Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-31
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 octobre 1908 31 octobre 1908
Description : 1908/10/31 (N14113). 1908/10/31 (N14113).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75710018
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
S014213.—9 Bpuma'ps Ah 117. - 1 CCIBS'Q xaSWXIMJE® LE NUMERO Samedi 31 Octobre 1905. - N. 14113
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TRIBUNE LIBRE
FÉMINISME
La campagne d'émancipa-l
tion politique que mènent,
depuis plusieurs années, les
suffragettes anglaises, se con-
tinue avec la ténacité, dédai.
gneuse du qu'en dira-t-on et
même du ridicule, qui caractérise Je
tempérament anglo-saxon. Dirai-je que
ce prosélytisme tapageur et saugrenu
ne contribuerait probablement pas à ral-
lier, chez nous, des concours fort nom-
breux ? Le bluff, le battage,, ont encore
peine à nous con guérir, s'ils ne sont en-
veloppés d'élégance ou de grâce. Ils
peuvent piquer la curiosité, provoquer
un mouvement d'opinion factice et fu-
gitif. Ils ne fondent rien de solide, et la
cause qu'ils ont prétendu servir s'en
trouve moins fortifiée que discréditée.
Sans faire autant de tintamarre, ou
çAutôt depuis qu'elles ont cessé d'en
faire, les femmes de chez nous gagnent
chaque jour un peu de ce terrain qu'on
leur déniait si âprement jadis. Tout,
.peut-être, n'est pas excellent dans l'é-
volution rapide qui les emporte, et ce
n'est pas sur certains succès de cénacles
ilittéraires ou artistiques, un peu sur-
faits, parfois un peu scandaleux, sur
telles excentricités de mœurs ou d'atti-
tude, sur telles incursions bizarres et
batailleuses sur des domaines inatten-
dus qu'il faut juger de l'effort qui l'ac-
complit.
Mais il est certain que la situation de
la femme, la conception qu'elle se fait
elle-même de sa destinée, s'est, depuis
vingt années, profondément, heureuse-
ment, utilement modifiée.
Ce résultat est l'œuvre, à n'en pas
» douter, de l'enseignement féminin tel
qu'il est actuellement organisé, tel que
l'a fait la République.
La réforme entreprise répondait-elle
à des besoins préexistants, à des aspi-
rations informulées ou timides ? A-t-elle
été l'instigatrice spontanée d'une men-
talité nouvelle ? Le fait est là. La por-
tée sociale en est incalculable !
C'est la conséquence magnifique de
l'exercice habituel de la raison, du sa-
voir laborieusement acquis, que toute
créature humaine y puise non seulement
des connaissances plus précises, mais
aussi une conscience plus ferme de sa
dignité propre et de ses droits en face
de la vie.
Vouée jadis à des études un peu fri-
voles, ornée pour l'exclusive séduc-
tion, la jeune fille inexpérimentée de
tout, écartée de toute action, éteinte
dans ses énergies, demeurait au gynécée
jusqu'au jour où le mariage venait l'en
arracher. Alors seulement elle conqué-
rait une personnalité demeurée jus-
qu'alors insoupçonnée. Jusqu'alors, elle
était restée cette chose encombrante,
inutile, gracieusement gauche et triste,
la jeune fille à marier.
Oue de réalités douloureuses dissimu-
lait la fausse poésie d'autrefois !
Qu'elle était déprimante, cette anxiété
des jours s'ajoutant aux jours, dans
l'attente d'un événement unique, pro-
videntiel, mais aléatoire comme tous les
dons de la Providence ! -
Les jeunes filles d'aujourd'hui n'ac-
ceptent plus cette résignation. L'attente
d'un mari problématique ne suffit plus
à remplir leur cœur et leur pensée. Elles
ont entrevu le moyen d'agir de leur
'.?iI'°pre initiative, de! fonder leur vie
personnelle, de l'assurer - matérielle-
ment, de la sauvegarder - moralement.
Sans dédaigner les attraits dont on
l'agrémentait jadis, -, elles la veulent
fortifiée, mûrie pour une lutte dont elles
sentent les dangers mais aussi la -vertu
libératrice. Elles seront des épouses et
des mères, s'il se peut. En tous cas,
elles seront des femmes, des conscien-
ces averties et fortes, prêtes à braver
le sort et la possible solitude. -
Il s'est ainsi formé en France toute,
une catégorie de jeunes filles qui, dé-
daignant les sarcasmes et les préven-
tions mal déracinées, ne comptent que
sur elles-mêmes pour faire leur chemin
dans le monde, et qui entendent ne 'dé-
pendre ni d'une dot hypothétique, ni
du bon plaisir du premier venu.
Un tel idéal ne va ni sans héroïsme,
ni sans stoïcisme. - Le public, qui ri-
cane encore, n'est témoin ni des défail-
lances, ni des désespoirs, ni des crises
d'isolement où plus d'une a pu se dé-
battre. Lentement, pourtant, le triom-
phe vient couronner tant de vaillante et
de probe énergie. Et la poussée de ces
volontés saines et fortes transforme les
conditions économiques du travail,,
ëlargit le vieux mariage et la famille
classique. Nées libres, elles veulent te
rester, même en s'unissant à un autre.
De plus en plus elles veulent choisir
ou se refusent, et leur coeur n'est plus
la rançon dont elles paient, en déses-
poir Ide cause!. une misérable sécurité
d'avenu ;
Leur succès, que des lois nombre
ses consacrent chaque jour, sera d'au-
tant plus certain qu'elles sauront ban-
nir toutes revendications chimériques
ou bruyantes, et donner à tous le sen-
timent que l'acquisition de facultés
nouvelles n'a point eu pour effet d'abo-
lir les qualités anciennes, et notam-
ment ce bon sens pratique à la fois
et délicat, qui fut toujours l'apanage
de la femme française.
T. STEEG,
Député de Paris*
LA POLITIQUE
ORDONNANCE DE NON-LIEU
11 est impossible, il est inad-
missible que les prisonniers de
Corbeil contre lesquels aucune
preuve de culpabilité n'a été re-
levée, continuent à subir une
détention préventive qui n'a
déjà que trop duré.
Il est intolérable que des * innocents
soient maintenus en prison par ordre, et
qu'une instruction judiciaire subisse une
pression administrative odieuse.
Si le juge d'instruction de Corbeil est
le magastrat indépendant, et de conscien-
ce intègre que l'on dit, une ordonnance
de non-lieu doit être rendue sans retard.
S'il n'est pas libre de ses décisions,
qu'il jette sa démission à la face de ceux
qui prétendent fausser l'œuvre de justice,
et le scandale sera tel, et l'ignominie si
monstrueuse qu'un mouvement 4e protes-
tation irrésistible aura raison de toutes les
résistances.
Si parmi les prévenus de Villeneuve-
Saint-Georges il en est contre lesquels on
a pu relever des faits personnels de ré-
bellion, de violences, qu'on les garde en
prison, qu'on les poursuive, qu'o-j les con-
damne, conformément aux lois : soit.
Mais que l'on fasse un procès de fait,
régulièrement instruit, et non pas un pro-
cès de .tendance inadmissible sous un ré-
gime républicain.
Nous ne voulons pas douter de l'équité,
de la foi démocratique, du courage civi-
que de M. Briand.
Il appartient à M. Briand de démon-
trer péremptoirement qu'il est seul garde
des sceaux de la Répqpllque, et que sous
nadministration la justice entend être
la gardienne jalouse du droit, et non pas
une pourvoyeuse de bagne qui juge par
ordre de la sûreté générale.
Une ordonnance de non-lieu s'impose
en faveur des prévenus innocents de Cor-
Ibei1.
Nous l'attendons.
■ • ■ -
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA -.:-
Aujourd'hui vendredi :
Lever du soleil à 6 h. 45; coucher à
4b,4».
- Première : Gymnase : Passe-partout.
- Courses à Maisons-Laffitte.,
Maujaniana.
Il recevait une solliciteuse, veuve
d'un fonctionnaire, et qui implorait un
secours
Distraitement il prenait quelques no-
tes. :
— « Avez-vous des enfants, madame?
- - « Hélas ! non.
— « Et. madame votre mère. en
a-t-elle eu ? » .-
Les dents artificielles
Une industrie, dont on parle peu et
qui ne laisse cependant pas d'être con-
sidérable, c'est celle des dents artifi-
cielles. Le nombre des fabriquées et ex-
pédiées d'Amérique varie, chaque an-
née, 'de onze à douze .;,l1i('\nc: !
L'importation de ce commerce se
chiffre par plus d'un million de dollars.
La base de la fabrication est le fel-
dspath, le kaolin et le cristal de roche:
ces matières sont portées au rouge,
puis jetées dans l'eau froide et broyée
en poudre. On les combine ensuite
avec la - matière colorante, platine, or,
lithinium, et elles passent enhn dans
un moule en cuivre surchauffé, pour y
prendre la forme voulue.
Il faut reconnaître cette fois, les ser-
vices rendus à la cause de l'humanité
par les Yankees, en assurant le fonc-
tionnement parfait et régulier de toutes
les mâchoires des deux hémisphères.
Pour Saint-Saëns
« Les blancs, contait un nègre à son
retour de l'exposition coloniale, ont
coutume d'entretenir chez eux et de
parquer dans leurs maisons un singu-
lier animal. -'
Il a quatre pattes quand il est petit,
^quelquefois trois ulIll.Q.D,t quand jI
est plus grand, et on peut le faire chan-
ter quand on veut. Les hommes, et le
plus souvent les femmes — et, parfois
même de tout jeunes enfants, — n'ont
qu'à s'asseoir bien en face de lui. Puis
ils lui tapent sur les dents et, de tempa
en temps, lui marchent sur la queue.
Aussitôt il se met à chanter.
Son chant fait beaucoup plus de bruit
que celui des oiseaux, mais il n'est pas
aussi harmonieux.
Malgré le terrible développement de
ses mâchoires, et son habitude de mon-
trer sans cesse une effroyable rangée
de dents, cet animal est inoffensif. »
AUTREFOIS
Rappel du 31 octobre 1872. — L'adminis-
tration a passé outre à la protestation des
artistes, qui s'élevaient contre les coupes
exagérées laites dans la forêt de Fontaine-
bleau. Pour éviter, à l'avenir, d'aussi vas-
tes mutilations, les pétitionnaires se sont
constitués en comité de protestation artis-
tique de la forêt et ont voté une résolution
qui débute ainsi : « Que la forêt de Fontai-
nebleau doit être assimilée aux monuments
nationaux et historiques. »
On vient d'achcver le monument élevé
à Ingres, dans la salle des pas-perdus de
l'école des Beaux-Arts.
Le jury d'examen pour les engagés vo-
lontaires d'un an, est en voie de jormation.
La direction des Beaux-Arts tait annon-
cer qu'elle prépare au palais des Champs-
Elysées, l'inauguration du Musée euro-
péen qui sera formé de copies, d'après les
maîtres.
On remarque, à propos d'une allaire de
duel devant le tribunal correctionnel, que
le blessé est prévenu au même titre que
son adversaire. On se contentait autrefois
de poursuivre l'auteur de la blessure. Ainsi,
récmnment, dans l'affaire du duel Clemen-
ceau-de Poussargues, la justice ne fit com-
paraître que M. Clemenceau qui avait
blessé son adversaire.
« Le premier des flics »
Marmontel, dans sa jeunesse, recher-
chait beaucoup le vieux Boindin, célè-
bre alors par son incrédulIté. Le vieil-
lard lui dit un jour : « Trouvez-vous, à
telle heure, au café Procope ».-( Mais
nous ne pourrons pas parler deblmat-iè-
sres philosophiques ». — « Si fait, en
convenant d'une langue particulière,
d'un argot ». Alors, ils firent leur dic-
tionnaire : l'âme s'appelait Margot ; la
religion, Javotte ; la liberté, Jeanneton,
et le Père éternel. M. de l'Etre. Les
voilà discutant et s'entendant très bien.
Un homme à mine suspecte se mêlant
à la conversation, dit à Boindin : « Mon-
sieur, oserais-je vous demander ce que
c'était que ce M. de l'Etre qui s'est si
mal conduit et dont vous êtes si mécon-
tent ? »
— Monsieur, répondit Boindin im-
perturbable, c'est un espion de no-
lice ».
Air de bravoure
Louis XV passant devant les grena'
diers de sa garde, dit à l'ambassadeuï
d'Angleterre qui l'accompagnait : «Vous
voyez les plus braves gens de mon
royaume, il n'y en a pas un qui ne soit
couvert de blessures ». Le lord répon-
dit : « Sire, que doit penser Votre Ma-
jesté de ceux qui les ont blessés ? » —
« Ils sont tous morts ! » cria un grena-
dier.
Averttssement sans frais
Un écrivain célèbre a mis dans son
cabinet de travail une grande pancarte
accrochée au mur avec cette inscrip-
tion : « J'ai lu les journaux ; je sais le
tt-emps qu'il fait ; je n'aime pas qu'on
'm'embête ».
Quand un visiteur indiscret prolonge
• sa visite, l'écrivain fixe la pancarte.
M. de Talleyrand
M de Taileyrand étant rentré en
grâce près de la Restauration, Mme de
Staël dit ; « Ce bon Maurice ressemble
aux petits bonshommes que l'on donne
aux enfants, et dont la tête est en liège
et les jambes en plonnb : on a. beau les
jeter et les renverser, ils se retrouvent
toujours sur leurs pieds. »
.*»
A combien s'élèvera
la « douloureuse Y »
En même temps, qu'il demande à la
Chambre le vote de crédits supplémentai-
res, le ministre des finances demande la
régularisation de décrets rendus en Con-
seil d'Etat et ayant ouvert des crédits pen-
dant les vacances. Le plus important de ces
crédits est celui de 8 millions et demi des-
tiné à a parer aux conséquences de l'in-
cendie du bureau central téléphonique de
la rue Gutenberg. »
Le programme élaboré par l'administra-
tion, entraîne, en effet, des dépenses qui
peuvent être évaluées approximativement à
8,500.000 francs et se décomposant comme
il suit :
Construction d'un bâtiment provisoire, 100.000
francs.
Deux multiples de 10.000 places à installer
dans ce bâtiment 4.200.000 francs.
Faux-plancher et câblage intérieur de ces
i: ultirles, 550.000 francs
Remise en état du répartiteur général d'en triée
de Gutenberg et achat- de câble ignifugé pour
tes l'éparliturs. 350.000 francs. ,.
Construction et installation d'un multiple de
lJ 000 vlacesdans l'immeuble, 29, rue du Lou-
\re 1.300.000,f.rancs. -. -.
Transfert de l'interurbain dans l'immeuble,
SOiOûp francs.
Aménagement de cet immeuble, 150.000 fr.
Mesures diverses -contre l'incendie. liOO.* fr,
Gâbles -'. -le réseau 800.0GO tr,- ;
Indemnités au personnel : travaux de nuit,
matn-d'œuvre exceptionnelle, etc., 200.000 Ir.
Imprévu : 300.000 francs.
On estime, paralt-il, que du fait de l'im-
prévoyance administrative qui a été la
cause de l'incendie de l'Hôtel des télépho-
nes, il restera pour le Trésor public une
perte d'une trentaine de millions.
L'anarchie intégrale qui règne au minis-
tère de la marine, nous a déjà coûté plus
de 50 millions et nous laisse à déplorer la
mort de 200 victimes.
On ne saurait dire au juste ce que nous
coûtera la guerre du Maroc, mais le total
des morts à ce jour doit être important et
les dépenses en argent s'élèveront bien à
quelques centaines de millions.
Si nous ajoutons les frais qu'occasionne-
ra la guerre de M. Milliès-Lacroix en Mau-
ritanie et ceux qui ont dû être faits en
Indo-Chine, cela ne manquera pas de faire,
en fin de compte, un joli chiffre de mil-
lions.
On peut d'ores et déjà avancer que le
gouvernement de M. Clemenceau aura coû-
té cher au pays, en existences humaines et
en argent.
II. ». I. ,11. T' »l
Lire dans notre numéro de demain
La suite de notre étude sur :
LES MINES DE L'OUENZA et
le CHEMIN DE FER DE BONE
AU DJEBEL-OUENZA.
t; - '■",l ■:
L'effet contraire
Guillaume II a voulu, par ses déclara-
tions sensationnelles, produire un effet. 11
a parfaitement réussi, mais cet effet,
c'est l'effet contraire -- comme on dit au
billard — à celui qu'il recherchait.
Lu. presse anglaise ne semble ni s'indi-
gner des révélations de l'empereur au su-
jet de la conduite attribuée à la France et
la Russie à l'égard de l'Angleterre, lors
du conflit anglo-boër, ni prendre au sérieux
a « -version » de Guillaume II.
Les événements récents ne peuvent être
travestis tïôp facilement, et la leçon d'his-
toire, dont le souverain avait si grand be-
soin, 'lui a été donnée magistralement dans
le Times, dès hier.
Il ressort de là maintenant, qu'en 1896,
c'est l'Allemagne qui sollicitait une inter-
vention franco-russe dans l'Afrique aus-
trale, et qu'en 1899, la France se récusa
lorsque la Russie se mit en tête d'enrayer
l'activité belliqueuse de l'Angleterre contre
les Boërs.
L'Allemagne, qui ne repoussait pas les
plans de Saint-Pétersbourg, voulait princi-
palement amener la France à « maintenir
le statu quo en Europe », c'est-à-dire à ac-
cepter de signer pour la seconde fois le
traité de Francfort.
Les manœuvres diplomatiques de la Rus-
sie et de l'Allemagne échouèrent donc alors
lamentablement.
Guillaume II, en laissant publier au-
jourd'hui une conversation fantaisiste et
amusante dans un cercle intime, a peut-
être fait plus de mal à la cause de la paix
qu'il ne lui a fait de bien par les grands
discours dont il espérait tant.
Peut-être cherche-t-il tout simplement à
rendre plus difficile encore l'organisation
de la Conférence réclamée par la Turquie.
Et rpt l'hypothèse la plus vraisembla-
ble. - A. M.
— » -
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Le mariage secret
d'un prêtre catholique:
J'ai annoncé, il y a quelques jours, la
prochaine apparition d'un livre qui ne man-
querait pas de causer quelque scandale
dans le monde religieux. o
Ce livre vient de voir le jour sous le ti-
tre : Un prêtre marié, Charles Perraud,
chanoine honoraire d'Autun {1831-1892)..lL a
pour auteur un prêtre très versé dans les,
études historiquesf l'abbé Houtin. Quant au:
héros de l'aventure racontée par l'abbe
Houtin,il était le frère du cardinal Perraoo,
qui fut membre df l'Académie française et
évêque d'Autun.
Prédicateur de talent, l'abbé Perraud ren-
contra l' « âme sœur » au cours d'un de
ses sermons éloquents et il succomba aux
violentes tentations de la chair.
Ce prêtre, raconte l'abbé Houtin, avait houvé,
parmi ses nombreuses pénitentes, une compa-
gne capable d'assurer son bonheur. C'était une
femme jeune encore — elle avait un peu plus
de trente ans — et qui, outre son mari, ava..
perdu son fils unique, un bel enfant de sept ans.
Comme son directeur, elle était pieuse et timo-
rée. et ils luttèrent contre Leur amour jusqu'à
ce qu'il fût devenu assez fort pour leur faire
considérer la loi du célibat ecclésiastique com-
me uen disposition contre nature.
Un matin du mois de juillet 1872, Mme Du-
val. c'était le nom de son amie. communia ce
sa main, et immédiatement après la messe alla
le voir à la sacristie, où il lui donna une bé-
nédiction qui était censée être le sceau de leur
unon..
A la suite de cet acte qui, en réalité, ne
pouvait que l'honorer, l'abbé Perraud vou-
lut revenir à la vie laïque, mais son frère
l'évêque, l'en empêcha, et c'est là, qu'aux
yeux de l'Eglise, rende le scandale.
L'abbé Perraud juten même temps un
bon époux et un bon prêtre et lorsque sa
compagne mourut en 1887, à la suite d'une
« agonie longue, calme, pleine de tendresse
pour l'époux qu'elle laissait », celui-ci sen-
tit sa vie brisée. Il n'eut plus qu'un désir :
rejoindre celle qu'il avait aimée. En janvier
1892, il mourait entre les bras de son f rère.
C'est l'évêque de Ne ver s, un M. Gauthey,
héritier du cardinal Perraud, qui vient d'at-
tacher le grelot du scandale à -cet.te histoire
déjà vieille, en poursuivant Vauteur du li-
vré où elle se trouve racontée. -
Le procès ne laissera pas d'être intéres-
sant, car une fois de plus se trouvera ex-
fosée devant le public- cette question d'une
suprême immoralité, qu'est le. célibat des
prêtres., a P. G*
TRIBUNE CORPORATIVE -
LES BEÏEMDICATIOHS PES COMMIS DE PERCEPTIOI i
La révocation brutale. de M. Lamontre,
président du syndicat national des commis
de perception, a appelé l'attention publique
eur la situation précaire de cette intéres-
sante corporation.
Les commis de perception n'avaient guère
jusqu'ici fait parler d'eux. Le décret du 8
novembre dernier les a tirés de l'isolement
en reconnaissant leur existence, et surtout
leurs services.
'Mais il reste beaucoup à faire pour amé-
niorer leur situation, aussi continuent-ils
avec persévérance l'œuvre qu'ils ont entre-
prise, dans l'espoir que leurs légitimas
plaintes seront enfin entendues.
Ne serait-ce pas déjà l'écho de ces plain-
tes qui rendrait plus sensible le courant de
.sympathie qui se dégage de plus en plus
en leur faveur ? C'est en tout cas un en-
couragement pour eux de constater qu'aux
quatre coins de la France, se lèvent de vail-
lants champions pour la défense de leurs
droits et de leurs intérêts.
.**
Est-il nécessaire de plaider leur cause ?
Les faits mêmes ne prouvent-ils pas la né-
cessité de leur participation au service du
recouvrement de l'impôt ? Ne constate-ton
pas dans certaines perceptions la présence
d'un personnel atteignant quelquefois six
employés ? De tout temps, l'existence des
commis de perception a été nécessaire.
Leur présence dans la plupart des percep-
tions a répondu à un besoin indispensable
dont il n'est plus permis de douter, heu-
reusement depuis que le ministre des finan-
ces lui-même l'a en maintes circonstances
,hautement proclamé. Mais, si le décret du
8 novembre a reconnu cette existence en
ileur facilitant l'accès aux perceptions, il
n'a apporté aucune amélioration à leur si
tuation actuelle, laquelle apparaît injuste
et regrettable à côté de ce qui a été fait
pour le personnel des trésoreries et recettes
et leurs collègues de Paris Ils demandent
moins une situation personnelle ou une fa-
veur qu'une réforme complète leur donnant
une existence propre. Il ne s'agit donc, en
l'espèce, que d'apporter au service du re-
couvrement les modifications qu'entraine
l'exécution de ce service, en régularisant
leur situation. L'évidence des faits Téclame
cette régularisation autant que l'exigent
leurs droits d'hommes et de citoyens. C'est
pourquoi demandent-ils simplement leur ti-
tularisation 1
.-
.Cette titularisation, comme toute innova
tion, semble présenter de grandes difficul-
tés ; en réalité, elle ne présente que des dif-
ficultés d'ordre matériel. Serait-elle pour
cela impossible ? Cette réforme, basée sur
la légalité, nécessitera certainement toute
une réglementation et une nouvelle organi-
sation dans les services de perceptions.
Pour cette raison, objectera-t-on, que les
désirs des commis de- perception ne sont
pas réalisables ? Préférera-t-on maintenir
le statu quo, indigne d'une démocratie ré-
publicaine ? Non, l'on ne peut ilaisser sub-
sister l'état de choses actuel, et le premier
souci de cette démocratie sera certainement
d'y remédier.
Quant aux difficultés qui peuvent exister,
nous n'en voyonis que deux pouvant sou-
lever quelques objections auxquelles nous
allons répondre. La première repose sur les
questions d'affectation et de traitement, la
seconde sur la distinction à faire entre les
commis de perception.
La première pensée des pouvoirs publics
doit être tout d'abord d'organiser un serviee
tel que son fonctionnement soit assuré
d'une façon régulière et légale en y atta-
chant le personnel nécessaire, « ce qui
in'existe pas actuellement - i). La seconde,
celle de donner à ce personnel une situa-
tion stable en le soumettant aux mêmes
règles d'avancement et de discipline que
ses fonctionnaires; et en respectant les
droits acquis du personnel en fonctions.
Quelle difficulté bien sérieuse présente -
l'affectation d'un personnel aux percep- ,
tions. là où ce personnel est notoirement -i
indispensable ? Nous n'en voyons aucune.
On objectera peutetm qu'il est difficile
d'établir un point de démarcation, dans les'
perceptions où le concours d'un personnel'
est nécessaire. Alors que tel percepteur m;-;
etirera son service avec un fondé dé pou-'
voir ou plusieurs commis, tel autre qui,
lui succédera le fera seul ou se contentera;
d'un auxiliaire. Comment savoir exactement)
si un service comporte réellement la Iléces,
sité de la présence d'un commis ? A priori} ] ■
cette question parait embarrassante, car
CIlle vient renier tout ce qui a été dit en fa- -
veur des commis de perception ! Si. leur
présence dans les perceptions n'était que
facultative, nous ne serions guère fon-
dés à exposer ici leurs revendications-.. -
La vérité est que le percepteur ayant seul,
la mission d'assurer un service, il est dif-
ficile, sinon impossible, qu'ils puissent for-
mer un cadre homogène comme le person-
nel des trésoreries et recettes. Du fait mê-
me qu'ils sont commis du percepteur et non
de (la perception, découle cette idée qu'ils
sont des auxiliaires sans attributions bien;
définies, toujours utiles a«x percepteurs*,
mais pas toujours aux perceptions.
Cette objection, quand bien même elle
s'appliquerait à tous les commis de per-
ception, n'aurait pour résultat que de dé-
noncer les défectuosités du service de re- -
couvrement en France.
----'
.*. --
N'y a-t-il pas parmi les percepteurs des-
riches et des pauvres, des pères de famille
et des célibataires, des hommes valides et
des maladifs, des hommes toujours verts
et d'autres vieux avant l'âge ? Pourquoi les •
percepteurs feraient-ils exception à la loi
commune ? et doit-on sérieusement se baser
sur les aptitudes (physiques du percepteur,
sur sa situation de fortune, sur ses con-
naissances professionnelles, pour en con-
clure que les commis de perception ne sont
que des secrétaires de percepteurs. Ne com-
prend-on pas, qu'en l'état actuel des choses
il est impossible que leur recrutement soit
normal ? Nous estimons qu'il ne peut être
tenu aucun compte de cette objection, pou-
vant d'ailleurs s'appliquer à toutes les ad-
ministrations, pour déterminer les percep-
tions où le concours d'un personnel est né-
cessaire.
Nous dira-t-on qu'à Lyon, Marseille, Bor-
deaux, LiMe et dans toutes les villes do
France, il ne faudra pas toujours des com-
mis de perception ? Exigera-t-on dans les'
villes où la perception est rattachée à la:
recette des finances, que le receveur lui- •
même soit derrière son guichet à recevoir
les contribuables ? Et cependant. l'employé- -
chargé de ce service est titularisé ? Leur,
titularisation est donc aussi légitime que
celle des employés de trésoreries et recet-
tes des finances. Le commis de perceptKnt.
d'ailleurs existe partout et toujours, no
insistons spécialement sur ce point, et ce
qu'il faut démontrer pour sa titularisation,
c'est la façan dont oe commis est repré-
iSenté.
Une commission nommée à cet effet pour-.
rait se livrer à cette étude, et nous ne dou-
tons pas que ses conclusions lui soient fa-
vorables.
Nous nous bornerons aujourd'hui à cet
exposé. Nous démontrerons dans un pro-
chain article comment leur traitement pour-
rait être effectué, sans pour cela augmenter.
les charges de l'Etat, et nous ferons con-
naître en outre les diverses mesures qu'il y;
aurait lieu de prendre en faveur des diver-
ses catégories de commis de perception.
A LA CHAMBRE
li Biliti li l'iiiinfli llliijll
La peine de mort. — Quand le projet sera-t-il discuté ? - Les
présidents de distributions de prix. — Dans l'enseignement.
',: )
La séance est ouverte à trois heures,
sous la présidence de M. Rabier.
M. Berry dépose, en demandant l'urgen-
ce. la proposition suivante :
Ajouter à l'article 304 du Code pénal le para-
graphe suivant: « Néanmoins tout individu qui,
s'étant rendr coupable d'un meurtre, aura été
reconnu comme un malfaiteur professionnel ou
aura frappé pour le plaisir de tuer, sera assi-
milé à l'assassin at puni de la peine de mort. »
M. terry s'explique ensuite sur le sens de
sa proposition.
M. Berry. — J'attache au vote de l'urgence
que je réclame oe sens que les articles du Code
pénal qui établissent la peine de mort conser-
vent toute leur force et leur effet jusqu'à l'adop-
tion d'une loi qui. les ait revisés.
Il est •temps que nous exigions que la vie des
honnêtes gens soit respectée et les dispositions
de la loi qui la protègent soient appliquées.
Les auteurs de la proposition, d'accord avec
l'opinion dut pays. exprimée par les jurys et les
conseils généraux, invitent la Chambre à dire
sa volonté de voir la loi ne pas rester lettre
morte.
Nous vous demandons de dire que vous en
avez assez de voir les malfaiteurs tuer dans
l'intention de faire un voyage à Nouméa, et
■que la loi n'est pas abrogée.
M. Briand-montre que la proposition de
M. Berry n'a qu'un intérêt J* circonstance.
M. Briand, garde des sceaux. — M. Georges
Berry vous a dit quel sens il attaché au vote de
l'urgence, qui lui importe plus que l'adoption
de sa proposition elle-même. Mais il' oublie que
la Chambre est saisie d'un projet général, sur m
peine de mon, dont la discussion est commen-
cée C'est sur ce projet que la question voil être
débattue. Comme les auteurs de la proportion,
le gouvernement a le plus grand désir ca la'
voir réglée. -
La question est difficile, .Elle ne peut .ê..tre ré-
solue sans gué là Chambre ait en main tous
les éléments d'un examen complet,
La commission qui àfest prononcée pour le
maintien de la peine de mort, comme a dit M.
Berry. est l'émanation de la Chambre. Celle du
budget. qui s'était prononcée en sens contraire,
ne l'était pas moins.
Nous avions l'intention de demander demain
à la Chambre de fixer, pour la semaine pro-
chaine, un jour pour poursuivre et achever la
discussion du projet dont une partie a déjà été
examinée par elle.
M. Berry. — Je l'ignorais.
M. Castillard. — Au nom 'de la commission
de réforme judiciaire, je demande à M. Berry,
de ne pas insister pour l'urgence avant la fixa-
tion de la date de la séance dont parle le garue
des sceaux.
M. Berry. — Il y a des mois qu'on renvoie
cette séance d'une semaine à l'autre.
M. Doumcr. — Ce qui est le plus urgent, c'est
le budget.
Si nous voulons, il peut être discuté avant la
fin de novembre.
Je demande que la discussion soit fixée à la1
suite du budget.
M. Chastenet. — Il y a un jour tout désigné.
M. Deieantc. — Le jour des Morts 1
M. Chastenet. — Le vendredi, qui est un jour
d'attractions. (Rires.)
M. Rabier président. — L'ordre du jour du
vendredi p.-;l pilie par les interpellations, .le suis
saisi de diverses demandas de cvunfi&i de l'or-
; dre du jour. (Mouvements divers.)
M. Casiillard. — La commission de réforme
judiciaire propose formellement de fixer à mer.
credi la suite du débat sur !e projet de la sup-
pression de la peine de mort. (Applaudissements
en sens divers.)
M. Varenne. — Je vous donne ma parole qu'il
ne sera pas voté avant un an d'ici. (Exclama-
tions.)
Le scrutin sur le maintien de l'ordre du
jour donne lieu à un pointage.
Pendant le pointage, la Chambre valide
l'élection de M. Gbaulet à Dax et de M. Ch"
C!it:ba* t a Valence.
Le 'm&inltoi th l'ordre du jour est re-
poussé pty; 254 voix enntre 218* ,
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Adresser lettres et mandats à r Admiftistrauvr
TRIBUNE LIBRE
FÉMINISME
La campagne d'émancipa-l
tion politique que mènent,
depuis plusieurs années, les
suffragettes anglaises, se con-
tinue avec la ténacité, dédai.
gneuse du qu'en dira-t-on et
même du ridicule, qui caractérise Je
tempérament anglo-saxon. Dirai-je que
ce prosélytisme tapageur et saugrenu
ne contribuerait probablement pas à ral-
lier, chez nous, des concours fort nom-
breux ? Le bluff, le battage,, ont encore
peine à nous con guérir, s'ils ne sont en-
veloppés d'élégance ou de grâce. Ils
peuvent piquer la curiosité, provoquer
un mouvement d'opinion factice et fu-
gitif. Ils ne fondent rien de solide, et la
cause qu'ils ont prétendu servir s'en
trouve moins fortifiée que discréditée.
Sans faire autant de tintamarre, ou
çAutôt depuis qu'elles ont cessé d'en
faire, les femmes de chez nous gagnent
chaque jour un peu de ce terrain qu'on
leur déniait si âprement jadis. Tout,
.peut-être, n'est pas excellent dans l'é-
volution rapide qui les emporte, et ce
n'est pas sur certains succès de cénacles
ilittéraires ou artistiques, un peu sur-
faits, parfois un peu scandaleux, sur
telles excentricités de mœurs ou d'atti-
tude, sur telles incursions bizarres et
batailleuses sur des domaines inatten-
dus qu'il faut juger de l'effort qui l'ac-
complit.
Mais il est certain que la situation de
la femme, la conception qu'elle se fait
elle-même de sa destinée, s'est, depuis
vingt années, profondément, heureuse-
ment, utilement modifiée.
Ce résultat est l'œuvre, à n'en pas
» douter, de l'enseignement féminin tel
qu'il est actuellement organisé, tel que
l'a fait la République.
La réforme entreprise répondait-elle
à des besoins préexistants, à des aspi-
rations informulées ou timides ? A-t-elle
été l'instigatrice spontanée d'une men-
talité nouvelle ? Le fait est là. La por-
tée sociale en est incalculable !
C'est la conséquence magnifique de
l'exercice habituel de la raison, du sa-
voir laborieusement acquis, que toute
créature humaine y puise non seulement
des connaissances plus précises, mais
aussi une conscience plus ferme de sa
dignité propre et de ses droits en face
de la vie.
Vouée jadis à des études un peu fri-
voles, ornée pour l'exclusive séduc-
tion, la jeune fille inexpérimentée de
tout, écartée de toute action, éteinte
dans ses énergies, demeurait au gynécée
jusqu'au jour où le mariage venait l'en
arracher. Alors seulement elle conqué-
rait une personnalité demeurée jus-
qu'alors insoupçonnée. Jusqu'alors, elle
était restée cette chose encombrante,
inutile, gracieusement gauche et triste,
la jeune fille à marier.
Oue de réalités douloureuses dissimu-
lait la fausse poésie d'autrefois !
Qu'elle était déprimante, cette anxiété
des jours s'ajoutant aux jours, dans
l'attente d'un événement unique, pro-
videntiel, mais aléatoire comme tous les
dons de la Providence ! -
Les jeunes filles d'aujourd'hui n'ac-
ceptent plus cette résignation. L'attente
d'un mari problématique ne suffit plus
à remplir leur cœur et leur pensée. Elles
ont entrevu le moyen d'agir de leur
'.?iI'°pre initiative, de! fonder leur vie
personnelle, de l'assurer - matérielle-
ment, de la sauvegarder - moralement.
Sans dédaigner les attraits dont on
l'agrémentait jadis, -, elles la veulent
fortifiée, mûrie pour une lutte dont elles
sentent les dangers mais aussi la -vertu
libératrice. Elles seront des épouses et
des mères, s'il se peut. En tous cas,
elles seront des femmes, des conscien-
ces averties et fortes, prêtes à braver
le sort et la possible solitude. -
Il s'est ainsi formé en France toute,
une catégorie de jeunes filles qui, dé-
daignant les sarcasmes et les préven-
tions mal déracinées, ne comptent que
sur elles-mêmes pour faire leur chemin
dans le monde, et qui entendent ne 'dé-
pendre ni d'une dot hypothétique, ni
du bon plaisir du premier venu.
Un tel idéal ne va ni sans héroïsme,
ni sans stoïcisme. - Le public, qui ri-
cane encore, n'est témoin ni des défail-
lances, ni des désespoirs, ni des crises
d'isolement où plus d'une a pu se dé-
battre. Lentement, pourtant, le triom-
phe vient couronner tant de vaillante et
de probe énergie. Et la poussée de ces
volontés saines et fortes transforme les
conditions économiques du travail,,
ëlargit le vieux mariage et la famille
classique. Nées libres, elles veulent te
rester, même en s'unissant à un autre.
De plus en plus elles veulent choisir
ou se refusent, et leur coeur n'est plus
la rançon dont elles paient, en déses-
poir Ide cause!. une misérable sécurité
d'avenu ;
Leur succès, que des lois nombre
ses consacrent chaque jour, sera d'au-
tant plus certain qu'elles sauront ban-
nir toutes revendications chimériques
ou bruyantes, et donner à tous le sen-
timent que l'acquisition de facultés
nouvelles n'a point eu pour effet d'abo-
lir les qualités anciennes, et notam-
ment ce bon sens pratique à la fois
et délicat, qui fut toujours l'apanage
de la femme française.
T. STEEG,
Député de Paris*
LA POLITIQUE
ORDONNANCE DE NON-LIEU
11 est impossible, il est inad-
missible que les prisonniers de
Corbeil contre lesquels aucune
preuve de culpabilité n'a été re-
levée, continuent à subir une
détention préventive qui n'a
déjà que trop duré.
Il est intolérable que des * innocents
soient maintenus en prison par ordre, et
qu'une instruction judiciaire subisse une
pression administrative odieuse.
Si le juge d'instruction de Corbeil est
le magastrat indépendant, et de conscien-
ce intègre que l'on dit, une ordonnance
de non-lieu doit être rendue sans retard.
S'il n'est pas libre de ses décisions,
qu'il jette sa démission à la face de ceux
qui prétendent fausser l'œuvre de justice,
et le scandale sera tel, et l'ignominie si
monstrueuse qu'un mouvement 4e protes-
tation irrésistible aura raison de toutes les
résistances.
Si parmi les prévenus de Villeneuve-
Saint-Georges il en est contre lesquels on
a pu relever des faits personnels de ré-
bellion, de violences, qu'on les garde en
prison, qu'on les poursuive, qu'o-j les con-
damne, conformément aux lois : soit.
Mais que l'on fasse un procès de fait,
régulièrement instruit, et non pas un pro-
cès de .tendance inadmissible sous un ré-
gime républicain.
Nous ne voulons pas douter de l'équité,
de la foi démocratique, du courage civi-
que de M. Briand.
Il appartient à M. Briand de démon-
trer péremptoirement qu'il est seul garde
des sceaux de la Répqpllque, et que sous
nadministration la justice entend être
la gardienne jalouse du droit, et non pas
une pourvoyeuse de bagne qui juge par
ordre de la sûreté générale.
Une ordonnance de non-lieu s'impose
en faveur des prévenus innocents de Cor-
Ibei1.
Nous l'attendons.
■ • ■ -
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA -.:-
Aujourd'hui vendredi :
Lever du soleil à 6 h. 45; coucher à
4b,4».
- Première : Gymnase : Passe-partout.
- Courses à Maisons-Laffitte.,
Maujaniana.
Il recevait une solliciteuse, veuve
d'un fonctionnaire, et qui implorait un
secours
Distraitement il prenait quelques no-
tes. :
— « Avez-vous des enfants, madame?
- - « Hélas ! non.
— « Et. madame votre mère. en
a-t-elle eu ? » .-
Les dents artificielles
Une industrie, dont on parle peu et
qui ne laisse cependant pas d'être con-
sidérable, c'est celle des dents artifi-
cielles. Le nombre des fabriquées et ex-
pédiées d'Amérique varie, chaque an-
née, 'de onze à douze .;,l1i('\nc: !
L'importation de ce commerce se
chiffre par plus d'un million de dollars.
La base de la fabrication est le fel-
dspath, le kaolin et le cristal de roche:
ces matières sont portées au rouge,
puis jetées dans l'eau froide et broyée
en poudre. On les combine ensuite
avec la - matière colorante, platine, or,
lithinium, et elles passent enhn dans
un moule en cuivre surchauffé, pour y
prendre la forme voulue.
Il faut reconnaître cette fois, les ser-
vices rendus à la cause de l'humanité
par les Yankees, en assurant le fonc-
tionnement parfait et régulier de toutes
les mâchoires des deux hémisphères.
Pour Saint-Saëns
« Les blancs, contait un nègre à son
retour de l'exposition coloniale, ont
coutume d'entretenir chez eux et de
parquer dans leurs maisons un singu-
lier animal. -'
Il a quatre pattes quand il est petit,
^quelquefois trois ulIll.Q.D,t quand jI
est plus grand, et on peut le faire chan-
ter quand on veut. Les hommes, et le
plus souvent les femmes — et, parfois
même de tout jeunes enfants, — n'ont
qu'à s'asseoir bien en face de lui. Puis
ils lui tapent sur les dents et, de tempa
en temps, lui marchent sur la queue.
Aussitôt il se met à chanter.
Son chant fait beaucoup plus de bruit
que celui des oiseaux, mais il n'est pas
aussi harmonieux.
Malgré le terrible développement de
ses mâchoires, et son habitude de mon-
trer sans cesse une effroyable rangée
de dents, cet animal est inoffensif. »
AUTREFOIS
Rappel du 31 octobre 1872. — L'adminis-
tration a passé outre à la protestation des
artistes, qui s'élevaient contre les coupes
exagérées laites dans la forêt de Fontaine-
bleau. Pour éviter, à l'avenir, d'aussi vas-
tes mutilations, les pétitionnaires se sont
constitués en comité de protestation artis-
tique de la forêt et ont voté une résolution
qui débute ainsi : « Que la forêt de Fontai-
nebleau doit être assimilée aux monuments
nationaux et historiques. »
On vient d'achcver le monument élevé
à Ingres, dans la salle des pas-perdus de
l'école des Beaux-Arts.
Le jury d'examen pour les engagés vo-
lontaires d'un an, est en voie de jormation.
La direction des Beaux-Arts tait annon-
cer qu'elle prépare au palais des Champs-
Elysées, l'inauguration du Musée euro-
péen qui sera formé de copies, d'après les
maîtres.
On remarque, à propos d'une allaire de
duel devant le tribunal correctionnel, que
le blessé est prévenu au même titre que
son adversaire. On se contentait autrefois
de poursuivre l'auteur de la blessure. Ainsi,
récmnment, dans l'affaire du duel Clemen-
ceau-de Poussargues, la justice ne fit com-
paraître que M. Clemenceau qui avait
blessé son adversaire.
« Le premier des flics »
Marmontel, dans sa jeunesse, recher-
chait beaucoup le vieux Boindin, célè-
bre alors par son incrédulIté. Le vieil-
lard lui dit un jour : « Trouvez-vous, à
telle heure, au café Procope ».-( Mais
nous ne pourrons pas parler deblmat-iè-
sres philosophiques ». — « Si fait, en
convenant d'une langue particulière,
d'un argot ». Alors, ils firent leur dic-
tionnaire : l'âme s'appelait Margot ; la
religion, Javotte ; la liberté, Jeanneton,
et le Père éternel. M. de l'Etre. Les
voilà discutant et s'entendant très bien.
Un homme à mine suspecte se mêlant
à la conversation, dit à Boindin : « Mon-
sieur, oserais-je vous demander ce que
c'était que ce M. de l'Etre qui s'est si
mal conduit et dont vous êtes si mécon-
tent ? »
— Monsieur, répondit Boindin im-
perturbable, c'est un espion de no-
lice ».
Air de bravoure
Louis XV passant devant les grena'
diers de sa garde, dit à l'ambassadeuï
d'Angleterre qui l'accompagnait : «Vous
voyez les plus braves gens de mon
royaume, il n'y en a pas un qui ne soit
couvert de blessures ». Le lord répon-
dit : « Sire, que doit penser Votre Ma-
jesté de ceux qui les ont blessés ? » —
« Ils sont tous morts ! » cria un grena-
dier.
Averttssement sans frais
Un écrivain célèbre a mis dans son
cabinet de travail une grande pancarte
accrochée au mur avec cette inscrip-
tion : « J'ai lu les journaux ; je sais le
tt-emps qu'il fait ; je n'aime pas qu'on
'm'embête ».
Quand un visiteur indiscret prolonge
• sa visite, l'écrivain fixe la pancarte.
M. de Talleyrand
M de Taileyrand étant rentré en
grâce près de la Restauration, Mme de
Staël dit ; « Ce bon Maurice ressemble
aux petits bonshommes que l'on donne
aux enfants, et dont la tête est en liège
et les jambes en plonnb : on a. beau les
jeter et les renverser, ils se retrouvent
toujours sur leurs pieds. »
.*»
A combien s'élèvera
la « douloureuse Y »
En même temps, qu'il demande à la
Chambre le vote de crédits supplémentai-
res, le ministre des finances demande la
régularisation de décrets rendus en Con-
seil d'Etat et ayant ouvert des crédits pen-
dant les vacances. Le plus important de ces
crédits est celui de 8 millions et demi des-
tiné à a parer aux conséquences de l'in-
cendie du bureau central téléphonique de
la rue Gutenberg. »
Le programme élaboré par l'administra-
tion, entraîne, en effet, des dépenses qui
peuvent être évaluées approximativement à
8,500.000 francs et se décomposant comme
il suit :
Construction d'un bâtiment provisoire, 100.000
francs.
Deux multiples de 10.000 places à installer
dans ce bâtiment 4.200.000 francs.
Faux-plancher et câblage intérieur de ces
i: ultirles, 550.000 francs
Remise en état du répartiteur général d'en triée
de Gutenberg et achat- de câble ignifugé pour
tes l'éparliturs. 350.000 francs. ,.
Construction et installation d'un multiple de
lJ 000 vlacesdans l'immeuble, 29, rue du Lou-
\re 1.300.000,f.rancs. -. -.
Transfert de l'interurbain dans l'immeuble,
SOiOûp francs.
Aménagement de cet immeuble, 150.000 fr.
Mesures diverses -contre l'incendie. liOO.* fr,
Gâbles -'. -le réseau 800.0GO tr,- ;
Indemnités au personnel : travaux de nuit,
matn-d'œuvre exceptionnelle, etc., 200.000 Ir.
Imprévu : 300.000 francs.
On estime, paralt-il, que du fait de l'im-
prévoyance administrative qui a été la
cause de l'incendie de l'Hôtel des télépho-
nes, il restera pour le Trésor public une
perte d'une trentaine de millions.
L'anarchie intégrale qui règne au minis-
tère de la marine, nous a déjà coûté plus
de 50 millions et nous laisse à déplorer la
mort de 200 victimes.
On ne saurait dire au juste ce que nous
coûtera la guerre du Maroc, mais le total
des morts à ce jour doit être important et
les dépenses en argent s'élèveront bien à
quelques centaines de millions.
Si nous ajoutons les frais qu'occasionne-
ra la guerre de M. Milliès-Lacroix en Mau-
ritanie et ceux qui ont dû être faits en
Indo-Chine, cela ne manquera pas de faire,
en fin de compte, un joli chiffre de mil-
lions.
On peut d'ores et déjà avancer que le
gouvernement de M. Clemenceau aura coû-
té cher au pays, en existences humaines et
en argent.
II. ». I. ,11. T' »l
Lire dans notre numéro de demain
La suite de notre étude sur :
LES MINES DE L'OUENZA et
le CHEMIN DE FER DE BONE
AU DJEBEL-OUENZA.
t; - '■",l ■:
L'effet contraire
Guillaume II a voulu, par ses déclara-
tions sensationnelles, produire un effet. 11
a parfaitement réussi, mais cet effet,
c'est l'effet contraire -- comme on dit au
billard — à celui qu'il recherchait.
Lu. presse anglaise ne semble ni s'indi-
gner des révélations de l'empereur au su-
jet de la conduite attribuée à la France et
la Russie à l'égard de l'Angleterre, lors
du conflit anglo-boër, ni prendre au sérieux
a « -version » de Guillaume II.
Les événements récents ne peuvent être
travestis tïôp facilement, et la leçon d'his-
toire, dont le souverain avait si grand be-
soin, 'lui a été donnée magistralement dans
le Times, dès hier.
Il ressort de là maintenant, qu'en 1896,
c'est l'Allemagne qui sollicitait une inter-
vention franco-russe dans l'Afrique aus-
trale, et qu'en 1899, la France se récusa
lorsque la Russie se mit en tête d'enrayer
l'activité belliqueuse de l'Angleterre contre
les Boërs.
L'Allemagne, qui ne repoussait pas les
plans de Saint-Pétersbourg, voulait princi-
palement amener la France à « maintenir
le statu quo en Europe », c'est-à-dire à ac-
cepter de signer pour la seconde fois le
traité de Francfort.
Les manœuvres diplomatiques de la Rus-
sie et de l'Allemagne échouèrent donc alors
lamentablement.
Guillaume II, en laissant publier au-
jourd'hui une conversation fantaisiste et
amusante dans un cercle intime, a peut-
être fait plus de mal à la cause de la paix
qu'il ne lui a fait de bien par les grands
discours dont il espérait tant.
Peut-être cherche-t-il tout simplement à
rendre plus difficile encore l'organisation
de la Conférence réclamée par la Turquie.
Et rpt l'hypothèse la plus vraisembla-
ble. - A. M.
— » -
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Le mariage secret
d'un prêtre catholique:
J'ai annoncé, il y a quelques jours, la
prochaine apparition d'un livre qui ne man-
querait pas de causer quelque scandale
dans le monde religieux. o
Ce livre vient de voir le jour sous le ti-
tre : Un prêtre marié, Charles Perraud,
chanoine honoraire d'Autun {1831-1892)..lL a
pour auteur un prêtre très versé dans les,
études historiquesf l'abbé Houtin. Quant au:
héros de l'aventure racontée par l'abbe
Houtin,il était le frère du cardinal Perraoo,
qui fut membre df l'Académie française et
évêque d'Autun.
Prédicateur de talent, l'abbé Perraud ren-
contra l' « âme sœur » au cours d'un de
ses sermons éloquents et il succomba aux
violentes tentations de la chair.
Ce prêtre, raconte l'abbé Houtin, avait houvé,
parmi ses nombreuses pénitentes, une compa-
gne capable d'assurer son bonheur. C'était une
femme jeune encore — elle avait un peu plus
de trente ans — et qui, outre son mari, ava..
perdu son fils unique, un bel enfant de sept ans.
Comme son directeur, elle était pieuse et timo-
rée. et ils luttèrent contre Leur amour jusqu'à
ce qu'il fût devenu assez fort pour leur faire
considérer la loi du célibat ecclésiastique com-
me uen disposition contre nature.
Un matin du mois de juillet 1872, Mme Du-
val. c'était le nom de son amie. communia ce
sa main, et immédiatement après la messe alla
le voir à la sacristie, où il lui donna une bé-
nédiction qui était censée être le sceau de leur
unon..
A la suite de cet acte qui, en réalité, ne
pouvait que l'honorer, l'abbé Perraud vou-
lut revenir à la vie laïque, mais son frère
l'évêque, l'en empêcha, et c'est là, qu'aux
yeux de l'Eglise, rende le scandale.
L'abbé Perraud juten même temps un
bon époux et un bon prêtre et lorsque sa
compagne mourut en 1887, à la suite d'une
« agonie longue, calme, pleine de tendresse
pour l'époux qu'elle laissait », celui-ci sen-
tit sa vie brisée. Il n'eut plus qu'un désir :
rejoindre celle qu'il avait aimée. En janvier
1892, il mourait entre les bras de son f rère.
C'est l'évêque de Ne ver s, un M. Gauthey,
héritier du cardinal Perraud, qui vient d'at-
tacher le grelot du scandale à -cet.te histoire
déjà vieille, en poursuivant Vauteur du li-
vré où elle se trouve racontée. -
Le procès ne laissera pas d'être intéres-
sant, car une fois de plus se trouvera ex-
fosée devant le public- cette question d'une
suprême immoralité, qu'est le. célibat des
prêtres., a P. G*
TRIBUNE CORPORATIVE -
LES BEÏEMDICATIOHS PES COMMIS DE PERCEPTIOI i
La révocation brutale. de M. Lamontre,
président du syndicat national des commis
de perception, a appelé l'attention publique
eur la situation précaire de cette intéres-
sante corporation.
Les commis de perception n'avaient guère
jusqu'ici fait parler d'eux. Le décret du 8
novembre dernier les a tirés de l'isolement
en reconnaissant leur existence, et surtout
leurs services.
'Mais il reste beaucoup à faire pour amé-
niorer leur situation, aussi continuent-ils
avec persévérance l'œuvre qu'ils ont entre-
prise, dans l'espoir que leurs légitimas
plaintes seront enfin entendues.
Ne serait-ce pas déjà l'écho de ces plain-
tes qui rendrait plus sensible le courant de
.sympathie qui se dégage de plus en plus
en leur faveur ? C'est en tout cas un en-
couragement pour eux de constater qu'aux
quatre coins de la France, se lèvent de vail-
lants champions pour la défense de leurs
droits et de leurs intérêts.
.**
Est-il nécessaire de plaider leur cause ?
Les faits mêmes ne prouvent-ils pas la né-
cessité de leur participation au service du
recouvrement de l'impôt ? Ne constate-ton
pas dans certaines perceptions la présence
d'un personnel atteignant quelquefois six
employés ? De tout temps, l'existence des
commis de perception a été nécessaire.
Leur présence dans la plupart des percep-
tions a répondu à un besoin indispensable
dont il n'est plus permis de douter, heu-
reusement depuis que le ministre des finan-
ces lui-même l'a en maintes circonstances
,hautement proclamé. Mais, si le décret du
8 novembre a reconnu cette existence en
ileur facilitant l'accès aux perceptions, il
n'a apporté aucune amélioration à leur si
tuation actuelle, laquelle apparaît injuste
et regrettable à côté de ce qui a été fait
pour le personnel des trésoreries et recettes
et leurs collègues de Paris Ils demandent
moins une situation personnelle ou une fa-
veur qu'une réforme complète leur donnant
une existence propre. Il ne s'agit donc, en
l'espèce, que d'apporter au service du re-
couvrement les modifications qu'entraine
l'exécution de ce service, en régularisant
leur situation. L'évidence des faits Téclame
cette régularisation autant que l'exigent
leurs droits d'hommes et de citoyens. C'est
pourquoi demandent-ils simplement leur ti-
tularisation 1
.-
.Cette titularisation, comme toute innova
tion, semble présenter de grandes difficul-
tés ; en réalité, elle ne présente que des dif-
ficultés d'ordre matériel. Serait-elle pour
cela impossible ? Cette réforme, basée sur
la légalité, nécessitera certainement toute
une réglementation et une nouvelle organi-
sation dans les services de perceptions.
Pour cette raison, objectera-t-on, que les
désirs des commis de- perception ne sont
pas réalisables ? Préférera-t-on maintenir
le statu quo, indigne d'une démocratie ré-
publicaine ? Non, l'on ne peut ilaisser sub-
sister l'état de choses actuel, et le premier
souci de cette démocratie sera certainement
d'y remédier.
Quant aux difficultés qui peuvent exister,
nous n'en voyonis que deux pouvant sou-
lever quelques objections auxquelles nous
allons répondre. La première repose sur les
questions d'affectation et de traitement, la
seconde sur la distinction à faire entre les
commis de perception.
La première pensée des pouvoirs publics
doit être tout d'abord d'organiser un serviee
tel que son fonctionnement soit assuré
d'une façon régulière et légale en y atta-
chant le personnel nécessaire, « ce qui
in'existe pas actuellement - i). La seconde,
celle de donner à ce personnel une situa-
tion stable en le soumettant aux mêmes
règles d'avancement et de discipline que
ses fonctionnaires; et en respectant les
droits acquis du personnel en fonctions.
Quelle difficulté bien sérieuse présente -
l'affectation d'un personnel aux percep- ,
tions. là où ce personnel est notoirement -i
indispensable ? Nous n'en voyons aucune.
On objectera peutetm qu'il est difficile
d'établir un point de démarcation, dans les'
perceptions où le concours d'un personnel'
est nécessaire. Alors que tel percepteur m;-;
etirera son service avec un fondé dé pou-'
voir ou plusieurs commis, tel autre qui,
lui succédera le fera seul ou se contentera;
d'un auxiliaire. Comment savoir exactement)
si un service comporte réellement la Iléces,
sité de la présence d'un commis ? A priori} ] ■
cette question parait embarrassante, car
CIlle vient renier tout ce qui a été dit en fa- -
veur des commis de perception ! Si. leur
présence dans les perceptions n'était que
facultative, nous ne serions guère fon-
dés à exposer ici leurs revendications-.. -
La vérité est que le percepteur ayant seul,
la mission d'assurer un service, il est dif-
ficile, sinon impossible, qu'ils puissent for-
mer un cadre homogène comme le person-
nel des trésoreries et recettes. Du fait mê-
me qu'ils sont commis du percepteur et non
de (la perception, découle cette idée qu'ils
sont des auxiliaires sans attributions bien;
définies, toujours utiles a«x percepteurs*,
mais pas toujours aux perceptions.
Cette objection, quand bien même elle
s'appliquerait à tous les commis de per-
ception, n'aurait pour résultat que de dé-
noncer les défectuosités du service de re- -
couvrement en France.
----'
.*. --
N'y a-t-il pas parmi les percepteurs des-
riches et des pauvres, des pères de famille
et des célibataires, des hommes valides et
des maladifs, des hommes toujours verts
et d'autres vieux avant l'âge ? Pourquoi les •
percepteurs feraient-ils exception à la loi
commune ? et doit-on sérieusement se baser
sur les aptitudes (physiques du percepteur,
sur sa situation de fortune, sur ses con-
naissances professionnelles, pour en con-
clure que les commis de perception ne sont
que des secrétaires de percepteurs. Ne com-
prend-on pas, qu'en l'état actuel des choses
il est impossible que leur recrutement soit
normal ? Nous estimons qu'il ne peut être
tenu aucun compte de cette objection, pou-
vant d'ailleurs s'appliquer à toutes les ad-
ministrations, pour déterminer les percep-
tions où le concours d'un personnel est né-
cessaire.
Nous dira-t-on qu'à Lyon, Marseille, Bor-
deaux, LiMe et dans toutes les villes do
France, il ne faudra pas toujours des com-
mis de perception ? Exigera-t-on dans les'
villes où la perception est rattachée à la:
recette des finances, que le receveur lui- •
même soit derrière son guichet à recevoir
les contribuables ? Et cependant. l'employé- -
chargé de ce service est titularisé ? Leur,
titularisation est donc aussi légitime que
celle des employés de trésoreries et recet-
tes des finances. Le commis de perceptKnt.
d'ailleurs existe partout et toujours, no
insistons spécialement sur ce point, et ce
qu'il faut démontrer pour sa titularisation,
c'est la façan dont oe commis est repré-
iSenté.
Une commission nommée à cet effet pour-.
rait se livrer à cette étude, et nous ne dou-
tons pas que ses conclusions lui soient fa-
vorables.
Nous nous bornerons aujourd'hui à cet
exposé. Nous démontrerons dans un pro-
chain article comment leur traitement pour-
rait être effectué, sans pour cela augmenter.
les charges de l'Etat, et nous ferons con-
naître en outre les diverses mesures qu'il y;
aurait lieu de prendre en faveur des diver-
ses catégories de commis de perception.
A LA CHAMBRE
li Biliti li l'iiiinfli llliijll
La peine de mort. — Quand le projet sera-t-il discuté ? - Les
présidents de distributions de prix. — Dans l'enseignement.
',: )
La séance est ouverte à trois heures,
sous la présidence de M. Rabier.
M. Berry dépose, en demandant l'urgen-
ce. la proposition suivante :
Ajouter à l'article 304 du Code pénal le para-
graphe suivant: « Néanmoins tout individu qui,
s'étant rendr coupable d'un meurtre, aura été
reconnu comme un malfaiteur professionnel ou
aura frappé pour le plaisir de tuer, sera assi-
milé à l'assassin at puni de la peine de mort. »
M. terry s'explique ensuite sur le sens de
sa proposition.
M. Berry. — J'attache au vote de l'urgence
que je réclame oe sens que les articles du Code
pénal qui établissent la peine de mort conser-
vent toute leur force et leur effet jusqu'à l'adop-
tion d'une loi qui. les ait revisés.
Il est •temps que nous exigions que la vie des
honnêtes gens soit respectée et les dispositions
de la loi qui la protègent soient appliquées.
Les auteurs de la proposition, d'accord avec
l'opinion dut pays. exprimée par les jurys et les
conseils généraux, invitent la Chambre à dire
sa volonté de voir la loi ne pas rester lettre
morte.
Nous vous demandons de dire que vous en
avez assez de voir les malfaiteurs tuer dans
l'intention de faire un voyage à Nouméa, et
■que la loi n'est pas abrogée.
M. Briand-montre que la proposition de
M. Berry n'a qu'un intérêt J* circonstance.
M. Briand, garde des sceaux. — M. Georges
Berry vous a dit quel sens il attaché au vote de
l'urgence, qui lui importe plus que l'adoption
de sa proposition elle-même. Mais il' oublie que
la Chambre est saisie d'un projet général, sur m
peine de mon, dont la discussion est commen-
cée C'est sur ce projet que la question voil être
débattue. Comme les auteurs de la proportion,
le gouvernement a le plus grand désir ca la'
voir réglée. -
La question est difficile, .Elle ne peut .ê..tre ré-
solue sans gué là Chambre ait en main tous
les éléments d'un examen complet,
La commission qui àfest prononcée pour le
maintien de la peine de mort, comme a dit M.
Berry. est l'émanation de la Chambre. Celle du
budget. qui s'était prononcée en sens contraire,
ne l'était pas moins.
Nous avions l'intention de demander demain
à la Chambre de fixer, pour la semaine pro-
chaine, un jour pour poursuivre et achever la
discussion du projet dont une partie a déjà été
examinée par elle.
M. Berry. — Je l'ignorais.
M. Castillard. — Au nom 'de la commission
de réforme judiciaire, je demande à M. Berry,
de ne pas insister pour l'urgence avant la fixa-
tion de la date de la séance dont parle le garue
des sceaux.
M. Berry. — Il y a des mois qu'on renvoie
cette séance d'une semaine à l'autre.
M. Doumcr. — Ce qui est le plus urgent, c'est
le budget.
Si nous voulons, il peut être discuté avant la
fin de novembre.
Je demande que la discussion soit fixée à la1
suite du budget.
M. Chastenet. — Il y a un jour tout désigné.
M. Deieantc. — Le jour des Morts 1
M. Chastenet. — Le vendredi, qui est un jour
d'attractions. (Rires.)
M. Rabier président. — L'ordre du jour du
vendredi p.-;l pilie par les interpellations, .le suis
saisi de diverses demandas de cvunfi&i de l'or-
; dre du jour. (Mouvements divers.)
M. Casiillard. — La commission de réforme
judiciaire propose formellement de fixer à mer.
credi la suite du débat sur !e projet de la sup-
pression de la peine de mort. (Applaudissements
en sens divers.)
M. Varenne. — Je vous donne ma parole qu'il
ne sera pas voté avant un an d'ici. (Exclama-
tions.)
Le scrutin sur le maintien de l'ordre du
jour donne lieu à un pointage.
Pendant le pointage, la Chambre valide
l'élection de M. Gbaulet à Dax et de M. Ch"
C!it:ba* t a Valence.
Le 'm&inltoi th l'ordre du jour est re-
poussé pty; 254 voix enntre 218* ,
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