Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-05-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 29 mai 1906 29 mai 1906
Description : 1906/05/29 (N13227). 1906/05/29 (N13227).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
N 13337. — 9 PRAIRIAL AN 114.
CINQ CENTIMES LB 1VTJMEJRO
ÇIARDI 29 MAI 1908. - t*« 13227."
ANlV'OJYCfî&f
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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Et chez MM. LAGRANGE, CERF etO
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Adresser lettres et mandats à t Admmileralettr
fiÉicaliistepwiifS
Nos adversaires, à l'occasion de la
vérification des pouvoirs, prêtent à la
Chambre future les plus noirs des-
seins, les projets les plus sinistres
La minorité, déjà fort réduite par les
scrutins des 6 et 20 mai,serait encore
systématiquement décimée par un
jeu savant d'invalidations qui ne lais-
serait plus émerger que quelques
têtes, ravi nantes in gurgite vasto.
Est-il besoin de dire que ce sont là
des appréhensions excessives, que
nulle appai-ence jusqu'à présent n'a
justifiées ? La nouvelle Chambre, elle
est connue dans sa composition poli-
tique et sociale, mais qui connaît ac-
tuellement, quand elle s'ignore encore
elle-même, ses sentiments généraux
et son esprit ? Pourquoi supposer,avant
même qu'elle ait agi, qu'elle fera ex-
clusivement acte de passion en des
matières où son unique devoir est de
faire œuvre de justice ? Si l'opposi-
tion était menaçante, ses représen-
tantset ses journaux pourraient crain-
dre que la majorité ne se laissât en-
traîner à grossir ses rangs par des
procédés arbitraires, toujours regret-
tables. Mais les succès du bloc ont été
tels qu'ils lui ont rendu l'impartialité
facile. En dépit des ardeurs de la lutte,
plus éclatante est la victoire, plus lar-
ge peut-être le geste du vainqueur.
Nos adversaires n'ont pas, je le sup-
pose, la prétention d'exercer seuls
les actes de justice et d'être seuls im-
partiaux, en des débats où l'esprit
d'équité doit souverainement l'empor-
ter sur l'esprit de parti.
Ceci dit,j'avoue pourtant que j'aime-
rais mieux voir un autre pouvoir que
le nôtre procéder aux vérifications
électorales. Il ne suffit pas, en effet,
d'être impartial et juste ; il faut en-
core le paraître, et quoi qu'on en puisse
dire, nos décisions ont toujours un
faux air de partialité et de passion. Ce
-. i'est qu'une apparence, elle est de
trop. 6;
Il y a de cela une quinzaine d'an-
nées, j'ai,au cours d'une période élec-
torale à Paris, soutenu, àu milieu des
idées nombreuses que l'on remue dans
les diverses réunions, j'ai dis-je, sou-
tenu qu'il serait bon que le pouvoir
législatif se désencombrât du droit de
statuer sur la validité des élections
de ses membres. On a beau faire ;
tous les partis sont également soup-
çonnés, et malgré tout, c'est toujours
un peu le mol de Montaigne,qui revient
en mémoire : « Il faut se garder qui
peult, de tomber entre les mains d'un
juge ennemy, victorieux et armé. »
Les assemblées législatives regar-
dent comme une de leurs prérogatives
essentielles ce droit de vérification des
pouvoirs. Elles pourraient ne pas s'en
dépouiller irrévocablement et du pre-
mier coup, mais le transférer à chaque
législature et pour toute la durée de la
législature. Ce serait la Cour de cassa-
tion, ce serait le Conseil d'Etat qui se-
rait saisi, ou mieux encore, un tribu-
oal suprême, composé de conseillers
de cassation et de conseillers d'Etat,
élus les uns et les autres par leurs col-
lègues.
Celte idée, que j'exposai alors dans
diverses réunions, s'est reproduite
plus d'une fois à mon esprit. Je re-
connais qu'à l'heure présente il serait
prématuré de la formuler, l'opinion
ni le Parlement n'y semblant prépa-
rés. Mais il n'est pas inutile de l'in-
diquer, elle entre en évolution, elle
se fait sa place dans les discussions
publiques, et ifn Jour ou l'autre elle
finit par bénéficier devant l'opinion
de la portion de raison et de vérité qui
peut être en elle,
Le temps pris, dans les Chambres,
par les vérifications de pouvoir serait
consacré aux réformes; le pays en ti-
rerait de grands avantages. Les vali-
dations et les annulations émanées d'un
pouvoir placé au-dessus de nos com-
pétitions politiques offriraient tous les
Caractères d'un véritable jugement et
se n'en serait que mieux.
Il se formerait, sur les questions de
droit, une jurisprudence immuable.
Quoi de plus enrageant, par exemple,
que la question des bulletins en sus
des émargements ? Au premier tour,
on les retranche aux divers candidats,
on multiplie les chances de ballottage ;
c'est bien. Mais, au second tour, tan-
dis que la jurisprudence du Conseil
d'Etat aura toujours force identique
à elle-même et toujours inspirée par
cette préoccupation qu'une majorité
doit être certaine pour donner le droit
de siéger dans une assemblée,, la ju-
risprudence de la Chambre nous a
fréquemment semblé variable, diverse,
et gouvernée quelquefois par des ap -
préciations d'espèce. Il serait infini-
ment préférable, à noire avis, quelles
que soient les espèces données, que
dans les questions qui sont d'ordre
purement juridique et doctrinal, les
slutions du Parlement fussent tou-
jours les mêmes. Elles n'en auraient
que plus de foro**^
Nous ne croyons pas, nous le répé-
tons, que, l'opinion publique n'y étant
pas préparée, la réforme que nous
préconisons ait actuellement la moin-
dre chance d'aboutir. Nous estimons
pourtant qu'elle aura son heure, non
pas que les vérifications de pouvoir
aient donné lieu jusqu'ici à de trop
gros abus ; il faut rendre justice aux
précédents législateurs ; ils ont su
exercer sagement leur droit, comme le
fera la Chambre de demain. Mais en-
fin, il y a des incompatibilités éviden-
tes, et, d'ailleurs, nous avons tant à
faire pour réaliser les réformes pro-
mises, que ce ne serait pas trop que
de leur consacrer tout notre temps.
Louis Martin.
.——.————————— en
LES ON-DIT
BRRR.!
Brrr.? Il donne froid dans le
dos, le discours de M. Poincaré,
ministre des finances. Dans nos
budgets, le déficit est devenu
endémique. Les députés sont
forcés de répondre à deux be-
soins contradictoires des électeurs. Ceux-
ci, comme contribuables, veulent être dé-
grevés, et, comme industriels, commer-
çants, cultivateurs, ouvriers, ont la pré-
tention d'être protégés et encouragés.
De là la nécessité de demander « plus à
l'impôt et moins au contribuable )). Ce
n'est pas une impossibilité, contrairement
à ce qu'on se figure en général ; mais c'est
une grosse difficulté.
M. Poincarré nous raconte que chaque
ministre est en train de se livrer sur son
budget à un sérieux travail de compres-
sion Il y a lieu de craindre que la com-
pression ne donne pas les étonnants résul-
tats qu'un optimisme excessif pourrait
attendre d'elle.
Toujours est-il que le budget de 1906 n'a
été bouclé que grâce à l'expédient d'em-
prunts déguisés. Et « pour 1,907, déclare
M. Poincaré, les choses s'annoncent sous
un jour encore moins favorable ».
Ajoutez qu'il « serait chimérique d'espé-
rer que l'établissement de l'impôt sur le
revenu suffira pour remédier à cette situa-
tion difficile ». En outre « il ne peut pas y
avoir pour la France d'intérêt plus pres-
sant, plus sacré, plus patriotique que le
souci de faire disparaître le déficit de ses
budgets ».
Il est venu à la Chambre une majorité qui
a promis, entre autres choses, les retraites
ouvrières, avec l'assurance contre le chô-
mage et contre la maladie comme corrol-
laires, sans compter l'Assistance aux
vieillards, aux infirmes et aux incurables,
qui est un fait accompli ; cette majorité a
dans son programme le rachat des grands
monopoles et toutes sortes d'autres réfor-
mes destinées à coûter de l'argent au lieu
d'en rapporter.
Tout s'arrange. Seulement je ne me
charge pas dedire comment ons'arrangera.
UN MARIAGE
Nous avons le plaisir d'apprendre le
prochain mariage de Mlle Marianne Au-
lard, fille de M. Aulard, professeur à la
Sorbonne, l'éminent historien, avec M.
Jacques Ancel.
Ce mariage aura lieu jeudi prochain, à
la mairie du premier arrondissement, à
deux heures et demie précises.
Nous adressons nos vœux et félicita-
tions les plus sincères aux futurs époux et
à leurs familles.
LE LIEUTENANT TISSERAND
Déjà orateur de meetings ouvriers, le
lieutenant Tisserand-Delange se fait jour-
naliste. Dans une lettre — qui est rendue
publique — adressée à M. Etienne, minis-
tre de la guerre, il explique comment il a
été amené à faire, à la Bourse du Travail,
la veille du 1ar mai, la manifestation ont
on n'a pas perdu le souvenir.
Les raisons que le lieutenant donne de
son attitude ne sont pas autrement sottes.
Mais elles sont enveloppées d'un peu trop
de phraséologie et d'idéologie.
La destinée a voulu simplement que, poussé
successivement par le flux et Io reflux de tous
les grands courants qui ont secoué jusque
dans ses racines celle armée que j'adore, j'aie
tout d'abord subi le fanatisme passif et chau-
vin du milieu militaire do cette époque, puis
qu'éclairé par une expérience personnelle
douloureuse à mes aspirations, j'aie cherché
une voie plus humaine, plus pratique, plus
féconde en satisfactions immédiates, dont le
besoin se faisait à mon êtro si impérieuse-
ment sentir.
C'est bien joli. Mais est-ce que ces belles
phrases nous feront une armée plus so-
lide, une défense nationale mieux assu-
rée ?
LA LIBERTE DE LA PRESSE
Il y a 79 journaux français prohibés eu
Belgique et dont le transport est interdit
sur le réseau des chemins de fer belges.
L'Indépendance Belge assure à ce propos
que la saisie d'un « prohibé » coûte à
l'Etat Belge la respectable somme de 420
francs, c'est-à-dire 400 francs de prime
pour l'administration et 20 francs à l'agent
qui a constaté le fait.
HOMMAGE A ZOLA >
mimmmmt wmma———
C'est hier matin qu'a été inaugure dans
la bibliothèque Méjanes, à Aix. le buste
d'Emile Zola, en présence de sa veuve, qui
0 fait don à la ville des manuscrits, plans
et notes des trois villes : Lourdes, Paris et
Jl amp.
Deux discours ont été prononcés, par le
maire d'Aix et par M. Numa Coste, publi-
cisle, ami personnel de ZoJa, aux applau-
dissements de l'assistance, composée des
sommités littéraires et artistiques proven-
çales.
Le buste est dû au ciseau d un défunt
sculpteur, aixois, M. Solari. Son fils est
présent à rjhauguration, ainsi que le pein-
tre Cézanne, autre ami personnel de Zola.
Ils sont chaleureusement applaudis.
Mme Zola a adressé les sentiments émus
de sa re on naissance aux orateurs, dans
l'intimité et en fin de cérémonie.
Le Passant.
- 1 Ob
L'IMPOT SUR LE REVENU
L'impôt sur le revenu va certainement être
établi par la Chambre nouvelle.
Sur quelles bases le sera-t-il ?
Va-t-il être un impôt de remplacement ou
une taxe venant s'ajouter aux contributions ?
Fera-t-il disparaître nos quatre contribu-
tions directes ou bien ne remplacera-t-il que
la cote personnelle-mobilière, la patente et
l'impôt des portes et fenêtres ?
Quelle sera la portée de ce saut dans l'in-
connu et quelles conséquences peut entraîner
cette réforme pour la solidité de notre sys-
tème fiscal ?
Voilà les questions que chacun va se poser
à la veille d'une transformation qui constitue
certes la mesure la plus grave que nos légis-
lateurs pourront prendre.
L'impôt sur le revenu repose sur un prin-
cipe .d'équité et de justice qui en fait la charge
fiscale par excollence. Malheureusement cet
impôt rencontre, dans son application prati-
que, des difficultés multiples.
Qu'appelle-t-on revenu ?
Est-ce la totalité des ressources d'un con-
tribuable ou bien la part qui reste disponible
quand on a prélevé, sur les dites ressources,
la somme nécessaire à la nourriture, au loge-
ment et à l'habillement ?
En un mot, le revenu représente-t-il le
superflu ou bien l'indispensable des moyens
d'existence d'un citoyen ?
Dans tous les cas, ou s'arrête le nécessaire,
et où commence le superflu ?
Telle est la question de principe qui se pose
dès qu'on aborde la grosse réforme de l'im-
pôt sur le revenu.
La solution n'est pas facile, surtout quand
elle vient heurter les instincts les plus enra-
cinés du peuple français.
La taxation d'offico sera impopulaire en
France où on a borreur de tout impôt ayant
un caractère inquisitorial. Elle porte atteinte
au principe du respect de la vie privée et
ressuscite, au détriment de tous, l'exercice
que la Régie réservait aux seuls débitants.
La déclaration facultative nous ménagera
encore plus de mécomptes. On se trouvera en
présence de faux riches et de faux pauvres.
C'est à qui inventera un moyon de" frustrer
le Trésor et d'échapper au fisc.
Comment flxera-t-on d'ailleurs le revenu
d'un cultivateur, d'un médecin, d'un com-
merçant, d'un rentier?
Pour le cultivateur on pourra encore, à la
ricnifiiir. nrendre Dour base le revenu matri-
ciel de ses terres.
Pour le propriétaire foncier, le loyer des
maisons et des biens sera également un clé-
ment d'appréciation rationnel.
Mais pour le commerçant? Que fera-t-on
s'il a deux comptabilités, l'une pour le Use et
l'autre pour ses affaires ? *
Il y aura d'ailleurs dos commerçants qui,
pour assurer leur crédit,accuseront un chif-
fre d'affaires supérieur à la réalité. comme
il y en aura d'autres qui simuleront des per-
tes pour payer moins d'impôtt.
Quant au rentier, comment le taxera-t-on
s'il ne possède aucune propriété, foncière?
Comment atteindre, par l'impôt sur le
revenu, un gros rentier qui convertit sa for-
tune en valeurs étrangères dont il ira loucher
les coupons hors de France ?
Un rentier a cent mille francs de rente en
valeurs étrangères. Il se contente d'un appar-
tement d'un loyer de 3.000 à 4.000 francs et
va toucher ses coupons à Bruxelles uu à
Genève.
Comment lui prouverez-vous qu'il fraude
l'Etat s'il ne déclare qu'un revenu de 20.000
francs au lieu do 100.000 francs ?
L'impôt sur le revenu a donc le grand in-
convénient d'encourager le drainage de nos
capitaux et d'empêcher la création do nouvel-
les sociétés industrielles françaises. Il ne frap-
pera que les éléments tangibles, c'est-à-dire
le foncier, les maisons, les valeurs françaises,
les salaires, ou traitements et laissera sou-
vent échapper ceux-là mômes qu'on cherche à
atteindre.
Même en basant l'impôt sur la revenu sur
les signes extérieurs de la richesse, oa risque
de faire fausse roule.
Et pourtant la solution du problème est ] :
tant pis pour les faux riches qui veulent
bluITer. Nous ne dirons pas tant mieux pour
les faux pauvres qui cherchent à éviter le
plus rationnel des impôts. -
Comment atteindre ces derniers?
La question nous paraît presque insoluble :
C'est pour cela que l'impôt sur la revenu con-
sacrera peut-être, des injustices, s'il doit en
réparer.
N'importe. Essayons toujours. On trouvera
peut-être un moyen d'éviter le déficit qui nous
attend, car l'impôt sur le revenu est certes
celui qui permet h mieux de frauder quand
on ne veut pas l'appliquer avec toutes sas
conséquences et toutes - ses oxigeuccs
JEAN Clerval.
ÉLECTION SENATORIALE DU 2? MAI
Meurfche et-Moselle
Inscrits: 986. — Votants - 97li
MM. le général Langlois, rep. 535 ELU
Denis. maire de Tout,rad. 440
Il s'agissait de remplacer M. Marquis, séna-
teur républicain décédé.
—
LA MALADIE DE L'EivlPfREUR D'AUTRICHE
Le Berliner Tageblatt reproduit sous réser-
ves une information de Vienne, déclarant que
la cause du brusque retour de l'empereur
François-Josoph est l'état Je sanlJ du monar-
que autrichien. Une légère attaque d'apo-
plexie dont l'empereur aurait été aUeint ces
jours ci, alors qu'il passait à cheval la revue
des troupes à IbrJa-Pcslb, aurait obligé son
médecin à lui conseiller de s'abstenir pon-
dant quelque tcrnps d-j monter à cheval et
d'éviter toute fatigue. C'est pourquoi l'empe-
reur aurait renoncé à sa visite à l'ruek.
m coulissées chambres
I«a vérification des élections
On xelt que los bureau de la Chambre
sout. chargés di la vérification des dossiers
dos éle.:lio.H et que c'est sur leurs conclusions
que la Chambre statue pour valider ou Inva-
lider.
Le.: dossiers des élections des 6 et 20 mai
trlli.: l". , ':.-'. -f)t4f¡' 49 la wanièr, oui
vante entre les onze bureaux dont la compo-
nction va être fixée par un tirage au sort qui
aura lieu le 1" juin, immédiatement après
l'élection du président et des deux vice-prési-
dents provisoires et leur installation.
Voici comment a été faite cette répartition :
1"bureau. — De l'Ain à l'Aube.
2' bureau. — De l'Aude à la Corrôzo.
3' bureau. - De la Corse à Eure-et-Loir.
4f bureau. - Du Finistère à Ille-ot-Vi-
laine. -
5' bureau. — De l'Indre au Loiret.
6' bureau. — Du Lot au Morbihan.
7' bureau. - De la Nièvre au Pas-de-
Calais.
8* bureau. — Du Puy-de Dôme à la Sarthe.
9' bureau. — De la Savoie à la Seine.
10* bureau.-De la Seine-Inférieure à Tarn-
et-Garonne.
11e bureau. - Du Var à l'Yonne, Algérie et
colonies.
»
CHRONIQUE
Un Inspecteur primaire poète
---
Un voyageur disait un jour que le Li-
mousin est une « petite Suisse )).
J'ignore jusqu'à quel point cette appré-
ciation est juste, mais ce qui est sûr c'est
que cette province est une des plus pitto-
resques de notre France. Le Limousin
étale en effet aux yeux émerveillés du
promeneur des collines où la charrue se
promène traînée par des bœufs blonds et
gras, des coteaux où poussent verts et vi-
goureux - des taillis de châtaigniers et au
bas de ces collines et au pied de ces co-
teaux de jolies prairies où courent avec un
bruit clair qui ressemble parfois au rire
d'une jolie fille de petits ruisseaux folâtres.
Il y a peu de temps j'étais allé prendre
quelques jours de repos dans un coin de
ce pays enchanté.
C'est un endroit où habite une des per-
sonnes les plus aimées de ma famille et où
je ne reviens jamais sans une douce émo-
tion au cœur.
Chaque soir après le dîner lorsque la
journée avait été chaude j'allais m'asseoir
sous des arbres voisins et je rèvàis un
peu en écoutant les mille bruits de la nuit
tombante.
C'étaient des moments délicieux et qui
m'ont laissé de bons souvenirs. Un surtout
est inoubliable.
Voici pourquoi :
• **#
J'entendis une fillette — une enfant —
chanter.
Sa chanson était simple et fraîche. Elle
se mêla au refrain lointain des reinettes,
comme si elle avait été, elle aussi, une
plainte de la nature, un murmure de la
nuit.
L'enfant disait :
C'est dans la prairie,
; Au flanc du coteau,
< Dans l'herbe fleurie,
, Que naît le ruisseau.
il est, à sa source,
* Paisible et riant ;
: Mais il prend sa course
Bientôt follement..
Sa pente est rapide ; :
! Il descend par bond,
Du plein air avide,
Au fond du vallon.
Là, son eau murmure;
'Il se trouve pris
Dans une bordure
j De hauts rochers gris,
; Bientôt un barrage i
Le mène au moulin;
Pour faire l'ouvragt
Du meunier aialin.
; Mais voici l;i plains
j Et d'autres ruisseaux
Auxquels, avec PO'Dei,'
Il mêle ses eaux.
& Son onde est moins pera
,* Il n'a plus de voix
Il n'a plus l'allure
Hélas ! d'autrefois.
Il voudrait bien être
Alors la ruisseau
? Si joyeux de nailro
Au flanc du colcau.
Cela est naïf sans doute ; mais quelle
belle image de la vie humoine ! Comme les
deux dernières strophes peignent bien la
vieillesse avec ses regrets !
J'ai voulu savoir quel était l'auteur de
ce joli petit poème. On m'a dit qu'il se
nomme M.Anfos Martin et qu'il est inspec-
teur primaire à Rochechouart.
M. Anfos Martin a écrit sur Agricol Per-
diguier, le compagnon d'exil de Martin
Nadand et de Victor Hugo, un livre que
l'on me dit intétessant.
li a publié aussi un recueil de chansons
à l'usage des enfnnls.
Je veux en dire deux mots à mes lec-
teurs.
***
En voici une qui me fait penser aux
vieux refrains militaires :
« Y a de la goutte à boira là-haut ».
C'est bien un peu une chanson de mar-
che mais pour éooliers.
C'est intitulé la lionne Soupe.
Le chemin à faire est bien iong
L'hiver pour se rendre à l'école,
Le sac de livres à 1 épaule.
Sa tête dans un capuchon.
Mais tous en troupe,
Nous partons gaiment,
La bonne soupe
Nous attend.
Les hirondelles: au printemps, fontdans
l'air de jolis bruits.
M. Anfos Martin dit à ce propos :
On entend deiiors des bruits d'ailea »
Et des gazouillements d'oiseaux ; -
C'ost la troupe des hirondelles t
Qï/i retournent dan.; '.îos hamoaru.. f"
bit sur ie printemps. t
-
Les ciseaux, par le ramage
Si joyeux de leur réveil, -
D sent a C'est le mariage 'l
De la tçire et du soleil ». ;
Ecoutez nniaUnaut a a jeua3
philosophe 1 - ----
Sans peine et sans tristesse
J'accomplis mon labeur ;
Je sais que la richesse
Ne fait pas le bonheur,
Je suis pauvre, il est vrai,
Mais je chante à toute heure.
It-.-
Tout cela est gracieux, bon et bien. Le
« poète des petits » fait mieux. Il n'oublie
pas qu'il s'adresse à des enfants de France.
Il veut faire des Français ; il veut faire des
hommes.
Voici une chanson mâle et fière, Elle est
intitulée le Chant des Sociétés de tir et se
chante, dit-on, sur un vieil air populaire
du Midi.
J'en extrais ces trois couplets :
La cible apparait au clair soleil ; i
Nous allons faire un tir sans pareil
Au soleil, J - --.'
Quand la cibla est bien claire,
Le tir est sans pareil. -.-
Bientôt nous serons tous très adroits
Pour défendre nos champs et nos dr :
Très adroits.
Nous pourrons tous défendre
Et nos champs et nos droits..
Nous n'aimons pas les sanglants combats,
Mais, au besoin nous serions soldats,
Aux combats,
Pour défendre la France,
Nous serions hons soldats.
Je ne sais pas s'il y a dans l'enseigne-
ment primaire beaucoup d'inspecteurs
comme M. Anfos Martin.
Je souhaiterais volontiers qu'ils fussent
nombreux.
La Patrie et la République s'en trouve-
raient bien.
Raffestin- Nadaud.
DÉCLASSÉS!
Je passais l'autre soir rue de la Sorponne.
Le crépuscule tombait, le crépuscule triste
et doux des jours de pluie.
Je me sentis, soudain, frapper légèrement
sur l'épaule. Me retournant, je vis devant
moi un jeune homme à l'air intelligent, aux
vêtements propres, ranis rapés jusqu'à la
corde. Et le malheureux, du ton humble et
soumis de ceux pour qui la vie se montre
trop arrière, me demanda poliment si ja no
pouvais lui donner quelque travail.
— Je suis licencié en droit de la Faculté de
Rennes et, mes études terminées, j'ai été
nommé à la Guadeloupe, mon pays natal,
dans la magistrature comme intérimaire.
Hélas ! monsieur, cet emploi est temporaire
et,mes trois ans terminés, je fus obligé de re-
venir en France. J'ai frappé à toutes les por-
tes, demandant du travail. Je me suis adressé
à l'Association des Etudiants. Des députés
me promirent leur appui. Et cependant, à
l'heure actuelle, je meurs de faim. Monsieur,
ayez pitié de ma détresse, procurez-moi n'im-
porte quel travail. Je ne suis pas difllcile.
Tenez, dernièrement je travaillais pour qn
libraire du quartier. Je gagnais vingt-cinq
sous.
Et l'homme parlait, un sourire amer dans
les yeux, un rictus tordant sa bouche.
Je ne pouvais rien pour lui. Je lui don nai
un léger secours, et il s'éloigna d'un pas
lassé et chancelant dans l'ombre qui commen-
çait. Pauvre hère qui avait honte d'avoir
faim 1
Et je songeais,en le voyant disparaître, à ce
que la misère pouvait avoir de douloureux
pour un ouvrier, et combien plus pénible, plus
horrible encore devait être, pour un homme
instruit, cette obligation de tendre la main,
pour éviter de mourir do faim.
Mais aussi pourquoi les jeunes gens ne ré-
fléchissent-ils pas plus sur le choix d'une
carrière?
Ils s'engagent dans la vie en aveugles, et
font sans but des études supérieures. N'ost-ce
spoiut là, dans cette surproduction de diplô-
, niés, qu'il faut chercher la cause de ce grand
nombre de déclassés ?
Notre ami et collaborateur Georges Col-
iambet, à qui je soumettais cette question ma
répondit :
— Je vais, parfois, chez un raffineur, à la
Villette, et là sur les quais, purmi les débar-
dours je rencontre souvent des hommes culti-
vés et instruits, des bacheliers, des licenciés,
même des agrégés, anciens profosseurs !
N'est-ce pas plein d ironie étrange que cer-
tains de ceux qui ont été à morne d'être pé-
nétrés et de croire en la grandeur de la per-
sonne humaine puissont on faire une si la-
mentable expérience ?
J.-A. Eymar.
EN RUSSIE
ITatfcitude de la Douma et l'opinion
Saint-Pétersbourg, 27 mai.
On fait remarquer dans les cercles démocra-
tiques que l'attitude superbe de la Douma a
produit sur les témoins da la séance une im-
pression profonde et excellente. Le sens de la
déclaration gouvernementale révélé le matin
par les journaux inquiétait le public qui
craignait un conflit ; on effet, les journaux
avaient annoncé l'intention do la Douma da
formuler un vote do méfiance à l'égard du
ministère et do le sommer do donner sa dé-
mission.
Cependant, les députés sont arrivés pleins
de calme, ils ont écouté en silence la lecture
de la déclaration par la président du conseil,
M. Goremykine, qui, visiblement ému. cher-
chait à maîtriser son émotion. Il descendit de
la tribune au milieu d'un silence glacial,
mais bientôt les députés, les journalistes et le
public des tribunes, parmi lequel on distin-
guait plusieurs membres du corps diplomati-
que, notamment M. Bompard, ambassadeur
de France. manirestèrent une grande anima-
tion et une vive curiosité provoquée par les
ardents et éloquents discours de brillants ora-
lours4
La masse compacte des députés présentait
un aspect si imposant da vaillance et de for-
ce, que los craintes que 1e public avait pour
elia se dissipaient promptement, et faisaient
place à un sentiment général de confiance et
d'çgpéranco.
En effet, ie public comprenait que l'air de
bai. tdnç-nuIUÏéreucc affecté par les ministres
pondant 15 virulentes critiques, les attaques
et l'a apostrophes bruyamment applaudies
Tr toJta l'assemblée, n'était quun T:lr.gqua
;UltM:mt la faiblesse des adei'fg d'un ré-
«WfaiUaot sous la vigourouse étreinte
ü..ç..mrton.. unft du régime misant.
En somme, dit-on, dans les aHm&S cerclcs,
ieu paraît avoir ouvert ea Russie une
vm&FRj è-o polisse et sociale, el il arable
qu'une nouvelle période de progrès matériolef
moral, basée sur l'affranchissement national.
est maintenant commencée.
Commentant la séance parlementaire histo-
rique d'bier, les journaux condamnent unani-
mement la déclaration gouvernementale. n.
exaltent, par contre, énergiquement l'attitude
de la Douma.
L'immense majorité da public et la plupart
des journaux jugent qu'un changement de
ministère est inévitable, malgré la résolution
manifestée dans les hautes sphères gouverne-
mentales de conserver quand même le cabine
actuel.
Chacun trouve qu'il est matériellement im-
possible que le cabinet continue à paraître
devant la Douma et surtout de collaborer avec
elle à la réalisation des réformes. ,i
Le XX. Siècle estime q'un ministère ChipoWi
jouirait de la confiance de tout le pays qu'il
préserverait de la Révolution.
Plusieurs journaux croient savoir que M-
Mourontseff a été invité à aller aujourd'hui à'
Peterhof. - e-
• Bruits démentis i7
** Saint-Pétersbourg, 27 mai.
On affirme, de bonne source, que les bruits
de dissolution de la Douma d'Empire sont dé-
nués de fondement. La Douma fonctionnera
jusqu'à la mi-juin, époque où elle p" rendra
ses vacances. *
Le renvoi des ministres dépend exclusive*
ment du libre arbitre du souverain.
Le discours du ministre de la justice à la
séance d'hier aurait été l'expression de ses.
vues personnelles et il l'aurait prononcé de'
sa propre initiative.
L' « Agence télégraphique de Saint-Péters-
bourg » déclare inventés de toutes pièces les
bruits qui circulent ainsi que dans la pressa
étrangère et d'après lesquels un complot se
serait formé conlie la Douma, que devaient
envahir des troupes pour arrêter les députés,
le général Trépoff devant ensuite être nommél
dictateur.
Mesures de précautions
Saint-Pétersbourg, 27 mai. i
Hier soir, a eu lieu chez la préfet de St-Pé-
tersbourg, une conférence à laquelle assis-
taient tous les chefs de II police de la capitale
et les généraux commandant les régiments de
la garde.
Hier également, ont été renforcées les trou-
pes surveillant les quartiers exéentriquea,
surtout les rayons des usines et fabriques.
L'envoi habituel des troupes de la garde au
camp de Krasnoïé-Sélo va être provisoirement
suspendu.
Des mesures militaires extraordinaires ont
été prises à Moscou en prévision de désordres
publics. Le bruit courait, en effet, que la foule
libérerait aujourd'hui les détenus.
Des mesures semblables ont été Drises dans
plusieurs autres villes.
On signale un commencement de désordres
agraires dans les provinces de Saratow et de
Kiew.
Une bombe à Tiflis
Tiflis, 27 mai.
Une bombe a été lancée aujourd'hui contre
le gouverneur général du Caucase qui se
trouvait en voiture avec le chef de la police.
Toutefois, ni la gouverneur général, ni la
chef do la police n'ont été blessés, mais un
cosaque a été tué.
(Voir la suite en DEUXIEME EDITION!
4> -
Les Fêtes de Corneille
INAUGURATION DU MONUMENT
La cérémonie. — Place du Panthéon
— L'assistance.— Corneille célébré
en prose et en vers. — Onze
discours et deux. poèmes.
Corneille a enfin sa statue à Paris ; place
u Panthéon, faisant pendant à celle de Jean-
Jacques Rousseau, ollo sa drossa fiera et su-
perbe, prouvant qu'en France, si on est par-
fois long à glorifier le génie, on ne l'oublie
pas. Tôt ou tard, un réveil se produit dans la
nation et, avec piété, un autel est dressé à
celui qui a été une dos gloires de la patrio.
Hier, à deux heures et demie, la cérémonie
de l'inauguration du monument de Corneille,
dû, pour le bronze, au statuaire I.I. Allouard,
et pour le piédestal à l'architecte A. Latour,
a eu lieu avec un éclat tout particulier, sous
la présidence de M. Dujardin Beaumetz, sous-
secrétaire d'Etat aux Boaux-Arts.
Sur l'estrade dressée et ornée de plantes
vertes, à côté de M. Dujardin-Beaumetz, se
trouve io comité qui s'est occupé de l'hom-
mage au grand tragique :
MM. Le Soano, président; Houssaye, Olilet,
Prévost, Blémont, Joubert, vice-présidents ; Poa-
thièro, secrétaire général, è qui revient l'initia.
tive delà souscription; do Tatmours, de Kœnig$-
warter, trésorier; Langlé, Sardorgo, archiviste,
d'une boano et franche amabilité pour les mem-
bres do la presse et Dufour.
On remarque parmi les assistants :
MM. Roujon, Castellar, Quentin-Beauchard
Dorchain, Sorel, Tavride, Radolin, Tantet, Chéron
Près du sous-socrét-iiro d'Etat se trouvent
les ambassadeurs d'Italie et d'Allemagne.
L'Académie française avait délégué, pour la
représenter officiellement, MM. Paul Bourget,
Emile Faguct, Gaston Boissier et Henri Hans.
saye. ce dernier titulaire du fauteuil de Cor-
neille.
Mme Pauline Derainc-Corneille, seule sur-
vivante Jos six générations de la postérité de
Corneille, avait tenu à assister à l'inaugura-
tion.
Lia statue
Après la Marseillaise, écoutéé debout et un
morceau d'ouverture du Cid, exécuté par la
musique du 76' de ligne sous la direction de
M. Schmidt, chef de musique,le voile qui re-
couvre la statue est arraché et Coineitle parait
salué par les applaudissements de ton3. -
Lo monument a belle allure, la poète,en sa
pleins lTaturitêJ se montre dans une position
simple et naturelle; au piédestal, ltUe femme,
la Muse tragique, se montre soulevant d'un
beau geste le voile qui la recouvre
LES DISCOURS
Des discours ont été prononcés par M. Ca-
mille La Senne, président du Comité et du
Cercle de la Critique, au nom du comité;
TaHtc, au nom du Conseil municipal ; Emile
Faguet au nom de l'Académie française ; Vic-
tor Mtfrguoritte, pour la Société des Gens do
Lettres; M. Jules ClareLie, représentant 19
Comédie-Française-, empêché. a prié M. SH-
vain de liro son discours: Salut à Corneille.
M. Emile Biomont, la Société des Poètes fran-
çais ; M. Olivier de Gourcuff. les Hugophiics;
M. Campichi, l'Association des mudianls;
Mme Séverinet les Dames françaises ; enfin,
M. Dujardin-Beaumetz a remercié le Comaé
nu nom du gouvernement.
Enfin, deux pièces de vers ont été lues : un
sonnet de M. Philippe Dufour, intitulé « A
Corneille », par Mlle Madeleine Roch, et le
« Triomphe héroïque de M, Gustave Ziùlor-
- -- -, -.. --- -- - 1
1
CINQ CENTIMES LB 1VTJMEJRO
ÇIARDI 29 MAI 1908. - t*« 13227."
ANlV'OJYCfî&f
AUX BUREAUX DU JOURNAL
14, rue du Mai], Paris.
Et chez MM. LAGRANGE, CERF etO
S, place de la Bourse. f
adregie Télégrapbique: XIX* SIÈCLB - PARIS
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faris Ttottmus 61. «s mu il t. na» tMJ
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FONDATEUR: EDMOND ABOUT
ADMINISTRATION : 14' RUE DU MAIL. - TELEPHONE 102.8»
Adresser lettres et mandats à t Admmileralettr
fiÉicaliistepwiifS
Nos adversaires, à l'occasion de la
vérification des pouvoirs, prêtent à la
Chambre future les plus noirs des-
seins, les projets les plus sinistres
La minorité, déjà fort réduite par les
scrutins des 6 et 20 mai,serait encore
systématiquement décimée par un
jeu savant d'invalidations qui ne lais-
serait plus émerger que quelques
têtes, ravi nantes in gurgite vasto.
Est-il besoin de dire que ce sont là
des appréhensions excessives, que
nulle appai-ence jusqu'à présent n'a
justifiées ? La nouvelle Chambre, elle
est connue dans sa composition poli-
tique et sociale, mais qui connaît ac-
tuellement, quand elle s'ignore encore
elle-même, ses sentiments généraux
et son esprit ? Pourquoi supposer,avant
même qu'elle ait agi, qu'elle fera ex-
clusivement acte de passion en des
matières où son unique devoir est de
faire œuvre de justice ? Si l'opposi-
tion était menaçante, ses représen-
tantset ses journaux pourraient crain-
dre que la majorité ne se laissât en-
traîner à grossir ses rangs par des
procédés arbitraires, toujours regret-
tables. Mais les succès du bloc ont été
tels qu'ils lui ont rendu l'impartialité
facile. En dépit des ardeurs de la lutte,
plus éclatante est la victoire, plus lar-
ge peut-être le geste du vainqueur.
Nos adversaires n'ont pas, je le sup-
pose, la prétention d'exercer seuls
les actes de justice et d'être seuls im-
partiaux, en des débats où l'esprit
d'équité doit souverainement l'empor-
ter sur l'esprit de parti.
Ceci dit,j'avoue pourtant que j'aime-
rais mieux voir un autre pouvoir que
le nôtre procéder aux vérifications
électorales. Il ne suffit pas, en effet,
d'être impartial et juste ; il faut en-
core le paraître, et quoi qu'on en puisse
dire, nos décisions ont toujours un
faux air de partialité et de passion. Ce
-. i'est qu'une apparence, elle est de
trop. 6;
Il y a de cela une quinzaine d'an-
nées, j'ai,au cours d'une période élec-
torale à Paris, soutenu, àu milieu des
idées nombreuses que l'on remue dans
les diverses réunions, j'ai dis-je, sou-
tenu qu'il serait bon que le pouvoir
législatif se désencombrât du droit de
statuer sur la validité des élections
de ses membres. On a beau faire ;
tous les partis sont également soup-
çonnés, et malgré tout, c'est toujours
un peu le mol de Montaigne,qui revient
en mémoire : « Il faut se garder qui
peult, de tomber entre les mains d'un
juge ennemy, victorieux et armé. »
Les assemblées législatives regar-
dent comme une de leurs prérogatives
essentielles ce droit de vérification des
pouvoirs. Elles pourraient ne pas s'en
dépouiller irrévocablement et du pre-
mier coup, mais le transférer à chaque
législature et pour toute la durée de la
législature. Ce serait la Cour de cassa-
tion, ce serait le Conseil d'Etat qui se-
rait saisi, ou mieux encore, un tribu-
oal suprême, composé de conseillers
de cassation et de conseillers d'Etat,
élus les uns et les autres par leurs col-
lègues.
Celte idée, que j'exposai alors dans
diverses réunions, s'est reproduite
plus d'une fois à mon esprit. Je re-
connais qu'à l'heure présente il serait
prématuré de la formuler, l'opinion
ni le Parlement n'y semblant prépa-
rés. Mais il n'est pas inutile de l'in-
diquer, elle entre en évolution, elle
se fait sa place dans les discussions
publiques, et ifn Jour ou l'autre elle
finit par bénéficier devant l'opinion
de la portion de raison et de vérité qui
peut être en elle,
Le temps pris, dans les Chambres,
par les vérifications de pouvoir serait
consacré aux réformes; le pays en ti-
rerait de grands avantages. Les vali-
dations et les annulations émanées d'un
pouvoir placé au-dessus de nos com-
pétitions politiques offriraient tous les
Caractères d'un véritable jugement et
se n'en serait que mieux.
Il se formerait, sur les questions de
droit, une jurisprudence immuable.
Quoi de plus enrageant, par exemple,
que la question des bulletins en sus
des émargements ? Au premier tour,
on les retranche aux divers candidats,
on multiplie les chances de ballottage ;
c'est bien. Mais, au second tour, tan-
dis que la jurisprudence du Conseil
d'Etat aura toujours force identique
à elle-même et toujours inspirée par
cette préoccupation qu'une majorité
doit être certaine pour donner le droit
de siéger dans une assemblée,, la ju-
risprudence de la Chambre nous a
fréquemment semblé variable, diverse,
et gouvernée quelquefois par des ap -
préciations d'espèce. Il serait infini-
ment préférable, à noire avis, quelles
que soient les espèces données, que
dans les questions qui sont d'ordre
purement juridique et doctrinal, les
slutions du Parlement fussent tou-
jours les mêmes. Elles n'en auraient
que plus de foro**^
Nous ne croyons pas, nous le répé-
tons, que, l'opinion publique n'y étant
pas préparée, la réforme que nous
préconisons ait actuellement la moin-
dre chance d'aboutir. Nous estimons
pourtant qu'elle aura son heure, non
pas que les vérifications de pouvoir
aient donné lieu jusqu'ici à de trop
gros abus ; il faut rendre justice aux
précédents législateurs ; ils ont su
exercer sagement leur droit, comme le
fera la Chambre de demain. Mais en-
fin, il y a des incompatibilités éviden-
tes, et, d'ailleurs, nous avons tant à
faire pour réaliser les réformes pro-
mises, que ce ne serait pas trop que
de leur consacrer tout notre temps.
Louis Martin.
.——.————————— en
LES ON-DIT
BRRR.!
Brrr.? Il donne froid dans le
dos, le discours de M. Poincaré,
ministre des finances. Dans nos
budgets, le déficit est devenu
endémique. Les députés sont
forcés de répondre à deux be-
soins contradictoires des électeurs. Ceux-
ci, comme contribuables, veulent être dé-
grevés, et, comme industriels, commer-
çants, cultivateurs, ouvriers, ont la pré-
tention d'être protégés et encouragés.
De là la nécessité de demander « plus à
l'impôt et moins au contribuable )). Ce
n'est pas une impossibilité, contrairement
à ce qu'on se figure en général ; mais c'est
une grosse difficulté.
M. Poincarré nous raconte que chaque
ministre est en train de se livrer sur son
budget à un sérieux travail de compres-
sion Il y a lieu de craindre que la com-
pression ne donne pas les étonnants résul-
tats qu'un optimisme excessif pourrait
attendre d'elle.
Toujours est-il que le budget de 1906 n'a
été bouclé que grâce à l'expédient d'em-
prunts déguisés. Et « pour 1,907, déclare
M. Poincaré, les choses s'annoncent sous
un jour encore moins favorable ».
Ajoutez qu'il « serait chimérique d'espé-
rer que l'établissement de l'impôt sur le
revenu suffira pour remédier à cette situa-
tion difficile ». En outre « il ne peut pas y
avoir pour la France d'intérêt plus pres-
sant, plus sacré, plus patriotique que le
souci de faire disparaître le déficit de ses
budgets ».
Il est venu à la Chambre une majorité qui
a promis, entre autres choses, les retraites
ouvrières, avec l'assurance contre le chô-
mage et contre la maladie comme corrol-
laires, sans compter l'Assistance aux
vieillards, aux infirmes et aux incurables,
qui est un fait accompli ; cette majorité a
dans son programme le rachat des grands
monopoles et toutes sortes d'autres réfor-
mes destinées à coûter de l'argent au lieu
d'en rapporter.
Tout s'arrange. Seulement je ne me
charge pas dedire comment ons'arrangera.
UN MARIAGE
Nous avons le plaisir d'apprendre le
prochain mariage de Mlle Marianne Au-
lard, fille de M. Aulard, professeur à la
Sorbonne, l'éminent historien, avec M.
Jacques Ancel.
Ce mariage aura lieu jeudi prochain, à
la mairie du premier arrondissement, à
deux heures et demie précises.
Nous adressons nos vœux et félicita-
tions les plus sincères aux futurs époux et
à leurs familles.
LE LIEUTENANT TISSERAND
Déjà orateur de meetings ouvriers, le
lieutenant Tisserand-Delange se fait jour-
naliste. Dans une lettre — qui est rendue
publique — adressée à M. Etienne, minis-
tre de la guerre, il explique comment il a
été amené à faire, à la Bourse du Travail,
la veille du 1ar mai, la manifestation ont
on n'a pas perdu le souvenir.
Les raisons que le lieutenant donne de
son attitude ne sont pas autrement sottes.
Mais elles sont enveloppées d'un peu trop
de phraséologie et d'idéologie.
La destinée a voulu simplement que, poussé
successivement par le flux et Io reflux de tous
les grands courants qui ont secoué jusque
dans ses racines celle armée que j'adore, j'aie
tout d'abord subi le fanatisme passif et chau-
vin du milieu militaire do cette époque, puis
qu'éclairé par une expérience personnelle
douloureuse à mes aspirations, j'aie cherché
une voie plus humaine, plus pratique, plus
féconde en satisfactions immédiates, dont le
besoin se faisait à mon êtro si impérieuse-
ment sentir.
C'est bien joli. Mais est-ce que ces belles
phrases nous feront une armée plus so-
lide, une défense nationale mieux assu-
rée ?
LA LIBERTE DE LA PRESSE
Il y a 79 journaux français prohibés eu
Belgique et dont le transport est interdit
sur le réseau des chemins de fer belges.
L'Indépendance Belge assure à ce propos
que la saisie d'un « prohibé » coûte à
l'Etat Belge la respectable somme de 420
francs, c'est-à-dire 400 francs de prime
pour l'administration et 20 francs à l'agent
qui a constaté le fait.
HOMMAGE A ZOLA >
mimmmmt wmma———
C'est hier matin qu'a été inaugure dans
la bibliothèque Méjanes, à Aix. le buste
d'Emile Zola, en présence de sa veuve, qui
0 fait don à la ville des manuscrits, plans
et notes des trois villes : Lourdes, Paris et
Jl amp.
Deux discours ont été prononcés, par le
maire d'Aix et par M. Numa Coste, publi-
cisle, ami personnel de ZoJa, aux applau-
dissements de l'assistance, composée des
sommités littéraires et artistiques proven-
çales.
Le buste est dû au ciseau d un défunt
sculpteur, aixois, M. Solari. Son fils est
présent à rjhauguration, ainsi que le pein-
tre Cézanne, autre ami personnel de Zola.
Ils sont chaleureusement applaudis.
Mme Zola a adressé les sentiments émus
de sa re on naissance aux orateurs, dans
l'intimité et en fin de cérémonie.
Le Passant.
- 1 Ob
L'IMPOT SUR LE REVENU
L'impôt sur le revenu va certainement être
établi par la Chambre nouvelle.
Sur quelles bases le sera-t-il ?
Va-t-il être un impôt de remplacement ou
une taxe venant s'ajouter aux contributions ?
Fera-t-il disparaître nos quatre contribu-
tions directes ou bien ne remplacera-t-il que
la cote personnelle-mobilière, la patente et
l'impôt des portes et fenêtres ?
Quelle sera la portée de ce saut dans l'in-
connu et quelles conséquences peut entraîner
cette réforme pour la solidité de notre sys-
tème fiscal ?
Voilà les questions que chacun va se poser
à la veille d'une transformation qui constitue
certes la mesure la plus grave que nos légis-
lateurs pourront prendre.
L'impôt sur le revenu repose sur un prin-
cipe .d'équité et de justice qui en fait la charge
fiscale par excollence. Malheureusement cet
impôt rencontre, dans son application prati-
que, des difficultés multiples.
Qu'appelle-t-on revenu ?
Est-ce la totalité des ressources d'un con-
tribuable ou bien la part qui reste disponible
quand on a prélevé, sur les dites ressources,
la somme nécessaire à la nourriture, au loge-
ment et à l'habillement ?
En un mot, le revenu représente-t-il le
superflu ou bien l'indispensable des moyens
d'existence d'un citoyen ?
Dans tous les cas, ou s'arrête le nécessaire,
et où commence le superflu ?
Telle est la question de principe qui se pose
dès qu'on aborde la grosse réforme de l'im-
pôt sur le revenu.
La solution n'est pas facile, surtout quand
elle vient heurter les instincts les plus enra-
cinés du peuple français.
La taxation d'offico sera impopulaire en
France où on a borreur de tout impôt ayant
un caractère inquisitorial. Elle porte atteinte
au principe du respect de la vie privée et
ressuscite, au détriment de tous, l'exercice
que la Régie réservait aux seuls débitants.
La déclaration facultative nous ménagera
encore plus de mécomptes. On se trouvera en
présence de faux riches et de faux pauvres.
C'est à qui inventera un moyon de" frustrer
le Trésor et d'échapper au fisc.
Comment flxera-t-on d'ailleurs le revenu
d'un cultivateur, d'un médecin, d'un com-
merçant, d'un rentier?
Pour le cultivateur on pourra encore, à la
ricnifiiir. nrendre Dour base le revenu matri-
ciel de ses terres.
Pour le propriétaire foncier, le loyer des
maisons et des biens sera également un clé-
ment d'appréciation rationnel.
Mais pour le commerçant? Que fera-t-on
s'il a deux comptabilités, l'une pour le Use et
l'autre pour ses affaires ? *
Il y aura d'ailleurs dos commerçants qui,
pour assurer leur crédit,accuseront un chif-
fre d'affaires supérieur à la réalité. comme
il y en aura d'autres qui simuleront des per-
tes pour payer moins d'impôtt.
Quant au rentier, comment le taxera-t-on
s'il ne possède aucune propriété, foncière?
Comment atteindre, par l'impôt sur le
revenu, un gros rentier qui convertit sa for-
tune en valeurs étrangères dont il ira loucher
les coupons hors de France ?
Un rentier a cent mille francs de rente en
valeurs étrangères. Il se contente d'un appar-
tement d'un loyer de 3.000 à 4.000 francs et
va toucher ses coupons à Bruxelles uu à
Genève.
Comment lui prouverez-vous qu'il fraude
l'Etat s'il ne déclare qu'un revenu de 20.000
francs au lieu do 100.000 francs ?
L'impôt sur le revenu a donc le grand in-
convénient d'encourager le drainage de nos
capitaux et d'empêcher la création do nouvel-
les sociétés industrielles françaises. Il ne frap-
pera que les éléments tangibles, c'est-à-dire
le foncier, les maisons, les valeurs françaises,
les salaires, ou traitements et laissera sou-
vent échapper ceux-là mômes qu'on cherche à
atteindre.
Même en basant l'impôt sur la revenu sur
les signes extérieurs de la richesse, oa risque
de faire fausse roule.
Et pourtant la solution du problème est ] :
tant pis pour les faux riches qui veulent
bluITer. Nous ne dirons pas tant mieux pour
les faux pauvres qui cherchent à éviter le
plus rationnel des impôts. -
Comment atteindre ces derniers?
La question nous paraît presque insoluble :
C'est pour cela que l'impôt sur la revenu con-
sacrera peut-être, des injustices, s'il doit en
réparer.
N'importe. Essayons toujours. On trouvera
peut-être un moyen d'éviter le déficit qui nous
attend, car l'impôt sur le revenu est certes
celui qui permet h mieux de frauder quand
on ne veut pas l'appliquer avec toutes sas
conséquences et toutes - ses oxigeuccs
JEAN Clerval.
ÉLECTION SENATORIALE DU 2? MAI
Meurfche et-Moselle
Inscrits: 986. — Votants - 97li
MM. le général Langlois, rep. 535 ELU
Denis. maire de Tout,rad. 440
Il s'agissait de remplacer M. Marquis, séna-
teur républicain décédé.
—
LA MALADIE DE L'EivlPfREUR D'AUTRICHE
Le Berliner Tageblatt reproduit sous réser-
ves une information de Vienne, déclarant que
la cause du brusque retour de l'empereur
François-Josoph est l'état Je sanlJ du monar-
que autrichien. Une légère attaque d'apo-
plexie dont l'empereur aurait été aUeint ces
jours ci, alors qu'il passait à cheval la revue
des troupes à IbrJa-Pcslb, aurait obligé son
médecin à lui conseiller de s'abstenir pon-
dant quelque tcrnps d-j monter à cheval et
d'éviter toute fatigue. C'est pourquoi l'empe-
reur aurait renoncé à sa visite à l'ruek.
m coulissées chambres
I«a vérification des élections
On xelt que los bureau de la Chambre
sout. chargés di la vérification des dossiers
dos éle.:lio.H et que c'est sur leurs conclusions
que la Chambre statue pour valider ou Inva-
lider.
Le.: dossiers des élections des 6 et 20 mai
trlli.: l". , ':.-'. -f)t4f¡' 49 la wanièr, oui
vante entre les onze bureaux dont la compo-
nction va être fixée par un tirage au sort qui
aura lieu le 1" juin, immédiatement après
l'élection du président et des deux vice-prési-
dents provisoires et leur installation.
Voici comment a été faite cette répartition :
1"bureau. — De l'Ain à l'Aube.
2' bureau. — De l'Aude à la Corrôzo.
3' bureau. - De la Corse à Eure-et-Loir.
4f bureau. - Du Finistère à Ille-ot-Vi-
laine. -
5' bureau. — De l'Indre au Loiret.
6' bureau. — Du Lot au Morbihan.
7' bureau. - De la Nièvre au Pas-de-
Calais.
8* bureau. — Du Puy-de Dôme à la Sarthe.
9' bureau. — De la Savoie à la Seine.
10* bureau.-De la Seine-Inférieure à Tarn-
et-Garonne.
11e bureau. - Du Var à l'Yonne, Algérie et
colonies.
»
CHRONIQUE
Un Inspecteur primaire poète
---
Un voyageur disait un jour que le Li-
mousin est une « petite Suisse )).
J'ignore jusqu'à quel point cette appré-
ciation est juste, mais ce qui est sûr c'est
que cette province est une des plus pitto-
resques de notre France. Le Limousin
étale en effet aux yeux émerveillés du
promeneur des collines où la charrue se
promène traînée par des bœufs blonds et
gras, des coteaux où poussent verts et vi-
goureux - des taillis de châtaigniers et au
bas de ces collines et au pied de ces co-
teaux de jolies prairies où courent avec un
bruit clair qui ressemble parfois au rire
d'une jolie fille de petits ruisseaux folâtres.
Il y a peu de temps j'étais allé prendre
quelques jours de repos dans un coin de
ce pays enchanté.
C'est un endroit où habite une des per-
sonnes les plus aimées de ma famille et où
je ne reviens jamais sans une douce émo-
tion au cœur.
Chaque soir après le dîner lorsque la
journée avait été chaude j'allais m'asseoir
sous des arbres voisins et je rèvàis un
peu en écoutant les mille bruits de la nuit
tombante.
C'étaient des moments délicieux et qui
m'ont laissé de bons souvenirs. Un surtout
est inoubliable.
Voici pourquoi :
• **#
J'entendis une fillette — une enfant —
chanter.
Sa chanson était simple et fraîche. Elle
se mêla au refrain lointain des reinettes,
comme si elle avait été, elle aussi, une
plainte de la nature, un murmure de la
nuit.
L'enfant disait :
C'est dans la prairie,
; Au flanc du coteau,
< Dans l'herbe fleurie,
, Que naît le ruisseau.
il est, à sa source,
* Paisible et riant ;
: Mais il prend sa course
Bientôt follement..
Sa pente est rapide ; :
! Il descend par bond,
Du plein air avide,
Au fond du vallon.
Là, son eau murmure;
'Il se trouve pris
Dans une bordure
j De hauts rochers gris,
; Bientôt un barrage i
Le mène au moulin;
Pour faire l'ouvragt
Du meunier aialin.
; Mais voici l;i plains
j Et d'autres ruisseaux
Auxquels, avec PO'Dei,'
Il mêle ses eaux.
& Son onde est moins pera
,* Il n'a plus de voix
Il n'a plus l'allure
Hélas ! d'autrefois.
Il voudrait bien être
Alors la ruisseau
? Si joyeux de nailro
Au flanc du colcau.
Cela est naïf sans doute ; mais quelle
belle image de la vie humoine ! Comme les
deux dernières strophes peignent bien la
vieillesse avec ses regrets !
J'ai voulu savoir quel était l'auteur de
ce joli petit poème. On m'a dit qu'il se
nomme M.Anfos Martin et qu'il est inspec-
teur primaire à Rochechouart.
M. Anfos Martin a écrit sur Agricol Per-
diguier, le compagnon d'exil de Martin
Nadand et de Victor Hugo, un livre que
l'on me dit intétessant.
li a publié aussi un recueil de chansons
à l'usage des enfnnls.
Je veux en dire deux mots à mes lec-
teurs.
***
En voici une qui me fait penser aux
vieux refrains militaires :
« Y a de la goutte à boira là-haut ».
C'est bien un peu une chanson de mar-
che mais pour éooliers.
C'est intitulé la lionne Soupe.
Le chemin à faire est bien iong
L'hiver pour se rendre à l'école,
Le sac de livres à 1 épaule.
Sa tête dans un capuchon.
Mais tous en troupe,
Nous partons gaiment,
La bonne soupe
Nous attend.
Les hirondelles: au printemps, fontdans
l'air de jolis bruits.
M. Anfos Martin dit à ce propos :
On entend deiiors des bruits d'ailea »
Et des gazouillements d'oiseaux ; -
C'ost la troupe des hirondelles t
Qï/i retournent dan.; '.îos hamoaru.. f"
bit sur ie printemps. t
-
Les ciseaux, par le ramage
Si joyeux de leur réveil, -
D sent a C'est le mariage 'l
De la tçire et du soleil ». ;
Ecoutez nniaUnaut a a jeua3
philosophe 1 - ----
Sans peine et sans tristesse
J'accomplis mon labeur ;
Je sais que la richesse
Ne fait pas le bonheur,
Je suis pauvre, il est vrai,
Mais je chante à toute heure.
It-.-
Tout cela est gracieux, bon et bien. Le
« poète des petits » fait mieux. Il n'oublie
pas qu'il s'adresse à des enfants de France.
Il veut faire des Français ; il veut faire des
hommes.
Voici une chanson mâle et fière, Elle est
intitulée le Chant des Sociétés de tir et se
chante, dit-on, sur un vieil air populaire
du Midi.
J'en extrais ces trois couplets :
La cible apparait au clair soleil ; i
Nous allons faire un tir sans pareil
Au soleil, J - --.'
Quand la cibla est bien claire,
Le tir est sans pareil. -.-
Bientôt nous serons tous très adroits
Pour défendre nos champs et nos dr :
Très adroits.
Nous pourrons tous défendre
Et nos champs et nos droits..
Nous n'aimons pas les sanglants combats,
Mais, au besoin nous serions soldats,
Aux combats,
Pour défendre la France,
Nous serions hons soldats.
Je ne sais pas s'il y a dans l'enseigne-
ment primaire beaucoup d'inspecteurs
comme M. Anfos Martin.
Je souhaiterais volontiers qu'ils fussent
nombreux.
La Patrie et la République s'en trouve-
raient bien.
Raffestin- Nadaud.
DÉCLASSÉS!
Je passais l'autre soir rue de la Sorponne.
Le crépuscule tombait, le crépuscule triste
et doux des jours de pluie.
Je me sentis, soudain, frapper légèrement
sur l'épaule. Me retournant, je vis devant
moi un jeune homme à l'air intelligent, aux
vêtements propres, ranis rapés jusqu'à la
corde. Et le malheureux, du ton humble et
soumis de ceux pour qui la vie se montre
trop arrière, me demanda poliment si ja no
pouvais lui donner quelque travail.
— Je suis licencié en droit de la Faculté de
Rennes et, mes études terminées, j'ai été
nommé à la Guadeloupe, mon pays natal,
dans la magistrature comme intérimaire.
Hélas ! monsieur, cet emploi est temporaire
et,mes trois ans terminés, je fus obligé de re-
venir en France. J'ai frappé à toutes les por-
tes, demandant du travail. Je me suis adressé
à l'Association des Etudiants. Des députés
me promirent leur appui. Et cependant, à
l'heure actuelle, je meurs de faim. Monsieur,
ayez pitié de ma détresse, procurez-moi n'im-
porte quel travail. Je ne suis pas difllcile.
Tenez, dernièrement je travaillais pour qn
libraire du quartier. Je gagnais vingt-cinq
sous.
Et l'homme parlait, un sourire amer dans
les yeux, un rictus tordant sa bouche.
Je ne pouvais rien pour lui. Je lui don nai
un léger secours, et il s'éloigna d'un pas
lassé et chancelant dans l'ombre qui commen-
çait. Pauvre hère qui avait honte d'avoir
faim 1
Et je songeais,en le voyant disparaître, à ce
que la misère pouvait avoir de douloureux
pour un ouvrier, et combien plus pénible, plus
horrible encore devait être, pour un homme
instruit, cette obligation de tendre la main,
pour éviter de mourir do faim.
Mais aussi pourquoi les jeunes gens ne ré-
fléchissent-ils pas plus sur le choix d'une
carrière?
Ils s'engagent dans la vie en aveugles, et
font sans but des études supérieures. N'ost-ce
spoiut là, dans cette surproduction de diplô-
, niés, qu'il faut chercher la cause de ce grand
nombre de déclassés ?
Notre ami et collaborateur Georges Col-
iambet, à qui je soumettais cette question ma
répondit :
— Je vais, parfois, chez un raffineur, à la
Villette, et là sur les quais, purmi les débar-
dours je rencontre souvent des hommes culti-
vés et instruits, des bacheliers, des licenciés,
même des agrégés, anciens profosseurs !
N'est-ce pas plein d ironie étrange que cer-
tains de ceux qui ont été à morne d'être pé-
nétrés et de croire en la grandeur de la per-
sonne humaine puissont on faire une si la-
mentable expérience ?
J.-A. Eymar.
EN RUSSIE
ITatfcitude de la Douma et l'opinion
Saint-Pétersbourg, 27 mai.
On fait remarquer dans les cercles démocra-
tiques que l'attitude superbe de la Douma a
produit sur les témoins da la séance une im-
pression profonde et excellente. Le sens de la
déclaration gouvernementale révélé le matin
par les journaux inquiétait le public qui
craignait un conflit ; on effet, les journaux
avaient annoncé l'intention do la Douma da
formuler un vote do méfiance à l'égard du
ministère et do le sommer do donner sa dé-
mission.
Cependant, les députés sont arrivés pleins
de calme, ils ont écouté en silence la lecture
de la déclaration par la président du conseil,
M. Goremykine, qui, visiblement ému. cher-
chait à maîtriser son émotion. Il descendit de
la tribune au milieu d'un silence glacial,
mais bientôt les députés, les journalistes et le
public des tribunes, parmi lequel on distin-
guait plusieurs membres du corps diplomati-
que, notamment M. Bompard, ambassadeur
de France. manirestèrent une grande anima-
tion et une vive curiosité provoquée par les
ardents et éloquents discours de brillants ora-
lours4
La masse compacte des députés présentait
un aspect si imposant da vaillance et de for-
ce, que los craintes que 1e public avait pour
elia se dissipaient promptement, et faisaient
place à un sentiment général de confiance et
d'çgpéranco.
En effet, ie public comprenait que l'air de
bai. tdnç-nuIUÏéreucc affecté par les ministres
pondant 15 virulentes critiques, les attaques
et l'a apostrophes bruyamment applaudies
Tr toJta l'assemblée, n'était quun T:lr.gqua
;UltM:mt la faiblesse des adei'fg d'un ré-
«WfaiUaot sous la vigourouse étreinte
ü..ç..mrton.. unft du régime misant.
En somme, dit-on, dans les aHm&S cerclcs,
ieu paraît avoir ouvert ea Russie une
vm&FRj è-o polisse et sociale, el il arable
qu'une nouvelle période de progrès matériolef
moral, basée sur l'affranchissement national.
est maintenant commencée.
Commentant la séance parlementaire histo-
rique d'bier, les journaux condamnent unani-
mement la déclaration gouvernementale. n.
exaltent, par contre, énergiquement l'attitude
de la Douma.
L'immense majorité da public et la plupart
des journaux jugent qu'un changement de
ministère est inévitable, malgré la résolution
manifestée dans les hautes sphères gouverne-
mentales de conserver quand même le cabine
actuel.
Chacun trouve qu'il est matériellement im-
possible que le cabinet continue à paraître
devant la Douma et surtout de collaborer avec
elle à la réalisation des réformes. ,i
Le XX. Siècle estime q'un ministère ChipoWi
jouirait de la confiance de tout le pays qu'il
préserverait de la Révolution.
Plusieurs journaux croient savoir que M-
Mourontseff a été invité à aller aujourd'hui à'
Peterhof. - e-
• Bruits démentis i7
** Saint-Pétersbourg, 27 mai.
On affirme, de bonne source, que les bruits
de dissolution de la Douma d'Empire sont dé-
nués de fondement. La Douma fonctionnera
jusqu'à la mi-juin, époque où elle p" rendra
ses vacances. *
Le renvoi des ministres dépend exclusive*
ment du libre arbitre du souverain.
Le discours du ministre de la justice à la
séance d'hier aurait été l'expression de ses.
vues personnelles et il l'aurait prononcé de'
sa propre initiative.
L' « Agence télégraphique de Saint-Péters-
bourg » déclare inventés de toutes pièces les
bruits qui circulent ainsi que dans la pressa
étrangère et d'après lesquels un complot se
serait formé conlie la Douma, que devaient
envahir des troupes pour arrêter les députés,
le général Trépoff devant ensuite être nommél
dictateur.
Mesures de précautions
Saint-Pétersbourg, 27 mai. i
Hier soir, a eu lieu chez la préfet de St-Pé-
tersbourg, une conférence à laquelle assis-
taient tous les chefs de II police de la capitale
et les généraux commandant les régiments de
la garde.
Hier également, ont été renforcées les trou-
pes surveillant les quartiers exéentriquea,
surtout les rayons des usines et fabriques.
L'envoi habituel des troupes de la garde au
camp de Krasnoïé-Sélo va être provisoirement
suspendu.
Des mesures militaires extraordinaires ont
été prises à Moscou en prévision de désordres
publics. Le bruit courait, en effet, que la foule
libérerait aujourd'hui les détenus.
Des mesures semblables ont été Drises dans
plusieurs autres villes.
On signale un commencement de désordres
agraires dans les provinces de Saratow et de
Kiew.
Une bombe à Tiflis
Tiflis, 27 mai.
Une bombe a été lancée aujourd'hui contre
le gouverneur général du Caucase qui se
trouvait en voiture avec le chef de la police.
Toutefois, ni la gouverneur général, ni la
chef do la police n'ont été blessés, mais un
cosaque a été tué.
(Voir la suite en DEUXIEME EDITION!
4> -
Les Fêtes de Corneille
INAUGURATION DU MONUMENT
La cérémonie. — Place du Panthéon
— L'assistance.— Corneille célébré
en prose et en vers. — Onze
discours et deux. poèmes.
Corneille a enfin sa statue à Paris ; place
u Panthéon, faisant pendant à celle de Jean-
Jacques Rousseau, ollo sa drossa fiera et su-
perbe, prouvant qu'en France, si on est par-
fois long à glorifier le génie, on ne l'oublie
pas. Tôt ou tard, un réveil se produit dans la
nation et, avec piété, un autel est dressé à
celui qui a été une dos gloires de la patrio.
Hier, à deux heures et demie, la cérémonie
de l'inauguration du monument de Corneille,
dû, pour le bronze, au statuaire I.I. Allouard,
et pour le piédestal à l'architecte A. Latour,
a eu lieu avec un éclat tout particulier, sous
la présidence de M. Dujardin Beaumetz, sous-
secrétaire d'Etat aux Boaux-Arts.
Sur l'estrade dressée et ornée de plantes
vertes, à côté de M. Dujardin-Beaumetz, se
trouve io comité qui s'est occupé de l'hom-
mage au grand tragique :
MM. Le Soano, président; Houssaye, Olilet,
Prévost, Blémont, Joubert, vice-présidents ; Poa-
thièro, secrétaire général, è qui revient l'initia.
tive delà souscription; do Tatmours, de Kœnig$-
warter, trésorier; Langlé, Sardorgo, archiviste,
d'une boano et franche amabilité pour les mem-
bres do la presse et Dufour.
On remarque parmi les assistants :
MM. Roujon, Castellar, Quentin-Beauchard
Dorchain, Sorel, Tavride, Radolin, Tantet, Chéron
Près du sous-socrét-iiro d'Etat se trouvent
les ambassadeurs d'Italie et d'Allemagne.
L'Académie française avait délégué, pour la
représenter officiellement, MM. Paul Bourget,
Emile Faguct, Gaston Boissier et Henri Hans.
saye. ce dernier titulaire du fauteuil de Cor-
neille.
Mme Pauline Derainc-Corneille, seule sur-
vivante Jos six générations de la postérité de
Corneille, avait tenu à assister à l'inaugura-
tion.
Lia statue
Après la Marseillaise, écoutéé debout et un
morceau d'ouverture du Cid, exécuté par la
musique du 76' de ligne sous la direction de
M. Schmidt, chef de musique,le voile qui re-
couvre la statue est arraché et Coineitle parait
salué par les applaudissements de ton3. -
Lo monument a belle allure, la poète,en sa
pleins lTaturitêJ se montre dans une position
simple et naturelle; au piédestal, ltUe femme,
la Muse tragique, se montre soulevant d'un
beau geste le voile qui la recouvre
LES DISCOURS
Des discours ont été prononcés par M. Ca-
mille La Senne, président du Comité et du
Cercle de la Critique, au nom du comité;
TaHtc, au nom du Conseil municipal ; Emile
Faguet au nom de l'Académie française ; Vic-
tor Mtfrguoritte, pour la Société des Gens do
Lettres; M. Jules ClareLie, représentant 19
Comédie-Française-, empêché. a prié M. SH-
vain de liro son discours: Salut à Corneille.
M. Emile Biomont, la Société des Poètes fran-
çais ; M. Olivier de Gourcuff. les Hugophiics;
M. Campichi, l'Association des mudianls;
Mme Séverinet les Dames françaises ; enfin,
M. Dujardin-Beaumetz a remercié le Comaé
nu nom du gouvernement.
Enfin, deux pièces de vers ont été lues : un
sonnet de M. Philippe Dufour, intitulé « A
Corneille », par Mlle Madeleine Roch, et le
« Triomphe héroïque de M, Gustave Ziùlor-
- -- -, -.. --- -- - 1
1
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