Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-07-21
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 21 juillet 1908 21 juillet 1908
Description : 1908/07/21 (N14011). 1908/07/21 (N14011).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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Mardi 21 Juillet 1008. — N* 14011.
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TRIBUNE LIBRE -
LA FIN DES DIEUX
Daas un salon du Sénat se
trouve une vaste toile de Cbe-
navard représentant la dé-
route des dieux païens. En
haut, les bras étendus -en
forme de croix, le Christ s'é-
lèVeTTans une gloire, porte sur les ailes
des anges. Il monte aux sphères paradi-
siaques.
En bas, Jupiter et sa troupe de divi-
nités interlopes tombent, en débandade,
pêle-mêle dans le gouffre sombre des ré-
gions inférieures où disparaissent les
choses, toutes les choses, même les
dieuÀÍ, sans espoir de retour. De son
glaive vengeur, saint Michel menace
Mars éperdu ; les jeunes amours, éton-
nés de cette aventure, emportent Vénus
défaillante sur une peau de tigre.
Tu triomphais, 6 Christ, dans ion paradis bleu ;
Tes chérubins chantaient sur des harpes d'ivoire.
C'était le temps où une grande et
mystérieuse 'voix, se répercutant dans
les échos de la montagne, annonçait la
mort de Pan aux marins grecs dont les
barques longeaient les côtes de l'Epire.
Mais voici qu'on raconte des choses
étranges.
Des bergers italiens auraient entendu,
dans les pâturages des Apennins, une
grande voix qui venait des forêts voisi-
nes. Elle annonçait la fin du règne de
Jésus de Nazareth et, s'il faut en croire
ces mêmes bergers, on aurait entendu,
en même temps, les rires moqueurs des
nymphes des bois, accompagnées de la
flûte de Pan qui, caché depuis des siè-
cles dans le tronc .d'un vtèux chêne,
attendait l'heure de sa revanche.
Cela doit être vrai. A des indices cer-
tains, on reconnaît que le dieu romain
a fait son temps. Nous assistons à la fin
d'une religion. Evénement considérable
et rare. Que nous sommes loin de ce
temps dont nous trouvons une impres-
sion poignante dans le tableau de Jean
Paul Laurens, l'Excommunication de
Robert le Pieux.
Parce que le roi de France avait con-
clu un mariage contraire à ses désirs,
ie pape pouvait suspendre les cérémo-
nies du culte, empêcher d'enterrer les
morts, mettre un royaume en interdit,
c'est-à-dire arrêter d'un geste le mouve-
ment vital de tout un peuple. Robert dut
capituler et changer de femme pour
- sauver son peuple de la colère du pape.
Il renvoya, en pleurant, la * première
épouse qu'il aimait, et il en prit une au-
tre, terrible compagne qui lui rendit la
vie terriblement dure. Mais le pape
triomphait.
Aujourd'hui est venue à quelques évê-
ques l'idée saugrenue de frapper d'in-
terdit les communes dont les municipa-
lités avaient eu l'audace de passer ou-
tre à leurs menaces en achetant pour
l'usage de la collectivité, les établisse-
ments congréganistes. - J - ',,,' -,:
Le pape les a dissuadés de prendre
tette mesure. Quelle que soit sa médio-
crité intellectuelle, il a compris à quel
&hec piteux allaient aboutir ces prélats.
Nous ne sommes plus au XIe siècle ; les
excommunications majeures ou mineu-
res ne produisent pas d'effet apprécia-
ble, même en Italie, dans la patrie de
saint Antoine de Padoue.
Grandeur et décadence ! C'est la fin
H'un système qui a fait son temps ; à
l'usage, on a constaté à quel point il
était préjudiciable à notre portion d'hu-
manité.
Nulle part, peut-être, la malfaisance
rde l'autorité pontificale n'a été mise en
lumière comme dans le chapitre final de
I.'Histoire des Républtiques: italiennes,
par de Sismondi.
Du XIIIe au XVIe siècle, l'Italie est le
théâtre d'une activité intellectuelle, phi-
losophique, scientifique, littéraire, artis
tique, qui aboutit au triomphe de la Re-
naissance. L'Italie devient alors l'édu-
catrice, l'inspiratrice des autres peuples
de l'Europe. Pourquoi ? Parce que la li-
berté provoquait aux efforts laborieux.
Républiques, principautés, duchés, se
disputaient à prix d'or les maîtres émi-
nents, les professeurs, les artistes. On se
préoccupait de leurs talents et non de
leur orthodoxie en matière philosophique
'ou religieuse ; libre discussion de doc-
trines entre Juifs, chrétiens et in-
croyants. On se battait ferme '; on se
yuerellait., mais on travaillait.
Florence, Pise, Ferrare, Bologne, Pa-
3oue, Mantoue, Venise, Parme, Modène,
Sienne sont des centres d'activité fé-
conde. Toutes ces communautés animées
d'une fierté jalouse, avaient su se dé-
fendre contre toute ingérence abusive
Su pape.
Mais voici que les souverains pontifes,
eès le commencement du XVIIe siècle,
Atteignent le but poursuivi, depuis des
Siècles, avec une persévérance sacerdo-
tale. Si l'Italie tout entière ne recon-
naît j)as leur autorité politique, elle s'est
soumise à leur direction spirituelle. Les
Jésuites se sont installés à Rome ; leur
collège instruit la jeunesse et la plie à
sa méthode spéciale, faite pour détruire
la personnalité et étouffer l'esprit criti-
que. Alors on invente les prières tautolo-
giques, litanies, chemin de la croix, ro-
saire. Le confesseur jésuite donne pour
pénitence l'obligation de réciter une dou-
zaine de pater ou deux, ou plus, selon
la gravité du péché. La volonté .et l'in-
telligence succombaient à ces exercices
de piété où il s'agit de répéter machina-
lement la même formule, le même mot,
sans réflexion, sans effort pour com-
prendre, à la façon des moulins à priè-
res mis en batterie devant les Bouddhas
des pagodes indiennes.
Quand on a pratiqué quelque temps
ces exercices spirituels, on est mûr pour
toutes les résignations et servitudes ; on
est prêt à croire à toutes les apparitions,
à tous les mystères et miracles. Il est
curieux d'observer sur les foules de
Lourde* les Aff ets de ce procédé. Il fonc-
tionne en ce moment. A l'heure où les
malades vont être plongés dans la pis-
cine, un moine monte sur une haute pla-
teforme d"où il domine les pèlerins. Le-
vant les bras au ciel, il implore menta-
lement la divinité du lieu. Après quel-
ques instants de nouvelle extase, il s'é-
crie : « Ave ! Maria » trois fois répété
sur un ton différent. Il réitère la même
invocation avec les mêmes tons ; la foule
se met à l'unisson. Des centaines de voix
poussent le même cri, sous la direction
du moine. Les esprits s'exaltent, les
yeux s'allument, les physionomies de-
viennent farouches, l'autosuggestion col-
lective opère progressivement, et c'est
un spectacle effrayant de voir cette mas-
se d'êtres saris pensée, envahis par la
folie religieuse. Le faiseur de miracles
peut opérer alors en toute sécurité.
L'impression cfst troublante un mo-
ment. Mais, à la réflexion, on s'aperçoit
que ces gens-là n'appartiennent plus à
la même race que nous ; ce sont les
revenants d'une époque déjà lointaine ;
les évêques présents à ces manifestations
de croyants attardés et accumulés sur
ce point, peuvent en emporter quelques
illusions. Illusions chimériques. Les
jours du dieu qu'on adore en ces ré-
gions spéciales sont comptés. Il peut
préparer ses pinceaux, le Chenavard qui
voudra représenter les déités romaines
mises en déroute à leur tour et projetées
dans la nuit de l'oubli par le flambeau
de la pensée victorieuse.
DELPECH,
Sénateur de VAriège.
LIRE EN DERNIERE HEURE
LE CRIME DE LA RUE DE LA PÉPjNIÈRE :
Une nouvelle arrestation
LA POJJTIQUE
LES NOUVEAUX JURÉS
ïï Dieu sera » disait Re-
nan. Nous pourrions ajouter:
« Et la démocratie, peut-être
aussi, plus tard. » Espérons,
puisque malgré heurts et ca-
hots, certains progrès s'affir-
ment. Aujourd'hui, c'est l'introduction
organisée des employés et des ouvriers
dans les jurys d'assises.
Finie donc cette « justice de classe »,
cette « justice bourgeoise » incriminée
souvent, à juste titre, il faut le dire,
cette justice guidée, en un mot, par les
intérêts et les préjugés de certaines ca-
tégories de citoyens. S'il est vrai qu'une
mentalité spéciale dirige le jugement
de rentiers, de propriétaires, de cultiva-
teurs, de fonctionnaires, il était temps
de leur enlever le droit exclusif d'occu-
per le banc des jurés.
M. Aristide Briand l'a pensé, et, le
Parlement a répondu à son appela
Il restait à décourager certains pa-
trons entichés de privilèges surannés et
qui pouvaient arguer d'une cessation de
travail pour renvoyer leurs ouvriers et
faire avorter la réforme. Une circulaire
de la .Chancellerie a rendu cette ma-
nœuvre impossible. L'ouvrier et l'em-
ployé en siégeant aux assises, en exer-
çant une fonction civique, ne rompent
pas plus le contrat de travail que le ré-
serviste ou le territorial accomplissant
leur devoir, militaire, :
Pour abolir le dernier obstacle, il fal-
lait donner aux ouvriers et eniployés
en compensation du : salaire perdu une
juste indemnité. C'est chose réglée
dliier' et fort- bien -réglée.
Est-ce à dire cependant que l'esprit
des jurys sera transformé radicalement?
Non, certes^
D'abord Ie§ Nouvelles fetégorfës
f d' ïï élus î- ) jusqu'ici « réprouvées ïï ne
seront pas dominantes numériquement.
Gageons que les juges de paix pour
commencer vont se montrer hésitants et
par trop discrets. Ce n'est donc pas un
« jury populaire » qui demain sera
substitué à un « jury bourgeois c, est
un jury panaché, hétéroclite..
Félicitons-nous de cette* diversité qui
assurera dans l'avenir l'équilibre entre
les tendances au profit de l'équité.
De toute façon,la réforme du jury
âevidldra populaire; elle vaudra à M.
Briand une gratitude certaine.:
Et ce sera justice.
LES ON-VIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi t
Lever eu -soleil, à 4 h. 19 *: coucher, à
7h. 52.
Dernier quartier de la lune.,
Coursta à Saint-Ou«».
La longueur de nos rues.
Quelques chiffres sur la longueur des
principales voies de Paris, fort peu con-
nue, en général. -
La rue la plus longue est la rue de
Vaugirard, qui a 4 kilomètres 350 mè-
tres. La rue de Rivoli a un développe-
ment de 3 kilomètres ; prolongée jus-
qu'à la place de la Bastille, son déve-
loppement est dè 3 kilomètres 350 mè-
tres. Le boulevard Saint-Germain a 3
kilomètres 150 mètres. La rue Marcadet
a 2 kilomètres 915 mètres. L'avenue des
Champs-Elysées a une longueur précise
de 1 kilomètre 310 mètres, des chevaux
de Marly à la ligne du rond-point de
l'Etoile. La ligne des grands boulevards,
entre la Madeleine et la Bastille, formée
de onze sections brisées, a un dévelop-
pement de 4 kilomètres 390 mètres.
L'avenue Friedland a 650 mètres. Le
boulevard Haussmann a 2 kilomètres
100 mètres. Le boulevard Malesherbes,
de la porte d'Asnières à la Madeleine,
2 kilomètres 600 mètres.
Le boulevard Magenta, du Château
d'Eau au boulevard de la Chapelle, 1
kilomètre 900 mètres. Le boulevard de
Strasbourg, 800 mètres. Le boulevard
Sébastopol, 1 kilomètre 250 Iffètres. Le
boulevard Saint-Michel, 1 kilomètre 559
mètres. Le boulevard Saint-Germain, de
l'entrepôt des vins à la rue Hautefeuille,
1 kilomètre,
AUTREFOIS
Rappel du 21 juillet 1872. —/Attentat con-
tre le roi d'Espagne : le roi Amédée et sa
femme revenant en voiture découverte d'un
concert, venaient de dépasser la Puerta del
Sol, lorsque cinq hommes ont tiré sur la
voiture sans atteindre d'ailleurs personne.
M. Thiers tient beaucoup à passer une
revue, dont la date n'est pas encore fixée,
et qui servira à montrer l'état de la réorga-
nisation de l'armée.
AI. Michel Carré, mort il y a quelques
jours, avait un chien qui, depuis l'enterre-
ment, a refusé toute nourriture. On Va
trouvé hier, mort de faim à la porte du ca-
binet de travail de son maUre:
On annonce la mort du docteur Parisel,
ancien membre de la Commune.
L'examen des candidats à l'école de
Saint-Cyr a lieu en ce moment au foyer de
l'Odéon.
Des courses ae vélocipèdes, avec primes
d'or et de vermeil vont avoir lieu hebdoma-
dairement à Longchamp, sous les auspi-
ces d'un club qui vient de se fonder sous le
titre de Veloc' Sport.
Le public est informé que le quartier gé-
néral allemand à Nancy offre de restituer
les objets suivants « trouvés » en 1870 dans
line maison abandonnée de Bougival : une
robe de soie lilas, un morceau de soie bru-
ne, deux petits 'L'ase!h.dorés à l'intérieur, un
sucrier en métal, une crémière, deux four-
chettes, deux cuillers à potage, six cuillers
à thé, un éventail, huit coquilles.
Ainsi que les objets suivants « trouvés »
un peu avant la bataille du Mans, dans l'é-
table d'un château des environs du Mans :
deux paires de couteaux et de fourchettes
argent, deux cuillers argent portant chiffre
el couronne, une pince à sucre argent, une
,cuiller à sucre argent, deux boucles d'oreil-
les, une broche or et corail, une décoration
en argent avec ces mots : « Au Mérite ».
Le prix des terrains.
Voici quelques chiffres curieux, rela-
tifs à la hausse quasi féerique, en quel-
ques siècles, de certains terrains pari-
siens.
Le mètre carre, qui, en moyenne, va-
lait au moyen âge 6 centimes et demi,
coûte aujourd'hui, toujours en nrnyen-
ne, 130 francs. Mais, sur certains points,
la plus value a été bien plus rapide,
bien plus formidable. Quatre hectares,
pris à peu près à l'endroit où est actuel-
lement construite la Madeleine, auraient
été payés, au milieu du règne de Fran-
çois Ie, environ 600 francs. En 1552, ils
s'étaient élevés à 1.900 francs ; en 1646
à 25.400 ; en 1767, à 64.000 francs ; en
1775, à 260.000 francs, cette dernière
hausse brusque résultant de ce que, en
ces huit années, des constructions com-
pactes avaient succédé à la culture ma-
raîchère. Ils vaudraient maintenant
plus de quarante millions.: -
Une eaufse* d'octogénaires. ]
Une course d'un nouveau gëfiïg vient,
d'avoir lieu sur le champ de foire, à Lo-
gansport (Indiana), en présence d'une.
fOllie .énorm()
II s'agissait 'd'une course entre octo-
iBénaires; 'crûrlÍi le prix était de 100 dol-
lars et le titre "de « champion des cou-
reurs octogénaires 'de l'Etat de l'India-
na »..
Plusieurs vieillards s'étaient fait ins-
crire, mais quatre seulement * JKnniba!
Purcèll, de Logan-sport ; Daniel Reeder,
de Pern ; R.-G. Schrylock. de Roches-
ler, et Benjamin Simons, des environs
de Logan-sport, ont pris part à la cour-
se, qui était d'un demi-mille de lon-
gueur. ,
Purcell, âgé de quatre-vingt-six ans,
a parcouru la distance en cinq .minutes
quarante-huit secondes, et gagné la
course sans difficulté. Simons, qui n'est
âgé. que de quatre-vingts ans, est arrivé
second.
,-
Aux assises
La scène se passe en cour d'assises :
M. le Président. - Accusé, vous n'a-
yez rien à ajouter pour votre défense ?
Le prévenu (goguenard, regardant les
trois juges horriblement chauves). —
Non, mon président. seulement je dois
dire que si je connaissais depuis long-
temps la magistrature debout et la
magistrature assise, je n'avais pas en-
core eu l'occasion d'admirer la magis-
trature. à genoux.
; o
La vierge tombée du ciel
dans un grêlon
Depuis que l'Eglise a établi le culte de la
Vierge parmi les catholiques, nulle puis-
sance divine n'a éprouvé le besoin de se li-
vrer à autant de manifestations extrava-
gantes dans le domaine- des, humains —
qui fut également le sien au temps où son
accommodant époux poussait la varlope
dans un modeste village de Judée - que la
mère du Christ.
Autrefois, elle apparaissait en personne
à des petits pâtres de la Salette, à la « bien-
heureuse » Marie Alacoque, à la pètite meu-
nière Bernadette Soubirous, à d'autres en-
core dont les noms nous échappent.
Récemment, on nous contait que Pie X
avair pu, toute une nuit durant, converser
avec elle et recevoir ses ordres.
Maintenant elle s'amuse à faire pleuvoir
du ciel sa photographie. ,-
Voici, tt ce sujet, la dépêche que vient de
recevoir de Toulon un de nos confrères du
matin :
Il n'est bruit, c'ans toute la région, que d'un
événement pour le moins curieux.
L'évêque de Fréjus, M. Guillibert, vient d'or-
donner une enquête et de désigner trois prélats
en commission ecclésiastique pour vérifier le
récit fait par trois charretiers de Bagnols, dont
la bonne foi ne peut être suspectée.
Ces charretiers - raconient que, se trouvant
sur. la route de Saint-Paul, ils ont entendu,
dans les airs, un fracas épouvantable et ont vu
tomber devant eux un grêlon de la grosseur
d'un œuf. L'ayant ouvert, ils y ont vu une
belle effigie de la Vierge, portant un voile et
une couronne, les mains tendues, ouvertes en
avant. ILs ont pu contempler l'image durant un
quart d'hcupe. Puis, le grêlon s'est fondu et elle
a disparu.
Le récit de ces trois personnes a été recueilli
par le curé de Bagnols et il produit dans les
milieux catholiques une certaine émotion.
N'est-il pas stupéfiant de constater qu'au
vingtième siècle la mentalité des gens d'é-
glise' en soit encore au niveau de celle de
leurs prédécesseurs du moyen âge ?
Il fut un temps où la fantaisie de nos ar-
tistes porcelainiers agrémentait d'un bel
œil langoureux l'indispensable vase que
chacun de nous a le soin de placer à proxi-
mité de sa main le soir en se couchant.
Cette mode ayant disparu, un jour vien-
dra où les fouilles de nos arrière-petits-
neveux découvriront sous quelque alluvion
millénaire, quelque vieux tesson portant
l'œil en question. Et si les gens d'église
existent encore, comme ils ne manqueront
pas d'être plus stupides encore que ceux
de notre temps, ils réuniront des commis-
sions de prélats pour déclarer que le bel
œil langoureux n'est autre que l'œil de
Dieu. — P. G.
» - M-—————————
Les Musiques militaires
La suppression ou la réduction des musi-
ques militaires fait partie de cet ensemble
de mesures fâcheuses qui font plus de ré-
clame à l'antimilitarisme que les manœu-
vres d'Hervé et consorts.
Le général Picquart veut supprimer les
musiques du génie et de l'artillerie en at-
tendant mieux. Il est étonnant que M. le
général l icquart, qui est Alsacien et musi-
cién, consente à priver l'armée d'un des
facteurs moraux les plus essentiels.
On dit qu'avec le service de deux ans, il
est impossible d'avoir des musiques mili-
taires convenables.
Ceux qui prétendent cela tiennent ab-
solument à nous faire passer pour des
imbéciles.
Jl - nous semble que les Allemands ont
également le service de deux ans. Comment
se fait-il que leurs musiques militaires
soient excellentes et surpassent de beau-
coup les nôtres ?
Sommes-nous plus bêtes que les Alle-
mands ou moins musiciens qu'eux ? Nous
en doutons. En tous les cas, fa musique est
considérée, par létat-majar allemand, com-
me un élément psychologique des plus im-
portants.
Non seulement la musique militaire est,
xxïur les Allemands, la pépinière des musi-
ques civiles et le creuset où se retrempe et
s'affine l'instinct artistique d'un peuple,
mais c'est encore l'auxiliaire indispensa-
ble de l'endurance et de la bravoure des
troupes. ,-
Chaque bataillon détaché à sa musique
en Allemagne. Le général Picquart ne doit
pas ignorer ce détail qui prouve l'impor-
tance que les chefs militaires allemands
attachent à l'action de la musique.
Il est donc singulier que nous choisis-
sions juste le moment où le service de
deux ans affaiblit l'esprit militaire pour
priver l'armée d'un de ses adjuvants les
plus indispensables.
Nous nous associons aux efforts que fait
le groupe des députés présidé par M. Beau-
quier et nous espérons que la. Chambre ne
voudra; pas donner une prime à l'antimili-
tarisme en enlevant à l'armée des musi-
ques qui, non seulement constituent le ré-
confort le plus efficace, mais assurent en-
core la culture artistique des masses.
-.Nous reviendrons sur Mjwint. '- J, Ct
TRIBUNE CORPORATIVE
Le Banquet de la Fédéraion des Employés
Un banquet de 700 couverts, sous la présidence de M. Crppi)
clôture le Congrès des Employés,
Ainsi que nous l'avons dit dans notre
dernier numéro, le banquet qui a clôturé
les travaux du Congrès des Employés a eu
lieu salle Wagram, sous la présidence de
M. Cruptpi, ministre du commerce et de
l'industrie.
On remarquait aux côtés du ministre, à
la table d'honneur : MM. Marcouire, pré-
sident de la Fédération nationale des Em-
ployés ; Strauss, chef du secrétariat parti-
culier "du sous-secrétariat de l'intérieur ;
aazet, député, président d'honneur de la
Fédération ; Georges Maus, président de la
Fédération des commerçants-détaillants ;
Douhin, président de section au tribunal de
commerce ; Moraux, secrétaire de l'Asso-
ciation des voyageurs de commerce ; Jo-
hin, secrétaire particulier -du ministre de
l'agriculture ; Faralick, officier de paix du
10e arrondissement ; Granjean, délégué du
Mans ; Jean Ilébrard, président d'honneur
de la société .de secours mutuels des em-
ployés ; Lévy-Ouknann, avocat-conseil de
la Fédération dès Employés ; Antin, prési-
dent de l'Union des comptables ; Kéruelli,
délégué de Quimper ; Thiiliot, chef adjoint
du cabinet de M. Cruppi ; les docteurs Bail-
liart, Bernheim, Hischmann, etc., etc.
Un grand nombre de dames en fraîches
toilettes mettaient une note aimable et
gaie parmi les huit rangées de tables occu-
pées pa.r plus de 700 convives.
Pendant toute la durée du repas, qui fut
animé par la plus franche coMiialité, la
musique du 7Ge de ligne fit entendre les
plus Jolis morceaux de son répertoire, ce
aui lui valut de nombreux applaudisse-
ments.
Au Champagne, la série des discours fut
ouverte par M. Georges .Maus.
Discours de M. Maus
Le président de la Fédération des com-
merçants-détaillants dit son orgueil et sa
ioie d'avoir été le premier, au sein de son
Association, à aJilrmer. que la Fédération
des Employéa était appelée à devenir puis-
sante et respectée. Il est heureux de cons-
tater que sa prédiction s'est réalisée, mal-
gré le peu d'empressement qu'ont mis trop
longtemps les patrons à considérer comme
une œuvre utile le groupement syndical des
employés.
Il faut reconnaître cependant, dit-il, que
dés "organisations sérieuses, faites pour
suivre l'amélioration des. conditions du
travail sans brusquerie ont trouvé chez les
patrons un sincère esprit de conciliation
vis-à-vis de vous, et vous pouvez être sûrs
qu'ils reconnaîtront de plus en pl.., vos
droits.
Sachez reconnaître aussi leurs, drci's. dikiî,
et usez sagement Jes concessions libérales que
les lois démocratiques vous accordent.
Certes, nous sommes partisans de toutes les
lois, de toutes les transformations sociales qui
diminueront l'armée de ceux Qui ont besoin de
leurs semblables.
Nous sommes parLisans de tous les change-,
ments qui atténueront la misère et la haine ;
mais, en attendant que toutes ces transforma-
tions aient fait une société nouvelle, une âme
nouvelle, une humanité nouvelle, quels servi-
ces peut rendre au pays l'association de deux
forces comme les nôtres.
La force aveugle des événements brise les
plus forts rêves de la pensée, comme la lumière
du jour fait fuir les ombres de la nuit.
Le devise de la République est : « Liberté,
Egalité, Fraternité » et, si nous voulons de la
liberté et de l'égalité, il faut surtout de la fra-
ternité ; sans elle, la liberté deviendrait de
l'anarchie et la'suprématie des forts. La liberté
et l'égalité sont nos droits ; la fraternité est
notre devoir.
Il faut tendre la; main à son prochain, non
seulement dans les mots, mais dans les choses.
Comme il serait plus facile de chercher et de
trouver un remède à ces crises commerciales,
qui nous ont fait tant souffrir, si le travail et
le capital, au lieu de se croire ennemis, se per-
suadaiept de leur utile et nécessaire union !
La vraie fraternité n'est pas celle qui n'a sou-
ct que d'aller toujours plus haut, sans regarder
où elle passe et si on peut la suivre ; celte qu'il
faut, c'est celle qui règle son pas sur le pas de
ceux qui sont plus malheureux et leur tend la
main, les entraîne, les soutient et travaille
ainsi à fàpaisement des discussions et des que-
relles intestines, parce que la guerre intérieure
sémit la fin de la liberté et la mort de la Répu-
blique. :
Après avoir blâmé les théories qui fou-
lent aux pieds le sentiment patriotique, qui
fut dans le passé une force dont les révo-
lutionnaires de 1789 se servirent pour nous
donner la liberté et proclamer les droits de
lïiomme et du citoyen, d'orateur affirme
son espoir de voir la troisième République,
fidèle à ses origines, poursuivre sa mar-
che prudente et réfléchie en avant pour
l'amélioration du sort de chacun.
il félicite M. Marcouire du dévouement
qu'il apporte dans l'oeuvre entreprise pour
grouper tous les employés de France, et il
ajoute i
L'idéal social arrivera, j'en suis sûr, pour les
ouvriers et les employés.
L'existence ne peut être transformée ; eUe ne
peut être qu'améliorée, et - c'est déjà quelque
chose.
En attendant de construire la cité chimérique,
unissons nos forces pour construire pacifique-
ment, matériellement et pratiquement de belles
maisons de retraites pour nos vieillards qui ont
consacré toute leur existence à faire la richesse
du pays et qui ont bien droit, sur leurs vieux
jours, il la réelle sollicitude de la démocratie ;
de vastes et clairs hôpitaux pour nos malades,
de grandes écoles familiales pour diriger l'édu-
cation et apprendre les devoirs civiques aux
pauvres enfants abandonnés aux hasards de
l'existence et aux promiscuités de la rue par la
mort ou la disparition de leurs parents.
Travaillons la fraternité entre nous tous et
nous aurons accompli une belle tâche.
Continuez, Messieurs, de faire ce que vous
avez fait, les encouragements ne vous ont pas
manqué, et vous manqueront encore moins
dans l'avenir.
> En terminant, M. Mao g lève son - verre
en Phonneur du ministre du commerce, de
MM. Bénazet et Marcouire, de l'union dé-
finitive des deux Fédérations et il boit à
la prospérité de la France et à la gloire de
la Républiques
Des applaudissements nourris ac6ii
lent la fin de-ce discours •»
Discours de M. Bénazet
Le jeune député de l'Indce félicite let.
employée de ne pas s'attarder à des conv
captions d'égalité absolue et de marcheû
à la conquête des réalités. en ee répétants
comme le sage de l'antiquité : vivons d'a.,(
bord, nous philosopherons après. Il les réJ
Wcite également « de ne pas s'être affiliés'
à la Confédération générale du Travail qotf
devient, sous la pression de ses dirigeants.'
un vaste bureau de recrutement pour rarsV
œjôe de rémcute. M \.r
Votre Fédération, puissante, prospère, dit Aij
Benazet, vous fournira des avantages certains^'»
car voira président, à l'intelligence et à l'éner-
gie duquel il convient de rendre ici un publia
hommage, a réalisé l'alliance la olus profitai)!^
entre les employeurs que sont les petits con¡-'
mcrcants et les employés que vous êtes.
Vivant en sympathie et non en hostilité avec?
les patrons, il a pu et vous pourrez toujûur&'
trouver chez eux un précieux concours. Ce qui!
est impossible aux autres syndicats vous est-
nujow'd'hui fucile.
Ce sont des centaines, des milliers d'employés
qui furent, après cet accord, facilement placés
par votre Fédération,
Mais il y a plus 1 !
la Vous avez trouvé la formule-la plus nouvelle
la plus ingénieuse pour la société de secours
mutuels que vous avez récemment fondée etf
grâce à laquelle des retraites importantes, de»'"
retraites de 1,200 francs, nnurront sans peine(:
titre versées à vos adhérents. - ,
Votre président a remarqué, comme nous tous
qui nous occupons de mutualité, que les coLisa-t
lions des membres actifs ne suffisent pas ; que.
les sociétés de secours mutuels périclitent ra-'
pidement si elles ne sont pas alimentées par
des dons fournis par leurs membres honoraires^
Vous avez encouragé les membres honoraires
à venir à vous, en leur promettant chose neu-'
ve, originale, et qui fera votre succès des pro-.
fils immédiats.
Tout souscripteur de 10 françs par an aura ,
droit, en qualité de membre participant, à ré-,
clamer, s'il est malade, les soins gratuits d'un;
médecin et paiera les produits Pharmaceuti-
ques avec une réduction considérable.
Et comment avez-vous pu réaliser ce mira-
cle ? ':
Tout simplement en vous attachant des moo&'.
cins, en leur allouant des traitements annuels
et-non pas en leur donnant des honoraires par,
.chaque visite de malade. -
De cette façon, vous connaissez, dès le début •
de 1 ann»?e, ce que vous aurez à supporter de'
frais généraux.
Si vous avez, ce qui est je crois le chiffre exact, !
45,000 membres participants à 10 francs, vous
attribuerez les six dizièmes des 450.000 francs
qu'ils ,,:erS(lfont aux traitements des médecins.
soit 2;0,000 francs, et ISO.ûte) francs vous res-
teront encore en caisse pour être affectés aux:
pensions de ;c«tenez ainsi .l)rJt déjà surprenants. Nul doute
qu'ils deviennent de jour en jour "plus remarqua*
bles.
,
En terminant, l'orateur adj ure les em-
ployés de conserver, en face de philanthro-
pes » pleins de bonne volonté sans doute,:
mais dangepeusement égarés », -l'amour dei
principes républicains qui ont permis d'ac-
complir déjà de si utiles^réformes. ,
Nous réaliserons, dit-il en terminant, des.
améliorations profondes et durables, san"
déchéance.. sans servitude, sans luttes dû
classes, sans guerres fratricides, par lai,
seule foitfe des traditions séculaires de la
République démocratique. :
Soyez convaincus que des associations libres
commo la vôtre trouveront dans le Parlement; i
des défenseurs énergiques. f
Et, pour mon compte personnel, Cest avèe*
joie, que je lève mon verre & leur prospérité
grandissante. '-',
De nombreux applaudissements saluent
cette péroraison.
Discours de M. Marcouire ,
Clest ittfu milieu, des applaudissements
que M. Marcouire prend la parole.
M. Marcouire commence par jeter un
coup d'œil sur le chemin parcouru par lw
Fédération dont il est le président. r
Il y a trois ans seulement, dit-il, lors de
notre fondation, personne ne se doutait du?
formidable essor pris par notre œuvre.,,
Ce résultat est dû à de nombreux efforts et,
à des appuis précieux, ainsi qu'à l'heureu-
se solution de te question sociale poursui-;
vie. ;
Les conditions de l'existence, dit-il, sont de
plus en plus cruelles. Le progrès, en nous ap-e
portant de plus larges satisfactions, nous int-
pose chaque jour de plus dures obligations. Elr.
dans cette lutte pour la vie, les souffrances sontr
d'autant plus vives que ks batailleurs ont plug
conscience quç jadis de leurs devoirs et de leurs
droits. 1 h. st - ;
Partant de ce principe .que la haine est sté-,
rile, que l'on ne bâtit pas dans le néant et que
l'on gagne chaque jour du terrain en ména-
geant ses forces, nous avons cru pouvoir tenj
ter de se grouper autour de nous tous ceux qui'
pensent que l'entente est. f-écün et que les,
malentendus ne résistent pas a une conversa-
tion franche et loyale. tre raisonnement
Il faut croire que notre raisonnement , n^taiB;.
point tout à fait mauvais, puisque les résultats',
sout là pour le prouver. t
Engagée dans cette voie, condamnant les me-
sures violentes et les dangereuses SUrLnehèl'es..:
la Fédération Nationale-des Emplovés n'a pas,
craint de mettre sa main dans celle des orga- f
nisations patronales et de faire hurler les mo- ;
neurs de grèves en montrant au grand jour ce :
scandaleux spectacle de patrons et d'employés:
s'asseyant à la même table et causant librement:
de leurs intérêts, fussent-ils quelquefois contra-,
dictoires, sans briser les verres, ni casser les
assiettes.
C'et ainsi que la Fédération des conimurçanl#
détaillants est venue & nous, comme nous som-
mes allés à elle, sans arrière-pensée, najanv
qu'un but : celui de faire œuvre utile et d acco-
ter sans amertume les nécessités du progrès.
Après avoir fait l'éloge de M. Maus et
avoir adressé des remerciements à la pres-
se .parisienne, ainsi qu'à toute la pressât
française en général et à toutes les perq:
sonnes présentes, M. Marcouire adresse a
ministre du commerce Vliommage de sa ,
gratitude.
En acceptant la présidence de ce BanqueM
vous avez fait à la Fédération un honneur dont 1
elle compfend tout le prix, et elle tient à vous I
en témoigner ici sa profonde reconnaissance
":,:.; ",..;- :. ''!.:t , (: ,: ..:-
----
-.,
csr9t
Mardi 21 Juillet 1008. — N* 14011.
M9MONVEI& •
t flDS KJBEAUX 00 JOURNAL
M, rue ëo Mail, Parla.
gt An MM LAGRAXGE, CBR7 etG-
: êt place de ta Bour. *
tin il w télégraphique : SIX* SIÈaJI- PARIS
- 1
aub nom eix ewH M Vf
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^SrfciitT» »-» « 6t fi a:
Dêpartementa V t 121 a it-
Union Postale 8 L tlt.
1
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Im Abonnements sont reçus a ïl,Ue
dans tous les Bureaux d* BmU a
ftgDACTiOM : 14, RUE OU MAIL, PARIS. - TÉLÉPHONE 102.82
iké 4$heurt» du teir et d* 10 hevrm du*rir 4 1 kemt d* mat**
FONDATEUR: EDMOND ABOUT
ADMINISTRATION : 14* RUE DU MAIL. - TÉLEPBONK loa 8ST
:1 Adresser kttm en mandat» à PAdmitùstnueuF 0 *..
TRIBUNE LIBRE -
LA FIN DES DIEUX
Daas un salon du Sénat se
trouve une vaste toile de Cbe-
navard représentant la dé-
route des dieux païens. En
haut, les bras étendus -en
forme de croix, le Christ s'é-
lèVeTTans une gloire, porte sur les ailes
des anges. Il monte aux sphères paradi-
siaques.
En bas, Jupiter et sa troupe de divi-
nités interlopes tombent, en débandade,
pêle-mêle dans le gouffre sombre des ré-
gions inférieures où disparaissent les
choses, toutes les choses, même les
dieuÀÍ, sans espoir de retour. De son
glaive vengeur, saint Michel menace
Mars éperdu ; les jeunes amours, éton-
nés de cette aventure, emportent Vénus
défaillante sur une peau de tigre.
Tu triomphais, 6 Christ, dans ion paradis bleu ;
Tes chérubins chantaient sur des harpes d'ivoire.
C'était le temps où une grande et
mystérieuse 'voix, se répercutant dans
les échos de la montagne, annonçait la
mort de Pan aux marins grecs dont les
barques longeaient les côtes de l'Epire.
Mais voici qu'on raconte des choses
étranges.
Des bergers italiens auraient entendu,
dans les pâturages des Apennins, une
grande voix qui venait des forêts voisi-
nes. Elle annonçait la fin du règne de
Jésus de Nazareth et, s'il faut en croire
ces mêmes bergers, on aurait entendu,
en même temps, les rires moqueurs des
nymphes des bois, accompagnées de la
flûte de Pan qui, caché depuis des siè-
cles dans le tronc .d'un vtèux chêne,
attendait l'heure de sa revanche.
Cela doit être vrai. A des indices cer-
tains, on reconnaît que le dieu romain
a fait son temps. Nous assistons à la fin
d'une religion. Evénement considérable
et rare. Que nous sommes loin de ce
temps dont nous trouvons une impres-
sion poignante dans le tableau de Jean
Paul Laurens, l'Excommunication de
Robert le Pieux.
Parce que le roi de France avait con-
clu un mariage contraire à ses désirs,
ie pape pouvait suspendre les cérémo-
nies du culte, empêcher d'enterrer les
morts, mettre un royaume en interdit,
c'est-à-dire arrêter d'un geste le mouve-
ment vital de tout un peuple. Robert dut
capituler et changer de femme pour
- sauver son peuple de la colère du pape.
Il renvoya, en pleurant, la * première
épouse qu'il aimait, et il en prit une au-
tre, terrible compagne qui lui rendit la
vie terriblement dure. Mais le pape
triomphait.
Aujourd'hui est venue à quelques évê-
ques l'idée saugrenue de frapper d'in-
terdit les communes dont les municipa-
lités avaient eu l'audace de passer ou-
tre à leurs menaces en achetant pour
l'usage de la collectivité, les établisse-
ments congréganistes. - J - ',,,' -,:
Le pape les a dissuadés de prendre
tette mesure. Quelle que soit sa médio-
crité intellectuelle, il a compris à quel
&hec piteux allaient aboutir ces prélats.
Nous ne sommes plus au XIe siècle ; les
excommunications majeures ou mineu-
res ne produisent pas d'effet apprécia-
ble, même en Italie, dans la patrie de
saint Antoine de Padoue.
Grandeur et décadence ! C'est la fin
H'un système qui a fait son temps ; à
l'usage, on a constaté à quel point il
était préjudiciable à notre portion d'hu-
manité.
Nulle part, peut-être, la malfaisance
rde l'autorité pontificale n'a été mise en
lumière comme dans le chapitre final de
I.'Histoire des Républtiques: italiennes,
par de Sismondi.
Du XIIIe au XVIe siècle, l'Italie est le
théâtre d'une activité intellectuelle, phi-
losophique, scientifique, littéraire, artis
tique, qui aboutit au triomphe de la Re-
naissance. L'Italie devient alors l'édu-
catrice, l'inspiratrice des autres peuples
de l'Europe. Pourquoi ? Parce que la li-
berté provoquait aux efforts laborieux.
Républiques, principautés, duchés, se
disputaient à prix d'or les maîtres émi-
nents, les professeurs, les artistes. On se
préoccupait de leurs talents et non de
leur orthodoxie en matière philosophique
'ou religieuse ; libre discussion de doc-
trines entre Juifs, chrétiens et in-
croyants. On se battait ferme '; on se
yuerellait., mais on travaillait.
Florence, Pise, Ferrare, Bologne, Pa-
3oue, Mantoue, Venise, Parme, Modène,
Sienne sont des centres d'activité fé-
conde. Toutes ces communautés animées
d'une fierté jalouse, avaient su se dé-
fendre contre toute ingérence abusive
Su pape.
Mais voici que les souverains pontifes,
eès le commencement du XVIIe siècle,
Atteignent le but poursuivi, depuis des
Siècles, avec une persévérance sacerdo-
tale. Si l'Italie tout entière ne recon-
naît j)as leur autorité politique, elle s'est
soumise à leur direction spirituelle. Les
Jésuites se sont installés à Rome ; leur
collège instruit la jeunesse et la plie à
sa méthode spéciale, faite pour détruire
la personnalité et étouffer l'esprit criti-
que. Alors on invente les prières tautolo-
giques, litanies, chemin de la croix, ro-
saire. Le confesseur jésuite donne pour
pénitence l'obligation de réciter une dou-
zaine de pater ou deux, ou plus, selon
la gravité du péché. La volonté .et l'in-
telligence succombaient à ces exercices
de piété où il s'agit de répéter machina-
lement la même formule, le même mot,
sans réflexion, sans effort pour com-
prendre, à la façon des moulins à priè-
res mis en batterie devant les Bouddhas
des pagodes indiennes.
Quand on a pratiqué quelque temps
ces exercices spirituels, on est mûr pour
toutes les résignations et servitudes ; on
est prêt à croire à toutes les apparitions,
à tous les mystères et miracles. Il est
curieux d'observer sur les foules de
Lourde* les Aff ets de ce procédé. Il fonc-
tionne en ce moment. A l'heure où les
malades vont être plongés dans la pis-
cine, un moine monte sur une haute pla-
teforme d"où il domine les pèlerins. Le-
vant les bras au ciel, il implore menta-
lement la divinité du lieu. Après quel-
ques instants de nouvelle extase, il s'é-
crie : « Ave ! Maria » trois fois répété
sur un ton différent. Il réitère la même
invocation avec les mêmes tons ; la foule
se met à l'unisson. Des centaines de voix
poussent le même cri, sous la direction
du moine. Les esprits s'exaltent, les
yeux s'allument, les physionomies de-
viennent farouches, l'autosuggestion col-
lective opère progressivement, et c'est
un spectacle effrayant de voir cette mas-
se d'êtres saris pensée, envahis par la
folie religieuse. Le faiseur de miracles
peut opérer alors en toute sécurité.
L'impression cfst troublante un mo-
ment. Mais, à la réflexion, on s'aperçoit
que ces gens-là n'appartiennent plus à
la même race que nous ; ce sont les
revenants d'une époque déjà lointaine ;
les évêques présents à ces manifestations
de croyants attardés et accumulés sur
ce point, peuvent en emporter quelques
illusions. Illusions chimériques. Les
jours du dieu qu'on adore en ces ré-
gions spéciales sont comptés. Il peut
préparer ses pinceaux, le Chenavard qui
voudra représenter les déités romaines
mises en déroute à leur tour et projetées
dans la nuit de l'oubli par le flambeau
de la pensée victorieuse.
DELPECH,
Sénateur de VAriège.
LIRE EN DERNIERE HEURE
LE CRIME DE LA RUE DE LA PÉPjNIÈRE :
Une nouvelle arrestation
LA POJJTIQUE
LES NOUVEAUX JURÉS
ïï Dieu sera » disait Re-
nan. Nous pourrions ajouter:
« Et la démocratie, peut-être
aussi, plus tard. » Espérons,
puisque malgré heurts et ca-
hots, certains progrès s'affir-
ment. Aujourd'hui, c'est l'introduction
organisée des employés et des ouvriers
dans les jurys d'assises.
Finie donc cette « justice de classe »,
cette « justice bourgeoise » incriminée
souvent, à juste titre, il faut le dire,
cette justice guidée, en un mot, par les
intérêts et les préjugés de certaines ca-
tégories de citoyens. S'il est vrai qu'une
mentalité spéciale dirige le jugement
de rentiers, de propriétaires, de cultiva-
teurs, de fonctionnaires, il était temps
de leur enlever le droit exclusif d'occu-
per le banc des jurés.
M. Aristide Briand l'a pensé, et, le
Parlement a répondu à son appela
Il restait à décourager certains pa-
trons entichés de privilèges surannés et
qui pouvaient arguer d'une cessation de
travail pour renvoyer leurs ouvriers et
faire avorter la réforme. Une circulaire
de la .Chancellerie a rendu cette ma-
nœuvre impossible. L'ouvrier et l'em-
ployé en siégeant aux assises, en exer-
çant une fonction civique, ne rompent
pas plus le contrat de travail que le ré-
serviste ou le territorial accomplissant
leur devoir, militaire, :
Pour abolir le dernier obstacle, il fal-
lait donner aux ouvriers et eniployés
en compensation du : salaire perdu une
juste indemnité. C'est chose réglée
dliier' et fort- bien -réglée.
Est-ce à dire cependant que l'esprit
des jurys sera transformé radicalement?
Non, certes^
D'abord Ie§ Nouvelles fetégorfës
f d' ïï élus î- ) jusqu'ici « réprouvées ïï ne
seront pas dominantes numériquement.
Gageons que les juges de paix pour
commencer vont se montrer hésitants et
par trop discrets. Ce n'est donc pas un
« jury populaire » qui demain sera
substitué à un « jury bourgeois c, est
un jury panaché, hétéroclite..
Félicitons-nous de cette* diversité qui
assurera dans l'avenir l'équilibre entre
les tendances au profit de l'équité.
De toute façon,la réforme du jury
âevidldra populaire; elle vaudra à M.
Briand une gratitude certaine.:
Et ce sera justice.
LES ON-VIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi t
Lever eu -soleil, à 4 h. 19 *: coucher, à
7h. 52.
Dernier quartier de la lune.,
Coursta à Saint-Ou«».
La longueur de nos rues.
Quelques chiffres sur la longueur des
principales voies de Paris, fort peu con-
nue, en général. -
La rue la plus longue est la rue de
Vaugirard, qui a 4 kilomètres 350 mè-
tres. La rue de Rivoli a un développe-
ment de 3 kilomètres ; prolongée jus-
qu'à la place de la Bastille, son déve-
loppement est dè 3 kilomètres 350 mè-
tres. Le boulevard Saint-Germain a 3
kilomètres 150 mètres. La rue Marcadet
a 2 kilomètres 915 mètres. L'avenue des
Champs-Elysées a une longueur précise
de 1 kilomètre 310 mètres, des chevaux
de Marly à la ligne du rond-point de
l'Etoile. La ligne des grands boulevards,
entre la Madeleine et la Bastille, formée
de onze sections brisées, a un dévelop-
pement de 4 kilomètres 390 mètres.
L'avenue Friedland a 650 mètres. Le
boulevard Haussmann a 2 kilomètres
100 mètres. Le boulevard Malesherbes,
de la porte d'Asnières à la Madeleine,
2 kilomètres 600 mètres.
Le boulevard Magenta, du Château
d'Eau au boulevard de la Chapelle, 1
kilomètre 900 mètres. Le boulevard de
Strasbourg, 800 mètres. Le boulevard
Sébastopol, 1 kilomètre 250 Iffètres. Le
boulevard Saint-Michel, 1 kilomètre 559
mètres. Le boulevard Saint-Germain, de
l'entrepôt des vins à la rue Hautefeuille,
1 kilomètre,
AUTREFOIS
Rappel du 21 juillet 1872. —/Attentat con-
tre le roi d'Espagne : le roi Amédée et sa
femme revenant en voiture découverte d'un
concert, venaient de dépasser la Puerta del
Sol, lorsque cinq hommes ont tiré sur la
voiture sans atteindre d'ailleurs personne.
M. Thiers tient beaucoup à passer une
revue, dont la date n'est pas encore fixée,
et qui servira à montrer l'état de la réorga-
nisation de l'armée.
AI. Michel Carré, mort il y a quelques
jours, avait un chien qui, depuis l'enterre-
ment, a refusé toute nourriture. On Va
trouvé hier, mort de faim à la porte du ca-
binet de travail de son maUre:
On annonce la mort du docteur Parisel,
ancien membre de la Commune.
L'examen des candidats à l'école de
Saint-Cyr a lieu en ce moment au foyer de
l'Odéon.
Des courses ae vélocipèdes, avec primes
d'or et de vermeil vont avoir lieu hebdoma-
dairement à Longchamp, sous les auspi-
ces d'un club qui vient de se fonder sous le
titre de Veloc' Sport.
Le public est informé que le quartier gé-
néral allemand à Nancy offre de restituer
les objets suivants « trouvés » en 1870 dans
line maison abandonnée de Bougival : une
robe de soie lilas, un morceau de soie bru-
ne, deux petits 'L'ase!h.dorés à l'intérieur, un
sucrier en métal, une crémière, deux four-
chettes, deux cuillers à potage, six cuillers
à thé, un éventail, huit coquilles.
Ainsi que les objets suivants « trouvés »
un peu avant la bataille du Mans, dans l'é-
table d'un château des environs du Mans :
deux paires de couteaux et de fourchettes
argent, deux cuillers argent portant chiffre
el couronne, une pince à sucre argent, une
,cuiller à sucre argent, deux boucles d'oreil-
les, une broche or et corail, une décoration
en argent avec ces mots : « Au Mérite ».
Le prix des terrains.
Voici quelques chiffres curieux, rela-
tifs à la hausse quasi féerique, en quel-
ques siècles, de certains terrains pari-
siens.
Le mètre carre, qui, en moyenne, va-
lait au moyen âge 6 centimes et demi,
coûte aujourd'hui, toujours en nrnyen-
ne, 130 francs. Mais, sur certains points,
la plus value a été bien plus rapide,
bien plus formidable. Quatre hectares,
pris à peu près à l'endroit où est actuel-
lement construite la Madeleine, auraient
été payés, au milieu du règne de Fran-
çois Ie, environ 600 francs. En 1552, ils
s'étaient élevés à 1.900 francs ; en 1646
à 25.400 ; en 1767, à 64.000 francs ; en
1775, à 260.000 francs, cette dernière
hausse brusque résultant de ce que, en
ces huit années, des constructions com-
pactes avaient succédé à la culture ma-
raîchère. Ils vaudraient maintenant
plus de quarante millions.: -
Une eaufse* d'octogénaires. ]
Une course d'un nouveau gëfiïg vient,
d'avoir lieu sur le champ de foire, à Lo-
gansport (Indiana), en présence d'une.
fOllie .énorm()
II s'agissait 'd'une course entre octo-
iBénaires; 'crûrlÍi le prix était de 100 dol-
lars et le titre "de « champion des cou-
reurs octogénaires 'de l'Etat de l'India-
na »..
Plusieurs vieillards s'étaient fait ins-
crire, mais quatre seulement * JKnniba!
Purcèll, de Logan-sport ; Daniel Reeder,
de Pern ; R.-G. Schrylock. de Roches-
ler, et Benjamin Simons, des environs
de Logan-sport, ont pris part à la cour-
se, qui était d'un demi-mille de lon-
gueur. ,
Purcell, âgé de quatre-vingt-six ans,
a parcouru la distance en cinq .minutes
quarante-huit secondes, et gagné la
course sans difficulté. Simons, qui n'est
âgé. que de quatre-vingts ans, est arrivé
second.
,-
Aux assises
La scène se passe en cour d'assises :
M. le Président. - Accusé, vous n'a-
yez rien à ajouter pour votre défense ?
Le prévenu (goguenard, regardant les
trois juges horriblement chauves). —
Non, mon président. seulement je dois
dire que si je connaissais depuis long-
temps la magistrature debout et la
magistrature assise, je n'avais pas en-
core eu l'occasion d'admirer la magis-
trature. à genoux.
; o
La vierge tombée du ciel
dans un grêlon
Depuis que l'Eglise a établi le culte de la
Vierge parmi les catholiques, nulle puis-
sance divine n'a éprouvé le besoin de se li-
vrer à autant de manifestations extrava-
gantes dans le domaine- des, humains —
qui fut également le sien au temps où son
accommodant époux poussait la varlope
dans un modeste village de Judée - que la
mère du Christ.
Autrefois, elle apparaissait en personne
à des petits pâtres de la Salette, à la « bien-
heureuse » Marie Alacoque, à la pètite meu-
nière Bernadette Soubirous, à d'autres en-
core dont les noms nous échappent.
Récemment, on nous contait que Pie X
avair pu, toute une nuit durant, converser
avec elle et recevoir ses ordres.
Maintenant elle s'amuse à faire pleuvoir
du ciel sa photographie. ,-
Voici, tt ce sujet, la dépêche que vient de
recevoir de Toulon un de nos confrères du
matin :
Il n'est bruit, c'ans toute la région, que d'un
événement pour le moins curieux.
L'évêque de Fréjus, M. Guillibert, vient d'or-
donner une enquête et de désigner trois prélats
en commission ecclésiastique pour vérifier le
récit fait par trois charretiers de Bagnols, dont
la bonne foi ne peut être suspectée.
Ces charretiers - raconient que, se trouvant
sur. la route de Saint-Paul, ils ont entendu,
dans les airs, un fracas épouvantable et ont vu
tomber devant eux un grêlon de la grosseur
d'un œuf. L'ayant ouvert, ils y ont vu une
belle effigie de la Vierge, portant un voile et
une couronne, les mains tendues, ouvertes en
avant. ILs ont pu contempler l'image durant un
quart d'hcupe. Puis, le grêlon s'est fondu et elle
a disparu.
Le récit de ces trois personnes a été recueilli
par le curé de Bagnols et il produit dans les
milieux catholiques une certaine émotion.
N'est-il pas stupéfiant de constater qu'au
vingtième siècle la mentalité des gens d'é-
glise' en soit encore au niveau de celle de
leurs prédécesseurs du moyen âge ?
Il fut un temps où la fantaisie de nos ar-
tistes porcelainiers agrémentait d'un bel
œil langoureux l'indispensable vase que
chacun de nous a le soin de placer à proxi-
mité de sa main le soir en se couchant.
Cette mode ayant disparu, un jour vien-
dra où les fouilles de nos arrière-petits-
neveux découvriront sous quelque alluvion
millénaire, quelque vieux tesson portant
l'œil en question. Et si les gens d'église
existent encore, comme ils ne manqueront
pas d'être plus stupides encore que ceux
de notre temps, ils réuniront des commis-
sions de prélats pour déclarer que le bel
œil langoureux n'est autre que l'œil de
Dieu. — P. G.
» - M-—————————
Les Musiques militaires
La suppression ou la réduction des musi-
ques militaires fait partie de cet ensemble
de mesures fâcheuses qui font plus de ré-
clame à l'antimilitarisme que les manœu-
vres d'Hervé et consorts.
Le général Picquart veut supprimer les
musiques du génie et de l'artillerie en at-
tendant mieux. Il est étonnant que M. le
général l icquart, qui est Alsacien et musi-
cién, consente à priver l'armée d'un des
facteurs moraux les plus essentiels.
On dit qu'avec le service de deux ans, il
est impossible d'avoir des musiques mili-
taires convenables.
Ceux qui prétendent cela tiennent ab-
solument à nous faire passer pour des
imbéciles.
Jl - nous semble que les Allemands ont
également le service de deux ans. Comment
se fait-il que leurs musiques militaires
soient excellentes et surpassent de beau-
coup les nôtres ?
Sommes-nous plus bêtes que les Alle-
mands ou moins musiciens qu'eux ? Nous
en doutons. En tous les cas, fa musique est
considérée, par létat-majar allemand, com-
me un élément psychologique des plus im-
portants.
Non seulement la musique militaire est,
xxïur les Allemands, la pépinière des musi-
ques civiles et le creuset où se retrempe et
s'affine l'instinct artistique d'un peuple,
mais c'est encore l'auxiliaire indispensa-
ble de l'endurance et de la bravoure des
troupes. ,-
Chaque bataillon détaché à sa musique
en Allemagne. Le général Picquart ne doit
pas ignorer ce détail qui prouve l'impor-
tance que les chefs militaires allemands
attachent à l'action de la musique.
Il est donc singulier que nous choisis-
sions juste le moment où le service de
deux ans affaiblit l'esprit militaire pour
priver l'armée d'un de ses adjuvants les
plus indispensables.
Nous nous associons aux efforts que fait
le groupe des députés présidé par M. Beau-
quier et nous espérons que la. Chambre ne
voudra; pas donner une prime à l'antimili-
tarisme en enlevant à l'armée des musi-
ques qui, non seulement constituent le ré-
confort le plus efficace, mais assurent en-
core la culture artistique des masses.
-.Nous reviendrons sur Mjwint. '- J, Ct
TRIBUNE CORPORATIVE
Le Banquet de la Fédéraion des Employés
Un banquet de 700 couverts, sous la présidence de M. Crppi)
clôture le Congrès des Employés,
Ainsi que nous l'avons dit dans notre
dernier numéro, le banquet qui a clôturé
les travaux du Congrès des Employés a eu
lieu salle Wagram, sous la présidence de
M. Cruptpi, ministre du commerce et de
l'industrie.
On remarquait aux côtés du ministre, à
la table d'honneur : MM. Marcouire, pré-
sident de la Fédération nationale des Em-
ployés ; Strauss, chef du secrétariat parti-
culier "du sous-secrétariat de l'intérieur ;
aazet, député, président d'honneur de la
Fédération ; Georges Maus, président de la
Fédération des commerçants-détaillants ;
Douhin, président de section au tribunal de
commerce ; Moraux, secrétaire de l'Asso-
ciation des voyageurs de commerce ; Jo-
hin, secrétaire particulier -du ministre de
l'agriculture ; Faralick, officier de paix du
10e arrondissement ; Granjean, délégué du
Mans ; Jean Ilébrard, président d'honneur
de la société .de secours mutuels des em-
ployés ; Lévy-Ouknann, avocat-conseil de
la Fédération dès Employés ; Antin, prési-
dent de l'Union des comptables ; Kéruelli,
délégué de Quimper ; Thiiliot, chef adjoint
du cabinet de M. Cruppi ; les docteurs Bail-
liart, Bernheim, Hischmann, etc., etc.
Un grand nombre de dames en fraîches
toilettes mettaient une note aimable et
gaie parmi les huit rangées de tables occu-
pées pa.r plus de 700 convives.
Pendant toute la durée du repas, qui fut
animé par la plus franche coMiialité, la
musique du 7Ge de ligne fit entendre les
plus Jolis morceaux de son répertoire, ce
aui lui valut de nombreux applaudisse-
ments.
Au Champagne, la série des discours fut
ouverte par M. Georges .Maus.
Discours de M. Maus
Le président de la Fédération des com-
merçants-détaillants dit son orgueil et sa
ioie d'avoir été le premier, au sein de son
Association, à aJilrmer. que la Fédération
des Employéa était appelée à devenir puis-
sante et respectée. Il est heureux de cons-
tater que sa prédiction s'est réalisée, mal-
gré le peu d'empressement qu'ont mis trop
longtemps les patrons à considérer comme
une œuvre utile le groupement syndical des
employés.
Il faut reconnaître cependant, dit-il, que
dés "organisations sérieuses, faites pour
suivre l'amélioration des. conditions du
travail sans brusquerie ont trouvé chez les
patrons un sincère esprit de conciliation
vis-à-vis de vous, et vous pouvez être sûrs
qu'ils reconnaîtront de plus en pl.., vos
droits.
Sachez reconnaître aussi leurs, drci's. dikiî,
et usez sagement Jes concessions libérales que
les lois démocratiques vous accordent.
Certes, nous sommes partisans de toutes les
lois, de toutes les transformations sociales qui
diminueront l'armée de ceux Qui ont besoin de
leurs semblables.
Nous sommes parLisans de tous les change-,
ments qui atténueront la misère et la haine ;
mais, en attendant que toutes ces transforma-
tions aient fait une société nouvelle, une âme
nouvelle, une humanité nouvelle, quels servi-
ces peut rendre au pays l'association de deux
forces comme les nôtres.
La force aveugle des événements brise les
plus forts rêves de la pensée, comme la lumière
du jour fait fuir les ombres de la nuit.
Le devise de la République est : « Liberté,
Egalité, Fraternité » et, si nous voulons de la
liberté et de l'égalité, il faut surtout de la fra-
ternité ; sans elle, la liberté deviendrait de
l'anarchie et la'suprématie des forts. La liberté
et l'égalité sont nos droits ; la fraternité est
notre devoir.
Il faut tendre la; main à son prochain, non
seulement dans les mots, mais dans les choses.
Comme il serait plus facile de chercher et de
trouver un remède à ces crises commerciales,
qui nous ont fait tant souffrir, si le travail et
le capital, au lieu de se croire ennemis, se per-
suadaiept de leur utile et nécessaire union !
La vraie fraternité n'est pas celle qui n'a sou-
ct que d'aller toujours plus haut, sans regarder
où elle passe et si on peut la suivre ; celte qu'il
faut, c'est celle qui règle son pas sur le pas de
ceux qui sont plus malheureux et leur tend la
main, les entraîne, les soutient et travaille
ainsi à fàpaisement des discussions et des que-
relles intestines, parce que la guerre intérieure
sémit la fin de la liberté et la mort de la Répu-
blique. :
Après avoir blâmé les théories qui fou-
lent aux pieds le sentiment patriotique, qui
fut dans le passé une force dont les révo-
lutionnaires de 1789 se servirent pour nous
donner la liberté et proclamer les droits de
lïiomme et du citoyen, d'orateur affirme
son espoir de voir la troisième République,
fidèle à ses origines, poursuivre sa mar-
che prudente et réfléchie en avant pour
l'amélioration du sort de chacun.
il félicite M. Marcouire du dévouement
qu'il apporte dans l'oeuvre entreprise pour
grouper tous les employés de France, et il
ajoute i
L'idéal social arrivera, j'en suis sûr, pour les
ouvriers et les employés.
L'existence ne peut être transformée ; eUe ne
peut être qu'améliorée, et - c'est déjà quelque
chose.
En attendant de construire la cité chimérique,
unissons nos forces pour construire pacifique-
ment, matériellement et pratiquement de belles
maisons de retraites pour nos vieillards qui ont
consacré toute leur existence à faire la richesse
du pays et qui ont bien droit, sur leurs vieux
jours, il la réelle sollicitude de la démocratie ;
de vastes et clairs hôpitaux pour nos malades,
de grandes écoles familiales pour diriger l'édu-
cation et apprendre les devoirs civiques aux
pauvres enfants abandonnés aux hasards de
l'existence et aux promiscuités de la rue par la
mort ou la disparition de leurs parents.
Travaillons la fraternité entre nous tous et
nous aurons accompli une belle tâche.
Continuez, Messieurs, de faire ce que vous
avez fait, les encouragements ne vous ont pas
manqué, et vous manqueront encore moins
dans l'avenir.
> En terminant, M. Mao g lève son - verre
en Phonneur du ministre du commerce, de
MM. Bénazet et Marcouire, de l'union dé-
finitive des deux Fédérations et il boit à
la prospérité de la France et à la gloire de
la Républiques
Des applaudissements nourris ac6ii
lent la fin de-ce discours •»
Discours de M. Bénazet
Le jeune député de l'Indce félicite let.
employée de ne pas s'attarder à des conv
captions d'égalité absolue et de marcheû
à la conquête des réalités. en ee répétants
comme le sage de l'antiquité : vivons d'a.,(
bord, nous philosopherons après. Il les réJ
Wcite également « de ne pas s'être affiliés'
à la Confédération générale du Travail qotf
devient, sous la pression de ses dirigeants.'
un vaste bureau de recrutement pour rarsV
œjôe de rémcute. M \.r
Votre Fédération, puissante, prospère, dit Aij
Benazet, vous fournira des avantages certains^'»
car voira président, à l'intelligence et à l'éner-
gie duquel il convient de rendre ici un publia
hommage, a réalisé l'alliance la olus profitai)!^
entre les employeurs que sont les petits con¡-'
mcrcants et les employés que vous êtes.
Vivant en sympathie et non en hostilité avec?
les patrons, il a pu et vous pourrez toujûur&'
trouver chez eux un précieux concours. Ce qui!
est impossible aux autres syndicats vous est-
nujow'd'hui fucile.
Ce sont des centaines, des milliers d'employés
qui furent, après cet accord, facilement placés
par votre Fédération,
Mais il y a plus 1 !
la Vous avez trouvé la formule-la plus nouvelle
la plus ingénieuse pour la société de secours
mutuels que vous avez récemment fondée etf
grâce à laquelle des retraites importantes, de»'"
retraites de 1,200 francs, nnurront sans peine(:
titre versées à vos adhérents. - ,
Votre président a remarqué, comme nous tous
qui nous occupons de mutualité, que les coLisa-t
lions des membres actifs ne suffisent pas ; que.
les sociétés de secours mutuels périclitent ra-'
pidement si elles ne sont pas alimentées par
des dons fournis par leurs membres honoraires^
Vous avez encouragé les membres honoraires
à venir à vous, en leur promettant chose neu-'
ve, originale, et qui fera votre succès des pro-.
fils immédiats.
Tout souscripteur de 10 françs par an aura ,
droit, en qualité de membre participant, à ré-,
clamer, s'il est malade, les soins gratuits d'un;
médecin et paiera les produits Pharmaceuti-
ques avec une réduction considérable.
Et comment avez-vous pu réaliser ce mira-
cle ? ':
Tout simplement en vous attachant des moo&'.
cins, en leur allouant des traitements annuels
et-non pas en leur donnant des honoraires par,
.chaque visite de malade. -
De cette façon, vous connaissez, dès le début •
de 1 ann»?e, ce que vous aurez à supporter de'
frais généraux.
Si vous avez, ce qui est je crois le chiffre exact, !
45,000 membres participants à 10 francs, vous
attribuerez les six dizièmes des 450.000 francs
qu'ils ,,:erS(lfont aux traitements des médecins.
soit 2;0,000 francs, et ISO.ûte) francs vous res-
teront encore en caisse pour être affectés aux:
pensions de ;c«
qu'ils deviennent de jour en jour "plus remarqua*
bles.
,
En terminant, l'orateur adj ure les em-
ployés de conserver, en face de philanthro-
pes » pleins de bonne volonté sans doute,:
mais dangepeusement égarés », -l'amour dei
principes républicains qui ont permis d'ac-
complir déjà de si utiles^réformes. ,
Nous réaliserons, dit-il en terminant, des.
améliorations profondes et durables, san"
déchéance.. sans servitude, sans luttes dû
classes, sans guerres fratricides, par lai,
seule foitfe des traditions séculaires de la
République démocratique. :
Soyez convaincus que des associations libres
commo la vôtre trouveront dans le Parlement; i
des défenseurs énergiques. f
Et, pour mon compte personnel, Cest avèe*
joie, que je lève mon verre & leur prospérité
grandissante. '-',
De nombreux applaudissements saluent
cette péroraison.
Discours de M. Marcouire ,
Clest ittfu milieu, des applaudissements
que M. Marcouire prend la parole.
M. Marcouire commence par jeter un
coup d'œil sur le chemin parcouru par lw
Fédération dont il est le président. r
Il y a trois ans seulement, dit-il, lors de
notre fondation, personne ne se doutait du?
formidable essor pris par notre œuvre.,,
Ce résultat est dû à de nombreux efforts et,
à des appuis précieux, ainsi qu'à l'heureu-
se solution de te question sociale poursui-;
vie. ;
Les conditions de l'existence, dit-il, sont de
plus en plus cruelles. Le progrès, en nous ap-e
portant de plus larges satisfactions, nous int-
pose chaque jour de plus dures obligations. Elr.
dans cette lutte pour la vie, les souffrances sontr
d'autant plus vives que ks batailleurs ont plug
conscience quç jadis de leurs devoirs et de leurs
droits. 1 h. st - ;
Partant de ce principe .que la haine est sté-,
rile, que l'on ne bâtit pas dans le néant et que
l'on gagne chaque jour du terrain en ména-
geant ses forces, nous avons cru pouvoir tenj
ter de se grouper autour de nous tous ceux qui'
pensent que l'entente est. f-écün et que les,
malentendus ne résistent pas a une conversa-
tion franche et loyale. tre raisonnement
Il faut croire que notre raisonnement , n^taiB;.
point tout à fait mauvais, puisque les résultats',
sout là pour le prouver. t
Engagée dans cette voie, condamnant les me-
sures violentes et les dangereuses SUrLnehèl'es..:
la Fédération Nationale-des Emplovés n'a pas,
craint de mettre sa main dans celle des orga- f
nisations patronales et de faire hurler les mo- ;
neurs de grèves en montrant au grand jour ce :
scandaleux spectacle de patrons et d'employés:
s'asseyant à la même table et causant librement:
de leurs intérêts, fussent-ils quelquefois contra-,
dictoires, sans briser les verres, ni casser les
assiettes.
C'et ainsi que la Fédération des conimurçanl#
détaillants est venue & nous, comme nous som-
mes allés à elle, sans arrière-pensée, najanv
qu'un but : celui de faire œuvre utile et d acco-
ter sans amertume les nécessités du progrès.
Après avoir fait l'éloge de M. Maus et
avoir adressé des remerciements à la pres-
se .parisienne, ainsi qu'à toute la pressât
française en général et à toutes les perq:
sonnes présentes, M. Marcouire adresse a
ministre du commerce Vliommage de sa ,
gratitude.
En acceptant la présidence de ce BanqueM
vous avez fait à la Fédération un honneur dont 1
elle compfend tout le prix, et elle tient à vous I
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