Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-09-01
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 septembre 1908 01 septembre 1908
Description : 1908/09/01 (N14053). 1908/09/01 (N14053).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7570941k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
"Se 14033. — 14 Fructidor An 118 CINQ CEnSTlIMES LE NUMERO
Mardi ter Septembre 1908. — N* 140S3. -«
LE XIX SOCLE
»
AJVWOIVCES
AUX BUREAUX DU JOUBNAL
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Et chez MM. LAGRANGE, CERF etO*
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TRIBUNE LIBRE
LE SENS MORAL
J'ai reçu de Chartres une
brochure reproduisant deux
conférences faites à l'Ecole
libre des sciences politiques
par M. Robert de Felice,
avocat de 20 ans, mort ré-
temmenl.
Cette mort prématurée a dû être bien
pénible aux 'parents du jeune homme
et à ceux qui avaient pu l'apprécier.
Son talent s'affirmait déjà avec une
- force remarquable. La première de ces
deux conférences traite du privilège
des bouilleurs de cru ; elle témoigne
d'un jugement très sûr, d'un esprit d'é-
quité et de mesure assez rare chez
ceux qui diseut-e-ntde ce privilège (nom
décent donné à la fraude), s'il faut en
croire la Revue des Deux-Mondes et
M. Francis Charmes.
Dans une brève préface, le frère du
conférencier nous raconte que M. Ro-
bert de Felice disait à ses derniers mo-
ments : — Ce qu'il faut dans le monde,
c'est la régénération des âmes.
Et Fauteur de la préface ajoute —
Si l'on veut venir à bout de résoudre
les questions économiques et sociales
avec justice et avec bonté, ce qu'il faut
du haut en bas de l'échelle sociale,
c'est une renaissance du sens moral.
Pourquoi régénération dés âmes ?
Pourquoi renaissance du sens mo-
ral ?
Sommes-nous vraiment en état d'in-
fériorité morale à l'égard de nos prédé-
cesseurs ? Je voudrais bien savoir en
quoi nos aînés de l'empire premier et
second, en quoi les contemporains de
Louis-Philippe, de Charles X de Louis
XV et autres monarques valaient plus
que nous en fait de moralité ? La con-
ception de la beauté morale, certes,
n'a pas dépassé en hauteur le point où
elle a été portée par les philosophes
grecs et romains. Elle a gagné en éten-
due ; en ceci consistent les progrès de
la civilisation ; le nombre des gens cul-
tivés, soucieux de la dignité person-
nelle, désireux de-voir triompher par-
tout l'idée de justice dévient, tous les
tout
jours plus üonsidérahle malgràpre-
té des conflits qui se produisent encore,
soit entre individus, soit entre nations.
Nous n'avons qu'à laisser faire la li-
berté, à éviter avec soin toute violence
et, à l'usage, les hommes comprendront
de plus en plus que le mieux est encore
de s'entendre, de respecter les droits
réciproques de chacun- et même de se
donner un coup de main, à l'occasion,
par esprit de solidarité, au lieu de se
flanquer des coups de poing.
Voilà quelque t:emps que les ouvriers,
les terrassiers, les maçons, pratiquent
sur les chantiers de Paris un genre de
grève nouveau, la grève tampon. On
parle beaucoup de cette grève tampon.
Connaissez-vous la grève tampon ? Voi-
ci : Un jour pour une raison indétermi-
née, une équipe d'ouvriers reçoit des
chefs du syndicat un ordre mystérieux.
Il est décidé que tel ou tel patron sera
aujourd'hui boycotté. Est-il une raison
particulière, justificative de cette mesu-
re ? On ne sait pas ; c'est le secret du
chef du syndicat. Ils ont décidé de rui-
ner tel ou tel entrepreneur et ils le rui-
nent : voilà tout. En conséquence, les
ouvriers arrivent le matin sur le chan-
tier, mais ils travaillent mollement ils
flânent ils bavardent, ils gaspillent,
c'est du sabotage. Le surveillant inter-
vient ; il fait des observations. De là,
querell Alors les ouvriers déposent
leurs joutils et disent au surveillant :
— Vous n'êtes pas content ? C'est bien.
Payez-nous et nous partons. Comme
toute journée commencée est une jour-
née due, l'entrepreneur reçoit un bon
coup de tampon.
C'est tout simplement une canaille-
rie. Comment se défendre contre cette
guerre sans déclaration et touiours me-
naçante ? A leur tour, les patrons se sont
entendus et les ouvriers vont connaître
eux aussi, 'les agréments du procédé
tampon. Les? équipes seront renvoyées à
l'improvist, sur un tel point, au gré
des entrepreneurs, et le nombre des fa-
milles souffrantes augmentera. Peut-
être mêime, qu'un jour, l'exaspération
des parti. hostiles suscitera des heurté
dolents, 1 On se donnera des coups, la
force publique sera -dans l'obligation
d'intervertir ; blessés, amendes, prisons,
JnncemejÇit de dents et ruine général.
Alors le grévistes étant les inspirateurs
du sabo tage seront satisfaits. Auront-
ils fait/progresser l'idée de justice ? Au
contraire. Elle sera refoulée pour un
temps. TelIe sera leur œuvre.
De cfeci il résulte qu'il est grand temps
ae régler la question de l'arbitrage et de
le ron re obligatoire, afin d'éviter la
, jpermap ence de ces conflits devenus si
sfr £ quœnt$ dans le monde du travail. Il y
a toute une législation à faire concer-
nant le contrat de travail, législation
appropriée aux besoins 5e notre société
moderne. Dans notre démocratie, nous
désirons que l'arbitrage soit un jour obli-
gatoire entre nations ; commençons par
la pratiquer dans notre République en-
tre individus et groupes d'individus.
L'état de bataille est propre au temps
de barbarie. Au nôtre il convient de ré-
gler les différends par voie de libre dis-
cussion devant un juge quand les parties
ne peuvent s'entendre.
On le comprendra mieux à mesure que
le sens moral deviendra de plus en plus
le sens commun.,
DELPECH,
Sénateur de VAriège.
LA POLITIQUE
PERPLEXITES
M. Pichon n'est pas à SClll
aise. Cela se conçoit aisément.
Rien n'est gênant comme d'ar
voir un mauvais sultan sur les
hrass Mais ce n'est pas notre
faute si M. le ministre des af-
faires, étrangères affectionne paTbÏculiè-
rement les laissés pour compte de l'Islam.
Encore quelques manœuvres d'une habi-
leté suprême et il se mettra à dos le bon
sultan des Marocains.
On devine malaisément le goût (tu
quai d'Orsay pour les situations com-
pliquées et équivoques, et comme notre
administration des affaires étrangères s'y
trouve souvent enlisée, il faut que de
puissantes et mauvaises exhortations l'y
poussent obstinément.
Pouvons-nous espérer que M. Picnon,
dans un ressaut d'énergie, refusera d'en-
tendre nos AZJizistes, bien plus désireux
de poursuivre leurs « combinaisons »
compromises par la défaite du héros de
Settat, que de simplifier la mission de la
France au Maroc ?
Si ces conseilleurs sont les plus forts,
si leur voix l'empêche d'entendre les ins-
tructions fermes du Parlement, M. Pi-
chon s'engage, et nous engage, dans de
nouvelles difficultés.
En Europe,, après la période 'de dé-
tente, une nouvelle tension diplomatique
sera vivement rétablie par tous les pro-
fessionnels de la querelle, dont chaque
pays détient un assortiment.
Au Maroc, une seconde aventure àzi-
ziste nous mettra en présence de harkas
multipliées, semblables à celle du sud-
or anaii s.
Quelque inégalité, favorable à nos ar-
mes, que présente pour nous -une lutte de
ce genre, elle n'est ni souhaitée par le
pays, ni aisée pour nos troupes exposées
actuellement aux rigueurs d'un sotleil
meurbiet.
- Et puis, pour prendre le bon parti et
s'àrracher à ses perplexités, avant la ren-
trée de M. Clemenceau, M. Pichon pour-
rait voir par la pensée le retour régulier
de l'interpellation hebdomadaire sur le
Maroc, où tous les chaouias de la Cham-
bre peuvent l'assaillir de leur pressante
harkéi.
Car tôt ou tard il devra s'expliquer
devant le Parlement.
1
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil à 5 h. 16; coucher à 6 heu-
res 44.
— Courses à Saint-Cloud (trot atteié et
monté).
Maujaniana.
Il avait fait un pari avec ce spirituel
Emmanuel Arène qui vient de mourir si
prématurément. Peu importe le sujet
du pari ; mais l'enjeu était une dinde
truffée.
Il perdit, et comme il ne se pressait
pas de s'exécuter, Arène lui dit un
jour : « Dis-donc, à quand ma dinde ? »
— » Les truffes ne sont pas encore
bonnes. »
— » Allons donc ! c'est un bruit que
les dindons font courir !. »
Shokirtg !
Une délégation de Highlaiidérs ac-
compagnait le prince de Galles à Qué-
bec lors des récentes fêtes du centenaire
de la ville On sait que le costume très
pittoresque des Highlanders offre, en-
tre autres particularités, celle de 'lais-
ser à nu le bas des jambes. De braves
religieuses, aussi saintes que naïves,
furent très offusquées par ce spcctaclé
et achetèrent, sur-le-champ, autant de
paires de bas qu'il x ayâii dç !k
ders. Ceux-ci les acceptèrent avec gra-
ivité, mais refusèrent pourtant de les
utiliser, ce qui mit le comble à l'indi-
gnation des bonnes religieuses.
AUTREFOIS
Le RappeJ du Ie* septembre 1872. - La
commission de permanence de l'Assemblée
de Versailles est inquiète ; elle songe à in-
terpeller le ministre de l'intérieur pour sa-
voir si c'est avec son assentiment que les
préfets, à l'ouverture de la session des con-
seils généraux. se sont permis de faire l'élo-
ge de la Il république conservatrice ».
u après un correspondant italien, la
santé de Pie IX s'altère de plus en plus. Il
est taciturne, distrait, au point d'oublier les
affaires les plus indispensables.
Le Journal médical de Londres, déclare
physiquement impossible la tentative faite
l autre jour par le nageur Johnson pour
traverser le pas de Calais.
Les Allemands disent que le premier
coup de leu de la dernière guerre a été tiré
par un sergent-major de la cavalerie prus-
sienne, nommé Schrauz qui, parti de Saar-
bruck avec une patrouille rencontra quel-
ques cavaliers français et en blessa un.
M. Plauchut qui, pendant une absence de
M. de Tonneins (Aurélie-Antoine) avait
usurpé la couronne du roi d'Araucanie,vient
de mourir d'un refroidissement, à la suite
d'une course à cheval. Aurelie-Antoine
compte repartir bientôt pour l'Araucanie.
Un nom à coucher dehors.
Au siècle dernier un gentilhomme
gascon arrivait de nuit dans un village
Il était plus de minuit ; il frappa long-
temps à la porte de l'unique hôtellerie
sans pouvoir réveiller l'aubergiste.
A la fin ce dernier lui cria : « Qui êtes
vous ? »
— « Je suis le baron de Malgouyre-Es-
tressacdèsbas-de Blagnac-Saléchan. ! »
— « Monsieur, répondit J'hôtelier,
j'en suis bien fâché mais je n'ai pas as-
sez de chambres pour loger tous ces
messieurs-là. »
Et il referma sa fenêtre.
Prononciation.
Un étranger demandait à des savants
comment on devait prononcer correcte
ment en français le mot « pétition ».
La règle lui répondit-on, veut qu'un
t entre deux i se prononce ci.
— « Alors faites-moi donc l'amicié de
prendre picié de mon ignorance. Je ne
m'explique pas la moicié de vos règles
grammaticales. »
Le taureau, le tigre et l'agent.
De l'Opinion :
C'est une fable. M. Maujan l'aurait
faite plus lyrique.
A Marseille, un taureau lut mis dans une cage
Avec un tigre audacieux
Le taureau perdit son courage
Et le tigre en ferma les yeux.
Tous deux dormaient comme moutons en ber-
[gerie.
Déjà nos Marseillais proclamaient à grands cris
Qu'on n'avait jafnais vu si tragique tuerie,
Quand vint un ordre de Paris.
Maujan, voulant punir les crimes de la terre,
Mau j an, Ordonnait que les animaux
Fussent livrés au commissaire
Et remisés dans leurs bocaux.
Mais le tigge était anarchiste
Et le taureau syndicaliste.
Ils croquèrent d'un coup de dent
Notre agent du Gouvernement.
Les Anglais qui suivaient n'en espéraient pas
[tant.
Etrange police.
Une vieille société politique, le « Roo-
sevelt Club » vient de se reconstituer à
Minnéapolis. dans le but de faire usage
du « big stick » sur les épaules des jeu-
nes gens qui. chaque soir, envahissent
les basses rues de la ville pour ennuyer
de leurs impertinences les jeunes filles
et jeunes femmes qui se trouvent sur
leur chemin.
Il y a quelques années, le club en
question, qui n'est composé que de per-
sonnes du sexe mâle, avait l'habitude
de donner des soirées théâtrales dans
lesquelles les rôles de femmes étaient te-
nus par des hommes.
Pour leur rendre la police des rues
plus facile, ces artistes amateurs, qui
sont tous d'excellents boxeurs, seront
attifés de vêtements féminins et envoyés
chaque soir dans les rues où ils auront
pour mission d'arrêter les jeunes gens
qui tenteraient de les approcher.
On ne badine pas avec l'amour dans
le Minesota 1
Précieuse.
— « Ce gigot est incuit, disait à son
hôte, une jeune pimbêche qui se piquait
de beau langage.
— « Excusez-moi, Madame, répondit
l'hôte, c'est un impardonnable insoin
de ma cuisinière I..:
Sueceptibilité de ténor. 9
Cambacérès donnait une fête, à la-
quelle il avait convié les artistes les plus
réputés de l'époque.
Elle touchait à sa fin lorsque le con-
sul demanda au célèbre ténor Garat de
chanter.
Celui-ci, froissé que l'on ne se fût pas
adressé à lui plus tôt, tira sa montre et
répondit : « Mille regrets, citoyen con-
sul ; il est plus de minuit : ma voix'est
couchée. »
Echange dé bons procédés.
En Angleterre, le bourreau conduisait
un jour Un pauvre diable à la potence.
L'exécuteur dit au condamné : « Ecou-
te, mon pauvre ami, je ferai de mon
mieux pour ne pas te faire souiïrir ;
mais je dois l'avouer que je n'ai jamais
pendu. » , -.
Le condamné répondit philosophique-
ment a « Merci de te complaisance. Je
dois tout iv® t I( 1;;
mais été pendu. En y mettant chacun
du nôtres espère que nous finirons par
nous en tirer 1 »
: Services exceptionnels. ,
Parmi les industriels et commerçants
éminents décorés à la suite de l'une des
dernières expositions internationales,
figurait un célèbre fabricant de porce-
laines..
— « Alors, fit un naïf, il a rendu de
grands services ?. III
- « Non, il en a vendu. »
—.
EN ITALIE
Les socialistes et le suffrage
Le prochain Congrès national socialisi
qui aura lieu à Florence le 19 septembre
aura une certaine importance, non seule-
ment au point de vue de l'existence et 4te
l'orientation du parti, mais aussi pour le
vie politique et sociale de l'Italie.
On apprend que M. Turati, un des lis.-
ders les plus en vue du parti socialiste, a
l'intention de présenter au Congrès un pro-
jet de réforme électorale qu'il déposera à ;ia
Chambre si le Congrès le ratifie. M. Tuisiti
proposera l'adoption du suffrage univei sel
sous la forme de : l'extension du droit ,de
vote aux illettrés ; le scrutin provincial ou
régional ; la représentation proportionnelle
et l'indemnité parlementaire.
Le Congrès approuvera, croit-on, ces pro-
positions qui ont obtenu, au moins en par-
Itie, l'approbation d'un certain groupe de dé-
putés non suspects de sympathie envers les
socialistes. Un accord assez significatif va
être conclu entre les libéraux, ou des radi-
caux, et certains socialistes.
La proposition Turati devra pourtant être
modifiée, car le déporté socialiste n'a guère
de chance de rallier un nombre suffisant
d'adhésions à sa proposition d'accorder le
vote aux illettrés. M. Turati prétend ainsi
hâter le développement par des mesures ad-
ministratives de l'instruction obligatoire ;
mais beaucoup estiment que cette clause fa-
cilitera la corruption électorale.
Sur les autres points, l'accord est com-
plet, car nombre de députés reconnaissent
la nécessité d'infuser au Parlement italien
une vie nouvelle grâce à un nouveau sys-
tème électoral, et la réforme proposée sem-,
ble précisément être celle qui permettrait le
mieux de faire fonctionner, avec une plus
grande activité et une exactitude plus pré-
cise, l'organisme parlementaire. — H.
OUTRAGÉE!
Tel est le titre de la nouvelle œuvre
de
CÉCILE CASSOT
dont nous sommes heureux 'd'oillrir la
primeur à nos lecteurs et dont nous
cqmmencerons demain la publication
en feuilleton.
L'auteur des Femmes 'de demain, des
Epervi;ers de la Régence, de f Amour
d'un bandit, d' Histoire tragique et 'de
tant 'd' œuvres à succès a su, avec sa
sincérité coutumière, peindre les an-
goisses d'une jeune fille aux prises avec
une horrible réaliiéj
CARNET DU LIBRE PENSEUR
La lutte cléricale
contre nos écoles
Nous avons été des premiers, dans la
presse républicaine, à signaler le danger
que pouvaient faire courir à nos institu-
tions laïques les organisations cléricales de
pères de famille, si le gouvernement ne se
hâtait pas de prendre des mesures de na-
ture à paralyser, dès son origine, l'action
des adversaires de notre enseignement na-
tional.
A la suite de rat/aire Morizot, qui a jour-
ni la note caractéristique de ce danger, M.
Doumergue n'a pas hésité — et nous l'en
avons félicité comme il convenait, — d dé-
poser le projet de défense de l'école laïque
dont nous avons eu l'occasion de parler à
plusieurs reprises.
Ce serait mal connaître les cléricaux que
de croire que l'annonce de ce projet ait re-
froidi leur zèle batailleur. --
Dans les nombreux conciliabules qui ont
été tenus depuis quelques mois par les évê-
ques de France, cette question de la lutte
contre nos institutions scolaires a toujours
figuré au premier rang de leurs ordres du
jour, et tout récemment, la Semaine reli-
gieuse du diocèse de Toulouse publiait une
note ainsi conçue :
« Mgr l'archevêque lait appel aux pères,
de famille des diverses paroisses du dio-
cèse pour que, dès la rentrée des classes,
ils soient organisés, par commune ou par
canton, en associations de pères de famille
en vue d'assurer la neutralité scolaire et
le respect des cro-yances religieuses dans
l'âme des enfants.
» Cette organisai ion, qui est déjà cons-
tituée en bien des endroits, n'a rien d'agres-
sif, rien qui puisse alarmer ceux des maî-
tres de l'enfance qui ont le respect de leurs
fonctions et le souci de leur dignité. »
Cette note correspond évidemment à un
mol d'ordre général parti du Vatican, et
nous ne tarderons pas à la voir reproduire
par toutes les Semaines religieuses de
France.
Partout les évêques, pour mieux arriver
à leurs fins, vont se faire tout miel et tout
sucre vis à vis des maîtres de l'enseigne-
ment, mais ceux-ci ne s'y laisseront pas
prendre.
Ils *§e tiendront sur leurs gardes en se
rappelant que le langage hypocrite des évê-
qws ne saurait avoir d'autre signification
que celle du fameus vers proverbial de Ra-
cine dans Britannicus :
! J'embrasse mon mate c'est gout l'étouffer.
.,..-'- -.. R.. B.
1; TRIBUNE CORPORATIVE
EN VACANCES
Colonies et voyages scolaires. — Villégiatures d'adultes e
coopération.. p
(De notre envoyé spécial)
| Les Sables-d'Olonne, 27 août 1908.
Nous arrivons aux Sables-d'Olonne
par une matinée assez fraîche et nous
î allons y passer une journée très belle
i quoique chaude. La ville est originale ;
les maisons basses, ne comprenant
qu'un rez-de-chaussée, y sont très nom-
breuses. L'aspect change quand on ap-
proche de la plage. Les villas, les grands
hôtels faits de brique rouge et de pierre
blanche sont très beaux sous l'ardent
soleil du matin. La plage forme un de-
mi-cercle et mesure deux kilomètres.
Les tentes multicolores y sont nombreu-
ses et riches. Tout en restant un centre
assez important de pêche, la ville est
devenue une plage mondaine.
Nous admirons la Sablaise, type ori-
ginal. Coiffe blanche à rubans, coquet-
tement posée sur une berlle chevelure
noire savamment arrangée ; corsage à
larges manches, grand châle et au cou.
la croix traditionnelle ; jupons courts à
larges plis, jambes nues eu chaussées
de bas noirs, sabots en bois ciré, à
jour, terminés en pointe ; œil vif, teint
frais, forme arrondie, taille serrée, telle
est la Sablaise dans ses beaux-atours.
Sa coiffure et son port nous rappellent
l'Espagnole. Cela ne doit pas surpren-
dre ; la ville a été fondée par des pê-
cheurs basques espagnols, venus des
provinces de Byséaya et de Guipuzcoa.
A dix heures, nous nous dirigeons
vers la plantation de sapins. C'est là
que nou devons trouver des colonies
scolaires. Nous voyons au milieu du
bois, des bâtiments en construction. M.
Neau, le propriétaire et M. Michel: son
entrepreneur nous font visiter le chan-
tier : grands réfectoires, immenses dor-
toirs très bien aérés, salle de réu-
nions. cours et hangars, vue sur la mer
et sur la plaine ; c'est là que viennent
passer chaque année, vingt bonnes jour-
nées. huit à dix colonies comprenant fi
à 800 colons.
Nous trouvons deux colonies de fillet-
tes, l'une du 14e arrondissement, 50 élè-
ves des écoles primaires, sous la surveil-
lance de Mmes Capré et Réealt ; l'autre
du 136 arrondissement. 120 fillettes de
huit à treize ans conduites par Mmes
Gestas, Schlincker, Massey et Roland
La colonie de garçons du 13e arrondisse^
ment est celle que nous avons vue à
Boulogne. M: Bricaire, maire-adjoint, a
apporté le même soin au choix des 1
lons. fl
M. Neau recevra encore cette arinéc
des colonies scolaires des 6°, 12e et 20*
arrondissements, de l'œuvre de la rue'
de Louvois, des ligues de Poitiers, du
Loir-et-Cher, des Deux-Sèvres, de la
Vendée, de l'Indre-et-Loire et do Loi-
ret. Nous félicitons M. Neau d'avoir Stl
créer, dans un si bon coin, un établis-
sement spécial si bien organisé pour re,
cevoir nos colonies scolaires.
Notre journée n'est pas t-erminée. Il
nous faut voir de près deux coopérati-
ves-villégiature pour adultes, Le Rayon
du Soleil et La Nature pour Tous.
Le Rayon du Soleil. fondé par Mmes
Danel et Daniault, s'est installé à l'an-
cien séminaire désaffecté. Deux cents
colons y sont actuellement. Nous y trou-
vons M. Dubois, le sympathique député
du ige, qui vient visiter la colonie en sa
qualité de membre du Comité d'organi.
tion.
« Le Rayon du Soleil, nous dit-Mme
Danel. est une institution laïque et ré-
publicaine. Il possède une autre colonie
à Ghatelaillon. Il reçoit, de juin à sep-
tembre, environ 1.600 sociétaires pari-
siens. »
« La Nature pour Tous » est installée
chez MM, Quéret et Chïron, restaura-
teurs. Elle envoie aux Sable s.;d'Olonn e,
à Chatelaillon. à Royan. à Pierrefitte-
Nestalas. dans les Pyrénées, près de
Cauterets. à Alevard-lès-Bains, dans les
Alpes. plus de 2,000 sociétaires.
« Cette Coopérative-Villégtature, dont
nous avons été membre administrateur,
à ses débuts, est due à l'initiative de M.
Gustave Thery. Son organisation est;
parfaite. Nous" avons causé avec de
nombreux eolons gui, tous, se déclarent
satisfaits. Il en est un grand nombre
dont l'enthousiasme pour l'œuvre n'a
pas de limite. C'est là un bon signe..
Nous comprendrons « La Nature pour
Tous » dans notre étude d'ensemble. 1
P. Courrèges.
LA GUERRE AU MAROC
La lilllli i'ifflt il m It Fini
Abd el Aziz bivouaque à Ber Rechid. - 11 se propose de
châtier les Chaouias qui l'ont trahi. — M'l'ouguî
continue la lutte.— Menaces de soulèvements
entre Figuig et Oudjda,
D'après un télégramme du général d'A-
made, la nouvelle d'une défaite infligée à
Glaoui par les Shargna, sur leur territoire,
le 23, parait se confirmer. On apprend,
d'autre part, que la situation de M'Tougui
est de plus en plus solide et qu'il bloque
Marrakech avec une forte mehalla.
Abd el Aziz a quitté Settat et est arrivé
à Ber Rechid où il bivouaque.
L'information relative au pillage de la
kasbah des Dechecha par les Rehamna est
inexacte.
L'ordre et la sécurité n'ont cessé de ré-
gner dans la Chaouia.
Nouvelles diverses
A Marrakech
Tanger, 30 août.
Marrakech, 21 août. — Le bruit du dé-
sastre d'Abd el Aziz a circulé hier matin.
A midi, les salves ont confirmé la nou-
velle. Une lettre de Glaoui a été lue à la
mosquée, annonçant la victoire de Moulay
Hafid et l'envoi de mille prisonniers pris
à l'armée d'Abd el Aziz.
De grandes fêtes qui dureront sept jours
ont été ordonnées.
Les détails reçus confirment que la dé-
faite est due à la défection des Chaouia. Le
sultan aurait fui avec quatre mille hom-
mes ; tous les autres sont morts ou prison-
niers..
M'Tougui continue la lutte
Marrakech, 24 août. — M'Tougui a battu
de nouveau la mehalla d'Irraoui et lui a
tué quarante hommes. M'Tougui a bombar-
dé Agadir, à vingt kilomètres de Marra-
kech. Irraoui demandait des renforts d'ur-
gence. Une vive émotion s'est manifestée
à Marrakech, surtout quand M'Tougui a
envoyé une lettre invitant Glaoui à procla-
mer Abd el Aziz et à laisser entrer sa
mehalla, afin d'éviter un bombardement.
Aucune réponse n'a été faite à cette lettre,
mais toutes les troupes sont hors des por-
tes de la ville, lesquelles sont fermées. Les
Rehamda sont partis renforcer Irraoui.
Abd el Aziz est indécis
Settat, 26 août.
Le ministre des affaires étrangères d'Abd
el Aziz, recevant les membres de la presse,
a déclaré que le sultan, quoique affecté par
la défaite subie, n'avait pas perdu l'espoir
de recouvrer son prestige et son autorité.
'La défaite, a-t-il dit. est due uniquement
à la trahison des contingents Chaouias.
Elle aurait été, sans cela, une grande vic-
tcdre. -..
Le ministre attrIbue notamment cette
trahison à ce que la mère de Mouilay Hafid,
originaire de Mzamaa, & un grapd Asccn-
dant SUl les Chaouia ,,-
Le ministre demande à l'Europe, pour la*
quelle le sultan se sacrifie, d'avoir confian-
ce et d'attendre, parce que Abd el Aziz re-
présente les idées de progrès et les réfoiv
mes proposées par les Européens, tandis
que Moulay Hafid, prêchant la guerre sain-
te, ne se maintient que par ses sentiments
xénophobes.
Pendant Oa retraité de la mehalla. 1;
tribq des Sraghna est venue assurer Abd
el Aziz de son dévouement, malgré les re.
vers qu'il avait subis. Depuis, ils ont écrit
au sultan de revenir, lui offrant des con- *
tingents nombreux pour battre E! Glaoui
et les Rehamnas.
Le sultan est indécis. Il a différé son dé-
part pour Ber-Rechid.
La colonne" opérant contre les Sidi ben
Daoud obtient de nombreuses restitutions
d'objets voJés.
Les décisions du sultan et du gouverne-
ment sont inconnues ; cependant Abd et
Aziz parait décidé, quand les circonstances
le permettront, à infliger un châtiment aux
Chaouias qui l'ont trahi.
La situation .-,:t'Ahd el Aziz ne paraît pas
désespérée.
1
Arrivée de prisonniers
Tanger, 30 août.
Marrakech, 23 août. — Soixante-quinze
prisonniers de la mehalla d'Abd el Aziz
sont seuls arrivés jusqu'ici.
Le pacha de Rabat
Rabat, 27 août. — La ville est assez
calme. u
Quelques exaltés veulent changer le pa-
cha, qu'ils trouvent trop tiède.
La même tendance se manifeste à Salé.
L'agitation à Mazagan
Mazûgan. 26 août. — Dès la nouvelle
connue de la proclamation de Moulay,
Hafid dans les ports, l'agitation a commen-
cé. Les restes 'c la mehalla- aziziste sont
entrés dans la vijla
Moulay Zin, frère du sultan, est rentré
au Dar el Maglizer.
Le pacha s'est réfugié au consulat de
France.
Mazagan, 27 août. - Ce matin, des sal*
ves ont annoncé la proclamation de Moulay,
Hafid. ,
De nombreux notables ont refusé d fiSSlS
ter à la proclamation, déclarant qu'ils res«
taient fidèles à Abd el Aziz.
Mouvements de troupes !
Tanger, 30 août.
Casablanca, 28 août. — De nombreux
mouvements de troupes ont été nécessités
par une certaine tendance à des dodre
qui s'est manifestée chez les Ouled Sidi b
Daoud«
Mardi ter Septembre 1908. — N* 140S3. -«
LE XIX SOCLE
»
AJVWOIVCES
AUX BUREAUX DU JOUBNAL
1t, rue du Mail, Paris.
Et chez MM. LAGRANGE, CERF etO*
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TRIBUNE LIBRE
LE SENS MORAL
J'ai reçu de Chartres une
brochure reproduisant deux
conférences faites à l'Ecole
libre des sciences politiques
par M. Robert de Felice,
avocat de 20 ans, mort ré-
temmenl.
Cette mort prématurée a dû être bien
pénible aux 'parents du jeune homme
et à ceux qui avaient pu l'apprécier.
Son talent s'affirmait déjà avec une
- force remarquable. La première de ces
deux conférences traite du privilège
des bouilleurs de cru ; elle témoigne
d'un jugement très sûr, d'un esprit d'é-
quité et de mesure assez rare chez
ceux qui diseut-e-ntde ce privilège (nom
décent donné à la fraude), s'il faut en
croire la Revue des Deux-Mondes et
M. Francis Charmes.
Dans une brève préface, le frère du
conférencier nous raconte que M. Ro-
bert de Felice disait à ses derniers mo-
ments : — Ce qu'il faut dans le monde,
c'est la régénération des âmes.
Et Fauteur de la préface ajoute —
Si l'on veut venir à bout de résoudre
les questions économiques et sociales
avec justice et avec bonté, ce qu'il faut
du haut en bas de l'échelle sociale,
c'est une renaissance du sens moral.
Pourquoi régénération dés âmes ?
Pourquoi renaissance du sens mo-
ral ?
Sommes-nous vraiment en état d'in-
fériorité morale à l'égard de nos prédé-
cesseurs ? Je voudrais bien savoir en
quoi nos aînés de l'empire premier et
second, en quoi les contemporains de
Louis-Philippe, de Charles X de Louis
XV et autres monarques valaient plus
que nous en fait de moralité ? La con-
ception de la beauté morale, certes,
n'a pas dépassé en hauteur le point où
elle a été portée par les philosophes
grecs et romains. Elle a gagné en éten-
due ; en ceci consistent les progrès de
la civilisation ; le nombre des gens cul-
tivés, soucieux de la dignité person-
nelle, désireux de-voir triompher par-
tout l'idée de justice dévient, tous les
tout
jours plus üonsidérahle malgràpre-
té des conflits qui se produisent encore,
soit entre individus, soit entre nations.
Nous n'avons qu'à laisser faire la li-
berté, à éviter avec soin toute violence
et, à l'usage, les hommes comprendront
de plus en plus que le mieux est encore
de s'entendre, de respecter les droits
réciproques de chacun- et même de se
donner un coup de main, à l'occasion,
par esprit de solidarité, au lieu de se
flanquer des coups de poing.
Voilà quelque t:emps que les ouvriers,
les terrassiers, les maçons, pratiquent
sur les chantiers de Paris un genre de
grève nouveau, la grève tampon. On
parle beaucoup de cette grève tampon.
Connaissez-vous la grève tampon ? Voi-
ci : Un jour pour une raison indétermi-
née, une équipe d'ouvriers reçoit des
chefs du syndicat un ordre mystérieux.
Il est décidé que tel ou tel patron sera
aujourd'hui boycotté. Est-il une raison
particulière, justificative de cette mesu-
re ? On ne sait pas ; c'est le secret du
chef du syndicat. Ils ont décidé de rui-
ner tel ou tel entrepreneur et ils le rui-
nent : voilà tout. En conséquence, les
ouvriers arrivent le matin sur le chan-
tier, mais ils travaillent mollement ils
flânent ils bavardent, ils gaspillent,
c'est du sabotage. Le surveillant inter-
vient ; il fait des observations. De là,
querell Alors les ouvriers déposent
leurs joutils et disent au surveillant :
— Vous n'êtes pas content ? C'est bien.
Payez-nous et nous partons. Comme
toute journée commencée est une jour-
née due, l'entrepreneur reçoit un bon
coup de tampon.
C'est tout simplement une canaille-
rie. Comment se défendre contre cette
guerre sans déclaration et touiours me-
naçante ? A leur tour, les patrons se sont
entendus et les ouvriers vont connaître
eux aussi, 'les agréments du procédé
tampon. Les? équipes seront renvoyées à
l'improvist, sur un tel point, au gré
des entrepreneurs, et le nombre des fa-
milles souffrantes augmentera. Peut-
être mêime, qu'un jour, l'exaspération
des parti. hostiles suscitera des heurté
dolents, 1 On se donnera des coups, la
force publique sera -dans l'obligation
d'intervertir ; blessés, amendes, prisons,
JnncemejÇit de dents et ruine général.
Alors le grévistes étant les inspirateurs
du sabo tage seront satisfaits. Auront-
ils fait/progresser l'idée de justice ? Au
contraire. Elle sera refoulée pour un
temps. TelIe sera leur œuvre.
De cfeci il résulte qu'il est grand temps
ae régler la question de l'arbitrage et de
le ron re obligatoire, afin d'éviter la
, jpermap ence de ces conflits devenus si
sfr £ quœnt$ dans le monde du travail. Il y
a toute une législation à faire concer-
nant le contrat de travail, législation
appropriée aux besoins 5e notre société
moderne. Dans notre démocratie, nous
désirons que l'arbitrage soit un jour obli-
gatoire entre nations ; commençons par
la pratiquer dans notre République en-
tre individus et groupes d'individus.
L'état de bataille est propre au temps
de barbarie. Au nôtre il convient de ré-
gler les différends par voie de libre dis-
cussion devant un juge quand les parties
ne peuvent s'entendre.
On le comprendra mieux à mesure que
le sens moral deviendra de plus en plus
le sens commun.,
DELPECH,
Sénateur de VAriège.
LA POLITIQUE
PERPLEXITES
M. Pichon n'est pas à SClll
aise. Cela se conçoit aisément.
Rien n'est gênant comme d'ar
voir un mauvais sultan sur les
hrass Mais ce n'est pas notre
faute si M. le ministre des af-
faires, étrangères affectionne paTbÏculiè-
rement les laissés pour compte de l'Islam.
Encore quelques manœuvres d'une habi-
leté suprême et il se mettra à dos le bon
sultan des Marocains.
On devine malaisément le goût (tu
quai d'Orsay pour les situations com-
pliquées et équivoques, et comme notre
administration des affaires étrangères s'y
trouve souvent enlisée, il faut que de
puissantes et mauvaises exhortations l'y
poussent obstinément.
Pouvons-nous espérer que M. Picnon,
dans un ressaut d'énergie, refusera d'en-
tendre nos AZJizistes, bien plus désireux
de poursuivre leurs « combinaisons »
compromises par la défaite du héros de
Settat, que de simplifier la mission de la
France au Maroc ?
Si ces conseilleurs sont les plus forts,
si leur voix l'empêche d'entendre les ins-
tructions fermes du Parlement, M. Pi-
chon s'engage, et nous engage, dans de
nouvelles difficultés.
En Europe,, après la période 'de dé-
tente, une nouvelle tension diplomatique
sera vivement rétablie par tous les pro-
fessionnels de la querelle, dont chaque
pays détient un assortiment.
Au Maroc, une seconde aventure àzi-
ziste nous mettra en présence de harkas
multipliées, semblables à celle du sud-
or anaii s.
Quelque inégalité, favorable à nos ar-
mes, que présente pour nous -une lutte de
ce genre, elle n'est ni souhaitée par le
pays, ni aisée pour nos troupes exposées
actuellement aux rigueurs d'un sotleil
meurbiet.
- Et puis, pour prendre le bon parti et
s'àrracher à ses perplexités, avant la ren-
trée de M. Clemenceau, M. Pichon pour-
rait voir par la pensée le retour régulier
de l'interpellation hebdomadaire sur le
Maroc, où tous les chaouias de la Cham-
bre peuvent l'assaillir de leur pressante
harkéi.
Car tôt ou tard il devra s'expliquer
devant le Parlement.
1
LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil à 5 h. 16; coucher à 6 heu-
res 44.
— Courses à Saint-Cloud (trot atteié et
monté).
Maujaniana.
Il avait fait un pari avec ce spirituel
Emmanuel Arène qui vient de mourir si
prématurément. Peu importe le sujet
du pari ; mais l'enjeu était une dinde
truffée.
Il perdit, et comme il ne se pressait
pas de s'exécuter, Arène lui dit un
jour : « Dis-donc, à quand ma dinde ? »
— » Les truffes ne sont pas encore
bonnes. »
— » Allons donc ! c'est un bruit que
les dindons font courir !. »
Shokirtg !
Une délégation de Highlaiidérs ac-
compagnait le prince de Galles à Qué-
bec lors des récentes fêtes du centenaire
de la ville On sait que le costume très
pittoresque des Highlanders offre, en-
tre autres particularités, celle de 'lais-
ser à nu le bas des jambes. De braves
religieuses, aussi saintes que naïves,
furent très offusquées par ce spcctaclé
et achetèrent, sur-le-champ, autant de
paires de bas qu'il x ayâii dç !k
ders. Ceux-ci les acceptèrent avec gra-
ivité, mais refusèrent pourtant de les
utiliser, ce qui mit le comble à l'indi-
gnation des bonnes religieuses.
AUTREFOIS
Le RappeJ du Ie* septembre 1872. - La
commission de permanence de l'Assemblée
de Versailles est inquiète ; elle songe à in-
terpeller le ministre de l'intérieur pour sa-
voir si c'est avec son assentiment que les
préfets, à l'ouverture de la session des con-
seils généraux. se sont permis de faire l'élo-
ge de la Il république conservatrice ».
u après un correspondant italien, la
santé de Pie IX s'altère de plus en plus. Il
est taciturne, distrait, au point d'oublier les
affaires les plus indispensables.
Le Journal médical de Londres, déclare
physiquement impossible la tentative faite
l autre jour par le nageur Johnson pour
traverser le pas de Calais.
Les Allemands disent que le premier
coup de leu de la dernière guerre a été tiré
par un sergent-major de la cavalerie prus-
sienne, nommé Schrauz qui, parti de Saar-
bruck avec une patrouille rencontra quel-
ques cavaliers français et en blessa un.
M. Plauchut qui, pendant une absence de
M. de Tonneins (Aurélie-Antoine) avait
usurpé la couronne du roi d'Araucanie,vient
de mourir d'un refroidissement, à la suite
d'une course à cheval. Aurelie-Antoine
compte repartir bientôt pour l'Araucanie.
Un nom à coucher dehors.
Au siècle dernier un gentilhomme
gascon arrivait de nuit dans un village
Il était plus de minuit ; il frappa long-
temps à la porte de l'unique hôtellerie
sans pouvoir réveiller l'aubergiste.
A la fin ce dernier lui cria : « Qui êtes
vous ? »
— « Je suis le baron de Malgouyre-Es-
tressacdèsbas-de Blagnac-Saléchan. ! »
— « Monsieur, répondit J'hôtelier,
j'en suis bien fâché mais je n'ai pas as-
sez de chambres pour loger tous ces
messieurs-là. »
Et il referma sa fenêtre.
Prononciation.
Un étranger demandait à des savants
comment on devait prononcer correcte
ment en français le mot « pétition ».
La règle lui répondit-on, veut qu'un
t entre deux i se prononce ci.
— « Alors faites-moi donc l'amicié de
prendre picié de mon ignorance. Je ne
m'explique pas la moicié de vos règles
grammaticales. »
Le taureau, le tigre et l'agent.
De l'Opinion :
C'est une fable. M. Maujan l'aurait
faite plus lyrique.
A Marseille, un taureau lut mis dans une cage
Avec un tigre audacieux
Le taureau perdit son courage
Et le tigre en ferma les yeux.
Tous deux dormaient comme moutons en ber-
[gerie.
Déjà nos Marseillais proclamaient à grands cris
Qu'on n'avait jafnais vu si tragique tuerie,
Quand vint un ordre de Paris.
Maujan, voulant punir les crimes de la terre,
Mau j an, Ordonnait que les animaux
Fussent livrés au commissaire
Et remisés dans leurs bocaux.
Mais le tigge était anarchiste
Et le taureau syndicaliste.
Ils croquèrent d'un coup de dent
Notre agent du Gouvernement.
Les Anglais qui suivaient n'en espéraient pas
[tant.
Etrange police.
Une vieille société politique, le « Roo-
sevelt Club » vient de se reconstituer à
Minnéapolis. dans le but de faire usage
du « big stick » sur les épaules des jeu-
nes gens qui. chaque soir, envahissent
les basses rues de la ville pour ennuyer
de leurs impertinences les jeunes filles
et jeunes femmes qui se trouvent sur
leur chemin.
Il y a quelques années, le club en
question, qui n'est composé que de per-
sonnes du sexe mâle, avait l'habitude
de donner des soirées théâtrales dans
lesquelles les rôles de femmes étaient te-
nus par des hommes.
Pour leur rendre la police des rues
plus facile, ces artistes amateurs, qui
sont tous d'excellents boxeurs, seront
attifés de vêtements féminins et envoyés
chaque soir dans les rues où ils auront
pour mission d'arrêter les jeunes gens
qui tenteraient de les approcher.
On ne badine pas avec l'amour dans
le Minesota 1
Précieuse.
— « Ce gigot est incuit, disait à son
hôte, une jeune pimbêche qui se piquait
de beau langage.
— « Excusez-moi, Madame, répondit
l'hôte, c'est un impardonnable insoin
de ma cuisinière I..:
Sueceptibilité de ténor. 9
Cambacérès donnait une fête, à la-
quelle il avait convié les artistes les plus
réputés de l'époque.
Elle touchait à sa fin lorsque le con-
sul demanda au célèbre ténor Garat de
chanter.
Celui-ci, froissé que l'on ne se fût pas
adressé à lui plus tôt, tira sa montre et
répondit : « Mille regrets, citoyen con-
sul ; il est plus de minuit : ma voix'est
couchée. »
Echange dé bons procédés.
En Angleterre, le bourreau conduisait
un jour Un pauvre diable à la potence.
L'exécuteur dit au condamné : « Ecou-
te, mon pauvre ami, je ferai de mon
mieux pour ne pas te faire souiïrir ;
mais je dois l'avouer que je n'ai jamais
pendu. » , -.
Le condamné répondit philosophique-
ment a « Merci de te complaisance. Je
dois tout iv® t I( 1;;
mais été pendu. En y mettant chacun
du nôtres espère que nous finirons par
nous en tirer 1 »
: Services exceptionnels. ,
Parmi les industriels et commerçants
éminents décorés à la suite de l'une des
dernières expositions internationales,
figurait un célèbre fabricant de porce-
laines..
— « Alors, fit un naïf, il a rendu de
grands services ?. III
- « Non, il en a vendu. »
—.
EN ITALIE
Les socialistes et le suffrage
Le prochain Congrès national socialisi
qui aura lieu à Florence le 19 septembre
aura une certaine importance, non seule-
ment au point de vue de l'existence et 4te
l'orientation du parti, mais aussi pour le
vie politique et sociale de l'Italie.
On apprend que M. Turati, un des lis.-
ders les plus en vue du parti socialiste, a
l'intention de présenter au Congrès un pro-
jet de réforme électorale qu'il déposera à ;ia
Chambre si le Congrès le ratifie. M. Tuisiti
proposera l'adoption du suffrage univei sel
sous la forme de : l'extension du droit ,de
vote aux illettrés ; le scrutin provincial ou
régional ; la représentation proportionnelle
et l'indemnité parlementaire.
Le Congrès approuvera, croit-on, ces pro-
positions qui ont obtenu, au moins en par-
Itie, l'approbation d'un certain groupe de dé-
putés non suspects de sympathie envers les
socialistes. Un accord assez significatif va
être conclu entre les libéraux, ou des radi-
caux, et certains socialistes.
La proposition Turati devra pourtant être
modifiée, car le déporté socialiste n'a guère
de chance de rallier un nombre suffisant
d'adhésions à sa proposition d'accorder le
vote aux illettrés. M. Turati prétend ainsi
hâter le développement par des mesures ad-
ministratives de l'instruction obligatoire ;
mais beaucoup estiment que cette clause fa-
cilitera la corruption électorale.
Sur les autres points, l'accord est com-
plet, car nombre de députés reconnaissent
la nécessité d'infuser au Parlement italien
une vie nouvelle grâce à un nouveau sys-
tème électoral, et la réforme proposée sem-,
ble précisément être celle qui permettrait le
mieux de faire fonctionner, avec une plus
grande activité et une exactitude plus pré-
cise, l'organisme parlementaire. — H.
OUTRAGÉE!
Tel est le titre de la nouvelle œuvre
de
CÉCILE CASSOT
dont nous sommes heureux 'd'oillrir la
primeur à nos lecteurs et dont nous
cqmmencerons demain la publication
en feuilleton.
L'auteur des Femmes 'de demain, des
Epervi;ers de la Régence, de f Amour
d'un bandit, d' Histoire tragique et 'de
tant 'd' œuvres à succès a su, avec sa
sincérité coutumière, peindre les an-
goisses d'une jeune fille aux prises avec
une horrible réaliiéj
CARNET DU LIBRE PENSEUR
La lutte cléricale
contre nos écoles
Nous avons été des premiers, dans la
presse républicaine, à signaler le danger
que pouvaient faire courir à nos institu-
tions laïques les organisations cléricales de
pères de famille, si le gouvernement ne se
hâtait pas de prendre des mesures de na-
ture à paralyser, dès son origine, l'action
des adversaires de notre enseignement na-
tional.
A la suite de rat/aire Morizot, qui a jour-
ni la note caractéristique de ce danger, M.
Doumergue n'a pas hésité — et nous l'en
avons félicité comme il convenait, — d dé-
poser le projet de défense de l'école laïque
dont nous avons eu l'occasion de parler à
plusieurs reprises.
Ce serait mal connaître les cléricaux que
de croire que l'annonce de ce projet ait re-
froidi leur zèle batailleur. --
Dans les nombreux conciliabules qui ont
été tenus depuis quelques mois par les évê-
ques de France, cette question de la lutte
contre nos institutions scolaires a toujours
figuré au premier rang de leurs ordres du
jour, et tout récemment, la Semaine reli-
gieuse du diocèse de Toulouse publiait une
note ainsi conçue :
« Mgr l'archevêque lait appel aux pères,
de famille des diverses paroisses du dio-
cèse pour que, dès la rentrée des classes,
ils soient organisés, par commune ou par
canton, en associations de pères de famille
en vue d'assurer la neutralité scolaire et
le respect des cro-yances religieuses dans
l'âme des enfants.
» Cette organisai ion, qui est déjà cons-
tituée en bien des endroits, n'a rien d'agres-
sif, rien qui puisse alarmer ceux des maî-
tres de l'enfance qui ont le respect de leurs
fonctions et le souci de leur dignité. »
Cette note correspond évidemment à un
mol d'ordre général parti du Vatican, et
nous ne tarderons pas à la voir reproduire
par toutes les Semaines religieuses de
France.
Partout les évêques, pour mieux arriver
à leurs fins, vont se faire tout miel et tout
sucre vis à vis des maîtres de l'enseigne-
ment, mais ceux-ci ne s'y laisseront pas
prendre.
Ils *§e tiendront sur leurs gardes en se
rappelant que le langage hypocrite des évê-
qws ne saurait avoir d'autre signification
que celle du fameus vers proverbial de Ra-
cine dans Britannicus :
! J'embrasse mon mate c'est gout l'étouffer.
.,..-'- -.. R.. B.
1; TRIBUNE CORPORATIVE
EN VACANCES
Colonies et voyages scolaires. — Villégiatures d'adultes e
coopération.. p
(De notre envoyé spécial)
| Les Sables-d'Olonne, 27 août 1908.
Nous arrivons aux Sables-d'Olonne
par une matinée assez fraîche et nous
î allons y passer une journée très belle
i quoique chaude. La ville est originale ;
les maisons basses, ne comprenant
qu'un rez-de-chaussée, y sont très nom-
breuses. L'aspect change quand on ap-
proche de la plage. Les villas, les grands
hôtels faits de brique rouge et de pierre
blanche sont très beaux sous l'ardent
soleil du matin. La plage forme un de-
mi-cercle et mesure deux kilomètres.
Les tentes multicolores y sont nombreu-
ses et riches. Tout en restant un centre
assez important de pêche, la ville est
devenue une plage mondaine.
Nous admirons la Sablaise, type ori-
ginal. Coiffe blanche à rubans, coquet-
tement posée sur une berlle chevelure
noire savamment arrangée ; corsage à
larges manches, grand châle et au cou.
la croix traditionnelle ; jupons courts à
larges plis, jambes nues eu chaussées
de bas noirs, sabots en bois ciré, à
jour, terminés en pointe ; œil vif, teint
frais, forme arrondie, taille serrée, telle
est la Sablaise dans ses beaux-atours.
Sa coiffure et son port nous rappellent
l'Espagnole. Cela ne doit pas surpren-
dre ; la ville a été fondée par des pê-
cheurs basques espagnols, venus des
provinces de Byséaya et de Guipuzcoa.
A dix heures, nous nous dirigeons
vers la plantation de sapins. C'est là
que nou devons trouver des colonies
scolaires. Nous voyons au milieu du
bois, des bâtiments en construction. M.
Neau, le propriétaire et M. Michel: son
entrepreneur nous font visiter le chan-
tier : grands réfectoires, immenses dor-
toirs très bien aérés, salle de réu-
nions. cours et hangars, vue sur la mer
et sur la plaine ; c'est là que viennent
passer chaque année, vingt bonnes jour-
nées. huit à dix colonies comprenant fi
à 800 colons.
Nous trouvons deux colonies de fillet-
tes, l'une du 14e arrondissement, 50 élè-
ves des écoles primaires, sous la surveil-
lance de Mmes Capré et Réealt ; l'autre
du 136 arrondissement. 120 fillettes de
huit à treize ans conduites par Mmes
Gestas, Schlincker, Massey et Roland
La colonie de garçons du 13e arrondisse^
ment est celle que nous avons vue à
Boulogne. M: Bricaire, maire-adjoint, a
apporté le même soin au choix des 1
lons. fl
M. Neau recevra encore cette arinéc
des colonies scolaires des 6°, 12e et 20*
arrondissements, de l'œuvre de la rue'
de Louvois, des ligues de Poitiers, du
Loir-et-Cher, des Deux-Sèvres, de la
Vendée, de l'Indre-et-Loire et do Loi-
ret. Nous félicitons M. Neau d'avoir Stl
créer, dans un si bon coin, un établis-
sement spécial si bien organisé pour re,
cevoir nos colonies scolaires.
Notre journée n'est pas t-erminée. Il
nous faut voir de près deux coopérati-
ves-villégiature pour adultes, Le Rayon
du Soleil et La Nature pour Tous.
Le Rayon du Soleil. fondé par Mmes
Danel et Daniault, s'est installé à l'an-
cien séminaire désaffecté. Deux cents
colons y sont actuellement. Nous y trou-
vons M. Dubois, le sympathique député
du ige, qui vient visiter la colonie en sa
qualité de membre du Comité d'organi.
tion.
« Le Rayon du Soleil, nous dit-Mme
Danel. est une institution laïque et ré-
publicaine. Il possède une autre colonie
à Ghatelaillon. Il reçoit, de juin à sep-
tembre, environ 1.600 sociétaires pari-
siens. »
« La Nature pour Tous » est installée
chez MM, Quéret et Chïron, restaura-
teurs. Elle envoie aux Sable s.;d'Olonn e,
à Chatelaillon. à Royan. à Pierrefitte-
Nestalas. dans les Pyrénées, près de
Cauterets. à Alevard-lès-Bains, dans les
Alpes. plus de 2,000 sociétaires.
« Cette Coopérative-Villégtature, dont
nous avons été membre administrateur,
à ses débuts, est due à l'initiative de M.
Gustave Thery. Son organisation est;
parfaite. Nous" avons causé avec de
nombreux eolons gui, tous, se déclarent
satisfaits. Il en est un grand nombre
dont l'enthousiasme pour l'œuvre n'a
pas de limite. C'est là un bon signe..
Nous comprendrons « La Nature pour
Tous » dans notre étude d'ensemble. 1
P. Courrèges.
LA GUERRE AU MAROC
La lilllli i'ifflt il m It Fini
Abd el Aziz bivouaque à Ber Rechid. - 11 se propose de
châtier les Chaouias qui l'ont trahi. — M'l'ouguî
continue la lutte.— Menaces de soulèvements
entre Figuig et Oudjda,
D'après un télégramme du général d'A-
made, la nouvelle d'une défaite infligée à
Glaoui par les Shargna, sur leur territoire,
le 23, parait se confirmer. On apprend,
d'autre part, que la situation de M'Tougui
est de plus en plus solide et qu'il bloque
Marrakech avec une forte mehalla.
Abd el Aziz a quitté Settat et est arrivé
à Ber Rechid où il bivouaque.
L'information relative au pillage de la
kasbah des Dechecha par les Rehamna est
inexacte.
L'ordre et la sécurité n'ont cessé de ré-
gner dans la Chaouia.
Nouvelles diverses
A Marrakech
Tanger, 30 août.
Marrakech, 21 août. — Le bruit du dé-
sastre d'Abd el Aziz a circulé hier matin.
A midi, les salves ont confirmé la nou-
velle. Une lettre de Glaoui a été lue à la
mosquée, annonçant la victoire de Moulay
Hafid et l'envoi de mille prisonniers pris
à l'armée d'Abd el Aziz.
De grandes fêtes qui dureront sept jours
ont été ordonnées.
Les détails reçus confirment que la dé-
faite est due à la défection des Chaouia. Le
sultan aurait fui avec quatre mille hom-
mes ; tous les autres sont morts ou prison-
niers..
M'Tougui continue la lutte
Marrakech, 24 août. — M'Tougui a battu
de nouveau la mehalla d'Irraoui et lui a
tué quarante hommes. M'Tougui a bombar-
dé Agadir, à vingt kilomètres de Marra-
kech. Irraoui demandait des renforts d'ur-
gence. Une vive émotion s'est manifestée
à Marrakech, surtout quand M'Tougui a
envoyé une lettre invitant Glaoui à procla-
mer Abd el Aziz et à laisser entrer sa
mehalla, afin d'éviter un bombardement.
Aucune réponse n'a été faite à cette lettre,
mais toutes les troupes sont hors des por-
tes de la ville, lesquelles sont fermées. Les
Rehamda sont partis renforcer Irraoui.
Abd el Aziz est indécis
Settat, 26 août.
Le ministre des affaires étrangères d'Abd
el Aziz, recevant les membres de la presse,
a déclaré que le sultan, quoique affecté par
la défaite subie, n'avait pas perdu l'espoir
de recouvrer son prestige et son autorité.
'La défaite, a-t-il dit. est due uniquement
à la trahison des contingents Chaouias.
Elle aurait été, sans cela, une grande vic-
tcdre. -..
Le ministre attrIbue notamment cette
trahison à ce que la mère de Mouilay Hafid,
originaire de Mzamaa, & un grapd Asccn-
dant SUl les Chaouia ,,-
Le ministre demande à l'Europe, pour la*
quelle le sultan se sacrifie, d'avoir confian-
ce et d'attendre, parce que Abd el Aziz re-
présente les idées de progrès et les réfoiv
mes proposées par les Européens, tandis
que Moulay Hafid, prêchant la guerre sain-
te, ne se maintient que par ses sentiments
xénophobes.
Pendant Oa retraité de la mehalla. 1;
tribq des Sraghna est venue assurer Abd
el Aziz de son dévouement, malgré les re.
vers qu'il avait subis. Depuis, ils ont écrit
au sultan de revenir, lui offrant des con- *
tingents nombreux pour battre E! Glaoui
et les Rehamnas.
Le sultan est indécis. Il a différé son dé-
part pour Ber-Rechid.
La colonne" opérant contre les Sidi ben
Daoud obtient de nombreuses restitutions
d'objets voJés.
Les décisions du sultan et du gouverne-
ment sont inconnues ; cependant Abd et
Aziz parait décidé, quand les circonstances
le permettront, à infliger un châtiment aux
Chaouias qui l'ont trahi.
La situation .-,:t'Ahd el Aziz ne paraît pas
désespérée.
1
Arrivée de prisonniers
Tanger, 30 août.
Marrakech, 23 août. — Soixante-quinze
prisonniers de la mehalla d'Abd el Aziz
sont seuls arrivés jusqu'ici.
Le pacha de Rabat
Rabat, 27 août. — La ville est assez
calme. u
Quelques exaltés veulent changer le pa-
cha, qu'ils trouvent trop tiède.
La même tendance se manifeste à Salé.
L'agitation à Mazagan
Mazûgan. 26 août. — Dès la nouvelle
connue de la proclamation de Moulay,
Hafid dans les ports, l'agitation a commen-
cé. Les restes 'c la mehalla- aziziste sont
entrés dans la vijla
Moulay Zin, frère du sultan, est rentré
au Dar el Maglizer.
Le pacha s'est réfugié au consulat de
France.
Mazagan, 27 août. - Ce matin, des sal*
ves ont annoncé la proclamation de Moulay,
Hafid. ,
De nombreux notables ont refusé d fiSSlS
ter à la proclamation, déclarant qu'ils res«
taient fidèles à Abd el Aziz.
Mouvements de troupes !
Tanger, 30 août.
Casablanca, 28 août. — De nombreux
mouvements de troupes ont été nécessités
par une certaine tendance à des dodre
qui s'est manifestée chez les Ouled Sidi b
Daoud«
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