Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 26 octobre 1908 26 octobre 1908
Description : 1908/10/26 (N14108). 1908/10/26 (N14108).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
K* 14108.— 4 Bruma P3 An 117. 3 CI^ÎQ CEîVXritlE» LE ÀCHEBO — • LtmaratToctobre 1903. — ;.io_:
LE m SIECIiE
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TRIBUNE LIBRE .-:'
Intervention efficace
Le débat de vendredi a
marqué la défaite définitive
dé ceux qui espéraient voir
la majorité et le gouverne-
ment s'engager dans une po-
litique de réaction antiou-
yfière.
Il est, qu'il me soit permis de le dire,
ia justification éclatante des hommes
qui, au premier jour, se sont opposés
aux sommations des progressistes et des
sonservateurs, et ont affirmé qu'en sui-
vant ces conseils, on ne ferait qu'ac-
sroître le mal et solidariser la masse
laborieuse avec les fauteurs de désor-
dre.
Aux conservateurs, que représentait
M. Pugliési-Conti, aux progressistes,
dont M. Deschanel était le porte-parole,
M. Viviani, au nom du gouvernement,
a fait une réponse péremptoire.
Il a montré que la dissolution de la
Confédération, outre qu'elle entraîne-
rait des conséquences politiques dange-
reuses, n'aurait aucune efficacité. Pour
obtenir, à ce sujet, un résultat réel, il
faudrait, frapper, dissoudre les milliers
de syndicats d'où la Confédération tire
sa vie et qui pourraient toujours, si on
ne mettait fin à leur existence, la re-
constituer du jour au lendemain, sous
une forme ou sous une autre, en cas de
dissolution.
Mais, surtout* le ministre du travail
a prouvé que, même dans ces milieux où
les théories de violence ont eu de si dé-
plorables effets, des résistances énergi-
ques s'organisent contre la tendance
anarchiste. -
Avec des statistiques précises, des
chiffres irréfutables, il a prouvé ce que
je disais l'autre jour ici même, à sa-
voir que, dès maintenant, parmi les
syndiqués appartenant à la C. G. T.,
la grande majorité est pour la tactique
dite réformiste, c'est-à-dire opposée aux
doctrines du syndicalisme révolution-
naire.
Cette démonstration aura certaine-
ment un profond retentissement dans le
pays. Elle montrera qu'à l'heure ac-
tuelle, il faut, si l'on veut désespérer
du bon sens de l'organisation ouvrière
française, dédaigner les faits, nier la
réalité. - *
Il est certain aussi que les développe-
ments par lesquels, M. Viviani a établi
que les syndicats d'Angleterre *et dAl-
lemagne, par leur tactique à la fois fer-
me et prudente, ont obtenu des résultats
pratiques considérables, donnent à
réfléchir aux syndiqués de notre pays.
D'ailleurs, ceux-ci commencent à choi-
sir et, entre la méthode d'organisation
féconde et d'action mesurée mais effi-
cace, et la méthode d'agitation bruyan-
te mais stérile, la grande majorité des
ouvriers syndiqués français a opté pour
la première.
On peut donc avoir confiance. Instruit
par l'expérience, le prolétariat français
abandonnera définitivement les mauvai-
ses tactiques, comme le prolétariat an-
glais, son aîné de plus d'un demi-siè-
cle dans l'organisation syndicale, les a
délaissées après une période d'erreur.
Et, comme l'a dit M. Viviani, ce sera
l'honneur de la République française,
comme ce- fut l'honneur du libéralisme
anglais, d'avoir maintenu les lois de
liberté, malgré des excès passagers.
Tout .le discours de M. Viviani est ins-
piré d'un dévouement ardent au monde
du travail. Tous ceux qui le liront de-
vront faire cette constatation, et elle
permettra sans doute de dissiper, dans
plus d'une conscience, de redoutables
malentendus. Par là, ce discours ac-
quiert une grande importance politique
D'ailleurs, M. Viviani a été précis.
Après avoir rappelé les luttes glorieuses
que la bourgeoisie républicaine et la
classe ouvrière soutinrent ensemble pour
la défense de la République en péril, il
a nettement marqué l'espoir de voir re-
naître cette politique d'union qui fut si
féconde. Et, pour bien définir sa pen-
sée, il a fait une allusion directe aux
décisions des Congrès de Dijon et de
Toulouse. « Je serais aveugle, art-il dit,
si, dans certaines manifestations qui se
sont produites hors le monde parlemen-
taire, je ne constatais une tendance
heureuse des consciences et des esprits,
et le désir commun, pour les hommes cle
iDonne volonté, de se groupêr autour
d'un labeur réformateur. »
Ce désir ,-qui est assurément celui
des masses démocratiques du pays, ne
sera peut-être pas facilement satisfait.
Mais il est certain que si une manifes-
tation gouvernementale pouvait aider
efficacement à l'ceti-vré d'union, c'est
bien celle à laquelle M. Viviani nous a
fait assister vendredi. Et, son interven-
tion sera d'un utile secours à ceux qu'il
a appelés les hommes de bonne volonté,
C'est-à-dire à ceux qui, en dehors de
j
tout sectarisme étroit, veulent sincère-
ment unir les forces de progrès et de
démocratie, et se mettre sincèrement au
service d'une politique d'activité réfor-
matrice»;
René RENOULT,
Député de la Haute Saône.
LA POLITIQUE
UNE BONNE JOURNEE
Il faut revenir sur l'excellent
et éloquent discours prononcé
arvant-hier par M. Viviani. II
fourmille de bonnes choses,
bien pensées, admirablement
dites, qu'il n'est pas inutile de
rappeler.
Car, tandis q je le parti conservateur a
tenté de confondre, dans une synonymie
équivoque, le syndicalisme et l'anarchie,
le ministre du travail s'est efforcé d'ex-
poser ce qu'était la véritable théorie syn-
dicaliste qui:est soutenue « par le grand
ensemble du syndicalisme français ».
Pour cette majorité des syndiqués « le
syndicat est, nous dit le ministre, une tri-
ple école : d'abord, une école morale dans
laquelle l'ouvrier vient prendre sa leçon
quotidienne de sacrifice et d'abnéga-
tion.,.., ensuite, c'est une école pratique
dans laquelle affluent toutes les statisti-
ques, tous les renseignements (utiles à la
prévision des travailleurs). C'est aussi,
il ne faut pas s'y tromper, une école d'ac-
tion, une école qui repousse loin l'anar-
chie, l'action directe, le sabotage. »
Il était bon, salubre, réconfortant que
ces vérités fussent dites, dites éloquem-
ment, proclamées et proclamées officiel-
lement
L'effet, qu'une fois formulées à la tri-
bune du Palais-Bourbon, elles ont pro-
duites au dehors, c'est une joie de le cons-
tater à la lecture des journaux qui depuis
des semaines et des mois menaient la
campagne de la dissolution contre la C.
G. T. Les Débats et le Temps, à peine re-
venus de leur émotion consacrent à la ha-
rangue ministérielle quelques commentai-
res déçus.
Le Temps ,qui doit constater la déroute
de ses espérances, pr-oclaine que la journée
fut « un nouveau triomphe de l'équivo-
que. » Et nous constatons sans amertume
le fléchissement de sa passion ministé-
rielle. :..
Pour les Débatf, M. Viviani est « un
virtuose qui a transposé à son usage les
déclarations faites il y a plusieurs mois
par M. Clemenceau » et dépourvu d'ori-
ginalité de pensée au dire de notre con-
frère, il n'est que « le ministre du travail
à refaire. )i ,' -
A ces « souvenirs et regrets » du Temps
et des Débats, la Liberté ajoute quelques
remarques plus savoureuses, et nous au-
rions gros cœur d'omettre un couplet à
l'adresse du « sauveur », attendu par l'or-
dre social et qui s'est contenté de « se
sauver » lui-même.
« Que vouliez-vous qu'il fît, le prési-
dent, en voyant la majorité approuver ce
langage? Qu'il mourût? C'eût été très
romain. Il a - préféré, lui, Athénien, une
solution élégante; et il a suivi la majorité
pour rester son chef. Il a sifflé le discours
de Bandol et précipité la débandade. »
En enregistrant à notre tour la déban-
dade des partisans, - très récents - de
M. Clemenceau, il nous plaît de rappeler
les perspicaces remarques présentées, en.
fin, par M. le ministre du travail sur la
situation politique et parlementaire, et
nous nous excusons auprès de nos collè-
gues progressistes et conservateurs de
« l'abus » que nous nous permettons ici
des déclarations « blocardes » de nos mi-
nistres.
« Je serais cependant aveugle, a dit
M. Viviani, si, dans certaines manifesta-
tions extraparlementaires de ces dernières
semaines et même à certaines autres ma-
nifestations hors du monde parlementai-
re, jè ne constatais une tendance heureuse
des consciences et des esprits, et le désir
commun, pour les hommes de bonne vo-
lonté, de se grouper autour d'un labeur
réformateur. » C'est l'appel non déguisé
à toutes les fractions de la famille répu-
blicaine. Nous ne disons ni ne deman-
dons autre chose.
M. Clemenceau peut parler pour la
droite. Peu importe? Nous savons pouvoir
compter sur M. Viviani et M. Briand
pour agir avec la gauche. C'est l'essen-
tiel-
LES ON-DIT .-'
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche : : )
Lover ù-x eoleiM|v6- h. 37, Coucher à
4 h. 51. - -
Nouvelle lune. <
Matinées. — Dans tous les théâtres sauf
à l'Opéra., Longcliaaiip~,
Courses à Longchaanp*
Maujaniana.
Pendant la dernière période électo-
rale, au cours d'une réunion publique
IL fut amené à parler après un con-
current extrêmement éloquent.
IL prononça sa harangue littérale-
ment en g.ant.
— « Le premier orateur, dit un élec-
teur- paisible, parlait vraiment fort bien
>.•
Comment ils dorment
Tenez-vous à être fixés sur les songes
qui bercent le sommeil de ceux qui di-
rigent les peuples ? Voici des rensei-
gnements exacts à ce sujet :
L'empereur Guillaume II dort. sur une
couchette réglementaire de sous-officier.
Seuls les draps de toile fine ne sont pas
à l'ordonnance. Il se couche à onze
heures du soir et, avec une ponctualité
absolue, se lève à cing heures .du ma-t
tin. Sommeil agité.
La reine Victoria s'endormait fort
tard, bien qu'elle se couchât relative-
ment tôt : dix heures du soir. Une da-
me d'honneur lui faisait la lecture jus-
qu'à ce que le sommeil survint. Par gé-
nérosité, nous ne citerons pas les au-
teurs qu'elle se faisait lire. Sommeil cal-
me, mais court, trois heures.
La jeune reine de Hollande, Wilhel-
mine, se couche vers onze heures et se
lève de bonne heure. Au saut du lit, à
l'exemple de son père, elle va faire un
tour - au parc et visiter les écuries. Sa
couche est monumentale : haute, large
et profonde. Souffle légèrement en dor-
mant.
Le roi Léopold Il se couche fort tard.
Passe la moitié de la nuit à travailler
et lire. Lit bourgeois sans autre luxe que
des couettes de plumes de cygne. Très
frileux.
Notre grand ami le tsar dort à peine
et pourtant, il adore le lit. Se lève tard à
moins d'affaires urgentes. A horreur de
la nuit. Sa chambre à coucher est pres-
que toujours illuminée comme un salon
de réception. Use de chloral pour domp-
ter l'insomnie.
Le roi Humbert ne peut dormir que
sur un lit très dur. Pas d'oreillers. Des
draps de grosse toile rugueuse. Dorl tel
un loir. -'
Le sultan Abdul-Hamld - qui l'eût
cru ? — dort sans cauchemar, d'un som-
meil d'enfant. Aucune vision ne le trou-
ble ; il a l'air d'avoir la conscience tran-
quille et sereine. Au fait, a-t-il une cons-
cience ?
AUTREFOIS
Rappfl du 23 octobre 1872. — Les obsè-
ques de Théophile Gautier se feront au-
jourd'hui vendredi. On se réunira à la mai-
son mo-rtuaire, 32, rue de Longchamp, à
Neuilly, à midi moins un quart. L'enterre-
ment se fera au cimetière Montmartre. Les
lettres de faire-pari sont signées de M. et
Mme Théophile Gautier, M. et Mme CatuUe
Mendès, M. et Mme Emile Bcrgerat, ses
fils, belies-IÛles, gendres et filles.
Metz et les champs de bataille qui Ven-
tourent sont visités en ce fiiomcnt par un
grand nombre d'officii-rs russes.
t,a reprise de iWy-blas. à l'Odéon, avic
Geffroy et Mélinoue, a eu lieu hier avec
un succès éclatant,.
M. Léon Noel, artiste du Chdtclel, pris,
devant la Porte-Sainl-Martin, entre deux
omnibus, 'n'a eu que la ressource de sait-
ter sur le dos d'un des chevaux.. La foule
a couvert d'applaudissements le postillon.
malgré lui.
Charabia
Voici la très amusante affiche qu'on
peut lire dans un des principaux hôtels
de Hollande :
« Avis important pour les voyageurs.
« 1° Les souliers et les habits, on
veuille déjà paraître avant d'aller dor-
mis, — avec cela, les mèmes pourraient
nettoyé.
« 211 Des comptes de chambre, je prie
à payer dans la chambre.
« 3° Je prie -me donner des bijoute-
ries, parce que je ne garantis qu'en ce
cas pour les.
« Exquisite cuisine; original boisson.
« Des m'ets à la salle, à la carte et à
per couvert.
« 4° Des afflictions, je prie à indiquer
à mon personnel.
« 4° Portier et le transport au chemin
niesfc pas renfermé dans la chambre.
! Sonnette :
« Tirez un coup pour la fille. — Deux
coups pour le faquin. »
Il paraît que c'est du français.
.—————————- ——————— ; ——
Radicalisme défraîchi
Nous recevons de notre vaillant ami Boute-
leux, membre du comité radical-sociallStc du
quartier des lipinettes, la lettre suivante :
Paris, le 23 oclobro 190S.
Monsieur le Directeur, ,-.
Permettez-moi de répondre rapidement à
la lettre si complète si claire et si édi-
fiante- de M. Sauerwein, l'honorable secré-
taire de la Confédération générale d.e l'a-
griculture, du commerce et de l'industrie.
M. Sauerwein, tout d'abord, confirme
me-s renseignements - : au second tour de
scrutin, dans le quartier des Epineltes, il
a soutenu, au nom de. sa Confédéral ion, la
candidature nationaliste de M. Boullcnger
contre celle du citoyen Brunet.,
M. Sauerwein. donne de son attitude des
explications plus nombreuses que convain-
éaùtes; ,011 ne fait pas, paralt-il, de poli-
tique dans la,Confédération de M- Sauer-
'\VBh) i-inïns on est radical au pre-mier tour
éf' nationalité 'an second. ,- -< - : -
Je .me garderai d'apprécier la souplesse
de pareils principes. Je regrette seulemeni
que M. Sauerwein ne les ait pas exposés
à Dijon.
L'intérêt capital de la lettre de M. Sauer-
wein est ailleurs. Elle nous.apprend qu'au
premier tour de scrutin, la Confédération
générale de l'agriculture, du commerce et
de l'industrie donnait son appui moral et
matériel à des candidats exclusivement ra-
dicaux .; mais, qu'au second tour, elle re-
prenait sa liberté d'action et n'acceptait de
mot d'ordre dé personne. Anticollectiviste
avant tout, elle patronnait au second tour
de scrutin n'importe quel candidat, fut-
il nationaliste ou clérical.
Eh bien, tous les radicaux en présence
de pareils raisonnements, se demanderont
d'abord si la confédération de M. Sauer-
ivein a prévenu, avant le premier tour, les
candidats patronnés par elle, de-l'attitude
qu'elle comptait prendre au second.
En second lieu, ils se poséront les ques-
tions qui ont motivé ce débat : pourquoi
M. Sauerwein et ses amis sont-ils du parti
rad,ioal ? Qu'allaient-ils faire à Dijon ?
Pourquoi une - Confédération -de l'agricul-
ture, du commerce et de l'industrie" alors
qu'il en existe d'autres très républicaines,
très actives et très influentes ? Autant
de questions qu'il faut se poser à une heu-
re oiVla réaction conservatrice exploité te
spectre collectiviste et chérche à provoquer,
parmi les rentiers et les commerçants, une
panique profitable à ses intérêts.
J'ai fini. Parlant en mon nom seulement,
je n'ai pas à discuter les allégations de M.
Sauerwein concernant le désistement du
candidat choisi par le comité des Epinet-
les.
Le comité, à la majorité, a accepté le dé-
sistement pur et simple de M. Maletras.
Mais il s'est réservé la faculté d'obéir
aux décisions de la Fédération de la Seine.
Il est fort probable que, si le comité avait
pu prévoir l'attitude de M. Sauerwein et de
sa Confédération au second tour de scrutin,
les choses ne se seraient pas passées ainsi.
Jignore si le débat est clos ; en tous les
cas, il aura été profitable : nous savons
enfin ce qu'est cette Confédération générale
dé l'agriculture, du commerce et de l'indus-
trie, nous connaissons ses principes et les
règles de son action électorale et économi-
que. Le Tlappel n'a pas perdu son temps.
Ift's candidats et comités radicaux ou au-
tres, qui iront demander le patronage de
M. Sauerwein et de ses amis. rie seront
compromis que s'ils le veulent bien.
Veuillez, etc.
, M. BOUTELEUX.
Et maintenant.va te battre!
Voici quels auraient été les derniers
mots échangés entre le président du con-
seil et M. Thomson. On nous les donne
comme au-thentiqu-es.
C'était au moment où l'ancien ministre
de la marine allait monter à la tribune
pour répondre à M. Delcassé.
— Que faut-il répondre 7 demanda M.
Thomson à M. Clemenceau.
— Ce que vous voudrez, répartit M: - Cle-
menceau. ,
— Mais le gouvernement ?
— Le gouvernement n'a rien à voir là-
dedans. Débrouillez-Vous. -
- C'est bien.
- C'est ainsi.
»
CARNET DU LIBRE PENSEUR --
La mainmise des jésuites
sur le Vatican
Le Vatican poursuit sans trêve ni relâ-
che la guerre à outrance qu'il a déclarée
au nwdernisme. Non seulement des instruc-
tions secrètes ont élé données aux évê-
ques de France, relativement à la fréquen-
tation, par les étudiants catholiques, des
cours des Facultés, mais il a encore été
fait une épuration sévère dans le person-
nel enseignant des universités catholiques.
C'est ainsi qu'à Rome, où la rentrée des
séminaristes et des étudiants des univer-
sités qui relèvent directement du Vatican
s'opère en ce moment et s'annonce, dit-on,
assez nombreuse, tous les professeurs tant
soit peu suspects de modernisme ont été
écartés par ordre personnel du pape.
Ces professeurs ont. été remplacés par-
tout par des jésuites, et l'on peut avancer
que ceux-ci ont accaparé presque entière-
ment l'enseignement catholique qui est
donné dans la « ville sainte ».
C'est par les jésuites que le Vatican fait
exercer ses entreprises de prosélytisme à
l'étranger, notamment en Russie, en Améri-
que et au Japon; c'est aux jésuites que l'en-
seignement catholique est conlié; ce sont
encore les jésuites qui exercent leur influen-
ce dans la direction do tous les services
administratifs du Saint-Siège : si bien que
l'on peut dire que c'est la Compagnie de
Jésus qui a en mains,à l'heure actuelle, tou-
tes les destinées de l'Eglise catholique et
q tte le pape devient de plus en plus le pri-
sonnier volontaire de cette puissante et re-
doutable congrégation.
La situation est telle que certains cler-
gés commencent déjà à en soullrir. On an-
nonce à ce sujet que la congrégation au-
rait, réussi à irriter fortement Pie X con-
tre l'archevêque de Munich et, en général,
contre le clergé et les catholiques de la Ba-
vièr, qui sont accusés de manquer de xèle
pour la cause catholique. Interpellé par la
secrétairerie d'Etat, le nonce apostolique
de Munich aurait présenté au pape un rap-
port très alarmant JJour la situation et dont
le but serait d'obtenir des mesures de na-
ture à faire prévaloir dans le clergé bava-
rois l'influence des jésuites.
Nous trouvons enfin la preuve de la
mainmise des jésuites sur le Vatican dans
les instructions qui viennent d'être en-
voyées aux évêques et vicaires apostoli-
ques des Ballians pour leur recommander
la prudence el la neutralité la plus abso-
lue en ce moment de crise, Ces instruc-
tions visent surtout le vicaire apostolique
de Philippppolis et. Sophia, qui est un
capucin très remuant, très disposé à jouer,
un rôle, et dont les jésuites veulent contre-
carrer l'influence.
Brel, on peut dire: qu'au Vatican le pape
blanc n'est plus qu'une sorte de pantin
représentatif dont le pape noir tire les fi.
celles. Cela pourrait bien nous réserver de
jolis schiPmes pour l'atienir -- P. GII
OPINIONS
assurances sociafes
llt -.1 -ci. '— -.. !
,- 9<.--'" .oé' - -.-. :.4- ,--
Le Congrès international des assurances socia-
les. qui vient de se réunir à Rome, a donné à la
délégation française une nouvelle : occasion de
se signaler par sa brillante compétence et son
incontestable autorité. -
M. Millerand a prononcé, à la séance d'ou-
verture, un éloquent discours qui a produit une
impression considérable et MM. Georges Paulct,
directeur de l'assurance et de la prévoyance
sociale, et Paul. Boneour, directeur du cabinet
au ministère du travail, ont pris une part impor-
tante aux travaux du Congrès;
Leur intervention dans les discussions ain-
si que celle de M. Mazen ont été très remar-
Quées, et la délégation française a montré tout
l'intérêt que prend la France à ces discussions
internationales de prévoyance sociale, qui sont
plus que jamais d'actualité..
A cette occasion, notre excellent collabora-
teur Georges Hamon, avocat à la, Cour d'appel
de Paris, a bien voulu nous adresser une très
intéressante étude dont nous publions aujour-
d'hui la première partie :
LA LEGISLATION DES ACCIDENTS
DU TRAVAIL EN FRANCE
Au milieu des luttes de partis, des dis-
cussions de politique militante, dégagée
presque entièrement de tous les soucis d'opi-
nion et des utopies dangereuses, l'œuvre de
protection ouvrière, concentrant en soi les
efforts laborieux d'esprits absorbés de pro-
grès sociaux, se développe avec une telle
rapidité que l'on peut affirmer sans aucun
danger d'être contredit, que le principe de
l'opportunité d'une législation sociale com-
plète est maintenant unanimement ap-
prouvé.
A voir avec quèlle aisance sent votées au
Parlement les lois relatives soit à la pré-
voyance, soit à l'assuranice et parmi ces
dernières celles qui concernent particulière-
ment la protection de l'épargne populaàre, il
est facile de prévoir, dans un avenir pro-
chain, l'avènement des solutions finales.
La loi du 9 avril 1898, concernant les res-
ponsabilités des accidents dont les ouvriers
sont victimes dans leur travail, a été la pre-
mière étape de cette évolution, longue à ve-
nir, préparée depuis 1889 qui devait, abo-
t lissant les coutumes surannées du droit
commun à travers lesquelles ne se perce-
vait l'indemnité possible que grâce à la
faute patronale, ériger le monument nou-
veau du risque professionnel.
Alors se matérialisait, en une réalisation
certaine, l'espoir longtemps caressé que
.toute diminution accidentelle de capacité
vaudrait à la victime ou à ses ayants-droit
une réparation pécuniaire proportionnelle-
ment correspondante du dommage subi.
Ainsi depuis dix ans. résistant aux pre-
mières attaques, fortifiée et consolidée par
la promulgation de lois modificatives dont
l'expérience et l'usage avaient démontré
l'impérieuse nécessité, la charte de 1898 a
affirmé son utilité par la faveur que lui a
marquée le monde industriel. Tant et si bien
que. sans pouvoir devenir, par une fausse
généralisation, le-modèle trop fidèle des lois
ouvrières attendues, elle demeure nécLn-*
moins le centre d'attraction de la législa-
tion sociale, grâce aux principes qu'elle a
posés et aux coutumes qu'elae a innovées.
Exemple instructif de toutes les créations
futures, la loi de 1898 doit cependant lais-
ser une autonomie "complète à toutes les dis-
positions qui corrigeront, dans le domaine
légal de réparation forfaitaire, les calami-
tés dont le hasard ou les destinées naturel-
les frappent les individus. Elle ne doit être
que l'armature d'un faisceau dt prescrip-
tions concernant le seul risqué profession-
nel appliqué aux accidents, l'assurance ré-
paratrice des maladies professionnelles, les
retraites ouvrières devant constituer des
séries distinctes et bien limitées.
Toutes formeront l'agglomération des lois
sociales ramenées à l'unité par le principe
dont elles procèdent, mais sans que les élé-
ments d'une législation puissent chevaucher
les dispositions des autres.
Quoique la législation concernant les ac-
cidents du travail ait acquis, par le déve-
loppement qui lui a été donné et les perfec-
tionnements dont on a cherché à l'enrichir,
un fonctionnement déjà très satisfaisant, à
ce point qu'elle a débordé son domaine d'ap-
plication pour recevoir plusieurs fois la na-
turalisation étrangère, il s'en faut cepen-
dant que toutes ses dispositions soient par-
faites et qu'elle ait atteint aux limites ex-
trêmes de son extension. Elle. demande, en
, effet, certains correctifs à des situations
qu'elle n'a pas créées, mais qui se sont ré-
vélées à la faveur de la pratique ; it lui faut
une consolidation nécessaire de certaines
de ses prescriptions. Elle attend enfin la
généralisation de ses principes des pro-
fessions ignorantes du risque profession-
nel.
Depuis longtemps déjà. dans une sorte
de rapprochement international, les savants
soucieux de sociologie, les hauts fonction-
naires qui règlent l'évolution des lois de
prévoyance, les assureurs qui offrent à tous
les assujettis la possibilité d'éviter, grâce à
une habile répartition des risques, les sui-
tes onéreuses de sinistrés toujours proba-
bles, se réuniront périodiquement en con-
grès, tant pour discuter de préoccupations
nouvelles que pour comparer entre eux,
dans l'application des- lois sociales, les pro-
grès dont chaque pays peut à bon droit
s'enorgueillir.
LE CONGRES DE ROME
Cette année, le rendez-vous s'est donné
à Rome.
Notons d'abord que,pour amorcer les dis-
cussions annoncées en ce qui concerne les
assurances sociales en France M. Georges
Paulet, l'éminent directeur de l'assurance
et de la prévoyance sociale au ministère du
travail, qui n'est pas un des moindres arti-
sans de l'œuvre commencée en 1898, a fait,
comme en des Congrès précédents, enten-
dre sa voix autorisée pour exposer l'état ac-
tuel de la législation française des accidents
du travail, livrant à l'approbation des" con-
gressistes les succès, enregistrés, mais dé-
nonçant sans faible'sse les périls qui susci-
tent, dans là régie de la réparation des ac-
cidents, une crise particulièrement aiguë.
De ses observations, des résultats acquis
et des. solutions qu'il souhaite; M. Paulet a
dressé un rapport remarquable d'exposition
expérimentale, de condensation juridique et
d'envolée littéraire. Il y a 'déterminé la
marche évolutionlle de la législation, tant
au point de vue des rapports mutuels des
parties intéressées ru'en ce qui concerne les
extensions réalisées ou projetées et les ad
cords internationaux consentis entre 1.
France et les autres "nations.
Les progrès résultant de l'application dt
ia-loi du 9 avril 1898 proviennent de deux
sources. - -
D'une -part. la tendance des parties à s'cn,
tendre devant les présidents de tribunaux
sans recourir à une procédure contentieuse,
et. leur persistance à éçarter la mise er?
cause de la faute inexcusable : premières
manifestations symptomatiques que Farbi(
trage remplacera, peut-être bientôt, les pro-
cès dont il avait été. fait, ces dernières an<
nées, un abus parliJculiêrement tajiifclifié;
l'avis prudent du magistrat conailiateur ra
menant à une équitable proportion l'o:agê<:
ration de d'offre ou de la demande des par,
ties en cause ; et qu'à de très rares cxcep
tiens près, la disparition presque complète
de la conception de la faute inexcusable,
apparaissant cependant pour créer ici frein
moral aux abus éventuels, rendra à ta loi
de 1898 l'intégralité de son caractère for-
faitaire sUppliquant indifféremment à tous
les cas d'accidents.
D'autre part, la diffusion de l'assurance,
contre-partie nécessaire de l'assujettisses
ment. qui gagne tous les jours du terrain,
apportant la sécurité à ceux qui grèvent
les lois nouvelles et qui,. restant leurs
propres assureurs, mettent leur fortune,
leur avenir à la merci de sinistres pos-
sibles. 11 semble qu'on ne doit pas être
très éloigné de la vérité en évaluant
aujourd'hui à 70 ou 75 la "propot".
tion des salaires assurés. Cette diffusion
deTassuirance est un des éléments de l'êJé.
vation annuelle des primes ou • cotisations
encaissées par les sociétés et qui, de
52,451,438 fr. atteints en 1901, sont passés
à 81,785,576 fr. en 1906.
Telles sont, dans leur ensemble, les amé-
liorations dues à la pratique de la loi de
1898.
LA CRISE DE L'ASSURANCE ACCIDENTS
Quant à la crise, elle se révèle, en des
préoccupations inquiétantes, par la progres-
sion constante des incapacités du travail et
des frais médicaux, des ouvriers, vérita-
bles professionnels de l'accident, pratiquant
sans scrupules le jeu pourtant dangereux
des imprudences volontaires et des simula.
tions hardies, aidés, dans leur œuvre de
tromperie, des leçons expertes de -praticiens
de mauvais aloi intéressés, non pas à la
guérison, mais à l'entretien dè ^'accident.
Un autre abus, d'aspect moins grave et
cependant de conséquence très importante,
gangrène dans ses fibres les - plus profon-
des, la législation des accidents du travail.
Là où d'autres, par le secours si désinté-
ressé de l'assistance judiciaire n'ont voulu
voir qu'un devoir social à remplir, sana
autëune préoccupation pécuniaire, le corps*
médical n'a cherché qu'une mine inépun
sable - de revenus, une source jaillissante
d'intérêts continus, laissant croître sans né-
cessité impérieuse la fréquence des visites,,
la multiplicité des soins et aussi Je désir
inassouvi d'honoraires toujours plus éle-;
vés.
A ces abus, il est probable -que l'impar,,
tiale intervention des pouvoirs publics ap-
portera remède et s'inspirera, en quelque
sorte, de ia courageuse initiative prise pa:t
le gouvernement italien, appliquant aux
mêmes maux le baume bienfaisant d'un
projet de loi.
Toujours est-il que, sans relâche, dégagé
de. èes diverses contingences, s'agrandit le
cycle de la législation des accidents du tra-
vail qui absorbe sans cesse tout ce qui lui
parait supporter la généralisation du prin-
cipe du risque professionnel. a loi du 12
avril 1900 a étendu aux exploitations corn-
merci aies les proscriptions de la loi de IM
Bt, par un système ingénieux d'acceptation
réciproque, la loi du 18 juillet 1907 a intro*
duit une faculté de libre adhésion au régi-
me forfaitaire en faveur de tout employeur
désireux d'étendre à ses emplovés le béné-
fice gracieux de la législation des accidents
du travail.
EXTENSION DE LA LEGISLATION
Le jour où les lois, actuellement en pro-
jets, étendront la législation de 1898, au Xi
salariés de l'agriculture, des exploitations
de l'Etat, aux condamnés industriellement
employés dans les établissements péniten-
tiaires" et aux assistés, occupés dans lefî
établissements hospitaliers, le cycle ouvert
en 1898 sera bien près d'être fermé : tous
les ouvriers ou employés liés à une entre-
prise industrielle, commerciale ou agricole,
auront droit, en cas d'accident, dans des
conditions prédéfinies, à des indemnités for-
faitaires supportées par les employeurs.
Déjà la législation française des accidenta
du travail ne se limite plus à ses nationaux.
Elle a débordé lès prescriptions de l'article 3
de la loi de 1898 qui créait, à tous loi ou-,
vriers étrangers accidentés en France uni
régime spécial mais inférieur. Par des ac
cords et des rapprochements internationaux
avec l'Italie, la Belgique, le Luxembourg.,
un régime de réciprocité juridique a.été con
senti en ce qui concerne l'attribution des
indemnités dues à la suite d'accidents du
travail. D'autres conventions se préparent,
qui enrichiront notre sphère sociale, et,
rappelant ici la pensée exprimée par M.
Paulet, « l'avenir dira quel est le procédé
le meilleur pour atteindre sûrement le but
cherché et pour mettre les arrangementa
d'assurances sociales au rang des instru-
ments efficaces de justice et de paix inter-
nationales, »
Ceorges HAMON.
À L'HOTEL DE VILLE
Les bureaux de placement
La commission chargée d'examiner les
mesures à prendre en vue du rechat des
bureaux de placement payants, se réunira
le 29 octobre, à 3 héures de l'après-midi, à
l'Hôtel de Vi-Hêr -
L'électricité
M. Maurice Lévy, membre de l'Institut,
vient d'être nommé président de la cor
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TRIBUNE LIBRE .-:'
Intervention efficace
Le débat de vendredi a
marqué la défaite définitive
dé ceux qui espéraient voir
la majorité et le gouverne-
ment s'engager dans une po-
litique de réaction antiou-
yfière.
Il est, qu'il me soit permis de le dire,
ia justification éclatante des hommes
qui, au premier jour, se sont opposés
aux sommations des progressistes et des
sonservateurs, et ont affirmé qu'en sui-
vant ces conseils, on ne ferait qu'ac-
sroître le mal et solidariser la masse
laborieuse avec les fauteurs de désor-
dre.
Aux conservateurs, que représentait
M. Pugliési-Conti, aux progressistes,
dont M. Deschanel était le porte-parole,
M. Viviani, au nom du gouvernement,
a fait une réponse péremptoire.
Il a montré que la dissolution de la
Confédération, outre qu'elle entraîne-
rait des conséquences politiques dange-
reuses, n'aurait aucune efficacité. Pour
obtenir, à ce sujet, un résultat réel, il
faudrait, frapper, dissoudre les milliers
de syndicats d'où la Confédération tire
sa vie et qui pourraient toujours, si on
ne mettait fin à leur existence, la re-
constituer du jour au lendemain, sous
une forme ou sous une autre, en cas de
dissolution.
Mais, surtout* le ministre du travail
a prouvé que, même dans ces milieux où
les théories de violence ont eu de si dé-
plorables effets, des résistances énergi-
ques s'organisent contre la tendance
anarchiste. -
Avec des statistiques précises, des
chiffres irréfutables, il a prouvé ce que
je disais l'autre jour ici même, à sa-
voir que, dès maintenant, parmi les
syndiqués appartenant à la C. G. T.,
la grande majorité est pour la tactique
dite réformiste, c'est-à-dire opposée aux
doctrines du syndicalisme révolution-
naire.
Cette démonstration aura certaine-
ment un profond retentissement dans le
pays. Elle montrera qu'à l'heure ac-
tuelle, il faut, si l'on veut désespérer
du bon sens de l'organisation ouvrière
française, dédaigner les faits, nier la
réalité. - *
Il est certain aussi que les développe-
ments par lesquels, M. Viviani a établi
que les syndicats d'Angleterre *et dAl-
lemagne, par leur tactique à la fois fer-
me et prudente, ont obtenu des résultats
pratiques considérables, donnent à
réfléchir aux syndiqués de notre pays.
D'ailleurs, ceux-ci commencent à choi-
sir et, entre la méthode d'organisation
féconde et d'action mesurée mais effi-
cace, et la méthode d'agitation bruyan-
te mais stérile, la grande majorité des
ouvriers syndiqués français a opté pour
la première.
On peut donc avoir confiance. Instruit
par l'expérience, le prolétariat français
abandonnera définitivement les mauvai-
ses tactiques, comme le prolétariat an-
glais, son aîné de plus d'un demi-siè-
cle dans l'organisation syndicale, les a
délaissées après une période d'erreur.
Et, comme l'a dit M. Viviani, ce sera
l'honneur de la République française,
comme ce- fut l'honneur du libéralisme
anglais, d'avoir maintenu les lois de
liberté, malgré des excès passagers.
Tout .le discours de M. Viviani est ins-
piré d'un dévouement ardent au monde
du travail. Tous ceux qui le liront de-
vront faire cette constatation, et elle
permettra sans doute de dissiper, dans
plus d'une conscience, de redoutables
malentendus. Par là, ce discours ac-
quiert une grande importance politique
D'ailleurs, M. Viviani a été précis.
Après avoir rappelé les luttes glorieuses
que la bourgeoisie républicaine et la
classe ouvrière soutinrent ensemble pour
la défense de la République en péril, il
a nettement marqué l'espoir de voir re-
naître cette politique d'union qui fut si
féconde. Et, pour bien définir sa pen-
sée, il a fait une allusion directe aux
décisions des Congrès de Dijon et de
Toulouse. « Je serais aveugle, art-il dit,
si, dans certaines manifestations qui se
sont produites hors le monde parlemen-
taire, je ne constatais une tendance
heureuse des consciences et des esprits,
et le désir commun, pour les hommes cle
iDonne volonté, de se groupêr autour
d'un labeur réformateur. »
Ce désir ,-qui est assurément celui
des masses démocratiques du pays, ne
sera peut-être pas facilement satisfait.
Mais il est certain que si une manifes-
tation gouvernementale pouvait aider
efficacement à l'ceti-vré d'union, c'est
bien celle à laquelle M. Viviani nous a
fait assister vendredi. Et, son interven-
tion sera d'un utile secours à ceux qu'il
a appelés les hommes de bonne volonté,
C'est-à-dire à ceux qui, en dehors de
j
tout sectarisme étroit, veulent sincère-
ment unir les forces de progrès et de
démocratie, et se mettre sincèrement au
service d'une politique d'activité réfor-
matrice»;
René RENOULT,
Député de la Haute Saône.
LA POLITIQUE
UNE BONNE JOURNEE
Il faut revenir sur l'excellent
et éloquent discours prononcé
arvant-hier par M. Viviani. II
fourmille de bonnes choses,
bien pensées, admirablement
dites, qu'il n'est pas inutile de
rappeler.
Car, tandis q je le parti conservateur a
tenté de confondre, dans une synonymie
équivoque, le syndicalisme et l'anarchie,
le ministre du travail s'est efforcé d'ex-
poser ce qu'était la véritable théorie syn-
dicaliste qui:est soutenue « par le grand
ensemble du syndicalisme français ».
Pour cette majorité des syndiqués « le
syndicat est, nous dit le ministre, une tri-
ple école : d'abord, une école morale dans
laquelle l'ouvrier vient prendre sa leçon
quotidienne de sacrifice et d'abnéga-
tion.,.., ensuite, c'est une école pratique
dans laquelle affluent toutes les statisti-
ques, tous les renseignements (utiles à la
prévision des travailleurs). C'est aussi,
il ne faut pas s'y tromper, une école d'ac-
tion, une école qui repousse loin l'anar-
chie, l'action directe, le sabotage. »
Il était bon, salubre, réconfortant que
ces vérités fussent dites, dites éloquem-
ment, proclamées et proclamées officiel-
lement
L'effet, qu'une fois formulées à la tri-
bune du Palais-Bourbon, elles ont pro-
duites au dehors, c'est une joie de le cons-
tater à la lecture des journaux qui depuis
des semaines et des mois menaient la
campagne de la dissolution contre la C.
G. T. Les Débats et le Temps, à peine re-
venus de leur émotion consacrent à la ha-
rangue ministérielle quelques commentai-
res déçus.
Le Temps ,qui doit constater la déroute
de ses espérances, pr-oclaine que la journée
fut « un nouveau triomphe de l'équivo-
que. » Et nous constatons sans amertume
le fléchissement de sa passion ministé-
rielle. :..
Pour les Débatf, M. Viviani est « un
virtuose qui a transposé à son usage les
déclarations faites il y a plusieurs mois
par M. Clemenceau » et dépourvu d'ori-
ginalité de pensée au dire de notre con-
frère, il n'est que « le ministre du travail
à refaire. )i ,' -
A ces « souvenirs et regrets » du Temps
et des Débats, la Liberté ajoute quelques
remarques plus savoureuses, et nous au-
rions gros cœur d'omettre un couplet à
l'adresse du « sauveur », attendu par l'or-
dre social et qui s'est contenté de « se
sauver » lui-même.
« Que vouliez-vous qu'il fît, le prési-
dent, en voyant la majorité approuver ce
langage? Qu'il mourût? C'eût été très
romain. Il a - préféré, lui, Athénien, une
solution élégante; et il a suivi la majorité
pour rester son chef. Il a sifflé le discours
de Bandol et précipité la débandade. »
En enregistrant à notre tour la déban-
dade des partisans, - très récents - de
M. Clemenceau, il nous plaît de rappeler
les perspicaces remarques présentées, en.
fin, par M. le ministre du travail sur la
situation politique et parlementaire, et
nous nous excusons auprès de nos collè-
gues progressistes et conservateurs de
« l'abus » que nous nous permettons ici
des déclarations « blocardes » de nos mi-
nistres.
« Je serais cependant aveugle, a dit
M. Viviani, si, dans certaines manifesta-
tions extraparlementaires de ces dernières
semaines et même à certaines autres ma-
nifestations hors du monde parlementai-
re, jè ne constatais une tendance heureuse
des consciences et des esprits, et le désir
commun, pour les hommes de bonne vo-
lonté, de se grouper autour d'un labeur
réformateur. » C'est l'appel non déguisé
à toutes les fractions de la famille répu-
blicaine. Nous ne disons ni ne deman-
dons autre chose.
M. Clemenceau peut parler pour la
droite. Peu importe? Nous savons pouvoir
compter sur M. Viviani et M. Briand
pour agir avec la gauche. C'est l'essen-
tiel-
LES ON-DIT .-'
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche : : )
Lover ù-x eoleiM|v6- h. 37, Coucher à
4 h. 51. - -
Nouvelle lune. <
Matinées. — Dans tous les théâtres sauf
à l'Opéra., Longcliaaiip~,
Courses à Longchaanp*
Maujaniana.
Pendant la dernière période électo-
rale, au cours d'une réunion publique
IL fut amené à parler après un con-
current extrêmement éloquent.
IL prononça sa harangue littérale-
ment en g.ant.
— « Le premier orateur, dit un élec-
teur- paisible, parlait vraiment fort bien
Comment ils dorment
Tenez-vous à être fixés sur les songes
qui bercent le sommeil de ceux qui di-
rigent les peuples ? Voici des rensei-
gnements exacts à ce sujet :
L'empereur Guillaume II dort. sur une
couchette réglementaire de sous-officier.
Seuls les draps de toile fine ne sont pas
à l'ordonnance. Il se couche à onze
heures du soir et, avec une ponctualité
absolue, se lève à cing heures .du ma-t
tin. Sommeil agité.
La reine Victoria s'endormait fort
tard, bien qu'elle se couchât relative-
ment tôt : dix heures du soir. Une da-
me d'honneur lui faisait la lecture jus-
qu'à ce que le sommeil survint. Par gé-
nérosité, nous ne citerons pas les au-
teurs qu'elle se faisait lire. Sommeil cal-
me, mais court, trois heures.
La jeune reine de Hollande, Wilhel-
mine, se couche vers onze heures et se
lève de bonne heure. Au saut du lit, à
l'exemple de son père, elle va faire un
tour - au parc et visiter les écuries. Sa
couche est monumentale : haute, large
et profonde. Souffle légèrement en dor-
mant.
Le roi Léopold Il se couche fort tard.
Passe la moitié de la nuit à travailler
et lire. Lit bourgeois sans autre luxe que
des couettes de plumes de cygne. Très
frileux.
Notre grand ami le tsar dort à peine
et pourtant, il adore le lit. Se lève tard à
moins d'affaires urgentes. A horreur de
la nuit. Sa chambre à coucher est pres-
que toujours illuminée comme un salon
de réception. Use de chloral pour domp-
ter l'insomnie.
Le roi Humbert ne peut dormir que
sur un lit très dur. Pas d'oreillers. Des
draps de grosse toile rugueuse. Dorl tel
un loir. -'
Le sultan Abdul-Hamld - qui l'eût
cru ? — dort sans cauchemar, d'un som-
meil d'enfant. Aucune vision ne le trou-
ble ; il a l'air d'avoir la conscience tran-
quille et sereine. Au fait, a-t-il une cons-
cience ?
AUTREFOIS
Rappfl du 23 octobre 1872. — Les obsè-
ques de Théophile Gautier se feront au-
jourd'hui vendredi. On se réunira à la mai-
son mo-rtuaire, 32, rue de Longchamp, à
Neuilly, à midi moins un quart. L'enterre-
ment se fera au cimetière Montmartre. Les
lettres de faire-pari sont signées de M. et
Mme Théophile Gautier, M. et Mme CatuUe
Mendès, M. et Mme Emile Bcrgerat, ses
fils, belies-IÛles, gendres et filles.
Metz et les champs de bataille qui Ven-
tourent sont visités en ce fiiomcnt par un
grand nombre d'officii-rs russes.
t,a reprise de iWy-blas. à l'Odéon, avic
Geffroy et Mélinoue, a eu lieu hier avec
un succès éclatant,.
M. Léon Noel, artiste du Chdtclel, pris,
devant la Porte-Sainl-Martin, entre deux
omnibus, 'n'a eu que la ressource de sait-
ter sur le dos d'un des chevaux.. La foule
a couvert d'applaudissements le postillon.
malgré lui.
Charabia
Voici la très amusante affiche qu'on
peut lire dans un des principaux hôtels
de Hollande :
« Avis important pour les voyageurs.
« 1° Les souliers et les habits, on
veuille déjà paraître avant d'aller dor-
mis, — avec cela, les mèmes pourraient
nettoyé.
« 211 Des comptes de chambre, je prie
à payer dans la chambre.
« 3° Je prie -me donner des bijoute-
ries, parce que je ne garantis qu'en ce
cas pour les.
« Exquisite cuisine; original boisson.
« Des m'ets à la salle, à la carte et à
per couvert.
« 4° Des afflictions, je prie à indiquer
à mon personnel.
« 4° Portier et le transport au chemin
niesfc pas renfermé dans la chambre.
! Sonnette :
« Tirez un coup pour la fille. — Deux
coups pour le faquin. »
Il paraît que c'est du français.
.—————————- ——————— ; ——
Radicalisme défraîchi
Nous recevons de notre vaillant ami Boute-
leux, membre du comité radical-sociallStc du
quartier des lipinettes, la lettre suivante :
Paris, le 23 oclobro 190S.
Monsieur le Directeur, ,-.
Permettez-moi de répondre rapidement à
la lettre si complète si claire et si édi-
fiante- de M. Sauerwein, l'honorable secré-
taire de la Confédération générale d.e l'a-
griculture, du commerce et de l'industrie.
M. Sauerwein, tout d'abord, confirme
me-s renseignements - : au second tour de
scrutin, dans le quartier des Epineltes, il
a soutenu, au nom de. sa Confédéral ion, la
candidature nationaliste de M. Boullcnger
contre celle du citoyen Brunet.,
M. Sauerwein. donne de son attitude des
explications plus nombreuses que convain-
éaùtes; ,011 ne fait pas, paralt-il, de poli-
tique dans la,Confédération de M- Sauer-
'\VBh) i-inïns on est radical au pre-mier tour
éf' nationalité 'an second. ,- -< - : -
Je .me garderai d'apprécier la souplesse
de pareils principes. Je regrette seulemeni
que M. Sauerwein ne les ait pas exposés
à Dijon.
L'intérêt capital de la lettre de M. Sauer-
wein est ailleurs. Elle nous.apprend qu'au
premier tour de scrutin, la Confédération
générale de l'agriculture, du commerce et
de l'industrie donnait son appui moral et
matériel à des candidats exclusivement ra-
dicaux .; mais, qu'au second tour, elle re-
prenait sa liberté d'action et n'acceptait de
mot d'ordre dé personne. Anticollectiviste
avant tout, elle patronnait au second tour
de scrutin n'importe quel candidat, fut-
il nationaliste ou clérical.
Eh bien, tous les radicaux en présence
de pareils raisonnements, se demanderont
d'abord si la confédération de M. Sauer-
ivein a prévenu, avant le premier tour, les
candidats patronnés par elle, de-l'attitude
qu'elle comptait prendre au second.
En second lieu, ils se poséront les ques-
tions qui ont motivé ce débat : pourquoi
M. Sauerwein et ses amis sont-ils du parti
rad,ioal ? Qu'allaient-ils faire à Dijon ?
Pourquoi une - Confédération -de l'agricul-
ture, du commerce et de l'industrie" alors
qu'il en existe d'autres très républicaines,
très actives et très influentes ? Autant
de questions qu'il faut se poser à une heu-
re oiVla réaction conservatrice exploité te
spectre collectiviste et chérche à provoquer,
parmi les rentiers et les commerçants, une
panique profitable à ses intérêts.
J'ai fini. Parlant en mon nom seulement,
je n'ai pas à discuter les allégations de M.
Sauerwein concernant le désistement du
candidat choisi par le comité des Epinet-
les.
Le comité, à la majorité, a accepté le dé-
sistement pur et simple de M. Maletras.
Mais il s'est réservé la faculté d'obéir
aux décisions de la Fédération de la Seine.
Il est fort probable que, si le comité avait
pu prévoir l'attitude de M. Sauerwein et de
sa Confédération au second tour de scrutin,
les choses ne se seraient pas passées ainsi.
Jignore si le débat est clos ; en tous les
cas, il aura été profitable : nous savons
enfin ce qu'est cette Confédération générale
dé l'agriculture, du commerce et de l'indus-
trie, nous connaissons ses principes et les
règles de son action électorale et économi-
que. Le Tlappel n'a pas perdu son temps.
Ift's candidats et comités radicaux ou au-
tres, qui iront demander le patronage de
M. Sauerwein et de ses amis. rie seront
compromis que s'ils le veulent bien.
Veuillez, etc.
, M. BOUTELEUX.
Et maintenant.va te battre!
Voici quels auraient été les derniers
mots échangés entre le président du con-
seil et M. Thomson. On nous les donne
comme au-thentiqu-es.
C'était au moment où l'ancien ministre
de la marine allait monter à la tribune
pour répondre à M. Delcassé.
— Que faut-il répondre 7 demanda M.
Thomson à M. Clemenceau.
— Ce que vous voudrez, répartit M: - Cle-
menceau. ,
— Mais le gouvernement ?
— Le gouvernement n'a rien à voir là-
dedans. Débrouillez-Vous. -
- C'est bien.
- C'est ainsi.
»
CARNET DU LIBRE PENSEUR --
La mainmise des jésuites
sur le Vatican
Le Vatican poursuit sans trêve ni relâ-
che la guerre à outrance qu'il a déclarée
au nwdernisme. Non seulement des instruc-
tions secrètes ont élé données aux évê-
ques de France, relativement à la fréquen-
tation, par les étudiants catholiques, des
cours des Facultés, mais il a encore été
fait une épuration sévère dans le person-
nel enseignant des universités catholiques.
C'est ainsi qu'à Rome, où la rentrée des
séminaristes et des étudiants des univer-
sités qui relèvent directement du Vatican
s'opère en ce moment et s'annonce, dit-on,
assez nombreuse, tous les professeurs tant
soit peu suspects de modernisme ont été
écartés par ordre personnel du pape.
Ces professeurs ont. été remplacés par-
tout par des jésuites, et l'on peut avancer
que ceux-ci ont accaparé presque entière-
ment l'enseignement catholique qui est
donné dans la « ville sainte ».
C'est par les jésuites que le Vatican fait
exercer ses entreprises de prosélytisme à
l'étranger, notamment en Russie, en Améri-
que et au Japon; c'est aux jésuites que l'en-
seignement catholique est conlié; ce sont
encore les jésuites qui exercent leur influen-
ce dans la direction do tous les services
administratifs du Saint-Siège : si bien que
l'on peut dire que c'est la Compagnie de
Jésus qui a en mains,à l'heure actuelle, tou-
tes les destinées de l'Eglise catholique et
q tte le pape devient de plus en plus le pri-
sonnier volontaire de cette puissante et re-
doutable congrégation.
La situation est telle que certains cler-
gés commencent déjà à en soullrir. On an-
nonce à ce sujet que la congrégation au-
rait, réussi à irriter fortement Pie X con-
tre l'archevêque de Munich et, en général,
contre le clergé et les catholiques de la Ba-
vièr, qui sont accusés de manquer de xèle
pour la cause catholique. Interpellé par la
secrétairerie d'Etat, le nonce apostolique
de Munich aurait présenté au pape un rap-
port très alarmant JJour la situation et dont
le but serait d'obtenir des mesures de na-
ture à faire prévaloir dans le clergé bava-
rois l'influence des jésuites.
Nous trouvons enfin la preuve de la
mainmise des jésuites sur le Vatican dans
les instructions qui viennent d'être en-
voyées aux évêques et vicaires apostoli-
ques des Ballians pour leur recommander
la prudence el la neutralité la plus abso-
lue en ce moment de crise, Ces instruc-
tions visent surtout le vicaire apostolique
de Philippppolis et. Sophia, qui est un
capucin très remuant, très disposé à jouer,
un rôle, et dont les jésuites veulent contre-
carrer l'influence.
Brel, on peut dire: qu'au Vatican le pape
blanc n'est plus qu'une sorte de pantin
représentatif dont le pape noir tire les fi.
celles. Cela pourrait bien nous réserver de
jolis schiPmes pour l'atienir -- P. GII
OPINIONS
assurances sociafes
llt -.1 -ci. '— -.. !
,- 9<.--'" .oé' - -.-. :.4- ,--
Le Congrès international des assurances socia-
les. qui vient de se réunir à Rome, a donné à la
délégation française une nouvelle : occasion de
se signaler par sa brillante compétence et son
incontestable autorité. -
M. Millerand a prononcé, à la séance d'ou-
verture, un éloquent discours qui a produit une
impression considérable et MM. Georges Paulct,
directeur de l'assurance et de la prévoyance
sociale, et Paul. Boneour, directeur du cabinet
au ministère du travail, ont pris une part impor-
tante aux travaux du Congrès;
Leur intervention dans les discussions ain-
si que celle de M. Mazen ont été très remar-
Quées, et la délégation française a montré tout
l'intérêt que prend la France à ces discussions
internationales de prévoyance sociale, qui sont
plus que jamais d'actualité..
A cette occasion, notre excellent collabora-
teur Georges Hamon, avocat à la, Cour d'appel
de Paris, a bien voulu nous adresser une très
intéressante étude dont nous publions aujour-
d'hui la première partie :
LA LEGISLATION DES ACCIDENTS
DU TRAVAIL EN FRANCE
Au milieu des luttes de partis, des dis-
cussions de politique militante, dégagée
presque entièrement de tous les soucis d'opi-
nion et des utopies dangereuses, l'œuvre de
protection ouvrière, concentrant en soi les
efforts laborieux d'esprits absorbés de pro-
grès sociaux, se développe avec une telle
rapidité que l'on peut affirmer sans aucun
danger d'être contredit, que le principe de
l'opportunité d'une législation sociale com-
plète est maintenant unanimement ap-
prouvé.
A voir avec quèlle aisance sent votées au
Parlement les lois relatives soit à la pré-
voyance, soit à l'assuranice et parmi ces
dernières celles qui concernent particulière-
ment la protection de l'épargne populaàre, il
est facile de prévoir, dans un avenir pro-
chain, l'avènement des solutions finales.
La loi du 9 avril 1898, concernant les res-
ponsabilités des accidents dont les ouvriers
sont victimes dans leur travail, a été la pre-
mière étape de cette évolution, longue à ve-
nir, préparée depuis 1889 qui devait, abo-
t lissant les coutumes surannées du droit
commun à travers lesquelles ne se perce-
vait l'indemnité possible que grâce à la
faute patronale, ériger le monument nou-
veau du risque professionnel.
Alors se matérialisait, en une réalisation
certaine, l'espoir longtemps caressé que
.toute diminution accidentelle de capacité
vaudrait à la victime ou à ses ayants-droit
une réparation pécuniaire proportionnelle-
ment correspondante du dommage subi.
Ainsi depuis dix ans. résistant aux pre-
mières attaques, fortifiée et consolidée par
la promulgation de lois modificatives dont
l'expérience et l'usage avaient démontré
l'impérieuse nécessité, la charte de 1898 a
affirmé son utilité par la faveur que lui a
marquée le monde industriel. Tant et si bien
que. sans pouvoir devenir, par une fausse
généralisation, le-modèle trop fidèle des lois
ouvrières attendues, elle demeure nécLn-*
moins le centre d'attraction de la législa-
tion sociale, grâce aux principes qu'elle a
posés et aux coutumes qu'elae a innovées.
Exemple instructif de toutes les créations
futures, la loi de 1898 doit cependant lais-
ser une autonomie "complète à toutes les dis-
positions qui corrigeront, dans le domaine
légal de réparation forfaitaire, les calami-
tés dont le hasard ou les destinées naturel-
les frappent les individus. Elle ne doit être
que l'armature d'un faisceau dt prescrip-
tions concernant le seul risqué profession-
nel appliqué aux accidents, l'assurance ré-
paratrice des maladies professionnelles, les
retraites ouvrières devant constituer des
séries distinctes et bien limitées.
Toutes formeront l'agglomération des lois
sociales ramenées à l'unité par le principe
dont elles procèdent, mais sans que les élé-
ments d'une législation puissent chevaucher
les dispositions des autres.
Quoique la législation concernant les ac-
cidents du travail ait acquis, par le déve-
loppement qui lui a été donné et les perfec-
tionnements dont on a cherché à l'enrichir,
un fonctionnement déjà très satisfaisant, à
ce point qu'elle a débordé son domaine d'ap-
plication pour recevoir plusieurs fois la na-
turalisation étrangère, il s'en faut cepen-
dant que toutes ses dispositions soient par-
faites et qu'elle ait atteint aux limites ex-
trêmes de son extension. Elle. demande, en
, effet, certains correctifs à des situations
qu'elle n'a pas créées, mais qui se sont ré-
vélées à la faveur de la pratique ; it lui faut
une consolidation nécessaire de certaines
de ses prescriptions. Elle attend enfin la
généralisation de ses principes des pro-
fessions ignorantes du risque profession-
nel.
Depuis longtemps déjà. dans une sorte
de rapprochement international, les savants
soucieux de sociologie, les hauts fonction-
naires qui règlent l'évolution des lois de
prévoyance, les assureurs qui offrent à tous
les assujettis la possibilité d'éviter, grâce à
une habile répartition des risques, les sui-
tes onéreuses de sinistrés toujours proba-
bles, se réuniront périodiquement en con-
grès, tant pour discuter de préoccupations
nouvelles que pour comparer entre eux,
dans l'application des- lois sociales, les pro-
grès dont chaque pays peut à bon droit
s'enorgueillir.
LE CONGRES DE ROME
Cette année, le rendez-vous s'est donné
à Rome.
Notons d'abord que,pour amorcer les dis-
cussions annoncées en ce qui concerne les
assurances sociales en France M. Georges
Paulet, l'éminent directeur de l'assurance
et de la prévoyance sociale au ministère du
travail, qui n'est pas un des moindres arti-
sans de l'œuvre commencée en 1898, a fait,
comme en des Congrès précédents, enten-
dre sa voix autorisée pour exposer l'état ac-
tuel de la législation française des accidents
du travail, livrant à l'approbation des" con-
gressistes les succès, enregistrés, mais dé-
nonçant sans faible'sse les périls qui susci-
tent, dans là régie de la réparation des ac-
cidents, une crise particulièrement aiguë.
De ses observations, des résultats acquis
et des. solutions qu'il souhaite; M. Paulet a
dressé un rapport remarquable d'exposition
expérimentale, de condensation juridique et
d'envolée littéraire. Il y a 'déterminé la
marche évolutionlle de la législation, tant
au point de vue des rapports mutuels des
parties intéressées ru'en ce qui concerne les
extensions réalisées ou projetées et les ad
cords internationaux consentis entre 1.
France et les autres "nations.
Les progrès résultant de l'application dt
ia-loi du 9 avril 1898 proviennent de deux
sources. - -
D'une -part. la tendance des parties à s'cn,
tendre devant les présidents de tribunaux
sans recourir à une procédure contentieuse,
et. leur persistance à éçarter la mise er?
cause de la faute inexcusable : premières
manifestations symptomatiques que Farbi(
trage remplacera, peut-être bientôt, les pro-
cès dont il avait été. fait, ces dernières an<
nées, un abus parliJculiêrement tajiifclifié;
l'avis prudent du magistrat conailiateur ra
menant à une équitable proportion l'o:agê<:
ration de d'offre ou de la demande des par,
ties en cause ; et qu'à de très rares cxcep
tiens près, la disparition presque complète
de la conception de la faute inexcusable,
apparaissant cependant pour créer ici frein
moral aux abus éventuels, rendra à ta loi
de 1898 l'intégralité de son caractère for-
faitaire sUppliquant indifféremment à tous
les cas d'accidents.
D'autre part, la diffusion de l'assurance,
contre-partie nécessaire de l'assujettisses
ment. qui gagne tous les jours du terrain,
apportant la sécurité à ceux qui grèvent
les lois nouvelles et qui,. restant leurs
propres assureurs, mettent leur fortune,
leur avenir à la merci de sinistres pos-
sibles. 11 semble qu'on ne doit pas être
très éloigné de la vérité en évaluant
aujourd'hui à 70 ou 75 la "propot".
tion des salaires assurés. Cette diffusion
deTassuirance est un des éléments de l'êJé.
vation annuelle des primes ou • cotisations
encaissées par les sociétés et qui, de
52,451,438 fr. atteints en 1901, sont passés
à 81,785,576 fr. en 1906.
Telles sont, dans leur ensemble, les amé-
liorations dues à la pratique de la loi de
1898.
LA CRISE DE L'ASSURANCE ACCIDENTS
Quant à la crise, elle se révèle, en des
préoccupations inquiétantes, par la progres-
sion constante des incapacités du travail et
des frais médicaux, des ouvriers, vérita-
bles professionnels de l'accident, pratiquant
sans scrupules le jeu pourtant dangereux
des imprudences volontaires et des simula.
tions hardies, aidés, dans leur œuvre de
tromperie, des leçons expertes de -praticiens
de mauvais aloi intéressés, non pas à la
guérison, mais à l'entretien dè ^'accident.
Un autre abus, d'aspect moins grave et
cependant de conséquence très importante,
gangrène dans ses fibres les - plus profon-
des, la législation des accidents du travail.
Là où d'autres, par le secours si désinté-
ressé de l'assistance judiciaire n'ont voulu
voir qu'un devoir social à remplir, sana
autëune préoccupation pécuniaire, le corps*
médical n'a cherché qu'une mine inépun
sable - de revenus, une source jaillissante
d'intérêts continus, laissant croître sans né-
cessité impérieuse la fréquence des visites,,
la multiplicité des soins et aussi Je désir
inassouvi d'honoraires toujours plus éle-;
vés.
A ces abus, il est probable -que l'impar,,
tiale intervention des pouvoirs publics ap-
portera remède et s'inspirera, en quelque
sorte, de ia courageuse initiative prise pa:t
le gouvernement italien, appliquant aux
mêmes maux le baume bienfaisant d'un
projet de loi.
Toujours est-il que, sans relâche, dégagé
de. èes diverses contingences, s'agrandit le
cycle de la législation des accidents du tra-
vail qui absorbe sans cesse tout ce qui lui
parait supporter la généralisation du prin-
cipe du risque professionnel. a loi du 12
avril 1900 a étendu aux exploitations corn-
merci aies les proscriptions de la loi de IM
Bt, par un système ingénieux d'acceptation
réciproque, la loi du 18 juillet 1907 a intro*
duit une faculté de libre adhésion au régi-
me forfaitaire en faveur de tout employeur
désireux d'étendre à ses emplovés le béné-
fice gracieux de la législation des accidents
du travail.
EXTENSION DE LA LEGISLATION
Le jour où les lois, actuellement en pro-
jets, étendront la législation de 1898, au Xi
salariés de l'agriculture, des exploitations
de l'Etat, aux condamnés industriellement
employés dans les établissements péniten-
tiaires" et aux assistés, occupés dans lefî
établissements hospitaliers, le cycle ouvert
en 1898 sera bien près d'être fermé : tous
les ouvriers ou employés liés à une entre-
prise industrielle, commerciale ou agricole,
auront droit, en cas d'accident, dans des
conditions prédéfinies, à des indemnités for-
faitaires supportées par les employeurs.
Déjà la législation française des accidenta
du travail ne se limite plus à ses nationaux.
Elle a débordé lès prescriptions de l'article 3
de la loi de 1898 qui créait, à tous loi ou-,
vriers étrangers accidentés en France uni
régime spécial mais inférieur. Par des ac
cords et des rapprochements internationaux
avec l'Italie, la Belgique, le Luxembourg.,
un régime de réciprocité juridique a.été con
senti en ce qui concerne l'attribution des
indemnités dues à la suite d'accidents du
travail. D'autres conventions se préparent,
qui enrichiront notre sphère sociale, et,
rappelant ici la pensée exprimée par M.
Paulet, « l'avenir dira quel est le procédé
le meilleur pour atteindre sûrement le but
cherché et pour mettre les arrangementa
d'assurances sociales au rang des instru-
ments efficaces de justice et de paix inter-
nationales, »
Ceorges HAMON.
À L'HOTEL DE VILLE
Les bureaux de placement
La commission chargée d'examiner les
mesures à prendre en vue du rechat des
bureaux de placement payants, se réunira
le 29 octobre, à 3 héures de l'après-midi, à
l'Hôtel de Vi-Hêr -
L'électricité
M. Maurice Lévy, membre de l'Institut,
vient d'être nommé président de la cor
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