Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-09-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 septembre 1908 17 septembre 1908
Description : 1908/09/17 (N14069). 1908/09/17 (N14069).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7570957f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
4080. — 30 Fructidor An 116. CïWQ CENTIMES EiE NUMERO
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Jeudi 17 Septembre 190-8. - x- 14Ot" « 1 --
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TRIBUNE LIBRE
Les Abstentionnistes
Depuis longtemps on se
préoccupe, dans les milieux
politiques, du grand nombre
d'abstentions constatées à
chaque élection, et on s'est
demandé Dar auel procédé on
pourrait remédier à un mal qui, dans
certains cas, peut vicier profondément
te résultat d'un scrutin.
M. SimoDet, député de la Creuse, a
pris, il y a un certain temps déjà, l'ini-
tiative d'une proposition tendant à per-
mettre le vote par correspondance.
Cette proposition a été, renvoyée à la
commission du suffrage universel dont
M. Varenne est le rapporteur.
* Cette commission a admis dans son
principe la proposition Simonet, et elle
conclut à l'organisation du vote par
correspondance.
C'est une mesure fort juste qui, de-
puis longtemps déjà, aurait dû être
adoptée.
Il est certain, en effet, que beaucoup
de citoyens désireux de prendre part aux
opérations électorales en sont empêchés
par l'éloignemnt où ils se trouvent de
leur domicile.
Quantité de professions exigent de
ceux qui les exercent des déplacements
fréquents et longs. Tel est le cas des
voyageurs de commerce, des ouvriers @
terrassiers, maçons, charpentiers, pein
très qui, chaque année, quittent leur
foyer pendant plusieurs mois pour s'en
aller travailler dans les villes. Les ou-
vriers bûcherons, les moissonneurs se
trouvent dans le même cas. Chaque prin-
temps et chaque été, nombreux sont les
journaliers qui, dans certains départe-
ments, s'expatrient pour aller couper
les bois, faire le charbon ou lever les
récoltes au loin. Ils restent éloignés de
chez eux, les uns pendant plusieurs se-
maines, les autres pendant plusieurs
mois.
Si une élection a lieu au moment où
ils sont absents, il leur est matérielle-
ment impossible d'y prendre part. N'y
ayant pas de domicile fixe, ils ne sau-
raient être portés sur les listes électora-
les de la commune où ils résident mo-
mentanément. Pour aller voter, là où ils
sont électeurs, il leur faudrait perdre
quelquefois deux ou trois jours de tra-
vail, s'imposer des sacrifices et des dé-
penses hors de proportion avec leur si-
tuation
Ils ne votent pas, mais c'est à contre-
cœur qu'ils y consentent, et il suffit d'a-
voir parfois causé avec l'un d'eux pour
savoir que le vote par correspondance
est l'une de leurs principales revendica-
: tions.
On a, jusqua ce jour, soulevé des
objections en se basant sur les difficultés
• de l'application.
Le système proposé par M. Simonet
est à la fois simple et ingénieux, puis-
qu'il donne à chaque électeur la possi-
bilité de voter sans dérangement et ne
permet aucune fraude ; aussi, semble-
t-il que les objections formulées jus-
qu'ici doivent tomber d'elles-mêmes, en
présence du texte que présentera la
commission.
Ce système, d'ailleurs, est inspiré de
ceux qui fonctionnent déjà en Norvège
et dans le canton de Berne, où ils ne
donnent que d'heureux résultats.
Chaque électeur absent au moment
du vote devra demander au maire de la
commune sur les listes de laquelle il est
porté, de lui adresser sa carte électo-
rale. Trois jours avant le scrutin, il se
rendra à la mairie de la localité où il
se trouvera. En présence du maire ou
d'un adjoint, il signera sa carte élec-
torale qu'il remettra avec son bulletin
contenu dans une enveloppe identique
à celles dont on doit. se servir pour les
élections.En sa présence, bulletins et
Parte électorale seront insérés dans une
, seconde enveloppe que le maire et l'é-
lecteur revêtiront Je leur signature pour
lui donner un caractère d'authenticité
absolue.
Cette enveloppe sera ensuite, par les
soins du maire qui l'aura reçue, adres-
sée au président du bureau de vote où
devrait, s'il était présent, voter l'élec-
teur qui ne peut le faire que par corres-
pondance. Ouverte le jour du scrutin,
fin préssnce des électeurs, elle sera in-
troduite dans l'urne, tandis que la carte
électorale permettra d'émarger'le vo-
tant.
Le système, on te voit est simple.
Mais il ne résout pas la question en
ce qui concerne tous les abstentionnis-
tes.
M. Simonet, représentant un départe-
ment dont un grand nombre d'électeurs
s'expatrient chaque année, n'avait à se
Préoccuper que de ceux qui, désireux
ae voter, en sont empêchés par la situa-
tion dans laquelle ils se trouvent
La commission s'est demandé s'il n'y
aurait pas lieu de s'occuper également
des abstentionnistes volontaires et de
prendre des mesures pour rendre le vote
obligatoire.
Avec beaucoup de raison elle y a re-
noncé. Les deux questions, en effet, sont
trop distinctes pour pouvoir être con-
fondues. -
Les abstentionnistes volontaires ne
sont pas intéressants. Pourquoi vouloir
les obliger à user d'un droit qu'ils dé-
daignent ? Ceux qui, au contraire, dési-
rent remplir leurs devoirs de citoyens
et sont dans l'impossibilité de le faire,
sont vraiment dignes d'intérêt. Les pou-
voirs publics ont le devoir de se préoc-
cuper d'eux et de donner satisfaction à
leurs légitimes revendications.
La commission s'est prononcée. Le
gouvernement, sans aucun doute, se ral-
liera à ses conclusions que les Cham-
bres adopteront à bref délai. -
Ainsi se trouvera résolu, dans le sens
démocratique, un problème qui est posé
depuis longtemps.
- -" r Alfred MASSE,
Député de la Nièvre.
LA politique
FACE A DROITE
Depuis que M. le président
du Conseil a déclaré n'avoir
plus d'ennemis à droite, *et
qu'il concentre tous les efforts
de son énergie et de son ar-
deur contre les seuls socialistes,
'1.. 1 r.. 1 , - -
lespropagandistes par le lait ae ia mo-
narchie en prennent à leur aise et ne dé-
guisent plus leurs menaces.
Après avoir haineusement applaudi au
« noble geste » de Grégoci, ils préconi-
sent ouvertement l'action directe - avec
une crânerie d'ailleurs indiscutable —
sans que les journaux progressistes, si
prompts à s'émouvoir aux moindres paro-
les de la C. G. T., daignent sen aperce-
voir. Ce sont complaisances naturelles
entre fractions du Bloc de droite.
M. Charles Maurras, avec son talent et
sa précision habituels n'y va pas par qua-
tre chemins. A l'occasion d'une cérémonie
qui qoit avoir lieu à Nîmes le 4 octobre
prochain, il s'exprime dans les termes sui-
vants : « C'est une question de savoir si
la fête aura lieu, sii la statue sera inaugu-
rée et si on la laissera en place. Les cail-
loux ne manquent pas en plaiine de Nî-
mes, et la science, fille de la tradition et
du génie huniain, peut mettre à la dispo-
sition des hommes d'ordre, des explosifs
qui n'ont pas été réserves de toute éternité
à s::":;"" les seuls partis de la Révolution.»;
Lest clair, comme disait 1 autre.
Nous ne contestons pas aux monarchis-
tes le droit d'exploiter, au profit de leur
cause, les faiblesses et les fautes de la po-
litique pratiquée depuis deux ans, ni de
profiter de la lassitude momentanée et du
mécontentement des fractions énergiques
et militantes du Bloc de gauche pour
prendre une offensive hardie.
Tandiis que les monarchistes préparent
ainsi, non pas une « simple escarmouche)),
mais un projet d'action générale, les évê-
qu.es partent en guerre, parallèHement, et
s'insurgent avec une violence inouÍe con-
tre la loi républicaine. Les progressistes,
eux, se chargent d'opérer une diversion
utfrle contre les socialistes, tandis que
M. le président du Conseil déclare aux
agences qu'il est très satisfait.
Combien i.x. Ruau fut décidément bien
inspiré dans son discours de Marseille en
rappelant aux républicains que la réac-
tion n'a pas désarmé !
1 "• «
LES ON-DIT
NOTRE ACENDA
'¡luÍourd'hui mercredi :
Lever du soleil à 5 h. 39; coucher à 6 heu-
res 10.
— Courses au Tremblay.
Maujaniana.
Il visitait h. maison des fous de Cha-
renion, qui est la principale attraction
de sa circonscription électorale.
Il était d'humeur badine.
— « Tiens, dit-il au directeur, j'ai un
numéro de la loterie de la Presse ; il pa-
raît que certains fous prédisent l'avenir;
je vais en consulter un pour-savoir si
mon numéro sortira. »
Il s'approcha d'un pêftsiônnaire de
l'hospice et lui pose la question.
— « Montrez votre numéro, dit le fou,
11 le lui tend: Le fouv brusquement,
s'en empare, le roule en boulette et l'a-
vale.
— « Si vous voulez prendre la peine
â'atteÍld,re) dit il avec son plus gracieux
sourire à Mau jan stupéfait, vous pou-
vez être certain de le voir sortir 1 »
Leurs sujets. ,
Louis XEV parlait, un jour, du pou-
voir que les rois ont sur leurs sujets ;
le comte de Guiche osa prétendre que
ce pouvoir avait des bornes ; mais le
roi, n'en voulant admettre aucune, lui
dit avec emportement : « Si je vous or-
donnais de vous jeter dans la mer, voois
devriez sans hésiter, y sauter la tête la
première. » Le comte, au lieu de répli-
quer, se retourna brusquement et prit
le chemin de la porte. Le roi lui deman-
da avec étonnement où il allait. « Ap-
prendre à nager, sire », lui répondit-il.
Louis XIV se mit à rire, et la conversa-
tion en resta ?à-
AUTREFOIS
Rappel du 17 septembre 1872. — La pièce
d'un dramaturge républicain, M. Robert
Hait, -Mme Frainex, qui devait être jouée
au Vaudeville, est et reste interdite, malgré
les démarches de l'auteur et du directeur.
On fait remarquer à ce propos que Raba-
gas, pièce politique, mais réactionnaire, a
pu être représentée sans difficulté au même
théâtre du Vaudeville.
On publie le projet, rédigé par M. Gi-
rard, au nom d'une commission de l'Assem-
blée nationale, -sur la publicité des annon-
ces judiciaires.
Samedi, vingt et un soldats ont été dé-
gradés dans la cour de l'Ecole militaire. Ils
avaient servi dans les rangs des fédérés.
La souscription ouverte pour le monu-
ment qui doit être élevé à VEcole des beaux-
arts en l'honneur âes élèves morts sur le
champ de bataille pendant la guerre de
1870-71, atteint déjà dix mille francs. JLe
ministère de finstruction publique donnera
le marbre nécessaire. Les élèves tués, au
nombre de six sont : MM.. Regnault' et
Chauvet, peintres ; Seilhade et Anceaux,
sculpteurs ; Breton et Malherbe, architec-
tes. Regnault et Malherbe sont morts à
Paris ; Seilhade, à Châteaudun ; Anceaux,
au Mans ; Chauvet et Breton, dans les ar-
mées de province. Outre les six élèves tués,
huit autres ont été blessés.
Le dernier prisonnier civil français, M.
Irutour, qui était détenu en Prusse, sous
l'inculpation d'avoir servi du vin empoison-
né aux soldats allemands, vient d'être ren-
du à la liberté.
On annonce la mort de l'ingénieur russe
Nobel, inventeur de la nitro-glycérine.
Singulier incident, aux courses de Chan-
tilly, dans le Premier Critérum pour che-
vaux de deux ans. Les chevaux venaient
de s'élàncer quand un iocley mauvais plai-
sant, cria : « Stop ! ». Dix des concurrents
s'arrêtèrent, croyant à un faux départ. La
course a été déclarée valable, quoique faus-
sée, les jockeys ne devant s'occuper que du
signal du départ.
Au Vaudeville, depuis qu'on joue le Ra-
bagas, de M. Sardou, les recettes varient
entre 12 et 15 francs par soirée. Un journal
bonapartiste, donc favorable à la pièce, ra-
conte qu'hier une demi-douzaine de rats
jouaient aux barres dans l'orchestre pen-
dant la représentation. Il n'y avait donc pas
un chat dans la salle !
Remise à quinzaine.
L'éclipsé de soleil ancncée pour l'an-
née 1740 avait répandu une si grande
consternation dans les campagnes,
qu'un curé ne pouvant suffire à confes-
ser ses paroissiens, qui en croyaient
mourir, Veur dit au prône : « Mes en-
fants. ne vous pressez pas tant, l'éclipsé
a été remise à quinzaine. »
La pluie et le beau temps.
Comme on promenait dans Paris la
châsse de sainte Geneviève, en 1725, an-
née où 'lcs. pluies gâtèrent la récolte, la
marquise de Prie. maîtresse du régent,
qui la vit passer, se mit à dire : « Le
peuple est fou ; ne sait-il pas que c'est'
moi qui fais la pluie 'et le beau temps ? »
s
Le château de Versailles.
Louis XIV disait au duc de Vilonne,
en lui montrant les nouveaux bâtiments
de Versailles : « Vous souvient-il qu'il y
avait là un moulin ? — Oui. sire ; le
moulin n'y est plus, mais le vent y est"
encore ».
Horizontalement.
Au siècle dernier, le médecin Bordeu
ne put. jamais se délivrer d'une mélan-
colie profonde qui, jointe à la goutte,
l'emporta au tombeau. Il eut des amis,
mais il eut aussi, même parmi ses con-
frères, des ennemis cruels. Un d'eux
lui suscita un procès déshonorant, et
apprenant sa mort, dit : « Je n'aurais
pas cru qu'il fût mort horizontale-
ment. » On sait que ceux qui étaient
condamnés à mort par la justice étaient
pendus et mouraient perpendiculaire-
ment. C'est un mot que la guillotine a
démodé. Aujourd'hui, tout le monde
meurt horizontalement.
Friandises.
Le duc de Duras voyant un jour Des-
cartes qui faisait bonne chère, lui dit
en raillant : « Eh quoi ! les philosophes
usent-ils de ces friandises ? — Pour-
quoi pas ? répondit Descartes, vous
imagin-ez-vous que la nature n'ait pro-
duit les bonnes choses que pour les
ignorants ?»
Molière et Racine.
On disait à l'un 'de nos jeunes au-
teurs tragiques qui n'a pas été heu-
reux : « Pourquoi ne faites-vous pas des
comédies ?
— « Je ne fais pas 'de comédies de-
puis que j'ai lu MoMère.
— « Il paraît, lui dit-on, que vous
n'avez jamais lu Racine. ».
t"ooèrclèm.ent. ".-
Dans la guerre de Plndépendance, un
Américain ayant vu six Anglais sépa-
rés de leur troupe eut l'audace de leur
CQurJr. sus, d'en blesser :deuxt de désar-
mer les autres et de les amener au gé-
néral Washington. Le général lui de-
manda comment il avait pu faire pour
se rendre maître de six hommes. »
« Aussitôt que je lés ai vus, répondit-il,
j'ai couru sur eux et je les ai environ-
nés »..,
Le foin défendu.
Quelqu'un soutenait devant Male-
branche que les ailimaux avaient quel-
que notion du bien et du mal. » C'est
qu'apparemmemt, dit Malebranche, ils
ont mangé du foin défendu. »
Le sommeil des juetes.
Un avocat plaidant devant une cour
où plusieurs conseillers dormaient, s'ar-
rêta tout net : « Qu'avez-vous, maître ?
demanda un conseiller qui avait résisté
à l'influence narcotique de l'audience.
— Je crains, répondit l'avocat, d'inter-
rompre le sommeil de ces messieurs ».
Le dernier carita.
Un mathématicien était à l'extré-
mité. Sa famille l'entourait et lui disait
les choses les plus touchantes; mais il
ne donnait plus aucune marque de eon-
naissance. Un de ses .élèves entra et
dit : « Attendez, je vais le faire parlera
Le carré de douze ? — « Cent quarante.
quatre », répondit le savant. Ce furent
ses dernières paroles.
La bonne doctrine
Doit-on le dire ? Oui, assurément, puis-
que M. le président de la République l'a
dit : nous aimons mieux la liberté que le
despotisme, chez nor: amis de l'étranger.
Et nous nous réjouissons que M. FaHiè-
res, d'un mot discret, ait marqué nos pré-
férences. Cela d'une iaçon simplette, nette,
courageuse.
« Le nouveau régime constitutionnel,
a-t-il dit au nouvel ambassadeur de Tur-
quie à Paris, qui vient d'être établi dans
l'empire ottoman, ne peut que rendre plus
étroites encore les sympathies séculaires
qui unissent les deux pays. »
Et cela signifiait encore « Nous avons
été enchantés de voir les Turcs mettre fin,
spontanément, à l'odieux régime qui nous
avait montré le spectacle rouge des massa-
cres d'Arméniens et l'horreur d'abus infinis
contre la dignité humaine. »
Que de choses en peu de mots 1 comme
disait le personnage de Molière.
Déjà, M. Henri Brisson, .lors de son der-
nier passage à Marseille, avait marqué ol-
ncieUement notre sympathie pour la révolu-
tion turque : « Maintenant, avait-il dit à ses
électeurs phocéens, vous exportez de la
Hberté 1 »
La parole du président de la Chambre;
celle du président de la République, sont
précieuses à recueillir.
Nous n'en "regrettons que plus-amèrement
que la proposition adressée, il y a deux
ans, à la Chambre des députés, d'envoyer
son seflut fraternel à la deuxième Douma,
ait été escamotée dans les chausse-trapes
du « règlement ».
La nation française eût apporté à la na-
tion russe et à ses représentants librement
élus, un réconfort moral qui eût définitive-
ment fait disparaître les tentatives de dis-
solution et la politique des pogroms.
La France n'impose à aucun peuple une
direction politique, mais elle se réjouit du
progrès des libertés publiques dans les
Etats attardés.
Redouter de le dire, c'est rougir d'être
des républicains. Nos diplomates, avec
ileurs mœurs de chambeiîans, se taisent. -
Notre président de la République est
plus courageux. Heureusement.
■ni 1' n 1
Le bouc émissaire
M. Pichon serait-il disposé à se venger
sur M. Regnault de ses déconvenues mp.ro-
cailnes ? Va-t-il faire de notre représentant à
Tanger l'indiispensable victime expiatoire ?
Va-t-il tenter de -se dérober aux sarcas-
Imesde la gâterie parlementaire désormais
édifiée sur son génie diplomatique, en lâ-
chant ce pauvre M. Regnault qui fit naguè-
re, au quai d'Orsay, la pluie e,'t le beau
temps ?
Va-t-il s'imaginer qu'en lâchant ledit M.
Regnault nous le tiendrons -pour quitte lui,
M. Pichon, de leurs fautes et communes
bévues ?
Poense-t-il qu'il suffit d'abandonner un su-
bordonné dont on ((:Il responsable, pour de-
venir soi-même irresponsable devant le
Parlement .?
Nous verrons d'ici peu.
Pour le moment, relatons les bruits qui
circulent au sujet du représentant de la
France à Tanger.
Ecoutons la Grande Revue i
« Notre représentant ne pouvait prendre
Moulay Hafid au sérieux.A aucun moment,
jusqu'à celui de la défaite, il n'a douté du
triomphe final d'Abd; el Aziz. Ce triomphe
lui semblait certain, inéluctable, et ses té-
légrammes, que les faits démentaient cruel-
lement chaque jour, avaientpour objet de
rassurer' les doutes qu'émettait le ministère
des affaires étrangères. Au début, M. Pichon
avait ajouté foi aux affirmations dé notre
représentant à Tanger, mais ^a confiance
n lavait pas résisté longtemps aux démentis
donnés par les progrès de la cause hafidien-
ne ; aussi, le 23 août, par conséquent après
la débandade de la mehalla d'Abd el Aziz et
la fuite de celui-ci vers Settat. se montre-
t-il un pnu sceptique lorsque M. Regnault
l'informa qu'il n'y avait nullement à crain-
dre la proclamation de Moulay Hafid à Tan-
ger. On sait que la proclamation eut lieu
le soir môme.
M. Regnault n'est !d.onc plus pe^s ma
grata au quai d'Orsay et il est maintenant
probable que son maintien à Tanger ne
sera pas de très longue durée. »
Tiens ! tiens ! M. Pichon s'est rendu
compte depuis le 23 août que M. Regnault
ne comprenait rien* aux affaires marocai-
nes !
Il y a bien plus longtemps que noua
avons remarqué leur égale et incomparable
cécité.
TRIBUNE CORPORATIVE
L'AVANCEMENT DES OITiGIERS f -
Depuis quelques années les ministres
de la guerfe préconisent une répartition
plus équitable de l'avancement en fa-
veur des officiers modestes.
Mais les chefs de corps et les géné-
raux, forçant au besoin leurs notes,
n'en. continuent pas moins à favoriser
les fils à papas. Ils savent qu'à l'aide de
quelques bonnes petites recommanda-
tions républicaines, toujours à portée
des réactionnaires un peu sérieux, le
ministre et les commissions d'avance-
ment sanctionneront leurs préférences.
Ces choses-là s'arrangent en famille ;
et puisque les documents officiels ré-
glant les conditions d'accès aux diffé-
rents grades de l'armée : la loi du 14
avril 1832 l'ordonnance royale du 16
mars 1838 et les instructions récentes,
ne fixent aucune règle pour l'établisse-
ment des Tableaux d'avancement, il est
-naturel que les notes des chefs de corps
soient prises pôur unique base d'avan-
cement et que les travaux personnels,
-si importants qu'ils soient, ne prévalent
jamais sur les notes données pour la
manière générale de servir. Pourquoi
sortir de la-cote d'amour de cette bonne
;roéthode d'avancement qui permet d'a-
vantager fils gendres, neveux, cousins
et domestiques quand rien n'y oblige !
L'armée, c'est l'école du devoir ; elle
.ne devrait avoir besoin ni de codes ni
de lois pour récompenser le mérite.
Malheureusement trop souvent, toujours
pour ainsi dire, le sentiment du devoir
fait place à d'autres plus intéressés.de
caste et de chapelle. En l'occurrence, on
donne surtout aux riches.
Pour protéger l'avancement de l'in-
férieur contre le parti-pris ou les fantai-
sies de ses supérieurs il est donc indis-
pensable qu'une loi intervienne, non
pas une loi vague comme celle de 1832,
mais une loi claire, précise et exempte
de fissures interprétatives.
L'avancement appartient au plus di-
gne ; c'est la consécration officielle de
sa valeur déduite rigoureusement d'une
formule générale large, généreuse et
logique.
Cette formule peut s'énoncer ainsi :
« Nul ne saurait obtenir de l'avance-
« s'il n'en est lui-même le véritable ar-
« tisan H.
En d'autres termes, l'avancement
doit être mis hors de la portée de celui
qui n'a pu démontrer, par des travaux
personnels remarques. qu'il possède
une valeur supérieure à ses camarades
et quil est tout désigné pour les com-
mander. Et pour que les modestes ne
craignent pas d'étaler leur bagage, la
loi obligerait tous les officiers en posi-
tion d'avancer à faire leur demande
.d'avancement par écrit et à produire
leurs titres à l'appui.
Chaque année sous la' rubrique :
« Droit à l'avancement » les candidats
présenteraient parallèlement à leur pro-
position un mémoire relatant leurs titrer
et leurs oeuvres. Une commission clas-
serait par ordre de mérite, les auteurs
des mémoires remarqués et les noms degf
candidats classés seraient publiés aw
Journal olliciel. Ce serait l'admissibilité
à l'avancement.-
Les notes des cheis hiérarchiques sUlY
la manière générale de servir, la con-e
duite, la moralité, le calme et l'énergie:
des candidats interviendraient ensuite
avec un coefficient susceptible de modi-
fier le rang des élus du premier classe-
ment. Les noms des officiers classés
les premiers aux operations du deuxiè-
me degré figureraient au tableau d'a.;
vancement. ;
Avec cette méthode d'avancement les
chefs hiérarchiques au lieu d'imposeR
leurs créatures ne pourraient plufl
qu'écarter des grades supérieurs les in.:
telligences inexpérimentées ou maf
équilibrées.
D'autre part au seul examen de la
liste du premier degré ou de la liste dit
second degré ou de l'une et de l'autre,.
les candiaats-seraient fixés sur les rai*
sons qui les ont éliminés de l'avance-
ment et ils'en déduiraient rorientatioa*
de leur conduite future.
Aux officiers qui n'attendent rien dtf
leurs relations ou de leur origine, ik*
semble qu'on ne peut mieux offrir. Sllrf
sont de famille pauvre ou obscure, qu'Usa
sortent du rang ou des écoles, ils troiM
veront dans cette mesure de justice, uufc
notable encouragement.
Cette méthode d'avancement aurait
un autre résultat, celui de relever l'in-
dépendance morale des officiers fort af-
faiblie aujourd'hui et d'imposer dan
.leur milieu le principe du travail trèf!t\
discrédité aujourd'hui par les petites{
soirées dansantes et les flirts -chez ma-i
dame X. Quel brute ce lieutenant Y.!
s'il ne danse pas en rond ! ';
Il est absolument humain au'où il n'vi
a pas de règles, il ne peut y avoir qu'
des maîtres et des domestiques. Les
bonnes notes sont pour l'instrumenf
docile et passif des caprices du chef,
l'exécuteur de ses hautes et basses œu«
vres : c'est la rançon de ses platitudes..
On s'ingénie à imprégner dès l'en-
fance, aux jeunes cerveaux des idées
loyales, saines et justes; plus. tard oit.
cherchera à les affranchir ; puis, lors-
que ces hommes changent de milieu,:,
qu'ils entrent dans l'armée, ils s'aper-
çoivent que pour v obtenir quelques
chose, il faut s'y montrer frivole, bé-
bète, rampant et obséquieux. Voilà les;
progrès réalisés uans l'armée par trea*
te-huit années de république. - -
Cristi ! qu'il faut donc que les gens.
qui dirigent la France soient joHmenl.
pondérés pour craindre de modifier cet
état de choses !
Inutile cependant de demander qui
on trompe ?
A
LA JOURNÉE POLITIQUE
Le conseil des ministres
Les ministres se réuniront jeudi 24 sep-
tembre à RambouiUet, sous la présidence
de M. irallîères.
La rentrée des Chambres
On dit que M. Uemenceau aurait l'interi
Mon de demander au prochain conseil des
ministres de fixer au 13 octobre La rentrée
des Chambres.
Les élections
Les électeurs de l'arrondissement de Gex
(Ain) sont convoqués pour le 11 octobre
prochain, à l'effet d'élire un député, en rem-
placement de M. Bizot, décédé.
Sont convoqués pour le 4 octobre, à l'effet
d'élire leur représentant au conseil général,
les électeurs des cantons de Rostrenen (Cô-
tes-du-Nord) et d'Autray-iles-Gray (Haute
Saône).
Sont convoqués pour i?. rNme date, a
l'effet d'élire leur représentant au conseil
d'arrondissement, les électeurs fies cantons
de Tournon (Ardèche), Vouziers (Ardenned),
Cognac (Charente), Marson (Marne) , Ver-
dun (Meuse), Cambrai-Est (Nord).
Le nouvel ambassadeur de Turquie
Le président de la République a quitté
hier Rambouillet pour venir à Paris rece-
voir à l'Elysée Naoum pacra, le nouvel am-
bassadeur de Turquie à Paris.
Naoum pacha était accompagné de Mouh-
si eddine bey, conseiller de l'ambassade,
Moukbil bey. premier secrétaire, Djelad ed-
dine bey, deuxième secrétaire, et Léon bey
Karakeh'ia» troisième secrétaire.
A 4 heures, l'ambassadeur est arrivé au
palais de l'Elysée ; il a été reçu, à sa des-
cente de voiture, par lofticier de service et
le commandant militaire du palais. Il a été
immédiatement introduit auprès du prési-
dent de la République.
Après avoir été présenté à M. Failières,
l'ambassadeur, en remettant ses lettres de
créance, a prononcé l'allocution suivante :
Moniteur le président,
J'ai l'honneur de remettre entre ]c!;- Iy'.fn$ da
Votre Excellence leS. lettres par lesquelles Sa
Majesté l'empereur des Ottomans, mon auguste
souverain, met fin à la mission de mon pré-
décesseur et m'accrédite en qualité d'ambassa-
der extraordinaire et plénipotentiaire auprès de
la République française.
Sa Majesté impériale et son gouvernement
a Hachant le plus hnut prix à l'amitié de la
France ont particulièrement à cœur de mainte-
nir, de resserrer et ae l'eadre' plus cordiales
entre les relations qui l'unissent à la Turquie.
Tous mes soins seront consacrés a atteindre
ce but. Cette tâche, j'en ai la conviction, ré-
pond si bien aux sentiments de la République
elle-même que Je suis d'avance sûr de- toujours
rençcctrer, lC"'1' aupm de yous personnelle-
ment, monsieur le président, qu'auprès du goiK
vernement français le plus bienveillant oon.
cours dans les efforts que je déploierai peut
l'accomplir.
Je suis heureux d'ailleurs d'y trouver un .préc
cieux encouragement dans les échos et le re-
tentissement qu'ont eus en France les maniîes^
tations de sympathie que se sont produites, avel,
tant d'enthousiasme, envers cette grande nation
amie, à l'avènement du nouveau régime dan&
l'empire.
Permettez-moi, en terminant, de. former les
vœux les plus vifs pour la prospérité et la
gloire de la France et le bonheur de son prési-
dent.
Le président de la République a répon- ,
du :
Monsieur l'ambassadeur,
Je reçois avec plaisir de vos mains les let-
tres par lesquelles Sa Majesté l'empereur desr
Ottomans vous accrédite en qualité d'ambassa-
deur extraordinaire et plénipotentiaire auprèr
du gouvernement de la République française.
Le nouveau régime constitutionnel qui vient
d'être établi dans l'empire ottoman ne peut que.
rendre plus étroites encore les sympathies sé-
culaires qui uiiissent les deux pays, et le choix.
que votre auguste souverain a fait de votrt,
Excellence pour représenter Sa Majesté auprès
de nous rendra tout particulièrement agréablet-
au gouvernement fcl au président de la Républi*
que de vous prêter leur appui pour l'accom«-
plissement de la mission qui vous a été COÏK
liée et qui répond si parfaitement à leurs pro-
pres sentiments.
Je vous remercie des vœux que vous m,;,avC2
exprimes ; ne douiez pas, monsieur t ainbassa-
deur, de la sincerité de ceux que nous tOTTrétru
pour la prospérité de la Turquie, pour l'heu,
reuse évolution de ses nouvelles institutions po-t
litiques, pour le bonheur de Sa Majesté impé-
riale et soyez le bienvenu parmi nous.
Après quelques instants d'entretien avec
M. Fallières et M. Pichon, l'ambassadeur a
été reconduit à son ambassade avec lea
mômes honneurs.
Les receveurs-buralistes .',
M. Hector Depasse, député de Ja Seine,
président d'honneur de la Mutualité des re-
ceveurs-Buralistes de France, présidera le.
20 septembre, au Luc (Var), le banquet or-
ganisé par les reccveurs-turalistes de la
région du sud-est. ,
Le prélet du ^a,% le sous-préfet, les no-
tabilités républicaines du Va.r? des Alpes-
Maritimes, des Eouehes-du-Rhôre. M. Ley.
det, sénateur, vice-président du Sénat. M*
Louis Mm.tin, député, et plusieurs membres'
du Parlement, assisteront à cette réunion
où de nombreux discours seront prononcés.
En Indo-Chine
Le gouverneur général de rindo-Chiht
.par îniérim vient d'informai le ministre dert
colonies qu'lm lieutenant, à la tête d'uif
groupé de tirailleurs, a surpris, le 6 sep.
tembre dernier, une bande de pillards dans
le village de Samboc situé au sud-ouest de
Treng dans la région des mines de Phai-
lin sur le territoire de Battambang (Cam",
bodgp), et l'a culbutét dans la rivière Sangt
: - -. -. - --";;'=-' <'!"-:t ..,. "p
Jeudi 17 Septembre 190-8. - x- 14Ot" « 1 --
E .,' ,.,.;.,¡"",'
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TRIBUNE LIBRE
Les Abstentionnistes
Depuis longtemps on se
préoccupe, dans les milieux
politiques, du grand nombre
d'abstentions constatées à
chaque élection, et on s'est
demandé Dar auel procédé on
pourrait remédier à un mal qui, dans
certains cas, peut vicier profondément
te résultat d'un scrutin.
M. SimoDet, député de la Creuse, a
pris, il y a un certain temps déjà, l'ini-
tiative d'une proposition tendant à per-
mettre le vote par correspondance.
Cette proposition a été, renvoyée à la
commission du suffrage universel dont
M. Varenne est le rapporteur.
* Cette commission a admis dans son
principe la proposition Simonet, et elle
conclut à l'organisation du vote par
correspondance.
C'est une mesure fort juste qui, de-
puis longtemps déjà, aurait dû être
adoptée.
Il est certain, en effet, que beaucoup
de citoyens désireux de prendre part aux
opérations électorales en sont empêchés
par l'éloignemnt où ils se trouvent de
leur domicile.
Quantité de professions exigent de
ceux qui les exercent des déplacements
fréquents et longs. Tel est le cas des
voyageurs de commerce, des ouvriers @
terrassiers, maçons, charpentiers, pein
très qui, chaque année, quittent leur
foyer pendant plusieurs mois pour s'en
aller travailler dans les villes. Les ou-
vriers bûcherons, les moissonneurs se
trouvent dans le même cas. Chaque prin-
temps et chaque été, nombreux sont les
journaliers qui, dans certains départe-
ments, s'expatrient pour aller couper
les bois, faire le charbon ou lever les
récoltes au loin. Ils restent éloignés de
chez eux, les uns pendant plusieurs se-
maines, les autres pendant plusieurs
mois.
Si une élection a lieu au moment où
ils sont absents, il leur est matérielle-
ment impossible d'y prendre part. N'y
ayant pas de domicile fixe, ils ne sau-
raient être portés sur les listes électora-
les de la commune où ils résident mo-
mentanément. Pour aller voter, là où ils
sont électeurs, il leur faudrait perdre
quelquefois deux ou trois jours de tra-
vail, s'imposer des sacrifices et des dé-
penses hors de proportion avec leur si-
tuation
Ils ne votent pas, mais c'est à contre-
cœur qu'ils y consentent, et il suffit d'a-
voir parfois causé avec l'un d'eux pour
savoir que le vote par correspondance
est l'une de leurs principales revendica-
: tions.
On a, jusqua ce jour, soulevé des
objections en se basant sur les difficultés
• de l'application.
Le système proposé par M. Simonet
est à la fois simple et ingénieux, puis-
qu'il donne à chaque électeur la possi-
bilité de voter sans dérangement et ne
permet aucune fraude ; aussi, semble-
t-il que les objections formulées jus-
qu'ici doivent tomber d'elles-mêmes, en
présence du texte que présentera la
commission.
Ce système, d'ailleurs, est inspiré de
ceux qui fonctionnent déjà en Norvège
et dans le canton de Berne, où ils ne
donnent que d'heureux résultats.
Chaque électeur absent au moment
du vote devra demander au maire de la
commune sur les listes de laquelle il est
porté, de lui adresser sa carte électo-
rale. Trois jours avant le scrutin, il se
rendra à la mairie de la localité où il
se trouvera. En présence du maire ou
d'un adjoint, il signera sa carte élec-
torale qu'il remettra avec son bulletin
contenu dans une enveloppe identique
à celles dont on doit. se servir pour les
élections.En sa présence, bulletins et
Parte électorale seront insérés dans une
, seconde enveloppe que le maire et l'é-
lecteur revêtiront Je leur signature pour
lui donner un caractère d'authenticité
absolue.
Cette enveloppe sera ensuite, par les
soins du maire qui l'aura reçue, adres-
sée au président du bureau de vote où
devrait, s'il était présent, voter l'élec-
teur qui ne peut le faire que par corres-
pondance. Ouverte le jour du scrutin,
fin préssnce des électeurs, elle sera in-
troduite dans l'urne, tandis que la carte
électorale permettra d'émarger'le vo-
tant.
Le système, on te voit est simple.
Mais il ne résout pas la question en
ce qui concerne tous les abstentionnis-
tes.
M. Simonet, représentant un départe-
ment dont un grand nombre d'électeurs
s'expatrient chaque année, n'avait à se
Préoccuper que de ceux qui, désireux
ae voter, en sont empêchés par la situa-
tion dans laquelle ils se trouvent
La commission s'est demandé s'il n'y
aurait pas lieu de s'occuper également
des abstentionnistes volontaires et de
prendre des mesures pour rendre le vote
obligatoire.
Avec beaucoup de raison elle y a re-
noncé. Les deux questions, en effet, sont
trop distinctes pour pouvoir être con-
fondues. -
Les abstentionnistes volontaires ne
sont pas intéressants. Pourquoi vouloir
les obliger à user d'un droit qu'ils dé-
daignent ? Ceux qui, au contraire, dési-
rent remplir leurs devoirs de citoyens
et sont dans l'impossibilité de le faire,
sont vraiment dignes d'intérêt. Les pou-
voirs publics ont le devoir de se préoc-
cuper d'eux et de donner satisfaction à
leurs légitimes revendications.
La commission s'est prononcée. Le
gouvernement, sans aucun doute, se ral-
liera à ses conclusions que les Cham-
bres adopteront à bref délai. -
Ainsi se trouvera résolu, dans le sens
démocratique, un problème qui est posé
depuis longtemps.
- -" r Alfred MASSE,
Député de la Nièvre.
LA politique
FACE A DROITE
Depuis que M. le président
du Conseil a déclaré n'avoir
plus d'ennemis à droite, *et
qu'il concentre tous les efforts
de son énergie et de son ar-
deur contre les seuls socialistes,
'1.. 1 r.. 1 , - -
lespropagandistes par le lait ae ia mo-
narchie en prennent à leur aise et ne dé-
guisent plus leurs menaces.
Après avoir haineusement applaudi au
« noble geste » de Grégoci, ils préconi-
sent ouvertement l'action directe - avec
une crânerie d'ailleurs indiscutable —
sans que les journaux progressistes, si
prompts à s'émouvoir aux moindres paro-
les de la C. G. T., daignent sen aperce-
voir. Ce sont complaisances naturelles
entre fractions du Bloc de droite.
M. Charles Maurras, avec son talent et
sa précision habituels n'y va pas par qua-
tre chemins. A l'occasion d'une cérémonie
qui qoit avoir lieu à Nîmes le 4 octobre
prochain, il s'exprime dans les termes sui-
vants : « C'est une question de savoir si
la fête aura lieu, sii la statue sera inaugu-
rée et si on la laissera en place. Les cail-
loux ne manquent pas en plaiine de Nî-
mes, et la science, fille de la tradition et
du génie huniain, peut mettre à la dispo-
sition des hommes d'ordre, des explosifs
qui n'ont pas été réserves de toute éternité
à s::":;"" les seuls partis de la Révolution.»;
Lest clair, comme disait 1 autre.
Nous ne contestons pas aux monarchis-
tes le droit d'exploiter, au profit de leur
cause, les faiblesses et les fautes de la po-
litique pratiquée depuis deux ans, ni de
profiter de la lassitude momentanée et du
mécontentement des fractions énergiques
et militantes du Bloc de gauche pour
prendre une offensive hardie.
Tandiis que les monarchistes préparent
ainsi, non pas une « simple escarmouche)),
mais un projet d'action générale, les évê-
qu.es partent en guerre, parallèHement, et
s'insurgent avec une violence inouÍe con-
tre la loi républicaine. Les progressistes,
eux, se chargent d'opérer une diversion
utfrle contre les socialistes, tandis que
M. le président du Conseil déclare aux
agences qu'il est très satisfait.
Combien i.x. Ruau fut décidément bien
inspiré dans son discours de Marseille en
rappelant aux républicains que la réac-
tion n'a pas désarmé !
1 "• «
LES ON-DIT
NOTRE ACENDA
'¡luÍourd'hui mercredi :
Lever du soleil à 5 h. 39; coucher à 6 heu-
res 10.
— Courses au Tremblay.
Maujaniana.
Il visitait h. maison des fous de Cha-
renion, qui est la principale attraction
de sa circonscription électorale.
Il était d'humeur badine.
— « Tiens, dit-il au directeur, j'ai un
numéro de la loterie de la Presse ; il pa-
raît que certains fous prédisent l'avenir;
je vais en consulter un pour-savoir si
mon numéro sortira. »
Il s'approcha d'un pêftsiônnaire de
l'hospice et lui pose la question.
— « Montrez votre numéro, dit le fou,
11 le lui tend: Le fouv brusquement,
s'en empare, le roule en boulette et l'a-
vale.
— « Si vous voulez prendre la peine
â'atteÍld,re) dit il avec son plus gracieux
sourire à Mau jan stupéfait, vous pou-
vez être certain de le voir sortir 1 »
Leurs sujets. ,
Louis XEV parlait, un jour, du pou-
voir que les rois ont sur leurs sujets ;
le comte de Guiche osa prétendre que
ce pouvoir avait des bornes ; mais le
roi, n'en voulant admettre aucune, lui
dit avec emportement : « Si je vous or-
donnais de vous jeter dans la mer, voois
devriez sans hésiter, y sauter la tête la
première. » Le comte, au lieu de répli-
quer, se retourna brusquement et prit
le chemin de la porte. Le roi lui deman-
da avec étonnement où il allait. « Ap-
prendre à nager, sire », lui répondit-il.
Louis XIV se mit à rire, et la conversa-
tion en resta ?à-
AUTREFOIS
Rappel du 17 septembre 1872. — La pièce
d'un dramaturge républicain, M. Robert
Hait, -Mme Frainex, qui devait être jouée
au Vaudeville, est et reste interdite, malgré
les démarches de l'auteur et du directeur.
On fait remarquer à ce propos que Raba-
gas, pièce politique, mais réactionnaire, a
pu être représentée sans difficulté au même
théâtre du Vaudeville.
On publie le projet, rédigé par M. Gi-
rard, au nom d'une commission de l'Assem-
blée nationale, -sur la publicité des annon-
ces judiciaires.
Samedi, vingt et un soldats ont été dé-
gradés dans la cour de l'Ecole militaire. Ils
avaient servi dans les rangs des fédérés.
La souscription ouverte pour le monu-
ment qui doit être élevé à VEcole des beaux-
arts en l'honneur âes élèves morts sur le
champ de bataille pendant la guerre de
1870-71, atteint déjà dix mille francs. JLe
ministère de finstruction publique donnera
le marbre nécessaire. Les élèves tués, au
nombre de six sont : MM.. Regnault' et
Chauvet, peintres ; Seilhade et Anceaux,
sculpteurs ; Breton et Malherbe, architec-
tes. Regnault et Malherbe sont morts à
Paris ; Seilhade, à Châteaudun ; Anceaux,
au Mans ; Chauvet et Breton, dans les ar-
mées de province. Outre les six élèves tués,
huit autres ont été blessés.
Le dernier prisonnier civil français, M.
Irutour, qui était détenu en Prusse, sous
l'inculpation d'avoir servi du vin empoison-
né aux soldats allemands, vient d'être ren-
du à la liberté.
On annonce la mort de l'ingénieur russe
Nobel, inventeur de la nitro-glycérine.
Singulier incident, aux courses de Chan-
tilly, dans le Premier Critérum pour che-
vaux de deux ans. Les chevaux venaient
de s'élàncer quand un iocley mauvais plai-
sant, cria : « Stop ! ». Dix des concurrents
s'arrêtèrent, croyant à un faux départ. La
course a été déclarée valable, quoique faus-
sée, les jockeys ne devant s'occuper que du
signal du départ.
Au Vaudeville, depuis qu'on joue le Ra-
bagas, de M. Sardou, les recettes varient
entre 12 et 15 francs par soirée. Un journal
bonapartiste, donc favorable à la pièce, ra-
conte qu'hier une demi-douzaine de rats
jouaient aux barres dans l'orchestre pen-
dant la représentation. Il n'y avait donc pas
un chat dans la salle !
Remise à quinzaine.
L'éclipsé de soleil ancncée pour l'an-
née 1740 avait répandu une si grande
consternation dans les campagnes,
qu'un curé ne pouvant suffire à confes-
ser ses paroissiens, qui en croyaient
mourir, Veur dit au prône : « Mes en-
fants. ne vous pressez pas tant, l'éclipsé
a été remise à quinzaine. »
La pluie et le beau temps.
Comme on promenait dans Paris la
châsse de sainte Geneviève, en 1725, an-
née où 'lcs. pluies gâtèrent la récolte, la
marquise de Prie. maîtresse du régent,
qui la vit passer, se mit à dire : « Le
peuple est fou ; ne sait-il pas que c'est'
moi qui fais la pluie 'et le beau temps ? »
s
Le château de Versailles.
Louis XIV disait au duc de Vilonne,
en lui montrant les nouveaux bâtiments
de Versailles : « Vous souvient-il qu'il y
avait là un moulin ? — Oui. sire ; le
moulin n'y est plus, mais le vent y est"
encore ».
Horizontalement.
Au siècle dernier, le médecin Bordeu
ne put. jamais se délivrer d'une mélan-
colie profonde qui, jointe à la goutte,
l'emporta au tombeau. Il eut des amis,
mais il eut aussi, même parmi ses con-
frères, des ennemis cruels. Un d'eux
lui suscita un procès déshonorant, et
apprenant sa mort, dit : « Je n'aurais
pas cru qu'il fût mort horizontale-
ment. » On sait que ceux qui étaient
condamnés à mort par la justice étaient
pendus et mouraient perpendiculaire-
ment. C'est un mot que la guillotine a
démodé. Aujourd'hui, tout le monde
meurt horizontalement.
Friandises.
Le duc de Duras voyant un jour Des-
cartes qui faisait bonne chère, lui dit
en raillant : « Eh quoi ! les philosophes
usent-ils de ces friandises ? — Pour-
quoi pas ? répondit Descartes, vous
imagin-ez-vous que la nature n'ait pro-
duit les bonnes choses que pour les
ignorants ?»
Molière et Racine.
On disait à l'un 'de nos jeunes au-
teurs tragiques qui n'a pas été heu-
reux : « Pourquoi ne faites-vous pas des
comédies ?
— « Je ne fais pas 'de comédies de-
puis que j'ai lu MoMère.
— « Il paraît, lui dit-on, que vous
n'avez jamais lu Racine. ».
t"ooèrclèm.ent. ".-
Dans la guerre de Plndépendance, un
Américain ayant vu six Anglais sépa-
rés de leur troupe eut l'audace de leur
CQurJr. sus, d'en blesser :deuxt de désar-
mer les autres et de les amener au gé-
néral Washington. Le général lui de-
manda comment il avait pu faire pour
se rendre maître de six hommes. »
« Aussitôt que je lés ai vus, répondit-il,
j'ai couru sur eux et je les ai environ-
nés »..,
Le foin défendu.
Quelqu'un soutenait devant Male-
branche que les ailimaux avaient quel-
que notion du bien et du mal. » C'est
qu'apparemmemt, dit Malebranche, ils
ont mangé du foin défendu. »
Le sommeil des juetes.
Un avocat plaidant devant une cour
où plusieurs conseillers dormaient, s'ar-
rêta tout net : « Qu'avez-vous, maître ?
demanda un conseiller qui avait résisté
à l'influence narcotique de l'audience.
— Je crains, répondit l'avocat, d'inter-
rompre le sommeil de ces messieurs ».
Le dernier carita.
Un mathématicien était à l'extré-
mité. Sa famille l'entourait et lui disait
les choses les plus touchantes; mais il
ne donnait plus aucune marque de eon-
naissance. Un de ses .élèves entra et
dit : « Attendez, je vais le faire parlera
Le carré de douze ? — « Cent quarante.
quatre », répondit le savant. Ce furent
ses dernières paroles.
La bonne doctrine
Doit-on le dire ? Oui, assurément, puis-
que M. le président de la République l'a
dit : nous aimons mieux la liberté que le
despotisme, chez nor: amis de l'étranger.
Et nous nous réjouissons que M. FaHiè-
res, d'un mot discret, ait marqué nos pré-
férences. Cela d'une iaçon simplette, nette,
courageuse.
« Le nouveau régime constitutionnel,
a-t-il dit au nouvel ambassadeur de Tur-
quie à Paris, qui vient d'être établi dans
l'empire ottoman, ne peut que rendre plus
étroites encore les sympathies séculaires
qui unissent les deux pays. »
Et cela signifiait encore « Nous avons
été enchantés de voir les Turcs mettre fin,
spontanément, à l'odieux régime qui nous
avait montré le spectacle rouge des massa-
cres d'Arméniens et l'horreur d'abus infinis
contre la dignité humaine. »
Que de choses en peu de mots 1 comme
disait le personnage de Molière.
Déjà, M. Henri Brisson, .lors de son der-
nier passage à Marseille, avait marqué ol-
ncieUement notre sympathie pour la révolu-
tion turque : « Maintenant, avait-il dit à ses
électeurs phocéens, vous exportez de la
Hberté 1 »
La parole du président de la Chambre;
celle du président de la République, sont
précieuses à recueillir.
Nous n'en "regrettons que plus-amèrement
que la proposition adressée, il y a deux
ans, à la Chambre des députés, d'envoyer
son seflut fraternel à la deuxième Douma,
ait été escamotée dans les chausse-trapes
du « règlement ».
La nation française eût apporté à la na-
tion russe et à ses représentants librement
élus, un réconfort moral qui eût définitive-
ment fait disparaître les tentatives de dis-
solution et la politique des pogroms.
La France n'impose à aucun peuple une
direction politique, mais elle se réjouit du
progrès des libertés publiques dans les
Etats attardés.
Redouter de le dire, c'est rougir d'être
des républicains. Nos diplomates, avec
ileurs mœurs de chambeiîans, se taisent. -
Notre président de la République est
plus courageux. Heureusement.
■ni 1' n 1
Le bouc émissaire
M. Pichon serait-il disposé à se venger
sur M. Regnault de ses déconvenues mp.ro-
cailnes ? Va-t-il faire de notre représentant à
Tanger l'indiispensable victime expiatoire ?
Va-t-il tenter de -se dérober aux sarcas-
Imesde la gâterie parlementaire désormais
édifiée sur son génie diplomatique, en lâ-
chant ce pauvre M. Regnault qui fit naguè-
re, au quai d'Orsay, la pluie e,'t le beau
temps ?
Va-t-il s'imaginer qu'en lâchant ledit M.
Regnault nous le tiendrons -pour quitte lui,
M. Pichon, de leurs fautes et communes
bévues ?
Poense-t-il qu'il suffit d'abandonner un su-
bordonné dont on ((:Il responsable, pour de-
venir soi-même irresponsable devant le
Parlement .?
Nous verrons d'ici peu.
Pour le moment, relatons les bruits qui
circulent au sujet du représentant de la
France à Tanger.
Ecoutons la Grande Revue i
« Notre représentant ne pouvait prendre
Moulay Hafid au sérieux.A aucun moment,
jusqu'à celui de la défaite, il n'a douté du
triomphe final d'Abd; el Aziz. Ce triomphe
lui semblait certain, inéluctable, et ses té-
légrammes, que les faits démentaient cruel-
lement chaque jour, avaientpour objet de
rassurer' les doutes qu'émettait le ministère
des affaires étrangères. Au début, M. Pichon
avait ajouté foi aux affirmations dé notre
représentant à Tanger, mais ^a confiance
n lavait pas résisté longtemps aux démentis
donnés par les progrès de la cause hafidien-
ne ; aussi, le 23 août, par conséquent après
la débandade de la mehalla d'Abd el Aziz et
la fuite de celui-ci vers Settat. se montre-
t-il un pnu sceptique lorsque M. Regnault
l'informa qu'il n'y avait nullement à crain-
dre la proclamation de Moulay Hafid à Tan-
ger. On sait que la proclamation eut lieu
le soir môme.
M. Regnault n'est !d.onc plus pe^s ma
grata au quai d'Orsay et il est maintenant
probable que son maintien à Tanger ne
sera pas de très longue durée. »
Tiens ! tiens ! M. Pichon s'est rendu
compte depuis le 23 août que M. Regnault
ne comprenait rien* aux affaires marocai-
nes !
Il y a bien plus longtemps que noua
avons remarqué leur égale et incomparable
cécité.
TRIBUNE CORPORATIVE
L'AVANCEMENT DES OITiGIERS f -
Depuis quelques années les ministres
de la guerfe préconisent une répartition
plus équitable de l'avancement en fa-
veur des officiers modestes.
Mais les chefs de corps et les géné-
raux, forçant au besoin leurs notes,
n'en. continuent pas moins à favoriser
les fils à papas. Ils savent qu'à l'aide de
quelques bonnes petites recommanda-
tions républicaines, toujours à portée
des réactionnaires un peu sérieux, le
ministre et les commissions d'avance-
ment sanctionneront leurs préférences.
Ces choses-là s'arrangent en famille ;
et puisque les documents officiels ré-
glant les conditions d'accès aux diffé-
rents grades de l'armée : la loi du 14
avril 1832 l'ordonnance royale du 16
mars 1838 et les instructions récentes,
ne fixent aucune règle pour l'établisse-
ment des Tableaux d'avancement, il est
-naturel que les notes des chefs de corps
soient prises pôur unique base d'avan-
cement et que les travaux personnels,
-si importants qu'ils soient, ne prévalent
jamais sur les notes données pour la
manière générale de servir. Pourquoi
sortir de la-cote d'amour de cette bonne
;roéthode d'avancement qui permet d'a-
vantager fils gendres, neveux, cousins
et domestiques quand rien n'y oblige !
L'armée, c'est l'école du devoir ; elle
.ne devrait avoir besoin ni de codes ni
de lois pour récompenser le mérite.
Malheureusement trop souvent, toujours
pour ainsi dire, le sentiment du devoir
fait place à d'autres plus intéressés.de
caste et de chapelle. En l'occurrence, on
donne surtout aux riches.
Pour protéger l'avancement de l'in-
férieur contre le parti-pris ou les fantai-
sies de ses supérieurs il est donc indis-
pensable qu'une loi intervienne, non
pas une loi vague comme celle de 1832,
mais une loi claire, précise et exempte
de fissures interprétatives.
L'avancement appartient au plus di-
gne ; c'est la consécration officielle de
sa valeur déduite rigoureusement d'une
formule générale large, généreuse et
logique.
Cette formule peut s'énoncer ainsi :
« Nul ne saurait obtenir de l'avance-
« s'il n'en est lui-même le véritable ar-
« tisan H.
En d'autres termes, l'avancement
doit être mis hors de la portée de celui
qui n'a pu démontrer, par des travaux
personnels remarques. qu'il possède
une valeur supérieure à ses camarades
et quil est tout désigné pour les com-
mander. Et pour que les modestes ne
craignent pas d'étaler leur bagage, la
loi obligerait tous les officiers en posi-
tion d'avancer à faire leur demande
.d'avancement par écrit et à produire
leurs titres à l'appui.
Chaque année sous la' rubrique :
« Droit à l'avancement » les candidats
présenteraient parallèlement à leur pro-
position un mémoire relatant leurs titrer
et leurs oeuvres. Une commission clas-
serait par ordre de mérite, les auteurs
des mémoires remarqués et les noms degf
candidats classés seraient publiés aw
Journal olliciel. Ce serait l'admissibilité
à l'avancement.-
Les notes des cheis hiérarchiques sUlY
la manière générale de servir, la con-e
duite, la moralité, le calme et l'énergie:
des candidats interviendraient ensuite
avec un coefficient susceptible de modi-
fier le rang des élus du premier classe-
ment. Les noms des officiers classés
les premiers aux operations du deuxiè-
me degré figureraient au tableau d'a.;
vancement. ;
Avec cette méthode d'avancement les
chefs hiérarchiques au lieu d'imposeR
leurs créatures ne pourraient plufl
qu'écarter des grades supérieurs les in.:
telligences inexpérimentées ou maf
équilibrées.
D'autre part au seul examen de la
liste du premier degré ou de la liste dit
second degré ou de l'une et de l'autre,.
les candiaats-seraient fixés sur les rai*
sons qui les ont éliminés de l'avance-
ment et ils'en déduiraient rorientatioa*
de leur conduite future.
Aux officiers qui n'attendent rien dtf
leurs relations ou de leur origine, ik*
semble qu'on ne peut mieux offrir. Sllrf
sont de famille pauvre ou obscure, qu'Usa
sortent du rang ou des écoles, ils troiM
veront dans cette mesure de justice, uufc
notable encouragement.
Cette méthode d'avancement aurait
un autre résultat, celui de relever l'in-
dépendance morale des officiers fort af-
faiblie aujourd'hui et d'imposer dan
.leur milieu le principe du travail trèf!t\
discrédité aujourd'hui par les petites{
soirées dansantes et les flirts -chez ma-i
dame X. Quel brute ce lieutenant Y.!
s'il ne danse pas en rond ! ';
Il est absolument humain au'où il n'vi
a pas de règles, il ne peut y avoir qu'
des maîtres et des domestiques. Les
bonnes notes sont pour l'instrumenf
docile et passif des caprices du chef,
l'exécuteur de ses hautes et basses œu«
vres : c'est la rançon de ses platitudes..
On s'ingénie à imprégner dès l'en-
fance, aux jeunes cerveaux des idées
loyales, saines et justes; plus. tard oit.
cherchera à les affranchir ; puis, lors-
que ces hommes changent de milieu,:,
qu'ils entrent dans l'armée, ils s'aper-
çoivent que pour v obtenir quelques
chose, il faut s'y montrer frivole, bé-
bète, rampant et obséquieux. Voilà les;
progrès réalisés uans l'armée par trea*
te-huit années de république. - -
Cristi ! qu'il faut donc que les gens.
qui dirigent la France soient joHmenl.
pondérés pour craindre de modifier cet
état de choses !
Inutile cependant de demander qui
on trompe ?
A
LA JOURNÉE POLITIQUE
Le conseil des ministres
Les ministres se réuniront jeudi 24 sep-
tembre à RambouiUet, sous la présidence
de M. irallîères.
La rentrée des Chambres
On dit que M. Uemenceau aurait l'interi
Mon de demander au prochain conseil des
ministres de fixer au 13 octobre La rentrée
des Chambres.
Les élections
Les électeurs de l'arrondissement de Gex
(Ain) sont convoqués pour le 11 octobre
prochain, à l'effet d'élire un député, en rem-
placement de M. Bizot, décédé.
Sont convoqués pour le 4 octobre, à l'effet
d'élire leur représentant au conseil général,
les électeurs des cantons de Rostrenen (Cô-
tes-du-Nord) et d'Autray-iles-Gray (Haute
Saône).
Sont convoqués pour i?. rNme date, a
l'effet d'élire leur représentant au conseil
d'arrondissement, les électeurs fies cantons
de Tournon (Ardèche), Vouziers (Ardenned),
Cognac (Charente), Marson (Marne) , Ver-
dun (Meuse), Cambrai-Est (Nord).
Le nouvel ambassadeur de Turquie
Le président de la République a quitté
hier Rambouillet pour venir à Paris rece-
voir à l'Elysée Naoum pacra, le nouvel am-
bassadeur de Turquie à Paris.
Naoum pacha était accompagné de Mouh-
si eddine bey, conseiller de l'ambassade,
Moukbil bey. premier secrétaire, Djelad ed-
dine bey, deuxième secrétaire, et Léon bey
Karakeh'ia» troisième secrétaire.
A 4 heures, l'ambassadeur est arrivé au
palais de l'Elysée ; il a été reçu, à sa des-
cente de voiture, par lofticier de service et
le commandant militaire du palais. Il a été
immédiatement introduit auprès du prési-
dent de la République.
Après avoir été présenté à M. Failières,
l'ambassadeur, en remettant ses lettres de
créance, a prononcé l'allocution suivante :
Moniteur le président,
J'ai l'honneur de remettre entre ]c!;- Iy'.fn$ da
Votre Excellence leS. lettres par lesquelles Sa
Majesté l'empereur des Ottomans, mon auguste
souverain, met fin à la mission de mon pré-
décesseur et m'accrédite en qualité d'ambassa-
der extraordinaire et plénipotentiaire auprès de
la République française.
Sa Majesté impériale et son gouvernement
a Hachant le plus hnut prix à l'amitié de la
France ont particulièrement à cœur de mainte-
nir, de resserrer et ae l'eadre' plus cordiales
entre les relations qui l'unissent à la Turquie.
Tous mes soins seront consacrés a atteindre
ce but. Cette tâche, j'en ai la conviction, ré-
pond si bien aux sentiments de la République
elle-même que Je suis d'avance sûr de- toujours
rençcctrer, lC"'1' aupm de yous personnelle-
ment, monsieur le président, qu'auprès du goiK
vernement français le plus bienveillant oon.
cours dans les efforts que je déploierai peut
l'accomplir.
Je suis heureux d'ailleurs d'y trouver un .préc
cieux encouragement dans les échos et le re-
tentissement qu'ont eus en France les maniîes^
tations de sympathie que se sont produites, avel,
tant d'enthousiasme, envers cette grande nation
amie, à l'avènement du nouveau régime dan&
l'empire.
Permettez-moi, en terminant, de. former les
vœux les plus vifs pour la prospérité et la
gloire de la France et le bonheur de son prési-
dent.
Le président de la République a répon- ,
du :
Monsieur l'ambassadeur,
Je reçois avec plaisir de vos mains les let-
tres par lesquelles Sa Majesté l'empereur desr
Ottomans vous accrédite en qualité d'ambassa-
deur extraordinaire et plénipotentiaire auprèr
du gouvernement de la République française.
Le nouveau régime constitutionnel qui vient
d'être établi dans l'empire ottoman ne peut que.
rendre plus étroites encore les sympathies sé-
culaires qui uiiissent les deux pays, et le choix.
que votre auguste souverain a fait de votrt,
Excellence pour représenter Sa Majesté auprès
de nous rendra tout particulièrement agréablet-
au gouvernement fcl au président de la Républi*
que de vous prêter leur appui pour l'accom«-
plissement de la mission qui vous a été COÏK
liée et qui répond si parfaitement à leurs pro-
pres sentiments.
Je vous remercie des vœux que vous m,;,avC2
exprimes ; ne douiez pas, monsieur t ainbassa-
deur, de la sincerité de ceux que nous tOTTrétru
pour la prospérité de la Turquie, pour l'heu,
reuse évolution de ses nouvelles institutions po-t
litiques, pour le bonheur de Sa Majesté impé-
riale et soyez le bienvenu parmi nous.
Après quelques instants d'entretien avec
M. Fallières et M. Pichon, l'ambassadeur a
été reconduit à son ambassade avec lea
mômes honneurs.
Les receveurs-buralistes .',
M. Hector Depasse, député de Ja Seine,
président d'honneur de la Mutualité des re-
ceveurs-Buralistes de France, présidera le.
20 septembre, au Luc (Var), le banquet or-
ganisé par les reccveurs-turalistes de la
région du sud-est. ,
Le prélet du ^a,% le sous-préfet, les no-
tabilités républicaines du Va.r? des Alpes-
Maritimes, des Eouehes-du-Rhôre. M. Ley.
det, sénateur, vice-président du Sénat. M*
Louis Mm.tin, député, et plusieurs membres'
du Parlement, assisteront à cette réunion
où de nombreux discours seront prononcés.
En Indo-Chine
Le gouverneur général de rindo-Chiht
.par îniérim vient d'informai le ministre dert
colonies qu'lm lieutenant, à la tête d'uif
groupé de tirailleurs, a surpris, le 6 sep.
tembre dernier, une bande de pillards dans
le village de Samboc situé au sud-ouest de
Treng dans la région des mines de Phai-
lin sur le territoire de Battambang (Cam",
bodgp), et l'a culbutét dans la rivière Sangt
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