Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-25
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 août 1908 25 août 1908
Description : 1908/08/25 (N14046). 1908/08/25 (N14046).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7570934f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
-, W4 1404. 7 Fructidor An 118 1 CUlrca":. LU 1V"I1O
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Mardi S5 Août 1908. — N' 14040. -
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TRIBUNE LIBRE
: LES FOSSILES
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Il fut un temps, qui n'est
pas bien éloigné, où les rhé-
toriciens, dans leurs exerci-
ces, et les candidats du bac-
calauréat ès-lettres avaient
à traiter taatôt en français,
tantôt en latin des sujets étonnants :
tlisconrs d'Alexandre à ses soldats
avant le passage du Granique ; dis-
cours d'Octave à ses soldats avant d'en-
gager la bataille d'Actium ; discours
d'Antoine aux funérailles de César ;
discours de Constantin avant de livrer
bataille à son compétiteur Maxence
hoc signo vinces ; discours de Bona-
parte avant la bataille des Pyramides,
Soldats, quarante siècles vous contem-
plent J. Des siècles en contemplation
devant nos drapeaux de la Révolution,
c'était idiot. Mais dans la bouche de Bo-
naparte, cela prenait des proportions
d'épopée.
Ces exercices littéraires avaient un
avantage incontestable aux y-eux des
serviteurs du second ou du premier Em-
pire. Les esprits s'habituaient à jon-
gler avec des mots creux ; il eut été
plus difficile de les alimenter d'idées et
plus dangereux de leur apprendre à rai-
sonner sainement.
Doctrine de jésuites.
Peut-être -croyez-vous que ce procédé
Il fait son temps et que la jeunesse uni-
versitaire est soumise à des entraîne-
nements plus propres à donner des ré-
sultats positifs ? Oui, en général.Cepen-
dant il reste çà et là quelques rares fos-
siles fidèles aux vieux systèmes. Au
mois de juillet dernier, les aspirants au
brevet supérieur ont eu à traiter, à
Agen, le sujet suivant :
Le chanoine Feuillet écrit à un
prêtre de province. Cet homme rigide
avait des préventions contre le genre
trop mcmdain_d £ R_ oraisons funèbres.
Mais après avoir entendu Bossuet pro-
noncer l'oraison funèbre d'Henriette
d'Angleterre, il change d'opinion,dit l'é-
motion qu'il a ressentie et reconnaît
qu'avec ce respect de la vérité et et
souci de donner une leçon chrétienne,
foraison funèbre est le plus profitable
des sermons.
Voyez-vous l'ahurissement de ces jeu-
nes filles aux prises avec un tel sujet,
faisant effort pour se mettre dans l'état
ffame d'un chonoine, et d'un chanoine
ngide, contraintes de rechercher les
Avantages moraux de l'oraison funèbre
taite.ear Bossuet et de démontrer à quel
point il avait eu le souci de la vérité ?
Nous avions quelque raison de pen-
'ser que les maîtresses de nos écoles nor-
males, collèges et lycées se faisaient de
la culture morale et de la recherche de
la vérité une idée peu conforme aux ha-
bitudes d'esprit d'un chanoine du dix-
Septième siècle. Si elles sont à la hau-
teur de leur mission d'éducatrices laï-
ques elles doivent apprendre à, leurs
élèves à reconnaître que l'oraison funè-
bre, pratiquée par Bossuet ou Bourda-
Joue constitue un genre faux qui ne peut
Comporter ni probité historique ni leçon
toprale.
Le type réel d'Henriette d'Angleterre
fest bien différent de celui que nous trace
l'Aigle de Meaux. Etourdie et coquette,
telle ne reste pas étrangère aux intrigues
galantes de cette cour d'amour dont Mlle
fcle La Fayette nous a donné un sédui-
sant tableau dans la Princesse de Clé-
Ives. Henriette n'est pas à l'abri des
icritiques. Elle fut accusée d'avoir témoi-
gné à son beau-frère Louis XIV une
fendresse inquiétante pour le mari. Il
tsst vrai que ce dernier, auquel Bossuet
ne manque pas d'adresser un mot élo-
gieux, de tempérament lâche et cra-
puleux, restait indifférent aux charmes
îte sa femme et des femmes, du général,
hampignons vénéneux comme il en
pousse fréquement dans ces milieux
Spéciaux que Bossuet appelle le monde
Ses Grands.
Il faut reconnaître que la vertu de la
"gracieuse et jeune princesse était ex-
posée à de terribles dangers dans ce mi-
lieux d'invertis et de pervertis, gens très
Ipieux, du reste, et communiant sous
toutes les espèces. En fait, qu'elle ait
'Péché ou non, peu nous chaut. Mais il
nous importe que la jeunesse française
lié soit pas nourrie de mensonges. Si en
leur parle de ces gens-là, il faut leur
Sire la vérité dans la mesure où la pu-
Heur permet de la dire à la jeunesse et
Je maître doit protester quand l'orateur
Ecclésiastique s'écrie sur le mode di-
thyrambique que le mari, que toute la
Jïour, que tout le peuple étaient plongés
dans un sombre désespoip, par cette
toort 9ont la nouvelle éclate comme un
ïftup de tonnerre.
, Voilà bien l'éloquence de la chaire !
Entre autres choses admirables, Bos-
t flous fait oetté révélation — Nous
WTO5 tous ! — Il paraît que cette
découverte est due à une femme de la
tribu de Juda dont J'Ecriture: a loué la
prudence au second livre des rois. Nous
mourons tous, même les rois et Jes prin-
cesses. Dieu les frappe, paraît-il, pour
nous avertir. L'évêque est bien rensei-
gné. '-
Allons-nous en finir avec ces fadaises ?,
Sinon, pourquoi ne pas inscrire à-nou-
veau dans les programmes le Discours
sur rhistoire universelle avec les odes
de Lefranc de Pompignan et les stances
de Jean-Baptiste Rousseau ? On en dé-
taillait soigneusement les beautés aux
écoliers de ma génération.
j'avais un professeur de philosophie
qui répondait au nom de Télêmaque.
Son cours comportait trois leçons sur
ce sujet. — L'enfer prouvé par la rai-
son oui, trois leçons documentées.
Ce Télémaque était un doux imbécile,
qui, sans être lié à une congrégation,
avait fait vœu de pauvreté, pauvreté
d'esprit surtout, de chasteté et d'obéis-
sance. Très patient, il évitait tout ce
qui pouvait le mettre en état de péché.
Un jour, pourtant, je l'ai vu en colère,
furieusement en colère, au point de com-
promettre son salut. Il est vrai qu'il
était animé d'une sainte fureur pour la
défense de la foi.
Dans sa troisième leçon sur l'Enfer
prouvé par la raison, il venait de dé-
velopper ses arguments les plus pro-
bants et, dans une péroraison enflam-
mée, il se livrait à une description mi-
nutieuse de l'empire du diable.
C'était d'un grotesque achevé.
Pris d'une folle envie de rire, j'écla-
tai.
Télémaque, arrêté court dans le dé-
veloppement de sa vision infernale, me
regarda d'un œil rond, plein de lueurs
fulgurantes. Sa bouche s'ouvrait dé-
mesurément en un trou énorme par où
la parole était impuissante à jaiinr.
Notre homme était étranglé par l'indi-
gnation. Debout sur sa chaise, il me
menaçait du doigt, s'épuisant en vains
efforts: Enfin il put formuler sa pen-
sée et il s'écria : « Malheureux, je
vous attends au jugement dernier ! »
Là-dessus, tous les camarades éclatè-
rent à leur tour et ce brave Téléma-
que en resta éperdu. .",
De ces professeurs émérItes, il doit
en rester dans les laboratoires ecclé-
siastiques où l'on travaille à la déforma-
tion des cerveaux. Le rôle convenable
aux universitaires est tout autre. Il
n'est pas vrai que tout soit vanité, se-
lon la parole de l'Ecclésiaste rapportée
par Bossuet dans l'oraison funèbre
d'Henriette. La vie est pleine d'ntérêt
quand on sait la prendre du bon côté,
du côté opposé à celui de la chaire
chrétienne où l'on pratique le culte du
mensonge, où l'on prêche le mépris de
l'activité féconde et de tout ce qui fait
la joie de vivre
, Les Bossuet, les Bourdaloue, les Flé-
chier n'ont plus rien à apprendre à la
population de nos écoles. Nous ne par-
lons plus la même langue. Notre men-
talité, notre idéal sont ttlit. autres.
Pour apprécier les aptitudes des aspi-
rantes au brevet supérieur, il ne. con-
vient pas d'évoquer les ombres falotes
des chanoines Fouinet. L'histoire et la
littérature abondent en sujets d'un in-
térêt plus considérable, et plus propre
à des développements raisonnables.
DELPECH,
Sénateur de VAriège.
LA POLITIQUE
L'INVESTISSEMENT DE MARRAKECH
Les partisans d Abd el
Aziz font annoncer froide-
ment l'investissement de Mar-
rakech.
Il serait curieux de savoir
quel stratège a pu donner ce
nom inapproprié au campement des
troupes azizistes à proximité de la ca-
pitale du Sud. -
Les voyageurs qui ont vu Marrakech
et les géographes qui ont étudié la to-
pographie de la ville ont dû sourire à
l'idée que quelques milliers de soldats
marocains, - réguliers ou volontaires,
pouvaient « investir » Marrakech.
L'opération du M'Touggi et de son
maître Abd el Aziz est plus simple : ils
s'approchent vraisemblablement de la
ville, avec l'espoir d'y entrer à la fa-
veur d'une insurrection destinée à favo-
riser leurs desseins. Ils ne peuvent pen-
ser ni l'un ni l'autre à prendre par la
faim, une cité médiocrement peuplée et
égale en superficie aux grandes capita-
les européennes, et, où les pacages et
les jardins couvrent de vastes étendues
Ils ne peuvent penser non flus à
bombarder la ville au risque de déchai-
ner des passions hostiles et dont le
développement serait ,peu favorable à
l'exécution, de leurs projets. D'ailleurs
où donc eussent-ils pris l'artillerie in-
dispensable pour cette opération ?
- Les habitants de Marrakech sont-ils
désireux de se débarrasser du Glaoui
pour ouvrir les portes au M'Touggi ?
Sont-ils pris d'un loyalisme nouveau
pour Aziz au détriment d'Hafid 1 Tout
est laL
Abd el Aziz est aux portes de Marra-
kech : il n'y est pas encore entré ;
c'est à peu près tout ce que veut dire
en l'occurrence le mot : investissement.
On comprend ainsi ce que signifie cette
expressive information : « Si le sultan
n'est pae, encore entré à Marrakech,
c'est parce qu'il veut d'abord purger les
environs de tous les éléments révolu-
tionnaires. Of) -
Pendant ce temps, le Glaoui fait
bonne garde, met la ville en état de
défense et surveille de près vraisem-
blablement les citadins suspects de
devenir des agitateurs ou des défeciion-
naires. Et s'il reste debout, Marrakech
vraisemblablement peut encore tenir
boit
", LES ON-DIT
NOTRE AGENDA I
Aujourd'hui lundi ;
Lever du soleil à 5 h. 6 matin, coucher
6 h. 58 soir.
— Courses plates à Oster.de (Belgique) ;
courses au Tréport (trot monté, plat et
obstacles).
Maujaniana ".-i:-
Il inaugurait une mairie. Radieux, le
jMaire lui présente successivement, sa
femme Rose sa fille Marguerite, et .son
fils Narcisse. -,
Alors Adolphe très spirituel :
i— « Ah 1 très bien. très bien. je
vois que vous avez fait de votre petite
famille june vraie plate-bande 1 »
Beauté idéale.
.Hq"l,, rnur 1", 'r¡wt fit '"-
idéale ?
Prenez : ,
Les cheveux des femmes du Gange ;
Le nez des Grecques ;
La bouche des Anglaises ;
Le teint des Allemandes ;
La taille des Géorgiennes ;
Les pieds des Chinoises :
Les dents des Ethiopiennes *
Les bras des Belges ;
Les jambes des Italiennes ; 1
Les yeux des Espagnoles ;
La grâce des Françaises.
AUTREFOIS
Le Rappel du 25 août 1872; — L'ex-secré-
taire particulier de Louis-Philippe M. de
Flamoy, meurt à Paris à l'âge de soixante-
treize ans.
Le Conseil municipal de Paris justement
ému des arrestations qui viennent d'avoir
lieu dans la capitale, va faire auprès du
gouvernement de nouvelles démarches pour
obtenir au sujet de ces rigueurs que rien
ne justifie, les explications que réclame l'o-
pinion publique.
La Gazette des Tribunaux affirme que la
police continue à rechercher les communa-
utés ainsi que les armes cachées dans les
quartiers populeux.
D'après le Times, M. Thiers songerait à
déposer un projet de loi établissant deux
Chambres, dont une Chambre supérieure.
Le gouvernement se réserverait, en outre,
le droit de dissoudre la Chambre des dé-
putés avec l'assentiment de la Chambre su-
périeure. M. Thiers serait enclin à laisser
aux députés actuels le soin de déterminer
le mode de formation de celle deuxième
Chambre.
On annonce que le paquebot Panama,
parti le 20 courant de Saint-Nazaire) a fait
naufrage devant Santander.
La cure des mouchards.
Le prince Mestcherski raconte dans
le Grajdaninc la savoureuse anecdote
que voici :
Un haut personnage gouvernemental
se trouve actuellement aux eaux à l'é-
tranger. Deux inspecteurs russes le sui-
vent toujours à quelque distance. Le
matin pour se donner l'apparence de
malades, ils vont à la source. Mais com-
me l'eau qu'ils prennent a un effet pur-
gatif violent, ils prennent avant de
boire un fort constipant afin de pouvoir
demeurer à leur poste.
Joli mot d'un pape.
Le pape Grégoire XVI se trouvait à
une fenêtre du Vatican avec un de ses
cardinaux. -
La princesse X. vint à passer, rayon-
nante de beauté ; le cardinal fit remar-
quer à Sa Sainteté la belle croix d'or
qui brillait au soleil sur la gorge demi-
nue de la dame.
— E piu bello il calvario che la croce
répondit le Saint-Père en souriant.
(Le calvaire est plus beau que la
croix •!)
NOTRE MAL
M. Buisson lance un véritable manifeste
aux instituteurs, pour Jes engager à redou-
bler d'efforts pour arriver à (réduire le
nombre des illettrés. •
La France est le pays qui compte le plus
de pongecits illettrée NOJlt tllO là uû JS-
00Td qu'il convient de faire disparaître par
tous les moyens possibles.
Les Jetteurs qui nous font l'honneur de
nous suivre doivent se rappeler que nous
avons signalé, plusieurs fois, la triste situa-
tion relevée par l'honorable M. Buisson.
Depuis plus de six ema, nous ne cessons de
réclamer-fa suppression des -commissions
scolaires et leur remplacement par le juge
de paix et l'inspecteur primaire. Nous avons,
toujours affirmé que l'instruction « n'a ja-
mais été obligatoire » en France.
Les lamentables chiffres avancés par M.
Buisson nous donnent malheureusement
raison.
L'institution des commissions scolaires a
vécu. EUe aiait faillite. Elle est incapable
d'assurer l'obligation de l'instruction. Les
commissions scolaires sont composées de
[conseillers municipaux qui ne tiennent nul-
lement à se brouiller avec leuns électeurs
en requérant l'application d'une loi. La plu-
part des maires ruraux se trouvent égale-
ment dans le même cas. C'est à qui se dé-
,chargera d'une mission qui pouvait attirer
des ennuis, créer des inimitiés et compro-
mettre un mandat électoral
A cause de ces considérations, les com-
missions scolaires ne fonctionnaient ja-
mais. ou leurs membres fermaient les yeux
sur tous Jes accrocs à la loi*
Le rSsùltût de tout cela ?
Relisez la statistique de M. Buisson et
vous aurez la réponse.
En dehors de l'Espagne et de l'Italie,
nous sommes le pays qni- possède le plus
d'illettrés !
Après trente-cinq ans d'existence, la loi
sur l'instruction gratuite et obligatoire
aboutit à cet échec pitoyable. Les enfants
vont à l'école quand cela plait à leurs pa-
rents, et l commissions scolaires n'exis-
tent que sur le papier !
n est temps de remédier à ce mal ef-
frayant. -
On a déposé un projet de loi pour confier
à rmëpêcteur primaire le droit de requérir
l'application de la loi. Ce projet doit être
voté. Il Convient d'y ajouter des pénalités
sévères pour mettre un terme à une situa-
tion humiliante et indigne d'une nation ré-
publicaine.
Il faut supprimer les commissions sco-
laires qui n'ont pas répondu aux espéran-
ces de la démocratie. Il faut soustraire
l'instruction (1 obligatoire » aux influences
de clocher et aux oonsiératioIlfl électora-
les. Il est indispensable. d'autre part, de
décharger l'instituteur de la mission qui in-
combe, encore aujourd'hui, aux commis-
sions scolaires. Il ne s'agit pas de conver-
tir l'instituteur en bouc émissaire et de lui
faire supporter toutes les rancunes des pa-
rents négligents. La tâche de réprimer et
de signaler les infractions à la loi doit in-
coniber gxnUM^iMRM' à ^inspecteur pri.
maire et au. juge de paix. L instituteur doit
être mis hors de cause. C'est à cette condi-
tion seulement qu'on assurera l'applica-
tion stricte, siilcère et efficace d'une loi si
audacieusement violée jusqu'à ce jour. -
J. C.
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Les - modernistes -
au congrès de Dusseldorf
Les gens qui sont de bonne foi et qui
aiment par-dessus tout la. vérilè ne acnt fa-
mais des roublards.
Les (t modernistes » contre lesquels le
Vatican ne cesse de f ulminer, viennent d'en
donner la preuve.
Un ccngrès catholique a eu lieu ces jours
derniers à Dusseldorf.
Conàamnés, comme on le sait, par la
fameuse encyclique P&cCTldi Dominici gre-
gis, les modernistes pensèrent que l'occa-
sion était peul-étre favorable pour intro-
duire au sein de ce congrès une discussion
sur « les moyens de fortifier la loi catho-
lique parmi les classes instruites de la na-
tion allemande. » Ils s'étaient, à cet effet,
réunis pour une commtmc entente.
Mais ils avaient compté sans l'intransi-
geant cardinal Fischer, archevêque de Co-
logne, lequel veillait au grain et mit à pro-
fit le pélerinage des congressistes à Kai-
serswerth, pour couper au-devant du pro-
jet en condamnant brutalement le moder-
nisme.
« L'heure est passée, a-t-il dit, des con-
cessions inspirées par la faiblesse et la ton-
ganimité, des pactes avec l'esprit du siècle.
Nous devon-s maintenir la foi dans toute
son intégralité. Si les classes instruites de
la nation veulent maintenir et développer
en elles la Ici catholique, point n'est besoin
d'en aller chercher bien loin les moyens ;
qu'elles lisent les livres pieux, et notam-
ment le catéchisme ! »
Les modernistes, se sentant battue d'a-'
vance par une majorité obéissant dociic-
ment à la voix de ce prélat, se sont tu.
C'était le meilleur parti qu'ils avaient à
prendre.
Mais aussi, qu'allaient-ils laire dans cette
galère ?
Discuter avec des fanatiques qui rêvent
de ramener l'humanité aux enseignements
religieux du moyen-dge, de parquer la foi
dans le domaine de l'ignorance et des ténè-
bres, d'assigner pour limite à l'esprit hu-
main le credo quia absurdum de l'Eglise
catholique ? C'était perdre inutilement
leur temps et leurs efforts.
Les modernistes l'ont compris, et ils ont
laissé les congressistes voter tout à leur
aise une motion par laquelle le congrès ca-
tholique allemand, à l'occasin du jubilé sa-
cerdotal de Pie X, a rejeté solennellement
« les erreurs condamnées par l'encyclique
Pascendi », réclamé pour la papauté « une
pleine et entière indépendance», et pris l'en-
gagement de « laire acquitter par les catho-
liques allemands une contribution supplé-
mentaire à l'occasion du jubilé ».
Les modernistes savent maintenant que
ce n'est pas sur le terrain des congrès ca-
tholiques qu'ils doivent porter leurs discus-
sions.
Mais qu'ils ne se découragent pas pour
cela. Car si FEglise ne compte que sur la
lecture des livres pieux par tes classes ins-
r truites pour « maintenir la loi dans toute
son intégralité », on peut d'avance lui pré-,
dire que ce moyen sera sans effet.
Vouloir ramener les hommes aux ensei-
gnements du catéchisme est une conception
vraiment enfantine et qui prouve bien que
ça de mourir de sénilité.
Pi ffé, y-
EN VACANCES -, ,
Colonies et voyages scolaires
VILLÉGIATURES D'ADULTES EN COOPÉRATION
l (De notre envoyé spécial)
1 Châtulon-aur-Seme, le 21 août 1908.
La caisse des écoles du X. arrondisse-
ment de Paris possède, à Châtïllon-sur-
j Seine, une propriété où elle dirige des
i colonies scolaires de 50 élèves de ses
écoles primaires, garçons et filles, en
alternant, depuis la dernière quinzaine
1 d'avril jusqu'à la rentrée des classes.
Huit à dix groupes se succèdent. Le
séjour de chaque colonie est de 20 jours
environ.. Entre deux séjours, les locaux
; restent libres 3 jours.
Comme bien on pense, nous avons
voulu voir de près cette organisation.
Nous sommes arrivé à Châtillon-sUJ"-'
Seine à 5 heures du matin, par une fraî-
cheur qui n'avait rien du mois d'août.
Ne pouvant songer à notre visite avant
8 heures, nous avons parcouru la ville
qui nous a laissé une impression étran-
ge : des rues tortueuses ; des places et
des parcs immenses, plantés de grands
arbres ; des maisons à grandes façades,
avec des fenêtres larges et hautes com-
me des portes-cochères ; les rues dé-
sertes. le silence, le calme complet ; vil-
le bourgeoise par excellence.
Nous nous présentons à la colonie si-
tuée sur un monticule, à l'extrémité de
lia ville. Un groupe de filles est.parti de
la veille. Une colonie de garçons arrive
le lendemain. L'établissement est vide,
nous le verrons rapidement et mieux.
Voici, après le vestibule, une belle cour;
à droite des bâtiments neufs, à gauche
'un beau jardin potager. De la cuisine,
nous passons à l'office, à la salle de
bains et douches, au réfectoire, aux dor-
toirs de 25 lits, (il y en a deux), au préau
couvert. Tout est propre, luisant, bril-
lant. Les parquets cirés des dortoirs sont
des glaces. Tous les locaux sont vastes
et très hauts de plafond. C'est une de-
meure. plus que bourgeoise. Sûrement,
les enfants du peuple passent là 20 bon-
nes et réconfortantes journées. Derrière
l'enceinte se trouve encore un beau parc,
planté de grands arbres, orné de su-
perbes corbeilles ae fleurs. L'établisse-
ment reçoit chaque année plus de 40f
élèves des deux sexes, choisis par un co*
mité médical, parmi ceux qui ont le plus
besoin de cure d'air et de suralimenta*
tion. Pas de travail, des jeux et des proc
menades au grand air ; les bois, les jo;..-
lies routes, les bons coins ne manquent
pas dans les environs.
Nous ne pouvons que féliciter chaude-
ment les administrateurs de la caisse des
écoles du X. arrondissement, d'avoir si
bien fait les choses pour les enfants dw
peuple. Nous ajouterons que l'établisse
ment, inauguré en 1900, fonctionne r6<
gulièrement depuis cette époque.
En nous dirigeant vers les plages de
l'Océan, où nous savons trouver des co'
lonies scolaires de Paris et de Bordeaux,,
nous passons à Châteauneuf-en-Thime-
ray. C'est encore l'œuvre des colonies
scolaires de vacances, 6, rue de Lou-
vois, qui a dirigé vers ces parages, un
groupe de 30 fillettes de Paris et Vin<
cennes. Nous arrivons à 10 heures dans
l'établissement de Madame Guérin. Ma.
dame Paubet, directrice d'école à Gen-
tilly, nous reçoit et nous fait visiter les.,
locaux ; de jolis dortoir, un réfectoire
bien installé «à les fillettes font, au mo-
ment où nous arrivons, leur petite cor- T
respondance, sous la surveillance d'une
maitresse ; un grand jardin planté d'ar- :
bres fruitiers, un potager, des - potùS,
et des poussins.
Les enfants son tranquilles ; elles PW
raissent heureuses de se laisser vivre.Le
milieu s'y prête. Châteauneuf est und
jolie ville saine et propre, aux confina
de la grande Beauce. Elle a le talent de
posséder une ceinture de bosquets char-
mants. C'est un coin parfaitement choh
si pour le repos et la cure d'air.
• Et combien n'y en a-t-il pas, de ces
bons coins non utilisés, ignorés parce,
que pas cherchés I Et combien de dé.
vouements modestes et désintéressés
nous découvrons, dans le cours de nos
visites ! Nous en reparlerons. ?
P. Courrèges.
r LA GUERRE AU MAROC
M î a tt't M p) A 717
La Itliilî l'AMJJaî «Élit
Abd el Aziz est arrivé à Sette
Oranais. — La défaite
Une dépêche du gépéral d'Amade, datét
de Casablanca, 21 août, 7 h. 40 du soir, in-
dique que le commandant d'armes de Set.
tat fait connaître que le grand-vizir est ar.
rivé à 5 heures du soir, le 21, à Settat, el
aue le sultan devait arriver dans cette ville
le lendemain matin.
Le calme règne dans la Chaouia.
L'Agence Havas communique la note
suivante :
Contrairement à-des intannaUonsde
source étrangère., il résulte d'un télégram-
me officiel, reçu par le gouvernement, que
la mission militaire française est arrivée le
21 à Settat.
Cette mission, qui existe au Maroc depuis
1878. a été instituée sur la demande du sul-
tan Moulay el Hassan, pour créer un cadre
d'instructeurs militaires.
Elle était tenue par son contrât d'accom.
pagner le sultan, mais elle avait reçu du
gouvernement par télégramme du 15 juin
dernier l'ordre « de ne pas faire campagne
avec les troupes qu'elle avait été chargée
d'instruire. »
Elle se trouvait, en somme, vis-à-vis du
sultan, dans la même situation que les au-
tres missions étrangères existant au Maroc.
Après la défaite
L'arrivée du sultan à Settat
Tanger, 23 août.
Abd el Aziz, accompagné d'El Mokri et de
Ben Sliman, est arrivé à Settat avec le ma-
rabout Bou Djab. Il ira ensuite à Casa-
blanca.
Il aurait exprimé l'intention de se rendre
en Syrie, à Damas, refusant d'aller dans un
pays islamique soumis à l'influence euro-
péenne. Il attendrait quelque temps les évé-
nements et profiterait des circonstances
oui pourraient se produire pour revenir au
Maroc.
Arzila est assiégé par le caïd Erremiki.
.Tanger (source anglaise), 23 août.
On confirme la défaite d'Abd el Aiiz ; on
ignore où se trouve le sultan. La mehalia
a été attaquée pendant la nuit ; elle a subi
de grosses pertes ; il paraîtrait que la plu-
part des hommes passèrent du côte de l'en-
nemi. dès le début de la fusillade ; le seul
contingent loyal fut celui des Cliaouias qui
combattirent désespérément:
Tanger (source anglaise), 23 août.
On annonce que le sultan est arrivé à
Settat avec la mission militaire française et
deux Anglais ; mais, suivant des renseigne-
ments d'autres sources, il manquerait des
Anglais et quelques officiers français ; on
n'a pas de détails précis.
Les bafidistes sont dans la joie et disent
crue ta proclamation de Moulay Hafid n'esl
plus qu'une question de quelques jours.
Médecin et instructeur échappés
Tanger, 23 août (source anglaise).
Des lettres de Casablanca annoncent que
le docteur. Verdoni -M4*" dAbd el Aziz,
— La situation dans le Sud
du sultan et la presse.
et l'instructeur ce la cavalerie Baiding, se
sont échappés sains et saufs.
Télégramme officiel
Un télégramme du général d'Amade daté
de Casablanca, 22 août, 7 h. 30 soir, tait
savoir que le sultan, le maghzen et la mis-
sion française sont arrivés à Settat.
Une partie de la mehalia dispersée par
la panique se transporte sur la même ré-
gion. Certaines tribus extérieures à la fuite
ont commis sur celle-ci quelques actes de.
pHIe.
Le général d'Amade a chargé le colonel
Moinier de prendre les mesures nécessai-
res pour maintenir l'ordre dans la Chaouia
et pour essayer d'obtenir par des moyens
pacifiques la restitution des objets volés.
Le général d'Amade ajoute-que le sultan
Abd el Aziz a déployé au cours du combat
une bravoure personnelle très grande,maia
son exemple ne pouvait donner de grande
résultats au milieu de la masse sans co-
hésion, sans organisation et presque Sanf
armes qui constituait sa mehalia.
Dans le Sud-Oranais
En attendant l'attaque
Beni Ounif, 23 août
Suivant des renseignements puisés au-
près des notables de l'oasis de Figuig, où
l populations sont calmes et où la formas
tion d'une nouvelle harka est vivement
commentée, le chef suprême de la harka
en formation est encore Moulay Sebbai, or-
ganisateur -de la harka d'avril dernier.
Les Figuiguiens disent que lorsque toua'
les contingents, ennemis seront rassemblés,
les effectifs marocains ne seront pas infé-
rieurs à 20.000 hommes.
D'après les mêmes renseignements, les
Chorfas du Tafilalet ne voulaient pas de
cette nouvelle harka. qui, disaient-ils aveu
raison, va amener les Français chez nous.,
Aussi. Sebbai dut-il organiser une sorte de.
souscription nationale pour équiper et payer
des volontaires. Tout individu ne donnant.
pas quelque chose était insulté. Les 365T
ksours du Tafilalet ont pu, de la sorte, or-
ganiser une pareille troupe et disposer.
d'une somme qui ne serait pas inférieure &!'
2 millions. Les dons en nature, blé, orge
dattes, animaux, étaient acceptés. On avait
divisé le Tafilalet en circonscriptions. Dans.
chacune d'elles, un marabout prêchait, un
autre recevait les dons. La date de la mis&.,
en marche dé la harka n'est pas connue,
mais on estime qu'elle coïncidera avec 1er
commencement du mois arabe d'Aiens,
c'est-à-dire du 25 au 30 courant ou avec la:<
nouvelle lune. Quelques cavaliers auraient
été aperçus, rôdant autour de Bou Denib.,
mais ils se sont retirés.
L'avant-garde de la harka se trouve an-
tour d'une sorte de petit fortin, à 7 ou ét
kilomètres de Bou Denib ; elle comprend,
500 fantassins et 300 cavaliers, dont quel-j
ques-uns ont guerroyé dans la Chaouia.
A Bgni Ounifa les troupes CQtftinuenfc à 9m
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Il fut un temps, qui n'est
pas bien éloigné, où les rhé-
toriciens, dans leurs exerci-
ces, et les candidats du bac-
calauréat ès-lettres avaient
à traiter taatôt en français,
tantôt en latin des sujets étonnants :
tlisconrs d'Alexandre à ses soldats
avant le passage du Granique ; dis-
cours d'Octave à ses soldats avant d'en-
gager la bataille d'Actium ; discours
d'Antoine aux funérailles de César ;
discours de Constantin avant de livrer
bataille à son compétiteur Maxence
hoc signo vinces ; discours de Bona-
parte avant la bataille des Pyramides,
Soldats, quarante siècles vous contem-
plent J. Des siècles en contemplation
devant nos drapeaux de la Révolution,
c'était idiot. Mais dans la bouche de Bo-
naparte, cela prenait des proportions
d'épopée.
Ces exercices littéraires avaient un
avantage incontestable aux y-eux des
serviteurs du second ou du premier Em-
pire. Les esprits s'habituaient à jon-
gler avec des mots creux ; il eut été
plus difficile de les alimenter d'idées et
plus dangereux de leur apprendre à rai-
sonner sainement.
Doctrine de jésuites.
Peut-être -croyez-vous que ce procédé
Il fait son temps et que la jeunesse uni-
versitaire est soumise à des entraîne-
nements plus propres à donner des ré-
sultats positifs ? Oui, en général.Cepen-
dant il reste çà et là quelques rares fos-
siles fidèles aux vieux systèmes. Au
mois de juillet dernier, les aspirants au
brevet supérieur ont eu à traiter, à
Agen, le sujet suivant :
Le chanoine Feuillet écrit à un
prêtre de province. Cet homme rigide
avait des préventions contre le genre
trop mcmdain_d £ R_ oraisons funèbres.
Mais après avoir entendu Bossuet pro-
noncer l'oraison funèbre d'Henriette
d'Angleterre, il change d'opinion,dit l'é-
motion qu'il a ressentie et reconnaît
qu'avec ce respect de la vérité et et
souci de donner une leçon chrétienne,
foraison funèbre est le plus profitable
des sermons.
Voyez-vous l'ahurissement de ces jeu-
nes filles aux prises avec un tel sujet,
faisant effort pour se mettre dans l'état
ffame d'un chonoine, et d'un chanoine
ngide, contraintes de rechercher les
Avantages moraux de l'oraison funèbre
taite.ear Bossuet et de démontrer à quel
point il avait eu le souci de la vérité ?
Nous avions quelque raison de pen-
'ser que les maîtresses de nos écoles nor-
males, collèges et lycées se faisaient de
la culture morale et de la recherche de
la vérité une idée peu conforme aux ha-
bitudes d'esprit d'un chanoine du dix-
Septième siècle. Si elles sont à la hau-
teur de leur mission d'éducatrices laï-
ques elles doivent apprendre à, leurs
élèves à reconnaître que l'oraison funè-
bre, pratiquée par Bossuet ou Bourda-
Joue constitue un genre faux qui ne peut
Comporter ni probité historique ni leçon
toprale.
Le type réel d'Henriette d'Angleterre
fest bien différent de celui que nous trace
l'Aigle de Meaux. Etourdie et coquette,
telle ne reste pas étrangère aux intrigues
galantes de cette cour d'amour dont Mlle
fcle La Fayette nous a donné un sédui-
sant tableau dans la Princesse de Clé-
Ives. Henriette n'est pas à l'abri des
icritiques. Elle fut accusée d'avoir témoi-
gné à son beau-frère Louis XIV une
fendresse inquiétante pour le mari. Il
tsst vrai que ce dernier, auquel Bossuet
ne manque pas d'adresser un mot élo-
gieux, de tempérament lâche et cra-
puleux, restait indifférent aux charmes
îte sa femme et des femmes, du général,
hampignons vénéneux comme il en
pousse fréquement dans ces milieux
Spéciaux que Bossuet appelle le monde
Ses Grands.
Il faut reconnaître que la vertu de la
"gracieuse et jeune princesse était ex-
posée à de terribles dangers dans ce mi-
lieux d'invertis et de pervertis, gens très
Ipieux, du reste, et communiant sous
toutes les espèces. En fait, qu'elle ait
'Péché ou non, peu nous chaut. Mais il
nous importe que la jeunesse française
lié soit pas nourrie de mensonges. Si en
leur parle de ces gens-là, il faut leur
Sire la vérité dans la mesure où la pu-
Heur permet de la dire à la jeunesse et
Je maître doit protester quand l'orateur
Ecclésiastique s'écrie sur le mode di-
thyrambique que le mari, que toute la
Jïour, que tout le peuple étaient plongés
dans un sombre désespoip, par cette
toort 9ont la nouvelle éclate comme un
ïftup de tonnerre.
, Voilà bien l'éloquence de la chaire !
Entre autres choses admirables, Bos-
t flous fait oetté révélation — Nous
WTO5 tous ! — Il paraît que cette
découverte est due à une femme de la
tribu de Juda dont J'Ecriture: a loué la
prudence au second livre des rois. Nous
mourons tous, même les rois et Jes prin-
cesses. Dieu les frappe, paraît-il, pour
nous avertir. L'évêque est bien rensei-
gné. '-
Allons-nous en finir avec ces fadaises ?,
Sinon, pourquoi ne pas inscrire à-nou-
veau dans les programmes le Discours
sur rhistoire universelle avec les odes
de Lefranc de Pompignan et les stances
de Jean-Baptiste Rousseau ? On en dé-
taillait soigneusement les beautés aux
écoliers de ma génération.
j'avais un professeur de philosophie
qui répondait au nom de Télêmaque.
Son cours comportait trois leçons sur
ce sujet. — L'enfer prouvé par la rai-
son oui, trois leçons documentées.
Ce Télémaque était un doux imbécile,
qui, sans être lié à une congrégation,
avait fait vœu de pauvreté, pauvreté
d'esprit surtout, de chasteté et d'obéis-
sance. Très patient, il évitait tout ce
qui pouvait le mettre en état de péché.
Un jour, pourtant, je l'ai vu en colère,
furieusement en colère, au point de com-
promettre son salut. Il est vrai qu'il
était animé d'une sainte fureur pour la
défense de la foi.
Dans sa troisième leçon sur l'Enfer
prouvé par la raison, il venait de dé-
velopper ses arguments les plus pro-
bants et, dans une péroraison enflam-
mée, il se livrait à une description mi-
nutieuse de l'empire du diable.
C'était d'un grotesque achevé.
Pris d'une folle envie de rire, j'écla-
tai.
Télémaque, arrêté court dans le dé-
veloppement de sa vision infernale, me
regarda d'un œil rond, plein de lueurs
fulgurantes. Sa bouche s'ouvrait dé-
mesurément en un trou énorme par où
la parole était impuissante à jaiinr.
Notre homme était étranglé par l'indi-
gnation. Debout sur sa chaise, il me
menaçait du doigt, s'épuisant en vains
efforts: Enfin il put formuler sa pen-
sée et il s'écria : « Malheureux, je
vous attends au jugement dernier ! »
Là-dessus, tous les camarades éclatè-
rent à leur tour et ce brave Téléma-
que en resta éperdu. .",
De ces professeurs émérItes, il doit
en rester dans les laboratoires ecclé-
siastiques où l'on travaille à la déforma-
tion des cerveaux. Le rôle convenable
aux universitaires est tout autre. Il
n'est pas vrai que tout soit vanité, se-
lon la parole de l'Ecclésiaste rapportée
par Bossuet dans l'oraison funèbre
d'Henriette. La vie est pleine d'ntérêt
quand on sait la prendre du bon côté,
du côté opposé à celui de la chaire
chrétienne où l'on pratique le culte du
mensonge, où l'on prêche le mépris de
l'activité féconde et de tout ce qui fait
la joie de vivre
, Les Bossuet, les Bourdaloue, les Flé-
chier n'ont plus rien à apprendre à la
population de nos écoles. Nous ne par-
lons plus la même langue. Notre men-
talité, notre idéal sont ttlit. autres.
Pour apprécier les aptitudes des aspi-
rantes au brevet supérieur, il ne. con-
vient pas d'évoquer les ombres falotes
des chanoines Fouinet. L'histoire et la
littérature abondent en sujets d'un in-
térêt plus considérable, et plus propre
à des développements raisonnables.
DELPECH,
Sénateur de VAriège.
LA POLITIQUE
L'INVESTISSEMENT DE MARRAKECH
Les partisans d Abd el
Aziz font annoncer froide-
ment l'investissement de Mar-
rakech.
Il serait curieux de savoir
quel stratège a pu donner ce
nom inapproprié au campement des
troupes azizistes à proximité de la ca-
pitale du Sud. -
Les voyageurs qui ont vu Marrakech
et les géographes qui ont étudié la to-
pographie de la ville ont dû sourire à
l'idée que quelques milliers de soldats
marocains, - réguliers ou volontaires,
pouvaient « investir » Marrakech.
L'opération du M'Touggi et de son
maître Abd el Aziz est plus simple : ils
s'approchent vraisemblablement de la
ville, avec l'espoir d'y entrer à la fa-
veur d'une insurrection destinée à favo-
riser leurs desseins. Ils ne peuvent pen-
ser ni l'un ni l'autre à prendre par la
faim, une cité médiocrement peuplée et
égale en superficie aux grandes capita-
les européennes, et, où les pacages et
les jardins couvrent de vastes étendues
Ils ne peuvent penser non flus à
bombarder la ville au risque de déchai-
ner des passions hostiles et dont le
développement serait ,peu favorable à
l'exécution, de leurs projets. D'ailleurs
où donc eussent-ils pris l'artillerie in-
dispensable pour cette opération ?
- Les habitants de Marrakech sont-ils
désireux de se débarrasser du Glaoui
pour ouvrir les portes au M'Touggi ?
Sont-ils pris d'un loyalisme nouveau
pour Aziz au détriment d'Hafid 1 Tout
est laL
Abd el Aziz est aux portes de Marra-
kech : il n'y est pas encore entré ;
c'est à peu près tout ce que veut dire
en l'occurrence le mot : investissement.
On comprend ainsi ce que signifie cette
expressive information : « Si le sultan
n'est pae, encore entré à Marrakech,
c'est parce qu'il veut d'abord purger les
environs de tous les éléments révolu-
tionnaires. Of) -
Pendant ce temps, le Glaoui fait
bonne garde, met la ville en état de
défense et surveille de près vraisem-
blablement les citadins suspects de
devenir des agitateurs ou des défeciion-
naires. Et s'il reste debout, Marrakech
vraisemblablement peut encore tenir
boit
", LES ON-DIT
NOTRE AGENDA I
Aujourd'hui lundi ;
Lever du soleil à 5 h. 6 matin, coucher
6 h. 58 soir.
— Courses plates à Oster.de (Belgique) ;
courses au Tréport (trot monté, plat et
obstacles).
Maujaniana ".-i:-
Il inaugurait une mairie. Radieux, le
jMaire lui présente successivement, sa
femme Rose sa fille Marguerite, et .son
fils Narcisse. -,
Alors Adolphe très spirituel :
i— « Ah 1 très bien. très bien. je
vois que vous avez fait de votre petite
famille june vraie plate-bande 1 »
Beauté idéale.
.Hq"l,, rnur 1", 'r¡wt fit '"-
idéale ?
Prenez : ,
Les cheveux des femmes du Gange ;
Le nez des Grecques ;
La bouche des Anglaises ;
Le teint des Allemandes ;
La taille des Géorgiennes ;
Les pieds des Chinoises :
Les dents des Ethiopiennes *
Les bras des Belges ;
Les jambes des Italiennes ; 1
Les yeux des Espagnoles ;
La grâce des Françaises.
AUTREFOIS
Le Rappel du 25 août 1872; — L'ex-secré-
taire particulier de Louis-Philippe M. de
Flamoy, meurt à Paris à l'âge de soixante-
treize ans.
Le Conseil municipal de Paris justement
ému des arrestations qui viennent d'avoir
lieu dans la capitale, va faire auprès du
gouvernement de nouvelles démarches pour
obtenir au sujet de ces rigueurs que rien
ne justifie, les explications que réclame l'o-
pinion publique.
La Gazette des Tribunaux affirme que la
police continue à rechercher les communa-
utés ainsi que les armes cachées dans les
quartiers populeux.
D'après le Times, M. Thiers songerait à
déposer un projet de loi établissant deux
Chambres, dont une Chambre supérieure.
Le gouvernement se réserverait, en outre,
le droit de dissoudre la Chambre des dé-
putés avec l'assentiment de la Chambre su-
périeure. M. Thiers serait enclin à laisser
aux députés actuels le soin de déterminer
le mode de formation de celle deuxième
Chambre.
On annonce que le paquebot Panama,
parti le 20 courant de Saint-Nazaire) a fait
naufrage devant Santander.
La cure des mouchards.
Le prince Mestcherski raconte dans
le Grajdaninc la savoureuse anecdote
que voici :
Un haut personnage gouvernemental
se trouve actuellement aux eaux à l'é-
tranger. Deux inspecteurs russes le sui-
vent toujours à quelque distance. Le
matin pour se donner l'apparence de
malades, ils vont à la source. Mais com-
me l'eau qu'ils prennent a un effet pur-
gatif violent, ils prennent avant de
boire un fort constipant afin de pouvoir
demeurer à leur poste.
Joli mot d'un pape.
Le pape Grégoire XVI se trouvait à
une fenêtre du Vatican avec un de ses
cardinaux. -
La princesse X. vint à passer, rayon-
nante de beauté ; le cardinal fit remar-
quer à Sa Sainteté la belle croix d'or
qui brillait au soleil sur la gorge demi-
nue de la dame.
— E piu bello il calvario che la croce
répondit le Saint-Père en souriant.
(Le calvaire est plus beau que la
croix •!)
NOTRE MAL
M. Buisson lance un véritable manifeste
aux instituteurs, pour Jes engager à redou-
bler d'efforts pour arriver à (réduire le
nombre des illettrés. •
La France est le pays qui compte le plus
de pongecits illettrée NOJlt tllO là uû JS-
00Td qu'il convient de faire disparaître par
tous les moyens possibles.
Les Jetteurs qui nous font l'honneur de
nous suivre doivent se rappeler que nous
avons signalé, plusieurs fois, la triste situa-
tion relevée par l'honorable M. Buisson.
Depuis plus de six ema, nous ne cessons de
réclamer-fa suppression des -commissions
scolaires et leur remplacement par le juge
de paix et l'inspecteur primaire. Nous avons,
toujours affirmé que l'instruction « n'a ja-
mais été obligatoire » en France.
Les lamentables chiffres avancés par M.
Buisson nous donnent malheureusement
raison.
L'institution des commissions scolaires a
vécu. EUe aiait faillite. Elle est incapable
d'assurer l'obligation de l'instruction. Les
commissions scolaires sont composées de
[conseillers municipaux qui ne tiennent nul-
lement à se brouiller avec leuns électeurs
en requérant l'application d'une loi. La plu-
part des maires ruraux se trouvent égale-
ment dans le même cas. C'est à qui se dé-
,chargera d'une mission qui pouvait attirer
des ennuis, créer des inimitiés et compro-
mettre un mandat électoral
A cause de ces considérations, les com-
missions scolaires ne fonctionnaient ja-
mais. ou leurs membres fermaient les yeux
sur tous Jes accrocs à la loi*
Le rSsùltût de tout cela ?
Relisez la statistique de M. Buisson et
vous aurez la réponse.
En dehors de l'Espagne et de l'Italie,
nous sommes le pays qni- possède le plus
d'illettrés !
Après trente-cinq ans d'existence, la loi
sur l'instruction gratuite et obligatoire
aboutit à cet échec pitoyable. Les enfants
vont à l'école quand cela plait à leurs pa-
rents, et l commissions scolaires n'exis-
tent que sur le papier !
n est temps de remédier à ce mal ef-
frayant. -
On a déposé un projet de loi pour confier
à rmëpêcteur primaire le droit de requérir
l'application de la loi. Ce projet doit être
voté. Il Convient d'y ajouter des pénalités
sévères pour mettre un terme à une situa-
tion humiliante et indigne d'une nation ré-
publicaine.
Il faut supprimer les commissions sco-
laires qui n'ont pas répondu aux espéran-
ces de la démocratie. Il faut soustraire
l'instruction (1 obligatoire » aux influences
de clocher et aux oonsiératioIlfl électora-
les. Il est indispensable. d'autre part, de
décharger l'instituteur de la mission qui in-
combe, encore aujourd'hui, aux commis-
sions scolaires. Il ne s'agit pas de conver-
tir l'instituteur en bouc émissaire et de lui
faire supporter toutes les rancunes des pa-
rents négligents. La tâche de réprimer et
de signaler les infractions à la loi doit in-
coniber gxnUM^iMRM' à ^inspecteur pri.
maire et au. juge de paix. L instituteur doit
être mis hors de cause. C'est à cette condi-
tion seulement qu'on assurera l'applica-
tion stricte, siilcère et efficace d'une loi si
audacieusement violée jusqu'à ce jour. -
J. C.
CARNET DU LIBRE PENSEUR
Les - modernistes -
au congrès de Dusseldorf
Les gens qui sont de bonne foi et qui
aiment par-dessus tout la. vérilè ne acnt fa-
mais des roublards.
Les (t modernistes » contre lesquels le
Vatican ne cesse de f ulminer, viennent d'en
donner la preuve.
Un ccngrès catholique a eu lieu ces jours
derniers à Dusseldorf.
Conàamnés, comme on le sait, par la
fameuse encyclique P&cCTldi Dominici gre-
gis, les modernistes pensèrent que l'occa-
sion était peul-étre favorable pour intro-
duire au sein de ce congrès une discussion
sur « les moyens de fortifier la loi catho-
lique parmi les classes instruites de la na-
tion allemande. » Ils s'étaient, à cet effet,
réunis pour une commtmc entente.
Mais ils avaient compté sans l'intransi-
geant cardinal Fischer, archevêque de Co-
logne, lequel veillait au grain et mit à pro-
fit le pélerinage des congressistes à Kai-
serswerth, pour couper au-devant du pro-
jet en condamnant brutalement le moder-
nisme.
« L'heure est passée, a-t-il dit, des con-
cessions inspirées par la faiblesse et la ton-
ganimité, des pactes avec l'esprit du siècle.
Nous devon-s maintenir la foi dans toute
son intégralité. Si les classes instruites de
la nation veulent maintenir et développer
en elles la Ici catholique, point n'est besoin
d'en aller chercher bien loin les moyens ;
qu'elles lisent les livres pieux, et notam-
ment le catéchisme ! »
Les modernistes, se sentant battue d'a-'
vance par une majorité obéissant dociic-
ment à la voix de ce prélat, se sont tu.
C'était le meilleur parti qu'ils avaient à
prendre.
Mais aussi, qu'allaient-ils laire dans cette
galère ?
Discuter avec des fanatiques qui rêvent
de ramener l'humanité aux enseignements
religieux du moyen-dge, de parquer la foi
dans le domaine de l'ignorance et des ténè-
bres, d'assigner pour limite à l'esprit hu-
main le credo quia absurdum de l'Eglise
catholique ? C'était perdre inutilement
leur temps et leurs efforts.
Les modernistes l'ont compris, et ils ont
laissé les congressistes voter tout à leur
aise une motion par laquelle le congrès ca-
tholique allemand, à l'occasin du jubilé sa-
cerdotal de Pie X, a rejeté solennellement
« les erreurs condamnées par l'encyclique
Pascendi », réclamé pour la papauté « une
pleine et entière indépendance», et pris l'en-
gagement de « laire acquitter par les catho-
liques allemands une contribution supplé-
mentaire à l'occasion du jubilé ».
Les modernistes savent maintenant que
ce n'est pas sur le terrain des congrès ca-
tholiques qu'ils doivent porter leurs discus-
sions.
Mais qu'ils ne se découragent pas pour
cela. Car si FEglise ne compte que sur la
lecture des livres pieux par tes classes ins-
r truites pour « maintenir la loi dans toute
son intégralité », on peut d'avance lui pré-,
dire que ce moyen sera sans effet.
Vouloir ramener les hommes aux ensei-
gnements du catéchisme est une conception
vraiment enfantine et qui prouve bien que
ça de mourir de sénilité.
Pi ffé, y-
EN VACANCES -, ,
Colonies et voyages scolaires
VILLÉGIATURES D'ADULTES EN COOPÉRATION
l (De notre envoyé spécial)
1 Châtulon-aur-Seme, le 21 août 1908.
La caisse des écoles du X. arrondisse-
ment de Paris possède, à Châtïllon-sur-
j Seine, une propriété où elle dirige des
i colonies scolaires de 50 élèves de ses
écoles primaires, garçons et filles, en
alternant, depuis la dernière quinzaine
1 d'avril jusqu'à la rentrée des classes.
Huit à dix groupes se succèdent. Le
séjour de chaque colonie est de 20 jours
environ.. Entre deux séjours, les locaux
; restent libres 3 jours.
Comme bien on pense, nous avons
voulu voir de près cette organisation.
Nous sommes arrivé à Châtillon-sUJ"-'
Seine à 5 heures du matin, par une fraî-
cheur qui n'avait rien du mois d'août.
Ne pouvant songer à notre visite avant
8 heures, nous avons parcouru la ville
qui nous a laissé une impression étran-
ge : des rues tortueuses ; des places et
des parcs immenses, plantés de grands
arbres ; des maisons à grandes façades,
avec des fenêtres larges et hautes com-
me des portes-cochères ; les rues dé-
sertes. le silence, le calme complet ; vil-
le bourgeoise par excellence.
Nous nous présentons à la colonie si-
tuée sur un monticule, à l'extrémité de
lia ville. Un groupe de filles est.parti de
la veille. Une colonie de garçons arrive
le lendemain. L'établissement est vide,
nous le verrons rapidement et mieux.
Voici, après le vestibule, une belle cour;
à droite des bâtiments neufs, à gauche
'un beau jardin potager. De la cuisine,
nous passons à l'office, à la salle de
bains et douches, au réfectoire, aux dor-
toirs de 25 lits, (il y en a deux), au préau
couvert. Tout est propre, luisant, bril-
lant. Les parquets cirés des dortoirs sont
des glaces. Tous les locaux sont vastes
et très hauts de plafond. C'est une de-
meure. plus que bourgeoise. Sûrement,
les enfants du peuple passent là 20 bon-
nes et réconfortantes journées. Derrière
l'enceinte se trouve encore un beau parc,
planté de grands arbres, orné de su-
perbes corbeilles ae fleurs. L'établisse-
ment reçoit chaque année plus de 40f
élèves des deux sexes, choisis par un co*
mité médical, parmi ceux qui ont le plus
besoin de cure d'air et de suralimenta*
tion. Pas de travail, des jeux et des proc
menades au grand air ; les bois, les jo;..-
lies routes, les bons coins ne manquent
pas dans les environs.
Nous ne pouvons que féliciter chaude-
ment les administrateurs de la caisse des
écoles du X. arrondissement, d'avoir si
bien fait les choses pour les enfants dw
peuple. Nous ajouterons que l'établisse
ment, inauguré en 1900, fonctionne r6<
gulièrement depuis cette époque.
En nous dirigeant vers les plages de
l'Océan, où nous savons trouver des co'
lonies scolaires de Paris et de Bordeaux,,
nous passons à Châteauneuf-en-Thime-
ray. C'est encore l'œuvre des colonies
scolaires de vacances, 6, rue de Lou-
vois, qui a dirigé vers ces parages, un
groupe de 30 fillettes de Paris et Vin<
cennes. Nous arrivons à 10 heures dans
l'établissement de Madame Guérin. Ma.
dame Paubet, directrice d'école à Gen-
tilly, nous reçoit et nous fait visiter les.,
locaux ; de jolis dortoir, un réfectoire
bien installé «à les fillettes font, au mo-
ment où nous arrivons, leur petite cor- T
respondance, sous la surveillance d'une
maitresse ; un grand jardin planté d'ar- :
bres fruitiers, un potager, des - potùS,
et des poussins.
Les enfants son tranquilles ; elles PW
raissent heureuses de se laisser vivre.Le
milieu s'y prête. Châteauneuf est und
jolie ville saine et propre, aux confina
de la grande Beauce. Elle a le talent de
posséder une ceinture de bosquets char-
mants. C'est un coin parfaitement choh
si pour le repos et la cure d'air.
• Et combien n'y en a-t-il pas, de ces
bons coins non utilisés, ignorés parce,
que pas cherchés I Et combien de dé.
vouements modestes et désintéressés
nous découvrons, dans le cours de nos
visites ! Nous en reparlerons. ?
P. Courrèges.
r LA GUERRE AU MAROC
M î a tt't M p) A 717
La Itliilî l'AMJJaî «Élit
Abd el Aziz est arrivé à Sette
Oranais. — La défaite
Une dépêche du gépéral d'Amade, datét
de Casablanca, 21 août, 7 h. 40 du soir, in-
dique que le commandant d'armes de Set.
tat fait connaître que le grand-vizir est ar.
rivé à 5 heures du soir, le 21, à Settat, el
aue le sultan devait arriver dans cette ville
le lendemain matin.
Le calme règne dans la Chaouia.
L'Agence Havas communique la note
suivante :
Contrairement à-des intannaUonsde
source étrangère., il résulte d'un télégram-
me officiel, reçu par le gouvernement, que
la mission militaire française est arrivée le
21 à Settat.
Cette mission, qui existe au Maroc depuis
1878. a été instituée sur la demande du sul-
tan Moulay el Hassan, pour créer un cadre
d'instructeurs militaires.
Elle était tenue par son contrât d'accom.
pagner le sultan, mais elle avait reçu du
gouvernement par télégramme du 15 juin
dernier l'ordre « de ne pas faire campagne
avec les troupes qu'elle avait été chargée
d'instruire. »
Elle se trouvait, en somme, vis-à-vis du
sultan, dans la même situation que les au-
tres missions étrangères existant au Maroc.
Après la défaite
L'arrivée du sultan à Settat
Tanger, 23 août.
Abd el Aziz, accompagné d'El Mokri et de
Ben Sliman, est arrivé à Settat avec le ma-
rabout Bou Djab. Il ira ensuite à Casa-
blanca.
Il aurait exprimé l'intention de se rendre
en Syrie, à Damas, refusant d'aller dans un
pays islamique soumis à l'influence euro-
péenne. Il attendrait quelque temps les évé-
nements et profiterait des circonstances
oui pourraient se produire pour revenir au
Maroc.
Arzila est assiégé par le caïd Erremiki.
.Tanger (source anglaise), 23 août.
On confirme la défaite d'Abd el Aiiz ; on
ignore où se trouve le sultan. La mehalia
a été attaquée pendant la nuit ; elle a subi
de grosses pertes ; il paraîtrait que la plu-
part des hommes passèrent du côte de l'en-
nemi. dès le début de la fusillade ; le seul
contingent loyal fut celui des Cliaouias qui
combattirent désespérément:
Tanger (source anglaise), 23 août.
On annonce que le sultan est arrivé à
Settat avec la mission militaire française et
deux Anglais ; mais, suivant des renseigne-
ments d'autres sources, il manquerait des
Anglais et quelques officiers français ; on
n'a pas de détails précis.
Les bafidistes sont dans la joie et disent
crue ta proclamation de Moulay Hafid n'esl
plus qu'une question de quelques jours.
Médecin et instructeur échappés
Tanger, 23 août (source anglaise).
Des lettres de Casablanca annoncent que
le docteur. Verdoni -M4*" dAbd el Aziz,
— La situation dans le Sud
du sultan et la presse.
et l'instructeur ce la cavalerie Baiding, se
sont échappés sains et saufs.
Télégramme officiel
Un télégramme du général d'Amade daté
de Casablanca, 22 août, 7 h. 30 soir, tait
savoir que le sultan, le maghzen et la mis-
sion française sont arrivés à Settat.
Une partie de la mehalia dispersée par
la panique se transporte sur la même ré-
gion. Certaines tribus extérieures à la fuite
ont commis sur celle-ci quelques actes de.
pHIe.
Le général d'Amade a chargé le colonel
Moinier de prendre les mesures nécessai-
res pour maintenir l'ordre dans la Chaouia
et pour essayer d'obtenir par des moyens
pacifiques la restitution des objets volés.
Le général d'Amade ajoute-que le sultan
Abd el Aziz a déployé au cours du combat
une bravoure personnelle très grande,maia
son exemple ne pouvait donner de grande
résultats au milieu de la masse sans co-
hésion, sans organisation et presque Sanf
armes qui constituait sa mehalia.
Dans le Sud-Oranais
En attendant l'attaque
Beni Ounif, 23 août
Suivant des renseignements puisés au-
près des notables de l'oasis de Figuig, où
l populations sont calmes et où la formas
tion d'une nouvelle harka est vivement
commentée, le chef suprême de la harka
en formation est encore Moulay Sebbai, or-
ganisateur -de la harka d'avril dernier.
Les Figuiguiens disent que lorsque toua'
les contingents, ennemis seront rassemblés,
les effectifs marocains ne seront pas infé-
rieurs à 20.000 hommes.
D'après les mêmes renseignements, les
Chorfas du Tafilalet ne voulaient pas de
cette nouvelle harka. qui, disaient-ils aveu
raison, va amener les Français chez nous.,
Aussi. Sebbai dut-il organiser une sorte de.
souscription nationale pour équiper et payer
des volontaires. Tout individu ne donnant.
pas quelque chose était insulté. Les 365T
ksours du Tafilalet ont pu, de la sorte, or-
ganiser une pareille troupe et disposer.
d'une somme qui ne serait pas inférieure &!'
2 millions. Les dons en nature, blé, orge
dattes, animaux, étaient acceptés. On avait
divisé le Tafilalet en circonscriptions. Dans.
chacune d'elles, un marabout prêchait, un
autre recevait les dons. La date de la mis&.,
en marche dé la harka n'est pas connue,
mais on estime qu'elle coïncidera avec 1er
commencement du mois arabe d'Aiens,
c'est-à-dire du 25 au 30 courant ou avec la:<
nouvelle lune. Quelques cavaliers auraient
été aperçus, rôdant autour de Bou Denib.,
mais ils se sont retirés.
L'avant-garde de la harka se trouve an-
tour d'une sorte de petit fortin, à 7 ou ét
kilomètres de Bou Denib ; elle comprend,
500 fantassins et 300 cavaliers, dont quel-j
ques-uns ont guerroyé dans la Chaouia.
A Bgni Ounifa les troupes CQtftinuenfc à 9m
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