Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-10-12
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 12 octobre 1908 12 octobre 1908
Description : 1908/10/12 (N14094). 1908/10/12 (N14094).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N° 14094. — 20 Vendémiaire An 117; *
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'Lundi 12 Octobre 1908. - Ne 14094 -
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ANNOIVCES , 7""
AUX BUREAUX DU JOURNAL _:
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RÉDACTION POLITIQUE
MM. DELPECH, GAUTHIER, LEYDET, Sénateurs;
MM. Paul BOURELY, Jean CODET, Emile CONSTANT,
le KERGUEZEC, MASSÉ, Louis PUECH, Marcel REGNIER,
René RENOULT, Th. STEEG, Députés ;
MM. Jules HENAFPE, Henri ROUSSELLE, Conseillers
municipaux de Paris.
1
TRIBUNE LIBRE
A DIJOIV
'Après le convent maçonni-
que, qui n'a pas manifesté
pour la politique de M. Cle-
menceau un très vif enthou-
siasmé, le Congrès de Dijon
vient à son tour de répudier
hautement toute politique de stagnation
et de « rétrogradation ». L'accueil fait
à M. Bonnet et aux porte-paroles de M.
Maujan, soit dans les commissions, soit
dans les réunions plénières du Congrès,
Si été significatif.
Dès maintenant, il est acquis que le
parti radical et radical-socialiste reste
fidèlement attaché à la politique du
\Bloc de gauche.
La scission entre radicaux désirée,
escomptée par le Temps et toute la
presse conservatrice ne se produira pas.
La répudiation formelle, catégorique
ile l'hervéisme, de l'antipatriotisme, de
l'action directe a réuni — comme il fal-
lait s'y attendre — l'unanimité du Con-
.grès.
La motion de l'ftaurice Sarraut, a la-
quelle s'étaient ralliés Steeg et Dali-
mier, exprime clairement notre pensée.
Mais si le Congrès s'est souvenu, en
l'occurrence, de la superbe harangue
sur le devoir patriotique prononcée l'an
'dernier à Nancy par Charles Dumont,
il a eu une nouvelle occasion d'accla-
mer notre sympathique collègue lors-
qu'il est venu définir, avec une émou-
vante éloquence, la taètique de notre
parti.
Quoi qu'en pense et surtout quoi
qu'en dise M. le président du Conseil,
c'est à droite que l'idée républicaine et
le progrès , social comptent toujours
leutrennemis irréductibles et acharnés.
Leur tactique, pour être enveloppante
et perfide, n'en reste pas moins redou-
table et menaçante.
Partout, la réaction relève la tête.
Qui oserait vraiment le nier ? Partout
désespérée un instant, elle reprend for-
ce et vigueur et dresse contre les répu-
blicains de nouvelles batteries,
-
Escomptant leurs divisions déjà trop
profondes elle cherche à les aggraver
à les envenimer. Elle grossit les inci-
dents fâcheux, et par tous les moyens
cherche à semer la crainte et la peur.
A côté elle entame la campagne con-
tre les écoles républicaines, elle fonde
des sociétés dé toute sorte qui ne sjnt
que des unités de l'armée qu'elle orga-
nise.
Et, entre temps, la coalition de tous
les privilèges et de tous les intérêts con-
servateurs élève contre les réformes so-
ciales une formidable barrière destinée
ià briser notre effort. >
Si donc nous voulons réellement réa-
liser notre programme économique et
Social, si nous voulons ne pas aboutir,
:ên 1910, à un lamentable échec, il faut,
omme on le disait excellemment ici-
même, « grouper toutes les forces d'ac-
tion réformatrice contre toutes les for-
ces de réaction et de conservatisme
aveugle-
Dans son clair bon sens démocrati-
que, le Congrès de Dijon l'a compris,
Ce n'est pas ta; Scission qui va se
produire. N'en déplaise aux progressis-
tes et aux réactionnaires, c'est le Bloc
d'action républicaine, laïque et sociale
qui se reconstitue.
Marcel REGNIER,
Député de l'Allier.
lA POLITIQUE
TOUJOURS J'Y PENSE
Par le fait même qu'il de-
mande à ses « amis mécon-
tents » la permission de les
oublier à Bandol comme à la
Chambre, M. Clemenceau prou-
ve péremptoirement qu'il ne cesse de pen-
ser à eux. Ce souvenir fidèle, vivace, per-
sistant, dont on trouve la manifestation
dans ses discours, dans ses conversations,
dans ses actes, dans toute son existence
ministérielle n'est pas sans flatter prodi-
gieusement ceux qui en sont l'objet.
Comme l'amoureux de la chanson, M.
le président du Conseil cherche à se fai-
re illusion à lui-même. On a des illu-
sions à tout âge
Je ne veux plus pervser à vous
Dont j'ai si triste récompense,
Et malgré tout, et malgré tous.
Toujours j'y pense 1
Eh ! oui. M. Clemenceau y pense tou-
jours, y pense sans cesse et en parle
souvent. A la tribune, dans son cabinet
présidentiel, dans ses heures d'intimité
et d'épanchement avec Maujan, peut-
être même dans ses rêves '« ailés ïï, c'est
à eux qu'il pense encore.
En voyage même, tout là-bas dans le
fond du Var, il veut les oublier 1: mais
à geine a-t-il entrevu au hasard de ses
excursions sentimentales un coin de bois
prometteur, illuminé par ce radieux so-
leil d'automne, qu'il s'imagine les aper-
cevoir en attente sur l'herbe complice.
Les oublier ! Candeur de vieil amou-
reux. Est-ce possible ? Les « amis mé-
contentso ne sont-ils pas la viivante ima-
ge de tout son passé ? ils furent les
témoins, les compagnons des heures dé-
testables et exquises d'après combats et
d'espoirs généreux. Ils ont conservé la
foi dans l'idéal entrevu, la volonté de
l'atteindre et de réaliser les promesses
solennelIes.
Ils n'ont pas écouté sur leur route la
parole mieilleuse d'un Ribot -- ils ne
se sont pas attardés au geste imbécile et
brutal d'un Maujam
Rien ne les a détournés des communes
pensées qui, naguère, agitaient leur âme
et la vôtre, M Clemenceau.
Deux années de votre gouvernement
n'ont pu détruire en eux le souvenir
de toutes vos années d'opposition. Ils
veulent toujours '« l'idéalisme en ba-
taille ».
Ils sont restés ce que vous étiez, -et
c'est l'image de tout ce passé qui vous
obsédé.
Vous voulez oublier, mais vous ne
pouvez pas. Vous criez votre oubli à la
foule, mais le souvenir vous hante.
Ces a amis mécontents », avouez-le,
M. Clemenceau : c'est votre remords.
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche ; Lever du solen,..
à 6 h. 15 ; coucher, à 5 h. 18..
Courses à Longcbamp.
Maujaniana. - -
A la campagne. Il lisait à ses familiers
une de ses pièces de théâtre ple'ne de
réminiscences. L'un d'eux soulevait fré-
quemment son chapeau.
« Qu'est-ce que vous faites ? lui dit-il
surpris. » « Mais. rien. je salue de
vieilles connaissances au passage. »
Le prix de la vie autrefois
En 1350, une ordonnance du roi Jean
défendit de vendre les meilleurs sou-
liers de Cordouan, à l'usage des pour-
geois, « plus de 2 sous, O quatre de-
niers » ; les souliers ordinaires de fem-
me furent taxés à si Yinet deniers M, les
plus forts à rdeux sous très gens à la value.
Vers le quinzième siècle, un verre
coûtait environ deux livres ; soixante
œufs,-trois sols ; une livre d'huile, trois
sols (c'était le bon temps) ; une aune
de toile, trois sols et huit deniers.
Quant- aux gages d'une servante, ils
ne dépassaient pas six livres par an.
AUTREFOIS
Rappel du 12 octobre 1872. — La séance
de la commission de permanence s'ouvre à
Versailles, sous la présidence de M. Grévy.
Les réactionnaires interpellent sur la ques-
tion de la liberté religieuse. C'est, en inter-
rompant un discours de M. de Larochefou-
cauld que M. T hier s, président de la Ré-
publique, prononce cette parole sensation-
nelle : « La République est le seul gouver-
nement désormais possible en France. »
Les grands établissements de Crédit met-
tent un certain nombre de places ôe com-
mis à la disposition des Alsaciens-Lorrains.
Les travaux de l'hôtel Carnavalet sont
repris avec vigueur. On, pense que L'ins-
tallation du musée sera commencée aussi-
tôt après leur achèvement.
M. de Pressensé, préparant pour l'As-
semblée un rapport sur les prisons fran-
çaises et étrangères, constate avec stupé-
faction, que nulle part les détenus n'ont de
serviettes.
On parle de l'installation, en vue die l'hi-
ver, de refuges et de braseros dans les
quartiers populeux.
Un système de fermeture dit « portes de
flot n va être adopté à la bouche des égouts
qui se d-éversent dans la Seiiic.
Son honneur
Clairon, la célèbre Frôtillon, ayant re-
fusé de paraître en scène avec un
acteur qui lui déplaisait, fut condamnée
à un mois de prison. Quand on lui si-
gnifia cette décision, elle répondit avec
une dignité toute théâtrale : « Allez ! le
roi peut disposer de ma liberté, de mes
biens, de ma vie même, mais il ne peut
rien sur mon honneur ». — « Vous avez
raison, répondit le gentilhomme, là où
il n'y a rien le roi perd ses droits ».
L'avant dernier.
Duclos, pour exprimer le mépris,
avait une formule favorite ; il disait
toujours : « C'esi l'avant-dernier des
hommes. - Pourquoi l'avant-dernier.?
lui demandait-on Pour ne découra-
ger personne, car il y a presse ».
—————————— ——————————.
L'Administration
de la Marine
Lettre d'un officier de marine
Toulon, le 4 octobre 1908.
Monsieur le Directeur,
Depuis quelques jours notre vaillant
journal a entrepris une œuvre méritoire,
celle de signaler au bon public qui paye
et gémit, l'odieuse incurie dont se meurt
notre malheureuse marine.
Le cri. d'alarme que vous avez poussé
vient peut-être à temps, mais il est extrê-
mement urgent de réagir si l'on veut évi-
ter de nouvelles catastrophes, de nouveaux
désastres. Les fournisseurs dussent-ils en
pâtir, il est nécessaire de mettre un terme
au véritable gâchis qui règne rue Royale
et dans nos arsenaux.
Un des maux principaux dont souffre la
marine est à notre avis la multiplicité d'at-
tributions que s'efforcent d'accaparer et
qu'accaparent peu à peu certaines catégo-
ries de personnel.
Les « techniques » généralement issus de
Polytechnique croient posséder la science
infuse et veulent assumer toutes les char-
ges, toutes les responsabilités, ce qui de
nos jours constitue le meilleur moyen de
n'en assumer aucune.
Ils veulent à la fois être directeurs des
travaux, et administrateurs, bien que
l'administration leur soit totalement étran-
gère, mais de cette façon ils se réservent
la faculté — dont ils usent et abusent —
de masquer les fautes ou erreurs commi-
ses que le contrôle bon enfant ou insuffi-
samment initié laisse passer.
Aujourd'hui pour un ingénieur ou un
artilleur détaché à la marine, la partie
technique est secondaire, car ce n'est pas
celle qui procure le plus de galons ou de
distinctions grassement prébendées. Parlez-
nous des malins de ceux qui s'occupent
d'ad.mi.nis.tra..tion !
Au moyen des éléments que leur fournis-
sent des subordonnés aussi serviles qu'ex-
périmentés, ils élaborent — plagiaires sans
scrupule et sans vergogne — d'intéressants
rapports dont le seul défaut est d'être
sciemment - truqués; Ceux-là n'attendent ja-
mais leur tour pour gravir les échelons de
la hiérarchie du corps auquel ils appartien-
nent !
Le (c fait divers » suivant que donnait le
le numéro du Malin du 20 août dernier est
particulièrement suggestif à ce Bujet.
« CHERBOURG. - Un accident dû à un
« défaut de constuction s'est produit à oord
« du sous-marin Opale. Une manœuvre
cc en cours d'exercice eut un effet contraire
<( à celui qu'en attendait le commandant,
« par suite d'une erreur dans l'installation
« des fils électriques d'excitation des mo-
(t teurs babord et tribord. L'Opale alla,
« aborder, etc. ».
Nul n'a sans doute songé à se demander
où se trouvait et que faisait l'ingénieur pen-
dant que ses ouvriers montaient à l'envers
l'installation électrique drî ce bâtiment, l'ex-
posant par suite à une de ces horribles ca-
tastrophes dont nous avons tous gardé le
poignant souvenir Eh bien, ne cherchez pas.
Sans grands risques de nous tromper nous
pouvons déclarer que cet officier devait
pâlir devant un monceau de paperasses
soumises à son appréciation et auxquelles
il cherchait en vain à comprendre quelque
chose, tel le profane qui aborde une page
écrite en langue hébraïque.
Voilà le régime du « touche S tout » qui
nous conduira à un désastre gi on n'y met
bon ordre. -
A l'ppui. de notre thèse et PQur prouver
que les ingénieurs « ronds de'cuir » sont
ceux qui obtiennent le plus d'avantages
,nous citerons l'exemple du chef de cabinet
-ministre actuel de la Marine. Depuis
l'arrivée au pouvoir de M. Thomson, M.
Dupont a obtenu un cinquième galon et la
rosette de la Légion d'honneur, sans comp-
ter le prochain galon en or qui ne peut
tarder; De plus, en homme prévoyant qui
veut se mettre en garde contre les vicissi-
tudes du pouvoir, M. Dupont s'est réservé
un fromage : la direction de l'Ecole d'appli-
cation du Génie maritime (sise à Paris na-
turellement). Or, depuis plus d'un an, cette
école fonctionne sans directeur et d'aucuns
prétendent que cela ne va pas plus mal.
En résumé, si l'on ne veut pas s'exposer
à de graves mécomptes., il est grand temps
de renvoyer les ingénieurs à leurs cons-
tructions et de confier entièrement l'admi-
nistration à ceux qui sont qualifiés pour la
pratiquer. -
C'est partout la confusion des pouvoirs
-et. l'anarchie intégrale que décrivent si bien
M. Monis et M. Henri Michel.
Veuillez agréer, etc.
Ob ■
Plus de réaction
M. le président du GQnseil. vient de pto-
clamer une fois de plus qu'il n'y a plus d'op-
position réactionnaire.
Si les préfets de M. Clemenceau le ren-
seignent ainsi sur le formidable mouve-
ment clérical qui se prépare dans tous les
arrondissements de France, nous ne pou-
vons que le déplorer. Mais il suffit d'enten-
dre et de vouloir bien écouter les militants
républicains pour être édifié.
Partout il se forme une puissante coali-
tion contre l'exécution du programme social
du parti radical.
L'Eglise, qui n'a pas su provoquer la ré-
volte des consciences contre les lois de laï-
cité. a trouvé un meilleur terrain eij apeu-
rant les intérêts des conservateurs.
Comme on l'a dit si justement, « les cof-
fres-forts se défendront mieux que les
conseiences Il.,.'
Et c'est au moment ou les reiormes so-
ciales vont se heurter à cette barricade
d'égoïsme et de conservatisme à outrance,
que M. Clemenceau déclare ne plus aperce-
voir de réaction sociale devant lui.
Serait-ce qu'elle est derrière ?
.——————————— ———-————————'
LE KAISER
Les journaux français ont la manie de
dire « le Kaiser » tout court en parlant de
l'empereur Guillaume II.
Cette dénomination n'est""pas correcte.
« kaiser » n'est pas un nom exclusivement
réservé à l'empereur allemand. Il ne dési-
gne pas une individualité unique comme
les noms de tsar, mikado, schah ou Pape.
Il veut dire tout simplement : empereur.
Or, il existe en Europe un autre kaiser que
Guillaume II, c'est le kaiser François-
Joseph, souverain d'Autric.he--HongPie. En
persistant donc à donner à Guillaume H-
te nom de « kaiser Il, nous commettons à
la fois une inconvenance et un non-sens
géographique.
Cela dit, parlons du kaiser allemand,
puisque nous nous évertuons à ne pas l'ap-
peler Guillaume II.
Lors de notre récent séjour en Alsace-
Lorraine, il nous a été donné d'apercevoir
Guillaume II.
Ne l'avant jamais vu auparavant, il nous
a été impossible de nous prononcer sur l'é-
tat de santé de l'empereur allemand.
Mais des personnes autorisées, qui ap-
prochent Guillaume II à chaque voyage en
Alsace-Lorraine, ont été frappées de la mau-
vaise mine du souverain.
Ce n'est pas dans une cérémonie publi-
que, nous a dit quelqu'un, qu'il faut vous
rendre compte de l'état de Guillaume II.
Dès que l'empereur allemand fait officiel-
lement, son entrée dans une ville, sa phy-
sionomie prend un aspect particulier, le re-
gard devient fixe, les traits se contractent,
le sourire est remplacé par un rictus. On
se demande si Guillaume II est, à ce mo-
ment, en proie à une angoisse ou à la re-
cherche d'une attitude pouvant rehausser
la majesté de la dignité impériale.
Les deux hypothèses peuvent se soute-
nir ; car, dès que Guillaume II est rentré
dans ses appartements privés, sa figure se
transforme. Le regard s'adoucit, les traits
se détendent et un sourire vraiment char-
mant remplace le rictus officiel.
Malgré les sautes d'humeur que provo-
que parfois son état de santé, Guillaume Il
est un joyeux compagnon.
Ainsi, quand — lors de son voyage à la
Sclilucht — il arriva au chalet Hartmann,
il dit en français à M. André Hartmann :
» Je vous présente un empereur qui s'est
(c pochardé » (sic). Ces diables d'Alsaciens
m'ont fait boire un verre de leur vin blanc
dans chaque village, de sorte que la tête
me tourne légèrement. »
Ce mot « pochardé Il n'étonne pas ceux
qui savent que Guillaume II connaît toutes
les subtilités de notre langue et aime à le
montrer.
On se rappelle, à ce propos, un incident
qu'il eut avec Jules Simon, lors du voyage
de ce dernier à Berlin.
— Comment trouvez-vous, dit Guillau-
me II à Jules Simon, que je parle le fran-
çais ?
- Admirablement bien, sire.
- Vrai ? N'avez-vous rien remarqué de
choquant ? N'ai-je dit aucun non-sens ?
Répondez-moi en toute franchise.
- Eh bien ! sire, si vous m'autorisez à
répondre sincèrement, je vous ferai obser-
ver que vous avez prononcé, à plusieurs
reprises, le mot « godailler ».
— Godailler ? Mais c'est français ! Le
mot se trouve dans le dictionnaire 3e l'A-
cadémie !
— Vous le trouvez parfaitement dans le
dictionnaire de l'Académie, mais vous ne
le rencontrerez jamais dans un salon.
— Je vous remercie du renseignement,
répondit Guillaume. Godailler est de l'ar-
got. Eh ibien ! je m'en servirai de temps en
temps, car j'adore votre argot, qui est si
pittoresque, si diablement français.
Et voilà pourquoi le kaiser allemend —
ne le confondons pas avec le kaiser autri-
chien — s'est trouvé un peu « pochardé »
en approchant de la frontière française.
Pourquoi cette charmante griserie n'a-f.
elle pas permis à Guillaume de faire l'ad-
mirable geste qui aurait effacé le souvenir
de la sinistre griserie; de 1871 ï
- Fatuité -
Jean Clervaf,
w
LES ASSISES DÉMOCRATIQUES
Le Congrès radical
et radical-socialiste
Banquet du Comité républi-
cain du Commerce et de Vin-
dustrie.
Vendredi soir, à 8 heures, a eu lieu,
salle des Etats de Bourgogne, le ban-
quet offert par la section côtedarienne
du Comité républicain du commerce,
de l'industrie et de l'agriculture à M.
Mascuraud, sénateur, président du Co-
mité.
Environ deux cent cinquante convi-
ves y assistaient.
M. Charton, conseiller général de
Beaune-Sud, président de la section cô-
tedorienne, présidait, ayant à sa droite
MM. Briens, préfet de la Côte-d'Or ;
Mascuraud, sénateur de la Seine ; Du-
mont, maire de Dijon ; à sa gauche :
MM. Delpech, sénateur, président du
Comité exécutif ; général Audré, ancien
ministre de la guerre ; Pelle tan, dépu-
té, ancien ministre de la marine.
Au dèssert, M. Briens, préfet de la
Côte-d'Or, a prononcé une allocution
qu'il a terminée en buvant à l'avenir
de la démocratie répubLicaine, à la
République, toujours plus grande, tou-
jours pips estimée, et en joignant à son
hommage aux républicains venus à Di-
jon pour affirmer leur foi républicaine,
M. Fallières, président de la Républi-
que.
Discours de M. Charton
M. Charton a pris ensuite la parole.
Messieurs, a-t-il dit, notre fête d'aujour-
d'hui prend un éclat et une signification
plus intense par ce fait qu'elle coïncide avec
le Congrès national du Parti radical et ra-
dicaJ-socialiste, qui a choisi cette année
pour tenir ses assises notre pays si profon-
dément attaché a 1 idéal républicain. Les
résolutions prises par ce congrès ont une
importance considérable, et auront un très
grand retentisement, puisque le Parti radi-
cal et radical-socialiste a été placé par la
confiance du suffrage universel au gouver-
nement, c'est-à-dire aux responsabilités,
puisque c'est à lui qu'incombe la mission
délicate de conduire la démocratie à ses
destinées. Nous tous, commerçants, indus-
triels et agriculteurs républicains, nous
nous sommes groupés sous la direction
éclairée de notre cher président, pour pro-
clamer notre foi politique, pour collaborer
de toutes nos forces associées à l'œuvre en-
treprise par le gouvernement et par le Parti
radical, en vue de parfaire l'Idéal de pro-
grès démocratique et ue justice sociale, qui
est l'essence même du régime républicain.
Discours de M. Mascuraud
M. Mascuraud parle à son tour, et
donne l'assurance que le Comité dont
il est le président est en communion
d'idées avec le parti radical.
Que le Parti radical, dit-il, aille de l'a-
vant résolument, qu'il accomplisse en toute
sûreté la suite harmonieuse des réformes
qu'il a promises au pays ; les commer-
çants, les industrieds, leSlt agriculteurs ré-
publicains sont prêts à adopter sa politique,
à marcher avec lui d'un pas ferme et con-
fiant.
Le monde des affaires du travail est
venu à nous et à la politique radicale, par-
ce que celle-ci repose précisément sur les
principes essentiels, auxquels sont attachés
tous les travailleurs du pays. La parti radi-
cal, — et c'est là le secret de son triomphe
— - se tient également éloigné à droite tfes
défenseurs du trône et de l'autel, de ceux
qui tiennent encore aveuglement pour les
régimes déchus, et à ï'exti,ftw:e-gauche des
prédicateurs de l'anarchie, des théoriciens
de la grève générale et des praticiens du
sabota.ge. Nulle alliance avec les serviteurs
entêtés d'un passé qui a eu ses gloires,
mais qui ne peut plus être qu'un souvenir
historique ; nulle compromission d'autre
part avec les fauteurs ordinaires, avec les
professionnels du désordre et de la violen-
ce ; mais c'est là justement le vœu perma-
nent du Commerce, de l'Industrie et de l'A-
griculture ! Et c'est la raison de leur enten-
te déjà ancienne et durable avec le Parti
radical.
En terminant, M- Mascuraud porte
un toast à la ville de Dijon et à la Bour-
gogne hospialière.
Discours M. Camille Pelletan
M. Pelletan remercie la Bourgogne
de sa belle hospitalité. Cette hospitalité
remonte aux temps les plus anciens :
dès saint Bernard et Bossuet, elle était
pratiquée, l'histoire en fait foi. C'est
comme une sorte de tradition qui se
perpétue, et nous la retrouvons, avec
Diderot, telle que nous li yoyoais au-
jourd'hui.
L'orateur remercie M. Mascuraud de
l'honneur qu'il lui à fait en l'invitant
dans cette réunion et ue l'accueil qui
lui a été réservé. Il le remercie d'avoir
réveillé la bourgeoisie commerçante.
M. Pelletan définit ensuite le rôle qui
incombe à la bourgeoisie pour faire
disparaître la lutte des classes. Il faut
que cette bourgeoisie se rapproche de
plus en plus de la masse ouvrière, de
la masse laborieuse, dans un sentiment
d'arbitrage et de concert
Il lève son verre à Mi Mascuraud et
à l'association qu'il a fondée pour le
bien de la République. (Bravos).
Discours du général André
Le général André souhaite la bienve-
mie à tous ceux qui se soni rendus à j
Dijon pour y célébrer le grand mouve-
ment radical et radical-socialiste qui se
tient dans ses murs.
En venant ici, ils ont donné une preuvé
de leur sympathie à la Bourgogne. C'est k
eux, dit l'ancien ministre de la guerfS, tjïw
je lève mon verre et je leur adresse mea
remerciements. (Applaudissemente.)
Discours de M. Herriot
M. Herr'ot, maire de Lyon, dit que
son devoir est de remercier le Comité
du efmimerce, de l'industrie et de l'a.
griculture d'avoir créé un mouvement
démocratique en France.
Au nom de la ville de Lyon qu'il re-
présente, c'est d'un cœur reconnaissant
et sincère qu'il porte la santé du Comité
du commerce, de l'industrie et de l'a-
griculture.
Discours de M. Delpech
La série des discours se termine par
une allocution de M. Delpech, président
du Comité exécutif du parti radical et
radical-socialiste.
S'adressant aux membres du Comité
Mascuraud, il leur dit -- :
Vous représentez la partie la plus active,
la- plus vaillante, la plus laborieuse et la
plus courageuse de la France. Nous vous
sommes reconnaissants de vouloir bien
nous apporter le concours précieux de vo.
tre activité, de vos ressources pécuniaires.
de voire puissance de cohésion. Tous avez
été les auxiliaires dévoués de la défense
républicaine, et je suis heureux de voir
parmi vos invités un préfet rèpublicain pe
je considère comme une des administra-
teurs les plus distingués de France.
M. Delpech boit à la santé du prési-
dent du Comité, au maire d'une ville
qu'il l'a si bien reçu. à toute la Bour-
gogne. Il termine par le cri de : « Vive
la France républicaine ! »
-♦
Troisième journée
SÉANCE DU MATIN
Les rapports des commissions
La séance est ouverte à 9 heures da
matin, sous la présidence de M. -Bour-
rât, député des Pyrénées-Orientales, qui
prononce le discours suivant :
Citoyens, au nom du bureau tout entier,
je vous remercie de l'honneur que vous
nous avez fait en nous appelant à diriger
vos débats au cours de cette séance.
Lors des élections générales de 1900, le
parti républicain a été unanime à se ré-
jouir des succès qu'il avait remportés.
Ce succès était dû à une politique de non
compromission avec les adversaires de la
République et d'union avec ceux qui lut-
taient pour le triomphe de la démocratie.
Mais depuis lors nous assistons à ua
spectacle sur lequel il convient d'attirer l'at-
tention des vrais et des sincères républi-
cains.
Notre vénéré président Delpech nous di-
sait hier. : « Avec Jcssot, nous protestons
contre tous ceux qui oseraient aujourd'hui
s'emparer de la République, la drjg,
s'imposer à. nous sous un masque républi-
cain dissimulant mal leur tempérament
imbu des idées réactionnaires, tandis qna
nous qui tenons mi parti radical et radical-
socialiste, nous avons toujours manifesté
notre horreur des équivoques, des faux
semblants, des hypocrisies. 11 est exact, et
la chose a été constatée non seulement dons
ce département, mais dans d'autres dénr.r- •
tements de la France, que c'est là la tacti-
que nouvelle des partis réactionnaires, em-
ployée par eux aujourd'hui pour essayer de
rentrer en vainqueurs dans les assemblécR
publiques d'où ils ont été chassés par le
suffrage universel. »
Il faut y prendre garde:
Ne considérons pas seulement dans le!t
candidats les épithètes qu'ils arborent.
Examinons leur attitude passée et surtouff
l'attitude qu'ont envers eux les ennemis du
régime républicain.
Toutes les fois que les conservateurs, les
partisans de l'Action libérale, les faux répu-
blicains portent leurs efforts pour faire éli,
re tel ou tel candidat soi-disant républi-
cain, notre devoir, citoyens, est tout tracé,
prenons garde ! * >
Nous n'avons rompu qu'avec les anar-
chistes d'extrême-gauche qui préconisent la
grève générale et renient l'idée de patrie.
Ceux-là sont les pires réactionnaires et,
en votant avec la droite, ils ont laissé ab-
solument intacte notre devise : « Pas d'en-
nemis à gauche, pas de compromissions
avec la droite ».
Les socialistes réellement soucieux dea
intérêts de la démocratie savent que saula
la République peut réaliser les réformes qui
donneront aux humbles plus de bien-être eL
de justice sociale.
Mais le narti radical et radical-socialiste
a aussi à distinguer ses amis sincères do
ceux qui veulent le trahir.
Hier, vous avez exclu deux délégués qui
avaient pactisé avec la réaction.
Cet exemple était nécessaire.
Il faut que la discipline soit sévère. Il
convient d'autant plus qu'elle le soit, que
bientôt nos ennemis, sous des masques -
hypocrites, auraient (nvahi la forteresse
pùblicaine et qu'ils nous diraient : « U\
maison est à nous : c'est à vous d'en sor-
tir ».
Il faut aussi que le parti radical et radi-
cal-socialiste défende les fonctionnaires ré-
publicains contre les attaques dont ils sont
l'objet à cause de leur dévouement à la R6«
publique. -
C'est en restant fidèles a cette doctrine
que nous rendrons la République plus forift
CTEIVXlME8"jË.E Sf CTMrre«*r>»
'Lundi 12 Octobre 1908. - Ne 14094 -
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ANNOIVCES , 7""
AUX BUREAUX DU JOURNAL _:
- -1 14, rue da Mail, Paris.
Et Chez MM. LAGRANGE, CERF et Q<
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RÉDACTION POLITIQUE
MM. DELPECH, GAUTHIER, LEYDET, Sénateurs;
MM. Paul BOURELY, Jean CODET, Emile CONSTANT,
le KERGUEZEC, MASSÉ, Louis PUECH, Marcel REGNIER,
René RENOULT, Th. STEEG, Députés ;
MM. Jules HENAFPE, Henri ROUSSELLE, Conseillers
municipaux de Paris.
1
TRIBUNE LIBRE
A DIJOIV
'Après le convent maçonni-
que, qui n'a pas manifesté
pour la politique de M. Cle-
menceau un très vif enthou-
siasmé, le Congrès de Dijon
vient à son tour de répudier
hautement toute politique de stagnation
et de « rétrogradation ». L'accueil fait
à M. Bonnet et aux porte-paroles de M.
Maujan, soit dans les commissions, soit
dans les réunions plénières du Congrès,
Si été significatif.
Dès maintenant, il est acquis que le
parti radical et radical-socialiste reste
fidèlement attaché à la politique du
\Bloc de gauche.
La scission entre radicaux désirée,
escomptée par le Temps et toute la
presse conservatrice ne se produira pas.
La répudiation formelle, catégorique
ile l'hervéisme, de l'antipatriotisme, de
l'action directe a réuni — comme il fal-
lait s'y attendre — l'unanimité du Con-
.grès.
La motion de l'ftaurice Sarraut, a la-
quelle s'étaient ralliés Steeg et Dali-
mier, exprime clairement notre pensée.
Mais si le Congrès s'est souvenu, en
l'occurrence, de la superbe harangue
sur le devoir patriotique prononcée l'an
'dernier à Nancy par Charles Dumont,
il a eu une nouvelle occasion d'accla-
mer notre sympathique collègue lors-
qu'il est venu définir, avec une émou-
vante éloquence, la taètique de notre
parti.
Quoi qu'en pense et surtout quoi
qu'en dise M. le président du Conseil,
c'est à droite que l'idée républicaine et
le progrès , social comptent toujours
leutrennemis irréductibles et acharnés.
Leur tactique, pour être enveloppante
et perfide, n'en reste pas moins redou-
table et menaçante.
Partout, la réaction relève la tête.
Qui oserait vraiment le nier ? Partout
désespérée un instant, elle reprend for-
ce et vigueur et dresse contre les répu-
blicains de nouvelles batteries,
-
Escomptant leurs divisions déjà trop
profondes elle cherche à les aggraver
à les envenimer. Elle grossit les inci-
dents fâcheux, et par tous les moyens
cherche à semer la crainte et la peur.
A côté elle entame la campagne con-
tre les écoles républicaines, elle fonde
des sociétés dé toute sorte qui ne sjnt
que des unités de l'armée qu'elle orga-
nise.
Et, entre temps, la coalition de tous
les privilèges et de tous les intérêts con-
servateurs élève contre les réformes so-
ciales une formidable barrière destinée
ià briser notre effort. >
Si donc nous voulons réellement réa-
liser notre programme économique et
Social, si nous voulons ne pas aboutir,
:ên 1910, à un lamentable échec, il faut,
omme on le disait excellemment ici-
même, « grouper toutes les forces d'ac-
tion réformatrice contre toutes les for-
ces de réaction et de conservatisme
aveugle-
Dans son clair bon sens démocrati-
que, le Congrès de Dijon l'a compris,
Ce n'est pas ta; Scission qui va se
produire. N'en déplaise aux progressis-
tes et aux réactionnaires, c'est le Bloc
d'action républicaine, laïque et sociale
qui se reconstitue.
Marcel REGNIER,
Député de l'Allier.
lA POLITIQUE
TOUJOURS J'Y PENSE
Par le fait même qu'il de-
mande à ses « amis mécon-
tents » la permission de les
oublier à Bandol comme à la
Chambre, M. Clemenceau prou-
ve péremptoirement qu'il ne cesse de pen-
ser à eux. Ce souvenir fidèle, vivace, per-
sistant, dont on trouve la manifestation
dans ses discours, dans ses conversations,
dans ses actes, dans toute son existence
ministérielle n'est pas sans flatter prodi-
gieusement ceux qui en sont l'objet.
Comme l'amoureux de la chanson, M.
le président du Conseil cherche à se fai-
re illusion à lui-même. On a des illu-
sions à tout âge
Je ne veux plus pervser à vous
Dont j'ai si triste récompense,
Et malgré tout, et malgré tous.
Toujours j'y pense 1
Eh ! oui. M. Clemenceau y pense tou-
jours, y pense sans cesse et en parle
souvent. A la tribune, dans son cabinet
présidentiel, dans ses heures d'intimité
et d'épanchement avec Maujan, peut-
être même dans ses rêves '« ailés ïï, c'est
à eux qu'il pense encore.
En voyage même, tout là-bas dans le
fond du Var, il veut les oublier 1: mais
à geine a-t-il entrevu au hasard de ses
excursions sentimentales un coin de bois
prometteur, illuminé par ce radieux so-
leil d'automne, qu'il s'imagine les aper-
cevoir en attente sur l'herbe complice.
Les oublier ! Candeur de vieil amou-
reux. Est-ce possible ? Les « amis mé-
contentso ne sont-ils pas la viivante ima-
ge de tout son passé ? ils furent les
témoins, les compagnons des heures dé-
testables et exquises d'après combats et
d'espoirs généreux. Ils ont conservé la
foi dans l'idéal entrevu, la volonté de
l'atteindre et de réaliser les promesses
solennelIes.
Ils n'ont pas écouté sur leur route la
parole mieilleuse d'un Ribot -- ils ne
se sont pas attardés au geste imbécile et
brutal d'un Maujam
Rien ne les a détournés des communes
pensées qui, naguère, agitaient leur âme
et la vôtre, M Clemenceau.
Deux années de votre gouvernement
n'ont pu détruire en eux le souvenir
de toutes vos années d'opposition. Ils
veulent toujours '« l'idéalisme en ba-
taille ».
Ils sont restés ce que vous étiez, -et
c'est l'image de tout ce passé qui vous
obsédé.
Vous voulez oublier, mais vous ne
pouvez pas. Vous criez votre oubli à la
foule, mais le souvenir vous hante.
Ces a amis mécontents », avouez-le,
M. Clemenceau : c'est votre remords.
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche ; Lever du solen,..
à 6 h. 15 ; coucher, à 5 h. 18..
Courses à Longcbamp.
Maujaniana. - -
A la campagne. Il lisait à ses familiers
une de ses pièces de théâtre ple'ne de
réminiscences. L'un d'eux soulevait fré-
quemment son chapeau.
« Qu'est-ce que vous faites ? lui dit-il
surpris. » « Mais. rien. je salue de
vieilles connaissances au passage. »
Le prix de la vie autrefois
En 1350, une ordonnance du roi Jean
défendit de vendre les meilleurs sou-
liers de Cordouan, à l'usage des pour-
geois, « plus de 2 sous, O quatre de-
niers » ; les souliers ordinaires de fem-
me furent taxés à si Yinet deniers M, les
plus forts à rdeux sous
Vers le quinzième siècle, un verre
coûtait environ deux livres ; soixante
œufs,-trois sols ; une livre d'huile, trois
sols (c'était le bon temps) ; une aune
de toile, trois sols et huit deniers.
Quant- aux gages d'une servante, ils
ne dépassaient pas six livres par an.
AUTREFOIS
Rappel du 12 octobre 1872. — La séance
de la commission de permanence s'ouvre à
Versailles, sous la présidence de M. Grévy.
Les réactionnaires interpellent sur la ques-
tion de la liberté religieuse. C'est, en inter-
rompant un discours de M. de Larochefou-
cauld que M. T hier s, président de la Ré-
publique, prononce cette parole sensation-
nelle : « La République est le seul gouver-
nement désormais possible en France. »
Les grands établissements de Crédit met-
tent un certain nombre de places ôe com-
mis à la disposition des Alsaciens-Lorrains.
Les travaux de l'hôtel Carnavalet sont
repris avec vigueur. On, pense que L'ins-
tallation du musée sera commencée aussi-
tôt après leur achèvement.
M. de Pressensé, préparant pour l'As-
semblée un rapport sur les prisons fran-
çaises et étrangères, constate avec stupé-
faction, que nulle part les détenus n'ont de
serviettes.
On parle de l'installation, en vue die l'hi-
ver, de refuges et de braseros dans les
quartiers populeux.
Un système de fermeture dit « portes de
flot n va être adopté à la bouche des égouts
qui se d-éversent dans la Seiiic.
Son honneur
Clairon, la célèbre Frôtillon, ayant re-
fusé de paraître en scène avec un
acteur qui lui déplaisait, fut condamnée
à un mois de prison. Quand on lui si-
gnifia cette décision, elle répondit avec
une dignité toute théâtrale : « Allez ! le
roi peut disposer de ma liberté, de mes
biens, de ma vie même, mais il ne peut
rien sur mon honneur ». — « Vous avez
raison, répondit le gentilhomme, là où
il n'y a rien le roi perd ses droits ».
L'avant dernier.
Duclos, pour exprimer le mépris,
avait une formule favorite ; il disait
toujours : « C'esi l'avant-dernier des
hommes. - Pourquoi l'avant-dernier.?
lui demandait-on Pour ne découra-
ger personne, car il y a presse ».
—————————— ——————————.
L'Administration
de la Marine
Lettre d'un officier de marine
Toulon, le 4 octobre 1908.
Monsieur le Directeur,
Depuis quelques jours notre vaillant
journal a entrepris une œuvre méritoire,
celle de signaler au bon public qui paye
et gémit, l'odieuse incurie dont se meurt
notre malheureuse marine.
Le cri. d'alarme que vous avez poussé
vient peut-être à temps, mais il est extrê-
mement urgent de réagir si l'on veut évi-
ter de nouvelles catastrophes, de nouveaux
désastres. Les fournisseurs dussent-ils en
pâtir, il est nécessaire de mettre un terme
au véritable gâchis qui règne rue Royale
et dans nos arsenaux.
Un des maux principaux dont souffre la
marine est à notre avis la multiplicité d'at-
tributions que s'efforcent d'accaparer et
qu'accaparent peu à peu certaines catégo-
ries de personnel.
Les « techniques » généralement issus de
Polytechnique croient posséder la science
infuse et veulent assumer toutes les char-
ges, toutes les responsabilités, ce qui de
nos jours constitue le meilleur moyen de
n'en assumer aucune.
Ils veulent à la fois être directeurs des
travaux, et administrateurs, bien que
l'administration leur soit totalement étran-
gère, mais de cette façon ils se réservent
la faculté — dont ils usent et abusent —
de masquer les fautes ou erreurs commi-
ses que le contrôle bon enfant ou insuffi-
samment initié laisse passer.
Aujourd'hui pour un ingénieur ou un
artilleur détaché à la marine, la partie
technique est secondaire, car ce n'est pas
celle qui procure le plus de galons ou de
distinctions grassement prébendées. Parlez-
nous des malins de ceux qui s'occupent
d'ad.mi.nis.tra..tion !
Au moyen des éléments que leur fournis-
sent des subordonnés aussi serviles qu'ex-
périmentés, ils élaborent — plagiaires sans
scrupule et sans vergogne — d'intéressants
rapports dont le seul défaut est d'être
sciemment - truqués; Ceux-là n'attendent ja-
mais leur tour pour gravir les échelons de
la hiérarchie du corps auquel ils appartien-
nent !
Le (c fait divers » suivant que donnait le
le numéro du Malin du 20 août dernier est
particulièrement suggestif à ce Bujet.
« CHERBOURG. - Un accident dû à un
« défaut de constuction s'est produit à oord
« du sous-marin Opale. Une manœuvre
cc en cours d'exercice eut un effet contraire
<( à celui qu'en attendait le commandant,
« par suite d'une erreur dans l'installation
« des fils électriques d'excitation des mo-
(t teurs babord et tribord. L'Opale alla,
« aborder, etc. ».
Nul n'a sans doute songé à se demander
où se trouvait et que faisait l'ingénieur pen-
dant que ses ouvriers montaient à l'envers
l'installation électrique drî ce bâtiment, l'ex-
posant par suite à une de ces horribles ca-
tastrophes dont nous avons tous gardé le
poignant souvenir Eh bien, ne cherchez pas.
Sans grands risques de nous tromper nous
pouvons déclarer que cet officier devait
pâlir devant un monceau de paperasses
soumises à son appréciation et auxquelles
il cherchait en vain à comprendre quelque
chose, tel le profane qui aborde une page
écrite en langue hébraïque.
Voilà le régime du « touche S tout » qui
nous conduira à un désastre gi on n'y met
bon ordre. -
A l'ppui. de notre thèse et PQur prouver
que les ingénieurs « ronds de'cuir » sont
ceux qui obtiennent le plus d'avantages
,nous citerons l'exemple du chef de cabinet
-ministre actuel de la Marine. Depuis
l'arrivée au pouvoir de M. Thomson, M.
Dupont a obtenu un cinquième galon et la
rosette de la Légion d'honneur, sans comp-
ter le prochain galon en or qui ne peut
tarder; De plus, en homme prévoyant qui
veut se mettre en garde contre les vicissi-
tudes du pouvoir, M. Dupont s'est réservé
un fromage : la direction de l'Ecole d'appli-
cation du Génie maritime (sise à Paris na-
turellement). Or, depuis plus d'un an, cette
école fonctionne sans directeur et d'aucuns
prétendent que cela ne va pas plus mal.
En résumé, si l'on ne veut pas s'exposer
à de graves mécomptes., il est grand temps
de renvoyer les ingénieurs à leurs cons-
tructions et de confier entièrement l'admi-
nistration à ceux qui sont qualifiés pour la
pratiquer. -
C'est partout la confusion des pouvoirs
-et. l'anarchie intégrale que décrivent si bien
M. Monis et M. Henri Michel.
Veuillez agréer, etc.
Ob ■
Plus de réaction
M. le président du GQnseil. vient de pto-
clamer une fois de plus qu'il n'y a plus d'op-
position réactionnaire.
Si les préfets de M. Clemenceau le ren-
seignent ainsi sur le formidable mouve-
ment clérical qui se prépare dans tous les
arrondissements de France, nous ne pou-
vons que le déplorer. Mais il suffit d'enten-
dre et de vouloir bien écouter les militants
républicains pour être édifié.
Partout il se forme une puissante coali-
tion contre l'exécution du programme social
du parti radical.
L'Eglise, qui n'a pas su provoquer la ré-
volte des consciences contre les lois de laï-
cité. a trouvé un meilleur terrain eij apeu-
rant les intérêts des conservateurs.
Comme on l'a dit si justement, « les cof-
fres-forts se défendront mieux que les
conseiences Il.,.'
Et c'est au moment ou les reiormes so-
ciales vont se heurter à cette barricade
d'égoïsme et de conservatisme à outrance,
que M. Clemenceau déclare ne plus aperce-
voir de réaction sociale devant lui.
Serait-ce qu'elle est derrière ?
.——————————— ———-————————'
LE KAISER
Les journaux français ont la manie de
dire « le Kaiser » tout court en parlant de
l'empereur Guillaume II.
Cette dénomination n'est""pas correcte.
« kaiser » n'est pas un nom exclusivement
réservé à l'empereur allemand. Il ne dési-
gne pas une individualité unique comme
les noms de tsar, mikado, schah ou Pape.
Il veut dire tout simplement : empereur.
Or, il existe en Europe un autre kaiser que
Guillaume II, c'est le kaiser François-
Joseph, souverain d'Autric.he--HongPie. En
persistant donc à donner à Guillaume H-
te nom de « kaiser Il, nous commettons à
la fois une inconvenance et un non-sens
géographique.
Cela dit, parlons du kaiser allemand,
puisque nous nous évertuons à ne pas l'ap-
peler Guillaume II.
Lors de notre récent séjour en Alsace-
Lorraine, il nous a été donné d'apercevoir
Guillaume II.
Ne l'avant jamais vu auparavant, il nous
a été impossible de nous prononcer sur l'é-
tat de santé de l'empereur allemand.
Mais des personnes autorisées, qui ap-
prochent Guillaume II à chaque voyage en
Alsace-Lorraine, ont été frappées de la mau-
vaise mine du souverain.
Ce n'est pas dans une cérémonie publi-
que, nous a dit quelqu'un, qu'il faut vous
rendre compte de l'état de Guillaume II.
Dès que l'empereur allemand fait officiel-
lement, son entrée dans une ville, sa phy-
sionomie prend un aspect particulier, le re-
gard devient fixe, les traits se contractent,
le sourire est remplacé par un rictus. On
se demande si Guillaume II est, à ce mo-
ment, en proie à une angoisse ou à la re-
cherche d'une attitude pouvant rehausser
la majesté de la dignité impériale.
Les deux hypothèses peuvent se soute-
nir ; car, dès que Guillaume II est rentré
dans ses appartements privés, sa figure se
transforme. Le regard s'adoucit, les traits
se détendent et un sourire vraiment char-
mant remplace le rictus officiel.
Malgré les sautes d'humeur que provo-
que parfois son état de santé, Guillaume Il
est un joyeux compagnon.
Ainsi, quand — lors de son voyage à la
Sclilucht — il arriva au chalet Hartmann,
il dit en français à M. André Hartmann :
» Je vous présente un empereur qui s'est
(c pochardé » (sic). Ces diables d'Alsaciens
m'ont fait boire un verre de leur vin blanc
dans chaque village, de sorte que la tête
me tourne légèrement. »
Ce mot « pochardé Il n'étonne pas ceux
qui savent que Guillaume II connaît toutes
les subtilités de notre langue et aime à le
montrer.
On se rappelle, à ce propos, un incident
qu'il eut avec Jules Simon, lors du voyage
de ce dernier à Berlin.
— Comment trouvez-vous, dit Guillau-
me II à Jules Simon, que je parle le fran-
çais ?
- Admirablement bien, sire.
- Vrai ? N'avez-vous rien remarqué de
choquant ? N'ai-je dit aucun non-sens ?
Répondez-moi en toute franchise.
- Eh bien ! sire, si vous m'autorisez à
répondre sincèrement, je vous ferai obser-
ver que vous avez prononcé, à plusieurs
reprises, le mot « godailler ».
— Godailler ? Mais c'est français ! Le
mot se trouve dans le dictionnaire 3e l'A-
cadémie !
— Vous le trouvez parfaitement dans le
dictionnaire de l'Académie, mais vous ne
le rencontrerez jamais dans un salon.
— Je vous remercie du renseignement,
répondit Guillaume. Godailler est de l'ar-
got. Eh ibien ! je m'en servirai de temps en
temps, car j'adore votre argot, qui est si
pittoresque, si diablement français.
Et voilà pourquoi le kaiser allemend —
ne le confondons pas avec le kaiser autri-
chien — s'est trouvé un peu « pochardé »
en approchant de la frontière française.
Pourquoi cette charmante griserie n'a-f.
elle pas permis à Guillaume de faire l'ad-
mirable geste qui aurait effacé le souvenir
de la sinistre griserie; de 1871 ï
- Fatuité -
Jean Clervaf,
w
LES ASSISES DÉMOCRATIQUES
Le Congrès radical
et radical-socialiste
Banquet du Comité républi-
cain du Commerce et de Vin-
dustrie.
Vendredi soir, à 8 heures, a eu lieu,
salle des Etats de Bourgogne, le ban-
quet offert par la section côtedarienne
du Comité républicain du commerce,
de l'industrie et de l'agriculture à M.
Mascuraud, sénateur, président du Co-
mité.
Environ deux cent cinquante convi-
ves y assistaient.
M. Charton, conseiller général de
Beaune-Sud, président de la section cô-
tedorienne, présidait, ayant à sa droite
MM. Briens, préfet de la Côte-d'Or ;
Mascuraud, sénateur de la Seine ; Du-
mont, maire de Dijon ; à sa gauche :
MM. Delpech, sénateur, président du
Comité exécutif ; général Audré, ancien
ministre de la guerre ; Pelle tan, dépu-
té, ancien ministre de la marine.
Au dèssert, M. Briens, préfet de la
Côte-d'Or, a prononcé une allocution
qu'il a terminée en buvant à l'avenir
de la démocratie répubLicaine, à la
République, toujours plus grande, tou-
jours pips estimée, et en joignant à son
hommage aux républicains venus à Di-
jon pour affirmer leur foi républicaine,
M. Fallières, président de la Républi-
que.
Discours de M. Charton
M. Charton a pris ensuite la parole.
Messieurs, a-t-il dit, notre fête d'aujour-
d'hui prend un éclat et une signification
plus intense par ce fait qu'elle coïncide avec
le Congrès national du Parti radical et ra-
dicaJ-socialiste, qui a choisi cette année
pour tenir ses assises notre pays si profon-
dément attaché a 1 idéal républicain. Les
résolutions prises par ce congrès ont une
importance considérable, et auront un très
grand retentisement, puisque le Parti radi-
cal et radical-socialiste a été placé par la
confiance du suffrage universel au gouver-
nement, c'est-à-dire aux responsabilités,
puisque c'est à lui qu'incombe la mission
délicate de conduire la démocratie à ses
destinées. Nous tous, commerçants, indus-
triels et agriculteurs républicains, nous
nous sommes groupés sous la direction
éclairée de notre cher président, pour pro-
clamer notre foi politique, pour collaborer
de toutes nos forces associées à l'œuvre en-
treprise par le gouvernement et par le Parti
radical, en vue de parfaire l'Idéal de pro-
grès démocratique et ue justice sociale, qui
est l'essence même du régime républicain.
Discours de M. Mascuraud
M. Mascuraud parle à son tour, et
donne l'assurance que le Comité dont
il est le président est en communion
d'idées avec le parti radical.
Que le Parti radical, dit-il, aille de l'a-
vant résolument, qu'il accomplisse en toute
sûreté la suite harmonieuse des réformes
qu'il a promises au pays ; les commer-
çants, les industrieds, leSlt agriculteurs ré-
publicains sont prêts à adopter sa politique,
à marcher avec lui d'un pas ferme et con-
fiant.
Le monde des affaires du travail est
venu à nous et à la politique radicale, par-
ce que celle-ci repose précisément sur les
principes essentiels, auxquels sont attachés
tous les travailleurs du pays. La parti radi-
cal, — et c'est là le secret de son triomphe
— - se tient également éloigné à droite tfes
défenseurs du trône et de l'autel, de ceux
qui tiennent encore aveuglement pour les
régimes déchus, et à ï'exti,ftw:e-gauche des
prédicateurs de l'anarchie, des théoriciens
de la grève générale et des praticiens du
sabota.ge. Nulle alliance avec les serviteurs
entêtés d'un passé qui a eu ses gloires,
mais qui ne peut plus être qu'un souvenir
historique ; nulle compromission d'autre
part avec les fauteurs ordinaires, avec les
professionnels du désordre et de la violen-
ce ; mais c'est là justement le vœu perma-
nent du Commerce, de l'Industrie et de l'A-
griculture ! Et c'est la raison de leur enten-
te déjà ancienne et durable avec le Parti
radical.
En terminant, M- Mascuraud porte
un toast à la ville de Dijon et à la Bour-
gogne hospialière.
Discours M. Camille Pelletan
M. Pelletan remercie la Bourgogne
de sa belle hospitalité. Cette hospitalité
remonte aux temps les plus anciens :
dès saint Bernard et Bossuet, elle était
pratiquée, l'histoire en fait foi. C'est
comme une sorte de tradition qui se
perpétue, et nous la retrouvons, avec
Diderot, telle que nous li yoyoais au-
jourd'hui.
L'orateur remercie M. Mascuraud de
l'honneur qu'il lui à fait en l'invitant
dans cette réunion et ue l'accueil qui
lui a été réservé. Il le remercie d'avoir
réveillé la bourgeoisie commerçante.
M. Pelletan définit ensuite le rôle qui
incombe à la bourgeoisie pour faire
disparaître la lutte des classes. Il faut
que cette bourgeoisie se rapproche de
plus en plus de la masse ouvrière, de
la masse laborieuse, dans un sentiment
d'arbitrage et de concert
Il lève son verre à Mi Mascuraud et
à l'association qu'il a fondée pour le
bien de la République. (Bravos).
Discours du général André
Le général André souhaite la bienve-
mie à tous ceux qui se soni rendus à j
Dijon pour y célébrer le grand mouve-
ment radical et radical-socialiste qui se
tient dans ses murs.
En venant ici, ils ont donné une preuvé
de leur sympathie à la Bourgogne. C'est k
eux, dit l'ancien ministre de la guerfS, tjïw
je lève mon verre et je leur adresse mea
remerciements. (Applaudissemente.)
Discours de M. Herriot
M. Herr'ot, maire de Lyon, dit que
son devoir est de remercier le Comité
du efmimerce, de l'industrie et de l'a.
griculture d'avoir créé un mouvement
démocratique en France.
Au nom de la ville de Lyon qu'il re-
présente, c'est d'un cœur reconnaissant
et sincère qu'il porte la santé du Comité
du commerce, de l'industrie et de l'a-
griculture.
Discours de M. Delpech
La série des discours se termine par
une allocution de M. Delpech, président
du Comité exécutif du parti radical et
radical-socialiste.
S'adressant aux membres du Comité
Mascuraud, il leur dit -- :
Vous représentez la partie la plus active,
la- plus vaillante, la plus laborieuse et la
plus courageuse de la France. Nous vous
sommes reconnaissants de vouloir bien
nous apporter le concours précieux de vo.
tre activité, de vos ressources pécuniaires.
de voire puissance de cohésion. Tous avez
été les auxiliaires dévoués de la défense
républicaine, et je suis heureux de voir
parmi vos invités un préfet rèpublicain pe
je considère comme une des administra-
teurs les plus distingués de France.
M. Delpech boit à la santé du prési-
dent du Comité, au maire d'une ville
qu'il l'a si bien reçu. à toute la Bour-
gogne. Il termine par le cri de : « Vive
la France républicaine ! »
-♦
Troisième journée
SÉANCE DU MATIN
Les rapports des commissions
La séance est ouverte à 9 heures da
matin, sous la présidence de M. -Bour-
rât, député des Pyrénées-Orientales, qui
prononce le discours suivant :
Citoyens, au nom du bureau tout entier,
je vous remercie de l'honneur que vous
nous avez fait en nous appelant à diriger
vos débats au cours de cette séance.
Lors des élections générales de 1900, le
parti républicain a été unanime à se ré-
jouir des succès qu'il avait remportés.
Ce succès était dû à une politique de non
compromission avec les adversaires de la
République et d'union avec ceux qui lut-
taient pour le triomphe de la démocratie.
Mais depuis lors nous assistons à ua
spectacle sur lequel il convient d'attirer l'at-
tention des vrais et des sincères républi-
cains.
Notre vénéré président Delpech nous di-
sait hier. : « Avec Jcssot, nous protestons
contre tous ceux qui oseraient aujourd'hui
s'emparer de la République, la drjg,
s'imposer à. nous sous un masque républi-
cain dissimulant mal leur tempérament
imbu des idées réactionnaires, tandis qna
nous qui tenons mi parti radical et radical-
socialiste, nous avons toujours manifesté
notre horreur des équivoques, des faux
semblants, des hypocrisies. 11 est exact, et
la chose a été constatée non seulement dons
ce département, mais dans d'autres dénr.r- •
tements de la France, que c'est là la tacti-
que nouvelle des partis réactionnaires, em-
ployée par eux aujourd'hui pour essayer de
rentrer en vainqueurs dans les assemblécR
publiques d'où ils ont été chassés par le
suffrage universel. »
Il faut y prendre garde:
Ne considérons pas seulement dans le!t
candidats les épithètes qu'ils arborent.
Examinons leur attitude passée et surtouff
l'attitude qu'ont envers eux les ennemis du
régime républicain.
Toutes les fois que les conservateurs, les
partisans de l'Action libérale, les faux répu-
blicains portent leurs efforts pour faire éli,
re tel ou tel candidat soi-disant républi-
cain, notre devoir, citoyens, est tout tracé,
prenons garde ! * >
Nous n'avons rompu qu'avec les anar-
chistes d'extrême-gauche qui préconisent la
grève générale et renient l'idée de patrie.
Ceux-là sont les pires réactionnaires et,
en votant avec la droite, ils ont laissé ab-
solument intacte notre devise : « Pas d'en-
nemis à gauche, pas de compromissions
avec la droite ».
Les socialistes réellement soucieux dea
intérêts de la démocratie savent que saula
la République peut réaliser les réformes qui
donneront aux humbles plus de bien-être eL
de justice sociale.
Mais le narti radical et radical-socialiste
a aussi à distinguer ses amis sincères do
ceux qui veulent le trahir.
Hier, vous avez exclu deux délégués qui
avaient pactisé avec la réaction.
Cet exemple était nécessaire.
Il faut que la discipline soit sévère. Il
convient d'autant plus qu'elle le soit, que
bientôt nos ennemis, sous des masques -
hypocrites, auraient (nvahi la forteresse
pùblicaine et qu'ils nous diraient : « U\
maison est à nous : c'est à vous d'en sor-
tir ».
Il faut aussi que le parti radical et radi-
cal-socialiste défende les fonctionnaires ré-
publicains contre les attaques dont ils sont
l'objet à cause de leur dévouement à la R6«
publique. -
C'est en restant fidèles a cette doctrine
que nous rendrons la République plus forift
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