Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-20
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 20 août 1908 20 août 1908
Description : 1908/08/20 (N14041). 1908/08/20 (N14041).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
H* 1404Î.—-S Practidop An 116 C95NTtM]6S LE IWIHERO
Jeudi 20 Août 1008. — XI* 1404 1. -
I |p E OîV^iî fi
ANffONCE9
AUX BUREAUX DU joulmAL
fi, roe 411 Mail, PariI.
fit chez JIlL LiAClSAUGE, CERF et O*
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TRIBUNE LIBRE
NOTRE MARINE
Les accidents récents qui
se sont produits sur la Cou-
ronne et le Suffren appellent
à nouveau l'attention sur
notre marine. La série noire
continue et l'on se demande
- - - - '-::._-
avec inquiétude si eue ne ni yao IJIU-
tôt close.
Le Parlement n'a jamais marchandé
les crédits, toutes les fois qu'il s'est
agi de défense nationale. Les sacrifices
qui lui ont été demandés lui ont quel-
quefois paru lourds ; il n'a pas hésité,
cependant, à les imposer au pays dans
un sentiment de patriotisme que tout
je monde comprendra.
Plus d'une fois, les programmes qui
lui étaient soumis lui ont semblé devoir
comporter d'importantes modification
et des observations dans ce sens ont été
présentées. Lorsque le ministre en re-
connaissait le bien fondé, les modifica-
tions étaient faites, mais si le gouver-
nement persistait à défendre son pro-
jet, jamais les Chambres n'ont voulu
lui imposer les changements qui cepen-
dant apparaissaient à beaucoup comme
nécessaires.
Elles voulaient, en agissant ainsi,
laisser à ceux qui, au point de vue
technique, sont spécialement qualifiés,
leur entière liberté.
Bien leur en a pris. Si, en effet, elles
avaient voulu discuter sur les types des
différents bâtiments, les - conditions de
l'armement et de la défense, et si, sur-
tout, elles avaient voulu imposer leur
manière de voir, on ne manquerait pas,
aujourd'hui, de les accuser de toutes
lès catastrophes qui se produisent.
C'est le Parlement, au contraire, qui
a le droit de demander des comptes au
gouvernement. On a donné à celui-ci
les crédits qu'il demandait, on l'a lais-
sé libre d'établir les plans, d'organiser
le service au mieux de ce qu'il croirait
devoir être l'intérêt du pays. C'est à lui
de nous dire aujourd'hui par suite de
quels événements, de quelle malchance
ou de quelles incapacités les accidents
que nous déplorons tous ont pu se pro-
duire.
Loin de moi la pensée d'accuser le
ministre de la marine. Ce n'est pas lui
qui fait le plan des bâtiments ; il n'est
pas davantage chargé de les construire
ou de les commander lorsqu'ils. sont en
service. Mais il lui appartient, comme
chef de la marine, responsable devant
le Parlement, de rechercher les respon-
sabilités des agents placés sous ses or-
dres.
C'est à lui que ceux-là doivent des
comptes. C'est à lui qu'il appartient de
leur en demander.
Il faut que la lumière se fasse et s?
fasse complète sur ces tristes événe-
ments qui ne -peuvent être dus au ha-
sard. -
Il y a quelques années, sous le mi-
nistère Combes, les réactionnaires, les
progressistes et les dissidents curent tôt
fait de trouver la cause des accidents
qui se produisaient. A les entendre, le
seul coupable était le ministre de la
marine d'alors, Camille Pelletan. C'é-
tait lui l'auteur de tout le mal ; il avait
juré la destruction de notre marine et
tant qu'il demeurerait rue Royale, nous
pouvions nous attendre aux pireg ca-
tastrophes. ,-
Pelletan, depuis plusieurs années dé-
jà, n'est plus ministre de la marine,
et, loin de diminuer, les accidents sont
plus fréquents que de son temps.
La vérité, c'est que M. Thomson au-
jourd'hui, pas plus que Pelletan hier,
ne peuvent être tenus pour responsa-
bles de ce qui se produit. Ces accidents
répétés tiennent à des causes qui sont
beaucoup plus profondes que la pré-
sence de tel ou tel homme à la tête de
notre marine.
Ce sont ces causes qu'il faut recher-
cher. dénouer et faire disparaître. Le
mal ne date pas d'aujourd'hui. Il n'est
même pas d'hier. Déjà, en 1893 et i894,
des faits analogues à ceux dont nous
sommes les témoins émus et attristés
s'étaient produits. Une campagne de
presse fut organisée, à la tête de la-
quelle se trouvait M. Clemenceau, qui
demandait le plus sérieusement du mon-
de à nos amiraux si c'était pour les
faire sauter ou les couler que la France
leur confiait ses bâtiments.
Nous nous garderons de poser la mê-
me question: Mais nous pensons que
gouvernement et Parlement ont le de-
voir de faire une enquête impartiale et
d'en faire connaître les résultats au
pays. faire connaître le s: résu~lfats au
Au lendemain de la catastrophe de
rJna, la Chambre et le Sénat nommè-
rent des commissions d'enquête. Ces
commissions se rendirent à Toulon, in-
terrogèrent longuement tous ceux qui i
pouvaient les éclairer. Une discussion-
eut lieu au Sénat, de laquelle il ne sor-
tit absolument rien. Quant à la Cham-
bre, elle se garda bien de faire quoi
que ce fût. Le rapporteur de sa com-
mission était, en effet, M. Delcassé, qui
ne passe pas précisément pour être des
amis du gouvernement.
-,. Cela seul - a suffi pour empêcher toute
discussion. Le gouvernement s'est bien
gardé de la faire naître et sa majorité
fidèle, qui écarte avec un soin jaloux
tous les obstacles de sa route, n'a de-
mandé aucune explication.
Il fut une époque — M. Clemenceau
l'a connue — où l'on renversait les mi-
nistères à propos de tQut et à propos
de rien. Les temps sont bien changés.
La passion ministérielle est telle au-
jourd'hui que l'on ne demande même
plus de comptes aux ministres, dès que
l'on pense que la discussion pourrait
les placer en fâcheuse position.
Il viendra cependant un moment où
le pays demandera des comptes aux dé-
putés. C'est le pays, il ne faut pas l'ou-
blier, qui supporte les impôts avec les-
quels sont payés les bâtiments de notre
marine. IL a -le droit de savoir pourquoi
ces bâtiments sautent ou coulent. Il a
surtout le droit d'exiger que l'on pren-
ne les précautions et les mesures pro-
pres à éviter, dans l'avenir, le retour
d'accidents aussi douloureux que ceux
qui se succèdent régulièrement depuis
quinze ans.
Alfred MASSE,
Député de la Nièvre.
LA POLITIQUE
AU MAROC
Au moment même où l'In-
do-Chine exige que le gouver-
nement et le pays tout entier
lui consacrent une attention
exclusive, le Maroc menace
encore de nous créer des in-
quiétudes nouvelles.
Les autorités militaires prévoient,
sans les redouter, affirme-t-on, de nou-
velles attaques du côté de Bôu-Denib,
c'est-à-dire sur le territoire frontière de
l'Algérie occupé par nos colonnes dans
lé sud-marocain.
Ainsi donc le Tafilet 'demeure, ce
qu'il fut toujours, une vaste réserve de
populations décidées à défendre leur in-
dépendance. Il ne semble pas que l'a-
vantage que procurerait la soumissior
des oasis de cette région mérite les sa-
crifices d'une guerre périlleuse à travers
des déserts de pierres et de sables inon-
dés de lumière ardente.
Dans le reste au Maroc, tout devrait
décider le gouvernement à précipiter
l'évacuation. Nul résultat décisif n'est à
prévoir dans un laps de temps assez
court. Le sultan Moulay IIafid semble
avoir épuisé toute son énergie dans la
campagne qui de Marrakech l'a conduit
à Fez,
Le sultan Abd el Aziz, après l'échec
lamentable de ses tentatives pour re-
prendre Fez s'est trouvé mal assuré dans
Rabàt et a pris la direction de Marra-
kech le long d'une route où 1' « amitié »
du général d'Amade lui est une sauve-
garda
En admettant l'hypothèse de son en-
trée à Marrakech, le problème de l'unité
du gouvernement marocain ne sera pas
résolu.
Abd el Aziz n'a pas su marcher con-
tre la force principale de l'ennemi et la
détruire; il se retire loin des camps de
son adversaire. De quelque nom que l'on
décore sa retraite vers le Sud, cet éloi-
gnement systématique, pour se mettre à
l'abri des coups de Moulay Haficl n'est
point une marche triomphale.
Et comme ce dernier lui-même pour-
rait « manquer » son frère en le cher-
chant à Marrakech, cette partie semble-
rait durer longtemps.
Pendant ce temps chez nous, comme
au jeu de billard, les frais courent.
, LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
siiiioiud'hul mercredi
Lever du soleil à 4 h. 59, couiher à 7 heu-
res 07.
— Courses à Deauviller
,
Maujaniana. <
Il aborde l'autre soitMm de nos plus
jeunes députés, et d'un ton de répro-
che : « Ah f mon cher ami, vous n'êtes
vraiment pas gentil. Vous ne me ména-
gez pas les sarcasmes.
— « Comment cela ?
— (4 Parfaitement 1 Ainsi, je sais de
source certaine que tout récemment,
dans une maison où l'on avait la bonté
de me trouver de l'esprit vous avez
profèsté en termes,» ., ..-- -
— « Oh 1 pardon, pardon. tout cela
n'est que potihs 1 Et d'abord, permet-
tez, je n'ai jamais entendu dire nulle
part que vous aviez de l'esprit.
Un mot de Voltaire.
Vaucanson s'était trouvé l'objet prin-
cipal des attentions d'un piince étran-
ger, quoique Voltaire fût présent. Em-
barrassé de ce que ce prince n'avait
point parlé à Voltaire, il s'approcha
de ce dernier et lui dit à l'oreille :
« Le prince vient de me dire telle
chose (un compliment - très flatteur
pour Voltaire). » Celui-ci, devinant la
ruse délicate et polie de Vaucanson lui
répondit : « Je reconnais tout votre
talent dans la manière dont vous faites
parler les princes. »
, AUTREFOIS
Rappel du 20 août 1872.- A propos de
l'entrevue des trois empereurs, M. Thiers
aurait dit : « Si l'entrevue s'était passée
entre deux empereurs (Allemagne, Autri-
che), on ne sait pas ce qtti serait arrivé ;
mais le tsar a voulu en faire partie, et sa
présence est une garantie de la paix. »
Le concours annuel de tir au pistolet ins-
titué par M. Gastine-Reinette a pris fin
hier. Voici les résultats pour le tir au
commandement : Premier prix, G. Bibes-
co, 40 points ; 2e prix, Ferrand, 39 points ;
311 prix, Casimir-Périer, 38 points ; 4* prix,
Arthur Périer, 35 points ; 5e prix, Hemlin-
ger, 34 points.
Deux Allemands habitant Paris depuis
de longues années font un procès au cer-
cle dont ils faisaient partie avant la guer-
re, parce que le commissaire du cercle les
a avertis de ne point venir retirer leurs
cartes, attendu que le caissier avait l'ordre
de refuser leurs cotisations. Ils se sont mis
en tête d'être quand même du cercle qui
ne veut plus d'eux. L'affaire est pendante
devant le tribunal de la Seine. -
Ramoneurs.
Les mots ramoneur; ramoner, vien-
nent de ramon qui en patois picard si-
gnifiait un balai.
On retrouve cette expression de « ra-
mon » dans des vers de Charles de Bo-
velle, chanoine de Noyon :
Trois choses sont en un ramon
Bien ordonnées par raison :
Le hart, le manche et le menu ■;
Par ces trois, l'homme est maintenu.
Argument sans réplique.
Les musiciens d'une troupe en tour-
née dans une petite ville de province
étaient en procès avec leur directeur.
Celui-ci refusait de les payer sous le
prétexte qu'ils ne savaient pas jouer.
On s'en fut en référé. Tous les musi-
ciens s'y trouvèrent, et au moment où
le directeur exposait ses griefs au Pré-
sident du Tribunal, ils se mirent tous
à jouer avec un ensemble remarquable.
Le Président condamna sur-ie-champ
le directeur à les payer, et lit appeler
une autre cause moins bruyante.
Le claquement du fouet.
La vieille princesse de Conti avait
la bassesse de * se faire la complaisante
de Mme de Mailly, et ne rougissait pa
de conduire l'intrigue de cette célèbre
favorite de Louis XV. « C'est, répondit
la reine à une de ses dames du palais,
qui lui rendait obligeamment compte
des détails, c'est qu'un vieux coetit
aime encore à entendre claquer le
fouet. » -
Exposition de Londres.
Malgré l'entente cordiale, nos excel-
lents amis les Anglais ne pourront ja-
mais nous prendre au sérieux.
L'autre soir, à l'Exposition de Lon-
dres, un dîner très élégant réunissait
autour d'une table fleurie quelques jo-
lies femmes escortées d'aimables u gen-
tlemen w.
Au dessert, gravement, lord B. dit :
« Je bois aux jolies femmes des deux
hémisphères. » -
— Et moi, répondit un 'de nos spiri-
tuels confrères, je bois aux deux hé-
misphères des jolies femmes ! »
L 40
LES ILLETTRES
Le nombre ctës illettrés augmente, pawH-
il. dans des proportions inquiétantes. La
plupart des journaux constatent le fait et
Je déplorent. Tous sont unanimes à récla-
mer des mesures urgentes propres à en-
rayer un mal qui, s'il était négligé, pour-
rait devenir excessivement dangereux.
Quelques esprits pratiques proposent des
remèdes. Le gouvernement a Je devoir de
les examiner et d'appliquer ceux qui lui
paraîtront le plus efficaces.
Me scra-t-il permis d'exprimer, à mon
tour, mon sentiment sur la meilleure façon
de réduire le chiffre des illettrés ? Inutile
de demander au législateur d'intervenir.
Les armes existantes sont suffisantes ; il
s'agit de les appliquer et actuellement eiles
ne le son! pas, ou du moins le sont mal.
Dans beaucoup de localités, la belle loi du
8 mars 1882, qui proclame l'obligation
scolaire et institue les commissions scolai-
res communales, est restée à l'état de
lettre morte. On n'en tient aucun compte,
aussi bien du côté administration que du
côté parents.
Je sais bien que l'instituteur tient un
registre d'appel sur lequel il constate,
classe par classe, les présences et les ab-
sences des élèves d'âge scolaire et qu'il
adresse à la fin de chaque mois;un re-
levé de ces annotations à son inspecteur.
Mais c'est tout. Aucune sanction rfc s'en
suit contre les délinquants. Les parents,
responsables, ne sont nullement inquiétés.
IFfe auraient bien tort de se gêner. Aussi
ne se genent -ils pas. Au moindre prétexte.
ils retiennent leurs enfants à la maison.
A.yjoi'i.rd'Mj, PQUC lçs travaux des ehâmps:
demain, pour un voyage, une fête de fa-
mille, une légère indisposition, le mau-
vais temps ; le plus souvent parce qu'il
Clalt - M, le curé d'appelejr le bambin à
l'église pour son instruction religieuse.
Combien d'écoles, surtout dans les campa-
gnes de certains départements arriérés,
ont ainsi une fréquentation des plus irré-
gulières I Dans combien toute fréquenta-
tion cesse dès les premiers jours du prin-
temps pour ne reprendre qu'à l'apparition
des neiges d'automne !
Et tout le monde ferme les yeux sur
ces illégalités. Les Commissions scolai-
res ? Elles ne se réunissent jamais. Elles
ignorent souvent leur existence ! Les de-
légués cantonaux ? La plupart ne mettent
jamais les pieds dans une école, ne con-
naissent pas le premier mot de leurs attri-
butions.. Une seule chose les :préo'èCU,pe :
les palmes académiques. L'admmistra-
tion ? Eile ferme les yeux.
Ne nous étonnons donc pas qu'ajprès
avoir édité des lois excellentes, couvert le
pays d'écoles; donné aux maîtres une édu-
cation de plus en plus solide et appropriée
aux besoins du siècle, qu'après tant de sa-
crifices destinés à chasser l'igoorance des
obscurs hameaux, à obtenir qu'il n'y ait
plus en France un seul Français ne sa-
chant lire et écrire, les illettrés y soient
si nombreux et que leur nombre aille en
augmentant 1
Quant au remède, il est tout indiqué.
Qu'on applique rigoureusement la loi sur
l'obligation scolaire. Cela fera crier au dé-
but. Il s'en suivra quelque désagrément
aussi bien pour ceux qui sont chargés de
cette application que pour ceux qui la su-
bissent. Qu'importe ! L'avenir et le prestige
de la France avant tout.
F. Di-H.
♦
En Russie, le catholicisme
fait des progrès
Le-pape est dans la jubilationv depuis
ciue les statistiques lui ont appris'que la
religi-on catholique, fait des progrès énor-
mes en Russie ; car il parait que le catho-
licisme a, progressé avec une rapidité sur-
prenante dans l'empire du tsar depuis l'édit
de tolérance religieuse du 30 octobre 1905.
Les journaux rapportent que les efforts
faits par les popes russes pour empêcher
ce qu'ils appellent, avec raison, des perver-
sions. non des conversions, sont demeurés
sans résultat.
Dans le seul gouvernement de Vilna,
30.000 orthodoxes se sont convertis, et
beaucoup de cures ont été fermées. Dans
les gouvernements de-Siedlice et de Linbli-
ne et dans le diocèse de Cholm, 200,000 or-
thodoxes sont également passés du côté
de la religion catholique.
Bref, en tout, 1,700 popes orthodoxes ont
perdu leur emploi par suite de la défection
en masse de leurs paroissiens.
Les popes qui ont ainsi perdu leur trou-
peau sont dans la même sit'uation que quel-
crues-uns de nos curés de France qui ont
vu leurs églises à peu près complètement
désertées depuis la loi de Séparation.
Il convient toutefois de remarquer — 'ce
aui diminue singulièrement la- portée du
mouvement — que ces conversions ont tou-
tes eu lieu dans-d'anciens gouvernements
Bolonais où les ascendants des nouveaux
convertis avaient dû eux-mêmes entrer
dans la confession orthodoxe pour pouvoir
vivre et continuer l'exercice de leur profes-
sion.
Ce n'est, en somme, qu'un retour au ber-
cail d'anciennes brebis qui avaient dû se
détacher du troupeau catholique.
N'empêche que le Saint-Père est heureux
comme personne de ce mouvement qui, tout
en compensant les pertes dont le nombre
s'accroît chaque jour en France, lui per-
met de pouvoir causer plus librement avec
son compère en comédie religieuse le tsar,
lequel pourrait bien, quelque jour, se mor-
dre les doigts d'avoir laissé pénétrer chez
lui les jésuites, qui sont les actifs propaga-
teurs du mouvement en question. — P. G.
-
LA LÉGENDE
Il existe une catégorie de personnes qui
paraissent avoir la spécialité de parler de
choses qu'elles ne connaissent, pas.
A propos de la nomination de M. Jean
Lanes à la trésorerie générale de Versail-
les, beaucoup de journaux' réactionnaires
ont annoncé carrément à' leurs lecteurs
qu'on venait de doter le gendre de M. le
président de la République d'un emploi va.
lant plus de 150.000 francs !
On voit d'ici les conclusions que tirent
de ce fait des- monarchistes qui oublient
du coup qu'ils sont les partisans d'un ré-
gime à sinécures.
g Malheureusement pour ces bons apôtres,
leur feu d'artifice rate complètement.
Les trésoriers généraux sont les victimes
d'une véritable légende. On voit toujours
en eux les fermiers généraux de la mo-
narchie et on leur prête des émoluments
fantastiques dont les 150.000 francs de M.
Lanes sont un specimen.
Eh bien ! sait-on combien vaut la tréso-
rerie générale de Versailles, déduction faite
des frais de régie ? (loyer des bureaux,
frais de service, traitements des employés).
Nous avons *eu la curiosité de le recher-
cher dans un annuaire des finances et
nous avons constaté que la trésorerie de
Seîne-et-Oise rapportait environ 39.000 fr.-
à son titulaire 1 Nous sommes loin des
150.000 francs si pompeusement annoncés
par les journaux réactionnaires.
En échange, de ce traitement. 3e tréso-
rier général otet responsable de la gestion
de près de cent millions. Il est tenu, pour
la garantie de cette gestion, de déposer
un cautionnement de :roo.OOO -francs, pour
lequel FEtat ne lui sert qu'un intérêt de
2 1/2
Quelle est radministratîon privée (com-
pagnie d'assurance, industrie, banque, etc.)
qui trouverait un chef de service voulant
assumer une. responsabilité aussi formida-
ble à" des conditions aussi modestes ?
Voilà la question que nous posons aux
détracteurs du régime républicain qui, en
cultivant la légende des jpseudo-gros trai-
tements, ont bien soin - né pas avouer
à leurs lecteurs q* u^ poursuivent le réta-.
biisBmier soin serait de rétablir les iistes Civi.
les, les dotations et les sinécures qui re-
présentent plus pe cet raillions d'impôts,.
: LA LIBRE-PENSÉE
LE CONGRES NATIONAL DE LlIOGII
- ,, -
Troisi. séance
(De notre -, envoyé spécial)
La séance est ouverte le matin à 9 heu-
res, sous la présidence du citoyen NoôL
Le citoyen Bonnardot, secrétaire admi-
nistratif, donne lecture de la correspon-
dance
Lettre du docteur Otto Karmin, de Ge-
nève, adressant son salut fraternel et in-
formant le Congrès de l'inauguration du
monument Servet le 25 octobre. Le citoyen
Hubbard représentera la Fédération à Ge-
nève.
Lettre du citoyen Bourguet,de Rochefort,
s'excusant de ne pas assister au Congrès.
Dépêche du docteur Wagner, de Lieu-
vain (Belgique) dans le même sens.
La parole est ensuite donnée au rappor-
teur de la commission des vœux.
On adopte la motion suivante présentée
par la Fédération d'Indre-et-Loire et les ci-
toyens Deshours, Dufresne, Pethiot, doc-
teur Juvigny, Malabout, etc
Voeu déposé par Deshours au nom de la
Fédération d'Indre-et-Loire «
Les délégués présents au congrès national de
Je Libre Pensée, Séant à Limoges les 15 et 16
août 1908, le congrès décide.que la Fédération
nationale, section de l'Internationale oe la L4-
bre Pensée, ne devra avoir aucun rapport avec
les sociétés des cérémonies civiles toutes les
fois qu'une société de Libre Pensée sera déjà
organisée et adhérente ou non à la Fédération
nationale.
Le citoyen Bazire, de la Fédération de la
Seme-Inférieure, propose au Congrès, de
voter la motion suivante : .':
• Le congrès de Limoges, considérant que le
patri. otisme vrai né peut être que la volonté d'un
peuple de resister à l'invasion ou à l'oppression
du dehors qui pourrait supprimer ou aiminuer
les libertés acquises ;
Que le patriotisme vrai consiste encore dans te
d, ésir d'une nation d'augmenter sans cesse son
patrimoine intellectuel, artistique et moral et
par cela même de contribuer au développe-
ment et à la constitution définitive d'un patrio-
tisme unique et universel qui deviendra la gran-
de loi de solidarité de tous les peuples devenus
conscients, de leurs droits et de leurs devoirs
réciproques ;
Pour ces raisons :
Le congrès répudie tout esprit de conquêtes
territoriales quelconques, supprimant ainsi toute
guerre et préparant une ère de paix et de fra-
ternité pour l'humanité entière.
Le congrès a conscience de préparer ainsi
l'avènement d'un surpatriotisme émancipat-eur
et il pense y contribuer effectivement en deman-
dant la convocation d'Etats généraux du menue
entier. ,
Après une discussion à laquelle ont pris
part les citoyens Philbois, : Michalou qui a
défendu la motion votée à Lyon (3e arron-
dissement) et Hubbard qui, à cette occasion
a prononcé, un de ses plus magnifiques dis-
cours, Faure); Daube. Martin, Juvigny, le
Congrès vote J'ordre du jour présenté par
le citoyen Bazire.
Le 5e vœu sur l'enseignement laique et
gratuit à tous les degrés, est ainsi conçu :
Considérant qu'il importe que nous nous éclai-
rions mutuellement ; que l'instruction de tout est
indispensable à tous pour le mieux-être de la
société, l'Etat doit assurer.-l'instruction laïque
gratuite à tous les degrés, effective pour tous
les enfants par la mise à la charge de l'Etat
de tous les frais d'entretien.
Ont pris la parole : Bazire, Lavoix Pierre, ai*
ci. en inspecteur de l'enseignement ; Daube, pro
feseeur ; docteur Juvigny, ancien professeur (
Faurel, instituteur ; pierre Bemardot, DœhQA
Fren, Dobelle.
Le vœu est adopté.
Sur la question de la liberté ou du MO»
'J, le£ citoyens Lacroix Pierre, Dobelk
se déclarent pour le monopole, tandis que
Hubbard, Daube, Bazire, Philbois. Faurel.
docteur Juvigny se dédaNllt, é.J)eJ'g'ÏqU&,
ment pour la liberté.
L'ordre du jour suivant est adopté :
La commission uemande la liberté de reneet'
gnement sous le contrôle constant et effectif de
l'Etat, ce contrôle portant surtout air les pro-
grammes et sur leur application ; demande
qu'aucun établissement d'enseignement privé n<
puisse être ouvert par un individu appartenant
à une congrégation.
Le citoyen Martin demande que l'étude
de cette question soit portée à nouveau à
l'ordre du jour du prochain Congrès natio-
nal. Le camarade Pmùeis désire qu'on éw- ;
die les moyens de créer des internats seo
laires laïques.
La séance est levée à une heure.
Quatrième séance
La séance est ouverte à 2 h. 30.
Le citoyen Freu, représentant la Fédéra-
tion de l'Aude. au nom de te 3* commis-
sion des livres scolaires et des livres de
res et de pris, qui après la séparation des
Eglises et de l'Etat sont encore imprègnes.
de l'esprit clérical..
Le citoyen Deshours au nom de la Féd&
ration d'Indre-et-Loire va pius loin et de*
mande la suppression des livres de prix et
l'affectation. 'œuvres' de vacances pour les
enfants pauvres et anémiés. ,
Interviennent dans la discussion, les ca-
marades Bazire, Piens, Pethiot, Noël, Bon-
nardot, Dobelle, Genilîou.
Le Congrès adopte le principe de la révi-
sion des Ivres scolaires et des livres de
prix
Le citoyen Greux rapporteur de la com-
mission fait adopter par le Congrès diffé-
rents vœux :
1* Les édifices du culte feront retour à
la nation ;
2° Il faut rehausser l'éclat des cérémo-
nies civiles ;
3* Il est nécessaire d'amener les femmes
à la Libre Pensée.
Vœu du citoyen Dobelle pour la créa-
tion des patronages laïques.
- Le citoyen Pethiot, rapporteur de la 2*
commission fait voter par le Congrès 11, les
moyens d'action contre les associations clé-
ricales de pères de familles par ta limita-,
tion stricte de la juridiction scolaire.
2* Les moyens à employer pour assurer"
la laïcisation, effective de.9 hôpitaux.
Un contre-vœu présenté par les délégués
de Tours, Dëshours, Pethiot demandant le
publication d'un annuaire de la Libre Pen-
sée est adoptée -
sLa partie du Congrès consacrée à l'étudel
des questions générales est terminée.
Le 'Rappel a résumé succinctement les,
travaux de ce Congrès.
Mais il se fera un plaisir et un devoir de
reprendre les questions intéressantes qui
ont été étudiées à ce Congrès et de partici-
per d'une façon très active au travail des
différents groupements. — E. D.
- .0
LE MOUVEMENT GRÉVISTE
A Paris
L'Union des syndicats de la Seine
L'Union des syndicats de la Seine orga-
nise un meeting qui aura lieu le vendredi
21 août. salle du Libre-Echange.
M. Luquet, secrétaire de la C. G. T., est
inscrit comme orateur et l'ordre du jour
comporte l'examen d'une Il grève générale
de protestation contre les crimes gouverne-
mentaux ».
L'instruction de Gorbeil
On se souvient qu'au cours de l'émeute
de. Villeneuve-Saint-Georges, Dret, le secré-
taire de la Fédération des cuirs et peaux,
fut atteint à l'avant-bras gauche par un
projectile provenant de la carabine d'un
dragon, et dut être transporté à l'hôpital
Saint-Antoine. Il y subit l'amputation du
bras gauche, et un inspecteur de la Sû-
reté fut placé en permanence à son chevet,
avec mission de surveiller le blessé.
Après dix-huit jours de traitement, son
état fêtant amélioré, il a été conduit--au
Dépôt en fiacre, escorté de deux agents. Il
sera transporté ensuite à la prison de Cor-
beil. où sont incarcérés les membres de la
C. G. T. contre lesquels des mandats d'ar-
rêt ont été décernés à raison des événe-
ments de Draveil.
A Villeneuve-Saint-Georges
On avait annoncé que M. Régismanset,
juge d'instruction du parquet de Corbeil, de-
vait se rendre hier à Villeneuve-Saint-
Georges. A midi, il notait pas encore ar-
rivé.
On ignore s'il y a eu des mandats lan-
cés, mais on affirme que cinq personnes ha-
bitant Villeneuve-Saint-Georges ou les en-
virons sont compromis dans l'affaire des
émeutes, et il n'y aurait rien d'étonnant à
ce qu'elles fussent arrêtées.
A la Bourse du Travail
On avait annoncé que douze arreslatiom,'
se rapportant aux événements de Villenen-
ve-Saint-Georges devaient être opérées
hier matin. Il n'en a rien Ité.,
A la Bourse du Travail, tous les secré-
taires des syndicats se trouvaient à leur
poste, hier matin. Ils ont déclaré qu'ils
ignoraient si de nouveaux syndicalistes
ont été inquiétés pour des faits se ratta-
chant aux événements de Draveik :
..;.. il se peut, a dit un secrétaire à un de nos
confrères de la Preste, que le gouvernement
ait donnÇ des ordres pour arrêter les syndicalis-
tes Qui le gênent. On-espère ainsi couper court
à l'agitation ouvrière et empêcher les meetings
de protestation organisés à Paris et en pro-
vince Nous ne nous laisserons pas intimider.
.n\$A J. j*f J^écuj^q don)
jivvhîx etc iuujei n'om servi jusqu'à l'heure ac-
tuelle, qu à fortifier l'action syndicale.
Que le gouvernement continue donc à nous-
poursuivre et nous serons à même très prochai-
trovail de pouvoir édifier la Boujse fibre 'UtL
On signale, d'autre part, une vive agita-
tion dns diverses corporations qui s'étaient
tenues jusqu'ici à l'écart du nicuvemetit.
Des appels violents, en effet, viennent d'é-
tre lancés par les syndicats des vanniers
de Paris et des employés des pompes rU.,
nèbres.
Les Bateaux Parisiens
Vingt bateaux exactement ont assuré hie«
matin le service, dix sur le parcours Point-
du-Jour-Hôtel de Ville, dix sur le parcoure.
Tuileries-Suresnes.
Seules les trois stations du Trocadéro,
de l'Aima et des Invalides sont restées fcr.
mées provisoirement, -, '-
La préfecture de police élwit pris pour-
la circonstance des mesùres considérables* :
A chaque ponton, deux agents se sont te-
nus toute la journée en permanence, et, tan-
dis que les agents de la brigade fluviale
étaient chargés d'assurer la tranquillité sui
les bateaux, des agents, au haut des pont..
empochaient que les grévistes jettent dei*
Dierres sur les «'mouches » en marche.
A Auteuil, le service d'ordre était parti-
culièrement sévère. Une vingtaine d'agenk.,
du seizième arrondissement, renforcés pav.
des agents de Boulogne, surveillaient les
pontons de départ ainsi que les restauratits.,
où se réunissent depuis un mois les grévis-
tes. De légers incidents se sont produite
lors du départ des premiers bateaux. Lès-
grévistes, au nombre d'une trentaine, onL
conspué les mécaniciens qui venaient pren-
dre leur service et leur auraient sans doute
fait un mauvais parti, sans l'intervention,
immédiate des agents.
Aucune arrestation n'a été opérée et le»,
Iiléparts se sont ensuite effectués dans te
plus grand ordre.
En Province
Les charbonniers de Marseille
Les ouvriers charbonniers des transbor-
dements maritimes de Marseille, oui étaient
en grève depuis une semaine, ont tous -r,
pris le travail hier matin. ,
La grève de Besançon :
Le iuge dïastruction a fait, Subir hier
après-midi un interrogatoire d'identité a,
membres de la commission exécutivè de la
Fédération des ouvriers en soieries Au-
jourd'hui, il les questionnera au sujet dm
:b.WJt_ç1.l £ £ qui çomms la ;
Jeudi 20 Août 1008. — XI* 1404 1. -
I |p E OîV^iî fi
ANffONCE9
AUX BUREAUX DU joulmAL
fi, roe 411 Mail, PariI.
fit chez JIlL LiAClSAUGE, CERF et O*
ff, place de la Bourse, £
Adresse Télégraphique : XlXoSIÈCLB - PARIS
ABOIVrVEMEJVTS
VOis mois six mois no av
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TRIBUNE LIBRE
NOTRE MARINE
Les accidents récents qui
se sont produits sur la Cou-
ronne et le Suffren appellent
à nouveau l'attention sur
notre marine. La série noire
continue et l'on se demande
- - - - '-::._-
avec inquiétude si eue ne ni yao IJIU-
tôt close.
Le Parlement n'a jamais marchandé
les crédits, toutes les fois qu'il s'est
agi de défense nationale. Les sacrifices
qui lui ont été demandés lui ont quel-
quefois paru lourds ; il n'a pas hésité,
cependant, à les imposer au pays dans
un sentiment de patriotisme que tout
je monde comprendra.
Plus d'une fois, les programmes qui
lui étaient soumis lui ont semblé devoir
comporter d'importantes modification
et des observations dans ce sens ont été
présentées. Lorsque le ministre en re-
connaissait le bien fondé, les modifica-
tions étaient faites, mais si le gouver-
nement persistait à défendre son pro-
jet, jamais les Chambres n'ont voulu
lui imposer les changements qui cepen-
dant apparaissaient à beaucoup comme
nécessaires.
Elles voulaient, en agissant ainsi,
laisser à ceux qui, au point de vue
technique, sont spécialement qualifiés,
leur entière liberté.
Bien leur en a pris. Si, en effet, elles
avaient voulu discuter sur les types des
différents bâtiments, les - conditions de
l'armement et de la défense, et si, sur-
tout, elles avaient voulu imposer leur
manière de voir, on ne manquerait pas,
aujourd'hui, de les accuser de toutes
lès catastrophes qui se produisent.
C'est le Parlement, au contraire, qui
a le droit de demander des comptes au
gouvernement. On a donné à celui-ci
les crédits qu'il demandait, on l'a lais-
sé libre d'établir les plans, d'organiser
le service au mieux de ce qu'il croirait
devoir être l'intérêt du pays. C'est à lui
de nous dire aujourd'hui par suite de
quels événements, de quelle malchance
ou de quelles incapacités les accidents
que nous déplorons tous ont pu se pro-
duire.
Loin de moi la pensée d'accuser le
ministre de la marine. Ce n'est pas lui
qui fait le plan des bâtiments ; il n'est
pas davantage chargé de les construire
ou de les commander lorsqu'ils. sont en
service. Mais il lui appartient, comme
chef de la marine, responsable devant
le Parlement, de rechercher les respon-
sabilités des agents placés sous ses or-
dres.
C'est à lui que ceux-là doivent des
comptes. C'est à lui qu'il appartient de
leur en demander.
Il faut que la lumière se fasse et s?
fasse complète sur ces tristes événe-
ments qui ne -peuvent être dus au ha-
sard. -
Il y a quelques années, sous le mi-
nistère Combes, les réactionnaires, les
progressistes et les dissidents curent tôt
fait de trouver la cause des accidents
qui se produisaient. A les entendre, le
seul coupable était le ministre de la
marine d'alors, Camille Pelletan. C'é-
tait lui l'auteur de tout le mal ; il avait
juré la destruction de notre marine et
tant qu'il demeurerait rue Royale, nous
pouvions nous attendre aux pireg ca-
tastrophes. ,-
Pelletan, depuis plusieurs années dé-
jà, n'est plus ministre de la marine,
et, loin de diminuer, les accidents sont
plus fréquents que de son temps.
La vérité, c'est que M. Thomson au-
jourd'hui, pas plus que Pelletan hier,
ne peuvent être tenus pour responsa-
bles de ce qui se produit. Ces accidents
répétés tiennent à des causes qui sont
beaucoup plus profondes que la pré-
sence de tel ou tel homme à la tête de
notre marine.
Ce sont ces causes qu'il faut recher-
cher. dénouer et faire disparaître. Le
mal ne date pas d'aujourd'hui. Il n'est
même pas d'hier. Déjà, en 1893 et i894,
des faits analogues à ceux dont nous
sommes les témoins émus et attristés
s'étaient produits. Une campagne de
presse fut organisée, à la tête de la-
quelle se trouvait M. Clemenceau, qui
demandait le plus sérieusement du mon-
de à nos amiraux si c'était pour les
faire sauter ou les couler que la France
leur confiait ses bâtiments.
Nous nous garderons de poser la mê-
me question: Mais nous pensons que
gouvernement et Parlement ont le de-
voir de faire une enquête impartiale et
d'en faire connaître les résultats au
pays. faire connaître le s: résu~lfats au
Au lendemain de la catastrophe de
rJna, la Chambre et le Sénat nommè-
rent des commissions d'enquête. Ces
commissions se rendirent à Toulon, in-
terrogèrent longuement tous ceux qui i
pouvaient les éclairer. Une discussion-
eut lieu au Sénat, de laquelle il ne sor-
tit absolument rien. Quant à la Cham-
bre, elle se garda bien de faire quoi
que ce fût. Le rapporteur de sa com-
mission était, en effet, M. Delcassé, qui
ne passe pas précisément pour être des
amis du gouvernement.
-,. Cela seul - a suffi pour empêcher toute
discussion. Le gouvernement s'est bien
gardé de la faire naître et sa majorité
fidèle, qui écarte avec un soin jaloux
tous les obstacles de sa route, n'a de-
mandé aucune explication.
Il fut une époque — M. Clemenceau
l'a connue — où l'on renversait les mi-
nistères à propos de tQut et à propos
de rien. Les temps sont bien changés.
La passion ministérielle est telle au-
jourd'hui que l'on ne demande même
plus de comptes aux ministres, dès que
l'on pense que la discussion pourrait
les placer en fâcheuse position.
Il viendra cependant un moment où
le pays demandera des comptes aux dé-
putés. C'est le pays, il ne faut pas l'ou-
blier, qui supporte les impôts avec les-
quels sont payés les bâtiments de notre
marine. IL a -le droit de savoir pourquoi
ces bâtiments sautent ou coulent. Il a
surtout le droit d'exiger que l'on pren-
ne les précautions et les mesures pro-
pres à éviter, dans l'avenir, le retour
d'accidents aussi douloureux que ceux
qui se succèdent régulièrement depuis
quinze ans.
Alfred MASSE,
Député de la Nièvre.
LA POLITIQUE
AU MAROC
Au moment même où l'In-
do-Chine exige que le gouver-
nement et le pays tout entier
lui consacrent une attention
exclusive, le Maroc menace
encore de nous créer des in-
quiétudes nouvelles.
Les autorités militaires prévoient,
sans les redouter, affirme-t-on, de nou-
velles attaques du côté de Bôu-Denib,
c'est-à-dire sur le territoire frontière de
l'Algérie occupé par nos colonnes dans
lé sud-marocain.
Ainsi donc le Tafilet 'demeure, ce
qu'il fut toujours, une vaste réserve de
populations décidées à défendre leur in-
dépendance. Il ne semble pas que l'a-
vantage que procurerait la soumissior
des oasis de cette région mérite les sa-
crifices d'une guerre périlleuse à travers
des déserts de pierres et de sables inon-
dés de lumière ardente.
Dans le reste au Maroc, tout devrait
décider le gouvernement à précipiter
l'évacuation. Nul résultat décisif n'est à
prévoir dans un laps de temps assez
court. Le sultan Moulay IIafid semble
avoir épuisé toute son énergie dans la
campagne qui de Marrakech l'a conduit
à Fez,
Le sultan Abd el Aziz, après l'échec
lamentable de ses tentatives pour re-
prendre Fez s'est trouvé mal assuré dans
Rabàt et a pris la direction de Marra-
kech le long d'une route où 1' « amitié »
du général d'Amade lui est une sauve-
garda
En admettant l'hypothèse de son en-
trée à Marrakech, le problème de l'unité
du gouvernement marocain ne sera pas
résolu.
Abd el Aziz n'a pas su marcher con-
tre la force principale de l'ennemi et la
détruire; il se retire loin des camps de
son adversaire. De quelque nom que l'on
décore sa retraite vers le Sud, cet éloi-
gnement systématique, pour se mettre à
l'abri des coups de Moulay Haficl n'est
point une marche triomphale.
Et comme ce dernier lui-même pour-
rait « manquer » son frère en le cher-
chant à Marrakech, cette partie semble-
rait durer longtemps.
Pendant ce temps chez nous, comme
au jeu de billard, les frais courent.
, LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
siiiioiud'hul mercredi
Lever du soleil à 4 h. 59, couiher à 7 heu-
res 07.
— Courses à Deauviller
,
Maujaniana. <
Il aborde l'autre soitMm de nos plus
jeunes députés, et d'un ton de répro-
che : « Ah f mon cher ami, vous n'êtes
vraiment pas gentil. Vous ne me ména-
gez pas les sarcasmes.
— « Comment cela ?
— (4 Parfaitement 1 Ainsi, je sais de
source certaine que tout récemment,
dans une maison où l'on avait la bonté
de me trouver de l'esprit vous avez
profèsté en termes,» ., ..-- -
— « Oh 1 pardon, pardon. tout cela
n'est que potihs 1 Et d'abord, permet-
tez, je n'ai jamais entendu dire nulle
part que vous aviez de l'esprit.
Un mot de Voltaire.
Vaucanson s'était trouvé l'objet prin-
cipal des attentions d'un piince étran-
ger, quoique Voltaire fût présent. Em-
barrassé de ce que ce prince n'avait
point parlé à Voltaire, il s'approcha
de ce dernier et lui dit à l'oreille :
« Le prince vient de me dire telle
chose (un compliment - très flatteur
pour Voltaire). » Celui-ci, devinant la
ruse délicate et polie de Vaucanson lui
répondit : « Je reconnais tout votre
talent dans la manière dont vous faites
parler les princes. »
, AUTREFOIS
Rappel du 20 août 1872.- A propos de
l'entrevue des trois empereurs, M. Thiers
aurait dit : « Si l'entrevue s'était passée
entre deux empereurs (Allemagne, Autri-
che), on ne sait pas ce qtti serait arrivé ;
mais le tsar a voulu en faire partie, et sa
présence est une garantie de la paix. »
Le concours annuel de tir au pistolet ins-
titué par M. Gastine-Reinette a pris fin
hier. Voici les résultats pour le tir au
commandement : Premier prix, G. Bibes-
co, 40 points ; 2e prix, Ferrand, 39 points ;
311 prix, Casimir-Périer, 38 points ; 4* prix,
Arthur Périer, 35 points ; 5e prix, Hemlin-
ger, 34 points.
Deux Allemands habitant Paris depuis
de longues années font un procès au cer-
cle dont ils faisaient partie avant la guer-
re, parce que le commissaire du cercle les
a avertis de ne point venir retirer leurs
cartes, attendu que le caissier avait l'ordre
de refuser leurs cotisations. Ils se sont mis
en tête d'être quand même du cercle qui
ne veut plus d'eux. L'affaire est pendante
devant le tribunal de la Seine. -
Ramoneurs.
Les mots ramoneur; ramoner, vien-
nent de ramon qui en patois picard si-
gnifiait un balai.
On retrouve cette expression de « ra-
mon » dans des vers de Charles de Bo-
velle, chanoine de Noyon :
Trois choses sont en un ramon
Bien ordonnées par raison :
Le hart, le manche et le menu ■;
Par ces trois, l'homme est maintenu.
Argument sans réplique.
Les musiciens d'une troupe en tour-
née dans une petite ville de province
étaient en procès avec leur directeur.
Celui-ci refusait de les payer sous le
prétexte qu'ils ne savaient pas jouer.
On s'en fut en référé. Tous les musi-
ciens s'y trouvèrent, et au moment où
le directeur exposait ses griefs au Pré-
sident du Tribunal, ils se mirent tous
à jouer avec un ensemble remarquable.
Le Président condamna sur-ie-champ
le directeur à les payer, et lit appeler
une autre cause moins bruyante.
Le claquement du fouet.
La vieille princesse de Conti avait
la bassesse de * se faire la complaisante
de Mme de Mailly, et ne rougissait pa
de conduire l'intrigue de cette célèbre
favorite de Louis XV. « C'est, répondit
la reine à une de ses dames du palais,
qui lui rendait obligeamment compte
des détails, c'est qu'un vieux coetit
aime encore à entendre claquer le
fouet. » -
Exposition de Londres.
Malgré l'entente cordiale, nos excel-
lents amis les Anglais ne pourront ja-
mais nous prendre au sérieux.
L'autre soir, à l'Exposition de Lon-
dres, un dîner très élégant réunissait
autour d'une table fleurie quelques jo-
lies femmes escortées d'aimables u gen-
tlemen w.
Au dessert, gravement, lord B. dit :
« Je bois aux jolies femmes des deux
hémisphères. » -
— Et moi, répondit un 'de nos spiri-
tuels confrères, je bois aux deux hé-
misphères des jolies femmes ! »
L 40
LES ILLETTRES
Le nombre ctës illettrés augmente, pawH-
il. dans des proportions inquiétantes. La
plupart des journaux constatent le fait et
Je déplorent. Tous sont unanimes à récla-
mer des mesures urgentes propres à en-
rayer un mal qui, s'il était négligé, pour-
rait devenir excessivement dangereux.
Quelques esprits pratiques proposent des
remèdes. Le gouvernement a Je devoir de
les examiner et d'appliquer ceux qui lui
paraîtront le plus efficaces.
Me scra-t-il permis d'exprimer, à mon
tour, mon sentiment sur la meilleure façon
de réduire le chiffre des illettrés ? Inutile
de demander au législateur d'intervenir.
Les armes existantes sont suffisantes ; il
s'agit de les appliquer et actuellement eiles
ne le son! pas, ou du moins le sont mal.
Dans beaucoup de localités, la belle loi du
8 mars 1882, qui proclame l'obligation
scolaire et institue les commissions scolai-
res communales, est restée à l'état de
lettre morte. On n'en tient aucun compte,
aussi bien du côté administration que du
côté parents.
Je sais bien que l'instituteur tient un
registre d'appel sur lequel il constate,
classe par classe, les présences et les ab-
sences des élèves d'âge scolaire et qu'il
adresse à la fin de chaque mois;un re-
levé de ces annotations à son inspecteur.
Mais c'est tout. Aucune sanction rfc s'en
suit contre les délinquants. Les parents,
responsables, ne sont nullement inquiétés.
IFfe auraient bien tort de se gêner. Aussi
ne se genent -ils pas. Au moindre prétexte.
ils retiennent leurs enfants à la maison.
A.yjoi'i.rd'Mj, PQUC lçs travaux des ehâmps:
demain, pour un voyage, une fête de fa-
mille, une légère indisposition, le mau-
vais temps ; le plus souvent parce qu'il
Clalt - M, le curé d'appelejr le bambin à
l'église pour son instruction religieuse.
Combien d'écoles, surtout dans les campa-
gnes de certains départements arriérés,
ont ainsi une fréquentation des plus irré-
gulières I Dans combien toute fréquenta-
tion cesse dès les premiers jours du prin-
temps pour ne reprendre qu'à l'apparition
des neiges d'automne !
Et tout le monde ferme les yeux sur
ces illégalités. Les Commissions scolai-
res ? Elles ne se réunissent jamais. Elles
ignorent souvent leur existence ! Les de-
légués cantonaux ? La plupart ne mettent
jamais les pieds dans une école, ne con-
naissent pas le premier mot de leurs attri-
butions.. Une seule chose les :préo'èCU,pe :
les palmes académiques. L'admmistra-
tion ? Eile ferme les yeux.
Ne nous étonnons donc pas qu'ajprès
avoir édité des lois excellentes, couvert le
pays d'écoles; donné aux maîtres une édu-
cation de plus en plus solide et appropriée
aux besoins du siècle, qu'après tant de sa-
crifices destinés à chasser l'igoorance des
obscurs hameaux, à obtenir qu'il n'y ait
plus en France un seul Français ne sa-
chant lire et écrire, les illettrés y soient
si nombreux et que leur nombre aille en
augmentant 1
Quant au remède, il est tout indiqué.
Qu'on applique rigoureusement la loi sur
l'obligation scolaire. Cela fera crier au dé-
but. Il s'en suivra quelque désagrément
aussi bien pour ceux qui sont chargés de
cette application que pour ceux qui la su-
bissent. Qu'importe ! L'avenir et le prestige
de la France avant tout.
F. Di-H.
♦
En Russie, le catholicisme
fait des progrès
Le-pape est dans la jubilationv depuis
ciue les statistiques lui ont appris'que la
religi-on catholique, fait des progrès énor-
mes en Russie ; car il parait que le catho-
licisme a, progressé avec une rapidité sur-
prenante dans l'empire du tsar depuis l'édit
de tolérance religieuse du 30 octobre 1905.
Les journaux rapportent que les efforts
faits par les popes russes pour empêcher
ce qu'ils appellent, avec raison, des perver-
sions. non des conversions, sont demeurés
sans résultat.
Dans le seul gouvernement de Vilna,
30.000 orthodoxes se sont convertis, et
beaucoup de cures ont été fermées. Dans
les gouvernements de-Siedlice et de Linbli-
ne et dans le diocèse de Cholm, 200,000 or-
thodoxes sont également passés du côté
de la religion catholique.
Bref, en tout, 1,700 popes orthodoxes ont
perdu leur emploi par suite de la défection
en masse de leurs paroissiens.
Les popes qui ont ainsi perdu leur trou-
peau sont dans la même sit'uation que quel-
crues-uns de nos curés de France qui ont
vu leurs églises à peu près complètement
désertées depuis la loi de Séparation.
Il convient toutefois de remarquer — 'ce
aui diminue singulièrement la- portée du
mouvement — que ces conversions ont tou-
tes eu lieu dans-d'anciens gouvernements
Bolonais où les ascendants des nouveaux
convertis avaient dû eux-mêmes entrer
dans la confession orthodoxe pour pouvoir
vivre et continuer l'exercice de leur profes-
sion.
Ce n'est, en somme, qu'un retour au ber-
cail d'anciennes brebis qui avaient dû se
détacher du troupeau catholique.
N'empêche que le Saint-Père est heureux
comme personne de ce mouvement qui, tout
en compensant les pertes dont le nombre
s'accroît chaque jour en France, lui per-
met de pouvoir causer plus librement avec
son compère en comédie religieuse le tsar,
lequel pourrait bien, quelque jour, se mor-
dre les doigts d'avoir laissé pénétrer chez
lui les jésuites, qui sont les actifs propaga-
teurs du mouvement en question. — P. G.
-
LA LÉGENDE
Il existe une catégorie de personnes qui
paraissent avoir la spécialité de parler de
choses qu'elles ne connaissent, pas.
A propos de la nomination de M. Jean
Lanes à la trésorerie générale de Versail-
les, beaucoup de journaux' réactionnaires
ont annoncé carrément à' leurs lecteurs
qu'on venait de doter le gendre de M. le
président de la République d'un emploi va.
lant plus de 150.000 francs !
On voit d'ici les conclusions que tirent
de ce fait des- monarchistes qui oublient
du coup qu'ils sont les partisans d'un ré-
gime à sinécures.
g Malheureusement pour ces bons apôtres,
leur feu d'artifice rate complètement.
Les trésoriers généraux sont les victimes
d'une véritable légende. On voit toujours
en eux les fermiers généraux de la mo-
narchie et on leur prête des émoluments
fantastiques dont les 150.000 francs de M.
Lanes sont un specimen.
Eh bien ! sait-on combien vaut la tréso-
rerie générale de Versailles, déduction faite
des frais de régie ? (loyer des bureaux,
frais de service, traitements des employés).
Nous avons *eu la curiosité de le recher-
cher dans un annuaire des finances et
nous avons constaté que la trésorerie de
Seîne-et-Oise rapportait environ 39.000 fr.-
à son titulaire 1 Nous sommes loin des
150.000 francs si pompeusement annoncés
par les journaux réactionnaires.
En échange, de ce traitement. 3e tréso-
rier général otet responsable de la gestion
de près de cent millions. Il est tenu, pour
la garantie de cette gestion, de déposer
un cautionnement de :roo.OOO -francs, pour
lequel FEtat ne lui sert qu'un intérêt de
2 1/2
Quelle est radministratîon privée (com-
pagnie d'assurance, industrie, banque, etc.)
qui trouverait un chef de service voulant
assumer une. responsabilité aussi formida-
ble à" des conditions aussi modestes ?
Voilà la question que nous posons aux
détracteurs du régime républicain qui, en
cultivant la légende des jpseudo-gros trai-
tements, ont bien soin - né pas avouer
à leurs lecteurs q* u^ poursuivent le réta-.
biisBmier soin serait de rétablir les iistes Civi.
les, les dotations et les sinécures qui re-
présentent plus pe cet raillions d'impôts,.
: LA LIBRE-PENSÉE
LE CONGRES NATIONAL DE LlIOGII
- ,, -
Troisi. séance
(De notre -, envoyé spécial)
La séance est ouverte le matin à 9 heu-
res, sous la présidence du citoyen NoôL
Le citoyen Bonnardot, secrétaire admi-
nistratif, donne lecture de la correspon-
dance
Lettre du docteur Otto Karmin, de Ge-
nève, adressant son salut fraternel et in-
formant le Congrès de l'inauguration du
monument Servet le 25 octobre. Le citoyen
Hubbard représentera la Fédération à Ge-
nève.
Lettre du citoyen Bourguet,de Rochefort,
s'excusant de ne pas assister au Congrès.
Dépêche du docteur Wagner, de Lieu-
vain (Belgique) dans le même sens.
La parole est ensuite donnée au rappor-
teur de la commission des vœux.
On adopte la motion suivante présentée
par la Fédération d'Indre-et-Loire et les ci-
toyens Deshours, Dufresne, Pethiot, doc-
teur Juvigny, Malabout, etc
Voeu déposé par Deshours au nom de la
Fédération d'Indre-et-Loire «
Les délégués présents au congrès national de
Je Libre Pensée, Séant à Limoges les 15 et 16
août 1908, le congrès décide.que la Fédération
nationale, section de l'Internationale oe la L4-
bre Pensée, ne devra avoir aucun rapport avec
les sociétés des cérémonies civiles toutes les
fois qu'une société de Libre Pensée sera déjà
organisée et adhérente ou non à la Fédération
nationale.
Le citoyen Bazire, de la Fédération de la
Seme-Inférieure, propose au Congrès, de
voter la motion suivante : .':
• Le congrès de Limoges, considérant que le
patri. otisme vrai né peut être que la volonté d'un
peuple de resister à l'invasion ou à l'oppression
du dehors qui pourrait supprimer ou aiminuer
les libertés acquises ;
Que le patriotisme vrai consiste encore dans te
d, ésir d'une nation d'augmenter sans cesse son
patrimoine intellectuel, artistique et moral et
par cela même de contribuer au développe-
ment et à la constitution définitive d'un patrio-
tisme unique et universel qui deviendra la gran-
de loi de solidarité de tous les peuples devenus
conscients, de leurs droits et de leurs devoirs
réciproques ;
Pour ces raisons :
Le congrès répudie tout esprit de conquêtes
territoriales quelconques, supprimant ainsi toute
guerre et préparant une ère de paix et de fra-
ternité pour l'humanité entière.
Le congrès a conscience de préparer ainsi
l'avènement d'un surpatriotisme émancipat-eur
et il pense y contribuer effectivement en deman-
dant la convocation d'Etats généraux du menue
entier. ,
Après une discussion à laquelle ont pris
part les citoyens Philbois, : Michalou qui a
défendu la motion votée à Lyon (3e arron-
dissement) et Hubbard qui, à cette occasion
a prononcé, un de ses plus magnifiques dis-
cours, Faure); Daube. Martin, Juvigny, le
Congrès vote J'ordre du jour présenté par
le citoyen Bazire.
Le 5e vœu sur l'enseignement laique et
gratuit à tous les degrés, est ainsi conçu :
Considérant qu'il importe que nous nous éclai-
rions mutuellement ; que l'instruction de tout est
indispensable à tous pour le mieux-être de la
société, l'Etat doit assurer.-l'instruction laïque
gratuite à tous les degrés, effective pour tous
les enfants par la mise à la charge de l'Etat
de tous les frais d'entretien.
Ont pris la parole : Bazire, Lavoix Pierre, ai*
ci. en inspecteur de l'enseignement ; Daube, pro
feseeur ; docteur Juvigny, ancien professeur (
Faurel, instituteur ; pierre Bemardot, DœhQA
Fren, Dobelle.
Le vœu est adopté.
Sur la question de la liberté ou du MO»
'J, le£ citoyens Lacroix Pierre, Dobelk
se déclarent pour le monopole, tandis que
Hubbard, Daube, Bazire, Philbois. Faurel.
docteur Juvigny se dédaNllt, é.J)eJ'g'ÏqU&,
ment pour la liberté.
L'ordre du jour suivant est adopté :
La commission uemande la liberté de reneet'
gnement sous le contrôle constant et effectif de
l'Etat, ce contrôle portant surtout air les pro-
grammes et sur leur application ; demande
qu'aucun établissement d'enseignement privé n<
puisse être ouvert par un individu appartenant
à une congrégation.
Le citoyen Martin demande que l'étude
de cette question soit portée à nouveau à
l'ordre du jour du prochain Congrès natio-
nal. Le camarade Pmùeis désire qu'on éw- ;
die les moyens de créer des internats seo
laires laïques.
La séance est levée à une heure.
Quatrième séance
La séance est ouverte à 2 h. 30.
Le citoyen Freu, représentant la Fédéra-
tion de l'Aude. au nom de te 3* commis-
sion des livres scolaires et des livres de
res et de pris, qui après la séparation des
Eglises et de l'Etat sont encore imprègnes.
de l'esprit clérical..
Le citoyen Deshours au nom de la Féd&
ration d'Indre-et-Loire va pius loin et de*
mande la suppression des livres de prix et
l'affectation. 'œuvres' de vacances pour les
enfants pauvres et anémiés. ,
Interviennent dans la discussion, les ca-
marades Bazire, Piens, Pethiot, Noël, Bon-
nardot, Dobelle, Genilîou.
Le Congrès adopte le principe de la révi-
sion des Ivres scolaires et des livres de
prix
Le citoyen Greux rapporteur de la com-
mission fait adopter par le Congrès diffé-
rents vœux :
1* Les édifices du culte feront retour à
la nation ;
2° Il faut rehausser l'éclat des cérémo-
nies civiles ;
3* Il est nécessaire d'amener les femmes
à la Libre Pensée.
Vœu du citoyen Dobelle pour la créa-
tion des patronages laïques.
- Le citoyen Pethiot, rapporteur de la 2*
commission fait voter par le Congrès 11, les
moyens d'action contre les associations clé-
ricales de pères de familles par ta limita-,
tion stricte de la juridiction scolaire.
2* Les moyens à employer pour assurer"
la laïcisation, effective de.9 hôpitaux.
Un contre-vœu présenté par les délégués
de Tours, Dëshours, Pethiot demandant le
publication d'un annuaire de la Libre Pen-
sée est adoptée -
sLa partie du Congrès consacrée à l'étudel
des questions générales est terminée.
Le 'Rappel a résumé succinctement les,
travaux de ce Congrès.
Mais il se fera un plaisir et un devoir de
reprendre les questions intéressantes qui
ont été étudiées à ce Congrès et de partici-
per d'une façon très active au travail des
différents groupements. — E. D.
- .0
LE MOUVEMENT GRÉVISTE
A Paris
L'Union des syndicats de la Seine
L'Union des syndicats de la Seine orga-
nise un meeting qui aura lieu le vendredi
21 août. salle du Libre-Echange.
M. Luquet, secrétaire de la C. G. T., est
inscrit comme orateur et l'ordre du jour
comporte l'examen d'une Il grève générale
de protestation contre les crimes gouverne-
mentaux ».
L'instruction de Gorbeil
On se souvient qu'au cours de l'émeute
de. Villeneuve-Saint-Georges, Dret, le secré-
taire de la Fédération des cuirs et peaux,
fut atteint à l'avant-bras gauche par un
projectile provenant de la carabine d'un
dragon, et dut être transporté à l'hôpital
Saint-Antoine. Il y subit l'amputation du
bras gauche, et un inspecteur de la Sû-
reté fut placé en permanence à son chevet,
avec mission de surveiller le blessé.
Après dix-huit jours de traitement, son
état fêtant amélioré, il a été conduit--au
Dépôt en fiacre, escorté de deux agents. Il
sera transporté ensuite à la prison de Cor-
beil. où sont incarcérés les membres de la
C. G. T. contre lesquels des mandats d'ar-
rêt ont été décernés à raison des événe-
ments de Draveil.
A Villeneuve-Saint-Georges
On avait annoncé que M. Régismanset,
juge d'instruction du parquet de Corbeil, de-
vait se rendre hier à Villeneuve-Saint-
Georges. A midi, il notait pas encore ar-
rivé.
On ignore s'il y a eu des mandats lan-
cés, mais on affirme que cinq personnes ha-
bitant Villeneuve-Saint-Georges ou les en-
virons sont compromis dans l'affaire des
émeutes, et il n'y aurait rien d'étonnant à
ce qu'elles fussent arrêtées.
A la Bourse du Travail
On avait annoncé que douze arreslatiom,'
se rapportant aux événements de Villenen-
ve-Saint-Georges devaient être opérées
hier matin. Il n'en a rien Ité.,
A la Bourse du Travail, tous les secré-
taires des syndicats se trouvaient à leur
poste, hier matin. Ils ont déclaré qu'ils
ignoraient si de nouveaux syndicalistes
ont été inquiétés pour des faits se ratta-
chant aux événements de Draveik :
..;.. il se peut, a dit un secrétaire à un de nos
confrères de la Preste, que le gouvernement
ait donnÇ des ordres pour arrêter les syndicalis-
tes Qui le gênent. On-espère ainsi couper court
à l'agitation ouvrière et empêcher les meetings
de protestation organisés à Paris et en pro-
vince Nous ne nous laisserons pas intimider.
.n\$A J. j*f J^écuj^q don)
jivvhîx etc iuujei n'om servi jusqu'à l'heure ac-
tuelle, qu à fortifier l'action syndicale.
Que le gouvernement continue donc à nous-
poursuivre et nous serons à même très prochai-
trovail de pouvoir édifier la Boujse fibre 'UtL
On signale, d'autre part, une vive agita-
tion dns diverses corporations qui s'étaient
tenues jusqu'ici à l'écart du nicuvemetit.
Des appels violents, en effet, viennent d'é-
tre lancés par les syndicats des vanniers
de Paris et des employés des pompes rU.,
nèbres.
Les Bateaux Parisiens
Vingt bateaux exactement ont assuré hie«
matin le service, dix sur le parcours Point-
du-Jour-Hôtel de Ville, dix sur le parcoure.
Tuileries-Suresnes.
Seules les trois stations du Trocadéro,
de l'Aima et des Invalides sont restées fcr.
mées provisoirement, -, '-
La préfecture de police élwit pris pour-
la circonstance des mesùres considérables* :
A chaque ponton, deux agents se sont te-
nus toute la journée en permanence, et, tan-
dis que les agents de la brigade fluviale
étaient chargés d'assurer la tranquillité sui
les bateaux, des agents, au haut des pont..
empochaient que les grévistes jettent dei*
Dierres sur les «'mouches » en marche.
A Auteuil, le service d'ordre était parti-
culièrement sévère. Une vingtaine d'agenk.,
du seizième arrondissement, renforcés pav.
des agents de Boulogne, surveillaient les
pontons de départ ainsi que les restauratits.,
où se réunissent depuis un mois les grévis-
tes. De légers incidents se sont produite
lors du départ des premiers bateaux. Lès-
grévistes, au nombre d'une trentaine, onL
conspué les mécaniciens qui venaient pren-
dre leur service et leur auraient sans doute
fait un mauvais parti, sans l'intervention,
immédiate des agents.
Aucune arrestation n'a été opérée et le»,
Iiléparts se sont ensuite effectués dans te
plus grand ordre.
En Province
Les charbonniers de Marseille
Les ouvriers charbonniers des transbor-
dements maritimes de Marseille, oui étaient
en grève depuis une semaine, ont tous -r,
pris le travail hier matin. ,
La grève de Besançon :
Le iuge dïastruction a fait, Subir hier
après-midi un interrogatoire d'identité a,
membres de la commission exécutivè de la
Fédération des ouvriers en soieries Au-
jourd'hui, il les questionnera au sujet dm
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