Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1906-05-27
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 27 mai 1906 27 mai 1906
Description : 1906/05/27 (N13225). 1906/05/27 (N13225).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/04/2013
N° 13225 - 7 PRAIRIAL AN 114. CflBVQ COBSTOME» C&KUMERO
DIMAKOHB S7 MAI 1906. --Nit 13225.
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AUX BUREAUX DU JOURNÂfc
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Nous prions les personnes dont l'abonne.
ment est sur le point d'expirer de nous adres-
ser dès maintenant, avec la dernière bande,
le montant de leur renouvellement à l'Ad-
ministrateur de notre journal, 44, rue du
Mail.
N nvIlCrrtt
Quand M. Rouvier, qui venait d'être
nommé président du Conseil, se pré-
senta devant la Chambre, on lui de-
manda :
— Sur quelle majorité songez-vous
à vous appuyer ?
Il répondit :
- Sur la majorité de mon prédé-
cesseur ; oui, sur cette majorité.,, un
peu élargie.
C'est le mot qu'on ne lui pardonna
jamais et qui décida les socialistes et
un certain nombre de nos amis radi-
caux à tuer le ministère dès qu'ils
trouvèrent l'occasion de le jeter bas.
Une majorité élargie? Allons donc!
Plus la majorité était étroite, plus il
régnait de cordialité dans ses rangs.
Et puis, comment ouvrir la porte à un
certain nombre de ces modéras, de
ces progressistes, qu'on avait délibé-
rément exclus de la République? Majo-
rité étroite on était, majorité étroite
on resterait. ".: ,. «
■ *** ; -.
Les électeurs n'ont probablement
pas la même mentalité que les élus.
A peine la question leur eut-elle été
soumise qu'ils lui donnèrent une so-
lution hardie : ils envoyèrent au Pa-
lais-Bourbon une majorité très large,
puisqu'elle se compose de 411 mem-
bres, et dont aucun élément ne sau-
rait être suspect, attendu que les 411
députés dont il s'agit appartiennent
aux diverses parties de l'ancien Bloc.
Cette fois, elle s'imposait, la majo-
rité élargie ! Il devenait impossible de
la répudier, sans briser le Bloc lui-
même.
Afin de permettre aux radicaux de
procéder à l'essai loyal de leur politi-
que, les socialistes paraissaient dis-
posés à se montrer bons princes. Ils
acceptaient de ne pas prendre ostensi-
blement place parmi les groupes de
gouvernement. Une certaine attitude
d'indépendance ne pouvait d'ailleurs
pas nuire à leur propagande dans le
pays.
Les unifiés s'étant retirés sur leur
mont Aventin, les radicaux n'avaient
plus qu'à prendre tranquillement pos-
session du pouvoir que leur donnait la
confiance du suffrage universel.
Il parait que cette manière de faire
semble trop simple à quelques-uns de
ceux qui aiment, en toute occasion, à
jouer la difficulté. Ils posent tout de
suite deux principes. Primo : la majo-
rité issue des scrutins du 6 et du 20
nai est trop nombreuse. Secundo : il
ne saurait y avoir de majorité de gau-
che sans le concours des révolution-
naires.
Comment concilier ces deux princi-
pes ? En prononçant l'excommunica-
tion contre ceux qu'on appelle les « ré-
publicains de gauche ».
Camille Pellefan manifeste l'inten-
tion de se débarrasser, sans perdre un
instant, de « soixante dix modérés,
qualifiés républicains de gauche, mais
dont beaucoup ont surtout voisiné
avec la droite ».
.**
Mais pardon : je croyais que estaient
les radicaux et les radicaux-socialistes
qui avaient invité en termes formels
les modérés dont il s'agit à collaboro-
rer à l'œuvre de la Défense et de l'ac-
tion républicaines.
Les Congres radicaux sont ceux du
Parti républicain, (virgule) radical et
radical socialiste. Remarquez la vir-
gule. Elle est symbolique. Elle signifie
que les radicaux et les radicaux-so-
cialistes se solidarisent avec ces répu-
blicains de gauche dont notre Camille
Pelletan fait bon marché.
A-t-on oublié quel accueil les Con-
gressistes des premières assises radi-
cales firent à des « modérés » comme
le regretté Gustaye Isambert ? 1
Et ces Républicains que nous avons
appelés, que nous avons reçus parmi
nous avec enthousiasme, qui ont été
à la bataille électorale dans les rangs
do l'armée radicale seraient aujour-
d'hui suspectés, condamnés, rejetés,
sous prétexte que les groupes in-
transigeants n'ont plus besoin de
leurs services ? Nous ne serions pas
au bout,.des exclusions? Il y auralt-tou-.
jours d$ charrettes a partir, et. la pro-
chaîne liste de proscription compren-
drait soixante-dix noms?
Et le pays a cru voter pour l'union
des Républicains !
Hugues Destrem.
LES ON-DIT
L'EMPOISONNEMENT
On )uge,en ce moment, à Bor-
deaux, une damequi est accusée
d'avoir empoisonné son mari.
Le mari, qui n'est pas mort, dé-
fend sa femme,la croit innocente;
c'est une des circonstances qui
rendent dramatique ce procès.
Mais, il serait dramatique sans cela ;
tout procès d'empoisonnement suscite,
d'une façon intense, l'intérêt dramatique.
En effet,dans tout procès de cette nature,
vous placez le public en face de cette in-
connue à dégager : ou l'accusée est coupa-
ble, ou elle ne l'est pas ; si elle est coupa-
ble, il n'est pas de place pour la pitié, car
le crime d'empoisonnement est toujours
aggravé de préméditation longue et de
dissimulation obstinée : ce n'est pas le
coup d'emportement qu'explique la pas-
sion, que cette passion soit la haine ou
l'amour ; c'est le forfait habilement étudié,
combiné, mûri. L'empoisonneur est le plus
dangereux des a&sassins, personne ne son-
gera à lui faire grâce. Mais si un empoi-
sonneur ne mérite aucune pitié, une
innocente condamnée est, au monde, la
victime la plus digne de compassion et de
respect ; elle est la représentation vivante
de l'infirmité du témoignage humain. Elle
crie vengeance contre noue tous,qui, de
par nos juges, sommes comptables de son
infortune.
Or, jamais on ne tient la preuve de la
culpabilité d'un empoisonneur ; pour tenir
la preuve il faudrait tenir à la fois le poi-
son, les témoignages et tes aveux. Le crime
d'empoisonnement supprime toujours au.
moins deux de ces trois facteurs.
C'est pourquoi un procès d'empoisonne-
ment est une source de violent intérêt
dramatique.
J'ai vu juger Moreau, l'herboriste de
Saint-Denis, et j'ai vu juger le pharmacien
Danval. J'ai eu, au cours des débats, la
persuasion absolue de leur innocence. Jure.,¡
je les aurais acquittés l'un et l'autre. Mais
sur quelle preuve aurais-je pu baser mon
verdict ? Sur une impression générale,
impression irréductible, mais impression.
En matière d'empoisonnement, le juré ne
peut décider que sur des impressions, ln-
firmité radicale du jugement humain;
EXCUSES A TOULON -
Nous avons failli avoir une affaire avec
les Toulonnais.
Une erreur typographique nous a fait-
dire des Coulisses qu'elles étaient un jour-
nal do Tarbes. C'est de Toulon que nous
avons voulu parler. De Toulon. Et cette
fois, pas de coquille, hein ?
L'ÉCOLE COMMERCIALE
Le concours annuel des bourses d'exter'
nat accordées par l'Etat, le Conseil général
de la Seine et le Conseil municipal de
Paris, à l'Ecole commerciale, 39, avenue
Trudaine, aura lieu dans cet établissement
le jeudi 28 juin, à 8 heures du matin..
Pour y prendre part, les candidats doi-
vent avoir 12 ans au moins et 14 ans au
plus lo jour du Concours.
Les inscriptions sont reçues du 1er au
24 juin, au Secrétariat de l'Ecole, où sont
délivrés les programmes du concours.
LES FORTIFICATIONS DE PÉRONNE
Péronne 1 Ce nom historique ne vous
dit-il rien? Charles-le-Simple,le Téméraire,
Louis XI, voyons, vous vous souvenez au
moins du beau roman de Walter Scott ?
Eh bien, peu à peu la vie moderne, qui a
parfois de cruelles exigences, va effacer
une partie des témoins de ce passé légen-
daire. C'est la dure loi du progrès et il y
a vraiment, comme on l'a dit, des destruc-
tions nécessaires. Le 31 de ce mois, à la
sous-préfecture de Péronne, on vendra
par adjudication les terrains provenant
des anciennes fortifications de la vieille
cité picarde. Sic transit.
CONTRE LES EMPIRIQUES ! -
C'est lundi prochain que s'ouvre, a
Paris, dans les salles des examens de mé-
decine, rue des Saints-Pères, 49, le Congrès
pour la répression de l'exercice illégal de
la médecine. Il réunira des membres titu-
laires, pratiquant l'art d'Esculape et
munis de diplômes, des adhérents (magis-
trats, avocats, députés ou sénateurs), des
associés (membres d'une famille médicale,
étudiants), des adhérents étrangers. M.
Brouardel présidera la séance d'ouverture.
Voici un aperçu sommaire des questions
de haute actualité qui seront traitées : la
guerre aux rebouteurs, sorciers, empiri-
ques, magnétiseurs, somnambules, spirites
et autres charlatans, étude des faits d'exer-
cice illégal sous prétexte de charité, la
massothérapie, créations d'écoles de gym-
nastique médicale, abus des consultations
illicites dans les pharmacies, abus prove-
nant des équivalences accordées aux diplô-
més étrangers, instituts et cabinets inter-
lopes, réclame médicale, réforme de la loi
du 30 novembre 1892, création d'un office
central et d'un comité international contre
le charlatanisme.
LE COULAGE A L'ASSISTANCE PUBLIQUE
Il y a opposition constante, sinon con-
flit, entre l'administration des hôpitaux
et le service médical au sujet du régime
à accorder aux malades. Les représentants
de l'A. P. tiennent naturellement pour la
plus stricte économie et la suppression
des traitements coûteux, les médecins en-
tendent ne relever que de la science et de
l'humanité. On se souvient de l'anecdote
typique du chirurgien D.. , qui avait juré
de renouveler absolument le sang des ma-
lades de son service. L'Assistance publi-
que arrêta les frais et il y eut une manière
de scandale. Moi03 eda~ante~'t~oi~c~nM~
sures prises aujourd'hui, elles ont simple-
ment pour but d'empêcher le coulage.
Certains pharmaciens des hôpitaux avaient
l'habitude d'exécuter en gros les prescrip-
tions du cahier de visite. Ils livraient les
pilules. les potions de façon à n'avoir pas
à y revenir pendant la huitaine. Dgréna-
vant, ils sont astreints à ne livrer leurs
produits que pour la journée. Les malades
auront ainsi toujours des médicaments
frais.
Le Passant.
LES GRÈVES AGRICOLES
Les grèves agricoles — qui viennent d'écla-
ter inopinément dans la Bria, la Maltien, le
Parisis et le Valois — touchent à leur fin.
Les fermiers ont compris qu'il était impos-
sible à un ouvrier, père de famille, de vivre,
dans les environs de Paris, avec deux francs,
cinquante ou trois francs par jour.
Les ouvriers devront comprendre, de leur
côté, qu'un fermier peut difficilement donner
plus de quatre francs par jour. Ils sont assez
raisonnables pour apprécier les difficultés du
métier d'agriculteur et ils savent eux-mêmes
par quelles épreuvessouvent désastreuses pas-
sent les cultivateurs qui, parfois, perdent en
une seule année les économies de plusieurs
campagnes.
Nous sommes certain que les ouvriers agri-
coles estimeront — avec leur robuste et sain
bon sens de paysan — que le salaire de quatre
francs est un maximum. Le conflit entre le
travail et le capital agricole peut donc être
considéré comme aplani.
Aussi espérons-nous que certains fermiers
ne voudront pas le ressusciter en donnant
suite à un projet dont les conséquences sont
incalcuhbl s.
Il ne faudrait, en effet, pas remettre tout en
question en caressant l'espoir de rédoire de
moitié le salaire des ouvriers en hiver ou en
méditant de congédier une partie de ces ou-
vriers pendant la morte saison.
Les fermiers qui agiraient ainsi provoque-
raient une crise des plus redoutables.
Qu'arriverait-il, en ce cas ? .- ,',
Ou bien les ouvriers, dans la crainte de
mourir de faim en hiver, accepteront les ré-
ductions de salaire ou bien ils déserteront les
fermes-et resteront sans ressources.
Dans le premier cas, l'ouvrier lésé, aigri,
découragé, aura bien soin de demander le
triple de son salaire dès le retour de la belle
saison. ;
Dans le second, il' organisera la révolte et
se-livrera à des représailles qui pousseront à
l'état aigu le conflit entre le capital et le tra-
vail.
Les fermiers agiront sagement en renon-
çant à un projet quasi inhumain qui non
seulement seraiten négation d'un arrangement
loyalement accepté, mais engendrerait encore
des haines implacables qui rendraient intolé-
rables les relations entre patrons et ouvriers.
La plupart des questions sociales peuvent
se résoudre par la bon £ § que personne ne
l'oublie et tout ira bien.
JEAN CLERVAL.
MORT DE RIGO
-
(De notre correspondant parUculiM
BUDAPEST, 25 mai. — Une dépêche en-
voyée de New-York à la famille annonce la
mort du tzigane Rigo qui par son aventure
avec l'ex-princesse de Chimay fit parler de lui
à Paris. Rigo, abandonné de son amie, vivait
dans une situation plutôt précaire. Atteint
d'une pneumonie il fut admis à l'hôpital des
frères de la Miséricorde à New-York où il
vient de succomber.
Toutefois, il convient d'attendre la confir-
mation de cette dépêche,
♦
Les employés des chemins de fer
Le Congrès
Hier matin, dans les salons do l'Hôtel Mo-
derne, place de la République, l'Association
des employés do chemin de fer avait réuni ses
membres en congrès.
M. Barberet, directeur de la Mutualité au
ministère de l'intérieur, présidait à l'ouver
ture de la séance. Il était assisté de MM. Oli-
vier, président de l'Association ; Gladel, pré-
sident de la section Lyon-Guillotlère, les doc-
teurs Banès et Gérard, membres de la com-
mission médicale.
Dès l'ouverture de la séance, et après qu'on
eut procédé à la vérification des pouvoirs, le
bureau fut immédiatement formé. M. Olivier,
président de la Société, prononça une allo-
cution où il exprimait à M. Barberet le
plaisir que sa présence causait à l'assemblée,
M. Barberot répondit par un discours très
applaudi. Il dit les bienfaits de là mutualité
et le bouleversement moral que le développe-
ment de l'idée mutualiste a occasionné au
début du vingtième siècle, Il félicite en outra
l'association d'avoir créé un service familial,
institué au profit des femmes et enfants des
sociétaires de la « Protection Mutuelle », et
ayant pour but do fournir las soins du méde-
cin et les médicaments nécessaires, do parti-
ciper aux frais d'accouchement et do funé-
railles.
La séance a été levée au cri do : Vive la
mutualité 1
Séance de l'après-midi
Dès l'ouverture de la séance, on procède à
l'élection du bureau. Sont élus : MM. Olivier,
président, Gladel et Mussillion, assesseurs,
Eminet, secrétaire.
On aborde la question du service, familial.
On émet le vœu de fixer une cotisation de
50 centimes par mais et par enfant, afin d'a-
voir droit aux secours médicaux et pharaia
ccutiques. Pour les femmes, la cotisation
mensuelle sera de 73 contimes.
A ce moment, M. Millerand, député du
XIIe arrondissement, pénètre dans la saile.
Son entrée est saluée par des applaudisse-
ments chaleureux. M. Millerand prend aus-
sitôt la parolo :
« Je suis venu, a-t-il dit, au nom de la com-
mission de prévoyance sociale de la Cham-
bre des députés, vous apporter son encoura-
gement pour la bcllQœuvre do mutualité en-
treprise par votre association. Co sont des
œuvres comme la vôtre qui, à l'orée du ving-
tième siècle, ont développé les ser.timeats
d'altruisme sans lesquels une société est vouée
i la discorde et à la misère- »
Il a, en yutre, fait ressortir l'importance
des avantages concédés aux. mutualistes dans
la projet rte loi cooeernaut les rotraites ou-
vrières notées par îa Chambre, au cours d ? la
dernière ,1:;gl}I.I' r:J: z,,' !JrAhHU' ..@ cb&lfJ '.1.
«eusement applaudi. 4> , ".-
Jo ..- ■ ',.
a J'apporterai, a-t-il repris, à vous aider
dans votre tâche, toute mon énergie et toute
ma volonté. Et je ne puis, en vous quittant,
que vous engager à persévérer dans la voie
que vous vous êtes tracée. »
De nombreux applaudissements ont salué
les paroles de M. Millerand qui s'est retiré,
reconduit par les bravos de l'assistance.
On reprend la discussion sur le vœu émis à
propos du service familial. Un débat très mou-
vementé s'engage et on vote le principe du
projet, par appel nominal, se réservant do
l'adopter déûnitivemeatdans la séance de nuit.
Ou passe ensuite à la discussion du budget
pour l'année 1907 et, après réduction des dé-
penses, le budget est adopté à l'unanimité.
L'ordre du jour pur et simple est adopté.
La séance est levée et renvoyée à 7 h. 112.
(Voir la suite en DEUXIEME EDITION -
■' v 4-W
CHRONIQUE
Le Pivert de Firmin
Après la mort de ses parents, Firmin
resta seul dans la petite maison, tout l'été,
jusqu'au seuil du printemps suivant ; ses
provisions se composaient de quelques po-
chées de farine et de légumes secs. Son
grand frère, fermier chez M. Lancastre, ne
s'inquiéta pas autrement du petit. A la
campagne, quand la situation l'exige, un
enfant dé douze ans doit savoir se débrouil-
ler comme s'il en avait vingt. La rudesse
de cette éducation pratique profite à la
raison, si elle fait taire, presque toujours,
la sensibilité.
La maison de Firmin était éloignée des
autres, elle aûenaità un bois de sapins,
dont l'incessante rumeur troublait le gar-
çonnet. Tous ces arbres râlaient comme
desmourants, et leurs ombres mouvantes,
projetées sur le toit, simulaient de longs
fantômes.
Après le crépuscule,les râles semblaient
encore se prolonger. Firmin eût bien voulu
être ailleurs, mais il résistait bravement à
là peur que, pour rien au inonde, il n'eût
osé avouer.
Un matin, en traversant le bois, il trouva
au pied d'un arbre un jeune pivert gre-
lottant, les ailes écartées : le tout petit
était tombé du nid et ses parents l'avaient
abandonné. Sa détresse excita la pitié de
Firmin qui mit l'oiselet dans son jabot que
la chaleur douce ranima.
Alors, le garçonnet pensa que le « tout
petit » devait avoir bien faim, aussitôt
l'enfant fouilla l'écorce de quelques arbres,
où nichent les insectes et les vers dQut les
piverts sont friands. ",
Ce matin là, Firmin laissa sa bêche au
repos, il rentra tenant contre sa poitrine
le tout petit dont la tête auréolée d'un fin
duvet était lourde de fatigue et de som-
meil.
Le gamin posa l'oiseau sur son lit, ef,
choisit sous le hangar une souche de peu-
plier qu'il creusa, en rond, et qu'il feutra
de palein et de mousses. Il défendit cette
ouverture, par une petite porte en fil d'ar-
chal arrangé en croisillons. Ce travail in-
génieux, d'une rusticité naïve, prit à Fir-
min plusieurs heures, mais aussi, comme
dans ce nid douillet, le pivert serait bien 1
il regretterait moins le nid maternel. Très
fier de son œuvre, Firmin, le soir, déposa
sur cette mousse odorante le « tout pe-
tit » qui, bientôt, replia sa tête sous son
aile cotonneuse et s'endormit.
C'était sa manière de manifester à son
sauveteur sa reconnrissance.
Depuis longtemps, l'enfant n'avait été
si content de lui, ses tâchés quotidiennes
étaient toutes dénuées de cet intérêt pal-
pitant qui. en cette minute, lui apportait
un peu de joie.
Seuls, en ce coin, a l'abri de sa sapinière
dont Firmin n'avait plus peur, l'oiseau et
l'enfant vécurent étroitement unis.
Le pivert, en voyant Firmin battait des
ailes et criait: Pipipi! puis il venait genti-
ment se poser sur l'épaule de son ami.
Le pivert grandit sans songer à quitter
la petite maison hospitalière, mais il ne
demandait plus à Firmin sa nourriture, il
allait lui-même la chercher dans le bois de
sapins qui avait été son berceau.
L'automne, l'hiver passèrent sans que le
grand frère donnât à Firmin signe de vie;
mais, aux environs de Pâques, il vint avec
la charrette, dans laquelle on entassa le
pauvre mobilier et la literie. Le pivert
apeuré, perché sur la branche d'un peu-
plier, regardait ce remue-ménage auquel il
na comprenait rien.
Quand Firmin s'assit sur la charrette,
sur un paquet de linge, il Appela l'oiseau
qui vint aussitôt, et l'on partit.
On arriva à la ferme vers trois heures,
l'enfant descendit tenant son pivert.
La fermière, tout de suite, ordonna au
pauvre gamin de se défaire de cet oiseau
inutile..
— Jamais dit Firmin, j'aime mieux
mourir. Une petite fille entrée dans la
cour de la ferme pour voir de près l'oiseau
si bien apprivoisé, compatit à la peine de
Firmin.
Quand la fermière fut dans l'étable, elle
dit au garçonnet:
— Apportez votre pivert à grand'ma-
man, elle le soignera bien, tenez, je res-
te-là.
Elle indiquait une petite maison qui res-
semblait à celle que Firmin venait de
quitter.
— Ne pleurez-pas fit-elle, doucement,
vous verrez tous les jours votre pivert.
Firmin touché suivit silen-ieux la char-
mante enfant.
La grand maman était sur le pas de la
porte. La petite courut vers elle,, et lui
parla bas.
— Ce que mon Angèle vous a dit est vrai,
votre pivert sera bien ici, consolez-vous.
Vous le mettrez dans un cageot qui est làv
car il ne faut pas, comme ça, le laisser li-
bre tout do suite.
Les larmes de Firmin se séchèrent, il
remercia l'aimable paysanne, dont ie son-
rire rappelait celui de sa mère. Tout Je
suite mis à l'aise par cotte boulé qui se
sait bienveillante, Firmin conta l'histoire
du' « tout petit » qu'il avait sauvé d'une
.vilaine root* < • ,.,': d
Le lendemain,quand il ramena à l'étable
le troupeau de bœufs dont il avait la garde,
il aperçut dans le cageot, suspendu au
dessus de la fenêtre, son pivert à l'abri en-
fin des méchancetés de sa belle-sœur. Alors
l'enfant se demanda comment il pourrait
s'acquitter envers ses amies car il ne pos-
sédait rien.
La veille des Rameaux, il se souvint que
sa pauvre mère ornait de buis les tombes
des siens. La chère disparue le voulait
fleuri, parce que, disait-elle, les petites
fleurs couleur de cire jaune font bien dans
la grande herbe sombre des cimetières.
Alors Firmin courut la forêt distante de
la ferme d'une lieue et rapporta le soir une
botte de buis fleuri qu'il offrit à la bonne
Tieille. Firmin savait que sa belle-sœur
lui ferait payer son escapade, mais la joie
d'avoir pu être agréable à grand'maman
qui lui disait de bonnes paroles, et soi-
gnait son pivert, fit taire ses craintes. Fir-
min se sentait la force, sans pleurer, de
subir la punition que la fermière lui infli-
gerait, pour s'être permis de s'absenter
sans permission.
Cette petite histoire ne montra-t-elle
pas que la satisfaction de soi oppose tou-
jours une patiente douceur à la colère, à
l'injustice imméritée 1
, Cécile Cassot.
LES TROIS EMPEREURS
Vienne, 25 mai.
La Zeit continue à attacher uns certaine
importance politique à la prochaine visite à
Vienne du chef de l'état-major russe, le géné-
ral Palytzine, qui sera porteur d'une lettre
autographe du tsar pour l'empereur François-
Joseph. Le journal a înteYviovvé un politicien
tchèque qui croit à la formation de nouveaux
groupements et alliances en Europe. Le per-
sonnage interviewé fait remarquer que le re-
nouvellement de l'alliance des trois empe-
reurs serait vu avec faveur par l'archiduc
héritier d'Autriche.
Les cercles politiques,'^ cependant, conti-
ouent à regarder la prochaine visite du géné-
ral Palytzine comme un acte de pure courtoi-
sie à l'égard du baron de Béck.
LES FUNÉRAILLES D'IBSEN
Christiania, 25 mai.
Dans la séance du Storthiag, le président
de l'assamtnée demande, d'accord avec le
président du conseil des ministres, que les
funérailles d'Ibsen aient lieu aux frais de
l'Etat.
Cette proposition est adoptée a l'unani-
mité.
(Voir ta tuile en DEUXIEME BDJTIONJ
EN RUSSIE
La liberté de conscience à la Douma
Saint-Pétersbourg, 25 mai.
Le parti constitutionnel démocrate a déposé
aujourd'hui à la Douma, au sujet de la liberté
de conscience, une proposition do loi dont
les principes fondamentaux sont les sui-
vans: ,
Personne ne peut étro poursuivi ou limité dans
l'exercice de ses droits en raison do ses convictions
religieuses.
Sont abolies toutes les lois qui portent atteinte
aux droits civils et politiques d03 citoyens, quelle
que soit la religion à laquelle ils appartiennent.
Est accordée à l'exercice do tous les cultes qui
sont professés actuellement dans i'orapire russe ou
qui pourraient y être introduits dans i'avonir, une
liberté aussi large que le permet le respect des lois
pénales.
Personne ne peut être contraint d'adhérer à une
religion quelconque, ou de la pratiquer.
Pcrsonue ne peut refuser de remplir ses devoirs
civils ou politiques sous pnilpxta qu'ils sont in-
conciliables avec ses convictions religieuses, hor-
mis les cas prévus par la loi. Il "C permis à tout
citoyen do changer de religion dès l'âge de 17 ans
révuius.
L instruction religieuse dans les écolos sera ré-
glée par des lois spéciales.
Conflit probable
Saint-Pétersbourg, 25 mai.
On paraît s'attendre, dans le public, à ce
que le conflit entre le gouvernement et la
Douma d'E npira éclate à la prochaine sianca
de l'assemt lée, où M - Goremykino, président
du conseil des ministres, doit exposer lo pro-
gramme du cabinot.
On craint que, si ce programme est opposé
à celui de la Douma, les députes n'hésitent
point à rapousser entièrement les déclarations
de M. Goremykine et à émettra un vote de
défiance.
Le public croit aussi à des débats orageux
en ce qui concerna la question agraire.
Troubles à Saint-Pétersbourg
Saint-Pétersbourg, 25 mai.
Hier soir, un groupe de réactionnaires ar-
més a fait, dans un logement de la rue de
Vitebsk, une bruyante démonstration antili-
bérale. La public a répondu par tftie contra-
manifestation. Les réactionnaires ont tiré des
coup de revolver et tué un homme. Trois
autres ont été blessés.
La police et les cosaques ont rétabli l'ordre.
Dans les provinces baltiques
Saint-Pètersbourg, 2a mai.
Des nouvelles de Mitau et de Riga, au No-
voiè Vrémia annoncent que les provinces de
la Baltique sont complètement terrorisées par
les nombreux crimes politiques qui s'y com-
mettent.
Hier, à lleisingfors, et dans d'autres villes
de la Finlande, des meetings ont été tenus par
les sociaux-démocrates. Il n'y a pas eu de
désordres.
Plusieurs orateurs ont lu une résolution di-
sant que si les castes et les diètes prétendaient
donner nn caractère plus conservateurs aux
réformes proposées par le gouvernement ou
les annihiler, la grève générale en résuitcrait.
A Helsingfors, un cortège s'est formé, com-
prenant 15.000 personnes avec drapeaux et
orchestres.
Un groupe de Russes s'est joint au cortège,
avec un drapeau rouge portant l'inscription :
« Vila le socialisme ! »
En Pologne
Varsovie, 25 mai.
A midi, une bande armée a pénétré dans la
banque "industrielle do Varsovie d:\JH la but
do piller.
Il en est résulté un combat où furent tirés
environ cinquante conps de revolver.
D¿>,, personnes parmi la public ont été
tuées,..trois employés et cinq associés !%,nt été
blessé»., - - ;;.. j .: ;
-- '- V
Les agresseurs se sont enfuis sans avoi
rien pu prendre.
(Voir la suite en DEUXIEME BDlrlOlQ r
ej
A L'HOTEL DE VILLES
Le Conseil municipal de Paris est convoqué
pour le mercredi 6 juin. — .4. B. :
—-— » 4
Une Affaire d'Empoisonnement
-
Aux assises de la Gironde
L'affaire Canaby. — Avant l'audiencUl
— L'acte d'accusation. — L'interro
gatoire de l'accusé. — Le mari, la 4
femme et l'ami. — Etange9 ma- i
laises. — Les ordonnances du
médecin.
Bordeaux, 25 mai.
L'affaire Canaby a commencé aujourd'hui
devant la cour d'assises de la Gironde. ,:
Les débats sont dirigés par le conseillée
Pradet- Balade.
L'accusation est soutenue par le procureuti
général en personne. M. LaDiird. Au banc de
la défense est M* Peyrecave
Bien avant l'ouverture de l'audience, lesi
places réservées au publie sont prises, et dans,
les tribunes réservées déjà des dames sont;
installées. On voit poindre quelques lor-
gnettes. !
La salle d'audience a reçu une disposition
spéciale, en raison de l'arrivée de quelques
journalistes de Paris et de la région, et loi
barre des témoins a été avancée au pied do
degrés de la cour.
L'audience est ouverte à 9 h. 15.
L'accusée et l'accusation
On introduit l'accusée; Mme Canaby entrer
la démarche saccadée dès qu'elle a francht
la porte de la salle, les larmes lui viennent
aux yeux, puis ella sanglote, la figure dans
soa mouchoir. Mme Canaby a beaucoun
changé. Les gens tui la connaissent disent
qu'elle a vieilli de dix ans. C'est une femme!
d'une quarantaine d'années, de taille moyennd
brune, plutôt maigre, à la figure plate. EII.
est simplement hauillée de noir et gantée de
même. L'élégance d'autrefois n'est plus là. i
Après les formalités d usage, le greffier lit;
l'acte d'accus lion. Cette pièce n'apprend
rien qui ne soit déjà connu dans s -n ensem-
ble. A signaler, toutefois, qu il cite le nom d,
la tierce personne mêlée à ce drame.
Il s'agit de M. iiabjt, un ami d'enfance de
l'accusée, qui devint f milier de la maison,
de telle façon que cette intimité donna lieu à
certaines critiques de la part des parents et
amis de la famille.
L'acte d'accusation développa assez longue*
ment les circonstances qui accompagnèrent
l'empoisonnement de M. Canaby, et les pré-
textes invoqués par sa femme pour expliquer ,
la présence chez elle des poisons qu'y décou- -
vrit la justice.
A noter encore que lorsque son mari fu(
transporté dans une mais<>a de santé, Mme;..
Canaby se retira avec sos enfants chaz une
tante de son ami M. Ribot.
Pendant cette lecture, l'accusée pleure par* -
fois, par exemple quand il est fait allusion à ,
ses enfants.
L'interrogatoire
T ;
On appelle les témoins. M. Canaby et Md
Rabot répondent à l'appal de leur nom IOUR ,
présence cause une vive élll tion chez l'aceti,
sée. Lorsqu'on appelle tes deux fillettes da
Mme Canaby, àijées do 13 et 15 ans, la- mère
se cache la figure dans ses mains, et saD.
glote.
Le président prévient l'accusée de faire pras
vision de courage, car l'interrogatoire sera
long.
M. Pradet-Balade retrace les qualités mG.,
raies et de femme du no Ilii de l'accusée. Il
nous apprend que Mme Canaby s'occupait de ,.
littérature, et qu'elle eut un prix da poisien
Puis le président retrace la vie de l'accusée
Les relations do cette dernière avec M. Ra-
bot datent de longtem a, lorsqu'elle était ait-1.
fant. }
M. 'Pradet-Ba(aJe explique que le mari da
Mme Canaby est inférieur au point de vue
intellectuel.
1 C'était un brave garçon, dit M. Pradet-Ba-
ade. Puis il entre dans le vif du sujet.
— Votre mari, dit le président, vous défend.
— Il a raison, répond Mine Canaby. !
— Votre mari soutient que vous no l'avez poiat
empoisonné. i
— 11 a raison, répond en -ors l'accusée.
Le président demanda à t'accusée pfmrquot
elle chercha à revoir M, Rabot, l'ami ea"
fance, après une interruption assez longue d"
Relations.
Mme Canaby, qui parle d'una façon assez?
nette, répond qu'elle chercha à revoir Y
Rabat par amitié, mai qu'il n'y out rien,
entre eux.
Le président explique qu'elle vit M. Riboti
souveut. ?
L'accusée, les y eux toujours mouillée, maii
la voix très nette, se défend d'aucune intimité
suspecte avec M. Habot, pas pins à Bordeaux
que dans les fréqu ents voyages qu'elle fit, eni
sa compagnie, dans les Pyrénées ou on Suisse,
avec ses eufants, d'ailleurs.
— Ces voyages étaient un.: imp;'u;Tiri('e, dit le
président.
— Non pas, répond l'accusée,M. Rabot était ua.
très honnête homme, et .j'uvuis la consentement
de mon mari. En outre, j'étais avec mes enfants;
au surplus, il n'est pas nécessaire d'aller en Suisse"
pour avoir une mauvaise conduite.
Le président. - Votre mari ÓtlH imprudent,
Mme Canaby. - Mon irari est un bornnr* par
faitement honorable ot au-dessus de toutes les in-
sinuations qu'on a laissé percer sur son compte.
C'était un ami intime de M. Rabot.
— Mais, dit le président, ils se sont ignorés peu.
dant vingt ans, et lorsqu'ils s'écrivaient, Ils s'ap.
pelaient: « Cher .Mofisioui* •> ou bien « cher Mon*:
sieur et ami ».
Le président revient aux relations intimef
entre Mme Canaby et M. Rabot d'après diveri
témoignages.
Une artiste de café-concert, nommée Blan*
che Thibaut, dit le président, aurait vu dec
lettres établissant notamment que Mme Ca-
naby était la maîtresse de M. Rabot et qu'ella
avait reçu de l'argent de lui, cinq cents francs?
par exemple.
L'accusée nie que Mmo Thibaut ait vu de
semblables lettres. Quant à la soramo prôtée,
elle le fut spontanément par M. nabot et eliè
lui fut remboursée.
Il n'y a aucune tache sur ma réputalioa, dît
l'accusée; j'ai le souoi do mou honneur. J'ai doux
filles, dit en pleurant Mme Canaby.
La maladie da M. Canaby
L'interrogatoire s'en £ * £ o sur la façon dont
se déciari la nula lieda >I. Caniby en avril!
11)05.. Le président fait, à ce montant, distri
huer aux jurés un ,yb,a, ''a Iii 4otii3are da l.
fauitels Casuby,
DIMAKOHB S7 MAI 1906. --Nit 13225.
AlVWONCEà
AUX BUREAUX DU JOURNÂfc
II, rue do Mail, Paris.
-&t chez MM. LAGRANGE, CERP et O
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'-rit,. rNb«gi) 6(, ix jub H f, sii|20IL
Départements - 7f. — 12 f. -. )
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ADMINISTRATION: 14' RUE DU MAIL. - TÉLÉPHONE tOS.8
.1 Adresser lettre* et mandats à l'Administrateur
Nous prions les personnes dont l'abonne.
ment est sur le point d'expirer de nous adres-
ser dès maintenant, avec la dernière bande,
le montant de leur renouvellement à l'Ad-
ministrateur de notre journal, 44, rue du
Mail.
N nvIlCrrtt
Quand M. Rouvier, qui venait d'être
nommé président du Conseil, se pré-
senta devant la Chambre, on lui de-
manda :
— Sur quelle majorité songez-vous
à vous appuyer ?
Il répondit :
- Sur la majorité de mon prédé-
cesseur ; oui, sur cette majorité.,, un
peu élargie.
C'est le mot qu'on ne lui pardonna
jamais et qui décida les socialistes et
un certain nombre de nos amis radi-
caux à tuer le ministère dès qu'ils
trouvèrent l'occasion de le jeter bas.
Une majorité élargie? Allons donc!
Plus la majorité était étroite, plus il
régnait de cordialité dans ses rangs.
Et puis, comment ouvrir la porte à un
certain nombre de ces modéras, de
ces progressistes, qu'on avait délibé-
rément exclus de la République? Majo-
rité étroite on était, majorité étroite
on resterait. ".: ,. «
■ *** ; -.
Les électeurs n'ont probablement
pas la même mentalité que les élus.
A peine la question leur eut-elle été
soumise qu'ils lui donnèrent une so-
lution hardie : ils envoyèrent au Pa-
lais-Bourbon une majorité très large,
puisqu'elle se compose de 411 mem-
bres, et dont aucun élément ne sau-
rait être suspect, attendu que les 411
députés dont il s'agit appartiennent
aux diverses parties de l'ancien Bloc.
Cette fois, elle s'imposait, la majo-
rité élargie ! Il devenait impossible de
la répudier, sans briser le Bloc lui-
même.
Afin de permettre aux radicaux de
procéder à l'essai loyal de leur politi-
que, les socialistes paraissaient dis-
posés à se montrer bons princes. Ils
acceptaient de ne pas prendre ostensi-
blement place parmi les groupes de
gouvernement. Une certaine attitude
d'indépendance ne pouvait d'ailleurs
pas nuire à leur propagande dans le
pays.
Les unifiés s'étant retirés sur leur
mont Aventin, les radicaux n'avaient
plus qu'à prendre tranquillement pos-
session du pouvoir que leur donnait la
confiance du suffrage universel.
Il parait que cette manière de faire
semble trop simple à quelques-uns de
ceux qui aiment, en toute occasion, à
jouer la difficulté. Ils posent tout de
suite deux principes. Primo : la majo-
rité issue des scrutins du 6 et du 20
nai est trop nombreuse. Secundo : il
ne saurait y avoir de majorité de gau-
che sans le concours des révolution-
naires.
Comment concilier ces deux princi-
pes ? En prononçant l'excommunica-
tion contre ceux qu'on appelle les « ré-
publicains de gauche ».
Camille Pellefan manifeste l'inten-
tion de se débarrasser, sans perdre un
instant, de « soixante dix modérés,
qualifiés républicains de gauche, mais
dont beaucoup ont surtout voisiné
avec la droite ».
.**
Mais pardon : je croyais que estaient
les radicaux et les radicaux-socialistes
qui avaient invité en termes formels
les modérés dont il s'agit à collaboro-
rer à l'œuvre de la Défense et de l'ac-
tion républicaines.
Les Congres radicaux sont ceux du
Parti républicain, (virgule) radical et
radical socialiste. Remarquez la vir-
gule. Elle est symbolique. Elle signifie
que les radicaux et les radicaux-so-
cialistes se solidarisent avec ces répu-
blicains de gauche dont notre Camille
Pelletan fait bon marché.
A-t-on oublié quel accueil les Con-
gressistes des premières assises radi-
cales firent à des « modérés » comme
le regretté Gustaye Isambert ? 1
Et ces Républicains que nous avons
appelés, que nous avons reçus parmi
nous avec enthousiasme, qui ont été
à la bataille électorale dans les rangs
do l'armée radicale seraient aujour-
d'hui suspectés, condamnés, rejetés,
sous prétexte que les groupes in-
transigeants n'ont plus besoin de
leurs services ? Nous ne serions pas
au bout,.des exclusions? Il y auralt-tou-.
jours d$ charrettes a partir, et. la pro-
chaîne liste de proscription compren-
drait soixante-dix noms?
Et le pays a cru voter pour l'union
des Républicains !
Hugues Destrem.
LES ON-DIT
L'EMPOISONNEMENT
On )uge,en ce moment, à Bor-
deaux, une damequi est accusée
d'avoir empoisonné son mari.
Le mari, qui n'est pas mort, dé-
fend sa femme,la croit innocente;
c'est une des circonstances qui
rendent dramatique ce procès.
Mais, il serait dramatique sans cela ;
tout procès d'empoisonnement suscite,
d'une façon intense, l'intérêt dramatique.
En effet,dans tout procès de cette nature,
vous placez le public en face de cette in-
connue à dégager : ou l'accusée est coupa-
ble, ou elle ne l'est pas ; si elle est coupa-
ble, il n'est pas de place pour la pitié, car
le crime d'empoisonnement est toujours
aggravé de préméditation longue et de
dissimulation obstinée : ce n'est pas le
coup d'emportement qu'explique la pas-
sion, que cette passion soit la haine ou
l'amour ; c'est le forfait habilement étudié,
combiné, mûri. L'empoisonneur est le plus
dangereux des a&sassins, personne ne son-
gera à lui faire grâce. Mais si un empoi-
sonneur ne mérite aucune pitié, une
innocente condamnée est, au monde, la
victime la plus digne de compassion et de
respect ; elle est la représentation vivante
de l'infirmité du témoignage humain. Elle
crie vengeance contre noue tous,qui, de
par nos juges, sommes comptables de son
infortune.
Or, jamais on ne tient la preuve de la
culpabilité d'un empoisonneur ; pour tenir
la preuve il faudrait tenir à la fois le poi-
son, les témoignages et tes aveux. Le crime
d'empoisonnement supprime toujours au.
moins deux de ces trois facteurs.
C'est pourquoi un procès d'empoisonne-
ment est une source de violent intérêt
dramatique.
J'ai vu juger Moreau, l'herboriste de
Saint-Denis, et j'ai vu juger le pharmacien
Danval. J'ai eu, au cours des débats, la
persuasion absolue de leur innocence. Jure.,¡
je les aurais acquittés l'un et l'autre. Mais
sur quelle preuve aurais-je pu baser mon
verdict ? Sur une impression générale,
impression irréductible, mais impression.
En matière d'empoisonnement, le juré ne
peut décider que sur des impressions, ln-
firmité radicale du jugement humain;
EXCUSES A TOULON -
Nous avons failli avoir une affaire avec
les Toulonnais.
Une erreur typographique nous a fait-
dire des Coulisses qu'elles étaient un jour-
nal do Tarbes. C'est de Toulon que nous
avons voulu parler. De Toulon. Et cette
fois, pas de coquille, hein ?
L'ÉCOLE COMMERCIALE
Le concours annuel des bourses d'exter'
nat accordées par l'Etat, le Conseil général
de la Seine et le Conseil municipal de
Paris, à l'Ecole commerciale, 39, avenue
Trudaine, aura lieu dans cet établissement
le jeudi 28 juin, à 8 heures du matin..
Pour y prendre part, les candidats doi-
vent avoir 12 ans au moins et 14 ans au
plus lo jour du Concours.
Les inscriptions sont reçues du 1er au
24 juin, au Secrétariat de l'Ecole, où sont
délivrés les programmes du concours.
LES FORTIFICATIONS DE PÉRONNE
Péronne 1 Ce nom historique ne vous
dit-il rien? Charles-le-Simple,le Téméraire,
Louis XI, voyons, vous vous souvenez au
moins du beau roman de Walter Scott ?
Eh bien, peu à peu la vie moderne, qui a
parfois de cruelles exigences, va effacer
une partie des témoins de ce passé légen-
daire. C'est la dure loi du progrès et il y
a vraiment, comme on l'a dit, des destruc-
tions nécessaires. Le 31 de ce mois, à la
sous-préfecture de Péronne, on vendra
par adjudication les terrains provenant
des anciennes fortifications de la vieille
cité picarde. Sic transit.
CONTRE LES EMPIRIQUES ! -
C'est lundi prochain que s'ouvre, a
Paris, dans les salles des examens de mé-
decine, rue des Saints-Pères, 49, le Congrès
pour la répression de l'exercice illégal de
la médecine. Il réunira des membres titu-
laires, pratiquant l'art d'Esculape et
munis de diplômes, des adhérents (magis-
trats, avocats, députés ou sénateurs), des
associés (membres d'une famille médicale,
étudiants), des adhérents étrangers. M.
Brouardel présidera la séance d'ouverture.
Voici un aperçu sommaire des questions
de haute actualité qui seront traitées : la
guerre aux rebouteurs, sorciers, empiri-
ques, magnétiseurs, somnambules, spirites
et autres charlatans, étude des faits d'exer-
cice illégal sous prétexte de charité, la
massothérapie, créations d'écoles de gym-
nastique médicale, abus des consultations
illicites dans les pharmacies, abus prove-
nant des équivalences accordées aux diplô-
més étrangers, instituts et cabinets inter-
lopes, réclame médicale, réforme de la loi
du 30 novembre 1892, création d'un office
central et d'un comité international contre
le charlatanisme.
LE COULAGE A L'ASSISTANCE PUBLIQUE
Il y a opposition constante, sinon con-
flit, entre l'administration des hôpitaux
et le service médical au sujet du régime
à accorder aux malades. Les représentants
de l'A. P. tiennent naturellement pour la
plus stricte économie et la suppression
des traitements coûteux, les médecins en-
tendent ne relever que de la science et de
l'humanité. On se souvient de l'anecdote
typique du chirurgien D.. , qui avait juré
de renouveler absolument le sang des ma-
lades de son service. L'Assistance publi-
que arrêta les frais et il y eut une manière
de scandale. Moi03 eda~ante~'t~oi~c~nM~
sures prises aujourd'hui, elles ont simple-
ment pour but d'empêcher le coulage.
Certains pharmaciens des hôpitaux avaient
l'habitude d'exécuter en gros les prescrip-
tions du cahier de visite. Ils livraient les
pilules. les potions de façon à n'avoir pas
à y revenir pendant la huitaine. Dgréna-
vant, ils sont astreints à ne livrer leurs
produits que pour la journée. Les malades
auront ainsi toujours des médicaments
frais.
Le Passant.
LES GRÈVES AGRICOLES
Les grèves agricoles — qui viennent d'écla-
ter inopinément dans la Bria, la Maltien, le
Parisis et le Valois — touchent à leur fin.
Les fermiers ont compris qu'il était impos-
sible à un ouvrier, père de famille, de vivre,
dans les environs de Paris, avec deux francs,
cinquante ou trois francs par jour.
Les ouvriers devront comprendre, de leur
côté, qu'un fermier peut difficilement donner
plus de quatre francs par jour. Ils sont assez
raisonnables pour apprécier les difficultés du
métier d'agriculteur et ils savent eux-mêmes
par quelles épreuvessouvent désastreuses pas-
sent les cultivateurs qui, parfois, perdent en
une seule année les économies de plusieurs
campagnes.
Nous sommes certain que les ouvriers agri-
coles estimeront — avec leur robuste et sain
bon sens de paysan — que le salaire de quatre
francs est un maximum. Le conflit entre le
travail et le capital agricole peut donc être
considéré comme aplani.
Aussi espérons-nous que certains fermiers
ne voudront pas le ressusciter en donnant
suite à un projet dont les conséquences sont
incalcuhbl s.
Il ne faudrait, en effet, pas remettre tout en
question en caressant l'espoir de rédoire de
moitié le salaire des ouvriers en hiver ou en
méditant de congédier une partie de ces ou-
vriers pendant la morte saison.
Les fermiers qui agiraient ainsi provoque-
raient une crise des plus redoutables.
Qu'arriverait-il, en ce cas ? .- ,',
Ou bien les ouvriers, dans la crainte de
mourir de faim en hiver, accepteront les ré-
ductions de salaire ou bien ils déserteront les
fermes-et resteront sans ressources.
Dans le premier cas, l'ouvrier lésé, aigri,
découragé, aura bien soin de demander le
triple de son salaire dès le retour de la belle
saison. ;
Dans le second, il' organisera la révolte et
se-livrera à des représailles qui pousseront à
l'état aigu le conflit entre le capital et le tra-
vail.
Les fermiers agiront sagement en renon-
çant à un projet quasi inhumain qui non
seulement seraiten négation d'un arrangement
loyalement accepté, mais engendrerait encore
des haines implacables qui rendraient intolé-
rables les relations entre patrons et ouvriers.
La plupart des questions sociales peuvent
se résoudre par la bon £ § que personne ne
l'oublie et tout ira bien.
JEAN CLERVAL.
MORT DE RIGO
-
(De notre correspondant parUculiM
BUDAPEST, 25 mai. — Une dépêche en-
voyée de New-York à la famille annonce la
mort du tzigane Rigo qui par son aventure
avec l'ex-princesse de Chimay fit parler de lui
à Paris. Rigo, abandonné de son amie, vivait
dans une situation plutôt précaire. Atteint
d'une pneumonie il fut admis à l'hôpital des
frères de la Miséricorde à New-York où il
vient de succomber.
Toutefois, il convient d'attendre la confir-
mation de cette dépêche,
♦
Les employés des chemins de fer
Le Congrès
Hier matin, dans les salons do l'Hôtel Mo-
derne, place de la République, l'Association
des employés do chemin de fer avait réuni ses
membres en congrès.
M. Barberet, directeur de la Mutualité au
ministère de l'intérieur, présidait à l'ouver
ture de la séance. Il était assisté de MM. Oli-
vier, président de l'Association ; Gladel, pré-
sident de la section Lyon-Guillotlère, les doc-
teurs Banès et Gérard, membres de la com-
mission médicale.
Dès l'ouverture de la séance, et après qu'on
eut procédé à la vérification des pouvoirs, le
bureau fut immédiatement formé. M. Olivier,
président de la Société, prononça une allo-
cution où il exprimait à M. Barberet le
plaisir que sa présence causait à l'assemblée,
M. Barberot répondit par un discours très
applaudi. Il dit les bienfaits de là mutualité
et le bouleversement moral que le développe-
ment de l'idée mutualiste a occasionné au
début du vingtième siècle, Il félicite en outra
l'association d'avoir créé un service familial,
institué au profit des femmes et enfants des
sociétaires de la « Protection Mutuelle », et
ayant pour but do fournir las soins du méde-
cin et les médicaments nécessaires, do parti-
ciper aux frais d'accouchement et do funé-
railles.
La séance a été levée au cri do : Vive la
mutualité 1
Séance de l'après-midi
Dès l'ouverture de la séance, on procède à
l'élection du bureau. Sont élus : MM. Olivier,
président, Gladel et Mussillion, assesseurs,
Eminet, secrétaire.
On aborde la question du service, familial.
On émet le vœu de fixer une cotisation de
50 centimes par mais et par enfant, afin d'a-
voir droit aux secours médicaux et pharaia
ccutiques. Pour les femmes, la cotisation
mensuelle sera de 73 contimes.
A ce moment, M. Millerand, député du
XIIe arrondissement, pénètre dans la saile.
Son entrée est saluée par des applaudisse-
ments chaleureux. M. Millerand prend aus-
sitôt la parolo :
« Je suis venu, a-t-il dit, au nom de la com-
mission de prévoyance sociale de la Cham-
bre des députés, vous apporter son encoura-
gement pour la bcllQœuvre do mutualité en-
treprise par votre association. Co sont des
œuvres comme la vôtre qui, à l'orée du ving-
tième siècle, ont développé les ser.timeats
d'altruisme sans lesquels une société est vouée
i la discorde et à la misère- »
Il a, en yutre, fait ressortir l'importance
des avantages concédés aux. mutualistes dans
la projet rte loi cooeernaut les rotraites ou-
vrières notées par îa Chambre, au cours d ? la
dernière ,1:;gl}I.I' r:J: z,,' !JrAhHU' ..@ cb&lfJ '.1.
«eusement applaudi. 4> , ".-
Jo ..- ■ ',.
a J'apporterai, a-t-il repris, à vous aider
dans votre tâche, toute mon énergie et toute
ma volonté. Et je ne puis, en vous quittant,
que vous engager à persévérer dans la voie
que vous vous êtes tracée. »
De nombreux applaudissements ont salué
les paroles de M. Millerand qui s'est retiré,
reconduit par les bravos de l'assistance.
On reprend la discussion sur le vœu émis à
propos du service familial. Un débat très mou-
vementé s'engage et on vote le principe du
projet, par appel nominal, se réservant do
l'adopter déûnitivemeatdans la séance de nuit.
Ou passe ensuite à la discussion du budget
pour l'année 1907 et, après réduction des dé-
penses, le budget est adopté à l'unanimité.
L'ordre du jour pur et simple est adopté.
La séance est levée et renvoyée à 7 h. 112.
(Voir la suite en DEUXIEME EDITION -
■' v 4-W
CHRONIQUE
Le Pivert de Firmin
Après la mort de ses parents, Firmin
resta seul dans la petite maison, tout l'été,
jusqu'au seuil du printemps suivant ; ses
provisions se composaient de quelques po-
chées de farine et de légumes secs. Son
grand frère, fermier chez M. Lancastre, ne
s'inquiéta pas autrement du petit. A la
campagne, quand la situation l'exige, un
enfant dé douze ans doit savoir se débrouil-
ler comme s'il en avait vingt. La rudesse
de cette éducation pratique profite à la
raison, si elle fait taire, presque toujours,
la sensibilité.
La maison de Firmin était éloignée des
autres, elle aûenaità un bois de sapins,
dont l'incessante rumeur troublait le gar-
çonnet. Tous ces arbres râlaient comme
desmourants, et leurs ombres mouvantes,
projetées sur le toit, simulaient de longs
fantômes.
Après le crépuscule,les râles semblaient
encore se prolonger. Firmin eût bien voulu
être ailleurs, mais il résistait bravement à
là peur que, pour rien au inonde, il n'eût
osé avouer.
Un matin, en traversant le bois, il trouva
au pied d'un arbre un jeune pivert gre-
lottant, les ailes écartées : le tout petit
était tombé du nid et ses parents l'avaient
abandonné. Sa détresse excita la pitié de
Firmin qui mit l'oiselet dans son jabot que
la chaleur douce ranima.
Alors, le garçonnet pensa que le « tout
petit » devait avoir bien faim, aussitôt
l'enfant fouilla l'écorce de quelques arbres,
où nichent les insectes et les vers dQut les
piverts sont friands. ",
Ce matin là, Firmin laissa sa bêche au
repos, il rentra tenant contre sa poitrine
le tout petit dont la tête auréolée d'un fin
duvet était lourde de fatigue et de som-
meil.
Le gamin posa l'oiseau sur son lit, ef,
choisit sous le hangar une souche de peu-
plier qu'il creusa, en rond, et qu'il feutra
de palein et de mousses. Il défendit cette
ouverture, par une petite porte en fil d'ar-
chal arrangé en croisillons. Ce travail in-
génieux, d'une rusticité naïve, prit à Fir-
min plusieurs heures, mais aussi, comme
dans ce nid douillet, le pivert serait bien 1
il regretterait moins le nid maternel. Très
fier de son œuvre, Firmin, le soir, déposa
sur cette mousse odorante le « tout pe-
tit » qui, bientôt, replia sa tête sous son
aile cotonneuse et s'endormit.
C'était sa manière de manifester à son
sauveteur sa reconnrissance.
Depuis longtemps, l'enfant n'avait été
si content de lui, ses tâchés quotidiennes
étaient toutes dénuées de cet intérêt pal-
pitant qui. en cette minute, lui apportait
un peu de joie.
Seuls, en ce coin, a l'abri de sa sapinière
dont Firmin n'avait plus peur, l'oiseau et
l'enfant vécurent étroitement unis.
Le pivert, en voyant Firmin battait des
ailes et criait: Pipipi! puis il venait genti-
ment se poser sur l'épaule de son ami.
Le pivert grandit sans songer à quitter
la petite maison hospitalière, mais il ne
demandait plus à Firmin sa nourriture, il
allait lui-même la chercher dans le bois de
sapins qui avait été son berceau.
L'automne, l'hiver passèrent sans que le
grand frère donnât à Firmin signe de vie;
mais, aux environs de Pâques, il vint avec
la charrette, dans laquelle on entassa le
pauvre mobilier et la literie. Le pivert
apeuré, perché sur la branche d'un peu-
plier, regardait ce remue-ménage auquel il
na comprenait rien.
Quand Firmin s'assit sur la charrette,
sur un paquet de linge, il Appela l'oiseau
qui vint aussitôt, et l'on partit.
On arriva à la ferme vers trois heures,
l'enfant descendit tenant son pivert.
La fermière, tout de suite, ordonna au
pauvre gamin de se défaire de cet oiseau
inutile..
— Jamais dit Firmin, j'aime mieux
mourir. Une petite fille entrée dans la
cour de la ferme pour voir de près l'oiseau
si bien apprivoisé, compatit à la peine de
Firmin.
Quand la fermière fut dans l'étable, elle
dit au garçonnet:
— Apportez votre pivert à grand'ma-
man, elle le soignera bien, tenez, je res-
te-là.
Elle indiquait une petite maison qui res-
semblait à celle que Firmin venait de
quitter.
— Ne pleurez-pas fit-elle, doucement,
vous verrez tous les jours votre pivert.
Firmin touché suivit silen-ieux la char-
mante enfant.
La grand maman était sur le pas de la
porte. La petite courut vers elle,, et lui
parla bas.
— Ce que mon Angèle vous a dit est vrai,
votre pivert sera bien ici, consolez-vous.
Vous le mettrez dans un cageot qui est làv
car il ne faut pas, comme ça, le laisser li-
bre tout do suite.
Les larmes de Firmin se séchèrent, il
remercia l'aimable paysanne, dont ie son-
rire rappelait celui de sa mère. Tout Je
suite mis à l'aise par cotte boulé qui se
sait bienveillante, Firmin conta l'histoire
du' « tout petit » qu'il avait sauvé d'une
.vilaine root* < • ,.,': d
Le lendemain,quand il ramena à l'étable
le troupeau de bœufs dont il avait la garde,
il aperçut dans le cageot, suspendu au
dessus de la fenêtre, son pivert à l'abri en-
fin des méchancetés de sa belle-sœur. Alors
l'enfant se demanda comment il pourrait
s'acquitter envers ses amies car il ne pos-
sédait rien.
La veille des Rameaux, il se souvint que
sa pauvre mère ornait de buis les tombes
des siens. La chère disparue le voulait
fleuri, parce que, disait-elle, les petites
fleurs couleur de cire jaune font bien dans
la grande herbe sombre des cimetières.
Alors Firmin courut la forêt distante de
la ferme d'une lieue et rapporta le soir une
botte de buis fleuri qu'il offrit à la bonne
Tieille. Firmin savait que sa belle-sœur
lui ferait payer son escapade, mais la joie
d'avoir pu être agréable à grand'maman
qui lui disait de bonnes paroles, et soi-
gnait son pivert, fit taire ses craintes. Fir-
min se sentait la force, sans pleurer, de
subir la punition que la fermière lui infli-
gerait, pour s'être permis de s'absenter
sans permission.
Cette petite histoire ne montra-t-elle
pas que la satisfaction de soi oppose tou-
jours une patiente douceur à la colère, à
l'injustice imméritée 1
, Cécile Cassot.
LES TROIS EMPEREURS
Vienne, 25 mai.
La Zeit continue à attacher uns certaine
importance politique à la prochaine visite à
Vienne du chef de l'état-major russe, le géné-
ral Palytzine, qui sera porteur d'une lettre
autographe du tsar pour l'empereur François-
Joseph. Le journal a înteYviovvé un politicien
tchèque qui croit à la formation de nouveaux
groupements et alliances en Europe. Le per-
sonnage interviewé fait remarquer que le re-
nouvellement de l'alliance des trois empe-
reurs serait vu avec faveur par l'archiduc
héritier d'Autriche.
Les cercles politiques,'^ cependant, conti-
ouent à regarder la prochaine visite du géné-
ral Palytzine comme un acte de pure courtoi-
sie à l'égard du baron de Béck.
LES FUNÉRAILLES D'IBSEN
Christiania, 25 mai.
Dans la séance du Storthiag, le président
de l'assamtnée demande, d'accord avec le
président du conseil des ministres, que les
funérailles d'Ibsen aient lieu aux frais de
l'Etat.
Cette proposition est adoptée a l'unani-
mité.
(Voir ta tuile en DEUXIEME BDJTIONJ
EN RUSSIE
La liberté de conscience à la Douma
Saint-Pétersbourg, 25 mai.
Le parti constitutionnel démocrate a déposé
aujourd'hui à la Douma, au sujet de la liberté
de conscience, une proposition do loi dont
les principes fondamentaux sont les sui-
vans: ,
Personne ne peut étro poursuivi ou limité dans
l'exercice de ses droits en raison do ses convictions
religieuses.
Sont abolies toutes les lois qui portent atteinte
aux droits civils et politiques d03 citoyens, quelle
que soit la religion à laquelle ils appartiennent.
Est accordée à l'exercice do tous les cultes qui
sont professés actuellement dans i'orapire russe ou
qui pourraient y être introduits dans i'avonir, une
liberté aussi large que le permet le respect des lois
pénales.
Personne ne peut être contraint d'adhérer à une
religion quelconque, ou de la pratiquer.
Pcrsonue ne peut refuser de remplir ses devoirs
civils ou politiques sous pnilpxta qu'ils sont in-
conciliables avec ses convictions religieuses, hor-
mis les cas prévus par la loi. Il "C permis à tout
citoyen do changer de religion dès l'âge de 17 ans
révuius.
L instruction religieuse dans les écolos sera ré-
glée par des lois spéciales.
Conflit probable
Saint-Pétersbourg, 25 mai.
On paraît s'attendre, dans le public, à ce
que le conflit entre le gouvernement et la
Douma d'E npira éclate à la prochaine sianca
de l'assemt lée, où M - Goremykino, président
du conseil des ministres, doit exposer lo pro-
gramme du cabinot.
On craint que, si ce programme est opposé
à celui de la Douma, les députes n'hésitent
point à rapousser entièrement les déclarations
de M. Goremykine et à émettra un vote de
défiance.
Le public croit aussi à des débats orageux
en ce qui concerna la question agraire.
Troubles à Saint-Pétersbourg
Saint-Pétersbourg, 25 mai.
Hier soir, un groupe de réactionnaires ar-
més a fait, dans un logement de la rue de
Vitebsk, une bruyante démonstration antili-
bérale. La public a répondu par tftie contra-
manifestation. Les réactionnaires ont tiré des
coup de revolver et tué un homme. Trois
autres ont été blessés.
La police et les cosaques ont rétabli l'ordre.
Dans les provinces baltiques
Saint-Pètersbourg, 2a mai.
Des nouvelles de Mitau et de Riga, au No-
voiè Vrémia annoncent que les provinces de
la Baltique sont complètement terrorisées par
les nombreux crimes politiques qui s'y com-
mettent.
Hier, à lleisingfors, et dans d'autres villes
de la Finlande, des meetings ont été tenus par
les sociaux-démocrates. Il n'y a pas eu de
désordres.
Plusieurs orateurs ont lu une résolution di-
sant que si les castes et les diètes prétendaient
donner nn caractère plus conservateurs aux
réformes proposées par le gouvernement ou
les annihiler, la grève générale en résuitcrait.
A Helsingfors, un cortège s'est formé, com-
prenant 15.000 personnes avec drapeaux et
orchestres.
Un groupe de Russes s'est joint au cortège,
avec un drapeau rouge portant l'inscription :
« Vila le socialisme ! »
En Pologne
Varsovie, 25 mai.
A midi, une bande armée a pénétré dans la
banque "industrielle do Varsovie d:\JH la but
do piller.
Il en est résulté un combat où furent tirés
environ cinquante conps de revolver.
D¿>,, personnes parmi la public ont été
tuées,..trois employés et cinq associés !%,nt été
blessé»., - - ;;.. j .: ;
-- '- V
Les agresseurs se sont enfuis sans avoi
rien pu prendre.
(Voir la suite en DEUXIEME BDlrlOlQ r
ej
A L'HOTEL DE VILLES
Le Conseil municipal de Paris est convoqué
pour le mercredi 6 juin. — .4. B. :
—-— » 4
Une Affaire d'Empoisonnement
-
Aux assises de la Gironde
L'affaire Canaby. — Avant l'audiencUl
— L'acte d'accusation. — L'interro
gatoire de l'accusé. — Le mari, la 4
femme et l'ami. — Etange9 ma- i
laises. — Les ordonnances du
médecin.
Bordeaux, 25 mai.
L'affaire Canaby a commencé aujourd'hui
devant la cour d'assises de la Gironde. ,:
Les débats sont dirigés par le conseillée
Pradet- Balade.
L'accusation est soutenue par le procureuti
général en personne. M. LaDiird. Au banc de
la défense est M* Peyrecave
Bien avant l'ouverture de l'audience, lesi
places réservées au publie sont prises, et dans,
les tribunes réservées déjà des dames sont;
installées. On voit poindre quelques lor-
gnettes. !
La salle d'audience a reçu une disposition
spéciale, en raison de l'arrivée de quelques
journalistes de Paris et de la région, et loi
barre des témoins a été avancée au pied do
degrés de la cour.
L'audience est ouverte à 9 h. 15.
L'accusée et l'accusation
On introduit l'accusée; Mme Canaby entrer
la démarche saccadée dès qu'elle a francht
la porte de la salle, les larmes lui viennent
aux yeux, puis ella sanglote, la figure dans
soa mouchoir. Mme Canaby a beaucoun
changé. Les gens tui la connaissent disent
qu'elle a vieilli de dix ans. C'est une femme!
d'une quarantaine d'années, de taille moyennd
brune, plutôt maigre, à la figure plate. EII.
est simplement hauillée de noir et gantée de
même. L'élégance d'autrefois n'est plus là. i
Après les formalités d usage, le greffier lit;
l'acte d'accus lion. Cette pièce n'apprend
rien qui ne soit déjà connu dans s -n ensem-
ble. A signaler, toutefois, qu il cite le nom d,
la tierce personne mêlée à ce drame.
Il s'agit de M. iiabjt, un ami d'enfance de
l'accusée, qui devint f milier de la maison,
de telle façon que cette intimité donna lieu à
certaines critiques de la part des parents et
amis de la famille.
L'acte d'accusation développa assez longue*
ment les circonstances qui accompagnèrent
l'empoisonnement de M. Canaby, et les pré-
textes invoqués par sa femme pour expliquer ,
la présence chez elle des poisons qu'y décou- -
vrit la justice.
A noter encore que lorsque son mari fu(
transporté dans une mais<>a de santé, Mme;..
Canaby se retira avec sos enfants chaz une
tante de son ami M. Ribot.
Pendant cette lecture, l'accusée pleure par* -
fois, par exemple quand il est fait allusion à ,
ses enfants.
L'interrogatoire
T ;
On appelle les témoins. M. Canaby et Md
Rabot répondent à l'appal de leur nom IOUR ,
présence cause une vive élll tion chez l'aceti,
sée. Lorsqu'on appelle tes deux fillettes da
Mme Canaby, àijées do 13 et 15 ans, la- mère
se cache la figure dans ses mains, et saD.
glote.
Le président prévient l'accusée de faire pras
vision de courage, car l'interrogatoire sera
long.
M. Pradet-Balade retrace les qualités mG.,
raies et de femme du no Ilii de l'accusée. Il
nous apprend que Mme Canaby s'occupait de ,.
littérature, et qu'elle eut un prix da poisien
Puis le président retrace la vie de l'accusée
Les relations do cette dernière avec M. Ra-
bot datent de longtem a, lorsqu'elle était ait-1.
fant. }
M. 'Pradet-Ba(aJe explique que le mari da
Mme Canaby est inférieur au point de vue
intellectuel.
1 C'était un brave garçon, dit M. Pradet-Ba-
ade. Puis il entre dans le vif du sujet.
— Votre mari, dit le président, vous défend.
— Il a raison, répond Mine Canaby. !
— Votre mari soutient que vous no l'avez poiat
empoisonné. i
— 11 a raison, répond en -ors l'accusée.
Le président demanda à t'accusée pfmrquot
elle chercha à revoir M, Rabot, l'ami ea"
fance, après une interruption assez longue d"
Relations.
Mme Canaby, qui parle d'una façon assez?
nette, répond qu'elle chercha à revoir Y
Rabat par amitié, mai qu'il n'y out rien,
entre eux.
Le président explique qu'elle vit M. Riboti
souveut. ?
L'accusée, les y eux toujours mouillée, maii
la voix très nette, se défend d'aucune intimité
suspecte avec M. Habot, pas pins à Bordeaux
que dans les fréqu ents voyages qu'elle fit, eni
sa compagnie, dans les Pyrénées ou on Suisse,
avec ses eufants, d'ailleurs.
— Ces voyages étaient un.: imp;'u;Tiri('e, dit le
président.
— Non pas, répond l'accusée,M. Rabot était ua.
très honnête homme, et .j'uvuis la consentement
de mon mari. En outre, j'étais avec mes enfants;
au surplus, il n'est pas nécessaire d'aller en Suisse"
pour avoir une mauvaise conduite.
Le président. - Votre mari ÓtlH imprudent,
Mme Canaby. - Mon irari est un bornnr* par
faitement honorable ot au-dessus de toutes les in-
sinuations qu'on a laissé percer sur son compte.
C'était un ami intime de M. Rabot.
— Mais, dit le président, ils se sont ignorés peu.
dant vingt ans, et lorsqu'ils s'écrivaient, Ils s'ap.
pelaient: « Cher .Mofisioui* •> ou bien « cher Mon*:
sieur et ami ».
Le président revient aux relations intimef
entre Mme Canaby et M. Rabot d'après diveri
témoignages.
Une artiste de café-concert, nommée Blan*
che Thibaut, dit le président, aurait vu dec
lettres établissant notamment que Mme Ca-
naby était la maîtresse de M. Rabot et qu'ella
avait reçu de l'argent de lui, cinq cents francs?
par exemple.
L'accusée nie que Mmo Thibaut ait vu de
semblables lettres. Quant à la soramo prôtée,
elle le fut spontanément par M. nabot et eliè
lui fut remboursée.
Il n'y a aucune tache sur ma réputalioa, dît
l'accusée; j'ai le souoi do mou honneur. J'ai doux
filles, dit en pleurant Mme Canaby.
La maladie da M. Canaby
L'interrogatoire s'en £ * £ o sur la façon dont
se déciari la nula lieda >I. Caniby en avril!
11)05.. Le président fait, à ce montant, distri
huer aux jurés un ,yb,a, ''a Iii 4otii3are da l.
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