Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 août 1908 14 août 1908
Description : 1908/08/14 (N14035). 1908/08/14 (N14035).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7570923n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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1 Vendredi 14 Août 1808. -R. 1403S.
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AUX BUREAUX DU JOURNAL
14, rue du Mail, Paris.
Et chez MM. LAGRANGE. OERF et-a-
f, place de la Bourse. 6
tdrene Télé*r»J>hique : XIXe SIÈCLE- PARIS
J -4
U ABOiVlVEMEiVTS
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TRIBUNE LIBRE
ir
RÉSULTATS
Les partisans de l'action
directe et du sabotage n'ont
point lieu de se féliciter des
résultats des pénibles événe-
ments dont nous sortons à
peine. Revenus, après une
colère bien explicable et bien excusable,
à une plus juste appréciation des cho-
6es, les ouvriers les répudient chaque
jour davantage, et le rejet de la grève, à
la suite du vote des membres syndiqués
de la boulangerie, marque un pas de
plus dans la voie de la raison. -
Les républicains ne peuvent que s'en
réjouir.
De toutes ces excitations, de toute§
ces agitations, ne pouvait sortir que
réaction.
Déjà, les adversaires de toutes réfor-
mes sociales chantaient victoire, déjà
en agitant le spectre de la révolution,
ils croyaient entraîner à leur suite le
gros des troupes républicaines.
Et nous n'étions point sans craindre
de voir l'affolement s'étendre et déter-
miner un recul dont la République eût
souffert.
Certains membres du gouvernement
étaient prêts à s'y prêter, et Maujan
commençait à entonner un chant de
guerre contre le monde socialiste-
Et l'opinion, trompée sur l'importan-
ce du mouvement, effrayée par les con-
séquences grossies qu'elle entrevoyait,
se laissait aller de telle sorte, que nos
adversaires commençaient à se flatter
de détruire tout ou partie de cette légis-
lation ouvrière qui, quoique bien incom-
plète encore, n'en marque pas moins de
réels et constants progrès.
L'horizon s'édaircit, le calme renaît.
A la réflexion, les ouvriers se sont aper-
çus qu'on les poussait dans une voie
dangereuse et stérile. La joie trop écla-
tante de leurs pires ennemis leur a mon-
tré le péril. Nous sommes tranquilles,
ils sauront l'éviter.
A quoi peut aboutir, en effet, toute
cette agitation violente des meneurs
anarchistes de la C. G. T., sinon à faire
perdre aux ouvriers des sympathies qui
leur sont acquises, des concours qui
leur sont nécessaires ?
Je sais bien que ces meneurs n'atten-
dent rien du législateur et qu'ils affi-
chent pour l'Etat le plus Y\'ofond mé-
* pris. Mais je sais aussi que J'examen
de leurs actes donne le plus éclatant dé-
menti à ce mépris de façadè. -
Ils veulent tout de la révolution, de
l'action directe, du sabotage, et ils de-
mandent tout à l'Etat.
Alors que des syndicats modérés com-
me celui du Livre, agissent eux-mê'ves,
obtiennent, par leur action propre, les
améliorations de salaire, la règlemen-
tation des heures de travail, des con-
trats collectifs de travail, les syndicats
les plus révolutionnaires ne savent,
lorsqu'il ne s'agit pas de déclamation,
mais bien d'une amélioration positive
du sort de leurs membres, que se re-
tourner vers l'action légale. et demander
au législateur de solutionner en leur l'i -
veur la question qu'ils se déclarent ir -
capables de résoudre par leurs propre
efforts.
N'est-ce pas à l'Etat, à l'Etat furieu-
sement abhorré et honni, qu'on a de-
mandé la suppression des bureaux d î
placement, la protection du travail de
la femme et de l'enfant, la loi sur les
accidents du travail, celle du repos heb-
domadaire ?
Et ils sont récents, lés jours ou nous
"avons vu les farouches partisans de
l'action directe allant demander à M.
Lépine et à ses commissaires de police,
aide et assistance pour obtenir l'appli-
cation de cette loi du repog* hebdoma-
daire- -
Il ne suffit pas de critiquer, de dé-
truire, de saboter, il faut construire aus-
si. Et c'est par les lois que se construit
tout édifice social, quels que soient
Sa structure, sa base et son idéal.
Et combien parait petit le geste or-
gueilleux et narquois de Pataud, sup-
primant pendant deux heures la lumiè-
re électrique, dans le seul but de dé-
montrer sa force et d'inspirer une ter-
reur imbécile, à côté de cet effort puis-
sant, continu et calme des grands syn-
dicats anglais qui leur permet aujour-
d'hui, après un demi-siècle d'existence,
de traiter d'égal à égal avec les pins
bauteâ puissances financières.
Pataud faisait payer aux garçons de
Café, aux machinistes, aux artistes de
théâtre, le geste de vengeance et de défi
qu'il adresse au gouvernement, fait un
îtcte ïllutii-p-et dangereux.
Basîy, Lamendin, Evrard, en organi-
sant les forces ouvrières des mineurs du
Nord, en les groupant, en les coordon-
nant, en les instruisant, ont, au con-
traire, accompli une œuvre utile, néces-
saire, dont chaque jour démontre da-
vantage la vitalité et la nécessité. Les
violences de langage ne sont plus de
mise là-bas, le sabotage y est méprisé
et ses doctrinaires y sont mal accueil-
lis. Broutchoux s'en est aperçu- Et
pourtant chaque jour, de nar l'action
syndicale, les mineurs du Nord arra
chent quelques concessions nouvelles
aux grandes compagnies minières, et
leutf sort fait, envie. à bien dEautres
travailleurs plus mal traités.
A eux vont toutes les sympathies ré-
publicaines ; ils n'inspirent pas la peur,
ils appellent la confiance.
De l'action coordonnée et consciente
de ces grands syndicats, nul danger ne
surgira pour la poétique de réformes
républicaines et pour la République
elle-même.
On ne saurait en dire autant de l'ac-
tion des agitateurs farouches de la
C. G. T.
Leur minorité furîmTpr»** et folle est
un danger permanent. Son action sté-
rile, mais violente, est la meilleure auxi-
liaire de toute réaction. Elle n'aboutit
à rien, mais effraie, et, du coup, justifie
toute répression violente, toute mesure
coercitive contre les forces ouvrières,
tout recul.
Toujours elle fait le jeu de ses adver-
saires et met quelquefois en posture
difficile ceux qui, comme nous, veulent
envers et contre tous, une justice so-
ciale plus humaine.
Aussi espérons-nous que l'entrée dans
la grande organisation ouvrière, des
nouveaux éléments avertis, des syndi-
cats des mineurs, aideront lA grande
majorité des syndiqués intelligents à
obtenir la représentation à laquelle leur
nombre leur donne droit et, du même
coup, à l'élimination des agitateurs
aussi dangereux qu'inutiles-
Et ainsi sera rendue plus facile et
,g certaine l'action réformatrice bien-
;«ante et nécessaire qui est la raison
d'être des républicains.
Marcel REGïVIEB,
Député de taiiier.
LA POLITIQUE
ENQUETE NECESSAIRE
On n'oubliera pas les évé-
ments tragiques de Villeneu-
ve-Saint-Georges comme un*
simple fait divers.
- Tous ceux qui sont ferme-
ment résolus à éviter le renou-
vellement de semblables scenes de guer-
re civile et d'horreur sont décidés à re-
chercher les responsabilités, toutes les
responsabilités.
Que l'on cherche, comme dit le Ma-
tin, « celles qui incombent à ceux qui
par leurs écrits ou par leurs paroles
préparèrent la manifestation dont l'is-
sue devait être si tragique », c'est bien.
Nous les examinerons
Que l'on cherche aussi, comme dit no-
tre confrère, « celles incombant à ceux
qui prirent une part effective au mouve-
ment et se signalèrent devant les trou-
pes par leurs excitations à la violence
et à la rébellion ïi.
C'est fort bien encore, Nous y porte-
rons intérêt. Mais ce n'est pas tout.
Suivant certains témoins de véritables
agents provocateurs se seraient mêlés
aux manifestants et auraient donné le
signal des violences. Qu'en faut-il
croire t
M. le juge d'instruction de Coibeil
« qui reste seul saisi des actes de rébel-
lion » Romane dit un communiqué offi-
ciel, trouvera assurément des éléments
de confirmation ou d'infirmation de ces
témoignages qui ont dénoncé la présen-
ce d'agents provocateurs.
D'ailleurs, n'en déplaise au Temps,
la question est posée. Il y faudra répon-
dre. Notre confrère sait bien que le gou-
vernement dont il s'improvise avocat
d'office, cherchera, comme nous-mêmes,
nous n'en doutons pas, à ce que la, lu-
mière soit faite tout entière
Comment donc et par quel mystère
surgissent aux heures troubles des hom-
mes dciit l'action néfaste déchaîne les
irrémédiables colères ? C'est un problè-
me passionnant. Est-ce à dire que ce pro-
blème soit insoluble ? L'enquête sur le
point précis des agents provocateurs
s'impose. Désormais elle est inéluctable.
Il est inadmissible que sous la troisiè-
me république, sans qu'on sache par qui,
pourquoi ët comment, les moyens ordi-
naires du lieutenant de police de l'an-
cien temps c.u de policiers d'un régime
plus proche soient réédités impunément
Et c'est hier encore, pendant les jour-
nées mémorables de Narbonhe, qu'on
surprit à l'œuvre « des persoMiages
tout à fait étrangers h la région >>4
Notre sensibilité s'est émue de lsj
justice un peu sommaire qu'on fît là-bas
de ces cyniques qui se disaient journalis-
tes. Le public de Narbonne, gui le champ
certes, les châtia.
Mais leur châtiment prouve leur exis-
tence, eût dit le philosophe Descartes.
: LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi :
Lever du soleil à 4 h. 50 ; couche à 7 h.
18 minutes.
— Matinée. - Châtelet: Le Tour, du
Monde en 80 jours.
- Courses à Deauville., *
Maujaniana.
En bon « gugusse » Adolphe cherche
àtfmiter en tout M. le président du con-
seil. C'est ainsi qu'il s'efforce d'avoir
de l'esprit, de lancer des traits, et de
faire des jeux de mots. généralement
lamentables.
Récemment il s'était légèrement bles-
sé à la main.
- Allons ! bon, vous voilà encore es-
tropié, lui dit le président amical et
bourru.
— Estropié ? M. le président devrait
dire « estromain a fit Adolphe avec un
fin sourire 1
AUTREFOIS
Rappel du 14 août 1872. On failà-Tio-u
ville, pendant le séjour de M. Thiers, des
expériences de tir d'artillerie, il s'agit de
canons modifiés par le colonel de ileffye.
Le canon de 4 employé se charge par la
culasse ; les obus sont à fusée percutante,
mais la fusée digère de celle employée par
les Prussiens.
Il paraît qu'il existe une œuvre du Il Vœu
national de la France au Sacré-Cœur ». Son
but est d'élever un temple de Consécration
de la France au cœur en question. On sous-
crit à l'archevêché.
On a essayé hier au Champ de Mars, une
nouvelle locomotive dite routière. Les ingé-
nieurs disent que le résultat a été satisfai-
sant.
Un traité a été conclu avec un entrepre-
neur de Genève, pour le percement du tun-
nel qui doit traverser le Saint-Gothard. Ce
travail doit être achevé dans l'espace de
huit années.
Le Conseil d'Etat rend une décision QMï
refuse aux préfets le droit d'annuler les
vœux des Conseils généraux.
Crand'mère
Une dame avait de grandes préten-
tions à la jeunesse d'autant plus mal
fondées qu'elle les soutenait depuis
quelque vingt printemps. Son fils qui
s'était marié secrètement et dont la
femme vint à mourir, aceourut chez
elle avec le douible fruit de son mariage,
jeta les deux innocents dans ses bras et
lui dit : « Ils vous demandent grâce
pour leur naissance. D
Mais Madame R. repoussa les en-
fants, se leva, et dit avec dignité à son
fils : « Je ne vous pardonnerai jamais
de m'avoir fait grand'mère sans ma
permission. »
CARNET LITTÉRAIRE
L'Epouvante, par
Maurice Level.
La première condition pour écrire un
bon roman est de posséder un sujet qui
sorte de la banalité courante. Or notre ami
Maurice Level est particulièrement fécond
en idées de ce genre-là. Qu'on en juge plu-
tôt par cette succinte analyse de f Epou-
vante.
Un reporter, mis par hasard sur la piste
d'un beau crime, a l'idée bizarre de se subs-
tituer à l'assassin pour faire du bruit au-
tour de son nom et railler ensuite la justice,
le jour oit il lui plaira de démontrer son in-
nocence. Il lui suffira pour cela d'invoquer
un alibi, car au moment même où te cri-
me était commis, il était à dtner chez un de
ses amis. Pendant les longs mois de l'ins-
truction, le journaliste facétieux hésite à
dévoiler la supercherie : il obéit d'ailleurs à
une sorle d'hypnose, de suggestion du cri-
me, qui l'empêche de prononcer la phrase
libératrice. Mais le jour de l'audience ar-
rive. Notre plumitif se décide enfin à faire
connaître la vérité. il invoque le témoi-
gnage de son hôte. On lui apprend que ce
dernier est décédé depuis plusieurs mois.
Le pseudo-assassin paierait de sa vie cette
farce quelque peu macabre, si les vrais cou-
pables ne venaient se faire prendre, au mo-
ment même où il va gravir les marches de
! Vëchafaud.
Le roman que Level a écrit sur cette don-
née originale est bien écrit et passionnant
d'un bout à t'autre. Peut-être pourrait-on lui
| reprocher quelques invraisemblances, sur-
tout dans les dernières pages du livre, mais
s'il n'élait plus possible de se permettre
quelques écarts en ce genre, il n'y aurait
vraiment plus moyen d'écrire un roman po-
licier. - MAURICE CABS.
Jusqu'au cimetière
j Une dame demande, en plaisantant, à
( un jeune homme, s'il viendrait à son
Il enlerrèment, dans le cas où elle mour-
rait âvant lui.
— Oh i certainement, madame, avec
Plaisii-,
:
- VERSAILLES
Les beautés de l'administration
î.à Société d~' amis dG Versailles vient,
d'obtenir l'augmentation du Nombre s
ga^tïiens -Il en Oîùt temps, ô~v si la. situation ac-
tuelle dvait continué, les œuvres d'art du.
pade Versailles étaient vouée§ à une des.,
.«rivetion certaine» .,'
Tous les artistes sont des fanatiques de
Versailles. Eh bien ! nous, voulons leur si-
gnaler le cas le plus culbutant, de plus
ébouriffant qu'il soit donné à l'ad-mi-nis-
tra-tion de soumettre à notre admiration 1
Croiriez-vous que les statues qui ornent
le parc de Versailles relèvent de la Conser-
vation du palais, pendant que leurs socles
appartiennent à la Conservation des domai-
nes ?
L'entretien des statues est du ressort de
M. de Nolhac, fie très distingué conserva-
teur du musée, et celui des socles incombe
à M. Lambert, architecte du palais. Aussi
qu'arrive-t-il ? C'est qu'une année on pro-
cède au nettoyage des statues, et l'année
suivante à celui des socles !
Si vous en doutez, si vous ne croyez pas
qu'une plaisanterie pareille soit possible,
allez faire un tour à Versailles en ce mo-
ment, et vous constaterez comme moi ce
fait insensé.
J'étais à Versailles avant-hier. Un ou-
vrier était en train d'achever :le nettoyage
de l'admirable statue, l'Air, de Lahongre,
qui se trouve à gauche de la fontaine de
Diane. (Vous voyez que je précise.)
Le socle de l'Air était ignoblement macu-
lé. Il était littéralement barbouillé de signa-
tures et d'inscriptions au crayon.
— En voilà un qui a rudement besoin
d'un nettoyage, dis-je à l'ouvrier en dési-
gnant le socle crasseux.
> Je ne dis pas non ; mais ça. ne nlC re-
garde pas, répliqua l'ouvrier.
— Comment, ça ne vous regarde pas !
Vous ne nettoierez pas ce piédestal après,
avoir reblanchi la statue ?
— Absolument pas. Ça, c'est l'affaire de
vaille pour la Conservation du musée.
— Et quand les domaines nettoieront-ils
ce socle ? L'ouvrier chargé de ce soin va
sans doute vous remplacer ici ?
•— Vous croyez ça. ! Ce socle sera, peut-
être nettoyé danas un mois comme dans
six mois, si ce n'est l'année prochaine. Ça
dépend des crédits.
- Vous vous moquez de moi !
- Nullement, monsieur.
- Alors, ces statues reblancliies vont
avoir pour supports ces piédestaux malpro-
pres ?
— Parfaitement. Et l'année prochaine,
ces socles nettoyés seront surmontés de
statues salies ! Et cela durera aussi long-
temps qu'on maintiendra l'étrange situation
actuelle.
— Mais il est impossible de tolérer cela !
- Tout le monde le dit et personne ne
remédie au mal. Il y a pourtant un moyen
bien simple de mettre un terme à cet état
de ehoses encore plus dangereux et coûteux
que ridicule : c'est de confier l'entretien des
statues et œuvres d'art du parc à une seule
direction. Nous comprenons parfaitement
que le nettoyage d'une statue exige plus
de soins et d'aptitudes que le lessivage d'un
socle. Mais il nôtts semble qu'eu£.QIilla,.nf co,
service à un marbrier expérimenté relevant
ide la Conservation du musée, on procéde-
rait au nettoyage simultané des statues et
ide leurs supports et on éviterait ainsi, non
seulement le ridicule, mais des dépenses
supplémentaires.
Qui écoutera les conseils. doiii-tés par- -un
simple ouvrier ? Qui donnera satisfaction,
'd'autre part, aux doléances de ce gardien
que j'ai accosté quelques pas plus loin ?
— Comment pouvez-voûs tolérer que le
,public trace un sentier sur cette pelouse Y
lui dis-je en lui montrant la piste qui tra-
verse la rampe d'Apollon, à droite du bas-
sin de Latone.
— Je le tolère, monsieur, parce qu'aucun
arrêté n'est affiché pour défendre au public
de marcher sur cette pelouse. Je le tolère
parce que le public peut faire ce qu'il veut.
Il peut salir les statues, piétiner les parter-
res, entrer dans les massifs. Il ne- risque
iaucunè contravention. -puisqu'on les annule
;toutes. Il aurait donc bien tort de se gêner
et de ne pas ruiner la plus belle promenade
ipublique de France.
Q>irUît de tout cela M. Dujardin-Beau-
metz ? — J. C.
L'évêque de Moulins
et son ordonnance
Un prêtre du diocèse de Moulins, qui a
prié de taire son nom, a communiqué &
notre excellent confrère, le Progrès social,
que. dirige notre collaborateur et ami Mar-
cel Régnier, la cu-rieuse ordonnance sui-
vante, que vient de lancer dans son clergé
M. Lobbedey, évoque de Moulins :
Nous, Evêquc de Moulins,
Interdisons, par les .présentes, sous peine de
suspense dans le Diocèse, encourue ipso facto
et spécialement à nous réservée, à tous les Ec-
clésiastiques séjournant, ou de passage, dans
la viUe de Vichy : -
1* L'entrée dans les cafés, de quelque genre
qu'ils soient ; t
2° L'entrée dans les Cercles mondains, Casi,
nos. Jardins et dépendances *de ces établisse-
ments, sous n'importe quel prétexte, même celui
d'assister aux concerts dits classiques ;
3* Les représentations théâtrales, sans en
excepter le cinématographe et les courses, de
taureaux.
Nous invitons les Ecclésiastiques à ne pas se
promener dans la rue en compagnie de fem.
mes.
Nous leur défendons également de fumer en
public ou dans la rue.
Donné à Moulins, le 20 juillet 1908.
EMILE, évéque de Mùulins.
II parait que le clergé bourbonnais a été
vivement impressionné par les termes de
cette ordonnance et qu'il s'accorde à 'les
blaser. En vérité, ce clergé a tort. Les
interdictions dont il est l'objet ne concer-
nent que la station thermale de Vichy. Il
est donc loisible aux prêtres qui désirent
s'offrir quelques agréments mondains d'al-
ler les prendre ailleurs, à Lourdes, par
exemple, où il ne leur est pas défendu, loin
de là, de se promener en compagnie de
femmes, ni de fumer la pipe ou la cigarette
dans les trains de pèlerinages.
Quels bons tartufes que nos évêtpes cs.-
: tboHques ! Ils s'appliquent à donner à
leurs fidèles le spectade d'un rigorisme
étroit à l'égard des actes publics de leur
clergé, et ils passent condamnation sur les
gestes caçhés de < £ eteagé, fussent-ils les
plus 'profanes 1.64- 5 coupables même.
L'essentiel, pesr 'ëux, est de sauver la
lace. Pas vu, pas pris, comme dit un vieux
proverbe.
La'voi}à. bien encore la belle ufflle re-
ligieuse t. — P. G.
TRIBUNE CORPORATIVE
Congrès les Employés È pji
LE CONGRÈS DE ROUEN
Nous recevons du Comité d'organisa-
tion du Congrès régional des Employés
de perception, qui s'est tenu à Rouen
la communication suivante :
Il nous est agréable de faire connaître
à tous nos camarades que l'appel que nous
avions fait à leur esprit de solidarité a été
entendu. ;
Nos espérances ont été dépassées.
Le 5 juillet, à l'Hôtel de Vilie de Rouen,
trente-cinq de nos camarades de la région
du Nord-Ouest sont venus nous apporter
le témoignage précieux de leur sympathie
et de leur confraternité. Vingt autres, em-
pêchés par des raisons- indépendantes de
leur volonté, nous ont adressé avec leurs
regrets, leurs souhaits les plœ chaleureux.
Nous nous faisons, un devoir de remer-
cier le dévoué camarade Roy, délégué du
syndicat, d'avoir secondé nôtre initiative
avec zèle. Toutes ses démarches ont donne
à notre réunion un caractère de solennité
tout particulier.
A dix heures et demie, la séance a été ou-
verte par le camarade Goblet, doyen d'âge,
sous la. présidence d'honneur et effective de
M. Lefort, déouté de Rouen.
Sur la proposition du camarade Goblet,
le camarade Roy a été acclamé président de
la séance, ayant comme assesseurs les éâ-
la séance, Beaubernard, Legagneux, Gil,
ce dernier comme. secrétaire.
Le camarade* Roy a remercié ses collè-
gues de la marque de sympathie dont il
était l'obtet de tour part ; au num de tous,
il a exprimé à M. Lefort, député, - toute sa
gratitude d'avoir bien voulu répondre à sa
demande ..en acceptant la présidence d'hon-
neur, eL lui a donné l'assurance de notre
entier dévouement au gouvernement de la
République; Il a fait appel aux bons sen-
timents de tous pour que 1 entente règne
dans la discussion, que la réunion soU pro-
fitable, qu'elle apporte au syndicat, un ap-
point sérieux et un encouragement à per-
sévérer dans la voie qu'il s'est tracée, c est-
à-dire l'amélioration de notre sort, la sécu-
rité et la stabilité de notre emploi, dont la
,-première étape: est notre titularisation.
M. Lefort, ci quelques mots, nous a,dé-
claré que les petits fonctionnaires étaient
l'objet de toute sa sollicitude, que la situa-
tion particulière des employés de perception
l'intéressait vivement, et qu'il était tout
d à soutenir b.a.uAU'e..
requête devant le parlement.
Nous remercions bien vivement M. Le-
fort de ses bonnes dispositions à notre
égard, -nous en prenons note et nous le
prions d'agréer, ainsi que ces vaillants
parlementaires, ses collègues, qui, à main-
tes reprises, ont élevé la voix pour défendre
avec chaleur nos intérêts, tout le tribut de
notre reconnaissance.
La parole est ensuite donnée ail cama-
rade Lamontre président du syndicat.
Vers la titularisation
Qu'il nous soit permis d'exprimer à notre
cher président toute notre vive gratitude.
Nous le remercions d'avoir bien voulu en-
treprendre un long et fatigant voyage pour
encourager notre initiative. Qu'il soit per-
suadé et avec lui tous nos camarades syn-
diqués, qu'ils trouveront en nous des amis
sincères et dévoués dont le but est de grou-
per sous le drapeau du syndicat tous ceux
qui, jusqu'à ce jour, sont restes SOUri Ub aux
pressants appels qui leur ont été adressés.
Personne n'ignore que cest a ta *tu eur
d'une solidarité étroite d'une, fédération bien
comprise, et aussi avea de légitimée et rai-
sonnables revendications que nous arrive-
rons au résultat désiré..
Le président Lamontre nous a donné lec-
ture du projet de classement qui a été éta-
bli sur la demande du ministre des Finan-
ces.
Nous avons tous écouté la, lecture de ce
document avec la plus grande attentif,
avec recueillement même, car n'est-il pas,
en effet, lé premier pas vers notre titulari-
sation ? N'est-ce pas en quelque sorte la
base sur laquelle reposera notre stabilité ?
la solution du grave problème de l'avenir ;
sombre point d interrogation dont la pers-
pective nous remplit d'émoi. Nous osons
espérer que M. le ministre des Finances
voudra bien donner à l'intéressante famille
des employés de perception, cette marque
de sollicitud. dont il a bien voulu honorer
nos camarades des trésoreries générales et
des recettes des finances. Il continuera par
là l'œuvre de démocratie qu'il poursuit avec
une ardeur infatigable, qui est à son hon-
neur et qui lui a acquis la reconnaissance
de tout le personnel de son département.
La réunion a pris fin à midi, après l'en-
voi du télégramme suivant à M. le ministre
des Finances : ;
Les membres du syndicat national des commis
de perception, réunis en un congrès régional :
Rouen, adressent à M. le ministre des finances
l'expression de leur respectueux dévouement et
de leur reconnaissance. -
Le banquet
A midi et demi un amical banquet réunis-
sait tous les camarades à l'hôtel de Bor-
deaux. Une franche gaieté n'a pas cessé
de régner pendant tout le repas et il nous
est agréable de penser que tous nos cama-
rades ont emporté un bon souvenir de no-
tre amicale et cordiale hospitalité. Dans un
toast gracieux et de circonstance, notre ca-
marade Grigaut a remercié les organisa-
teurs de cette réunion et tous les camarades
qui ont répondu à l'appel qui leur a été fait.
Nous désirons ardemment que -tous nos
camarades habitant des cens régionaux
urovoquent des réunions sernniables à celle
du 5 juillet à Rouen. II est nécessaire que
l'on sache que notre organisation syndi-
cale est vive et agissante. Toutes ces rgu-
liton partielles, seront dans notre pensée
la préparation du Congrès National des
employés de perception qui s'ouvrira à Pa-
ris.
- Le comité d'organisation !
v 8 « Nous croyons pouvoir annoncer
que a camarades de Line feront un n-
Il 'pel prochain en vue d'organiser une mani-
festation. Nous nous ferons tous un devoir
d'y assister et nous y donnons rendez-vous
à tous oos CaDleOOs
Nos camarades de l'Est, du Midi, du Con-j
tre organisent également des réunions dans
leurs régions. Nous engageons viveméhfc
nos camarades à donner à ces manifesta-
bons le caractère qui rur convient. ;
LE CONGRES DE NANCY
Les employés de perception de la dixième
région du Syndicat national se sont réuni a -
à Nancy le dimanche 9 août, à deux heu.,
resv brasserie de la Poste, 47, rue des DQ.
minkains.
M. Poulet, délégué régional, fait Je rap-,
port moral du syndicat et donne connaÜ,.:
sance des travaux effectués depuis la for-
matioo du syndicat et de,8 premiers résui- »
tats obtenus.
M;. Leroy, délégué départemental de
Meurthe-et-Moselle, prend ensuite la paro-
le et insiste sur la nécessité du groupement
syndical dans la corporation des employés
de perception.
Les questions soumises à l'ordre du jour.
sont ensuite discutées et adoptées en vue
de l'assemblée générale d'octobre prochain
oui, se tiendra cette année à Marseille. -
Ces employés ont émis différents vœux
intéressant leur corporation et notamment
de voir bientôt, comme leurs collègues des,
trésoreries générales et des recettes des
finances, leur avenir assuré par la titula-
risation des employés et fondés de pouvoirs
reconnus indispensables dans les percép-
tions. ,.
Dans cette charmante 'réunion, à laquelle
assistaient de nombreux collègues de Meur..
the-et-Moselle, de la Meuse, de la Haute- ,
Marne et des Vosges, La plus franche cor- f
dialité n'a cessé de régner. Leurs collègues :
de l'Aube, de la Marne et des Ardennes,
Que l'éloignement avait empêché d'assister
'à la réunion, s'étaient fait excuser et !
avaient donné plein pouvoir au. camarade
Poulet, délégué régional, pour les représen-
ter.
- Avant de clore la séance, les employés
de perception ont voté, ù l'unanimité, des •
remerciements à MM. Humbert, sénateur
de la Meuse ; Grillon et Méquillet, députés
de Meurthe-et-Moselle, pour la symipathie
Qu'ils leur ont témoigné à l'occasion de
cetta assemblée.
Ils ont enfin émis le voeu qu'fn - assem-
blée générale, les employés délégués votent -
une adresse de remerciements à M. Cail-
laux. ministre des finances, en rassurant
dé leur entier dévouemestr
Les employés, de perception se sont së..
naréts à sept heures en emportant un bon-,
souvenir de ces quelques agréables mo-
ments passés ensemble, et en souhaitant
Que leurs collègues des autres régions -mi-1
lent leur exemple.
CEUX QU'ON OUBLIE
Nous recevons d'autropart la commu
nication suivante :
Dernièrement, décédait, à Aniche {:\:orù\
après une longue et douloureuse maladie,
M. Mosca, percepteur. -
Les témoignages de sympathie et rli J Ù-
greis exprimés sur sa tombe indiquant de
quelle estime ce dévoué comptable ét'v l en-
touré, et "combien profond est le vidi* it\&
sa mork prématurée laisse au milie- rt.I.. ses
amis.
Malade depuis 1906, M. Mosca qui, jus-
que-là assurait seul son service, avait du,
à partir de cette date, et sur 1 insistance de
ses chefs, s'adjoindre un collaborateur 11
continua, néanmoins, jusqu'au mois de
mars 1907, à le diriger, époque, où :O} u al
s'étant subitement aggravé, le mettait dm s;
l'incapacité de travailler, il dut en r¡;mdll'(},
l'entière direction à son commis.
Depuis quinze mois, un des nôtres, don?
J'administration ne reconnaît pas l'existen-
ce, n'en dirige pas moins, pour cela, llJl>
perception de première classa.
Rendons hommage à ce courageux em-
ployé, ainsi qu'à tous ceux qui, comme lui,
admirables de dévouement et d'abnégation,
ne sont, aux yeux de radmim-tralion, que
de vulgaires petits employés. ,
Cet exemple pris entre tant d'autres, de-
d'améliorer notre situationvbgkk fafooboh ,
vrait suffire pour que l'on reconnaisse la
nécessité d'améliorer notrè situation. Com-
bien d'entre nous sont-ils imposés d'office;
à certains comptables ? Et combien d'onlrô
nous existent-ils dont la présence est abso-
lument indispensable pour la bonne mar-
che du service ? - --
Tous les jours, l'administration fait appel
à notre concours pour assurer le recouvre-
vrement de l'impôt. Fourquoi donc roste-
t-e.}le aussi indifférente envers nous 7
A cette considération pluessionniHe et
sDéciale, vient s'ajouter une consiodoêl'nlio1\
d'ordre général et humanitaire. A cet exem-
ple de nécéssité tous les jours répété, vient
s'ajouter aussi la situation intolérable dej
commis de perception.
S'il existe des bons chefs chez MM. les
percepteurs — et nous nous faisons un de-
voir de le proclamer -. il n'en est pas
moins vrai qu'un trop grand grand nombre,
imbus de leur autorité, ne craignent pas
de sacrifier à leurs exigences personnelles,
la situation de leurs employés.
Une situation précaire
Combien sont-ils ceux d'entre nous qui,
n'ayant que leur travail pour vivre, sont
obligés de subir les volontés d'un patron
autoritaire ef mhumain 2 Combien sont-ils
ceux qui, pour conserver le pain nécessaire
à leur existence et à celle de leur fanlllle.
courbent la tête sous le joug du maître des-
potique ?
Quelle existence est ainsi falte au mn-
heureux employé de péreeption — apparte-
nant en entier au maître absolu - tenu -
d'obéir sans murmurer à ses exigences, tfe
crainte de se voir renvoyé et réduit à la
pire misère ? ..-. -.,:- ::.! -- n' -
- Aucune considération n existe, in ne peu.
exister, ivi ses qualités !'profes$ionllclreso,. ;
ni la conscience avec laquelle il a remplit
ses délicates fonctions ne sont des titrer
suffisants pour le sauvegarder, lui et les
siens, de cette misère qui le guette à cha-
que nas. 11 a assuré un service des phifi
pènibles pour an salaire dê feinioe, et R»W
..,. -------":- -.------ - '! .O-"t' -0 -"':--.- :-- 0"0._0'" .o:-",",-- - -- .,.:.J/ ::;..- - 'O;--" -' :__ -, ,o <: .,..0 --- - -' -. .-.:-: ':'. '-":'!-' :.
iri403îs.—sa TOermi^Àa ire • am cBiman» iiE ivcMBno
":-.:::.--' - - - , - f : - - : - - --
1 Vendredi 14 Août 1808. -R. 1403S.
AIWWWCE9
AUX BUREAUX DU JOURNAL
14, rue du Mail, Paris.
Et chez MM. LAGRANGE. OERF et-a-
f, place de la Bourse. 6
tdrene Télé*r»J>hique : XIXe SIÈCLE- PARIS
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FONDATEUR: EDMOND ABOUT
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ADMINISTRATION: 14' RUE DU MAIL. — TÉLÉPHONE 102 89 i*
-. - Adresser lettres et fMMatl à l'Administrateur *
TRIBUNE LIBRE
ir
RÉSULTATS
Les partisans de l'action
directe et du sabotage n'ont
point lieu de se féliciter des
résultats des pénibles événe-
ments dont nous sortons à
peine. Revenus, après une
colère bien explicable et bien excusable,
à une plus juste appréciation des cho-
6es, les ouvriers les répudient chaque
jour davantage, et le rejet de la grève, à
la suite du vote des membres syndiqués
de la boulangerie, marque un pas de
plus dans la voie de la raison. -
Les républicains ne peuvent que s'en
réjouir.
De toutes ces excitations, de toute§
ces agitations, ne pouvait sortir que
réaction.
Déjà, les adversaires de toutes réfor-
mes sociales chantaient victoire, déjà
en agitant le spectre de la révolution,
ils croyaient entraîner à leur suite le
gros des troupes républicaines.
Et nous n'étions point sans craindre
de voir l'affolement s'étendre et déter-
miner un recul dont la République eût
souffert.
Certains membres du gouvernement
étaient prêts à s'y prêter, et Maujan
commençait à entonner un chant de
guerre contre le monde socialiste-
Et l'opinion, trompée sur l'importan-
ce du mouvement, effrayée par les con-
séquences grossies qu'elle entrevoyait,
se laissait aller de telle sorte, que nos
adversaires commençaient à se flatter
de détruire tout ou partie de cette légis-
lation ouvrière qui, quoique bien incom-
plète encore, n'en marque pas moins de
réels et constants progrès.
L'horizon s'édaircit, le calme renaît.
A la réflexion, les ouvriers se sont aper-
çus qu'on les poussait dans une voie
dangereuse et stérile. La joie trop écla-
tante de leurs pires ennemis leur a mon-
tré le péril. Nous sommes tranquilles,
ils sauront l'éviter.
A quoi peut aboutir, en effet, toute
cette agitation violente des meneurs
anarchistes de la C. G. T., sinon à faire
perdre aux ouvriers des sympathies qui
leur sont acquises, des concours qui
leur sont nécessaires ?
Je sais bien que ces meneurs n'atten-
dent rien du législateur et qu'ils affi-
chent pour l'Etat le plus Y\'ofond mé-
* pris. Mais je sais aussi que J'examen
de leurs actes donne le plus éclatant dé-
menti à ce mépris de façadè. -
Ils veulent tout de la révolution, de
l'action directe, du sabotage, et ils de-
mandent tout à l'Etat.
Alors que des syndicats modérés com-
me celui du Livre, agissent eux-mê'ves,
obtiennent, par leur action propre, les
améliorations de salaire, la règlemen-
tation des heures de travail, des con-
trats collectifs de travail, les syndicats
les plus révolutionnaires ne savent,
lorsqu'il ne s'agit pas de déclamation,
mais bien d'une amélioration positive
du sort de leurs membres, que se re-
tourner vers l'action légale. et demander
au législateur de solutionner en leur l'i -
veur la question qu'ils se déclarent ir -
capables de résoudre par leurs propre
efforts.
N'est-ce pas à l'Etat, à l'Etat furieu-
sement abhorré et honni, qu'on a de-
mandé la suppression des bureaux d î
placement, la protection du travail de
la femme et de l'enfant, la loi sur les
accidents du travail, celle du repos heb-
domadaire ?
Et ils sont récents, lés jours ou nous
"avons vu les farouches partisans de
l'action directe allant demander à M.
Lépine et à ses commissaires de police,
aide et assistance pour obtenir l'appli-
cation de cette loi du repog* hebdoma-
daire- -
Il ne suffit pas de critiquer, de dé-
truire, de saboter, il faut construire aus-
si. Et c'est par les lois que se construit
tout édifice social, quels que soient
Sa structure, sa base et son idéal.
Et combien parait petit le geste or-
gueilleux et narquois de Pataud, sup-
primant pendant deux heures la lumiè-
re électrique, dans le seul but de dé-
montrer sa force et d'inspirer une ter-
reur imbécile, à côté de cet effort puis-
sant, continu et calme des grands syn-
dicats anglais qui leur permet aujour-
d'hui, après un demi-siècle d'existence,
de traiter d'égal à égal avec les pins
bauteâ puissances financières.
Pataud faisait payer aux garçons de
Café, aux machinistes, aux artistes de
théâtre, le geste de vengeance et de défi
qu'il adresse au gouvernement, fait un
îtcte ïllutii-p-et dangereux.
Basîy, Lamendin, Evrard, en organi-
sant les forces ouvrières des mineurs du
Nord, en les groupant, en les coordon-
nant, en les instruisant, ont, au con-
traire, accompli une œuvre utile, néces-
saire, dont chaque jour démontre da-
vantage la vitalité et la nécessité. Les
violences de langage ne sont plus de
mise là-bas, le sabotage y est méprisé
et ses doctrinaires y sont mal accueil-
lis. Broutchoux s'en est aperçu- Et
pourtant chaque jour, de nar l'action
syndicale, les mineurs du Nord arra
chent quelques concessions nouvelles
aux grandes compagnies minières, et
leutf sort fait, envie. à bien dEautres
travailleurs plus mal traités.
A eux vont toutes les sympathies ré-
publicaines ; ils n'inspirent pas la peur,
ils appellent la confiance.
De l'action coordonnée et consciente
de ces grands syndicats, nul danger ne
surgira pour la poétique de réformes
républicaines et pour la République
elle-même.
On ne saurait en dire autant de l'ac-
tion des agitateurs farouches de la
C. G. T.
Leur minorité furîmTpr»** et folle est
un danger permanent. Son action sté-
rile, mais violente, est la meilleure auxi-
liaire de toute réaction. Elle n'aboutit
à rien, mais effraie, et, du coup, justifie
toute répression violente, toute mesure
coercitive contre les forces ouvrières,
tout recul.
Toujours elle fait le jeu de ses adver-
saires et met quelquefois en posture
difficile ceux qui, comme nous, veulent
envers et contre tous, une justice so-
ciale plus humaine.
Aussi espérons-nous que l'entrée dans
la grande organisation ouvrière, des
nouveaux éléments avertis, des syndi-
cats des mineurs, aideront lA grande
majorité des syndiqués intelligents à
obtenir la représentation à laquelle leur
nombre leur donne droit et, du même
coup, à l'élimination des agitateurs
aussi dangereux qu'inutiles-
Et ainsi sera rendue plus facile et
,g certaine l'action réformatrice bien-
;«ante et nécessaire qui est la raison
d'être des républicains.
Marcel REGïVIEB,
Député de taiiier.
LA POLITIQUE
ENQUETE NECESSAIRE
On n'oubliera pas les évé-
ments tragiques de Villeneu-
ve-Saint-Georges comme un*
simple fait divers.
- Tous ceux qui sont ferme-
ment résolus à éviter le renou-
vellement de semblables scenes de guer-
re civile et d'horreur sont décidés à re-
chercher les responsabilités, toutes les
responsabilités.
Que l'on cherche, comme dit le Ma-
tin, « celles qui incombent à ceux qui
par leurs écrits ou par leurs paroles
préparèrent la manifestation dont l'is-
sue devait être si tragique », c'est bien.
Nous les examinerons
Que l'on cherche aussi, comme dit no-
tre confrère, « celles incombant à ceux
qui prirent une part effective au mouve-
ment et se signalèrent devant les trou-
pes par leurs excitations à la violence
et à la rébellion ïi.
C'est fort bien encore, Nous y porte-
rons intérêt. Mais ce n'est pas tout.
Suivant certains témoins de véritables
agents provocateurs se seraient mêlés
aux manifestants et auraient donné le
signal des violences. Qu'en faut-il
croire t
M. le juge d'instruction de Coibeil
« qui reste seul saisi des actes de rébel-
lion » Romane dit un communiqué offi-
ciel, trouvera assurément des éléments
de confirmation ou d'infirmation de ces
témoignages qui ont dénoncé la présen-
ce d'agents provocateurs.
D'ailleurs, n'en déplaise au Temps,
la question est posée. Il y faudra répon-
dre. Notre confrère sait bien que le gou-
vernement dont il s'improvise avocat
d'office, cherchera, comme nous-mêmes,
nous n'en doutons pas, à ce que la, lu-
mière soit faite tout entière
Comment donc et par quel mystère
surgissent aux heures troubles des hom-
mes dciit l'action néfaste déchaîne les
irrémédiables colères ? C'est un problè-
me passionnant. Est-ce à dire que ce pro-
blème soit insoluble ? L'enquête sur le
point précis des agents provocateurs
s'impose. Désormais elle est inéluctable.
Il est inadmissible que sous la troisiè-
me république, sans qu'on sache par qui,
pourquoi ët comment, les moyens ordi-
naires du lieutenant de police de l'an-
cien temps c.u de policiers d'un régime
plus proche soient réédités impunément
Et c'est hier encore, pendant les jour-
nées mémorables de Narbonhe, qu'on
surprit à l'œuvre « des persoMiages
tout à fait étrangers h la région >>4
Notre sensibilité s'est émue de lsj
justice un peu sommaire qu'on fît là-bas
de ces cyniques qui se disaient journalis-
tes. Le public de Narbonne, gui le champ
certes, les châtia.
Mais leur châtiment prouve leur exis-
tence, eût dit le philosophe Descartes.
: LES ON-DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi :
Lever du soleil à 4 h. 50 ; couche à 7 h.
18 minutes.
— Matinée. - Châtelet: Le Tour, du
Monde en 80 jours.
- Courses à Deauville., *
Maujaniana.
En bon « gugusse » Adolphe cherche
àtfmiter en tout M. le président du con-
seil. C'est ainsi qu'il s'efforce d'avoir
de l'esprit, de lancer des traits, et de
faire des jeux de mots. généralement
lamentables.
Récemment il s'était légèrement bles-
sé à la main.
- Allons ! bon, vous voilà encore es-
tropié, lui dit le président amical et
bourru.
— Estropié ? M. le président devrait
dire « estromain a fit Adolphe avec un
fin sourire 1
AUTREFOIS
Rappel du 14 août 1872. On failà-Tio-u
ville, pendant le séjour de M. Thiers, des
expériences de tir d'artillerie, il s'agit de
canons modifiés par le colonel de ileffye.
Le canon de 4 employé se charge par la
culasse ; les obus sont à fusée percutante,
mais la fusée digère de celle employée par
les Prussiens.
Il paraît qu'il existe une œuvre du Il Vœu
national de la France au Sacré-Cœur ». Son
but est d'élever un temple de Consécration
de la France au cœur en question. On sous-
crit à l'archevêché.
On a essayé hier au Champ de Mars, une
nouvelle locomotive dite routière. Les ingé-
nieurs disent que le résultat a été satisfai-
sant.
Un traité a été conclu avec un entrepre-
neur de Genève, pour le percement du tun-
nel qui doit traverser le Saint-Gothard. Ce
travail doit être achevé dans l'espace de
huit années.
Le Conseil d'Etat rend une décision QMï
refuse aux préfets le droit d'annuler les
vœux des Conseils généraux.
Crand'mère
Une dame avait de grandes préten-
tions à la jeunesse d'autant plus mal
fondées qu'elle les soutenait depuis
quelque vingt printemps. Son fils qui
s'était marié secrètement et dont la
femme vint à mourir, aceourut chez
elle avec le douible fruit de son mariage,
jeta les deux innocents dans ses bras et
lui dit : « Ils vous demandent grâce
pour leur naissance. D
Mais Madame R. repoussa les en-
fants, se leva, et dit avec dignité à son
fils : « Je ne vous pardonnerai jamais
de m'avoir fait grand'mère sans ma
permission. »
CARNET LITTÉRAIRE
L'Epouvante, par
Maurice Level.
La première condition pour écrire un
bon roman est de posséder un sujet qui
sorte de la banalité courante. Or notre ami
Maurice Level est particulièrement fécond
en idées de ce genre-là. Qu'on en juge plu-
tôt par cette succinte analyse de f Epou-
vante.
Un reporter, mis par hasard sur la piste
d'un beau crime, a l'idée bizarre de se subs-
tituer à l'assassin pour faire du bruit au-
tour de son nom et railler ensuite la justice,
le jour oit il lui plaira de démontrer son in-
nocence. Il lui suffira pour cela d'invoquer
un alibi, car au moment même où te cri-
me était commis, il était à dtner chez un de
ses amis. Pendant les longs mois de l'ins-
truction, le journaliste facétieux hésite à
dévoiler la supercherie : il obéit d'ailleurs à
une sorle d'hypnose, de suggestion du cri-
me, qui l'empêche de prononcer la phrase
libératrice. Mais le jour de l'audience ar-
rive. Notre plumitif se décide enfin à faire
connaître la vérité. il invoque le témoi-
gnage de son hôte. On lui apprend que ce
dernier est décédé depuis plusieurs mois.
Le pseudo-assassin paierait de sa vie cette
farce quelque peu macabre, si les vrais cou-
pables ne venaient se faire prendre, au mo-
ment même où il va gravir les marches de
! Vëchafaud.
Le roman que Level a écrit sur cette don-
née originale est bien écrit et passionnant
d'un bout à t'autre. Peut-être pourrait-on lui
| reprocher quelques invraisemblances, sur-
tout dans les dernières pages du livre, mais
s'il n'élait plus possible de se permettre
quelques écarts en ce genre, il n'y aurait
vraiment plus moyen d'écrire un roman po-
licier. - MAURICE CABS.
Jusqu'au cimetière
j Une dame demande, en plaisantant, à
( un jeune homme, s'il viendrait à son
Il enlerrèment, dans le cas où elle mour-
rait âvant lui.
— Oh i certainement, madame, avec
Plaisii-,
:
- VERSAILLES
Les beautés de l'administration
î.à Société d~' amis dG Versailles vient,
d'obtenir l'augmentation du Nombre s
ga^tïiens -
tuelle dvait continué, les œuvres d'art du.
pade Versailles étaient vouée§ à une des.,
.«rivetion certaine» .,'
Tous les artistes sont des fanatiques de
Versailles. Eh bien ! nous, voulons leur si-
gnaler le cas le plus culbutant, de plus
ébouriffant qu'il soit donné à l'ad-mi-nis-
tra-tion de soumettre à notre admiration 1
Croiriez-vous que les statues qui ornent
le parc de Versailles relèvent de la Conser-
vation du palais, pendant que leurs socles
appartiennent à la Conservation des domai-
nes ?
L'entretien des statues est du ressort de
M. de Nolhac, fie très distingué conserva-
teur du musée, et celui des socles incombe
à M. Lambert, architecte du palais. Aussi
qu'arrive-t-il ? C'est qu'une année on pro-
cède au nettoyage des statues, et l'année
suivante à celui des socles !
Si vous en doutez, si vous ne croyez pas
qu'une plaisanterie pareille soit possible,
allez faire un tour à Versailles en ce mo-
ment, et vous constaterez comme moi ce
fait insensé.
J'étais à Versailles avant-hier. Un ou-
vrier était en train d'achever :le nettoyage
de l'admirable statue, l'Air, de Lahongre,
qui se trouve à gauche de la fontaine de
Diane. (Vous voyez que je précise.)
Le socle de l'Air était ignoblement macu-
lé. Il était littéralement barbouillé de signa-
tures et d'inscriptions au crayon.
— En voilà un qui a rudement besoin
d'un nettoyage, dis-je à l'ouvrier en dési-
gnant le socle crasseux.
> Je ne dis pas non ; mais ça. ne nlC re-
garde pas, répliqua l'ouvrier.
— Comment, ça ne vous regarde pas !
Vous ne nettoierez pas ce piédestal après,
avoir reblanchi la statue ?
— Absolument pas. Ça, c'est l'affaire de
— Et quand les domaines nettoieront-ils
ce socle ? L'ouvrier chargé de ce soin va
sans doute vous remplacer ici ?
•— Vous croyez ça. ! Ce socle sera, peut-
être nettoyé danas un mois comme dans
six mois, si ce n'est l'année prochaine. Ça
dépend des crédits.
- Vous vous moquez de moi !
- Nullement, monsieur.
- Alors, ces statues reblancliies vont
avoir pour supports ces piédestaux malpro-
pres ?
— Parfaitement. Et l'année prochaine,
ces socles nettoyés seront surmontés de
statues salies ! Et cela durera aussi long-
temps qu'on maintiendra l'étrange situation
actuelle.
— Mais il est impossible de tolérer cela !
- Tout le monde le dit et personne ne
remédie au mal. Il y a pourtant un moyen
bien simple de mettre un terme à cet état
de ehoses encore plus dangereux et coûteux
que ridicule : c'est de confier l'entretien des
statues et œuvres d'art du parc à une seule
direction. Nous comprenons parfaitement
que le nettoyage d'une statue exige plus
de soins et d'aptitudes que le lessivage d'un
socle. Mais il nôtts semble qu'eu£.QIilla,.nf co,
service à un marbrier expérimenté relevant
ide la Conservation du musée, on procéde-
rait au nettoyage simultané des statues et
ide leurs supports et on éviterait ainsi, non
seulement le ridicule, mais des dépenses
supplémentaires.
Qui écoutera les conseils. doiii-tés par- -un
simple ouvrier ? Qui donnera satisfaction,
'd'autre part, aux doléances de ce gardien
que j'ai accosté quelques pas plus loin ?
— Comment pouvez-voûs tolérer que le
,public trace un sentier sur cette pelouse Y
lui dis-je en lui montrant la piste qui tra-
verse la rampe d'Apollon, à droite du bas-
sin de Latone.
— Je le tolère, monsieur, parce qu'aucun
arrêté n'est affiché pour défendre au public
de marcher sur cette pelouse. Je le tolère
parce que le public peut faire ce qu'il veut.
Il peut salir les statues, piétiner les parter-
res, entrer dans les massifs. Il ne- risque
iaucunè contravention. -puisqu'on les annule
;toutes. Il aurait donc bien tort de se gêner
et de ne pas ruiner la plus belle promenade
ipublique de France.
Q>irUît de tout cela M. Dujardin-Beau-
metz ? — J. C.
L'évêque de Moulins
et son ordonnance
Un prêtre du diocèse de Moulins, qui a
prié de taire son nom, a communiqué &
notre excellent confrère, le Progrès social,
que. dirige notre collaborateur et ami Mar-
cel Régnier, la cu-rieuse ordonnance sui-
vante, que vient de lancer dans son clergé
M. Lobbedey, évoque de Moulins :
Nous, Evêquc de Moulins,
Interdisons, par les .présentes, sous peine de
suspense dans le Diocèse, encourue ipso facto
et spécialement à nous réservée, à tous les Ec-
clésiastiques séjournant, ou de passage, dans
la viUe de Vichy : -
1* L'entrée dans les cafés, de quelque genre
qu'ils soient ; t
2° L'entrée dans les Cercles mondains, Casi,
nos. Jardins et dépendances *de ces établisse-
ments, sous n'importe quel prétexte, même celui
d'assister aux concerts dits classiques ;
3* Les représentations théâtrales, sans en
excepter le cinématographe et les courses, de
taureaux.
Nous invitons les Ecclésiastiques à ne pas se
promener dans la rue en compagnie de fem.
mes.
Nous leur défendons également de fumer en
public ou dans la rue.
Donné à Moulins, le 20 juillet 1908.
EMILE, évéque de Mùulins.
II parait que le clergé bourbonnais a été
vivement impressionné par les termes de
cette ordonnance et qu'il s'accorde à 'les
blaser. En vérité, ce clergé a tort. Les
interdictions dont il est l'objet ne concer-
nent que la station thermale de Vichy. Il
est donc loisible aux prêtres qui désirent
s'offrir quelques agréments mondains d'al-
ler les prendre ailleurs, à Lourdes, par
exemple, où il ne leur est pas défendu, loin
de là, de se promener en compagnie de
femmes, ni de fumer la pipe ou la cigarette
dans les trains de pèlerinages.
Quels bons tartufes que nos évêtpes cs.-
: tboHques ! Ils s'appliquent à donner à
leurs fidèles le spectade d'un rigorisme
étroit à l'égard des actes publics de leur
clergé, et ils passent condamnation sur les
gestes caçhés de < £ eteagé, fussent-ils les
plus 'profanes 1.64- 5 coupables même.
L'essentiel, pesr 'ëux, est de sauver la
lace. Pas vu, pas pris, comme dit un vieux
proverbe.
La'voi}à. bien encore la belle ufflle re-
ligieuse t. — P. G.
TRIBUNE CORPORATIVE
Congrès les Employés È pji
LE CONGRÈS DE ROUEN
Nous recevons du Comité d'organisa-
tion du Congrès régional des Employés
de perception, qui s'est tenu à Rouen
la communication suivante :
Il nous est agréable de faire connaître
à tous nos camarades que l'appel que nous
avions fait à leur esprit de solidarité a été
entendu. ;
Nos espérances ont été dépassées.
Le 5 juillet, à l'Hôtel de Vilie de Rouen,
trente-cinq de nos camarades de la région
du Nord-Ouest sont venus nous apporter
le témoignage précieux de leur sympathie
et de leur confraternité. Vingt autres, em-
pêchés par des raisons- indépendantes de
leur volonté, nous ont adressé avec leurs
regrets, leurs souhaits les plœ chaleureux.
Nous nous faisons, un devoir de remer-
cier le dévoué camarade Roy, délégué du
syndicat, d'avoir secondé nôtre initiative
avec zèle. Toutes ses démarches ont donne
à notre réunion un caractère de solennité
tout particulier.
A dix heures et demie, la séance a été ou-
verte par le camarade Goblet, doyen d'âge,
sous la. présidence d'honneur et effective de
M. Lefort, déouté de Rouen.
Sur la proposition du camarade Goblet,
le camarade Roy a été acclamé président de
la séance, ayant comme assesseurs les éâ-
la séance, Beaubernard, Legagneux, Gil,
ce dernier comme. secrétaire.
Le camarade* Roy a remercié ses collè-
gues de la marque de sympathie dont il
était l'obtet de tour part ; au num de tous,
il a exprimé à M. Lefort, député, - toute sa
gratitude d'avoir bien voulu répondre à sa
demande ..en acceptant la présidence d'hon-
neur, eL lui a donné l'assurance de notre
entier dévouement au gouvernement de la
République; Il a fait appel aux bons sen-
timents de tous pour que 1 entente règne
dans la discussion, que la réunion soU pro-
fitable, qu'elle apporte au syndicat, un ap-
point sérieux et un encouragement à per-
sévérer dans la voie qu'il s'est tracée, c est-
à-dire l'amélioration de notre sort, la sécu-
rité et la stabilité de notre emploi, dont la
,-première étape: est notre titularisation.
M. Lefort, ci quelques mots, nous a,dé-
claré que les petits fonctionnaires étaient
l'objet de toute sa sollicitude, que la situa-
tion particulière des employés de perception
l'intéressait vivement, et qu'il était tout
d à soutenir b.a.uAU'e..
requête devant le parlement.
Nous remercions bien vivement M. Le-
fort de ses bonnes dispositions à notre
égard, -nous en prenons note et nous le
prions d'agréer, ainsi que ces vaillants
parlementaires, ses collègues, qui, à main-
tes reprises, ont élevé la voix pour défendre
avec chaleur nos intérêts, tout le tribut de
notre reconnaissance.
La parole est ensuite donnée ail cama-
rade Lamontre président du syndicat.
Vers la titularisation
Qu'il nous soit permis d'exprimer à notre
cher président toute notre vive gratitude.
Nous le remercions d'avoir bien voulu en-
treprendre un long et fatigant voyage pour
encourager notre initiative. Qu'il soit per-
suadé et avec lui tous nos camarades syn-
diqués, qu'ils trouveront en nous des amis
sincères et dévoués dont le but est de grou-
per sous le drapeau du syndicat tous ceux
qui, jusqu'à ce jour, sont restes SOUri Ub aux
pressants appels qui leur ont été adressés.
Personne n'ignore que cest a ta *tu eur
d'une solidarité étroite d'une, fédération bien
comprise, et aussi avea de légitimée et rai-
sonnables revendications que nous arrive-
rons au résultat désiré..
Le président Lamontre nous a donné lec-
ture du projet de classement qui a été éta-
bli sur la demande du ministre des Finan-
ces.
Nous avons tous écouté la, lecture de ce
document avec la plus grande attentif,
avec recueillement même, car n'est-il pas,
en effet, lé premier pas vers notre titulari-
sation ? N'est-ce pas en quelque sorte la
base sur laquelle reposera notre stabilité ?
la solution du grave problème de l'avenir ;
sombre point d interrogation dont la pers-
pective nous remplit d'émoi. Nous osons
espérer que M. le ministre des Finances
voudra bien donner à l'intéressante famille
des employés de perception, cette marque
de sollicitud. dont il a bien voulu honorer
nos camarades des trésoreries générales et
des recettes des finances. Il continuera par
là l'œuvre de démocratie qu'il poursuit avec
une ardeur infatigable, qui est à son hon-
neur et qui lui a acquis la reconnaissance
de tout le personnel de son département.
La réunion a pris fin à midi, après l'en-
voi du télégramme suivant à M. le ministre
des Finances : ;
Les membres du syndicat national des commis
de perception, réunis en un congrès régional :
Rouen, adressent à M. le ministre des finances
l'expression de leur respectueux dévouement et
de leur reconnaissance. -
Le banquet
A midi et demi un amical banquet réunis-
sait tous les camarades à l'hôtel de Bor-
deaux. Une franche gaieté n'a pas cessé
de régner pendant tout le repas et il nous
est agréable de penser que tous nos cama-
rades ont emporté un bon souvenir de no-
tre amicale et cordiale hospitalité. Dans un
toast gracieux et de circonstance, notre ca-
marade Grigaut a remercié les organisa-
teurs de cette réunion et tous les camarades
qui ont répondu à l'appel qui leur a été fait.
Nous désirons ardemment que -tous nos
camarades habitant des cens régionaux
urovoquent des réunions sernniables à celle
du 5 juillet à Rouen. II est nécessaire que
l'on sache que notre organisation syndi-
cale est vive et agissante. Toutes ces rgu-
liton partielles, seront dans notre pensée
la préparation du Congrès National des
employés de perception qui s'ouvrira à Pa-
ris.
- Le comité d'organisation !
v 8 « Nous croyons pouvoir annoncer
que a camarades de Line feront un n-
Il 'pel prochain en vue d'organiser une mani-
festation. Nous nous ferons tous un devoir
d'y assister et nous y donnons rendez-vous
à tous oos CaDleOOs
Nos camarades de l'Est, du Midi, du Con-j
tre organisent également des réunions dans
leurs régions. Nous engageons viveméhfc
nos camarades à donner à ces manifesta-
bons le caractère qui rur convient. ;
LE CONGRES DE NANCY
Les employés de perception de la dixième
région du Syndicat national se sont réuni a -
à Nancy le dimanche 9 août, à deux heu.,
resv brasserie de la Poste, 47, rue des DQ.
minkains.
M. Poulet, délégué régional, fait Je rap-,
port moral du syndicat et donne connaÜ,.:
sance des travaux effectués depuis la for-
matioo du syndicat et de,8 premiers résui- »
tats obtenus.
M;. Leroy, délégué départemental de
Meurthe-et-Moselle, prend ensuite la paro-
le et insiste sur la nécessité du groupement
syndical dans la corporation des employés
de perception.
Les questions soumises à l'ordre du jour.
sont ensuite discutées et adoptées en vue
de l'assemblée générale d'octobre prochain
oui, se tiendra cette année à Marseille. -
Ces employés ont émis différents vœux
intéressant leur corporation et notamment
de voir bientôt, comme leurs collègues des,
trésoreries générales et des recettes des
finances, leur avenir assuré par la titula-
risation des employés et fondés de pouvoirs
reconnus indispensables dans les percép-
tions. ,.
Dans cette charmante 'réunion, à laquelle
assistaient de nombreux collègues de Meur..
the-et-Moselle, de la Meuse, de la Haute- ,
Marne et des Vosges, La plus franche cor- f
dialité n'a cessé de régner. Leurs collègues :
de l'Aube, de la Marne et des Ardennes,
Que l'éloignement avait empêché d'assister
'à la réunion, s'étaient fait excuser et !
avaient donné plein pouvoir au. camarade
Poulet, délégué régional, pour les représen-
ter.
- Avant de clore la séance, les employés
de perception ont voté, ù l'unanimité, des •
remerciements à MM. Humbert, sénateur
de la Meuse ; Grillon et Méquillet, députés
de Meurthe-et-Moselle, pour la symipathie
Qu'ils leur ont témoigné à l'occasion de
cetta assemblée.
Ils ont enfin émis le voeu qu'fn - assem-
blée générale, les employés délégués votent -
une adresse de remerciements à M. Cail-
laux. ministre des finances, en rassurant
dé leur entier dévouemestr
Les employés, de perception se sont së..
naréts à sept heures en emportant un bon-,
souvenir de ces quelques agréables mo-
ments passés ensemble, et en souhaitant
Que leurs collègues des autres régions -mi-1
lent leur exemple.
CEUX QU'ON OUBLIE
Nous recevons d'autropart la commu
nication suivante :
Dernièrement, décédait, à Aniche {:\:orù\
après une longue et douloureuse maladie,
M. Mosca, percepteur. -
Les témoignages de sympathie et rli J Ù-
greis exprimés sur sa tombe indiquant de
quelle estime ce dévoué comptable ét'v l en-
touré, et "combien profond est le vidi* it\&
sa mork prématurée laisse au milie- rt.I.. ses
amis.
Malade depuis 1906, M. Mosca qui, jus-
que-là assurait seul son service, avait du,
à partir de cette date, et sur 1 insistance de
ses chefs, s'adjoindre un collaborateur 11
continua, néanmoins, jusqu'au mois de
mars 1907, à le diriger, époque, où :O} u al
s'étant subitement aggravé, le mettait dm s;
l'incapacité de travailler, il dut en r¡;mdll'(},
l'entière direction à son commis.
Depuis quinze mois, un des nôtres, don?
J'administration ne reconnaît pas l'existen-
ce, n'en dirige pas moins, pour cela, llJl>
perception de première classa.
Rendons hommage à ce courageux em-
ployé, ainsi qu'à tous ceux qui, comme lui,
admirables de dévouement et d'abnégation,
ne sont, aux yeux de radmim-tralion, que
de vulgaires petits employés. ,
Cet exemple pris entre tant d'autres, de-
d'améliorer notre situationvbgkk fafooboh ,
vrait suffire pour que l'on reconnaisse la
nécessité d'améliorer notrè situation. Com-
bien d'entre nous sont-ils imposés d'office;
à certains comptables ? Et combien d'onlrô
nous existent-ils dont la présence est abso-
lument indispensable pour la bonne mar-
che du service ? - --
Tous les jours, l'administration fait appel
à notre concours pour assurer le recouvre-
vrement de l'impôt. Fourquoi donc roste-
t-e.}le aussi indifférente envers nous 7
A cette considération pluessionniHe et
sDéciale, vient s'ajouter une consiodoêl'nlio1\
d'ordre général et humanitaire. A cet exem-
ple de nécéssité tous les jours répété, vient
s'ajouter aussi la situation intolérable dej
commis de perception.
S'il existe des bons chefs chez MM. les
percepteurs — et nous nous faisons un de-
voir de le proclamer -. il n'en est pas
moins vrai qu'un trop grand grand nombre,
imbus de leur autorité, ne craignent pas
de sacrifier à leurs exigences personnelles,
la situation de leurs employés.
Une situation précaire
Combien sont-ils ceux d'entre nous qui,
n'ayant que leur travail pour vivre, sont
obligés de subir les volontés d'un patron
autoritaire ef mhumain 2 Combien sont-ils
ceux qui, pour conserver le pain nécessaire
à leur existence et à celle de leur fanlllle.
courbent la tête sous le joug du maître des-
potique ?
Quelle existence est ainsi falte au mn-
heureux employé de péreeption — apparte-
nant en entier au maître absolu - tenu -
d'obéir sans murmurer à ses exigences, tfe
crainte de se voir renvoyé et réduit à la
pire misère ? ..-. -.,:- ::.! -- n' -
- Aucune considération n existe, in ne peu.
exister, ivi ses qualités !'profes$ionllclreso,. ;
ni la conscience avec laquelle il a remplit
ses délicates fonctions ne sont des titrer
suffisants pour le sauvegarder, lui et les
siens, de cette misère qui le guette à cha-
que nas. 11 a assuré un service des phifi
pènibles pour an salaire dê feinioe, et R»W
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