Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-08-13
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 13 août 1908 13 août 1908
Description : 1908/08/13 (N14034). 1908/08/13 (N14034).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75709227
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
"1". 14034.23 Thermidor An 118 : 1 CIIVQ cnmimmus LE NCMÉRO-
Jeudi 13 Aoftt 1903. -Ne 14034.
LY E lîi Xif fIJFC ® doITBftifGiiv LjiSra
AÏVIVOIVCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
<4, rue dn Mail, Paris.
Et chez MM. LAGRANGE, CERF et G*
6, place de la Bourse, S
4drem TéléqrapbiQuc: XIX" SIÈCLE - PARIS
ABO.WKMKOTS
iro& mots six moto un sa
P5artB 61. iFf. ait,
Départejrents 7 f. 12 f. M U
Union Postai 9 1 18 L as
ù& Abouneme-nts sont reçus Sans trafi
dans tous les Bureaux de Poste
REXACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. — TÈLÈPHONE 102.82
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
FONDATEUR: EDMOND ABOUT
i - -
ADMINISTRATION : 14* RUE DU MAïL. - TÉLÉPHONE loa sa
Adresser lettres et mandats à l'AdminútrtUetu'
.-. -1
TRIBUNE LIBRE
VENT DE FOLIE
Les journaux conserva-
teurs continuent à prendre
texte des événements de ces
temps derniers pour récla-
mer du gouvernement des
mesures énergiques.,
(Jeiles qui ont été prises jusqu'ici ne
sauraient les satisfaire. Ils réclament
pour 1 instant la fermeture et la disso-
lution de la Confédération générale du
travail, des modifications à la loi de
18S4 sur les syndicats professionnels et
la retraite de deux ministres, MM.
Briand et Viviani que la Liberté, il y
a deux jours, déclarait « disqualifiés ».
* Ce que leur reprochent surtout les
organes nationalistes et modères, c'est
d'avoir été les seuls, au Conseil des
ministres, à s'opposer aux mesures de
réaction violente récamées par certaine
presse.
Sans eux, en effet, le plan habilement
conçu de profiter des événements de
Draveil et de Villeneuve-Saint-Georges,
pour retirer à la classe ouvrière les
libertés dont elle jouit, eût peut-être
réussi ! Ceux qui avaient formé cet es-
poir auraient eu, en outre, la satisfac-
tion de voir l'initiative des mesures de
recul prise par celui-là même qui, pen-
dant trente ans de sa vie, a défendu
la liberté et poursuivi la réaction,
c'est-à-dire a combattu contre eux.
Une telle revanche n'eût pas été pour
leur déplaire. Mais voilà qu'elle leur
échappe, parce que MM. Briand et Vi-
viani qui, eux, n'ont point perdu la
tête, ont énergiquement déclaré qu'ils
ne sauraient s'associer à certaines me-
sures. On comprend, dans ces condi-
tions, la colère Que manifestent les or-
ganes conservateurs.
MM. Briand et Viviani auraient bien
tort de s'en émouvoir. Cette colère les
honore et ne saurait qu'augmenter les
sympathies qu'avaient déjà pour eux
tous les républicains soucieux de rester
fidèles aux traditions de leur parti.
Mais le débarquement des deux mi-
nistres de la justice et du travail n'est
pas encore chose faite. Un président du
Conseil ne « démissionne » pas un mi-
nistre comme le pape un évêque, et si
des dissentiments, s'élevant entre eux
et leurs collègues, obligeaient un
jour MM. Viviani et Briand, auxquels
se joindrait sans doute M. Doumergue,
à quitter d'eux-mêmes le ministère, on
peut être assuré qu'ils feraient connaî-
tre au public les motifs de leur départ.
Malgré l'appui que ne manqueraient
pas de lui apporter dans la circonstan-
ce les nationalistes et les réactionnai-
res, je doute fort, pour ma part, que
ce départ soit de nature à fortifier le
cabinet.
Nous sommes, en tout cas, assuré?
que tant qu'ils resteront à leur poste,
tes projets fous dans lesquels certains
se complaisent ne seront pas mis à exé-
cution.
Ils s'opposeront comme ils l'ont déjà
fait à la fermeture et à la dissolution
de la Confédération générale du travail,
parce qu'ils savent bien qu'une telle
mesure, outre qu'elle serait illégale,
aurait pour effet d'exaspérer, en les
frappant, tous ceux qui, dans les orga-
nisations ouvrières, — et ils sont nom-
breux — condamnent les tendances
anarchistes de quelques-uns des me-
aeurs.
Ils ne s'associeront pas à un projet
tendant à modifier la loi de 1884 sur
les syndicats professionnels, parce
qu'ils savent bien que si cette loi n'a
pas donné tous les résultats qu'en atten-
daient ses auteurs, c'est qu'on s'est re-
fusé, jusqu'à ce jour, à la compléter
par des mesures que le parti républi-
cain était à peu près unanime à récla-
mer..
M. Barthou qui, dans la précédente
législature, a déposé un rapport si re-
marquable et si remarqué sur l'exten-
sion à accorder aux libertés syndicales,
pourra mieux que personne indiquer à
ses- collègues que la véritable réponse
d'un cabinet républicain aux excita-
lions et aux conseils de réaction qui lui
tiennent de droite, consiste dans f or-
ganisation de la personnalité civile. au
profit des syndicats.
Leur donner, par ce droit nouveau et
Par la reconnaissance du contrat collec-
lif du travail, le sentiment exact des
responsabilités qui pèsent sur eux, voilà
qui sera beaucoup plus efncace pour
.la paix publique et pour l'ordre social,
que les mesures extravagantes que pré-
ionise le Gaulois. ,.;
Notre confrère voudrait, en effet,
tyue lorsque des troubles éclatent, les
,ele.fs- des syndicats, présidents et se-
crétaires généraux, soient considérés
par la loi comme responsables des dé-
lits et des crimes qui pourraient être
commis.
C'est, on en conviendra, d'une jus-
tice un peu rudimentaire- Pendant
longtemps, dans les lycées et collèges,
lorsqu'une faute contre la discipline
avait lieu et que l'on ne pouvait décou-
vrir le coupable, on punissait un ou
deux élèves pris comme « responsa-
bles ». Rien ne blessait davantage le
sentiment inné de la justice qu'ont les
enfants. De tels procédés ont cessé
d'être employés dans l'Université et il
faut s'en féliciter. Le Gaulois demande
que la loi les remette en honneur dans
la société. Laissons-lui toute la gloire
d'une si noble et si généreuse pensée.
Au lendemain de l'assassinat, à Lyon,
du président Carnot, un vent de folie
passa sur la presse et sur les pouvoirs
publics. M. Charles Dupuy, qui était
alors président du Conseil, prit l'initia-
tive de ces lois contre les menées anar-
chistes, dites « lois scélérates », qui de-
vaient être inefficaces pour arrêter les
crimes anarchistes, mais qui mettaient
aux mains du pouvoir une arme redou-
table dont il pouvait abuser contre les
militants socialistes.
Ce fut l'honneur du parti radical de
protester avec énergie, et dans la pres-
se et à la tribune, contre ce projet. Au
premier rang des protestataires, se
trouvait M. Clemenceau,, dont la verve
cinglante stigmatisait les réacteurs
d'alors.
Quinze ans se sont écoulés et voilà
qu'un vent de folie semble passer à
nouveau sur les partis politiques de ce
pays. Mais le gouvernement saura y
résister. M. Clemenceau ne voudra pas
jouer le rôle qu'a jOué-jûdis M. Charles
Dupuy. Le voudrait-il, d'ailleurs, qu'il
ne le pourrait pas. M. Charles Dupuy,
en effet, n'avait dans son cabinet ni M.
Briand, ni M. Viviani, ni M. Doumer-
gue. C'est sur eux que comptent les ré-
publicains. ','-
Alfred MASSÉ,
- Député de la Nièvre.
LA POLITIQUE
A CRONBERC
La visite du roi Edouard
VII à l'empereur Guillau-
me II, après tant de visites du
roi Edouard VII, et tant de
visites de l'empereur Guillau-
me II, inspire à plusieurs
journaux cette réflexion judicieuse qu'à
la fin tant de visites ne signifient plus
grand'cliose. Le spectateur frivole pour-
rait bien croire assister à une figure cé-
lèbre du quadrille des lanciers.
N'exagérons rien cependant ! Après
avoir accordé une importance singuliè-
re aux voyages du président de la Ré-
publique, aux déplacements de Guillau-
me II, aux croisières d'Edouard VII, ne
soufflons pas sur l'entrevue de Cronberg
comme sur une bulle de savon.
L'oncle et le neveu, en se rappro-
chant, actuellement, au lendemain des
vaines menaces du jingoïsme anglais
et du chauvinisme teutonique, se mon-
trent habiles ét modérés. Les publicis-
tes des deux pays qui avaient avivé une
querelle latente, à propos de la lettre
de l'empereur à lord Tweedmôuth, ou
au sujet de la politique présumée de
l'encerclement de l'Allemagne, voient
ruiner l'œuvre haineuse dont ils étaient
en ,grande partie les artisans.
L'Allemagne tout entière n'est pas
décidée à suivre le parti des maritimes,
aux ambitions illimitées. L'Angleterre
tout entière ne prétenu pas créer une
armée plus forte que celle d'aujour-
d'hui, destinée à ramener sur le conti-
nent un nouveau Wellington.
Les partisans de l'extension navale
en Allemagne, les partisans ,de. l'exten-
sion militaire en Angleterre forment
deux minorités. Les partis démocrati-
ques, dans les deux pays, qui chaque
jour prouvent leur force croissante, af-
firment leur volonté pacifique, en même
temps. v
Les souverains attentifs à complaire
aux volontés populaires, ici et là, sont
soucieux de marquer leur déférence pour
la politique qui risque le moins d'aven-
turer le sort des nations dont ils sont
responsables. -
M. Lloyd George i avait récemment
fcclamé l'apaisement du conflit anglo-
allemand et il représente l'élément le
plus avancé du cabinet anglais.
Décidément les 'démocrates sont meil-
leurs diplomates que les gens de la
« caInère H.
LES ON-DIT
-
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mercredi:
Lever du soleil à 4 h. 49 î coucher à
7 h. 20.
Pleine lune.
Courses à Cabourg. *
Maujaniana
L'autre soir Adolphe entre rayon-
nant dans le cabinet du président du
Conseil :
— Vous avez l'air bien content, mon
vieil Adolphe, dit le Président de bon-
ne humeur.
— Oh oui ! répond l'ineffable, c'est
que je viens de trouver un fameux, jeu
de mots. -
- Drtes voir. -\
- Eh bien, voilà. M. le Président
sait-il de quelle secte philosophique
sont les puces et les poux ?
— Quoi ? Vous dites ?
— Je dis que les puces sont de l'école
d Epicure et les poux de l'école d'Epic-
tète. - -- -._- ---- ---
— F. le camp !
Jeunesse !
Mademoiselle D. qui est encore
très égrillarde malgré son âge, a méri-
té qu'on dît de sa personne qu'elle n'é-
tait plus bonne qu'à- divertir des collé-
giens.
— Pour moi, disait un homme qui a
plus d'expérience, elle me fait l'effet
d'un conte de Grécourf., relié en par-
chemin ».
Les bons comptes.,
F., auteur dramatique, mort il y a
deux ans, avait emprunté cent francs
à D. Celui-ci vft un jour F. tirer
vingt francs de sa poche.- « Mon cher,
lui dit-il, je t'ai prêté vingt francs ; si
tu me les rendais ? — Non pas, dit
F. c'est cent francs que tu m'as prê-
tés. — Non c'est vingt francs. — Cent
francs, te dis-je. — Eh bien ! rends-moi
vingt francs ; je te tiens quitte. — Non
pas, non pas ; j'aime mieux te devoir
cent francs, a
AUTREFOIS
Rappel du 13 .noût 1872. — Le bruit court
quSin ijroupe considérable de députés, ntt-
quel M. Thiers se rallierait, songe à cons-
tituer une seconde Chambre.
Le Journal Officiel contient les nomma- 1
lions préfectorales annoncées depuis quel-
ques jours. La plupart sont satisfaisantes.
Egalement au Journal Officiel, un avis
sur la répartition de Vemprunt souscrit.
La part proportionnelle attribuée a chaque
souscripteur est de 7 Ir. 88 de la som-
me de rente souscrite.
Victor Hugo, arrivé jeudi matin à Jer-
sey, après une traversée très rude, a dû,
en raison de la persistance du mauvais
temps, retarder d'un jour son départ pour
Guernesey. Il est enfin depuis samedi à
Hauteville-House, avec sa belle-fille et ses
petits-enfants.
Pour la première fois depuis la chute de
l'Empire, aura lieu aujourd'hui, sous la.
présidence du ministre de Vinstruction pu-
blique, la distribution des prix du concours
général des lycées de Paris et de Ver-
sailles.
Manies d'auteur
Le vieux Delrieu allait flans un café,
le jour de la représentation de sa tra-
gédie d'Artaxer-w. avant l'heure du
spectacle, et jouait cette petite scène :
« Garçon, un journal de spectacle ?
Voyons fin peu, disait-il- tout haut,
pouf être entendu de ses voisins, que
donne-l-on ce soir à la Comédie-Fran-
çaise ? Artaxerxe Diable ! Diable ! je
ne veux pas manquer celle-là. Garçon,
servez-moi vile, vite ; on donne Arta-
xerxe, il y aura foule au Français ! »
i
Madame d'Houdetot
Peu de jours avant sa mort, la jeune
Mme d'Houdetot avait l'air très pensif.
— A quoi rêvez-vous ? lui dit-on.
- Je me regrette, répondit-elle.
Vengeance
Qu'as-tu donc fait à B. ? disait-on
un jour à H. R,. Il dit beaucoup de mal
de toi.
Et là-dessus on entre dans le détail
des mauvais propos, faits pour irriter
tout autre que H. R. Il sort quelques
instants après, et rentre au bout d'une
demi-heure.
— D'où viens-tu ?
— Je viens de voir B.
— Tu as eu une explication avec lui ?
— Je suis vengé.
— Bah ! tu l'as maltraité ?.
- Mieux que cela.
— Quoi donc ?
- Je lui ai emprunté cent francs.
Pas d'appétit 'f
— A genoux ! à (genoux ! criait un
prêtre aux matelots, dans une tempête
épouvantable. Un matelot lui dit : « Bé-
nissez-nous, mon père, car ce soir nous
souperons avec les anges. »
— Dieu nous en préserve pour ce
soir ! répartit le curé, je n'aurai pas
faim.
Le sauveteur
.'Une demoiselle très romanesque étant
tombée dans une rivière, fut sur le
point de se noyer. Un libérateur se
trouve, par hasard, qui la ramène éva-
nouie ; elle est emportée chez elle
Lorsqu'elle a repris connaissance, elle
déclare à sa famille qu'elle veut épou-
ser celui qui l'a sauvée.
— Impossible^ "1 - • père*
— Il est donc marié ?
- Non.
— N'est-ce pas ce jeune homme qui
demeure dans notre voisinage ?
- Eh I non, c'est un chien de Terre-
Neuve.
La vie et la mort
Un capucin disait que Dieu avait bien
(fait de mettre la mort à la fin de la vie,
parce qu'on avait ainsi le temps de s'y
préparer.
- &
La morale religieuse
en actions
Il y a quelques semaines, un prêtre, âgé
de 33 ans, professeur dans une institution
cléricale d'Amiens, était surpris avec une
dame de 38 ans, mère d'un de ses élèves,
dans une chapelle funéraire du cimetière
Madeline. Par les gestes et les attitudes,
observées par des témoins, des indiscrets,
à travers la porte vitrée de la chapelle, on
conclut à des relations sur la nature des-
quelles il est inutile que nous insistions.
L'affaire fil--du bruit ; elle causa même un
scandale énorme. La justice s'émut, et elle
décida, après enquête, d'exercer des pour-
suites.
Les débats ont eu lieu la semaine der-
nière devant le tribunal correctionnel d'A-
miens. L'homme de Dieu et sa pénitente
nièrent avec énergie les faits qui leur
étaient reprochés. Le jugement fut ren-
voyé à lundi dernier.
Le tribunal, ayant estimé que la publi-
cité. essentielle pour constituer l'outrage
aux moeurs, n'était pas établie, les témoins
ayant vu « volontairement », a acquitté des
prévenus de ce chef, mais les a condam-
nés pour violation de sépulture, à des
peines sévères : l'abbé à huit mois de pri-
son, la dame à six mois, et 200 francs d'a-
mende chacun.
Aux cléricaux qui sans cesse vitupèrent
contre la morale enseignée dans nos éco-
les laïques, en lui opposant la morale reli-
gieuse enseignée dans leurs établisse-
ments, nous nous bornerons à dire au-
jourd'hui : « La voilà, votre morale en ac-
tions ! Et, si elle n'édifie pas sur sa valeur
tous les pères de famille soucieux de la
bonne et saine éducation de leurs enfants,
c'est qu'ils entendent demeurer sourds et
aveugles. »
L'affaire d'Amiens donne une saveur par-
ticulière à l'encyclique que vient de lancer
Pie X, et dans * laquelle il recommande au
~-fg~ et aaï /yimmiinnnté.g rpligiPn^a « ta
pureté des mœurs, la chasteté et les bons
exemples ». - P. G.
gag
Congrès fit Mite Pensée
Avant le Congrès
Le congrès annuel. de la fédération na-
tionale de la Libre Pensée (section fran-
çaise de la Fédération Internationale), en
axécution de la décision votée au congrès
de Paris le 2 novembre 1907, Ee réunira
à la mairie de Limoges, le 15 et le 16 août.
Ce congrès, organisé par le' soins du
citoyen Noël, secrétaire de la fédération
des sociétés de Libre Pensée de la Ha;r.te-
Vienne, comprendra :
1° Des délégués des différentes sections
adhérentes à la Fédération nationale, à
raison de 1 délégué par 100 membres avec
voix délibératives ;
2° Des libres penseurs adhérents ou non
adhérents à la Fédération nationale et
qui pourront prendre part seulement à la
séance plénière du 15 août où seront dis..
cutées des questioM de a plus haute im-
portance au point de vue philosophique et
propagandiste.
Le journal le Rappel, soucieux de tenir
ses lecteurs au courant de cette importante
manifestation de la pensée libre, publiera
un compte rendu complet des séances et
une impression d'ensemble sur le con-
grès. -
Les sections qui n'auront pas pu envoyer
de délégués à cette réunion seront ainsi
mises au courant des travaux accomplis
à Limoges.
Les questions qui seront soumises à l'é-
tude des congressistes sont les suivantes :
f ofurnée, 15 août, séance plénière
ï* Vérification des pouvoirs ;
2* L'altitude de la Libre Pensée au point de
vue politique, économique et social ;
3" La Libre Pensée et le Patriotisme. Conquê-
tes coloniales ;
V De l'enseignement laïque gratuit à tous les
degrés. Liberté ou monopole. Révision des livres
scolaires et des livres de prix afin d'expurger
l'esprit clérical qui les imprègne ;
5" De l'application effective de la loi de Sé-
paration ;
6* Création d'une agrégation d'enseignement
de philosophie scientifique populaire ;
7* Action contre les associations cléricales de
pères de famille par la limitation stricte de la
juridiction scolaire ;
8 Des moyens de rehausser l'éclat des cérémo-
nies, civiles ;
9* Des moyens à employer en vue de la laïci-
sation effective des hôpitaux ;
10* Retour à la nation des édifices du culte;
11* Des moyens d'amener les femmes à la
Libre Pensée.
21 journée, iô août® *
N'y pourront prendre part que les délégués des
groupes adhérents à la Fédération nationale.
1 Vérification des pouvoirs ;
2' Rapport moral et financier ;
3° Rapport de la commission de contrôle ;
49 Rapport de la commission de propagande;
5° Rapport de la Délégation française au Bu-
reau International ;
6* Renouvellement de la commission de con-
trôle ;
7* Renouvellement de la Délégation française
au Bureau International ;
b" Proposition de modifications aux articles
2 et 9 (cotisations) ;
2 9° Date et lieu du Congrès de 1909.
Le LiID fis travail est vaste. Là besogné
faite sera bonne, nous respérons, et nous
l'enregistrerons avec satisfaction ,
La Séparation des Eglises et de l'Etat
est faite dans la Loi. C'est à la Libre Pen-
sée de la faire passer dans les mœw'sf'-
B. p
LA JOURNÉE SANGLANTE
Les provocateurs de I émeute
de Villeneuve-Saint-Georges
Des faits graves, rapportés par la presse et par des têmojn.
- Des personnes étrangères ont provoqué l'émeute.
comme sous l'Empire. - il faut établir toutes
les responsabilités.
Maintenant que le calme a succédé à
i effervescence produite par les événe-
ments tragiques qui ont ensanglanté la ré-
gion - de Villeneuve-Saint-Georges et de
Draveil-Vignoux et que le sang-froid a re-
pris possession des esprits, le moment est
venu de tirer de la succession et de. l'en-
chaînement de ces événements la conclu-
sion qui doit mettre en lumière les res-
ponsabilités qui se trouvent en jeu.
Si nous nous__en mgporiot*s à ce que
Vient de publier le Journal, ainsi qu'aux
témoignages connus, trois scènes caracté-
ristiques de provocation eurent lieu le 27
juillet, avant que les troupes aient été ap-
pelées à faire usage de leurs armes.
La première se produisit devant le han-
gar de Vigneux, au moment où les dra-
gons, venant de Villeneuve-Saint-Georges
et se dirigeant sur Draveil, pour rejoindre
le lieu choisi pour la concentration des
troupes, furent accueillies par sèpt ou huit
coups de feu de la part des manifestants.
Aucun des soldats ne fut atteint, et l'on
a prétendu qu'il s'agiissait de coups de
pistolet tirés à blanc dans l'unique but
d effrayer les chevaux et d'empêcher les
soldats d avancer. Quels furent les auteurs
de ces coups de feu et dans quel but exac-
tement furent-ils tirés, il importe que l'en-
quête arrive à le déterminer.
La deuxième provocation, qui fut beau-
coup plus grave et précéda ife trente mi-
nutes a peine l'émeute de Villeneuve-Saint-
Goorges, se produisit au pont de Vigneux,
lit pont de la Fourche, situé sur la ligne
du chemin de fer.
Des témoignages
, Deux témoins qui doivent déposer à l'ins-
truction ouverte par le parquet de Cor-
beil ont fait de cette scène un réoit tout
à fait différent de ce qui' à été raconté jus-
qu'ici.
-—Noms éUons yrmng, déclarent-ils, ur
assister à quelques centaines de mètres du
hangar de Vigneux, aux incidents qui allaient
se produire à l'issue du meeting, lorsque les
manifestants tirèrent une première fois sur les
cavaliers. Une débandade suivit ces premiers
coups de feu ; des ouvriers endimanchés, l'é-
glantine à la boutonnière, et qui étaient venus,
comme tant d'autres, pour manifester pacifique-
ment, fuyaient à travers champs, ne voulant
pas, disaient-ils, être mêlés aux déplorables in-
cidents qui allaient fatalement survenir après
cette provocation.
Bientôt, en effet, nous étant placés au haut
du Pont de la Fourche, où nous avions là un
merveilleux observatoire, nous assistâmes au dé-
part des grévistes. Ils quittaient le hangar, en
chantant l'Internationale, et s'acheminaient len-
tement, venant sur nous, vers Villeneuve-Saint-
Georges.
A ce moment Jes troupes de cavalerie,
cuirassiers et dragons, destinées à leur
couper la retraite, avançaient à la même
allure, à cinq cents mètres sur la gauche,
le long des talus de la ligne de Bourgogne.
Les manifestants chantaient toujours —
ils arrivèrent ainsi à cmt cinquante mè-
itres environ du pont de Vigneux ; — les
cavaliers étaient à une égale distance, dans
le champ de luzerne, et, sur l'ordre du
commandant, ils avaient mis leurs che-
VlaIUX au pas.
C'est à ce moment, disent les témoins,
qu'une quinzaine d'individus, venus on ne
sait d'où, surgirent comme par enchante-
ment de l'un des bas-côtés du remblai,
presque à nos pieds, et semblant obéir à
un mot d'ordre, se mirent à tirer avec en-
semble une trentaine de coups de feu sur
la troupe.
L'attaque fut si prompte et si imprévue,
que les autres manifestants, massés beau-
coup plus loin, parurent un instant inter-
dits et décontenancés — la plus grande par-
tie d'entre eux ne s'attendaient pas, sem-
ble-t-il, à tomber dans ce guet-apens d'où
ils ne pouvaient plus songer à se tirer,
maintenant, qu'en défendant chèrement
leur vie.
Les soldats, forcément, pourchassaient
tes tireurs, qui par leurs appels et leurs
vociférations excitaient les plus hésitants.
Ceux-ci se réfugièrent sur les talus, et
c'est ainsi que se produisit l'effroyable mê-
lée où une quarantaine d'hommes furent
blessés dans les deux camps, à coups de
caillasses, de gourdins ou de plat de sa-
bre. -
La scène des barricades
Après cette charge qui acheva de dis-
perser les manifestants du -pont de la Four-
che, les dragons et les cuirassiers parti-
rent au galop par l'avenue de Paris et de-
vancèrent les manifestants qui se diri-
geaient sur Villeneuve-St-Georges. Quel-
ques-uns réussirent cependant à se réfu-
gier sur les quais de la gare, mais la plus
grande partie se trouvèrent soudainement
bloqués dans la rue de Paris , entre le
pont d'Yerres et le carrefour du Lion, et
comme toutes les issues leur étaient bar-
rées à cet endroit, qu'ils ne pouvaient ni
avancer, ni reculer, ni se disperser par au-
cune voie adjacente, c'est alors que, pris
comme dans une souricière, ils s'excitè-
rent, injurièrent les soldats et firent pleu-
voir sur eux les projectiles de toutes sor-
tes qui se trouvèrent à leur portée.
A un moment, le commandant fit exé-
cuter un mouvement tournant pour déga-
ger la place, et lés cavaliers, par rangs
de quatre, se mirent à tourner en manège
durant quelques minutes. Il était près de
quatre heures. La surexcitation des mani-
festants était énorme. Les pierres et les
tessons de bouteilles pleuvaient toujours,
disent les témoins* et il semblait que les
officiers et les sous-officiers éitaient plus
particulièrement visés par les coups.
Le commandant M cuirassiers, qui mar-
chait à la tête de ses hommes, reçut tout
à coup un pavé sur sa cuirasse. Le choc
le projeta sur l'avant de son cheval où
il resta quelques secondes avant de po*.
voir se relever. Visiblement indigné, I<
commandant échangea quelques paroles
avec un capitaine,, et ééjà les soldats
avaient mis sabre au clair, mais le corn..:
mandant se replia sur la place de la gare* *
mettant ainsi fin au « manège » qui obs-
truait le carrefour.
Les manifestants ne rencontrant plt
dès lors, aucun obstacle, se mirent à dres.
ser en hâte six barneades au moyen M
~O~ig.s d& ff~s /~t~ ~~tt-
quelques planches de très iaible "t!sistan-
ce, de matériaux ou de Vavés pris dans les
chantiers voisins ou dans les maisons ell;
construction situées à proximité.
Le tout fut bàolé en moins de dix mi-
nutes, et tous les efforts des manifestants, -
que ïe- sol dats
que les soldats regardaient faire, presque
en riant, n'avaiènt abouti qu'à élever d-es
barricades minuscules et presque enfanta
nes, les matériaux ayant manqué pour que
les manifestants pussent les ériger plus -
solidement.
Pendant toute la durée de ce travail oit
vit des qens suspects, totalement incon-
nus dans la région, qui excitaient , tes gre.t
vistes. et apportaient etix-rizêmes leur pian.
che ou leur pavé, et quand les jusillades.
finales éclatèrent sur les manifestants qui
se tenaient ces barricades, la plu. 1
part de cse énergumènes avaient déguerpi,
depuis longtemps.,
On prétend que certains s'étaient ba~
bouillé a figure de plâtre ou de goudiron,
dans le dessein évident de se rendre mé-
connaissables.
Qui sont-ils ? D'où venaient-iîs ? Dans
quel but agissaient-ils ? Autant de eues-
tions qu4 se posent, qu'il importe élue
der et non pas • d'éluder car il semble res-
sortir en principe, des faits que nous ve*
nons le relater et des tén-toignages. gji, s,«
sont fait Jour, que des fflntè-provoca,
teurs ont été mêlés aux douloureux é\"éne-
ments W 27 jullet.
Comme sous l'Empire -
Voici, à œ propos, ce que nous lisons
dans le dernier numéro de l'Opinion aut
ne saurait être suspecté de tendresse à
J'égard des grévistes :
M. Clemenceau, comme, d'ailleurs, la Blnn/ii*
de ses })Œ'édé.cesSt!urs, n'a que deu.X mOj'ens if
sa disposition : le ParaPluié de Louis-Pliil'nw
et les blouses de M. de Persiony
Qu'une émeure êClatc et notre ministre s'im*
gine que, par son prestige et son crédit auprèj
du peuple, il lui sufffira de se présenter d'un
pas débonriaire, pour calmer toutes les baines.
Au début, il Prôlère recevoir les coups.. plutÏôt
que d'en donnel'. C'est une sorte d'apôtre.Tout
les fonctionaires sous ses ordres participent du
même esprit. Le PI'é[-et se faH in~uSr ücnt foist
arracher vmgt fois son <*harl>e. » est bafoué,
mais il empê(;heun sinistre. Devant l'inintel-
ligence de la révolte, les agents acquièrent um
patience toute, sacerdotale. Je ne le leur reproche
pas, mais je suis obligé de constater qu'ils sont ,
bien vite contraints 00 devenir moins passifs..
Alors, ils s'en rapportent aux militaires, qUI *
n'ont pas acs pislolets de carton et qui le prou-
vent -'
La police secrete est aussi dans les mains du ,
sait à peine en user. A Villeneuve-
Saint-Georges, un grand nombre d'agents fbm-
raient parmi les grévistes. On lep vit s'éclipser,
au moment de la bagarre, avec prestesse. A auoi
pouvaient-ils bien servir ? Ou bien à détourner ,
le mouvement, à l'endiguer, ou bien à Vexcileri
Les socKafistes tiennent naturellement pour la
seconde hypothèse, malgré son absurdité. La
premier,? il faut le dire, n'est pas beaucoup;
plus justifiée, tant donné les résultats.
Avant cette phase active, la police secrcle est
cliargee de prévenir. Or, elle 3. tnt prupro
pour aboutir à ce carrefour yde tuerie. On s'en
rendra compte quand on saura que tlts trains
spéciaux avaient été préparés à la gare de L'tcpt -
pour emmener les grévistes à Villeneuve. ,
C'était d:un intention excellente. Eviter l'on*
Combrcment. voIlà qui mérite l'éloge, Mais I&
fin de l'aventure ne justifie m&lhoureusemen*
pas le début.
Si quelque Constans madré eût, été ministre da •
l'intérieur, j'imagine aisément l'usage qu'il aurait
pu faire de ces trains spéciaux. Ne pouvaient-
ils « Brûler » Villeneuve et déposer nos grévis-
tes impatients dans les gares qui s'échelonnent
jusqu'à Genève ? «
La France aurait ri. Elle adore les gouverne»,
menls qui la distraient, mais elle n'est pas teiK
dre pour ceux qui la laissent vivre dans l'épou*
vante.
Nous demandons de la lumière
Malheureusement, la France n'a pas ri,
et l'opinion n'est pas tendre, en effet, pont
ceux qui la laissent vivre dans l'épou-
vante.
Les républicains ont le droit de deman"
der au gouvernement ce que signifie l in-;
gérence d'éléments étrangers dans les trou-
bles de ViUeneuve-Sajnt-Gcorges. Nous ne
voulons pas revofr, dans les conflits dit
travail ,les fameuses blouses blanches de'.
l'Empire.. Nous ne tolérerons pas que dea-
pratiques odieuses, qui rappellent les plu»
mauvais jours des gouvernements tyranni-
ques s'introduisent dans le gouvernement
de la République et que la classe laborieu-
se en soit la victime.
Il faut que l'instruction judiciaire ou-
verte sur les faits qui ont marqué si tra-
giquement la journée du 27 juillet fasse la
lumière sur tous ces faits, de façon à ce
que les responsabilités soient clairement
établies, sinon une enquête parlementaire
devra faire cette lumière «
LA JOURNÉE POLITIQUE
En Indo-Chine
Le journal le Courrier Saïgonndis, ar4,
rivé à Morseille, vid Brindisi, publie dans
son numéro du 11 juillet la dépêche sui
vante d'Hanoï, en date du 8 juilllet, sur;
l'exécution de trois condamnés dans l'al
faire de tentative d'empoisonnement :
L'exécution des trois artilleurs indigènes
condamnés à mort a eu lieu ce £ ^tin*
m acredi,, à l heures derrière les tribunef
Jeudi 13 Aoftt 1903. -Ne 14034.
LY E lîi Xif fIJFC ® doITBftifGiiv LjiSra
AÏVIVOIVCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
<4, rue dn Mail, Paris.
Et chez MM. LAGRANGE, CERF et G*
6, place de la Bourse, S
4drem TéléqrapbiQuc: XIX" SIÈCLE - PARIS
ABO.WKMKOTS
iro& mots six moto un sa
P5artB 61. iFf. ait,
Départejrents 7 f. 12 f. M U
Union Postai 9 1 18 L as
ù& Abouneme-nts sont reçus Sans trafi
dans tous les Bureaux de Poste
REXACTION : 14, RUE DU MAIL, PARIS. — TÈLÈPHONE 102.82
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
FONDATEUR: EDMOND ABOUT
i - -
ADMINISTRATION : 14* RUE DU MAïL. - TÉLÉPHONE loa sa
Adresser lettres et mandats à l'AdminútrtUetu'
.-. -1
TRIBUNE LIBRE
VENT DE FOLIE
Les journaux conserva-
teurs continuent à prendre
texte des événements de ces
temps derniers pour récla-
mer du gouvernement des
mesures énergiques.,
(Jeiles qui ont été prises jusqu'ici ne
sauraient les satisfaire. Ils réclament
pour 1 instant la fermeture et la disso-
lution de la Confédération générale du
travail, des modifications à la loi de
18S4 sur les syndicats professionnels et
la retraite de deux ministres, MM.
Briand et Viviani que la Liberté, il y
a deux jours, déclarait « disqualifiés ».
* Ce que leur reprochent surtout les
organes nationalistes et modères, c'est
d'avoir été les seuls, au Conseil des
ministres, à s'opposer aux mesures de
réaction violente récamées par certaine
presse.
Sans eux, en effet, le plan habilement
conçu de profiter des événements de
Draveil et de Villeneuve-Saint-Georges,
pour retirer à la classe ouvrière les
libertés dont elle jouit, eût peut-être
réussi ! Ceux qui avaient formé cet es-
poir auraient eu, en outre, la satisfac-
tion de voir l'initiative des mesures de
recul prise par celui-là même qui, pen-
dant trente ans de sa vie, a défendu
la liberté et poursuivi la réaction,
c'est-à-dire a combattu contre eux.
Une telle revanche n'eût pas été pour
leur déplaire. Mais voilà qu'elle leur
échappe, parce que MM. Briand et Vi-
viani qui, eux, n'ont point perdu la
tête, ont énergiquement déclaré qu'ils
ne sauraient s'associer à certaines me-
sures. On comprend, dans ces condi-
tions, la colère Que manifestent les or-
ganes conservateurs.
MM. Briand et Viviani auraient bien
tort de s'en émouvoir. Cette colère les
honore et ne saurait qu'augmenter les
sympathies qu'avaient déjà pour eux
tous les républicains soucieux de rester
fidèles aux traditions de leur parti.
Mais le débarquement des deux mi-
nistres de la justice et du travail n'est
pas encore chose faite. Un président du
Conseil ne « démissionne » pas un mi-
nistre comme le pape un évêque, et si
des dissentiments, s'élevant entre eux
et leurs collègues, obligeaient un
jour MM. Viviani et Briand, auxquels
se joindrait sans doute M. Doumergue,
à quitter d'eux-mêmes le ministère, on
peut être assuré qu'ils feraient connaî-
tre au public les motifs de leur départ.
Malgré l'appui que ne manqueraient
pas de lui apporter dans la circonstan-
ce les nationalistes et les réactionnai-
res, je doute fort, pour ma part, que
ce départ soit de nature à fortifier le
cabinet.
Nous sommes, en tout cas, assuré?
que tant qu'ils resteront à leur poste,
tes projets fous dans lesquels certains
se complaisent ne seront pas mis à exé-
cution.
Ils s'opposeront comme ils l'ont déjà
fait à la fermeture et à la dissolution
de la Confédération générale du travail,
parce qu'ils savent bien qu'une telle
mesure, outre qu'elle serait illégale,
aurait pour effet d'exaspérer, en les
frappant, tous ceux qui, dans les orga-
nisations ouvrières, — et ils sont nom-
breux — condamnent les tendances
anarchistes de quelques-uns des me-
aeurs.
Ils ne s'associeront pas à un projet
tendant à modifier la loi de 1884 sur
les syndicats professionnels, parce
qu'ils savent bien que si cette loi n'a
pas donné tous les résultats qu'en atten-
daient ses auteurs, c'est qu'on s'est re-
fusé, jusqu'à ce jour, à la compléter
par des mesures que le parti républi-
cain était à peu près unanime à récla-
mer..
M. Barthou qui, dans la précédente
législature, a déposé un rapport si re-
marquable et si remarqué sur l'exten-
sion à accorder aux libertés syndicales,
pourra mieux que personne indiquer à
ses- collègues que la véritable réponse
d'un cabinet républicain aux excita-
lions et aux conseils de réaction qui lui
tiennent de droite, consiste dans f or-
ganisation de la personnalité civile. au
profit des syndicats.
Leur donner, par ce droit nouveau et
Par la reconnaissance du contrat collec-
lif du travail, le sentiment exact des
responsabilités qui pèsent sur eux, voilà
qui sera beaucoup plus efncace pour
.la paix publique et pour l'ordre social,
que les mesures extravagantes que pré-
ionise le Gaulois. ,.;
Notre confrère voudrait, en effet,
tyue lorsque des troubles éclatent, les
,ele.fs- des syndicats, présidents et se-
crétaires généraux, soient considérés
par la loi comme responsables des dé-
lits et des crimes qui pourraient être
commis.
C'est, on en conviendra, d'une jus-
tice un peu rudimentaire- Pendant
longtemps, dans les lycées et collèges,
lorsqu'une faute contre la discipline
avait lieu et que l'on ne pouvait décou-
vrir le coupable, on punissait un ou
deux élèves pris comme « responsa-
bles ». Rien ne blessait davantage le
sentiment inné de la justice qu'ont les
enfants. De tels procédés ont cessé
d'être employés dans l'Université et il
faut s'en féliciter. Le Gaulois demande
que la loi les remette en honneur dans
la société. Laissons-lui toute la gloire
d'une si noble et si généreuse pensée.
Au lendemain de l'assassinat, à Lyon,
du président Carnot, un vent de folie
passa sur la presse et sur les pouvoirs
publics. M. Charles Dupuy, qui était
alors président du Conseil, prit l'initia-
tive de ces lois contre les menées anar-
chistes, dites « lois scélérates », qui de-
vaient être inefficaces pour arrêter les
crimes anarchistes, mais qui mettaient
aux mains du pouvoir une arme redou-
table dont il pouvait abuser contre les
militants socialistes.
Ce fut l'honneur du parti radical de
protester avec énergie, et dans la pres-
se et à la tribune, contre ce projet. Au
premier rang des protestataires, se
trouvait M. Clemenceau,, dont la verve
cinglante stigmatisait les réacteurs
d'alors.
Quinze ans se sont écoulés et voilà
qu'un vent de folie semble passer à
nouveau sur les partis politiques de ce
pays. Mais le gouvernement saura y
résister. M. Clemenceau ne voudra pas
jouer le rôle qu'a jOué-jûdis M. Charles
Dupuy. Le voudrait-il, d'ailleurs, qu'il
ne le pourrait pas. M. Charles Dupuy,
en effet, n'avait dans son cabinet ni M.
Briand, ni M. Viviani, ni M. Doumer-
gue. C'est sur eux que comptent les ré-
publicains. ','-
Alfred MASSÉ,
- Député de la Nièvre.
LA POLITIQUE
A CRONBERC
La visite du roi Edouard
VII à l'empereur Guillau-
me II, après tant de visites du
roi Edouard VII, et tant de
visites de l'empereur Guillau-
me II, inspire à plusieurs
journaux cette réflexion judicieuse qu'à
la fin tant de visites ne signifient plus
grand'cliose. Le spectateur frivole pour-
rait bien croire assister à une figure cé-
lèbre du quadrille des lanciers.
N'exagérons rien cependant ! Après
avoir accordé une importance singuliè-
re aux voyages du président de la Ré-
publique, aux déplacements de Guillau-
me II, aux croisières d'Edouard VII, ne
soufflons pas sur l'entrevue de Cronberg
comme sur une bulle de savon.
L'oncle et le neveu, en se rappro-
chant, actuellement, au lendemain des
vaines menaces du jingoïsme anglais
et du chauvinisme teutonique, se mon-
trent habiles ét modérés. Les publicis-
tes des deux pays qui avaient avivé une
querelle latente, à propos de la lettre
de l'empereur à lord Tweedmôuth, ou
au sujet de la politique présumée de
l'encerclement de l'Allemagne, voient
ruiner l'œuvre haineuse dont ils étaient
en ,grande partie les artisans.
L'Allemagne tout entière n'est pas
décidée à suivre le parti des maritimes,
aux ambitions illimitées. L'Angleterre
tout entière ne prétenu pas créer une
armée plus forte que celle d'aujour-
d'hui, destinée à ramener sur le conti-
nent un nouveau Wellington.
Les partisans de l'extension navale
en Allemagne, les partisans ,de. l'exten-
sion militaire en Angleterre forment
deux minorités. Les partis démocrati-
ques, dans les deux pays, qui chaque
jour prouvent leur force croissante, af-
firment leur volonté pacifique, en même
temps. v
Les souverains attentifs à complaire
aux volontés populaires, ici et là, sont
soucieux de marquer leur déférence pour
la politique qui risque le moins d'aven-
turer le sort des nations dont ils sont
responsables. -
M. Lloyd George i avait récemment
fcclamé l'apaisement du conflit anglo-
allemand et il représente l'élément le
plus avancé du cabinet anglais.
Décidément les 'démocrates sont meil-
leurs diplomates que les gens de la
« caInère H.
LES ON-DIT
-
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mercredi:
Lever du soleil à 4 h. 49 î coucher à
7 h. 20.
Pleine lune.
Courses à Cabourg. *
Maujaniana
L'autre soir Adolphe entre rayon-
nant dans le cabinet du président du
Conseil :
— Vous avez l'air bien content, mon
vieil Adolphe, dit le Président de bon-
ne humeur.
— Oh oui ! répond l'ineffable, c'est
que je viens de trouver un fameux, jeu
de mots. -
- Drtes voir. -\
- Eh bien, voilà. M. le Président
sait-il de quelle secte philosophique
sont les puces et les poux ?
— Quoi ? Vous dites ?
— Je dis que les puces sont de l'école
d Epicure et les poux de l'école d'Epic-
tète. - -- -._- ---- ---
— F. le camp !
Jeunesse !
Mademoiselle D. qui est encore
très égrillarde malgré son âge, a méri-
té qu'on dît de sa personne qu'elle n'é-
tait plus bonne qu'à- divertir des collé-
giens.
— Pour moi, disait un homme qui a
plus d'expérience, elle me fait l'effet
d'un conte de Grécourf., relié en par-
chemin ».
Les bons comptes.,
F., auteur dramatique, mort il y a
deux ans, avait emprunté cent francs
à D. Celui-ci vft un jour F. tirer
vingt francs de sa poche.- « Mon cher,
lui dit-il, je t'ai prêté vingt francs ; si
tu me les rendais ? — Non pas, dit
F. c'est cent francs que tu m'as prê-
tés. — Non c'est vingt francs. — Cent
francs, te dis-je. — Eh bien ! rends-moi
vingt francs ; je te tiens quitte. — Non
pas, non pas ; j'aime mieux te devoir
cent francs, a
AUTREFOIS
Rappel du 13 .noût 1872. — Le bruit court
quSin ijroupe considérable de députés, ntt-
quel M. Thiers se rallierait, songe à cons-
tituer une seconde Chambre.
Le Journal Officiel contient les nomma- 1
lions préfectorales annoncées depuis quel-
ques jours. La plupart sont satisfaisantes.
Egalement au Journal Officiel, un avis
sur la répartition de Vemprunt souscrit.
La part proportionnelle attribuée a chaque
souscripteur est de 7 Ir. 88 de la som-
me de rente souscrite.
Victor Hugo, arrivé jeudi matin à Jer-
sey, après une traversée très rude, a dû,
en raison de la persistance du mauvais
temps, retarder d'un jour son départ pour
Guernesey. Il est enfin depuis samedi à
Hauteville-House, avec sa belle-fille et ses
petits-enfants.
Pour la première fois depuis la chute de
l'Empire, aura lieu aujourd'hui, sous la.
présidence du ministre de Vinstruction pu-
blique, la distribution des prix du concours
général des lycées de Paris et de Ver-
sailles.
Manies d'auteur
Le vieux Delrieu allait flans un café,
le jour de la représentation de sa tra-
gédie d'Artaxer-w. avant l'heure du
spectacle, et jouait cette petite scène :
« Garçon, un journal de spectacle ?
Voyons fin peu, disait-il- tout haut,
pouf être entendu de ses voisins, que
donne-l-on ce soir à la Comédie-Fran-
çaise ? Artaxerxe Diable ! Diable ! je
ne veux pas manquer celle-là. Garçon,
servez-moi vile, vite ; on donne Arta-
xerxe, il y aura foule au Français ! »
i
Madame d'Houdetot
Peu de jours avant sa mort, la jeune
Mme d'Houdetot avait l'air très pensif.
— A quoi rêvez-vous ? lui dit-on.
- Je me regrette, répondit-elle.
Vengeance
Qu'as-tu donc fait à B. ? disait-on
un jour à H. R,. Il dit beaucoup de mal
de toi.
Et là-dessus on entre dans le détail
des mauvais propos, faits pour irriter
tout autre que H. R. Il sort quelques
instants après, et rentre au bout d'une
demi-heure.
— D'où viens-tu ?
— Je viens de voir B.
— Tu as eu une explication avec lui ?
— Je suis vengé.
— Bah ! tu l'as maltraité ?.
- Mieux que cela.
— Quoi donc ?
- Je lui ai emprunté cent francs.
Pas d'appétit 'f
— A genoux ! à (genoux ! criait un
prêtre aux matelots, dans une tempête
épouvantable. Un matelot lui dit : « Bé-
nissez-nous, mon père, car ce soir nous
souperons avec les anges. »
— Dieu nous en préserve pour ce
soir ! répartit le curé, je n'aurai pas
faim.
Le sauveteur
.'Une demoiselle très romanesque étant
tombée dans une rivière, fut sur le
point de se noyer. Un libérateur se
trouve, par hasard, qui la ramène éva-
nouie ; elle est emportée chez elle
Lorsqu'elle a repris connaissance, elle
déclare à sa famille qu'elle veut épou-
ser celui qui l'a sauvée.
— Impossible^ "1 - • père*
— Il est donc marié ?
- Non.
— N'est-ce pas ce jeune homme qui
demeure dans notre voisinage ?
- Eh I non, c'est un chien de Terre-
Neuve.
La vie et la mort
Un capucin disait que Dieu avait bien
(fait de mettre la mort à la fin de la vie,
parce qu'on avait ainsi le temps de s'y
préparer.
- &
La morale religieuse
en actions
Il y a quelques semaines, un prêtre, âgé
de 33 ans, professeur dans une institution
cléricale d'Amiens, était surpris avec une
dame de 38 ans, mère d'un de ses élèves,
dans une chapelle funéraire du cimetière
Madeline. Par les gestes et les attitudes,
observées par des témoins, des indiscrets,
à travers la porte vitrée de la chapelle, on
conclut à des relations sur la nature des-
quelles il est inutile que nous insistions.
L'affaire fil--du bruit ; elle causa même un
scandale énorme. La justice s'émut, et elle
décida, après enquête, d'exercer des pour-
suites.
Les débats ont eu lieu la semaine der-
nière devant le tribunal correctionnel d'A-
miens. L'homme de Dieu et sa pénitente
nièrent avec énergie les faits qui leur
étaient reprochés. Le jugement fut ren-
voyé à lundi dernier.
Le tribunal, ayant estimé que la publi-
cité. essentielle pour constituer l'outrage
aux moeurs, n'était pas établie, les témoins
ayant vu « volontairement », a acquitté des
prévenus de ce chef, mais les a condam-
nés pour violation de sépulture, à des
peines sévères : l'abbé à huit mois de pri-
son, la dame à six mois, et 200 francs d'a-
mende chacun.
Aux cléricaux qui sans cesse vitupèrent
contre la morale enseignée dans nos éco-
les laïques, en lui opposant la morale reli-
gieuse enseignée dans leurs établisse-
ments, nous nous bornerons à dire au-
jourd'hui : « La voilà, votre morale en ac-
tions ! Et, si elle n'édifie pas sur sa valeur
tous les pères de famille soucieux de la
bonne et saine éducation de leurs enfants,
c'est qu'ils entendent demeurer sourds et
aveugles. »
L'affaire d'Amiens donne une saveur par-
ticulière à l'encyclique que vient de lancer
Pie X, et dans * laquelle il recommande au
~-fg~ et aaï /yimmiinnnté.g rpligiPn^a « ta
pureté des mœurs, la chasteté et les bons
exemples ». - P. G.
gag
Congrès fit Mite Pensée
Avant le Congrès
Le congrès annuel. de la fédération na-
tionale de la Libre Pensée (section fran-
çaise de la Fédération Internationale), en
axécution de la décision votée au congrès
de Paris le 2 novembre 1907, Ee réunira
à la mairie de Limoges, le 15 et le 16 août.
Ce congrès, organisé par le' soins du
citoyen Noël, secrétaire de la fédération
des sociétés de Libre Pensée de la Ha;r.te-
Vienne, comprendra :
1° Des délégués des différentes sections
adhérentes à la Fédération nationale, à
raison de 1 délégué par 100 membres avec
voix délibératives ;
2° Des libres penseurs adhérents ou non
adhérents à la Fédération nationale et
qui pourront prendre part seulement à la
séance plénière du 15 août où seront dis..
cutées des questioM de a plus haute im-
portance au point de vue philosophique et
propagandiste.
Le journal le Rappel, soucieux de tenir
ses lecteurs au courant de cette importante
manifestation de la pensée libre, publiera
un compte rendu complet des séances et
une impression d'ensemble sur le con-
grès. -
Les sections qui n'auront pas pu envoyer
de délégués à cette réunion seront ainsi
mises au courant des travaux accomplis
à Limoges.
Les questions qui seront soumises à l'é-
tude des congressistes sont les suivantes :
f ofurnée, 15 août, séance plénière
ï* Vérification des pouvoirs ;
2* L'altitude de la Libre Pensée au point de
vue politique, économique et social ;
3" La Libre Pensée et le Patriotisme. Conquê-
tes coloniales ;
V De l'enseignement laïque gratuit à tous les
degrés. Liberté ou monopole. Révision des livres
scolaires et des livres de prix afin d'expurger
l'esprit clérical qui les imprègne ;
5" De l'application effective de la loi de Sé-
paration ;
6* Création d'une agrégation d'enseignement
de philosophie scientifique populaire ;
7* Action contre les associations cléricales de
pères de famille par la limitation stricte de la
juridiction scolaire ;
8 Des moyens de rehausser l'éclat des cérémo-
nies, civiles ;
9* Des moyens à employer en vue de la laïci-
sation effective des hôpitaux ;
10* Retour à la nation des édifices du culte;
11* Des moyens d'amener les femmes à la
Libre Pensée.
21 journée, iô août® *
N'y pourront prendre part que les délégués des
groupes adhérents à la Fédération nationale.
1 Vérification des pouvoirs ;
2' Rapport moral et financier ;
3° Rapport de la commission de contrôle ;
49 Rapport de la commission de propagande;
5° Rapport de la Délégation française au Bu-
reau International ;
6* Renouvellement de la commission de con-
trôle ;
7* Renouvellement de la Délégation française
au Bureau International ;
b" Proposition de modifications aux articles
2 et 9 (cotisations) ;
2 9° Date et lieu du Congrès de 1909.
Le LiID fis travail est vaste. Là besogné
faite sera bonne, nous respérons, et nous
l'enregistrerons avec satisfaction ,
La Séparation des Eglises et de l'Etat
est faite dans la Loi. C'est à la Libre Pen-
sée de la faire passer dans les mœw'sf'-
B. p
LA JOURNÉE SANGLANTE
Les provocateurs de I émeute
de Villeneuve-Saint-Georges
Des faits graves, rapportés par la presse et par des têmojn.
- Des personnes étrangères ont provoqué l'émeute.
comme sous l'Empire. - il faut établir toutes
les responsabilités.
Maintenant que le calme a succédé à
i effervescence produite par les événe-
ments tragiques qui ont ensanglanté la ré-
gion - de Villeneuve-Saint-Georges et de
Draveil-Vignoux et que le sang-froid a re-
pris possession des esprits, le moment est
venu de tirer de la succession et de. l'en-
chaînement de ces événements la conclu-
sion qui doit mettre en lumière les res-
ponsabilités qui se trouvent en jeu.
Si nous nous__en mgporiot*s à ce que
Vient de publier le Journal, ainsi qu'aux
témoignages connus, trois scènes caracté-
ristiques de provocation eurent lieu le 27
juillet, avant que les troupes aient été ap-
pelées à faire usage de leurs armes.
La première se produisit devant le han-
gar de Vigneux, au moment où les dra-
gons, venant de Villeneuve-Saint-Georges
et se dirigeant sur Draveil, pour rejoindre
le lieu choisi pour la concentration des
troupes, furent accueillies par sèpt ou huit
coups de feu de la part des manifestants.
Aucun des soldats ne fut atteint, et l'on
a prétendu qu'il s'agiissait de coups de
pistolet tirés à blanc dans l'unique but
d effrayer les chevaux et d'empêcher les
soldats d avancer. Quels furent les auteurs
de ces coups de feu et dans quel but exac-
tement furent-ils tirés, il importe que l'en-
quête arrive à le déterminer.
La deuxième provocation, qui fut beau-
coup plus grave et précéda ife trente mi-
nutes a peine l'émeute de Villeneuve-Saint-
Goorges, se produisit au pont de Vigneux,
lit pont de la Fourche, situé sur la ligne
du chemin de fer.
Des témoignages
, Deux témoins qui doivent déposer à l'ins-
truction ouverte par le parquet de Cor-
beil ont fait de cette scène un réoit tout
à fait différent de ce qui' à été raconté jus-
qu'ici.
-—Noms éUons yrmng, déclarent-ils, ur
assister à quelques centaines de mètres du
hangar de Vigneux, aux incidents qui allaient
se produire à l'issue du meeting, lorsque les
manifestants tirèrent une première fois sur les
cavaliers. Une débandade suivit ces premiers
coups de feu ; des ouvriers endimanchés, l'é-
glantine à la boutonnière, et qui étaient venus,
comme tant d'autres, pour manifester pacifique-
ment, fuyaient à travers champs, ne voulant
pas, disaient-ils, être mêlés aux déplorables in-
cidents qui allaient fatalement survenir après
cette provocation.
Bientôt, en effet, nous étant placés au haut
du Pont de la Fourche, où nous avions là un
merveilleux observatoire, nous assistâmes au dé-
part des grévistes. Ils quittaient le hangar, en
chantant l'Internationale, et s'acheminaient len-
tement, venant sur nous, vers Villeneuve-Saint-
Georges.
A ce moment Jes troupes de cavalerie,
cuirassiers et dragons, destinées à leur
couper la retraite, avançaient à la même
allure, à cinq cents mètres sur la gauche,
le long des talus de la ligne de Bourgogne.
Les manifestants chantaient toujours —
ils arrivèrent ainsi à cmt cinquante mè-
itres environ du pont de Vigneux ; — les
cavaliers étaient à une égale distance, dans
le champ de luzerne, et, sur l'ordre du
commandant, ils avaient mis leurs che-
VlaIUX au pas.
C'est à ce moment, disent les témoins,
qu'une quinzaine d'individus, venus on ne
sait d'où, surgirent comme par enchante-
ment de l'un des bas-côtés du remblai,
presque à nos pieds, et semblant obéir à
un mot d'ordre, se mirent à tirer avec en-
semble une trentaine de coups de feu sur
la troupe.
L'attaque fut si prompte et si imprévue,
que les autres manifestants, massés beau-
coup plus loin, parurent un instant inter-
dits et décontenancés — la plus grande par-
tie d'entre eux ne s'attendaient pas, sem-
ble-t-il, à tomber dans ce guet-apens d'où
ils ne pouvaient plus songer à se tirer,
maintenant, qu'en défendant chèrement
leur vie.
Les soldats, forcément, pourchassaient
tes tireurs, qui par leurs appels et leurs
vociférations excitaient les plus hésitants.
Ceux-ci se réfugièrent sur les talus, et
c'est ainsi que se produisit l'effroyable mê-
lée où une quarantaine d'hommes furent
blessés dans les deux camps, à coups de
caillasses, de gourdins ou de plat de sa-
bre. -
La scène des barricades
Après cette charge qui acheva de dis-
perser les manifestants du -pont de la Four-
che, les dragons et les cuirassiers parti-
rent au galop par l'avenue de Paris et de-
vancèrent les manifestants qui se diri-
geaient sur Villeneuve-St-Georges. Quel-
ques-uns réussirent cependant à se réfu-
gier sur les quais de la gare, mais la plus
grande partie se trouvèrent soudainement
bloqués dans la rue de Paris , entre le
pont d'Yerres et le carrefour du Lion, et
comme toutes les issues leur étaient bar-
rées à cet endroit, qu'ils ne pouvaient ni
avancer, ni reculer, ni se disperser par au-
cune voie adjacente, c'est alors que, pris
comme dans une souricière, ils s'excitè-
rent, injurièrent les soldats et firent pleu-
voir sur eux les projectiles de toutes sor-
tes qui se trouvèrent à leur portée.
A un moment, le commandant fit exé-
cuter un mouvement tournant pour déga-
ger la place, et lés cavaliers, par rangs
de quatre, se mirent à tourner en manège
durant quelques minutes. Il était près de
quatre heures. La surexcitation des mani-
festants était énorme. Les pierres et les
tessons de bouteilles pleuvaient toujours,
disent les témoins* et il semblait que les
officiers et les sous-officiers éitaient plus
particulièrement visés par les coups.
Le commandant M cuirassiers, qui mar-
chait à la tête de ses hommes, reçut tout
à coup un pavé sur sa cuirasse. Le choc
le projeta sur l'avant de son cheval où
il resta quelques secondes avant de po*.
voir se relever. Visiblement indigné, I<
commandant échangea quelques paroles
avec un capitaine,, et ééjà les soldats
avaient mis sabre au clair, mais le corn..:
mandant se replia sur la place de la gare* *
mettant ainsi fin au « manège » qui obs-
truait le carrefour.
Les manifestants ne rencontrant plt
dès lors, aucun obstacle, se mirent à dres.
ser en hâte six barneades au moyen M
~O~ig.s d& ff~s /~t~ ~~tt-
quelques planches de très iaible "t!sistan-
ce, de matériaux ou de Vavés pris dans les
chantiers voisins ou dans les maisons ell;
construction situées à proximité.
Le tout fut bàolé en moins de dix mi-
nutes, et tous les efforts des manifestants, -
que ïe- sol dats
que les soldats regardaient faire, presque
en riant, n'avaiènt abouti qu'à élever d-es
barricades minuscules et presque enfanta
nes, les matériaux ayant manqué pour que
les manifestants pussent les ériger plus -
solidement.
Pendant toute la durée de ce travail oit
vit des qens suspects, totalement incon-
nus dans la région, qui excitaient , tes gre.t
vistes. et apportaient etix-rizêmes leur pian.
che ou leur pavé, et quand les jusillades.
finales éclatèrent sur les manifestants qui
se tenaient ces barricades, la plu. 1
part de cse énergumènes avaient déguerpi,
depuis longtemps.,
On prétend que certains s'étaient ba~
bouillé a figure de plâtre ou de goudiron,
dans le dessein évident de se rendre mé-
connaissables.
Qui sont-ils ? D'où venaient-iîs ? Dans
quel but agissaient-ils ? Autant de eues-
tions qu4 se posent, qu'il importe élue
der et non pas • d'éluder car il semble res-
sortir en principe, des faits que nous ve*
nons le relater et des tén-toignages. gji, s,«
sont fait Jour, que des fflntè-provoca,
teurs ont été mêlés aux douloureux é\"éne-
ments W 27 jullet.
Comme sous l'Empire -
Voici, à œ propos, ce que nous lisons
dans le dernier numéro de l'Opinion aut
ne saurait être suspecté de tendresse à
J'égard des grévistes :
M. Clemenceau, comme, d'ailleurs, la Blnn/ii*
de ses })Œ'édé.cesSt!urs, n'a que deu.X mOj'ens if
sa disposition : le ParaPluié de Louis-Pliil'nw
et les blouses de M. de Persiony
Qu'une émeure êClatc et notre ministre s'im*
gine que, par son prestige et son crédit auprèj
du peuple, il lui sufffira de se présenter d'un
pas débonriaire, pour calmer toutes les baines.
Au début, il Prôlère recevoir les coups.. plutÏôt
que d'en donnel'. C'est une sorte d'apôtre.Tout
les fonctionaires sous ses ordres participent du
même esprit. Le PI'é[-et se faH in~uSr ücnt foist
arracher vmgt fois son <*harl>e. » est bafoué,
mais il empê(;heun sinistre. Devant l'inintel-
ligence de la révolte, les agents acquièrent um
patience toute, sacerdotale. Je ne le leur reproche
pas, mais je suis obligé de constater qu'ils sont ,
bien vite contraints 00 devenir moins passifs..
Alors, ils s'en rapportent aux militaires, qUI *
n'ont pas acs pislolets de carton et qui le prou-
vent -'
La police secrete est aussi dans les mains du ,
sait à peine en user. A Villeneuve-
Saint-Georges, un grand nombre d'agents fbm-
raient parmi les grévistes. On lep vit s'éclipser,
au moment de la bagarre, avec prestesse. A auoi
pouvaient-ils bien servir ? Ou bien à détourner ,
le mouvement, à l'endiguer, ou bien à Vexcileri
Les socKafistes tiennent naturellement pour la
seconde hypothèse, malgré son absurdité. La
premier,? il faut le dire, n'est pas beaucoup;
plus justifiée, tant donné les résultats.
Avant cette phase active, la police secrcle est
cliargee de prévenir. Or, elle 3. tnt prupro
pour aboutir à ce carrefour yde tuerie. On s'en
rendra compte quand on saura que tlts trains
spéciaux avaient été préparés à la gare de L'tcpt -
pour emmener les grévistes à Villeneuve. ,
C'était d:un intention excellente. Eviter l'on*
Combrcment. voIlà qui mérite l'éloge, Mais I&
fin de l'aventure ne justifie m&lhoureusemen*
pas le début.
Si quelque Constans madré eût, été ministre da •
l'intérieur, j'imagine aisément l'usage qu'il aurait
pu faire de ces trains spéciaux. Ne pouvaient-
ils « Brûler » Villeneuve et déposer nos grévis-
tes impatients dans les gares qui s'échelonnent
jusqu'à Genève ? «
La France aurait ri. Elle adore les gouverne»,
menls qui la distraient, mais elle n'est pas teiK
dre pour ceux qui la laissent vivre dans l'épou*
vante.
Nous demandons de la lumière
Malheureusement, la France n'a pas ri,
et l'opinion n'est pas tendre, en effet, pont
ceux qui la laissent vivre dans l'épou-
vante.
Les républicains ont le droit de deman"
der au gouvernement ce que signifie l in-;
gérence d'éléments étrangers dans les trou-
bles de ViUeneuve-Sajnt-Gcorges. Nous ne
voulons pas revofr, dans les conflits dit
travail ,les fameuses blouses blanches de'.
l'Empire.. Nous ne tolérerons pas que dea-
pratiques odieuses, qui rappellent les plu»
mauvais jours des gouvernements tyranni-
ques s'introduisent dans le gouvernement
de la République et que la classe laborieu-
se en soit la victime.
Il faut que l'instruction judiciaire ou-
verte sur les faits qui ont marqué si tra-
giquement la journée du 27 juillet fasse la
lumière sur tous ces faits, de façon à ce
que les responsabilités soient clairement
établies, sinon une enquête parlementaire
devra faire cette lumière «
LA JOURNÉE POLITIQUE
En Indo-Chine
Le journal le Courrier Saïgonndis, ar4,
rivé à Morseille, vid Brindisi, publie dans
son numéro du 11 juillet la dépêche sui
vante d'Hanoï, en date du 8 juilllet, sur;
l'exécution de trois condamnés dans l'al
faire de tentative d'empoisonnement :
L'exécution des trois artilleurs indigènes
condamnés à mort a eu lieu ce £ ^tin*
m acredi,, à l heures derrière les tribunef
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Auteurs similaires Simond Paul Simond Paul /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Simond Paul" or dc.contributor adj "Simond Paul")Simond Henry Simond Henry /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Simond Henry" or dc.contributor adj "Simond Henry")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k75709227/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k75709227/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k75709227/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k75709227/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k75709227
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k75709227
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k75709227/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest