Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-31
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 août 1908 31 août 1908
Description : 1908/08/31 (N14052). 1908/08/31 (N14052).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75709405
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
Se 14038. — 13 Fructidor An 118
camo J.W.J.MEII LU lquimi 110
Lundi 31 Août 1908. — W 14038.
ï W YTY* CTIfrPT F
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1
Adresser lettres et mandats à Administrateur
TRIBUNE LIBRE -
mauml
LIQUIDATION
Répondant, si j'ai bonne
mémoire, à l'une des inter-
pellations hebdomadaires de
M. Jaurès, M. le ministre
des affaires étrangères affir-
mait à la Chambre, non sans
un brin de solennité, « que la France
se tirerait à son honneur de l'affaire
marocaine u.
L'affaire touche à sa fin. La promesse
de M. iPichon s'est en effet réalisée.
Beaucoup de sang libéralement versé a
lavé de tout ridicule une équipée dont
il est aussi difficile d'admirer la condui-
te que d'expliquer logiquement les péri-
péties. Oui, l'honneur est sauf. C'est
une consolation, assurément ; ce n'est
pas un résultat.
Il faudrait pourtan* bien savoir où
nous en sommes et pourquoi tant d'ef-
forts n'ont abouti qu'à l'attestation glo-
rieuse, mais superflue, de notre vitalité
guerrière.
Nous serions-nous constamment dé-
battus dans une atmosphère de men-
songes, aurions-nous été les jouets
d'un trompe-l'œil perpétuel ? Aurait-il
existé, on ne sait où, quelque agence
d'imposture destinée à créer, entre des
événements lointains et l'opinion du
pays, un impénétrable et décevant
écran ? Des forces mystérieuses au-
raient-elles faussé, truqué l'action de
notre- politique et de notre diplomatie ?
Qs intérêts obscurs, mais tenaces
et puissants, pouvaient trouver leur
compte à cette falsification de réalités
qui pouvaient devenir tragiques en nous
exposant aux pires aventures ?
Comment ne pas demeurer stupéfaits
âsvant cette mise en scène burlesque-
ment théâtrale, dont on entourait les
comptes-rendus de l'expédition où s'est
effondrée la fortune du triste Abd el
Aiz ? Comment ne pas comparer ces ré-
cits empanachés aux dédaigneux com-
mentaires dont on suivait la marche en
vérité triomphale du ™aîtrp actuel du
Maroc ? Comment n'être pas surpris que
jamais, au grand jamais, une voix of-
ficielle ou officieuse ne se soit fait en-
tendres dans la pressie ou ailleurs, pour
aiettre au point des renseignements ten-
dancieux, dissiper les légendes, préciser
devant l'opinion française la situation
exacte de l'entreprise où nous étions
lancés, les données du problème que
nous étions tenus de résoudre ?
Quelques-uns, dont nous avons été,
ont cru devoir apporter ici lies réserves
que leur suggérait et .ce qu'ils croyaient
être le bon sens, et ce qu'ils croyaient,
de source sûre, être la vérité. Que va-
laient leurs informations, au prix de
l'information officielle, autorisée, im-
perturbablement hautaine et sûre d'elle-
même ? — Et pourtant, c'est nous
qui avions raison, et les événements se
sont chargés die donner eux-mêmes leur
tranquille démenti aux démentis dont
On nous assommait. ',-
Qu'espérait-on ? Vers quel but s'ache-
minait-on ? Quels plans avait-on for-
més ? Certaine presse étrangère dénon-
ce les visées secrètes qui auraient ani-
mé notre gouvernement. C'est lui faire
beaucoup d'honneur ou, si l'on veut,
d'injustice. Il n'espérait rien, il' n'a-
vait point de but, il n'avait point de
plan.
Deux tendances contraires cnt pesé
iur sa volonté. Une politique interven-
tionniste et conquérante cherchait à le
,rallier à ses ambitions - à ses convoi-
eiiws. '- Une politique d'inflexible et
sage neutralité avait, elle aussi, des
partisans, seigneurs de moindre consé-
quence dont il était moins précieux, à
yion avis, d'obtenir l'approbation.
Entpe ces deux courants,' la masse
âu pays restait hésitante, le Parlement
Également. Que faire ? Une initiative
énergique pouvait seule orienter notre
action. Cette initiative n'est jamais ve-
nue.
Pressé par les interventionnistes, le
gouvernement leur a accordé des gages
de nature à leur donner satisfaction. —
Mais c'étaient là de pures apparences.
Il ne pouvait point agir d'une façon
Décisive, car pour cela l'assentiment de
la Chambre lui leût fait défaut, de
même que l'adhésion du concert inter-
national ; et il le savait. Il s'est donc
contenté d'esquisser des gestes vagues,
'd'amorcer des combinaisons subreptiœs
où s'exaltait la belliqueuse imagination
ae nos Picrocholes coloniaux, s'en re-
mettant au hasard du soin de,fair-c naî-
tre l'incident providentiel qui dicterait
son attitude, reculant devant la déci-
'sion à prendre quand l'incident s'était
produit.
Le hasard, d'ailleurs, i'a mal servi.
Tandis qu'il laissait des émissaires sans
mandat intriguer en son nom autour de
Moulay Hafid, c'est Abd el Aziz qui res-
tait le maître de l'heure. Quand monte
l'astre de Moulay Hafid, c'est vers Abd
el Aziz qu'il tourne ses regarda ; il l'at-
tire, il l'absorbe, il lui offre notre con-
cours, assez pour le compromettre, pas
assez pour le relever ; et, pour finir, il
le laisse, à l'abri de nos canons, se
lancer dans cette expédition invraisem-
blable où il va se briser, faisant si biien
que l'échec du vaincu devient nôtre aux
yeux de tous.
Ce n'est pourtant point la vérité :
l'échec de* cette politique, de œ sem-
blant de politique, n'est point celui de
la France qui ne l'a voulu ni suivi. Le
malheur est qu'elle a, par un verbiage
inconsidéré, par des racontars tendan-
cieux, rendu délicate et un peu morti-
fiante pour nous la reconnaissance au*
jourd'hui certaine du nouveau sultan.
Espérons qu'on saura sans récriminer
prendre son parti d'une déconvenue à
laquelle il fallait s'attendre. Hafid s'an-
nonce décidé à gouverner dans un es-
prit de large tolérance et de libérale
hospitalité. Son intérêt est d'être pour
nous un voisin conciliant et aimable. Il
n'aura pas de peine à valoir, sur ce
point, son prédécesseur. Mais, une fois
pour toutes, épargnons-lui la tyrannie
des exploiteurs .et des trafiquants ; sa-
chons ne demander à sa bonne volonté
que ces complaisances .et ces conces-
sions qu'un chef d'Etat puisse accorder
sans trahir son peuple et signer son
abdication. ---
T. STEEG,
Député de ParM.
LA POLITIQUE
DANS LES PRISONS
Les prioonst comme on sait,
dépendent du rnirm-stère - de
l'intérieur, autant et même
plus qu'institutions de Fran-
ce et les -mutineries! qui s'y
sont récemment donné libre
cours sont de nature à émouvoir, espé-
rons-le, M. Clemenceau. ,
D'autant (plus que certains de IDIQSI
confrères, qui no passent point pour être
frondeurs, dénoncent nombre d'abus,
qui pourraient être supprimés par de
simples décrets.
M. le président du conseil aurant aone
l'occasion d'exercer sa passion réforma-
trice bien connue sans se heurter aux
obstacles de je ne sais quelle mauvaise
volonté parlementaire.
En attendant que M. Schrameck ait
faiit un rapport circonstancié après en-
quête aux prisons de Nîmes, de Marseil-
le, etc., nous pouvons bien signaler un
certain nombre d'agissements répréhen-
sibles et qui ne seraient point à l'honneur
de l'administration pénitentiaire, s'ils
n'étaient pas contestés.
Est-il vrai que la nourriture est si in-
suffisante que le prisonnier est obligé
d'avoir recours à la cantine ? Peut-on
penser que si la « cantine » bénéficie de
ce régime, elle n'est pas sans avoir aidé
à l'établir t
Est-il vrai que 'des usiuaiiers, dont cer-
tains prisonniers sont les « agents », en-
trent et circulent à volonté dans les pri-
sons et spéculent sur le besoin d'argent
des détenus désireux de se procurer un
supplément de nourriture et un complé-
ment de vêtement ?'
Espérons que l'on fera la lumière. Si
toutes ces allégations sont mensongères,
qu'on nous le dise ,sinon qu'on oblige
l'administration pénitentiaire à changer
ses règlements et à supprimer certaines
« tolérances ) intolérables.
Assurément le mionde qui fréquente
les prisons n'est pas particulièrement in-
téressant. Mais ce n'est point de cela
qu'il s'agiit. Le bon renom d'une admi-
nistration publique est en jeu.
D'ailleurs, ne nous y trompons pas, le
régime des prisons intéresse beaucoup
d'honnêtes gens. qui n'y fréquentent
pal
Chacun sait que des ouvriers qui tra-
vaillent à l'air libre sont exposés à la
concurrence des travailleurs des prisons,
dont les salaires sont infinima> abaissés
pour le plus grand profit. de certains in-
dustriels
Ce méfait d'ordre économique a de si
graves conséquences sociales par ses ré-
percussions directes et lointaines qu'il y
aurait lieu, puisque le régime péniten-
tiaire est sur la sellette 'de chercher un
moyen de le faire cesser.
,- Ce n'est peut-être pas impossible. De
toute façon le régime pénitentiaire qui
ne laissa pas indifférent naguère 'des
ministres tels que M. de Malesherbes,
pourrait à la rigueur intéresser les hôtes
actuels de la place Beauyau.
,
LES ON-DIT,.
NOTRE ACENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil à 5 h. 14 ; coucher à
6 h. 46.
Matinées. — Théâtre Antoine, théâtre
Sarah-Bernhardt, Châtelet, Athénée,Folies-
Dramatiques, Palais-Royal, Déjazet, Clu-
ny, Cigale, Eldorado, Nouveau-Cirque,
théâtre de la Nature, jardin des Tuileries.
Courses plates à Chantilly (Prix de la
Rochette).
Maujanianalt
Place Beauvau, entre fonctionnaires,
on s'entretenait ( « son » éloquence.
— « Il trouve assez facilement ses
phrases, dit l'un.
— « Oui, reprit un autre, mais quand
il le a trouvées il ne reste plus qu'à met-
tre des idées dedans .! »
,'):J ,i':.
AUTREFOIS
Le Rappel du 31 août 1872. - L'instruc-
tion de l'affaire Bazaine se poursuit lou-
iours très activement.
Le général Riviere a envoyé recueillir
des dépositions sur divers points du pays.
Ces dépositions tendent toutes à confirmer
ce fait que Bazaine avait reçu à temps la
dépêche de Mac-Mahon l'invitant à coopé-
rer à sa marche vers le Nord.
On découvre que la versonne qui remit,
le 29 août 1870, au maréchal Bazaine la
dépêche que lui envoyait le maréchal Mac-
Mahon, n'était pas M. Flao, commissaire
de police à Thionville, comme on l'avait
dit, mais bien M. François Marchal, ou-
vrier cloutier à Thionville.
Un document historique vient d'être ex-
trait des archives de la trésorerie des
Etats-Unis, à Washington. C'est le compte
des dépenses faites par Villustre Washing-
ton, pendant les huit années où il comman-
da les armées de l'indépendance américai-
ne. Le total de ces dépenses s'élève à la
somme de 407.000 trancs.
La veuve de Maximilien, qui n'a plus que
peu de jours à vivre, laissera en mourant
au roi des Belges et au comte de Flandre,
ses frères, une fortune de 25 millions.
Le choléra, d'après une dépêche de Cal-
cutta, a éclaté avec violence à Lahore et à
Kassowlie. A Lahore, sur dœux cents cas,
la moitié ont eu une issue fatale.
L'épidémie sévit également à Madras.
On dit que'Al. Thiers, qui est à Trouville,
se rendrait au Hâvre lundi sur le Cuvier.
On annonce, pour fin septembre, une
émission de 250 millions de billets de
banque de 10 francs.
Répartie.
Le joyeux poète satirique Piron se
trouvait assis un soir au Français, en-
tre deux jeunes élégants d'une maigreur
extrême, qui plaisantaient son embon-
point.
— « Pauvre M. Piron, dit l'un avec
impertinence, comme vous avez chaud.
Vous allez cuire dans yotre jus. ! »
- « C'est ce que je me disais, répon-
dit-il paisiblement, en me voyant entre
deux plats. a.
Emplois divers. -.,'
Un acteur comique de trente-sixième
ordre s'avisa de jouer un rôle de roi
dans une tournée. Il fut outrageusement
sifflé.
Contraint de retourner à son véritable
emploi, il joua le lendemain un petit
rôle de savetier et fut couvert d'applau-
dissements.
— « Mon cher, lui dit son directeur,
cela prouve que tu joues les rois comme
un savetier, et les savetiers comme un
roi I » -
11 ». ,i
LA JOURNEE SANGLANTE
ûem uni provoquèrent
, r émooto
Des témoignages affirment que des incon-
nus provoquèrent les conflits, du 27 juil-
let à Villeneuve-Samt-Georges
Nous avons dit à cette place, il y a
quelques semaines, que l'enquête judi-
ciaire ouverte sur les tragiques événe-
ments qui se déroulèrent à Villeneuve-
Saint-Georges le 27 juillet dernier, si
elle n'était .point entravée dans sa re-
cherche des responsabilités, ne man-
querait pas d'arriver à constater que la
provocation à l'émeute, qui fut marquée
par les premiers coups de revolver tirés
dans la direction de la troupe, clvait été
l'œuvre d'éléments étrangers aux gré-
vistes de la région et aux chômeurs ac-
courus de Paris pour prendre part à
une manifestation qu'il n'était vraisem-
blablement" dans l'esprit ni des uns. ni
des autres, de faire dégénérer en émeu-
te sanglante.
Nous appuyant sur des témoignages
dignes de foi. nous avons indiqué quel
fut le rôle de ces provocateurs, tant à
l'arrivée de la force armée au pont de
la Fo irche que dans le moment où s"é-
levèrent des barricades dans les rues
de la ville. Et nous ajoutions que nous
ne voulions pas voir revenir, dans les
conflits toujours douloureux du travail,
les fameuses blouses blanches de FEnh
pire.
Le Temps, on s'en souvient, se ré-
cria, allant même jusqu'à traiter de fan-
taisiste l'intervention à laquelle nous
avions fait allusion. Le journal qui re-
çoit les confidences du gouvernement
avait parfaitement senti ce que pouvait
avoir de fçbx popr ççiyj-el* -UD nou-
velle aussi grave que celle dont nous
venions de nous faire l'écho.
Le temps — pas celui du boulevard
des Italiens — a marché depuis, e_t l'en-
quête aussi..
Des témoignages nouveaux, que l'é-
motion produite par l'effusion du sang
avait rendus craintifs, sont venus s'a-
jouter aux premiers témoignages re-
cueillis, et à l'heure actuelle il semble
bien établi que des agitateurs mysté-
rieux. des agents provocateurs sus-
pects. ont joué le rôle que nous avons
indiqué, et que nous n'avons d'ailleurs
pas été seuls à signaler.
MM. Fortin, procureur de la Répu-
blique et Régismanset. juge d'instruc-
tion, qui se sont tenus pour ainsi dire
en permanence à Villeneuve-Saint-
Georges depuis qu'ils ont été chargés de
l'enquête judiciaire, ont entendu un
grand nombre de témoins, et parmi ces
témoins, il m est plusieurs, et non des
moindres, qui ont affiné avoir remar-
qué, marchant à la tête des manifes-
tants qui se dirigeaient vers le carre-
four du Lion. une bonne demi-douzaine
d'individus tout à fait inconnus dans le
pays et qui avaient pris le soin, pour se
rendre méconnaissables ou se donner
l'apparence d'ouvriers ayant brusque-
ment quitté leur travail, de se barbouil-
ler la figure avec de la suie, du gou-
dron ou du plâtre.
« Tels des démons déchaînés, a dit
l'un des témoins en question, dont la
déposition est rapportée par le Journal,
on a vu ces misérables, qui semblaient
diriger le mouvement de révolte, cou-
rir d'un groupe à l'autre, encourage!
les hésitants et les conduire droit aux
barricades.
» Dès que l'action fut engagée entre
les manifestants et la troupe, quand, en
un mot. l'heure du « massacre » fut ar-
rivée, on rechercha en vain les mysté-
rieux hommes noirs. Ils avaient dispa-
ru à temps. »
Cette attitude est bien celle qui ca-
ractérise le rôle classique de l'agent
provocateur : se mêler aux travailleurs,
les exciter, allumer le feu aux poudres
et s'éclipser au moment où va se pro-
duire la -conflagration.
Que sont devenus ces agitateurs et
quels sont-ils ? c'est un point évidem-
ment difficile à éclaircir, mais c'est un
point capital, et nous ne doutons pas
que les magistrats de Corbeil ne fas-
sent en toute conscience, et quelle que
soit la surprise qui les attende, le pos-
sible pour mettre ce point en lumière.
Ce serait chose insuffisante aux yeux
de l'opinion publique, — qui veut con-
naître la vérité, — que de borner les in-
vestigations de la justice à la recherche
des complicités. Il faut que les auteurs
principaux des tragiques événements du
27 juillet soient connus ; il faut que les
responsabilités — toutes les responsa-
bilités — soient clairement établies.
Et si la tâche devenait trop délicate
pour la justice, nous le répétons, c'est
une-enquête parlementaire qui s'impo-
serait dès le premier jour de la rentrée
des Chambres. — P. G.
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Les congrégations
en Allemagne
Les catholiques sont les mêmes dans
tous les pays. Du moment qu'ils n'ont pas
la haute main dans les conseils d'un gou-
vernement, qu'ils ne disposent pas à leur
gré de toutes les libertés qui leur permet-
tent de développer sans limite leur puis-
sance, ils crient bien haut à ta persécution.
Voici que l'Allemagne à son tour est ac-
cusée de persécuter la religion catholique.
Au Congrès qui vient d'avoir lieu à Dussel-
dorf, un discours a été prononcé sur « les
droits méconnus et lésés des catholiques »,
discours violent, comme savent les faire
les bons apôtres de paix de l'Eglise, au
cours duquel les ordres religieux ont été
représentés comme des parias, tenus à
l'obligation, afin de pouvoir exister, de solti-
citer'l'autorisation d'un gouvernement mé-
créant. Mettez cela dans votre poché, mes-
sieurs les protestants.
Les congressistes des autres nations qui
ont assisté à la séance où fut prononcée
'cette diatribe ont dû avoir la conviction
que les établissements religieux en Alle-
màgne étaient choses exceptionnelles et
qu'ils ne répondaient pas » à la centième
partie — le tnbi a été dit — des besoins de
la population. »
Or, voici ce qu'il en est en réalité : D'a-
près la dernière édition de l'annuaire du
clergé, que viennent de publier les jésui-
tes, on voit qu'il existe en Presse, 13 mil-
lions 300.000 catholiques et 2.049 établisse-
ments congréganistes, comprenant 29.746
religieux, ce qui donne une proportion de
un religieux par 448 catholiques.
En Bavière, les ordres religieux sont en-
core plus florissants: il existe 1.219 établis-
sements religieux, avec 15.412 moines, ce
qui donne un religieux par 299 catholiques.
Et voilà que, même en -Alsace-Lorraine;
où, d'après les affirmations du curé Man-
suij, les catholiques seraient vresque com-
plètement dépossédés, il existe 808 établis-
sements conaréganistes, donnant une pro-
portion de un religieux pour 213 catholi-
ques !
Pour l'Allemagne entière, on compte
5.010 communautés religieuses avec 58.452
membres.
Et les catholiques osent se plaindre,
alors qu'il est démontré qu'en moins d'un
demi-siècle le nombre des religieux a qua-
druplé en. 'Allemagne !
C'est le cas de dire ;
Laissez-leur prendre un pied chez vous'
Ils en auront bientôt pris quatre,
Nous estimons, nous, que le gouverne.
mçyf allemand s'èst plutôt montré bon
prince, si l'on considère surtout que la re-
ligion catholique n'est pas la religion oUI.
ciellç de l'empire, — P. G*
-TRIBUNE CORPORATIVE
LES ETABLISSEMENTS MILITAIRES
de Pyrotechnie -0
A la suite de la catastrophe de la
Couronne nous .!lvons cru devoir nous
adresser à un professionnel de l'arti-
fice pour le prier de nous donner ses
impressions au sujet du degré de con-
fiance gu'il faut accorder aux munitions
d'artillerie actuelles. Voici sa réponse :
— « Si nous envisageons tout ce qui
se fait comme munitions depuis une
quinzaine d'années aussi bien à la guer-
re qu'à la marine, nous sommes abso-
lument obligés de convertir, que nous
sommes en décadence. Rien n'est étu-
dié, rien n'est soigné, à chaque instant
nous nous demandons si nous n'allons
pas sauter.
» Toutes les suppositions et toutes les
craintes sont possibles, rien n'est sûr,
nous marchons en raison de la vitesse
acquise ; que de fois sommes-nous obli-
gés de nous cabrer pour ne pas expo
ser le personnel. *"
» C'est insensé, et ce sont ces privilé-
giés d'un monopole qui auraient la pré-
tention de faire disparaître les profes-
sionnels de l'artifice : ce serait pure fo-
lie — un crime !
» Sans connaître même superficielle
ment un engin terrible, ils comman-
dent. ils ordonnent de l'employer. Que
leur importe les deuils, va, marche !
C'est épouvantable !
» Ce sont les puissants et ils sont le
nombre. Réussiront-ils cependant à
tromper toujours la France par le Par-
lement ? a
LES EMPLOYES DE L'ARTILLERIE
Les agents administratifs des établis-
sements de la guerre « Service de l'ar-
tillerie », depuis si longtemps bernés
ne peuvent plus se contenter de belles
promesses pour vivre. Ils viennent de
réclamer au ministre l'application pure
et simple du décret du 11 mai 1907 et
surtout 'de l'article 4 de l'arrêté du 24
janvier qui lui fait suite.
Ces agents ne peuven' être taxés
d'impatience puisque, après huit années
d'études approfondies, on n'est pas en-
core parvenu à régler leur modeste si-
tuation lorsque un peu de bonne volon-
té eut suffi.
Nous avons la ferme conviction qu'on
voudra en terminer cette fois avec cette
affaire et que les agents du service de
l'artillerie auront complète satisfaction.
Nous le leur souhaitons de tout cœur!
Le matériel d'artillerie
CE QU'IL DOIT ETRE
Il existe, a proprement parler, deux
matériels de tir d'artillerie : le matériel
de tir fixe qui arme les côtes et les ba-
teaux de guerre et le matériel de tir
mobile et extra-mobile destiné à la
guerre de siège ou de place et à armer
les troupes de campagne.
Si l'immuabilité du matériel d'artil-
lerie de côte ou de bord permet de ten-
dre vers une puissance de tir toujours
plus forte sans qu'il en résulte pour ce
matériel d'autres inconvénients qu'une
complication et un alourdissement de
l'organisme, il n'en est pas de même en
ce qui concerne l'artillerie de campa-
gne, de siège et de place dan& lequel le
degré de mobilité du matériel entre en
puissant facteur.
La mobilité et la solidité du matériel
a.B tir d'artillerie de campagne, de siège
et de place, par Aa simplicité des orga-
nes, sont les conditions primordiales de
sa valeur. A ces qualités, d'ordre géné-
ral, qui priment toutes les autres doi-
vent correspondre, mais seulement
dans une proportion raisonnée, les nou-
velles propriétés de rapidité et de pré-
cision qui développent aujourd'hui îm
puissance du tir-
En d'autres termes. les nouvelles for- *
ces du tir deviennent purement aléa-
toires si elles ne sont pas prévues pro-
portionnelles à la résistance et à la mo-
bilité-des organes dont elles sont tribu-
taires. -
Dans le matériel d'artillerie de cam-
pagne. de siège et de place, la rapidité
et la précision du tir nécessitent une
complexité et une précision d'organes
qui diminuent sa résistance au feu et en
cours de route. Pour y remédier, il est
indispensable de renforcer ses organes
et par suite d'augmenter le poids du
matériel. Or. et c'est là que réside la dif-
ficulté. le poids du matériel est lui-mê-
me strictement limité aux forces de
traction animale connues et employéeS
jusqu'à ce jour. La nécessité d'augmen-
ter le poids du matériel pour lui conser-
ver une résistance suffisante exige donc
qu'on subordonne à cette résistance, la
rapidité et la précision du tir. Les diffi-
cultés de manœuvres et d'approvision- ;
nements que ces nouvelles forces com-
portent exigent, en outre, un surcroll
de ressources en hommes et en argent,
ainsi qu'une surélévation des qualités
techniques militaires du personnel aux-
quels il faut parer. 1
Ne tenir aucun compte de ces consi-
dérations. ce serait courir au devant de
résultats problématiques, d'aléas criti-
ques et peut-être de désillusions terri-
bles-
L'argumentation s'applique à tous les
calibres de bouches à feu mobiles et ex-
tra-mobiles. S'il s'agit de grosse artille-
rie de campagne : à l'augmentation de
poids et de dimensions du projectile,
doit correspondre une diminution de
la portée du tir, les deux forces doivent
s'équilibrer. S'il s'agit d'artillerie de-
siège ou de place, à l'augmentation en
portée doit correspondre une augmen-
tation du poids du matériel. Là encore,
les deux forces s'équilibrent. Dans ce
dernier cas, le surcroît de poids ne doil
cependant pas faire perdre au matériel
le degré de mobilité qui lui convIent.
Il n'entre pas dans cette argumena.,
tion de considérations scientifiques.
Elle est basée sur des faits précis et
positifs. Il ne suffit pas de posséder des
pièces de canon qui tirent vite, juste efr:
loin pour avoir une bonne artillerie ; il
faut, que ces pièces arrivent à temps
sur. le terrain, qu'elles y fonctionnent
sans à-coups, qu'elles y soient approvi-
sionnées sans difficulté et enfin qu'elles
puissent l'évacuer, s'il est nécessaire,
plus vite encore qu'elles n'y sont venues
L'artillerie navale française est queP:
que peu disparate ; elle répond, dit-on,
aux exigences de certains bateaux de
guerre. Pour la discuter il faudrait dis-
cuter les bateaux eux-mêmes ; ce serait
trop long. C'est, du reste, le matériel
d'artillerie en usage au département de
la guerre qui est principalement en
cause ici_JI s'agit d'examiner -si vrai-
ment, c'est le mauvais état de ce maté-
riel qui motive les demandes de crédits
extraordinaires pour lesquels on bat la
rappel, depuis bientôt vingt ans, ou si
ce n'est pas plutôt la mauvaise organi*
salion de radministration militaire.
C'est une question à étudier ? - f
LA GUERRE AU MAROC -:.- :
La Ma 'avan sur Brtiil
Pendant que la harka s'avance sur Bou Denib, nos troupes
gagnent Bou Anan. — On s'attend à une attaque prochaine.
Les nouvelles que nous publions
plus loin ne nous -apprennent pas da-
vantage que celles reçues la veille ce
que sont devenus exactement les deux
tsuiltans. ,-'
Cependant, tout Indique que des or-
dres doivent être donnés par Moulay
Hafid, le sultan vainqueur, à ses lieu-
tenants les plus fidèles, et que ces or-
dres sont exécutés.
Tout ce que nous savons, c'est que
la nouvelle qui avait présenté Moulay
Hafid comme ayant été fait prisonnier
est démentie.
Il est probable que Moulay Hafid,
s'en tenant pour l'instant aux procla-
mations qui ont été faites un peu par-
tout de son accession au pouvoir, at-
tend qu'une décision soit prise en ce
qui concerne sa reconnaissance offi-
cielle par les puissances. Quant à Abd
el Aziz, dont la cause paraît de plus en
plus abandonnée, il est vraisemblable
qu'il attend également la décision qui
sera prise au sujet de son frère et qui
,fixera en mrne temps son propre sort
'de sultan déohu.
Pourtant,-si Ton s'en rapporte à cer-
tains Druits, Abd el Azii estimant qu'il
doit, par point d'honneur, faire diplo-
matiquement ua dernier acte ils Sou-
veraineté, aurait décidé d'envoyer à
Paris et peut-être aussi auprès d'autres
puissances européennes des délégués
ichargés d'une mission secrète. Mais,
nous le répétons, ce ne sont là que des
bruits qui n'ont encore aucune consis-
tance.
A l'heure actuelle, tout l'intérêt av
Maroc est concentré sur les événe- •
arients qui vont se dérouler à la fron-
tière sud-oranaise et qui ne sauraient
tarder de se produire, la harka sem-
blant avoir pris le parti de précipiter
ison attaque.
Ce n'est donc qu'après le dénoue-
ment de la situation sud-oranaise que
la situation générale pourra s'éclaircir
et que nous saurons exactement à
quoi nous en tenir sur les questions
diplomatiques. si toutefois le gouver-
nement daigne parler.
Nouvelles diverses
L'amiral Berryer télégraphie de £asâ.-'
blanca que tout est calme dans les ports de
Tanger et de Rabat., .,
Il annonce, d'autre part, que la ville d A- ,
zemmour vient d'être reprise par les trou-
.pes de Moulay Hafid.
Les événements se précipitent
Un tiélégraipïïîê du général BaUloud Sfr
camo J.W.J.MEII LU lquimi 110
Lundi 31 Août 1908. — W 14038.
ï W YTY* CTIfrPT F
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
14, rue du Mail, Paris. 4
Et chez MM. LAGRANGE, CERF etO.
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1
Adresser lettres et mandats à Administrateur
TRIBUNE LIBRE -
mauml
LIQUIDATION
Répondant, si j'ai bonne
mémoire, à l'une des inter-
pellations hebdomadaires de
M. Jaurès, M. le ministre
des affaires étrangères affir-
mait à la Chambre, non sans
un brin de solennité, « que la France
se tirerait à son honneur de l'affaire
marocaine u.
L'affaire touche à sa fin. La promesse
de M. iPichon s'est en effet réalisée.
Beaucoup de sang libéralement versé a
lavé de tout ridicule une équipée dont
il est aussi difficile d'admirer la condui-
te que d'expliquer logiquement les péri-
péties. Oui, l'honneur est sauf. C'est
une consolation, assurément ; ce n'est
pas un résultat.
Il faudrait pourtan* bien savoir où
nous en sommes et pourquoi tant d'ef-
forts n'ont abouti qu'à l'attestation glo-
rieuse, mais superflue, de notre vitalité
guerrière.
Nous serions-nous constamment dé-
battus dans une atmosphère de men-
songes, aurions-nous été les jouets
d'un trompe-l'œil perpétuel ? Aurait-il
existé, on ne sait où, quelque agence
d'imposture destinée à créer, entre des
événements lointains et l'opinion du
pays, un impénétrable et décevant
écran ? Des forces mystérieuses au-
raient-elles faussé, truqué l'action de
notre- politique et de notre diplomatie ?
Qs intérêts obscurs, mais tenaces
et puissants, pouvaient trouver leur
compte à cette falsification de réalités
qui pouvaient devenir tragiques en nous
exposant aux pires aventures ?
Comment ne pas demeurer stupéfaits
âsvant cette mise en scène burlesque-
ment théâtrale, dont on entourait les
comptes-rendus de l'expédition où s'est
effondrée la fortune du triste Abd el
Aiz ? Comment ne pas comparer ces ré-
cits empanachés aux dédaigneux com-
mentaires dont on suivait la marche en
vérité triomphale du ™aîtrp actuel du
Maroc ? Comment n'être pas surpris que
jamais, au grand jamais, une voix of-
ficielle ou officieuse ne se soit fait en-
tendres dans la pressie ou ailleurs, pour
aiettre au point des renseignements ten-
dancieux, dissiper les légendes, préciser
devant l'opinion française la situation
exacte de l'entreprise où nous étions
lancés, les données du problème que
nous étions tenus de résoudre ?
Quelques-uns, dont nous avons été,
ont cru devoir apporter ici lies réserves
que leur suggérait et .ce qu'ils croyaient
être le bon sens, et ce qu'ils croyaient,
de source sûre, être la vérité. Que va-
laient leurs informations, au prix de
l'information officielle, autorisée, im-
perturbablement hautaine et sûre d'elle-
même ? — Et pourtant, c'est nous
qui avions raison, et les événements se
sont chargés die donner eux-mêmes leur
tranquille démenti aux démentis dont
On nous assommait. ',-
Qu'espérait-on ? Vers quel but s'ache-
minait-on ? Quels plans avait-on for-
més ? Certaine presse étrangère dénon-
ce les visées secrètes qui auraient ani-
mé notre gouvernement. C'est lui faire
beaucoup d'honneur ou, si l'on veut,
d'injustice. Il n'espérait rien, il' n'a-
vait point de but, il n'avait point de
plan.
Deux tendances contraires cnt pesé
iur sa volonté. Une politique interven-
tionniste et conquérante cherchait à le
,rallier à ses ambitions - à ses convoi-
eiiws. '- Une politique d'inflexible et
sage neutralité avait, elle aussi, des
partisans, seigneurs de moindre consé-
quence dont il était moins précieux, à
yion avis, d'obtenir l'approbation.
Entpe ces deux courants,' la masse
âu pays restait hésitante, le Parlement
Également. Que faire ? Une initiative
énergique pouvait seule orienter notre
action. Cette initiative n'est jamais ve-
nue.
Pressé par les interventionnistes, le
gouvernement leur a accordé des gages
de nature à leur donner satisfaction. —
Mais c'étaient là de pures apparences.
Il ne pouvait point agir d'une façon
Décisive, car pour cela l'assentiment de
la Chambre lui leût fait défaut, de
même que l'adhésion du concert inter-
national ; et il le savait. Il s'est donc
contenté d'esquisser des gestes vagues,
'd'amorcer des combinaisons subreptiœs
où s'exaltait la belliqueuse imagination
ae nos Picrocholes coloniaux, s'en re-
mettant au hasard du soin de,fair-c naî-
tre l'incident providentiel qui dicterait
son attitude, reculant devant la déci-
'sion à prendre quand l'incident s'était
produit.
Le hasard, d'ailleurs, i'a mal servi.
Tandis qu'il laissait des émissaires sans
mandat intriguer en son nom autour de
Moulay Hafid, c'est Abd el Aziz qui res-
tait le maître de l'heure. Quand monte
l'astre de Moulay Hafid, c'est vers Abd
el Aziz qu'il tourne ses regarda ; il l'at-
tire, il l'absorbe, il lui offre notre con-
cours, assez pour le compromettre, pas
assez pour le relever ; et, pour finir, il
le laisse, à l'abri de nos canons, se
lancer dans cette expédition invraisem-
blable où il va se briser, faisant si biien
que l'échec du vaincu devient nôtre aux
yeux de tous.
Ce n'est pourtant point la vérité :
l'échec de* cette politique, de œ sem-
blant de politique, n'est point celui de
la France qui ne l'a voulu ni suivi. Le
malheur est qu'elle a, par un verbiage
inconsidéré, par des racontars tendan-
cieux, rendu délicate et un peu morti-
fiante pour nous la reconnaissance au*
jourd'hui certaine du nouveau sultan.
Espérons qu'on saura sans récriminer
prendre son parti d'une déconvenue à
laquelle il fallait s'attendre. Hafid s'an-
nonce décidé à gouverner dans un es-
prit de large tolérance et de libérale
hospitalité. Son intérêt est d'être pour
nous un voisin conciliant et aimable. Il
n'aura pas de peine à valoir, sur ce
point, son prédécesseur. Mais, une fois
pour toutes, épargnons-lui la tyrannie
des exploiteurs .et des trafiquants ; sa-
chons ne demander à sa bonne volonté
que ces complaisances .et ces conces-
sions qu'un chef d'Etat puisse accorder
sans trahir son peuple et signer son
abdication. ---
T. STEEG,
Député de ParM.
LA POLITIQUE
DANS LES PRISONS
Les prioonst comme on sait,
dépendent du rnirm-stère - de
l'intérieur, autant et même
plus qu'institutions de Fran-
ce et les -mutineries! qui s'y
sont récemment donné libre
cours sont de nature à émouvoir, espé-
rons-le, M. Clemenceau. ,
D'autant (plus que certains de IDIQSI
confrères, qui no passent point pour être
frondeurs, dénoncent nombre d'abus,
qui pourraient être supprimés par de
simples décrets.
M. le président du conseil aurant aone
l'occasion d'exercer sa passion réforma-
trice bien connue sans se heurter aux
obstacles de je ne sais quelle mauvaise
volonté parlementaire.
En attendant que M. Schrameck ait
faiit un rapport circonstancié après en-
quête aux prisons de Nîmes, de Marseil-
le, etc., nous pouvons bien signaler un
certain nombre d'agissements répréhen-
sibles et qui ne seraient point à l'honneur
de l'administration pénitentiaire, s'ils
n'étaient pas contestés.
Est-il vrai que la nourriture est si in-
suffisante que le prisonnier est obligé
d'avoir recours à la cantine ? Peut-on
penser que si la « cantine » bénéficie de
ce régime, elle n'est pas sans avoir aidé
à l'établir t
Est-il vrai que 'des usiuaiiers, dont cer-
tains prisonniers sont les « agents », en-
trent et circulent à volonté dans les pri-
sons et spéculent sur le besoin d'argent
des détenus désireux de se procurer un
supplément de nourriture et un complé-
ment de vêtement ?'
Espérons que l'on fera la lumière. Si
toutes ces allégations sont mensongères,
qu'on nous le dise ,sinon qu'on oblige
l'administration pénitentiaire à changer
ses règlements et à supprimer certaines
« tolérances ) intolérables.
Assurément le mionde qui fréquente
les prisons n'est pas particulièrement in-
téressant. Mais ce n'est point de cela
qu'il s'agiit. Le bon renom d'une admi-
nistration publique est en jeu.
D'ailleurs, ne nous y trompons pas, le
régime des prisons intéresse beaucoup
d'honnêtes gens. qui n'y fréquentent
pal
Chacun sait que des ouvriers qui tra-
vaillent à l'air libre sont exposés à la
concurrence des travailleurs des prisons,
dont les salaires sont infinima> abaissés
pour le plus grand profit. de certains in-
dustriels
Ce méfait d'ordre économique a de si
graves conséquences sociales par ses ré-
percussions directes et lointaines qu'il y
aurait lieu, puisque le régime péniten-
tiaire est sur la sellette 'de chercher un
moyen de le faire cesser.
,- Ce n'est peut-être pas impossible. De
toute façon le régime pénitentiaire qui
ne laissa pas indifférent naguère 'des
ministres tels que M. de Malesherbes,
pourrait à la rigueur intéresser les hôtes
actuels de la place Beauyau.
,
LES ON-DIT,.
NOTRE ACENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil à 5 h. 14 ; coucher à
6 h. 46.
Matinées. — Théâtre Antoine, théâtre
Sarah-Bernhardt, Châtelet, Athénée,Folies-
Dramatiques, Palais-Royal, Déjazet, Clu-
ny, Cigale, Eldorado, Nouveau-Cirque,
théâtre de la Nature, jardin des Tuileries.
Courses plates à Chantilly (Prix de la
Rochette).
Maujanianalt
Place Beauvau, entre fonctionnaires,
on s'entretenait ( « son » éloquence.
— « Il trouve assez facilement ses
phrases, dit l'un.
— « Oui, reprit un autre, mais quand
il le a trouvées il ne reste plus qu'à met-
tre des idées dedans .! »
,'):J ,i':.
AUTREFOIS
Le Rappel du 31 août 1872. - L'instruc-
tion de l'affaire Bazaine se poursuit lou-
iours très activement.
Le général Riviere a envoyé recueillir
des dépositions sur divers points du pays.
Ces dépositions tendent toutes à confirmer
ce fait que Bazaine avait reçu à temps la
dépêche de Mac-Mahon l'invitant à coopé-
rer à sa marche vers le Nord.
On découvre que la versonne qui remit,
le 29 août 1870, au maréchal Bazaine la
dépêche que lui envoyait le maréchal Mac-
Mahon, n'était pas M. Flao, commissaire
de police à Thionville, comme on l'avait
dit, mais bien M. François Marchal, ou-
vrier cloutier à Thionville.
Un document historique vient d'être ex-
trait des archives de la trésorerie des
Etats-Unis, à Washington. C'est le compte
des dépenses faites par Villustre Washing-
ton, pendant les huit années où il comman-
da les armées de l'indépendance américai-
ne. Le total de ces dépenses s'élève à la
somme de 407.000 trancs.
La veuve de Maximilien, qui n'a plus que
peu de jours à vivre, laissera en mourant
au roi des Belges et au comte de Flandre,
ses frères, une fortune de 25 millions.
Le choléra, d'après une dépêche de Cal-
cutta, a éclaté avec violence à Lahore et à
Kassowlie. A Lahore, sur dœux cents cas,
la moitié ont eu une issue fatale.
L'épidémie sévit également à Madras.
On dit que'Al. Thiers, qui est à Trouville,
se rendrait au Hâvre lundi sur le Cuvier.
On annonce, pour fin septembre, une
émission de 250 millions de billets de
banque de 10 francs.
Répartie.
Le joyeux poète satirique Piron se
trouvait assis un soir au Français, en-
tre deux jeunes élégants d'une maigreur
extrême, qui plaisantaient son embon-
point.
— « Pauvre M. Piron, dit l'un avec
impertinence, comme vous avez chaud.
Vous allez cuire dans yotre jus. ! »
- « C'est ce que je me disais, répon-
dit-il paisiblement, en me voyant entre
deux plats. a.
Emplois divers. -.,'
Un acteur comique de trente-sixième
ordre s'avisa de jouer un rôle de roi
dans une tournée. Il fut outrageusement
sifflé.
Contraint de retourner à son véritable
emploi, il joua le lendemain un petit
rôle de savetier et fut couvert d'applau-
dissements.
— « Mon cher, lui dit son directeur,
cela prouve que tu joues les rois comme
un savetier, et les savetiers comme un
roi I » -
11 ». ,i
LA JOURNEE SANGLANTE
ûem uni provoquèrent
, r émooto
Des témoignages affirment que des incon-
nus provoquèrent les conflits, du 27 juil-
let à Villeneuve-Samt-Georges
Nous avons dit à cette place, il y a
quelques semaines, que l'enquête judi-
ciaire ouverte sur les tragiques événe-
ments qui se déroulèrent à Villeneuve-
Saint-Georges le 27 juillet dernier, si
elle n'était .point entravée dans sa re-
cherche des responsabilités, ne man-
querait pas d'arriver à constater que la
provocation à l'émeute, qui fut marquée
par les premiers coups de revolver tirés
dans la direction de la troupe, clvait été
l'œuvre d'éléments étrangers aux gré-
vistes de la région et aux chômeurs ac-
courus de Paris pour prendre part à
une manifestation qu'il n'était vraisem-
blablement" dans l'esprit ni des uns. ni
des autres, de faire dégénérer en émeu-
te sanglante.
Nous appuyant sur des témoignages
dignes de foi. nous avons indiqué quel
fut le rôle de ces provocateurs, tant à
l'arrivée de la force armée au pont de
la Fo irche que dans le moment où s"é-
levèrent des barricades dans les rues
de la ville. Et nous ajoutions que nous
ne voulions pas voir revenir, dans les
conflits toujours douloureux du travail,
les fameuses blouses blanches de FEnh
pire.
Le Temps, on s'en souvient, se ré-
cria, allant même jusqu'à traiter de fan-
taisiste l'intervention à laquelle nous
avions fait allusion. Le journal qui re-
çoit les confidences du gouvernement
avait parfaitement senti ce que pouvait
avoir de fçbx popr ççiyj-el* -UD nou-
velle aussi grave que celle dont nous
venions de nous faire l'écho.
Le temps — pas celui du boulevard
des Italiens — a marché depuis, e_t l'en-
quête aussi..
Des témoignages nouveaux, que l'é-
motion produite par l'effusion du sang
avait rendus craintifs, sont venus s'a-
jouter aux premiers témoignages re-
cueillis, et à l'heure actuelle il semble
bien établi que des agitateurs mysté-
rieux. des agents provocateurs sus-
pects. ont joué le rôle que nous avons
indiqué, et que nous n'avons d'ailleurs
pas été seuls à signaler.
MM. Fortin, procureur de la Répu-
blique et Régismanset. juge d'instruc-
tion, qui se sont tenus pour ainsi dire
en permanence à Villeneuve-Saint-
Georges depuis qu'ils ont été chargés de
l'enquête judiciaire, ont entendu un
grand nombre de témoins, et parmi ces
témoins, il m est plusieurs, et non des
moindres, qui ont affiné avoir remar-
qué, marchant à la tête des manifes-
tants qui se dirigeaient vers le carre-
four du Lion. une bonne demi-douzaine
d'individus tout à fait inconnus dans le
pays et qui avaient pris le soin, pour se
rendre méconnaissables ou se donner
l'apparence d'ouvriers ayant brusque-
ment quitté leur travail, de se barbouil-
ler la figure avec de la suie, du gou-
dron ou du plâtre.
« Tels des démons déchaînés, a dit
l'un des témoins en question, dont la
déposition est rapportée par le Journal,
on a vu ces misérables, qui semblaient
diriger le mouvement de révolte, cou-
rir d'un groupe à l'autre, encourage!
les hésitants et les conduire droit aux
barricades.
» Dès que l'action fut engagée entre
les manifestants et la troupe, quand, en
un mot. l'heure du « massacre » fut ar-
rivée, on rechercha en vain les mysté-
rieux hommes noirs. Ils avaient dispa-
ru à temps. »
Cette attitude est bien celle qui ca-
ractérise le rôle classique de l'agent
provocateur : se mêler aux travailleurs,
les exciter, allumer le feu aux poudres
et s'éclipser au moment où va se pro-
duire la -conflagration.
Que sont devenus ces agitateurs et
quels sont-ils ? c'est un point évidem-
ment difficile à éclaircir, mais c'est un
point capital, et nous ne doutons pas
que les magistrats de Corbeil ne fas-
sent en toute conscience, et quelle que
soit la surprise qui les attende, le pos-
sible pour mettre ce point en lumière.
Ce serait chose insuffisante aux yeux
de l'opinion publique, — qui veut con-
naître la vérité, — que de borner les in-
vestigations de la justice à la recherche
des complicités. Il faut que les auteurs
principaux des tragiques événements du
27 juillet soient connus ; il faut que les
responsabilités — toutes les responsa-
bilités — soient clairement établies.
Et si la tâche devenait trop délicate
pour la justice, nous le répétons, c'est
une-enquête parlementaire qui s'impo-
serait dès le premier jour de la rentrée
des Chambres. — P. G.
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Les congrégations
en Allemagne
Les catholiques sont les mêmes dans
tous les pays. Du moment qu'ils n'ont pas
la haute main dans les conseils d'un gou-
vernement, qu'ils ne disposent pas à leur
gré de toutes les libertés qui leur permet-
tent de développer sans limite leur puis-
sance, ils crient bien haut à ta persécution.
Voici que l'Allemagne à son tour est ac-
cusée de persécuter la religion catholique.
Au Congrès qui vient d'avoir lieu à Dussel-
dorf, un discours a été prononcé sur « les
droits méconnus et lésés des catholiques »,
discours violent, comme savent les faire
les bons apôtres de paix de l'Eglise, au
cours duquel les ordres religieux ont été
représentés comme des parias, tenus à
l'obligation, afin de pouvoir exister, de solti-
citer'l'autorisation d'un gouvernement mé-
créant. Mettez cela dans votre poché, mes-
sieurs les protestants.
Les congressistes des autres nations qui
ont assisté à la séance où fut prononcée
'cette diatribe ont dû avoir la conviction
que les établissements religieux en Alle-
màgne étaient choses exceptionnelles et
qu'ils ne répondaient pas » à la centième
partie — le tnbi a été dit — des besoins de
la population. »
Or, voici ce qu'il en est en réalité : D'a-
près la dernière édition de l'annuaire du
clergé, que viennent de publier les jésui-
tes, on voit qu'il existe en Presse, 13 mil-
lions 300.000 catholiques et 2.049 établisse-
ments congréganistes, comprenant 29.746
religieux, ce qui donne une proportion de
un religieux par 448 catholiques.
En Bavière, les ordres religieux sont en-
core plus florissants: il existe 1.219 établis-
sements religieux, avec 15.412 moines, ce
qui donne un religieux par 299 catholiques.
Et voilà que, même en -Alsace-Lorraine;
où, d'après les affirmations du curé Man-
suij, les catholiques seraient vresque com-
plètement dépossédés, il existe 808 établis-
sements conaréganistes, donnant une pro-
portion de un religieux pour 213 catholi-
ques !
Pour l'Allemagne entière, on compte
5.010 communautés religieuses avec 58.452
membres.
Et les catholiques osent se plaindre,
alors qu'il est démontré qu'en moins d'un
demi-siècle le nombre des religieux a qua-
druplé en. 'Allemagne !
C'est le cas de dire ;
Laissez-leur prendre un pied chez vous'
Ils en auront bientôt pris quatre,
Nous estimons, nous, que le gouverne.
mçyf allemand s'èst plutôt montré bon
prince, si l'on considère surtout que la re-
ligion catholique n'est pas la religion oUI.
ciellç de l'empire, — P. G*
-TRIBUNE CORPORATIVE
LES ETABLISSEMENTS MILITAIRES
de Pyrotechnie -0
A la suite de la catastrophe de la
Couronne nous .!lvons cru devoir nous
adresser à un professionnel de l'arti-
fice pour le prier de nous donner ses
impressions au sujet du degré de con-
fiance gu'il faut accorder aux munitions
d'artillerie actuelles. Voici sa réponse :
— « Si nous envisageons tout ce qui
se fait comme munitions depuis une
quinzaine d'années aussi bien à la guer-
re qu'à la marine, nous sommes abso-
lument obligés de convertir, que nous
sommes en décadence. Rien n'est étu-
dié, rien n'est soigné, à chaque instant
nous nous demandons si nous n'allons
pas sauter.
» Toutes les suppositions et toutes les
craintes sont possibles, rien n'est sûr,
nous marchons en raison de la vitesse
acquise ; que de fois sommes-nous obli-
gés de nous cabrer pour ne pas expo
ser le personnel. *"
» C'est insensé, et ce sont ces privilé-
giés d'un monopole qui auraient la pré-
tention de faire disparaître les profes-
sionnels de l'artifice : ce serait pure fo-
lie — un crime !
» Sans connaître même superficielle
ment un engin terrible, ils comman-
dent. ils ordonnent de l'employer. Que
leur importe les deuils, va, marche !
C'est épouvantable !
» Ce sont les puissants et ils sont le
nombre. Réussiront-ils cependant à
tromper toujours la France par le Par-
lement ? a
LES EMPLOYES DE L'ARTILLERIE
Les agents administratifs des établis-
sements de la guerre « Service de l'ar-
tillerie », depuis si longtemps bernés
ne peuvent plus se contenter de belles
promesses pour vivre. Ils viennent de
réclamer au ministre l'application pure
et simple du décret du 11 mai 1907 et
surtout 'de l'article 4 de l'arrêté du 24
janvier qui lui fait suite.
Ces agents ne peuven' être taxés
d'impatience puisque, après huit années
d'études approfondies, on n'est pas en-
core parvenu à régler leur modeste si-
tuation lorsque un peu de bonne volon-
té eut suffi.
Nous avons la ferme conviction qu'on
voudra en terminer cette fois avec cette
affaire et que les agents du service de
l'artillerie auront complète satisfaction.
Nous le leur souhaitons de tout cœur!
Le matériel d'artillerie
CE QU'IL DOIT ETRE
Il existe, a proprement parler, deux
matériels de tir d'artillerie : le matériel
de tir fixe qui arme les côtes et les ba-
teaux de guerre et le matériel de tir
mobile et extra-mobile destiné à la
guerre de siège ou de place et à armer
les troupes de campagne.
Si l'immuabilité du matériel d'artil-
lerie de côte ou de bord permet de ten-
dre vers une puissance de tir toujours
plus forte sans qu'il en résulte pour ce
matériel d'autres inconvénients qu'une
complication et un alourdissement de
l'organisme, il n'en est pas de même en
ce qui concerne l'artillerie de campa-
gne, de siège et de place dan& lequel le
degré de mobilité du matériel entre en
puissant facteur.
La mobilité et la solidité du matériel
a.B tir d'artillerie de campagne, de siège
et de place, par Aa simplicité des orga-
nes, sont les conditions primordiales de
sa valeur. A ces qualités, d'ordre géné-
ral, qui priment toutes les autres doi-
vent correspondre, mais seulement
dans une proportion raisonnée, les nou-
velles propriétés de rapidité et de pré-
cision qui développent aujourd'hui îm
puissance du tir-
En d'autres termes. les nouvelles for- *
ces du tir deviennent purement aléa-
toires si elles ne sont pas prévues pro-
portionnelles à la résistance et à la mo-
bilité-des organes dont elles sont tribu-
taires. -
Dans le matériel d'artillerie de cam-
pagne. de siège et de place, la rapidité
et la précision du tir nécessitent une
complexité et une précision d'organes
qui diminuent sa résistance au feu et en
cours de route. Pour y remédier, il est
indispensable de renforcer ses organes
et par suite d'augmenter le poids du
matériel. Or. et c'est là que réside la dif-
ficulté. le poids du matériel est lui-mê-
me strictement limité aux forces de
traction animale connues et employéeS
jusqu'à ce jour. La nécessité d'augmen-
ter le poids du matériel pour lui conser-
ver une résistance suffisante exige donc
qu'on subordonne à cette résistance, la
rapidité et la précision du tir. Les diffi-
cultés de manœuvres et d'approvision- ;
nements que ces nouvelles forces com-
portent exigent, en outre, un surcroll
de ressources en hommes et en argent,
ainsi qu'une surélévation des qualités
techniques militaires du personnel aux-
quels il faut parer. 1
Ne tenir aucun compte de ces consi-
dérations. ce serait courir au devant de
résultats problématiques, d'aléas criti-
ques et peut-être de désillusions terri-
bles-
L'argumentation s'applique à tous les
calibres de bouches à feu mobiles et ex-
tra-mobiles. S'il s'agit de grosse artille-
rie de campagne : à l'augmentation de
poids et de dimensions du projectile,
doit correspondre une diminution de
la portée du tir, les deux forces doivent
s'équilibrer. S'il s'agit d'artillerie de-
siège ou de place, à l'augmentation en
portée doit correspondre une augmen-
tation du poids du matériel. Là encore,
les deux forces s'équilibrent. Dans ce
dernier cas, le surcroît de poids ne doil
cependant pas faire perdre au matériel
le degré de mobilité qui lui convIent.
Il n'entre pas dans cette argumena.,
tion de considérations scientifiques.
Elle est basée sur des faits précis et
positifs. Il ne suffit pas de posséder des
pièces de canon qui tirent vite, juste efr:
loin pour avoir une bonne artillerie ; il
faut, que ces pièces arrivent à temps
sur. le terrain, qu'elles y fonctionnent
sans à-coups, qu'elles y soient approvi-
sionnées sans difficulté et enfin qu'elles
puissent l'évacuer, s'il est nécessaire,
plus vite encore qu'elles n'y sont venues
L'artillerie navale française est queP:
que peu disparate ; elle répond, dit-on,
aux exigences de certains bateaux de
guerre. Pour la discuter il faudrait dis-
cuter les bateaux eux-mêmes ; ce serait
trop long. C'est, du reste, le matériel
d'artillerie en usage au département de
la guerre qui est principalement en
cause ici_JI s'agit d'examiner -si vrai-
ment, c'est le mauvais état de ce maté-
riel qui motive les demandes de crédits
extraordinaires pour lesquels on bat la
rappel, depuis bientôt vingt ans, ou si
ce n'est pas plutôt la mauvaise organi*
salion de radministration militaire.
C'est une question à étudier ? - f
LA GUERRE AU MAROC -:.- :
La Ma 'avan sur Brtiil
Pendant que la harka s'avance sur Bou Denib, nos troupes
gagnent Bou Anan. — On s'attend à une attaque prochaine.
Les nouvelles que nous publions
plus loin ne nous -apprennent pas da-
vantage que celles reçues la veille ce
que sont devenus exactement les deux
tsuiltans. ,-'
Cependant, tout Indique que des or-
dres doivent être donnés par Moulay
Hafid, le sultan vainqueur, à ses lieu-
tenants les plus fidèles, et que ces or-
dres sont exécutés.
Tout ce que nous savons, c'est que
la nouvelle qui avait présenté Moulay
Hafid comme ayant été fait prisonnier
est démentie.
Il est probable que Moulay Hafid,
s'en tenant pour l'instant aux procla-
mations qui ont été faites un peu par-
tout de son accession au pouvoir, at-
tend qu'une décision soit prise en ce
qui concerne sa reconnaissance offi-
cielle par les puissances. Quant à Abd
el Aziz, dont la cause paraît de plus en
plus abandonnée, il est vraisemblable
qu'il attend également la décision qui
sera prise au sujet de son frère et qui
,fixera en mrne temps son propre sort
'de sultan déohu.
Pourtant,-si Ton s'en rapporte à cer-
tains Druits, Abd el Azii estimant qu'il
doit, par point d'honneur, faire diplo-
matiquement ua dernier acte ils Sou-
veraineté, aurait décidé d'envoyer à
Paris et peut-être aussi auprès d'autres
puissances européennes des délégués
ichargés d'une mission secrète. Mais,
nous le répétons, ce ne sont là que des
bruits qui n'ont encore aucune consis-
tance.
A l'heure actuelle, tout l'intérêt av
Maroc est concentré sur les événe- •
arients qui vont se dérouler à la fron-
tière sud-oranaise et qui ne sauraient
tarder de se produire, la harka sem-
blant avoir pris le parti de précipiter
ison attaque.
Ce n'est donc qu'après le dénoue-
ment de la situation sud-oranaise que
la situation générale pourra s'éclaircir
et que nous saurons exactement à
quoi nous en tenir sur les questions
diplomatiques. si toutefois le gouver-
nement daigne parler.
Nouvelles diverses
L'amiral Berryer télégraphie de £asâ.-'
blanca que tout est calme dans les ports de
Tanger et de Rabat., .,
Il annonce, d'autre part, que la ville d A- ,
zemmour vient d'être reprise par les trou-
.pes de Moulay Hafid.
Les événements se précipitent
Un tiélégraipïïîê du général BaUloud Sfr
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