Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-07-19
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 19 juillet 1908 19 juillet 1908
Description : 1908/07/19 (N14009). 1908/07/19 (N14009).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
W 14009.- 30 Messidor An 116
CINQ eaEWTmmM XiB IVUMBRO
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Dimanche 19 Juillet 1908. — N* 14009.
aNNONCE.
«VI BUREAUX DU JOURIUfc
M, ne dn Mail, Paris.
«ft«B MM. LAGRANGE, CERF et©*
plan de la Bourw,
nliPMiii IIlégrapblque: XIX- SIÈCLE— PARIS
ABOIVUCAt^NIB
trois mois six oipjs m ||
fîlb ..n.n. 81r' wVr
Départements - Ji & t 2i
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TRIBUNE LIBRE
L'HOMME MALADE
ET
SON MÉDECIN.
11 y a cinquante-cinq ans,
le Tsar Nicolas Ier disait à
l'ambassadeur d'Angleterre,
en lui parlant du Grand Turc :
'« Tenez, nous avons sur les
bras un homme malade,
gravement malade ; ce serait un grand
malheur s'il devait nous échapper avant
que les dispositions nécessaires fussent
,prises ».
Et de-puis cinquante-cinq ans, l'hom-
me malade survit au sinistre dia-
gnostic du médecin pétersbourgeois.
Va-t-il mieux ? Est-il rétabli ? Est-il
guéri ? On assure qu'un docteur alle-
mand lui a donné un remède capable
de le réconforter, à tout le moins.
Tandis que certains pessimistes nous
affirment que le monde impérial otto-
man est démoralisé, que les familles
turques les plus puissantes se préparent
11 émigrer, soit dans l'Anatolie, soit
vers les capitales européennes, en cas
de danger, tandis que le spectateur
imagine que le Turc campé sur la
terre d'Europe est toujours prêt à rou-
ler le feutre de sa tente, le Sultan main-
tient toujours sa situation malgré les
menaces de l'extérieur et de l'intérieur-.
Abdul Hamid a accompli sous les
yeux de l'Europe indignée le massacre
des Arméniens, il a pu écraser la pe-
tite armée des Grecs dans la plaine de
Thessalie, il est impuissant à maîtriser
le désordre dans la Macédoine, il est
incapable de réformer l'Etat, il ne peut
que traquer les jeunes Turcs, sans
cesse frappés et jamais découragés
semble-t-il.
En d'autre temps, il aurait expié tant
d'audace. Mais depuis la guerre russo-
turque, depuis trente ans,, les Turcs
ont puisé, comme une force nouvelle
dans leur défaite. D'abord ils ont été
mis à l'abri d'une surprise russe à
Constantinople par la flotte anglaise
menaçant de débarquer ses équipages
sur les bords du Bosphore ; ensuite,
ils sont devenus, depuis le traité de
Berlin, les protégés de l'Allemagne et
d'une façon générale de la race germa-
nique.
Habilement, Bismarck a feint un grand
désintéressement, et, à sa suite, la
chancellerie berlinoise a réussi à im-
planter l'influence allemande à Cons-
tantinople au détriment des influences
de la Russie, de la France ou de l'An-
gleterre qui s'étaient exercées là précé-
demment. Depuis l'avènement de Guil-
laume II, l'action germanique dans
l'empire ottoman s'est manifestée d'une
façon si accusée, qu'à certaines heures,
an dirait le sultan Abdul Hamid sous
le protectorat du souverain de Berlin.
Les preuves de valeur militaire et d'en-
durance que les Turcs avaient données
lors de la guerre de 1877 n'ont pas été
un des moindres attraits du rapproche-
ment germano-turc. Un empereur mi-
litaire ne peut pas être insensible aux
qualités guerrières d'un peuple qui, à
la rigueur, peut devenir un allié.
Si l'on en croit actuellement des ru-
meurs, qu'il n'y a lieu pas de ne point
entendre, une triplice nouvelle serait
en train de s'organiser. Tandis que
l'Italie s'écarterait de ses anciennes al-
liées, la Turquie prendrait sa place
aux côtés de l'Allemagne et de l'Autri-
che.
Il n'échappera à personne combien
ce simple changement de « personne »
dans l'alliance tripliciennt entraînerait
de conséquences, mais peur l'heure,
la plus voyante, c'est la lenaissance
turque.
Le Joural de Sainl-Pélersbairg dit :
'5t Si stérile que fut jusqu'à prisent le
concert européen, il avait du moins le
privilège de condamner officiellement
la Turquie à 1 isolement * diplomati-
que. » A cette heure, Abdul Hamid se-
rait loin d'être isolé. Tout au contraire,
il se trouverait en grande société. « Ce
n'est plus un flirt international, ajoate
la feuille russe, c'est un mariage. »
Ne va-t-on pas jusqu'à dire dans le
monde de Constantinople où l'on « po-
tine », que le Sultan préparerait une mo-
dification aux lois de l'empire pour per-
mettre à l'un de ses fils d'épouser -
'dans une union monogamique — une
princesse allemande !
En même temps, signes révélateurs,
la Turquie devient plus intransigeante
à l'égard des réformes macédoniennes,
el malgré cela, le gouvernement bul-
gare, qui semblerait lié indisoluble-
ttient aux Bulgares de Macédoine, pro-
digue les marques d'amitié, de défé-
rence à l'égard de la Porte. Les minis-
tres bulgares sont presque èloquents :
« Nos rapports avec la Turquie sont
en tous cas excellents, disent-ils nos
relations sont presque celles de cama-
rades et devront se développer au point
que le mot de frontière ne soit qu'une
idée géographique. Il devrait y avoir
libre échange et libre entrée et sortie
réciproques. S'il n'en est pas encore
ainsi, ce sont des intrigues étrangères
qui en ont été cause en incitant la Tur-
quie à des vexations de l'élément bul-
gare en Macédoine, En tous les cas, le
gouvernement bulgare veut éviter jus-
qu'à , la moindre apparence d'un appui
prêté aux bandes bulgares en Macé-
doine et montrer à la Turquie qu'elle
n'a pas la moindre velléité de con-
quête ».
Et quand on songe que l'Empire ot-
toman est, d'autre part, parcouru en
tous sens par les commis-voyageurs et
les ingénieurs allemands, on peut faci-
lement prévoir que la renaissance serait
proche, si un heureux arrosage finan-
cier se produisait. Le Grand Turc serait
en voie de guérison. La Wilhelmstrasse
n'aurait pas perdu son temps.
Mais à l'heure où de si riantes pers-
pectives s'ouvrent pour l'hôte taciturne
et peureux de Yldiz-Kiosk, subitement
se produisent les mouvements révolu-
tionnaires : mutinerie des troupes, refus
d'obéissance des généraux, agitation
des Jeunes-Turcs, insurrection des Al-
banais.
Tous les ennemis d'Abd ul Hamid se-
raient-ils rapprochés dans une vaste
conjuration ? Est-ce l'heure de l'expia-
tion ? -
Quel que soit le prestige moral des
partis révolutionnaires, Abd ul Hamid
conserve de gros atouts dans sa main.
Il dispose de l'amitié de Guillaume Il
et du dévouement des confréries musul-
manes fanatiques.
Albert MILHAUD.
i i — s
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y— I^II ■
LA POLITIQUE
CONTRE LA LOI DE 1884
La grève des bateaux
« mouches îi, a des consé-
quences imprévues. Elle offre
une occasion de se manifes-
ter aux esprits les plus ré-
trogrades. C'est ainsi que
l'audace du parti dont MM. Ribot et
Brindeau sont les porte-drapeaux ne
sait plus se contenir. Les progressistes,
qui redressent la "tête et s'imaginent
avoir cause gagnée, depuis qu'ils ont
enlevé plusieurs municipalités aux élec-
tions dernières, les progressistes com-
mencent leurs manœuvres d'hostilités
contre les lois sociales de la troisième
République.
Cependant, s'il est une loi qui aurait
dû rester à l'abri de leurs coups, c'est
bien celle qui est due à l'initiative heu-
reuse de Waldeck-Rousseau, la loi de
1884 sur les syndicats.
A la rigueur on comprendrait les re-
présailles des progressistes contre les
lois dont Waldeck-Rousseau décida le
vote avec le concours du bloc. Mais
l'agression contre une loi qui date du
ministère Ferry est de leur part une
suprême faute politique. Après avoir
lié récemment leurs efforts à l'action
de la droite et des nationalistes, les
progressistes s'enferment dans une im-
passe, socialement, où ils se rencontre-
ront en bonne société : celle de Bona-
parte qui interdit les coalitions ou-
vrières.
Lorsque donc les progressistes affir-
ment leur amour de la liberté, ils rail-
lent ; ils n'aiment la liberté qu'au dé-
triment de la démocratie.
Les menaces des journaux progres-
sistes sont vaines. Ils auront beau invi-
ter les Chambres et le gouvernement à
« 'réformer » (gracieux euphémisme la
loi de 1884, ils n'en obtiendront pas la
suppression.
L'intention mauvaise rdes amis 'de
M. Ribot he mériterait même pas d'être
soulignée, tant elle est destinée à de-
meurer sans effet, si elle n'était symp-
tomatique,
"Les radicaux - tous les radicaux,
sans distinction de nuances — com-
prendront le danger d'un rapproche-
ment avec les progressistes. Nulle en-
tente avouable ne peut être faite avec
ces adversaires, de leurs propres mains
démasqués, des lois et des libertés ou.
vrières.
LES ON'BIT
NOTRE AGENDA
'Aujourd'hui samedi :
7 Lever du soleil, à 4 h- 17 ; Coucher. à
7 h. 54.
Courses au Tremblayo:
Bijoux vivants
Un journal - américain a raconté qu'à
l'occasion du jour de l'an de l'année
dernière, les jolies femmes de Santia-
go de Cuba ont reçu pour étrennes, et
portent depuis cette époque dans leurs
résilles, dans leurs mantilles et même
-sur leurs cheveux, des « cocuyos » ou
mouches lumineuses, jetant des feux
dans l'obscurité comme des diamants
animés.
Le pouvoir éclairant- de ces mouches,
comparables à nos vers luisants, est
même si grand, qu'en comprimant lé-
gèrement les derniers anneaux de leur
thorax, dans lesquels réside le foyer
de ces lampes naturelles, on obtient
une lumière telle, qu'on peut aisément
voir l'heure à sa montre et pour un
peu. lire un billet doux.
AVIS a nos 'élégantes, qui avaient
lancé la mode des petites tortues vi-
vantes, à la carapace incrustée de pier-
res fines.,
AUTREFOIS
Rappel du 19 juillet 1872. — On le sait
maintenant : l'emprunt des 3 milliards se-
ra émis les 27 et 28 de ce mois.
Le mistre de la guerre a inauguré
hier, à l'hôtel des Invalides, la nouvelle
installation du musée d'artillerie qui était
auparavant à Saint-Thomas-d'Aquin.
La fabrication des timbres-poste va être
confiée à l'industrie privée. Une soumis-
sion au rabais sera ouverte sur le prix
de 0 Ir. 50 par mille.
Les entrepreneurs de tramways qui doi-
vent être établis dans Paris, proposent à
la commission municipale, la traction à
vapeur le matin, et la traction par che-
vaux l'après-midi.
Les Prussiens quitteront Epernay, le 25
août.
Le ministre de la guerre a envoyé à
Nancv des officiers du génie avec mission
de faire construire les baraquements des-
tinés aux Prussiens dans les départements
encore occupés.
Une lettre de M. Dufaure, au préfet de
Meurthe-el-Moselle, décide que les Alsa-
ciens-Lorrains mineurs qui voudront opter
pour la nationalité française pourront le
faire sans l'assistance effective de leurs
parents, pourvu qu'ils puissent présenter
une autorisation de ceux-ci, par letua t~
autrement.
Un estomac d'autruche.
Un usage immémorial veut qu'on au-
topsie les autruches à leur mort" afin
de connaître les objets hétéroclites que
peut recéler leur poche stomacale.
Une de ces « volailles », qui faisait
l'ornement d'une ménagerie foraine en
Amérique, étant défunte récemment, on
n'a point failli à la tradition..
Et voici ce qu'on a trouvé : *
Deux morceaux de charbon de terre,
trois cailloux, un foulard de soie, deux
clefs d'appartement, dont l'une mesu-
rait plus de douze centimètres de lon-
gueur ; un bout de parapluie, bois et
ferrure ; deux culots de bouteilles à
bière ; un harmonica en fer-blanc.
Passe pour l'harmonica, qui dénote
chez cette autruche des goûts artisti-
ques. Mais deux culots de bouteilles à
bière ! C'est le comble de l'ivrognerie.
La portée de la voix humaine
Des expériences récemment faites au
Colorado ont démontré que la voix hu-
maine s'entendait distinctement à une
distance de 30 kilomètres. Un homme
placé sur le sommet d'une montagne
a crié le nom de « Bob » à un autre
placé sur un autre sommet éloigné de
quatre lieues et demie et il a été par-
faitement compris.
Toutefois, la portée de la voix hu-
maine n'est pas uniforme : elle varie
avec les contrées et avec les climats.
C'est ainsi que le lieutenant Foster, qui
fit partie d'une expédition au pôle
Nord, put parler distinctement à un de
ses compagnons éloigné de deux kilo-
mètres.
Sir John Franklin soutient, au con"
traire, qu'il n'a jamais pu se faire en-
tendre à une distance de plus de 500
mètres.
Le docteur Young dit qu'à Gibraltar,
la voix humaine a une cariée de 16 ki-
lomètres.
On sait que sous l'eau, cette portée
est considérablement augmentée, et
que des expériences faites sur le lac
de Cenè*ve ont prouvé que la voix hu-
maine s'entendait à une distance de
140 kilomètres. John Franklin prétend
avoir entendu le frottement de dfcux
deux pierres dans l'eau à une distance
de.800 mètres,
La peine de mort
ra question de la: peine de mort qui
est à l'ordre du jour a remis M. Dei"
bler en vedette.*
II paraît que notre estimable bour-
reau a définitivement renoncé à jouer
aux cartes.
Malgré lui, il avait toujours un sur-
saut involontaire quand on lui disait :
- C'est à vous de couper.,
»
Et) passant.
L'école des ministres est vraiment profi-
table aux hommes politiques les plus émi-
nents, et pour assagir un chel d'opposition
turbulent, le meilleur moyen est encore de
lui confier le pouvoir.
Il n'y a rien de tel, dit la sagesse des bon-
nes femmes, que de manier ia queue de la
poêle ; et tel politicien qui exigeait une me-
sure administrative lorsqxCil était sénateur,
s'empresse. de ne pas la prendre, quand
il est devenu ministre.
C'est ce qui est arrivé à M. Clemenceau
lui-même.
On raconte qu'un jeune conseiller de pré-
lecture, qui le connaissait à peine, sollicita,
il f a quelques années, du sénateur du Var,
une lettre de recommandation auprès du
ministre de l'intérieur pour obtenir une
sous-préfecture.
M. Clemenceau, avec une bonne grâce
parfaite, écrivit la lettre et n'y pensa plus.
Le conseiller de préfecture attendait tou-
jours sa nomination de sous-préfet. Il vint
un jour au Sénat se plaindre auprès de son
éminent protecteur.
— « C'est bien regrettable, lui dit M. Cle-
menceau ,en manière de politesse, d'autant
plus que vous paraissez tout à lait digne de
la fonction que vous sollicitez. Mais que
voulez-vous, les ministres sont ainsi.
Et il se débarrassa de l'importun.
Mais lorsque M. Clemenceau devint pré-
sident du conseil, ce fut une autre affaire.
Le conseiller de préfecture ne lit qu'un
bond place Beauveau, et sollicita une au-
dience.
Le président — qui ne se souvenait mê-
me plus de son nom — absorbé par mille
affaires importantes, reçoit le. visiteur en-
tre deux portes.
— « Je viens, monsieur le président, dit
le conseiller la bouche enfarinée, vous rap-
peler ma nomination.
- Quelle nomination ?
- Ma sous-préfecture.
— Votre sous-préfecture ? Il n'y a pas de
vacances. Et puis je ne connais pas votre
dossier. Quels sont vos titres ? Quelles
sont vos recommandations ?
— Oh ! j'ai une recommandation de tout
premier ordre, murmura mystérieusement
le solliciteur en se retirant. Je vous prie
simplement, monsieur le Président, de
prendre connaissance de mon dossier.
Vous verrez !
— C'est bien, je verrai. et je vous ferai
adresser ma réponse.
Et le président du conseil de bougonner :
(1 Qui est-ce qui a bien pu me recommander
un pareil raseur ?. »
Il demanda le dossier et lut un instant
interloqué en y trouvant sa propre lettre.
Mais comme chez M. Clemenceau l'esprit
ne perd jamais ses droits. il s'en tira dit-on,
par une boutade charmante.
« Monsieur, écrivit-il au solUciteur. j'ai
parcouru votre dossier. La recommanda-
tion dont vous m'avez parlé n'est pas suf-
fisante à mes yeux. Faites-vous appuyer
par une personnalité qui ait le temps d'exa-
miner plus sérieusement vos titres. »
Le Chemineau.
♦
Un intéressant procès
de doctrine religieuse
Nous avons fait connaître à nos lecteurs
les termes d'une lettre pastorale par laquel-
le M. Marty, évêque de Montauban, avait
menacé des peines canoniques de son Egli-
se les acquéreurs de biens ecclésiastiques,
ainsi que -les maires de son diocèse qui sont
appelés par leurs fonctions à prêter la main
à l'application des lois concernant les biens
en question.
Le parquet de Montauban vient d'intenter
à ce sujet des poursuites contre M. Marty.
Le procès qui va se dérouler ne sera pas
sans intérêt, en ce sens qu'il va mettre en
lùmière des points de doctrine auxquels
l'Eglise a donné des solutions aussi diver-
ses que contradictoires.
On rappelle à ce sujet qu'en 1905, l'évê-
que d'Arras ayant demandé à Rome si la
municipalité d'une ville de son diocèse qui
avait fait l'acquisition d'un immeuble con-
gregamste, tomnait sous le coup ae l'ex-
communication, la pénitencerie apostolique
répondit par la négative à cette question.
Il en fut de même pour des questions po-
sées par l'évêque de Soissons relativement
à des liquidateurs de congrégations et à des
greffiers de tribunaux, alors que dans le
diocèse de Sens, par exemple, l'évêque me-
naçait, sans rémission aucune, de « la pei-
ne de l'excommunication, qui sépare de l'E-
glise, prive des sacrements pendant la vie
et de la sépulture ecclésiastique après la
mort, les acheteurs des biens des congréga-
tions, qu'il s'agisse de particuliers où d'ac-
quéreurs collectifs, tels que les conseillers
municipaux, les liquidateurs, alors même
qu'ils se borneraient à remplir les fonctions
d'administrateur séquestre et à poursuivre
la mise en vente des biens de la liquidation,
sans en convertir une partie à leur propre
usage sous forme d'honoraires, etc. »
Ces variations de doctrine, d'un diocèse à
l'autre, déterminèrent l'envoi, par le Va-
tican, en septembre 1907, d'instructions
énumérant chaque cas où les évêques et
confesseurs pourraient absoudre les acqué-
reurs de biens ecclésiastiques et on fait re-
marquer que ces instructions laissent,com-
me-la plupart des instructions du Saint-
Siège, la porte ouverte à d'assez larges ac-
commodements avec le ciel.
On rappelle enfin que l'intransigeant Pie
IX-lui-même déclara, en 1869, que les évê-
ques pouvaient absoudre « ceux qui ont ac-
quis des immeubles congréganistes, les ont
ensuite vendus à d'autres et ont coopéré
aux contrats relatifs à ces biens. »
Le procès annoncé contre l'évêque de
Montauban sera donc des plus amusants,
car il mettra à nu toute la comédie jouée
par le Vatican avec ses menaces d'excom-
munication et il démontrera aux g'ens timo-
rés qui ont encore la crainte des foudres-de
l'Eglise, le cas qu'il convient de faire de ces
menaces absurdes, qui ne sauraient même
plus, comme nous l'avons déjà dit, épouvan.
ter des ornants* — P. Ge
L'EDUCATION DES FAIBLES
La Commission des Anormaux
Dans un précédent article (1) j'ai
prouvé que, de nos jours comme du
temps de Figaro, on choisissait des
danseurs lorsqu'il fallait des calcula-
teurs. Autre exemple à l'appui.
L'article 4 de la loi du 28 mars i882
sur l'obligation scolaire porte in fine :
« Un règlement d'administration déter-
minera les moyens de donner l'instruc-
tion primaire aux sourds-muets et aux
aveugles ».
En 1900, dix-huit ans après la pro-
mulgation de cette loi, le règlement
prévu n'ayant pas encore vu le jour,
j'ai fait adopter par le Congrès que la
Ligue Française de l'enseignement a te-
nu à Paris le vœu suivant :
« Le 20e congrès émet le vœu :
« Qu'une commission spéciale soit
nommée par les ministres de l'instruc-
tion publique et de l'intérieur en vue
de rechercher les moyens d'étendre
1 instruction oniigatoire aux anormaux
et que cette commission soit composée,
en majorité, de personnes s'occupant
de cet enseignement spécial. »
Le 4 septembre 1904, à la suite d'un
rapport de M. Marcel Cuarlot, faisant
ressortir que, pour des raisons diver-
ses, un grand nombre d'enfants ne bé-
néficiait pas des dispositions de la loi
sur l'obligation scolaire, M. le ministre
de l'instruction publique institua la
commission demandée avec mission
« d'étudier les conditions d'application
aux enfants anormaux des prescriptions
légales sur l'obligation scolaire ».
Cette commission comprend des per-
sonnages # éminents : parlementaires,
fonctionnaires occupant un rang élevé
dans la hiérarchie administrative, mé-
decins, membres de l'Université, etc.,
mais pas de professionnels. Là aussi ils
ont.été oubliés malgré le désir expri-
mé par M. Marcel Chariot dans son rap-
port préalable :
« Quoi qu'il en soit, dit-il, pour pré-
parer une telle œuvre, l'Etat a les élé-
ments nécessaires : les hommes de
science, les éducateurs, les praticiens
auquel il fera appel lui apporteront le
concours d'un savoir, d'une expérience,
d'un dévouement auquel aura été rare-
ment fournie une plus belle occasion
de servir l'humanité. »
Il n'a pas été tenu compte de cette
indication ; les praticiens. les hommes
d'expérience ont été oubliés.
Aussi qu'est-il arrivé ?
Aussitôt installée, la commission s'est
empressée de ne pas se conformer à
l'objet pour lequel elle avait été cons-
tituée.
Parmi les anormaux, a fait remar-
quer M. Binet (2), J'un des membres,
« il y en a dont le sort nous intéresse
« moins que les autres, parce que l'Etat
« -- a - nonrvn, dans une certaine mesure.
« à feurs besoins ; ce sont d'une part
« les aveugles et les sourds-muets dont
« environ 5.000 reçoivent des soins
« et une éducation professionnelle dans
« des établissements de l'Etat et dans
« des écoles privées dont la majorité
« est congréganiste ; ce sont, d'autre
« part, les idiots les plus gravement
« atteints qui exigent un traitement
« médical incessant et sont reçus dans
« les hôpitaux, hospices et asiles ».
Partout la commission a éliminé ces
catégories d'enfants pour ne retenir
que les arriérés.
Pourquoi ? Sans cloute pour se met-
tre en contradiction avec la loi. Ce qu'a
voulu le législateur de 1882, c'est un
règlement d'administration pour les
aveugles et les sourds-muets et non
pour les arriérés ; terme qui a été in-
(1) Voir Rappel du 25 mai.
(2) La Revue, 1er février 1905.
troduit, sans raison plausible, aanj.
1 arrêté ministériel précité. Un règle*
ment spécial devenait en effet néces'
saire- pour les enfants dont l'instru&.
lion ressortit au ministère de l'inté-
rieur ; mais il n'en' est pas de même
des arriérés qui restent englobés dans
les enfants de 6 à 13 ans pour lesquels
1 instruction est obligatoire. Pour ceux-
ci, l'obligation est réelle et non dubita-
tive. Point n'est besoin de remettre ia
question à l'étude.
Nommée pour s'occuper des aveugles
et des sourds-muets la commission au-
rait dû d'autant moins Ip.,s écarter que.
contrairement à ce qu'affirme M. Bi..
net, ces enfants ne reçoivent pas tous
l'instruction qui leur est due. « Plus du
tiers des sourds-muets et près des qua-
tre cinquièmes des aveugles sont mis,
en quelque sorte, hors la loi scolaire,
déclare M. Chariot dans le rapport
dont j'ai parlé. En outre les trois quarts
de ceux qui sont instruits fréquentent
aes eiamissements congréganistes dont
l'organisation laisse beaucoup à dési-
rer. Cet état de choses est connu an;
ministère de l'intérieur et au conseil
supérieur de l'Assistance publique. Et
puis, il ne faudrait pas perdre de vue
qu'aux termes de la loi du 7 juillet 1904,
ces établissements n'ont qu'une durée
précaire.
Si les aveugles et les sourds-muets <
ne sont pas suffisamment intéressants
pour la commission, ils le sont beau-
coup, et'avec juste raison, pour M.,
Tournade, député de Paris qui. à plu-
sieurs reprises, a porté la question à la,
tribune de la Chambre. (Je reparlerai
des projets de M. Tournade).
Au cours de la séance du 22 janvier
1906, M. le ministre de l'intérieur lui
fit la réponse suivante :
« Quant à assurer aux enfants anor-
« maux l'éducation et l'instruction dont
« ils ont besoin, nous y sommes tout
« disposés. Mais c'est alors une ques-
«- tion de crédits qui se pose, et uni-
« quement une question de crédits. il
« s'agit de savoir si nous pouvons
« trouver dans le budget les ressour-
« ces nécessaires pour créer, dès main-
« tenant, les écoles qui doivent reee-
« voir ces enfants. »
Tout est là. C'est assurément le
point délicat de la question. 11 faut de
l'argent pour construire et faire fonc-
tionner les écoles ou institutions desti-
nées à recevoir les enfants qui nous
préoccupent. Mais, en ce qui concerne:
les aveugles et les sourds-muets, dé-
daignés par la commission, est-il be-
soin d'ajouter de nouveaux chapitres an
budget, de voter des crédits spéciaux ?,
Je n'en vois pas la nécessité. Il est fa-
cile de se procurer les ressources né-
cessaires sans aucune augmentation de
dépenses. Le moyen est aussi simple
que pratique. C'est l'œuf de Chrislopho
Colomb : il suffit d'y penser.
L'honorable M. Chautard, rapporteur,
de la question, résoudra-t-il le problè-
me ? En tout cas, la commission des
anormaux aurait dû commencer par là;
elle a mieux aimé porter ailleurs ses
investigations. C'est ce qui a fait dire
à M. Ferdinand, au cours de la même
séance : « L'étude de la commission
n'a pas abouti à des résultats pratiques.-.
Il faut reprendre le travail ».
En eût-il été de même si les minj'
très intéressés avaient appelé quelques
hommes du métier à en faire partie ?
« Peu de gens sont à leur place fil
c'est une des raisons pour lesqucHcs
tout ne va pas aussi bien qu'on pour-
rati le souhaiter ».
F. Camailhac.
Les Jeunes-lurcs et le sultan,
LES ALBANAIS S'EN MELENT
(De notre correspondant particulier)
Triest-e, 17 juillet.
Un agent du comité révolutionnaire al-
banais ayant acheté en Allemagne deux
mille fusils Mauser et 30,000 cartouches, a
nolisé dans notre ville quelques barques
.■pour introduire clandestinement ce maté-
riel de guerre en Albanie.
Toute la côte albanaise est surveillée par
des croiseurs turcs. Néanmoinst la contre-
bande de guerre se fait sur une vaste
écheUe.
On dit que le comité avait reçu une forte
somme d'un milliardaire américain qui a
Dris fantaisie de vouloir jouer un rôle dans
les Balkans.
CONTRE-ORDRE AUX TROUPES
DE L'ASIE-MINEURE
(De notre correspondant particulier)
Constantinople, 17 juillet.
Les dix bataillons des redifs qui, à Vra-
nia (Asie-Mineure), étaient prêts à s embar-
quer pour la Macédoine, ont reçu contre-
ordre. On affirme qu'en dernière heure, le
gouvernement ottoman avait reçu des rap-
ports qui faisaient prévoir un danger très
grave pour le cas où l'Anatolie serait trop
dégarnie de troupes,
LE QUARTIER GENERAL
DES JEUNES-TURCS
(De notre correspondant particulier)
Salonique, 17 juillet.
Les frounea qui ont fait défection se
trouvent échelonnées entre Rczna cl
Ochrina. C'est la population qui leur fouiv
nit des vivres.
Le quartier général des Insurgés s'est
établi dans la petite commune de Dibcrit/.a;
on y a installé même une imprimerie peur
le comité d'action des junes-turcs. Ce co-
mité a organisé un service d'estafeliers (l'Ii
le tient en raport continuel avec touie.3 Sei
villes de province. -
On dit qu'Osman Fixclia enverra un par-
lementaire dans le quartier général dae
jeunes-tchèques afin d'etitarner des négo-
ciations.
LA PROPAGANDE DANS L'ARMEE (
Constantinople, 16 juillet. "-
(Source anglaise)
La propagande du parti jeune-turc sem-
ble avoir fait des progrès considérables
dans l'armée et parmi les intellectuels et
les musulmans intelligents. Certains indi-
ces tendraient à faire prévoir un soulève-
ment général des officiers du 3e corps d'ar-
mée. Tout le monde a été surpris de la
soudaineté des révoltes de Resnja, de
Presha et de Monastir et on se demande
ce qui va en résulter. Certains appréhen-
dent de voir la. Bulgarie profiter de 1 état
d'e&prit de l'armée turque en Macedome
pour intervenir ou bien de voir la Tur-
que essayer de créer une diversion en
BuGgarie pour sortir des difficultés actuel;,
les.
Les jeunes-turcs s'efforcent en vain de
trouver un appui chez les Buigares ; ceux-
ci n'ont pas confiance dans les jeunet- J
CINQ eaEWTmmM XiB IVUMBRO
4_' - --
- -. -
Dimanche 19 Juillet 1908. — N* 14009.
aNNONCE.
«VI BUREAUX DU JOURIUfc
M, ne dn Mail, Paris.
«ft«B MM. LAGRANGE, CERF et©*
plan de la Bourw,
nliPMiii IIlégrapblque: XIX- SIÈCLE— PARIS
ABOIVUCAt^NIB
trois mois six oipjs m ||
fîlb ..n.n. 81r' wVr
Départements - Ji & t 2i
Uaion Poataîa t i. M< i.
Union Postale 9 L Ms t r*lj i
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ADMINISTRATION ? 14' RUe: DU MAIL. - TÉLÉPHONÉ 102 89
Aéntser lmria et ttundtUt à fAdministrateur 'r
TRIBUNE LIBRE
L'HOMME MALADE
ET
SON MÉDECIN.
11 y a cinquante-cinq ans,
le Tsar Nicolas Ier disait à
l'ambassadeur d'Angleterre,
en lui parlant du Grand Turc :
'« Tenez, nous avons sur les
bras un homme malade,
gravement malade ; ce serait un grand
malheur s'il devait nous échapper avant
que les dispositions nécessaires fussent
,prises ».
Et de-puis cinquante-cinq ans, l'hom-
me malade survit au sinistre dia-
gnostic du médecin pétersbourgeois.
Va-t-il mieux ? Est-il rétabli ? Est-il
guéri ? On assure qu'un docteur alle-
mand lui a donné un remède capable
de le réconforter, à tout le moins.
Tandis que certains pessimistes nous
affirment que le monde impérial otto-
man est démoralisé, que les familles
turques les plus puissantes se préparent
11 émigrer, soit dans l'Anatolie, soit
vers les capitales européennes, en cas
de danger, tandis que le spectateur
imagine que le Turc campé sur la
terre d'Europe est toujours prêt à rou-
ler le feutre de sa tente, le Sultan main-
tient toujours sa situation malgré les
menaces de l'extérieur et de l'intérieur-.
Abdul Hamid a accompli sous les
yeux de l'Europe indignée le massacre
des Arméniens, il a pu écraser la pe-
tite armée des Grecs dans la plaine de
Thessalie, il est impuissant à maîtriser
le désordre dans la Macédoine, il est
incapable de réformer l'Etat, il ne peut
que traquer les jeunes Turcs, sans
cesse frappés et jamais découragés
semble-t-il.
En d'autre temps, il aurait expié tant
d'audace. Mais depuis la guerre russo-
turque, depuis trente ans,, les Turcs
ont puisé, comme une force nouvelle
dans leur défaite. D'abord ils ont été
mis à l'abri d'une surprise russe à
Constantinople par la flotte anglaise
menaçant de débarquer ses équipages
sur les bords du Bosphore ; ensuite,
ils sont devenus, depuis le traité de
Berlin, les protégés de l'Allemagne et
d'une façon générale de la race germa-
nique.
Habilement, Bismarck a feint un grand
désintéressement, et, à sa suite, la
chancellerie berlinoise a réussi à im-
planter l'influence allemande à Cons-
tantinople au détriment des influences
de la Russie, de la France ou de l'An-
gleterre qui s'étaient exercées là précé-
demment. Depuis l'avènement de Guil-
laume II, l'action germanique dans
l'empire ottoman s'est manifestée d'une
façon si accusée, qu'à certaines heures,
an dirait le sultan Abdul Hamid sous
le protectorat du souverain de Berlin.
Les preuves de valeur militaire et d'en-
durance que les Turcs avaient données
lors de la guerre de 1877 n'ont pas été
un des moindres attraits du rapproche-
ment germano-turc. Un empereur mi-
litaire ne peut pas être insensible aux
qualités guerrières d'un peuple qui, à
la rigueur, peut devenir un allié.
Si l'on en croit actuellement des ru-
meurs, qu'il n'y a lieu pas de ne point
entendre, une triplice nouvelle serait
en train de s'organiser. Tandis que
l'Italie s'écarterait de ses anciennes al-
liées, la Turquie prendrait sa place
aux côtés de l'Allemagne et de l'Autri-
che.
Il n'échappera à personne combien
ce simple changement de « personne »
dans l'alliance tripliciennt entraînerait
de conséquences, mais peur l'heure,
la plus voyante, c'est la lenaissance
turque.
Le Joural de Sainl-Pélersbairg dit :
'5t Si stérile que fut jusqu'à prisent le
concert européen, il avait du moins le
privilège de condamner officiellement
la Turquie à 1 isolement * diplomati-
que. » A cette heure, Abdul Hamid se-
rait loin d'être isolé. Tout au contraire,
il se trouverait en grande société. « Ce
n'est plus un flirt international, ajoate
la feuille russe, c'est un mariage. »
Ne va-t-on pas jusqu'à dire dans le
monde de Constantinople où l'on « po-
tine », que le Sultan préparerait une mo-
dification aux lois de l'empire pour per-
mettre à l'un de ses fils d'épouser -
'dans une union monogamique — une
princesse allemande !
En même temps, signes révélateurs,
la Turquie devient plus intransigeante
à l'égard des réformes macédoniennes,
el malgré cela, le gouvernement bul-
gare, qui semblerait lié indisoluble-
ttient aux Bulgares de Macédoine, pro-
digue les marques d'amitié, de défé-
rence à l'égard de la Porte. Les minis-
tres bulgares sont presque èloquents :
« Nos rapports avec la Turquie sont
en tous cas excellents, disent-ils nos
relations sont presque celles de cama-
rades et devront se développer au point
que le mot de frontière ne soit qu'une
idée géographique. Il devrait y avoir
libre échange et libre entrée et sortie
réciproques. S'il n'en est pas encore
ainsi, ce sont des intrigues étrangères
qui en ont été cause en incitant la Tur-
quie à des vexations de l'élément bul-
gare en Macédoine, En tous les cas, le
gouvernement bulgare veut éviter jus-
qu'à , la moindre apparence d'un appui
prêté aux bandes bulgares en Macé-
doine et montrer à la Turquie qu'elle
n'a pas la moindre velléité de con-
quête ».
Et quand on songe que l'Empire ot-
toman est, d'autre part, parcouru en
tous sens par les commis-voyageurs et
les ingénieurs allemands, on peut faci-
lement prévoir que la renaissance serait
proche, si un heureux arrosage finan-
cier se produisait. Le Grand Turc serait
en voie de guérison. La Wilhelmstrasse
n'aurait pas perdu son temps.
Mais à l'heure où de si riantes pers-
pectives s'ouvrent pour l'hôte taciturne
et peureux de Yldiz-Kiosk, subitement
se produisent les mouvements révolu-
tionnaires : mutinerie des troupes, refus
d'obéissance des généraux, agitation
des Jeunes-Turcs, insurrection des Al-
banais.
Tous les ennemis d'Abd ul Hamid se-
raient-ils rapprochés dans une vaste
conjuration ? Est-ce l'heure de l'expia-
tion ? -
Quel que soit le prestige moral des
partis révolutionnaires, Abd ul Hamid
conserve de gros atouts dans sa main.
Il dispose de l'amitié de Guillaume Il
et du dévouement des confréries musul-
manes fanatiques.
Albert MILHAUD.
i i — s
ABONNEMENTS D'ÉTÉ
Pour être agréable à nos lecteurs
qui s'absentent de chez eux pendant
l'été et qui craignent de ne pas trouver
le journal dans les localités où ils vont,
nous établissons des abonnements de
Vacances partant de n'importe quelle
date, moyennant 0 fr. 05 centimes par
numéro pour la France et 0 fr.. 10 cen-
times pour l'étranger.
y— I^II ■
LA POLITIQUE
CONTRE LA LOI DE 1884
La grève des bateaux
« mouches îi, a des consé-
quences imprévues. Elle offre
une occasion de se manifes-
ter aux esprits les plus ré-
trogrades. C'est ainsi que
l'audace du parti dont MM. Ribot et
Brindeau sont les porte-drapeaux ne
sait plus se contenir. Les progressistes,
qui redressent la "tête et s'imaginent
avoir cause gagnée, depuis qu'ils ont
enlevé plusieurs municipalités aux élec-
tions dernières, les progressistes com-
mencent leurs manœuvres d'hostilités
contre les lois sociales de la troisième
République.
Cependant, s'il est une loi qui aurait
dû rester à l'abri de leurs coups, c'est
bien celle qui est due à l'initiative heu-
reuse de Waldeck-Rousseau, la loi de
1884 sur les syndicats.
A la rigueur on comprendrait les re-
présailles des progressistes contre les
lois dont Waldeck-Rousseau décida le
vote avec le concours du bloc. Mais
l'agression contre une loi qui date du
ministère Ferry est de leur part une
suprême faute politique. Après avoir
lié récemment leurs efforts à l'action
de la droite et des nationalistes, les
progressistes s'enferment dans une im-
passe, socialement, où ils se rencontre-
ront en bonne société : celle de Bona-
parte qui interdit les coalitions ou-
vrières.
Lorsque donc les progressistes affir-
ment leur amour de la liberté, ils rail-
lent ; ils n'aiment la liberté qu'au dé-
triment de la démocratie.
Les menaces des journaux progres-
sistes sont vaines. Ils auront beau invi-
ter les Chambres et le gouvernement à
« 'réformer » (gracieux euphémisme la
loi de 1884, ils n'en obtiendront pas la
suppression.
L'intention mauvaise rdes amis 'de
M. Ribot he mériterait même pas d'être
soulignée, tant elle est destinée à de-
meurer sans effet, si elle n'était symp-
tomatique,
"Les radicaux - tous les radicaux,
sans distinction de nuances — com-
prendront le danger d'un rapproche-
ment avec les progressistes. Nulle en-
tente avouable ne peut être faite avec
ces adversaires, de leurs propres mains
démasqués, des lois et des libertés ou.
vrières.
LES ON'BIT
NOTRE AGENDA
'Aujourd'hui samedi :
7 Lever du soleil, à 4 h- 17 ; Coucher. à
7 h. 54.
Courses au Tremblayo:
Bijoux vivants
Un journal - américain a raconté qu'à
l'occasion du jour de l'an de l'année
dernière, les jolies femmes de Santia-
go de Cuba ont reçu pour étrennes, et
portent depuis cette époque dans leurs
résilles, dans leurs mantilles et même
-sur leurs cheveux, des « cocuyos » ou
mouches lumineuses, jetant des feux
dans l'obscurité comme des diamants
animés.
Le pouvoir éclairant- de ces mouches,
comparables à nos vers luisants, est
même si grand, qu'en comprimant lé-
gèrement les derniers anneaux de leur
thorax, dans lesquels réside le foyer
de ces lampes naturelles, on obtient
une lumière telle, qu'on peut aisément
voir l'heure à sa montre et pour un
peu. lire un billet doux.
AVIS a nos 'élégantes, qui avaient
lancé la mode des petites tortues vi-
vantes, à la carapace incrustée de pier-
res fines.,
AUTREFOIS
Rappel du 19 juillet 1872. — On le sait
maintenant : l'emprunt des 3 milliards se-
ra émis les 27 et 28 de ce mois.
Le mistre de la guerre a inauguré
hier, à l'hôtel des Invalides, la nouvelle
installation du musée d'artillerie qui était
auparavant à Saint-Thomas-d'Aquin.
La fabrication des timbres-poste va être
confiée à l'industrie privée. Une soumis-
sion au rabais sera ouverte sur le prix
de 0 Ir. 50 par mille.
Les entrepreneurs de tramways qui doi-
vent être établis dans Paris, proposent à
la commission municipale, la traction à
vapeur le matin, et la traction par che-
vaux l'après-midi.
Les Prussiens quitteront Epernay, le 25
août.
Le ministre de la guerre a envoyé à
Nancv des officiers du génie avec mission
de faire construire les baraquements des-
tinés aux Prussiens dans les départements
encore occupés.
Une lettre de M. Dufaure, au préfet de
Meurthe-el-Moselle, décide que les Alsa-
ciens-Lorrains mineurs qui voudront opter
pour la nationalité française pourront le
faire sans l'assistance effective de leurs
parents, pourvu qu'ils puissent présenter
une autorisation de ceux-ci, par letua t~
autrement.
Un estomac d'autruche.
Un usage immémorial veut qu'on au-
topsie les autruches à leur mort" afin
de connaître les objets hétéroclites que
peut recéler leur poche stomacale.
Une de ces « volailles », qui faisait
l'ornement d'une ménagerie foraine en
Amérique, étant défunte récemment, on
n'a point failli à la tradition..
Et voici ce qu'on a trouvé : *
Deux morceaux de charbon de terre,
trois cailloux, un foulard de soie, deux
clefs d'appartement, dont l'une mesu-
rait plus de douze centimètres de lon-
gueur ; un bout de parapluie, bois et
ferrure ; deux culots de bouteilles à
bière ; un harmonica en fer-blanc.
Passe pour l'harmonica, qui dénote
chez cette autruche des goûts artisti-
ques. Mais deux culots de bouteilles à
bière ! C'est le comble de l'ivrognerie.
La portée de la voix humaine
Des expériences récemment faites au
Colorado ont démontré que la voix hu-
maine s'entendait distinctement à une
distance de 30 kilomètres. Un homme
placé sur le sommet d'une montagne
a crié le nom de « Bob » à un autre
placé sur un autre sommet éloigné de
quatre lieues et demie et il a été par-
faitement compris.
Toutefois, la portée de la voix hu-
maine n'est pas uniforme : elle varie
avec les contrées et avec les climats.
C'est ainsi que le lieutenant Foster, qui
fit partie d'une expédition au pôle
Nord, put parler distinctement à un de
ses compagnons éloigné de deux kilo-
mètres.
Sir John Franklin soutient, au con"
traire, qu'il n'a jamais pu se faire en-
tendre à une distance de plus de 500
mètres.
Le docteur Young dit qu'à Gibraltar,
la voix humaine a une cariée de 16 ki-
lomètres.
On sait que sous l'eau, cette portée
est considérablement augmentée, et
que des expériences faites sur le lac
de Cenè*ve ont prouvé que la voix hu-
maine s'entendait à une distance de
140 kilomètres. John Franklin prétend
avoir entendu le frottement de dfcux
deux pierres dans l'eau à une distance
de.800 mètres,
La peine de mort
ra question de la: peine de mort qui
est à l'ordre du jour a remis M. Dei"
bler en vedette.*
II paraît que notre estimable bour-
reau a définitivement renoncé à jouer
aux cartes.
Malgré lui, il avait toujours un sur-
saut involontaire quand on lui disait :
- C'est à vous de couper.,
»
Et) passant.
L'école des ministres est vraiment profi-
table aux hommes politiques les plus émi-
nents, et pour assagir un chel d'opposition
turbulent, le meilleur moyen est encore de
lui confier le pouvoir.
Il n'y a rien de tel, dit la sagesse des bon-
nes femmes, que de manier ia queue de la
poêle ; et tel politicien qui exigeait une me-
sure administrative lorsqxCil était sénateur,
s'empresse. de ne pas la prendre, quand
il est devenu ministre.
C'est ce qui est arrivé à M. Clemenceau
lui-même.
On raconte qu'un jeune conseiller de pré-
lecture, qui le connaissait à peine, sollicita,
il f a quelques années, du sénateur du Var,
une lettre de recommandation auprès du
ministre de l'intérieur pour obtenir une
sous-préfecture.
M. Clemenceau, avec une bonne grâce
parfaite, écrivit la lettre et n'y pensa plus.
Le conseiller de préfecture attendait tou-
jours sa nomination de sous-préfet. Il vint
un jour au Sénat se plaindre auprès de son
éminent protecteur.
— « C'est bien regrettable, lui dit M. Cle-
menceau ,en manière de politesse, d'autant
plus que vous paraissez tout à lait digne de
la fonction que vous sollicitez. Mais que
voulez-vous, les ministres sont ainsi.
Et il se débarrassa de l'importun.
Mais lorsque M. Clemenceau devint pré-
sident du conseil, ce fut une autre affaire.
Le conseiller de préfecture ne lit qu'un
bond place Beauveau, et sollicita une au-
dience.
Le président — qui ne se souvenait mê-
me plus de son nom — absorbé par mille
affaires importantes, reçoit le. visiteur en-
tre deux portes.
— « Je viens, monsieur le président, dit
le conseiller la bouche enfarinée, vous rap-
peler ma nomination.
- Quelle nomination ?
- Ma sous-préfecture.
— Votre sous-préfecture ? Il n'y a pas de
vacances. Et puis je ne connais pas votre
dossier. Quels sont vos titres ? Quelles
sont vos recommandations ?
— Oh ! j'ai une recommandation de tout
premier ordre, murmura mystérieusement
le solliciteur en se retirant. Je vous prie
simplement, monsieur le Président, de
prendre connaissance de mon dossier.
Vous verrez !
— C'est bien, je verrai. et je vous ferai
adresser ma réponse.
Et le président du conseil de bougonner :
(1 Qui est-ce qui a bien pu me recommander
un pareil raseur ?. »
Il demanda le dossier et lut un instant
interloqué en y trouvant sa propre lettre.
Mais comme chez M. Clemenceau l'esprit
ne perd jamais ses droits. il s'en tira dit-on,
par une boutade charmante.
« Monsieur, écrivit-il au solUciteur. j'ai
parcouru votre dossier. La recommanda-
tion dont vous m'avez parlé n'est pas suf-
fisante à mes yeux. Faites-vous appuyer
par une personnalité qui ait le temps d'exa-
miner plus sérieusement vos titres. »
Le Chemineau.
♦
Un intéressant procès
de doctrine religieuse
Nous avons fait connaître à nos lecteurs
les termes d'une lettre pastorale par laquel-
le M. Marty, évêque de Montauban, avait
menacé des peines canoniques de son Egli-
se les acquéreurs de biens ecclésiastiques,
ainsi que -les maires de son diocèse qui sont
appelés par leurs fonctions à prêter la main
à l'application des lois concernant les biens
en question.
Le parquet de Montauban vient d'intenter
à ce sujet des poursuites contre M. Marty.
Le procès qui va se dérouler ne sera pas
sans intérêt, en ce sens qu'il va mettre en
lùmière des points de doctrine auxquels
l'Eglise a donné des solutions aussi diver-
ses que contradictoires.
On rappelle à ce sujet qu'en 1905, l'évê-
que d'Arras ayant demandé à Rome si la
municipalité d'une ville de son diocèse qui
avait fait l'acquisition d'un immeuble con-
gregamste, tomnait sous le coup ae l'ex-
communication, la pénitencerie apostolique
répondit par la négative à cette question.
Il en fut de même pour des questions po-
sées par l'évêque de Soissons relativement
à des liquidateurs de congrégations et à des
greffiers de tribunaux, alors que dans le
diocèse de Sens, par exemple, l'évêque me-
naçait, sans rémission aucune, de « la pei-
ne de l'excommunication, qui sépare de l'E-
glise, prive des sacrements pendant la vie
et de la sépulture ecclésiastique après la
mort, les acheteurs des biens des congréga-
tions, qu'il s'agisse de particuliers où d'ac-
quéreurs collectifs, tels que les conseillers
municipaux, les liquidateurs, alors même
qu'ils se borneraient à remplir les fonctions
d'administrateur séquestre et à poursuivre
la mise en vente des biens de la liquidation,
sans en convertir une partie à leur propre
usage sous forme d'honoraires, etc. »
Ces variations de doctrine, d'un diocèse à
l'autre, déterminèrent l'envoi, par le Va-
tican, en septembre 1907, d'instructions
énumérant chaque cas où les évêques et
confesseurs pourraient absoudre les acqué-
reurs de biens ecclésiastiques et on fait re-
marquer que ces instructions laissent,com-
me-la plupart des instructions du Saint-
Siège, la porte ouverte à d'assez larges ac-
commodements avec le ciel.
On rappelle enfin que l'intransigeant Pie
IX-lui-même déclara, en 1869, que les évê-
ques pouvaient absoudre « ceux qui ont ac-
quis des immeubles congréganistes, les ont
ensuite vendus à d'autres et ont coopéré
aux contrats relatifs à ces biens. »
Le procès annoncé contre l'évêque de
Montauban sera donc des plus amusants,
car il mettra à nu toute la comédie jouée
par le Vatican avec ses menaces d'excom-
munication et il démontrera aux g'ens timo-
rés qui ont encore la crainte des foudres-de
l'Eglise, le cas qu'il convient de faire de ces
menaces absurdes, qui ne sauraient même
plus, comme nous l'avons déjà dit, épouvan.
ter des ornants* — P. Ge
L'EDUCATION DES FAIBLES
La Commission des Anormaux
Dans un précédent article (1) j'ai
prouvé que, de nos jours comme du
temps de Figaro, on choisissait des
danseurs lorsqu'il fallait des calcula-
teurs. Autre exemple à l'appui.
L'article 4 de la loi du 28 mars i882
sur l'obligation scolaire porte in fine :
« Un règlement d'administration déter-
minera les moyens de donner l'instruc-
tion primaire aux sourds-muets et aux
aveugles ».
En 1900, dix-huit ans après la pro-
mulgation de cette loi, le règlement
prévu n'ayant pas encore vu le jour,
j'ai fait adopter par le Congrès que la
Ligue Française de l'enseignement a te-
nu à Paris le vœu suivant :
« Le 20e congrès émet le vœu :
« Qu'une commission spéciale soit
nommée par les ministres de l'instruc-
tion publique et de l'intérieur en vue
de rechercher les moyens d'étendre
1 instruction oniigatoire aux anormaux
et que cette commission soit composée,
en majorité, de personnes s'occupant
de cet enseignement spécial. »
Le 4 septembre 1904, à la suite d'un
rapport de M. Marcel Cuarlot, faisant
ressortir que, pour des raisons diver-
ses, un grand nombre d'enfants ne bé-
néficiait pas des dispositions de la loi
sur l'obligation scolaire, M. le ministre
de l'instruction publique institua la
commission demandée avec mission
« d'étudier les conditions d'application
aux enfants anormaux des prescriptions
légales sur l'obligation scolaire ».
Cette commission comprend des per-
sonnages # éminents : parlementaires,
fonctionnaires occupant un rang élevé
dans la hiérarchie administrative, mé-
decins, membres de l'Université, etc.,
mais pas de professionnels. Là aussi ils
ont.été oubliés malgré le désir expri-
mé par M. Marcel Chariot dans son rap-
port préalable :
« Quoi qu'il en soit, dit-il, pour pré-
parer une telle œuvre, l'Etat a les élé-
ments nécessaires : les hommes de
science, les éducateurs, les praticiens
auquel il fera appel lui apporteront le
concours d'un savoir, d'une expérience,
d'un dévouement auquel aura été rare-
ment fournie une plus belle occasion
de servir l'humanité. »
Il n'a pas été tenu compte de cette
indication ; les praticiens. les hommes
d'expérience ont été oubliés.
Aussi qu'est-il arrivé ?
Aussitôt installée, la commission s'est
empressée de ne pas se conformer à
l'objet pour lequel elle avait été cons-
tituée.
Parmi les anormaux, a fait remar-
quer M. Binet (2), J'un des membres,
« il y en a dont le sort nous intéresse
« moins que les autres, parce que l'Etat
« -- a - nonrvn, dans une certaine mesure.
« à feurs besoins ; ce sont d'une part
« les aveugles et les sourds-muets dont
« environ 5.000 reçoivent des soins
« et une éducation professionnelle dans
« des établissements de l'Etat et dans
« des écoles privées dont la majorité
« est congréganiste ; ce sont, d'autre
« part, les idiots les plus gravement
« atteints qui exigent un traitement
« médical incessant et sont reçus dans
« les hôpitaux, hospices et asiles ».
Partout la commission a éliminé ces
catégories d'enfants pour ne retenir
que les arriérés.
Pourquoi ? Sans cloute pour se met-
tre en contradiction avec la loi. Ce qu'a
voulu le législateur de 1882, c'est un
règlement d'administration pour les
aveugles et les sourds-muets et non
pour les arriérés ; terme qui a été in-
(1) Voir Rappel du 25 mai.
(2) La Revue, 1er février 1905.
troduit, sans raison plausible, aanj.
1 arrêté ministériel précité. Un règle*
ment spécial devenait en effet néces'
saire- pour les enfants dont l'instru&.
lion ressortit au ministère de l'inté-
rieur ; mais il n'en' est pas de même
des arriérés qui restent englobés dans
les enfants de 6 à 13 ans pour lesquels
1 instruction est obligatoire. Pour ceux-
ci, l'obligation est réelle et non dubita-
tive. Point n'est besoin de remettre ia
question à l'étude.
Nommée pour s'occuper des aveugles
et des sourds-muets la commission au-
rait dû d'autant moins Ip.,s écarter que.
contrairement à ce qu'affirme M. Bi..
net, ces enfants ne reçoivent pas tous
l'instruction qui leur est due. « Plus du
tiers des sourds-muets et près des qua-
tre cinquièmes des aveugles sont mis,
en quelque sorte, hors la loi scolaire,
déclare M. Chariot dans le rapport
dont j'ai parlé. En outre les trois quarts
de ceux qui sont instruits fréquentent
aes eiamissements congréganistes dont
l'organisation laisse beaucoup à dési-
rer. Cet état de choses est connu an;
ministère de l'intérieur et au conseil
supérieur de l'Assistance publique. Et
puis, il ne faudrait pas perdre de vue
qu'aux termes de la loi du 7 juillet 1904,
ces établissements n'ont qu'une durée
précaire.
Si les aveugles et les sourds-muets <
ne sont pas suffisamment intéressants
pour la commission, ils le sont beau-
coup, et'avec juste raison, pour M.,
Tournade, député de Paris qui. à plu-
sieurs reprises, a porté la question à la,
tribune de la Chambre. (Je reparlerai
des projets de M. Tournade).
Au cours de la séance du 22 janvier
1906, M. le ministre de l'intérieur lui
fit la réponse suivante :
« Quant à assurer aux enfants anor-
« maux l'éducation et l'instruction dont
« ils ont besoin, nous y sommes tout
« disposés. Mais c'est alors une ques-
«- tion de crédits qui se pose, et uni-
« quement une question de crédits. il
« s'agit de savoir si nous pouvons
« trouver dans le budget les ressour-
« ces nécessaires pour créer, dès main-
« tenant, les écoles qui doivent reee-
« voir ces enfants. »
Tout est là. C'est assurément le
point délicat de la question. 11 faut de
l'argent pour construire et faire fonc-
tionner les écoles ou institutions desti-
nées à recevoir les enfants qui nous
préoccupent. Mais, en ce qui concerne:
les aveugles et les sourds-muets, dé-
daignés par la commission, est-il be-
soin d'ajouter de nouveaux chapitres an
budget, de voter des crédits spéciaux ?,
Je n'en vois pas la nécessité. Il est fa-
cile de se procurer les ressources né-
cessaires sans aucune augmentation de
dépenses. Le moyen est aussi simple
que pratique. C'est l'œuf de Chrislopho
Colomb : il suffit d'y penser.
L'honorable M. Chautard, rapporteur,
de la question, résoudra-t-il le problè-
me ? En tout cas, la commission des
anormaux aurait dû commencer par là;
elle a mieux aimé porter ailleurs ses
investigations. C'est ce qui a fait dire
à M. Ferdinand, au cours de la même
séance : « L'étude de la commission
n'a pas abouti à des résultats pratiques.-.
Il faut reprendre le travail ».
En eût-il été de même si les minj'
très intéressés avaient appelé quelques
hommes du métier à en faire partie ?
« Peu de gens sont à leur place fil
c'est une des raisons pour lesqucHcs
tout ne va pas aussi bien qu'on pour-
rati le souhaiter ».
F. Camailhac.
Les Jeunes-lurcs et le sultan,
LES ALBANAIS S'EN MELENT
(De notre correspondant particulier)
Triest-e, 17 juillet.
Un agent du comité révolutionnaire al-
banais ayant acheté en Allemagne deux
mille fusils Mauser et 30,000 cartouches, a
nolisé dans notre ville quelques barques
.■pour introduire clandestinement ce maté-
riel de guerre en Albanie.
Toute la côte albanaise est surveillée par
des croiseurs turcs. Néanmoinst la contre-
bande de guerre se fait sur une vaste
écheUe.
On dit que le comité avait reçu une forte
somme d'un milliardaire américain qui a
Dris fantaisie de vouloir jouer un rôle dans
les Balkans.
CONTRE-ORDRE AUX TROUPES
DE L'ASIE-MINEURE
(De notre correspondant particulier)
Constantinople, 17 juillet.
Les dix bataillons des redifs qui, à Vra-
nia (Asie-Mineure), étaient prêts à s embar-
quer pour la Macédoine, ont reçu contre-
ordre. On affirme qu'en dernière heure, le
gouvernement ottoman avait reçu des rap-
ports qui faisaient prévoir un danger très
grave pour le cas où l'Anatolie serait trop
dégarnie de troupes,
LE QUARTIER GENERAL
DES JEUNES-TURCS
(De notre correspondant particulier)
Salonique, 17 juillet.
Les frounea qui ont fait défection se
trouvent échelonnées entre Rczna cl
Ochrina. C'est la population qui leur fouiv
nit des vivres.
Le quartier général des Insurgés s'est
établi dans la petite commune de Dibcrit/.a;
on y a installé même une imprimerie peur
le comité d'action des junes-turcs. Ce co-
mité a organisé un service d'estafeliers (l'Ii
le tient en raport continuel avec touie.3 Sei
villes de province. -
On dit qu'Osman Fixclia enverra un par-
lementaire dans le quartier général dae
jeunes-tchèques afin d'etitarner des négo-
ciations.
LA PROPAGANDE DANS L'ARMEE (
Constantinople, 16 juillet. "-
(Source anglaise)
La propagande du parti jeune-turc sem-
ble avoir fait des progrès considérables
dans l'armée et parmi les intellectuels et
les musulmans intelligents. Certains indi-
ces tendraient à faire prévoir un soulève-
ment général des officiers du 3e corps d'ar-
mée. Tout le monde a été surpris de la
soudaineté des révoltes de Resnja, de
Presha et de Monastir et on se demande
ce qui va en résulter. Certains appréhen-
dent de voir la. Bulgarie profiter de 1 état
d'e&prit de l'armée turque en Macedome
pour intervenir ou bien de voir la Tur-
que essayer de créer une diversion en
BuGgarie pour sortir des difficultés actuel;,
les.
Les jeunes-turcs s'efforcent en vain de
trouver un appui chez les Buigares ; ceux-
ci n'ont pas confiance dans les jeunet- J
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