses étu-
des qu'au moment où il n'y aura plus de
flotte que sur le papier. Cela simplifiera le
problème 1
Les paroles et les actes
LA reforme DU CODE MILITAIRE
M. Clemenceau — naguère 1 — nous di-
sait
L'achèvement des travaux de la commis-
sion instituée au ministère de lai guerre
pour préparer « la refonte complète » solen-
nellement déclarée nécessaire du code de
justice militaire, ne fut que le prétexte d'un
premier ajournement Un projet nouveau
fut substitué au projet Gallifet, il n'y ajou-
tait pas grand choseu Sans doute, il propa-
sait de [olire bénéficier les condamnés mili-
taires des lois nouvelles sur la déduction de
la prison préventive, sur ls casier judiciai-
re, sur la réhabilitation de droit et la réha-
bilitation conditionnelle. Mais pas plus que
le projet Gallifet, il n'attënuait les pénalités
excessives du code de justice militaire, lais-
sant subs-ister, par exemple la peine de
mort pour les voies de fait envers un supé-
rieur, commises dans le service, alors que
tous les codes militaires européens ont re-
noncé pour ce délit, à ce moyen de répres-
sion. *
Sans doute, le nouveau projet ajoutait à
la réorganisation des parquets militaires,
la garantie de commissions d'accusation
analogues aux chambres d'accusation de la
justice ordinaire. Mais, pas plus que le pro-
jet du général de Gallifet il n'osait aller
jusqu'à faire place dans les conseils de
guerre à des juges professionnels ayant la
compétence requise, comme en Allemagne.
Au surplus, tout comme le projet Galli-
fet, il était destiné à rester, lui aussi, à
l'état de promesse. C'est en mai 1901 qu'il
a été déposé. Il attend encore d'être discuté.
Chambre et gouvernement ont mis un soin
al à le laisser sommeiller au sein de la
commission de législation criminelle char-
gée de l'examiner. On s'est seulement déci-
dé à en détacher et à voler les paragraphes
relatifs à l'admission des circonstances at-
ténuantes en matière de crimes et délits mi-
lit&ires •+■* ::e-t"t"'N!ln.tili: A la déduction de. la
la prison préventive de la durée des peines
prononcées par les conseils de guerre. A
cela s'est bornée la refonte proclamée ur-
gente, il y a trois ans, du code de justice
militaire.
Et c'est à cela, sans doute, que se réduira
'tout l'ellort de la présente législature. Car,
même s'il est tenu, lngagement qu'a pris
le gouvernement, pour obtenir que la ques-
tion des conseils de guerre fut disjointe de
la discussion du budget, consiste seulement
en ceci, que du projet déposé par lui, on
détachera ces deux paragraphes secondai-
res : celui qui vise les pourvois en cassa-
tion et celui qui vise la votation au scrutin
secret
Le reste, c'est-à-dire à peu près tout,quoi-
que proclamé urgent depuis bientôt trois
ans, attendra combien de temps encore ?
(Le Bloc, 8 mars 1902).
Et dire qu'il ne se trouve pas un seul
membre du Parlement pour demander, par-
fois, à M. le président du conseil de dai-
gner répondr-e aux questions pressantes
posées avec tant d'insistance par son vieil
ami M. Clemenceau !
— »
Le feu au Louvre
M..Dujardin-Beaumetz questionné sur ce
sujet, lors de la discussion du budget des
Beaux-Arts au Sénat, a reconnu que nos
merveilleuses richesses artistiques du Mu-
sée du Louvrè étaient constamment mena-
cées de devenir la proie des flammes. -
Grâce à la contiguité des ministères des
colonies et des finances, le péril est immi-
nent, et en outre, les cuisines du directeur
du Musée du Louvre sont situées exacte-
ment au-dessous des galeries où s'entas-
sent tous les chefs-d'œuvre de la peinture.
Une imprudence de cuisinière, et voilà
une fricassée de Rubéns, et une grillade de
Rembrandt.
Cette façon de comprendre la cuisine à
l'huile est, à -proprement -parler, abomina-
ble.
Voilà vingt ans que l'on dénonce les dan-
gers d'incendie du Louvre.
Mais l'administration des Beaux-Arts est
comme celle de-la Marine. ,"':
Elle attend béatement que les catastro-
phes se soient produites pour « étudier »
comment elles auraient dû être évitées !
Le scandale continue.
CARNET, DU LIBRE PENSEUJl
Les évêques de France
se plaignent au pape
Belle Philis, on désespère
Alors qu'on espère toujours 1
Pour n'être point Philis, le pape n'en est
pas moins l'objet de celle plainte de la part
de son épiscopat français.
Les dépêches qui nous parviennent de
Rome rapportent que de nombreuse évêques
et archevêques venus au Vatican à l'occa-
sion des fêtes jubilaires ont eu de longs
entretiens avec Pie X et le cardinal Merry
del Val sur la situation défavorable dans la-
quelle se trouve l'Eglise de France.
Nombreux auraient été les prélats qui se
seraient plaints que leurs affaires ne vont
pas sur des roulettes et qui auraient con-
seillé un accommodement avec le gouver-
nement français afin de donner une situa-
tion légale à l'Eglise de France. Celle-ci
s'accommoderait très mal, quoi qu'on en ait
dit, de la liberté que lui a donné la loi de
Séparation et pour sortir de la crise qu'elle
traverse, ses chefs ne voient d'autre moyen
de salut que dans un rapprochement avec
le gouvernement.
Nous avons là l'explication de la guerre
Wiolente qui a été déclarée, depuis quelque
temps, à notre enseignement national. Les
vrélats espéraient ainsi frapper un grand
coup.
S'apercevant que leur poudre est hu-
mide, et que les républicains sont bien ré-
solus à défendre les conquêtes de l'esprit
laïque/ les chefs de il Eglise viennent à ré-
cipiscence. -
On dit que Pie X et son jeune secrétaire
persistent pour le moment dans leur in-
transfigéance, mais que plusieurs cardinaux
auraient laissé espérer aux prélats français
que cette attitude pourrait se modifier au
printemps prochain. à l'occasion de la béa-
tification solennelle de Jeanne d'Arc, si l'd-
piscopat. réuni alors presque en entier, sa-
vait profiter de cette réunion pour démon-
trer au Saint-Siège que la prolongation de
la situation actuelle est des plus préiudicia-
bles aux intérêts de l'Eglise.
C'est, en somme, la reprise en-persped.
tive des décisions arrêtées autrefois par la
majorité des évêques français et dont le Var
tican ne voulut tenir aucun compte.
Aux ides de mars, nous aurons donc du
nouveau dans l'attitude de Vépi$ço&at Iran.
çais, --P., Ga -
- QUESTIONS EXTÉRIEURES
AU PORTUGAL
> ■>♦<«»-•—■
M. Franco quitte définitivement la politique et
reste en exil. — Son parti se réunit et prend pour
chef l'ancien ministre de la Guerre Vasconcellos
Porto. — Réunion du parti régénérateur libéraL.
- Ouverture du Parlement le 1er janvier.
-— —— .--
Décidément, M. Franco le trop célè-
bre dictateur renonce à la politique et
demeure en exil. Mais ses partisans et
ses collègues du néfaste ministère du
mois de janvier dont il a aiguisé les ap
pétits et les ambitions, ne pensent pas
comme lui. Il leur faut de nouveau le
pouvoir. Ils ne comprennent pas que
le pays les considère, comme aussi cou-
pables que M. Franco, et qu'il ne peut
oublier que c'est grâoe aux excès de
pouvoir et d'autorité que le Portugal
s'est vu à la veille d'une révolution, si
les événements tragiques du 1er février
n'avaient arrêté l'explosion qui se pré-
parait. Ils oublient qu'ils ont les mê-
mes responsabilités et qu'ils ont com-
mis les même crimes contre la Consti-
tution, contre le Parlement et contre le
pays dont ils ont piétiné et déchiré les
droits. Mais le. peuple, lui, ne l'oublie
pas, et il a assisté avec une ironique in-
différence aux préparatifs bruyants de
la réunion de ce parti. Malgré les nom-
breuses convocations, il n'y avait à la
réunion que les sept ministres du ré-
gime Franco, huit pairs de royaume et
un député seulement, ce qui ne les
empêchera pas de dire qu'ils ont, avec
eux, l'opinion du pays tout entier. Il
est curieux de voir réapparaître ces po-
liticiens inconscients de leurs actes,
au point de croire que les partis monar-
chistes et que les républicains leur ont
pardonné le guet-apens du 28 janvier
dernier, avec lequel eut lieu l'arres-
tation de centaines de personnes des
divers partis et de diverses classes, y
compris ministres, pairs du royaume,
députés. Il n'y a plus aujourd'hui au-
cun doute que M. Franco et ses collè-
gues ont discuté en Conseil, la question
de savoir si on devait passer par les ar-
mes ou simplement déporter cas vail-
lants citoyens qui luttaient pour leurs
libertés.
On s'arrêta heureusement à ce der-
nier système l
Il n'y a pas un an encore que tout
ceci s'est passé et nous voyons les mê-
mes hommes se réunir et reprendre un
ohef parmi ceux qui ont autant de cul-
pabilité que l'ancien président du con-
seil. M. Franco est au moins plus loyal,
il a compris le mal qu'il a causé au
pays, et conscient de ses fautes, il s'est
retiré de la politique, et les expie dans
un exil volontaire.
Ses anciens collègues n'ont pas le
même remords. Us se réorganisent
pour une nouvelle lutte, en reprenant
le faux masque qui leur a déjà sro-v.i.,-
celui de la liberté et des réformes admi-
nistratives. *
Ils ont pris comme chef M. Vascou^ *
ceillos Porto, qui était sous M. Franco),
ministre de la guerre, et qui avait su
par de larges concessions à l'armée (no..
tamment augmentant la solde des olll
ciers) se rendre populaire dans cep«
tains corps de troupe. Le choix ne pou-
vait être autre, vu que ce parti impopu-
laire dans le peuple, ne cherche d'a:
pui que dans l'armée et le clergé.
Le programme du nquveau chef dit.
parti régénérateur libéral, ressemble au
premier programme de M. Franco.
« Education du peuple, réformes admi-,
nistratives, discipline, économie, etc. »i
De belles promesses pour l'avenir, si!
on les appelle au pouvoir. Le pays;
pourtant leur doit en grande partie, la'
crise qu'il a traversée cette année et si¡
le gouvernement démissionnaire n'avait-
pas montré une prudence et une éner-
gie remarquables, cette crise aurait pu.'
avoir des conséquences funestes.
Le gouvernement démissionnaire a
su éviter toutes les embûches, rétablir,,
la confiance, mettre l'ordre dans l'admit
nistration et faire respecter les lois avec
le concours du Parlement.
On a repris courage, et s'il n'avait pas
eu à lutter contre la campagne .de dis-
crédit qui lui a-été faite systématique-
ment par les ambitieux de l'ancien ré-
gime, les finances portugaises ne s'en-
seraient pas ressenties.
Le Parlement va recommencer ses
travaux. t
Espérons que le nouveau cabinefl
saura continuer cette sage politique et
faire cesser les manœuvres'inqualifiab-
bles dirigées contre le crédit public
par une poignée d'agitateurs réaction-
naires, qui placent leurs intérêts parti-
culiers au-dessus des intérêts supé-i
rieurs de leur pays.
A L'BOTEL DE VILLE
"'-' .,.,.,' .!.
La Déclaration ,, du Groupe radical et radical-socialiste
——————— »»I- -
MM. Rebelllard, Rousselle, Emile Desvaux,
Salmon et Miniot, chargés u élaborer le règle-
ment du nouveau groupe radical et radical-so-
ciûhste municipal, ont rédigé le projet de décla-
ration suivant, qui sera sgumis à l'approbation
de la réunion plénibre du groupe, laquelle aura
lieu aujourd'hui
I. - L'adhésion au Parti
Le « groupe radical et radical-socialiste
de l'Hôtel de Ville » se réclame de la apoli-
tique corîstante du Parti radical et radical-
socialjste.
II fait sienne sa doctrine laïque, écono-
mique et sociale.
Il pratique la tactique préconisée par ses
précédents Congrès.
11 adapte son programme général aux
exigences de la vie municipale.
Aussi bien la qualité de membre du Parti
radical et radical-socialiste est la condition
première de l'inscription au groupe. Et, par
là, il tombe sous le sens que les élus mu-
nicipaux entendent demeurer, dans l'ac-
complissement de leur mandat, en intime
communion d'idées avec le Parti organisé
au nom duquel ils ont livré bataille et rem-
iporté la victoire.
H. — L orientation économique et sociale
Acquis sans réserve à la politique de dé-
fense et d'action laïque, résolus à la faire
triompher en toutes circonstances, les
membres du groupe ont ce sentiment que
les obligations et la nature particulière de
leur mandat leur imposent plus spéciale-
ment l'étude des problèmes économiques et
sociaux.
a) Délibérément étrangers aux stériles
controverses de la politique pure, cons-
cients de leurs devoirs d'administrateurs
du bien communal, ils entendent consacrer
le meilleur de leur énergie à la défense des
intérêts économiques de la Cité.
La démocratie industrielle et commercia-
le a en eux des défenseurs vigilants — et,
d'autant moins disposé à gaspiller ses de-
niers. à rendre impossible sa tâche qu ils
ont cette claire conscience que sa prospé-
rité économique est la condition et le gage
de l'incessant et légitime accroissement de
notre budget de solidarité sociale.
Il va de soi que cette sollicitude ne s'é-
tend pas à ces modernes puissances d'ar-
gent qui, par la constitution de véritables
monopoles de fait, rançonnent tout à da fois
consommateurs et salariés. Résoliis à bar-
rer la route à ces féodalités financières, les
membres du groupe affirment à nouveau
-leur volonté de faire rentrer dans le domai-
ne communal oes entréprises monopolisées
qui sont une menace pour la puissance pu-
blique et un péril pour la démocratie labo-
n bl AcgwS. à toutes les réformes d'ordre
municipal susceptibles de protéger la fai-
blesse des travailleurs contre toute puis-
sance des capitaux, le prolétariat compte end
eux des amis d'autant plus sincères qu'ilsij
sont moins disposés à le flatter et qui se,
refuseraient à le suivre si, par malheur, "f
se laissait en majorité gagner aux prédica-
teurs de violence et de haine.
Adversaire déterminé du principe de lai
lutte de classe, fermement décidé à vain-
cre la révolution par la réforme, le groupe
demeure entièrement fidèle à la tradition-;
nelle politique sociale du Parti radical et
radical-socialiste.
Il pense avec lui que l'idéal de justice à!
nous légué par la Révolution, serait dérii
soire et futile s'il ne s'appliquait pas à1'
l'ordre des faits économiques comme à l'or-
dre des faits politiques. *
Il n'ignore rien de la transformation so-
ciale qui s'annonce. Et, s'il n'admet, en
la matière, ni les moyens ni les fins du col-
Sebttivisme révolutionnaire, il enténd se-
conder activement cette transformation1
nécessaire et hâter, dans la mesure des
moyens légaux dont il dispose, et dans l'es-
prit du programme général de son parti, la
- libération -- économique des - prolétaires. -- --- -
III. — Les ententes
Dans les circonstances essentielles de la
vie municipale, le groupe affirmera, par,
voix de ses délégués, les - principes géné-
raux et la doctrine d'évolution méthodique
et résolue, qui appartient en propre au par-
ti dont il se réclame.
Il s'efforcera de les faire triompher con-
tre les conceptions spéciales et les spécu-
lateurs particuliers de toutes les autres
fractions politiques.
Mais il ne peut ignorer que le propre dee
assemblées délibérantes, où au tis n'est assuré d'une force numérique suf-
fisante, d'une majorité homogène, est d'o-
bliger les fractions en présence à contrac-
ter, à de certaines. heures, sur des points
déterminés des ententes délibérées.
Trop persuadé de la stérilité d'un isole-
ment qui ne serait rien moins que spden-
dide, l'intérêt supérieur de la République dé-
que
mocratique et sociale l'exigera, à prati-
quer hautement une collaboration néces-
saire.
Nettement résolu à lutter contre la coali-
tion des droites, c'est avec les seuls grou-
pes de gauche qu'il entend contracter ces
ententes.
S'il affirme à nouveau sa rùprobatàoyï
énerlglquc -des théories antipatriotiques, a~
ne se reconnaîtrait pas, aux heures ou la,
politique traditionnelle des groupes de gauL
che se trouverait remise en question a„
l'Hôtel de Ville, le droit d'exclure de (ef:,
CINQ CENTIMES LE NUMEBO
9
Mardi 22 Décemfcre 1908. — N* 14165 v
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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Adresser lettres et mandats à r AdmiùtrtJUUr -
TRIBUNE LIBRE
..u.
Enfants abandonnés
1
-
Dans l'exercice de ses
fonctions, un juge de Turin
avait vu comparaître un
grand nombre d'adolescents
qui avaient provoqué sa pi-
tié plus que sa - sévérité. La
responsabilité de leurs méidits retom-
tait avec plus de justice sur l'Etat que
sur eux-mêmes. La loi ne se révélait à
ces enfants que pour châtier leur pre-
mière faute contre la société. Mais que
levaient-ils à cette société-là ? qui s'é-
tait préoccupé de les instruire ? qui les
avait protégés, au cours de leur enfan-
ce misérable ? que pouvaient-ils savoir
de leurs obligations ? Notre devoir,
s'est le droit des autres, dit Nietsche
en une formule concise qui peut servir
de principe fondamental à une doctrine-
sociologique. Or, le devoir d'un gou-
vernement est d'exercer une tutelle ef-
fective sur les créatures qui ont besoin
de protection. Il est leur tuteur obliga-
toire. Quand il néglige ses fonctions, le
jeune malfaiteur peut, avec juste rai-
son, se retourner vers le magistrat,
agent de l'Etat, et lui dire : « — Etes-
vous bien autorisé à me demander
compte aujourd'hui de mes actes délic-
tueux ? A qui la faute si je ne sais pas
distinguer entre le bien et son contrai-
re, si je n'ai pas le goût du travail ?
Tout comme les enfants de bourgeois,
j'aurais pu faire un honnête homme et
travailler utilement au bien social, si la
société ne s'était pas désintéressée de
moi. Monsieur le magistrat, vous vous
signalez à mon attention pour me rap-
peler à la pratique de mon devoir.
Avez-vous rempli le vôtre ? Si vous
eti-ez venu au monde dans le lit (Je ma
mère, et moi dans le lit de la vôtre.
vous occuperiez mon banc, et moi votre
fauteuil. »
Le magistrat de Turin n'eut pas a
subir pareille mercuriale, dans la salle
de ses audiences. Les pauvres petits
soumis à sa juridiction, ayant vécu en
sauvages comme les bêtes des bois,
étaient inhabiles à extraire la quintes-
sence des choses. D'ailleurs, la société
ne tolérerait pas qu'un précoce malfai-
-teur le prenne sur ce ton avec elle.
Cependant, ce magistrat de Turin
possédait une âme rare. Sa candeur
avait résisté aux effets ordinaires des
sentences automatiquement prononcées
par ses pareils. Parvenu à la retraite,
il se remémorait les actes de sa carriè-
re ; il songeait surtout aux nombreux:
petits vagabonds qu'il avait vus (Iéfiler
à sa barre et auxquels il avait obliga-
toirement appliqué la loi, en les en-
voyant se perfectionner dans les mai-
sons de corruption, improprement ap-
pelées maisons de correction.
Alors, il dut se tenir à lui-même le
langage prêté plus haut au jeune vaga-
bond, et il résolut d'utiliser ses loisirs
en donnant un bon exemple à cette so-
ciété au nom de laquelle il avait pro-
noncé des - arrêts de répression. Il re-
cueillit à son foyer un petit sans fa-
mille, puis deux, puis trois, et il pro-
céda à leur culture. Ses ressources li-
mitaient le champ de sa bonté. Mais
le bien exerce heureusement sa conta-
gion. Les dons affluèrent à tel point,
que Turin possède aujourd'hui un vas- '(
te et riche établissement où quelque
trois cents petits abandonnés sont mis
à l'abri 3e la misère matérielle, intel-
lectu.elle et morale.
Deux maisons pareilles fonctionnent
en Italie : l'une à Rome, l'autre à Pa-
poue. J'ai visité cette dernière ; l'éta-
blissement en est dû à une femme d'é-
lite, Mme Omboni dont le mari fut un
ces professeurs les plus distingués de
l'université de cette ville. Ces instituts
privés de l'Infanzia abbandonata se dis-
tinguent de nos refuges congréganistes
par des caractères très marqués. Ce que
j'en dis concerne tout au moins l'ins-
titut de Padoue.
1 Les enfants y reçoivent une éducation
essentiellement familiale, sous la direc-
tion de personnes laïques, pères et mè-
res de famille qui, loin de les soumettre
au régime des couvents ou des maisons
de correction, les entourent de soins
aussi affectueux qu'intelligents. Tous
les garçons ne sont pas astreints aux.
travaux agricoles et les jeunes filles ne
passent pas leur temps à faire des
boutonnières, à coudre des ourlets, à
Confectionner des chemises pour les
grandes maisons ou à broder des mou-
choirs, taies d'oreillers et autres linges
fins pour dames du monde ou du demi-
monde..
Jusqu'à l'âge de douze ans, les en-
fants vont à l'école nationaler Passé-
l'âge scolaire, les garçons font eux-mê-
mesLchoix 9'M métier conforme à leurs
joûts et aptitudes ; on les place en
qualité d'apprentis chez des menuisiers,
charpentiers, peintres, carrossiers, cor-
donniers, tailleurs ou mécaniciens de la
ville. Ils rentrent à l'institut pour y
prendre leurs repas et y coucher, jus-
iqu'au jour où, suffisamment instruits
de leur métier, ils sont en état de ga-
gner leur vie et de se conduire libre-
ment. -
Les jeunes filles ne vont pas en ap-
prentissage. Elles travaillent sous la
direction de maîtresses spéciales qui en
font des repasseuses, des lingères, des
couturières, des modistes, au gré de
leur désir.
Dès que ces adolescents ou adolescen-
tes commencent à recevoir une rétribu-
tion, on la met en réserve à la Caisse
d'épargne, pour leur propre compte-. Ils
prennent possession du pécule le jour
de leur sortie de l'institut.
Je ne crois pas qu'il existe, en Fran-
ce, un seul établissement organisé sur
ce modèle.
Les enfants recueillis par l'Assistan-
ce publique sont dispersés, à la cam-
pagne, chez des agriculteurs qui les
utilisent, 'dès le bas âgé, d'abord à là
garde des bestiaux, et puis aux travaux
des champs, plus préoccupés d'en tirer
prbfit que de les élever paternellement.
Je signale cette question à l'étude 'des
services compétents de l'intérieur. Elle
s'impose aux chefs de notre 'démocratie.
DELPECH,
sénateur de l'Ariègé.
président d'honneur du Comité Exécutif
du Parti radical et radical-socialiste.
LA POLITIQUE
LA DELEGATION ET LES REFORMES
- La « résurrection » de la dé-
légation des gauches demeure
la question du jour dans les
milieux parlementaires et dans
les groupes de militants. Les
députés se laissent intervie-
wer sur cette actualité, et les publicis-
tes politiques livrent spontanément leurs
méditations au public.
(Tous les « Jean qui riaient » 'de la
politique marasmatique en Honneur dans
le monde officiel pleurnichent, mais s?é-
tudient à masquer leur mauvaise humeur
et à cacher leurs larmes.
L'ère du calme plat a pris iïn, -et après
la trêve traditionnelle des -confiseurs,, au
lendemain du renouvellement sénatorial,
va commencer l'active campagne parle-
mentaire pour le vote des réformes.
Ceux qui n'ont cessé de la réclamer,
ceux qui ont toujours pensé qu'il fal-
lait aborder le programme social, écono-
mique et fiscal du radicalisme avec la
même énergne que l'on avait déployée
pour réaliser la politique de laïcité, ceux-
là — et nous n'avons cessé 'd'en être -
se réjouissent pleinement.
Assurément, nous savons le langage
que tiennent nombre de « sages ». « On
ne peut faire des réformes incessantes!
On a liquidé les congréganistes ! On a5
dénoué les liens des Eglises et de rEtat.
On ne peut faire une grande réforme
chaque jour! Soufflons un peu! Atten-
dons! laissons le pays digérer l'oeuvre
des dernières années .W
Cette politique d'atermoiement que
l'on n'osait formuler à haute voix, que
l'on insinuait, dans les conversations et
dans les cercles intimes, était la politi-
que inavouée d'enterrement des réfor-
mes. Le nombre 'des incinérateurs et des
croque-morts était infini. Les amis des
réformes s'en sont aperçus : ils ont rom-
pu une coalition de résistance secrète en
sollicitant vers une œuvre d'action ré-
formatrice les bons démocrates. Et ceux-
ci ont ranimé la délégation et mis la
préoccupation des réformes au premier
plan. Elle y est. Elle y restera.
L'assoupissement qui, des sphères
ministérielles, gagnait le monde parle-
mentaire, a pris fin. Des dormeurs s'é-
veillent et se frottent les yeux : « Des
réformes ! Des réformes ! nous ne rêvions
qu'à cela ! »
Les députés démocrates ont cessé d'y
« rêver »; ils veulent les faire. Les élec-
teurs exigent.
Il suffit. -
LES ONDIT
NOTRE AGENDA
'Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil à 7 h, 53 j coucher à* 4 H;
: ; :
- Matinée : Ecole des Hautes-Etud so-
ciales : Feuilleton parlé de M. Le Sennh
— Première : Comédie-Française, i La
Champmerlé au campoJ *
AUTREFOIS
Rappel du 22 décembre 1872. - La Seine
baisse et l'on peut passer Ubrement rue de
Bercy. Les camionneurs qui se servaient de
leurs haquets pour transporter les habi-
tants hors du quartier inondé, perdent, du
coup, un bénéfice de. 30 à 40 jrancs par
jour.
Les inspecteurs de la boucherie pari-
sienne sont pourvus par l'autorité munici-
pale des instruments nécessaires à l'exa-
men microscopique des viandes.
Quarante-cinq soldats français, prison-
niers de guerre libérés, et retenus jusqu'à
présent en Allemagne par la maladie, sont
arrivés à Paris. On croit qu'il n'y a plus de
prisonniers militaires de l'autre côté de la
frontière.
En jouant une féerie au Château-d'Eau,
Dailly s'est pris le pied dans une trappe. Il
souffre d'une foulure grave. Au vrix de du-
res souffrances, il a pu achever son rôle,
après trois-quarts d'heure d'entr'actej
Conseil d'administration
On s'entretenait de certaines sociétés
financière qui — comme la rose dé
Malherbe — n'ont vécu que l'espace
d'un matin.
Un bon « gogo » récemment dépouil-
lé de toutes ses économies narrait ses
mésaventures.
— « Cependant, dit-il, il v avaït un
conseil d'administration d'apparence
très respectable, composé de personna-
lités triées sur le volet. »
— « Vous voulez dire triées sur le
volé », interrompit un sceptique.
CARNET LITTÉRAIRE
Comment on apprend à parler en
public, par Emile Amet.
L'éloquence est une arme à double tran-
chant Un homme qui sait passionner les
foules peut faire, ou beaucoup de bien, ou
beaucoup de mal. C'est pourquoi le ltvre
que M. Emile Amet publie, à la librairie
Henri Jouve (15, rue Racine), peut être, ou
un très bon livre, ou un ouvrage éminem-
ment dangereux.
Car, il n'y a pas à en douter, il suffit de
lire avec beaucoup d'attention la méthode
Amet pour arriver, en très peu de temps a
s'exprimer avec aisance et tacibité, à abor-
der sans crainte les sujets sur lesquels on
est le moins préparé. Et. pour obtenir un
résultat aussi merveilleux, point n'est be-
soin de posséder une éducation supérieure :
Un simple ouvrier peut y parvertir tout aus-
si bien que le plus fin lettré.
La facilité de la parole s'obtient par
l'exercice, et cet exerôice ne peut être pra.-
tiaué aue si vous possédez un nombre sul-
fisant de mots, de locations us-uelles, de
phrases bien construites. C'est ce qu'a très
bien compris l'auteur de : Comment on ap-
prend à parler en public qui, de plus, a
trouvé la suggestion permanente des idées
par les mots.
En habituant son esprit à une semblable
gymnastique, on arrive très rapidement à
des' Tésultats merveilleux et l'on cite le cas
vraiment extraordinaire d'un candidat ou-
vrier qui, en moins de quinze jours, est
arrivé par la méthode Amet, à parler beau-
eoup mieux et beaucoup plus clairement
que son concurrent réactionnaire qui était
avocat à la cour d'appel de Paris.
A la veille des élections sénatoriales, le
vOilà bien le livre de brûlante actualité
pour messieurs les délégués qui tiennent à
assurer le triomphe du candidat de leur
choix, en attendant que comme Pierre Pe-
tit .- ils se mettent à opérer eux-mêmes. -
MAURICE CABS.
Le point d'honneur
#
On s'entretenait dans les couloirs de
la Chambre de l'un de nos plus aima-
bles pacifistes, qui à l'issue d'une con-
férence. nublique. fut récemment gi-
flé iîa-r u - ntradi.ctëur.
— « A-t-H rendu la gifle 3 » *
- « Ma foi non ! »
- « AI-ors ? i)
— « Alors. il a fait remarquer que
s'il avait rendu la (gifle, son adversaire
lui en aurait appliqué une seconde,
qu'il aurait fallu rendre encore, de
sorte qu'il n'y avait plus de raison pour
que cela finisse ! » •
»
TOUJOURS LA MARINE
Le garde-côte cuirassé Terrible — qui ne
justifie guère son nom — vient de couler
à Toulon.
Pour nous consoler, les agences officieu-
ses nous informent que ce navire de guerre
allait être «< prochainement condamné ».
C'est la raison, sans doute, pour laquelle
il a préféré en finir tout de suite. Il s'est
coulé de désespoir.
M. Picard va « é'tudier » la question. Les
ffuestions ainsi soumises à l'étude de M.
Picard sont innombrables. Quelle que soit
la puissance extraordinaire de travail de
l'honorable ministre de la marine, prési-
dent de section au Conseil d'Etat, il est
vraisemblable qu'il n'aura achevé ses étu-
des qu'au moment où il n'y aura plus de
flotte que sur le papier. Cela simplifiera le
problème 1
Les paroles et les actes
LA reforme DU CODE MILITAIRE
M. Clemenceau — naguère 1 — nous di-
sait
L'achèvement des travaux de la commis-
sion instituée au ministère de lai guerre
pour préparer « la refonte complète » solen-
nellement déclarée nécessaire du code de
justice militaire, ne fut que le prétexte d'un
premier ajournement Un projet nouveau
fut substitué au projet Gallifet, il n'y ajou-
tait pas grand choseu Sans doute, il propa-
sait de [olire bénéficier les condamnés mili-
taires des lois nouvelles sur la déduction de
la prison préventive, sur ls casier judiciai-
re, sur la réhabilitation de droit et la réha-
bilitation conditionnelle. Mais pas plus que
le projet Gallifet, il n'attënuait les pénalités
excessives du code de justice militaire, lais-
sant subs-ister, par exemple la peine de
mort pour les voies de fait envers un supé-
rieur, commises dans le service, alors que
tous les codes militaires européens ont re-
noncé pour ce délit, à ce moyen de répres-
sion. *
Sans doute, le nouveau projet ajoutait à
la réorganisation des parquets militaires,
la garantie de commissions d'accusation
analogues aux chambres d'accusation de la
justice ordinaire. Mais, pas plus que le pro-
jet du général de Gallifet il n'osait aller
jusqu'à faire place dans les conseils de
guerre à des juges professionnels ayant la
compétence requise, comme en Allemagne.
Au surplus, tout comme le projet Galli-
fet, il était destiné à rester, lui aussi, à
l'état de promesse. C'est en mai 1901 qu'il
a été déposé. Il attend encore d'être discuté.
Chambre et gouvernement ont mis un soin
al à le laisser sommeiller au sein de la
commission de législation criminelle char-
gée de l'examiner. On s'est seulement déci-
dé à en détacher et à voler les paragraphes
relatifs à l'admission des circonstances at-
ténuantes en matière de crimes et délits mi-
lit&ires •+■* ::e-t"t"'N!ln.tili: A la déduction de. la
la prison préventive de la durée des peines
prononcées par les conseils de guerre. A
cela s'est bornée la refonte proclamée ur-
gente, il y a trois ans, du code de justice
militaire.
Et c'est à cela, sans doute, que se réduira
'tout l'ellort de la présente législature. Car,
même s'il est tenu, lngagement qu'a pris
le gouvernement, pour obtenir que la ques-
tion des conseils de guerre fut disjointe de
la discussion du budget, consiste seulement
en ceci, que du projet déposé par lui, on
détachera ces deux paragraphes secondai-
res : celui qui vise les pourvois en cassa-
tion et celui qui vise la votation au scrutin
secret
Le reste, c'est-à-dire à peu près tout,quoi-
que proclamé urgent depuis bientôt trois
ans, attendra combien de temps encore ?
(Le Bloc, 8 mars 1902).
Et dire qu'il ne se trouve pas un seul
membre du Parlement pour demander, par-
fois, à M. le président du conseil de dai-
gner répondr-e aux questions pressantes
posées avec tant d'insistance par son vieil
ami M. Clemenceau !
— »
Le feu au Louvre
M..Dujardin-Beaumetz questionné sur ce
sujet, lors de la discussion du budget des
Beaux-Arts au Sénat, a reconnu que nos
merveilleuses richesses artistiques du Mu-
sée du Louvrè étaient constamment mena-
cées de devenir la proie des flammes. -
Grâce à la contiguité des ministères des
colonies et des finances, le péril est immi-
nent, et en outre, les cuisines du directeur
du Musée du Louvre sont situées exacte-
ment au-dessous des galeries où s'entas-
sent tous les chefs-d'œuvre de la peinture.
Une imprudence de cuisinière, et voilà
une fricassée de Rubéns, et une grillade de
Rembrandt.
Cette façon de comprendre la cuisine à
l'huile est, à -proprement -parler, abomina-
ble.
Voilà vingt ans que l'on dénonce les dan-
gers d'incendie du Louvre.
Mais l'administration des Beaux-Arts est
comme celle de-la Marine. ,"':
Elle attend béatement que les catastro-
phes se soient produites pour « étudier »
comment elles auraient dû être évitées !
Le scandale continue.
CARNET, DU LIBRE PENSEUJl
Les évêques de France
se plaignent au pape
Belle Philis, on désespère
Alors qu'on espère toujours 1
Pour n'être point Philis, le pape n'en est
pas moins l'objet de celle plainte de la part
de son épiscopat français.
Les dépêches qui nous parviennent de
Rome rapportent que de nombreuse évêques
et archevêques venus au Vatican à l'occa-
sion des fêtes jubilaires ont eu de longs
entretiens avec Pie X et le cardinal Merry
del Val sur la situation défavorable dans la-
quelle se trouve l'Eglise de France.
Nombreux auraient été les prélats qui se
seraient plaints que leurs affaires ne vont
pas sur des roulettes et qui auraient con-
seillé un accommodement avec le gouver-
nement français afin de donner une situa-
tion légale à l'Eglise de France. Celle-ci
s'accommoderait très mal, quoi qu'on en ait
dit, de la liberté que lui a donné la loi de
Séparation et pour sortir de la crise qu'elle
traverse, ses chefs ne voient d'autre moyen
de salut que dans un rapprochement avec
le gouvernement.
Nous avons là l'explication de la guerre
Wiolente qui a été déclarée, depuis quelque
temps, à notre enseignement national. Les
vrélats espéraient ainsi frapper un grand
coup.
S'apercevant que leur poudre est hu-
mide, et que les républicains sont bien ré-
solus à défendre les conquêtes de l'esprit
laïque/ les chefs de il Eglise viennent à ré-
cipiscence. -
On dit que Pie X et son jeune secrétaire
persistent pour le moment dans leur in-
transfigéance, mais que plusieurs cardinaux
auraient laissé espérer aux prélats français
que cette attitude pourrait se modifier au
printemps prochain. à l'occasion de la béa-
tification solennelle de Jeanne d'Arc, si l'd-
piscopat. réuni alors presque en entier, sa-
vait profiter de cette réunion pour démon-
trer au Saint-Siège que la prolongation de
la situation actuelle est des plus préiudicia-
bles aux intérêts de l'Eglise.
C'est, en somme, la reprise en-persped.
tive des décisions arrêtées autrefois par la
majorité des évêques français et dont le Var
tican ne voulut tenir aucun compte.
Aux ides de mars, nous aurons donc du
nouveau dans l'attitude de Vépi$ço&at Iran.
çais, --P., Ga -
- QUESTIONS EXTÉRIEURES
AU PORTUGAL
> ■>♦<«»-•—■
M. Franco quitte définitivement la politique et
reste en exil. — Son parti se réunit et prend pour
chef l'ancien ministre de la Guerre Vasconcellos
Porto. — Réunion du parti régénérateur libéraL.
- Ouverture du Parlement le 1er janvier.
-— —— .--
Décidément, M. Franco le trop célè-
bre dictateur renonce à la politique et
demeure en exil. Mais ses partisans et
ses collègues du néfaste ministère du
mois de janvier dont il a aiguisé les ap
pétits et les ambitions, ne pensent pas
comme lui. Il leur faut de nouveau le
pouvoir. Ils ne comprennent pas que
le pays les considère, comme aussi cou-
pables que M. Franco, et qu'il ne peut
oublier que c'est grâoe aux excès de
pouvoir et d'autorité que le Portugal
s'est vu à la veille d'une révolution, si
les événements tragiques du 1er février
n'avaient arrêté l'explosion qui se pré-
parait. Ils oublient qu'ils ont les mê-
mes responsabilités et qu'ils ont com-
mis les même crimes contre la Consti-
tution, contre le Parlement et contre le
pays dont ils ont piétiné et déchiré les
droits. Mais le. peuple, lui, ne l'oublie
pas, et il a assisté avec une ironique in-
différence aux préparatifs bruyants de
la réunion de ce parti. Malgré les nom-
breuses convocations, il n'y avait à la
réunion que les sept ministres du ré-
gime Franco, huit pairs de royaume et
un député seulement, ce qui ne les
empêchera pas de dire qu'ils ont, avec
eux, l'opinion du pays tout entier. Il
est curieux de voir réapparaître ces po-
liticiens inconscients de leurs actes,
au point de croire que les partis monar-
chistes et que les républicains leur ont
pardonné le guet-apens du 28 janvier
dernier, avec lequel eut lieu l'arres-
tation de centaines de personnes des
divers partis et de diverses classes, y
compris ministres, pairs du royaume,
députés. Il n'y a plus aujourd'hui au-
cun doute que M. Franco et ses collè-
gues ont discuté en Conseil, la question
de savoir si on devait passer par les ar-
mes ou simplement déporter cas vail-
lants citoyens qui luttaient pour leurs
libertés.
On s'arrêta heureusement à ce der-
nier système l
Il n'y a pas un an encore que tout
ceci s'est passé et nous voyons les mê-
mes hommes se réunir et reprendre un
ohef parmi ceux qui ont autant de cul-
pabilité que l'ancien président du con-
seil. M. Franco est au moins plus loyal,
il a compris le mal qu'il a causé au
pays, et conscient de ses fautes, il s'est
retiré de la politique, et les expie dans
un exil volontaire.
Ses anciens collègues n'ont pas le
même remords. Us se réorganisent
pour une nouvelle lutte, en reprenant
le faux masque qui leur a déjà sro-v.i.,-
celui de la liberté et des réformes admi-
nistratives. *
Ils ont pris comme chef M. Vascou^ *
ceillos Porto, qui était sous M. Franco),
ministre de la guerre, et qui avait su
par de larges concessions à l'armée (no..
tamment augmentant la solde des olll
ciers) se rendre populaire dans cep«
tains corps de troupe. Le choix ne pou-
vait être autre, vu que ce parti impopu-
laire dans le peuple, ne cherche d'a:
pui que dans l'armée et le clergé.
Le programme du nquveau chef dit.
parti régénérateur libéral, ressemble au
premier programme de M. Franco.
« Education du peuple, réformes admi-,
nistratives, discipline, économie, etc. »i
De belles promesses pour l'avenir, si!
on les appelle au pouvoir. Le pays;
pourtant leur doit en grande partie, la'
crise qu'il a traversée cette année et si¡
le gouvernement démissionnaire n'avait-
pas montré une prudence et une éner-
gie remarquables, cette crise aurait pu.'
avoir des conséquences funestes.
Le gouvernement démissionnaire a
su éviter toutes les embûches, rétablir,,
la confiance, mettre l'ordre dans l'admit
nistration et faire respecter les lois avec
le concours du Parlement.
On a repris courage, et s'il n'avait pas
eu à lutter contre la campagne .de dis-
crédit qui lui a-été faite systématique-
ment par les ambitieux de l'ancien ré-
gime, les finances portugaises ne s'en-
seraient pas ressenties.
Le Parlement va recommencer ses
travaux. t
Espérons que le nouveau cabinefl
saura continuer cette sage politique et
faire cesser les manœuvres'inqualifiab-
bles dirigées contre le crédit public
par une poignée d'agitateurs réaction-
naires, qui placent leurs intérêts parti-
culiers au-dessus des intérêts supé-i
rieurs de leur pays.
A L'BOTEL DE VILLE
"'-' .,.,.,' .!.
La Déclaration ,, du Groupe radical et radical-socialiste
——————— »»I- -
MM. Rebelllard, Rousselle, Emile Desvaux,
Salmon et Miniot, chargés u élaborer le règle-
ment du nouveau groupe radical et radical-so-
ciûhste municipal, ont rédigé le projet de décla-
ration suivant, qui sera sgumis à l'approbation
de la réunion plénibre du groupe, laquelle aura
lieu aujourd'hui
I. - L'adhésion au Parti
Le « groupe radical et radical-socialiste
de l'Hôtel de Ville » se réclame de la apoli-
tique corîstante du Parti radical et radical-
socialjste.
II fait sienne sa doctrine laïque, écono-
mique et sociale.
Il pratique la tactique préconisée par ses
précédents Congrès.
11 adapte son programme général aux
exigences de la vie municipale.
Aussi bien la qualité de membre du Parti
radical et radical-socialiste est la condition
première de l'inscription au groupe. Et, par
là, il tombe sous le sens que les élus mu-
nicipaux entendent demeurer, dans l'ac-
complissement de leur mandat, en intime
communion d'idées avec le Parti organisé
au nom duquel ils ont livré bataille et rem-
iporté la victoire.
H. — L orientation économique et sociale
Acquis sans réserve à la politique de dé-
fense et d'action laïque, résolus à la faire
triompher en toutes circonstances, les
membres du groupe ont ce sentiment que
les obligations et la nature particulière de
leur mandat leur imposent plus spéciale-
ment l'étude des problèmes économiques et
sociaux.
a) Délibérément étrangers aux stériles
controverses de la politique pure, cons-
cients de leurs devoirs d'administrateurs
du bien communal, ils entendent consacrer
le meilleur de leur énergie à la défense des
intérêts économiques de la Cité.
La démocratie industrielle et commercia-
le a en eux des défenseurs vigilants — et,
d'autant moins disposé à gaspiller ses de-
niers. à rendre impossible sa tâche qu ils
ont cette claire conscience que sa prospé-
rité économique est la condition et le gage
de l'incessant et légitime accroissement de
notre budget de solidarité sociale.
Il va de soi que cette sollicitude ne s'é-
tend pas à ces modernes puissances d'ar-
gent qui, par la constitution de véritables
monopoles de fait, rançonnent tout à da fois
consommateurs et salariés. Résoliis à bar-
rer la route à ces féodalités financières, les
membres du groupe affirment à nouveau
-leur volonté de faire rentrer dans le domai-
ne communal oes entréprises monopolisées
qui sont une menace pour la puissance pu-
blique et un péril pour la démocratie labo-
n bl AcgwS. à toutes les réformes d'ordre
municipal susceptibles de protéger la fai-
blesse des travailleurs contre toute puis-
sance des capitaux, le prolétariat compte end
eux des amis d'autant plus sincères qu'ilsij
sont moins disposés à le flatter et qui se,
refuseraient à le suivre si, par malheur, "f
se laissait en majorité gagner aux prédica-
teurs de violence et de haine.
Adversaire déterminé du principe de lai
lutte de classe, fermement décidé à vain-
cre la révolution par la réforme, le groupe
demeure entièrement fidèle à la tradition-;
nelle politique sociale du Parti radical et
radical-socialiste.
Il pense avec lui que l'idéal de justice à!
nous légué par la Révolution, serait dérii
soire et futile s'il ne s'appliquait pas à1'
l'ordre des faits économiques comme à l'or-
dre des faits politiques. *
Il n'ignore rien de la transformation so-
ciale qui s'annonce. Et, s'il n'admet, en
la matière, ni les moyens ni les fins du col-
Sebttivisme révolutionnaire, il enténd se-
conder activement cette transformation1
nécessaire et hâter, dans la mesure des
moyens légaux dont il dispose, et dans l'es-
prit du programme général de son parti, la
- libération -- économique des - prolétaires. -- --- -
III. — Les ententes
Dans les circonstances essentielles de la
vie municipale, le groupe affirmera, par,
voix de ses délégués, les - principes géné-
raux et la doctrine d'évolution méthodique
et résolue, qui appartient en propre au par-
ti dont il se réclame.
Il s'efforcera de les faire triompher con-
tre les conceptions spéciales et les spécu-
lateurs particuliers de toutes les autres
fractions politiques.
Mais il ne peut ignorer que le propre dee
assemblées délibérantes, où au
fisante, d'une majorité homogène, est d'o-
bliger les fractions en présence à contrac-
ter, à de certaines. heures, sur des points
déterminés des ententes délibérées.
Trop persuadé de la stérilité d'un isole-
ment qui ne serait rien moins que spden-
que
mocratique et sociale l'exigera, à prati-
quer hautement une collaboration néces-
saire.
Nettement résolu à lutter contre la coali-
tion des droites, c'est avec les seuls grou-
pes de gauche qu'il entend contracter ces
ententes.
S'il affirme à nouveau sa rùprobatàoyï
énerlglquc -des théories antipatriotiques, a~
ne se reconnaîtrait pas, aux heures ou la,
politique traditionnelle des groupes de gauL
che se trouverait remise en question a„
l'Hôtel de Ville, le droit d'exclure de (ef:,
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