Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-11-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 novembre 1908 07 novembre 1908
Description : 1908/11/07 (N14120). 1908/11/07 (N14120).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75710085
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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Samedi 7 Novembre 1908. — N* 14120
LE XI3F SIEtCLE
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JkKKO IVCE8 *'
: AUX BUREAUX DU JOURNAL
r. 14, rue du Mail, Paris.
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L'INCIDENT DE CASABLANCA
LES DEMÛIES ttuns
Il semble résulter des communiqués offi-
cieux français et allemand, qui nous sont
A parvenus à la dernière heure, que les
difficultés sont en voie d'arrangement.
- t
Le désaccord franco-alle-
mand sur la question du rè-
glement de l'incident des dé-
serteurs de Casablanca, qui
a pris brusquement les pro-
portions que l'
por!ions que, 1 -on sait et qui
a laissé l'opinion, pendant vingt-quane
heures, sous la menace de rùptures di-
plomatiques dont les conséquences peu-
vent être redoutables, semble être entre
dans la voie d'un arrangement, si nous
en jugeons par les communiqués sui-
vants qui nous ont été transmis dans la
nuit par les services de l'Agence Havas :
Communiqué officieux
français
Aussitôt que la négociation s'est engagée
awc l'Allemagne, à la suite de la démar-
che du prince de Radolin, au sujet des der-
nières demandes formulées par le gouver-
nement de Berlin, M. Pichon a rait savoir
que, tout en se maintenant strictement sur
le terrain de l'arbitrage proposé par l'Al-
lemagne, il était tout disposé à rechercher,
d'accord avec le cabinet de Berlin, une for-
mule par laquelle les deux gouvernements
déclareraient simultanément qu'ils considè-
rent comme regrettable l'incident du 25
septembre et réchange de voies de fait qui
s'est produit à cette occasion.
Il a ajouté qu'il n'accepterait aucune for-
mule de regrets exprimés par le gouverne-
ment français seul et impliquant, dans une
mesure quelconque, un désaveu pour ses
marins et ses soldats qui ont accompli tout
leur devoir militaire.
Telles sont les dispositions qu'a invaria-
blement manifestées le gouvernement fran-
çais.
Communiqué officieux
allemand
Les deux gouvernements français et
allemand cherchent une formule qui résou-
dra la question à la satisfaction des deux
parties. Donc tant que les négociations se
poursuivent, il y a lieu d'espérer que l'en-
tente pourra se faire.
Le point de vue du gouvernement alle-
mand est le suivant :
« Les deux gouvernements, animés du
désir de régJer à l'amiable le malencon-
treux incident, porteraient la majorité des
points litigieux devant la juridiction arbi-
trale. Mais avant d'en arriver là, les deux
gouvernemfinte exprimeraient leur regret
réciproque que l'incident se soit produit.
« D'après ce point de vue allemand, le
gouvernement français déclarerait regret-
ter que des soldats français soient interve-
nus avec violence dans l'exercice des fonc-
tions de l'agent consulaire allemand à Ca-
sablanca. De son côté, le gouvernement al-
lemand déclarerait regretter que son agent
consulaire à Casablanca n'ait pas toujours
Observé les précautions nécessaires, en dé-
livrant des sauf-conduits.
Il Ce serait dans son esprit la formule sur
laquelle le gouvernement allemand désire-
rait mi'on s'entendît.
« Il 11e s'agirait donc, nullement, a-t-on.
ajouté. d'excuses, et moins encore comme
l'ont dit certains journaux, d'une démar-
che des officiers français die Casablanca au-
près de l'agent consulaire allemand, en vue
de s'excuser de leur attitude.
« III ne serait question uniquement quéT de.
regrets exprimés au même titre par l'un !
et l'autre gouvernements que l'incident ait
pu se produire.
« Et c'est, affirrne-t-on, un point de vue
connu depuis plus de deux semaines, du,,
gouvernement français, qui en a été infor-
mé tout au commencement de la seconde
quinzaine d'octobre,. bien avant, par consé-
quent, que l'incident de la publication de
l'article du DCblly Telegraph se soit produit.
« Il ne faudrait donc pas, déclarre-t-on, que
l'opinion française crût à une influence ag-
gravante que l'incident d'yla publication
des déclarations de l'empreur aurait eue
sur l'attitude de l'Allemagne, dans la ques-
tion des déserteurs de Casablanca. »
En attendant, cette question a pris une
place considérable dans l'attention de l'opi-
nion publique. Les commentaires des jour-
naux de Paris de ce matin sont reproduits
avec force détails et l'affluence des journa-
listes allemands et étrangers au ministère
des affaires étrangères rappelle celle des
grands joars.
Communication
d'un rapport
D'autre part, le ministère des affai-
res étrangères d'Allemagne a commu-
niqué la note suivante à la presse :
Désireux de donner une nouvelle preuve
de la loyauté de sa politque et de son es-
prit d'équité dans l'affaire des déserteurs de
Casablanca, le gouvernement français a dé-
cidé de communiquer au gouvernement alle-
mand le rapport de M. Borde commissaire
dé police, attaché au consulai français, de-
puis l'occupation de la ville par les troupes,
françaises, sur les incidents du 25 septem-
bre.
- Ce document ne devait, 'd'après les réso-
lutions -précéd'êiltes - du cabinet de Paris,
qu'être communiqué à un arbitre. ',
Il sera publié à Paris dès que le gouver-
nement impérial en aura eu connaissance.
Ces diverses notes ayant été commu-
tliquéf.s à la suite de la visite du prince
de Radolin à M. Pichon, il y a tout lieu
de croire que cette communication a
été concertée.
Il paraît donc permis de considérer
comme virtuellement close l'ère de dif-
ficultés qui avait si inopinément surgi
entre la France et l'Allemagne.
LA POLITIQUE
LE DIFFEREND FRANCO-ALLEMAND
- Le gouvernement et le pays
sont unanimes pour n admettre
d'autre solution du différend
franco-allemand que celle qui
sera compatible avec l'honneur
et la dignité de la France.
C'est trop déjà qu'en une heure d'éga-
rement et de lâcheté parlementaire, on
ait pu sacrifier .naguère 1 homme d'Etat
dont les desseins admirablement conçus
et longuement préparés — servis par un
art diplomatique consommé — avaient
su resserrer nos alliances, préparer des
ententes cordiales, susciter des sympa-
thies nouvelles, et assurer à la politique
mondiale de la France une influence mo-
rale qu'elle n'exerçait plus depuis trente-
six ans.
Depuis, la Chambre a manifesté à di-
verses reprises à M. Delcassé, dans un
élan unanime, le remords qui étreignait
sa conscience.
Puisse du moins ce souvenir cruel lui
être salutaire, et lui dicter l'attitude
calme, digne, pacifique et résolue à la
fois, qui conviient aux représentants de
la France.
Il importe, en effef, 'de considérer le
« geste allemand » avec un sang-froid
absolu.: »
Notre situation esï aussi forte que
possible, car elle est basée sur un droit
incontestable, et sur une bonne foi in-
contestée.
L'Allemagne nous à proposé un arbi-
trage : Nous l'avons accepté.
Notre loyauté et notre modération
nous ont acquis la sympathie et l'assenti-
ment non seulement de nos amis et al-
liés, mais de l'Europe entière.
L'Allemagne le sent, l'Allemagne le
sait, et ni sa situation intérieure, ni sa
situation extérieure ne lui permettent
d'enoourir les pires aventures sur un coup
de dé jeté dains un accès d'humeur.
Nous formons sincèrement l'espoir que
la politique de M. de Bülow sache ----
après un accès d'humeur — se rendre
compte de l'odieux et du péril de la mé-
thode agressive.
A des propositions înacoepïables notre
diplomatie continuera à opposer, avec la
modération de ceux qui défendent une
juste cause, la résolution irréductible de
i maintenir l'intégralité de notre droit.
Quant au giouvernement, son devoir -
(ainsi que l'indiquent M. Jaurès et le
Temfts, Heureusement d'accord sur ce
point) « est de placer toutes les pièces
du dossier ïï sans retard, sans réticence »
en pleine lumière, sous les yeux du pu-
blia -'
Son action sera. déterminante si elle
est renforcée - et elle le sera à notre
honneur — par l'élan patriotique unani-
me, irrésistible du pays.
E. d. M.
■ , » ———————————
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
uiOtira'hui vendredi ï
Lever du soleil à 6 li. 56; coucher à
4 h. 31.
— Premières : Vaudeville : La Patronne;
Gaîté-Lyrique : La Bohême ; Cluny : Plu-
mard et Barnabe ; Moutard s'amuse*
— Courses à Mai.wns-Laffitte.
Maujaniana..
Le soir du « débarquement » de M.
Thomson, Il s'en allait les bras bal-
lants, la mine atterrée. Un ami le
croise.
- « Eh bien, Adolphe, çà va ?
« Ah ! mon pauvre vieux, ne m'en
parle pas. Çà ne Ya pas. s'en
va l »
L'origine dés timbres-poste.
On peut affirmer que le timbre-poste
comme, moyen d'affranchissement est
d'invention française. En 1653, un avis
: fut affiché à Paris disant aux habitants
que « les personnes qui voudront écrire
d'un quartier à un autre auront l'assu-
rance que leurs lettres seront fidèle-
ment remises si elles ont soin d'y join-
dre ou attacher visiblement un billet de
port payé. On trouvait de ces billets en
vente « au Palais, chez les tourières des
couvents, chez les portiers des collèges
et des communautés et chez les geôliers
des prisons ». L'avis ajoutait que ces
billets ne coûtaient qu'un sou, et que
chacun était invité à en acheter un cer-
tain nombre pour sa nécessité « afin
que lorsqu'on voudra écrirff on ne man-
que pas pour si peu de chose à faire ses
affaires ».
La Bibliothèque Nationale possède
d'ailleurs un spécimen de ces billets
dont Loret a parlé dans sa chronique en
vers.
On pouvait, comme aujourd'hui pour
les cartes-postales doubles, assurer la
réponse, en joignant un second billet de
port payé au premier.
AUTREFOIS
Rappel du 7 novembre 1872. — On achève,
en ce moment, l'installation des conduites
d'eau, dans les galeries du Louvre.
Statistique sur la consommation du che-
val à Paris, pendant le troislième trimestre
de 1872 (août, septembre, octobre), 1.144
animaux. Le même trimestre en 1871, n'a-
vait consommé que 716 animaux. Le goût
du cheval comestible, croît donc, à Paris,
dans de fortes proportions.
M. Charles Blanc, directeur des beaux-
arts, tœil une tournée en province, pour l'or-
ganisation du nouveau musée des copies ;
il a ainsi acquis, au musée d'Angers, la co-
pie de la Barque du jugement dernier, de
Michel Ange, par Lenepveu, prix de Rome;
au musée de Lille, la copie de l'Enlèvement
de Psyché, de Raphaël, par Colas, prix de
Rome ; au musée de Marseille, la copie du
Mercure, de Raphaël, par Ingres.
Le bagne de Toulon, dont la suppression
a été résolue, sera évacué le 1er janvier
1874.
L'évacuation par les Prussiens, de Chau-
mont, Joinville, dans la Haute-Marne; de
Sézanne, dans la Màrne, - eu lieu hier, à
Reims, le mouvement d'évacuation conti-
nue.
Demain, Mlle Sarah Bernhardt débutera,
à la Comédie-Françcaise dans Mademoiselle
de Belle-Isle. M. Mounet-Sully fera son
troisième début dans Britannicus.
Madame Sans-Cêne.
On connaît l'anecdote.
Un soir qu'il y avait cercle aux Tuile-
ries, la maréchale Lefebvre entre, et
M. de Beaumont, chambellan de ser-
vice, annonce : « Madame la maréchale
Lefebvre ». L'empereur, qui avait pour
elle une considération méritée, s'avance
et lui dit : « Bonsoir, madame la maré-
chale, duchesse de Dantzig ». Celle-ci
se retournant précipitamment du côté
de M. de Beaumont, lui crie à tue-tête :
« Hein ! ça te la coupe cadet 1 »
Statistique
- « Combien y a-t-il de cornaans
votre rue, sans vous compter ? dit un
statisticien facétieux à un boutiquier.
— « Comment, sans me compter, ré-
pond l'autre furieux. Vous en avez de
bonnes.
— « Oh ! si la formule ne vous plaît
pas, dites-moi alors combien il y en a
en vous comptant ».
« Robe trotteur a
Une dame, nommée à une charge de
la cour, devait prêter serment entre les
mains du prince de Talleyrand,. un des
grands-officiers de la couronne. Elle se
rendit chez lui dans une parure fort élé-
gante, mais un peu leste, et qui conve-
nait plutôt pour un bal que pour une
audience. Le prince, qui l'avait remar-
quée, ne put s'empêcher de lui dire en
souriant : « Voici, madame, une jupe
bien courte pour un serment de fidé-
lité ».
Sur Henri IV
Quanti Henri IV était d'humeur
joyeuse, — et c'était souvent - les per-
sonnages les plus graves, les plus « col-
fet monté » de sa cour n'étaient pas à
l'abri de ses plaisanteries.
— Voyons, monsieur de Bassom-
pierre, dit-il certain matin, à son am-
bassadeur en Espagne, momentané-
ment à Paris; contez-nous votre entrée
à Madrid ?
— Sire, je m'en fus sur un tout petit
ânon qui.
— Ah ! ah ! ah ! s'écrie le rol. le
joyeux spectacle ; un grand âne sur un
petit baudet !
Mais M. de Bassompierre de répli-
quer :
- Sire, je représentais Votre Ma-
jesté 1
Match original 'Q ,
Sous le règne de Charles II, la flotte
anglaise et la flotte hollandaise se bat-
tirent pendant trois jours consécutifs
dans le canal de la Manche.
Un armistice étant survenu le qua-
trième jour, les combattants de l'une et
de l'autre armée se firent des civilités
réciproques et s'amusèrent ensemble.
Un matelot hollandais, célèbre par son
adresse, monta au haut du mât du vais-
seau, il s'y tint debout, et fit plusieurs
cabrioles, au grand étonnement des
spectateurs que ces tours firent trembler
d'effroi. Lorsqu'il fut descendu, tous
ses camarades le félicitèrent de sa bra-
voure et témoignèrent par des cris d'al-
légresse leur triomphe sur les Anglais.
Un matelot anglais, jaloux de venger
l'honneur d'Albion, grimpa au haut du
mât d'un autre vaisseau avec une extrê-
me agilité, et voulut imiter les tours de
force du Hollandais ; mais un entrechat
mal battu lui fit perdre l'équilibre et il
tomba encore un peu plus vite qu'il
n'était monté ; le gréement du vaisseau
rompit heureusement le coup de sa
chute et il se trouva sur ses pieds sans
s'être fait de mal.
Aussitôt qu'il put parler, il s'avança
sur les bords du bâtiment et cria aux
Hollandais: « Goddem, faites-en autant
si vous pouvez ».
EST-CE VRAI?
Il est question, depuis quelques jours,
d'importants remaniements dans le haut
personnel du ministère des travaux pu-
blics.
On affirme que l'honorable et très distin-
gué M. L. Barthou, directeur du cabinet du
ministre, son frère, songerait à aller gérer
effectivement la recette des finances de pre-
mière classe qu'il a obtenue à Paris, il y
a un an environ.
Le successeur de M. L. Barthou à la di-
rection du cabinet serait M. André De-
jean, dont les origines et les attaches réac-
tionnaires sont bien connues en Dordogne
et qui est un des hommes de confiance de
M. André Lebon, l'ancien ministre à la
u double boucle », aujourd'hui président du
conseil d'administration du Crédit Foncier
Algérien, des Wissageries Maritimes et
d'un certain nombre de sociétés financiè-
res. (
C'est M. André Lebon qui, naguère, plaça
déjà M. André Dejean dans le cabinet de
M. Baudin, et l'on affirme que le chef du
cabinet ne fut pas étranger, alors, à l'évo-
lution politique du ministre.
Déjà, M. André Lebon a placé, croyons-
nous, auprès de M. Barthou, en qualité de
chef de cabinet, pour la partie qui concerne
les P. T. T., un inspecteur des finances
d'ailleurs très distingué, M. Lesage.
Quel intérêt M. André Lebon et les grou-
pes financiers qu'il représente ont-ils donc
à placer auprès du ministre des travaux
publics un directeur te ami et allié », au
moment où vont se négocier Jes importan-
tes opérations avec l'Orléans et l'Ouest,
consécutives au rachat ?
Deux chefs de cabinet auprès de M. Bar-
thou ? L'honorable ministre des travaux
publics serait-il, lui aussi, condamné à la
n double boucle » ? -
EN 2G PAGE
Notre - excursion à la - Côte d'Azur
Le contribuable paiera
C'est avec une véritable stupéfaction que
le public apprit, lors de l'incendie de l'hô-
tel des téléphones, que l'immeuble incendié
n'était pas assuré que 'les quinze millions
de perte seraient supportées par les contri-
buables.
En effet, l'Etat n'assure pas ses immeu-
bles. Nous sommes, dit M. Simyan, nos
propres assureurs. Ceci n'est même pas
exact. Etre son propre assureur consiste à
constituer une réserve spécialement affec-
tée aux risques d'incendie. Or, nulle pânt
dans le budget, on ne trouvera un centime
unis en réserve pour une opération de ce
genre.
En réalité, l'assureur de l'Etat, c'est le
contribuable.
C'est ce qui explique l'incurie qui prépa-
re les sinistres, et l'insouciance avec la-
quelle on les enregistre.
4>
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Le pape souhaite la guerre
pour « châtier la France D
Le vieux Sarto, devenu pape par la vo-
lonté des Jésuites et la grâce de l'empereur
d'Autriche, doit être en ce moment dans la
jubilation, en voyant la tournure que pren-
nent les relations entre la France et l'Alle-
magne à propos de l'incident des déserteurs
de Casa-blanca,
On rapporte que, dans les derniers jours
d'octobre, ayant reçu en audience solennelle
les pèlerins allemands que lui présentait le
cardinal Fischer, archevêque de Cologne,
Pie X prononça un discours dans lequel,
après avoir fait l'éloge des catholiques alle-
mands, il insista spécialement pour que le
clergé se montrât obéissant et soumis aux
évêques et au pape et qu'il se gardât des
Il fausses doctrines modernistes. »
Mais ce n'était pas là tout le fond de la
pensée du vieux chacal qui prés'ide aux des-
tinées de l'Eglise. Cette pensée, il la fit con-
naître dans une conversation particulière
avec un pèlerin allemand de marque, et il
faut s'empresser de dire qu'elle déshonorera
à tout jamais, dans l'esprit des véritables
Français, le représentant actuel du Dieu de
paix et de bonté des catholiques.
; Pie X aurait déclaré qu'il avait cru lonq-
temps à une guerre générale dans laquelle
la puissance de la France aurait sombré ce
qui aurait obligé notre, pays « à se repen-
tir. »
Et le féroce pontife aurait ajouté : cc A
l'heure actuelle, cette guerre, je ne l'espère
plus, et nous devons redoubler de prières
pour que Dieu change le cœur de cette
malheureuse nation qui a besoin d'être châ-
tiée. »
Je ne crois pas qu'il y ait un seul Fran-
çais, les curés et les fanatiques exceptés,
qui ne trouve odieux et abominable un tel
langage.
Nous ne savons pas ce que l'avenir peut
nous réserver, à cette heure où, brusque-
ment, l'horizon vient de s'assombrir du
côté de l'Allemagne ; mais, s nous devions
en' être réduits à défendre notre honneur
autrement que par les voies diplomatiques,
les républicains auraient le devoir de sur-
veiller étroitement, dans chaque commune,
les faits et gestes des représentants de
l'homme cynique du Vatican qui fait des
voeux et des démarches pour jeter la Fran-
ce dans les épreuves d'une guerre* — P. G.,
DANS NOS MINISTERES
L'administration des Postes,
Téléphones et Télégraphes
Une catastrophe prévue. — Imprévoyance et
Impéritie. — Favoritisme et régime de bon
plaisir. - Les affaires sont les affaires. —- Les
fautes commises. -Les sanctions nécessaires.
M. Simyan, sous-secrétaire d'Etat
des postes, téléphones et télégraphes,
va être interpellé aujourd'hui même
sur les beautés et les résultats d'une
administration que personne, certes,
ne songe à noué envier.
M. le sous-secrétaire d'Etat devra
s'-eijquer notamment, sur 4a catas-
trophe récente de l'hôtel des télépho-
nes, qui a privé subitement 30,000
abonnés de leurs communications télé-
phonique, provoqué dans les. affaires
une perturbation grave, occasionné aux
contribuables une perte de quinze à
vingt millions, et ce qui est plus grave
encore, risqué d'entraîner la mort de
centaines de fonctionnaires de l'Etat.
Mais l'interpellation qui mettra en
cause la suffisante insuffisance du sous-
secrétaire d'Etat des postes, téléphones
et télégraphes, ne devra pas se restrein-
dre à ce seul débat.
Il importe une fois pour toutes, dans
l'intérêt public, de mettre courageuse-
ment en lumière la prodigieuse incurie
qui existe dans tous les services de
l'administration des P. T. T., le mé-
contentement justifié qui règne dans le
personnel, de préciser l'incapacité et
les fautes et d'exiger les justes sanc-
tions.
CATASTROPHE PREVUE
Il paraît avéré, et plusieurs de nos
confrères avaient signalé le danger dès
ce moment, que l'installation du nou-
veau multiple à l'hôtel des téléphones,
avait eu lieu dans des conditions telle
que cette installation ne pouvait pas
ne pas être anéantie d'un moment à
l'autre par un incendie. Il eût fallu, un
miracle pour que ce péril fut écarté et
si notoires que soient les prétentions
de M. Simyan, nous ne pensons pas
qu'il ait songé un seul instant que sa
bonne étoile pût suppléer à son man-
que de prudence et de prévoyance.
Il a été démontré, au cours de la réu-
nion des abonnés du téléphone, qui a
eu lieu récemment, qu'aucune des pré-
cautions élémentaires, bien connues
pourtant dans ces sortes d'installations,
n'avait été prise, et que l'incendie qui
a produit des millions de dégâts maté-
riels en quelques heures et qui pou-
vait entraîner de nombreuses morts,
avait pour ainsi dire trouvé « la table
mise ». Ce qui est plus grave encore,
c'est qu'il a été démontré que la leçon
n'avait pas porté le moindre fruit et,
qu'à l'heure actuelle, il suffirait d'une
main criminelle ou maladroite pour
.in.c.endier à nouveau le Central télépho-
nique et que le dommage qui pourrait
être ainsi caus é au poste central, une
iadministration incapable peut le causer
à toute heure chez chaque abonné.
M. Simvan pouvait éviter la catastro-
phe, c'est chose démontrée, certaine. Il
le pouvait d'autant mieux qu'une dizai-
ne de jours avant l'incendie, la presse
lui donnait, sur ce point, des avertisse-
ments dont il avait le devoir de tenir
compte.
LEE ENQUETES
M. Simyan a ouvert une enquête sur
la catastrophe pour en déterminer les
causes. Nous ignorons à quels résultats
a abouti cette enquête et quelles res-
ponsabilités elle met en jeu, car il nous
paraît difficile que M. Simyan puisse
i,viter de s'expliquer sur la question
des resDonsabilités.
Mais ce que nous savons, c'est que,
"parallèlement à l'enquête administra-
tive. les employés de M. Symian se
sont livrés, eux aussi. à une enquête et
que les points les plus saillants du rap-
port qui en est résulté, constituent
sous une forme respe ;*ueuse et modé-
rée, un énergique réquisitoire contre
l'incurie administrative.
D'après ce rapport, toutes les impru-
dences avaient été accumulées dans
l'hôtel des téléphones.
Les dépôts de paraffiné côtoyaient les fils
surchauffés. Les circuits de lumière et les
conduites de becs de gaz avoisinaient les
lignes et les multiples, de telles sorte que,.
des commencements d'incendie étaient sans
cesse causés par les courts-circuits pro-
venant des installations lumineuses.
Les meubles avaient été placés de façon
si malencontreuse qu'ils formaient entre
eux un appel d'air pour activer et propa-
ger l'incendie. Les câbles circulaient dans
une cheminée fermée, du côté des salles,
par des battants en bois. (A Wagram, c'est
mieux encore : les câbles (non ignifugés)
montent à jour dans l'escalier d'entrée du
bureau A-t-on pris cette disposition extra-
ordinaire pour donner du tirage à l'incen-
die le jour où il se .,déela-rera Y)
Non seulement il n'y. avait pas de service
d'incendie à Gutênber'g. mais — fait très
grave, qui pourrait bien être la cause pri-
mordiale du sinistre, -- tous les jours, de
six heures à neuf heures du soir, le sous-
Sol [où le feu a pris) était réglementaire-
ment désert : pas un veilleur, pas un garw
dien ! Le feu a pu s'allumer et sétt^Rlroi
sans que personne s'en aperçût. PaMlIa
imprévoyance se passe de commentaires.
C'est un véritable miracle qu'il n'y ait eu
aucune mort à déplorer. Chaque salle n'at
pour issues que deux portes, qui s'ouvrent
en dedans et dont l'une, celle du côté der
la rue du Louvre, est toujours fermée, saul
au moment où rentre le personnel. L'Eta
n'avait pris à Gutenberg, aucune des pré-
cautins qu'il exige, par exemple, dans le*
théâtres : pas d'escaliers de secours ; pasg
de lampes à huile dans les escaliers pour,
parer au manque d'électricité; pas d'a¡M
pareils de sauvetage comme dans les bu-,
reaux téléphoniques d'Angleterre.
Le sous-sel; qui n'est ni aéré ni éclairé, si
été envahi dès le début par la fumée, cet
qui a l'endu impossible la tâche des poanr
piers. 1 t
C'est, on le voit, l'incurie lamentaïÀc1,
1 incurie désastreuse, l'incurie que l'ou
ne saurait tolérer quand une fois elles
est connue.
LE MECONTENTEMENT DU PERSONNES
Mais ce n'est pas seulement dans:
l'organisation matérielle de son admi-
nistration que M. Simyan a laissé s'ins-
taller l'incapacité et l'anarchie, il a
porté lui-même ces éléments funestes
dans les services de son personnel, dans
les questions, principalement, de trai-
tement, d'avancement et de déplace-
ment d'office.
Ce n'est, d'un bout à l'autre de la
hiérarchie des employés de l'adminis-
tration des postes et télégraphes qu'une!
plainte contre les abus, qu'un cri de
protestation contre les injustices d'un
véritable régime de favoritisme et de:
bon plaisir. Et ce spectacle nous est
donné dans une de nos administrations
où règne le meilleur esprit de discipli-
ne, où le dévouement à nos institutions
républicaines n'a jamais été mar:-
chandé l
Voici comment s'exprime à ce sujet,
le Professionnel des postes, - télégra-
phes et téléphones dans une lettre ou
verte à M. Simyan :
Il ne tenait qu'à vous de soutenir, de fa«
voriser notre marche encore hésitante./
Vous ne l'avez pas voulu ; vous n'étiez pas
de taille, laissez-nous vous le dire, à com-
prendre votre devoir et surtout à 1'accom*
plir.
Les dirigeants, dans une démocratie, doi-
vent avoir une culture morale supérieure,,
une passion constante pour la justice, um
profond respect de la dignité et des droits da
chacun, une connaissance attentive d'eux..
mêmes et de leurs penchants.
Or, vous n'avez rien de tout cela. Un*
confiance illimitée en vous vous conduit il
exagérer outrancièrement votre rôle per-
sonnel et à faire prévaloir, en toutes cho-
ses; votre volonté. Vous avez le ton, les
manières, la poigne d'un contre-maître male
éduqué : vous n'aurez jamais d'autorité.
Entre vos subordonnés et vous, il y a, à.'
cette- heure, un abime creusé de vos maina
qui ne peut manquèr de vous être fatal.
Si vous avez voulu, dès l'origine, accom-
plir la besogne de régression et de répres-
sion aveugle qui se poursuit, vous fûtes
un fourbe à notre endroit et votre hypocri-f
sie vo.us déshonore à jamais.
Des dispositions réglementaires for-
melles prescrivaient la désignation de re-
présentants du personnel dans les Comités
techniques : la présence de nos canna rades
pouvait gêner certaines petites combinai-
sons financières, auxquelles vous porter
intérêt : vous vous êtes assis sur le règle-
ment ; nous navons plus, là encore, de re-,
présentants.
Le Parlement désirait que nos notes, nosi
dossiers soient de plus en plus notre pro-
priété et demeurent comme le reflet exacti
de nos carrières. Par votre ordre, nos no-,
tes ont été remaniées trois fois l'an der-
nier ; cette année, vous avez fait pis, vousr
nous avez fait noter, non plus par nos(
chefs directs, mais par des fonctionnaire*
à votre tiiscrétion, auxquels vous avies
donné des instructions secrètes et verbales.,
Le décret de juin-1906 a classé le change-
ment de résidence parmi les peines disci-
plinaires du troisième degré. Or, vous ve-
nez d'infliger le chanqement de résidence
d'office à plus de 200 receveurs et receveu-
ses, dans des conditions particulièrement
iniques. Jamais, de mémoire de postier, on1
n'avait usé de pareils procédés à l'égard
d'agents comptant de 20 à 30 années de ser-
vice ; les ministres les plus réactionnair
n'auraient pas voulu abuser ainsi de la do-
cilité et de l'isolement de nos malheureux
collègues.
Enfin, tandis que le renchérissement de
la vie .entraîne partout l'accroissement dea.
salaires, vous avez formé le projet inavoua-
ble de rogner sur nos modestes traitements^
en retardant systématiquement nos aug-
mentations.Nous saurons prochainement si.
vous. avez le triste courage de votre opi-
nion, et i vous oserez venir déclarer pu-
bliquement comme vous l'avez fait devant
nous, que l'avancement est trop rapide
dans lés postes. -
Notre parti est pris. Puisquil nous faut
défendre des avantages acquis. depui»
quinze ans contre vos entreprises régres-
sives au lieu dé poursuivre Famèlibxation1
légitime de notre sort, nous. essaierons de
vous montrer qu'il est, en ce pays, des
forces plus grandes que votre bon plaisir.
Emporté aujourd'hui par mtoritarismCJ
et humeur batailleuse au-delà des limites
qu'un honnête, homme ne saurait francllilll
♦
-'--,, -. _.- - ¡ .:::.-.1
H* 141 SOI-» 16 Bnmiaffe An 117.
dECTQ CENTIMES LE IVUMJEIftO
Samedi 7 Novembre 1908. — N* 14120
LE XI3F SIEtCLE
-----.. ta <
JkKKO IVCE8 *'
: AUX BUREAUX DU JOURNAL
r. 14, rue du Mail, Paris.
Et chez MM. LAGRANGE, CERF et Go
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REDACTION : 53, RUE DU CHATEAU-D'EAU. - PARIS
'-.. TÉLÉPHONE 438.14 w 11,
Si 9 huru ta loir à 2 tares da laUI, 123, ne Montmartre : Tfliplwe 143-93
FONDATEUR: EDMOND ABOUT
ADMINISTRATION J 53. RUE DU CHATEAÙ-D'EAU. - PARIO
TÉLÉPHONE 438,14
Adresser lettres et mandats à CAdministrateur
L'INCIDENT DE CASABLANCA
LES DEMÛIES ttuns
Il semble résulter des communiqués offi-
cieux français et allemand, qui nous sont
A parvenus à la dernière heure, que les
difficultés sont en voie d'arrangement.
- t
Le désaccord franco-alle-
mand sur la question du rè-
glement de l'incident des dé-
serteurs de Casablanca, qui
a pris brusquement les pro-
portions que l'
por!ions que, 1 -on sait et qui
a laissé l'opinion, pendant vingt-quane
heures, sous la menace de rùptures di-
plomatiques dont les conséquences peu-
vent être redoutables, semble être entre
dans la voie d'un arrangement, si nous
en jugeons par les communiqués sui-
vants qui nous ont été transmis dans la
nuit par les services de l'Agence Havas :
Communiqué officieux
français
Aussitôt que la négociation s'est engagée
awc l'Allemagne, à la suite de la démar-
che du prince de Radolin, au sujet des der-
nières demandes formulées par le gouver-
nement de Berlin, M. Pichon a rait savoir
que, tout en se maintenant strictement sur
le terrain de l'arbitrage proposé par l'Al-
lemagne, il était tout disposé à rechercher,
d'accord avec le cabinet de Berlin, une for-
mule par laquelle les deux gouvernements
déclareraient simultanément qu'ils considè-
rent comme regrettable l'incident du 25
septembre et réchange de voies de fait qui
s'est produit à cette occasion.
Il a ajouté qu'il n'accepterait aucune for-
mule de regrets exprimés par le gouverne-
ment français seul et impliquant, dans une
mesure quelconque, un désaveu pour ses
marins et ses soldats qui ont accompli tout
leur devoir militaire.
Telles sont les dispositions qu'a invaria-
blement manifestées le gouvernement fran-
çais.
Communiqué officieux
allemand
Les deux gouvernements français et
allemand cherchent une formule qui résou-
dra la question à la satisfaction des deux
parties. Donc tant que les négociations se
poursuivent, il y a lieu d'espérer que l'en-
tente pourra se faire.
Le point de vue du gouvernement alle-
mand est le suivant :
« Les deux gouvernements, animés du
désir de régJer à l'amiable le malencon-
treux incident, porteraient la majorité des
points litigieux devant la juridiction arbi-
trale. Mais avant d'en arriver là, les deux
gouvernemfinte exprimeraient leur regret
réciproque que l'incident se soit produit.
« D'après ce point de vue allemand, le
gouvernement français déclarerait regret-
ter que des soldats français soient interve-
nus avec violence dans l'exercice des fonc-
tions de l'agent consulaire allemand à Ca-
sablanca. De son côté, le gouvernement al-
lemand déclarerait regretter que son agent
consulaire à Casablanca n'ait pas toujours
Observé les précautions nécessaires, en dé-
livrant des sauf-conduits.
Il Ce serait dans son esprit la formule sur
laquelle le gouvernement allemand désire-
rait mi'on s'entendît.
« Il 11e s'agirait donc, nullement, a-t-on.
ajouté. d'excuses, et moins encore comme
l'ont dit certains journaux, d'une démar-
che des officiers français die Casablanca au-
près de l'agent consulaire allemand, en vue
de s'excuser de leur attitude.
« III ne serait question uniquement quéT de.
regrets exprimés au même titre par l'un !
et l'autre gouvernements que l'incident ait
pu se produire.
« Et c'est, affirrne-t-on, un point de vue
connu depuis plus de deux semaines, du,,
gouvernement français, qui en a été infor-
mé tout au commencement de la seconde
quinzaine d'octobre,. bien avant, par consé-
quent, que l'incident de la publication de
l'article du DCblly Telegraph se soit produit.
« Il ne faudrait donc pas, déclarre-t-on, que
l'opinion française crût à une influence ag-
gravante que l'incident d'yla publication
des déclarations de l'empreur aurait eue
sur l'attitude de l'Allemagne, dans la ques-
tion des déserteurs de Casablanca. »
En attendant, cette question a pris une
place considérable dans l'attention de l'opi-
nion publique. Les commentaires des jour-
naux de Paris de ce matin sont reproduits
avec force détails et l'affluence des journa-
listes allemands et étrangers au ministère
des affaires étrangères rappelle celle des
grands joars.
Communication
d'un rapport
D'autre part, le ministère des affai-
res étrangères d'Allemagne a commu-
niqué la note suivante à la presse :
Désireux de donner une nouvelle preuve
de la loyauté de sa politque et de son es-
prit d'équité dans l'affaire des déserteurs de
Casablanca, le gouvernement français a dé-
cidé de communiquer au gouvernement alle-
mand le rapport de M. Borde commissaire
dé police, attaché au consulai français, de-
puis l'occupation de la ville par les troupes,
françaises, sur les incidents du 25 septem-
bre.
- Ce document ne devait, 'd'après les réso-
lutions -précéd'êiltes - du cabinet de Paris,
qu'être communiqué à un arbitre. ',
Il sera publié à Paris dès que le gouver-
nement impérial en aura eu connaissance.
Ces diverses notes ayant été commu-
tliquéf.s à la suite de la visite du prince
de Radolin à M. Pichon, il y a tout lieu
de croire que cette communication a
été concertée.
Il paraît donc permis de considérer
comme virtuellement close l'ère de dif-
ficultés qui avait si inopinément surgi
entre la France et l'Allemagne.
LA POLITIQUE
LE DIFFEREND FRANCO-ALLEMAND
- Le gouvernement et le pays
sont unanimes pour n admettre
d'autre solution du différend
franco-allemand que celle qui
sera compatible avec l'honneur
et la dignité de la France.
C'est trop déjà qu'en une heure d'éga-
rement et de lâcheté parlementaire, on
ait pu sacrifier .naguère 1 homme d'Etat
dont les desseins admirablement conçus
et longuement préparés — servis par un
art diplomatique consommé — avaient
su resserrer nos alliances, préparer des
ententes cordiales, susciter des sympa-
thies nouvelles, et assurer à la politique
mondiale de la France une influence mo-
rale qu'elle n'exerçait plus depuis trente-
six ans.
Depuis, la Chambre a manifesté à di-
verses reprises à M. Delcassé, dans un
élan unanime, le remords qui étreignait
sa conscience.
Puisse du moins ce souvenir cruel lui
être salutaire, et lui dicter l'attitude
calme, digne, pacifique et résolue à la
fois, qui conviient aux représentants de
la France.
Il importe, en effef, 'de considérer le
« geste allemand » avec un sang-froid
absolu.: »
Notre situation esï aussi forte que
possible, car elle est basée sur un droit
incontestable, et sur une bonne foi in-
contestée.
L'Allemagne nous à proposé un arbi-
trage : Nous l'avons accepté.
Notre loyauté et notre modération
nous ont acquis la sympathie et l'assenti-
ment non seulement de nos amis et al-
liés, mais de l'Europe entière.
L'Allemagne le sent, l'Allemagne le
sait, et ni sa situation intérieure, ni sa
situation extérieure ne lui permettent
d'enoourir les pires aventures sur un coup
de dé jeté dains un accès d'humeur.
Nous formons sincèrement l'espoir que
la politique de M. de Bülow sache ----
après un accès d'humeur — se rendre
compte de l'odieux et du péril de la mé-
thode agressive.
A des propositions înacoepïables notre
diplomatie continuera à opposer, avec la
modération de ceux qui défendent une
juste cause, la résolution irréductible de
i maintenir l'intégralité de notre droit.
Quant au giouvernement, son devoir -
(ainsi que l'indiquent M. Jaurès et le
Temfts, Heureusement d'accord sur ce
point) « est de placer toutes les pièces
du dossier ïï sans retard, sans réticence »
en pleine lumière, sous les yeux du pu-
blia -'
Son action sera. déterminante si elle
est renforcée - et elle le sera à notre
honneur — par l'élan patriotique unani-
me, irrésistible du pays.
E. d. M.
■ , » ———————————
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
uiOtira'hui vendredi ï
Lever du soleil à 6 li. 56; coucher à
4 h. 31.
— Premières : Vaudeville : La Patronne;
Gaîté-Lyrique : La Bohême ; Cluny : Plu-
mard et Barnabe ; Moutard s'amuse*
— Courses à Mai.wns-Laffitte.
Maujaniana..
Le soir du « débarquement » de M.
Thomson, Il s'en allait les bras bal-
lants, la mine atterrée. Un ami le
croise.
- « Eh bien, Adolphe, çà va ?
« Ah ! mon pauvre vieux, ne m'en
parle pas. Çà ne Ya pas. s'en
va l »
L'origine dés timbres-poste.
On peut affirmer que le timbre-poste
comme, moyen d'affranchissement est
d'invention française. En 1653, un avis
: fut affiché à Paris disant aux habitants
que « les personnes qui voudront écrire
d'un quartier à un autre auront l'assu-
rance que leurs lettres seront fidèle-
ment remises si elles ont soin d'y join-
dre ou attacher visiblement un billet de
port payé. On trouvait de ces billets en
vente « au Palais, chez les tourières des
couvents, chez les portiers des collèges
et des communautés et chez les geôliers
des prisons ». L'avis ajoutait que ces
billets ne coûtaient qu'un sou, et que
chacun était invité à en acheter un cer-
tain nombre pour sa nécessité « afin
que lorsqu'on voudra écrirff on ne man-
que pas pour si peu de chose à faire ses
affaires ».
La Bibliothèque Nationale possède
d'ailleurs un spécimen de ces billets
dont Loret a parlé dans sa chronique en
vers.
On pouvait, comme aujourd'hui pour
les cartes-postales doubles, assurer la
réponse, en joignant un second billet de
port payé au premier.
AUTREFOIS
Rappel du 7 novembre 1872. — On achève,
en ce moment, l'installation des conduites
d'eau, dans les galeries du Louvre.
Statistique sur la consommation du che-
val à Paris, pendant le troislième trimestre
de 1872 (août, septembre, octobre), 1.144
animaux. Le même trimestre en 1871, n'a-
vait consommé que 716 animaux. Le goût
du cheval comestible, croît donc, à Paris,
dans de fortes proportions.
M. Charles Blanc, directeur des beaux-
arts, tœil une tournée en province, pour l'or-
ganisation du nouveau musée des copies ;
il a ainsi acquis, au musée d'Angers, la co-
pie de la Barque du jugement dernier, de
Michel Ange, par Lenepveu, prix de Rome;
au musée de Lille, la copie de l'Enlèvement
de Psyché, de Raphaël, par Colas, prix de
Rome ; au musée de Marseille, la copie du
Mercure, de Raphaël, par Ingres.
Le bagne de Toulon, dont la suppression
a été résolue, sera évacué le 1er janvier
1874.
L'évacuation par les Prussiens, de Chau-
mont, Joinville, dans la Haute-Marne; de
Sézanne, dans la Màrne, - eu lieu hier, à
Reims, le mouvement d'évacuation conti-
nue.
Demain, Mlle Sarah Bernhardt débutera,
à la Comédie-Françcaise dans Mademoiselle
de Belle-Isle. M. Mounet-Sully fera son
troisième début dans Britannicus.
Madame Sans-Cêne.
On connaît l'anecdote.
Un soir qu'il y avait cercle aux Tuile-
ries, la maréchale Lefebvre entre, et
M. de Beaumont, chambellan de ser-
vice, annonce : « Madame la maréchale
Lefebvre ». L'empereur, qui avait pour
elle une considération méritée, s'avance
et lui dit : « Bonsoir, madame la maré-
chale, duchesse de Dantzig ». Celle-ci
se retournant précipitamment du côté
de M. de Beaumont, lui crie à tue-tête :
« Hein ! ça te la coupe cadet 1 »
Statistique
- « Combien y a-t-il de cornaans
votre rue, sans vous compter ? dit un
statisticien facétieux à un boutiquier.
— « Comment, sans me compter, ré-
pond l'autre furieux. Vous en avez de
bonnes.
— « Oh ! si la formule ne vous plaît
pas, dites-moi alors combien il y en a
en vous comptant ».
« Robe trotteur a
Une dame, nommée à une charge de
la cour, devait prêter serment entre les
mains du prince de Talleyrand,. un des
grands-officiers de la couronne. Elle se
rendit chez lui dans une parure fort élé-
gante, mais un peu leste, et qui conve-
nait plutôt pour un bal que pour une
audience. Le prince, qui l'avait remar-
quée, ne put s'empêcher de lui dire en
souriant : « Voici, madame, une jupe
bien courte pour un serment de fidé-
lité ».
Sur Henri IV
Quanti Henri IV était d'humeur
joyeuse, — et c'était souvent - les per-
sonnages les plus graves, les plus « col-
fet monté » de sa cour n'étaient pas à
l'abri de ses plaisanteries.
— Voyons, monsieur de Bassom-
pierre, dit-il certain matin, à son am-
bassadeur en Espagne, momentané-
ment à Paris; contez-nous votre entrée
à Madrid ?
— Sire, je m'en fus sur un tout petit
ânon qui.
— Ah ! ah ! ah ! s'écrie le rol. le
joyeux spectacle ; un grand âne sur un
petit baudet !
Mais M. de Bassompierre de répli-
quer :
- Sire, je représentais Votre Ma-
jesté 1
Match original 'Q ,
Sous le règne de Charles II, la flotte
anglaise et la flotte hollandaise se bat-
tirent pendant trois jours consécutifs
dans le canal de la Manche.
Un armistice étant survenu le qua-
trième jour, les combattants de l'une et
de l'autre armée se firent des civilités
réciproques et s'amusèrent ensemble.
Un matelot hollandais, célèbre par son
adresse, monta au haut du mât du vais-
seau, il s'y tint debout, et fit plusieurs
cabrioles, au grand étonnement des
spectateurs que ces tours firent trembler
d'effroi. Lorsqu'il fut descendu, tous
ses camarades le félicitèrent de sa bra-
voure et témoignèrent par des cris d'al-
légresse leur triomphe sur les Anglais.
Un matelot anglais, jaloux de venger
l'honneur d'Albion, grimpa au haut du
mât d'un autre vaisseau avec une extrê-
me agilité, et voulut imiter les tours de
force du Hollandais ; mais un entrechat
mal battu lui fit perdre l'équilibre et il
tomba encore un peu plus vite qu'il
n'était monté ; le gréement du vaisseau
rompit heureusement le coup de sa
chute et il se trouva sur ses pieds sans
s'être fait de mal.
Aussitôt qu'il put parler, il s'avança
sur les bords du bâtiment et cria aux
Hollandais: « Goddem, faites-en autant
si vous pouvez ».
EST-CE VRAI?
Il est question, depuis quelques jours,
d'importants remaniements dans le haut
personnel du ministère des travaux pu-
blics.
On affirme que l'honorable et très distin-
gué M. L. Barthou, directeur du cabinet du
ministre, son frère, songerait à aller gérer
effectivement la recette des finances de pre-
mière classe qu'il a obtenue à Paris, il y
a un an environ.
Le successeur de M. L. Barthou à la di-
rection du cabinet serait M. André De-
jean, dont les origines et les attaches réac-
tionnaires sont bien connues en Dordogne
et qui est un des hommes de confiance de
M. André Lebon, l'ancien ministre à la
u double boucle », aujourd'hui président du
conseil d'administration du Crédit Foncier
Algérien, des Wissageries Maritimes et
d'un certain nombre de sociétés financiè-
res. (
C'est M. André Lebon qui, naguère, plaça
déjà M. André Dejean dans le cabinet de
M. Baudin, et l'on affirme que le chef du
cabinet ne fut pas étranger, alors, à l'évo-
lution politique du ministre.
Déjà, M. André Lebon a placé, croyons-
nous, auprès de M. Barthou, en qualité de
chef de cabinet, pour la partie qui concerne
les P. T. T., un inspecteur des finances
d'ailleurs très distingué, M. Lesage.
Quel intérêt M. André Lebon et les grou-
pes financiers qu'il représente ont-ils donc
à placer auprès du ministre des travaux
publics un directeur te ami et allié », au
moment où vont se négocier Jes importan-
tes opérations avec l'Orléans et l'Ouest,
consécutives au rachat ?
Deux chefs de cabinet auprès de M. Bar-
thou ? L'honorable ministre des travaux
publics serait-il, lui aussi, condamné à la
n double boucle » ? -
EN 2G PAGE
Notre - excursion à la - Côte d'Azur
Le contribuable paiera
C'est avec une véritable stupéfaction que
le public apprit, lors de l'incendie de l'hô-
tel des téléphones, que l'immeuble incendié
n'était pas assuré que 'les quinze millions
de perte seraient supportées par les contri-
buables.
En effet, l'Etat n'assure pas ses immeu-
bles. Nous sommes, dit M. Simyan, nos
propres assureurs. Ceci n'est même pas
exact. Etre son propre assureur consiste à
constituer une réserve spécialement affec-
tée aux risques d'incendie. Or, nulle pânt
dans le budget, on ne trouvera un centime
unis en réserve pour une opération de ce
genre.
En réalité, l'assureur de l'Etat, c'est le
contribuable.
C'est ce qui explique l'incurie qui prépa-
re les sinistres, et l'insouciance avec la-
quelle on les enregistre.
4>
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Le pape souhaite la guerre
pour « châtier la France D
Le vieux Sarto, devenu pape par la vo-
lonté des Jésuites et la grâce de l'empereur
d'Autriche, doit être en ce moment dans la
jubilation, en voyant la tournure que pren-
nent les relations entre la France et l'Alle-
magne à propos de l'incident des déserteurs
de Casa-blanca,
On rapporte que, dans les derniers jours
d'octobre, ayant reçu en audience solennelle
les pèlerins allemands que lui présentait le
cardinal Fischer, archevêque de Cologne,
Pie X prononça un discours dans lequel,
après avoir fait l'éloge des catholiques alle-
mands, il insista spécialement pour que le
clergé se montrât obéissant et soumis aux
évêques et au pape et qu'il se gardât des
Il fausses doctrines modernistes. »
Mais ce n'était pas là tout le fond de la
pensée du vieux chacal qui prés'ide aux des-
tinées de l'Eglise. Cette pensée, il la fit con-
naître dans une conversation particulière
avec un pèlerin allemand de marque, et il
faut s'empresser de dire qu'elle déshonorera
à tout jamais, dans l'esprit des véritables
Français, le représentant actuel du Dieu de
paix et de bonté des catholiques.
; Pie X aurait déclaré qu'il avait cru lonq-
temps à une guerre générale dans laquelle
la puissance de la France aurait sombré ce
qui aurait obligé notre, pays « à se repen-
tir. »
Et le féroce pontife aurait ajouté : cc A
l'heure actuelle, cette guerre, je ne l'espère
plus, et nous devons redoubler de prières
pour que Dieu change le cœur de cette
malheureuse nation qui a besoin d'être châ-
tiée. »
Je ne crois pas qu'il y ait un seul Fran-
çais, les curés et les fanatiques exceptés,
qui ne trouve odieux et abominable un tel
langage.
Nous ne savons pas ce que l'avenir peut
nous réserver, à cette heure où, brusque-
ment, l'horizon vient de s'assombrir du
côté de l'Allemagne ; mais, s nous devions
en' être réduits à défendre notre honneur
autrement que par les voies diplomatiques,
les républicains auraient le devoir de sur-
veiller étroitement, dans chaque commune,
les faits et gestes des représentants de
l'homme cynique du Vatican qui fait des
voeux et des démarches pour jeter la Fran-
ce dans les épreuves d'une guerre* — P. G.,
DANS NOS MINISTERES
L'administration des Postes,
Téléphones et Télégraphes
Une catastrophe prévue. — Imprévoyance et
Impéritie. — Favoritisme et régime de bon
plaisir. - Les affaires sont les affaires. —- Les
fautes commises. -Les sanctions nécessaires.
M. Simyan, sous-secrétaire d'Etat
des postes, téléphones et télégraphes,
va être interpellé aujourd'hui même
sur les beautés et les résultats d'une
administration que personne, certes,
ne songe à noué envier.
M. le sous-secrétaire d'Etat devra
s'-eijquer notamment, sur 4a catas-
trophe récente de l'hôtel des télépho-
nes, qui a privé subitement 30,000
abonnés de leurs communications télé-
phonique, provoqué dans les. affaires
une perturbation grave, occasionné aux
contribuables une perte de quinze à
vingt millions, et ce qui est plus grave
encore, risqué d'entraîner la mort de
centaines de fonctionnaires de l'Etat.
Mais l'interpellation qui mettra en
cause la suffisante insuffisance du sous-
secrétaire d'Etat des postes, téléphones
et télégraphes, ne devra pas se restrein-
dre à ce seul débat.
Il importe une fois pour toutes, dans
l'intérêt public, de mettre courageuse-
ment en lumière la prodigieuse incurie
qui existe dans tous les services de
l'administration des P. T. T., le mé-
contentement justifié qui règne dans le
personnel, de préciser l'incapacité et
les fautes et d'exiger les justes sanc-
tions.
CATASTROPHE PREVUE
Il paraît avéré, et plusieurs de nos
confrères avaient signalé le danger dès
ce moment, que l'installation du nou-
veau multiple à l'hôtel des téléphones,
avait eu lieu dans des conditions telle
que cette installation ne pouvait pas
ne pas être anéantie d'un moment à
l'autre par un incendie. Il eût fallu, un
miracle pour que ce péril fut écarté et
si notoires que soient les prétentions
de M. Simyan, nous ne pensons pas
qu'il ait songé un seul instant que sa
bonne étoile pût suppléer à son man-
que de prudence et de prévoyance.
Il a été démontré, au cours de la réu-
nion des abonnés du téléphone, qui a
eu lieu récemment, qu'aucune des pré-
cautions élémentaires, bien connues
pourtant dans ces sortes d'installations,
n'avait été prise, et que l'incendie qui
a produit des millions de dégâts maté-
riels en quelques heures et qui pou-
vait entraîner de nombreuses morts,
avait pour ainsi dire trouvé « la table
mise ». Ce qui est plus grave encore,
c'est qu'il a été démontré que la leçon
n'avait pas porté le moindre fruit et,
qu'à l'heure actuelle, il suffirait d'une
main criminelle ou maladroite pour
.in.c.endier à nouveau le Central télépho-
nique et que le dommage qui pourrait
être ainsi caus é au poste central, une
iadministration incapable peut le causer
à toute heure chez chaque abonné.
M. Simvan pouvait éviter la catastro-
phe, c'est chose démontrée, certaine. Il
le pouvait d'autant mieux qu'une dizai-
ne de jours avant l'incendie, la presse
lui donnait, sur ce point, des avertisse-
ments dont il avait le devoir de tenir
compte.
LEE ENQUETES
M. Simyan a ouvert une enquête sur
la catastrophe pour en déterminer les
causes. Nous ignorons à quels résultats
a abouti cette enquête et quelles res-
ponsabilités elle met en jeu, car il nous
paraît difficile que M. Simyan puisse
i,viter de s'expliquer sur la question
des resDonsabilités.
Mais ce que nous savons, c'est que,
"parallèlement à l'enquête administra-
tive. les employés de M. Symian se
sont livrés, eux aussi. à une enquête et
que les points les plus saillants du rap-
port qui en est résulté, constituent
sous une forme respe ;*ueuse et modé-
rée, un énergique réquisitoire contre
l'incurie administrative.
D'après ce rapport, toutes les impru-
dences avaient été accumulées dans
l'hôtel des téléphones.
Les dépôts de paraffiné côtoyaient les fils
surchauffés. Les circuits de lumière et les
conduites de becs de gaz avoisinaient les
lignes et les multiples, de telles sorte que,.
des commencements d'incendie étaient sans
cesse causés par les courts-circuits pro-
venant des installations lumineuses.
Les meubles avaient été placés de façon
si malencontreuse qu'ils formaient entre
eux un appel d'air pour activer et propa-
ger l'incendie. Les câbles circulaient dans
une cheminée fermée, du côté des salles,
par des battants en bois. (A Wagram, c'est
mieux encore : les câbles (non ignifugés)
montent à jour dans l'escalier d'entrée du
bureau A-t-on pris cette disposition extra-
ordinaire pour donner du tirage à l'incen-
die le jour où il se .,déela-rera Y)
Non seulement il n'y. avait pas de service
d'incendie à Gutênber'g. mais — fait très
grave, qui pourrait bien être la cause pri-
mordiale du sinistre, -- tous les jours, de
six heures à neuf heures du soir, le sous-
Sol [où le feu a pris) était réglementaire-
ment désert : pas un veilleur, pas un garw
dien ! Le feu a pu s'allumer et sétt^Rlroi
sans que personne s'en aperçût. PaMlIa
imprévoyance se passe de commentaires.
C'est un véritable miracle qu'il n'y ait eu
aucune mort à déplorer. Chaque salle n'at
pour issues que deux portes, qui s'ouvrent
en dedans et dont l'une, celle du côté der
la rue du Louvre, est toujours fermée, saul
au moment où rentre le personnel. L'Eta
n'avait pris à Gutenberg, aucune des pré-
cautins qu'il exige, par exemple, dans le*
théâtres : pas d'escaliers de secours ; pasg
de lampes à huile dans les escaliers pour,
parer au manque d'électricité; pas d'a¡M
pareils de sauvetage comme dans les bu-,
reaux téléphoniques d'Angleterre.
Le sous-sel; qui n'est ni aéré ni éclairé, si
été envahi dès le début par la fumée, cet
qui a l'endu impossible la tâche des poanr
piers. 1 t
C'est, on le voit, l'incurie lamentaïÀc1,
1 incurie désastreuse, l'incurie que l'ou
ne saurait tolérer quand une fois elles
est connue.
LE MECONTENTEMENT DU PERSONNES
Mais ce n'est pas seulement dans:
l'organisation matérielle de son admi-
nistration que M. Simyan a laissé s'ins-
taller l'incapacité et l'anarchie, il a
porté lui-même ces éléments funestes
dans les services de son personnel, dans
les questions, principalement, de trai-
tement, d'avancement et de déplace-
ment d'office.
Ce n'est, d'un bout à l'autre de la
hiérarchie des employés de l'adminis-
tration des postes et télégraphes qu'une!
plainte contre les abus, qu'un cri de
protestation contre les injustices d'un
véritable régime de favoritisme et de:
bon plaisir. Et ce spectacle nous est
donné dans une de nos administrations
où règne le meilleur esprit de discipli-
ne, où le dévouement à nos institutions
républicaines n'a jamais été mar:-
chandé l
Voici comment s'exprime à ce sujet,
le Professionnel des postes, - télégra-
phes et téléphones dans une lettre ou
verte à M. Simyan :
Il ne tenait qu'à vous de soutenir, de fa«
voriser notre marche encore hésitante./
Vous ne l'avez pas voulu ; vous n'étiez pas
de taille, laissez-nous vous le dire, à com-
prendre votre devoir et surtout à 1'accom*
plir.
Les dirigeants, dans une démocratie, doi-
vent avoir une culture morale supérieure,,
une passion constante pour la justice, um
profond respect de la dignité et des droits da
chacun, une connaissance attentive d'eux..
mêmes et de leurs penchants.
Or, vous n'avez rien de tout cela. Un*
confiance illimitée en vous vous conduit il
exagérer outrancièrement votre rôle per-
sonnel et à faire prévaloir, en toutes cho-
ses; votre volonté. Vous avez le ton, les
manières, la poigne d'un contre-maître male
éduqué : vous n'aurez jamais d'autorité.
Entre vos subordonnés et vous, il y a, à.'
cette- heure, un abime creusé de vos maina
qui ne peut manquèr de vous être fatal.
Si vous avez voulu, dès l'origine, accom-
plir la besogne de régression et de répres-
sion aveugle qui se poursuit, vous fûtes
un fourbe à notre endroit et votre hypocri-f
sie vo.us déshonore à jamais.
Des dispositions réglementaires for-
melles prescrivaient la désignation de re-
présentants du personnel dans les Comités
techniques : la présence de nos canna rades
pouvait gêner certaines petites combinai-
sons financières, auxquelles vous porter
intérêt : vous vous êtes assis sur le règle-
ment ; nous navons plus, là encore, de re-,
présentants.
Le Parlement désirait que nos notes, nosi
dossiers soient de plus en plus notre pro-
priété et demeurent comme le reflet exacti
de nos carrières. Par votre ordre, nos no-,
tes ont été remaniées trois fois l'an der-
nier ; cette année, vous avez fait pis, vousr
nous avez fait noter, non plus par nos(
chefs directs, mais par des fonctionnaire*
à votre tiiscrétion, auxquels vous avies
donné des instructions secrètes et verbales.,
Le décret de juin-1906 a classé le change-
ment de résidence parmi les peines disci-
plinaires du troisième degré. Or, vous ve-
nez d'infliger le chanqement de résidence
d'office à plus de 200 receveurs et receveu-
ses, dans des conditions particulièrement
iniques. Jamais, de mémoire de postier, on1
n'avait usé de pareils procédés à l'égard
d'agents comptant de 20 à 30 années de ser-
vice ; les ministres les plus réactionnair
n'auraient pas voulu abuser ainsi de la do-
cilité et de l'isolement de nos malheureux
collègues.
Enfin, tandis que le renchérissement de
la vie .entraîne partout l'accroissement dea.
salaires, vous avez formé le projet inavoua-
ble de rogner sur nos modestes traitements^
en retardant systématiquement nos aug-
mentations.Nous saurons prochainement si.
vous. avez le triste courage de votre opi-
nion, et i vous oserez venir déclarer pu-
bliquement comme vous l'avez fait devant
nous, que l'avancement est trop rapide
dans lés postes. -
Notre parti est pris. Puisquil nous faut
défendre des avantages acquis. depui»
quinze ans contre vos entreprises régres-
sives au lieu dé poursuivre Famèlibxation1
légitime de notre sort, nous. essaierons de
vous montrer qu'il est, en ce pays, des
forces plus grandes que votre bon plaisir.
Emporté aujourd'hui par mtoritarismCJ
et humeur batailleuse au-delà des limites
qu'un honnête, homme ne saurait francllilll
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