Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1905-03-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 mars 1905 07 mars 1905
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Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
r N» 13779. — lEi VENTOSE AN 113
çtxxo casirnaiBS LE NCDIEBO
MARDI 7 MARS «903. — !»• 18779
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r- AIVIVOIVCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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La ijuestionmectoraIe
Mon Dieu oui, mon cher Depasse,
c'est moi qui vous ai dit qu'il valait
mille fois mieux n'être pas élu au
scrutin de liste que d'être élu au scru-
tin d'arrondissement.
Et, si les députés avaient le moin-
dre souci de leur dignité, ils tien-
draient tous le même langage.
Les listes en effet se font sur des
programmes, sur des idées, sur un
courant, sur une direction politique.
Voilà ce qu'on soumet aux électeurs,
qui décident. Si la majorité électorale
ne partage pas votre avis, vous vous
inclinez, et c'est bien simple. Votre
personne n'est pas eh jeu. En réalité,
se n'est pas vous qui êtes battu. C'est
tout bonnement la majorité qui vous
dit : « J'aime mieux autre chose que
;e que vous me proposez. »
Avec le scrutin d'arrondissement,
,au contraire, plus de programmes,
plus d'idées, plus de discussions po-
litiques. Tout cela est remplacé par
ides compétitions viles, par des haines
de clocher, par des rancunes d'imbéci-
les ; chaque candidat est insulté, ba-
foué, vilipendé, calomnié, traîné dans
,la boue, aux rires de la galerie qui boit
il sa santé; on se préoccupe beaucoup
:,noins de savoir ce qu'il pense que de
pénétrer dans sa vie privée, de connaî-
tre ses relations, de calculer les ser-
vices qu'il peut vous rendre, ou de se
venger sur lui d'avoir perdu à la ma-
aiile avec un de ses partisans. Traver-
ser une campagne électorale,c'est tra-
verser un égout. Le malheureux qui
sort de là fait pitié; et si l'on devait
croire seulement la centième partie du
mal qu'on a dit des députés avant
qu'ils fussent élus, force serait de
considérer la Chambre comme une
réunion de gredins, dont le moins
coupable devrait être au bagne..
Il paraît que cet état convient aux
partisans*de ce scrutin immonde. Je ne
les en félicite pas.
Malheureusement, comme ce genre
de combat dans la fange n'a rien qui
puisse plaire particulièrement aux es-
prits élevés, peu à peu ceux-ci se reti-
rent, et c'est peut-être là la cause prin-
cipale de l'abaissement du niveau in-
tellectuel de nos assemblées, qui, d'é-
lection en élection, deviennent de plus
en plus inférieures à la moyenne. En
sorte que, si cela continue, et soyez
sûrs que cela continuera, ce grand
pays de France ne tardera pas à être
gouverné par des gens dont l'épicier
du coin ne voudrait pas pour garçons
de boutique.
N'est-il pas déjà lamentable d'avoir
organisé ces dépôts de candidatures,
qui sont la négation même de la sou-
veraineté du peuple? Est-ce qu'il de-
vrait y avoir des candidats ? Qu'est-ce
que c'est que cela, un candidat ? Com-
ment? Vous me forcez, moi, élec-
teur, à choisir entre tels et tels? Et si
j'en veux un autre, moi? L'électeur
doit pouvoir voter pour qui il veut.
Avec le système actuel, qui exige la
présentation, Cincinnatus resterait
toute sa vie à sa charrue. Vous me di-
rez que Cincinnatus. Oui, je sais bien
qu'il n'y en a pas des masses, mais ce
n'est pas une raison.
Ce n'est donc pas seulement le scru-
tin d'arrondissement qu'il faut dé-
truire, c'est aussi cette loi grotesque
sur les candidatures multiples, qui en-
chaîne la liberté électorale. En cela,
comme en toutes choses, il faut reve-
nir aux principes, dont noua ne nous
sommes que trop écartés.
La question se pose ici de la repré-
sentation proportionnelle. Je n'y suis
pas hostile ; mais j'y trouve bien des
complications. Je n'y attache pas en
outre l'importance que je vois plu-
sieurs de mes amis y attribuer. Outre
qu'avec le scrutin de liste simple, la
compensation se fait naturellement
selon les régions, tout se résout en fin
de compte dans une question de ma-
jorité. Le suffrage universel, c'est le
nombre. Cela ne veut pas dire que ce
nombre ait toujours raison ; mais, du
moment où le suffrage universel a été
institué, c'est le nombre seul qui fait
le pouvoir. De quelque façon que vous
vous tourniez, vous n'empêcherez ja-
mais la majorité de faire la loi.
Ce qui vaudrait beaucoup mieux
que ces expédients, ce serait une cons-
titution, qui mettrait au-dessus de
toute discussion et de tout vote cer-
tains principes incontestables et in-
contestés. Que les libertés dites néces-
saires soient inscrites en tête de cette
constitution, et proclamées inviola-
bles, en sorte qu'il soit matérielle-
ment impossible de proposer une me-
sure qui leur soit contraire, voilà
l'important. Sûrs de cela, vous pour-
rez laisser les politiciens patauger
dans tout le reste.
; Mais, me dira-t-on sans doute, il
faudrait refaire une constitution, et
c'est bien une autre aventura
La République ayant vécu depuis
trente ans sous une constitution mo-
narchique,il serait peut-être temps tout
de même de la mettre dans ses meu-
bles, et de lui donner une constitution
républicaine.
On finit par s'accoutumer à des ha-
bits empruntés; mais, pour se sentir
à son aise, il n'y a encore rien de tel
que d'en avoir à soi.
HENRY MARET.
LES ON-DIT
LE MONUMENT WALDECK-ROUSSEAU
Nous avons annoncé que le
monument de Waldeck-Rous-
seau serait édifié dans le jardin
des Tuileries. L'emplacement
est choisi avec bonheur ; et la
> décision qu'on a prise est de na-
ture à satisfaire les républicains admira-
rateurs- et amis du grand homme d'Etat,
qui veulent que sa statue s'élève en plein
Paris.
De rares protestations se font entendre
cependant. Elles sont formulées par quel-
ques nationalistes, qui n'ont pas pardonné
à l'ancien président du conseil d'avoir rendu
confiance à la démocratie un moment dé-
concertée par les manoeuvres des cléricaux
et des réactionnaires.
M. Archdeacon doit être, à la tribune de
îa Chambre, l'interprète des mécontents.Le
député nationaliste a cru choisir une spiri-
tuelle « plate-forme )) en invoquant les in-
térêts esthétiques de Paris. Aux intérêts de
la beauté de la Grand'Ville, personne plus
que nous n'est attaché.
Mais où M. Archdeacon a-t-il vu que la
statue d'un grand citoyen fût forcément
sans charme et sans valeur esthétique ? Je
reconnais que beaucoup trop de « navets »,
pour parler le langage rapin, déshonorent
les places de la capitale. Eh bien, que l'on
s'adresse à un statuaire qui ait le respect,
le culte de son art, et qu'on laisse toute
liberté à son initiative, à son goût ; qu'on
ne lui impose pas une tutelle qui tarirait
chez lui l'inspiration !
Vous verrez alors qu'il nous donnera,
sinon un chef-d'œuvre, du moins une œu-
vre harmonieuse et émouvante.
En tout cas, il est nécessaire que Wal-
deck-Rousseau ait son monument au cœur
de Paris. Si Paris renonçait à cet honneur,
c'est qu'il renoncerait à être toujours un
peu Athènes. '--
M. JUGLAR ET L'EXPEDITION TUNISIENNE
Une dernière anecdote à propos du doc-
teur Joseph-Clément Juglar, membre de
1 Institut, que l'on enterrait hier.
Un jour, le savant auteur de la fameuse
théorie de la périodicité des crises commer-
ciales vit se présenter dans son cabinet
un inconnu et le dialogue suivant s'en-
gagea : - »
— Je suis le général Forgemol, ancien
commandant de l'expédition française en
Tunisie.
L'économiste s'inclina, légèrement inter-
loqué :
— Charmé de faire votre connaissance,
mon général, mais qu'est-ce qui me vaut
l'honneur ?.
— Vous m'avez sauvé la vie, à mes so 1-
dats et à moi ; de passage à Paris, j'ai tenu
à vous remercier.
— Comment cela?
— Voici. Depuis quelques jours nous
manquions d'eau en Tunisie. Ce détail
nous paraissait plus inquiétant que les
légendaires Kroumirs. Un matin, un offi-
cier d'état-major m'apporta votre remar-
quable brochure sur la guerre de Numidie.
Du diable si je pensais à Salluste et à Ju-
gurtha ! Mais grâce à la précision de votre
érudition, guidé,à la lettre par vous, nous
avons pu reconstituer la ligne de points
d'eau qui alimenta les troupes romaines.
Nos approvisionnements furent ainsi as-
surés.
Singulière destinée d'un petit livre dont
le modeste auteur n'attendait pas, sans
doute, un pareil succès ! Témoignage flat-
teur qui honore autant le général que l'é-
crivain I
L'ENNUI D'ÊTRE TROP GRAND
« Titan», le géant anglais, de son vrai
nom, M. Georges Auger, actuellement ins-
tallé en Amérique, voulut, ces jours der-
niers, contracter une assurance sur la vie.
Aux bureaux de la Compagnie ou il s'a-
dressa on lui dit avec fermeté :
— Nous ne vous assurerons pas.
- Je suis solvable, pourtant !
- Sans doute.
- Ce n'est pas mon âge qui vous ef-
fraie ? J'ai 22 ans.
— Nous vous croyons.
— Je me porte admirablement !.
— Peuh!
— Vous en doutez ?
— Hélas !
— Comment ? J'ai l'air malade ?
— Vous avez l'air. trop grand.
— Mais ce n'est pas une maladie !
— Si. c'est la maladie qui s'appelle
gigantisme.
— Je vous assure que le gigantisme ne
m'empêche ni de boire, ni de manger.
— Le gigantisme vous ronge,mon pau-
vre monsieur; tout homme qui dépasse
six pieds doit périr à la fleur de l'âge.
« Titan » ne s'est pas tenu pour battu ;
il a entrepris de prouver aux médecins de
la Compagnie que sa santé était excellente,
et il est parvenu à leur imposer cette con-
viction.
Ces messieurs se sont réunis et ont fait
passer un examen des plus sévères au
géant ; on a scruté ses habitudes passées
et présentes : on a soumis ses genoux —
le point faible des géants — à une série
d'expérimentations propres à déterminer
s'ils se trouvaient en parfait état ; on a
même poussé l'attention jusqu'à suivre
dans leur cours deux ou trois de ses di-
gestions. Un autre point faible chez ses
confrères. Mais,il a bien fallu le reconnaî-
tre, M. Auger était en parfait état de
santé et il n'y avait aucune raison de lui
refuser l-assurance au'il demandait.
POLITIQUE NOURRISSANTE
Pour d'heureux conseillers municipaux,
ce sont d'heureux conseillers municipaux,
que ceux de ia vieille petite ville de Mont-
cenis (S.-et-L.)
Ces jours derniers, une généreuse fem-
me républicaine a versé entre les mains
du maire une somme de 200 francs, dont
elle à disposé ainsi l'emploi : 100 francs
pour les pauvres, 100 francs pour un ban-
quet destiné à réunir les neuf membres ré-
publicains du conseil municipal.
Dès la nouvelle connue, une « sainte »
femme, non moins généreuse, fit remettre
une pistole à chacun des six autres con-
seillers municipaux clériooux"afin qu'ils
puissent baftqueter tout aussi bien que
leurs collègues républicains. -
Mais ce n'est pas tout. On nous rapporte
que la citoyenne Gâteau tient à avoir le
dernier mot, ou plutôt le dernier repas, et
qu'elle va lancer une nouvelle invite aux
édiles démocrates de Montcenis. Pour peu
que cette émulation continue, les braves
conseillers municipaux vont être nourris à
l'œil.
Heureux conseillers municipaux ! heu-
reux hôteliers I Et tout cela va finir par
des chansons, soyez-en sûrs. ,:
Le Passant,
.——————————— e
L'ARGENT DE L'AVOCAT
Il est profondément immoral d'exiger ou
même do permettre que des gens vous consa-
crent leurs soins, leur temps et leurs peines,
sans leur accorder la moindre rétribution.
J'ai toujours pensé que c'est dans ce senti-
ment de justice instinctive qu'a pris nais-
sance l'horreur que nous éprouvons tous pour
les « raseurs» — ces êtres qui nous volent des
tranches entières de vie pour le seul plaisir
de bavarder, pour « tuer le temps » comme
ils disent, pour rien.
Au surplus ce sentiment est tellement inné
chez l'homme que tout le monde trouve par-
faitement ridicules et grotesques les règle-
ments surannés en vertu desquels les avocats
ont le droit de se faire payer, mais. sans en
avoir l'air.
Rien de plus vétusté, de plus rococo, de
plus stupide que cette façon de voir, qui n'a
d'autre résultat que de donner à l'hypocrisie
un caractère officiel. L'avocat n'a pas à dissi-
muler les sommes que peuvent lui rapporter
et sa science juridique, et ses laborieuses étu-
des de dossiers, et ses longues plaidoiries si
souvent exténuantes : il ne doit que s'en féli-
citer et s'en glorifier à juste titre.
Cela ne signifie pas, d'ailleurs, qu'il ne lui
reste aucun cas de conscience à résoudre. Loin
de là. En ce moment, mêmlt il s'en présente
un qui donnera lieu, je crois, à do nombreuses
controverses. Voici ce dont il s'agit.
Les « bandits d'Abbovilie », dont toute la
presse a raconté les exploits, vont comparaître
mercredi devant la cour d'assises de la Som-
me. Quatre avocats du barreau d'Amiens
avaient été désignés d'offico pour défendre
ces redoutables accusés.Mais le chef de ces 26
bandits, le fameux Jacob, presque aussi fa-
meux que le chef de la Sùreté qui porta ce
nom de Jacob, ne l'entendit pas de cette
oreille.
— Quoi ! dit-il, de simples avocats de pro-
vince pour nous défendre, nous, nous qui fûmes
si longtemps la terreur des classes possédan-
tes, et qui restons l'orgueil de notre corpora-
tion? Vous n'y songez pas, il nous faut les
maîtres du barreau parisien.
— La plaisanterie est enfantine. Comment
les payore-vous ?
— Rien de plus simple. Nous avons le droit
de disposer des sommes considérables que l'on
a saisies sur nous, lors de notre arrestation,
et dont la provenance délictueuse n'a pas été
légalement établie.
— Mais c'est de l'argent volé 1
— Je vous répète qu'on n'a pas établi léga-
lement la provenance délictueuse de cet ar-
gent, et que, la loi en main, nous pouvons la
remettre aux avocats que nous chargerons
d'établir et de démontrer notre innocence.
Et l'on est,paraît-il,obligé d'en passer par où
l'exige cet ingénieux Jacob.
Hé 1 bien, que vont faire les maîtres du
barreau parisien que les bandits d'Abbeville
voudront enrichir de ces dépouilles opimes?
En leur âme et conscience, comme on dit
au tribunal, peuvent-ils accepter « ce pro-
duit de vols », bien que la loi les y autorise ?
Je me borne à poser la question.
G. de Vorney.
,
LE RETOUR DE L'EXPÉOITION CHARCOT
La nouvelle de Buenos-Ayceg, que nous
avons publiée hier, annonçant l'arrivée du
Français, avec M. Jean Charcot et ses com-
pagnons sains et saufs, dans le petit port pa-
tagon de Puerto-Madryn, est confirmée de
tous points par ia dépêche suivante da M.
Charcot lui-même à l'Agence Havas :
Puerto-Madryn, 4 mars.
L'hivernage dans Ille Wondel a permis d'axé-
cuter dans de bonnes conditions tous les travaux
scientifiques. La question du détroit do Bismarck
est élucidée. Par un raid nous avons reconnu la
terre d'Alexandre, mais elle était inabordable, à
cause des glaces. J'ai relevé et exploré plusieurs
points inconnus de la terre de Graharn. Malgré un
échouage qui a causé une voie d'eau sérieuse, sur
la côte découverte par nous, nous avons pu con-
tinuer à relever ensuite le contour extérieur de
l'archipel Palmer. Tous sont en bonne santé.
D'autre part, Mme Jeanne Charcot, la sœur
du vaillant explofollteur, a reçu un télégram-
me ainsi conçu :
Tout bien et tous bien. Partons immédiate-
ment pour Bucnoss-Ayres.
Les Argentins se préparent à faire à M.
Charcot une réception enthousiaste, car on
sait l'intérêt qu'ils attachent à cette expédi-
tion, dont ils ont couvert la plupart des
frais.
AU MAROC
On écrit de Fez :
Après avoir été retardées par les fêtes de l'Aïd
el Kobir les négociations entre le gouvernement
marocain et le ministre de France ont été ouver-
tes officiellement le 22 de ce mois.
La première conférence a eu lieu dans le palais
du grand-vizir où une vaste salle a été spéciale-
ment aménagée en vue de ces séances. Fait sans
précédent et qui montre que le gouvernement
marocain a conscience de la gravité des circons-
tances actuelles, tous les vizirs ont été réunis
pour entendre les propositions du ministre de
France.
De son côté M Saint-René Taillandier était as-
sisté par MM. de Saint-Aulaire, Gaillard et Si
Kaddour ben Ghabrit, interprète.
Étaient en outre présents quelques-uns des dé-
îégués choisis par le maghzen dans les villes de
la côte et de Fez. Il a d'ailleurs été convenu entre
le sultan et M. Saint-René Taillandier que ces
personnages assisteront en silence aux pourpar-
lers et ne pourront en aucun cas y prendre part.
,. ,-- Tanger, 5 mars.
t Dans une nouvelle conférence avec les vi-
zirs, le ministre de France a exposé un plan
de réorganisation de la police marocaine. Il a
expliqué que cette police .devrait d'abord ré-
tablir la sécurité des ports marocains et de la
frontière algérienne. Il a demandé l'augmen-
tation du nombre des instituteurs français et
algériens, ainsi que leur contrôle pour les
questions de recrutement, de solde et de dis-
cipline.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Aisne
(1U circonscription de Laon)
SCRUTIN QK BALLOTTAGE
Inscrits : 21.416 — Votants: 17.092
MM. Jules Pasquier, anc. d. r. 1. 9.206-ELU
Docteur Debray, rad.-soc. 7.664
Pyrénées-Orientales
(Arrondissement de Céret)
Inscrits: 13.905
MM. Pujade, cons. gên., rad 2.524 voix
Stuart, publ., rad.-soc. 1.800
Hostalrich, rad. -soc. 1.432
Coste. soc 1.381
Ballottage
ÉLECTION SENATORIALE DU 5 MARS
Somme
Inscrits : - 1.326. — Votants : 1.321
MM. Rousé, dép. rad 629 voix
Trannoy, dép. prog 575
- François, anc. dép. prog 127
(Ballottage)
2e tour. - Votants : 1.320 -
MM. Trannoy, dép. prog. 664 ELU
Rousé, dép. rad. 650
Il s'agissait da remplacer M. Tellier, séna-
teur républicain,décédé.
- - .00
ÉLECTIONS AUX CONSEILS GÉNÉRAUX
Ardennes, canton de Tourteron. — MM. de
Beaufort, libéral, 415 voix ; Goûtant, séna-
teur, 355 voix ; Me inier, radical, 233 voix.
Il y a ballottage.
Hérault, Cette, M. Molle, maire de Cette,
est élu.
SAINT-CYR
Le programme de l'Ecole. - Surme-
nage et incohérence. — Bizarres
omissions. — Un mal qu'il faut
réparer.
M. Borteaux ne perd aucune occasion d'af-
firmer à la Chambre ou dans les réunions
particulières sa sympathie pour l'armée et
l'intérêt qu'il porte aux choses militaires ; cela
est bien. Et puisqu'il eu est ainsi, nous le
supplions de songer quelque peu à J'examen
d'entrée à Saint-Gyr.
Les candidats se plaignent d'abord du trop
fréquent changement des programmes et les
plaintes, il faut le reconnaître, ne sont que
trop justifiées. On avait, en 1902, procédé à
une nouvelle répartition des matières exigées
des candidats : deux ans plus tard le minis-
tère de la guerre invitait les examinateurs à
rédiger un nouveau programme, le précédent
ayant cessé de plaire pour des raisons de-
meurées inconnues. On s'execllta : la commis-
sion d'examen qui sait ce que l'on peut en-
seigner aux futurs Saint-Cyriens et ce que
l'on est en droit j'attendre d'eux accomplit
avec une compétence indiscutable et une par-
faite sincérité le travail qui lui était demandé.
Alors se passa une chose incroyable, inouie :
méprisant les avis autorisés que l'on avait
sollicités, les membres du cabinet militaire
du général André mirent au monde le pro-
gramme le plus arbitraire, le plus extravagant
et, disons le mot, le plus déraisonnable qui
ait jamais existé.
Tel est l'avis des gens compétents avec qui
il nous a été donné de nous entretenir ; point
n'est besoin d'ailleurs d'avoir recours à eux.
Il suffit, pour se faire une opiniqn et pour
Il suffit, l'insanité des modifications introdui-
juger de l'insanité des modifications ;ntrodui-
tes, de feuilleter en les comparant les deux
instructions pour l'admission à l'Ecole spé-
ciale militaire en 1903 et en 1905,
L'encombrement des programmes
Que voyons-nous ? D'abord une avalanche
de questions de mathématiques, algèbre, tri-
gonométrie, géométrie, cosmographie, méca-
niquo, que les professeurs se déclarent inca-
pables de traiter dans le faible temps que leur
attribue l'horaire hebdomadaire ; d'où résul-
tera la supériorité incontestable des écoles re-
ligieuses préparatoires qui, n'étant pas sou-
mises aux mêmes exigences que nos lycées, ne
manqueront pas de consacrer à ces matières,
dont le coefficient est fort élevé à l'écrit et à
l'oral, tout le temps nécessaire.
Les programmes de physique et de chimie,
considérablement augmentés, nécessitent des
candidats des études absolument nouvelles,
de même que les sciences naturelles et les no-
tions d'hygiène que l'on a cru bon d'ajouter.
En quoi, je vous lo demande, tout ce fatras de
connaissances mal acquises et surtout mal
digérées pourra-t-il être utile à nos futurs of-
ficiers? Et n'est ce pas une inj ustice flagrante
que d'imposer à beaucoup do jeunes gens qui
ont approché du but sans l'atteindre, mais qui
croyaient pouvoir compter sur la succès un
an plus tard, ces études nouvelles, longues,
difficiles, qui ne peuvent que leur ôter la con-
fiance et i'espoir ?
Vous croyez peut-être que ces défauts du
programme scientifique seront rachetés par
des avantages sérieux en ce qui concerne la
partie littéraire? Délrompez vous! Ici les mo-
dificatioùs introduites sont tellement ridicules
que l'on à peine à croire ses yeux.
La composition française, le « vieux laïus »
qui permettait aux candidats de s'exercer à
grouper des idées, à rédiger une lettre ou un
rapport, va disparaître. Mais par quoi le
romplace-t-on ? Par une dissertation philoso-
phique portant sur un programme de philo-
sophie scientifique et morale, qui s'étala en
toutes lettres en tête de la liste des connais-
sances exigées ! Et ennuie on ne saurait trop
en prendre, il faut désormais que nos jeunes
gens ad résignent à subir des interrogations
sur les mêmes questions philosophiques à
l'examen du premier et du second degré. Quel
merveilleux progrès ! Et comme on reconnait
bien là l'invasion néfaste de cette science phi-
losophiqin qui a la prétention de régenter le
monde et dont de trop nombreux représen-
tants s'efforcent d'accaparer la direction de
l'enseignement et des études 1
L'histoire tronquée
Le nouveau orogrammg d'histoire ayant
i ---
provoqué bien des critiques et des doléances,
nous avons tenu à le connaître.
Tout d'abord,avant 1815 rien n'est exigé des
candidats: la-lutte coloniale entre la France et
J'Angleterreaul8'siècle,lesoriginesdelà Prusse
et da la Russie, la ftérotottan et l'empire ne
comptent plus pour les futurs officiers. On a,
il faut le reconnaître largement taillé dans
l'ancien programme: mais doit-on s'en féli-
citer? Si l'on n'a plus à étudier les institutions
de la Révolution, du Consulat et de l'empire,
auxquelles notre société contemporaine doit
cependant quelque chose, ni l'Histoire mili-
taire et diplomatique de cette même période,
qui peut cependant fournir d'utiles enseigne-
ments, on ne fait grâce, en revanche, d'au-
cune Constitution des divers pays d'Europe
durant le 19e siècle.
Ce qu'il faut posséder à-fond. à l'heure ac-
tuelle, ce sont la lutte des partis dans les dif-
férantsetats, les révolutions politiques, les
modifications du régime. électoral, les doctci-,
nes sociales et les lois ouvrières. Singulières
matières, il faut l'avouer, pour de futurs Saint-
Cyriens, connaissances difficiles à acquérir et
plus difficiles encore à enseigner ; car, si l'on
a pu soulever des polémiques irritantes au
sujet de Jeanne d'Arc, combien est-il pas à
craindre d'en exciter dans ces questions déli-
cates, où l'on est appelé non seulement à ju-
ger l'ouvre des morts, mais encore à exposer
et à apprécier l'œuvre des vivants avant
qu'elle soit achevée, c'est-à-dire avant qu'elle
soit entrée dans le domaine de l'histoire.
La géographie absente
J'arrive à la constatation qui me parait être
« le clou » des nouveaux programmes. Peut-
être vous êtes-vous figuré jusqu'à ce jour qu'il
pouvait être utile à un futur officier de possé-
der quelques connaissances géographiques
précises sur la France et sur les grands pays
de l'Europe?
Quelle erreur est la vôtre! Aucune étude
de ce genre ne figure au programme et,dans
l'indication des matières exigées pour 1905,
la géographie brille par son absence. L'omis-
sion est-elle fortuite ou volontaire?
Je ne saurais le dire; mais beaucoup ré-
pètent qu'elle doit être uniquement attribuée
à l'ignorance profonde de quelques membres
du cabinet militaire qui, en assimilant les ma-
tières de l'examen au programme de la classe
de mathématiques élémentaires, ont oublié de
constater qu'il n'existe actuellement dans
cette classe aucun enseignement spécial de
géographie. Quoiqu'il en soit, on peut dès à
présent prétendre à Saint-Cyr sans connaîtra
son propre pays et en ignorant totalement
l'Allemagne et l'Europe. Quelle légèreté et
cruelle incohérence !
L'ancienne commission sacrifiée
Pour appliquer de si singuliers programmes,
on a pensé que l'ancienne commision d'exa-
men n'avait plus de raison d'être. En vain
elle avait réussi à résoudra ce difficile pro-
blème de satisfaire également par sa droiture,
sa conscience, son expérience, et les candi-
dats et leurs maîtres : ces qualités n'ont pu
lui faire trouver grâce devant l'autorité su-
périeure qui, il y a quelques semaines, en a
prononcé la dissolution.
On a bien, il est vrai, quelque peu atténué
cette mesure de rigueur, en prorogeant par
exception et pour une année seulement, les
pouvoirs de quelques-uns de ses membres.
Mais ils seraient, dit-on, remplacés plus
tard par des membres de l'enseignement supé-
rieur ; et comme ces derniers ne sont nulle-
ment, à cause de leurs études spéciales, pré-
parés à la fonction que l'on voudrait leur
confier, il n'est pas téméraire de croire, ainsi
que beaucoup l'affirment, que ce renouvelle-
ment dd la commission est surtout destiné à
donner satisfaction à quelques gros person-
nage dont les fils, les gendres ou les protégés
verraient avec plaisir l'indemnité pécuniaire,
provenant de l'examen, s'ajouter à leur trai-
tement régulier de l'année. C'est pour eux de
l'intérêt bien entendu. Mais l'examen y per-
dra son caractère d'unité, de bienveillance et
de justice, et les candidats ne pourront que le
dépljrer.
Il appartient au ministre de la guerre de
réparer le mal accompli. Il te peut ; il le doit.
Nous le souhaitons dans l'intérêt général. Que
M. Berteaux agisse! Nous serons les premiers
à l'en féliciter.
MILES.
a—r i nr ——caw——i
L'ASSISTANCE AUX VIEILLARDS
Rassurons un de nos confrères du soir qui,
dans une note trop pessimiste — mais qui
dépeint bien son état d'âme et surtout son es-
poir de voir les craintes (?) qu'il exprime se
réaliser — émet un doute sur la discussion,
au Sénat, dans un délai rapproché, de la loi
sur l'assistance aux vieillards qui a été votée
l'année dernière par la Chambre des députés
à l'unanimité moins trois voix.
Rappelons, en passant, pour l'émerveille-
ment des générations futures, le nom des
trois philantrophes qui estiment quo les vieil-
lards et les incurables sont suffisamment à
l'abri du besoin,ce sont MM.les députés Arnal,
Bischoffsheim et Borgnet.
Bien que le chiffre des crédits qui seront
nécessaires pour mettre cette loi en vigueur
soit supérieur à celui prévu lors de la discus-
sion à la Chambre des députés, cette difficulté
ne semble pas devoir être un obstacle à l'a-
doption de cette loi par la Sénat et son émi-
nent rapporteur près la Chambre haute, M.
Paul Strauss, a bien voulu me dire qu'il avait
la certitude que non seulement le Sénat vote-
rait l'assistafico aux vieillards, mais encore
que son examen n'en saurait d'autant moins
tarder que le gouvernement l'avait comprise
dans son programme.
Or, comme - l'on sait fort bien, et depuis
longtemps, que les chiffres inscrits dans la loi
adoptée par la Chambre sont insuffisants, on
ne saurait craindra que le ministre arguât de
cette insuffisance pour ajourner le débat, puis-
que,en prenant l'engagement de faire aboutir
l'assistance aux vieillards, le nouveau minis-
tère connaissait la situation.
Voilà donc encore un prétexte à dauber sur
le gouvernement perdu pour les bons nationa-
listes et nous pouvons espérer que bientôt, à
leur grand désespoir, la République aura à
son actif une bonne loi sociale de plus.
Emile Mahè
—— •» -1
LES ÉVÊQUES ET LA SÉPARATION
L'évêque du Puy a fait publier la noi9 sui-
vante dans la Semaine religieuse du diocèse :
En vue do la séparation, monseigneur conseille
à ses prêtres de constituer un dossier très minu-
tieusement documenté sur la propriété de leur
église, de leur presbytère et de leur cimetière. Il
importe de savoir par qui ces établissements ont
été créés, à quelle époque, si l'Etat et la commune
ont accordé ou non des subsides, et si ces subsi-
des ont été concédés sous la condition que. l'église
et le presbytère seraient propriétés communales.
Un rapport devra être rédigé là-dessus et envoyé
a l'évôchê. On en garder" 19 douWç dan5 les ar-
chivas ,Pt\ro¡&let, v
LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE
LA BATAILLE - SOUS IOIJlDEJ
-
Résistance acharnée des Russes
Les Russes repoussent les Japonais
- Attaques répétées. — La marche
sur Moukden. — Sur tout le
front.
La bataille fait rage. Les Russes toujours
maîtres de leurs positions au centre et a
l'ouest, maîtres toujours de la colline Pou-
tiloff, tiennent tête aux assauts répétés
des Nippons. Mais ceux-ci ne se lassent
pas et avec leur ordinaire entêtement répè.
tent leurs attaques. Leur mouvement enve-
loppant à l'est et à l'ouest de Moukden con-
tinue et les dépêches anglaises venues da
Tokio annoncent déjà la prise de Moukdea
comme imminente.
Restons dans l'expectative.
EN MANDCHOURIE
Les contre-attaques russes
Saint-Pétersbourg, 5 mars.
Un court télégramme aui a produit u{
effet très rassurant dans les cercles officiels,
et militaires a été reçu aujourd'hui de Kouro-
patkine.
La généralissime dit qu'il a enfin riposte
l'offensive persistante des Japonais contre son
centre par une contre-attaque qui se poursuit
en ce moment et qui, espère-t-il, raournera
complètement la situation en faveur des
Russes.
En même temps, les Japonais ont été chas-
sés de Sinminting où ils ont subi des porte.
considérables et où ils ont dû abandonner plut*
sieurs canons.
Le mouvement de flanc des Japonais sur
la gauche des Russes a été enrayé, et il ne
donne plus d'inquiétude au commandant ea
chef.
L'attaque des Japonais contre la passe de
Gontouling a également échoué. Un certain
nombre de canons japonais ont été pris pat
les tirailleurs sibériens.
Succès japonais
Niou-Chouang, 5 mart,
(Source anglaise.)
La chute de Moukden est considérée commt
imminente. Le général Nogi a coupé hier une,
division russe qui cherchait à retourner &
Moukden et l'a chassée vers Tieling.
Un autre détachement russe venant renfor-
cer Moukden a rencontré les Japonais et a été
défait avec de grosses pertes.
Il s'est replié vers Tidinq.
De l'armée da Kuroki, 5 mari.
(Source anglaise.)
Les Japonais ont remporté une victoire ao
sud du Houn-Ho, battant en détail deux divi-
sions du 6e corps d'armée arrivées récemment
d'Euror)e,tuant de nombreux ennemis et cap-
turant de grandes quantités de munitions.
Moukden, 5 mers.
Les Japonais ont continué hier, à G heures
du matin, à donner l'assaut à nos positions
à l'ouest de Moukden.
La combat au centre s'est borné à un duel
d'artillerie qui a duré jusqu'au soir. Les Ja-
ponais ont alors donné l'assaut à Sachepoa
et ils sont parvenus jusqu'aux défenses
ea fil de fer, mais leur attaque a été re-
poussée.
La garde japonaise a donné l'assaut à nntra
aile gauche à Kandalisan ; leur dixième at-
taque a été repoussée ce mitin à 4 heures.
Hier soir, toutes les attaques des Japonais.
aux environs du col de Gou-Tou-Lin, avaient
été repoussées.
Les Japonais ont subi partout des pertdff
considérables.
Le canon tonne aujourd'hui avec fureur à
l'aile droite.
Niou-Chouang, 5 mars.
Suivant les dernières personnes arrivées de
Moukden, les Japonais sont en train d'en.
velopper la ville, dont la chute est immi-
nente.
Un détachement important s'avance au
sud-est, venant de Fakoumen. Le général
Nogi marche vers le nord, le long du
Liao-Ho.
Vendredi, les Japonais, trouvant un dé-
tachement russe composé de quatre sotnias
avec vingt-six canons, qui cherchait à ra-
gagner Moukden, le défit et le repoussa
sur Ïie-Ling. Les blessés russes restèrent sur
le terrain.
Depuis le raid des Japonais à Sin Min-Xingt
des renforts russes se sont portés sur Mouk-
den ; dans certain nombre des stations, tout
les avant-pcwles ont été rappelés pour défen-
dre la ville.
Hier matin, à dix heures, plusieurs de ces
avant-postes, rencontrant des éclaireurs ni pi-
pons, près de Lao-Pien, à douze milles de
Moukden, ils s'avancèrent lentement par la
plaine broussailleuse ; ils avaient ainsi par-
couru deux milles quand les Japonais, qui
avaient reçu du renfort, les attaquèrent, et, à
la faveur des nuages de poussière soulevés
par le vent, dirigèrent sur eux, à bout por-
tant, le tir de trente canons. Les Russes, dé-
moralisés, résolurent de sa replier sur Tie-
Ling.
Le mouvement de retraite commença à
5 heures de l'après-midi. Les blessés f ureDt
abandonnés sur place. Les Japonais, trop peu
nombreux pour envelopper l'adversaire, le
poursuivirent vers le nord.
Les Russes auraient eu 5 officiers et 50 hom-,
mes tués. ,.
Moukden,5 mars.
A sept heures du matin, là bataillb a recom-
mencé dans les positions près de Moukden eon-
tre la division Nogi. Le feu de notre artillerie
a été plus puissant qu'hier.
Dans les positionssur le CharRo aucun chai'
gement ne s'est produit.
4 l'aile gauche les Japonais n'ont prononcé
dans le jour aucune attaque. Leur dernière
attaque, la treizième au défilé- Goutou-Ling, a
été repoussée à huit heures du matin.
La colline Poutilof a été bombardée toute îai
journée par des pièces de siège.
A la droite de la voie ferrée, les Japonais
ont attaqué Lian-Tchao-Pou que nos avant-
postes ont abandonné après une lutte acharnée.
Sous Moukden
Moukden, M mars. (
Depuis ce matin le duel d'artillerie se pour-
suit à l'ouest de Moukden. La lignedes avant-
postes japonais s'étend jusqu'à 9 kilomètres
de Moukden, parallèlement à la voie ferrée.
Les obus japonais éclatent à environ 4 kilo-
mètres des Tombeaux des Empereurs. Let
points sur lesquels le tir est dirigé do préfé-
rence sont les villages chinois de quelque
étendue qui constituent presque les seuls
points de défense dans cette plaine décou-i
verte.
Nos batteries de campagne ont répondu énep-
giquement toute la journée aux batteries ja-
ponaises ; des deux côtés on couvre les posi
lions d9 51arapnqlg. Par iastaats tout l'bpruofl{
çtxxo casirnaiBS LE NCDIEBO
MARDI 7 MARS «903. — !»• 18779
.::..-..
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ADMINISTRATION : 141 RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONE 102.8.
- Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
4
La ijuestionmectoraIe
Mon Dieu oui, mon cher Depasse,
c'est moi qui vous ai dit qu'il valait
mille fois mieux n'être pas élu au
scrutin de liste que d'être élu au scru-
tin d'arrondissement.
Et, si les députés avaient le moin-
dre souci de leur dignité, ils tien-
draient tous le même langage.
Les listes en effet se font sur des
programmes, sur des idées, sur un
courant, sur une direction politique.
Voilà ce qu'on soumet aux électeurs,
qui décident. Si la majorité électorale
ne partage pas votre avis, vous vous
inclinez, et c'est bien simple. Votre
personne n'est pas eh jeu. En réalité,
se n'est pas vous qui êtes battu. C'est
tout bonnement la majorité qui vous
dit : « J'aime mieux autre chose que
;e que vous me proposez. »
Avec le scrutin d'arrondissement,
,au contraire, plus de programmes,
plus d'idées, plus de discussions po-
litiques. Tout cela est remplacé par
ides compétitions viles, par des haines
de clocher, par des rancunes d'imbéci-
les ; chaque candidat est insulté, ba-
foué, vilipendé, calomnié, traîné dans
,la boue, aux rires de la galerie qui boit
il sa santé; on se préoccupe beaucoup
:,noins de savoir ce qu'il pense que de
pénétrer dans sa vie privée, de connaî-
tre ses relations, de calculer les ser-
vices qu'il peut vous rendre, ou de se
venger sur lui d'avoir perdu à la ma-
aiile avec un de ses partisans. Traver-
ser une campagne électorale,c'est tra-
verser un égout. Le malheureux qui
sort de là fait pitié; et si l'on devait
croire seulement la centième partie du
mal qu'on a dit des députés avant
qu'ils fussent élus, force serait de
considérer la Chambre comme une
réunion de gredins, dont le moins
coupable devrait être au bagne..
Il paraît que cet état convient aux
partisans*de ce scrutin immonde. Je ne
les en félicite pas.
Malheureusement, comme ce genre
de combat dans la fange n'a rien qui
puisse plaire particulièrement aux es-
prits élevés, peu à peu ceux-ci se reti-
rent, et c'est peut-être là la cause prin-
cipale de l'abaissement du niveau in-
tellectuel de nos assemblées, qui, d'é-
lection en élection, deviennent de plus
en plus inférieures à la moyenne. En
sorte que, si cela continue, et soyez
sûrs que cela continuera, ce grand
pays de France ne tardera pas à être
gouverné par des gens dont l'épicier
du coin ne voudrait pas pour garçons
de boutique.
N'est-il pas déjà lamentable d'avoir
organisé ces dépôts de candidatures,
qui sont la négation même de la sou-
veraineté du peuple? Est-ce qu'il de-
vrait y avoir des candidats ? Qu'est-ce
que c'est que cela, un candidat ? Com-
ment? Vous me forcez, moi, élec-
teur, à choisir entre tels et tels? Et si
j'en veux un autre, moi? L'électeur
doit pouvoir voter pour qui il veut.
Avec le système actuel, qui exige la
présentation, Cincinnatus resterait
toute sa vie à sa charrue. Vous me di-
rez que Cincinnatus. Oui, je sais bien
qu'il n'y en a pas des masses, mais ce
n'est pas une raison.
Ce n'est donc pas seulement le scru-
tin d'arrondissement qu'il faut dé-
truire, c'est aussi cette loi grotesque
sur les candidatures multiples, qui en-
chaîne la liberté électorale. En cela,
comme en toutes choses, il faut reve-
nir aux principes, dont noua ne nous
sommes que trop écartés.
La question se pose ici de la repré-
sentation proportionnelle. Je n'y suis
pas hostile ; mais j'y trouve bien des
complications. Je n'y attache pas en
outre l'importance que je vois plu-
sieurs de mes amis y attribuer. Outre
qu'avec le scrutin de liste simple, la
compensation se fait naturellement
selon les régions, tout se résout en fin
de compte dans une question de ma-
jorité. Le suffrage universel, c'est le
nombre. Cela ne veut pas dire que ce
nombre ait toujours raison ; mais, du
moment où le suffrage universel a été
institué, c'est le nombre seul qui fait
le pouvoir. De quelque façon que vous
vous tourniez, vous n'empêcherez ja-
mais la majorité de faire la loi.
Ce qui vaudrait beaucoup mieux
que ces expédients, ce serait une cons-
titution, qui mettrait au-dessus de
toute discussion et de tout vote cer-
tains principes incontestables et in-
contestés. Que les libertés dites néces-
saires soient inscrites en tête de cette
constitution, et proclamées inviola-
bles, en sorte qu'il soit matérielle-
ment impossible de proposer une me-
sure qui leur soit contraire, voilà
l'important. Sûrs de cela, vous pour-
rez laisser les politiciens patauger
dans tout le reste.
; Mais, me dira-t-on sans doute, il
faudrait refaire une constitution, et
c'est bien une autre aventura
La République ayant vécu depuis
trente ans sous une constitution mo-
narchique,il serait peut-être temps tout
de même de la mettre dans ses meu-
bles, et de lui donner une constitution
républicaine.
On finit par s'accoutumer à des ha-
bits empruntés; mais, pour se sentir
à son aise, il n'y a encore rien de tel
que d'en avoir à soi.
HENRY MARET.
LES ON-DIT
LE MONUMENT WALDECK-ROUSSEAU
Nous avons annoncé que le
monument de Waldeck-Rous-
seau serait édifié dans le jardin
des Tuileries. L'emplacement
est choisi avec bonheur ; et la
> décision qu'on a prise est de na-
ture à satisfaire les républicains admira-
rateurs- et amis du grand homme d'Etat,
qui veulent que sa statue s'élève en plein
Paris.
De rares protestations se font entendre
cependant. Elles sont formulées par quel-
ques nationalistes, qui n'ont pas pardonné
à l'ancien président du conseil d'avoir rendu
confiance à la démocratie un moment dé-
concertée par les manoeuvres des cléricaux
et des réactionnaires.
M. Archdeacon doit être, à la tribune de
îa Chambre, l'interprète des mécontents.Le
député nationaliste a cru choisir une spiri-
tuelle « plate-forme )) en invoquant les in-
térêts esthétiques de Paris. Aux intérêts de
la beauté de la Grand'Ville, personne plus
que nous n'est attaché.
Mais où M. Archdeacon a-t-il vu que la
statue d'un grand citoyen fût forcément
sans charme et sans valeur esthétique ? Je
reconnais que beaucoup trop de « navets »,
pour parler le langage rapin, déshonorent
les places de la capitale. Eh bien, que l'on
s'adresse à un statuaire qui ait le respect,
le culte de son art, et qu'on laisse toute
liberté à son initiative, à son goût ; qu'on
ne lui impose pas une tutelle qui tarirait
chez lui l'inspiration !
Vous verrez alors qu'il nous donnera,
sinon un chef-d'œuvre, du moins une œu-
vre harmonieuse et émouvante.
En tout cas, il est nécessaire que Wal-
deck-Rousseau ait son monument au cœur
de Paris. Si Paris renonçait à cet honneur,
c'est qu'il renoncerait à être toujours un
peu Athènes. '--
M. JUGLAR ET L'EXPEDITION TUNISIENNE
Une dernière anecdote à propos du doc-
teur Joseph-Clément Juglar, membre de
1 Institut, que l'on enterrait hier.
Un jour, le savant auteur de la fameuse
théorie de la périodicité des crises commer-
ciales vit se présenter dans son cabinet
un inconnu et le dialogue suivant s'en-
gagea : - »
— Je suis le général Forgemol, ancien
commandant de l'expédition française en
Tunisie.
L'économiste s'inclina, légèrement inter-
loqué :
— Charmé de faire votre connaissance,
mon général, mais qu'est-ce qui me vaut
l'honneur ?.
— Vous m'avez sauvé la vie, à mes so 1-
dats et à moi ; de passage à Paris, j'ai tenu
à vous remercier.
— Comment cela?
— Voici. Depuis quelques jours nous
manquions d'eau en Tunisie. Ce détail
nous paraissait plus inquiétant que les
légendaires Kroumirs. Un matin, un offi-
cier d'état-major m'apporta votre remar-
quable brochure sur la guerre de Numidie.
Du diable si je pensais à Salluste et à Ju-
gurtha ! Mais grâce à la précision de votre
érudition, guidé,à la lettre par vous, nous
avons pu reconstituer la ligne de points
d'eau qui alimenta les troupes romaines.
Nos approvisionnements furent ainsi as-
surés.
Singulière destinée d'un petit livre dont
le modeste auteur n'attendait pas, sans
doute, un pareil succès ! Témoignage flat-
teur qui honore autant le général que l'é-
crivain I
L'ENNUI D'ÊTRE TROP GRAND
« Titan», le géant anglais, de son vrai
nom, M. Georges Auger, actuellement ins-
tallé en Amérique, voulut, ces jours der-
niers, contracter une assurance sur la vie.
Aux bureaux de la Compagnie ou il s'a-
dressa on lui dit avec fermeté :
— Nous ne vous assurerons pas.
- Je suis solvable, pourtant !
- Sans doute.
- Ce n'est pas mon âge qui vous ef-
fraie ? J'ai 22 ans.
— Nous vous croyons.
— Je me porte admirablement !.
— Peuh!
— Vous en doutez ?
— Hélas !
— Comment ? J'ai l'air malade ?
— Vous avez l'air. trop grand.
— Mais ce n'est pas une maladie !
— Si. c'est la maladie qui s'appelle
gigantisme.
— Je vous assure que le gigantisme ne
m'empêche ni de boire, ni de manger.
— Le gigantisme vous ronge,mon pau-
vre monsieur; tout homme qui dépasse
six pieds doit périr à la fleur de l'âge.
« Titan » ne s'est pas tenu pour battu ;
il a entrepris de prouver aux médecins de
la Compagnie que sa santé était excellente,
et il est parvenu à leur imposer cette con-
viction.
Ces messieurs se sont réunis et ont fait
passer un examen des plus sévères au
géant ; on a scruté ses habitudes passées
et présentes : on a soumis ses genoux —
le point faible des géants — à une série
d'expérimentations propres à déterminer
s'ils se trouvaient en parfait état ; on a
même poussé l'attention jusqu'à suivre
dans leur cours deux ou trois de ses di-
gestions. Un autre point faible chez ses
confrères. Mais,il a bien fallu le reconnaî-
tre, M. Auger était en parfait état de
santé et il n'y avait aucune raison de lui
refuser l-assurance au'il demandait.
POLITIQUE NOURRISSANTE
Pour d'heureux conseillers municipaux,
ce sont d'heureux conseillers municipaux,
que ceux de ia vieille petite ville de Mont-
cenis (S.-et-L.)
Ces jours derniers, une généreuse fem-
me républicaine a versé entre les mains
du maire une somme de 200 francs, dont
elle à disposé ainsi l'emploi : 100 francs
pour les pauvres, 100 francs pour un ban-
quet destiné à réunir les neuf membres ré-
publicains du conseil municipal.
Dès la nouvelle connue, une « sainte »
femme, non moins généreuse, fit remettre
une pistole à chacun des six autres con-
seillers municipaux clériooux"afin qu'ils
puissent baftqueter tout aussi bien que
leurs collègues républicains. -
Mais ce n'est pas tout. On nous rapporte
que la citoyenne Gâteau tient à avoir le
dernier mot, ou plutôt le dernier repas, et
qu'elle va lancer une nouvelle invite aux
édiles démocrates de Montcenis. Pour peu
que cette émulation continue, les braves
conseillers municipaux vont être nourris à
l'œil.
Heureux conseillers municipaux ! heu-
reux hôteliers I Et tout cela va finir par
des chansons, soyez-en sûrs. ,:
Le Passant,
.——————————— e
L'ARGENT DE L'AVOCAT
Il est profondément immoral d'exiger ou
même do permettre que des gens vous consa-
crent leurs soins, leur temps et leurs peines,
sans leur accorder la moindre rétribution.
J'ai toujours pensé que c'est dans ce senti-
ment de justice instinctive qu'a pris nais-
sance l'horreur que nous éprouvons tous pour
les « raseurs» — ces êtres qui nous volent des
tranches entières de vie pour le seul plaisir
de bavarder, pour « tuer le temps » comme
ils disent, pour rien.
Au surplus ce sentiment est tellement inné
chez l'homme que tout le monde trouve par-
faitement ridicules et grotesques les règle-
ments surannés en vertu desquels les avocats
ont le droit de se faire payer, mais. sans en
avoir l'air.
Rien de plus vétusté, de plus rococo, de
plus stupide que cette façon de voir, qui n'a
d'autre résultat que de donner à l'hypocrisie
un caractère officiel. L'avocat n'a pas à dissi-
muler les sommes que peuvent lui rapporter
et sa science juridique, et ses laborieuses étu-
des de dossiers, et ses longues plaidoiries si
souvent exténuantes : il ne doit que s'en féli-
citer et s'en glorifier à juste titre.
Cela ne signifie pas, d'ailleurs, qu'il ne lui
reste aucun cas de conscience à résoudre. Loin
de là. En ce moment, mêmlt il s'en présente
un qui donnera lieu, je crois, à do nombreuses
controverses. Voici ce dont il s'agit.
Les « bandits d'Abbovilie », dont toute la
presse a raconté les exploits, vont comparaître
mercredi devant la cour d'assises de la Som-
me. Quatre avocats du barreau d'Amiens
avaient été désignés d'offico pour défendre
ces redoutables accusés.Mais le chef de ces 26
bandits, le fameux Jacob, presque aussi fa-
meux que le chef de la Sùreté qui porta ce
nom de Jacob, ne l'entendit pas de cette
oreille.
— Quoi ! dit-il, de simples avocats de pro-
vince pour nous défendre, nous, nous qui fûmes
si longtemps la terreur des classes possédan-
tes, et qui restons l'orgueil de notre corpora-
tion? Vous n'y songez pas, il nous faut les
maîtres du barreau parisien.
— La plaisanterie est enfantine. Comment
les payore-vous ?
— Rien de plus simple. Nous avons le droit
de disposer des sommes considérables que l'on
a saisies sur nous, lors de notre arrestation,
et dont la provenance délictueuse n'a pas été
légalement établie.
— Mais c'est de l'argent volé 1
— Je vous répète qu'on n'a pas établi léga-
lement la provenance délictueuse de cet ar-
gent, et que, la loi en main, nous pouvons la
remettre aux avocats que nous chargerons
d'établir et de démontrer notre innocence.
Et l'on est,paraît-il,obligé d'en passer par où
l'exige cet ingénieux Jacob.
Hé 1 bien, que vont faire les maîtres du
barreau parisien que les bandits d'Abbeville
voudront enrichir de ces dépouilles opimes?
En leur âme et conscience, comme on dit
au tribunal, peuvent-ils accepter « ce pro-
duit de vols », bien que la loi les y autorise ?
Je me borne à poser la question.
G. de Vorney.
,
LE RETOUR DE L'EXPÉOITION CHARCOT
La nouvelle de Buenos-Ayceg, que nous
avons publiée hier, annonçant l'arrivée du
Français, avec M. Jean Charcot et ses com-
pagnons sains et saufs, dans le petit port pa-
tagon de Puerto-Madryn, est confirmée de
tous points par ia dépêche suivante da M.
Charcot lui-même à l'Agence Havas :
Puerto-Madryn, 4 mars.
L'hivernage dans Ille Wondel a permis d'axé-
cuter dans de bonnes conditions tous les travaux
scientifiques. La question du détroit do Bismarck
est élucidée. Par un raid nous avons reconnu la
terre d'Alexandre, mais elle était inabordable, à
cause des glaces. J'ai relevé et exploré plusieurs
points inconnus de la terre de Graharn. Malgré un
échouage qui a causé une voie d'eau sérieuse, sur
la côte découverte par nous, nous avons pu con-
tinuer à relever ensuite le contour extérieur de
l'archipel Palmer. Tous sont en bonne santé.
D'autre part, Mme Jeanne Charcot, la sœur
du vaillant explofollteur, a reçu un télégram-
me ainsi conçu :
Tout bien et tous bien. Partons immédiate-
ment pour Bucnoss-Ayres.
Les Argentins se préparent à faire à M.
Charcot une réception enthousiaste, car on
sait l'intérêt qu'ils attachent à cette expédi-
tion, dont ils ont couvert la plupart des
frais.
AU MAROC
On écrit de Fez :
Après avoir été retardées par les fêtes de l'Aïd
el Kobir les négociations entre le gouvernement
marocain et le ministre de France ont été ouver-
tes officiellement le 22 de ce mois.
La première conférence a eu lieu dans le palais
du grand-vizir où une vaste salle a été spéciale-
ment aménagée en vue de ces séances. Fait sans
précédent et qui montre que le gouvernement
marocain a conscience de la gravité des circons-
tances actuelles, tous les vizirs ont été réunis
pour entendre les propositions du ministre de
France.
De son côté M Saint-René Taillandier était as-
sisté par MM. de Saint-Aulaire, Gaillard et Si
Kaddour ben Ghabrit, interprète.
Étaient en outre présents quelques-uns des dé-
îégués choisis par le maghzen dans les villes de
la côte et de Fez. Il a d'ailleurs été convenu entre
le sultan et M. Saint-René Taillandier que ces
personnages assisteront en silence aux pourpar-
lers et ne pourront en aucun cas y prendre part.
,. ,-- Tanger, 5 mars.
t Dans une nouvelle conférence avec les vi-
zirs, le ministre de France a exposé un plan
de réorganisation de la police marocaine. Il a
expliqué que cette police .devrait d'abord ré-
tablir la sécurité des ports marocains et de la
frontière algérienne. Il a demandé l'augmen-
tation du nombre des instituteurs français et
algériens, ainsi que leur contrôle pour les
questions de recrutement, de solde et de dis-
cipline.
ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Aisne
(1U circonscription de Laon)
SCRUTIN QK BALLOTTAGE
Inscrits : 21.416 — Votants: 17.092
MM. Jules Pasquier, anc. d. r. 1. 9.206-ELU
Docteur Debray, rad.-soc. 7.664
Pyrénées-Orientales
(Arrondissement de Céret)
Inscrits: 13.905
MM. Pujade, cons. gên., rad 2.524 voix
Stuart, publ., rad.-soc. 1.800
Hostalrich, rad. -soc. 1.432
Coste. soc 1.381
Ballottage
ÉLECTION SENATORIALE DU 5 MARS
Somme
Inscrits : - 1.326. — Votants : 1.321
MM. Rousé, dép. rad 629 voix
Trannoy, dép. prog 575
- François, anc. dép. prog 127
(Ballottage)
2e tour. - Votants : 1.320 -
MM. Trannoy, dép. prog. 664 ELU
Rousé, dép. rad. 650
Il s'agissait da remplacer M. Tellier, séna-
teur républicain,décédé.
- - .00
ÉLECTIONS AUX CONSEILS GÉNÉRAUX
Ardennes, canton de Tourteron. — MM. de
Beaufort, libéral, 415 voix ; Goûtant, séna-
teur, 355 voix ; Me inier, radical, 233 voix.
Il y a ballottage.
Hérault, Cette, M. Molle, maire de Cette,
est élu.
SAINT-CYR
Le programme de l'Ecole. - Surme-
nage et incohérence. — Bizarres
omissions. — Un mal qu'il faut
réparer.
M. Borteaux ne perd aucune occasion d'af-
firmer à la Chambre ou dans les réunions
particulières sa sympathie pour l'armée et
l'intérêt qu'il porte aux choses militaires ; cela
est bien. Et puisqu'il eu est ainsi, nous le
supplions de songer quelque peu à J'examen
d'entrée à Saint-Gyr.
Les candidats se plaignent d'abord du trop
fréquent changement des programmes et les
plaintes, il faut le reconnaître, ne sont que
trop justifiées. On avait, en 1902, procédé à
une nouvelle répartition des matières exigées
des candidats : deux ans plus tard le minis-
tère de la guerre invitait les examinateurs à
rédiger un nouveau programme, le précédent
ayant cessé de plaire pour des raisons de-
meurées inconnues. On s'execllta : la commis-
sion d'examen qui sait ce que l'on peut en-
seigner aux futurs Saint-Cyriens et ce que
l'on est en droit j'attendre d'eux accomplit
avec une compétence indiscutable et une par-
faite sincérité le travail qui lui était demandé.
Alors se passa une chose incroyable, inouie :
méprisant les avis autorisés que l'on avait
sollicités, les membres du cabinet militaire
du général André mirent au monde le pro-
gramme le plus arbitraire, le plus extravagant
et, disons le mot, le plus déraisonnable qui
ait jamais existé.
Tel est l'avis des gens compétents avec qui
il nous a été donné de nous entretenir ; point
n'est besoin d'ailleurs d'avoir recours à eux.
Il suffit, pour se faire une opiniqn et pour
Il suffit, l'insanité des modifications introdui-
juger de l'insanité des modifications ;ntrodui-
tes, de feuilleter en les comparant les deux
instructions pour l'admission à l'Ecole spé-
ciale militaire en 1903 et en 1905,
L'encombrement des programmes
Que voyons-nous ? D'abord une avalanche
de questions de mathématiques, algèbre, tri-
gonométrie, géométrie, cosmographie, méca-
niquo, que les professeurs se déclarent inca-
pables de traiter dans le faible temps que leur
attribue l'horaire hebdomadaire ; d'où résul-
tera la supériorité incontestable des écoles re-
ligieuses préparatoires qui, n'étant pas sou-
mises aux mêmes exigences que nos lycées, ne
manqueront pas de consacrer à ces matières,
dont le coefficient est fort élevé à l'écrit et à
l'oral, tout le temps nécessaire.
Les programmes de physique et de chimie,
considérablement augmentés, nécessitent des
candidats des études absolument nouvelles,
de même que les sciences naturelles et les no-
tions d'hygiène que l'on a cru bon d'ajouter.
En quoi, je vous lo demande, tout ce fatras de
connaissances mal acquises et surtout mal
digérées pourra-t-il être utile à nos futurs of-
ficiers? Et n'est ce pas une inj ustice flagrante
que d'imposer à beaucoup do jeunes gens qui
ont approché du but sans l'atteindre, mais qui
croyaient pouvoir compter sur la succès un
an plus tard, ces études nouvelles, longues,
difficiles, qui ne peuvent que leur ôter la con-
fiance et i'espoir ?
Vous croyez peut-être que ces défauts du
programme scientifique seront rachetés par
des avantages sérieux en ce qui concerne la
partie littéraire? Délrompez vous! Ici les mo-
dificatioùs introduites sont tellement ridicules
que l'on à peine à croire ses yeux.
La composition française, le « vieux laïus »
qui permettait aux candidats de s'exercer à
grouper des idées, à rédiger une lettre ou un
rapport, va disparaître. Mais par quoi le
romplace-t-on ? Par une dissertation philoso-
phique portant sur un programme de philo-
sophie scientifique et morale, qui s'étala en
toutes lettres en tête de la liste des connais-
sances exigées ! Et ennuie on ne saurait trop
en prendre, il faut désormais que nos jeunes
gens ad résignent à subir des interrogations
sur les mêmes questions philosophiques à
l'examen du premier et du second degré. Quel
merveilleux progrès ! Et comme on reconnait
bien là l'invasion néfaste de cette science phi-
losophiqin qui a la prétention de régenter le
monde et dont de trop nombreux représen-
tants s'efforcent d'accaparer la direction de
l'enseignement et des études 1
L'histoire tronquée
Le nouveau orogrammg d'histoire ayant
i ---
provoqué bien des critiques et des doléances,
nous avons tenu à le connaître.
Tout d'abord,avant 1815 rien n'est exigé des
candidats: la-lutte coloniale entre la France et
J'Angleterreaul8'siècle,lesoriginesdelà Prusse
et da la Russie, la ftérotottan et l'empire ne
comptent plus pour les futurs officiers. On a,
il faut le reconnaître largement taillé dans
l'ancien programme: mais doit-on s'en féli-
citer? Si l'on n'a plus à étudier les institutions
de la Révolution, du Consulat et de l'empire,
auxquelles notre société contemporaine doit
cependant quelque chose, ni l'Histoire mili-
taire et diplomatique de cette même période,
qui peut cependant fournir d'utiles enseigne-
ments, on ne fait grâce, en revanche, d'au-
cune Constitution des divers pays d'Europe
durant le 19e siècle.
Ce qu'il faut posséder à-fond. à l'heure ac-
tuelle, ce sont la lutte des partis dans les dif-
férantsetats, les révolutions politiques, les
modifications du régime. électoral, les doctci-,
nes sociales et les lois ouvrières. Singulières
matières, il faut l'avouer, pour de futurs Saint-
Cyriens, connaissances difficiles à acquérir et
plus difficiles encore à enseigner ; car, si l'on
a pu soulever des polémiques irritantes au
sujet de Jeanne d'Arc, combien est-il pas à
craindre d'en exciter dans ces questions déli-
cates, où l'on est appelé non seulement à ju-
ger l'ouvre des morts, mais encore à exposer
et à apprécier l'œuvre des vivants avant
qu'elle soit achevée, c'est-à-dire avant qu'elle
soit entrée dans le domaine de l'histoire.
La géographie absente
J'arrive à la constatation qui me parait être
« le clou » des nouveaux programmes. Peut-
être vous êtes-vous figuré jusqu'à ce jour qu'il
pouvait être utile à un futur officier de possé-
der quelques connaissances géographiques
précises sur la France et sur les grands pays
de l'Europe?
Quelle erreur est la vôtre! Aucune étude
de ce genre ne figure au programme et,dans
l'indication des matières exigées pour 1905,
la géographie brille par son absence. L'omis-
sion est-elle fortuite ou volontaire?
Je ne saurais le dire; mais beaucoup ré-
pètent qu'elle doit être uniquement attribuée
à l'ignorance profonde de quelques membres
du cabinet militaire qui, en assimilant les ma-
tières de l'examen au programme de la classe
de mathématiques élémentaires, ont oublié de
constater qu'il n'existe actuellement dans
cette classe aucun enseignement spécial de
géographie. Quoiqu'il en soit, on peut dès à
présent prétendre à Saint-Cyr sans connaîtra
son propre pays et en ignorant totalement
l'Allemagne et l'Europe. Quelle légèreté et
cruelle incohérence !
L'ancienne commission sacrifiée
Pour appliquer de si singuliers programmes,
on a pensé que l'ancienne commision d'exa-
men n'avait plus de raison d'être. En vain
elle avait réussi à résoudra ce difficile pro-
blème de satisfaire également par sa droiture,
sa conscience, son expérience, et les candi-
dats et leurs maîtres : ces qualités n'ont pu
lui faire trouver grâce devant l'autorité su-
périeure qui, il y a quelques semaines, en a
prononcé la dissolution.
On a bien, il est vrai, quelque peu atténué
cette mesure de rigueur, en prorogeant par
exception et pour une année seulement, les
pouvoirs de quelques-uns de ses membres.
Mais ils seraient, dit-on, remplacés plus
tard par des membres de l'enseignement supé-
rieur ; et comme ces derniers ne sont nulle-
ment, à cause de leurs études spéciales, pré-
parés à la fonction que l'on voudrait leur
confier, il n'est pas téméraire de croire, ainsi
que beaucoup l'affirment, que ce renouvelle-
ment dd la commission est surtout destiné à
donner satisfaction à quelques gros person-
nage dont les fils, les gendres ou les protégés
verraient avec plaisir l'indemnité pécuniaire,
provenant de l'examen, s'ajouter à leur trai-
tement régulier de l'année. C'est pour eux de
l'intérêt bien entendu. Mais l'examen y per-
dra son caractère d'unité, de bienveillance et
de justice, et les candidats ne pourront que le
dépljrer.
Il appartient au ministre de la guerre de
réparer le mal accompli. Il te peut ; il le doit.
Nous le souhaitons dans l'intérêt général. Que
M. Berteaux agisse! Nous serons les premiers
à l'en féliciter.
MILES.
a—r i nr ——caw——i
L'ASSISTANCE AUX VIEILLARDS
Rassurons un de nos confrères du soir qui,
dans une note trop pessimiste — mais qui
dépeint bien son état d'âme et surtout son es-
poir de voir les craintes (?) qu'il exprime se
réaliser — émet un doute sur la discussion,
au Sénat, dans un délai rapproché, de la loi
sur l'assistance aux vieillards qui a été votée
l'année dernière par la Chambre des députés
à l'unanimité moins trois voix.
Rappelons, en passant, pour l'émerveille-
ment des générations futures, le nom des
trois philantrophes qui estiment quo les vieil-
lards et les incurables sont suffisamment à
l'abri du besoin,ce sont MM.les députés Arnal,
Bischoffsheim et Borgnet.
Bien que le chiffre des crédits qui seront
nécessaires pour mettre cette loi en vigueur
soit supérieur à celui prévu lors de la discus-
sion à la Chambre des députés, cette difficulté
ne semble pas devoir être un obstacle à l'a-
doption de cette loi par la Sénat et son émi-
nent rapporteur près la Chambre haute, M.
Paul Strauss, a bien voulu me dire qu'il avait
la certitude que non seulement le Sénat vote-
rait l'assistafico aux vieillards, mais encore
que son examen n'en saurait d'autant moins
tarder que le gouvernement l'avait comprise
dans son programme.
Or, comme - l'on sait fort bien, et depuis
longtemps, que les chiffres inscrits dans la loi
adoptée par la Chambre sont insuffisants, on
ne saurait craindra que le ministre arguât de
cette insuffisance pour ajourner le débat, puis-
que,en prenant l'engagement de faire aboutir
l'assistance aux vieillards, le nouveau minis-
tère connaissait la situation.
Voilà donc encore un prétexte à dauber sur
le gouvernement perdu pour les bons nationa-
listes et nous pouvons espérer que bientôt, à
leur grand désespoir, la République aura à
son actif une bonne loi sociale de plus.
Emile Mahè
—— •» -1
LES ÉVÊQUES ET LA SÉPARATION
L'évêque du Puy a fait publier la noi9 sui-
vante dans la Semaine religieuse du diocèse :
En vue do la séparation, monseigneur conseille
à ses prêtres de constituer un dossier très minu-
tieusement documenté sur la propriété de leur
église, de leur presbytère et de leur cimetière. Il
importe de savoir par qui ces établissements ont
été créés, à quelle époque, si l'Etat et la commune
ont accordé ou non des subsides, et si ces subsi-
des ont été concédés sous la condition que. l'église
et le presbytère seraient propriétés communales.
Un rapport devra être rédigé là-dessus et envoyé
a l'évôchê. On en garder" 19 douWç dan5 les ar-
chivas ,Pt\ro¡&let, v
LA GUERRE RUSSO-JAPONAISE
LA BATAILLE - SOUS IOIJlDEJ
-
Résistance acharnée des Russes
Les Russes repoussent les Japonais
- Attaques répétées. — La marche
sur Moukden. — Sur tout le
front.
La bataille fait rage. Les Russes toujours
maîtres de leurs positions au centre et a
l'ouest, maîtres toujours de la colline Pou-
tiloff, tiennent tête aux assauts répétés
des Nippons. Mais ceux-ci ne se lassent
pas et avec leur ordinaire entêtement répè.
tent leurs attaques. Leur mouvement enve-
loppant à l'est et à l'ouest de Moukden con-
tinue et les dépêches anglaises venues da
Tokio annoncent déjà la prise de Moukdea
comme imminente.
Restons dans l'expectative.
EN MANDCHOURIE
Les contre-attaques russes
Saint-Pétersbourg, 5 mars.
Un court télégramme aui a produit u{
effet très rassurant dans les cercles officiels,
et militaires a été reçu aujourd'hui de Kouro-
patkine.
La généralissime dit qu'il a enfin riposte
l'offensive persistante des Japonais contre son
centre par une contre-attaque qui se poursuit
en ce moment et qui, espère-t-il, raournera
complètement la situation en faveur des
Russes.
En même temps, les Japonais ont été chas-
sés de Sinminting où ils ont subi des porte.
considérables et où ils ont dû abandonner plut*
sieurs canons.
Le mouvement de flanc des Japonais sur
la gauche des Russes a été enrayé, et il ne
donne plus d'inquiétude au commandant ea
chef.
L'attaque des Japonais contre la passe de
Gontouling a également échoué. Un certain
nombre de canons japonais ont été pris pat
les tirailleurs sibériens.
Succès japonais
Niou-Chouang, 5 mart,
(Source anglaise.)
La chute de Moukden est considérée commt
imminente. Le général Nogi a coupé hier une,
division russe qui cherchait à retourner &
Moukden et l'a chassée vers Tieling.
Un autre détachement russe venant renfor-
cer Moukden a rencontré les Japonais et a été
défait avec de grosses pertes.
Il s'est replié vers Tidinq.
De l'armée da Kuroki, 5 mari.
(Source anglaise.)
Les Japonais ont remporté une victoire ao
sud du Houn-Ho, battant en détail deux divi-
sions du 6e corps d'armée arrivées récemment
d'Euror)e,tuant de nombreux ennemis et cap-
turant de grandes quantités de munitions.
Moukden, 5 mers.
Les Japonais ont continué hier, à G heures
du matin, à donner l'assaut à nos positions
à l'ouest de Moukden.
La combat au centre s'est borné à un duel
d'artillerie qui a duré jusqu'au soir. Les Ja-
ponais ont alors donné l'assaut à Sachepoa
et ils sont parvenus jusqu'aux défenses
ea fil de fer, mais leur attaque a été re-
poussée.
La garde japonaise a donné l'assaut à nntra
aile gauche à Kandalisan ; leur dixième at-
taque a été repoussée ce mitin à 4 heures.
Hier soir, toutes les attaques des Japonais.
aux environs du col de Gou-Tou-Lin, avaient
été repoussées.
Les Japonais ont subi partout des pertdff
considérables.
Le canon tonne aujourd'hui avec fureur à
l'aile droite.
Niou-Chouang, 5 mars.
Suivant les dernières personnes arrivées de
Moukden, les Japonais sont en train d'en.
velopper la ville, dont la chute est immi-
nente.
Un détachement important s'avance au
sud-est, venant de Fakoumen. Le général
Nogi marche vers le nord, le long du
Liao-Ho.
Vendredi, les Japonais, trouvant un dé-
tachement russe composé de quatre sotnias
avec vingt-six canons, qui cherchait à ra-
gagner Moukden, le défit et le repoussa
sur Ïie-Ling. Les blessés russes restèrent sur
le terrain.
Depuis le raid des Japonais à Sin Min-Xingt
des renforts russes se sont portés sur Mouk-
den ; dans certain nombre des stations, tout
les avant-pcwles ont été rappelés pour défen-
dre la ville.
Hier matin, à dix heures, plusieurs de ces
avant-postes, rencontrant des éclaireurs ni pi-
pons, près de Lao-Pien, à douze milles de
Moukden, ils s'avancèrent lentement par la
plaine broussailleuse ; ils avaient ainsi par-
couru deux milles quand les Japonais, qui
avaient reçu du renfort, les attaquèrent, et, à
la faveur des nuages de poussière soulevés
par le vent, dirigèrent sur eux, à bout por-
tant, le tir de trente canons. Les Russes, dé-
moralisés, résolurent de sa replier sur Tie-
Ling.
Le mouvement de retraite commença à
5 heures de l'après-midi. Les blessés f ureDt
abandonnés sur place. Les Japonais, trop peu
nombreux pour envelopper l'adversaire, le
poursuivirent vers le nord.
Les Russes auraient eu 5 officiers et 50 hom-,
mes tués. ,.
Moukden,5 mars.
A sept heures du matin, là bataillb a recom-
mencé dans les positions près de Moukden eon-
tre la division Nogi. Le feu de notre artillerie
a été plus puissant qu'hier.
Dans les positionssur le CharRo aucun chai'
gement ne s'est produit.
4 l'aile gauche les Japonais n'ont prononcé
dans le jour aucune attaque. Leur dernière
attaque, la treizième au défilé- Goutou-Ling, a
été repoussée à huit heures du matin.
La colline Poutilof a été bombardée toute îai
journée par des pièces de siège.
A la droite de la voie ferrée, les Japonais
ont attaqué Lian-Tchao-Pou que nos avant-
postes ont abandonné après une lutte acharnée.
Sous Moukden
Moukden, M mars. (
Depuis ce matin le duel d'artillerie se pour-
suit à l'ouest de Moukden. La lignedes avant-
postes japonais s'étend jusqu'à 9 kilomètres
de Moukden, parallèlement à la voie ferrée.
Les obus japonais éclatent à environ 4 kilo-
mètres des Tombeaux des Empereurs. Let
points sur lesquels le tir est dirigé do préfé-
rence sont les villages chinois de quelque
étendue qui constituent presque les seuls
points de défense dans cette plaine décou-i
verte.
Nos batteries de campagne ont répondu énep-
giquement toute la journée aux batteries ja-
ponaises ; des deux côtés on couvre les posi
lions d9 51arapnqlg. Par iastaats tout l'bpruofl{
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