Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-07-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 26 juillet 1912 26 juillet 1912
Description : 1912/07/26 (N15504). 1912/07/26 (N15504).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
141, 15564. - 9 THERMIDOR, AR 12CJ.
CINQ CENTIMES LE NUMERO -".
VENDREDI 28 JUILLET 1912. — N8 155OT.
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- TRIBUNE LIBRE -
, , ', .--",:, , -',
,. Le Devoir des Républicains
te 32e Congrès cfé la Ligue
française de l'Enseignement
vient de tenir ses assises à
Gérardmer, la perle des Vos-
ges et de Lorraine, à quel-
Ques kilomètres de la belle
terre d'Alsaée,
Le choix de cette superbe localité vos-
gienne par le Conseil général de la Li-
gue avait une double signification : ré-
gler une dette de piété -filiale à l'égard
de l'Alsace, sol natal de l'imprimerie, de
la Marseillaises t de la Ligue elle-même ;
rendre hommage à Jean Macé, son fon-
dateur, qui, de Beblenheim, prêcha la
croisade en faveur de l'éducation popu-
laire, et au grand Vosgien, Jules Ferry,
créateur de l'enseignement laïque, et
ttont la vie fut un perpétuel effort vers
ia lumière et la justice.
Nous avons remporté de ces belles réu-
nions de travail une impression récon-
fortante et une ardeur plus intense en-
core pour la défense de l'école.
On a rendu compte ici des discussions
intéressantes, parfois passionnées, qui
se sont engagées sur l'éducation civique,
les œuvres complémentaires de l'école,
l'enseignement post-scolaire technique,
agricole et ménager.
De ces controverses se sont dégagées
îles conclusions, admirablement mises
en valeur par Abel Ferry dans son rap-,
port général', et dont les républicains
sauront faire leur profit.
Demx idées essentielles ont, à notre
avis, dominé tous ces débats : la pre-
mière, c'est que la défense de l'œuvre
scolaire laïque doit s'exercer tout par-
ticulièrement sur le terrain de l'éduca-
tion de l'adolescence urbaine et rurale,
avec la collaboration des instituteurs,
dont la condition matérielle devra être
améliorée ; la seconde, c'est que les ré-
publicains ne doivent pas se contenter
de faire de la politique purement élec-
torale, mais payer de leur personne dans-
les œuvres post-scolaires, en se consa-
crant à l'éducation physique, morale,
patriotique et sociale de la jeunesse.
C'est en entourant l'école publique
d'un réseau à mailles -serrées d'oeuvres
d'enseignement et de solidarité : amica-
les, patronages, jeunesses républicai-
nes, sociétés de tir, de préparation et
de perfectionnement militaires, mutua-
lités, colonies scolaires de vacances, lar-
gement subventionnées par le Gouverne.
ment ; c'est en donnant aux adolescents
un complément d'éducation civique et
démocratique et un enseignement pro-
fessionnel approprié, que nous compléte-
rons et fortifierons l'oeuvre de Jules Fer-
ry. C'est en payant un peu mieux celles
et ceux qui sont chargés du service de
l'éducation nationale, que nous assure-
rons à notre enseignement primaire le
recrutement d'un personnel de choix et
d'élite, auquel ndus pourrons demander
un effort plus grand pour l'éducation ju-
vénile. Est-ce que l'industriel et le com-
merçant avisés n'intéressent pas à leur
entreprise ceux qui sont particulière-
ment préposés à sa prospérité et à son
développement ?
Pourquoi ne pas donner aux institu-
teurs un traitement d'Etat au moins
égal à celui que donnent la plupart des
pays de l'Europe ?
Il faut enfin répéter aux républicains
qu'il ne suffit pas, pour remplir son de-
voir, de faire partie d'un comité politi-
que et de soutenir, pendant les périodes
électorales, la candidature désignée par
le Parti.
Le devoir au véritable républicain est
plus élevé et plus noble : il doit être un
éducateur, un apôtre de la foi laïque.
il doit s'intéresser à toutes ces œuvres
vpost-scolaires, non pas seulement en
payant une cotisation plus ou moins éle-
vée, mais en donnant de sa personne et
de son temps.
- La République a besoin cfe volontaires
de l'éducation populaire pour 1a défen-
tire contre les attaques sournoises et
perfides de ses adversaires cléricaux,
Comme elle avait besoin de volontaires,
en 1792, contre les ennemis de l'exté-
rieur.
Si les républicains veulent voir ce ré-
gime prospérer, ils doivent s'occuper de
la jeunesse, en prenant exemple, il faut
le dire, sur ce qui se fait en face.,
Si, par une indifférence coupable, ils
se désintéressaient de l'adolescence, îa
République ne résisterait pas aux as-
sauts des cléricaux qui, méthodique-
ment et résolument, se préparent dans
l'ombre« -.
Apprendre aux jeunes générations,;
nées sous un régime de liberté, ce que
la République a fait pour elles ; leur en-
seigner ce qu'en retour elles doivent faire
pour la République, tel est le devoir im-
périeux de l'heúreprésente.
Aucun républicain n'y faillira.
Un enseignement civique, social et sô-
lidariste, sera donné dans toutes les œu-
vres post-scolaires, multipliées le plus
possible. Il sera complété par l'enseigne-
ment technique professionnel et agrico'
le,- que le Parlement organisera légale-
ment au cours de cette législature
C'est à cette œuvre d'union féconde
pour l'action laïque et démocratique, que
le Congrès de Gérardmer a convié tous
les républicains.
Ils répondront, nous en sommes surs,
aux appels chaleureux de nos amis Des-
soye, Rotoelin et Edouard Petit, disciples
éloquents de Jean Macé, apôtres infati-
gables de cette école laïque, clef de voû-
te de l'édifice républicain, qui reste,
comme J'a dit le distingué maire de
Lyon, M. Edouard Herriot, « le refuge
de la justice et l'asile de la p'robité ».,
Constant VERLOT,
Député des Vosges.
''Ancien président de l'Union des
7eunesses Républicaines de France.
r ■O
La Politique
-:+e-+--
LA DISCUSSION CONTINUE.
On lira plus loin le long arti-
cle — sous foiTîîe de Lettre
ouverte -, par lequel M. Cle-
menceau s'efforce à répondre
au discours de Gérardmer.
Réponse qui, d'ailleurs, ne
saurait convaincre personne. L'ancien
président du Conseil, en effet, s'y tient
constamment hors des réalités. Au lieu
d'argumenter, il se contente de nier.
C'est, plus facile.
M-Clemenceau essaie d'expliquer son
attitude à l'origine 'du mouvement qui
a déterminé dans l'opinion Virrésistible
courant en faveur 'de la Réforme élec-
torale. A ce moment, le sénateur du
Var a parlé d' « élargir » le mode de
scrutin ; et M. Poincaré a eu raison,di-
mimche, de dire que c'était la condam-
nation implicite,. mais définitive, du
scrutin d'arrondissement. « On pour-
rait ajouter, fait justement remarquer
le Teimps, que si la Réforme électorale
devait offrir tant de périls pour la Ré-
publique, c'est alors que M. Clemen-
ceau aurait dû la dénoncer. »
C'est, ensuite, sous les ministères
Briand, Monis" et Caillaux, alors qu'il
était possible encore d'empêcher le vote
de la loi. ,
Mais M. Clemenceau, lorsque son in-
tervention pouMii être utile., s'est tu.
Où était-il ? Que faisait-il ? A quoi son-
geait-il ? Il ne parle qu'au moment où
celle intervention peut être funeste ; en j
réalité, au moment où il poursuit d'au-
ires desseins — qu'il faudra 'bien pré-
ciser, et nous nous y emp,loiei-ons'. -
sous le prétexte de défendre le Suffra-
ge universel.
Le comble, c'est d'entendre M. Cle-
menceau faire grieft à M. Poincaré a' ac-
cepter le concours des minorités parle-
mentaires en faveur de la Réforme.
Vraiment, le reproche est admirable
'dans la bouche de l'homme qui, avec
le concours de la droite, a renversé tant
de gouvernements républicains et para-
lysé, durant trente ans, l'action réfor-
matrice dans ce pays 1
Cependant, M. Clemenceau — ména-
gerait-ïl une retraite en bon ordre ? —
prononce, dans son papier, Te mot de
(e conciliation ». Comme nous le kli-
sions hier,, cette conciliation, nous l'es-
comptons, nous l'appelons de tous nos
vœux avec M- Pointaré, qui a répon-
du, des hier soir, à la Lettre ouverte
tle son prédécesseur, avec tous les
sincères républicains. Nous l'obtien-
drons. fd'accor(ll avec M. Clemenceau,
s'il s'y résigne ; contre lui, s'il persiste
dans son entreprise néfaste de « démo-
lition », 'de 'désagrégation de notre
Parti,
LIRE PLUS LOIN :
Lettre de M. Clemenceau
au président du Conseil
t Réponse de M. Pojncaré
LE FAIT DU JOUR
« A New-York, on a découvert que la plu-
part des policiers avaient partie liée
.* avec des multaiteuKs de toutes sortes, et
Ifl^Khiplaçaicttf ai» besoin dans léuTS
dUBlions. » (Les journaux.) ,
- 'LIE POLICIER-APACHE î « Voyons, lady, c'est pas la peine d'appeler la police : j'en
suis !.
Les On=Dit
-i+8 ..:--
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi s
Lever du soleil à 4 h. 16 du matin*
Coucher du soleil à 7 h. 38 du soir.
Lever de la lune à 5 h.: 47 du soir.
Coucher de la lune à n h. 12 du matin.
Courses à Maisons-Laffitte et à Ostende.
AUTREFOIS
Le Rappel du 26 juillet 1876 î
On annonce la mort de M. Henri Four-
nel, ancien ingénieur civil, un des adeptes
marquants du saint simonisme au temps on
il llorissait. -
-- Un de nos amis de Nancy, qui était
à Strasbourg la semaine passée, nous écrit
que dans un concert donné, dans cette der-
nière ville, par des sociétés alsaciennes, au
profit des inondés, tes fanfares ont exécuté
un morceau dans lequel on avait intercalé la
Marseillaise et le Chant du Départ. Ces
, morceaux ont soulevé des applaudissements
; frénétiques parmi les assistants.
AUJOURD'HUI
A Rambouillet
■ —« I
Le président de la République et Mme
Fallières passeront à Rambouillet la plus
grande partie des vacances parlementai-
res.
Un certain nombre de remaniements ont
été apportés dans l'arrangement du mobi-
lier du château. Les appartements du rez-
de-chaussée, ornés des boiseries du comte
de Toulouse, resteront les appartements
de réception, à l'exception de deux salons,
dont l'un servira de cabinet de travail au
Président et l'autre au secrétaire général.
Au premier étage, le mobilier de la cham-
bre de M. Fallières sera celui qui avait été
commandé par Louis XVIII, pour le duc
de Berry, à l'exception du lit en cuivre
exécuté pour le président Félix Faure.
Le mobilier de l'appartement de Mme
Fallières, tout en racine d'orme, sera celui
qui servit à la duchesse d'Angoulême.
M. DELANNEY
M. Delanney, préfet de la Seine, est nom-
mé commandeur de la Légion d'honneur.
C'est une distinction, dont on petit dire*
qu'elle honore autant le Gouvernement qui
Vaccorde, que le haut fonctionnaire qui la
reçoit.
Aucune ne seturnit dire mieux méritée.
Nous ne voulons pas rappeler ici la lon-
gue et admirable carrière administrative du
préfet de la Seine, tout entière consacrée
au service de la Nation et au Bien public.
Avec une autorité et une fermeté rares,
secondées par une claire intelligence et une
science administrative remarquable, M. De-
lanney est mieux qu'un fonctionnaire émi-
nent ; un caractère.
La loyauté et la sûreté de ses relations
sont unanimement appréciées par tous ceux
qui l'approchent. Et c'est très sincèrement
que nous adressons — nous qui ne sommes
guère suspect de mdcher, quand il le faut,
les mois .aux fonctionnaires de la Républi-
que — nos félicitations cordiales au nouveau
commandeur.
La Presse.
Parmi les promotions et nominations,
dans la Légion d'honneur, il nous est très
agréable de relever celles qui sont relatives
à nos confrères de la presse.
Sont promus officiers :
MM. Stéphane Lauzanne, rédacteur en
chef du Malin ; Abel Henry (Petit Journal) ;
Lauze (Journal) ; Gariel, directeur du Petit
Méridional; Emile Cère ancien député, pu-
bliciste.
Sont nommés chevaliers :
MM. E. de Nalèche, directeur du Journal
des Débats, vice-président du Syndicat de
la Presse puisienne ; Tur.jt, ancien conseil-
1er municipal (Petite Republique) ; Camille
Géant, publiciste.
Parmi les nouveaux promus, nous remar-
quons avec' le plus vif plaisir le nom de
notre excellent et sympathique confrère M.
Albel Henry, informateur parlementaire du
Petit Journal. Nous sommes heureux de
lui adresser nos félicitatiorfs les plus sincè-
res:
■ ■ 1 «O»
Par le flanc droit -
En prison, M. Gustave Hervé s'est assagi.
Dans le dernier numéro de la Guerre So-
ciale, il fait son mea culpa et confesse ses
erreurs. Désormais, il n'attaquera plus les
élus socialistes, car, ce faisant, c'est le
Parti lui-même qu'il blessait. « Or, le parti
socialiste a besoin d'être fort ; demain, il
pourra faire de grandes choses, s'il sait s'u-
nir avec la C. G. T. ».
Nous sommes loin du temps où, chaque
semaine, M. Hervé attaquait M. Jaurès et
lançait ses traits les plus acérés contre les
élus unifiés.
Là ne s'arrête point révolution. Les
beaux jours de l'antimilitarisme sont termi-
nés.
M, Hervé ne veut plus supprimer l'ar-
mée ; au contraire, il en devient un des
plus fermes soutiens, mais avec l'intention
de la « socialiser ».
« Comme on n'a jamais fait, dit-il, de ré-
volution sans l'armée, nous voulons conqué-
rir l'armée, pour l'employer à nos fins so-
cialistes et révolutionnaires.
« L'armée, avec sa jeunesse ardente, avec
ses petits fonctionnaires mal payés que sont
les sous-off's, avec ses intellectuels pauvres
et idéalistes que sont la plupart des officiers,
est. à nous si nous savons la prendre ».
M. Hervé aspirerait-il à être le chef
de l'armée ? Le « général » veut-il devenir
un » petit caporal n.,,, en passant par le
Palais-Bourbon ?.
LA CRISE TURQUE
> Bitw-e i»
La solution de la question albanaise. — L'attitude
- de l'armée.
LE NOUVEAU CABINET ET L'OPINION
Constantinople, 24 juillet. - L'iradé rela-
tif à la suppression de l'état de siège a été
communiqué cette nuit à la direction géné-
rale de la police.,
Les journaux annoncent comme imminent
le remplacement de plusieurs sous-secrétai-
res, chefs de service, valis, et autres fonc-
tionnaires jeunes-turcs.
Le nouveau cabinet a fait bonne impres-
sion. Le Comité Jeune-Turc a adressé à ses
clubs une circulaire disant que le parti Jeu-
ne-Turc à la Chambre votera la confiance
au nouveau cabinet, si son programme eot
conforme aux principe/s du parti, notamment
en ce qui concerne la centralisation.
On assure que le conseil des minores,
réuni au palais, a discuté hier Ii questîoîi
de la dissolution de la Chambre.
Constantinople, 24 juillet. — Le nouveau
ministère est généralement bien accueilli.
On estime que la non-entrée de Kiamil pa-
cha dans le ministère et le fait que celui-ci
se présentera devant la Chambre sont de
grandes concessions au comité Union et
Progrès. On croit néanmoins que l'influence
de Kiamil sera prépondérante.
On épilogue beaucoup sur la nomination
de Gabriel effendi Noradounghian. Certains
disent que le fait d'être Arménien lui per-
mettra plus qu'à un musulman de négocier
la paix. D'autres pensent, au contraire, que
sa nationalité lui rendrait ces. négociations
plus difficiles, parce que les Turcs lui tn
feraient durement porter la responsabilité,
ainsi qu'à toute la race arménienne. On ne
perd pas l'espoir de voir le ministère des
affaires étrangères confié à Tevfik pacha.
La seule chose qui apparaisse certaine,
c'est une prompte solution de la question al-
banaise, pour laquelle on semble disposé à
toutes les concessions. Les Albanais ne res-
tent d'ailleurs pas inactifs. Ils viennent de
s'emparer de la ville de Médua et s'apprê-
tent, dit-on, à occuper le port d'Alessio..
L'AGITATION EN ALBANIE
Constantinople, 24 juillet. — On annonce
que NIedua est tombée entre les mains des
révoltés. D'autre part, on attend une attaque
contre Alessio.
Trieste, 24 juillet. — Un navire grec char-
gé d'armes et de munitions de guerre, à des-
tination de l'Albanie, a été mis sous sèques-
tre.
LES INSTRUCTEURS ALLEMANDS
EN TURQUIE
Berlin, 24 juillet. — Le Journal de Berlin
à midi dénient l'information suivant laquelle
les instructeurs allemands quitteraient pro-
chainement t'armée turque. Neuf officiers ce-
pendant s'apprêtent à partir, leur contrat
touchant à sa fin. Un seul de ces neuf offi-
ciers serait remplacé ; cinq autres auraient
renouvelé leur contrat.
Le commandant von Horchwaerter aurait
abandonné l'armée allemande et pris défini-
tivement du service dans l'armée turque 0C1
il est instructeur de cavalerie à Damaskus.
L'ACTUALITÉ
a.-.:-.:
M. Fallières inaugure
,. ,. le Musée du Souvenir
La Cérémonie à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr.
Les discours. — La visite du Musée.
Les décorations.
(De notre envoyé spécial)
Le président de la République a inauguré,
hier matin, à l'Ecole spéciale militaire de
Saint-Cyr, le « Musée du Souvenir ».
C'est au général Verrier, commandant
-J'Fcole, que l'on doit cette touchante pen-
sée ': réunir dans un musée spécial les sou-
venirs de Saint-Çyriens morts à l'ennemi.
L'inauguration d'hier fut l'occasion d'une
belle cérémonie patriotique, dont le souve-
nir ne sera pas oublié de longtemps par les
élèves de l'Ecole. -
L'Arrivée du Président
A neuf heures et demie, une auto entre
à vive allure dans la cour de l'Ecole, fait
un virage savant, et M. Fallières en des-
cend. Il est accompagné de son gendre, M.
Jean Lanes, trésorier-payeur général de Sei-
ne-et-Oise ; du lieutenant-colonel Boulanger
et du commandant Jouffroy. ,
Le président de la P-t publique est rpw
par MM: Millerand, ministre de la Guerre,
dont l'automobile précéda de quelques minu-
tes seulement la voiture présidentielle ; Au-
trand, préfet de Seine-èt-Oise ; Poirson, sé-
nateur ; Thalamas et Bonnefous, députés ;
le général Verrier, le colonel Julien, com-
mandant en second l'Ecole ; les généraux
Maunoury, Dubail, Pau, Garnier des Garets,
Rossignol. Duchesne, M.' ri on. Ce-i i!le. com-
mandant l'Ecole Polytechnique, et les colo-
nels Graziani et Bridoux.
Une compagnie de Saint-Cyriens rend les
honneurs, et le président passe lentement de-
vant les officiers, parmi lesquels on remar-
que quelques étrangers en uniforme de leur
pays.,
Les Discours
C'est dans le carré Luxembourg que les
discours doivent être prononcés.
La suite du président de la République
-forme le cercle, et le général Verrier pro-
nonce un bref et émouvant discours, dont
voici les principaux passages :
« Monsieur le président de la République,
h Messieurs,
» En créant un « MuAe du Soavanlr u à
Saint-Cyr, dans cette maison qui appartient
à notre histoire nationale, l'Ecole spéciale
militaire a obéi à une double et généreuse
pensée.
« Tout d'abord, il lui a semblé que le
moment était venu d'accomplir un acte de
piété militaire, en rendant un solennel
hommage û: là mémoire des officiers, issus
de son sein, et qui, à la pointe de leur épée,
et de leur sang, ont écrit à son Livre d'or
des pages inoubliables.
« En apportant à ces héros, obscurs ou
glorieux, le tribut de son admiration et de
sa reconnaissance, elle a voulu, en outre,
suivant une belle formule, rattacher le pré-
sent au passé pour assurer l'avenir, et par
la création de ce sanctuaire, qui sera com-
me le palladium de la valeur saint-cyrienne,
elle espère faire naître et développer, dans
l'âme des officiers de demain, ces belles et
fûrtes vertus militaires qui ont lait la gran-
deur et la gloire de la patrie.
« Le Musée du Souvenir vient à sonvheu-
re. Il répondait à un besoin ; il comble une
lacune..
« Monsieur le président de la République,
« L'Ecole spéciale militaire — « le pre-
mier bataillon de France 1) — vous est pro-
fondément reconnaissante d'avoir bien vou-
lu assister à cette pieuse solennité.
» En vous associant à l'hommage que nous
rendons aux Saint-Cyriens morts pour la
patrie, vous nous donnez la preuve tangible
du haut intérêt que la France et le gouver-
nement de la République portent à Saiiit.
Cyr et à l'armée.
« Au nom des 30.000 officiers qui sont sor-
tis de cette école, je vous prie de vouloir
bien agréer l'expression de notre gratitu-
de émue. Je suis certain d'être l'interprète
fidèle de leurs sentiments en vous donnant
l'assurance qu'aujourd'hui comme hier le
Pays peut, avec une légitime fierté et une
confiant sei-eine, compter sur leur esprit
de dévouement et de sacrifice, et M. le mi-
nistre de la Guerre voudra bien me permet-
tre d'ajouter que ces sentiments sont par-
tagés par tout le corps des officiersde l'ar-
mée française ».,
M. FALLIERES
Le général Verrier a parlé en militaire,
d'une voix forte que l'émotion re faisait pas
trembler. La voix de M. Fallières est, au
contraire, mal assurée, lorsqu'il répond au
général Verrier.;
« Messieurs"
» Ma foie et ma fierté sont grandes de me
trouver aujourd'hui dans cette antique mai-
son, illustre berceau de tant de gloires, mi-
litaires.
'J. J'y suis venu pour honorer avec vous la
mémoire dliéroiques soldats, dont les uns
portent des noms qui brillent aux pages les
plus célèbres de nos annales, et dons les
autres, moins favorisés par la fortune, ont
suivi modestement, mais avec t'auréole du
devoir accompli, la voie que le destinée leur
a tracée.
« Si nous les unissons, les uns et les au-
tres, dans notre admiration fervente et no-
tre reconnaissance émue, c'est qu'ils avaient
mis un égal dévouement et une égale abné-
gation au service désintéressé de la nation.
41 Ils ont continué, sur les diamps de ba-
taille, les traditions enviées de nos armes.
Ils ont laissé, après eux, des leçons et des
exemples, qui font partie du plus admira-
ble patrimoine de vertus guerrières dont un
peuple puisse s'enorgueillir.
« Ce patrimoine a passé, en héritage, de
génération en génération. Il ne s'amoindrira
pas dans les mains qui en détiennent aum
fourd'hui le dépôt sacré.
« Le pays le sait bien, lui, qui se montre
si justement fier de son armée, si attentif,
à son bien-être, si jaloux de sa force et de
son avenir. Hier, à t'occasion de la Fête na-
tionale, à Longchamp et dans' toutes nos
garnisons de province, ne lui a-t-il pas don-
né, une fois de plus, des marques éclatan-
tes de son affection et de sa confiance ?
u Disons-le bien haut, jamais i'armée n t
été plus près du cœur de la France. Jamais
non plus elle n'a été plus fidèlement atta-
chée à ses devoirs, plus passionné nient épri-
se de l'idéal qui guide ses pas et sûunent
ses forts,
L'heure a donc été • bien choisie pour
consacrer une des salles de celle école au
culte du souvenir. Que ceux qui en ont eu
la généreuse pensée reçoivent nos chaleu-
reuses félicitations. Ils ont bien mérité de
leurs camarades qui applaudissent à leur
patriotique initiative.
« Les peuples s'élèvent dans l'estime uni-
verselle par les honneurs qu'ils rendent A
ceux de leurs enfants, que la postérité M<.
lue comme de grands serviteurs de l'huma-
nité. Les armées gagnent en considération
èt en pi'estige, quand on exalte ta mémoiro
des braves gens qui ont contribué à l'illus- -
tration du drapeau.
« Où que la pratique des vertus militaires
se distingue, au commandement ou dans le
rang, on ne saurait trop mettre en relief,
ce qui rappelle le courage, le caractère, l'é-
nergie dans l'action, le mépris du danger*
l'ivresse du sacrifice.
« C'est bien là ce que veulent dire tous
ces' trophées heureusement groupés dans ce
sanctuaire recueilli. Ces armés, ces décora-
tions, ces documents, ces papiers, tous ces
objets divers qu'entourait, dans VÇntimité
du loyer domestique, une pieuse vénération,
vous ne les avez pas obtenus pour les livrer.
à la vanité de la curiosité publique. Vous
les avez demandés et on vous les a remis
pour les faire entrer dans le domaine de
l'histoire militaire de la France. Dispersés
un peu partout, sur la surface du territoire,
témoins isolés de tant de vies ou de tant
d'exploits, qui, sans vous, eussent échappé
à l'éclat du grand jour, vous avez fait de
ces lambeaux > la gloire une touchante
collection dont peut se dégager la lumièra
qui favorise pour les choses ou pour tes
hommes la consécration suprême de la vé-
rité ou de la justice.
« Quoi qu'il advienne, les visiteurs de vo-
fte musée y trouveront, à l'honneur de la
race, des marques indélébiles de l'état d li-
me de soldats incomparables qui surent se
battre, vaincre ou moul'Ir.
Il Nos jeunes Sainl-Cyriens, vaillants con-
tinuat&uLS de la Iraditwn de leurs an::en.%
sont ici pour apprendre les conditions •:t le
prix de la gloire. N'est-il pas natuiel que
soient confiées à leur garde ces ITéc:,es
reliques qui en évoquent l'impérissable (IU"
venir ? Ils auront désormais à retenir vne
date de plus, celle d'une touchante si)l'nm!e,
dont la haute signification n'échapperi ni à
leur claire conscience, ni à leur aident
amour de la Pairie ».
Les discours sont terminés. Allons mail»
tenant visiter le musée.
Le Musée
Le musée est installé dans la chapelle
de la maison royale de Saint-Louis, où re-
pose, dans -un tombeau de marbre noir,
Mme de Mainteron.
Toutefois, une partie du bâtiment est
encore occupée par les bancs, comme au
temps où l'aumônier de l'Ecole, M. La-
nusse, officiait..
A l'entrée, sont placés deux anciens d, ra„ -.
peaux de l'Ecole, l'un datant du règne de
Louis-Philippe, l'autre du second Empire.
En pénétrant dans la chapelle, tous tes
assistants sont étreins d'une vive émotion.
L'ôcho qui répète les pas des officiers
sur les dalles rend plus impressionnante
encore cette visite.
LES PRECIEUSES RELIQUES
Cette émotion s'accroît, quand on aper-
çoit les premières vitrines. Ah ! l'V chères
et précieuses reliques. M. Henry, archivis- <
te de l'Ecole, fournit aimablement tous les
renseignements nécessaires.
Voici les épauiettes percées du lieutenant
Sanglé-Ferriere, tué au siège de Rome en
1849 ; le revolver et le sûbre du comman-
dant Pénard, tué au Tonkin, le 21 jan-
vier 1896 ; le casque colonial du capitaine
RebouJ, traversé par une balle, qui tua
cet officier en Mauritanie.
Le général Garnier des Garets regarde,
sans qu'il parvienne à dissimuler deux
grosses larmes, le-guidon qu'il enleva à un -
grand chef de l'armée tartare, à la batail-
le de Palikao, alors qu'il était sous-iieute-
nan ; le sabre cassé du colonel de JaVel.
tué à Sébastopol, la balle qui tua à Gra-
velotte, le lieutenant Urtin, la sacoche dé-
chirée du général Bataille, commandant du
58 corps d'armée, en 1870.
Puis, plusieurs képis : ceux de Chanzy,
et de Bourbaki, et celui de tout jeune of-
ficier du. maréchôl Canrobert.
Le cortège d'arrêté quelques instants de-
vant la tunique du général de Lacharrière,
trouée par la balle périeur. Voici ensuite le revolver brisé du
lieutenant Roze, mort au Maroc en 1907,
un drapeau arraché aux mains des Bo-
xers, en 1900 ; le sabre que le général
Saussier rendit quand il fut fait prisonnier
à Metz ; la palme argent, offerte au gé-
néral Duchesne, à son retour de Madagas-
car ; le casque du capitaine Grosdeman-
ge, tué en Afrique occidentale en 1909 , ;
le buste en plâtre du lieutenant-aviateur
de Caumont, qui se tua en 1910 ; le mas-
que en celluloïd du lieutenant de Grailly,
qui mourut, en service commandé, sous les
débris de son aéroplane ; la jumelle du
lieutenant Prioux, tué au Maroc. Le haut
CINQ CENTIMES LE NUMERO -".
VENDREDI 28 JUILLET 1912. — N8 155OT.
T F YTY1 ^ftiTTIi1
ANfNOIVCÏsSI
AUX BUREAUX DU JOURNAL
9, ftoof. de Strasbourg et 71, rue du Faub.-St-Martin, PARIS
Et chez MM. LAGRANGE, CERF et &
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Adresser lettres et mandats à f Administratif
- TRIBUNE LIBRE -
, , ', .--",:, , -',
,. Le Devoir des Républicains
te 32e Congrès cfé la Ligue
française de l'Enseignement
vient de tenir ses assises à
Gérardmer, la perle des Vos-
ges et de Lorraine, à quel-
Ques kilomètres de la belle
terre d'Alsaée,
Le choix de cette superbe localité vos-
gienne par le Conseil général de la Li-
gue avait une double signification : ré-
gler une dette de piété -filiale à l'égard
de l'Alsace, sol natal de l'imprimerie, de
la Marseillaises t de la Ligue elle-même ;
rendre hommage à Jean Macé, son fon-
dateur, qui, de Beblenheim, prêcha la
croisade en faveur de l'éducation popu-
laire, et au grand Vosgien, Jules Ferry,
créateur de l'enseignement laïque, et
ttont la vie fut un perpétuel effort vers
ia lumière et la justice.
Nous avons remporté de ces belles réu-
nions de travail une impression récon-
fortante et une ardeur plus intense en-
core pour la défense de l'école.
On a rendu compte ici des discussions
intéressantes, parfois passionnées, qui
se sont engagées sur l'éducation civique,
les œuvres complémentaires de l'école,
l'enseignement post-scolaire technique,
agricole et ménager.
De ces controverses se sont dégagées
îles conclusions, admirablement mises
en valeur par Abel Ferry dans son rap-,
port général', et dont les républicains
sauront faire leur profit.
Demx idées essentielles ont, à notre
avis, dominé tous ces débats : la pre-
mière, c'est que la défense de l'œuvre
scolaire laïque doit s'exercer tout par-
ticulièrement sur le terrain de l'éduca-
tion de l'adolescence urbaine et rurale,
avec la collaboration des instituteurs,
dont la condition matérielle devra être
améliorée ; la seconde, c'est que les ré-
publicains ne doivent pas se contenter
de faire de la politique purement élec-
torale, mais payer de leur personne dans-
les œuvres post-scolaires, en se consa-
crant à l'éducation physique, morale,
patriotique et sociale de la jeunesse.
C'est en entourant l'école publique
d'un réseau à mailles -serrées d'oeuvres
d'enseignement et de solidarité : amica-
les, patronages, jeunesses républicai-
nes, sociétés de tir, de préparation et
de perfectionnement militaires, mutua-
lités, colonies scolaires de vacances, lar-
gement subventionnées par le Gouverne.
ment ; c'est en donnant aux adolescents
un complément d'éducation civique et
démocratique et un enseignement pro-
fessionnel approprié, que nous compléte-
rons et fortifierons l'oeuvre de Jules Fer-
ry. C'est en payant un peu mieux celles
et ceux qui sont chargés du service de
l'éducation nationale, que nous assure-
rons à notre enseignement primaire le
recrutement d'un personnel de choix et
d'élite, auquel ndus pourrons demander
un effort plus grand pour l'éducation ju-
vénile. Est-ce que l'industriel et le com-
merçant avisés n'intéressent pas à leur
entreprise ceux qui sont particulière-
ment préposés à sa prospérité et à son
développement ?
Pourquoi ne pas donner aux institu-
teurs un traitement d'Etat au moins
égal à celui que donnent la plupart des
pays de l'Europe ?
Il faut enfin répéter aux républicains
qu'il ne suffit pas, pour remplir son de-
voir, de faire partie d'un comité politi-
que et de soutenir, pendant les périodes
électorales, la candidature désignée par
le Parti.
Le devoir au véritable républicain est
plus élevé et plus noble : il doit être un
éducateur, un apôtre de la foi laïque.
il doit s'intéresser à toutes ces œuvres
vpost-scolaires, non pas seulement en
payant une cotisation plus ou moins éle-
vée, mais en donnant de sa personne et
de son temps.
- La République a besoin cfe volontaires
de l'éducation populaire pour 1a défen-
tire contre les attaques sournoises et
perfides de ses adversaires cléricaux,
Comme elle avait besoin de volontaires,
en 1792, contre les ennemis de l'exté-
rieur.
Si les républicains veulent voir ce ré-
gime prospérer, ils doivent s'occuper de
la jeunesse, en prenant exemple, il faut
le dire, sur ce qui se fait en face.,
Si, par une indifférence coupable, ils
se désintéressaient de l'adolescence, îa
République ne résisterait pas aux as-
sauts des cléricaux qui, méthodique-
ment et résolument, se préparent dans
l'ombre« -.
Apprendre aux jeunes générations,;
nées sous un régime de liberté, ce que
la République a fait pour elles ; leur en-
seigner ce qu'en retour elles doivent faire
pour la République, tel est le devoir im-
périeux de l'heúreprésente.
Aucun républicain n'y faillira.
Un enseignement civique, social et sô-
lidariste, sera donné dans toutes les œu-
vres post-scolaires, multipliées le plus
possible. Il sera complété par l'enseigne-
ment technique professionnel et agrico'
le,- que le Parlement organisera légale-
ment au cours de cette législature
C'est à cette œuvre d'union féconde
pour l'action laïque et démocratique, que
le Congrès de Gérardmer a convié tous
les républicains.
Ils répondront, nous en sommes surs,
aux appels chaleureux de nos amis Des-
soye, Rotoelin et Edouard Petit, disciples
éloquents de Jean Macé, apôtres infati-
gables de cette école laïque, clef de voû-
te de l'édifice républicain, qui reste,
comme J'a dit le distingué maire de
Lyon, M. Edouard Herriot, « le refuge
de la justice et l'asile de la p'robité ».,
Constant VERLOT,
Député des Vosges.
''Ancien président de l'Union des
7eunesses Républicaines de France.
r ■O
La Politique
-:+e-+--
LA DISCUSSION CONTINUE.
On lira plus loin le long arti-
cle — sous foiTîîe de Lettre
ouverte -, par lequel M. Cle-
menceau s'efforce à répondre
au discours de Gérardmer.
Réponse qui, d'ailleurs, ne
saurait convaincre personne. L'ancien
président du Conseil, en effet, s'y tient
constamment hors des réalités. Au lieu
d'argumenter, il se contente de nier.
C'est, plus facile.
M-Clemenceau essaie d'expliquer son
attitude à l'origine 'du mouvement qui
a déterminé dans l'opinion Virrésistible
courant en faveur 'de la Réforme élec-
torale. A ce moment, le sénateur du
Var a parlé d' « élargir » le mode de
scrutin ; et M. Poincaré a eu raison,di-
mimche, de dire que c'était la condam-
nation implicite,. mais définitive, du
scrutin d'arrondissement. « On pour-
rait ajouter, fait justement remarquer
le Teimps, que si la Réforme électorale
devait offrir tant de périls pour la Ré-
publique, c'est alors que M. Clemen-
ceau aurait dû la dénoncer. »
C'est, ensuite, sous les ministères
Briand, Monis" et Caillaux, alors qu'il
était possible encore d'empêcher le vote
de la loi. ,
Mais M. Clemenceau, lorsque son in-
tervention pouMii être utile., s'est tu.
Où était-il ? Que faisait-il ? A quoi son-
geait-il ? Il ne parle qu'au moment où
celle intervention peut être funeste ; en j
réalité, au moment où il poursuit d'au-
ires desseins — qu'il faudra 'bien pré-
ciser, et nous nous y emp,loiei-ons'. -
sous le prétexte de défendre le Suffra-
ge universel.
Le comble, c'est d'entendre M. Cle-
menceau faire grieft à M. Poincaré a' ac-
cepter le concours des minorités parle-
mentaires en faveur de la Réforme.
Vraiment, le reproche est admirable
'dans la bouche de l'homme qui, avec
le concours de la droite, a renversé tant
de gouvernements républicains et para-
lysé, durant trente ans, l'action réfor-
matrice dans ce pays 1
Cependant, M. Clemenceau — ména-
gerait-ïl une retraite en bon ordre ? —
prononce, dans son papier, Te mot de
(e conciliation ». Comme nous le kli-
sions hier,, cette conciliation, nous l'es-
comptons, nous l'appelons de tous nos
vœux avec M- Pointaré, qui a répon-
du, des hier soir, à la Lettre ouverte
tle son prédécesseur, avec tous les
sincères républicains. Nous l'obtien-
drons. fd'accor(ll avec M. Clemenceau,
s'il s'y résigne ; contre lui, s'il persiste
dans son entreprise néfaste de « démo-
lition », 'de 'désagrégation de notre
Parti,
LIRE PLUS LOIN :
Lettre de M. Clemenceau
au président du Conseil
t Réponse de M. Pojncaré
LE FAIT DU JOUR
« A New-York, on a découvert que la plu-
part des policiers avaient partie liée
.* avec des multaiteuKs de toutes sortes, et
Ifl^Khiplaçaicttf ai» besoin dans léuTS
dUBlions. » (Les journaux.) ,
- 'LIE POLICIER-APACHE î « Voyons, lady, c'est pas la peine d'appeler la police : j'en
suis !.
Les On=Dit
-i+8 ..:--
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi s
Lever du soleil à 4 h. 16 du matin*
Coucher du soleil à 7 h. 38 du soir.
Lever de la lune à 5 h.: 47 du soir.
Coucher de la lune à n h. 12 du matin.
Courses à Maisons-Laffitte et à Ostende.
AUTREFOIS
Le Rappel du 26 juillet 1876 î
On annonce la mort de M. Henri Four-
nel, ancien ingénieur civil, un des adeptes
marquants du saint simonisme au temps on
il llorissait. -
-- Un de nos amis de Nancy, qui était
à Strasbourg la semaine passée, nous écrit
que dans un concert donné, dans cette der-
nière ville, par des sociétés alsaciennes, au
profit des inondés, tes fanfares ont exécuté
un morceau dans lequel on avait intercalé la
Marseillaise et le Chant du Départ. Ces
, morceaux ont soulevé des applaudissements
; frénétiques parmi les assistants.
AUJOURD'HUI
A Rambouillet
■ —« I
Le président de la République et Mme
Fallières passeront à Rambouillet la plus
grande partie des vacances parlementai-
res.
Un certain nombre de remaniements ont
été apportés dans l'arrangement du mobi-
lier du château. Les appartements du rez-
de-chaussée, ornés des boiseries du comte
de Toulouse, resteront les appartements
de réception, à l'exception de deux salons,
dont l'un servira de cabinet de travail au
Président et l'autre au secrétaire général.
Au premier étage, le mobilier de la cham-
bre de M. Fallières sera celui qui avait été
commandé par Louis XVIII, pour le duc
de Berry, à l'exception du lit en cuivre
exécuté pour le président Félix Faure.
Le mobilier de l'appartement de Mme
Fallières, tout en racine d'orme, sera celui
qui servit à la duchesse d'Angoulême.
M. DELANNEY
M. Delanney, préfet de la Seine, est nom-
mé commandeur de la Légion d'honneur.
C'est une distinction, dont on petit dire*
qu'elle honore autant le Gouvernement qui
Vaccorde, que le haut fonctionnaire qui la
reçoit.
Aucune ne seturnit dire mieux méritée.
Nous ne voulons pas rappeler ici la lon-
gue et admirable carrière administrative du
préfet de la Seine, tout entière consacrée
au service de la Nation et au Bien public.
Avec une autorité et une fermeté rares,
secondées par une claire intelligence et une
science administrative remarquable, M. De-
lanney est mieux qu'un fonctionnaire émi-
nent ; un caractère.
La loyauté et la sûreté de ses relations
sont unanimement appréciées par tous ceux
qui l'approchent. Et c'est très sincèrement
que nous adressons — nous qui ne sommes
guère suspect de mdcher, quand il le faut,
les mois .aux fonctionnaires de la Républi-
que — nos félicitations cordiales au nouveau
commandeur.
La Presse.
Parmi les promotions et nominations,
dans la Légion d'honneur, il nous est très
agréable de relever celles qui sont relatives
à nos confrères de la presse.
Sont promus officiers :
MM. Stéphane Lauzanne, rédacteur en
chef du Malin ; Abel Henry (Petit Journal) ;
Lauze (Journal) ; Gariel, directeur du Petit
Méridional; Emile Cère ancien député, pu-
bliciste.
Sont nommés chevaliers :
MM. E. de Nalèche, directeur du Journal
des Débats, vice-président du Syndicat de
la Presse puisienne ; Tur.jt, ancien conseil-
1er municipal (Petite Republique) ; Camille
Géant, publiciste.
Parmi les nouveaux promus, nous remar-
quons avec' le plus vif plaisir le nom de
notre excellent et sympathique confrère M.
Albel Henry, informateur parlementaire du
Petit Journal. Nous sommes heureux de
lui adresser nos félicitatiorfs les plus sincè-
res:
■ ■ 1 «O»
Par le flanc droit -
En prison, M. Gustave Hervé s'est assagi.
Dans le dernier numéro de la Guerre So-
ciale, il fait son mea culpa et confesse ses
erreurs. Désormais, il n'attaquera plus les
élus socialistes, car, ce faisant, c'est le
Parti lui-même qu'il blessait. « Or, le parti
socialiste a besoin d'être fort ; demain, il
pourra faire de grandes choses, s'il sait s'u-
nir avec la C. G. T. ».
Nous sommes loin du temps où, chaque
semaine, M. Hervé attaquait M. Jaurès et
lançait ses traits les plus acérés contre les
élus unifiés.
Là ne s'arrête point révolution. Les
beaux jours de l'antimilitarisme sont termi-
nés.
M, Hervé ne veut plus supprimer l'ar-
mée ; au contraire, il en devient un des
plus fermes soutiens, mais avec l'intention
de la « socialiser ».
« Comme on n'a jamais fait, dit-il, de ré-
volution sans l'armée, nous voulons conqué-
rir l'armée, pour l'employer à nos fins so-
cialistes et révolutionnaires.
« L'armée, avec sa jeunesse ardente, avec
ses petits fonctionnaires mal payés que sont
les sous-off's, avec ses intellectuels pauvres
et idéalistes que sont la plupart des officiers,
est. à nous si nous savons la prendre ».
M. Hervé aspirerait-il à être le chef
de l'armée ? Le « général » veut-il devenir
un » petit caporal n.,,, en passant par le
Palais-Bourbon ?.
LA CRISE TURQUE
> Bitw-e i»
La solution de la question albanaise. — L'attitude
- de l'armée.
LE NOUVEAU CABINET ET L'OPINION
Constantinople, 24 juillet. - L'iradé rela-
tif à la suppression de l'état de siège a été
communiqué cette nuit à la direction géné-
rale de la police.,
Les journaux annoncent comme imminent
le remplacement de plusieurs sous-secrétai-
res, chefs de service, valis, et autres fonc-
tionnaires jeunes-turcs.
Le nouveau cabinet a fait bonne impres-
sion. Le Comité Jeune-Turc a adressé à ses
clubs une circulaire disant que le parti Jeu-
ne-Turc à la Chambre votera la confiance
au nouveau cabinet, si son programme eot
conforme aux principe/s du parti, notamment
en ce qui concerne la centralisation.
On assure que le conseil des minores,
réuni au palais, a discuté hier Ii questîoîi
de la dissolution de la Chambre.
Constantinople, 24 juillet. — Le nouveau
ministère est généralement bien accueilli.
On estime que la non-entrée de Kiamil pa-
cha dans le ministère et le fait que celui-ci
se présentera devant la Chambre sont de
grandes concessions au comité Union et
Progrès. On croit néanmoins que l'influence
de Kiamil sera prépondérante.
On épilogue beaucoup sur la nomination
de Gabriel effendi Noradounghian. Certains
disent que le fait d'être Arménien lui per-
mettra plus qu'à un musulman de négocier
la paix. D'autres pensent, au contraire, que
sa nationalité lui rendrait ces. négociations
plus difficiles, parce que les Turcs lui tn
feraient durement porter la responsabilité,
ainsi qu'à toute la race arménienne. On ne
perd pas l'espoir de voir le ministère des
affaires étrangères confié à Tevfik pacha.
La seule chose qui apparaisse certaine,
c'est une prompte solution de la question al-
banaise, pour laquelle on semble disposé à
toutes les concessions. Les Albanais ne res-
tent d'ailleurs pas inactifs. Ils viennent de
s'emparer de la ville de Médua et s'apprê-
tent, dit-on, à occuper le port d'Alessio..
L'AGITATION EN ALBANIE
Constantinople, 24 juillet. — On annonce
que NIedua est tombée entre les mains des
révoltés. D'autre part, on attend une attaque
contre Alessio.
Trieste, 24 juillet. — Un navire grec char-
gé d'armes et de munitions de guerre, à des-
tination de l'Albanie, a été mis sous sèques-
tre.
LES INSTRUCTEURS ALLEMANDS
EN TURQUIE
Berlin, 24 juillet. — Le Journal de Berlin
à midi dénient l'information suivant laquelle
les instructeurs allemands quitteraient pro-
chainement t'armée turque. Neuf officiers ce-
pendant s'apprêtent à partir, leur contrat
touchant à sa fin. Un seul de ces neuf offi-
ciers serait remplacé ; cinq autres auraient
renouvelé leur contrat.
Le commandant von Horchwaerter aurait
abandonné l'armée allemande et pris défini-
tivement du service dans l'armée turque 0C1
il est instructeur de cavalerie à Damaskus.
L'ACTUALITÉ
a.-.:-.:
M. Fallières inaugure
,. ,. le Musée du Souvenir
La Cérémonie à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr.
Les discours. — La visite du Musée.
Les décorations.
(De notre envoyé spécial)
Le président de la République a inauguré,
hier matin, à l'Ecole spéciale militaire de
Saint-Cyr, le « Musée du Souvenir ».
C'est au général Verrier, commandant
-J'Fcole, que l'on doit cette touchante pen-
sée ': réunir dans un musée spécial les sou-
venirs de Saint-Çyriens morts à l'ennemi.
L'inauguration d'hier fut l'occasion d'une
belle cérémonie patriotique, dont le souve-
nir ne sera pas oublié de longtemps par les
élèves de l'Ecole. -
L'Arrivée du Président
A neuf heures et demie, une auto entre
à vive allure dans la cour de l'Ecole, fait
un virage savant, et M. Fallières en des-
cend. Il est accompagné de son gendre, M.
Jean Lanes, trésorier-payeur général de Sei-
ne-et-Oise ; du lieutenant-colonel Boulanger
et du commandant Jouffroy. ,
Le président de la P-t publique est rpw
par MM: Millerand, ministre de la Guerre,
dont l'automobile précéda de quelques minu-
tes seulement la voiture présidentielle ; Au-
trand, préfet de Seine-èt-Oise ; Poirson, sé-
nateur ; Thalamas et Bonnefous, députés ;
le général Verrier, le colonel Julien, com-
mandant en second l'Ecole ; les généraux
Maunoury, Dubail, Pau, Garnier des Garets,
Rossignol. Duchesne, M.' ri on. Ce-i i!le. com-
mandant l'Ecole Polytechnique, et les colo-
nels Graziani et Bridoux.
Une compagnie de Saint-Cyriens rend les
honneurs, et le président passe lentement de-
vant les officiers, parmi lesquels on remar-
que quelques étrangers en uniforme de leur
pays.,
Les Discours
C'est dans le carré Luxembourg que les
discours doivent être prononcés.
La suite du président de la République
-forme le cercle, et le général Verrier pro-
nonce un bref et émouvant discours, dont
voici les principaux passages :
« Monsieur le président de la République,
h Messieurs,
» En créant un « MuAe du Soavanlr u à
Saint-Cyr, dans cette maison qui appartient
à notre histoire nationale, l'Ecole spéciale
militaire a obéi à une double et généreuse
pensée.
« Tout d'abord, il lui a semblé que le
moment était venu d'accomplir un acte de
piété militaire, en rendant un solennel
hommage û: là mémoire des officiers, issus
de son sein, et qui, à la pointe de leur épée,
et de leur sang, ont écrit à son Livre d'or
des pages inoubliables.
« En apportant à ces héros, obscurs ou
glorieux, le tribut de son admiration et de
sa reconnaissance, elle a voulu, en outre,
suivant une belle formule, rattacher le pré-
sent au passé pour assurer l'avenir, et par
la création de ce sanctuaire, qui sera com-
me le palladium de la valeur saint-cyrienne,
elle espère faire naître et développer, dans
l'âme des officiers de demain, ces belles et
fûrtes vertus militaires qui ont lait la gran-
deur et la gloire de la patrie.
« Le Musée du Souvenir vient à sonvheu-
re. Il répondait à un besoin ; il comble une
lacune..
« Monsieur le président de la République,
« L'Ecole spéciale militaire — « le pre-
mier bataillon de France 1) — vous est pro-
fondément reconnaissante d'avoir bien vou-
lu assister à cette pieuse solennité.
» En vous associant à l'hommage que nous
rendons aux Saint-Cyriens morts pour la
patrie, vous nous donnez la preuve tangible
du haut intérêt que la France et le gouver-
nement de la République portent à Saiiit.
Cyr et à l'armée.
« Au nom des 30.000 officiers qui sont sor-
tis de cette école, je vous prie de vouloir
bien agréer l'expression de notre gratitu-
de émue. Je suis certain d'être l'interprète
fidèle de leurs sentiments en vous donnant
l'assurance qu'aujourd'hui comme hier le
Pays peut, avec une légitime fierté et une
confiant sei-eine, compter sur leur esprit
de dévouement et de sacrifice, et M. le mi-
nistre de la Guerre voudra bien me permet-
tre d'ajouter que ces sentiments sont par-
tagés par tout le corps des officiersde l'ar-
mée française ».,
M. FALLIERES
Le général Verrier a parlé en militaire,
d'une voix forte que l'émotion re faisait pas
trembler. La voix de M. Fallières est, au
contraire, mal assurée, lorsqu'il répond au
général Verrier.;
« Messieurs"
» Ma foie et ma fierté sont grandes de me
trouver aujourd'hui dans cette antique mai-
son, illustre berceau de tant de gloires, mi-
litaires.
'J. J'y suis venu pour honorer avec vous la
mémoire dliéroiques soldats, dont les uns
portent des noms qui brillent aux pages les
plus célèbres de nos annales, et dons les
autres, moins favorisés par la fortune, ont
suivi modestement, mais avec t'auréole du
devoir accompli, la voie que le destinée leur
a tracée.
« Si nous les unissons, les uns et les au-
tres, dans notre admiration fervente et no-
tre reconnaissance émue, c'est qu'ils avaient
mis un égal dévouement et une égale abné-
gation au service désintéressé de la nation.
41 Ils ont continué, sur les diamps de ba-
taille, les traditions enviées de nos armes.
Ils ont laissé, après eux, des leçons et des
exemples, qui font partie du plus admira-
ble patrimoine de vertus guerrières dont un
peuple puisse s'enorgueillir.
« Ce patrimoine a passé, en héritage, de
génération en génération. Il ne s'amoindrira
pas dans les mains qui en détiennent aum
fourd'hui le dépôt sacré.
« Le pays le sait bien, lui, qui se montre
si justement fier de son armée, si attentif,
à son bien-être, si jaloux de sa force et de
son avenir. Hier, à t'occasion de la Fête na-
tionale, à Longchamp et dans' toutes nos
garnisons de province, ne lui a-t-il pas don-
né, une fois de plus, des marques éclatan-
tes de son affection et de sa confiance ?
u Disons-le bien haut, jamais i'armée n t
été plus près du cœur de la France. Jamais
non plus elle n'a été plus fidèlement atta-
chée à ses devoirs, plus passionné nient épri-
se de l'idéal qui guide ses pas et sûunent
ses forts,
L'heure a donc été • bien choisie pour
consacrer une des salles de celle école au
culte du souvenir. Que ceux qui en ont eu
la généreuse pensée reçoivent nos chaleu-
reuses félicitations. Ils ont bien mérité de
leurs camarades qui applaudissent à leur
patriotique initiative.
« Les peuples s'élèvent dans l'estime uni-
verselle par les honneurs qu'ils rendent A
ceux de leurs enfants, que la postérité M<.
lue comme de grands serviteurs de l'huma-
nité. Les armées gagnent en considération
èt en pi'estige, quand on exalte ta mémoiro
des braves gens qui ont contribué à l'illus- -
tration du drapeau.
« Où que la pratique des vertus militaires
se distingue, au commandement ou dans le
rang, on ne saurait trop mettre en relief,
ce qui rappelle le courage, le caractère, l'é-
nergie dans l'action, le mépris du danger*
l'ivresse du sacrifice.
« C'est bien là ce que veulent dire tous
ces' trophées heureusement groupés dans ce
sanctuaire recueilli. Ces armés, ces décora-
tions, ces documents, ces papiers, tous ces
objets divers qu'entourait, dans VÇntimité
du loyer domestique, une pieuse vénération,
vous ne les avez pas obtenus pour les livrer.
à la vanité de la curiosité publique. Vous
les avez demandés et on vous les a remis
pour les faire entrer dans le domaine de
l'histoire militaire de la France. Dispersés
un peu partout, sur la surface du territoire,
témoins isolés de tant de vies ou de tant
d'exploits, qui, sans vous, eussent échappé
à l'éclat du grand jour, vous avez fait de
ces lambeaux > la gloire une touchante
collection dont peut se dégager la lumièra
qui favorise pour les choses ou pour tes
hommes la consécration suprême de la vé-
rité ou de la justice.
« Quoi qu'il advienne, les visiteurs de vo-
fte musée y trouveront, à l'honneur de la
race, des marques indélébiles de l'état d li-
me de soldats incomparables qui surent se
battre, vaincre ou moul'Ir.
Il Nos jeunes Sainl-Cyriens, vaillants con-
tinuat&uLS de la Iraditwn de leurs an::en.%
sont ici pour apprendre les conditions •:t le
prix de la gloire. N'est-il pas natuiel que
soient confiées à leur garde ces ITéc:,es
reliques qui en évoquent l'impérissable (IU"
venir ? Ils auront désormais à retenir vne
date de plus, celle d'une touchante si)l'nm!e,
dont la haute signification n'échapperi ni à
leur claire conscience, ni à leur aident
amour de la Pairie ».
Les discours sont terminés. Allons mail»
tenant visiter le musée.
Le Musée
Le musée est installé dans la chapelle
de la maison royale de Saint-Louis, où re-
pose, dans -un tombeau de marbre noir,
Mme de Mainteron.
Toutefois, une partie du bâtiment est
encore occupée par les bancs, comme au
temps où l'aumônier de l'Ecole, M. La-
nusse, officiait..
A l'entrée, sont placés deux anciens d, ra„ -.
peaux de l'Ecole, l'un datant du règne de
Louis-Philippe, l'autre du second Empire.
En pénétrant dans la chapelle, tous tes
assistants sont étreins d'une vive émotion.
L'ôcho qui répète les pas des officiers
sur les dalles rend plus impressionnante
encore cette visite.
LES PRECIEUSES RELIQUES
Cette émotion s'accroît, quand on aper-
çoit les premières vitrines. Ah ! l'V chères
et précieuses reliques. M. Henry, archivis- <
te de l'Ecole, fournit aimablement tous les
renseignements nécessaires.
Voici les épauiettes percées du lieutenant
Sanglé-Ferriere, tué au siège de Rome en
1849 ; le revolver et le sûbre du comman-
dant Pénard, tué au Tonkin, le 21 jan-
vier 1896 ; le casque colonial du capitaine
RebouJ, traversé par une balle, qui tua
cet officier en Mauritanie.
Le général Garnier des Garets regarde,
sans qu'il parvienne à dissimuler deux
grosses larmes, le-guidon qu'il enleva à un -
grand chef de l'armée tartare, à la batail-
le de Palikao, alors qu'il était sous-iieute-
nan ; le sabre cassé du colonel de JaVel.
tué à Sébastopol, la balle qui tua à Gra-
velotte, le lieutenant Urtin, la sacoche dé-
chirée du général Bataille, commandant du
58 corps d'armée, en 1870.
Puis, plusieurs képis : ceux de Chanzy,
et de Bourbaki, et celui de tout jeune of-
ficier du. maréchôl Canrobert.
Le cortège d'arrêté quelques instants de-
vant la tunique du général de Lacharrière,
trouée par la balle
lieutenant Roze, mort au Maroc en 1907,
un drapeau arraché aux mains des Bo-
xers, en 1900 ; le sabre que le général
Saussier rendit quand il fut fait prisonnier
à Metz ; la palme argent, offerte au gé-
néral Duchesne, à son retour de Madagas-
car ; le casque du capitaine Grosdeman-
ge, tué en Afrique occidentale en 1909 , ;
le buste en plâtre du lieutenant-aviateur
de Caumont, qui se tua en 1910 ; le mas-
que en celluloïd du lieutenant de Grailly,
qui mourut, en service commandé, sous les
débris de son aéroplane ; la jumelle du
lieutenant Prioux, tué au Maroc. Le haut
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