Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-07-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 juillet 1908 03 juillet 1908
Description : 1908/07/03 (N13993). 1908/07/03 (N13993).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7570881r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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1 Vendredi 3 Juillet iOOS. — lq,, - 139&3. -
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ANNONCES
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t UlWin félapbique: XIX* SIÈCLE— PARIS
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vepartemente y t. tf.- Si V
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-" TRIBUNE LIBRB
Le Drit t la Pinc c mnrt
La commission de réforme
judiciaire, revenant sur sa
décision, a décidé de ne pas
soutenir le projet du gou-
vernement portant abolition
de la peine de mort. Le rap-
porteur, M. Raoul Péret, a donne sa
démission de ses fonctions. *.
On sait que la commission était sai-
sic des propositions de MM. Joseph
Reinach et Paul Meunier, relatives à
l'abolition de la peine capitale. Le gou-
vernement, par l'organe du garde des
sceaux, M. Guyot-Dessaigne, avait saisi
la Chambre d'un projet dans. Je même
sens..
Il semblait donc que la réforme était
mûre et qu'elle ne soulèverait pas gran-
de discussion.
II a suffi de quelques crimes barba-
res, de quelques assassinats commis
dans des circonstances cyniques et dont
tous les auteurs n'ont pas encore été
mis en état d'arrestation, pour qu'il se
produisît dans l'opinion publique et
jusqu'au sein du Parlement, un revire-
ment favorable au maintien de la peine
capitale.
A la suite d'une campagne tapageuse
provoquée par le crime de Soleilland,
qui relevait d'ailleurs probablement
plus de la médecine légale que de la
cour d'assises, les jurys ont voté le
maintien de la peine de mort, et l'ont
même prononcée peut-être plus souvent
qu'ils ne l'auraient fait s'ils avaient été
assurés qu'elle aurait reçu son appli-
cation.
C'est qu'en effet M. le président de
la République, logique avec son passé
et ses convictions, n'a pas oublié qu'il
avait autrefois proposé l'abolition de la
peine de mort. Il grâcie régulièrement
les condamnés à mort, même ceux qui
paraissent indignes d'aucune pitié.
L'usage que fait de son droit de grâ-
ce le chef de l'Etat est ainsi l'objet de
véhémentes critiques.
On fait remarquer, avec raison d'ail-
leurs, que le droit de grâce est de ca-
ractère monarchique et nous vient de
époque où le chef de l'Etat détenait
entre ses mains aussi bien le pouvoir
,judiciaire que l'exécutif et le législatif.
On déclare qu'il est incompatible avec
up régime démocratique et qu'il con-
vient de l'abolir.
Nous répondrons à ceux qui vont si
vite en besogne que le droit de grâce
est inséré dans notre Constitution, mo-
narchique il est vrai, et qu'il faudrait
men moins qtAm congrès pour faire dis-
paraître cette prérogative du chef de
ÊEtat.
Puis, nous ferons observer que l'on
Sommet une -erreur quand on vient nous
parler de l'irresponsabilité présiden-
tielle en cette matière. En effet, le
président de la République signe le
décret de grâce qu'on lui apporte tout
préparé. Ce décret-est contresigné par
te garde des sceaux. Par conséquent, il
est possible à un membre du Parlement
~e finterpeller au sujet de ce décret,
comme de tout autre décret revêtu de
la signature du président de la Répu-
blique.
De plus, le droit" de grâce, sagement
administré, présente dans la pratique
une réelle utilité.
En effet, il peut arrêter immédiate-
ment les effets d'une erreur judiciaire
et replacer le condamné dans une situa-
tion conforme aux intérêts de sa - défen-
se, conforme aussi aux exigences les
plus impérieuses de la conscience pu-
blique.
Puis, il rétablit l'équilibre entre l'hu-
manité et là justice, il permet de mieux
individualiser la peine. Enfin, et c'est
là que se manifeste son importance
pratique, il permet, par un sagace
usage de la clémence présidentielle, de
récompenser la bonne conduite des lé-
tenus en abrégeant leur peine.
C'est ainsi qu'en 1905, nour prendre
la statistique la plus récente, il y a eu
845 grâces collectives et 2.328 grâces
individuelles, dont 14. seulement en fa-
veur de condamnés à mort.
Aussi, croyons-nous qu'il ne convient
pas d'attaquer le droit de grâce, qui est
un - utile tempérament apporté par le
pouvoir exécutif à la rigidité du pou-
voir judiciaire. On ne songe pas, sup-
posons-nous, à critiquer les grâces,
prises dans leur ensemble, proposées à
la signature du président -ar la com-
mission des grâces. Ce que l'on criti-
que, c'est la façon dont le droit de
grâce est appliqué à la peine de mort.
On reproche au président de laj Répu-
blique, non pas de suspendre exception-
nellement la loi pénale, mais da l'abro-
ger, avec le concours, d'ailleurs, du
garde des sceaux. Le droit de grâce,
alors.! ne se heurte plus seulement au
pouvoir judiciaire, mais au pouvoir lé-
gislatif.
La grâce systématique des condam-
nés à mort met en échec une disposition
du Code pénal, et l'opinion publique se.
révolte, en déclarant que jamais la
Constitution n'a prévu de telles consé-
quences au droit de grâce.
Il faut bien reconnaître qu'elle n'a
pas tout à fait tort et qu'il serait pré-
férable d'abolir purement et simple-
ment la peine capitale.
C'est parce que le président de la Ré-
publique a contresigné un projet por-
tant abolition de la peine de mort, et
que le Parlemest supprimé, dans la
loi de budget, les gages du bourreau,
que l'on s'explique les grâces systéma-
tiques qui affolént les partisans sangui-
naires de la peine de mort.
Quant à nous, nous estimons qu'il
convient de ne pas nous laisser influen-
cer par une agitation d'ailleurs super-
ficielle. Nous rendons hommage à l'at-
titude du chef de l'Etat qui aurait pu
rechercher une triste popularité en se
soumettant aux cris de vengeance du
populaire.
Nous sommes d'ailleurs aussi adver-
saires d'une sensiblerie ridicule que
d'une cruauté inutile. La peine de mort
nous paraît barbare, d'un autre âge et
dépourvue d'efficacité, ainsi que le dé-
montre l'expérience.
Mais nous estimons que son aboli-
tion doit impliquer la création d'une
autre peine, telle que l'internement per-
pétuel, avec six années de cellule, par
exemple, comme le propose le projet du
gouvernement.
Nous sommes d'accord sur ce point
avec les adversaires de l'abolition.
quand H8 protestent contre la mutation
de la peine de mort en travaux forcés à
perpétuité.
f II est nécessaire de remplacer, dans
l'échelle des peines, la peine de mort
par une sanction plus sévère que les
travaux forcés à perpétuité.
La corruption d'une part, les évasions
de l'autre, sont les vices trop fréquents
de nos bagnes coloniaux. Un ancien mi-
nistre des colonies, M. Chautemps.
proposait récemment de faire subir la
peine des travaux forcés dans des mai-
sons de force, dans la métropole.
Nous ne croyons pas que la peine de
mort soit de nature à enrayer la crimi-
nalité. Que l'on arrête tous les assas-
sins, qu'on ne les acquitte pas comme
le font trop souvent les jurys, sous
l'empire de sensibleries ridicules, et
qu'on les interne ensuite à perpétuité,
avec encellulement pendant quelques
années, et l'on arrivera à inspirer aux
apaches une crainte salutaire de la ré-
pression qui les détournera du crime.
Marcel REGNIEB,
., Député de l'Allier.
LA POLITIQUE
COMEDIE DE REFORME
Le vote de la Chambre, fa-
yorable a l'amendement Puech,
ne laisse pas de créer à M.
Caillaux une situation très
délicate.
D'ailleurs, l'embarras du
président dit conseil ne doit pas être
moindre. Dans des déclarations — qu'il
a portées à la tribune ou formulées au
banc des ministres, peu importe — il a
établi, indiscutablement, que la solida-
rité ministérielle n'était pas un vain mot.
On peut se demander si le cabinet,pour
vivre, atténuera l'intransigeance du mi-
nistre des finances* ou si le ministre des
finances, pour ne pas aventurer son pres-
tige, décidera le cabinet à jeter dans la
balance le gros poids de la question de
confiance ;
S'il se décide pour ce parti, sa chance
est grande d'arracher le même vote que
pour l'impôt sur la rente. Beaucoup de
députés inquiets jdu sort réservé à nos
fonds d'Etat, acceptèrent cependant
l'imposition de la rente, dans la crainte
de compromettre la réforme fiscale.
L'autre issue', la retraite dans les sen-
tiers de rmendement Puech, M. Cail-
laux y a renoncé par avance, en décla-
rant que ce serait réduite la réforme fis-
cale à n'être qu'une comédie. « Comédie
de réforme nous disait-il.
Peut-être ! S'il n'y a qu'un Dieu qui
règne dans les cieux, comme dit la chan-
son, il y a plusieurs systèmes d'impôts
sur le revenu. ,;,
: a vérité, c'est que l'amendement
Puech tue le système d'impôt sur le re-
venu à la mode de M. Catllaux.
Si le ministre lutte pour sauver l'hon-
neur de sa technique fiscale, nul n'y sau-
rait redire. C'est légitime et loyal.
Et puis les hommes politiques modé-
rés qui regardent l'avenir doivent ga-
gner leurs éperons dans les batailles, à
l'aile gauche.
C'est une règle qui est bonne. M. Cail-
laux a dans les mains l'avenir de son
projet : la bravoure est contagieuse, com-
me la peur.
1 J
LES ON-DIT
,
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi.
Lever du soleil à 4 b. 3 ; Coucher à
8 h. 4. :
Fête du Centenaire de Saint-Cyr.
Matinées. — Opéra-Comique : concours
de chant (hommes) ; Trocadéro : Œdipe-
Roi ; Nouveau-Cirque ; Cirque MHrailo.
Courses à Maisons-Laffitte,
L'anthropophagie en Afrique ,
Mgr Augouard' vient, d'adresser au
cardinal Ledochowski, préfet de la Pro-
pagande, une lettre dont voici une
courte analyse :
« Le R. P. Allaire a visité en septem-
bre dernier les villages de la rive droite
de l'Qubanghi. Le P. Allaire a pu consta-
ter chez ces peuplades la pratique de
l'anthropophagie à un degré effroyable.
« On amène les esclaves sur le mar-
ché, et celui qui ne peut pas «- se payer le
luxe d'un esclave entier achète seule-
ment un membre, qu'il choisit à son
goût. S'il choisit le bras le client fait
une marque longitudinale avec une
sorte de craie blanche, et le propriétaire
attend qu'un autre client choisisse l'au-
tre bras, et lui fasse la même, marque.
Chacun choisit ainsi les bras, les jam-
bes, la poitrine, etc., et lorsque tous
les membres ont été marqués, on cou-
pe tout simplement la tête du pauvre
esclave, qui est immédiatement dévoré
sur place. »
C'est véritablement à en frémir quand
on y songe.
AUTREFOIS
Rappel du 3 juillet 1872. — Les journaux
publient le texte de la convention jranco-
allemande relative au paiement anticipé du
suide de findemnité de guerre et à la libé-
ration du territoire. Le texte de cette con.;
vention a été communiqué à t'assemblée
qui a, aussitôt déclaré l'urgence ; elle sera
examinée aujourd'hui dans les bureaux,
avant l'ouverture, de la séance.
M. Trochu donne sa démission et « se
retire darés la vie privée 1
Le service des omnibus d'eau (bateaux-
mouches) se compose de 20 bateaux en
moyenne qui loni chacun quatre voyages
par jour, aller et retour. Plus 3 bateaux
pour le service de Charenton à Bercy (soit
douze voyages quotidiens) et 3 bateaux du
Pont-Royal à Saint-Cloud. (soit également
douze voyages quotidiens).
On cite parmi les localités qui jéteront
le U juillet par un banquet : Le Mans, Le
Ilatwe, Caen, Cherbourg, Lille, Roubaix,
Arras.
Le tailleur et l'évêque
L'excellent M. Freppel, évéque d'An-
gers, était constamment d'humeur jo-
viale, grand conteur de gauloiseries, et
prompt aux boutades.
II avait pour tailleur un honnête An-
gevin, guindé, prétentieux, solennel, cé-
rémonieux comme le protocole, et qui
se piquait de beau langage-.
Un jour, cet honnête commerçant pré-
sentait une culotte neuve à M. Freppel,
dans les termes suivants :
« J'ose espérer, monseigneur, que
cette culotte agréera au derrière de vo-
tre Grandeur. »
— « L'essentiel, interrompt l'évoque,
c'est qu'elle aille bien à la grandeur de
mon derrière. »
Le nouveau yacht d'Edouard Vif
Le nouveau yacht royal à turbine
Alexandra est allé hier matin à Boulo-
gne, d'où il est renarti le jour même
pour Douvres. L'objet de cette visite était
des essais en vue des futurs voyages du
roi sur le continent. La manœuvre du
navire s'est effectuée de la façon la plus
satisfaisante, sous le commandement du
capitaine Hancock, - commandafht du
steamer Empress. Un voyage d'essai
analogue a été effEctué à Calais..
Le khédive poète lyrique
Saviez-vous que le khédive d'Egypte —
notre hôte d'un instant — est un poète
de premier ordre ? - en langue arabe,
bien entendu. Ceux qui ont lu ses vers
en parlent avec enthousiasme ; la poésie
d'Abbas HilmLest n^lodieuse, élevée, et
se plaît dans les allégories, comme la
plupart des poèmes arabe, du reste. ,
• Au cours d'une Visite qu'il fit jadis à
la cour d'Angleterre, le khédive envoya
à la feue reine Victoria un magnifique
bouquet accompagné d'une poésie ara-
be. Voici la traduction d'une strophe :
Je t'envoie ce bouquet en témoignage de
l'amour du peuple égyptien. Chaque rose.
chaque lis, chaque jasmin, représente le
cœur d'un Egyptien, et le parfum que re-
présente chacune de ses fleurs est l'encens
d'une prière qui monte vers le'ciel pour
toi. ô puissante Reine, ô la fleur des Rei-
nes *
Le poème est écrit en lettres d'or sur
un précieux parchemin et porté la signa-
ture du khédive. La reine Victoria le fit
richement encadrer et placer dans son
cabinet particulier.
L'bpium ':' ',
* k ,»t. • •- ■; r
Ï1 y a quelques jours, un sous-officier
chinois était surpris fumant de l'opium
dans un hôtel de Pékin. Le sous-officier
fut aussitôt si£nalé au général euaiig
Yin Rai, qui sur le champ demanda au
ministre de la guerre l'autorisation de
décapiter le délinquant
- Cette autorisation fut accordée. L&
condamné fut amené sur le terrain où
devait avoir lieu l'exécution, mais au,
moment où il allait être décapité, la di-
vision tout entière se jeta à genoux de-
vant le général, implorant la grâce du
sous-officier.Les soldats affirmèrent qu'il
n'était pas adonné à la passion de l'o-
pium et que, lorsqu'il fut surpris par le
détective, il fumait de l'opium par ordre
du médecin.
— Dans ces conditions, fit le général,
je lui fais grâce. Il recevra seulement
trois mille six cents coups de verge.
L'histoire ne dit pas si, après ces trois
mille six cents coups de verge, le patient
éfeit beaucoup plus vif que mort.
Le poète et les asperges
Uni bon poète qui rimait une ode au
printemps au fond d'un cabaret de Mont-
martre, entend crier un jour : « Bottes
d'asperges ! les belles bottes ! »
C'était la première fois de l'année.
Transporté, il s'élance et confère avec
■?* marcfaarrde. , , :
Combien celle-ci ?
- Quatre francs.
- Quatre francs une botte ! fait le pau-
vre poète stupéfait, quatre francs une
botte. Il y a donc un éperon d'or après?
ABONNEMENTS D'ÉTÉ
Pour être agréable à nos lecteurs
qui s'absentent de chez eux pendant
l'été et qui craignent de ne pas trouver
le journal dans les localités où ils vont,
nous établissons des abonnements de
fvacances partant de n'importe quelle
date, moyennant 0 fr. 05 centimes par
numéro pour la France et 0 fr. 10 cen-
times pour l'étranger.
Les Jésuites et la Russie
On annonce qu'une députation de l'ordre
des Jésuites doit arriver très prochaine-
ment à Saint-Pétersbourg pour négocier
avec le gouvernement russe l'admission de
l'ordre en Russie.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que les Jésui-
tes ont jeté leurs vues sur la Russie. Déjà,
du temps de Pobiedonotzeff, le grand-mal-
tro du Saint-Synode, des négociations
avaient été engagées, mais la requête des
Jésuites avait été rejetée.
Actuellement. ils espèrent avoir plus de
succès, d'abord parce qu'ils n'ont plus
affaire à Pobiedonotzeff, mais surtout par-
ce qu'un édit de tolérance qui date de 1905
a proclamé la liberté d'enseignement pour
toutes les églises chrétiennes, et que l'en-
seignement catholique existe déjà dans les
provinces polonaises.
Après le Japon, la Russie. La Compagnie
de Jésus caresse le projet d'étendre son in-
fluence dans les pays où elle n'avait pu
jusque-là s'introduire, et pour réaliser ce
projet, elle déploie une activité de tous les
instants et qui n'a d'égale que sa ténacité
jamais lasse, jamais rebutée par les diffi-
cultés.
Le tsar, qui est à la fois empereur et
paper ouvrira-t-il la porte de son empire
aux Jésuites, et s'il l'ouvre, n'aura-t-il pas
à s'en repentir plus tard ?
S'il est tant soit peu édifié sur le but de
domination universelle qu'a toujours pour-
suivi la Compagnie de Jésus, depuis sa
fondation, il ne commettra certainement
pas cette lourde faute politique. — P. G.
Les Chauffards
Accidents d'automobiles. — Un enfant de dix
ans, Georges Mourier, domicilié chez ses pa-
rente, 88, rue de l'Assomption, a été écrasé,
cruai de Passy, par une voiture automobile dont
le conducteur a pris la fuite. Le malheureux
gamin, qui a eu les jambes brisées, est soigné
à l'hôpital Boucicaut.
— M. André Tachon, âgé de dix-huit ans,
se rendait, avant-hier, dans l'après-midi, à bi-
cyclette, à la gare de Meaux, et longeait' le
cours de l'Arquebuse, lorsqu'il fut renversé par
une automobile venant de la direction de Pa-
ris et contenant cinq personnes. Le conducteur
n'arrêta point sa voiture ; il jeta sur le pavé
deux pièces de 20 francs, força la vitesse et
disparut dans un nuage de poussière.
Le. jeune Tachon, .très grièvement blessé, a
été conduit à l'école voisine de Sainte-Marie,
en attendant son transport à l'hôpital.
Il vous est impassible d'ouvrir un journal
de province sans relever' un accident pro-
voqué par les « chauffards », ces écumeurs
de nos routes nationales.
Nous ne comprenons pas que les auto-
mobilistes sérieux ne se coalisent, pas pour
arriver, avec nous, à mettre un terme aux
« crimes » des névrosés qui non seulement
écrasent tout ce - qui se trouve sur leu?
chemin, mais se sauvent ensuite pour
échapper à une responsabilité quelconque.
Cette façon d'agir est du véritable ban-
ditisme et finira pas excuser les plus ter-
ribles représailles.
Il faut absolument que les pouvoirs pu-
blics prennent en mains la cause des pié-
tons. voituriers et cyclistes français. Il le
faut .pour empêcher le peuple de se faire
justice soi-même. L'état d'énervement du
public finira pas provoquer des catastro-
phes qui, malheureusement, atteindront
plus d'innocents automobilistes que de cou-
pables écumeurs.
- Dans certaines régions, on parle déjà de
tendre des chaînes, de creuser des tran-
chées. de déposer des cartouches, de met-
tre des routes en interdit.
Tout cela, malheureusement, ne sont en-
core que dea menaces. Mais il ne faudrait
pas que les actes criminels relevés plus
haut se renouvelassent souvent pour pro,
voquer llex- pfo&ion de haines qui s'accumu-
lent en ce moment.
- La mansuétude du public a des limites
qui, dans quelques départements et notam.
ment aux environs de Paris, sont attein-
tes.
Qu'attendent les pouvoirs publics pour
agir ? - J. Ct
',' - L'EXPANSION FRANÇAISE ',
-
L'Enseignement lnial. ladft ,.
m
m
Notre pays, a écrit M. Gabriel Hano-
taux dans son livre intitulé Le Choix
d'une Carrière, possède un magnifique
domaine colonial ; une partie apprécia-
ble de sa population jeune ne deman-
derait pas mieux que d'aller sur ces
nouvelles terres, courir le risque du
travail acharné et de la fortune ; et,
faute d'une organisation claire, sim-
ple et pratique, nos colonies man-
quent de colons, et notre jeunesse en-
treprenante se morfond dans la mère-
patrie.
; Des chiffres illustreront mieux que
toutes autres considérations la thèse de
l'ancien ministre des affaires étrangè-
res. Depuis 1820, voici dans quelles pro-
portions les trois grands peuples euro-
péens ont émigré dans le monde : -
Français 1
Allemands 10
Anglais 33
On dit que les Français ne sont pas
colonisateurs. Certes, les chiffres ci-
dessus démontrent qu'ils ont jusqu'ici
moins colonisé que certaines autres na-
tions, mais c'est affaire d'éducation,
d'habitudes familiales. Car le caractère
français a les qualités qui font le bon
colon : l'activité, - Ja bravoure person-
nelle, l'esprit imaginatif, une certaine
bonne humeur qui soutient, qui fortifie
le courage à travers les infortunes, les
vicissitudes de la vie.
Que faut-il pour inciter à la colonisa-
tion les Français qui n'y sont pas moins
propres que les nationaux d'autres
pays ?
Telle était la question que je posais
en 1899 au cours d'une proposition au
Conseil municipal tendant à la création
d'une année d'enseignement ommercial
colonial dans les écoles supérieures de
la Ville de Paris.
A mon avis, il était indispensable de
donner aux jeunes gens l'idée et le goût
des nations coloniales en leur facilitant,
par un enseignement approprié, l'étude
de ces questions. Et tout un projet de
programme était formulé, sur lequel il
ne sera pas inutile de fournir quelques
détails au prochain jour.
D'ailleurs l'Administration qui aurait
pu faire, à ce sujet, une enquête et un
rapport, a enterré la proposition au plus
profond de ses légendaires cartons d'un
vert qui en l'occurrence n'est pas préci-
sément la couleur dé l'espérance, mais
plutôt le symbole du plus regrettable
oubli.
Cependant, nous avons dit que res ef-
forts sérieux étaient tentés à l'étranger,
surtout en Hollande et en Angleterre,
pour vulgariser par des méthodes et des
institutions pratiques les connaissances
élémentaires en matière coloniale.
L'importance de ce mouvement est
une preuve suffisante que nos voisins
avertis font passer au premier rang de
leurs préoccupations la propagande co-
loniale parmi les masses populaires.
Ainsi, à Londres, par exemple, un
système de correspondance coloniale
fonctionne entre les écoliers de la métro-
pole et ceux des colonies. -
En 1904, au début de cette organisa-
tion, le nombre des écoliers de la City of
London qui prenaient part à cette cor-
respondance était de 4.019 environ, dont
1.576 garçons et 2.443 filles ; en 1906,
10.846 lettres ont été échangées, d'après
les renseignements que nous.a communi-
qués le School Board de Londres.
C'est dire les progrès et l'extension de
ce système, encouragé et approuvé du
reste par le ministre des colonies.
Voici quelle est l'économie de cette or-
ganisation : -, J
L'autorité scolaire, c'est-à-dire les pro-
fesseurs et les directeurs d'écoles et au-
dessus d'eux, le School Board, n'intervien-
nent que pour la création des relations
entre élèves et la transmission des cor-
respondances échangées. Au début de la
correspondance, il-est indiqué aux enfants
que leurs lettres doivent avoir pour but
de les renseigner mutuellement sur le pays
qu'ils' habitent, ce qu "i" y voient .et la
manière dont ils y vivent. Ensuite, ils sont
livrés à leur inspiration, le professeur ne
faisant qu'exercer un contrôle, c'est-à-dire
constater que la lettre est intéressante et
vaut la peine d'être envoyée.
A ces lettres sont souvent jointes des
cartes postales illustrées reproduisant les
principaux monuments de la ville où ha-
bite l'écolier et qui lui ont été données en
récompense scolaire. -: -
Il y a une sorte de leçon de choses
mutuelle, un enseignement pratique et
certainement à la portée des enfants
puisqu'il émane d'eux-mêmes, très pro-
pre à leur donner sur les colonies et sur
l'existeoce coloniale des idées simples,
justes et attrayantes par la forme fami-
lière de leur présentation. Inversement,
les enfants trouvent dans les lettres de
leurs correspondants des indications
précieuses sur l'existence et le travail
dans la métropole,
Un système analogue a été organisé
par la direction de renseignement pri-
maire de la Ville de Paris, en 1906, sur,
la proposition de mon collègue Henri'
Turot. ;
Après une entente avec le ministre des
colonies, un certain nombre de gouver.
neurs s'intéressèrent à cet échange dei
correspondance et plusieurs écoles de la-1
Guadeloupe, des établissements français
de l'Inde et de l'Océanie, de la Guyane,,
de Taïti, de Madagascar envoyèrent des
lettres qui furent transmises, suivant lâ
méthode employée à Londres, aux direc-
teurs, directrices des écoles municipales
supérieures Turgot, Chaptal, Edgar-
Quinet et Sophie-Germain.
_1) nous est particulièrement agréable
dê'signaler ici l'ardente propagande de
Mme Janin, directrice de l'Ecole Edgar-
Quinet, qui recueillit les adhésions de
230 élèves de son établissement pour cet
envoi de correspondance coloniale inter-
scolaire. L'accueil très chaleureux fait
par tes élèves à ce projet permet d'espér
rer, disait la directrice de l'Ecole Edgar-
Quinet, qu'elles sauront en comprendre
l'intérêt et en tirer le profit attendu.
Mais le succès de cette tentative revient
tout entier à l'éminente pédagogue et à
ses professeurs qui se sent ralliés de tout'
coeur à un projet dont on nous permet-
tra de croire qu'il peut rendre quelques
services à l éducation de la femme au
point de vue colonial. C'est ce que mon
ami Gervais, dans son rapport budgé-
taire des colonies en 1907, appréciait eof
termes heureux :
On sait que l'émigration des femmes Pl',
rait devoir être signalée comme une dea
causes principales de la prospérité des
colonies ; on connaît également l'attache-
ment profond des Français au sol natal et
on voudra bien nous accorder la grâce de
croire qu.,, nous sommes loin de leur en
faire le plus léger reproche. Mais il nous
'sera permis de faire remarquer que. si les- ?
Anglaises se déplacent avec tant de faci-
lité, il n'en est pas de même en France,
où les femmes éprouvent une répugnance
séculaire et invincible à laisser partir au
loin leurs enfants ou leurs parents et en-
core plus de se fixer elles. mêrrues aux co"
lonies pour y fonder une famille.
Cet état d'esprit disparaîtra, quand on
leur apprendra ce qu'il faut savoir pour:
ne pas considérer les colonies comme des
terres de misères et de malheur et à ce
Siujjet, le succès imprévu de la corres-
pondance coloniale parmi tes jeunes filles
de l'école Edgar-Quinet encourage les plus
flatteuses espérances.
L'honorable député de la Seine ajou
tait, en parlant de cet essai de correfï
pondance coloniale que, en général, le
chiffre des lettres avait été peu élevé.
Des colonies importantes, l'Indo-Chine
entre autres, n'avaient pas envoyé leuc
adhésion.
Et M. A. Gervais adressait au ministre
des colonies une invitation des plus pres--
santes pour qu'il voulût bien donner les
instructions nécessaires afin de rappeler
aux gouverneurs l'intérêt qu'il y a daffs
J'établissement de relations plus intimes
entre les écoles et les écoliers des colorj
nies et de la métropole, et à engager eJÍ
même temps ces hauts fonctionnaires a
apporter leur active collaboration à cett*
œuvre de vulgarisation coloniale.
Quant à l'administration parisienne,
s'il faut la louer d'avoir montré une
bonne volonté évidente pour l'organisa-
tion de cette correspondance intersco"
lairé, il est non moins équitable jde cons-
tater l'erreur assez singulière commise
à l'égard de deux de nos colonies les plus
rapprochées de la métropole et qui,, à'
coup sûr, auraient apporté une contribu- -
tion importante à cette tentative.
En effet, la direction de l'enseigner
ment primaire s'était mise en rapports
avec le ministère des colonies, aussitôt*
après l'avis favorable du Conseil muni-
cipal, mais ses employés indifférents ne
possédaient que des notions vraiment
superficielles sur notre domaine colonial,,
et ils ont donné une preuve manifesta,
décisive de parfaite ignorance en géogra-
phie coloniale élémentaire puisqu'ils ont
laissé de côté l'Algérie et la Tunisie quf
dépendent, l'une du ministère de l'Inté-
rieur, l'autr-e des affaires étrangères !
Ces messieurs les ronds-de-cuir ne sa-
vaient pas cela, sans doute pour mieux
affirmer, par un personnel et original
exemple, la nécessité impérieuse de do-
ter au plus tôt nos écoles d'un enseigne-
ment colonial à tous les degrs.
J. HEXAFFE,
Vice-Président du Conseil Municipal
1 "r
•■ (LA JOURNÉE POLITIQUE t
Le conseil des ministres ,1
Les ministres et sous secrétaires d'Etat 'Ii
ci sont réunis hier matin m conseil à l'E-
IV sée sous la présidence de M. Fallières.
Ils ont procédé à un échange de Vum
., sur la situation créée par la prise en cornu
V V* - < • • •
enVQ CMfUTIWBi X^m IVtiltttSKO
1 Vendredi 3 Juillet iOOS. — lq,, - 139&3. -
*
V
ANNONCES
an BUREAUX DU JOURNA&
ti, ra. du Mab. Pula.
Cl et** mm. LAGBAIlGE, OBRPeto.
t, place de la Bourse, 4
t UlWin félapbique: XIX* SIÈCLE— PARIS
âBONNmam 1 » -
'- - irote mois flfai malt .-..
1
fef* ., ii.. iTi, ai
-- et 22L le&
vepartemente y t. tf.- Si V
Union Foetale t i , fH^JL
Les Abonnements gonlifeçus
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1
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ADMINISTRATION : 14* HUE DU MAIL. - TÉLÉPHONÉ loa sa ;
Adruser lettres et mandait à f Administrateur
-" TRIBUNE LIBRB
Le Drit t la Pinc c mnrt
La commission de réforme
judiciaire, revenant sur sa
décision, a décidé de ne pas
soutenir le projet du gou-
vernement portant abolition
de la peine de mort. Le rap-
porteur, M. Raoul Péret, a donne sa
démission de ses fonctions. *.
On sait que la commission était sai-
sic des propositions de MM. Joseph
Reinach et Paul Meunier, relatives à
l'abolition de la peine capitale. Le gou-
vernement, par l'organe du garde des
sceaux, M. Guyot-Dessaigne, avait saisi
la Chambre d'un projet dans. Je même
sens..
Il semblait donc que la réforme était
mûre et qu'elle ne soulèverait pas gran-
de discussion.
II a suffi de quelques crimes barba-
res, de quelques assassinats commis
dans des circonstances cyniques et dont
tous les auteurs n'ont pas encore été
mis en état d'arrestation, pour qu'il se
produisît dans l'opinion publique et
jusqu'au sein du Parlement, un revire-
ment favorable au maintien de la peine
capitale.
A la suite d'une campagne tapageuse
provoquée par le crime de Soleilland,
qui relevait d'ailleurs probablement
plus de la médecine légale que de la
cour d'assises, les jurys ont voté le
maintien de la peine de mort, et l'ont
même prononcée peut-être plus souvent
qu'ils ne l'auraient fait s'ils avaient été
assurés qu'elle aurait reçu son appli-
cation.
C'est qu'en effet M. le président de
la République, logique avec son passé
et ses convictions, n'a pas oublié qu'il
avait autrefois proposé l'abolition de la
peine de mort. Il grâcie régulièrement
les condamnés à mort, même ceux qui
paraissent indignes d'aucune pitié.
L'usage que fait de son droit de grâ-
ce le chef de l'Etat est ainsi l'objet de
véhémentes critiques.
On fait remarquer, avec raison d'ail-
leurs, que le droit de grâce est de ca-
ractère monarchique et nous vient de
époque où le chef de l'Etat détenait
entre ses mains aussi bien le pouvoir
,judiciaire que l'exécutif et le législatif.
On déclare qu'il est incompatible avec
up régime démocratique et qu'il con-
vient de l'abolir.
Nous répondrons à ceux qui vont si
vite en besogne que le droit de grâce
est inséré dans notre Constitution, mo-
narchique il est vrai, et qu'il faudrait
men moins qtAm congrès pour faire dis-
paraître cette prérogative du chef de
ÊEtat.
Puis, nous ferons observer que l'on
Sommet une -erreur quand on vient nous
parler de l'irresponsabilité présiden-
tielle en cette matière. En effet, le
président de la République signe le
décret de grâce qu'on lui apporte tout
préparé. Ce décret-est contresigné par
te garde des sceaux. Par conséquent, il
est possible à un membre du Parlement
~e finterpeller au sujet de ce décret,
comme de tout autre décret revêtu de
la signature du président de la Répu-
blique.
De plus, le droit" de grâce, sagement
administré, présente dans la pratique
une réelle utilité.
En effet, il peut arrêter immédiate-
ment les effets d'une erreur judiciaire
et replacer le condamné dans une situa-
tion conforme aux intérêts de sa - défen-
se, conforme aussi aux exigences les
plus impérieuses de la conscience pu-
blique.
Puis, il rétablit l'équilibre entre l'hu-
manité et là justice, il permet de mieux
individualiser la peine. Enfin, et c'est
là que se manifeste son importance
pratique, il permet, par un sagace
usage de la clémence présidentielle, de
récompenser la bonne conduite des lé-
tenus en abrégeant leur peine.
C'est ainsi qu'en 1905, nour prendre
la statistique la plus récente, il y a eu
845 grâces collectives et 2.328 grâces
individuelles, dont 14. seulement en fa-
veur de condamnés à mort.
Aussi, croyons-nous qu'il ne convient
pas d'attaquer le droit de grâce, qui est
un - utile tempérament apporté par le
pouvoir exécutif à la rigidité du pou-
voir judiciaire. On ne songe pas, sup-
posons-nous, à critiquer les grâces,
prises dans leur ensemble, proposées à
la signature du président -ar la com-
mission des grâces. Ce que l'on criti-
que, c'est la façon dont le droit de
grâce est appliqué à la peine de mort.
On reproche au président de laj Répu-
blique, non pas de suspendre exception-
nellement la loi pénale, mais da l'abro-
ger, avec le concours, d'ailleurs, du
garde des sceaux. Le droit de grâce,
alors.! ne se heurte plus seulement au
pouvoir judiciaire, mais au pouvoir lé-
gislatif.
La grâce systématique des condam-
nés à mort met en échec une disposition
du Code pénal, et l'opinion publique se.
révolte, en déclarant que jamais la
Constitution n'a prévu de telles consé-
quences au droit de grâce.
Il faut bien reconnaître qu'elle n'a
pas tout à fait tort et qu'il serait pré-
férable d'abolir purement et simple-
ment la peine capitale.
C'est parce que le président de la Ré-
publique a contresigné un projet por-
tant abolition de la peine de mort, et
que le Parlemest supprimé, dans la
loi de budget, les gages du bourreau,
que l'on s'explique les grâces systéma-
tiques qui affolént les partisans sangui-
naires de la peine de mort.
Quant à nous, nous estimons qu'il
convient de ne pas nous laisser influen-
cer par une agitation d'ailleurs super-
ficielle. Nous rendons hommage à l'at-
titude du chef de l'Etat qui aurait pu
rechercher une triste popularité en se
soumettant aux cris de vengeance du
populaire.
Nous sommes d'ailleurs aussi adver-
saires d'une sensiblerie ridicule que
d'une cruauté inutile. La peine de mort
nous paraît barbare, d'un autre âge et
dépourvue d'efficacité, ainsi que le dé-
montre l'expérience.
Mais nous estimons que son aboli-
tion doit impliquer la création d'une
autre peine, telle que l'internement per-
pétuel, avec six années de cellule, par
exemple, comme le propose le projet du
gouvernement.
Nous sommes d'accord sur ce point
avec les adversaires de l'abolition.
quand H8 protestent contre la mutation
de la peine de mort en travaux forcés à
perpétuité.
f II est nécessaire de remplacer, dans
l'échelle des peines, la peine de mort
par une sanction plus sévère que les
travaux forcés à perpétuité.
La corruption d'une part, les évasions
de l'autre, sont les vices trop fréquents
de nos bagnes coloniaux. Un ancien mi-
nistre des colonies, M. Chautemps.
proposait récemment de faire subir la
peine des travaux forcés dans des mai-
sons de force, dans la métropole.
Nous ne croyons pas que la peine de
mort soit de nature à enrayer la crimi-
nalité. Que l'on arrête tous les assas-
sins, qu'on ne les acquitte pas comme
le font trop souvent les jurys, sous
l'empire de sensibleries ridicules, et
qu'on les interne ensuite à perpétuité,
avec encellulement pendant quelques
années, et l'on arrivera à inspirer aux
apaches une crainte salutaire de la ré-
pression qui les détournera du crime.
Marcel REGNIEB,
., Député de l'Allier.
LA POLITIQUE
COMEDIE DE REFORME
Le vote de la Chambre, fa-
yorable a l'amendement Puech,
ne laisse pas de créer à M.
Caillaux une situation très
délicate.
D'ailleurs, l'embarras du
président dit conseil ne doit pas être
moindre. Dans des déclarations — qu'il
a portées à la tribune ou formulées au
banc des ministres, peu importe — il a
établi, indiscutablement, que la solida-
rité ministérielle n'était pas un vain mot.
On peut se demander si le cabinet,pour
vivre, atténuera l'intransigeance du mi-
nistre des finances* ou si le ministre des
finances, pour ne pas aventurer son pres-
tige, décidera le cabinet à jeter dans la
balance le gros poids de la question de
confiance ;
S'il se décide pour ce parti, sa chance
est grande d'arracher le même vote que
pour l'impôt sur la rente. Beaucoup de
députés inquiets jdu sort réservé à nos
fonds d'Etat, acceptèrent cependant
l'imposition de la rente, dans la crainte
de compromettre la réforme fiscale.
L'autre issue', la retraite dans les sen-
tiers de rmendement Puech, M. Cail-
laux y a renoncé par avance, en décla-
rant que ce serait réduite la réforme fis-
cale à n'être qu'une comédie. « Comédie
de réforme nous disait-il.
Peut-être ! S'il n'y a qu'un Dieu qui
règne dans les cieux, comme dit la chan-
son, il y a plusieurs systèmes d'impôts
sur le revenu. ,;,
: a vérité, c'est que l'amendement
Puech tue le système d'impôt sur le re-
venu à la mode de M. Catllaux.
Si le ministre lutte pour sauver l'hon-
neur de sa technique fiscale, nul n'y sau-
rait redire. C'est légitime et loyal.
Et puis les hommes politiques modé-
rés qui regardent l'avenir doivent ga-
gner leurs éperons dans les batailles, à
l'aile gauche.
C'est une règle qui est bonne. M. Cail-
laux a dans les mains l'avenir de son
projet : la bravoure est contagieuse, com-
me la peur.
1 J
LES ON-DIT
,
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi.
Lever du soleil à 4 b. 3 ; Coucher à
8 h. 4. :
Fête du Centenaire de Saint-Cyr.
Matinées. — Opéra-Comique : concours
de chant (hommes) ; Trocadéro : Œdipe-
Roi ; Nouveau-Cirque ; Cirque MHrailo.
Courses à Maisons-Laffitte,
L'anthropophagie en Afrique ,
Mgr Augouard' vient, d'adresser au
cardinal Ledochowski, préfet de la Pro-
pagande, une lettre dont voici une
courte analyse :
« Le R. P. Allaire a visité en septem-
bre dernier les villages de la rive droite
de l'Qubanghi. Le P. Allaire a pu consta-
ter chez ces peuplades la pratique de
l'anthropophagie à un degré effroyable.
« On amène les esclaves sur le mar-
ché, et celui qui ne peut pas «- se payer le
luxe d'un esclave entier achète seule-
ment un membre, qu'il choisit à son
goût. S'il choisit le bras le client fait
une marque longitudinale avec une
sorte de craie blanche, et le propriétaire
attend qu'un autre client choisisse l'au-
tre bras, et lui fasse la même, marque.
Chacun choisit ainsi les bras, les jam-
bes, la poitrine, etc., et lorsque tous
les membres ont été marqués, on cou-
pe tout simplement la tête du pauvre
esclave, qui est immédiatement dévoré
sur place. »
C'est véritablement à en frémir quand
on y songe.
AUTREFOIS
Rappel du 3 juillet 1872. — Les journaux
publient le texte de la convention jranco-
allemande relative au paiement anticipé du
suide de findemnité de guerre et à la libé-
ration du territoire. Le texte de cette con.;
vention a été communiqué à t'assemblée
qui a, aussitôt déclaré l'urgence ; elle sera
examinée aujourd'hui dans les bureaux,
avant l'ouverture, de la séance.
M. Trochu donne sa démission et « se
retire darés la vie privée 1
Le service des omnibus d'eau (bateaux-
mouches) se compose de 20 bateaux en
moyenne qui loni chacun quatre voyages
par jour, aller et retour. Plus 3 bateaux
pour le service de Charenton à Bercy (soit
douze voyages quotidiens) et 3 bateaux du
Pont-Royal à Saint-Cloud. (soit également
douze voyages quotidiens).
On cite parmi les localités qui jéteront
le U juillet par un banquet : Le Mans, Le
Ilatwe, Caen, Cherbourg, Lille, Roubaix,
Arras.
Le tailleur et l'évêque
L'excellent M. Freppel, évéque d'An-
gers, était constamment d'humeur jo-
viale, grand conteur de gauloiseries, et
prompt aux boutades.
II avait pour tailleur un honnête An-
gevin, guindé, prétentieux, solennel, cé-
rémonieux comme le protocole, et qui
se piquait de beau langage-.
Un jour, cet honnête commerçant pré-
sentait une culotte neuve à M. Freppel,
dans les termes suivants :
« J'ose espérer, monseigneur, que
cette culotte agréera au derrière de vo-
tre Grandeur. »
— « L'essentiel, interrompt l'évoque,
c'est qu'elle aille bien à la grandeur de
mon derrière. »
Le nouveau yacht d'Edouard Vif
Le nouveau yacht royal à turbine
Alexandra est allé hier matin à Boulo-
gne, d'où il est renarti le jour même
pour Douvres. L'objet de cette visite était
des essais en vue des futurs voyages du
roi sur le continent. La manœuvre du
navire s'est effectuée de la façon la plus
satisfaisante, sous le commandement du
capitaine Hancock, - commandafht du
steamer Empress. Un voyage d'essai
analogue a été effEctué à Calais..
Le khédive poète lyrique
Saviez-vous que le khédive d'Egypte —
notre hôte d'un instant — est un poète
de premier ordre ? - en langue arabe,
bien entendu. Ceux qui ont lu ses vers
en parlent avec enthousiasme ; la poésie
d'Abbas HilmLest n^lodieuse, élevée, et
se plaît dans les allégories, comme la
plupart des poèmes arabe, du reste. ,
• Au cours d'une Visite qu'il fit jadis à
la cour d'Angleterre, le khédive envoya
à la feue reine Victoria un magnifique
bouquet accompagné d'une poésie ara-
be. Voici la traduction d'une strophe :
Je t'envoie ce bouquet en témoignage de
l'amour du peuple égyptien. Chaque rose.
chaque lis, chaque jasmin, représente le
cœur d'un Egyptien, et le parfum que re-
présente chacune de ses fleurs est l'encens
d'une prière qui monte vers le'ciel pour
toi. ô puissante Reine, ô la fleur des Rei-
nes *
Le poème est écrit en lettres d'or sur
un précieux parchemin et porté la signa-
ture du khédive. La reine Victoria le fit
richement encadrer et placer dans son
cabinet particulier.
L'bpium ':' ',
* k ,»t. • •- ■; r
Ï1 y a quelques jours, un sous-officier
chinois était surpris fumant de l'opium
dans un hôtel de Pékin. Le sous-officier
fut aussitôt si£nalé au général euaiig
Yin Rai, qui sur le champ demanda au
ministre de la guerre l'autorisation de
décapiter le délinquant
- Cette autorisation fut accordée. L&
condamné fut amené sur le terrain où
devait avoir lieu l'exécution, mais au,
moment où il allait être décapité, la di-
vision tout entière se jeta à genoux de-
vant le général, implorant la grâce du
sous-officier.Les soldats affirmèrent qu'il
n'était pas adonné à la passion de l'o-
pium et que, lorsqu'il fut surpris par le
détective, il fumait de l'opium par ordre
du médecin.
— Dans ces conditions, fit le général,
je lui fais grâce. Il recevra seulement
trois mille six cents coups de verge.
L'histoire ne dit pas si, après ces trois
mille six cents coups de verge, le patient
éfeit beaucoup plus vif que mort.
Le poète et les asperges
Uni bon poète qui rimait une ode au
printemps au fond d'un cabaret de Mont-
martre, entend crier un jour : « Bottes
d'asperges ! les belles bottes ! »
C'était la première fois de l'année.
Transporté, il s'élance et confère avec
■?* marcfaarrde. , , :
Combien celle-ci ?
- Quatre francs.
- Quatre francs une botte ! fait le pau-
vre poète stupéfait, quatre francs une
botte. Il y a donc un éperon d'or après?
ABONNEMENTS D'ÉTÉ
Pour être agréable à nos lecteurs
qui s'absentent de chez eux pendant
l'été et qui craignent de ne pas trouver
le journal dans les localités où ils vont,
nous établissons des abonnements de
fvacances partant de n'importe quelle
date, moyennant 0 fr. 05 centimes par
numéro pour la France et 0 fr. 10 cen-
times pour l'étranger.
Les Jésuites et la Russie
On annonce qu'une députation de l'ordre
des Jésuites doit arriver très prochaine-
ment à Saint-Pétersbourg pour négocier
avec le gouvernement russe l'admission de
l'ordre en Russie.
Ce n'est pas d'aujourd'hui que les Jésui-
tes ont jeté leurs vues sur la Russie. Déjà,
du temps de Pobiedonotzeff, le grand-mal-
tro du Saint-Synode, des négociations
avaient été engagées, mais la requête des
Jésuites avait été rejetée.
Actuellement. ils espèrent avoir plus de
succès, d'abord parce qu'ils n'ont plus
affaire à Pobiedonotzeff, mais surtout par-
ce qu'un édit de tolérance qui date de 1905
a proclamé la liberté d'enseignement pour
toutes les églises chrétiennes, et que l'en-
seignement catholique existe déjà dans les
provinces polonaises.
Après le Japon, la Russie. La Compagnie
de Jésus caresse le projet d'étendre son in-
fluence dans les pays où elle n'avait pu
jusque-là s'introduire, et pour réaliser ce
projet, elle déploie une activité de tous les
instants et qui n'a d'égale que sa ténacité
jamais lasse, jamais rebutée par les diffi-
cultés.
Le tsar, qui est à la fois empereur et
paper ouvrira-t-il la porte de son empire
aux Jésuites, et s'il l'ouvre, n'aura-t-il pas
à s'en repentir plus tard ?
S'il est tant soit peu édifié sur le but de
domination universelle qu'a toujours pour-
suivi la Compagnie de Jésus, depuis sa
fondation, il ne commettra certainement
pas cette lourde faute politique. — P. G.
Les Chauffards
Accidents d'automobiles. — Un enfant de dix
ans, Georges Mourier, domicilié chez ses pa-
rente, 88, rue de l'Assomption, a été écrasé,
cruai de Passy, par une voiture automobile dont
le conducteur a pris la fuite. Le malheureux
gamin, qui a eu les jambes brisées, est soigné
à l'hôpital Boucicaut.
— M. André Tachon, âgé de dix-huit ans,
se rendait, avant-hier, dans l'après-midi, à bi-
cyclette, à la gare de Meaux, et longeait' le
cours de l'Arquebuse, lorsqu'il fut renversé par
une automobile venant de la direction de Pa-
ris et contenant cinq personnes. Le conducteur
n'arrêta point sa voiture ; il jeta sur le pavé
deux pièces de 20 francs, força la vitesse et
disparut dans un nuage de poussière.
Le. jeune Tachon, .très grièvement blessé, a
été conduit à l'école voisine de Sainte-Marie,
en attendant son transport à l'hôpital.
Il vous est impassible d'ouvrir un journal
de province sans relever' un accident pro-
voqué par les « chauffards », ces écumeurs
de nos routes nationales.
Nous ne comprenons pas que les auto-
mobilistes sérieux ne se coalisent, pas pour
arriver, avec nous, à mettre un terme aux
« crimes » des névrosés qui non seulement
écrasent tout ce - qui se trouve sur leu?
chemin, mais se sauvent ensuite pour
échapper à une responsabilité quelconque.
Cette façon d'agir est du véritable ban-
ditisme et finira pas excuser les plus ter-
ribles représailles.
Il faut absolument que les pouvoirs pu-
blics prennent en mains la cause des pié-
tons. voituriers et cyclistes français. Il le
faut .pour empêcher le peuple de se faire
justice soi-même. L'état d'énervement du
public finira pas provoquer des catastro-
phes qui, malheureusement, atteindront
plus d'innocents automobilistes que de cou-
pables écumeurs.
- Dans certaines régions, on parle déjà de
tendre des chaînes, de creuser des tran-
chées. de déposer des cartouches, de met-
tre des routes en interdit.
Tout cela, malheureusement, ne sont en-
core que dea menaces. Mais il ne faudrait
pas que les actes criminels relevés plus
haut se renouvelassent souvent pour pro,
voquer llex- pfo&ion de haines qui s'accumu-
lent en ce moment.
- La mansuétude du public a des limites
qui, dans quelques départements et notam.
ment aux environs de Paris, sont attein-
tes.
Qu'attendent les pouvoirs publics pour
agir ? - J. Ct
',' - L'EXPANSION FRANÇAISE ',
-
L'Enseignement lnial. ladft ,.
m
m
Notre pays, a écrit M. Gabriel Hano-
taux dans son livre intitulé Le Choix
d'une Carrière, possède un magnifique
domaine colonial ; une partie apprécia-
ble de sa population jeune ne deman-
derait pas mieux que d'aller sur ces
nouvelles terres, courir le risque du
travail acharné et de la fortune ; et,
faute d'une organisation claire, sim-
ple et pratique, nos colonies man-
quent de colons, et notre jeunesse en-
treprenante se morfond dans la mère-
patrie.
; Des chiffres illustreront mieux que
toutes autres considérations la thèse de
l'ancien ministre des affaires étrangè-
res. Depuis 1820, voici dans quelles pro-
portions les trois grands peuples euro-
péens ont émigré dans le monde : -
Français 1
Allemands 10
Anglais 33
On dit que les Français ne sont pas
colonisateurs. Certes, les chiffres ci-
dessus démontrent qu'ils ont jusqu'ici
moins colonisé que certaines autres na-
tions, mais c'est affaire d'éducation,
d'habitudes familiales. Car le caractère
français a les qualités qui font le bon
colon : l'activité, - Ja bravoure person-
nelle, l'esprit imaginatif, une certaine
bonne humeur qui soutient, qui fortifie
le courage à travers les infortunes, les
vicissitudes de la vie.
Que faut-il pour inciter à la colonisa-
tion les Français qui n'y sont pas moins
propres que les nationaux d'autres
pays ?
Telle était la question que je posais
en 1899 au cours d'une proposition au
Conseil municipal tendant à la création
d'une année d'enseignement ommercial
colonial dans les écoles supérieures de
la Ville de Paris.
A mon avis, il était indispensable de
donner aux jeunes gens l'idée et le goût
des nations coloniales en leur facilitant,
par un enseignement approprié, l'étude
de ces questions. Et tout un projet de
programme était formulé, sur lequel il
ne sera pas inutile de fournir quelques
détails au prochain jour.
D'ailleurs l'Administration qui aurait
pu faire, à ce sujet, une enquête et un
rapport, a enterré la proposition au plus
profond de ses légendaires cartons d'un
vert qui en l'occurrence n'est pas préci-
sément la couleur dé l'espérance, mais
plutôt le symbole du plus regrettable
oubli.
Cependant, nous avons dit que res ef-
forts sérieux étaient tentés à l'étranger,
surtout en Hollande et en Angleterre,
pour vulgariser par des méthodes et des
institutions pratiques les connaissances
élémentaires en matière coloniale.
L'importance de ce mouvement est
une preuve suffisante que nos voisins
avertis font passer au premier rang de
leurs préoccupations la propagande co-
loniale parmi les masses populaires.
Ainsi, à Londres, par exemple, un
système de correspondance coloniale
fonctionne entre les écoliers de la métro-
pole et ceux des colonies. -
En 1904, au début de cette organisa-
tion, le nombre des écoliers de la City of
London qui prenaient part à cette cor-
respondance était de 4.019 environ, dont
1.576 garçons et 2.443 filles ; en 1906,
10.846 lettres ont été échangées, d'après
les renseignements que nous.a communi-
qués le School Board de Londres.
C'est dire les progrès et l'extension de
ce système, encouragé et approuvé du
reste par le ministre des colonies.
Voici quelle est l'économie de cette or-
ganisation : -, J
L'autorité scolaire, c'est-à-dire les pro-
fesseurs et les directeurs d'écoles et au-
dessus d'eux, le School Board, n'intervien-
nent que pour la création des relations
entre élèves et la transmission des cor-
respondances échangées. Au début de la
correspondance, il-est indiqué aux enfants
que leurs lettres doivent avoir pour but
de les renseigner mutuellement sur le pays
qu'ils' habitent, ce qu "i" y voient .et la
manière dont ils y vivent. Ensuite, ils sont
livrés à leur inspiration, le professeur ne
faisant qu'exercer un contrôle, c'est-à-dire
constater que la lettre est intéressante et
vaut la peine d'être envoyée.
A ces lettres sont souvent jointes des
cartes postales illustrées reproduisant les
principaux monuments de la ville où ha-
bite l'écolier et qui lui ont été données en
récompense scolaire. -: -
Il y a une sorte de leçon de choses
mutuelle, un enseignement pratique et
certainement à la portée des enfants
puisqu'il émane d'eux-mêmes, très pro-
pre à leur donner sur les colonies et sur
l'existeoce coloniale des idées simples,
justes et attrayantes par la forme fami-
lière de leur présentation. Inversement,
les enfants trouvent dans les lettres de
leurs correspondants des indications
précieuses sur l'existence et le travail
dans la métropole,
Un système analogue a été organisé
par la direction de renseignement pri-
maire de la Ville de Paris, en 1906, sur,
la proposition de mon collègue Henri'
Turot. ;
Après une entente avec le ministre des
colonies, un certain nombre de gouver.
neurs s'intéressèrent à cet échange dei
correspondance et plusieurs écoles de la-1
Guadeloupe, des établissements français
de l'Inde et de l'Océanie, de la Guyane,,
de Taïti, de Madagascar envoyèrent des
lettres qui furent transmises, suivant lâ
méthode employée à Londres, aux direc-
teurs, directrices des écoles municipales
supérieures Turgot, Chaptal, Edgar-
Quinet et Sophie-Germain.
_1) nous est particulièrement agréable
dê'signaler ici l'ardente propagande de
Mme Janin, directrice de l'Ecole Edgar-
Quinet, qui recueillit les adhésions de
230 élèves de son établissement pour cet
envoi de correspondance coloniale inter-
scolaire. L'accueil très chaleureux fait
par tes élèves à ce projet permet d'espér
rer, disait la directrice de l'Ecole Edgar-
Quinet, qu'elles sauront en comprendre
l'intérêt et en tirer le profit attendu.
Mais le succès de cette tentative revient
tout entier à l'éminente pédagogue et à
ses professeurs qui se sent ralliés de tout'
coeur à un projet dont on nous permet-
tra de croire qu'il peut rendre quelques
services à l éducation de la femme au
point de vue colonial. C'est ce que mon
ami Gervais, dans son rapport budgé-
taire des colonies en 1907, appréciait eof
termes heureux :
On sait que l'émigration des femmes Pl',
rait devoir être signalée comme une dea
causes principales de la prospérité des
colonies ; on connaît également l'attache-
ment profond des Français au sol natal et
on voudra bien nous accorder la grâce de
croire qu.,, nous sommes loin de leur en
faire le plus léger reproche. Mais il nous
'sera permis de faire remarquer que. si les- ?
Anglaises se déplacent avec tant de faci-
lité, il n'en est pas de même en France,
où les femmes éprouvent une répugnance
séculaire et invincible à laisser partir au
loin leurs enfants ou leurs parents et en-
core plus de se fixer elles. mêrrues aux co"
lonies pour y fonder une famille.
Cet état d'esprit disparaîtra, quand on
leur apprendra ce qu'il faut savoir pour:
ne pas considérer les colonies comme des
terres de misères et de malheur et à ce
Siujjet, le succès imprévu de la corres-
pondance coloniale parmi tes jeunes filles
de l'école Edgar-Quinet encourage les plus
flatteuses espérances.
L'honorable député de la Seine ajou
tait, en parlant de cet essai de correfï
pondance coloniale que, en général, le
chiffre des lettres avait été peu élevé.
Des colonies importantes, l'Indo-Chine
entre autres, n'avaient pas envoyé leuc
adhésion.
Et M. A. Gervais adressait au ministre
des colonies une invitation des plus pres--
santes pour qu'il voulût bien donner les
instructions nécessaires afin de rappeler
aux gouverneurs l'intérêt qu'il y a daffs
J'établissement de relations plus intimes
entre les écoles et les écoliers des colorj
nies et de la métropole, et à engager eJÍ
même temps ces hauts fonctionnaires a
apporter leur active collaboration à cett*
œuvre de vulgarisation coloniale.
Quant à l'administration parisienne,
s'il faut la louer d'avoir montré une
bonne volonté évidente pour l'organisa-
tion de cette correspondance intersco"
lairé, il est non moins équitable jde cons-
tater l'erreur assez singulière commise
à l'égard de deux de nos colonies les plus
rapprochées de la métropole et qui,, à'
coup sûr, auraient apporté une contribu- -
tion importante à cette tentative.
En effet, la direction de l'enseigner
ment primaire s'était mise en rapports
avec le ministère des colonies, aussitôt*
après l'avis favorable du Conseil muni-
cipal, mais ses employés indifférents ne
possédaient que des notions vraiment
superficielles sur notre domaine colonial,,
et ils ont donné une preuve manifesta,
décisive de parfaite ignorance en géogra-
phie coloniale élémentaire puisqu'ils ont
laissé de côté l'Algérie et la Tunisie quf
dépendent, l'une du ministère de l'Inté-
rieur, l'autr-e des affaires étrangères !
Ces messieurs les ronds-de-cuir ne sa-
vaient pas cela, sans doute pour mieux
affirmer, par un personnel et original
exemple, la nécessité impérieuse de do-
ter au plus tôt nos écoles d'un enseigne-
ment colonial à tous les degrs.
J. HEXAFFE,
Vice-Président du Conseil Municipal
1 "r
•■ (LA JOURNÉE POLITIQUE t
Le conseil des ministres ,1
Les ministres et sous secrétaires d'Etat 'Ii
ci sont réunis hier matin m conseil à l'E-
IV sée sous la présidence de M. Fallières.
Ils ont procédé à un échange de Vum
., sur la situation créée par la prise en cornu
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