Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 29 octobre 1908 29 octobre 1908
Description : 1908/10/29 (N14111). 1908/10/29 (N14111).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7570999s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
- N* 14111:— 7 Brumaire An 117. - -- CINQ CENTIMES LE NUMERO Jeudi 29 Octobre 1908. — N- 141 l'I
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.- 14
Le RMiiïEitÉiwiiyEiisrrt
La Chambre, qui mène de
front la discussion de l'im-
pôt sur le revenu et celle du
budget de l'exercice 1909,
s'occupefaujourd'hui même,
des dépenses relatives à
l'instruction publique. Elle a été saisie
à ce sujet d'un très intéressant rapport
dû à la plume de notre collaborateur et
ami Steeg qui, se soutenant qu'il avait
jadis appartenu à l'Université avant de
siéger à la Chambre, a tenu à plaider
devant le Parlement la cause de ses
anciens collègues. '-
Il en est peu de plus justes et de
plus dignes de retenir l'attention du
législateur. ,'.,
Lorsque, il y a quelques années, j'é-
tais moi-même rapporteur du budget de
l'instruction publique, j'avais signalé
r émotion ressentie par tous les amis de
l'école laïque, et en particulier par les
inspecteurs d'Académie, qui se plai-
gnaient de voir chaque année diminuer
le nombre des candidats aux écoles nor-
males.
Il y avait là, pour l'avenir de notre
enseignement primaire, un réel danger.
Nous risquions, en effet, de n'avoir pas
des maitres en nombre suffisant, au
moment même où l'Etat républicain,
par la suppression des écoles congré-
ganistes, assumait une charge plus lour-
de que par le passé. En admettant
même que les maîtres fussent assez
nombreux, il était à craindre que, par
suite du nombre restreint des candidats,
toute sélection devînt impossible et que
l'on en fût réduit à accepter presque
tous ceux qui se présentaient, sans exi-
ger d'eux l'aptitude et la valeur indis-
pensables.
Le gouvernement a compris le dan-
ger. Puissamment soutenu par la com-
mission du budget, il a demandé aux
Chambres de s'imposer le sacrifice né-
cessaire pour mieux rémunérer nos ins-
tituteurs et institutrices, espérant ainsi
ramener, vers la carrière de l'enseigne-
ment, ceux qui étaient tentés de s'en
éloigner.
M. Steeg, dans son rapport sur le
budget de 1909, put ainsi constater que,
pour les maîtres primaires seulement,
on a, depuis cinq ans, augmenté de plus
de trente-six millions le crédit destiné
à rémunérer leurs services.
Le résultat ne s'est pas fait attendre.
Dès que le traitement a été relevé, les
candidats aux fonctions d'instituteur
sont devenus beaucoup plus nombreux.
et ainsi a pu être conjurée une crise qui
menaçait dans ses œuvres vives la lé-
gislation scolaire due au gouvernement
de la République.
Mais si, en ce qui concerne l'ensei-
gnement primaire, tout péril semble
écarté, les amis de l'éducation laïque
ne peuvent sans tristesse et sans ap-
préhension envisager, telle que nous la
dépeint M. Steeg, la situation faite à
notre enseignement secondaire.
Là, comme il y a cinq ans pour le pri-
maire, le recrutement de nos profes-
seurs semble de plus en plus difficile.
M. Steeg cite des chiffres desquels il ré-
sulte que, depuis dix ans, le nombre des
- candidats à l'agrégation a diminué de
près des deux tiers. -..
C'est une constatation d'autant plus
alarmante qu'il est à craindre que ce
ne soient pas les plus mauvais candi-
dats qui renoncent à se présenter.
Au moment où l'Etat songe à suppri-
mer ce qui subsiste encore de la loi Fal-
loux et à exiger de ceux qui enseignent
dans les établissements libres, des titres
qui ne leur ont pas été réclamés jus-
qu'ici, il se doit à lui-même et il doit
aux familles de prendre'toutes les me-
sures pour que son personnel ait une
indéniable supériorité.
Cette supériorité, jusqu'ici, elle a été
constatée par des diplômes, mais lors-
que, demain, ceux qui enseigneront
dans les lycées ou collèges et ceux qui
professeront dans les institutions par-
ticulières auront les mêmes titres, il
faut que les fonctions de professeur
(Jans les établissements de l'Etat soient
assez recherchées pour que les familles
aient cette impression que c'est là que
se trouve, en France, 1 élite du corps
enseignant. 1
- Avec beaucoup de raison et beaucoup
de courage, M. Steeg Indique que, dans
l'enseignement secondaire, de même
que dans le primaire, ce sont les mê-
mes causes qui ont produit les mêmes
effets. >..
-. Si, depuis vingt-cinq ou trente ans,
on a amélioré à différentes reprises la
situation des instituteurs et l'on a
Men fait — rien n'a AJA tenté pour-reu-
*
dre plus brillante celle des professeurs
de lycée.
Dans les petites comme dans - les
grandes villes, le prix de la vie a plus
que doublé, et les traitements sont res-
tés les mêmes. Faut-il, dans ces condi-
tions, s'étonner que des hommes distin-
gués préfèrent chercher ailleurs le
moyen de vivre et d'élever leur famille,
plutôt que de végéter dans une condi-
tion, honorable sans doute, mais médio-
cre ?
Sur l'invitation de la Chambre, le mi-
nistre de l'instruction publique, il y a
près de trois ans, a institué une com-
mission chargée de coordonner les trai-
tements du personnel secondaire. J'a-
vais l'honneur d'être, avec M. Liard,
vice-président de cette commission.Á que
présidait M. Bienvenu-Martin. Elle a
foirt activement poussé ses travaux. De-
puis deux ans, elle a déposé son rap-
port et saisi le ministre de ses conelu-
sions.
Mais aucune encore n'a été formulée
en projet de loi. Qu'attend-on pour le
faire ? M. Steeg a jeté un cri d'alarme
et signalé le mal. Au gouvernement il
appartient de proposer le iremède.Celui-
ci est connu. Il ne faut qu'un peu de
bonne volonté pour l'appliquer. M. Dou-
mergue est un ministre trop averti de
tout ce qui touche à son département
pour que nous ne soyons pas assufrés
qu'il fera siennes les propositions de la
commission extiraparlementaire.
S'il n'en devait pas être ainsi, quel
besoin y avait-il de réunir cette com-
mission ?
Alfred MASSE,
Député de-la Nièvre.
LA POLITIQUE
- UN DISCOURS
M. Aynard, député de l'ar-
chevêché de Lyon, opérait di-
manche dernier dans le Rhône,
centre habituel de ses opéra-
tions politico-ifnancières.
Il a prononcé un long dis-
cours qu il a su rendre éloquent lorsqu il
s'avisa de lire une lettre de Gambetta.
Lette lettre adressée en 1874*3 Mme
Adam, à une époque où les amis de M.
Aynard traitaient couramment Gambetta
Ide « fou furieux », a, paraît-il, l'extra-
ordinaire mérite de commenter la situa-
tion politique actuelle.
Gambetta fut donc très applaudi.
M. Aynard le fut moins lorsqu'il entre-
prit la critique de « l'esprit qui règne ac-
tuellement au Parlement où les intérêts
vitaux du pays sont subordonnés aux in-
térêts mesquins des coteries ».
Non pas que ces critiques ne fussent
pas fondées, mais parce qu'il apparut
clairement à tous que M. Aynard n'était
pas précisément qualifié pour faire le
procès des « intérêts des coteries » et du
népotisme. Ses auditeurs interloqués
éprouvèrent un sentiment de gêne subit
en considérant les pieds — légendaires
— de M. Aynard lourdement mis dans
le plat de M. Jonnart.
Car s'il est un homme qui personnifie
l'arrivisme, la prédominance des intérêts
particuliers sur l'intérêt général, le « bé-
néficiaire » d'un régime de favoritisme et
de bon plaisir, c'est, bien M. Jonnart,
propre gendre de M. Aynard, député et.
conseiller général du Pas-de-Calais,
vice-roi d'Algérie, président du conseil
d'administration de la Compagnie du
Canal de Suez, simplement.
M. Aynard, dont 1 aspect famélique,
indique bien les dures épreuves et les
cruelles privations qu'il a dû subir dans
l'opposition libérale, était bien qualifié,
en effet, pour dénoncer une politique de
profits dont son gendre comme disait -
naguère ! — M. Clemenceau, n'a « connu
que le salaire ».
11 sied vraiment à l'un des chefs de la
classe digérante d'açc.abler de ses lour-
des railleries les représentants de la na-
tion qui « subordonnent les intérêts' vi-
taux du pays à des préoccupations mes-
quines ii.
Comprenez-vous ces hommes qui pous-
sent l'amour des fonctions et lesprit de
servitude jusqu'à quémander du gouver-
nement pour leurs neveux quelque loin-
taine sous-préfecture ? Il est temps de
leur opposer le superbe "désintéressement
de ces Libéraux qui n'admettent pour leur
gendre qu'une vice-royauté et 400.000
misérables 'francs de traitement annuef.
Et les Débats, enthousiasmés, de s'é-
crier : « Il n'est pas de ceux qui ont de-
mandé à la politique des satisfactions
(personnelles. »
- Même manié avec cette grâce ironique,
le pavé de l'ours est toujours redouta-
ble.
Nous en reparlerons ; Rendez-vous
aux mines de l'Ouenza.
N om
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mercredi:
Lever du soleil à 6 h. 42; coucher à
4 h. 46. -
— Première -à l'Athénée : Arsène Lupin.
— Courses au Tremblay.
Maujaniana.
L'autre soir au moment de se -rendre
à la représentation de gala du Guignol
Lyonnais, il se contemplait dans une
des magnifiques glaces de la préfecture;
du Rhône.
Il voyait ses cheveux blancs, sa
« patte d'oie », son teint parcheminé.
— « C'est curieux dit-il, les miroirs
d'à présent ne sont pas aussi ressem-
blants que ceux d'autrefois »
I.
Tué par un poisson
Un pêcheur malais de Tanjong-To-
kong était avec un de ses camarades
dans son petit bateau quand un pois-
son-épée de près de 40 centimètres de
longueur sortant de la surface de la
mer, vint lui enfoncer dans la poitrine
son museau aigu. Le poisson toucha
le cœur.Le Malais poussa un cri et tom-
ba à la renverse. Il était mort. Le pois-
son était retombé à la mer.
Ce genre de mort est encore assez fré-
quent dans le Tongkha et le Pungha,
sur les côtes des Indes néerlandaises.
Les poissons-épées sont très redoutés
des pêcheurs. Il y a même sur ce sujet
un proverbe en malais, qui dit : « Nous
pouvons tout affirmer, sauf jurer que
nous ne serons pas tués par un ekanba-
nand. »
AUTREFOIS*
Rappel du 29 octobre 1872. - M. Alfred
Lamouroux, républicain, est élu conseiller
municipal dans le quartier des Halles. Ce
résultat vient s'ajouter aux résultats répu-
blicains obtenus la semaine dernière, dans
plusieurs départements, où le scrutin était
ouvert pour des élections législatives. La
persistance et l'unanimité de ces. manijes..
tations républicaines déconcerte les droites
de l'Assemblée de Versailles.
Les travaux de réparation de la colonne
de Juillet touchent à leur lin. Bientôt il ne
restera plus trace des érosions causées par
les projectiles de 1871. Il ne reste à remet-
tre en état que le placage en marbre du
piédestal qui a été brisé sur trois de ses la-
ces.
On dit que c'est M. Faye.qui remplacera
leu M. Delaunay, dans la direction de l'Ob-
servatoire.
La construction du théâtre de la Porte-
Saint-Martin avance rapidement. Du côté
de la rue de Bondy, les murs atteignent
déjà la hauteur d'un troisième étage. Au
Théâtre lyrique, les menuisiers ont fini de
poser les boiseries des fenêtres brûlées
en 1871. -
M. Schnœbelé, commissaire sffPxial de
surveillance à la gare de Pagny-sïïr-Mosel-
le, ayant coopéré à l'arrestation d'un vo-
leur, les Allemands lui ont offert 250 tha-
levs. M. Schnœbelé a versé cette somme à
la souscription au profit des orphelins de
la guerre du département de Meurthe-et-
Moselle.
Théophile Gautier a laissé le manuscrit,
complètement terminé, d'un opéra en 5 ac-
tes: le Vampire, dont la musique est de M.
Laltitte, organiste de Saint-Nicolas-des-
Champs.
Ce que produisent les fleurs -
Savez-vous, aimables lectrices qui
vous parfumez, à combien de fleurs la
moindre goutte d'essence coûte la vie ?
Pour 10 kilogrammes de feuilles de
roses, il ne faut pas moins de 5.000 ro-
sierst occupant 1.800 mètres de terrains.
Pour récolter 1.000 kilogrammes de vio-
lettes, on doit couvrir de plants 5.000
mètres de terre, et 30.000 pieds de jas-
mins sont à peine suffisants pour don-
ner un kilogramme de ces fleurs.
C'est à Nice et dans tout le Midi de la
France que se fait cette cultuire.
Ses gages
Palaprat se permettait de grandes li-
bertés avec M. de Vendôme, dont il
était secrétaire des commandements.
« Vous me faites trembler, lui dit un
jour le maréchal de - Catinat, par les
vérités que vous dites au grand prieur.
Oh ! Monsieur, rassurez-vous, répondit
13 Gascon, ce sont mes gages. »
Sans réplique y
Un criminel, que l'on allait pendre,
s'écriait : « Hélas ! ça été malgré moi
si j'ai failli. » On lui répartit : « C'est
aussi malgré toi que l'on va te pendre.»
Chinoiseries administratives ,.'!
L'Etat, n'a jamais eu de plus grand
ennemi que l'Etat. Lisez ceci : :
Un commerçant de province s'est vu
infliger une amende de cent vingt-cinq
francs, outre les frais d'un procès-ver-
bal, pour avoir apposé, sur une affiche
soumise par sa dimension à un droit
de six centimes, un timbre-poste 'de
'quinze centjmes.Il a donc été condamné
pour le délit de prodigalité. Récipro-
quement, s'il eût affranchi une lettre
d'un timbre d'effet de commerce de cin-
quante centimes, il eût été poursuivi
également. -
Il serait, si simple, pourtant, si prati-
, que et si intelligent,, d'unifier les ser-
vices cte perception. Pourquoi cette sé-
rie spéciale de timbres pour ehaque ca-
tégorie d'impôts ?
Equitation
Un Vénitien qui n'était jamais sorti
'de Venise, et qui, par cette raison, ne
devait pas être bon cavalier, étant
monté pour la première fois sur un
cheval rétif qui ne voulait pas même
avancer, quoiqu'il lui fit sentir l'épe-
Ton, tira son mouchoir de sa poche, et
J'ayalnt exposé au vent, il dit : « Je ne
m'étonne'i¥us si ce-cheval n'avance pas,
il vento e contrario » (le venfr-est con-
traire).
Tabouret à-la cour
Mme la duchesse-de 'ayant perttu
les honneurs du Louvre et le tabouret^
en épousant M. le marquis de di.
sait qu'elle avait mieux aimé- être cou-
chée qu'assise.
La démission de M. Picard-
Nous sommes informés — de bonne sour-
ce — que M. le garde des sceaux a fait te-
nir à M. le président du conseil, une note
concluant formellement à l'illégalité absolue
de la nomination comme ministre, d'un con-
seiller d'Etat en fonction.
C'est l'avis que nous avons exprimé dès
le premier jour.
Il est, en effet, d'un incohérence excessive
de laisser siéger dans les conseils du gou-
vernement un fonctionnaire en activité, qui
peut être appelé à contredire et à blâmer
11 propositions de son supérieur hiérarchi-
que.
M. Picard qui se montre rigoureusement
« hiérarchique » avec les ouvriers des arse-
naux placés sous ses ordres, se disposait à
en prendre à son aise avec la « hiérarchie »
du garde des sceaux, sous les ordres duquel
ii est placé.
M. Clemenceau, en présence des protes-
lations générales soulevées par J'illégalité-
.Iu décret, attribuant le fauteuil de Colbert
oa-d « malfaiteur public », a mis ce dernier
en demeure de donner sa démission de pré-
sident de section au Conseil d'Etat.
Mais on affirme que M. Picard sentant le
fauteuil de Colbert largement percé, et fai-
sant eau comme un simple cuirassé, préfé-
rerait donner sa démission de ministre et
conserver son rond de cuir au Conseil
d'Etat.
A la dernière heure, il se tâtait encore.
Le mal dont nous souliroits
Penché (avec la sollicitude que l'on saH)
au chevet des divers ministères qui précé-
dèrent le sien ,1e docteur Clemenceau — na-
guère ! — formula ce diagnostic précis :
Pour comprendre ce qui nous arrive, il
n'est besoin que de découvrir la contradic-
tion entre l'état de fait où nous maintenons
notre République française, et les thèses et
les promesses d'où cette République préci-
sément est sortie.
L'acte est en opposition directe avec la
pensée :. Voilà le mal dont nous souffrons
Et comme la transformation de l'idée en
action est l'œuvre de la volonté, il faut
donc qu'il y ait une insuffisance de volition
à la source du mal social que nous excel-
lons à décrire, dont le remède nous est con-
nu, mais dont le traitement nous fait peur.
Nous différons, nous ajournons, nous at-
tendons on ne sait quoi qui nous dispensera
de vouloir et de faire, nous sommes chaus-
sés de cettc doctrine, chère aujourd'hui, au
socialisme lui-même, que le gouvernement
doit sacrifier au pouvoir les idées mêmes
qui lui ont donné le pouvoir.
Moyennant quoi, ministres et députés, se
procurent toutes les illusions de l'action
vans avoir les soucis (ni les joies) de l'ac-
tion elle-même.
Et voilà ! Seulement en diagnostiquant
chez les autres « l'insuffisance de volition
source du mal », le docteur Clemenceau ne
se doutait guère qu'il contracterait lui-mê-
me ce mal affreux, au chevet des ministè-
res qu'il enterra.
Encore un manyr de la" science !
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Le pape remercie
les catholiques anglais
Une dépêche de Londres nous apprend
que Varchevêque de Westminster a reçu
une lettre par laquelle le pape lui témoigne
sa satisfaction du Congrès eucharistique,
qui s'est tenu à Londres, il y a quelques se-
maines.
Le pape a mis le temps à envoyer ses re-
merciements, mais il a de si nombreuses
occupations.
Ce Congrès, dit-il en substance, a été le plus
■brillant de tous par le nombre des personnages
illustres qu'il a assemblés, la haute valeur de ses
délibérations, par les manifestations de loi et
de dévotion pour la Sainte-Eucharistie, ainsi
Que par la grande beauté des cérémonies de la
religion.
Le succès en est dû d'abord à Dieu et ensuite
aux efforts de l'archevêque, efforts dignement
l'écompenséspar le noble et merveilleux élan
de foi de ses ouailles..
Je ne * sais pas si le Dieu des catholiques
s'est beaucoup dérangé pour assurer le suc-
cès dit Congrès catholique,mais ce qui n'est
pas douteux, c'est que les cléricaux anglais
se sont donné énormément de mal pour mé-
riter les éloges du pape. :;
Les bonnes ouailles anglaises ont fait
plus que manifester bruyamment leur
amour de la foi catholique. Elles ont sorti
de leur portefeuille des liasses de bankno-
tes qu'elles ont converties en acquisitions
de riches cadeaux pour le pape, et c'est cer-
tainement ce qui a le plus vivement touché
« Sa Sainteté o. <
Les coffres-forts de la Grande-Bretagne,
comme ceux de -l'Amérique, intéressent plus
le Vatican, que tous les -actes de dévotion.
En y mettant le prix, l'Angleterre finira
par mériter le titre, actuellement vacant, de
« fille aînée de l'Ealis n. — IL G.
LIBRE-PENSEE
L'Ecole républicaine
Les projets du Gouvernement, — Fréquentation de l'Ecofe. — !
Défense de l'Enseignement laïque. *
La discussion des projets de loi pré-
sentés au Parlement, par le gouverne-
ment, semble préoccuper l'opinion pu-
bliqueHurtout Je législateur. Il-est ques-'
tion, dans ces deux projets, de deux
choses bien distinctes : 1* assurer la
fréquentation scolaire ; 2° défendre Ren-
seignement laïque contre les "attaqués
toujours renouvelées du parti clérical.
Fréquentation scolaire
Les récents articles de Mé F. Buisson
sur le dénombrement des illettrés en-
France, ont ému, à juste titre, le parti-
républicain. Les statistiques démon-
trent qu'au lieu d'avancer il y a, sur ce,
terrain, un recul sensible. : nous corop-"
tons aujourd'hui plus d'illettrés qu'il y,
a dix ans- -
Pour expliquer ce fait regrettable, il
n'y a pas qu'une raison. Peut-être ap-
partient-il, à un professionnel, d'ind
quer l'ensemble de circonstances qui
ont créé l'état de choses que nous dé-
plorons. - -
Caisses des Ecoles
L'instruction est gratuite et obligatoi-
re. La gratuité n'est malheureusement
pas complète. SeuJes,"Œes grandes villes
fournissent aux élèves des écoles pri-
maires, gratuitement, tous les accessoi-
res de l'enseignement : livres et fourni-
tures de toute nature. Cette condition
peut être généralisée, sans trop de dif-
ficultés pour les budgets communaux ;
elde doit l'être pour que l'instruction soit
vraiment gratuite.
Dès l'apparition de la loi d'obligation
des difficultés d'un ordre delicat se sont
présentées. Les lois dè notre pays n'as-
surent pas à tous les mêmes moyens.
Il est des familles nombreuses, des fa-
milles dissociées qui échappent, pour
raison purement humanitaire, à la loi
¡d'obligation. Les caisses des écoles, dont
l'institution a été recommandée par cir-
culaire ministérielle du 12 mai 1867, de-
vaient aider, dans une large mesure, à
la fréquentation scolaire, par les moyens
suivants : faire aux familles nécessi-
teuses des dons de vêtements, de chaus-
isures, de fournitures scolaires ; accor-
der des secours en argent et en nature
à la fille mère ou à la veuve, même
iau chef d'une famille nombreuse, sous
la condition, d'une fréquentation régu-
lière de l'école. «
Les caisses des écoles se sont consti-
tuées. Elles sont parvenues à réunir des
ressources importantes. Malheureuse-
ment., l'emploi de ces ressources n'est
pas, il faut le dire, sérieusement fait.
pas,
Il y a bien, tous les ans, distribution
de vêtements et de chaussures ; iî y aï *
,aussi, des cantines scolaires payanteg li
*à dix centimes par repas. Mais la solli-
citude toute particulière due à l'indi-
.gent, au véritable indigent, n'est pas
■ pratiquée. L'assistance scolaire s'est gé-
.néralisée, au grand détriment des né-
foessiteux qui sont loin d'y. trouver leuri
-ont'Ie plus grand besoin, ceux. par con-
'-séfcuentKjui ont tous les droits, ne reçoi-
vent qjie trop-peu, s'ils sont là le jour
de la distribution.
g-, Commissions scolaires ----
Les commissions scolaires devaient a
surer la fréquentation de l'école, par le
recours aux pénalités fixées par la loi.,'
- S'étant trouvées en présence de gran-
des infortunes, de très grandes misé-*
res ; d'autre part, ayant constaté bien
des fois que les caisses des écoles n'ac-
cordaient que rarement des secours suf-,
fisants aux nécessiteux, ces commis;
sions ont renoncé à l'application des pé-
.nalités. Il était par trop inhumain eti;,
injuste de frapper les plus déshérités.
Aujourd'hui, les commissions scolaires;
ne sont qu'une, ombre qui s'efface de'; ;
plus en plus. -
Le projet du gouvernement tend'à dé- •
placer l'exécutif des» commissions sco-
(1 aires pour en obtenir une action plus.
effi-cace. Certes, ce déplacement est ài
désirer, mais s'il est fait sans que les
caisses des écoles soient tenues à rem-
plir- rigoureusement le rôle pour lequel
elles ont été créées ; si un conseil d'ad^,
ministration responsable de la questioM
n'est pas placé à la tête de ces. sociétés,,'
il eSt certain que le déplacement des
commissions scolaires ne produira past
le résultat qui semble attendu. Les co-nf^
missaires de police et les juges de paix*
sont des hommes et de braves gens.
Qnand il s'agira de frapper d'une pér
nalité quelconque un chef de- famille? ;
qui a de la peine à donner un peu dé, ,
pain noir à sa nombreuse progéniture^
ils ne seront pas plus inhumains, qui
des conseillers municipaux. f rapper ce
chef de famille, ce sera toujours privée
la-rfamille du pain noir indispensable.
Les caisses des écoles et les commis-
sions scolaires sont inséparables. Elles
sont deux institutions créées dans lei
même but. Pour assurer la fréquenta-
tion scolaire, il faut absolument que les;,
deux institutions soient améliorées, par
une refonte sérieuse. Si le Parlement;
déplace les commissions scolaires, il,:
doit déplacer aussi la gestion des caisses
des écoles.
(A suivre). P. Courrèges.
«
A LA CHAMBRE
On demande pour les instituteurs, le droit d'être maises et
adjoints. — Le ministre refuse. --- La Réforme fiscale ;.
-,' ¡" et le Budget des Finances. j
M. Rabier préside.
A propos du budget de l'instruction publi-
que, dont on commence l'examen, M.
Alexandre Blanc pose une question au mi-
nistre sur l'incompatibilité, récemment pro-
clamée, des fonctions de maire et d'institu-
teur.
M. Alexandre Diane. — J'ai demandé au mi-
nistre de l'instruction publique à le question-
ner sur l'interdiction faite par la circulaire mi-
nistérielle aux instituteurs d'exercer les fonc-
tions de maire et d'adjoint.
Il y a là une mesure à la fois illégale, mala-
droite et injustifiée qui ne saurait être main-
tenue.
M. Doumergue, ministre de l'instruction pu-
blique. — Si je n'étais pas ici pour répondre à
M. Blanc, j'y serais pour répondre à une ques-
tion en sens contraire. Là mesure rappelée par
ma circulaire est légale. --.
C'est la loi de 1886 qui interdit, très neue-
ment, aux instituteurs les fonctions administra-
tives. à la seule exception de celles de secré-
taire de mairie, après approbation du conseil
départemental.
Un arrêté et un avis précis du Conseil d'Etat,
du 17 mai 1889 notamment, ont très nettement
déterminé que l'instituteur ne pouvait exercer
les fonations de maire.
Je crois rendre service aux instituteurs eh les
mettant en garde contre des suggestions qui
peuvent nuire à eux-mêmes et à l'instruction
même qui leur est confiée.
Je leur demande, dans des circonstances si
difficiles de laire corps autour de ceux qui les
uI.:lendent, au lieu de tirailler dans des sens dif-
férents. Aussi longtemps que la législation sera
ce qu'elle est, j'estime ne pouvoir m'en tenir
qu'a elle. (Bruit à l'extrême-gauche. — Applau-
dissements au centre et à gauche.)
La question est transformée en interpel-
lation. f.,:
M. Gheusi. — J'estime que 1'in.teprétation de
l'article 25 de la loi du 30 octobre 1886 par le
Conseil d'fijat est inexacte. Visiblement, le sens
de fonction. administrative, dont parle cet arti-
ctefcest celui d'une fonction rétribuée.
fiéîls fonctions de maire n'ont, à aucun égard,
le caractère de fonctions publiques proprement
dites. Cela ressort et de l'absence de versement
pour la retraite, et de l'absence de recours con-
tre les décisions de l'autorité supérieure, etc.
Mais vous permettez à l'instituteur de rester
conseiller municipal, c'est-à-dire d'être un maire
en puissance : est-ce logique ?
DISCOURS DE M. DOUMERGUE
M. Doumergue réplique à M. Gheusi :
M. Doumergue. ministre de l'instruction pu-
blique. — M. Gheusi veu.t transformer la Cham-
bre en cour d'appel, appelée à se prononcer sur
les arrêts du Conseil d'Etat. Nous ne saurions
accepter ce rôle. L'interprétation constante du
Conseil
Conseil d'Etat a ét-6,Ce'que .-nmis avons -dit : el-le
voit dans les' fonctions de maire des fonctions
administrative
En reante, ceue interprétation, qui n avait ja-
mais soulevé le moindre débat, a été attaquée;
par des amis imprudents des instituteurs qui ont
voulu les présenter comme des sacrifies.
M. Alexandre Blanc. - Et qui, ces impru-
dents ?
M. Doumergue. — Vous, monsieur Blanc 1
(Bruit à l'extrême-gauche.)
M. Betoulle. — Vous voulez faire plaisir à Ja
droite I -
M. Doumergue. - On veuj discuter sur des
pointes d'aiguilles, sur des arguments d'école.'
Ce n'est pas en s'embusquant ainsi au coin d'un;
texte qu'on élucide une loi ; ce n'est nas par
une porte dérobée qu'on peut faire reconnaître ,
un droit aux instituteurs. C'est par une propo-
sition nette. franche. que pareille modification
se réclame.
Je demande aux auteurs de l'interpellation de
dire clairement ce qu'ils veulent ; ce débat n8
doit pas se terminer dans l'équivoque et la con-
fusion. (Applaudissements sur de nombreux-
bancs.) -
Cette réponse est loin rte satisfaire l'ex-
trême-gauche: Aussi délègue-t-elle M. Va-
renne à la tribune :
M. Varenne. — Le ministre n'a pas apporté
ici une argumentation convaincante ; il nous a
prouvé ainsi qu'il avait fait un acte politique.
(Applaudissements à fextrême-gauche.)
Jamais la loi de 1886 ne fut ainsi interprétée ;.
si on cherchait bien, on trouverait plus de 2,0%
instituteurs qui ont exercé les fonctions de maire,,
(Exclamations.) -
J'en connais, pour ma part, qui les ont exer-
cées plus de vingt an. Le Conseil d'Etat a mal
interprété la loi, et la circulaire du ministre a
restreint les droits des instituteurs. ,
M. lourde. — Le code pénal place les maires
en tête de l'énumération des fonctionnaires de
l'ordre administratif.
M. Vareizne. - Si vous voulez l'appuyer, non.
apporterons une proposition qui rétablira le,
vrai sens de la loi. Ceux qui la repousseront
diront par là qu'ils entendent abaisser, dimi-
nuer les droits politiques des instituteurs. (Ap-
plaudissements à l'extrême-gauche. — Protesta-
tions sur divers bancs.)
Par 489 voix contre G2 l'ordre du jour pur\
et simple accepté par le gouvernement est
adoDé.
Au début de la séance, la Chambre avait
adopté un projet de résolution, présenta
par M. Durre, invitant le gouvernement à
déposer un projet de loi pour réglementes* lai
vente de la bière.
LE BUDGET DES FINANCES - »
On reprend la discussion du budget ail
Chapitre 85 des finances (Matériel des doua-
nes).
M. Siegfried demande l'amélioration des
douaniers. Au Havre,dit-il, où la caserne re.;..
çoit 800 douaniers, les locaux sont insuffi-
ants et niai aménagés, surtout eaur les
douaniers mariés.
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- Adresser lettres et mandats à F Administrateur il
- TRIBUNE LIBRE
.- 14
Le RMiiïEitÉiwiiyEiisrrt
La Chambre, qui mène de
front la discussion de l'im-
pôt sur le revenu et celle du
budget de l'exercice 1909,
s'occupefaujourd'hui même,
des dépenses relatives à
l'instruction publique. Elle a été saisie
à ce sujet d'un très intéressant rapport
dû à la plume de notre collaborateur et
ami Steeg qui, se soutenant qu'il avait
jadis appartenu à l'Université avant de
siéger à la Chambre, a tenu à plaider
devant le Parlement la cause de ses
anciens collègues. '-
Il en est peu de plus justes et de
plus dignes de retenir l'attention du
législateur. ,'.,
Lorsque, il y a quelques années, j'é-
tais moi-même rapporteur du budget de
l'instruction publique, j'avais signalé
r émotion ressentie par tous les amis de
l'école laïque, et en particulier par les
inspecteurs d'Académie, qui se plai-
gnaient de voir chaque année diminuer
le nombre des candidats aux écoles nor-
males.
Il y avait là, pour l'avenir de notre
enseignement primaire, un réel danger.
Nous risquions, en effet, de n'avoir pas
des maitres en nombre suffisant, au
moment même où l'Etat républicain,
par la suppression des écoles congré-
ganistes, assumait une charge plus lour-
de que par le passé. En admettant
même que les maîtres fussent assez
nombreux, il était à craindre que, par
suite du nombre restreint des candidats,
toute sélection devînt impossible et que
l'on en fût réduit à accepter presque
tous ceux qui se présentaient, sans exi-
ger d'eux l'aptitude et la valeur indis-
pensables.
Le gouvernement a compris le dan-
ger. Puissamment soutenu par la com-
mission du budget, il a demandé aux
Chambres de s'imposer le sacrifice né-
cessaire pour mieux rémunérer nos ins-
tituteurs et institutrices, espérant ainsi
ramener, vers la carrière de l'enseigne-
ment, ceux qui étaient tentés de s'en
éloigner.
M. Steeg, dans son rapport sur le
budget de 1909, put ainsi constater que,
pour les maîtres primaires seulement,
on a, depuis cinq ans, augmenté de plus
de trente-six millions le crédit destiné
à rémunérer leurs services.
Le résultat ne s'est pas fait attendre.
Dès que le traitement a été relevé, les
candidats aux fonctions d'instituteur
sont devenus beaucoup plus nombreux.
et ainsi a pu être conjurée une crise qui
menaçait dans ses œuvres vives la lé-
gislation scolaire due au gouvernement
de la République.
Mais si, en ce qui concerne l'ensei-
gnement primaire, tout péril semble
écarté, les amis de l'éducation laïque
ne peuvent sans tristesse et sans ap-
préhension envisager, telle que nous la
dépeint M. Steeg, la situation faite à
notre enseignement secondaire.
Là, comme il y a cinq ans pour le pri-
maire, le recrutement de nos profes-
seurs semble de plus en plus difficile.
M. Steeg cite des chiffres desquels il ré-
sulte que, depuis dix ans, le nombre des
- candidats à l'agrégation a diminué de
près des deux tiers. -..
C'est une constatation d'autant plus
alarmante qu'il est à craindre que ce
ne soient pas les plus mauvais candi-
dats qui renoncent à se présenter.
Au moment où l'Etat songe à suppri-
mer ce qui subsiste encore de la loi Fal-
loux et à exiger de ceux qui enseignent
dans les établissements libres, des titres
qui ne leur ont pas été réclamés jus-
qu'ici, il se doit à lui-même et il doit
aux familles de prendre'toutes les me-
sures pour que son personnel ait une
indéniable supériorité.
Cette supériorité, jusqu'ici, elle a été
constatée par des diplômes, mais lors-
que, demain, ceux qui enseigneront
dans les lycées ou collèges et ceux qui
professeront dans les institutions par-
ticulières auront les mêmes titres, il
faut que les fonctions de professeur
(Jans les établissements de l'Etat soient
assez recherchées pour que les familles
aient cette impression que c'est là que
se trouve, en France, 1 élite du corps
enseignant. 1
- Avec beaucoup de raison et beaucoup
de courage, M. Steeg Indique que, dans
l'enseignement secondaire, de même
que dans le primaire, ce sont les mê-
mes causes qui ont produit les mêmes
effets. >..
-. Si, depuis vingt-cinq ou trente ans,
on a amélioré à différentes reprises la
situation des instituteurs et l'on a
Men fait — rien n'a AJA tenté pour-reu-
*
dre plus brillante celle des professeurs
de lycée.
Dans les petites comme dans - les
grandes villes, le prix de la vie a plus
que doublé, et les traitements sont res-
tés les mêmes. Faut-il, dans ces condi-
tions, s'étonner que des hommes distin-
gués préfèrent chercher ailleurs le
moyen de vivre et d'élever leur famille,
plutôt que de végéter dans une condi-
tion, honorable sans doute, mais médio-
cre ?
Sur l'invitation de la Chambre, le mi-
nistre de l'instruction publique, il y a
près de trois ans, a institué une com-
mission chargée de coordonner les trai-
tements du personnel secondaire. J'a-
vais l'honneur d'être, avec M. Liard,
vice-président de cette commission.Á que
présidait M. Bienvenu-Martin. Elle a
foirt activement poussé ses travaux. De-
puis deux ans, elle a déposé son rap-
port et saisi le ministre de ses conelu-
sions.
Mais aucune encore n'a été formulée
en projet de loi. Qu'attend-on pour le
faire ? M. Steeg a jeté un cri d'alarme
et signalé le mal. Au gouvernement il
appartient de proposer le iremède.Celui-
ci est connu. Il ne faut qu'un peu de
bonne volonté pour l'appliquer. M. Dou-
mergue est un ministre trop averti de
tout ce qui touche à son département
pour que nous ne soyons pas assufrés
qu'il fera siennes les propositions de la
commission extiraparlementaire.
S'il n'en devait pas être ainsi, quel
besoin y avait-il de réunir cette com-
mission ?
Alfred MASSE,
Député de-la Nièvre.
LA POLITIQUE
- UN DISCOURS
M. Aynard, député de l'ar-
chevêché de Lyon, opérait di-
manche dernier dans le Rhône,
centre habituel de ses opéra-
tions politico-ifnancières.
Il a prononcé un long dis-
cours qu il a su rendre éloquent lorsqu il
s'avisa de lire une lettre de Gambetta.
Lette lettre adressée en 1874*3 Mme
Adam, à une époque où les amis de M.
Aynard traitaient couramment Gambetta
Ide « fou furieux », a, paraît-il, l'extra-
ordinaire mérite de commenter la situa-
tion politique actuelle.
Gambetta fut donc très applaudi.
M. Aynard le fut moins lorsqu'il entre-
prit la critique de « l'esprit qui règne ac-
tuellement au Parlement où les intérêts
vitaux du pays sont subordonnés aux in-
térêts mesquins des coteries ».
Non pas que ces critiques ne fussent
pas fondées, mais parce qu'il apparut
clairement à tous que M. Aynard n'était
pas précisément qualifié pour faire le
procès des « intérêts des coteries » et du
népotisme. Ses auditeurs interloqués
éprouvèrent un sentiment de gêne subit
en considérant les pieds — légendaires
— de M. Aynard lourdement mis dans
le plat de M. Jonnart.
Car s'il est un homme qui personnifie
l'arrivisme, la prédominance des intérêts
particuliers sur l'intérêt général, le « bé-
néficiaire » d'un régime de favoritisme et
de bon plaisir, c'est, bien M. Jonnart,
propre gendre de M. Aynard, député et.
conseiller général du Pas-de-Calais,
vice-roi d'Algérie, président du conseil
d'administration de la Compagnie du
Canal de Suez, simplement.
M. Aynard, dont 1 aspect famélique,
indique bien les dures épreuves et les
cruelles privations qu'il a dû subir dans
l'opposition libérale, était bien qualifié,
en effet, pour dénoncer une politique de
profits dont son gendre comme disait -
naguère ! — M. Clemenceau, n'a « connu
que le salaire ».
11 sied vraiment à l'un des chefs de la
classe digérante d'açc.abler de ses lour-
des railleries les représentants de la na-
tion qui « subordonnent les intérêts' vi-
taux du pays à des préoccupations mes-
quines ii.
Comprenez-vous ces hommes qui pous-
sent l'amour des fonctions et lesprit de
servitude jusqu'à quémander du gouver-
nement pour leurs neveux quelque loin-
taine sous-préfecture ? Il est temps de
leur opposer le superbe "désintéressement
de ces Libéraux qui n'admettent pour leur
gendre qu'une vice-royauté et 400.000
misérables 'francs de traitement annuef.
Et les Débats, enthousiasmés, de s'é-
crier : « Il n'est pas de ceux qui ont de-
mandé à la politique des satisfactions
(personnelles. »
- Même manié avec cette grâce ironique,
le pavé de l'ours est toujours redouta-
ble.
Nous en reparlerons ; Rendez-vous
aux mines de l'Ouenza.
N om
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mercredi:
Lever du soleil à 6 h. 42; coucher à
4 h. 46. -
— Première -à l'Athénée : Arsène Lupin.
— Courses au Tremblay.
Maujaniana.
L'autre soir au moment de se -rendre
à la représentation de gala du Guignol
Lyonnais, il se contemplait dans une
des magnifiques glaces de la préfecture;
du Rhône.
Il voyait ses cheveux blancs, sa
« patte d'oie », son teint parcheminé.
— « C'est curieux dit-il, les miroirs
d'à présent ne sont pas aussi ressem-
blants que ceux d'autrefois »
I.
Tué par un poisson
Un pêcheur malais de Tanjong-To-
kong était avec un de ses camarades
dans son petit bateau quand un pois-
son-épée de près de 40 centimètres de
longueur sortant de la surface de la
mer, vint lui enfoncer dans la poitrine
son museau aigu. Le poisson toucha
le cœur.Le Malais poussa un cri et tom-
ba à la renverse. Il était mort. Le pois-
son était retombé à la mer.
Ce genre de mort est encore assez fré-
quent dans le Tongkha et le Pungha,
sur les côtes des Indes néerlandaises.
Les poissons-épées sont très redoutés
des pêcheurs. Il y a même sur ce sujet
un proverbe en malais, qui dit : « Nous
pouvons tout affirmer, sauf jurer que
nous ne serons pas tués par un ekanba-
nand. »
AUTREFOIS*
Rappel du 29 octobre 1872. - M. Alfred
Lamouroux, républicain, est élu conseiller
municipal dans le quartier des Halles. Ce
résultat vient s'ajouter aux résultats répu-
blicains obtenus la semaine dernière, dans
plusieurs départements, où le scrutin était
ouvert pour des élections législatives. La
persistance et l'unanimité de ces. manijes..
tations républicaines déconcerte les droites
de l'Assemblée de Versailles.
Les travaux de réparation de la colonne
de Juillet touchent à leur lin. Bientôt il ne
restera plus trace des érosions causées par
les projectiles de 1871. Il ne reste à remet-
tre en état que le placage en marbre du
piédestal qui a été brisé sur trois de ses la-
ces.
On dit que c'est M. Faye.qui remplacera
leu M. Delaunay, dans la direction de l'Ob-
servatoire.
La construction du théâtre de la Porte-
Saint-Martin avance rapidement. Du côté
de la rue de Bondy, les murs atteignent
déjà la hauteur d'un troisième étage. Au
Théâtre lyrique, les menuisiers ont fini de
poser les boiseries des fenêtres brûlées
en 1871. -
M. Schnœbelé, commissaire sffPxial de
surveillance à la gare de Pagny-sïïr-Mosel-
le, ayant coopéré à l'arrestation d'un vo-
leur, les Allemands lui ont offert 250 tha-
levs. M. Schnœbelé a versé cette somme à
la souscription au profit des orphelins de
la guerre du département de Meurthe-et-
Moselle.
Théophile Gautier a laissé le manuscrit,
complètement terminé, d'un opéra en 5 ac-
tes: le Vampire, dont la musique est de M.
Laltitte, organiste de Saint-Nicolas-des-
Champs.
Ce que produisent les fleurs -
Savez-vous, aimables lectrices qui
vous parfumez, à combien de fleurs la
moindre goutte d'essence coûte la vie ?
Pour 10 kilogrammes de feuilles de
roses, il ne faut pas moins de 5.000 ro-
sierst occupant 1.800 mètres de terrains.
Pour récolter 1.000 kilogrammes de vio-
lettes, on doit couvrir de plants 5.000
mètres de terre, et 30.000 pieds de jas-
mins sont à peine suffisants pour don-
ner un kilogramme de ces fleurs.
C'est à Nice et dans tout le Midi de la
France que se fait cette cultuire.
Ses gages
Palaprat se permettait de grandes li-
bertés avec M. de Vendôme, dont il
était secrétaire des commandements.
« Vous me faites trembler, lui dit un
jour le maréchal de - Catinat, par les
vérités que vous dites au grand prieur.
Oh ! Monsieur, rassurez-vous, répondit
13 Gascon, ce sont mes gages. »
Sans réplique y
Un criminel, que l'on allait pendre,
s'écriait : « Hélas ! ça été malgré moi
si j'ai failli. » On lui répartit : « C'est
aussi malgré toi que l'on va te pendre.»
Chinoiseries administratives ,.'!
L'Etat, n'a jamais eu de plus grand
ennemi que l'Etat. Lisez ceci : :
Un commerçant de province s'est vu
infliger une amende de cent vingt-cinq
francs, outre les frais d'un procès-ver-
bal, pour avoir apposé, sur une affiche
soumise par sa dimension à un droit
de six centimes, un timbre-poste 'de
'quinze centjmes.Il a donc été condamné
pour le délit de prodigalité. Récipro-
quement, s'il eût affranchi une lettre
d'un timbre d'effet de commerce de cin-
quante centimes, il eût été poursuivi
également. -
Il serait, si simple, pourtant, si prati-
, que et si intelligent,, d'unifier les ser-
vices cte perception. Pourquoi cette sé-
rie spéciale de timbres pour ehaque ca-
tégorie d'impôts ?
Equitation
Un Vénitien qui n'était jamais sorti
'de Venise, et qui, par cette raison, ne
devait pas être bon cavalier, étant
monté pour la première fois sur un
cheval rétif qui ne voulait pas même
avancer, quoiqu'il lui fit sentir l'épe-
Ton, tira son mouchoir de sa poche, et
J'ayalnt exposé au vent, il dit : « Je ne
m'étonne'i¥us si ce-cheval n'avance pas,
il vento e contrario » (le venfr-est con-
traire).
Tabouret à-la cour
Mme la duchesse-de 'ayant perttu
les honneurs du Louvre et le tabouret^
en épousant M. le marquis de di.
sait qu'elle avait mieux aimé- être cou-
chée qu'assise.
La démission de M. Picard-
Nous sommes informés — de bonne sour-
ce — que M. le garde des sceaux a fait te-
nir à M. le président du conseil, une note
concluant formellement à l'illégalité absolue
de la nomination comme ministre, d'un con-
seiller d'Etat en fonction.
C'est l'avis que nous avons exprimé dès
le premier jour.
Il est, en effet, d'un incohérence excessive
de laisser siéger dans les conseils du gou-
vernement un fonctionnaire en activité, qui
peut être appelé à contredire et à blâmer
11 propositions de son supérieur hiérarchi-
que.
M. Picard qui se montre rigoureusement
« hiérarchique » avec les ouvriers des arse-
naux placés sous ses ordres, se disposait à
en prendre à son aise avec la « hiérarchie »
du garde des sceaux, sous les ordres duquel
ii est placé.
M. Clemenceau, en présence des protes-
lations générales soulevées par J'illégalité-
.Iu décret, attribuant le fauteuil de Colbert
oa-d « malfaiteur public », a mis ce dernier
en demeure de donner sa démission de pré-
sident de section au Conseil d'Etat.
Mais on affirme que M. Picard sentant le
fauteuil de Colbert largement percé, et fai-
sant eau comme un simple cuirassé, préfé-
rerait donner sa démission de ministre et
conserver son rond de cuir au Conseil
d'Etat.
A la dernière heure, il se tâtait encore.
Le mal dont nous souliroits
Penché (avec la sollicitude que l'on saH)
au chevet des divers ministères qui précé-
dèrent le sien ,1e docteur Clemenceau — na-
guère ! — formula ce diagnostic précis :
Pour comprendre ce qui nous arrive, il
n'est besoin que de découvrir la contradic-
tion entre l'état de fait où nous maintenons
notre République française, et les thèses et
les promesses d'où cette République préci-
sément est sortie.
L'acte est en opposition directe avec la
pensée :. Voilà le mal dont nous souffrons
Et comme la transformation de l'idée en
action est l'œuvre de la volonté, il faut
donc qu'il y ait une insuffisance de volition
à la source du mal social que nous excel-
lons à décrire, dont le remède nous est con-
nu, mais dont le traitement nous fait peur.
Nous différons, nous ajournons, nous at-
tendons on ne sait quoi qui nous dispensera
de vouloir et de faire, nous sommes chaus-
sés de cettc doctrine, chère aujourd'hui, au
socialisme lui-même, que le gouvernement
doit sacrifier au pouvoir les idées mêmes
qui lui ont donné le pouvoir.
Moyennant quoi, ministres et députés, se
procurent toutes les illusions de l'action
vans avoir les soucis (ni les joies) de l'ac-
tion elle-même.
Et voilà ! Seulement en diagnostiquant
chez les autres « l'insuffisance de volition
source du mal », le docteur Clemenceau ne
se doutait guère qu'il contracterait lui-mê-
me ce mal affreux, au chevet des ministè-
res qu'il enterra.
Encore un manyr de la" science !
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Le pape remercie
les catholiques anglais
Une dépêche de Londres nous apprend
que Varchevêque de Westminster a reçu
une lettre par laquelle le pape lui témoigne
sa satisfaction du Congrès eucharistique,
qui s'est tenu à Londres, il y a quelques se-
maines.
Le pape a mis le temps à envoyer ses re-
merciements, mais il a de si nombreuses
occupations.
Ce Congrès, dit-il en substance, a été le plus
■brillant de tous par le nombre des personnages
illustres qu'il a assemblés, la haute valeur de ses
délibérations, par les manifestations de loi et
de dévotion pour la Sainte-Eucharistie, ainsi
Que par la grande beauté des cérémonies de la
religion.
Le succès en est dû d'abord à Dieu et ensuite
aux efforts de l'archevêque, efforts dignement
l'écompenséspar le noble et merveilleux élan
de foi de ses ouailles..
Je ne * sais pas si le Dieu des catholiques
s'est beaucoup dérangé pour assurer le suc-
cès dit Congrès catholique,mais ce qui n'est
pas douteux, c'est que les cléricaux anglais
se sont donné énormément de mal pour mé-
riter les éloges du pape. :;
Les bonnes ouailles anglaises ont fait
plus que manifester bruyamment leur
amour de la foi catholique. Elles ont sorti
de leur portefeuille des liasses de bankno-
tes qu'elles ont converties en acquisitions
de riches cadeaux pour le pape, et c'est cer-
tainement ce qui a le plus vivement touché
« Sa Sainteté o. <
Les coffres-forts de la Grande-Bretagne,
comme ceux de -l'Amérique, intéressent plus
le Vatican, que tous les -actes de dévotion.
En y mettant le prix, l'Angleterre finira
par mériter le titre, actuellement vacant, de
« fille aînée de l'Ealis n. — IL G.
LIBRE-PENSEE
L'Ecole républicaine
Les projets du Gouvernement, — Fréquentation de l'Ecofe. — !
Défense de l'Enseignement laïque. *
La discussion des projets de loi pré-
sentés au Parlement, par le gouverne-
ment, semble préoccuper l'opinion pu-
bliqueHurtout Je législateur. Il-est ques-'
tion, dans ces deux projets, de deux
choses bien distinctes : 1* assurer la
fréquentation scolaire ; 2° défendre Ren-
seignement laïque contre les "attaqués
toujours renouvelées du parti clérical.
Fréquentation scolaire
Les récents articles de Mé F. Buisson
sur le dénombrement des illettrés en-
France, ont ému, à juste titre, le parti-
républicain. Les statistiques démon-
trent qu'au lieu d'avancer il y a, sur ce,
terrain, un recul sensible. : nous corop-"
tons aujourd'hui plus d'illettrés qu'il y,
a dix ans- -
Pour expliquer ce fait regrettable, il
n'y a pas qu'une raison. Peut-être ap-
partient-il, à un professionnel, d'ind
quer l'ensemble de circonstances qui
ont créé l'état de choses que nous dé-
plorons. - -
Caisses des Ecoles
L'instruction est gratuite et obligatoi-
re. La gratuité n'est malheureusement
pas complète. SeuJes,"Œes grandes villes
fournissent aux élèves des écoles pri-
maires, gratuitement, tous les accessoi-
res de l'enseignement : livres et fourni-
tures de toute nature. Cette condition
peut être généralisée, sans trop de dif-
ficultés pour les budgets communaux ;
elde doit l'être pour que l'instruction soit
vraiment gratuite.
Dès l'apparition de la loi d'obligation
des difficultés d'un ordre delicat se sont
présentées. Les lois dè notre pays n'as-
surent pas à tous les mêmes moyens.
Il est des familles nombreuses, des fa-
milles dissociées qui échappent, pour
raison purement humanitaire, à la loi
¡d'obligation. Les caisses des écoles, dont
l'institution a été recommandée par cir-
culaire ministérielle du 12 mai 1867, de-
vaient aider, dans une large mesure, à
la fréquentation scolaire, par les moyens
suivants : faire aux familles nécessi-
teuses des dons de vêtements, de chaus-
isures, de fournitures scolaires ; accor-
der des secours en argent et en nature
à la fille mère ou à la veuve, même
iau chef d'une famille nombreuse, sous
la condition, d'une fréquentation régu-
lière de l'école. «
Les caisses des écoles se sont consti-
tuées. Elles sont parvenues à réunir des
ressources importantes. Malheureuse-
ment., l'emploi de ces ressources n'est
pas, il faut le dire, sérieusement fait.
pas,
Il y a bien, tous les ans, distribution
de vêtements et de chaussures ; iî y aï *
,aussi, des cantines scolaires payanteg li
*à dix centimes par repas. Mais la solli-
citude toute particulière due à l'indi-
.gent, au véritable indigent, n'est pas
■ pratiquée. L'assistance scolaire s'est gé-
.néralisée, au grand détriment des né-
foessiteux qui sont loin d'y. trouver leuri
'-séfcuentKjui ont tous les droits, ne reçoi-
vent qjie trop-peu, s'ils sont là le jour
de la distribution.
g-, Commissions scolaires ----
Les commissions scolaires devaient a
surer la fréquentation de l'école, par le
recours aux pénalités fixées par la loi.,'
- S'étant trouvées en présence de gran-
des infortunes, de très grandes misé-*
res ; d'autre part, ayant constaté bien
des fois que les caisses des écoles n'ac-
cordaient que rarement des secours suf-,
fisants aux nécessiteux, ces commis;
sions ont renoncé à l'application des pé-
.nalités. Il était par trop inhumain eti;,
injuste de frapper les plus déshérités.
Aujourd'hui, les commissions scolaires;
ne sont qu'une, ombre qui s'efface de'; ;
plus en plus. -
Le projet du gouvernement tend'à dé- •
placer l'exécutif des» commissions sco-
(1 aires pour en obtenir une action plus.
effi-cace. Certes, ce déplacement est ài
désirer, mais s'il est fait sans que les
caisses des écoles soient tenues à rem-
plir- rigoureusement le rôle pour lequel
elles ont été créées ; si un conseil d'ad^,
ministration responsable de la questioM
n'est pas placé à la tête de ces. sociétés,,'
il eSt certain que le déplacement des
commissions scolaires ne produira past
le résultat qui semble attendu. Les co-nf^
missaires de police et les juges de paix*
sont des hommes et de braves gens.
Qnand il s'agira de frapper d'une pér
nalité quelconque un chef de- famille? ;
qui a de la peine à donner un peu dé, ,
pain noir à sa nombreuse progéniture^
ils ne seront pas plus inhumains, qui
des conseillers municipaux. f rapper ce
chef de famille, ce sera toujours privée
la-rfamille du pain noir indispensable.
Les caisses des écoles et les commis-
sions scolaires sont inséparables. Elles
sont deux institutions créées dans lei
même but. Pour assurer la fréquenta-
tion scolaire, il faut absolument que les;,
deux institutions soient améliorées, par
une refonte sérieuse. Si le Parlement;
déplace les commissions scolaires, il,:
doit déplacer aussi la gestion des caisses
des écoles.
(A suivre). P. Courrèges.
«
A LA CHAMBRE
On demande pour les instituteurs, le droit d'être maises et
adjoints. — Le ministre refuse. --- La Réforme fiscale ;.
-,' ¡" et le Budget des Finances. j
M. Rabier préside.
A propos du budget de l'instruction publi-
que, dont on commence l'examen, M.
Alexandre Blanc pose une question au mi-
nistre sur l'incompatibilité, récemment pro-
clamée, des fonctions de maire et d'institu-
teur.
M. Alexandre Diane. — J'ai demandé au mi-
nistre de l'instruction publique à le question-
ner sur l'interdiction faite par la circulaire mi-
nistérielle aux instituteurs d'exercer les fonc-
tions de maire et d'adjoint.
Il y a là une mesure à la fois illégale, mala-
droite et injustifiée qui ne saurait être main-
tenue.
M. Doumergue, ministre de l'instruction pu-
blique. — Si je n'étais pas ici pour répondre à
M. Blanc, j'y serais pour répondre à une ques-
tion en sens contraire. Là mesure rappelée par
ma circulaire est légale. --.
C'est la loi de 1886 qui interdit, très neue-
ment, aux instituteurs les fonctions administra-
tives. à la seule exception de celles de secré-
taire de mairie, après approbation du conseil
départemental.
Un arrêté et un avis précis du Conseil d'Etat,
du 17 mai 1889 notamment, ont très nettement
déterminé que l'instituteur ne pouvait exercer
les fonations de maire.
Je crois rendre service aux instituteurs eh les
mettant en garde contre des suggestions qui
peuvent nuire à eux-mêmes et à l'instruction
même qui leur est confiée.
Je leur demande, dans des circonstances si
difficiles de laire corps autour de ceux qui les
uI.:lendent, au lieu de tirailler dans des sens dif-
férents. Aussi longtemps que la législation sera
ce qu'elle est, j'estime ne pouvoir m'en tenir
qu'a elle. (Bruit à l'extrême-gauche. — Applau-
dissements au centre et à gauche.)
La question est transformée en interpel-
lation. f.,:
M. Gheusi. — J'estime que 1'in.teprétation de
l'article 25 de la loi du 30 octobre 1886 par le
Conseil d'fijat est inexacte. Visiblement, le sens
de fonction. administrative, dont parle cet arti-
ctefcest celui d'une fonction rétribuée.
fiéîls fonctions de maire n'ont, à aucun égard,
le caractère de fonctions publiques proprement
dites. Cela ressort et de l'absence de versement
pour la retraite, et de l'absence de recours con-
tre les décisions de l'autorité supérieure, etc.
Mais vous permettez à l'instituteur de rester
conseiller municipal, c'est-à-dire d'être un maire
en puissance : est-ce logique ?
DISCOURS DE M. DOUMERGUE
M. Doumergue réplique à M. Gheusi :
M. Doumergue. ministre de l'instruction pu-
blique. — M. Gheusi veu.t transformer la Cham-
bre en cour d'appel, appelée à se prononcer sur
les arrêts du Conseil d'Etat. Nous ne saurions
accepter ce rôle. L'interprétation constante du
Conseil
Conseil d'Etat a ét-6,Ce'que .-nmis avons -dit : el-le
voit dans les' fonctions de maire des fonctions
administrative
En reante, ceue interprétation, qui n avait ja-
mais soulevé le moindre débat, a été attaquée;
par des amis imprudents des instituteurs qui ont
voulu les présenter comme des sacrifies.
M. Alexandre Blanc. - Et qui, ces impru-
dents ?
M. Doumergue. — Vous, monsieur Blanc 1
(Bruit à l'extrême-gauche.)
M. Betoulle. — Vous voulez faire plaisir à Ja
droite I -
M. Doumergue. - On veuj discuter sur des
pointes d'aiguilles, sur des arguments d'école.'
Ce n'est pas en s'embusquant ainsi au coin d'un;
texte qu'on élucide une loi ; ce n'est nas par
une porte dérobée qu'on peut faire reconnaître ,
un droit aux instituteurs. C'est par une propo-
sition nette. franche. que pareille modification
se réclame.
Je demande aux auteurs de l'interpellation de
dire clairement ce qu'ils veulent ; ce débat n8
doit pas se terminer dans l'équivoque et la con-
fusion. (Applaudissements sur de nombreux-
bancs.) -
Cette réponse est loin rte satisfaire l'ex-
trême-gauche: Aussi délègue-t-elle M. Va-
renne à la tribune :
M. Varenne. — Le ministre n'a pas apporté
ici une argumentation convaincante ; il nous a
prouvé ainsi qu'il avait fait un acte politique.
(Applaudissements à fextrême-gauche.)
Jamais la loi de 1886 ne fut ainsi interprétée ;.
si on cherchait bien, on trouverait plus de 2,0%
instituteurs qui ont exercé les fonctions de maire,,
(Exclamations.) -
J'en connais, pour ma part, qui les ont exer-
cées plus de vingt an. Le Conseil d'Etat a mal
interprété la loi, et la circulaire du ministre a
restreint les droits des instituteurs. ,
M. lourde. — Le code pénal place les maires
en tête de l'énumération des fonctionnaires de
l'ordre administratif.
M. Vareizne. - Si vous voulez l'appuyer, non.
apporterons une proposition qui rétablira le,
vrai sens de la loi. Ceux qui la repousseront
diront par là qu'ils entendent abaisser, dimi-
nuer les droits politiques des instituteurs. (Ap-
plaudissements à l'extrême-gauche. — Protesta-
tions sur divers bancs.)
Par 489 voix contre G2 l'ordre du jour pur\
et simple accepté par le gouvernement est
adoDé.
Au début de la séance, la Chambre avait
adopté un projet de résolution, présenta
par M. Durre, invitant le gouvernement à
déposer un projet de loi pour réglementes* lai
vente de la bière.
LE BUDGET DES FINANCES - »
On reprend la discussion du budget ail
Chapitre 85 des finances (Matériel des doua-
nes).
M. Siegfried demande l'amélioration des
douaniers. Au Havre,dit-il, où la caserne re.;..
çoit 800 douaniers, les locaux sont insuffi-
ants et niai aménagés, surtout eaur les
douaniers mariés.
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