Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-11-05
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 05 novembre 1908 05 novembre 1908
Description : 1908/11/05 (N14118). 1908/11/05 (N14118).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N' 14 î 18 — 14 Bruma're An 117.
CINQ CrEKTIUffES LE NUMERO
Jeudi 5 Novembral908. - N. 14118
LE XIX" SIECLE
AIVNOiVCËS
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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TRIBUNE LIBRE
Les deux tendances
-
Ce n'est un secret pour
personne, dans les milieux
politiques, que la mise en
liberté des membres de la
Confédération générale du
travail, inculpés - dans - les
poursuites relatives a l'affaire de Dra-
veil, n'est due qu'à la ferme attitude
de deux des membres du cabinet, MM.
Briand et Viviani.
On assure que M. Clemenceau qui a
écrit, avant d'être au pouvoilr, de si
belles pages sur la liberté individuelle,
se serait volontiers accommodé d'une
détention plus prolongée, bien qu'au-
cune charge ne -pesât sur les inculpés.
MM. Viviani et Briand, fidèles à
leurs principes, n'ont pas voulu couvrir
de leur responsabilité une aussi mons-
trueuse iniquité.
Ainsi semblent s'accentuer, dans le
sein même du cabinet, des divergences
de vues qui, déjà, s'étaient manifestées
en d'autlres circonstances.
Tandis qu'à Bandol, le président du
conseil avait fait risette à ceux qui,
jusque-Ià';- avaient été ses adversaires
les plus irréductibles — les progressis-
tes et même les réactionnaires — le mi-
nistre de la justice, lors de l'interpella-
tion Biétry, et M. Viviani, dans le débat
relatif à la Confédération générale du
travail, avaient cru devoir donner un
vigoureux coup de barre à gauche.
Les applaudissements par lesquels la
majorité a salué leurs déclarations
prouvent que c'est à leur politique que
vont les sympathies du parti républi-
cain.
Ce sont là des faits qui, au lende-
main des congrès de Dijon et de Tou-
louse, ont leur signification et leur im-
portance.
A Dijon, les délégués du parti radi-
cal et radical-socialiste ont nettement
manifesté leurs préférences pour le re-
tour à une politique de concentration
à gauche, répondant à ce qu'à été,
dans la précédente législature, la poli-
tique du Bloc. A ce point de vue, la
formule dont s'est servi Pelletan, « pas
d'ennemis à gauche, pas d'amis à droi-
te », est des plus précises et des plus
claires.
Si les socialistes, à Toulouse, n'ont
pas fait une déclaration aussi nette,
les tendances de la majorité du parti
n'en sont pas moins accusées dans le
sens réformiste, et pour la collabora-
tion des unifiés avec les autres partis
de gauche, en vue de la réalisation des
Réformes, aussi bien politiques que so-
ciales.
La majorité de la Chambre A com-
pris cette double indication, donnée par
les militants du pays, et il ne faut pas
chercher ailleurs la raison de l'accueil
fait par elle aux récentes déclarations
de MM. Briand et Viviani.
Ainsi, depuis deux ans, deux politi-
ques ont été en présence, l'une qui
s'est successivement affirmée sous les
ministères Brisson, Waldeck-Rousseau
et Combes, tendant à chercher tout ce
qui pouvait réunir les différentes frac-
tions des groupes de gauche ; l'autre,
pratiquée sous les ministères Charles
Dupuy et Rouvier, consistant à accor-
der des faveurs à ces modérés que M.
Clemenceau appelait jadis modérément
républicains, et à s'assurer leurs suf-
frages, en combattant les socialistes,
mis ainsi hors de la grande famille ré-
publicaine.
Pour cette seconde politique, le ca-
binet actuel a paru avoir longtemps une
certaine sympathie. L'arrestation des
membres de la C. G. T., alors qu'au-
cune charge ne pesait contre eux, leur
maintien en prison préventive pendant
de longues semaines, l'échauffourée de
Draveil, préparée et voulue, ainsi que
des faits indéniables l'établiront, appa-
raissent comme autant de gages donnés
au parti progressiste.
Mais, depuis que les congrès do Di-
jon ét de Toulouse ont eu lieu, depuis
que le sentiment des organisations ré-
publicaines a pu s'y manifester, mie
tendance nouvelle semble se dégager
des conseils du gouvernement.
Les non-lieu prononcés samedi der-
nier en sont la preuve significative-, ve-
nant après la résistance très nette de
MM. Briand et Viviani contre toute me-
sure tendant à dissoudre la C. G. T.
Les journaux progressistes qui, de-
puis plusieurs mois, ne ménagent ni
les objurgations ni les conseils au gou-
vernement, et qui auraient été heureux
'de le voir s'engager dans la voie de la
répression violente, sans se demander
's'il aurait eu pour lui la lé° galité eah
sont pour leurs frais. '■
La politique que nous n'avons cessé
de préconiser ici semble devoir rem-
porter, et nous-nous en félicitons. Nous
avons battu pour une idée, pour un
principepsans aucune animosité contre
les personnes. C'est dire que nous som-
mes heureux de voir le cabinet, sous
l'inspiration de MM. Briand et Viviani,
revenir aux traditions qui, de tout
temps, ont été celles de notre parti.
Entre les deux tendances que nous
avons essayé d'analyser, non seulement
le pays s'est prononcé nettement aux
élections de 1906, mais, par l'organe
des militants du parti républicain, il
s'est prononcé encore aux congrès de
Dijon et de Toulouse. ----
Bien que plus de la moitié de la légis-
lature actuelle se soit déjà écoulée
sans qu'aucune réforme ait été accom-
plie, la majorité, dans les dix-huit mois
qui nous séparent des élections, peut
encore accomplir de grandes choses,
au point de vue politique comme au
point de vue social. Pour cela, il faut
qu'elle soit aidée par le gouvernement,
mais c'est à elle à lui imposer sa vo-
lonté.
Elle le fera en restant fidèle à la po-
litique à laquelle elle a dû son succès
dans le passé et qui, seule, peut lui en
assurer de nouveaux dans l'avenir.
Alfred MASSE,
Député de la Nièvre.
- «W
LA POLITIQUE
ET LE MAROC ?
Ln toutes choses — qu'il s'a-
gisse de politique intérieure Ot
extérieure — l'indifférence, l'i-
nertie du Parlement sont bier
faites pour déconcerter les répu-
- blicains. Tamais on ne vit nro-
gramme d'action républicaine se muer pa-
reillement en inaction réformatrice, ni les
¡actes contredire plus étrangement les pa-
roles.
Le droit de contrôle est abandonné par
ceux-là même qui devraient tenir à hon-
neur de l'exercer impartialement, et cha-
que jOlur la ma jorité docile se transforme
davantage en clientèle.
- Ni sur la politique générale, ni sur la
politique étrangère le gouvernement n'a
été mis en demeure de fournir des expli-
cations précises. Et pourtant, jamais l'é-
quivoque ne fut plus fâcheuse, jamais les
desseins ne furent plus mystérieux.
La majorité radicale ne cherche pas
plus à dégager de son incohérence la po-
litique intérieure de M. Clemenceau, qu'à
pénétrer le secret de sa politique étrangè-
re.
Cest un journaliste italien qui vient
d interpeller le président du conseil sur
le conflit balkanique, et c'est vraisembla-
blement le roi de Suède qui le question-
nera sur le discours de Baiîdol et la dé-
claration fameuse « plus- 'd'ennemis à
'droite. »'
Le Maroc, le Maroc lui-même, qui
semblait inqudétér la conscience des par-
lementaires ne provoque plus la moindre
demande d'explications. v
M. Clemenceau continue à diriger —
sous le masque de M. Pichon — notre po-
litique étrangère selon son bon plaisir. Il
a demandé que tout débat sur la politi-
que étrangère fût ajourné jusqu'après la
publication du '« Lavre jaune » préparé
par le quai d'Orsay. La Chambre a
ajourné, tandis que M. Pichon hâte len-
tement la publication promise.
Cependant M. Clemenceau - naguère!
- nous disait :
i< Quand M. le ministre des affaires
étrangères publiera-i-ïl le Livre Jaune
qui, s'il était complet nous permettrait de
juger sa apolitique? Il n'a eu garde de
prendre un engagement quelconque à cet
égard.
1. ú sai\t gue le contrôle de la Chambre
est néant. Il connaît particulierement bien
l ezcuse qu'il est d'usage di'nvoquer en
pareille circonstance lorsque Vartifice,par
hasard, est découvert. Avec cela on a ré-
ponse à tout et Von -peîtf diriger la polli-
tique extérieure de la France au hasar d
dé ses fantaisies sans avoir de comptes à
rendît. »
Quel dommage, en vérité, que M. Cle-
menceau ne puisse plus interpeller le pré-
sident du. conseil !
LES ON-VIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mercredi :
Lever da soleil è 6 h. 53 ; coucher à 4 h.
34 minutes.
— Courses à Saint-Ouen.
Maulaitiana. -
TI rêcevait un électeur, ; tombé en 'dé-
confiture.
, - « Je ne possède plus rien, gémis-,
sait le malheureux ; j'avais une petite
rente, j'ai été forcé de m'en défaire ;
j'avais une tirelire assez bien garnie, je
ne l'ai plus.
- « Oui., oui, fit-il d'un air très
fin je vois la situation ; rente en plan,
tirelire en plan. »
Et il se mit à tambouriner l'air révo-
lutionnaire. -
Calendrier etymologique
Vous êtes-vous jamais demandé d'où
venait le mot : canard, que l'on est
dans l'usage d'appliquer aux nouvelles
suspecteau fausses qui sont lancées
dans la publicité ?
Victor Meunier nous a conté jadis
l'histoire de ce mot d'une application si
fréquente ..:
C'est un membre de l'Académie de
Bruxelles, Cornelissen, qui en est l'in-
venteur. Mis en veine d'imagination ri-
dicule par les journaux auxquels il était
abonné, et voulant renchérir sur eux
tous, peut-être aussi leur donner une
leçon, Cornelissen fit raconter par l'un
d'eux l'expérience suivante, bien propre
à démontrer l'étonnante voracité du
canard.
On avait réuni vingt de ces volatiles.
L'un d'eux avait été haché menu avec
ses plumes, son bec, ses pattes, et servi
aux dix-neuf autres, qui l'avaient glou-
tonnement avalé. L'un de ces derniers,
à son tour, avait servi de pâture aux
dix-huit survivants, et ainsi de suite
jusqu'au dernier, qui, dans un temps
déterminé et fort court, se trouvait
avoir dévoré ses dix-neuf camarades.
Tout cela spirituellement raconté, obtint
un succès qui dépassa l'espérance de
l'auteur. Elle était à peu près oubliée
depuis une vingtaine d'années, quand
elle nous revint d'Amérique. flanquée
d'un procès-verbal d'autopsie du der-
nier des vingt canards, chez qui on
avait constaté, de graves lésions d'œso-
phage.
On rit de l'histoire du canard et le
mot resta.
AUTREFOIS
- Rappel du 5 novembre 1872. — On pré-
pare un Tombeau poétique élevé à Théo-
phile Gautier, mr un grand nombre de poè-
tes, en tête desquelles figure Victor Hugo.
La suppression des passeports, qui pa-
raissait décidée, en principe, vient d'être
ajournée. Le gouvernement de Berlin con-
sentait à les supprimer pour l'Allemagne ;
non pour l'Alsace-Lorraine;
Deux lieutenants de la marine anqlaise,
viendraient de traverser les Dardanelles,
d'Abydos à Sestos.
On annonce la mort (l'un proscrit du 2
décembre, M. Léon Pavillon, ancien profes-
seur de géologie à Dôle.
Meilhac et Halévy travaillent à un vaude-
ville en quatre actes qui sera joué au Pa-
lais-Royal : la Boule.
Femmes décorées
Sait-on quel est le pays d'Europe où
les femmes peuvent recevoir le plus
-grand nombre de décorations ? -.
C'est l'Angleterre, où il n'existe pas
moins de six ordres spécialement insti-
tués en faveur des sujettes de feue Sa
Majesté Victoria.
Parmi-ces principaux ordres, de créa-
tion d'afleurs fHsez lécente nous cite-
rons le Royal .Order of Victoria and
Albert, fondé en 1862 et qui comporte
quatre classes : la première Réservée
aux princesses 'de sang royall et aux sou-
veraines étrangères ; la deuxième aux
princesses et duchesses n'appartenant
pas à la famille de la reine, la troisième
et la quatrième classe réservées à la no-
blesse.
L'ordre impérial de la Couronne des
Indes, institué le 1er janvier 1878, et la
Royal Red Croos sont accordés princt-
palement aux femmes de fonctionnaires
et des officiers coloniaux. Enfin, il y a
aussi — quoique de fondation très an-
cienne — l'ordre de la Jarretière, dont
la reine est grande-maîtresse, et qui fut
de tout temps conféré aux femmes
ayant rendu à la Cour ou au pays des
services signalés.
Ajoutons que, bien que le nombre des
« décorées » soit relativement assez
considérable ae l'autre côté du détroit,
l'usage veut que les dames ainsi hono-
rées par la souveraine ne portent ja-
mais ni ruban ni insigne.
Un mot d'Auber
Le célèbre auteur de la Muette pré
sidait le jury chargé de décerner le prix
d'une « fondation » musicale quelcon-
que. Les concurrents brillaient par leur
absence. Seul, un nègre des plus obs-
curs (avec ou sans métaphore) s'était
mis sur les rangs et avait apporté un
morceau exécrable d'ailleurs.
Au dépouillement du scrutin on trou-
ve dans l'urne dix boules noires sur dix
votants.
— Vcyez pourtant à quoi tiennent
les choses, s'écrie Auber. Voilà un gar-
çon qui, dans son pays, aurait le prix
à l'unanimité.
La crise continue
Comme l'empereur allémand s'est livré
en personne à des jeux que l'usage diplo-
matique et les constitutions politiques ne
permettent, pas, c'est M. de Bülow qui a
offert de payer la faute de son maître.
Pour apaiser la colère de l'opinion, pour
détourner les mauvais desseins des inter
pèllateurs du Reichstag, il a offert, victime
expiatoire, sa démission de chancelier.
Guillaume H a magnanimement, refusé
cette démission, puis il a admis que quel-
qu'un devait expier les négligences surpre-
nantes des bureaucrates de la VilheIm-
strass, et il a imposé à M. de Schœn, se-
crétaire d'Etat, chargé des affaires étrangè-
res, une retraite provisoire, pour raison de
santé.
Aux Cerbères du Reichstag, M. de Bü-
low présentera cette offrande. M. de Schœn
jouera le rôle du gâteau de farine pure- et
de miel doré. Mais les monstres se conten-
teront-ils de cette nourriture quasi végéta-
rienne ? Si, mis en goût, ils demandent une
plus grosse vigtime,M. de Bülow s'enruban-
nera-t-il pour s'offrir en beauté au glaive
du sacrificateur ?
Assurément, l'Allemagne ignore encore la
pratique du régime parlementaire, et le
Reichstag ne saurait renverser M. de Bu-
low. Mais les circonstances ont aujour-
d'hui une exceptionnelle gravité. La presse
demande une sanction, une sanction grave,
et on ne lui accorde que la tête d'un subal-
terne, subalterne distingué, mais subalter-
ne tout de même.
Dans l'irritation de l'opinion publique,
dans les récriminations de tous, perce Fin
quiétude cruelle. Eh quoi ! les institution"1
où le pays avait mis sa confiance seraient
elles fissurées et lézardées ? Les Allemands
doutent de leur administration impériale
aux dépens d-e qui l'étranger commence à
s'amuser.
Le peuple pardonnera à son souverain,
car te souverain semble un talisman à cetk
nation qui grandit sous les HohenzOllern.
Mais M. de Bulow ne bénéficie point de
l'hérédité des services rendus et c'est sous
son ministère que l'Allemagne a été prise
en défaut.
Il a cessé d'être heureux. En politique,
c'est une faute.
La crise de la chancellerie continue. --
A. M.
SON ÉTAT-MAJOR
M. Clemenceau, qui publia contre le (t fa-
voritisme » et la « politique des prében-
des » les articles virulents que l'on sait, et
qui ne cessa, dans l'opposition, d'opposer
« l'idéalisme en bataille » aux « mœurs de
'servitude », a conforme, une fois de plus,
ses actes à ses paroles et à ses écrits.
Entouré, tant à la présidence du conseil
qu'au ministère de l'intérieur, d'un brillant
état-major, il a successivement nommé ses
favoris à des emplois aussi divers que ré-
munérateurs.
Ont été ainsi casés xar le bon plaisir du
maître :
M. 'Philippe : Consul général à Monaco :
M. Raux : Préfet du Var ;
M. Blanc : Secrétaire général de la Ré-
sidence à Tunis ;
M. Chauvin : Sous-directeur à l'intérieur ;
M.,Bacon : Sous-préfet de 2" classe ;
M. Berton : Conseiller de préfecture de la
Seine ;
M. Revilliod.: Sous-préfet de 1re classe ;
M. Bonifas : Maître des requêtes au Con-
seil d'Etat.
Ont été casés, tout en conservant leurs
fonctions auprès de M. Clemenceau :
M. Winter père : Directeur de la Maison
nationale des jeunes aveugles ;
M. Winter fils : Inspecteur général des
services administratifs ;
M. Maze : Secrétaire général du Mont-de-
Piété ; e
M. Coussol : Sous-chef de bureau ;
M. Muller : Commissaire du gouverne-
ment près le conseil de préfecture de la
Seine ;
M. La Blond : Sous-préfet de lro classe ;
M. Stenackers : Consul général.
Nous en passons, et des pires !
Cependant, on attend toujours le fameux
statut des fonctionnaires.
■ ---C'-
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Le roi-chanoine
Alphonse XIII
T%out récemment, Alphonse XIII a été
appelé à prêter serment en qualité de cha-
noine de la cathédrale de Barcelone. C'est
sur les conseils du premier ministre, M.
Maura, que le jeune roi d'Espagne a prêté
ce serment, pour faciliter, vraisemblable-
ment, la..politique du gouvernement de Ma-
drid dans la Catalogne. •
Cet acte est sévèrement commenté par la
presse indépendante, ainsi qu'on peut en
juger par cet extrait du iournall'Impardal :
M. Maura, pensant sans doute dans son aveu-
glement qu'il agissait correctement, mais com-
promettant par son erreur ce qu'il y a de plus
respectable dans le patrimoine national dont il
détient la gérance, a mis le monarque et la
njonarchie dans une situation épineuse, a ébran-
lé les préceptes fondamentaux de la Constitu-
tion et suit, en ce qui concerne le problème
de la Catalogne, une politique de complaisance.
'de partialité, d'abdication qui gaspillent les
biens du présent et grèvent l'avenir d'une hy-
pothèque formidable.
S'il prenait fantaisie, en effet, aux Coriès
espagnoles, dans la souveraineté qu'elles
partagent avec le roi. de dénoncer le Con-
cordat qui lie l'Espagne au Saint-Siège, et
d'établir un régime indépendant, on ne voit
pas bien quelle figure ferait ce jour-là le
roi-chtmoine.
Ou il ne tiendrait aucun compfe de la
Constitul'ion; ou il userait du veto royal tou-
tes les fois que les C.orlès renouvelleraient
leur dénonciation du Concordat, ce qui,
dans la pratique, paraît impossible, en rai-
son-des complications et des conflits qui en
pourraient résulter.
Et s'il arrivait que le Toi-chanoiite accep-
te le vote il se mettrait dans le cas d'être
déloyal et parjure.
Tel est le dilemme dans lequel Alphon-
se XIII peut être, d'un moment à l'autre, en-
fermé, car personne n'a ovblié l'efferves-
cence anticléricale qui s'est produite en Es-
pagne au lendemain du voie de notre loi de
Séparation, et pour couver sous la cendre,
le feu des légitimes passions qui animent
les libres penseurs espagnols n'en est pas
moins ardent; et tôt ou tard, il portera l'in-
cendie libérateur en de nombreux points de
la catholique Espagne.
, Il semble bien qu'Alphonse XIII ait com.
mis une « bévue », comme on dit en Allema-
gne.
Décidément, les monarques sont dans la
période des gaffas, — p.Qm
LA DEFENSE DE L'ENSEIGNEMENT
LE PROJET DU GOUYEHIElffNT
J'af sous les yeux Te projet du gouver-
nement que j'ai voulu étudier attenti-
vement. Par ce projet,.TEt.at sera rendu
responsable « des dommages. imputa-
bles à la faute personnelle des mem-
bres de renseignement public et résul-
tant de propos ou d'écrits émanant
d'eux, pendant l'exercice de leurs fonc-
tions, sauf dans les cas où ces propos
ou écrits constituent des crimes ou des
délits. »
Quoique ce texte ne me paraisse pas
très précis, il me semble qu'il s'agit de
fautes personnelles à l'occasion de l'en-
seignement, Si, dans ses exposes, l'ins-
tituteur exprime des appréciations qui
peuvent paraître osées ou contraires à
la vérité et à la morale; si, par exemple,
l'instituteur fait des lectures tirées
d'ouvrages quelconques et portant sur
des matières qui s'éloignent des pro-
grammes d'enseignement ; si, en un
mot, dans la forme ou dans le fond.
les récits ou écrits de l'instituteur sont
attaquables, il y a faute personnelle à
l'occasion de l'exercice de la fonction.
L'Etat, dans ces cas, se reconnaît res-
ponsable. Mais il laisse à l'appréciation
des tribunaux de droit commun tout ce
qui constitue des crimes ou des délits :
injures, diffamatien à l'adresse de per-
sonnes et tous actes tombant sous le
coup de la loi pénale.
La démarcation ainsi faite, le projet
de loi du gouvernement n'apparaît plus
sous l'habit d'une loi de circonstance ;
il peut être accepté par tous, il est juste
et logique. Il y a un pregramme offi-
ciel d'enseignement ; si l'instituteur
s'en éloigne plus ou moins, par impru-
dence ou excès de zèle ou défaut de
jugement, la faute est personnelde-Mais
l'Etat est responsable de son fonction-
naire : cela n'est nullement contraire
aux principes généraux de notre juris-
prudence. Il est certain que la loi pro-
jetée, interprêtée dans cet esprit, enlè-
vera un moyen d'action contre l'ensei-
gnement laïque, aux associations cléri-
cales, dites des pères de famille.
Malheureusement, ce n'est là qu'un
moyen de moins, parmi tant d'autres
que sait se ménager l'affreuse et mal-
honnête poulpe cléricale. Quelques
exemples récents sont là pour le dé-
montrer.
Il apparaît ae plus en plus que la
condamnation de l'instituteur d'Eplu-
chés eine-et-Oise) n'a été obtenue que
grâce à des témoignages qui sont bien
du cru, des disciples de Loyola. Cette
affaire vient de se répéter, avec des va-
riantes, surtout dans le jugemefit, à
Francheville. L'instituteur de cette lo-
calité. comme à Epluches, a été accusé,
sous l'instigation des bons cléricaux de
l'endroit. d'avoir tout simplement attiW
ré chez lui et violé une petite lille. Lg,,
juge d'instruction de Toul a reçu, det
la soi-disante victime, l'aveu de faux:
témoignage. Il a demandé à la fillette'
de dire toute la vérité ; celle-ci a ré-
pondu sans artifice et en pleurant :
« Papa irait en prison. » On sent danai
cette réplique tous les louches agisse-,
ments de l'accusation fausse. Un non-
lieu a été rendu en faveur de l'institu-
teur qui poursuit ses accusateurs eni
diffamation.
Ce n'est pas tout. En Bretagne les
abbés et les institutrices Jibres, ancien-
nes religieuses, s'entendent pour pavoi-
ser de force, le jour de la Fête-Dieu, l'é-
cole publique et le logement de l'insti-
tuteur, un sincère républicain, qui S'Yii
oppose poliment et d'ailleurs inutile-i
ment. Le curé annonce des prières pu-,
bliques, peur faire pardonner le péché;'
commis par l'instituteur, en coupant
une tresse qui était déjà fixée au mur ;
ce bon curé provoque ainsi des mani.
festations, des menaces, des coups de"
pierre contre l'instituteur. De plus, ce-'
lui-ci est poursuivi par une bonne âme'
catholique qui se déclare propriétaire
de la tresse coupée. Cette âme charita-
ble se voit condamner, car il y a des
juges en Bretagne. Elle fait appel.
L'instituteur est aidé pécuniairement
par la solidarité corporative.
Ailleurs, dans vingf villages, ce sont
les maires inféodés dans le même parti,,
qui suppriment à l'instituteur les allo-,
cations communales, le secrétariat de
la mairie, le jardin, en attendant la pré-,
paraticn de quelque basse accusatioll'
En Vendée, un de mes amis a enten-
du, le curé en chaire, taper ferme sur
l'institutrice et l'instituteur laïques.
« Les ouailles, me disait-il, commen-
cent 11 se dégoûter d'entendre ces atta-
ques. a
En somme, partout c'est la diffama-
tion par l'intrigue hypocrite et lâclle.,.
Voilà l'œuvre des sociétés des pères de
famille 'dirigées par MM. les évêques.;
Le projet du gouvernement sur la dé-
fense de l'enseignement laïque, ne peut
pas prévoir tous ces cas, c'est pourquoi,
je n'avais pour lui qu'une svmnathie re-
lative. Cependant, il fautreeoDDaitm.
— étant donné qu'il resté dans l'esprit
général des principes démocratiques,
— qu'il aidera à la défense laïque né-
cessaire. Les associations, en soutenant
les instituteurs en butte aux tracasse-
ries, innomables feront le reste. Quant.t:
les cléricaux trouveront à qui parler, ils
seront certainement plus réservés. Lt
peur du gendarme et de la note à payer
les porteront à la sagesse.
P. Courrèges.
LA CRISE ORIENTALE
Les négociations turco-bulgares
La Bulgarie admet le principe d'une modeste compensation.
- La Turquie demande une compensation aussi forte
que possible. — La Serbie attend avec confiance.
En Turquie
Les négociations turco-bulgares
Constantinople, 3 novembre.
Une commission, composée du ministre
des travaux publics, du secrétaire général
aux affaires étrangères et d'un fonction-
naire du ministère des finances, est char-
gée des négociations avec les délégués bul-
gares à Constantinople.
La première réunion des représentants de
la Bulgarie et de la Turquie a eu lieu hier
soir chez le grand-vizir et sous la prési-
dence de ce dernier.
L'ambassadeur d'Angleterre s'est renda
hier à deux reprises chez le grand-vizir.
Les délégués ottomans sont Gabriel Ef-
fendi, premier délégué ; Loutfi bey, secré-
taire général des affaires étrangères, et
Armenaki Effendi, du ministère des finan-
ces.
L'optimisme aurait un peu diminué en
raison de l'exposé des prétentions des deux
parties. La Bulgarie admet le principe
d'une modeste compensation. La Turquie
demande une compensation aussi forte que
possible pour l'indépendance en dehors du
payement des arriérés du tribut et de la
redevance rouméliote y compris les inté-
rêts, soit 432 millions de francs environ.
Les ambassadeurs ont conseillé tant à la
Porte qu'aux Bulgares d'être raisonnables
et conciliants.
Le programme de la Conférence
Constantinople, 3 novembre.
Bien qu'on ne possède aucun renseigne-
ment authentique sur la réponse de la Tur-
quie concernant le programme de la Con-
férence, on assure que la Porte a déclaré
que ni l'abolition des capitulations et des
bureaux de poste étrangers en Turquie, ni
l'abolition des articles 23 et 61 du traité de
Berlin, articles relatifs aux réformes et de-
venus caducs par suite de l'introduction du
régime constitutionnel en Turquie, ne peu-
vent être considérées comme des compen-
sations suffisantes par la Turquie.
Occupation d'un îlot
Constantinople, 3 novembre.
.Un détachement de troupes, autrichien-
nes vient d'occuper l'Ilot d'Adakaleh, siluô
sur le Danube ,en face d'Orsova, près du
point de jonction des frontières autrichien-
ne, serbe et roumaine.
Cet Hot n'avait pas été mentionné au:
Congrès de Berlin et il fut occupé par les:
Turcs après la signature de ce traité. Il est
insignifiant et son occupation par les trou-
pes autrichiennes ne peut pas avoir d'in-
fluence sur la situation actuelle. Néan-
moins, la Porte a demandé,des expiicationfl
à Vienne.
En Autriche
Le sort de la Conférence
Vienne, 3 novembre. *
La Neues Tagblatt apprend que la notè-
russe contenant la proposition d'une Confé-
rence était attendue hier soir dans les mi-
lieux compétents de Vienne.
Suivant l'attitude de M. Isvoîsky pen-
dant ces derniers jours, on peut croire que
la note contient le programme de la Confé-
rence, ainsi que l'appréciation russe sur
l'annexion de la Bosnie.
Des négociations diplomatiques vont;
avoir lieu entre Saint-Pétersbourg cil,
Vienne. C'est du résultat de ces négocia-
tions que dépendra le sort de la Confé-
rence.
Au point de vue austro-hongrois, il dp-
meure acquis que l'extension des droits dei
la souveraineté austro-hongroise sur !a.
Bosnie et l'Herzégovine a été seudement
portée à Œa connaissance des chefs d'Etat
et que l'on n'a jamais songé à demander
la reconnaissance de l'annexion.
L'invitation envoyée par la Russie au
gouvernement de Vienne, dit le correspon-
dant du Temps, est une simple énumGr..
tion des questions à soumettre à la Confé-
rence, savoir : annexion de la Bosnie-Her-
zégovine, indépendance de la: Bulgarie,
compensations à accorder à la TurquiCtt.
avantages à la Serbie et au Monténégro,
abolition des postes étrangères et des capi
tulations.
La Russie ne propose pas de discuter 14
question de l'annexion. Elle demande seu-
lement à l'Autriche de faire conjure son
CINQ CrEKTIUffES LE NUMERO
Jeudi 5 Novembral908. - N. 14118
LE XIX" SIECLE
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TRIBUNE LIBRE
Les deux tendances
-
Ce n'est un secret pour
personne, dans les milieux
politiques, que la mise en
liberté des membres de la
Confédération générale du
travail, inculpés - dans - les
poursuites relatives a l'affaire de Dra-
veil, n'est due qu'à la ferme attitude
de deux des membres du cabinet, MM.
Briand et Viviani.
On assure que M. Clemenceau qui a
écrit, avant d'être au pouvoilr, de si
belles pages sur la liberté individuelle,
se serait volontiers accommodé d'une
détention plus prolongée, bien qu'au-
cune charge ne -pesât sur les inculpés.
MM. Viviani et Briand, fidèles à
leurs principes, n'ont pas voulu couvrir
de leur responsabilité une aussi mons-
trueuse iniquité.
Ainsi semblent s'accentuer, dans le
sein même du cabinet, des divergences
de vues qui, déjà, s'étaient manifestées
en d'autlres circonstances.
Tandis qu'à Bandol, le président du
conseil avait fait risette à ceux qui,
jusque-Ià';- avaient été ses adversaires
les plus irréductibles — les progressis-
tes et même les réactionnaires — le mi-
nistre de la justice, lors de l'interpella-
tion Biétry, et M. Viviani, dans le débat
relatif à la Confédération générale du
travail, avaient cru devoir donner un
vigoureux coup de barre à gauche.
Les applaudissements par lesquels la
majorité a salué leurs déclarations
prouvent que c'est à leur politique que
vont les sympathies du parti républi-
cain.
Ce sont là des faits qui, au lende-
main des congrès de Dijon et de Tou-
louse, ont leur signification et leur im-
portance.
A Dijon, les délégués du parti radi-
cal et radical-socialiste ont nettement
manifesté leurs préférences pour le re-
tour à une politique de concentration
à gauche, répondant à ce qu'à été,
dans la précédente législature, la poli-
tique du Bloc. A ce point de vue, la
formule dont s'est servi Pelletan, « pas
d'ennemis à gauche, pas d'amis à droi-
te », est des plus précises et des plus
claires.
Si les socialistes, à Toulouse, n'ont
pas fait une déclaration aussi nette,
les tendances de la majorité du parti
n'en sont pas moins accusées dans le
sens réformiste, et pour la collabora-
tion des unifiés avec les autres partis
de gauche, en vue de la réalisation des
Réformes, aussi bien politiques que so-
ciales.
La majorité de la Chambre A com-
pris cette double indication, donnée par
les militants du pays, et il ne faut pas
chercher ailleurs la raison de l'accueil
fait par elle aux récentes déclarations
de MM. Briand et Viviani.
Ainsi, depuis deux ans, deux politi-
ques ont été en présence, l'une qui
s'est successivement affirmée sous les
ministères Brisson, Waldeck-Rousseau
et Combes, tendant à chercher tout ce
qui pouvait réunir les différentes frac-
tions des groupes de gauche ; l'autre,
pratiquée sous les ministères Charles
Dupuy et Rouvier, consistant à accor-
der des faveurs à ces modérés que M.
Clemenceau appelait jadis modérément
républicains, et à s'assurer leurs suf-
frages, en combattant les socialistes,
mis ainsi hors de la grande famille ré-
publicaine.
Pour cette seconde politique, le ca-
binet actuel a paru avoir longtemps une
certaine sympathie. L'arrestation des
membres de la C. G. T., alors qu'au-
cune charge ne pesait contre eux, leur
maintien en prison préventive pendant
de longues semaines, l'échauffourée de
Draveil, préparée et voulue, ainsi que
des faits indéniables l'établiront, appa-
raissent comme autant de gages donnés
au parti progressiste.
Mais, depuis que les congrès do Di-
jon ét de Toulouse ont eu lieu, depuis
que le sentiment des organisations ré-
publicaines a pu s'y manifester, mie
tendance nouvelle semble se dégager
des conseils du gouvernement.
Les non-lieu prononcés samedi der-
nier en sont la preuve significative-, ve-
nant après la résistance très nette de
MM. Briand et Viviani contre toute me-
sure tendant à dissoudre la C. G. T.
Les journaux progressistes qui, de-
puis plusieurs mois, ne ménagent ni
les objurgations ni les conseils au gou-
vernement, et qui auraient été heureux
'de le voir s'engager dans la voie de la
répression violente, sans se demander
's'il aurait eu pour lui la lé° galité eah
sont pour leurs frais. '■
La politique que nous n'avons cessé
de préconiser ici semble devoir rem-
porter, et nous-nous en félicitons. Nous
avons battu pour une idée, pour un
principepsans aucune animosité contre
les personnes. C'est dire que nous som-
mes heureux de voir le cabinet, sous
l'inspiration de MM. Briand et Viviani,
revenir aux traditions qui, de tout
temps, ont été celles de notre parti.
Entre les deux tendances que nous
avons essayé d'analyser, non seulement
le pays s'est prononcé nettement aux
élections de 1906, mais, par l'organe
des militants du parti républicain, il
s'est prononcé encore aux congrès de
Dijon et de Toulouse. ----
Bien que plus de la moitié de la légis-
lature actuelle se soit déjà écoulée
sans qu'aucune réforme ait été accom-
plie, la majorité, dans les dix-huit mois
qui nous séparent des élections, peut
encore accomplir de grandes choses,
au point de vue politique comme au
point de vue social. Pour cela, il faut
qu'elle soit aidée par le gouvernement,
mais c'est à elle à lui imposer sa vo-
lonté.
Elle le fera en restant fidèle à la po-
litique à laquelle elle a dû son succès
dans le passé et qui, seule, peut lui en
assurer de nouveaux dans l'avenir.
Alfred MASSE,
Député de la Nièvre.
- «W
LA POLITIQUE
ET LE MAROC ?
Ln toutes choses — qu'il s'a-
gisse de politique intérieure Ot
extérieure — l'indifférence, l'i-
nertie du Parlement sont bier
faites pour déconcerter les répu-
- blicains. Tamais on ne vit nro-
gramme d'action républicaine se muer pa-
reillement en inaction réformatrice, ni les
¡actes contredire plus étrangement les pa-
roles.
Le droit de contrôle est abandonné par
ceux-là même qui devraient tenir à hon-
neur de l'exercer impartialement, et cha-
que jOlur la ma jorité docile se transforme
davantage en clientèle.
- Ni sur la politique générale, ni sur la
politique étrangère le gouvernement n'a
été mis en demeure de fournir des expli-
cations précises. Et pourtant, jamais l'é-
quivoque ne fut plus fâcheuse, jamais les
desseins ne furent plus mystérieux.
La majorité radicale ne cherche pas
plus à dégager de son incohérence la po-
litique intérieure de M. Clemenceau, qu'à
pénétrer le secret de sa politique étrangè-
re.
Cest un journaliste italien qui vient
d interpeller le président du conseil sur
le conflit balkanique, et c'est vraisembla-
blement le roi de Suède qui le question-
nera sur le discours de Baiîdol et la dé-
claration fameuse « plus- 'd'ennemis à
'droite. »'
Le Maroc, le Maroc lui-même, qui
semblait inqudétér la conscience des par-
lementaires ne provoque plus la moindre
demande d'explications. v
M. Clemenceau continue à diriger —
sous le masque de M. Pichon — notre po-
litique étrangère selon son bon plaisir. Il
a demandé que tout débat sur la politi-
que étrangère fût ajourné jusqu'après la
publication du '« Lavre jaune » préparé
par le quai d'Orsay. La Chambre a
ajourné, tandis que M. Pichon hâte len-
tement la publication promise.
Cependant M. Clemenceau - naguère!
- nous disait :
i< Quand M. le ministre des affaires
étrangères publiera-i-ïl le Livre Jaune
qui, s'il était complet nous permettrait de
juger sa apolitique? Il n'a eu garde de
prendre un engagement quelconque à cet
égard.
1. ú sai\t gue le contrôle de la Chambre
est néant. Il connaît particulierement bien
l ezcuse qu'il est d'usage di'nvoquer en
pareille circonstance lorsque Vartifice,par
hasard, est découvert. Avec cela on a ré-
ponse à tout et Von -peîtf diriger la polli-
tique extérieure de la France au hasar d
dé ses fantaisies sans avoir de comptes à
rendît. »
Quel dommage, en vérité, que M. Cle-
menceau ne puisse plus interpeller le pré-
sident du. conseil !
LES ON-VIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mercredi :
Lever da soleil è 6 h. 53 ; coucher à 4 h.
34 minutes.
— Courses à Saint-Ouen.
Maulaitiana. -
TI rêcevait un électeur, ; tombé en 'dé-
confiture.
, - « Je ne possède plus rien, gémis-,
sait le malheureux ; j'avais une petite
rente, j'ai été forcé de m'en défaire ;
j'avais une tirelire assez bien garnie, je
ne l'ai plus.
- « Oui., oui, fit-il d'un air très
fin je vois la situation ; rente en plan,
tirelire en plan. »
Et il se mit à tambouriner l'air révo-
lutionnaire. -
Calendrier etymologique
Vous êtes-vous jamais demandé d'où
venait le mot : canard, que l'on est
dans l'usage d'appliquer aux nouvelles
suspecteau fausses qui sont lancées
dans la publicité ?
Victor Meunier nous a conté jadis
l'histoire de ce mot d'une application si
fréquente ..:
C'est un membre de l'Académie de
Bruxelles, Cornelissen, qui en est l'in-
venteur. Mis en veine d'imagination ri-
dicule par les journaux auxquels il était
abonné, et voulant renchérir sur eux
tous, peut-être aussi leur donner une
leçon, Cornelissen fit raconter par l'un
d'eux l'expérience suivante, bien propre
à démontrer l'étonnante voracité du
canard.
On avait réuni vingt de ces volatiles.
L'un d'eux avait été haché menu avec
ses plumes, son bec, ses pattes, et servi
aux dix-neuf autres, qui l'avaient glou-
tonnement avalé. L'un de ces derniers,
à son tour, avait servi de pâture aux
dix-huit survivants, et ainsi de suite
jusqu'au dernier, qui, dans un temps
déterminé et fort court, se trouvait
avoir dévoré ses dix-neuf camarades.
Tout cela spirituellement raconté, obtint
un succès qui dépassa l'espérance de
l'auteur. Elle était à peu près oubliée
depuis une vingtaine d'années, quand
elle nous revint d'Amérique. flanquée
d'un procès-verbal d'autopsie du der-
nier des vingt canards, chez qui on
avait constaté, de graves lésions d'œso-
phage.
On rit de l'histoire du canard et le
mot resta.
AUTREFOIS
- Rappel du 5 novembre 1872. — On pré-
pare un Tombeau poétique élevé à Théo-
phile Gautier, mr un grand nombre de poè-
tes, en tête desquelles figure Victor Hugo.
La suppression des passeports, qui pa-
raissait décidée, en principe, vient d'être
ajournée. Le gouvernement de Berlin con-
sentait à les supprimer pour l'Allemagne ;
non pour l'Alsace-Lorraine;
Deux lieutenants de la marine anqlaise,
viendraient de traverser les Dardanelles,
d'Abydos à Sestos.
On annonce la mort (l'un proscrit du 2
décembre, M. Léon Pavillon, ancien profes-
seur de géologie à Dôle.
Meilhac et Halévy travaillent à un vaude-
ville en quatre actes qui sera joué au Pa-
lais-Royal : la Boule.
Femmes décorées
Sait-on quel est le pays d'Europe où
les femmes peuvent recevoir le plus
-grand nombre de décorations ? -.
C'est l'Angleterre, où il n'existe pas
moins de six ordres spécialement insti-
tués en faveur des sujettes de feue Sa
Majesté Victoria.
Parmi-ces principaux ordres, de créa-
tion d'afleurs fHsez lécente nous cite-
rons le Royal .Order of Victoria and
Albert, fondé en 1862 et qui comporte
quatre classes : la première Réservée
aux princesses 'de sang royall et aux sou-
veraines étrangères ; la deuxième aux
princesses et duchesses n'appartenant
pas à la famille de la reine, la troisième
et la quatrième classe réservées à la no-
blesse.
L'ordre impérial de la Couronne des
Indes, institué le 1er janvier 1878, et la
Royal Red Croos sont accordés princt-
palement aux femmes de fonctionnaires
et des officiers coloniaux. Enfin, il y a
aussi — quoique de fondation très an-
cienne — l'ordre de la Jarretière, dont
la reine est grande-maîtresse, et qui fut
de tout temps conféré aux femmes
ayant rendu à la Cour ou au pays des
services signalés.
Ajoutons que, bien que le nombre des
« décorées » soit relativement assez
considérable ae l'autre côté du détroit,
l'usage veut que les dames ainsi hono-
rées par la souveraine ne portent ja-
mais ni ruban ni insigne.
Un mot d'Auber
Le célèbre auteur de la Muette pré
sidait le jury chargé de décerner le prix
d'une « fondation » musicale quelcon-
que. Les concurrents brillaient par leur
absence. Seul, un nègre des plus obs-
curs (avec ou sans métaphore) s'était
mis sur les rangs et avait apporté un
morceau exécrable d'ailleurs.
Au dépouillement du scrutin on trou-
ve dans l'urne dix boules noires sur dix
votants.
— Vcyez pourtant à quoi tiennent
les choses, s'écrie Auber. Voilà un gar-
çon qui, dans son pays, aurait le prix
à l'unanimité.
La crise continue
Comme l'empereur allémand s'est livré
en personne à des jeux que l'usage diplo-
matique et les constitutions politiques ne
permettent, pas, c'est M. de Bülow qui a
offert de payer la faute de son maître.
Pour apaiser la colère de l'opinion, pour
détourner les mauvais desseins des inter
pèllateurs du Reichstag, il a offert, victime
expiatoire, sa démission de chancelier.
Guillaume H a magnanimement, refusé
cette démission, puis il a admis que quel-
qu'un devait expier les négligences surpre-
nantes des bureaucrates de la VilheIm-
strass, et il a imposé à M. de Schœn, se-
crétaire d'Etat, chargé des affaires étrangè-
res, une retraite provisoire, pour raison de
santé.
Aux Cerbères du Reichstag, M. de Bü-
low présentera cette offrande. M. de Schœn
jouera le rôle du gâteau de farine pure- et
de miel doré. Mais les monstres se conten-
teront-ils de cette nourriture quasi végéta-
rienne ? Si, mis en goût, ils demandent une
plus grosse vigtime,M. de Bülow s'enruban-
nera-t-il pour s'offrir en beauté au glaive
du sacrificateur ?
Assurément, l'Allemagne ignore encore la
pratique du régime parlementaire, et le
Reichstag ne saurait renverser M. de Bu-
low. Mais les circonstances ont aujour-
d'hui une exceptionnelle gravité. La presse
demande une sanction, une sanction grave,
et on ne lui accorde que la tête d'un subal-
terne, subalterne distingué, mais subalter-
ne tout de même.
Dans l'irritation de l'opinion publique,
dans les récriminations de tous, perce Fin
quiétude cruelle. Eh quoi ! les institution"1
où le pays avait mis sa confiance seraient
elles fissurées et lézardées ? Les Allemands
doutent de leur administration impériale
aux dépens d-e qui l'étranger commence à
s'amuser.
Le peuple pardonnera à son souverain,
car te souverain semble un talisman à cetk
nation qui grandit sous les HohenzOllern.
Mais M. de Bulow ne bénéficie point de
l'hérédité des services rendus et c'est sous
son ministère que l'Allemagne a été prise
en défaut.
Il a cessé d'être heureux. En politique,
c'est une faute.
La crise de la chancellerie continue. --
A. M.
SON ÉTAT-MAJOR
M. Clemenceau, qui publia contre le (t fa-
voritisme » et la « politique des prében-
des » les articles virulents que l'on sait, et
qui ne cessa, dans l'opposition, d'opposer
« l'idéalisme en bataille » aux « mœurs de
'servitude », a conforme, une fois de plus,
ses actes à ses paroles et à ses écrits.
Entouré, tant à la présidence du conseil
qu'au ministère de l'intérieur, d'un brillant
état-major, il a successivement nommé ses
favoris à des emplois aussi divers que ré-
munérateurs.
Ont été ainsi casés xar le bon plaisir du
maître :
M. 'Philippe : Consul général à Monaco :
M. Raux : Préfet du Var ;
M. Blanc : Secrétaire général de la Ré-
sidence à Tunis ;
M. Chauvin : Sous-directeur à l'intérieur ;
M.,Bacon : Sous-préfet de 2" classe ;
M. Berton : Conseiller de préfecture de la
Seine ;
M. Revilliod.: Sous-préfet de 1re classe ;
M. Bonifas : Maître des requêtes au Con-
seil d'Etat.
Ont été casés, tout en conservant leurs
fonctions auprès de M. Clemenceau :
M. Winter père : Directeur de la Maison
nationale des jeunes aveugles ;
M. Winter fils : Inspecteur général des
services administratifs ;
M. Maze : Secrétaire général du Mont-de-
Piété ; e
M. Coussol : Sous-chef de bureau ;
M. Muller : Commissaire du gouverne-
ment près le conseil de préfecture de la
Seine ;
M. La Blond : Sous-préfet de lro classe ;
M. Stenackers : Consul général.
Nous en passons, et des pires !
Cependant, on attend toujours le fameux
statut des fonctionnaires.
■ ---C'-
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Le roi-chanoine
Alphonse XIII
T%out récemment, Alphonse XIII a été
appelé à prêter serment en qualité de cha-
noine de la cathédrale de Barcelone. C'est
sur les conseils du premier ministre, M.
Maura, que le jeune roi d'Espagne a prêté
ce serment, pour faciliter, vraisemblable-
ment, la..politique du gouvernement de Ma-
drid dans la Catalogne. •
Cet acte est sévèrement commenté par la
presse indépendante, ainsi qu'on peut en
juger par cet extrait du iournall'Impardal :
M. Maura, pensant sans doute dans son aveu-
glement qu'il agissait correctement, mais com-
promettant par son erreur ce qu'il y a de plus
respectable dans le patrimoine national dont il
détient la gérance, a mis le monarque et la
njonarchie dans une situation épineuse, a ébran-
lé les préceptes fondamentaux de la Constitu-
tion et suit, en ce qui concerne le problème
de la Catalogne, une politique de complaisance.
'de partialité, d'abdication qui gaspillent les
biens du présent et grèvent l'avenir d'une hy-
pothèque formidable.
S'il prenait fantaisie, en effet, aux Coriès
espagnoles, dans la souveraineté qu'elles
partagent avec le roi. de dénoncer le Con-
cordat qui lie l'Espagne au Saint-Siège, et
d'établir un régime indépendant, on ne voit
pas bien quelle figure ferait ce jour-là le
roi-chtmoine.
Ou il ne tiendrait aucun compfe de la
Constitul'ion; ou il userait du veto royal tou-
tes les fois que les C.orlès renouvelleraient
leur dénonciation du Concordat, ce qui,
dans la pratique, paraît impossible, en rai-
son-des complications et des conflits qui en
pourraient résulter.
Et s'il arrivait que le Toi-chanoiite accep-
te le vote il se mettrait dans le cas d'être
déloyal et parjure.
Tel est le dilemme dans lequel Alphon-
se XIII peut être, d'un moment à l'autre, en-
fermé, car personne n'a ovblié l'efferves-
cence anticléricale qui s'est produite en Es-
pagne au lendemain du voie de notre loi de
Séparation, et pour couver sous la cendre,
le feu des légitimes passions qui animent
les libres penseurs espagnols n'en est pas
moins ardent; et tôt ou tard, il portera l'in-
cendie libérateur en de nombreux points de
la catholique Espagne.
, Il semble bien qu'Alphonse XIII ait com.
mis une « bévue », comme on dit en Allema-
gne.
Décidément, les monarques sont dans la
période des gaffas, — p.Qm
LA DEFENSE DE L'ENSEIGNEMENT
LE PROJET DU GOUYEHIElffNT
J'af sous les yeux Te projet du gouver-
nement que j'ai voulu étudier attenti-
vement. Par ce projet,.TEt.at sera rendu
responsable « des dommages. imputa-
bles à la faute personnelle des mem-
bres de renseignement public et résul-
tant de propos ou d'écrits émanant
d'eux, pendant l'exercice de leurs fonc-
tions, sauf dans les cas où ces propos
ou écrits constituent des crimes ou des
délits. »
Quoique ce texte ne me paraisse pas
très précis, il me semble qu'il s'agit de
fautes personnelles à l'occasion de l'en-
seignement, Si, dans ses exposes, l'ins-
tituteur exprime des appréciations qui
peuvent paraître osées ou contraires à
la vérité et à la morale; si, par exemple,
l'instituteur fait des lectures tirées
d'ouvrages quelconques et portant sur
des matières qui s'éloignent des pro-
grammes d'enseignement ; si, en un
mot, dans la forme ou dans le fond.
les récits ou écrits de l'instituteur sont
attaquables, il y a faute personnelle à
l'occasion de l'exercice de la fonction.
L'Etat, dans ces cas, se reconnaît res-
ponsable. Mais il laisse à l'appréciation
des tribunaux de droit commun tout ce
qui constitue des crimes ou des délits :
injures, diffamatien à l'adresse de per-
sonnes et tous actes tombant sous le
coup de la loi pénale.
La démarcation ainsi faite, le projet
de loi du gouvernement n'apparaît plus
sous l'habit d'une loi de circonstance ;
il peut être accepté par tous, il est juste
et logique. Il y a un pregramme offi-
ciel d'enseignement ; si l'instituteur
s'en éloigne plus ou moins, par impru-
dence ou excès de zèle ou défaut de
jugement, la faute est personnelde-Mais
l'Etat est responsable de son fonction-
naire : cela n'est nullement contraire
aux principes généraux de notre juris-
prudence. Il est certain que la loi pro-
jetée, interprêtée dans cet esprit, enlè-
vera un moyen d'action contre l'ensei-
gnement laïque, aux associations cléri-
cales, dites des pères de famille.
Malheureusement, ce n'est là qu'un
moyen de moins, parmi tant d'autres
que sait se ménager l'affreuse et mal-
honnête poulpe cléricale. Quelques
exemples récents sont là pour le dé-
montrer.
Il apparaît ae plus en plus que la
condamnation de l'instituteur d'Eplu-
chés eine-et-Oise) n'a été obtenue que
grâce à des témoignages qui sont bien
du cru, des disciples de Loyola. Cette
affaire vient de se répéter, avec des va-
riantes, surtout dans le jugemefit, à
Francheville. L'instituteur de cette lo-
calité. comme à Epluches, a été accusé,
sous l'instigation des bons cléricaux de
l'endroit. d'avoir tout simplement attiW
ré chez lui et violé une petite lille. Lg,,
juge d'instruction de Toul a reçu, det
la soi-disante victime, l'aveu de faux:
témoignage. Il a demandé à la fillette'
de dire toute la vérité ; celle-ci a ré-
pondu sans artifice et en pleurant :
« Papa irait en prison. » On sent danai
cette réplique tous les louches agisse-,
ments de l'accusation fausse. Un non-
lieu a été rendu en faveur de l'institu-
teur qui poursuit ses accusateurs eni
diffamation.
Ce n'est pas tout. En Bretagne les
abbés et les institutrices Jibres, ancien-
nes religieuses, s'entendent pour pavoi-
ser de force, le jour de la Fête-Dieu, l'é-
cole publique et le logement de l'insti-
tuteur, un sincère républicain, qui S'Yii
oppose poliment et d'ailleurs inutile-i
ment. Le curé annonce des prières pu-,
bliques, peur faire pardonner le péché;'
commis par l'instituteur, en coupant
une tresse qui était déjà fixée au mur ;
ce bon curé provoque ainsi des mani.
festations, des menaces, des coups de"
pierre contre l'instituteur. De plus, ce-'
lui-ci est poursuivi par une bonne âme'
catholique qui se déclare propriétaire
de la tresse coupée. Cette âme charita-
ble se voit condamner, car il y a des
juges en Bretagne. Elle fait appel.
L'instituteur est aidé pécuniairement
par la solidarité corporative.
Ailleurs, dans vingf villages, ce sont
les maires inféodés dans le même parti,,
qui suppriment à l'instituteur les allo-,
cations communales, le secrétariat de
la mairie, le jardin, en attendant la pré-,
paraticn de quelque basse accusatioll'
En Vendée, un de mes amis a enten-
du, le curé en chaire, taper ferme sur
l'institutrice et l'instituteur laïques.
« Les ouailles, me disait-il, commen-
cent 11 se dégoûter d'entendre ces atta-
ques. a
En somme, partout c'est la diffama-
tion par l'intrigue hypocrite et lâclle.,.
Voilà l'œuvre des sociétés des pères de
famille 'dirigées par MM. les évêques.;
Le projet du gouvernement sur la dé-
fense de l'enseignement laïque, ne peut
pas prévoir tous ces cas, c'est pourquoi,
je n'avais pour lui qu'une svmnathie re-
lative. Cependant, il fautreeoDDaitm.
— étant donné qu'il resté dans l'esprit
général des principes démocratiques,
— qu'il aidera à la défense laïque né-
cessaire. Les associations, en soutenant
les instituteurs en butte aux tracasse-
ries, innomables feront le reste. Quant.t:
les cléricaux trouveront à qui parler, ils
seront certainement plus réservés. Lt
peur du gendarme et de la note à payer
les porteront à la sagesse.
P. Courrèges.
LA CRISE ORIENTALE
Les négociations turco-bulgares
La Bulgarie admet le principe d'une modeste compensation.
- La Turquie demande une compensation aussi forte
que possible. — La Serbie attend avec confiance.
En Turquie
Les négociations turco-bulgares
Constantinople, 3 novembre.
Une commission, composée du ministre
des travaux publics, du secrétaire général
aux affaires étrangères et d'un fonction-
naire du ministère des finances, est char-
gée des négociations avec les délégués bul-
gares à Constantinople.
La première réunion des représentants de
la Bulgarie et de la Turquie a eu lieu hier
soir chez le grand-vizir et sous la prési-
dence de ce dernier.
L'ambassadeur d'Angleterre s'est renda
hier à deux reprises chez le grand-vizir.
Les délégués ottomans sont Gabriel Ef-
fendi, premier délégué ; Loutfi bey, secré-
taire général des affaires étrangères, et
Armenaki Effendi, du ministère des finan-
ces.
L'optimisme aurait un peu diminué en
raison de l'exposé des prétentions des deux
parties. La Bulgarie admet le principe
d'une modeste compensation. La Turquie
demande une compensation aussi forte que
possible pour l'indépendance en dehors du
payement des arriérés du tribut et de la
redevance rouméliote y compris les inté-
rêts, soit 432 millions de francs environ.
Les ambassadeurs ont conseillé tant à la
Porte qu'aux Bulgares d'être raisonnables
et conciliants.
Le programme de la Conférence
Constantinople, 3 novembre.
Bien qu'on ne possède aucun renseigne-
ment authentique sur la réponse de la Tur-
quie concernant le programme de la Con-
férence, on assure que la Porte a déclaré
que ni l'abolition des capitulations et des
bureaux de poste étrangers en Turquie, ni
l'abolition des articles 23 et 61 du traité de
Berlin, articles relatifs aux réformes et de-
venus caducs par suite de l'introduction du
régime constitutionnel en Turquie, ne peu-
vent être considérées comme des compen-
sations suffisantes par la Turquie.
Occupation d'un îlot
Constantinople, 3 novembre.
.Un détachement de troupes, autrichien-
nes vient d'occuper l'Ilot d'Adakaleh, siluô
sur le Danube ,en face d'Orsova, près du
point de jonction des frontières autrichien-
ne, serbe et roumaine.
Cet Hot n'avait pas été mentionné au:
Congrès de Berlin et il fut occupé par les:
Turcs après la signature de ce traité. Il est
insignifiant et son occupation par les trou-
pes autrichiennes ne peut pas avoir d'in-
fluence sur la situation actuelle. Néan-
moins, la Porte a demandé,des expiicationfl
à Vienne.
En Autriche
Le sort de la Conférence
Vienne, 3 novembre. *
La Neues Tagblatt apprend que la notè-
russe contenant la proposition d'une Confé-
rence était attendue hier soir dans les mi-
lieux compétents de Vienne.
Suivant l'attitude de M. Isvoîsky pen-
dant ces derniers jours, on peut croire que
la note contient le programme de la Confé-
rence, ainsi que l'appréciation russe sur
l'annexion de la Bosnie.
Des négociations diplomatiques vont;
avoir lieu entre Saint-Pétersbourg cil,
Vienne. C'est du résultat de ces négocia-
tions que dépendra le sort de la Confé-
rence.
Au point de vue austro-hongrois, il dp-
meure acquis que l'extension des droits dei
la souveraineté austro-hongroise sur !a.
Bosnie et l'Herzégovine a été seudement
portée à Œa connaissance des chefs d'Etat
et que l'on n'a jamais songé à demander
la reconnaissance de l'annexion.
L'invitation envoyée par la Russie au
gouvernement de Vienne, dit le correspon-
dant du Temps, est une simple énumGr..
tion des questions à soumettre à la Confé-
rence, savoir : annexion de la Bosnie-Her-
zégovine, indépendance de la: Bulgarie,
compensations à accorder à la TurquiCtt.
avantages à la Serbie et au Monténégro,
abolition des postes étrangères et des capi
tulations.
La Russie ne propose pas de discuter 14
question de l'annexion. Elle demande seu-
lement à l'Autriche de faire conjure son
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