Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-03-12
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 12 mars 1905 12 mars 1905
Description : 1905/03/12 (N12784). 1905/03/12 (N12784).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
no 12784. — 21 VENTOSE AN 113 ---:" a Cb ,._,'" - DIMANCHE 1S MARS 1903.
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LA SEPARATION
Ce qui n'aurait pu être fait par Com-
bes parce qùfil ne le voulait pas va
l'être par Rouvier. Nous aurons, en
effet, la séparation des Eglises d'avec
l'Etat vers Pâques ou, au plus tard, à
la reprise de la session. Ainsi sera
réalisée une grande réforme que les
républicains n'ont cessé de poursui-
vre depuis plus de vingt ans.
Rouvier s'y est pris autrement que
son prédécesseur. Au lieu de se faire
tirer l'oreille pour déposer un projet
et d'apporter à la commission une sorte
de Concordat nouveau et de loi sur la
police des cultes, c'est bien la sépara-
tion qu'il propose sur des bases assez
-libérales. Commission et gouverne-
ment sont tombés vite d'accord.
Briand a, paraît-il, rédigé son rapport.
Nous pourrons donc commencer à dis-
cuter tout de suite après le vote de la
loi militaire.
***
Nous aurons l'occasion de revenir
sur le projet définitif de la commis-
sion. Pour aujourd'hui,je me bornerai,
-non pas à le commenter, mais à indi-
quer l'état d'esprit dans lequel se trou-
vent un grand nombre de députés de
gauche, à propos de la plus grosse dif-
ficulté que la commission et le gou-
vernement ont rencontrée sous leurs
pas. Il s'agit de la concession dés biens
dont, à cette heure, l'Eglise catholique
Jouit gratuitement; par conséquent,
des immeubles aiïectés au culte ainsi
que des presbytères.
Je me suis fait pour ma part — j'ou-
vre ici une parenthèse — un contrat
social auquel je tiens par dessus tout
Je me dis que si l'opinion politique
que j'ai doit être respectée par les au-
tres, c'est que, de mon côté, j'ai le de-
voir de respecter la leur. A ce compte,
4a vie est agréable, car les rapports
avecmes semblables sont pour le moins
Assez faciles. Je ne cherche donc pas à
imposer mon opinion ; par contre, et
je suis tout à fait dans mon droit, je
ne puis permettre à personne de cher-
cher à m'imposer la sienne.
De même, je ne vais pas à la messe,
mais je trouve tout naturel que les
autres y aillent si tel est leur bon
plaisir. Je me fâcherais si quelqu'un
voulait m'obliger à y assister. Donc,
- je suis bien contraint d'admettre que
j'autres auraient raison de se plaindre
si on tentait de les empêcher de s'y
rendre, puisqu'ils en ont l'habitude et
le goût.
, Le malheur est que tout le monde
ne pense pas ainsi que moi. Il y a des
'catholiques qui, au moment où le pou-
voir était avec eux, voulaient forcer
les incroyants à entrer à l'église. Et
aujourd'hui, alors que le gouverne-
ment ne protège plus la religion, des
républicains, qui se croient libres-
jwiaseurs, voudraient empêcher les
,catholiques de se réunir dans les
églises autour de leurs curés. Ces re-
présailles leur paraissent légitimes.
• Ils ne se doutent pas qu'en agissant
ainsi ils violent le plus important des
principes républicains : le respect de
la liberté.
u Ceci prouve surabondamment que
:\rEglise catholique a laissé une em-
preinte singulièrement forte sur les
cerveaux de nombreux citoyens de ce
.pays. Les républicains qui raisonnent
de la façon que je viens d'indiquer se
conduisent tout comme les cléricaux
les plus militants. A vrai dire, ils sont
des cléricaux à rebours, des cléricaux
retournés. Au dogme de l'existence de
jDieu, ils opposent le dogme de sa non-
existence. A l'obligation ancienne
ii'aller à la messe ils répondent par
l'obligation formelle de ne pas y aller.
L'un et l'autre dogmes, l'une et l'autre
obligations sont détestables au même
dégré. Cléricaux forcenés et cléricaux
retournés n'ont aucune conception de
-la liberté.
.*.
* Ce pays aimable qu'est la France est
à la fois incrédule et attache à ses tra-
ditions séculaires. Par la liberté, on
peut concilier et son incrédulité et ses
Vieilles habitudes. Par des lois restric-
tives, on provoquera un trouble pro-
fond qui introduira chez nous une
guerre civKe morale et qui soulèvera
Aa moitié de la nation contre l'autre
moitié.
C'est, bien entendu, ce qu'il faut
éviter, afin que la séparation des
vîglises avec l'Etat puisse être ce
, qu'elle doit être, une mesure d'apaise-
: ment et un acte de progrès.
:: Voilà pourquoi je regrette infiniment
- que la commission et le gouvernement
• ■n'aient pas résolu la concession des
biens de la manière ta plus large qui
, -lût. C'est pure folie que de laisser,
même après dix ans, les communes
libres de traiter ou non avec les asso-
ciations religieuses pour la localion
3es biens ecclésiastiques. Outre que,
iaas beaucour de communes, les as-
sociations et le clergé se verront oppo-
ser un refus absolu, le gouvernement
sera exposé à des réclamations qui
n'en finiront plus. :' ,"
Il se trouve en effet, parmi les ca-
tholiques, des gens aui prétendent que
le Concordat n'a rien innové en ma-
tière de propriété des Eglises et que
cette propriété appartient au clergé.
La thèse est insoutenable. Mais tout se
plaide. Le clergé saura se procurer
de l'argent pour intenter ces procès.
De là une agitation qu'il serait raison-
nable d'éviter. Ne peut-on pas crain-
dre, d'autre part, que le prétexte ne
soit suffisant pour aider à la Constitu-
tion d'un pacte catholique qui, à coup
sûr, deviendrait un jour gênant
J'aurais aimé, pour ma part, que la
question de propriété ne se posât
pas et qu'on n'eût pas l'air de vouloir
ainsi contrarier l'exercice du culte.
Une disposition impérative de la loi y
suffirait. Qu'on décide simplement que
toutes les églises et chapelles seront
mises à la disposition des associations
religieuses par un bail emphytéotique
et moyennant une location annuelle
d'un franc, pour rendre impossible
toute prescription.
***
Ce serait sage et prudent. Il est en-
core temps de le faire. Je supplie les
républicains d'y consentir. La Répu-
blique n'a rien à perdre à vivre de la
liberté. Et la liberté elle-même est le
plus,grand ferment de dissolution qui
soit pour ceux qui n'y sont pas habi-
tués.
CHARLES BPS;
0.
LES ON-DIT
POUR LES VIEUX ÉCRIVAINS
Les hommes de lettres ne sont
pas sans opposer quelques timi-
des objections à la destination
que l'Assistance publique donne
à la propriété de Médan. Ils
voudraient, nous dit la Presse
associée qui se fait l'écho de leurs doléan-
ces, que Mme Emile Zola revînt à son pro-
jet primitif, suivant lequel Médan serait
devenu une maison de retraite pour les
vieux artistes ès-lettres. On sait que M.
Mesureur a fait remarquer qu'il n'avait pas
dans son budget de crédit qui pùt être af-
fecté à une telle destination. L'Assistance
publique a besoin d'un asile pour ses infir-
mières en convalescence : Médan s'offre à
elle ; elle l'accepte.
FJle prendrait aussi bien une autre pro-
priété, également saine et bien située. C'est
justement pourquoi les écrivains disent à
M. Mesureur :
— Vous trouverez facilement une villa
pour vos infirmières; mais nous nous ne
trouverons plus Médan, si, une fois, vous
nous enlevez la demeure historique du
grand romancier.
— Mais, va répondre M. Mesureur, et
l'argentqu'il faudrait pour votre fondation,
où irez vous le chercher ?.
— Il y aura bien un Mécène pouf aider
Mme Emile Zola à compléter l'œuvre
qu'elle commence par sa magnifique do-
nation.
Ce point de vue n'est pas sans intérêt.
La maison de retraite des journalistes et
des écrivains à l'imitation de la maison de
retraite des vieux artistes, c'est un rêve
doux à caresser. Et ce peut être mieux
qu'un rêve.
Si la veuve de Zola et M. Mesureur veu-
lent faire un effort dans ce s ens, nous ne
saurions trop les y encourager.
A la condition, cependant, que les vail-
lantes infirmières de nos hôpitaux ne sè-
ront pas sacrifiées, et qu'on leur rendra
en joie et en santé l'équivalent de ce que
leur aurait donné Médan.
TIRELIRES NATURELLES
Les maris cascadeurs dissimulent leur
réserve métallique dans la coiffe de leur
chapeau, dans le canon de leur fusil de
chasse. Les Apaches mettent leurs écono-
mies, lorsqu'ils se sentent menacés des
justes lois, dans une tirelire naturelle, ce
qui les oblige à marcher droit dans la vie.
D'aucuns avalent une pièce de monnaie,
histoire de ne pas être tentés de la dépen-
ser sur l'heure. C'est un sport auquel je
ne vous engage pas à vous livrer, témoin
ce qui est arrivé à M. X., caissier.
Un jour, il s'amuse à placer dans sa bou-
che quelques pièces de dix francs et fait
mine de les avaler. L'une d'elle fila dans
le larynx. Il crut perdre le souffle, alla
consulter un médecin de quartier qui s'ef-
força de le rassurer, convaincu qu'il s'agis-
sait de phénomènes purement nerveux.
Enfin, après seize mois de souffrances et
d'angoisses, M. X. consulta le docteur
Barret, du dispensaire Furtado-Heine, qui
le radioscopa et découvrit la présence du
demi-louis à la partie moyenne de la bron-
che droite.
L'extraction eut lieu à l'hôtel-Dieu, dans
le service du professeur Le Dentu, par les
soins du docteur Jean Guisez, chef des
travaux d'oto-rhino-laryngologie ; elle ne
dura que trois minutes. Le malade est
rentré immédiatement chez lui.
C'est la quatrième opération de ce genre
qui esfr pratiquée en France en employant
la bronchoscopie, sans avoir recours à
l'ouverture de la trachée, toujours dan-
gereuse.
NOS GRANDS HOMMES ONT FROID
-
Nos « dégénérés supérieurs », comme
dit irrévérencieusement le docteur Thou-
louze en parlant des célébrités du jour,
sont très sensibles au froid. Il en est peu
qui consentent à passer le carême à Paris.
M. Paul Bourget est parti pour Nice, où
1 Accompagnait M. Melchior de Vogué. M.
Pierre Elzéar est allé méditer à Toulon la
nouvelle pièce qu'il compte livrer à Co-
quelin. M. Massenet triomphe à Monte-
Carlo. -Eniiie Fabre, sitôt [\;cs la pre-* 1
mière des Ventres dorés, a gagné, dit-on,
l'île méditerranéenne dont il est le Robin-
son périodique. bLAlbert Sorel, complète-
ment remis de la légère attaque d'influenza
qu'il a eue, se dispose aussi à émigrer au
pays du soleil et des fruits d'or. M. de
Montesquiou songe à cingler vers le Pôle
sud pour faire de l'homœopathie.
L'aigle va seul. , ,.
OBSTRUCTION IRLANDAISE
Nos régionalistes sont remuants. Je ne
suis pas sûr pourtant qu'ils soient aussi
agissants que leur coreligionnaires d'Ir-
lande. Trois cents de ces derniers envahis-
saient l'autre jour un bureau de poste de
Dublin et présentaient aux employés des
colis postaux tous adressés en dialecte ir-
landais.
Il faut savoir, d'une part, que le Post-
office n'admet, ni les lettres, ni les paquets
portant des adresses en langue gaélique ;
d'autre part, que la Ligue gaélique d'Ir-
lande poursuit une campagne pour obte-
nir l'abolition de cette disposition régle-
mentaire.
Les manifestants de Dublin sont arrivés
à empêcher pendant une journée le trafic
du bureau de poste choisi pour champ de
bataille contre l'Administration. C'est un
résultdt déjà.
VIRGINITÉ A REFAIRE
Les habitants de la rue Bréda ont entre-
pris une campagne pour faire changer le
nom de leur rue. Les propriétaires et les
commerçants prétendent que les souve-
nirs galants qui se rattachent au nom de
Bréda nuisent considérablement à leurs in-
térêts, et ils ont envoyé au Conseil muni-
cipal une pétition pour lui demander - de
débaptiser leur rue. On s'est plutôt amusé
à l'Hôtel de Ville. Pourquoi cet accès subit
de pudeur chez des habitants qui jusqu'ici
se sont montrés faciles et tolérants ? Les
commerçants ont longtemps vécu de ce
monde facile dont ils semblent rougir au-
jourd'hui. Est-ce donc que le monde de la
galanterie aurait abandonné ce quartier ?
C'est la seule chose qui puisse expliquer la
rage pudibonde des habitants de la rue
Bréda : ils veulent se refaire une virgi-
nité !
EXPLOPATEUR EN DISGRACE
Bien que l'actualité soit de plus en plus
rapide dans sa fuite éperdue, on se sou-
vient encore de cet officier de marine, qui
eut maille à partir avec M. Pelletan et se
signala par des explorations hardies, dan-
gereuses, même par leurs conséquences
internationales, en Extrême-Orient. Mis
en disponibilité, il se trouva sans grandes
ressources sur le pavé de Paris. Il a eu der-
nièrement l'idée d'utiliser ses connaissan-
ces techniques en entrant dans l'usine d'un
grand constructeur, dont le nom sonne
souvent dans les réclames de l'industrie
sportive.
Le Passant,
Ai ■ ■
LES MAJORATS
En repoussant l'amendement Thivrier, la
Chambre parait avoir obéi à un scrupule exa-
géré.
Si les majorais avaient été créés par une
assemblée souveraine représentant la Nation,
on comprendrait le sentiment qui a guidé la
Chambre ; mais toi n'est point le cas. Les ma-
jorats ont été institués par lo simple caprice
d'un homme qui lui-même avait usurpé le
pouvoir suprême.
Les majorais a'ont, en effet, pas été établis
par UriO loi, mais par un décret, le fameux
décret du 1" mjufs 1808.
En q'Mi un décret rendu par un homme qui
s'est attribué la qualité de souverain peut-il
lier les générations futures?
Quelle force légale peut avoir une mesure
quasi financière prise en dehors du consente-
ment des représentants du pays ?
De quel droit un empereur parjure et usur-
pateur peut-il disposer des deniers de la Na-
tion ?
Napoléon a-t-il constitué les majorats de
ses deniers personnels ou bien avec les fonds
de l'Etat? ----
Toute la question est là.
S'il les avait constitués au moyen d'un pré-
lèvement sur sa lisle civile, on se trouverait
en présence d'une donation privée dont il con-
viendrait de respecter les clauses. Mais Napo-
léon n'a pas ou un pareil accès do délicatesse.
C'est dans notre poche qu'il a pris l'argent
nécessaire pour doter ses favoris et c'est à
nous qu'on demande aujourd'hui de continuer
des libéralités qui, en toute justice, auraient
au moins dû s'arrêter dès la mort des enfants
directs des bénéficiaires.
Si on admet la perpétuité de dotations ac-
cordées sans l'approbation d'un Parlement ou
d'une assemblée nationale, il faut alors recon-
naître la légalité des apanages créés par nos
rois en faveur de la noblesse.
Les deux privilèges sont le résultat d'un
abus du pouvoir personnel. Ils doivent être
entachés d'illégalité au même titra et le pea-
ple n'est pas tenu de reconnaître la validité
d'actes sur lesquels il n'a pas été appelé à sta-
tuer.
Il est facile de faire lo généreux avec l'ar-
gent du voisin 1 Mais il est encore plus loyal
et plus correct d3 consulter le susdit voisin
avant de lui soutirer l'argent nécessaire pour
enrichir un citoyen quelconque, ce dernier
serait-il l'homme le plus éminent du pays.
En résumé, les majorais, institués sans le
consentement des représentants du pays, ne
constituent qu'un abus de pouvoir auquel la
nation a le droit da remédier dès qu'elle a
reconquis sa liberté.
Pourquoi la France n exercerait-ella pas ce
droit aujourd'hui ?
JEAN CLERVAL.
LE CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis hier matin, à
l'Elysée, sous la présidence de M. Loabet.
Ils ont procédé à l'expédition des affaire
courantes. -,
Le ministre de ta marina a fait signer des
décrets aux termes desquels sont nommés : !
Au grade de contre-amiral, le capitaine de vais-
seau Kranlz, en remplacement du conlre-amirat
Rivet, passé dans la 2 secUon, et le capitaine de
vaisseau JOéSQI, en remplacement du cofllro-amiral
Antoilleb, q(il passer i également dans la 21 section
(cette dernière nomination comptera à partir du 14
avril 1905).
Au-grade de capitaine de vaisseau, les- capitai-
nos de frégate Le Moine des Mares, eni'cmptt\ce- -
ment du capitaine de vaisseau Krantz, promu
contre-amiral ; Rouyer, en remplacement du capi-
taine de vaisseau Lepotaire, retraite; de Guey-
dou, en remplacement du capitaine de vaisseau
Kiésel, promu contre-amiral.
Les ministres se réuniront lundi prochain
en conseil de cabinet au ministère des finan-
ces, sous la présidence de M. 'Rouvier.
.—————————.— <
- LA BONNE PRISON
Ce n'est pas, comme vous l'imaginez, la
prison de Fresnes : on sent, on voit que celle-
ci est non seulement européenne, mais fran-
çaise ; elle est restée, jusqu'à un certain point,
sage, calme, tranquille, retenue, tempérée et
modérée ; elle est et demeure un produit de
la pondération de l'Ancien-Monde.
La bonne prison, la réellement bonne pri-
son, ne pouvait se trouver et ne se trouve
qu'en Amérique. Pour des conceptions nou-
velles, il faut des mondes nouveaux.
La vraie bonne prison est celle do San-
Quentin, une des deux prisons criminelles de
la Californie.
A bon vin, pas d'enseigne, dit le proverbe ;
à bonne prison, pas besoin de directeur, ou
presque pas. On a donc choisi pour diriger la
prisonde San-Quentin un homme qui fût aussi
peu directeur que possible, un politicien qui
avait passé sa vie à ouvrir les colis en douane.
Grâce à cet homme de bien, qui savait ap-
précier la valeur des produits que les nations
échangent entre elles, les gardiens de la
prison purent abondamment fournir leurs
« clients » de whisky, de Champagne, de mor-
phine, de peaux de mouton, d'armes de tou-
tes sortes, de poudre de guerre et de poudre
de riz. Parfaitement, dé la poudre de riz et
môme d'extrait de violette ! Quand ce ne se-
rait que pour soi-même, on aime à sentir
bon.
On ne passe pas non plus impunément son
existence à ouvrir des colis sans éprouver
l'envie d'ouvrir autre chose, des portes par
exemple.
C'est ce qui put être constaté à la bonne
prison de San-Quentin, le jour de Noël. dans
des circonstances qui méritent d'être relatées.
L'après-midi, après la mise en cellule par-
fumée des prisonniers désireux de goûter un
peu de repos, le chef des gardiens, faisant sa
ronde habituelle, s'aperçut qu'il manquait
une douzaine de convicts. Ils avaient tranquil
lement laissé leurs portes ouvertes ; nulle
trace d'effraction ; aucun désordre à l'inté-
rieur des cellules; il ne pouvait être question
d'évasion. Où saurait-on être mieux, d'ail-
leurs, le jour de Noël, qu'au sein de sa fa-
mille?
Le gardien-chef se mit à la recherche des
« promeneurs ». Après de longues et infruc-
tueuses investigations, il se dirigeait tout pe-
naud vers l'appartement du directeur pour
lui révéler ces fugues inexplicables, lorsqu'une
formidable explosion de riçgs tonitruants l'ar-
rêta net sur le seuil de la salle à manger. Ce-
pendant, esclave du devoir et de la consigne,
il poussa la porte et resta abasourdi, ahuri,
muet de stupeur et d'incompréhension, de-
vant le spectacle qui s'offrait à ses yeux.
Autour de la table directoriale, devant la
dinde traditionnelle, buvaient, mangeaient,
sacraient et tempêtaient les douze convicts
comme les plus honnêtes lurons du monde.
Quand notre gardien chef, piqué par les
quolibets des prisonniers, eut recouvré ses
esprits et la parole, il ne put s'empêcher de
blâmer en termes très vifs l'exquise bonhomie
et l'admirable mansuétude de son directeur.
Grave manquement à la discipline. On le
lui fit bien voir. Les convicts dénoncèrent ses
propos malsonnants et déposèrent une plainte
contre ce subalterne qui avait osé critiquerjes
actes de son supérieur hiérarchique. Où irait-
on, Seigneur, s'il n'y avait plus de hiérarchie
dans les prisons !
La plaiote, heureusement, suivit son cours,
et l'insolent gardien-chei fut révoqué.
C'est ainsi que les bonnes prisons font les
bons prisonniers.
G. de Vorney.
J'écrivais, hier, que la Rema Cuaresma, à
Madrid, portait pour sceptre un poireau. No-
tre correcteur a mis : pour spectre, parce que
notre corracteur est un ironiste,, et qu'à ses
yeux tous les sceptres ne sont plus que des
spectres. Nos lecteurs ont donc eu tort, à son
avis sinon au mien, quand, suivant la for-
mule, ils ont rectifié d'eux-mêmes. Et cela
prouve, une fois de plus, avec quelle rapidité
vieillissent les formules.
——n —— : ,
DEPLACEMENTS D'OFFICE
La situation des instituteurs a été, depuis
six mois, considérablement améliorée. La
Chambra a voté un crédit important qui per-
mettra do liquider les retraites arriérées et de
donner un repos mérité aux vieux maîtres
que l'âge et les infirmités empêchent de con-
tinuer utilement leur service.
Puis M. Bienvenu-Martin a pris l'engage-
ment formel de faire cesser li pratique des
rapports secrets. Désormais, les instituteurs
ne seront plus à la merci d'una dénonciation
anonyme ou de délations mensongères. Leur
dossier tout entier leur sera comhlUniqué.
Reste la question des déplacements d'office
dont la solution s'impose maintenant à ceux
qui cherchent à sauvegarder la sécurité du
personnel enseignant.
Le déplacement d'office est consacré par l'ar-
ticle 29 de la loi du 30 octobre 1886, qui porte
que le changement de résidence d'une com-
mune à une autre pour nécessité de service
est prononcé par le préfet, sur la proposition
de l'inspecteur d'académie.
C'est en apparence une simple mesure ad-
ministrative ; en réalité, c'est une peine très
dure, lorsque l'instituteur est déplacé malgré
lui, obligé de quitter une commune où il a
ses habitudes, ses affections, ses intérêts, et
envoyé à l'autre bout du département, dans
un village où peut-être il ne jouira pas des
mêmes avantages (indemnités pour cours d'a-
dultes, secrétariat de mairie) qui sont pour
lui si appréciables.
Il faut donc que des garanties soit données
contre le déplacement d'ofllce, et la meilleure,
suivant nous, serait qu'il ne soit jaunis pro-
noncé sans l'avis conforme du conseil dépar-
temental devant lequel le fonctionnaire inté-
ressé aurait le droit de comparaîtra, de s'ex-
pliquer, de se défendre et da sa justifier,
après avoir pris connaissanca de toutes les
plaintes formulées contre lui. En somme,
l'instituteur aura de celte manière la même
garantie contre le déplacement d'office que
contre la révocation et ce sera justice.
Devant le conseil départemental, tout se
passera au grand jour. Seules des raisons sé-
rieusîs et Avouables pourront être invoquées
contre le maitC.e. ot il sera ainsi soustrait à
l'arbitraire des inspecteurs primaires un peu
trop dociles aux s..7l'I't'tations des poteutate de
village et des tyranneaux de chef-lieu de can-
ton, ,
N » - • CAIXmAS.
LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE
F* RB~tt BFF%F*~5
PRISE DE.. MOUKDEN
LE DÉSASTRE RUSSE
Les Japonais dans « la Ville-Sainte ». — Prise de Tita et de
Fouchoun. — Au nord de Moukden. — Les communications
de Kouropatkine coupées. --Bruits sinistres.— L'armée
russe enveloppée. — Les difficultés de la retraite.
L'opinion en Europe.
Les Japonais sont maîtres de Moukden,
de Tita et sans doute de Fouchoun. A l'est,
Kuroki victorieux, traverse le Hun-Ho. A
l'ouest,Nogi avec ses vétérans continue sa
marche vers le nord et a coupé les commu-
nications, le chemin de fer et le télégraphe
entre Tiéling et Moukion.
Pas de télégraphes, pas de nouvelles. A
Saint-Pétersbourg l'angoisse est profonde,
tant dans les cercles de l'état-major que
dans le peuple. On ne se dissimule pas que
c'est au milieu de terribles difficultés que
Kouropatkine va battre en retraite. Et déjà
les bruits les plus sinistres circulent. On
parle d'enveloppement.On parle de débâ-
cle, on parle d'écrasement. -
La prise de Tita et de Fouchoun est pour
les Russes très alarmante. C'est avec Tita
et Fouchoun comme points d'appui que
devait s'effectuer, sur doux colonnes, la re-
traite de l'armée russe vers Tieling.
Or, maîtres des rives du Hun-Ho, les
Japonais peuvent concentrer sur les ar-
mées russes un feu d'artillerie désastreux,
et ils peuvent scinder et battre en détail
les forces de Kouropatkine. Quant à Nogi
qui marche sur Tieling, c'est une menace
perpétuelle, c'est, suspendue sur la tête de
Kouropatkine, la redoutable épée de Ba-
moclès. Comment va se ravitailler l'ar-
mée russe en retraite ? Quel est l'état des
routes qu'elle va suivre ? Quelles positions
va-t-elle demain occuper ?
Je sais bien que l'état-major russe ne
perd pas confiance en l'issue de la guerre.
« Il faut avoir de la patience, dit-il, et at-
tendre que le plan de Kouropatkine (! ?) qui
est de reculer en infligeant des pertes à
l'ennemi, reçoive toute son application. A
moins que Oyama ne parvienne à cerner
Kouropatkine et son armée,les batailles de
Liao-Yang et du Cha-Ho n'auront été que
de terribles « combats d'arrêt » pour per-
mettre à la Russie de gagner du temps
afin d'affaiblir l'ennemi pour lequel la cam-
pagne de Kharbine, s'il l'entreprend, de-
viendra, espérons-le, une véritable « re-
traite de Moscou ».
Très bien.Mais Kouropatkine lui-même
arrivera-t-il jusqu'à Kharbine?.
EN MANDCHOURIE
L'occupation de Moukden
Tokio, 10 mars.
Les Japonais ont occupé Moukden ce matin,
vendredi, à iO h.
vendredi, à: 10 h. Niou-Chouang, 10 mars.
Suivant des bruits parvenus ici; Moukden
serait tombé virtuellement au pouvoir des Ja-
ponais à 10 h.
Le général Kouropatkine aurait perdu des
milliers de prisonniers, et une quantité énorme
de canons et d'approvisionnements.
Tokio, 10 mars.
Le maréchal Oyama télégraphie :
Nous avons occupé Moukden aujourd'hui à
10 heures du matin.
Notimouvement d'enveloppement qui se
poursuivait depuis plusieurs jours a tnainte-
nant complètement réussi.
Des combats d'une extrême-violence conti-
nuent sur plusieurs points dans les environs
de Moukden. Nous avons pris un grand nom-
bre de prisonniers, d'énormes quantités d'ar-
mes, de munitions, de provisions et d'équi-
pements. Nous n'avons pas le temps de les
dénombrer.
La marche des Japonais
Tokio, 10 mars.
Hier matin, les Japonais ont pris Tita, à
16 kilomètres au nord de Machuntan.
Ils continuent leur marche vers Fouchoun.
Les Russes défendent vigoureusement les forti-
fications au nord du Houn-Ho.
De grands nuages de poussière gênent les
opérations.
Tokio, 10 mars.
Les Japonais ont occupé hier au soir Fou-
choun. Le combat continue sur plusieurs hau-
teurs au nord de Fouchoun.
Tokio, 10 mars.
Les Japonais ont pris aux Russes un grand
nombre de canons et virtuellement toutes leurs
grosses pièces.
Tokio, 10 mars.
On télégraphie du quartier général :
Nos forces, dans la direction de Tsin-Ho-
Tcheng,attaquent depuis plusieurs jours.
L'ennemi a fait une résistance obstinée dans
de fortes positions dans le voisinage de Tita.
Finalement, jeudi malil, à trois heures, nous
l'avons complètement délogé et nous sommes
à sa poursuite.
Nos forces, dans le voisinage de Ma-Tsiou-
Dan, continuent à presser les Russes vers
Fouchoun.
Dans la direction du Cha-Ho, à l'est et au
sud de Moukden, nous avons entièrement re-
poussé l'ennemi vers la bassin du Houn-Ho.
Nous avons fait halte sur la rive gauche,
pour attaquer les puissantes fortifications de
l'ennemi à l'ouest et au nord de Moukden
Notre attaque, qui a rencontré une résis-
tanco obstinée, est poussée avec vigueur.
Des nuages de poussière soulevés par le
vent cachent aujourd'hui le soleil, et l'obscu-
rité qui en résulte empêcha de voir à dis-
tance.
---.- -- Niou-Tchouang, 10 mats.
Les réfugiés disent que la retraite générale
des Russes sur Tiéling a commencé lundi.
Touto l'étendue du front des Russes, au nord-
ouest de Moukden, est sillonnée de mines sou-
terraines qui causeront de grands ravages
dans les rangs ennemis.
Une contre-attaque de l'aile droite du géné-
ral Kouropatkine a été repousséa. Un impor-
tant détachement japonais se trouve sur la
route principale, à 15 milles au nord de Ping-
lupa, et un autre au nord de cette ville, des
deux côtés du chemin de fer.
: Tokio, 10 mars.
On télégraphie du quartier général :
Nos forcéS, dans la direction de Sing-Ching,
attaquent depuis plusieurs jours. L'ennemi
a fait une résistance obstinée dans de fortes
positions dans le voisinage de Tita. Finale-
ment, jeudi matin, à 3 heures, nous l'avon"
complètement délogé, et nous sommes à sa
poursuite.
Nos forces, dans le voisinage de Ma-Ch un-
Tan, continuent à presser les Russes vers Fou*
Choun. ,
Dans la direction du Cha-Ho, à l'est et au
sud de Moukden, nous avons entièrement re-
poussé l'ennemi vers le bassin du Houn-Ho.
Nous avons fait halt3 sur la rive gauche, pour
attaquer les puissantes furtificatious de l'en-
nemi à l'ouest et au nord de Moukden. Notre
attaque, qui a rencontré une résistance obsti-
née, est poussée avec vigueur.
Des nuages de poussière soulevés parie vent
cachent aujourd'hui le soleil, et l'obscu-
rité qui en résulte empêche de voir à distance.
La retraite russe
Saint-Pétersbourg, 10 mars.
Selon les dernières informations parvenues
à l'état-major général, la marche en avant du
général Oku a été arrêtée.
L'armée de Kouropatkine n'a pas encore
quitté Moukden, quoiqu'elle so soit retirée de
la ligne du Cha-Ho, sur la position du Hun-
Ho, le corps de Meyendorff a abandonné la
colline de Poutiloff ; toute l'armée de Bildor-
ling est maintenant au sud ouest de Moukden
et celle de Linievitch au sud-est.
La cavalerie de Rennenkampf a été retirée
de Madziandan pour renforcer Kaulbers au
nord-ouest de Moukden..
D'après les correspondants russes, la cava-
lerie japonaise a coupé les fils télégraphiques
et enlevé les rails sur plusieurs points du
chemin de fer entre Mnukden et Tiéting, mais
les communications ont été rétablies.
Moukden, 10 mars.
Une vigoureuse canonnade est actuelle-
ment dirigée, dans le voisinage des anciennes
tombes du nord, contre les forces japonaises.
qui arrivent en masse sur le chemin de fer
où de nouvelles troupes russes ont été rassem-
blées pour les recevoir. L'étroite bande de ,
terrain à l'ouest du chemin de fer est littéra-
lement couverte de soldats et d'apparails mi---
litaires.
Le frond sud tout entier se retire, confor-
mément au plan formé à la suite du combat
d'aujourd'hui.
De leur côté, les Japonais, craignant de voit
ce mouvement réussir, se hâtent vers le norf
en tournant la droite russe.
Hier soir, avant la retraite, un feu nourri
s'étendait sur tout le front sud ; il a continué
toute la nuit et, pour la première fois, on a
pu l'entendre de Moukden.
Au lever du jour, le vacarme grandit à ma-
sure que la canonnade gagne l'ouest et le
nord. Il doit être encore impossible aux Japo-
nais de tourner les Russes sur leurs Dositions
du Hun-Ho ; la succès doit dépendre entière"-
ment des résultats obtenus sur la ligne de
bataille vers le nord, au délà du chemin d-
fer.
L'évacuation de leurs positions du Cha-Ho
a forcé les Russes a abandonner plusieurs C6n
taines de milles de chemin de fer, des télégra-
phes de campagne, des routes militaires s'éien.
dant sur 500 milles carrés, d'énormes lra.
vaux de défense et l'immense camp de h
Croix-Rouge. « -
On a détruit, par le feu, de grandes quan-
tités de combustibles et da fourrages. La fu.,
mée qui se dégage du champ de bataille et de?
nombreux incendies allumés un peu partout
obscurcit la ligne de combat ; il devient prest
quo impossible de voir les opérations.
Les hôpitaux sont bondés, mais le service
est encore approprié aux besoins. Le soleil
brille et la douceur de la température épar-
gne aux blessés et aux réserves de grandes
souffrances.
Les réserves et les troupes de soutiansmt
obligées de creuser de larges abris au contre
de la plaine découverte et de s'y étendre pour
éviter les schrapnels qui balaient une super.
ficie de 15 milles à l'ouest. Quant aux troupes
qui sont sur la ligne de bataille, longue de
près de 90 milles, elles sont constamment ex..
posées.
Moukden, 10 mars.
Lacanonnade, sur le front sud, a comme ne*,
hier soir à dix heures. L'évacuation de toute
les positions du Cha-Ho et de Ma-Chan-Taa a
commencé à minuit.
Le général llennenkampf, qui depuis huil
jours consécutifs, soutient toutes les attaques 4
l'est, et les autres commandants, ont demandt-
à rester sur les positions qu'ils occupent; leur
demande a été repou^ée.
Los Japonais avancent rapidement vers U
Hun-Uo,où les Russes croient qu'ils pourront
tenir sans difficulté.
Le télégraphe est constamment menaca
ce matin même, le bruit courait qu'il avÚt été
coupé.
Moukden, 10 mars.
Hier soir, les Japonais arriva/it du sud on
traversé les plaines abandonnées situées en'
tre les cours dit Cha et du Houn.
Actuellement,d trois milles au sud du Houni
et à portée de celle rivière, eu face de Ma-Chio,
Pou, vers le nord, les batteries japonaises fon
pleuvoir un feu incessant.
Les Japonais ont réussi à placer des piècei
de siège à Diu-Chan-Tun, à six milles à l'ouesi
de la ville et de là, avec des mortiers et d
pièces de siège ils ont commencé le feu avam
l'aurore..
Ce village a été bier le théâtre du combat Il
plus sanglant et le plus f charné da toute cette
terrible bataille. La possession de ce village
est d'uno importance capitale. Les Japonaif
l'ont pris d'assaut à plusieurs reprises; le.
Russes, après en avoir été chassés, revenaieiv
et reprenaient le village. La plus grande pal'
tie do l'engagement à consisté eu un corps
corps. Les témoins oculaires disent que lesca
davres étaient éparpillés dans les rues et dans
les cours des maisons;, ces cadavres étaient
là depuis quatre jours. Les fusils de guerre tr
les autres armes gisent par terro de tous cjtét
tordus et abîmés. Les Japonais sa sont servi
de grenades, qu'ils lançaient à la main.
La garnison a eu à souffrir du feu concea
tré de plusieurs centaine3 de canons.
Une fuis que Diu-Chan-Tun so trouvera o;
leur pouvoir, les Japonais pourront tourna
leurs canons contre la station de Moukden.
Les Japonais concentrent aussi leurs efforf
à sept milles au nord de Moukden et à cini
milles à l'ouest du chemin de fer, dans le bo
de se frayer un passage, et de couper et cet
ner les troupes qui seront en deçà de 1
ville,
* ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
14, pue du Mail, Paris.
* ».
-fit chez MM. LAGRANGE, CERF et 0
place de la Bourse, 6 ;
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LA SEPARATION
Ce qui n'aurait pu être fait par Com-
bes parce qùfil ne le voulait pas va
l'être par Rouvier. Nous aurons, en
effet, la séparation des Eglises d'avec
l'Etat vers Pâques ou, au plus tard, à
la reprise de la session. Ainsi sera
réalisée une grande réforme que les
républicains n'ont cessé de poursui-
vre depuis plus de vingt ans.
Rouvier s'y est pris autrement que
son prédécesseur. Au lieu de se faire
tirer l'oreille pour déposer un projet
et d'apporter à la commission une sorte
de Concordat nouveau et de loi sur la
police des cultes, c'est bien la sépara-
tion qu'il propose sur des bases assez
-libérales. Commission et gouverne-
ment sont tombés vite d'accord.
Briand a, paraît-il, rédigé son rapport.
Nous pourrons donc commencer à dis-
cuter tout de suite après le vote de la
loi militaire.
***
Nous aurons l'occasion de revenir
sur le projet définitif de la commis-
sion. Pour aujourd'hui,je me bornerai,
-non pas à le commenter, mais à indi-
quer l'état d'esprit dans lequel se trou-
vent un grand nombre de députés de
gauche, à propos de la plus grosse dif-
ficulté que la commission et le gou-
vernement ont rencontrée sous leurs
pas. Il s'agit de la concession dés biens
dont, à cette heure, l'Eglise catholique
Jouit gratuitement; par conséquent,
des immeubles aiïectés au culte ainsi
que des presbytères.
Je me suis fait pour ma part — j'ou-
vre ici une parenthèse — un contrat
social auquel je tiens par dessus tout
Je me dis que si l'opinion politique
que j'ai doit être respectée par les au-
tres, c'est que, de mon côté, j'ai le de-
voir de respecter la leur. A ce compte,
4a vie est agréable, car les rapports
avecmes semblables sont pour le moins
Assez faciles. Je ne cherche donc pas à
imposer mon opinion ; par contre, et
je suis tout à fait dans mon droit, je
ne puis permettre à personne de cher-
cher à m'imposer la sienne.
De même, je ne vais pas à la messe,
mais je trouve tout naturel que les
autres y aillent si tel est leur bon
plaisir. Je me fâcherais si quelqu'un
voulait m'obliger à y assister. Donc,
- je suis bien contraint d'admettre que
j'autres auraient raison de se plaindre
si on tentait de les empêcher de s'y
rendre, puisqu'ils en ont l'habitude et
le goût.
, Le malheur est que tout le monde
ne pense pas ainsi que moi. Il y a des
'catholiques qui, au moment où le pou-
voir était avec eux, voulaient forcer
les incroyants à entrer à l'église. Et
aujourd'hui, alors que le gouverne-
ment ne protège plus la religion, des
républicains, qui se croient libres-
jwiaseurs, voudraient empêcher les
,catholiques de se réunir dans les
églises autour de leurs curés. Ces re-
présailles leur paraissent légitimes.
• Ils ne se doutent pas qu'en agissant
ainsi ils violent le plus important des
principes républicains : le respect de
la liberté.
u Ceci prouve surabondamment que
:\rEglise catholique a laissé une em-
preinte singulièrement forte sur les
cerveaux de nombreux citoyens de ce
.pays. Les républicains qui raisonnent
de la façon que je viens d'indiquer se
conduisent tout comme les cléricaux
les plus militants. A vrai dire, ils sont
des cléricaux à rebours, des cléricaux
retournés. Au dogme de l'existence de
jDieu, ils opposent le dogme de sa non-
existence. A l'obligation ancienne
ii'aller à la messe ils répondent par
l'obligation formelle de ne pas y aller.
L'un et l'autre dogmes, l'une et l'autre
obligations sont détestables au même
dégré. Cléricaux forcenés et cléricaux
retournés n'ont aucune conception de
-la liberté.
.*.
* Ce pays aimable qu'est la France est
à la fois incrédule et attache à ses tra-
ditions séculaires. Par la liberté, on
peut concilier et son incrédulité et ses
Vieilles habitudes. Par des lois restric-
tives, on provoquera un trouble pro-
fond qui introduira chez nous une
guerre civKe morale et qui soulèvera
Aa moitié de la nation contre l'autre
moitié.
C'est, bien entendu, ce qu'il faut
éviter, afin que la séparation des
vîglises avec l'Etat puisse être ce
, qu'elle doit être, une mesure d'apaise-
: ment et un acte de progrès.
:: Voilà pourquoi je regrette infiniment
- que la commission et le gouvernement
• ■n'aient pas résolu la concession des
biens de la manière ta plus large qui
, -lût. C'est pure folie que de laisser,
même après dix ans, les communes
libres de traiter ou non avec les asso-
ciations religieuses pour la localion
3es biens ecclésiastiques. Outre que,
iaas beaucour de communes, les as-
sociations et le clergé se verront oppo-
ser un refus absolu, le gouvernement
sera exposé à des réclamations qui
n'en finiront plus. :' ,"
Il se trouve en effet, parmi les ca-
tholiques, des gens aui prétendent que
le Concordat n'a rien innové en ma-
tière de propriété des Eglises et que
cette propriété appartient au clergé.
La thèse est insoutenable. Mais tout se
plaide. Le clergé saura se procurer
de l'argent pour intenter ces procès.
De là une agitation qu'il serait raison-
nable d'éviter. Ne peut-on pas crain-
dre, d'autre part, que le prétexte ne
soit suffisant pour aider à la Constitu-
tion d'un pacte catholique qui, à coup
sûr, deviendrait un jour gênant
J'aurais aimé, pour ma part, que la
question de propriété ne se posât
pas et qu'on n'eût pas l'air de vouloir
ainsi contrarier l'exercice du culte.
Une disposition impérative de la loi y
suffirait. Qu'on décide simplement que
toutes les églises et chapelles seront
mises à la disposition des associations
religieuses par un bail emphytéotique
et moyennant une location annuelle
d'un franc, pour rendre impossible
toute prescription.
***
Ce serait sage et prudent. Il est en-
core temps de le faire. Je supplie les
républicains d'y consentir. La Répu-
blique n'a rien à perdre à vivre de la
liberté. Et la liberté elle-même est le
plus,grand ferment de dissolution qui
soit pour ceux qui n'y sont pas habi-
tués.
CHARLES BPS;
0.
LES ON-DIT
POUR LES VIEUX ÉCRIVAINS
Les hommes de lettres ne sont
pas sans opposer quelques timi-
des objections à la destination
que l'Assistance publique donne
à la propriété de Médan. Ils
voudraient, nous dit la Presse
associée qui se fait l'écho de leurs doléan-
ces, que Mme Emile Zola revînt à son pro-
jet primitif, suivant lequel Médan serait
devenu une maison de retraite pour les
vieux artistes ès-lettres. On sait que M.
Mesureur a fait remarquer qu'il n'avait pas
dans son budget de crédit qui pùt être af-
fecté à une telle destination. L'Assistance
publique a besoin d'un asile pour ses infir-
mières en convalescence : Médan s'offre à
elle ; elle l'accepte.
FJle prendrait aussi bien une autre pro-
priété, également saine et bien située. C'est
justement pourquoi les écrivains disent à
M. Mesureur :
— Vous trouverez facilement une villa
pour vos infirmières; mais nous nous ne
trouverons plus Médan, si, une fois, vous
nous enlevez la demeure historique du
grand romancier.
— Mais, va répondre M. Mesureur, et
l'argentqu'il faudrait pour votre fondation,
où irez vous le chercher ?.
— Il y aura bien un Mécène pouf aider
Mme Emile Zola à compléter l'œuvre
qu'elle commence par sa magnifique do-
nation.
Ce point de vue n'est pas sans intérêt.
La maison de retraite des journalistes et
des écrivains à l'imitation de la maison de
retraite des vieux artistes, c'est un rêve
doux à caresser. Et ce peut être mieux
qu'un rêve.
Si la veuve de Zola et M. Mesureur veu-
lent faire un effort dans ce s ens, nous ne
saurions trop les y encourager.
A la condition, cependant, que les vail-
lantes infirmières de nos hôpitaux ne sè-
ront pas sacrifiées, et qu'on leur rendra
en joie et en santé l'équivalent de ce que
leur aurait donné Médan.
TIRELIRES NATURELLES
Les maris cascadeurs dissimulent leur
réserve métallique dans la coiffe de leur
chapeau, dans le canon de leur fusil de
chasse. Les Apaches mettent leurs écono-
mies, lorsqu'ils se sentent menacés des
justes lois, dans une tirelire naturelle, ce
qui les oblige à marcher droit dans la vie.
D'aucuns avalent une pièce de monnaie,
histoire de ne pas être tentés de la dépen-
ser sur l'heure. C'est un sport auquel je
ne vous engage pas à vous livrer, témoin
ce qui est arrivé à M. X., caissier.
Un jour, il s'amuse à placer dans sa bou-
che quelques pièces de dix francs et fait
mine de les avaler. L'une d'elle fila dans
le larynx. Il crut perdre le souffle, alla
consulter un médecin de quartier qui s'ef-
força de le rassurer, convaincu qu'il s'agis-
sait de phénomènes purement nerveux.
Enfin, après seize mois de souffrances et
d'angoisses, M. X. consulta le docteur
Barret, du dispensaire Furtado-Heine, qui
le radioscopa et découvrit la présence du
demi-louis à la partie moyenne de la bron-
che droite.
L'extraction eut lieu à l'hôtel-Dieu, dans
le service du professeur Le Dentu, par les
soins du docteur Jean Guisez, chef des
travaux d'oto-rhino-laryngologie ; elle ne
dura que trois minutes. Le malade est
rentré immédiatement chez lui.
C'est la quatrième opération de ce genre
qui esfr pratiquée en France en employant
la bronchoscopie, sans avoir recours à
l'ouverture de la trachée, toujours dan-
gereuse.
NOS GRANDS HOMMES ONT FROID
-
Nos « dégénérés supérieurs », comme
dit irrévérencieusement le docteur Thou-
louze en parlant des célébrités du jour,
sont très sensibles au froid. Il en est peu
qui consentent à passer le carême à Paris.
M. Paul Bourget est parti pour Nice, où
1 Accompagnait M. Melchior de Vogué. M.
Pierre Elzéar est allé méditer à Toulon la
nouvelle pièce qu'il compte livrer à Co-
quelin. M. Massenet triomphe à Monte-
Carlo. -Eniiie Fabre, sitôt [\;cs la pre-* 1
mière des Ventres dorés, a gagné, dit-on,
l'île méditerranéenne dont il est le Robin-
son périodique. bLAlbert Sorel, complète-
ment remis de la légère attaque d'influenza
qu'il a eue, se dispose aussi à émigrer au
pays du soleil et des fruits d'or. M. de
Montesquiou songe à cingler vers le Pôle
sud pour faire de l'homœopathie.
L'aigle va seul. , ,.
OBSTRUCTION IRLANDAISE
Nos régionalistes sont remuants. Je ne
suis pas sûr pourtant qu'ils soient aussi
agissants que leur coreligionnaires d'Ir-
lande. Trois cents de ces derniers envahis-
saient l'autre jour un bureau de poste de
Dublin et présentaient aux employés des
colis postaux tous adressés en dialecte ir-
landais.
Il faut savoir, d'une part, que le Post-
office n'admet, ni les lettres, ni les paquets
portant des adresses en langue gaélique ;
d'autre part, que la Ligue gaélique d'Ir-
lande poursuit une campagne pour obte-
nir l'abolition de cette disposition régle-
mentaire.
Les manifestants de Dublin sont arrivés
à empêcher pendant une journée le trafic
du bureau de poste choisi pour champ de
bataille contre l'Administration. C'est un
résultdt déjà.
VIRGINITÉ A REFAIRE
Les habitants de la rue Bréda ont entre-
pris une campagne pour faire changer le
nom de leur rue. Les propriétaires et les
commerçants prétendent que les souve-
nirs galants qui se rattachent au nom de
Bréda nuisent considérablement à leurs in-
térêts, et ils ont envoyé au Conseil muni-
cipal une pétition pour lui demander - de
débaptiser leur rue. On s'est plutôt amusé
à l'Hôtel de Ville. Pourquoi cet accès subit
de pudeur chez des habitants qui jusqu'ici
se sont montrés faciles et tolérants ? Les
commerçants ont longtemps vécu de ce
monde facile dont ils semblent rougir au-
jourd'hui. Est-ce donc que le monde de la
galanterie aurait abandonné ce quartier ?
C'est la seule chose qui puisse expliquer la
rage pudibonde des habitants de la rue
Bréda : ils veulent se refaire une virgi-
nité !
EXPLOPATEUR EN DISGRACE
Bien que l'actualité soit de plus en plus
rapide dans sa fuite éperdue, on se sou-
vient encore de cet officier de marine, qui
eut maille à partir avec M. Pelletan et se
signala par des explorations hardies, dan-
gereuses, même par leurs conséquences
internationales, en Extrême-Orient. Mis
en disponibilité, il se trouva sans grandes
ressources sur le pavé de Paris. Il a eu der-
nièrement l'idée d'utiliser ses connaissan-
ces techniques en entrant dans l'usine d'un
grand constructeur, dont le nom sonne
souvent dans les réclames de l'industrie
sportive.
Le Passant,
Ai ■ ■
LES MAJORATS
En repoussant l'amendement Thivrier, la
Chambre parait avoir obéi à un scrupule exa-
géré.
Si les majorais avaient été créés par une
assemblée souveraine représentant la Nation,
on comprendrait le sentiment qui a guidé la
Chambre ; mais toi n'est point le cas. Les ma-
jorats ont été institués par lo simple caprice
d'un homme qui lui-même avait usurpé le
pouvoir suprême.
Les majorais a'ont, en effet, pas été établis
par UriO loi, mais par un décret, le fameux
décret du 1" mjufs 1808.
En q'Mi un décret rendu par un homme qui
s'est attribué la qualité de souverain peut-il
lier les générations futures?
Quelle force légale peut avoir une mesure
quasi financière prise en dehors du consente-
ment des représentants du pays ?
De quel droit un empereur parjure et usur-
pateur peut-il disposer des deniers de la Na-
tion ?
Napoléon a-t-il constitué les majorats de
ses deniers personnels ou bien avec les fonds
de l'Etat? ----
Toute la question est là.
S'il les avait constitués au moyen d'un pré-
lèvement sur sa lisle civile, on se trouverait
en présence d'une donation privée dont il con-
viendrait de respecter les clauses. Mais Napo-
léon n'a pas ou un pareil accès do délicatesse.
C'est dans notre poche qu'il a pris l'argent
nécessaire pour doter ses favoris et c'est à
nous qu'on demande aujourd'hui de continuer
des libéralités qui, en toute justice, auraient
au moins dû s'arrêter dès la mort des enfants
directs des bénéficiaires.
Si on admet la perpétuité de dotations ac-
cordées sans l'approbation d'un Parlement ou
d'une assemblée nationale, il faut alors recon-
naître la légalité des apanages créés par nos
rois en faveur de la noblesse.
Les deux privilèges sont le résultat d'un
abus du pouvoir personnel. Ils doivent être
entachés d'illégalité au même titra et le pea-
ple n'est pas tenu de reconnaître la validité
d'actes sur lesquels il n'a pas été appelé à sta-
tuer.
Il est facile de faire lo généreux avec l'ar-
gent du voisin 1 Mais il est encore plus loyal
et plus correct d3 consulter le susdit voisin
avant de lui soutirer l'argent nécessaire pour
enrichir un citoyen quelconque, ce dernier
serait-il l'homme le plus éminent du pays.
En résumé, les majorais, institués sans le
consentement des représentants du pays, ne
constituent qu'un abus de pouvoir auquel la
nation a le droit da remédier dès qu'elle a
reconquis sa liberté.
Pourquoi la France n exercerait-ella pas ce
droit aujourd'hui ?
JEAN CLERVAL.
LE CONSEIL DES MINISTRES
Les ministres se sont réunis hier matin, à
l'Elysée, sous la présidence de M. Loabet.
Ils ont procédé à l'expédition des affaire
courantes. -,
Le ministre de ta marina a fait signer des
décrets aux termes desquels sont nommés : !
Au grade de contre-amiral, le capitaine de vais-
seau Kranlz, en remplacement du conlre-amirat
Rivet, passé dans la 2 secUon, et le capitaine de
vaisseau JOéSQI, en remplacement du cofllro-amiral
Antoilleb, q(il passer i également dans la 21 section
(cette dernière nomination comptera à partir du 14
avril 1905).
Au-grade de capitaine de vaisseau, les- capitai-
nos de frégate Le Moine des Mares, eni'cmptt\ce- -
ment du capitaine de vaisseau Krantz, promu
contre-amiral ; Rouyer, en remplacement du capi-
taine de vaisseau Lepotaire, retraite; de Guey-
dou, en remplacement du capitaine de vaisseau
Kiésel, promu contre-amiral.
Les ministres se réuniront lundi prochain
en conseil de cabinet au ministère des finan-
ces, sous la présidence de M. 'Rouvier.
.—————————.— <
- LA BONNE PRISON
Ce n'est pas, comme vous l'imaginez, la
prison de Fresnes : on sent, on voit que celle-
ci est non seulement européenne, mais fran-
çaise ; elle est restée, jusqu'à un certain point,
sage, calme, tranquille, retenue, tempérée et
modérée ; elle est et demeure un produit de
la pondération de l'Ancien-Monde.
La bonne prison, la réellement bonne pri-
son, ne pouvait se trouver et ne se trouve
qu'en Amérique. Pour des conceptions nou-
velles, il faut des mondes nouveaux.
La vraie bonne prison est celle do San-
Quentin, une des deux prisons criminelles de
la Californie.
A bon vin, pas d'enseigne, dit le proverbe ;
à bonne prison, pas besoin de directeur, ou
presque pas. On a donc choisi pour diriger la
prisonde San-Quentin un homme qui fût aussi
peu directeur que possible, un politicien qui
avait passé sa vie à ouvrir les colis en douane.
Grâce à cet homme de bien, qui savait ap-
précier la valeur des produits que les nations
échangent entre elles, les gardiens de la
prison purent abondamment fournir leurs
« clients » de whisky, de Champagne, de mor-
phine, de peaux de mouton, d'armes de tou-
tes sortes, de poudre de guerre et de poudre
de riz. Parfaitement, dé la poudre de riz et
môme d'extrait de violette ! Quand ce ne se-
rait que pour soi-même, on aime à sentir
bon.
On ne passe pas non plus impunément son
existence à ouvrir des colis sans éprouver
l'envie d'ouvrir autre chose, des portes par
exemple.
C'est ce qui put être constaté à la bonne
prison de San-Quentin, le jour de Noël. dans
des circonstances qui méritent d'être relatées.
L'après-midi, après la mise en cellule par-
fumée des prisonniers désireux de goûter un
peu de repos, le chef des gardiens, faisant sa
ronde habituelle, s'aperçut qu'il manquait
une douzaine de convicts. Ils avaient tranquil
lement laissé leurs portes ouvertes ; nulle
trace d'effraction ; aucun désordre à l'inté-
rieur des cellules; il ne pouvait être question
d'évasion. Où saurait-on être mieux, d'ail-
leurs, le jour de Noël, qu'au sein de sa fa-
mille?
Le gardien-chef se mit à la recherche des
« promeneurs ». Après de longues et infruc-
tueuses investigations, il se dirigeait tout pe-
naud vers l'appartement du directeur pour
lui révéler ces fugues inexplicables, lorsqu'une
formidable explosion de riçgs tonitruants l'ar-
rêta net sur le seuil de la salle à manger. Ce-
pendant, esclave du devoir et de la consigne,
il poussa la porte et resta abasourdi, ahuri,
muet de stupeur et d'incompréhension, de-
vant le spectacle qui s'offrait à ses yeux.
Autour de la table directoriale, devant la
dinde traditionnelle, buvaient, mangeaient,
sacraient et tempêtaient les douze convicts
comme les plus honnêtes lurons du monde.
Quand notre gardien chef, piqué par les
quolibets des prisonniers, eut recouvré ses
esprits et la parole, il ne put s'empêcher de
blâmer en termes très vifs l'exquise bonhomie
et l'admirable mansuétude de son directeur.
Grave manquement à la discipline. On le
lui fit bien voir. Les convicts dénoncèrent ses
propos malsonnants et déposèrent une plainte
contre ce subalterne qui avait osé critiquerjes
actes de son supérieur hiérarchique. Où irait-
on, Seigneur, s'il n'y avait plus de hiérarchie
dans les prisons !
La plaiote, heureusement, suivit son cours,
et l'insolent gardien-chei fut révoqué.
C'est ainsi que les bonnes prisons font les
bons prisonniers.
G. de Vorney.
J'écrivais, hier, que la Rema Cuaresma, à
Madrid, portait pour sceptre un poireau. No-
tre correcteur a mis : pour spectre, parce que
notre corracteur est un ironiste,, et qu'à ses
yeux tous les sceptres ne sont plus que des
spectres. Nos lecteurs ont donc eu tort, à son
avis sinon au mien, quand, suivant la for-
mule, ils ont rectifié d'eux-mêmes. Et cela
prouve, une fois de plus, avec quelle rapidité
vieillissent les formules.
——n —— : ,
DEPLACEMENTS D'OFFICE
La situation des instituteurs a été, depuis
six mois, considérablement améliorée. La
Chambra a voté un crédit important qui per-
mettra do liquider les retraites arriérées et de
donner un repos mérité aux vieux maîtres
que l'âge et les infirmités empêchent de con-
tinuer utilement leur service.
Puis M. Bienvenu-Martin a pris l'engage-
ment formel de faire cesser li pratique des
rapports secrets. Désormais, les instituteurs
ne seront plus à la merci d'una dénonciation
anonyme ou de délations mensongères. Leur
dossier tout entier leur sera comhlUniqué.
Reste la question des déplacements d'office
dont la solution s'impose maintenant à ceux
qui cherchent à sauvegarder la sécurité du
personnel enseignant.
Le déplacement d'office est consacré par l'ar-
ticle 29 de la loi du 30 octobre 1886, qui porte
que le changement de résidence d'une com-
mune à une autre pour nécessité de service
est prononcé par le préfet, sur la proposition
de l'inspecteur d'académie.
C'est en apparence une simple mesure ad-
ministrative ; en réalité, c'est une peine très
dure, lorsque l'instituteur est déplacé malgré
lui, obligé de quitter une commune où il a
ses habitudes, ses affections, ses intérêts, et
envoyé à l'autre bout du département, dans
un village où peut-être il ne jouira pas des
mêmes avantages (indemnités pour cours d'a-
dultes, secrétariat de mairie) qui sont pour
lui si appréciables.
Il faut donc que des garanties soit données
contre le déplacement d'ofllce, et la meilleure,
suivant nous, serait qu'il ne soit jaunis pro-
noncé sans l'avis conforme du conseil dépar-
temental devant lequel le fonctionnaire inté-
ressé aurait le droit de comparaîtra, de s'ex-
pliquer, de se défendre et da sa justifier,
après avoir pris connaissanca de toutes les
plaintes formulées contre lui. En somme,
l'instituteur aura de celte manière la même
garantie contre le déplacement d'office que
contre la révocation et ce sera justice.
Devant le conseil départemental, tout se
passera au grand jour. Seules des raisons sé-
rieusîs et Avouables pourront être invoquées
contre le maitC.e. ot il sera ainsi soustrait à
l'arbitraire des inspecteurs primaires un peu
trop dociles aux s..7l'I't'tations des poteutate de
village et des tyranneaux de chef-lieu de can-
ton, ,
N » - • CAIXmAS.
LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE
F* RB~tt BFF%F*~5
PRISE DE.. MOUKDEN
LE DÉSASTRE RUSSE
Les Japonais dans « la Ville-Sainte ». — Prise de Tita et de
Fouchoun. — Au nord de Moukden. — Les communications
de Kouropatkine coupées. --Bruits sinistres.— L'armée
russe enveloppée. — Les difficultés de la retraite.
L'opinion en Europe.
Les Japonais sont maîtres de Moukden,
de Tita et sans doute de Fouchoun. A l'est,
Kuroki victorieux, traverse le Hun-Ho. A
l'ouest,Nogi avec ses vétérans continue sa
marche vers le nord et a coupé les commu-
nications, le chemin de fer et le télégraphe
entre Tiéling et Moukion.
Pas de télégraphes, pas de nouvelles. A
Saint-Pétersbourg l'angoisse est profonde,
tant dans les cercles de l'état-major que
dans le peuple. On ne se dissimule pas que
c'est au milieu de terribles difficultés que
Kouropatkine va battre en retraite. Et déjà
les bruits les plus sinistres circulent. On
parle d'enveloppement.On parle de débâ-
cle, on parle d'écrasement. -
La prise de Tita et de Fouchoun est pour
les Russes très alarmante. C'est avec Tita
et Fouchoun comme points d'appui que
devait s'effectuer, sur doux colonnes, la re-
traite de l'armée russe vers Tieling.
Or, maîtres des rives du Hun-Ho, les
Japonais peuvent concentrer sur les ar-
mées russes un feu d'artillerie désastreux,
et ils peuvent scinder et battre en détail
les forces de Kouropatkine. Quant à Nogi
qui marche sur Tieling, c'est une menace
perpétuelle, c'est, suspendue sur la tête de
Kouropatkine, la redoutable épée de Ba-
moclès. Comment va se ravitailler l'ar-
mée russe en retraite ? Quel est l'état des
routes qu'elle va suivre ? Quelles positions
va-t-elle demain occuper ?
Je sais bien que l'état-major russe ne
perd pas confiance en l'issue de la guerre.
« Il faut avoir de la patience, dit-il, et at-
tendre que le plan de Kouropatkine (! ?) qui
est de reculer en infligeant des pertes à
l'ennemi, reçoive toute son application. A
moins que Oyama ne parvienne à cerner
Kouropatkine et son armée,les batailles de
Liao-Yang et du Cha-Ho n'auront été que
de terribles « combats d'arrêt » pour per-
mettre à la Russie de gagner du temps
afin d'affaiblir l'ennemi pour lequel la cam-
pagne de Kharbine, s'il l'entreprend, de-
viendra, espérons-le, une véritable « re-
traite de Moscou ».
Très bien.Mais Kouropatkine lui-même
arrivera-t-il jusqu'à Kharbine?.
EN MANDCHOURIE
L'occupation de Moukden
Tokio, 10 mars.
Les Japonais ont occupé Moukden ce matin,
vendredi, à iO h.
vendredi, à: 10 h. Niou-Chouang, 10 mars.
Suivant des bruits parvenus ici; Moukden
serait tombé virtuellement au pouvoir des Ja-
ponais à 10 h.
Le général Kouropatkine aurait perdu des
milliers de prisonniers, et une quantité énorme
de canons et d'approvisionnements.
Tokio, 10 mars.
Le maréchal Oyama télégraphie :
Nous avons occupé Moukden aujourd'hui à
10 heures du matin.
Notimouvement d'enveloppement qui se
poursuivait depuis plusieurs jours a tnainte-
nant complètement réussi.
Des combats d'une extrême-violence conti-
nuent sur plusieurs points dans les environs
de Moukden. Nous avons pris un grand nom-
bre de prisonniers, d'énormes quantités d'ar-
mes, de munitions, de provisions et d'équi-
pements. Nous n'avons pas le temps de les
dénombrer.
La marche des Japonais
Tokio, 10 mars.
Hier matin, les Japonais ont pris Tita, à
16 kilomètres au nord de Machuntan.
Ils continuent leur marche vers Fouchoun.
Les Russes défendent vigoureusement les forti-
fications au nord du Houn-Ho.
De grands nuages de poussière gênent les
opérations.
Tokio, 10 mars.
Les Japonais ont occupé hier au soir Fou-
choun. Le combat continue sur plusieurs hau-
teurs au nord de Fouchoun.
Tokio, 10 mars.
Les Japonais ont pris aux Russes un grand
nombre de canons et virtuellement toutes leurs
grosses pièces.
Tokio, 10 mars.
On télégraphie du quartier général :
Nos forces, dans la direction de Tsin-Ho-
Tcheng,attaquent depuis plusieurs jours.
L'ennemi a fait une résistance obstinée dans
de fortes positions dans le voisinage de Tita.
Finalement, jeudi malil, à trois heures, nous
l'avons complètement délogé et nous sommes
à sa poursuite.
Nos forces, dans le voisinage de Ma-Tsiou-
Dan, continuent à presser les Russes vers
Fouchoun.
Dans la direction du Cha-Ho, à l'est et au
sud de Moukden, nous avons entièrement re-
poussé l'ennemi vers la bassin du Houn-Ho.
Nous avons fait halte sur la rive gauche,
pour attaquer les puissantes fortifications de
l'ennemi à l'ouest et au nord de Moukden
Notre attaque, qui a rencontré une résis-
tanco obstinée, est poussée avec vigueur.
Des nuages de poussière soulevés par le
vent cachent aujourd'hui le soleil, et l'obscu-
rité qui en résulte empêcha de voir à dis-
tance.
---.- -- Niou-Tchouang, 10 mats.
Les réfugiés disent que la retraite générale
des Russes sur Tiéling a commencé lundi.
Touto l'étendue du front des Russes, au nord-
ouest de Moukden, est sillonnée de mines sou-
terraines qui causeront de grands ravages
dans les rangs ennemis.
Une contre-attaque de l'aile droite du géné-
ral Kouropatkine a été repousséa. Un impor-
tant détachement japonais se trouve sur la
route principale, à 15 milles au nord de Ping-
lupa, et un autre au nord de cette ville, des
deux côtés du chemin de fer.
: Tokio, 10 mars.
On télégraphie du quartier général :
Nos forcéS, dans la direction de Sing-Ching,
attaquent depuis plusieurs jours. L'ennemi
a fait une résistance obstinée dans de fortes
positions dans le voisinage de Tita. Finale-
ment, jeudi matin, à 3 heures, nous l'avon"
complètement délogé, et nous sommes à sa
poursuite.
Nos forces, dans le voisinage de Ma-Ch un-
Tan, continuent à presser les Russes vers Fou*
Choun. ,
Dans la direction du Cha-Ho, à l'est et au
sud de Moukden, nous avons entièrement re-
poussé l'ennemi vers le bassin du Houn-Ho.
Nous avons fait halt3 sur la rive gauche, pour
attaquer les puissantes furtificatious de l'en-
nemi à l'ouest et au nord de Moukden. Notre
attaque, qui a rencontré une résistance obsti-
née, est poussée avec vigueur.
Des nuages de poussière soulevés parie vent
cachent aujourd'hui le soleil, et l'obscu-
rité qui en résulte empêche de voir à distance.
La retraite russe
Saint-Pétersbourg, 10 mars.
Selon les dernières informations parvenues
à l'état-major général, la marche en avant du
général Oku a été arrêtée.
L'armée de Kouropatkine n'a pas encore
quitté Moukden, quoiqu'elle so soit retirée de
la ligne du Cha-Ho, sur la position du Hun-
Ho, le corps de Meyendorff a abandonné la
colline de Poutiloff ; toute l'armée de Bildor-
ling est maintenant au sud ouest de Moukden
et celle de Linievitch au sud-est.
La cavalerie de Rennenkampf a été retirée
de Madziandan pour renforcer Kaulbers au
nord-ouest de Moukden..
D'après les correspondants russes, la cava-
lerie japonaise a coupé les fils télégraphiques
et enlevé les rails sur plusieurs points du
chemin de fer entre Mnukden et Tiéting, mais
les communications ont été rétablies.
Moukden, 10 mars.
Une vigoureuse canonnade est actuelle-
ment dirigée, dans le voisinage des anciennes
tombes du nord, contre les forces japonaises.
qui arrivent en masse sur le chemin de fer
où de nouvelles troupes russes ont été rassem-
blées pour les recevoir. L'étroite bande de ,
terrain à l'ouest du chemin de fer est littéra-
lement couverte de soldats et d'apparails mi---
litaires.
Le frond sud tout entier se retire, confor-
mément au plan formé à la suite du combat
d'aujourd'hui.
De leur côté, les Japonais, craignant de voit
ce mouvement réussir, se hâtent vers le norf
en tournant la droite russe.
Hier soir, avant la retraite, un feu nourri
s'étendait sur tout le front sud ; il a continué
toute la nuit et, pour la première fois, on a
pu l'entendre de Moukden.
Au lever du jour, le vacarme grandit à ma-
sure que la canonnade gagne l'ouest et le
nord. Il doit être encore impossible aux Japo-
nais de tourner les Russes sur leurs Dositions
du Hun-Ho ; la succès doit dépendre entière"-
ment des résultats obtenus sur la ligne de
bataille vers le nord, au délà du chemin d-
fer.
L'évacuation de leurs positions du Cha-Ho
a forcé les Russes a abandonner plusieurs C6n
taines de milles de chemin de fer, des télégra-
phes de campagne, des routes militaires s'éien.
dant sur 500 milles carrés, d'énormes lra.
vaux de défense et l'immense camp de h
Croix-Rouge. « -
On a détruit, par le feu, de grandes quan-
tités de combustibles et da fourrages. La fu.,
mée qui se dégage du champ de bataille et de?
nombreux incendies allumés un peu partout
obscurcit la ligne de combat ; il devient prest
quo impossible de voir les opérations.
Les hôpitaux sont bondés, mais le service
est encore approprié aux besoins. Le soleil
brille et la douceur de la température épar-
gne aux blessés et aux réserves de grandes
souffrances.
Les réserves et les troupes de soutiansmt
obligées de creuser de larges abris au contre
de la plaine découverte et de s'y étendre pour
éviter les schrapnels qui balaient une super.
ficie de 15 milles à l'ouest. Quant aux troupes
qui sont sur la ligne de bataille, longue de
près de 90 milles, elles sont constamment ex..
posées.
Moukden, 10 mars.
Lacanonnade, sur le front sud, a comme ne*,
hier soir à dix heures. L'évacuation de toute
les positions du Cha-Ho et de Ma-Chan-Taa a
commencé à minuit.
Le général llennenkampf, qui depuis huil
jours consécutifs, soutient toutes les attaques 4
l'est, et les autres commandants, ont demandt-
à rester sur les positions qu'ils occupent; leur
demande a été repou^ée.
Los Japonais avancent rapidement vers U
Hun-Uo,où les Russes croient qu'ils pourront
tenir sans difficulté.
Le télégraphe est constamment menaca
ce matin même, le bruit courait qu'il avÚt été
coupé.
Moukden, 10 mars.
Hier soir, les Japonais arriva/it du sud on
traversé les plaines abandonnées situées en'
tre les cours dit Cha et du Houn.
Actuellement,d trois milles au sud du Houni
et à portée de celle rivière, eu face de Ma-Chio,
Pou, vers le nord, les batteries japonaises fon
pleuvoir un feu incessant.
Les Japonais ont réussi à placer des piècei
de siège à Diu-Chan-Tun, à six milles à l'ouesi
de la ville et de là, avec des mortiers et d
pièces de siège ils ont commencé le feu avam
l'aurore..
Ce village a été bier le théâtre du combat Il
plus sanglant et le plus f charné da toute cette
terrible bataille. La possession de ce village
est d'uno importance capitale. Les Japonaif
l'ont pris d'assaut à plusieurs reprises; le.
Russes, après en avoir été chassés, revenaieiv
et reprenaient le village. La plus grande pal'
tie do l'engagement à consisté eu un corps
corps. Les témoins oculaires disent que lesca
davres étaient éparpillés dans les rues et dans
les cours des maisons;, ces cadavres étaient
là depuis quatre jours. Les fusils de guerre tr
les autres armes gisent par terro de tous cjtét
tordus et abîmés. Les Japonais sa sont servi
de grenades, qu'ils lançaient à la main.
La garnison a eu à souffrir du feu concea
tré de plusieurs centaine3 de canons.
Une fuis que Diu-Chan-Tun so trouvera o;
leur pouvoir, les Japonais pourront tourna
leurs canons contre la station de Moukden.
Les Japonais concentrent aussi leurs efforf
à sept milles au nord de Moukden et à cini
milles à l'ouest du chemin de fer, dans le bo
de se frayer un passage, et de couper et cet
ner les troupes qui seront en deçà de 1
ville,
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