Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-01-31
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 31 janvier 1911 31 janvier 1911
Description : 1911/01/31 (N14935). 1911/01/31 (N14935).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7568768r
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
ttG 14935. — ftVERTISe, 11111., ,
CINQ CENTIMES LE NUU. MARDI 31 JANVIER 1911. - fio 1
-
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TRIBUNE LIBRe.
a
: Réveillons-nous
> 8Hit1 >
Les élections municipaaes
qui viennent de se terminer à
Paris ont été, il faut le recon-
naître, un échec pour le par-
ti radical. Elles ont eu lieu,
il est vrai, dans des quartiers
- peu favorables ; il n'en ressort pas
moins que la désaffection depuis si
longtemps signalée s'accentue et de-
vient un véritable danger pour l'avenir
iles groupements républicains.
• Le mal est flagrant, incontestable.
Mais tandis que d'aucuns se contentent
tie le constater et de s'en plaindre, il
vaudrait peut-être mieux en chercher
les causes et y appliquer les remèdes
nécessaires.
L'ambiance politique dans laquelle
nous vivons est néfaste. Une atmosphè
re lourde d'incertitudes et d'inquiétu
des jette comme un voile épais sur les
idées et sur les personnes. Sous cou-
leur d'apaisement, les partis se sont
confondus, ou plutôt le radicalisme cst
devenu le réceptacle de tous ceux qui
n'avaient pas de parti. Tandis que bon
Dombre de radicaux, dès la législature
dernière, se laissaient endormir par la
conviction où ils étaient d'avoir accom-
pli la plus large part de leur œuvre,
leurs adversaires de 4a veille, attirés
par la magie d'un titre auquel le Pays
semblait plus que jamais attaché, s'en-
rôlaient sous nos drapeaux, IIlOUS ap-
portant, avec des convictions trop fraî-
ches pour être définitives, des ferments
de discorde et des germes de faiblesse.
Ainsi s'explique que nos groupes par-
lementaires se soient accrus dans des
proportions jusqu'alors inconnues, mal-
gré la campagne acharnée menée aux
dernières élections contre les radicaux
et radicaux socialistes par tous leurs
adversaires de droite et d'extrême-gau-
che.
A la tête de ces troupes, rendues
incolores par la multiplicité des nuan-
ces, nous avons sans doute retrouvé
des chefs aimés, respectés ; mais leur
action s'effaçait et se brisait à des op-
positions inavouées, à une inertie vo-
lontaire. Il en est résulté des divisions
incompréhensibles et surtout, ce qui
iest plus grave, une absence absolue de
méthode et de travail effectif. Ainsi,
Hepuis quelques années, notre Parti,
malgré les éléments remarquables qu'il
renferme, s'est acheminé vers une sor-
te de renoncement et n'a pu faire en-
tendre sa voix que par l'organe de quel-
ques-uns de ses représentants les plus
ardents sans doute, mais dont on ne
cherche qu'à dénaturer les efforts et les
intentions.
Qu'on joigne à cela les querelles per-
sonnelles, plus dangereuses que les
plus violentes attaques, et on compren-
dra aisément l'inefficacité de notre ac-
tion politique. Si, d'ailleurs, il en est
encore parmi nous qui s'efforcent de
lutter et de mener le combat républi-
cain, ils demeurent isolés au milieu de
l''indifférence générale, exposés seuls
aux coups, parmi lesquels ceux de leurs
amis ne sont pas les moins sensibles.
Cette apathie, venue de haut, ne peut
manquer d'avoir dans le Pays une fu-
neste répercussion. Lorsque se pose,
devant nous, le vaste problème des ré-
formes sociales inscrites au program-
me radical et radical socialiste, le corps
électoral se refuse à comprendre une
inertie inexplicable ; s'il ne va pas,
d'instinct vers les partis extrêmes, il
se désintéresse d'une politique qui ne
lui apporte pas les solutions depuis si
longtemps attendues. L'ornière se creu-
se chaque jour. Allons-nous nous y
laisser enlizer et ne ferons-nous pas le
geste nécessaire pour sortir du bour-
bier où nous a conduits la politique
pwsonnelle de ces trois dernières an-
nées ?
M. Caillaux, dans son remarquable
discours de Lille, a montré le péril et
invité les républicains à reprendre la
tâche interrompue. Oui, réveillons-
nous ; reprenons la place que nous a
marquée l'histoire et que nous a faite
la confiance des masses laborieuses de
la Nation.
La législature actuelle marquera, d'a-
près la valeur de notre effort, l'expan-
sion ou la fin de notre Parti. Mais, d'a-
bord, reconstituons ce narti.
A ceux rmi ne sont veiius à lui que
dans un but intéressé, il importe de si-
gnifier leur erreur. La constitution de
comités d'études appelés à statuer sur
les questions soumises aux délibérations
du Parlement et une discipline plus
stricte ne manqueraient pas d'en éloi-
gner certains. Diminués en nombre, les
groupes deviendraient plus homogènes
et plus puissants.
La Chambre, il faut l'espérer, obli-
gera, par le vote de la réforme électo-
rale, les partis à se constituer sur des
bases bien nettement déterminées ; dès
à présent, il est nécessaire de s'atta-
cher à cette œuvre de classification et
d'union. A la politique d'équivoques, à
la politique au jour le jour, à la politi-
que des subtilités, des finesses oratoi-
res où chacun ne cherche qu'à mettre en
mauvaise posture ses adversaires éven-
tuels, doit s'opposer la politique dé
franchise et de loyauté, fondée sur des
principes, suivant une ligne continue et
réfléchie.
La forte majorité républicaine qui sè
rencontre dans la Chambre et dans lé
Pays doit se dégager de ces questions
de clientèle et de ces querelles person-
nelles qui l'anémient, la détournent de
sa destination véritable. Elle doit sur-
tout chercher, dans un travail inces-
sant et fécond, la justification de son
rôle et ne pas craindre de dicter haut
et ferme ses volontés. A ce prix seule-
ment notre Parti reprendra sa véritable
place et conservera l'affection populai-
re si large dont il a bénéficié jusqu'ici.
Après une période de crise, il sortira
régénéré et fortifié de l'épreuve où ses
ennemis comptaient le voir sombrer à
jamais. Il lui suffit de le vouloir ; il lui
suffit de jeter les yeux sur les partis
voisins, si fortement unis dans la main
de leurs chefs et dont la discipline crée
la force considérable.
Nous avons, dans la Chambre, Ses
amis qui ont acquis, par leur fermeté
politique, notre confiance et celle dû
Pays tout entier. Nous leur demandons
de se mettre délibérément à notre tête,
de nous organiser, de grouper, pour
une action commune, tous ceux qui se
réclament de la démocratie répu-
blicaine.
R. PERRISSOUD,
Député de Seine-et-Marne.
———————————— » ».
Politique Etrangère
'— -g .-.-: --.¡
L'ALSACE-LORRAINE
DEVANT LE REICHSTAG
Quarante anw aprèq ta con-
quête allemande, quwpnte ans
après l'établissement de l'em..
pire allemand, il est une ques-
tion constitutionnelle d'Empire
qufn'est pas réglée : c'est la question
du Pays d'Empire, la question d'Alsace-
Lorràine.
On sait quelle est la solution propo-
sée par M. de Bethmann-llollweg ; c'est
une solution qui ne satisfait ni les Al"
saciens-Lorrains, ni les pangermanis-
les.
Les Alsaciens-Lorrains réclament
l'autonomie et les pangermanistes récla-
ment, soit le maintien d'une dictature
allemande en Pays d'Empire, soit une
annexion à l'un des états allemands, de
préférence à la Prusse. Le chancelier se
tourne du côté des uns et des autres et
supplie : « Ne soyez donc pas pour le
tout ou rien ! »
Une solution transactionnelle ? Mais
en est-il ? Si l'on se place à un point de
vue à la fois réaliste et très élevé, on
s'aperçoit que la sagesse et la modéra-
tion du chancelier ne sont probable-
ment, pour le cas de VAlsace-Lorraine,
que des moyens peu appropriés. En
réalité le gouvernement impérial est
fort embarrassé, Il enlèverait incôntes-
tablement devant le Reichstag, s'il le
voulait, un vote en laveur de l'autono-
mie réelle de VAlsace-Lorraine, un vote
en faveur de l'assimilation constitution.
nelle complète du Pays d'Empire, àux
autres étals de l'Empire. Il hésite dans
la crainte de voir l'autonomie permet..
tre le plein épanouissement de senti-
ments qui exaspèrent les vainqueurs.
Les Alsaciens et les Lorrains cotiser
vent le goût de la 'culture française ; ils
ont te souvénir id'u«ne administration
française dont la manière était mieux
faite pour les séduire que le tf: style »
germanique.
Les pangermanistes préféreraient
considérer l'Alsace-Lorraine c'pmme un
pays qui doit être longtemps encore oc-
cupé militairement, administré militai-
rement. Ils voudraient « germaniser »;
ou tenter de « germaniser » par tous les
moyens. Ils éprouvent, une déception:
compliquée de colère en constatant,
qu'en quarante ans ils n'ont pas « assi-
milé n. Comme presque tous les Alle-
mands, ils ignorent et ne comprennent
pas la difficulté morale que le traité de
Francfort ne pouvait pas régler'et que.
es textes constitutionnels ne régleront
pas non plus. Il y a un différend essen-
tiel entre l'Allemagne qui occupe par la
« force » et un pays longtemps incor-
poré à la France qui se gouvernait sui-
vant des « droits ». Les Alsaciens et les
Lorrains ont vécu dans la civilisation
française. Les Allemands disent : ii N'y
pensez plus I » Ils sont faiblement
ïï psychologues a. Ce genre d'injonction
est inefficace dans le domaine 'des sen-
timents.
Mais les débats du Reichstag, aoulou..
reux pour tous les Français, nous lais-
sent du moins cette consolation que le
sort des armes n'a pas suffi à abolir là-
bas le souvenir des heures de la grande
communion française.
Albert MILHAUD.
—————————
LES ON-DIT
<
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi i
Lever du soleil : 7 n. 36 du matin.
Coucher du soleil: 4 b. 51 du soir.
Lever de la lune : 8 h. 14 du matin-
Coucher de la lune : 4 h. 42 du sOir-C
AUTREFOIS
Le Rappel du 31 janvier 1875 ?
L'amendement Laboulaye, si étrangement
mis aux voix vingt-quatre heures après la
clôture de la discussion, a été rejeté. L'as-
semblée a donc refusé de constituer et de
reconnaître la République.
LES EMPLOYES CIVILS
DE LA GUERRE
Le? «Déguisé?»
On nous signale, dans les établissements
civils de l'administration de la guerre, une
situation aussi curieuse en .-elle-mûme que
dans ses conséquences possibles.
Il y a quelques annoos, prétextant que
les chefs pouvaient difficilement se faire
obéir par des militaires placés sous leurs
ordres, quelques directeurs d'établisse-
ments obtinrent l'autorisation de faire re-
vêtir à ces civils l'uniforme qu'ils portaient
lorsqu'ils appartenaient à l'armée active.
Le système était peut-être discutable.
Mais depuis lors, à la suite des réclama-
tions réitérées du personnel civil, la main-
d'œuvre a été supprimée, et les soldats ont
disparu des bureaux et ateliers.
Avec eux disparaissait le prétexte à « dé-
guiseraient », mais de ci déguisement » lui-
même subsiste toujours.
Or, les tf déguisés » — c'est ainsi que
nous les avons entendu. désigner par un
certain nombre de leurs camarades, — sont
bel et bien régis par le décret du 11 mai
1907 qui détermine la situation des em-
ployés civils des établissements et services
militaires.
Ils ne sont évidemment pas sons-oefi-
ciers.
Qu'adviendrait-il, alors, si dans la rue,
un militaire manquait de respect à l'un
d'eux ?
Traduire le militaire devant1 un Conseil
de guerre serait poser en principe que le
respect est dû à l'uniforme et non pas à
celui qui en. est revêtu i On créerait ainsi
une espèce de fétichisme et il n'y aurait
plus de raison pour ne pas obliger les sol-
dats à saluer les dolmans oxposès sur les
mannequins du tailleur ou accrochés à la
porte du brocanteur !
Nous ne verrions toutefois que peu d'in-
convénients à fermer les yeux sur la situa-
tion, si elle n'avait une petite répercussion
budgétaire. naturellement !
Une indemnité mensuelle variant de 7 "à
10 francs est accordée à chaque porteur
d'uniforme. Prenons un cas particulier afin
de pouvoir citer des chiffres précis.
Les établissements de Bourges (Pyrotech-
nie et Fonderie) possèdent trois civils ha-
billés en adjudants et un quatrième habillé
en gardien de batterie. Depuis dix ans, les
trois pseudo-adjudants perçoivent 10 francs
par mois et le pseudo-gardien de batterie
7 francs par mois.
Il en résulte que depuis dix ans, - à
Bourges seulement, — quatre mille 440
francs ont été purement et simplement gas-
pillés.
C'est là, à coup sûr, une somme bien
mdnmne dans notre budget .îational. Mais
on aurait tort de se moquer des économies
dites de « bout de chandelle ». Les bonnes
'ménagères savent que les menus gaspilla-
ges créent les gros déficits et il est proba-
ble que si on épluchait d'un peu près 1'89
budgets de.s divers établissements de la
guerre, on finirait Rai* trouver une bonne
part des faibles crédits qui suffiraient fi
donner satisfaction aux réclamations si
modestes et si justifiées des employés ci-
vils de ces établissements.
M. D.
»
If(f(OGEf<ÏES PPPS
r-:':v-
La-Gazctte de France cherche à excuser
l'impuissance du petit monsieur Lépine en
face de l'insécurité de Paris.
Et notre confrère a trouvé le vrai coupa-
ble. Reconnaissons qu'il y eut quelque mé-
rite à faire cette trouvaille. Personne ne se
serait douté, en effet, que la responsabilité
des crimes d'apaches devait retomber sur.
les palmes académiques. Parfaitement.
Et voici comment la Gazette explique la
chose : Chaque candidature nécessite une
enquête..
« A une demi-heure par enquête, comme
il y a cent mille candidats, voyez les heu-
res que passent nos braves sergots à trin-
quer avec les concierges. Pendant ce temps,
les apaches jouent du surin dans la rue
sans être gênés. »
L'auteur de ces lignes a évidemment ou-
blié que les cent mille candidats n'habi-
taient pas tous Paris et qu'on ne saurait
attribuer à l'immobilisation. de la police
marseillaise les drames des boulevards ex-
térieurs.
Mais notre confrère adopte le ton mélo-
dramatique :
« M. Lépine s'en est expliqué plusieurs
fois, et récemment encore, au Conseil mu-
nicipal. C'est à ces affamés d'hanineur que
l'on doit l'immobilisation de notre police,
déjà si insuffisante, et tant de mauvais
coups. Leur ruban dérisoire coûte du sang
et devrait être rouge. » -
Fallait-il que le préfet de police fut à
court d'arguments 1
La vérité est que le petit monsieur Lépine
a d'autres préoccupations que la surveil-
lance des apaches. Les rondes dans les
quartiers mal famés ne donnant lieu ni à
parade ni à jetons de présence, le laissent
tout à fait indifférent.
-ON
Le Torchon brûle
—»*•;*»—
M. Guy do Cassagnac a bien voulu re-
produire, hier, dans son article de l'Auto-
rité, le filet que nous avons consacré, sous
ce titre. au brusque ajournement de la cé-
rémonie des Jardies.
De cet incident — petite cause, grands
effets — M. Guy de Cassagnac tire des con-
séquences excessives. Il voit dans un éter-
nuement de M. Hébrard la tempête qpi
ébranlera le temple opportuniste, et il nous
laisse prévoir une crise du gambettisme,
qui viendrait s'ajouter à celle dé l'appren-
tissage, des viticulteurs et du français.,
C'est trop de crises, en vérité !
Notre spirituel confrère, après s'être de-
mandé si les récentes déclarations de Ma-
dame Adam n'auraient pas causé le rhume
diplomatique de M. Hébrard, prétend que
nous eûssions mieux fait d'intituler notre
petit article : « le iorcl&n gèle ».
Il aurait pu « geler », certes, tant il fut
copieusement arrosé par les larmes de cette
excellente dame dont la vieillesse humide
se passe à pleurer partout.
Mais les faits sont les faits, et quel que
soit notre désir d'être agréable à M. de
Cassagnac, nous sommes bien obligés de
maintenir que le torchon « brûle » puis-
qu'il brûle effectivement.
Il ne faut pas chercher de drame où il
n'existe qu'une scène du Dépit amoureux.
M. Etienne aimait M. Briand pour « lui-
mêmo », et aussi pour certaine manne qu'il
recueillait au cours de sa marche aux étoi-
les.
M. Briand le payait de retour, et c'était
une touchante idylle que celle de Roméo-et
de Baucis.
Elle devait se poursuivre aux Jardies, où
M. Etienne voulait jucher sa nouvelle idole
sur un des socles du temple opportuniste.
Consentant et ravi, M. Briand avait même
— innovation historique — daigné prépa-
rer longuement un discours.
Mais une brouille survint brusquement
qui troubla la fête.
Pour sauver la situation et attendre la
réconciliation, M. Adrien Hébrard prit le
parti d'éternuer.
La tempête, que prévoit M. de Cassa-
gnac, finfra donc vraisemblablement dans
une tasse de camomille.
» —
La Religion Moralisatrice
'; -:+e-+::-
Dédié à ceux qui chantent lete vertus mo-
ralisatrices de la religion :
On a arrêté récemment, dans un restau-
rant de la cité d'Antin, un brave curé qui
n'avait pas pu solder l'addition.
Ça n'était pas bien grave évidemment-
Ce qui l'était davantage, c'est que le saint
homme avait été condamné en 1904, par la
cour d'assises de la Meuse, aux travaux
forcés à perpétuité pour attentat à la pu-
deur.
Il purgera sa contumace en méditant sur
l'efficacité des sacrements, purificateurs de
l'âme.
Avant-hier la cour d'appel de Chambéry
confirmait un jugement condamnant à deux
mois de prison avec sursis et 200 francs
d'amende un curé savoyard qui avait dé-
tourné des valeurs appartenant à l'ancién.
ne fabrique de sa paroisse. Il est vrai que
celui-là, opérant « pour la plus grande gloi-
re de Dieu », bénéficiait, comme le moine
ide Daudet, de l'absolution avant le péché.
Nul ne saurait, dans tous les cas, pré-
tendre que l'un ou l'autre des deux con-
damnés soit le produit- de l'irreligion ou de
l'école laïque 1
! NOS CHRONIQUEURS
r-:.:---.
Un Artiste mort de faim et de Froid
■ imii IHIIBI.
Les derniers jours d'un condamné. -- Lucien Renout. - L3
veuve du peintre Lépine. - L'exploitation de la misère.
La veuve de Daumier.
f 'Je Œe suis pas de l'avis de Montaigne :
j'aime Paris, mais je hais ses verrues et
ma sensibilité s'exaspère au spectacle
quotidien de la misère sans remède qui
ne trouble pas une minute la grande fête
des boulevards et la ruée des appétits.
Comme le héros de Dostolevsky, je souf.
fre véritablement de toute la souffrance
humaine, au point de trouver une excuse,
parfois aux gestes de révolte, à la protes-
tation justicière des instinctifs.
On meurt de faim sous le règne de
Briand l'Apaisé, comme au plus beau
temps des tyrans. La misère ne désarme
pas et la vie cruelle se rit de la prévoyan-
ce à oourte vue des philanthropes de sa-
lon, de bureau et de sacristie.
* *
Il y a quelques semaines, un artiste bien
connu, Marius Estienne, suivait, en com-
pagnie d'un ami, le boulevard Roche-
cliouart. La soirée était douce et propics
aux déambulations philosophiques. Tout-a-
coup, il s arrêta. Là, devant lui, sur un
banc, une loque humaine était affalée, en-
veloppée d'une souquenille de moine men-
diant, presque pareille à celle dont Ro-
din affubla Balzac, mais ayant traîné vi-
siblement dans tous les ruisseaux.
En gai montmartrois, élevé à la forte
écoie du Chat Noir, Estienne interpella
1 inconnu dans la langue dets deux ,de
l'Olympe parisien :
— Hé, l'ami, t'es mûr ? Tu ferais mieux
de te remiser. Qu'attends-tu ?,
Le miséreux releva la tête :
- J'attends la mort, répondit-il avec une
simplicité tragique. Il y a quatre jours et
quatre nuits que je file la comète et que
je me boucle le ceinturon. C'est la fin.
Laisse-moi.
Marius Estienne considéra de plus près
le pseudo-pochard. Et il connut, à des- si-
gnes certains, que le. malheureux ne men-
tait pas et que rien ne ressemble à un
ivrogne autant qu'un meurt-de-faim.
— Mais c'est Lucien Renout ! s'écria-t-il.
Un fiacre fut hélé. A grand'peine on his- 1
sa le triste chemineau dans la voiture et
on le mena à une brasserie. Trop tard, le
bon Samaritain ! Il n'arrive à temps que
dans les romans couronnés par la Con-
grégation du bout du pont des Arts 1 L'es-
tomac du pauvre diable put tout au plus
supporter quelques cuillerées de bouillon.
Il fallut songer à le faire coucher quelque
part. Mais le maître d'hôtel voisin recula
à l'aspect spectral du client qfu'on lui pré-
sentait. Une mort en perspective, ce sont
des choses dont on ne se soucie pas dans
la partie et cela fait du tort au commerce.
Pourtant, à force d'insistance, il accueil-
lit Renaut, mais à la condition qu'il en se-
rait débarrassé dès le lendemain. Au ma-
tin, en effet, fidèle à la parole donnée, Ma.
rius Estienne alla prendre Renout et le
conduisit à Lariboisière, où il fut admis
d'urgence. ,.
Un mois après, il y mourait, sans avoir
repris connaissance. C'était un demi-ca-
davre que l'on avait véhiculé à l'hôpital.
Trop tard — ô ironie suprême ! - la cha-
rité officielle.
Ainsi mourut à soixante ans, — de faim
et de froid, à la lettre —• un bon et grand
artiste qui ne fut d'aucune Société de la
1 Courte-Echelle, ne reçut jamais ni croix,
ni subventions, ni invitations chez Chau-
chard. Saluez.
***
Il appartenait à cette grande bCAhêmC)
du lendemain de la guerre, doilt Nina de
Villard fut un instant la reine et dont Ri-
chepin fut, toutes proportions gardées, le
Victor Hugo. Il a laissé de la bonne Nina,
d'ailleurs, une eau-forte assez rare, où le
trait juste et fin rend la ressemblance
pittoresque et parlante. On recherche la
collection de la Vie moderne, eu il sema
tant de dessins spirituels, scènes de la
butte, relevées de légendes à la Gavarnl,
profils aie modèles et de soupeuses du Bat
mort -ou de la Nouvelle Athènes, actua-
lités politiques traitées avec une verve ga<
mine et batailleuse. Ses pastels sont cu.
rieux par une intensité de symbolisme qui
ressemble à une gageure. Dans ses der-
nières années, il rêvait de peindre un ta-
bleau synthétique qui eût résumé J'effort
esthétique des cinq parties du monde (sir},
devant lequel il eût fait défiler les chœurs
de l'Opéra. Il avait même composé un air
destiné à accompagner sa peinture.
Mais son vrai titre de gloire, c'est l'eau-
forte en couleur. Il en fut un des premurs
initiateurs. D'autres, plus habiles, ont ré-
colté. Les connaisseurs commencent a
s'informer discrètement chez les bro-
canteurs où s'est éparpillée l'œuvre du
malheureux artiste, du sort réservé à sa
série de vues parisdennes, à Montmartre,
surtout, qui eut naturellement, dans la col-
lection, une large part.
Impossible de raconter la vie incohé-
rente de cet enfant perdu de l'Art. Ce fut
pis qu'un mauvais roman, une pièce évi-
demment rosse en cent actes divers, une
bouffonnerie sans nom, une fantaisie dé-
bridée, Inquiétante, ooR~ne quelque cho-
se d'irréel, terminée logiquement dans la
rue, par une dégringolade totale.
R'enout avait visité l'Amérique, Finde,
l'Angleterre, qui lui inocula le préraphaé-
lisme. Il faut savoir cela pour s'expliquer
l'éclosion, dans ses dessins et ses peintu-
res, de vierges orientales, de Cbrists aux
yeux rouges, de nudités flamboyantes, ap-
paraissant dans une apothéose, au milieu
de décors invraisemblables. Bien qu'il soit
mort, abandonné de tous, hors de rares
amis, bien qu'on ait jeté ce créateur sur-
prenant à l'ignominie de la fosse com-
mune, dl avait une femme, un fils, une
fille.
- Oui, mon cher, me disait-il un jour
avec ce terrible accent de gpuaillerie, où
je sentais distinctement grincer son dé-
sespoir, j'ai fait comme le Fadinard du
Chapeau de paille d'Italie, je me suis ma-
rié à la faveur d'un embarras de voitures.
L'Angleterre m'a retenu mon fils en-gae
de l'Entente cordiale ; ma femme, qui est
protestante, et ma fille, qui n'est pas bap-
tisée, sont, paraît-ii, entrées au couvent.
C'est drôle, hein ?
***
Drôle ? Le drame, ici, dépasse toute at-
tente. Il atteint les proportions d'une chaiy
ge énorme, shakspearienne.
Voilà, pourtant, le destin promis aux
meilleurs serviteurs de l'Art ! Laissons, si
vous Je voulez, l'histoire de Millet et de
l'Angélus. La fin lamentable de Lucien Re-
nout, qui signa souvent Renout-Margue-
ritte, en se réclamant d'une vague pa-
renté avec les frères Margueritte, est
d'hier.
Elle est de tous les jours. N'a-t-oït pu
vu, récemment, la veuve de Daumier ré-
duite à la mendicité, obligée de vendre,
pour quelques louis, à des filous patentés^
les derniers souvenirs du maître ?
Aujourd'hui même, la veuve du peintre
Lépine, dépouillée de ses ultimes ressour-
ces par une banae noire, n'est-elle pas con-
damnée à faire des ménages ? A soixante"
dix ans !
Y a-t-il une Assistance Publique ? Y a*
t-il un Secrétariat des Beaux-Arts ? Y a-t*
il une justice en République ?
NOEL AMAUDRU.
» ——
LES CONGRES
La Mission Laiquu Française
QUATRIEME JOURNEE
Le Congrès de la Mission laïque touche <
sa fin.
Les congressistes ont sagement et mûre-
ment étudié toutes les questions inscrites
au programme. Les décisions qu'its ont
prises, les vœux qu'ils ont émis auront la
.plus heureuse influence sur l'orientation
des efforts de la Mission.
Assemblée générale
A trois heures, M. Audtaïrd, professeur à
la Sorbonne et président de l' œllV l'e, assis-
té de M. Besnard, secrétaire général, ou- -
vre la séance.
L'assemblée générale annuelle, aiorSt
procède à l'èlootion des membres du CJn- -
seil.
Voici le nom des membres élus : MM.
Auikud, Besnard, Bienvenu-Martin, B lan-
ciner, Chaufour, Doumernue, HerriGt, Le
Telli«r, Michaud, Pavie, RayooJ, Rochéron.
Le Président donne la parole à M. Bes-
nard, professeur au collège Chaptal, secré-
taire siénéral de la Mission laïque pour son
rapport sur l'Organisation de la propagande
en faveur de la Mission laïque.
Avec une très grande clarté et une pré-
cision remarquable et remarquée, le rap-
porteur indique la propagande nécessaire
qu'il faut accomplir. Il signale ;
1° La nécessité pour les groupement
laïques (Amicales, Loges, groupes libres-
penseurs., etc.) de coordonner leurs et,
forts pour aider la Mission à continuer son
oeuvre.
2° Obligation pour tous, non seulement
d'apporter leur apipui moral, mais encore
leur concours financier, indjspe.
Vadiún coûte cher. Ce n'est pas une misé-
rable question d'argent qui doit enxpéciier
la bienfaisante dispersion de l'esprit fran-
çais dans le monde.
Des applaudissements nombreux prou-
vent au rapporteur que les congressistes
partagent sa manière de voir et qu'ils fe-
ront tous leurs efforts pour accomplir l'œu.-
vre indiquée.
M. Besnard, toujours sur la brèohe, re-
prend la parole. Il fait un rapport cons..
ciencieux et clair des travaux du Gongrè».
Il l'appelle le travail de M. Chaufour sur
les efforts accomplis par les diverses na-
tions au point de vue scolaire à l'étranger ;
les rapports de M. Goujon sur la situation
actuelle et J'enseignement tatoue dons les
colonies françaises et de M. Gendron, eus
l'orientation de l'enseignement primai]#
CINQ CENTIMES LE NUU. MARDI 31 JANVIER 1911. - fio 1
-
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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TRIBUNE LIBRe.
a
: Réveillons-nous
> 8Hit1 >
Les élections municipaaes
qui viennent de se terminer à
Paris ont été, il faut le recon-
naître, un échec pour le par-
ti radical. Elles ont eu lieu,
il est vrai, dans des quartiers
- peu favorables ; il n'en ressort pas
moins que la désaffection depuis si
longtemps signalée s'accentue et de-
vient un véritable danger pour l'avenir
iles groupements républicains.
• Le mal est flagrant, incontestable.
Mais tandis que d'aucuns se contentent
tie le constater et de s'en plaindre, il
vaudrait peut-être mieux en chercher
les causes et y appliquer les remèdes
nécessaires.
L'ambiance politique dans laquelle
nous vivons est néfaste. Une atmosphè
re lourde d'incertitudes et d'inquiétu
des jette comme un voile épais sur les
idées et sur les personnes. Sous cou-
leur d'apaisement, les partis se sont
confondus, ou plutôt le radicalisme cst
devenu le réceptacle de tous ceux qui
n'avaient pas de parti. Tandis que bon
Dombre de radicaux, dès la législature
dernière, se laissaient endormir par la
conviction où ils étaient d'avoir accom-
pli la plus large part de leur œuvre,
leurs adversaires de 4a veille, attirés
par la magie d'un titre auquel le Pays
semblait plus que jamais attaché, s'en-
rôlaient sous nos drapeaux, IIlOUS ap-
portant, avec des convictions trop fraî-
ches pour être définitives, des ferments
de discorde et des germes de faiblesse.
Ainsi s'explique que nos groupes par-
lementaires se soient accrus dans des
proportions jusqu'alors inconnues, mal-
gré la campagne acharnée menée aux
dernières élections contre les radicaux
et radicaux socialistes par tous leurs
adversaires de droite et d'extrême-gau-
che.
A la tête de ces troupes, rendues
incolores par la multiplicité des nuan-
ces, nous avons sans doute retrouvé
des chefs aimés, respectés ; mais leur
action s'effaçait et se brisait à des op-
positions inavouées, à une inertie vo-
lontaire. Il en est résulté des divisions
incompréhensibles et surtout, ce qui
iest plus grave, une absence absolue de
méthode et de travail effectif. Ainsi,
Hepuis quelques années, notre Parti,
malgré les éléments remarquables qu'il
renferme, s'est acheminé vers une sor-
te de renoncement et n'a pu faire en-
tendre sa voix que par l'organe de quel-
ques-uns de ses représentants les plus
ardents sans doute, mais dont on ne
cherche qu'à dénaturer les efforts et les
intentions.
Qu'on joigne à cela les querelles per-
sonnelles, plus dangereuses que les
plus violentes attaques, et on compren-
dra aisément l'inefficacité de notre ac-
tion politique. Si, d'ailleurs, il en est
encore parmi nous qui s'efforcent de
lutter et de mener le combat républi-
cain, ils demeurent isolés au milieu de
l''indifférence générale, exposés seuls
aux coups, parmi lesquels ceux de leurs
amis ne sont pas les moins sensibles.
Cette apathie, venue de haut, ne peut
manquer d'avoir dans le Pays une fu-
neste répercussion. Lorsque se pose,
devant nous, le vaste problème des ré-
formes sociales inscrites au program-
me radical et radical socialiste, le corps
électoral se refuse à comprendre une
inertie inexplicable ; s'il ne va pas,
d'instinct vers les partis extrêmes, il
se désintéresse d'une politique qui ne
lui apporte pas les solutions depuis si
longtemps attendues. L'ornière se creu-
se chaque jour. Allons-nous nous y
laisser enlizer et ne ferons-nous pas le
geste nécessaire pour sortir du bour-
bier où nous a conduits la politique
pwsonnelle de ces trois dernières an-
nées ?
M. Caillaux, dans son remarquable
discours de Lille, a montré le péril et
invité les républicains à reprendre la
tâche interrompue. Oui, réveillons-
nous ; reprenons la place que nous a
marquée l'histoire et que nous a faite
la confiance des masses laborieuses de
la Nation.
La législature actuelle marquera, d'a-
près la valeur de notre effort, l'expan-
sion ou la fin de notre Parti. Mais, d'a-
bord, reconstituons ce narti.
A ceux rmi ne sont veiius à lui que
dans un but intéressé, il importe de si-
gnifier leur erreur. La constitution de
comités d'études appelés à statuer sur
les questions soumises aux délibérations
du Parlement et une discipline plus
stricte ne manqueraient pas d'en éloi-
gner certains. Diminués en nombre, les
groupes deviendraient plus homogènes
et plus puissants.
La Chambre, il faut l'espérer, obli-
gera, par le vote de la réforme électo-
rale, les partis à se constituer sur des
bases bien nettement déterminées ; dès
à présent, il est nécessaire de s'atta-
cher à cette œuvre de classification et
d'union. A la politique d'équivoques, à
la politique au jour le jour, à la politi-
que des subtilités, des finesses oratoi-
res où chacun ne cherche qu'à mettre en
mauvaise posture ses adversaires éven-
tuels, doit s'opposer la politique dé
franchise et de loyauté, fondée sur des
principes, suivant une ligne continue et
réfléchie.
La forte majorité républicaine qui sè
rencontre dans la Chambre et dans lé
Pays doit se dégager de ces questions
de clientèle et de ces querelles person-
nelles qui l'anémient, la détournent de
sa destination véritable. Elle doit sur-
tout chercher, dans un travail inces-
sant et fécond, la justification de son
rôle et ne pas craindre de dicter haut
et ferme ses volontés. A ce prix seule-
ment notre Parti reprendra sa véritable
place et conservera l'affection populai-
re si large dont il a bénéficié jusqu'ici.
Après une période de crise, il sortira
régénéré et fortifié de l'épreuve où ses
ennemis comptaient le voir sombrer à
jamais. Il lui suffit de le vouloir ; il lui
suffit de jeter les yeux sur les partis
voisins, si fortement unis dans la main
de leurs chefs et dont la discipline crée
la force considérable.
Nous avons, dans la Chambre, Ses
amis qui ont acquis, par leur fermeté
politique, notre confiance et celle dû
Pays tout entier. Nous leur demandons
de se mettre délibérément à notre tête,
de nous organiser, de grouper, pour
une action commune, tous ceux qui se
réclament de la démocratie répu-
blicaine.
R. PERRISSOUD,
Député de Seine-et-Marne.
———————————— » ».
Politique Etrangère
'— -g .-.-: --.¡
L'ALSACE-LORRAINE
DEVANT LE REICHSTAG
Quarante anw aprèq ta con-
quête allemande, quwpnte ans
après l'établissement de l'em..
pire allemand, il est une ques-
tion constitutionnelle d'Empire
qufn'est pas réglée : c'est la question
du Pays d'Empire, la question d'Alsace-
Lorràine.
On sait quelle est la solution propo-
sée par M. de Bethmann-llollweg ; c'est
une solution qui ne satisfait ni les Al"
saciens-Lorrains, ni les pangermanis-
les.
Les Alsaciens-Lorrains réclament
l'autonomie et les pangermanistes récla-
ment, soit le maintien d'une dictature
allemande en Pays d'Empire, soit une
annexion à l'un des états allemands, de
préférence à la Prusse. Le chancelier se
tourne du côté des uns et des autres et
supplie : « Ne soyez donc pas pour le
tout ou rien ! »
Une solution transactionnelle ? Mais
en est-il ? Si l'on se place à un point de
vue à la fois réaliste et très élevé, on
s'aperçoit que la sagesse et la modéra-
tion du chancelier ne sont probable-
ment, pour le cas de VAlsace-Lorraine,
que des moyens peu appropriés. En
réalité le gouvernement impérial est
fort embarrassé, Il enlèverait incôntes-
tablement devant le Reichstag, s'il le
voulait, un vote en laveur de l'autono-
mie réelle de VAlsace-Lorraine, un vote
en faveur de l'assimilation constitution.
nelle complète du Pays d'Empire, àux
autres étals de l'Empire. Il hésite dans
la crainte de voir l'autonomie permet..
tre le plein épanouissement de senti-
ments qui exaspèrent les vainqueurs.
Les Alsaciens et les Lorrains cotiser
vent le goût de la 'culture française ; ils
ont te souvénir id'u«ne administration
française dont la manière était mieux
faite pour les séduire que le tf: style »
germanique.
Les pangermanistes préféreraient
considérer l'Alsace-Lorraine c'pmme un
pays qui doit être longtemps encore oc-
cupé militairement, administré militai-
rement. Ils voudraient « germaniser »;
ou tenter de « germaniser » par tous les
moyens. Ils éprouvent, une déception:
compliquée de colère en constatant,
qu'en quarante ans ils n'ont pas « assi-
milé n. Comme presque tous les Alle-
mands, ils ignorent et ne comprennent
pas la difficulté morale que le traité de
Francfort ne pouvait pas régler'et que.
es textes constitutionnels ne régleront
pas non plus. Il y a un différend essen-
tiel entre l'Allemagne qui occupe par la
« force » et un pays longtemps incor-
poré à la France qui se gouvernait sui-
vant des « droits ». Les Alsaciens et les
Lorrains ont vécu dans la civilisation
française. Les Allemands disent : ii N'y
pensez plus I » Ils sont faiblement
ïï psychologues a. Ce genre d'injonction
est inefficace dans le domaine 'des sen-
timents.
Mais les débats du Reichstag, aoulou..
reux pour tous les Français, nous lais-
sent du moins cette consolation que le
sort des armes n'a pas suffi à abolir là-
bas le souvenir des heures de la grande
communion française.
Albert MILHAUD.
—————————
LES ON-DIT
<
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi i
Lever du soleil : 7 n. 36 du matin.
Coucher du soleil: 4 b. 51 du soir.
Lever de la lune : 8 h. 14 du matin-
Coucher de la lune : 4 h. 42 du sOir-C
AUTREFOIS
Le Rappel du 31 janvier 1875 ?
L'amendement Laboulaye, si étrangement
mis aux voix vingt-quatre heures après la
clôture de la discussion, a été rejeté. L'as-
semblée a donc refusé de constituer et de
reconnaître la République.
LES EMPLOYES CIVILS
DE LA GUERRE
Le? «Déguisé?»
On nous signale, dans les établissements
civils de l'administration de la guerre, une
situation aussi curieuse en .-elle-mûme que
dans ses conséquences possibles.
Il y a quelques annoos, prétextant que
les chefs pouvaient difficilement se faire
obéir par des militaires placés sous leurs
ordres, quelques directeurs d'établisse-
ments obtinrent l'autorisation de faire re-
vêtir à ces civils l'uniforme qu'ils portaient
lorsqu'ils appartenaient à l'armée active.
Le système était peut-être discutable.
Mais depuis lors, à la suite des réclama-
tions réitérées du personnel civil, la main-
d'œuvre a été supprimée, et les soldats ont
disparu des bureaux et ateliers.
Avec eux disparaissait le prétexte à « dé-
guiseraient », mais de ci déguisement » lui-
même subsiste toujours.
Or, les tf déguisés » — c'est ainsi que
nous les avons entendu. désigner par un
certain nombre de leurs camarades, — sont
bel et bien régis par le décret du 11 mai
1907 qui détermine la situation des em-
ployés civils des établissements et services
militaires.
Ils ne sont évidemment pas sons-oefi-
ciers.
Qu'adviendrait-il, alors, si dans la rue,
un militaire manquait de respect à l'un
d'eux ?
Traduire le militaire devant1 un Conseil
de guerre serait poser en principe que le
respect est dû à l'uniforme et non pas à
celui qui en. est revêtu i On créerait ainsi
une espèce de fétichisme et il n'y aurait
plus de raison pour ne pas obliger les sol-
dats à saluer les dolmans oxposès sur les
mannequins du tailleur ou accrochés à la
porte du brocanteur !
Nous ne verrions toutefois que peu d'in-
convénients à fermer les yeux sur la situa-
tion, si elle n'avait une petite répercussion
budgétaire. naturellement !
Une indemnité mensuelle variant de 7 "à
10 francs est accordée à chaque porteur
d'uniforme. Prenons un cas particulier afin
de pouvoir citer des chiffres précis.
Les établissements de Bourges (Pyrotech-
nie et Fonderie) possèdent trois civils ha-
billés en adjudants et un quatrième habillé
en gardien de batterie. Depuis dix ans, les
trois pseudo-adjudants perçoivent 10 francs
par mois et le pseudo-gardien de batterie
7 francs par mois.
Il en résulte que depuis dix ans, - à
Bourges seulement, — quatre mille 440
francs ont été purement et simplement gas-
pillés.
C'est là, à coup sûr, une somme bien
mdnmne dans notre budget .îational. Mais
on aurait tort de se moquer des économies
dites de « bout de chandelle ». Les bonnes
'ménagères savent que les menus gaspilla-
ges créent les gros déficits et il est proba-
ble que si on épluchait d'un peu près 1'89
budgets de.s divers établissements de la
guerre, on finirait Rai* trouver une bonne
part des faibles crédits qui suffiraient fi
donner satisfaction aux réclamations si
modestes et si justifiées des employés ci-
vils de ces établissements.
M. D.
»
If(f(OGEf<ÏES PPPS
r-:':v-
La-Gazctte de France cherche à excuser
l'impuissance du petit monsieur Lépine en
face de l'insécurité de Paris.
Et notre confrère a trouvé le vrai coupa-
ble. Reconnaissons qu'il y eut quelque mé-
rite à faire cette trouvaille. Personne ne se
serait douté, en effet, que la responsabilité
des crimes d'apaches devait retomber sur.
les palmes académiques. Parfaitement.
Et voici comment la Gazette explique la
chose : Chaque candidature nécessite une
enquête..
« A une demi-heure par enquête, comme
il y a cent mille candidats, voyez les heu-
res que passent nos braves sergots à trin-
quer avec les concierges. Pendant ce temps,
les apaches jouent du surin dans la rue
sans être gênés. »
L'auteur de ces lignes a évidemment ou-
blié que les cent mille candidats n'habi-
taient pas tous Paris et qu'on ne saurait
attribuer à l'immobilisation. de la police
marseillaise les drames des boulevards ex-
térieurs.
Mais notre confrère adopte le ton mélo-
dramatique :
« M. Lépine s'en est expliqué plusieurs
fois, et récemment encore, au Conseil mu-
nicipal. C'est à ces affamés d'hanineur que
l'on doit l'immobilisation de notre police,
déjà si insuffisante, et tant de mauvais
coups. Leur ruban dérisoire coûte du sang
et devrait être rouge. » -
Fallait-il que le préfet de police fut à
court d'arguments 1
La vérité est que le petit monsieur Lépine
a d'autres préoccupations que la surveil-
lance des apaches. Les rondes dans les
quartiers mal famés ne donnant lieu ni à
parade ni à jetons de présence, le laissent
tout à fait indifférent.
-ON
Le Torchon brûle
—»*•;*»—
M. Guy do Cassagnac a bien voulu re-
produire, hier, dans son article de l'Auto-
rité, le filet que nous avons consacré, sous
ce titre. au brusque ajournement de la cé-
rémonie des Jardies.
De cet incident — petite cause, grands
effets — M. Guy de Cassagnac tire des con-
séquences excessives. Il voit dans un éter-
nuement de M. Hébrard la tempête qpi
ébranlera le temple opportuniste, et il nous
laisse prévoir une crise du gambettisme,
qui viendrait s'ajouter à celle dé l'appren-
tissage, des viticulteurs et du français.,
C'est trop de crises, en vérité !
Notre spirituel confrère, après s'être de-
mandé si les récentes déclarations de Ma-
dame Adam n'auraient pas causé le rhume
diplomatique de M. Hébrard, prétend que
nous eûssions mieux fait d'intituler notre
petit article : « le iorcl&n gèle ».
Il aurait pu « geler », certes, tant il fut
copieusement arrosé par les larmes de cette
excellente dame dont la vieillesse humide
se passe à pleurer partout.
Mais les faits sont les faits, et quel que
soit notre désir d'être agréable à M. de
Cassagnac, nous sommes bien obligés de
maintenir que le torchon « brûle » puis-
qu'il brûle effectivement.
Il ne faut pas chercher de drame où il
n'existe qu'une scène du Dépit amoureux.
M. Etienne aimait M. Briand pour « lui-
mêmo », et aussi pour certaine manne qu'il
recueillait au cours de sa marche aux étoi-
les.
M. Briand le payait de retour, et c'était
une touchante idylle que celle de Roméo-et
de Baucis.
Elle devait se poursuivre aux Jardies, où
M. Etienne voulait jucher sa nouvelle idole
sur un des socles du temple opportuniste.
Consentant et ravi, M. Briand avait même
— innovation historique — daigné prépa-
rer longuement un discours.
Mais une brouille survint brusquement
qui troubla la fête.
Pour sauver la situation et attendre la
réconciliation, M. Adrien Hébrard prit le
parti d'éternuer.
La tempête, que prévoit M. de Cassa-
gnac, finfra donc vraisemblablement dans
une tasse de camomille.
» —
La Religion Moralisatrice
'; -:+e-+::-
Dédié à ceux qui chantent lete vertus mo-
ralisatrices de la religion :
On a arrêté récemment, dans un restau-
rant de la cité d'Antin, un brave curé qui
n'avait pas pu solder l'addition.
Ça n'était pas bien grave évidemment-
Ce qui l'était davantage, c'est que le saint
homme avait été condamné en 1904, par la
cour d'assises de la Meuse, aux travaux
forcés à perpétuité pour attentat à la pu-
deur.
Il purgera sa contumace en méditant sur
l'efficacité des sacrements, purificateurs de
l'âme.
Avant-hier la cour d'appel de Chambéry
confirmait un jugement condamnant à deux
mois de prison avec sursis et 200 francs
d'amende un curé savoyard qui avait dé-
tourné des valeurs appartenant à l'ancién.
ne fabrique de sa paroisse. Il est vrai que
celui-là, opérant « pour la plus grande gloi-
re de Dieu », bénéficiait, comme le moine
ide Daudet, de l'absolution avant le péché.
Nul ne saurait, dans tous les cas, pré-
tendre que l'un ou l'autre des deux con-
damnés soit le produit- de l'irreligion ou de
l'école laïque 1
! NOS CHRONIQUEURS
r-:.:---.
Un Artiste mort de faim et de Froid
■ imii IHIIBI.
Les derniers jours d'un condamné. -- Lucien Renout. - L3
veuve du peintre Lépine. - L'exploitation de la misère.
La veuve de Daumier.
f 'Je Œe suis pas de l'avis de Montaigne :
j'aime Paris, mais je hais ses verrues et
ma sensibilité s'exaspère au spectacle
quotidien de la misère sans remède qui
ne trouble pas une minute la grande fête
des boulevards et la ruée des appétits.
Comme le héros de Dostolevsky, je souf.
fre véritablement de toute la souffrance
humaine, au point de trouver une excuse,
parfois aux gestes de révolte, à la protes-
tation justicière des instinctifs.
On meurt de faim sous le règne de
Briand l'Apaisé, comme au plus beau
temps des tyrans. La misère ne désarme
pas et la vie cruelle se rit de la prévoyan-
ce à oourte vue des philanthropes de sa-
lon, de bureau et de sacristie.
* *
Il y a quelques semaines, un artiste bien
connu, Marius Estienne, suivait, en com-
pagnie d'un ami, le boulevard Roche-
cliouart. La soirée était douce et propics
aux déambulations philosophiques. Tout-a-
coup, il s arrêta. Là, devant lui, sur un
banc, une loque humaine était affalée, en-
veloppée d'une souquenille de moine men-
diant, presque pareille à celle dont Ro-
din affubla Balzac, mais ayant traîné vi-
siblement dans tous les ruisseaux.
En gai montmartrois, élevé à la forte
écoie du Chat Noir, Estienne interpella
1 inconnu dans la langue dets deux ,de
l'Olympe parisien :
— Hé, l'ami, t'es mûr ? Tu ferais mieux
de te remiser. Qu'attends-tu ?,
Le miséreux releva la tête :
- J'attends la mort, répondit-il avec une
simplicité tragique. Il y a quatre jours et
quatre nuits que je file la comète et que
je me boucle le ceinturon. C'est la fin.
Laisse-moi.
Marius Estienne considéra de plus près
le pseudo-pochard. Et il connut, à des- si-
gnes certains, que le. malheureux ne men-
tait pas et que rien ne ressemble à un
ivrogne autant qu'un meurt-de-faim.
— Mais c'est Lucien Renout ! s'écria-t-il.
Un fiacre fut hélé. A grand'peine on his- 1
sa le triste chemineau dans la voiture et
on le mena à une brasserie. Trop tard, le
bon Samaritain ! Il n'arrive à temps que
dans les romans couronnés par la Con-
grégation du bout du pont des Arts 1 L'es-
tomac du pauvre diable put tout au plus
supporter quelques cuillerées de bouillon.
Il fallut songer à le faire coucher quelque
part. Mais le maître d'hôtel voisin recula
à l'aspect spectral du client qfu'on lui pré-
sentait. Une mort en perspective, ce sont
des choses dont on ne se soucie pas dans
la partie et cela fait du tort au commerce.
Pourtant, à force d'insistance, il accueil-
lit Renaut, mais à la condition qu'il en se-
rait débarrassé dès le lendemain. Au ma-
tin, en effet, fidèle à la parole donnée, Ma.
rius Estienne alla prendre Renout et le
conduisit à Lariboisière, où il fut admis
d'urgence. ,.
Un mois après, il y mourait, sans avoir
repris connaissance. C'était un demi-ca-
davre que l'on avait véhiculé à l'hôpital.
Trop tard — ô ironie suprême ! - la cha-
rité officielle.
Ainsi mourut à soixante ans, — de faim
et de froid, à la lettre —• un bon et grand
artiste qui ne fut d'aucune Société de la
1 Courte-Echelle, ne reçut jamais ni croix,
ni subventions, ni invitations chez Chau-
chard. Saluez.
***
Il appartenait à cette grande bCAhêmC)
du lendemain de la guerre, doilt Nina de
Villard fut un instant la reine et dont Ri-
chepin fut, toutes proportions gardées, le
Victor Hugo. Il a laissé de la bonne Nina,
d'ailleurs, une eau-forte assez rare, où le
trait juste et fin rend la ressemblance
pittoresque et parlante. On recherche la
collection de la Vie moderne, eu il sema
tant de dessins spirituels, scènes de la
butte, relevées de légendes à la Gavarnl,
profils aie modèles et de soupeuses du Bat
mort -ou de la Nouvelle Athènes, actua-
lités politiques traitées avec une verve ga<
mine et batailleuse. Ses pastels sont cu.
rieux par une intensité de symbolisme qui
ressemble à une gageure. Dans ses der-
nières années, il rêvait de peindre un ta-
bleau synthétique qui eût résumé J'effort
esthétique des cinq parties du monde (sir},
devant lequel il eût fait défiler les chœurs
de l'Opéra. Il avait même composé un air
destiné à accompagner sa peinture.
Mais son vrai titre de gloire, c'est l'eau-
forte en couleur. Il en fut un des premurs
initiateurs. D'autres, plus habiles, ont ré-
colté. Les connaisseurs commencent a
s'informer discrètement chez les bro-
canteurs où s'est éparpillée l'œuvre du
malheureux artiste, du sort réservé à sa
série de vues parisdennes, à Montmartre,
surtout, qui eut naturellement, dans la col-
lection, une large part.
Impossible de raconter la vie incohé-
rente de cet enfant perdu de l'Art. Ce fut
pis qu'un mauvais roman, une pièce évi-
demment rosse en cent actes divers, une
bouffonnerie sans nom, une fantaisie dé-
bridée, Inquiétante, ooR~ne quelque cho-
se d'irréel, terminée logiquement dans la
rue, par une dégringolade totale.
R'enout avait visité l'Amérique, Finde,
l'Angleterre, qui lui inocula le préraphaé-
lisme. Il faut savoir cela pour s'expliquer
l'éclosion, dans ses dessins et ses peintu-
res, de vierges orientales, de Cbrists aux
yeux rouges, de nudités flamboyantes, ap-
paraissant dans une apothéose, au milieu
de décors invraisemblables. Bien qu'il soit
mort, abandonné de tous, hors de rares
amis, bien qu'on ait jeté ce créateur sur-
prenant à l'ignominie de la fosse com-
mune, dl avait une femme, un fils, une
fille.
- Oui, mon cher, me disait-il un jour
avec ce terrible accent de gpuaillerie, où
je sentais distinctement grincer son dé-
sespoir, j'ai fait comme le Fadinard du
Chapeau de paille d'Italie, je me suis ma-
rié à la faveur d'un embarras de voitures.
L'Angleterre m'a retenu mon fils en-gae
de l'Entente cordiale ; ma femme, qui est
protestante, et ma fille, qui n'est pas bap-
tisée, sont, paraît-ii, entrées au couvent.
C'est drôle, hein ?
***
Drôle ? Le drame, ici, dépasse toute at-
tente. Il atteint les proportions d'une chaiy
ge énorme, shakspearienne.
Voilà, pourtant, le destin promis aux
meilleurs serviteurs de l'Art ! Laissons, si
vous Je voulez, l'histoire de Millet et de
l'Angélus. La fin lamentable de Lucien Re-
nout, qui signa souvent Renout-Margue-
ritte, en se réclamant d'une vague pa-
renté avec les frères Margueritte, est
d'hier.
Elle est de tous les jours. N'a-t-oït pu
vu, récemment, la veuve de Daumier ré-
duite à la mendicité, obligée de vendre,
pour quelques louis, à des filous patentés^
les derniers souvenirs du maître ?
Aujourd'hui même, la veuve du peintre
Lépine, dépouillée de ses ultimes ressour-
ces par une banae noire, n'est-elle pas con-
damnée à faire des ménages ? A soixante"
dix ans !
Y a-t-il une Assistance Publique ? Y a*
t-il un Secrétariat des Beaux-Arts ? Y a-t*
il une justice en République ?
NOEL AMAUDRU.
» ——
LES CONGRES
La Mission Laiquu Française
QUATRIEME JOURNEE
Le Congrès de la Mission laïque touche <
sa fin.
Les congressistes ont sagement et mûre-
ment étudié toutes les questions inscrites
au programme. Les décisions qu'its ont
prises, les vœux qu'ils ont émis auront la
.plus heureuse influence sur l'orientation
des efforts de la Mission.
Assemblée générale
A trois heures, M. Audtaïrd, professeur à
la Sorbonne et président de l' œllV l'e, assis-
té de M. Besnard, secrétaire général, ou- -
vre la séance.
L'assemblée générale annuelle, aiorSt
procède à l'èlootion des membres du CJn- -
seil.
Voici le nom des membres élus : MM.
Auikud, Besnard, Bienvenu-Martin, B lan-
ciner, Chaufour, Doumernue, HerriGt, Le
Telli«r, Michaud, Pavie, RayooJ, Rochéron.
Le Président donne la parole à M. Bes-
nard, professeur au collège Chaptal, secré-
taire siénéral de la Mission laïque pour son
rapport sur l'Organisation de la propagande
en faveur de la Mission laïque.
Avec une très grande clarté et une pré-
cision remarquable et remarquée, le rap-
porteur indique la propagande nécessaire
qu'il faut accomplir. Il signale ;
1° La nécessité pour les groupement
laïques (Amicales, Loges, groupes libres-
penseurs., etc.) de coordonner leurs et,
forts pour aider la Mission à continuer son
oeuvre.
2° Obligation pour tous, non seulement
d'apporter leur apipui moral, mais encore
leur concours financier, indjspe.
Vadiún coûte cher. Ce n'est pas une misé-
rable question d'argent qui doit enxpéciier
la bienfaisante dispersion de l'esprit fran-
çais dans le monde.
Des applaudissements nombreux prou-
vent au rapporteur que les congressistes
partagent sa manière de voir et qu'ils fe-
ront tous leurs efforts pour accomplir l'œu.-
vre indiquée.
M. Besnard, toujours sur la brèohe, re-
prend la parole. Il fait un rapport cons..
ciencieux et clair des travaux du Gongrè».
Il l'appelle le travail de M. Chaufour sur
les efforts accomplis par les diverses na-
tions au point de vue scolaire à l'étranger ;
les rapports de M. Goujon sur la situation
actuelle et J'enseignement tatoue dons les
colonies françaises et de M. Gendron, eus
l'orientation de l'enseignement primai]#
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