Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-07-12
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 12 juillet 1908 12 juillet 1908
Description : 1908/07/12 (N14002). 1908/07/12 (N14002).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
I N 14002. — 23 Messidor An 118
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La Succession de Boosevelt
Les démocrates ont choisi
hier, à Denver, leur candi-
dat à la présidence de Ja Ré-
publique. C'est M. Bryan
qu'ils ont décidé d'opposer,
comme précédemment, au
concurrent républicain, M. Tait, dési-
gné le mois dernier par le congrès de
* Chicago.
M. Roosevelt a renoncé à solliciter à
nouveau le suffrage de ses concitoyens,
mais il a désigné M. Taft comme son
successeur. Ce fait, par lui-même sin-
gulier, dans tous les sens du mot, crée
un précédent dont les Etats-Unis auront
peut-être un jour à se repentir. Il y a
des souvenirs de l'antiquité bien faits
pour mettre en garde contre de. sembla-
bles pratiques. On risque de faire évo-
luèr la présidence vers le principat, et
l'on prépare les voies à une sorte d'hé-
rédité par le degré intermédiaire de la
désignation. Il est déjà suffisamment
normal que, dans tous les pays démo-
cratiques, des familles ayant rendu des
services à une cause, se croient obligées
à barrer la route aux hommes nou-
veaux. L'initiative du président Roose-
velt n'est point heureuse.
Si l'on en croit d'aucuns, il serait
temps, d'ailleurs, et ce dernier acte le
prouverait, que le président fût rendu
aux douceurs de la vie privée. L'exer-
cice prolongé du pouvoir déforme nor-
malement les caractères, et celui du
président Roosevelt est de ceux qui ne
gagnent point à s'accuser. Sa rudesse
et son autoritarisme deviennent exces-
sifs. Son goût pour l'impérialisme ne
s'est point calmé. Se doute-t-il qu'il a
fait plus de livres et de discours qu'il
n'était peut-être utile à un chef d'Etat ?
Il a été impuissant à diriger dans le
sens qu'il eût préféré le parti républi-
cain. Il y a quelques mois, il dénon-
çait des capitalistes devenus extrême-
ment riches par 1 exploitation du publié
et des salariés, mais il s'est bien gardé
de les chasser du parti qu'il représente
à la Maison Blanche.
Un délégué démocrate, représentant
le Nebraska au congrès de Denver, - -
celui-là même qui a posé la candidature
de M. Bryan - a fait le procès du parti
républicain et des représentants du dol-
lar qui le soutiennent, en termes éner-
giques.
« Les méthodes qui ont servi à ces
personnages, dit-il, pour édifier leurs
fortunes colossales, relèvent d'un code
de moralité qui permettrait, tous les
crimes, toutes les violences, toutes les
Corruptions, toutes les fraudes.
« Ces exploiteurs du peuple, si vio-
lemment dénoncés par le président, unt
donné leur appui enthousiaste aux can-
didats rétrbblicains et à leur politique.
Ils se sont emparés des fonds de garan-
tie des compagnies d'assurance et d'au-
tres compagnies, et ont remis ce fruit
'du pillage au comité républicain. »
Les démocrates is'érigent. èn adver-
saires de l'aristocratie d'argent, ils pré-
conisent les tarifs modérés, repoussent
l'impérialisme et s'élèvent contre les oc-
cupations de Cuba et des Philippines.
Volontiers ils parlent de justice et de
liberté. Cependant ils sont hostiles à
l'émigration jaune. Ils parlaient, naguè-
re, — ils en parlent moins — du rachat
des chemins de fer. Ils parlent encore
de l'impôt sur le revenu.
Malgré le recul accusé du parti dé-
înocrate depuis 1896, malgré le succès
des républicains qui l'ont emporté dans
tous les Etats septentrionaux, la chan-
ge de ce parti n'est pas méprisable.
« Il est indubitable, dit M. Yann Mor-
vran Goblet, dans un article intéressant
de la Grande Revue, que depuis long-
temps, les démocrates ne se sont pas
trouvés en présence d'une chance égale
à celle qui s'offre à eux, car leur plat
,1om. est acceptable pour tous les répu-
blicains dont beaucoup trouvent leur
parti trop inféodé à la haute fmance ;
jen outre, le vote des nègrue pourrait
bien leur être acquis en partie. Avec
tout autre candidat démocrate que M.
0. Bryan, la partie se jouerait presque
4 égalité. » M. Bryan passe pour dê
îiiagogue et une raison contre son suc-
cès, dit-on, c'est surtout que depuis
4896, il n'a jamais connu que la dé-
faite. Cependant, à mesure que s'avan-
cent les heures suprêmes, sa candida-
ture prend plus d'importance ; on re-
marque qu'il a toujours ramassé plus de
:voix que Cleveland et que le juge Par-
ker.- Personne n'oserait riffiirner qu'il
*i ait me chance. - -
M. Taft, l'héritier présomptif de M.
Roosevelt, est un grand bon géant dont
la bonne humeur est proverbiale. Il est
JMUS simple et mieux équilibré gue son
« patron ». On espère qu'il modérera
J'étatisme et la centralisation, et qu'il
mettra un frein aux manœuvres impé-
rialistes. Beaucoup jdei gens voteront
assurément pour M. Taft parce qu'il a
été désigné par M. Roosevelt,mais beau-
coup aussi parce qu'ils savent qu'avec
le même programme, il représentera
une politique bien différente à la Maison
Blanche.
Le candidat républicain a débuté
comme juge, il est devenu ensuite gou-
verneur des Philippines. Il a représen-
té la République américaine du Nord
au Vatican et au Japon.. Le président
en a fait un ministre de la guerre. Ce
qu'il doit à son éducation et à sa nature,
c'est une probité connue, une simplicité
démocratique, une remarquable puis-
sance de travail, une belle intelligence.
On lui attribue le projet de diminuer
la puissance des trusts, d'adoucir îa
rigueur des tarifs douaniers. De loin et
à la distance, on distingue mal, en prin-
cipe — question de partis mise à part
— comment une politique Taft différe-
rait d'une politique Bryan. Et quant aux
partis eux-mêmes, le républicain et le
démocrate, ils sont également morcelés
et dépourvus de cohésion. Ce sont des
raisons, bien différentes des principes,
qui leur donnent leurs adhérents ac-
tuels.
Au jour du scrutin, un aléa est per-
mis. Tel qui est républicain peut être
entraîné vers Bryan ; tel qui est démo-
crate peut se décider pour Taft. L'an-
cien régime ayant été aboli complète-
ment aux Etats-Unis, personne n'ayant
d'idéal rétrograde ou réactionnaire, nul
-qui compte réellement — n'affichant
encore de programme révolutionnai
re, les nuances politiques sont indéci-
ses, ,et pour deviner, il faudrait con-
naître le cœur des politiciens améri-
cains, abîme insondable.
Albert MILHAUD.
LA POLITIQUE
POLITIQUE SANS GENE
La commission sénatoriale
des finances émet la préten-
tion d'étudier pendant qua-
rante-huit heures le projet de
crédits supplémentaires récla-
- més par le gouvernement. Il
paraît que cette prétention est abusive.
Certains journaux estiment que les
commissaires de la Haute Assemblée, en
ne s'exécutant pas à la première som-
mation, donnent des marques blâmables
de méchante humeur et dénotent une
propension déplorable à la taquinerie.
Qu'ils persécutent le ministère, on est
bien près de le dire.
Vraiment, il ne faudrait pas exagé-
rer. La politique du sans-gêne, comme
toutes choses, a une fin et l'on ne peut
toujours exiger, même des républicains
les plus disciplinés, l'abandon complet
de tout contrôle, sous prétexte de disci-
pliné.
La commission ilu budget, à la Cham-
bre, la commission des finances, au Sé-
nat, ne sont pas instituées pour être ai-
mables, mais pour contrôler les dépen-
ses du gouvernement.
A force d'exiger le vote ces budgets
à la vapeur, on en arrive à voter des
projets mal étudiés. Exemple, le trans-
fert de l'Imprimerie nationale ; on
avait prévu 4 millions sur un projet
mal fait et l'on dépensera le double.
Autre genre de plaisanterie : le gou-
vernement présente un projet, ae crédit
de 19 millions pour le chapitre 36 du
budget de la marine ; il s'agit du maté-
riel (Tartinerie. La Chambre n'a qu'à se
réjouir, on lui demande 2 millions de
moins que l'année ,précédente, car le
chapitre 36 en 1907 signalait 21 mil-
lions de dépenses Mais la joie de nos
,de" putès n'aura pas été de longue durée.
Arrivent les crédits supplémentaires :
le ministre réclame une petite augmen-
tation de. 8 millions.
On comprendra que certains parle-
mentaires soient las de la comédie. M.
Ppincaré a déclaré ces jours-ci que s'il
était prêt à rapporter les crédits sup-
plémentaires absolument nécessaires,
l'examen des autres serait renvoyé à la
rentrée des Charmbres.
Il était temps que quelqu'un réclamât
énergiquement le retour à une procédu-
re réelle de contrôle financier. Pour le
bon renom du parlementarisme, les com-
missions du budget doivent faire leur
métier scrupuleusement et décider les
Chambres à exercer 'leur contrôle aveç
a^entiori*
M. Poincaré est homme à nous ra-
mener vers les bons usages un moment
abandonnés j; qu'il aille Uonc jusqu'au
bout de ses intentions. Pour notre part
nous l'en féliciterons sans restriction.
oh
LES ON-DIT
-.
NOTRE AGENDA j
3
Aujourd'hui samedi :
Lever du soleil à 4 b. 10 j Coucher, à
8 heures.
Courses au Tremblay.
Son professeur.
La femme de l'un de nos ministres
se pique volontiers d'érudition. Comme
elle se croit appelée aux plus hautes
destinées, elle cultive les langues étran-
gères en usage dans les principales
cours d'Europe. Actuellement, elle ap-
prend le russe avec un pauvre profes-
seur de Moscou réfugié au Quartier la-
tin.
, L'autre matin, le ministre voit entrer
le pauvre misérable dans l'appartement
de sa femme, chapeau défoncé, chaus-
sures éculées, pantalon déchiré.
— Ah ! mon amie, dit-il à sa noble
épouse, quel est donc ce malheureux
dont la culotte baille ?
;.- C'est un savant, mon cher, répond
la dame piquée. II me montre le russe.
— Prends garde, reprit son Excel-
lence philosophiquement, il ne tardera
pas à te inontrer autre chose.
L'origine du sifflet des locomotives.
Au commencement de l'année 1833,
la machine Samson, du chemin de fer
de Leicester à Swanningon, rencontra
une charrette attelée d'un cheval au
passage à niveau de Thornton. Cette
charrette était chargée de beurre et
d'œufs pour le marché de Leicester.
Le mécanicien ne disposait, comme si-
gnal d'avertissement, que de la corne
à la main en, usage à l'époque, et la
charrette, avec son contenu, fut culbu-
tée. -
L'accident fit certain bruit-. M. Ash-
lem Bagster, directeur du chemin de
fer, alla le même jour à Alton Grange,
où résidait Georges Stephenson, qui
était à la fois un des administrateurs
et le plus fort des actionnaires de la
ligne, pour lui parler de l'affaire. Bags-
ter demanda si l'on ne pourrait pas
mettre J sur la machine un sifflet que
ferait marcher la vapeur.
— L'idée est très bonne, répartit Ste-
phenson, et il faut faire un essai.
Le premier sifflet fut établi par un
fabricant d'instruments de musique du
pays et donna un si bon résultat que
le conseil d'administration du chemin
de fer décida d'établir de pareils sif-
flets sur toutes les machines de la com-
pagnie. Il fallut d'abord payer le che-
val, la voiture, 50 livres de beurre et
80 douzaines d'œufs cassés. Le sifflet
actuel doit donc son origine à ces 900
œufs brisés. Par la suite, on fit émet-
tre un règlement interdisant la circula-
lation des locomotives qui ne seraient
pas munies d'une trompette à vapeur,
Il s'agissait alors, en effet, Plutôt d'une
trompette que d'un sifflet proprement
dit. Mais, rapidement, à cette sorte de
trompe, on substitua le sifflet aclllel.
Dès 1836, un dessin de locomotive mon-
tre le sifflet tel que nous le connais-
sons. Et, dé fait, les locomitives de no-
tre premier chemin de fer, le chemin
de fer de Saint-Germain, étaient mu-
nies de sifflet dès 1843.
AUTREFOIS
Rappel du 12 juillet 1872. - Le gouver-
nement a en caisse les 500 millions à ver-
ser d'abord aux Prussiens ; mais il ne
s'en dessaisira que lorsque la souscrip-
tion de l'emprunt sera close. On a. bail-
leurs, les plus légitimes espérances sur le
succès de cet emprunt national. Ceci est
le résumé des déclarations laites hier par
M. Thiers à la commission du budget.
Mort de Raphaël Félix, le dernier direc-
teur de l'ex-théâlre de la Porte Saint-Mar-
tin, que l'on rebâtit actuellement, Il était
le frère de Rachel, et, lui-même, U avait
ioué la tragédie au Théâtre Français.
Blanqui est transféré au 10ft Quelern.
C'est le lor août prochain, que le musée
Carnavalet ouvrira ses portes au publie.
La tour d'argent du palais de justice,
que l'incendie de 1871 a vidée du haut en
bas, et qui contenait le greffe de la Cour
de cassation, sera bientôt réparée.
Malgré l'énorme chaleur, on a refusé du
monde, hier, à la Comédie-Française, pour
la suite des débuts de « M. Sully-Monnet »
dans Andromaque. Crâce à « M. Sully-
Monnet », nous allons voir a tragédie re-
fleurir dans ce théâtre.
Une distraction. J .':'
Il y a quelques années, on jouait
llamlet, à l'Opéra. L'acte du cimetière
venait de commencer. Tout à coup, un
monsieur correct, habit noir, cravate
blanche, s'engage sur la scène. Il ar-
rive paisiblement jusqu'au milieu de
l'espace découvert et là, s'aperçoit su-
bitement de son erreur.
Il se trouble il hésite, il chancelle.
Devant lui se trouve un fragment de
décor, haut d'environ 80 centimètres, et
figurant un tertre funéraire. Des deux
côtés de la coulisse, régisseurs, figu-
e , régisseu,rs, figu-
rants, employés de toute sorte invitent,
par des gestes impérieux, le malencon-
treux-promeneur à se dissimuler der-
rière cet abri. 11 obéit, s'acc.roupit et
disparaît. Par malheur, l'acte' du cime-
tièrr .&st assez 'long. Noire homme a
des, crampes. Il fait mine de se redres-
ser, il manifeste des velléités de saisir
I un-moment favorable pour-fu-ir înapçr-
çu. Sitôt qu'il lève la - tête, des gestes
! | et des objurgations-de plus en plus
énergiques partent de la coulisse : « Ne
| I bougesfpas î^t .Voule^vous rester tran-
quille ?. A-t-on jamais vu I. » M.
Gaillard demande : « Quel est cet idiot-
là ? » Et « l'idiot », intim" s'accrou-
pit de nouveau. Enfin, l'acte prend fin.
L'idiot sort de sa cachette, ankylosé
et meurtri. Et le directeur de l'Opéra
s'apprête à lui adresser une admones-
tation sévère quand, distinguant les
traits de son visage, il recule épou-
vanté. C'était un de nos plus aima-
bles ministres
Vénalité.
La vénalité des anciens magistrats se
ressentait de la vénalité des charges.
Lorsque Louis XV établit un nouveau
Parlement composé, disait-on, de per-
sonnages faciles à gagner la malignité
publique leur décerna cet horoscope :
« Louis quinze a détruit l'ancien Par-
lement, quinze louis auront bon mar-
ché du nouveau. »
Pour M. Caillaux.
Sous le *Directoire, îa fortune publi-
que était au plus bas, et les fonction-
naires de l'Etat touchaient très irrégu-
lifctfoment ieur traitement.
Un jour, la voiture du ministre des
finances Ramel, verse dans la cour de
la direction des postes.
Les commis, auxquels il était dû un
fort arriéré, s'écrient :
« Quel bonheur ! Nous allons enfin
émarger. Le ministre des finances
vient de verser chez nous 1 a,
Chers confrères.
Un de nos jeunes poètes disait à un
confrère : « Mes vers me coûtent peu. »
— Oh ! réplique Fautre, ils vous coû-
tent ce qu'ils valent.
tu passant.
En Amérique, tout est « colossal, o, de-
puis la fortune des marchands de porcs
jusqu'aux pieds des jeunes filles. Les
avenues sont « colossales », les maisons
« colossales » et les projets des inven-
teurs également. -
Aussi lorsque Master Morrell de Ber.
keley (Californie) apprit que les Français
avaient construit un ballon dirigeable ca-
pable de transporter en huit heures trois
personnes de Paris à Verdun, il résolut
immédiatement de lancer dans les airs un
aérostat « colossal » qui pourrait trans-
porter en vingt heures dix-huit personnes
de San-Francisco à Neto-York. Il forma
une Société au capital « colossal » de cin-
quante millions, « La National A irchip
Company », et il construisit un dirigeable
Il colossal » qu'il baptisa du nom d'Ariel.
Il convoqua tous ses commanditaires
pour le jour de la première ascension et
60.000 spectateurs accoururent pour assis-
ter à ce spectacle « colossal o.
Au jour et à L'heure dite Master Mor-
rell montait dans .la nacelle avec ses qua-
torze actionnaires, et, aux acclamations
de la foule en délire, l'Ariel s'éleva à une
hauteur de trois cents pieds. Succès « co-
lossal ».
Mais tout à coup l'aérostat inclina de
l'avant. Le pilote se hissa sur la partie
supérieure pour tenter de rétablir l'équi-
libre, mais le gaz s'accumulant à l'arrière
fit explosion.
L'aérostat commença à descendre jus-
qu'à une hauteur de 75 pieds, et là il cha-
vira complètement.
L'inventeur Morrell et ses quatorze ac-
tionnaires firent une culbute « colossale » ;
ils furent précipités dans un étang où les
uns pensèrent se noyer et les autres furent
dangereusement blessés.
Bref, ce fut un essai « colossalement n
raté, et les actionnaires de la « National
Airchip Company » peuvent se vanter d'en
avoir eu pour leur argent.
Le Chemineau.
Les vacances scolaires ':;
des instituteurs
Nous recevons la lettre suivante :
Vous avez bien voulu, dans un de vos derniers
articles, défendre la cause des Petits primaires.
Merci mille fois en leur nom à tous.
Mais il y a toujours des gens qui se bouchent
les oreilles pour ne pas entendre et, malheureu-
sement, nous sommes quelques-uns, dans un
canton banlieusard, où cette surdité volontaire
règne en maîtresse.
Jugez-en un peu. Fendant toute l'année sco-
laire, nos classes ont été surchargées par des
laire, de 60 à 90 élèves, avec ordre de tout
effectifs de 60 à 00 élèves, avec .ordre de tout
recevoir et permission. de ne rien objecter.
Vest donc fatigués, exténués, que nous attei-
gnons la fin de l'année scolaire, et savez-vous
comment nous en sommes récompensés ?
On nous fixe la distribution des prix au di.
manche 2 août, alors que les vacances doivent
partir officiellement du 29 juillet.
Les élèves, fatigués eux-mêmes, commencent
là déserter l'école et la distribution des prix se
fera pour les orgueilleux premiers. Les institu-
teurs passés au rang des pions de jadis leur dé-
livreront prix et couronnes et auront peut-être
Ja permission de s'en aller le 3 août, alors que,
huit jours plus tôt, on aurait pu et dû satisfaire
ihaîtres et élèves.
Comment trouvez-vous ce petit procédé qui
nous prive de hui'. jours de vacances que nous
serions heureux d allei» passer ailleurs que chez
nous ?
Un groupe d'instituteurs.
Nous trouvons que ce procédé est d'un
sans-géne véritablement excessif.
De deux choses l'une, ou les vaances
suite les
commencent le 29 juillet et, par suite, les
instituteurs se trouvent libres d'en jouir
comme bon leur semble, ou elles ne com.
mencent que huit jours plus tard, et, dans
ce 'cas, on ne s'explique pas que les élè-
ves soient dispensés de fréquenter l'école
quand les mal.tves sont dans l'obligation
de demeuysr à leur poste. : -
liSS instituteurs doivent protester Contre
Célte façon dé procéder, si l'administra-
tion persiste à , vouloir, par des moyens
jésuitiques, les empêcher de profiter de
toute la durée des vacances à laquelle ils
ont i|roil.-:^ P. G,-
TRIBUNE CORPORATIVE
LE BWETlËrHiTMIIEfiS
Les agapes de l'Union. - Les discours et les toasts.
Remise de distinctions honorifiques.
Ainsi que nous l'avons annoncé, un ban-
quet fraternel de 200 couverts, servi dans
les salons du Palais dtOrléans, a clôturé
le Congrès des cantonniers de France.
M. Barthou, ministre des travaux pu-
blics, avait fait la promesse de présider
ces agapes, mais au dernier moment, il
en fut empêché par la réunion que dut te-
nir, dans la nuit. la commission parlemen-
taire du rachat de la Compagnie des che-
mins de fer de l'Ouest.
Le ministre, par suite de cette circons-
Le ministre, délégué pour le représenter
tance, avait délégué pour le représenter
le sympathique directeur de son cabinet,
M. Lilaz. Le ministre de l'intérieur s'était
fait représenter par M. Vallon, chef de ca-
binet du equa-secrétariat d'Etat.
On remairquaii, à la table d'honneur,
autour Ides représentants des ministres,
la présence de MM. Lucien Cornet, doc-
teur Cazeneuve, Thierry-Cazé, Bouyssou,
Roblin, Paul Meunier, députés ; Via!, dé-
légué général, et Leroy, administrateur-
trésorier de la Fédération *, Chatenet.
avocat-conseil de la Fédération ; Plasson.
président de l'Association des conducteurs
et commis des ponts et chaussées ; La»a-
ve, ancien président de l'Association du
personnel des travaux publics ; Labaye,
ingénieur en chef des ponts et chaussées
de l'Oise ; les représentants de la Petite
République et du Rappel.
Les présidents du Sénat et de la Cham-
bre, ainsi que de nombreux sénateurs et
députés et divers chefs de service s'étaient
fait excuser. -
Pendant toute la durée du repas, la cor-
dialité la plus franche n'a cessé de régner
entre tous les convives, heureux de scel-
ler définitivement l'union proclamée au
cours des trois journées pendant lesquel-
les fut tenu le Congrès.
Au moment où les convives viennent de
s'attabler, M. Lucien Cornet, dont le dé-
vouement à la cause des cantonniers a été
admirable pendant toute la durée .du Con-
grès. donne lecture vante. que M. Barthou vient d'adresser
au délégué général de la Fédération :
J'avais le vif désir d'assister ce soir à votre
banquet, et j'éprouve le vif regret d'en être em-
pêché par des occupations de ma fonction. Mais
je tiens à assurer les cantonniers et chefs can-
tonniers de ma sympathie la plus dévouée; Leur
union donnera une force nouvelle d'accroître la
sympathie des pouvoirs publics. La fédération
peut être assurée que j'examinerai avec une
vive sollicitude les revendications dont j'ai été
saisi et auxquelles je ferai une réponse pro-
chaine.
La lecture de cette dépêche est accueil-
lie par des applaudissements.
Au. dessert, M. Lilaz, qui préside Je ban-
quet, donne la parole à M. Vial, le dé-
voué et sympathique délégué général de
la Fédértation.
DISCOURS DE M. VIAL
M. Vial prononce un discours très re-
marquable et souvent interrompu par les
applaudissements.
Apres avoir dit combien il sent tout le
Doids. de la responsabilité qui pèse sur lui
une fois de plus du fait du renouvellement
de son mandait, il remercie ses collègues
de la confiance qu'ils lui ont donnée et ma-
nifeste son désir et son espoir d'assurer
la prospérité de la Fédération.
Au nom des 120,000 cantonniers de
France, il souhaite la bienvenue à tous
ceux qui. par leur présence, affirment
leurs ,sympathies' à l'égard des canton-
niers.
Il remercie les représentants du gouver-
nement dont la présence indique que les
pouvoirs publics ont le désir de vendr eft
aide aux cantonniers par l'amélioration de
•leur! situation.
Aujourdtui, d5fc-il, nous sommes unis
et fermement résolus à ne plus jamais
nous diviser. Nous devons ce beau résul-
tat à nos amis dévoués de la première
heure. MM. Cornet, Bussière et Noguès,
députés, auxquels nous exprimons toute
notre reconnaissance émue et toute notre
affecta on.
M. Vial adresse des remerciements à
tous les parlementaires présents, aux in-
génieurs et conducteurs, qui ont dans les
cantonniers des cdIaborateurs modestes,
mais dévoués et respectueux ; à MM. Plas-
son. Lanave. Gay, de vieux amis des can-
tonniers ; à M. Chatenet avocat à la cour
d'appel et conseil dévoué de la Fédéra-
tign i enfin, à toutes les personnes dont
la présence est un gage que les canton-
niers ne sont plus isolés.
M. Vial fait ensuite connaître les reven-
dications principales de la corporation.
Nous savons, dit-il, qu'il n'est pas pos-
sible de nous donner tout ce que nous de-
mandons, aussi nous nous montrerons
sages en demandant peu ce soir.
Les cantonniers touchent un salaire dé-
risoire. Le gouvernement de la Républi-
que ne nous paie pas cher, et cependant
nous l'aimons beaucoup, Nous deman-
dons un minimum de'salaire qui est bien
modeste : 3 francs par jour !
Nous demandons encore un congé de
15 jours par an avec solde entière pour
pouvoir prendre un peu de repos, et nous
demandons la suppression des congés
obligatoires. Nous ne sommes donc pas
très gourmands. Cela n'est pas dans nos
habitudes.
Tous les cantonniers sont des républi-
cains (Applaudissements unanimes ; cris
de : (( Vive la République ! ») Nous de-
mandons au gouvernement de la Républi-
que de penseT un peu à nous quand nous
pensons beaucoup à la République.
En terminant. M. Vial lève son verre
en l'honneur de M. Fallières, pr-éwdent de
la République, du ,gouvernemenif,"ré'¡mbJ:-
cain, de M. Barthou, qui est le grand chef
des cantonniers, des parlementaires, et de
tous les amis des cantonniers. A l'union
de tous nôs coeurs, dit-il, a la République
que nous aimons, que nous désirons de
tour en jour plus démocratique et d'heure
en heure plut (Lorigtie salve d'ap-
plaudissements et de vivats.)
1 DISCOURS DE M. CAZENEUVE
M. Cazeneuve eat un vieil ami des cal*-
\.Q1'8fS' m Jdèle^jte Jeuis .mt- çp-r-
poratifs. Il fait l'éloge de M. Vial, qui esl
un Lyonnais très estimé, et il se félicite de
l'union qui vient d'être faite entre les
deux Fédérations de cantonniers. Il y a
quelque dhose de changé, dit-il, dans le
banquet de cette année. La réunion est
plus joviale, plus enthousiaste, alors qu&
l'année dernière on sentait une sorte de
malaise. Cette union contribuera certaine-
ment. à faciliter la réalisation des revendi-
cations. V
Les étrangers s'extasient devant 14
beauté de nos routes. Il est légitime que
tous les départements de France entrent
dans la voie des améliorations de la si.
tuation des cantonniers, comme y sont en
très quelques départements, tels que le
Rhône, par exemple. t
Partout, dit l'orateur, surgissent des re-
vendications de la part des fonctionnaire
les plus modestes. Les îinstituteurs, tes
employés civils du ministère de la gueare
ont obtenu des améliorations. Le tour des
cantonniers doit venir ; il y faut seule-
ment un peu de patience parce qu'il s'&J
git d'une question d'argent, d'une qu
tion de budget. ,i
M. Cazeneuve dit que la question des'
retraites notamment, doit être résolue
dans un sens plus équitable. Le système
forfaitaire actuel doit disparaître. Il n'a
plus pour lui qu'une vieille tradition t. lar
quelle il faut renoncer en la remplaçant
par des calculs ayant une base uniforme ■
En terminant, l'orateur fait l'éloge du
cantonnier Grand qui, par sa belle con-
duite dans les montagnes de la Tarentaise
où il exerce ses fonctions, a eu maintes
fois l'occasion de risquer sa vie pour opé-
rer des sauvetages, ce qui lui a valut
maintes récompenses, et comme couron-
nement à son dévouement la- croix de la
Lésion d'honneur. M. Cazeneuve serre la
main de Grand, aux applaudissements de
toute la seMe et lève son verre à l'exten-
sion et à la prospérité de la Fédération. :
DISCOURS DE M, THIERRY-CAZE
M. Thierry-Gaze dit toute sa joie de se
trouver à la noce au lendemain d'un ma-
riage, car il espère que l'union qui vient
d'être faite produira dans l'avenir les
meilleurs résultai. Avec un accent et un
esprit gascon qui mettent la salle en gaie-
té. il rappelle que lorsqu'il était encore en-
fant il aimait à s'asseoir sur les tas de cail-
loux des rouîtes pour faire aux cantonniers
la lecture des journaux républicains. Il as-
sure les cantonniers du dévouement de la
représentation du Gers au Sénat et à la
Ghambre.
Demandez beaucoup, dit-il, pour avoir
peu. Insistez auprès de vos représentants
et surveillez leurs votes, et quand sonnera
pour eux l'heure du jugement dernier.
c'est-à-dire la réélectionr, ne vo-tez que pour
ceux qui auront voté pour vous.
En terminant, il boit aux vaillants can-
tonniers de France et à la République dé-
mocratique et sociale. (Applaudissements.)
DISCOURS DE M. BOUYSSOU
Le jeune et sympathique député des
Landes sera bref. Nouveau venu à la
Chambre, il dat toute sa gratitude à l'é-
gard des cantonniers qui contribuèrent
largement à son élection et il leur donne
l'assurance qu'au Parlement il sera tou-
iours aux côtés de leurs meilleurs défen-
seurs.
M. Bouyssou porte en términanl, un
toast aux dames présentes, à l'union de
tous les cantonniers, à l'avenir de la Ré-
publique démocratique et sociale.
DISCOURS DE M. ROBLIN
Jeune également et également nouveau
venu au Parlement, le sympathique dépu-
té de la Nièvre fait ressortir combien sont
modestes lete revendications desf canton-
niers, qui furent toujours de bons et
loyaux serviteurs de la République. Vous
avez des charges de famille, dit-il, de bieQ.
lourdes charges parfois, et un trop mai-
gré salaire pour y faire face. Il est de tou-
te justice que celtte situation s'améliore.
M. Roblin promet son concours aux can-
tonniers. aux côtés de son ami M. Lucien
Cornet, le « Père des cantonniers. » (Ajh
plaudissements-J ,J
DISCOURS DE M. PLASSON ..t
En sa qualité d'ami des cantonniers Vf
de président de l'Association des conduc-
teurs et commis des ponts et chaussées, il
félicite les présidents d'honneur de ia Fé-
dération des cantonniers du dévouement
qu'ils ont apporté à faire l'union dans la
grande famille trop longtemps divisée. H
félicite M. Vial et ses collègues du Con-
seil fédéral, qui n'ont en vue que l'intérêt
général de leur corporation. Il promet l'ap-
pui de son association. Sur la demande de
mon ami Lanavc, dit-il, le ministre a -déjà
supprimé les amendes. Nous demanderons
pour vous les 15 jours de congé avec solde
entière.
M. Plasson boit en terminant à la pros-
périté de la Fédération et à la réalisation
prochaine de ses espérances. (Applaudis-
sements.)
DISCOURS DE M. LANAVE
C'est un vieil ami des cantonniers qui
va parler, un de ceux qua connaissent lè
mieux et leur dévouement ù leur tâche et
à la République, et leurs souffrances, rt
les difficultés qu'ils ont à surmonter pour,
élever ieuirs familles.
Vous êtes électeurs, dit-il, c'est plus que
député Vous reconnaîtrez vos vrais amis
dans les votes du Parlement, comme on
l'a dit. Il faut enfin que l'Etat patron ne
soit pas un plus maùvais patron que les
autres Il faut qu'il vous assure un mini-
mum de salaire et les moyens de prendre
un peu de repos. Songez d'abord a obte-
nir votre repos ; ensuite vous pouarsuitre*
une à une vos autres revendications. En
terminant. M. Lanave boit a 1 union, aux
présidents d'honneur et au délégué géné-
ral de la Fédération. (Applaudissements.).
AUTRES DISCOURS t
M. Dazambon, président de là SOciétè
des commis des ponts et chaussées, parle
ar
-
caifQ CUbUV'UMnB» XJtS twheero
Dnnancîiô Juillet 1908. — N* 14002.
MIE .,.
.,\,,' L' ",,<\:.,,.-. -
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ADMINISTRATION: 14* RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONÉ 1088a
Adresser lettres et lIGfIdGu 4 f Administrateur
, ,," TRIBUNE LIBRE :.,",' ,,
La Succession de Boosevelt
Les démocrates ont choisi
hier, à Denver, leur candi-
dat à la présidence de Ja Ré-
publique. C'est M. Bryan
qu'ils ont décidé d'opposer,
comme précédemment, au
concurrent républicain, M. Tait, dési-
gné le mois dernier par le congrès de
* Chicago.
M. Roosevelt a renoncé à solliciter à
nouveau le suffrage de ses concitoyens,
mais il a désigné M. Taft comme son
successeur. Ce fait, par lui-même sin-
gulier, dans tous les sens du mot, crée
un précédent dont les Etats-Unis auront
peut-être un jour à se repentir. Il y a
des souvenirs de l'antiquité bien faits
pour mettre en garde contre de. sembla-
bles pratiques. On risque de faire évo-
luèr la présidence vers le principat, et
l'on prépare les voies à une sorte d'hé-
rédité par le degré intermédiaire de la
désignation. Il est déjà suffisamment
normal que, dans tous les pays démo-
cratiques, des familles ayant rendu des
services à une cause, se croient obligées
à barrer la route aux hommes nou-
veaux. L'initiative du président Roose-
velt n'est point heureuse.
Si l'on en croit d'aucuns, il serait
temps, d'ailleurs, et ce dernier acte le
prouverait, que le président fût rendu
aux douceurs de la vie privée. L'exer-
cice prolongé du pouvoir déforme nor-
malement les caractères, et celui du
président Roosevelt est de ceux qui ne
gagnent point à s'accuser. Sa rudesse
et son autoritarisme deviennent exces-
sifs. Son goût pour l'impérialisme ne
s'est point calmé. Se doute-t-il qu'il a
fait plus de livres et de discours qu'il
n'était peut-être utile à un chef d'Etat ?
Il a été impuissant à diriger dans le
sens qu'il eût préféré le parti républi-
cain. Il y a quelques mois, il dénon-
çait des capitalistes devenus extrême-
ment riches par 1 exploitation du publié
et des salariés, mais il s'est bien gardé
de les chasser du parti qu'il représente
à la Maison Blanche.
Un délégué démocrate, représentant
le Nebraska au congrès de Denver, - -
celui-là même qui a posé la candidature
de M. Bryan - a fait le procès du parti
républicain et des représentants du dol-
lar qui le soutiennent, en termes éner-
giques.
« Les méthodes qui ont servi à ces
personnages, dit-il, pour édifier leurs
fortunes colossales, relèvent d'un code
de moralité qui permettrait, tous les
crimes, toutes les violences, toutes les
Corruptions, toutes les fraudes.
« Ces exploiteurs du peuple, si vio-
lemment dénoncés par le président, unt
donné leur appui enthousiaste aux can-
didats rétrbblicains et à leur politique.
Ils se sont emparés des fonds de garan-
tie des compagnies d'assurance et d'au-
tres compagnies, et ont remis ce fruit
'du pillage au comité républicain. »
Les démocrates is'érigent. èn adver-
saires de l'aristocratie d'argent, ils pré-
conisent les tarifs modérés, repoussent
l'impérialisme et s'élèvent contre les oc-
cupations de Cuba et des Philippines.
Volontiers ils parlent de justice et de
liberté. Cependant ils sont hostiles à
l'émigration jaune. Ils parlaient, naguè-
re, — ils en parlent moins — du rachat
des chemins de fer. Ils parlent encore
de l'impôt sur le revenu.
Malgré le recul accusé du parti dé-
înocrate depuis 1896, malgré le succès
des républicains qui l'ont emporté dans
tous les Etats septentrionaux, la chan-
ge de ce parti n'est pas méprisable.
« Il est indubitable, dit M. Yann Mor-
vran Goblet, dans un article intéressant
de la Grande Revue, que depuis long-
temps, les démocrates ne se sont pas
trouvés en présence d'une chance égale
à celle qui s'offre à eux, car leur plat
,1om. est acceptable pour tous les répu-
blicains dont beaucoup trouvent leur
parti trop inféodé à la haute fmance ;
jen outre, le vote des nègrue pourrait
bien leur être acquis en partie. Avec
tout autre candidat démocrate que M.
0. Bryan, la partie se jouerait presque
4 égalité. » M. Bryan passe pour dê
îiiagogue et une raison contre son suc-
cès, dit-on, c'est surtout que depuis
4896, il n'a jamais connu que la dé-
faite. Cependant, à mesure que s'avan-
cent les heures suprêmes, sa candida-
ture prend plus d'importance ; on re-
marque qu'il a toujours ramassé plus de
:voix que Cleveland et que le juge Par-
ker.- Personne n'oserait riffiirner qu'il
*i ait me chance. - -
M. Taft, l'héritier présomptif de M.
Roosevelt, est un grand bon géant dont
la bonne humeur est proverbiale. Il est
JMUS simple et mieux équilibré gue son
« patron ». On espère qu'il modérera
J'étatisme et la centralisation, et qu'il
mettra un frein aux manœuvres impé-
rialistes. Beaucoup jdei gens voteront
assurément pour M. Taft parce qu'il a
été désigné par M. Roosevelt,mais beau-
coup aussi parce qu'ils savent qu'avec
le même programme, il représentera
une politique bien différente à la Maison
Blanche.
Le candidat républicain a débuté
comme juge, il est devenu ensuite gou-
verneur des Philippines. Il a représen-
té la République américaine du Nord
au Vatican et au Japon.. Le président
en a fait un ministre de la guerre. Ce
qu'il doit à son éducation et à sa nature,
c'est une probité connue, une simplicité
démocratique, une remarquable puis-
sance de travail, une belle intelligence.
On lui attribue le projet de diminuer
la puissance des trusts, d'adoucir îa
rigueur des tarifs douaniers. De loin et
à la distance, on distingue mal, en prin-
cipe — question de partis mise à part
— comment une politique Taft différe-
rait d'une politique Bryan. Et quant aux
partis eux-mêmes, le républicain et le
démocrate, ils sont également morcelés
et dépourvus de cohésion. Ce sont des
raisons, bien différentes des principes,
qui leur donnent leurs adhérents ac-
tuels.
Au jour du scrutin, un aléa est per-
mis. Tel qui est républicain peut être
entraîné vers Bryan ; tel qui est démo-
crate peut se décider pour Taft. L'an-
cien régime ayant été aboli complète-
ment aux Etats-Unis, personne n'ayant
d'idéal rétrograde ou réactionnaire, nul
-qui compte réellement — n'affichant
encore de programme révolutionnai
re, les nuances politiques sont indéci-
ses, ,et pour deviner, il faudrait con-
naître le cœur des politiciens améri-
cains, abîme insondable.
Albert MILHAUD.
LA POLITIQUE
POLITIQUE SANS GENE
La commission sénatoriale
des finances émet la préten-
tion d'étudier pendant qua-
rante-huit heures le projet de
crédits supplémentaires récla-
- més par le gouvernement. Il
paraît que cette prétention est abusive.
Certains journaux estiment que les
commissaires de la Haute Assemblée, en
ne s'exécutant pas à la première som-
mation, donnent des marques blâmables
de méchante humeur et dénotent une
propension déplorable à la taquinerie.
Qu'ils persécutent le ministère, on est
bien près de le dire.
Vraiment, il ne faudrait pas exagé-
rer. La politique du sans-gêne, comme
toutes choses, a une fin et l'on ne peut
toujours exiger, même des républicains
les plus disciplinés, l'abandon complet
de tout contrôle, sous prétexte de disci-
pliné.
La commission ilu budget, à la Cham-
bre, la commission des finances, au Sé-
nat, ne sont pas instituées pour être ai-
mables, mais pour contrôler les dépen-
ses du gouvernement.
A force d'exiger le vote ces budgets
à la vapeur, on en arrive à voter des
projets mal étudiés. Exemple, le trans-
fert de l'Imprimerie nationale ; on
avait prévu 4 millions sur un projet
mal fait et l'on dépensera le double.
Autre genre de plaisanterie : le gou-
vernement présente un projet, ae crédit
de 19 millions pour le chapitre 36 du
budget de la marine ; il s'agit du maté-
riel (Tartinerie. La Chambre n'a qu'à se
réjouir, on lui demande 2 millions de
moins que l'année ,précédente, car le
chapitre 36 en 1907 signalait 21 mil-
lions de dépenses Mais la joie de nos
,de" putès n'aura pas été de longue durée.
Arrivent les crédits supplémentaires :
le ministre réclame une petite augmen-
tation de. 8 millions.
On comprendra que certains parle-
mentaires soient las de la comédie. M.
Ppincaré a déclaré ces jours-ci que s'il
était prêt à rapporter les crédits sup-
plémentaires absolument nécessaires,
l'examen des autres serait renvoyé à la
rentrée des Charmbres.
Il était temps que quelqu'un réclamât
énergiquement le retour à une procédu-
re réelle de contrôle financier. Pour le
bon renom du parlementarisme, les com-
missions du budget doivent faire leur
métier scrupuleusement et décider les
Chambres à exercer 'leur contrôle aveç
a^entiori*
M. Poincaré est homme à nous ra-
mener vers les bons usages un moment
abandonnés j; qu'il aille Uonc jusqu'au
bout de ses intentions. Pour notre part
nous l'en féliciterons sans restriction.
oh
LES ON-DIT
-.
NOTRE AGENDA j
3
Aujourd'hui samedi :
Lever du soleil à 4 b. 10 j Coucher, à
8 heures.
Courses au Tremblay.
Son professeur.
La femme de l'un de nos ministres
se pique volontiers d'érudition. Comme
elle se croit appelée aux plus hautes
destinées, elle cultive les langues étran-
gères en usage dans les principales
cours d'Europe. Actuellement, elle ap-
prend le russe avec un pauvre profes-
seur de Moscou réfugié au Quartier la-
tin.
, L'autre matin, le ministre voit entrer
le pauvre misérable dans l'appartement
de sa femme, chapeau défoncé, chaus-
sures éculées, pantalon déchiré.
— Ah ! mon amie, dit-il à sa noble
épouse, quel est donc ce malheureux
dont la culotte baille ?
;.- C'est un savant, mon cher, répond
la dame piquée. II me montre le russe.
— Prends garde, reprit son Excel-
lence philosophiquement, il ne tardera
pas à te inontrer autre chose.
L'origine du sifflet des locomotives.
Au commencement de l'année 1833,
la machine Samson, du chemin de fer
de Leicester à Swanningon, rencontra
une charrette attelée d'un cheval au
passage à niveau de Thornton. Cette
charrette était chargée de beurre et
d'œufs pour le marché de Leicester.
Le mécanicien ne disposait, comme si-
gnal d'avertissement, que de la corne
à la main en, usage à l'époque, et la
charrette, avec son contenu, fut culbu-
tée. -
L'accident fit certain bruit-. M. Ash-
lem Bagster, directeur du chemin de
fer, alla le même jour à Alton Grange,
où résidait Georges Stephenson, qui
était à la fois un des administrateurs
et le plus fort des actionnaires de la
ligne, pour lui parler de l'affaire. Bags-
ter demanda si l'on ne pourrait pas
mettre J sur la machine un sifflet que
ferait marcher la vapeur.
— L'idée est très bonne, répartit Ste-
phenson, et il faut faire un essai.
Le premier sifflet fut établi par un
fabricant d'instruments de musique du
pays et donna un si bon résultat que
le conseil d'administration du chemin
de fer décida d'établir de pareils sif-
flets sur toutes les machines de la com-
pagnie. Il fallut d'abord payer le che-
val, la voiture, 50 livres de beurre et
80 douzaines d'œufs cassés. Le sifflet
actuel doit donc son origine à ces 900
œufs brisés. Par la suite, on fit émet-
tre un règlement interdisant la circula-
lation des locomotives qui ne seraient
pas munies d'une trompette à vapeur,
Il s'agissait alors, en effet, Plutôt d'une
trompette que d'un sifflet proprement
dit. Mais, rapidement, à cette sorte de
trompe, on substitua le sifflet aclllel.
Dès 1836, un dessin de locomotive mon-
tre le sifflet tel que nous le connais-
sons. Et, dé fait, les locomitives de no-
tre premier chemin de fer, le chemin
de fer de Saint-Germain, étaient mu-
nies de sifflet dès 1843.
AUTREFOIS
Rappel du 12 juillet 1872. - Le gouver-
nement a en caisse les 500 millions à ver-
ser d'abord aux Prussiens ; mais il ne
s'en dessaisira que lorsque la souscrip-
tion de l'emprunt sera close. On a. bail-
leurs, les plus légitimes espérances sur le
succès de cet emprunt national. Ceci est
le résumé des déclarations laites hier par
M. Thiers à la commission du budget.
Mort de Raphaël Félix, le dernier direc-
teur de l'ex-théâlre de la Porte Saint-Mar-
tin, que l'on rebâtit actuellement, Il était
le frère de Rachel, et, lui-même, U avait
ioué la tragédie au Théâtre Français.
Blanqui est transféré au 10ft Quelern.
C'est le lor août prochain, que le musée
Carnavalet ouvrira ses portes au publie.
La tour d'argent du palais de justice,
que l'incendie de 1871 a vidée du haut en
bas, et qui contenait le greffe de la Cour
de cassation, sera bientôt réparée.
Malgré l'énorme chaleur, on a refusé du
monde, hier, à la Comédie-Française, pour
la suite des débuts de « M. Sully-Monnet »
dans Andromaque. Crâce à « M. Sully-
Monnet », nous allons voir a tragédie re-
fleurir dans ce théâtre.
Une distraction. J .':'
Il y a quelques années, on jouait
llamlet, à l'Opéra. L'acte du cimetière
venait de commencer. Tout à coup, un
monsieur correct, habit noir, cravate
blanche, s'engage sur la scène. Il ar-
rive paisiblement jusqu'au milieu de
l'espace découvert et là, s'aperçoit su-
bitement de son erreur.
Il se trouble il hésite, il chancelle.
Devant lui se trouve un fragment de
décor, haut d'environ 80 centimètres, et
figurant un tertre funéraire. Des deux
côtés de la coulisse, régisseurs, figu-
e , régisseu,rs, figu-
rants, employés de toute sorte invitent,
par des gestes impérieux, le malencon-
treux-promeneur à se dissimuler der-
rière cet abri. 11 obéit, s'acc.roupit et
disparaît. Par malheur, l'acte' du cime-
tièrr .&st assez 'long. Noire homme a
des, crampes. Il fait mine de se redres-
ser, il manifeste des velléités de saisir
I un-moment favorable pour-fu-ir înapçr-
çu. Sitôt qu'il lève la - tête, des gestes
! | et des objurgations-de plus en plus
énergiques partent de la coulisse : « Ne
| I bougesfpas î^t .Voule^vous rester tran-
quille ?. A-t-on jamais vu I. » M.
Gaillard demande : « Quel est cet idiot-
là ? » Et « l'idiot », intim" s'accrou-
pit de nouveau. Enfin, l'acte prend fin.
L'idiot sort de sa cachette, ankylosé
et meurtri. Et le directeur de l'Opéra
s'apprête à lui adresser une admones-
tation sévère quand, distinguant les
traits de son visage, il recule épou-
vanté. C'était un de nos plus aima-
bles ministres
Vénalité.
La vénalité des anciens magistrats se
ressentait de la vénalité des charges.
Lorsque Louis XV établit un nouveau
Parlement composé, disait-on, de per-
sonnages faciles à gagner la malignité
publique leur décerna cet horoscope :
« Louis quinze a détruit l'ancien Par-
lement, quinze louis auront bon mar-
ché du nouveau. »
Pour M. Caillaux.
Sous le *Directoire, îa fortune publi-
que était au plus bas, et les fonction-
naires de l'Etat touchaient très irrégu-
lifctfoment ieur traitement.
Un jour, la voiture du ministre des
finances Ramel, verse dans la cour de
la direction des postes.
Les commis, auxquels il était dû un
fort arriéré, s'écrient :
« Quel bonheur ! Nous allons enfin
émarger. Le ministre des finances
vient de verser chez nous 1 a,
Chers confrères.
Un de nos jeunes poètes disait à un
confrère : « Mes vers me coûtent peu. »
— Oh ! réplique Fautre, ils vous coû-
tent ce qu'ils valent.
tu passant.
En Amérique, tout est « colossal, o, de-
puis la fortune des marchands de porcs
jusqu'aux pieds des jeunes filles. Les
avenues sont « colossales », les maisons
« colossales » et les projets des inven-
teurs également. -
Aussi lorsque Master Morrell de Ber.
keley (Californie) apprit que les Français
avaient construit un ballon dirigeable ca-
pable de transporter en huit heures trois
personnes de Paris à Verdun, il résolut
immédiatement de lancer dans les airs un
aérostat « colossal » qui pourrait trans-
porter en vingt heures dix-huit personnes
de San-Francisco à Neto-York. Il forma
une Société au capital « colossal » de cin-
quante millions, « La National A irchip
Company », et il construisit un dirigeable
Il colossal » qu'il baptisa du nom d'Ariel.
Il convoqua tous ses commanditaires
pour le jour de la première ascension et
60.000 spectateurs accoururent pour assis-
ter à ce spectacle « colossal o.
Au jour et à L'heure dite Master Mor-
rell montait dans .la nacelle avec ses qua-
torze actionnaires, et, aux acclamations
de la foule en délire, l'Ariel s'éleva à une
hauteur de trois cents pieds. Succès « co-
lossal ».
Mais tout à coup l'aérostat inclina de
l'avant. Le pilote se hissa sur la partie
supérieure pour tenter de rétablir l'équi-
libre, mais le gaz s'accumulant à l'arrière
fit explosion.
L'aérostat commença à descendre jus-
qu'à une hauteur de 75 pieds, et là il cha-
vira complètement.
L'inventeur Morrell et ses quatorze ac-
tionnaires firent une culbute « colossale » ;
ils furent précipités dans un étang où les
uns pensèrent se noyer et les autres furent
dangereusement blessés.
Bref, ce fut un essai « colossalement n
raté, et les actionnaires de la « National
Airchip Company » peuvent se vanter d'en
avoir eu pour leur argent.
Le Chemineau.
Les vacances scolaires ':;
des instituteurs
Nous recevons la lettre suivante :
Vous avez bien voulu, dans un de vos derniers
articles, défendre la cause des Petits primaires.
Merci mille fois en leur nom à tous.
Mais il y a toujours des gens qui se bouchent
les oreilles pour ne pas entendre et, malheureu-
sement, nous sommes quelques-uns, dans un
canton banlieusard, où cette surdité volontaire
règne en maîtresse.
Jugez-en un peu. Fendant toute l'année sco-
laire, nos classes ont été surchargées par des
laire, de 60 à 90 élèves, avec ordre de tout
effectifs de 60 à 00 élèves, avec .ordre de tout
recevoir et permission. de ne rien objecter.
Vest donc fatigués, exténués, que nous attei-
gnons la fin de l'année scolaire, et savez-vous
comment nous en sommes récompensés ?
On nous fixe la distribution des prix au di.
manche 2 août, alors que les vacances doivent
partir officiellement du 29 juillet.
Les élèves, fatigués eux-mêmes, commencent
là déserter l'école et la distribution des prix se
fera pour les orgueilleux premiers. Les institu-
teurs passés au rang des pions de jadis leur dé-
livreront prix et couronnes et auront peut-être
Ja permission de s'en aller le 3 août, alors que,
huit jours plus tôt, on aurait pu et dû satisfaire
ihaîtres et élèves.
Comment trouvez-vous ce petit procédé qui
nous prive de hui'. jours de vacances que nous
serions heureux d allei» passer ailleurs que chez
nous ?
Un groupe d'instituteurs.
Nous trouvons que ce procédé est d'un
sans-géne véritablement excessif.
De deux choses l'une, ou les vaances
suite les
commencent le 29 juillet et, par suite, les
instituteurs se trouvent libres d'en jouir
comme bon leur semble, ou elles ne com.
mencent que huit jours plus tard, et, dans
ce 'cas, on ne s'explique pas que les élè-
ves soient dispensés de fréquenter l'école
quand les mal.tves sont dans l'obligation
de demeuysr à leur poste. : -
liSS instituteurs doivent protester Contre
Célte façon dé procéder, si l'administra-
tion persiste à , vouloir, par des moyens
jésuitiques, les empêcher de profiter de
toute la durée des vacances à laquelle ils
ont i|roil.-:^ P. G,-
TRIBUNE CORPORATIVE
LE BWETlËrHiTMIIEfiS
Les agapes de l'Union. - Les discours et les toasts.
Remise de distinctions honorifiques.
Ainsi que nous l'avons annoncé, un ban-
quet fraternel de 200 couverts, servi dans
les salons du Palais dtOrléans, a clôturé
le Congrès des cantonniers de France.
M. Barthou, ministre des travaux pu-
blics, avait fait la promesse de présider
ces agapes, mais au dernier moment, il
en fut empêché par la réunion que dut te-
nir, dans la nuit. la commission parlemen-
taire du rachat de la Compagnie des che-
mins de fer de l'Ouest.
Le ministre, par suite de cette circons-
Le ministre, délégué pour le représenter
tance, avait délégué pour le représenter
le sympathique directeur de son cabinet,
M. Lilaz. Le ministre de l'intérieur s'était
fait représenter par M. Vallon, chef de ca-
binet du equa-secrétariat d'Etat.
On remairquaii, à la table d'honneur,
autour Ides représentants des ministres,
la présence de MM. Lucien Cornet, doc-
teur Cazeneuve, Thierry-Cazé, Bouyssou,
Roblin, Paul Meunier, députés ; Via!, dé-
légué général, et Leroy, administrateur-
trésorier de la Fédération *, Chatenet.
avocat-conseil de la Fédération ; Plasson.
président de l'Association des conducteurs
et commis des ponts et chaussées ; La»a-
ve, ancien président de l'Association du
personnel des travaux publics ; Labaye,
ingénieur en chef des ponts et chaussées
de l'Oise ; les représentants de la Petite
République et du Rappel.
Les présidents du Sénat et de la Cham-
bre, ainsi que de nombreux sénateurs et
députés et divers chefs de service s'étaient
fait excuser. -
Pendant toute la durée du repas, la cor-
dialité la plus franche n'a cessé de régner
entre tous les convives, heureux de scel-
ler définitivement l'union proclamée au
cours des trois journées pendant lesquel-
les fut tenu le Congrès.
Au moment où les convives viennent de
s'attabler, M. Lucien Cornet, dont le dé-
vouement à la cause des cantonniers a été
admirable pendant toute la durée .du Con-
grès. donne lecture
au délégué général de la Fédération :
J'avais le vif désir d'assister ce soir à votre
banquet, et j'éprouve le vif regret d'en être em-
pêché par des occupations de ma fonction. Mais
je tiens à assurer les cantonniers et chefs can-
tonniers de ma sympathie la plus dévouée; Leur
union donnera une force nouvelle d'accroître la
sympathie des pouvoirs publics. La fédération
peut être assurée que j'examinerai avec une
vive sollicitude les revendications dont j'ai été
saisi et auxquelles je ferai une réponse pro-
chaine.
La lecture de cette dépêche est accueil-
lie par des applaudissements.
Au. dessert, M. Lilaz, qui préside Je ban-
quet, donne la parole à M. Vial, le dé-
voué et sympathique délégué général de
la Fédértation.
DISCOURS DE M. VIAL
M. Vial prononce un discours très re-
marquable et souvent interrompu par les
applaudissements.
Apres avoir dit combien il sent tout le
Doids. de la responsabilité qui pèse sur lui
une fois de plus du fait du renouvellement
de son mandait, il remercie ses collègues
de la confiance qu'ils lui ont donnée et ma-
nifeste son désir et son espoir d'assurer
la prospérité de la Fédération.
Au nom des 120,000 cantonniers de
France, il souhaite la bienvenue à tous
ceux qui. par leur présence, affirment
leurs ,sympathies' à l'égard des canton-
niers.
Il remercie les représentants du gouver-
nement dont la présence indique que les
pouvoirs publics ont le désir de vendr eft
aide aux cantonniers par l'amélioration de
•leur! situation.
Aujourdtui, d5fc-il, nous sommes unis
et fermement résolus à ne plus jamais
nous diviser. Nous devons ce beau résul-
tat à nos amis dévoués de la première
heure. MM. Cornet, Bussière et Noguès,
députés, auxquels nous exprimons toute
notre reconnaissance émue et toute notre
affecta on.
M. Vial adresse des remerciements à
tous les parlementaires présents, aux in-
génieurs et conducteurs, qui ont dans les
cantonniers des cdIaborateurs modestes,
mais dévoués et respectueux ; à MM. Plas-
son. Lanave. Gay, de vieux amis des can-
tonniers ; à M. Chatenet avocat à la cour
d'appel et conseil dévoué de la Fédéra-
tign i enfin, à toutes les personnes dont
la présence est un gage que les canton-
niers ne sont plus isolés.
M. Vial fait ensuite connaître les reven-
dications principales de la corporation.
Nous savons, dit-il, qu'il n'est pas pos-
sible de nous donner tout ce que nous de-
mandons, aussi nous nous montrerons
sages en demandant peu ce soir.
Les cantonniers touchent un salaire dé-
risoire. Le gouvernement de la Républi-
que ne nous paie pas cher, et cependant
nous l'aimons beaucoup, Nous deman-
dons un minimum de'salaire qui est bien
modeste : 3 francs par jour !
Nous demandons encore un congé de
15 jours par an avec solde entière pour
pouvoir prendre un peu de repos, et nous
demandons la suppression des congés
obligatoires. Nous ne sommes donc pas
très gourmands. Cela n'est pas dans nos
habitudes.
Tous les cantonniers sont des républi-
cains (Applaudissements unanimes ; cris
de : (( Vive la République ! ») Nous de-
mandons au gouvernement de la Républi-
que de penseT un peu à nous quand nous
pensons beaucoup à la République.
En terminant. M. Vial lève son verre
en l'honneur de M. Fallières, pr-éwdent de
la République, du ,gouvernemenif,"ré'¡mbJ:-
cain, de M. Barthou, qui est le grand chef
des cantonniers, des parlementaires, et de
tous les amis des cantonniers. A l'union
de tous nôs coeurs, dit-il, a la République
que nous aimons, que nous désirons de
tour en jour plus démocratique et d'heure
en heure plut (Lorigtie salve d'ap-
plaudissements et de vivats.)
1 DISCOURS DE M. CAZENEUVE
M. Cazeneuve eat un vieil ami des cal*-
\.Q1'8fS' m Jdèle^jte Jeuis .mt- çp-r-
poratifs. Il fait l'éloge de M. Vial, qui esl
un Lyonnais très estimé, et il se félicite de
l'union qui vient d'être faite entre les
deux Fédérations de cantonniers. Il y a
quelque dhose de changé, dit-il, dans le
banquet de cette année. La réunion est
plus joviale, plus enthousiaste, alors qu&
l'année dernière on sentait une sorte de
malaise. Cette union contribuera certaine-
ment. à faciliter la réalisation des revendi-
cations. V
Les étrangers s'extasient devant 14
beauté de nos routes. Il est légitime que
tous les départements de France entrent
dans la voie des améliorations de la si.
tuation des cantonniers, comme y sont en
très quelques départements, tels que le
Rhône, par exemple. t
Partout, dit l'orateur, surgissent des re-
vendications de la part des fonctionnaire
les plus modestes. Les îinstituteurs, tes
employés civils du ministère de la gueare
ont obtenu des améliorations. Le tour des
cantonniers doit venir ; il y faut seule-
ment un peu de patience parce qu'il s'&J
git d'une question d'argent, d'une qu
tion de budget. ,i
M. Cazeneuve dit que la question des'
retraites notamment, doit être résolue
dans un sens plus équitable. Le système
forfaitaire actuel doit disparaître. Il n'a
plus pour lui qu'une vieille tradition t. lar
quelle il faut renoncer en la remplaçant
par des calculs ayant une base uniforme ■
En terminant, l'orateur fait l'éloge du
cantonnier Grand qui, par sa belle con-
duite dans les montagnes de la Tarentaise
où il exerce ses fonctions, a eu maintes
fois l'occasion de risquer sa vie pour opé-
rer des sauvetages, ce qui lui a valut
maintes récompenses, et comme couron-
nement à son dévouement la- croix de la
Lésion d'honneur. M. Cazeneuve serre la
main de Grand, aux applaudissements de
toute la seMe et lève son verre à l'exten-
sion et à la prospérité de la Fédération. :
DISCOURS DE M, THIERRY-CAZE
M. Thierry-Gaze dit toute sa joie de se
trouver à la noce au lendemain d'un ma-
riage, car il espère que l'union qui vient
d'être faite produira dans l'avenir les
meilleurs résultai. Avec un accent et un
esprit gascon qui mettent la salle en gaie-
té. il rappelle que lorsqu'il était encore en-
fant il aimait à s'asseoir sur les tas de cail-
loux des rouîtes pour faire aux cantonniers
la lecture des journaux républicains. Il as-
sure les cantonniers du dévouement de la
représentation du Gers au Sénat et à la
Ghambre.
Demandez beaucoup, dit-il, pour avoir
peu. Insistez auprès de vos représentants
et surveillez leurs votes, et quand sonnera
pour eux l'heure du jugement dernier.
c'est-à-dire la réélectionr, ne vo-tez que pour
ceux qui auront voté pour vous.
En terminant, il boit aux vaillants can-
tonniers de France et à la République dé-
mocratique et sociale. (Applaudissements.)
DISCOURS DE M. BOUYSSOU
Le jeune et sympathique député des
Landes sera bref. Nouveau venu à la
Chambre, il dat toute sa gratitude à l'é-
gard des cantonniers qui contribuèrent
largement à son élection et il leur donne
l'assurance qu'au Parlement il sera tou-
iours aux côtés de leurs meilleurs défen-
seurs.
M. Bouyssou porte en términanl, un
toast aux dames présentes, à l'union de
tous les cantonniers, à l'avenir de la Ré-
publique démocratique et sociale.
DISCOURS DE M. ROBLIN
Jeune également et également nouveau
venu au Parlement, le sympathique dépu-
té de la Nièvre fait ressortir combien sont
modestes lete revendications desf canton-
niers, qui furent toujours de bons et
loyaux serviteurs de la République. Vous
avez des charges de famille, dit-il, de bieQ.
lourdes charges parfois, et un trop mai-
gré salaire pour y faire face. Il est de tou-
te justice que celtte situation s'améliore.
M. Roblin promet son concours aux can-
tonniers. aux côtés de son ami M. Lucien
Cornet, le « Père des cantonniers. » (Ajh
plaudissements-J ,J
DISCOURS DE M. PLASSON ..t
En sa qualité d'ami des cantonniers Vf
de président de l'Association des conduc-
teurs et commis des ponts et chaussées, il
félicite les présidents d'honneur de ia Fé-
dération des cantonniers du dévouement
qu'ils ont apporté à faire l'union dans la
grande famille trop longtemps divisée. H
félicite M. Vial et ses collègues du Con-
seil fédéral, qui n'ont en vue que l'intérêt
général de leur corporation. Il promet l'ap-
pui de son association. Sur la demande de
mon ami Lanavc, dit-il, le ministre a -déjà
supprimé les amendes. Nous demanderons
pour vous les 15 jours de congé avec solde
entière.
M. Plasson boit en terminant à la pros-
périté de la Fédération et à la réalisation
prochaine de ses espérances. (Applaudis-
sements.)
DISCOURS DE M. LANAVE
C'est un vieil ami des cantonniers qui
va parler, un de ceux qua connaissent lè
mieux et leur dévouement ù leur tâche et
à la République, et leurs souffrances, rt
les difficultés qu'ils ont à surmonter pour,
élever ieuirs familles.
Vous êtes électeurs, dit-il, c'est plus que
député Vous reconnaîtrez vos vrais amis
dans les votes du Parlement, comme on
l'a dit. Il faut enfin que l'Etat patron ne
soit pas un plus maùvais patron que les
autres Il faut qu'il vous assure un mini-
mum de salaire et les moyens de prendre
un peu de repos. Songez d'abord a obte-
nir votre repos ; ensuite vous pouarsuitre*
une à une vos autres revendications. En
terminant. M. Lanave boit a 1 union, aux
présidents d'honneur et au délégué géné-
ral de la Fédération. (Applaudissements.).
AUTRES DISCOURS t
M. Dazambon, président de là SOciétè
des commis des ponts et chaussées, parle
ar
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