Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-12-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 décembre 1908 07 décembre 1908
Description : 1908/12/07 (N14150). 1908/12/07 (N14150).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7571036g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N" 141SÔI— 16 Frimaire An 117J ,', ,- CINQ CENTIMES LE NU1IÉB3
-. -. - -.-" - -.. - -- - I. — - - • - • *
Lundi 7 Décembre 1908. — N* 1419
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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8t chez SIM. LAGRANGE, CERF etO*
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TRIBUNE LIBRE
"boine -
LES HS OUVRIÈRES
« —— - •
Il est devenu impossible 1
de suivre la commission sé-
natoriale à travers toutes
ses marches et contre-mar-
ches. Mais ce que fait au-
jourd'hui cette commission
--- -- aty* nr»l
p'a plus a miportttuix?. iuuiaicu^ui,
ellfe est dessaisie.
Grâce à la décision prise à l'unani-
mité par la Gauche démocratique, et
qui vient appuyer si heureusement l'i-
nitiative courageuse de M. Monis, c'est
le Sénat lui-même gui va avoir à se
prononcer.
Ce n'est pas sans une profonde sa-
tisfaction que la démocratie laborieuse,
écœurée par les procédés louches em-
ployés depuis trois ans pour ajourner
la réforme, aura lu, au bas de cette dé-
cision, les noms de MM. Emile Combes
et Léon Bourgeois ; car elle aura vu,
dans l'intervention de ces chefs respec-
tés du parti républicain, une sûre pro-
messe, un engagement d'honneur pris
vis-à-vis d'elle, de mettre un terme à
des manœuvres vraiment scandaleuses.
On va s'expliquer.
C'est ce que nous voulons, 'disent les
adversaires de la réforme, le Temps,
le Journal des Débats ; la discussion
prouvera que le projet de la Chambre
est inapplicable. »
La réponse est facile. S'il n'y avait
pas eu un parti-pris, une volonté bien
arrêtée d' « enterrer » la réforme, c'est
de suite,je veux dire après un bref exa-
men, que la commission aurait procla.,
mé que le projet était irréalisable. On
n'aurait pas attendu trois ans pour fai-
re une telle découverte, on n'aurait pas
gagné du temps par la dérisoire comé-
die de l'enquête préalable ; on n'aurait
pas, enfin, prolongé à plaisir des dis-
cussions minutieuses avec le' gouver-
nement, sur un projet inacceptable.
La vérité, c'est que, dès le premier
jour, la majorité de la commission
était hostile à la réforme, hostile à son
principe essentiel, l'obligation. Et c'est
dans le dessein d'obtenir une majorité
factice contre le projet oue l'enquête
fut faite auprès des organisations pa-
tronales mutualistes, agricoles et ou-
vrières. Son plus clair résultat fut
d'ailleurs de prouver que les syndicats
ouvriers qui répondirent au question-
naire se prononcèrent en majorité pour
l'obligation.
Mais était-il admissible 'd'organiser
line telle enquête pour savoir si un pro-
jet de loi, voté à l'unanimité par les
représentants directs de la nation, était
utile ? L'enquête, je le répète, était une
marque d'hostilité contre la réforme, et
la suite l'a bien prouvé.
On trouverait difficilement, sans
lIoute, dans les annales parlementai-
res, un pareil exemple de parti-pris et
* 'de mauvaise volonté. La commission
fut, dès l'abord, décidée à arrêter la
marche normale du projet, et voilà
trois ans qu'elle triomphe contre l'o-
pinion publique,contre la volonté main-
tes fois répétée de la Chambre, dans
tfon obstination d'obstruction.
Les tergiversations du gouvernement
l'aidèrent grandement, c'est entendu.
Toutefois, constatons-le, si le gouver-
nement, comme c'était son impérieux
devoir, maintint toujours avec énergie
les principes essentiels du projet, il
offrit à plusieurs reprises à la com-
mission, par ses variations même, des
possibilités 'd'entente, et, si celle-ci
n'avait eu d'autre souci que de ne pas
imposer à la nation des charges trop
lourdes, elle aurait dû rénondre aux
concessions oui lui étaient faites.
On parle - toujours des charges
écrasantes du projet. Ces charges
ont été précisées, ces iours der-
niers, à la Chambre, au cours
d'un bref dialogue entre MM. Cail-
laux et Jaurès. La dépense de la
première période, dite d'installation,
serait de 130 millions. La dépense dé-
finitive se fixerait, après oscillations,
vers 290 millions. Voilà ouelles sont
les conséquences des propositions que
le gouvernement a faites en dernier
lieu à la commission sénatoriale.
Sacrifice considérable, c'est entendu,
mais sacrifice nécessaire, nue des na-
tions qui ont beaucoup à envier à la
France pour la prospérité financière,
ont déjà consenti.
La question se pose "de savoir si, oui
Ou non, nous voulons avoir une politi-
que financière démocratique et créer
les ressources nécessaires au budget de
solidarité sociale. Mais ceux-là qui cla-
ment l'insuffisance des ressources sont
les adversaires acharnés de toute réfor-
me qui pourrait en assurer. Ce sont les
mêmes aussi qui demandent que, sans
compter, la France donne pour les ar-
mements ,
Oh ! certes, il est plus nécessaire que
jamais, dans cet état frémissant où se
trouve l'Europe, que la France soit so-
lidement défendue. Mais peut-être,
après toutes les révélations attristantes
que nous avons eu à entendre ces
temps derniers sur la marine, est-il
permis de penser que l'emploi des
sommes énormes données tous les ans
pour la- défense nationale, n'est pas
toujours suffisamment surveillé.
Quoi qu'il en soit, d'ailleurs, il est
facile de voir que le vote d'une réforme
comme les retraites ouvrières sera vé-
ritablement un acte patriotique servant
au plus haut point l'intérêt national,
parce qu'il fortifiera l'unité de la na-
tion.
Ceux qui ne comprennent pas ces
choses, ceux qui ne voient pas l'utilité,
au point de vue patriotique, des œu-
vres de solidarité sociale créant entre
tous les citoyens des liens de fraternité,
sont d'un patriotisme bien étroit et
bien superficiel.
Les retraites ouvrières sont possibles
et nécessaires, seuls le nieront les réac-
teurs figés dans un bas égoïsme de
classe. La Chambre les a votées d'en-
tliousiasme. Son pirojet, qui peut n'être
pas parfait, qui peut réclamer des mo-
difications, a posé les bases essentiel-
les sans lesquelles la réforme ne serait
qu'une dérision.
Ce sont ces bases, ces principes, que
les fermes .républicains de la Gauche
démocratique du Sénat viennent, à
l'unanimité, de revendiquer. La Gau-
che démocratique va demander au Sé-
nat lui-même de les ratifier. Il faut
avoir confiance dans le Sénat républi-
cain. Ayant à choisir entre la Gauche
démocratique et une commission dé-
entre
criée par ses procédés de ruse, entre
MM. Léon Bourgeois et Combes d'une
part, et MM. Cuvinot et Prevet d'autre
part, le Sénat républicain n'hésitera
pas.
Le gouvernement aussi s'engagera
nettement dans le débat. Maintes fois,
à la Chambre, M. Viviani a affirmé sa
volonté de faire aboutir la réforme, en
se maintenant fermement sur le terrain
des principes votés par la Chambre.
Sans nul 'doute, il voudra faire enten-
dre au Sénat le même langage, et avec
plus de force encore, puisaue c'est au
Sénat qu'est la bataille.
Vraiment, il est impossible d'admet-
tre que le Sénat réponde par un refus
à cette démarche commune de la Gau-
che démocratique et du gouvernement,
lui demandant de se prononcer solen-
nellement en faveur de la réforme qui
assurera aux vieux travailleurs le mor-
ceau de pain indispensable.
Il reste à souhaiter que le débat ait
lieu au plus vite, pour qu'au plus vite
la réforme soit sortie dé l'ornière où
la maintient enlizée, depuis trois ans,
l'obstination de quelques réacteurs.
René RENOULT,
Député de la Haute-Saône,
-.
LA PO LIrIQUE
L'IMBROCLIO ITALIEN
Imbroglio/C'est bien le seul
nom qud convienne à la situa-
tion présente de la diplomatie
italienne. 1 Etre dans la Tripli-
ce, sans s'y complaire, s'en dé-
tacher sans s'en délier, se rap-
procher des adversaires du groupement
dont on fait partie et se séparer des al-
liés auxquels on est uni, ce serait impos-
sible et - invraisemblable partout, sauf à
Rome.
Grâce à la souplesse des diplomates
italiens, à La virtuosité des orateurs ins-
pirés par les souvenirs du Forum, à la
mobilité toute féminine de l'opinion pu-
blique, la Consulta, l'office des relations
extérieures de la Ville Eternelle se joue
au millieu des difficultés.
Les récents débats de la Chambre ont
fait voir comment l'assemblée emballée
.durait quelques instants contre l'Autri-
che, désignée comme une ennemie dan-
gereuse a firni par applaudir hautement
le statu ano et la Triple-Alliance. Et
M. Giolitti qui avait abandonné son mi-
nistre des affaires étrangères pour serrer
dans ses bras M. Fortis 1'.adversaire du
cabinet a fini par arracher à M. Fortis un
vote de confiance en faveur de son, minis-
tre des affaires étrangères.
Et l'Italde, malgré tant de mouve-
ments divers et ondoyants conservera ses
anciennes alliances et ses amitiés récen-
tes QU renouvelées. D'abord parce que:
sans ajouter foi à de trop vives exube-
rances, toute l'Europe a confiance dans
les sentiments pacifiques de l'Italie et
qu'on, ne lui fait pas grief de gueïqu^
restes un peu vifs. Ensuite parce que
l'Italie est aux côtés de la Grèce, une en-
fant gâtée de la famille européenne et
qu'on lui pardonne beaucoup parce qu'on
lui doit plus encore «
':(lj LES ON-DIT,
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche. :
Lever du soleil à 1 h, 40 ; coucher à
4 h. 2. ,0.
— Matinées : Dans tous les théâtres, sauf
à l'Opéra.
,- Courses à AuteuiL
Maujaniana -
En soumettant à .la signature de M.
le président du conseil un certain nom-
bre de lettres, Il soufflait dessus de
temps en temps pour en faire, envoler
quelques grains de poussièrè qui les
maculaient.
— « Mon vieux, lui dit. le Grand Pan.
dispense-toi donc de ces précautions-
là.
« Quand on souffle sur un dossier,
c'est. comme 1a. calomnie. il en
reste toujours quelque chose., n.
Une bonne revue
La revue Die Zukunft (YAvenir) de
Maximilien Harden, qui fit tant de
!bruit lors du procès de Moltke, est ré-
gulièrement tirée à 35.000 exemplaires.
Le numéro coûte 60 centimes. Comme
Harden écrit presque toute sa revue à
lui seUil. il ne donne à ses rédacteurs
que 1.000 francs d'honoraires, par nu-
méro. — Il ne lui reste en général que
d.500 francs de !(. houiUons ». Il lui
reste 6.500 francs nets de bénéfice par
numéro, sans compter la publicité. —
Comme il tire à 52 numéros par an,
cela fait la jolie somme - de 338.000
francs chaque année.
Du reste Harden ne fait aucun mys-
tère de cela, et crie très haut qu'il est
le plus riche des journalistes alle-
mands.
C'est agréaible de « passer la revue »
'dans ces conditions.
AUTREFOIS
Rappel du 7 décembre 1872. — Les bu-
reaux de VAssemblée ont nommé les mem-
bres de la « commission des trente », char-
gés de présenter un projet de loi « pour ré-
filer les attributions du pouvoir public et
les conditions de la responsabibité minis-
térielle ». Sur ces trente membres, il y a
onze républicains et dix-neuf monarchistes.
Le 11 de ce mois, on versera 200 nou-
veaux millions aux Prussiens.
Quelques bataillons de chasseurs exécu-
tent maintenant les manœuvres au sifflet
par imitation de l'armée allemande.
Dans Paris, la Seine commence à bais-
ser.
Les prefels prennent des arrêtés d'annu-
lation contre les délibérations par lesquelles
les conseils municipaux votent des adresses
au président de la Republique. M. Guignes
de Champvans, préfet du Gard. va plus
loin ; il prononce la suspension du conseil
municipal de Caveirac, « considérant que ce
conseil a publié une adresse. »
Leurs bouts de cigares -
En Allemagne, dans tous les cafés,
dans toutes les ibrasseries, se trouve
une boîte en métal, placée sur une ta-
ble au centre de l'établissement. Cha-
que fois que les consommateurs al-
lument un cigare, ils se lèvent et por-
tent le bout de leur ancien cigare dans
la 'boîte.
C'est une société de bienfaisance
qui en place ainsi dans tous les éta-
blissements publics et qui fait recueil-
lir les houts de cigares et les débrie de
tabac. Le produit de la vente est consa-
cré à l'achat d'un habillement complet
qu'on distribue aux enfants pauvres à
la Noël. Dix-neuf Associations de ce
genre ont recueilli, en 1907, 4.569 li-
vres 'de tabac qui ont été vendues
31.250 francs avec lesquels on a habil-
lé 1.726 enfants, soit 18 Ir. 10 centimes
environ par vêtement.;
Candeur
Une jeune chanteuse de café-concert,
revenant de Londres, disait, hier, à une
'de ses camarades : « Ma chère, je n'ai
trouvé aucune différence entre les An-
glais 'd'Angleterre et ceux de Paris. »
♦
Les paroles et les actes
M. Clemenceau — naguère ! - nous di-
sait
Comment douler d'une réforme reconnue
nécessaire par Gallifet lui-même ? Com-
ment ne pas laire confiance à un gouverne-
ment qui s'excusait avec tant de compoc.
tion "de n'en pas proposer davantage ? Car
ce n'était qu'un commencement» l'exposé
des motifs du projet avait bien soin d'en
faire la remarque. « Une réforme plus
radicale s'impose », ajoutait cet expose.
Mais le gouvernement avait tenu « à cou-
rl7- au plûs pressé ». Il n'avait pas voulu
perdra "une minute pour proposer ce qui
« semblait pouvoir etfe immédiatement réa-
Msë Il. On a beau savoir ce qu'il en est des
déclarations ministérielles, celles-là était
d'un accent qui Irmchait vyzïnwnt sur le
commun.
Aujourd'hui févénement m*oblige 4 T(b.
■ connQltfe qu'elle dépassait settlenient là
mesure ordinaire de l.'hypocrisie officielle.
Les. mois, les années se sont ecoulés i?t
le minimum « immédiatement réalisable »,
est encore à l'état de projet - il proclamer
l'urgence Se la réforme, iQute l^rdeur du
ministère, sciait épjMs.éeM
LVutteUr du ministère s'est épuisée erf
effet. Celle des ministres aussi.
M. le ministre de la guerre a oublié le
lieutenant-colonel Picquart ; quant à M. le
président du conseil, il n'a plus d'autre
souci que de démentir par ses actes, toutes
les paroles .et tous les écrits de M. Clemen-
ceau.
La disgrâce du marin
1 -
L'amiral Germinet est relevé de ses fonc-
tions. Il n'a plus qu'à amener son pavillon
qui, hier encore, claquait joyeusement au
souffle des brises méditerranéennes.
Si ses navigations et ses croisières lui
ot beaucoup appris, l'événement, par sur-
croît, lui fournira cette leçonTItile de stra-
tégie navale : qu'il ne faut confier ses an-
goiss-es patriotiques qu'aux .ronds de cuir
de la rue Royale et aux tritons escortés de
naïades et de tant d'autres montres ma-
rins !
Explosez ! échouez ! sombrez ! Soit !
Mais n'alarmez jamais les équipages des
barques ministéreilles, amiral 1
Et maintenant, rompez ! ---
ET LE BUDGET ?
Le budget de 1909 ne sera pas voté au
Sénat, vraisemblablement, avant le 1er jan-
vier. v.
Le ministère a eu beau précipiter les
opérations devant la Chambre, esquiver les
interpellations dangereuses, il n'aboutira
pas en temps voulu devant la Haute As-
semblée.
M. Poincaré, rapporteur général du bud-
get, malgré qu'il ait fait diligence, ne pour-
ra déposer son rapport avant mardi pro-
chain, et la discussion semble être ajour-
née au lundi suivant, 14.
Mais il est question de libérer le Sénat
et la Chambre dès le 15, afin de permettre
aux parlementaires de participer à la cam-
pagne sénatoriale, en vue du 3 janvier.
Voici donc le régime des douzièmes pro-
visoires qui continue.
A la Chambre, on ajourne la discussion
des projets de loi parce qu'il faut voter le
budget ; au Sénat on vote des douzièmes
provisoires.,.
Sôit !
Les attachés commerciaux
Le Sénat a enfin voté le projet de loi por-
tant création de six emplois d'attachés com-
merciaux.
Nous avons déjà eu l'occasion de dlve
tout l'intérêt de cette utile réforme et tout le
bien que nous en pensons.
M. Cruppi, qui a su la défendre habile-
ment et la réaliser heureusement, a fait
preuve, une fois de plus, de l'active et in-
telligente impulsion qu'il a su donner au
ministère du commerce et de l'industrie.
C'est une réforme effectuée sans tapage,
sans cabotinage, en tenant compte unique-
ment des intérêts supérieurs de notre com-
merce. Elle fait le plus grand honneur au
ministre du commerce et de l'industrie, qui
doit être unanimement loué, sans réserve,
de son - initiative.
»
CARNET DU LIBRE PENSEU fi
L'Eglise catholique
et sa collection de reliques
La cour d'assises du puy-de-Dûme, qui
siège à Riom, vient de juger la fa-
meuse bande de cambrioleurs d'églises qui
avait pour chef le directeur (?) d'une fabri-
que de tonneaux de Clermont-Ferrand, An-
tonu Thomas. -
On sait que Thomas et ses acolytes
étaient passés maîtres en l'art de procurer
à bon compte une foule d'objets de valeur à
certains antiquaires de Paris. Il leur suf-
lisait de dévaliser les églises où ils s'a.
vaient trouver les objets en question.
Cette histoire de vols de reliquaires, de
colombes eucharistiques, de monstrances et
de châsses, donne une certaine actualité à
la question des reliques, dont l'Eglise sut
tirer autrefois des profits énormes.
C'est surtout au moyen-dge que le culte
des reliques fut florissant ; l'histoire reli-
gieuse de ce temps, qui [ut l'âge d'or de
l'Eglise, nous offre maints exemples de
querelles de couvents et d'églises se dispu-
tant, avec la dernière âpreté, la possession
d'une relique de bon rapport.
Un auteur qui s'est beaucoup occupé de
choses religieuses, M. Ludovic Lalanne, a
publié un relevé des reliques répandues
dans la catholicité et qui montre à quel de-
gré d'aberration en arrivèrent les gens, d'é-
glise.
Il résulte de cette statistique, qui n'est
peut-être même pas complète, qu'avec l'en-
semble de leurs reliques, on peut reconsti-
tuer :
A saint André, 5 corps, 6 têtes, 17 bras.
jambes et mains ;
A sainte Anne, 2 corps, 8 têtes, 6 bras ;
A saint Antoine, 4 corps et une tête
!A sadnie Barbe, 3 corps et 2 têtes ;
A saint Basile, 4 corps et 5 têtes ;
rA saRnt Georges, 30 corps ;
A sainte Hélène, 4 corps et 5 têtes ;
lA sent Blaisç; 1 corps et 5 tètes ; -
'4 saint Jean-Baptiste, 10 lfJtes ;
À sainte Julienne, 20 corps et 26 tôles ;
lA saint Léger, 5 corps, 10 têtes et 12
mains. etc<. etc.
Au jour du iÚgment dernier, "ci les saints
se recbnstituent d'après la nomenclature de
4èurs reliques établie par l'Eglise, la vallée
de Josaphat, où doit se faire l appel des élus
de - Dieu, verra surgir une collection de
monsirçs. comme oncqitës n'en posséda la
plus fameuse des collections de tératologie.
L'énumérakon des reliqués que vénèrent
encore certains catholiques nous donne une
idée du cynisme déployé par l'Eglise pour
exploiter à son profit la foi vraiment trop
,naï:v.e de ses tidèlet.. P, G<
QUESTIONS EXTÉRIEURES
» ■ - «
ITALIE ET TRIPLICE
.————— >
A PROPOS DE LA POLITIQUE DE M. D'ÆENTHAL
EN BOSNIE ET EN HERZÉGOVINE
■■■ t ■>♦<» »
LES ENGAGEMENTS SECRETS
DE L'AUTRICHE
Il faut revenir sur les très importants dé-
bats qui se sont déroulés au Parlement, à
Rome, et qui présentent un intérêt interna-
tional.
On sait dtjà que la Chambre des députés
italienne, très secouée par les manifesta-
tions hostiles à l'Autriche et très impres-
sionnée par le discours de M. Fortis, a en-
tendu M. Tittoni et M. Giolitti.
Le ministre des affaires étrangères, - et
après lui à justifier la politique du gouvernement et
enlevé un vote de ronfiance.
M. Tittoni, dont on annonçait la prochai-
ne démission, reste à son poste, mais il a
fait des excuses pour sa politique austro.
phi'le et prononcé un discours qui éclaire
d'une façon curieuse les dessous de la poli-
tique triplicienne au cours des événements
récents.
LE MINISTRE S EXCUSE
M. Tittoni, qui n'est pas combatif, s'ex-
cuse de n'avoir pas fait des réserves sur
d'attitude de M. d'/Erenthal :
J'ai omis. a-t-il dit, de déclarer formellement
que les changements apportés, aux traités inter-
nationaux: ne sont pas admissibles, s'ils n'ont
pas obtenu le consenteriient de toutes les par-
ties contractantes, parce que j'ai juge superflu
de le dire car il s'agissait d'un principe de
droit commun.
J'ai été excessivement sincère parce que, pré-
voyant et sachant l'ail are que prendraient les
choses, j'ai préféré le dire ouvertement.
Mon erreur de prévision a consisté dans ma
surposilion que l'on aurait immédiatement re-
connu l'imoorlance des articles 25 et. 29 du
traité de Berlin.
Et il ajoute : -»• -
L'Autriche-Hongrie. en préférant à une solu-
tion légale, avec le consentement de tous les
intéressés: une solution unilatérale, a créé en
Europe une situation difficile, incertaine, qui a
eu une répercussion dans la situation intérieu-
re des autres Etats et a troublé .profondément
notre milieu Politique.
LES DESSOUS DE LA TRIPLIGp
Est-il vrai, comme le prétend un député,
M. Barziliai, que l'Autriche ..aurait promis,
par une lettre de son ambassadeur au sous-
secrétaire d'Etat italien Maitei, de rétrocé-
der le Trentin à l'Italie aU4lleas où Vienne
procéderait à l'annexion de la Bosnié-Herzô
govine 1
Mes prédécesseurs, répond le ministre à cdc
te question qui domine tous les esprits, Morint'
et Guiadardini. en me remettant les documenta
secrets, ne mentionnèrent pas la lettre susdite
dont je ne connus jamais l'existence. Ces lettre
ne Jurent pas retrouvées maigre les reonerches
les plus soigneuses qui furent ordonnées dans
toutes les archives du ministère des affaires
étrangères à la suite de la déclaration de M*
Barzilai.
L'ancien secrétaire-général du ministère des
affaires étrangères, interrogé, met déclara iia,4
voir jamais entendu parler de ces lettres. Ja"
mais. daes- tes négociations -pour la conclusion!
et le renouvellement de la Triplice on n'a dïs-t
cuté la, oession du Trentin. Il existe même à cet
sujet des déclarations répétées et explicites enP *
contradiction avec les affirmations du gouver-
nement austro-hongrois.
Quant au traité dé la Triple-Alliance, la ques.
lion est délicate ïjarce qu'on ne peut pas .;Ir
divulguer le contenu sans le consentement deg
parties contractantes.
APOLOGIE DE LA TRIPLE ALLIANCn
Le président du conseil a jeté de l'huile,
sur les flots tumultueux du Parlement et
ramené le calme et la confiance dans la
gouvernement par des déclarations plus ha*
biles que catégoriques.
Le pays, dit M. Giolitti, pour achever son dis™
cours, a le droit de demander qu'on lui dise.,
d'une manière claire et précise, sans équivo-
ques. quelles sont les intentions du Parlementi
et que le gouvernement suit et qu'il entendT
suivre dans l'avenir.
La Triple-Alliance a assuré une très longuet.
période de paix dont le pays a profité pour
faire des progrès rapides comme aucune de?
nations voisines. En trente années, l'Italie -
subi une transformation qui représente un
avancement d'un siècle dans la- civilisation-
Mais il reste encore beaucoup à faire et il cstf
urgent de le faire. Pour cela, il faut surtoug
une tranquillité et une sûreté absolue à tinté-*
rieur et à l'extérieur. Nos pères nous ont don..
né une patrie, nous devons la rendre heureuse,
forte et respectée, et on ne doit pas compro-
mettre cette oeuvre de la génération actuelle
par des impatiences prématurées.
Le pays, qui a M millions (l'habitants par-
lant une seule langue, apparlennt à une sëuîei
nation, le pays qui a une glorieuse histoire (Ta.
2000 années ne peut pas. ne doit pas douter,
de son grandi avenir.
Les passages patriotiques du discours
ministériel ont soulevé l'enthousiasme de
la Chambre.
■ ■ • i -
;
L'AFFAIRE STEINHEIL
Mme STEINHEIL CHEZ LE JUGE
La veuve tragique a été longuement interrogée
en secret par M. André. — De longues perqui-
sitions ont eu lieu au Vert-Logis. — Les ques-
c ::' < - tions d'assurance et d'héritage. 'F>':'-:' -
----- r"<1I.-. "-A."L"- ------..:.. '-'- 40
Le secret étant toujours rigoureusement
gardé sur ce qui se passe, tant à l'instrue-
tion qu'à la Sûreté, on ignore où en sont
les choses, d'une façon exacte. On dit seu-
lement que M. André poursuit son instruc-
tion très méthodiquement et que la Sûreté
aurait amené à son cabinet, l'avant-derniè-
re nuit, un individu qui aurait été appelé
à fournir l'emploi de son temps pendant la
nuit du crime, et que -cette personne serait
l'objet d'une active surveillance.
En somme, on ne sait que peu de chose
et il faut faire, dans tous les bruits qui cir-
culent, la part de l'imagination.
On ne pense pas que la perquisition
opérée au Vert-Logis ait donné des résul-
tats bien intéressants. Depuis six mois que
le crime a été commis, il serait surprenant
qu'il en fût autrement.
Mme Steinheil a repris toute son assu-
rance et il ne faut guère espérer connaître
par elle la vérité. On fait déjà courir le
bruit qu'elle ne tardera pas à être l'objet
d'un non-lieu.
LA QUESTION D'HERITAGE
Le frère de Mme Steinheil, percepteur à
Esquennoy (Oise), interrogé sur la questan
de fortune de sa mère, aurait repondu :
- Vnici Vous savez que nous sommes alliés
à la famille des grands industriels de Beaucourt.
or, quand mon père mourut, il nous laissa
188 actions de la Société Japy et Cie. Ma mère
toucha pour sa part 68 actions et ses quatre en-
fants reçurent chacun 30 actions. En outre,
mes sœurs et moi. nous prîmes rengagement,
lorsque, d-ans une année, les 68 aétions de notre
mère rapporteraient moidns de 10.000 francs, de
parfaire cette dernière somme C'est ce qui fut
fait Vous voyez donc que notre mère, laquelle
vivait simplement, n'était pas aux « crochets »
de « Me2 ».. ---- ,- -_!-
— votre mère était-elle assurée sur ia vie au
bénéfice de Mlle MarLUe Steinheil 2
- Nullement.
- La mort de votre mère ne pouvait donc
pas augmenter beaucoup les revenus de Mme
Steinheil.
- Non, puisqu'elle n'héritait que du quart de
sou avoir, c'est-à-dire 17 des actions dont je
viens dé vous parler.
MAUVAIS MENAGE
au sujet des relations intimes du n\énage
Steinheil, M. Japy aurait déclare que le mé-
nage s'entendait tyes mal.
-- r9; assisté, inyxisse Ronsirt, aurait-elle
dit, à des scènes Je. ménage atroces. J'ai enten-
du ma sœur insulter son mari. Il ne lui repon-
dait pas et allait s'enfermer dans son atelier.
Parfois, après ces s<:ènes, et elles étaient fré-
quentes, « Meg » se couchait, et prétendait être
malade, Alors. SO.H mari se B~PM dans sa
chambre et la soignait aveo un dévouement
touchant.
Oui, continue M. Japy, Steinheil fut très mal-
heureux. Quelques jours avant qu'on iassassi-
nât, j'étais allé le voir. Je le trouvai ce jour-là
particulièrement affecté. « Je ne puis plus vivra
ainsi', me dit-il. Il vaut mieux que je dispa-
raisse. » Et il pleurait. Le pauvre homme 1 E6-
maintenant on lui reproche les pires choses ;
on va jusqu'à l'accuser d'avoir eu des mœurs'
honteuses.
— Mais « on », c'est votre soeur. C'est elle
qui lui reproche ces vices.
— Je sais bien. Pourtant, c'est inexact. J'en
suis absolument sûr.
— Pourquoi votre sœur affirme-t-elle le con-
traire ?
— Pourquoi ? Puis-je le deviner ? Pourquoi,
insulle-t-elle la mémoire de sa mère ? Pourquoi
ment-elle constamment, elle qui, avant cette,
affaire, ne mentait jamais et était au contrairq
d'une franchise rare ? Pourquoi ? Je me le de-i
mande.
— Saviez-vous qu'elle détestait sa mère 2 •
— Non ! Et ,plIe n'avait pas de raisons pour la;
.détester. Contrairement à ce que ma sœur pré-
tend, noire mère, en effet, ne fut jamais à sa.'
charge. Elle disposait de dix mille francs de re..:
venus annuels et cette somme lui suffisait am
plement. Notre mère fut une sainte femme ce
je suis convaincu qu'elle ignorait que sa fille
eût des amants.
D'autre part, le Réveil du Nord rapporte'
que Mme Japy, belle-sœur de Mme Stein-
heil, rencontrée à la gare de Breteuil, a ra-
conté que Mme Steinheil vivait depuis avril
et mai séparée de son mari et donna quel-
ques détails sur le caractère de ce dernier.
Le journal ajoute qùe Mme Japy croit que
Mme Steinheil n'est pas coupable.
LA QUESTION D'ASSURANCE
Un envoyé du Journal à Beaucourt, pré-
tend que Mme Japy était assuçOe sur la
vie.
Mme Steinheil, écrit-il, détestait soi mari et
on peut' admettre qu'elle ait eu le désir de le
voir disparaître ! Mais quel intérêt aurait pu lui
faire souhaiter la mort de sa mère ?
Telle est la question que s'est certainement
posée le juge d'instruction. J'ai réussi à me
procurer, aujourd'hui, sur ce point, un rensei-
gnement dOllL on comprendra toute la gravité.
Mme Steinheil. a la veille de la tragédie de
l'impa£se Ronsin. était dans une situation de
fortune précaire. Il lui fallait de l'argent à tout
prix. Cet argent, la mort de sa mère pouvait
le lui procurer. :
Voici comment : M. Edouard Japy, le père
de Mme Steinheil avait laissé, en mourant, une
petite fortuné, dont -sa femme devait avoir J usu..
fruit. Cette fortune s'élevait à quelques centai-
nes de mille francs, et Mme Edouard Japy en
touchait chaque année la rente. Cela lui permcl-
lait de mener une existence dispendieuse, d'être
assez à son aise, et c'est ainsi qu'elle put occu-
per pendant longtemps à Paris un appartcsaeai
-. -. - -.-" - -.. - -- - I. — - - • - • *
Lundi 7 Décembre 1908. — N* 1419
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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TRIBUNE LIBRE
"boine -
LES HS OUVRIÈRES
« —— - •
Il est devenu impossible 1
de suivre la commission sé-
natoriale à travers toutes
ses marches et contre-mar-
ches. Mais ce que fait au-
jourd'hui cette commission
--- -- aty* nr»l
p'a plus a miportttuix?. iuuiaicu^ui,
ellfe est dessaisie.
Grâce à la décision prise à l'unani-
mité par la Gauche démocratique, et
qui vient appuyer si heureusement l'i-
nitiative courageuse de M. Monis, c'est
le Sénat lui-même gui va avoir à se
prononcer.
Ce n'est pas sans une profonde sa-
tisfaction que la démocratie laborieuse,
écœurée par les procédés louches em-
ployés depuis trois ans pour ajourner
la réforme, aura lu, au bas de cette dé-
cision, les noms de MM. Emile Combes
et Léon Bourgeois ; car elle aura vu,
dans l'intervention de ces chefs respec-
tés du parti républicain, une sûre pro-
messe, un engagement d'honneur pris
vis-à-vis d'elle, de mettre un terme à
des manœuvres vraiment scandaleuses.
On va s'expliquer.
C'est ce que nous voulons, 'disent les
adversaires de la réforme, le Temps,
le Journal des Débats ; la discussion
prouvera que le projet de la Chambre
est inapplicable. »
La réponse est facile. S'il n'y avait
pas eu un parti-pris, une volonté bien
arrêtée d' « enterrer » la réforme, c'est
de suite,je veux dire après un bref exa-
men, que la commission aurait procla.,
mé que le projet était irréalisable. On
n'aurait pas attendu trois ans pour fai-
re une telle découverte, on n'aurait pas
gagné du temps par la dérisoire comé-
die de l'enquête préalable ; on n'aurait
pas, enfin, prolongé à plaisir des dis-
cussions minutieuses avec le' gouver-
nement, sur un projet inacceptable.
La vérité, c'est que, dès le premier
jour, la majorité de la commission
était hostile à la réforme, hostile à son
principe essentiel, l'obligation. Et c'est
dans le dessein d'obtenir une majorité
factice contre le projet oue l'enquête
fut faite auprès des organisations pa-
tronales mutualistes, agricoles et ou-
vrières. Son plus clair résultat fut
d'ailleurs de prouver que les syndicats
ouvriers qui répondirent au question-
naire se prononcèrent en majorité pour
l'obligation.
Mais était-il admissible 'd'organiser
line telle enquête pour savoir si un pro-
jet de loi, voté à l'unanimité par les
représentants directs de la nation, était
utile ? L'enquête, je le répète, était une
marque d'hostilité contre la réforme, et
la suite l'a bien prouvé.
On trouverait difficilement, sans
lIoute, dans les annales parlementai-
res, un pareil exemple de parti-pris et
* 'de mauvaise volonté. La commission
fut, dès l'abord, décidée à arrêter la
marche normale du projet, et voilà
trois ans qu'elle triomphe contre l'o-
pinion publique,contre la volonté main-
tes fois répétée de la Chambre, dans
tfon obstination d'obstruction.
Les tergiversations du gouvernement
l'aidèrent grandement, c'est entendu.
Toutefois, constatons-le, si le gouver-
nement, comme c'était son impérieux
devoir, maintint toujours avec énergie
les principes essentiels du projet, il
offrit à plusieurs reprises à la com-
mission, par ses variations même, des
possibilités 'd'entente, et, si celle-ci
n'avait eu d'autre souci que de ne pas
imposer à la nation des charges trop
lourdes, elle aurait dû rénondre aux
concessions oui lui étaient faites.
On parle - toujours des charges
écrasantes du projet. Ces charges
ont été précisées, ces iours der-
niers, à la Chambre, au cours
d'un bref dialogue entre MM. Cail-
laux et Jaurès. La dépense de la
première période, dite d'installation,
serait de 130 millions. La dépense dé-
finitive se fixerait, après oscillations,
vers 290 millions. Voilà ouelles sont
les conséquences des propositions que
le gouvernement a faites en dernier
lieu à la commission sénatoriale.
Sacrifice considérable, c'est entendu,
mais sacrifice nécessaire, nue des na-
tions qui ont beaucoup à envier à la
France pour la prospérité financière,
ont déjà consenti.
La question se pose "de savoir si, oui
Ou non, nous voulons avoir une politi-
que financière démocratique et créer
les ressources nécessaires au budget de
solidarité sociale. Mais ceux-là qui cla-
ment l'insuffisance des ressources sont
les adversaires acharnés de toute réfor-
me qui pourrait en assurer. Ce sont les
mêmes aussi qui demandent que, sans
compter, la France donne pour les ar-
mements ,
Oh ! certes, il est plus nécessaire que
jamais, dans cet état frémissant où se
trouve l'Europe, que la France soit so-
lidement défendue. Mais peut-être,
après toutes les révélations attristantes
que nous avons eu à entendre ces
temps derniers sur la marine, est-il
permis de penser que l'emploi des
sommes énormes données tous les ans
pour la- défense nationale, n'est pas
toujours suffisamment surveillé.
Quoi qu'il en soit, d'ailleurs, il est
facile de voir que le vote d'une réforme
comme les retraites ouvrières sera vé-
ritablement un acte patriotique servant
au plus haut point l'intérêt national,
parce qu'il fortifiera l'unité de la na-
tion.
Ceux qui ne comprennent pas ces
choses, ceux qui ne voient pas l'utilité,
au point de vue patriotique, des œu-
vres de solidarité sociale créant entre
tous les citoyens des liens de fraternité,
sont d'un patriotisme bien étroit et
bien superficiel.
Les retraites ouvrières sont possibles
et nécessaires, seuls le nieront les réac-
teurs figés dans un bas égoïsme de
classe. La Chambre les a votées d'en-
tliousiasme. Son pirojet, qui peut n'être
pas parfait, qui peut réclamer des mo-
difications, a posé les bases essentiel-
les sans lesquelles la réforme ne serait
qu'une dérision.
Ce sont ces bases, ces principes, que
les fermes .républicains de la Gauche
démocratique du Sénat viennent, à
l'unanimité, de revendiquer. La Gau-
che démocratique va demander au Sé-
nat lui-même de les ratifier. Il faut
avoir confiance dans le Sénat républi-
cain. Ayant à choisir entre la Gauche
démocratique et une commission dé-
entre
criée par ses procédés de ruse, entre
MM. Léon Bourgeois et Combes d'une
part, et MM. Cuvinot et Prevet d'autre
part, le Sénat républicain n'hésitera
pas.
Le gouvernement aussi s'engagera
nettement dans le débat. Maintes fois,
à la Chambre, M. Viviani a affirmé sa
volonté de faire aboutir la réforme, en
se maintenant fermement sur le terrain
des principes votés par la Chambre.
Sans nul 'doute, il voudra faire enten-
dre au Sénat le même langage, et avec
plus de force encore, puisaue c'est au
Sénat qu'est la bataille.
Vraiment, il est impossible d'admet-
tre que le Sénat réponde par un refus
à cette démarche commune de la Gau-
che démocratique et du gouvernement,
lui demandant de se prononcer solen-
nellement en faveur de la réforme qui
assurera aux vieux travailleurs le mor-
ceau de pain indispensable.
Il reste à souhaiter que le débat ait
lieu au plus vite, pour qu'au plus vite
la réforme soit sortie dé l'ornière où
la maintient enlizée, depuis trois ans,
l'obstination de quelques réacteurs.
René RENOULT,
Député de la Haute-Saône,
-.
LA PO LIrIQUE
L'IMBROCLIO ITALIEN
Imbroglio/C'est bien le seul
nom qud convienne à la situa-
tion présente de la diplomatie
italienne. 1 Etre dans la Tripli-
ce, sans s'y complaire, s'en dé-
tacher sans s'en délier, se rap-
procher des adversaires du groupement
dont on fait partie et se séparer des al-
liés auxquels on est uni, ce serait impos-
sible et - invraisemblable partout, sauf à
Rome.
Grâce à la souplesse des diplomates
italiens, à La virtuosité des orateurs ins-
pirés par les souvenirs du Forum, à la
mobilité toute féminine de l'opinion pu-
blique, la Consulta, l'office des relations
extérieures de la Ville Eternelle se joue
au millieu des difficultés.
Les récents débats de la Chambre ont
fait voir comment l'assemblée emballée
.durait quelques instants contre l'Autri-
che, désignée comme une ennemie dan-
gereuse a firni par applaudir hautement
le statu ano et la Triple-Alliance. Et
M. Giolitti qui avait abandonné son mi-
nistre des affaires étrangères pour serrer
dans ses bras M. Fortis 1'.adversaire du
cabinet a fini par arracher à M. Fortis un
vote de confiance en faveur de son, minis-
tre des affaires étrangères.
Et l'Italde, malgré tant de mouve-
ments divers et ondoyants conservera ses
anciennes alliances et ses amitiés récen-
tes QU renouvelées. D'abord parce que:
sans ajouter foi à de trop vives exube-
rances, toute l'Europe a confiance dans
les sentiments pacifiques de l'Italie et
qu'on, ne lui fait pas grief de gueïqu^
restes un peu vifs. Ensuite parce que
l'Italie est aux côtés de la Grèce, une en-
fant gâtée de la famille européenne et
qu'on lui pardonne beaucoup parce qu'on
lui doit plus encore «
':(lj LES ON-DIT,
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche. :
Lever du soleil à 1 h, 40 ; coucher à
4 h. 2. ,0.
— Matinées : Dans tous les théâtres, sauf
à l'Opéra.
,- Courses à AuteuiL
Maujaniana -
En soumettant à .la signature de M.
le président du conseil un certain nom-
bre de lettres, Il soufflait dessus de
temps en temps pour en faire, envoler
quelques grains de poussièrè qui les
maculaient.
— « Mon vieux, lui dit. le Grand Pan.
dispense-toi donc de ces précautions-
là.
« Quand on souffle sur un dossier,
c'est. comme 1a. calomnie. il en
reste toujours quelque chose., n.
Une bonne revue
La revue Die Zukunft (YAvenir) de
Maximilien Harden, qui fit tant de
!bruit lors du procès de Moltke, est ré-
gulièrement tirée à 35.000 exemplaires.
Le numéro coûte 60 centimes. Comme
Harden écrit presque toute sa revue à
lui seUil. il ne donne à ses rédacteurs
que 1.000 francs d'honoraires, par nu-
méro. — Il ne lui reste en général que
d.500 francs de !(. houiUons ». Il lui
reste 6.500 francs nets de bénéfice par
numéro, sans compter la publicité. —
Comme il tire à 52 numéros par an,
cela fait la jolie somme - de 338.000
francs chaque année.
Du reste Harden ne fait aucun mys-
tère de cela, et crie très haut qu'il est
le plus riche des journalistes alle-
mands.
C'est agréaible de « passer la revue »
'dans ces conditions.
AUTREFOIS
Rappel du 7 décembre 1872. — Les bu-
reaux de VAssemblée ont nommé les mem-
bres de la « commission des trente », char-
gés de présenter un projet de loi « pour ré-
filer les attributions du pouvoir public et
les conditions de la responsabibité minis-
térielle ». Sur ces trente membres, il y a
onze républicains et dix-neuf monarchistes.
Le 11 de ce mois, on versera 200 nou-
veaux millions aux Prussiens.
Quelques bataillons de chasseurs exécu-
tent maintenant les manœuvres au sifflet
par imitation de l'armée allemande.
Dans Paris, la Seine commence à bais-
ser.
Les prefels prennent des arrêtés d'annu-
lation contre les délibérations par lesquelles
les conseils municipaux votent des adresses
au président de la Republique. M. Guignes
de Champvans, préfet du Gard. va plus
loin ; il prononce la suspension du conseil
municipal de Caveirac, « considérant que ce
conseil a publié une adresse. »
Leurs bouts de cigares -
En Allemagne, dans tous les cafés,
dans toutes les ibrasseries, se trouve
une boîte en métal, placée sur une ta-
ble au centre de l'établissement. Cha-
que fois que les consommateurs al-
lument un cigare, ils se lèvent et por-
tent le bout de leur ancien cigare dans
la 'boîte.
C'est une société de bienfaisance
qui en place ainsi dans tous les éta-
blissements publics et qui fait recueil-
lir les houts de cigares et les débrie de
tabac. Le produit de la vente est consa-
cré à l'achat d'un habillement complet
qu'on distribue aux enfants pauvres à
la Noël. Dix-neuf Associations de ce
genre ont recueilli, en 1907, 4.569 li-
vres 'de tabac qui ont été vendues
31.250 francs avec lesquels on a habil-
lé 1.726 enfants, soit 18 Ir. 10 centimes
environ par vêtement.;
Candeur
Une jeune chanteuse de café-concert,
revenant de Londres, disait, hier, à une
'de ses camarades : « Ma chère, je n'ai
trouvé aucune différence entre les An-
glais 'd'Angleterre et ceux de Paris. »
♦
Les paroles et les actes
M. Clemenceau — naguère ! - nous di-
sait
Comment douler d'une réforme reconnue
nécessaire par Gallifet lui-même ? Com-
ment ne pas laire confiance à un gouverne-
ment qui s'excusait avec tant de compoc.
tion "de n'en pas proposer davantage ? Car
ce n'était qu'un commencement» l'exposé
des motifs du projet avait bien soin d'en
faire la remarque. « Une réforme plus
radicale s'impose », ajoutait cet expose.
Mais le gouvernement avait tenu « à cou-
rl7- au plûs pressé ». Il n'avait pas voulu
perdra "une minute pour proposer ce qui
« semblait pouvoir etfe immédiatement réa-
Msë Il. On a beau savoir ce qu'il en est des
déclarations ministérielles, celles-là était
d'un accent qui Irmchait vyzïnwnt sur le
commun.
Aujourd'hui févénement m*oblige 4 T(b.
■ connQltfe qu'elle dépassait settlenient là
mesure ordinaire de l.'hypocrisie officielle.
Les. mois, les années se sont ecoulés i?t
le minimum « immédiatement réalisable »,
est encore à l'état de projet - il proclamer
l'urgence Se la réforme, iQute l^rdeur du
ministère, sciait épjMs.éeM
LVutteUr du ministère s'est épuisée erf
effet. Celle des ministres aussi.
M. le ministre de la guerre a oublié le
lieutenant-colonel Picquart ; quant à M. le
président du conseil, il n'a plus d'autre
souci que de démentir par ses actes, toutes
les paroles .et tous les écrits de M. Clemen-
ceau.
La disgrâce du marin
1 -
L'amiral Germinet est relevé de ses fonc-
tions. Il n'a plus qu'à amener son pavillon
qui, hier encore, claquait joyeusement au
souffle des brises méditerranéennes.
Si ses navigations et ses croisières lui
ot beaucoup appris, l'événement, par sur-
croît, lui fournira cette leçonTItile de stra-
tégie navale : qu'il ne faut confier ses an-
goiss-es patriotiques qu'aux .ronds de cuir
de la rue Royale et aux tritons escortés de
naïades et de tant d'autres montres ma-
rins !
Explosez ! échouez ! sombrez ! Soit !
Mais n'alarmez jamais les équipages des
barques ministéreilles, amiral 1
Et maintenant, rompez ! ---
ET LE BUDGET ?
Le budget de 1909 ne sera pas voté au
Sénat, vraisemblablement, avant le 1er jan-
vier. v.
Le ministère a eu beau précipiter les
opérations devant la Chambre, esquiver les
interpellations dangereuses, il n'aboutira
pas en temps voulu devant la Haute As-
semblée.
M. Poincaré, rapporteur général du bud-
get, malgré qu'il ait fait diligence, ne pour-
ra déposer son rapport avant mardi pro-
chain, et la discussion semble être ajour-
née au lundi suivant, 14.
Mais il est question de libérer le Sénat
et la Chambre dès le 15, afin de permettre
aux parlementaires de participer à la cam-
pagne sénatoriale, en vue du 3 janvier.
Voici donc le régime des douzièmes pro-
visoires qui continue.
A la Chambre, on ajourne la discussion
des projets de loi parce qu'il faut voter le
budget ; au Sénat on vote des douzièmes
provisoires.,.
Sôit !
Les attachés commerciaux
Le Sénat a enfin voté le projet de loi por-
tant création de six emplois d'attachés com-
merciaux.
Nous avons déjà eu l'occasion de dlve
tout l'intérêt de cette utile réforme et tout le
bien que nous en pensons.
M. Cruppi, qui a su la défendre habile-
ment et la réaliser heureusement, a fait
preuve, une fois de plus, de l'active et in-
telligente impulsion qu'il a su donner au
ministère du commerce et de l'industrie.
C'est une réforme effectuée sans tapage,
sans cabotinage, en tenant compte unique-
ment des intérêts supérieurs de notre com-
merce. Elle fait le plus grand honneur au
ministre du commerce et de l'industrie, qui
doit être unanimement loué, sans réserve,
de son - initiative.
»
CARNET DU LIBRE PENSEU fi
L'Eglise catholique
et sa collection de reliques
La cour d'assises du puy-de-Dûme, qui
siège à Riom, vient de juger la fa-
meuse bande de cambrioleurs d'églises qui
avait pour chef le directeur (?) d'une fabri-
que de tonneaux de Clermont-Ferrand, An-
tonu Thomas. -
On sait que Thomas et ses acolytes
étaient passés maîtres en l'art de procurer
à bon compte une foule d'objets de valeur à
certains antiquaires de Paris. Il leur suf-
lisait de dévaliser les églises où ils s'a.
vaient trouver les objets en question.
Cette histoire de vols de reliquaires, de
colombes eucharistiques, de monstrances et
de châsses, donne une certaine actualité à
la question des reliques, dont l'Eglise sut
tirer autrefois des profits énormes.
C'est surtout au moyen-dge que le culte
des reliques fut florissant ; l'histoire reli-
gieuse de ce temps, qui [ut l'âge d'or de
l'Eglise, nous offre maints exemples de
querelles de couvents et d'églises se dispu-
tant, avec la dernière âpreté, la possession
d'une relique de bon rapport.
Un auteur qui s'est beaucoup occupé de
choses religieuses, M. Ludovic Lalanne, a
publié un relevé des reliques répandues
dans la catholicité et qui montre à quel de-
gré d'aberration en arrivèrent les gens, d'é-
glise.
Il résulte de cette statistique, qui n'est
peut-être même pas complète, qu'avec l'en-
semble de leurs reliques, on peut reconsti-
tuer :
A saint André, 5 corps, 6 têtes, 17 bras.
jambes et mains ;
A sainte Anne, 2 corps, 8 têtes, 6 bras ;
A saint Antoine, 4 corps et une tête
!A sadnie Barbe, 3 corps et 2 têtes ;
A saint Basile, 4 corps et 5 têtes ;
rA saRnt Georges, 30 corps ;
A sainte Hélène, 4 corps et 5 têtes ;
lA sent Blaisç; 1 corps et 5 tètes ; -
'4 saint Jean-Baptiste, 10 lfJtes ;
À sainte Julienne, 20 corps et 26 tôles ;
lA saint Léger, 5 corps, 10 têtes et 12
mains. etc<. etc.
Au jour du iÚgment dernier, "ci les saints
se recbnstituent d'après la nomenclature de
4èurs reliques établie par l'Eglise, la vallée
de Josaphat, où doit se faire l appel des élus
de - Dieu, verra surgir une collection de
monsirçs. comme oncqitës n'en posséda la
plus fameuse des collections de tératologie.
L'énumérakon des reliqués que vénèrent
encore certains catholiques nous donne une
idée du cynisme déployé par l'Eglise pour
exploiter à son profit la foi vraiment trop
,naï:v.e de ses tidèlet.. P, G<
QUESTIONS EXTÉRIEURES
» ■ - «
ITALIE ET TRIPLICE
.————— >
A PROPOS DE LA POLITIQUE DE M. D'ÆENTHAL
EN BOSNIE ET EN HERZÉGOVINE
■■■ t ■>♦<» »
LES ENGAGEMENTS SECRETS
DE L'AUTRICHE
Il faut revenir sur les très importants dé-
bats qui se sont déroulés au Parlement, à
Rome, et qui présentent un intérêt interna-
tional.
On sait dtjà que la Chambre des députés
italienne, très secouée par les manifesta-
tions hostiles à l'Autriche et très impres-
sionnée par le discours de M. Fortis, a en-
tendu M. Tittoni et M. Giolitti.
Le ministre des affaires étrangères, - et
après lui à justifier la politique du gouvernement et
enlevé un vote de ronfiance.
M. Tittoni, dont on annonçait la prochai-
ne démission, reste à son poste, mais il a
fait des excuses pour sa politique austro.
phi'le et prononcé un discours qui éclaire
d'une façon curieuse les dessous de la poli-
tique triplicienne au cours des événements
récents.
LE MINISTRE S EXCUSE
M. Tittoni, qui n'est pas combatif, s'ex-
cuse de n'avoir pas fait des réserves sur
d'attitude de M. d'/Erenthal :
J'ai omis. a-t-il dit, de déclarer formellement
que les changements apportés, aux traités inter-
nationaux: ne sont pas admissibles, s'ils n'ont
pas obtenu le consenteriient de toutes les par-
ties contractantes, parce que j'ai juge superflu
de le dire car il s'agissait d'un principe de
droit commun.
J'ai été excessivement sincère parce que, pré-
voyant et sachant l'ail are que prendraient les
choses, j'ai préféré le dire ouvertement.
Mon erreur de prévision a consisté dans ma
surposilion que l'on aurait immédiatement re-
connu l'imoorlance des articles 25 et. 29 du
traité de Berlin.
Et il ajoute : -»• -
L'Autriche-Hongrie. en préférant à une solu-
tion légale, avec le consentement de tous les
intéressés: une solution unilatérale, a créé en
Europe une situation difficile, incertaine, qui a
eu une répercussion dans la situation intérieu-
re des autres Etats et a troublé .profondément
notre milieu Politique.
LES DESSOUS DE LA TRIPLIGp
Est-il vrai, comme le prétend un député,
M. Barziliai, que l'Autriche ..aurait promis,
par une lettre de son ambassadeur au sous-
secrétaire d'Etat italien Maitei, de rétrocé-
der le Trentin à l'Italie aU4lleas où Vienne
procéderait à l'annexion de la Bosnié-Herzô
govine 1
Mes prédécesseurs, répond le ministre à cdc
te question qui domine tous les esprits, Morint'
et Guiadardini. en me remettant les documenta
secrets, ne mentionnèrent pas la lettre susdite
dont je ne connus jamais l'existence. Ces lettre
ne Jurent pas retrouvées maigre les reonerches
les plus soigneuses qui furent ordonnées dans
toutes les archives du ministère des affaires
étrangères à la suite de la déclaration de M*
Barzilai.
L'ancien secrétaire-général du ministère des
affaires étrangères, interrogé, met déclara iia,4
voir jamais entendu parler de ces lettres. Ja"
mais. daes- tes négociations -pour la conclusion!
et le renouvellement de la Triplice on n'a dïs-t
cuté la, oession du Trentin. Il existe même à cet
sujet des déclarations répétées et explicites enP *
contradiction avec les affirmations du gouver-
nement austro-hongrois.
Quant au traité dé la Triple-Alliance, la ques.
lion est délicate ïjarce qu'on ne peut pas .;Ir
divulguer le contenu sans le consentement deg
parties contractantes.
APOLOGIE DE LA TRIPLE ALLIANCn
Le président du conseil a jeté de l'huile,
sur les flots tumultueux du Parlement et
ramené le calme et la confiance dans la
gouvernement par des déclarations plus ha*
biles que catégoriques.
Le pays, dit M. Giolitti, pour achever son dis™
cours, a le droit de demander qu'on lui dise.,
d'une manière claire et précise, sans équivo-
ques. quelles sont les intentions du Parlementi
et que le gouvernement suit et qu'il entendT
suivre dans l'avenir.
La Triple-Alliance a assuré une très longuet.
période de paix dont le pays a profité pour
faire des progrès rapides comme aucune de?
nations voisines. En trente années, l'Italie -
subi une transformation qui représente un
avancement d'un siècle dans la- civilisation-
Mais il reste encore beaucoup à faire et il cstf
urgent de le faire. Pour cela, il faut surtoug
une tranquillité et une sûreté absolue à tinté-*
rieur et à l'extérieur. Nos pères nous ont don..
né une patrie, nous devons la rendre heureuse,
forte et respectée, et on ne doit pas compro-
mettre cette oeuvre de la génération actuelle
par des impatiences prématurées.
Le pays, qui a M millions (l'habitants par-
lant une seule langue, apparlennt à une sëuîei
nation, le pays qui a une glorieuse histoire (Ta.
2000 années ne peut pas. ne doit pas douter,
de son grandi avenir.
Les passages patriotiques du discours
ministériel ont soulevé l'enthousiasme de
la Chambre.
■ ■ • i -
;
L'AFFAIRE STEINHEIL
Mme STEINHEIL CHEZ LE JUGE
La veuve tragique a été longuement interrogée
en secret par M. André. — De longues perqui-
sitions ont eu lieu au Vert-Logis. — Les ques-
c ::' < - tions d'assurance et d'héritage. 'F>':'-:' -
----- r"<1I.-. "-A."L"- ------..:.. '-'- 40
Le secret étant toujours rigoureusement
gardé sur ce qui se passe, tant à l'instrue-
tion qu'à la Sûreté, on ignore où en sont
les choses, d'une façon exacte. On dit seu-
lement que M. André poursuit son instruc-
tion très méthodiquement et que la Sûreté
aurait amené à son cabinet, l'avant-derniè-
re nuit, un individu qui aurait été appelé
à fournir l'emploi de son temps pendant la
nuit du crime, et que -cette personne serait
l'objet d'une active surveillance.
En somme, on ne sait que peu de chose
et il faut faire, dans tous les bruits qui cir-
culent, la part de l'imagination.
On ne pense pas que la perquisition
opérée au Vert-Logis ait donné des résul-
tats bien intéressants. Depuis six mois que
le crime a été commis, il serait surprenant
qu'il en fût autrement.
Mme Steinheil a repris toute son assu-
rance et il ne faut guère espérer connaître
par elle la vérité. On fait déjà courir le
bruit qu'elle ne tardera pas à être l'objet
d'un non-lieu.
LA QUESTION D'HERITAGE
Le frère de Mme Steinheil, percepteur à
Esquennoy (Oise), interrogé sur la questan
de fortune de sa mère, aurait repondu :
- Vnici Vous savez que nous sommes alliés
à la famille des grands industriels de Beaucourt.
or, quand mon père mourut, il nous laissa
188 actions de la Société Japy et Cie. Ma mère
toucha pour sa part 68 actions et ses quatre en-
fants reçurent chacun 30 actions. En outre,
mes sœurs et moi. nous prîmes rengagement,
lorsque, d-ans une année, les 68 aétions de notre
mère rapporteraient moidns de 10.000 francs, de
parfaire cette dernière somme C'est ce qui fut
fait Vous voyez donc que notre mère, laquelle
vivait simplement, n'était pas aux « crochets »
de « Me2 ».. ---- ,- -_!-
— votre mère était-elle assurée sur ia vie au
bénéfice de Mlle MarLUe Steinheil 2
- Nullement.
- La mort de votre mère ne pouvait donc
pas augmenter beaucoup les revenus de Mme
Steinheil.
- Non, puisqu'elle n'héritait que du quart de
sou avoir, c'est-à-dire 17 des actions dont je
viens dé vous parler.
MAUVAIS MENAGE
au sujet des relations intimes du n\énage
Steinheil, M. Japy aurait déclare que le mé-
nage s'entendait tyes mal.
-- r9; assisté, inyxisse Ronsirt, aurait-elle
dit, à des scènes Je. ménage atroces. J'ai enten-
du ma sœur insulter son mari. Il ne lui repon-
dait pas et allait s'enfermer dans son atelier.
Parfois, après ces s<:ènes, et elles étaient fré-
quentes, « Meg » se couchait, et prétendait être
malade, Alors. SO.H mari se B~PM dans sa
chambre et la soignait aveo un dévouement
touchant.
Oui, continue M. Japy, Steinheil fut très mal-
heureux. Quelques jours avant qu'on iassassi-
nât, j'étais allé le voir. Je le trouvai ce jour-là
particulièrement affecté. « Je ne puis plus vivra
ainsi', me dit-il. Il vaut mieux que je dispa-
raisse. » Et il pleurait. Le pauvre homme 1 E6-
maintenant on lui reproche les pires choses ;
on va jusqu'à l'accuser d'avoir eu des mœurs'
honteuses.
— Mais « on », c'est votre soeur. C'est elle
qui lui reproche ces vices.
— Je sais bien. Pourtant, c'est inexact. J'en
suis absolument sûr.
— Pourquoi votre sœur affirme-t-elle le con-
traire ?
— Pourquoi ? Puis-je le deviner ? Pourquoi,
insulle-t-elle la mémoire de sa mère ? Pourquoi
ment-elle constamment, elle qui, avant cette,
affaire, ne mentait jamais et était au contrairq
d'une franchise rare ? Pourquoi ? Je me le de-i
mande.
— Saviez-vous qu'elle détestait sa mère 2 •
— Non ! Et ,plIe n'avait pas de raisons pour la;
.détester. Contrairement à ce que ma sœur pré-
tend, noire mère, en effet, ne fut jamais à sa.'
charge. Elle disposait de dix mille francs de re..:
venus annuels et cette somme lui suffisait am
plement. Notre mère fut une sainte femme ce
je suis convaincu qu'elle ignorait que sa fille
eût des amants.
D'autre part, le Réveil du Nord rapporte'
que Mme Japy, belle-sœur de Mme Stein-
heil, rencontrée à la gare de Breteuil, a ra-
conté que Mme Steinheil vivait depuis avril
et mai séparée de son mari et donna quel-
ques détails sur le caractère de ce dernier.
Le journal ajoute qùe Mme Japy croit que
Mme Steinheil n'est pas coupable.
LA QUESTION D'ASSURANCE
Un envoyé du Journal à Beaucourt, pré-
tend que Mme Japy était assuçOe sur la
vie.
Mme Steinheil, écrit-il, détestait soi mari et
on peut' admettre qu'elle ait eu le désir de le
voir disparaître ! Mais quel intérêt aurait pu lui
faire souhaiter la mort de sa mère ?
Telle est la question que s'est certainement
posée le juge d'instruction. J'ai réussi à me
procurer, aujourd'hui, sur ce point, un rensei-
gnement dOllL on comprendra toute la gravité.
Mme Steinheil. a la veille de la tragédie de
l'impa£se Ronsin. était dans une situation de
fortune précaire. Il lui fallait de l'argent à tout
prix. Cet argent, la mort de sa mère pouvait
le lui procurer. :
Voici comment : M. Edouard Japy, le père
de Mme Steinheil avait laissé, en mourant, une
petite fortuné, dont -sa femme devait avoir J usu..
fruit. Cette fortune s'élevait à quelques centai-
nes de mille francs, et Mme Edouard Japy en
touchait chaque année la rente. Cela lui permcl-
lait de mener une existence dispendieuse, d'être
assez à son aise, et c'est ainsi qu'elle put occu-
per pendant longtemps à Paris un appartcsaeai
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