Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-07-29
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 29 juillet 1900 29 juillet 1900
Description : 1900/07/29 (N11097). 1900/07/29 (N11097).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75682206
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ - CENTIME» le wutaéro.
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NOS LEADERS
Les exclusje l'armée
Un certain nombre d'incidents ont,
il y a quelque temps, attiré l'attention
sur une catégorie spéciale d'hommes
au service et que la loi désigne sous le
nom d'exclus de l'armée. Aux termes
de la loi du 15 juillet 1889, ces
hommes ayant subi des condamna-
tions et appelés sous les drapeaux pour
le service de l'armée de mer étant
« exclus ? de servir dans les rangs des
troupes sont affectés a* service des ar-
senaux. ",
.*.
Or les préfets maritimes et les com-
mandants de nos escadres n'ont
cessé de signaler le danger qui résulte,
en tous temps, de l'admission d'indivi-
dus suspects a bon droit dans les diver-
ses parties de nos ports militaires où ils
peuvent s'initier à certains détails de la
défense, et d'appeler l'attention du gou-
vernement sur les difficultés que créera,
en temps de guerre, à l'autorité mili-
taire le rassemblement des exclus d'ac-
tivité accru de tout le contingent de
mobilisation de la région. Il faut ajou-
ter qu'une discipline rigoureuse, indis-
pensable dans un tel milieu, ne pourra
être obtenue que par la constitution
d'un cadre de sous-officiers emprunté
à l'armée active, au préjudice du service
général.
D'un autre coté, il a été reconnu que
-- te contact des exclus avec les marins
des équipages de la flotte et les militai-
- res des corps de troupes exerçait sur
quelques uns de ceux-ci la plus funeste
influence.
Des mesures ont été prises pour évi-
ter,autant que possible,toutes relations,
entre les uns et les autres, mais, on con-
çoit qu'elles ne sauraient être efficaces
,tant que l'article 4 de la loi du 15 juil-
let 1889 n'aura pas été revisé, puisque
la marine est tenue par cet acte de les
utiliser dans les ports militaires,les seuls
parties du territoire français ou elle ait
une action propre à exercer.
D'un autre côté, le but du législateur
de 1889 a été d'astreindre les exclus de
l'armée à des travaux d'intérêt mili-
taire ou maritime, en compensation des
dangers et des fatigues qu'ils ne parta-
gent pas avec les hommes présents sous
les drapeaux et, en même temps, d'at-
ténuer ainsi les dépenses qu'ils occa-
sionnent. Or, sauf pour les manuten-
tions de vivres, de matériaux et de
charbons, insuffisantes pour occuper
tous les exclus, le ministre de la marine
ne peut, dans les conditions actuelles,
que les laisser inoccupés ou les affecter
à des travaux exigeant une habileté pro-
fessionnelle qu'ils ne possèdent ja-
mais.
**.
E* présence de cette situation, des
tentatives ont été faites en vue du pas-
sage de ce contingent au ministère des
colonies.Il y a peu de temps, ce minis-
tère qui, pour la mise en valeur des
territoires nouvellement conquis à la
France, semble désigné pour employer
cette jeune force de main-d'œuvre a
compris paraît-il qu'il y aurait intérêt
pour lui à souhaiter l'augmentation nu-
mérique de ses sections coloniales
d'exclus.
Une conversation a été engagée sur
ce point entre les deux départements
mais il n'y pas trace qu'elle ait conduit
à un résultat pratique appréciable. Il y.
a là cependant une question posée de-
puis la séparation du ministère des colo-
nies du ministère de la marine et qu'il
conviendrait de résoudre le plus tôt pos-
sible.
En même temps que cela apporterait
au service de l'armée une amélioration
sollicitée par tous, cela donnerait aux
colonies l'usage d une force qui a son
intérêt ; au point de vue moral dans ce
fait,il y avait à l'occupation de ces hom-
mes aux colonies un élément de relève-
ment que n'offre pas le Métropole.
Améliorés, ayant la faculté de refaire
une vie nouvelle, avec des avantages
particuliers, soustraits aux raisons qui
précédemment les avaient conduits à
des actions repréhensibles ils devien-
draient à l'extérieur des éléments utiles
à la prospérité coloniale..
★**
Il y a là un ensemble déconsidérations
qui concordent toutes a modifier une
situation également préjudiciable à tous
et il convient de demander que les dé-
partements ministériels intéressés se
jettent à l'oeuvre pour examiner cette
situation et réaliser une solution aujour-
d'hui nécesa
A- Gervais.
Nous publierons demain l'article
de M. Lucien Victor-Meanier.
L'ÉPURATION
On nous annonce un mou-
vement préfectoral pour un
jour très prochain. On nous
dit aussi qu'il sera des plus
importants, qu'il portera sur
plusieurs préfectures et sur
de nombreuses sous-préfec-
turès. Si le renseignement est exact, nous
n'avons qu'à approuver. Aucun républicain,
en effet, ne sera mécontent de voir rem-
placer par des hommes sûrs des fon:tion-
naires infidèles.
Il se passe, en ce moment, dans l'admi-
nistration des choses inquiétantes et aux-
quelles il faut couper court à bref délai, La
plupart des fonctionnaires ont déserté leur
devoir et passé à l'ennemi, se disant sans
doute que la République actuelle est bien
malade et qu'il est bon de donner des ga-
ges, en se mettant du côté du manche. Soit
du côté des officiers, soit du côté des civils,
fonctionnaires en uniforme ou en simple
tenue de pékin s'en donnent à cœur joie. A
peu près tous les chefs de service fulmi-
nent contre l'école de l'Etat, tombent à
bras raccourcis sur la « gueuse », révent
d'une restauration ou d'une république clé-
ricale.
Tout cela doit cesser, c'est évident. Et le
meilleur moyen de mettre les fonctionnai-
res à la raison cocsiste à frapper haut et
sans pitié. Les généraux qui combattent la
République ! en retraite ou en disponibilité.
Les préfets qui font la guerre aux républi-
cains et soutiennent les réactionnaires ! à la
porte sans compensation. Sous ce rapport,
le ministère n'a que l'embarras du choix.
Quelques actes de rigueur, à la condition
qu'ils soient accomplis à bon escient, pro-
duiront d'excellents effets. Vous verrez tout
de suite que notre innombrablearméed'em-
ployés de tous ordres, obligés de constater
que la République sait se défendre, s'em-
pressera par intérêt de la suivre avec un
peu plus de dévouement. Pour chacun
d'eux, la crainte de l'épuration sera le com-
mencement de la sagesse. Et on ne les en-
tendra peut-être plus crier avec Rochefort
et Drumont : « Vive Déroulède, à bas Lou-
bet. » Que diable ! c'est la République qui
les paye. — Ch. B.
———————————
POUR LES ENFANTS
La mortalité infantile. — Une excel-
lente mesure. — Précautions né-
cessaires.
Il y a huit jours, nous avons indiqué les
précautions que devaient prendre les mères de
famille pour éviter à leurs enfants les accidents
causés par la chaleur.
Hier, en publiant l'état sanitaire de la Ville
de Paris, nous faisions observer dans quelles
terribles proportions avait sévi la mortalité sur
les enfants en bas âge.
Très émuà son tour, le préfet de police a pris
l'initiative de frire apposer sur les murs des
monuments publics, des affiches rappelant les
recommandations nécessaires rédigées, sur sa
demande, par le Service des Epidémies.
1' Ne donner aux nourrissons que du lait stéri-
lisé ou au moins préalablement bouilli, et ce, à
intervalles réguliers ;
l' Ne faire usage que de biberons sans tubes ;
3- Veiller avec le plus grand soin à la propreté
absolue des vases, biberons et téterelles qui, après
chaque emploi, devront être passés dans l'eau
bouillante et conservés à l'abri des poussières ;
4' Faire bouillir, ou encore mieux lessiver tout
de suite, tous les linges souillés par les déjeo-
tions ;
5- Ne jamais donner de fruits aux enfants sevrés
n'ayant pas encore trois 'ms. Au-dessus de cet âge,
ne permettre aux enfants, d'une façon très modé-
rée, que des fruits bien mûrs, cuits de préférence ;
6* Si les enfants consomment des boissons fer-
mentées {vin, bière, cidre, etc.) on ne leur en don-
nera qu'aux repas, en petite quantité et addition-
nées d'eau bouillie ;
7- Eviter avec soin tout refroidissement, princi-
palement au ventre ;
8* Appeler sans délai un médecin dès qu'un
jeune enfant a des selles fréquentes, surtout si
elles sont décolorées ou Yerditres.
Si ces précautions sont observées, la morta-
lité infantile ne peut manquer-de diminuer
beaucoup.
LES ASSOCIATIONS DE PRESSE
L'ordre du jour et l'emploi du temps du congrès
international des associations de presse a été réglé
de la façon suivante :
Dimanche 29 juillet, au pavillon de la presse
de deux à quatre heures, distribution des car-
tes ; à neuf heures, réception des membres du
congrès, lunch.
Lundi, dans la grande salle de la Sorbonne,
à cinq heures, inauguration du congrès par le
Président de la République.
Les séances du congrès auront lieu au pavil-
lon de la presse les mardi 31 juillet, les mer-
credi tu et jeudi 2 août, h neuf heures et de-
mie du matin et à deux heures du soir.
Le mardi 31 juillet, à l'Hôtel de Ville, la
grande soirée des Lettres. : concert et bal.
Le mercredi 1" août, à dix heures, soirée of-
ferte par M. Waldeck-Rousseau.
Le jeudi 2 août, à cinq heures, réception à
l'Hôtel de Ville des membres du congrès. Le
soir, à sept heures et demie, banquet offert aux
membres du congrès par la presse française
dans la grande serre de la Ville de Paris. A
dix heures et demie, réception par M. le mi-
nistre des travaux publics.
Le 3 août, excursion à Compiègne, Pierre-
fonds et Chantilly ; fête de nuit à l'Exposition;
à dix heures du soir, réception chez M. Des-
chanel.
Le samedi, 4 août, visite des palais de l'Ex-
position dans la matinée ; five o'clock au minis-
tère du commerce.
Le 5 août, le matin, visite rue des Nations ;
fête de jour donnée è l'Elysée par le Président
de la République.
Le lundi, 6 août, visite au Trocadéfo et lunch
au pavillon de la presse coloniale ; l'après-
midi, au Champ-de-Mar. et à l'hôpital inter-
national de Paris.
Le mardi, 7 août. visite de Versailles ; à
midi, déjeuner officiel par M. Jean Dupuy, mi-
nistre de l'agriculture.
Le mercredi, 8 août, visite de Paris-souter-
rain et de la manufacture de Sèvres. 1
"Le Jeudi, 9 août, matinée de gala à là Corné-
die-Françaiso, sous la présidence du ministre
de l'instruction publique. '1
Nous d'avons pas besoin d'appolol l'attention
SUjT.riEDporlWlM ÇÇDgfèfc
PARIS SANS EAU ¡
SOURCES INUTILISÉES
L'initiative privée. - Le public se
substitue à la Compagnie. — Les
sources de Paris. — De l'eau de
source jetée à l'égout. — Le «re-
garda de la Lanterne. — Qui
faut-il croire ? — La Seine
infectée. — Les pompiers
sans eau. — Appréciations
contradictoires.
L'administration des eaux a trouvé un argu-
ment « passe-partout » : chaque fois que les
quostions se font trop pressantes, elle répond
qu'elle ne peut fournir aux Parisiens que l'eau
dont elle peut disposer.
Cette calinotade ne peut en rien excuser l'im-
prévoyance de l'administration des eaux.
Il y a là tout un service d'ingénieurs, de di-
recteurs et autres fonctionnaires qui peuvent,
grâce à la suffisance de leurs appointements,
soutenir avec une dignité sereine la suffisance
de leur attitude et s'alimenter. d'eau miné-
rale.
Aujourd'hui la disette est venue. Au lieu
d'attendre que les écluses du ciel tirent les in-
génieurs du mauvais pas où les a conduits leur
légèreté et leur imprévoyance, le service des
eaux n'a qu'à trouver de l'eau, et pour cela, il
n'est besoin que d'utiliser les réservoirs natu-
rels qui se trouvent à Paris au lieu de laisser
les eaux de certaines sources très abondantes,
se perdre inutilement dans les égouts.
Nous allons le montrer.
LES SOURCES DU NORD
Sur l'un des points culminants de la rue de
Belleville, à la hauteur du n* 213, se trouve
une bizarre construction : une rotonde qui
pourrait avoir été édifiée par les Grecs, par les
Maures, ou par les architectes romans. La cou-
pole est surmontée d'un fortin qui a dû abriter
jadis la cloche d'un veilleur. Cet anachronisme
de pierre date de Henry IV, autant qu'on peut
en juger par l'inscription gravée au-dessus de
la porte basse qui en ouvre l'accès. Une partie
seule de cette inscription a résisté à l'action
du temps : « Regard. de la Lanterne. »
M. Wormser, propriétaire des immeubles
bâtis à l'entour nous guide ; les armatures de
fer qui scellent l'huis de cette «mosquée»,
nous rappellent certains motifs en fer remar-
qués dans les ruines du château de Coucy.
C'est là le « regard » des sources du Nord.
A l'intérieur, un escalier de pierre, à double
révolution, descend vers deux étages souter-
rains; à huit ou dix mètres de profondeur, se
trouve un bassin circulaire où l'eau jaillit avec
une puissance de débit extraordinaire, Par une
canalisation de pierre, toute la nappe liquide
va se déverser en torrent dans le collecteur de
Belleville.
De Romainville à Belleville
M. Wickerscheimer, ingénieur en chef des
carrières, nous a indiqué les grandes lignes de
la topographie du sous-sol dans cette région
de Paris ; avec les explications complémen-
taires de M. Wormser, il nous est aisé de
reconstituer l'hydrographie des terrains où les
sources du nord cheminent avant d'aboutir
ici
Il y a trois siècles, ce quartier si populeux
de Belleville, était. la forêt de Romainville,
et le point où nous arrêtons nos investigations
était un rendez-vous de chasse avec cabaret,
auberge et fontaine.
Malgré les transformations subies par le ie-
lief du sol, « les sources du Nord » n'ont ja-
mais tari. Elles nous viennent donc, en toute
certitude, du plateau de Romainville, après
avoir traversé en siphon les terrains calcaires
où les champignonnistes de Pantin cultivent le
succulent cryptogame. L'eau des « sources du
Nord », est donc vraisemblablement chargée
de calcaires qui la rendent impropre à certains
usages, mais ne nuisent en rien à ses qualités
de comestibilité. De plus, cette eau, est cer-
tainement très fraîche et très pure en raison
de la profondeur du sol où gisent leur réser-
voir et la canalisation naturelle d'adduction
vers les hauteurs de Belleville.
L'Administration gaspille l'eau
Et toute cette eau est gaspillée en pure perte,
alors qu'elle pourrait suffire à alimenter un
quartier peut-être.
Par intervalles, la Compagnie des eaux en-
voie des employés visiter les « sources du Nord,
pour vérifier le bon fonctionnement des appa-
reils destinés à distribuer dans les égouts tout
le précieux liquide. -'
En autre temps, la porte reste hermétique-
ment close, et -ce n'est. qu'en collant notre
oreille à la serrure que nous avons pu enten-
dre bouillonner, à huit mètres de profondeur,
le torrent liquide que la nature compatissante
met à notre disposition.
Mieux encore : nul n'a le droit d'utiliser cette
eau pour sa comsommation, mais l'administra-
tion, en bon économe, renouvelle le paysan
qui, selon le fabuliste, louait l'ombre de son
âne. et aux 150 pu 200 riverains de cette ri-
vière souterraine, elle fait payer une taxe an-
nuelle de un franc « pour droit de tolé-
rance ».
Il est révoltant de voir quelle incurie préside
à l'administration des eaux de Paris. Les sour-
ces du « Nord » ne sont pas en effet les seules
qui jaillissent sur le sol de la cité, nous en ré-
vèlerons d'autres qu'il serait infiniment plus
sage et moins dispendieux d'exploiter, au lieu
d'entrevoir l'adduction à Paris du Léman ou du
lac Baikal.
Cependant, la rue de Belleville est infectée
par les miasmes malsains d'alentour, où l'eau
n'est pas sur l'évier ; en effet, la Compagnie
des eaux sait tirer bon profit des situations.
des fontaines et des détresses publiques, et
elle se fait plus de gloire d'encaisser 15 mil-
lions de bénéfices par an que d'empêcher les
Parisiens de mourir de la soif.
LE SERVICE D'INCENDIE
Au cours de ses délibérations, la sixième
commission municipale a estimé que : « les
services publics d'incendie et de voirie sont
amplement assurés.
En présence de cette affirmation, plaçons les
déclarations de deux personnalités compètes :
De M. Gérard, chef du service des mesures
de sécurité contre l'incendie, à la préfecture de
police :
Vous me demandez si le réservoir d'eau de
souree comporte, comme pour la canalisation, une
réserve indépendante pour les incendies avec pres-
sion toujours constante. Ma fol non, le réservoir
d'eau de source alimente indistinctement les ca-
naux de la Ville et les canaux à incendies, de sorte
que, s'il n'y a pas de pression pour les étages supé-
rieurs de certaines maisons, c'est qu'il n'y a pas
non plus de pression pour les pompes.
Du capitaine Quesnet, président de la fédéra-
tion des officiers et sous-officiers des sapeurs-
pompiers :
Nous manquons d'eau ! c'est vrai ! C'est honteux !
Voyez ce qui se passe pour le tout à l'égout; c'est
la même chose.
Et pourtant, dansune ville comme Paris, devrait-
on manquer d'eau ? C'est bon pour la province, où
soient tout est à faire, mais dans la capitale du
monde, qui va bientot réunir dans le congrès orga-
nisé par mes soins, près de quinze mille pompiers
de toutes les nations du monde civilisé, cela ne de-
vrait pas exister.
Rappelons pour mémoire les récents incen-
dies de la rue de Belleville, de la r."i n.f
des et du quai Debillv où l'eau faisait com-
plètement défaut. -
.Sa&S commentaires.
Ce que disent les ingénieurs
M. Bechmann, à la sixième commission mu-
nicipale, a démontré « preuves en mains » ainsi
que nous le disions hier, que Paris ne manque-
rait jamais d'eau de source, c'est lui du moins
qui nous l'assure.
Et il ajoute :
On devra bien reconnaître que la direction des
eaux n'est pas si coupable qu'on veut bien le
dire !
Un autre ingénieur, après avoir attribué la
disette d'eau au « gaspillage » des consomma-
teurs, démontre en ces termes que l'Adminis-
tration des eaux n'est en aucune façon respon-
sable de l'infection de la Seine :
L'empoisonnement de la Seine est dû à la négli-
gence des riverains de banlieue qui n'observent
pas les règlements que, du reste, l'administration
ne se décidera jamais à faire appliquer.
Je veux parler de l'épuration des eaux que les
usiniers déversent dans le fleuve sans, les épurer
préalablement, ainsi qu'ils devraient le faire.
Cela S3 pratique à Choisy-le-Roi, à Chatou, Su-
resnes, Puteaux, Saint-Denis, foyer d'infection
grâce à sa petite rivière le Croult, qui à elle seule
suffirait à contaminer la Seine. Tant que les pro-
priétaires riverains ne se décideront pas, ou plutôt
ne seront pas mis en demeure d'appliquer les sys-
tèmes d'épuration par les champs d'épandage adop-
tés par la ville de Paris, le mal sera sans remède.
Et comme on ne peut discuter que des chiffres,
je vous dirai que si Paris déverse parfois 30,000
mètres cubes d'eaux d'égoûts, la banlieue en jette
continuellemsnt 3 ou 400,000 mètres cubes.
Et ce sont les usiniers qui nous empoisonnent
qui crient le plus fort.
Cet ingénieur déclare en outre, avec une
parfaite assurance :
Nous avons fait tout ce que nous devions, tout
ce que nous pouvions.
Du reste, vous verrez bientôt si nos services ne
sont pas supérieurs à ceux de l'étranger et si, à
Londres ou dans d'autres grandes capitales, on ne
sera pas pris au dépourvu plus tôt qu'à Paris.
Cet ingénieur altère la vérité — sciemment
ou inconsciemment. On sait que les capitales
d'Europe sont aussi bien servies par leurs ad-
ministrations des eaux que nous, et si la disette
se fait sentir à Berlin, à Londres ou à Vienne
— moins qu'ici, — ces capitales n'ont pas
« gaspillé » autant de millions que nous pour
leur service des eaux.
Voir à la 3* page
LES DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
LE MONUMENT DE LAVOISIER
Place de la Madeleine. —Inauguration
solennelle. — Discours.
Une statue de plus dans Paris, — nous
l'avons annoncé hier — rend au grand chimiste
Lavoisier le juste hommage d'un siècle qui doit
tout aux découvertes de ce savant. Juste en
face de la maison qu'habitait Lavoisier, place
de la Madeleine, derrière l'église, le monument
dû au sculpteur Barrias a été solennellement
inauguré hier par le ministre de l'instruction
publique. Assistaient en outre à la cérémonie :
MM. Henry Roujon, directeur des beaux-arts;
de Selves, préfet de la Seine ; Moissan, mem-
bre de l'Institut, et la plupart des membres de
l'Académie des sciences dans leur costume offi-
ciel ; Barrias, auteur du monument Etienne
Dejean, chef de cabinet du ministre de l'ins-
truction publique ; Lépine, enfin tous les mem-
bres du congrès de chimie qui occupaient une
vaste estadre tendue de draperies rouges et
heureusement décorée. Plusieurs couronnes
avaient été déposées au pied de la statue par
les délégations des sociétés savantes atrangêres.
M. Berthelot, présidentdu Comité, qui devait
prononcer le premier discours, ayant été em-
pêché.. c'est M. Darboux, doyen de la Faculté
des sciences qui a donnélecture de ce discours.
Puis, M. Moissan, secrétaire, a remis la
statue à la Ville, au nom de laquelle M. de
Selves, préfet ds la Seine, a remercié les sous-
cripteurs et le Comité.
Discours du ministre
Enfin, M. Georges Leygues, représentant le
gouvernement, a pris la parole et montré La-
voisier philosophe.
M. Leygues dit comment Lavoisier fit les
plus admirables efforts pour donner au peuple
une forte éducation nationale. Son plan, tracé
dans les Réflexions sur l'instruction publique,
présentées à la Convention, est un chef-d'œu-
vre de clarté et de logique, Et M. Leygues
termine en ces termes :
Philosophe et philantrope, Lavoisier ne pouvait
être que favorable à la Révolution. Il en avait
senti la grandeur, les aspiratious généreuses et
l'irrésistible élan. Il ne lui ménagea ni ses encou-
ragements, ni son concours.
Il semblait qUI tous les honneurs nationaux lui
fussent réservés, dt, cependant anveloppé tout à
coup par la tourmente révolutionnaire, impliqué
dans le procès des fermiers généraux, il eut la tête
tranchée. La France, en proie à la guerre civile et
à la guerre étrangère, comme l'Ajax de la tragédie
antique, frappait dans les ténèbres peuplées de
fantômes.
Heureusement la force invincible des choses finit
toujours par triompher. Les institutions scientifi-
ques, qui semblaient avoir disparu pour jamais
avec Lavoisière, se relevèrent bientôt, et, vivifiées
et rajeunies par la souffle puissant de la Révolu-
tion, elles refleurirent dans notre glorieux Institut
de France. Chez nous, les droits de la pensée sont
imprescriptibles. Rien ne peut prévaloir contre
eux.
Ce discours a été coupé de vifa applaudisse-
ments. .-
La cérémonie a aussitôt après pris au, sans
le moindre incident.
» ——
LE SHAH DE PERSE A PARIS
C'est aujourd'hui, à 3 heures et quart de
l'après-midi, que le Shah de Perse débarquera
à la gare du Nord.
Il sera reçu officiellement, ainsi que nous
l'avons dit, par le Président de la République,
les présidents du Sénat et de la Chambre et les
membres du gouvernement.
M. Emile Loubet a désigné le général Parent
et le lieutenant-colonel Sylvestre, de sa maison
militaire, pour aller recevoir le souverain à son
arrivée à la frontière française.
De son côté, le ministre de la guerre a délé-
gué quatre officiers de son cabinet.
M. le colonel Silvestre, de la maison mili-
taire de l'Elysée, sera attaché à la personne du
shah de Perse pendant le séjour de ce souverain
à Paris.
Le cérémonial suivi ponr le shah de Perse
sera adopté comme règle par le protocole à
l'égard de tous les souverains qui viendront
nous visiter pendant le durée de l'Exposition.
Vienne (Autriche), 27 juillet.
On annonce ici que le Shah de Perse arrivera
probablement à Vienne vers le 20 septembre et
s'y arrêtera trois jours. De Vienne, il fera une
excursion de deux jours à Budapest et partira
de là directement pour Rome afin de rendre
visite à la Go.ur d'UftUf.
-L JERRE EN CHINE
Mesures prises par M. Delcassé. -
Situation troublée à Canton. -
Européens massacrés.
EN FRANCE
Au conseil des ministres
Les ministres se sont riuni., ce matin. à
l'Elysée, sous la présidence 4e M. Loubet.
Le ministre des affaires étrangères a entre-
tenu le conseil des affaires de Chine.
Il a donné connaissance des renseignements
que, sur sa demande, nos consuls lui ont
adressés, concernant le nombre des Français
établis dans la ville de leur résidence et dans
leur circonscription. Pleins pouvoirs ont été
donnés à nos consuls pour prendre toutes les
mesures que pourrait réclamer, à un moment
donné, la protection de nos compatriotes. Au
fur et à mesure de l'arrivée à Takou des deux
divisions de grands croiseurs et des bâtiments
légers, canonnières et avisos, qui ont été en-
voyés pour renforcer notre escadre d'Extrême-
Orient, le commandant en chef en pourra
détacher, suivant les besoins, dans les diffé-
rents ports de la Chine.
Le ministre des affaires étrangères a an-
noncé que l'emplacement de notre dépôt de
charbon à Mascate est choisi. Un transport
vient de partir pour Mascate avec un charge-
ment de charbon.
La vente des armes
Le Jouraal officiel publie un décret qui
prohibe et règlemente jusqu'à nouvel ordre la
sortie de France des armes de guerre.
L'article 1" dit : Est prohibée jusqu'à nouvel
ordre la sortie de France, d'Algérie, des colo-
nies françaises et pays de protectorat, de toutes
les armes de guerre, pièces d'armes de guerre
finies et munitions de guerre à destination de
la Chine et des pays limitrophes.
Les sept articles suivants, sont relatifs aux
détails d'exécution de cette mesure.
Le décret signé d'abord par M. Loubet, l'est
aussi par le général André, MM. Millerand,
J. Caillaux, Delcassé et WaldeckRousseau.
EN CHINE
Les légations
On mande de Shanghaï au Daily Express :
On commence à croire que les représentants
des puissances auxquelles la Chine a fait appel
ont survécu aux massacres.
Le Daily Mail, publie le télégramme sui-
vant :
Shanghai, 27 juillet.
On vient de recevoir ici, une lettre de sir
Claude Mac Donald, datée de Pékin, 6 juillet,
dans laquelle il dit :
« Nous ne recevons aucune assistance des
autorités.
« Trois légations y compris la légation bri-
tannique sont encore debout.
« Nous occupons aussi une partie des murs
de la ville,
« Les Chinois nous cannonentde la ville avec
un canon de trois pouces.
a Quelques autres pièces plus petites tirent
sur nous par intermittence.
« Nous pouvons être anéantis à tout mo-
ment.
1 Les munitions et les vivres sont rares.
« Nous aurions déjà péris, mais les Chinois
sont lâches et ils n'ont pas de plan d'attaque
organisé.
« Si nous ne sommes pas trop pressés, nous
pourrons tenir encore une quinzaine de
jours ; dans le cas contraire, quatre jours au
plus.
« Je pense qu'on n'opposera qu'une légère ré-
sistance aux troupes de secours. »
Les pertes des étrangers à Pékin à la date du
6, étaient de 40 tués et 80 blessés.
Les journaux de Londres publient la dépêche
suivante :
Shanghaï, 26 juillet.
Les Chinois disent maintenant que les troupes
du général Yong-Lu escortent àTien-Tsinlessar-
vivants du corps diplomatique.
On annonce aussi que la moitié des étrangers
de Pékin ont été tués, blessés, ou sont morts de
privations.
On télégraphie de Tien-Tsin. le 27 juillet :
« Il est arrivé aujourd'hui, chez un fonc-
tionnaire de là douane de Tien-Tsin, un mes-
sager parti de Pékin le 16 juillet, qui a an-
noncé que les soldats du prince Tching avaient
combattu les troupes du général Toung, mais
avaient essuyé une défaite, et que les étran-
gers se défendaient dans la cathédrale du Nord,
près de la ville interdite. »
Le ministre des affaires étrangères de Belgi-
que communique la dépêche suivante de Tien-
Tsin, émanant du vice-consul de Belgique, M.
Ketel., réexpédie de Che-Fou le 24 et de
Shanghaï le 25 juillet.
Le ministre d'Angleterre a écrit aux consuls,
le 14 juillet, qu'ils en étaient réduits à manger
du cheval et qu'ils pouvaient résister encore
dix jours.
Le domestique du ministre d'Allemagne a
quitté Pékin le 9 juillet, il dit que la légation
d'Angleterre est seulement attaquée la nuit, il
croit que les miuistres à Pékin pourront résis-
ter encore s'ils ont des munitions.
Cette dépêche est signée : Ketels,
Le même ministre a communiqué une autre
dépêche ainsi conçue :
M. Katels, vice-consul de Belgique à Tien-
Tsin, envoie la dépêche suivante, portant la
date de Tien-Tsin, vid Shaogbaï, 27 juil-
let :
Environ 10.000 soldats chinois se fortifient
à Peo-Tsang, à 14 kilomètres de Tien-Tsin.
Le bruit court ici avec persistance que les
ministres sont sains et saufs sous la protection
du gouvernement chinois.
Signé: KUILSt
A Tien-Tsin
Les journaux publient la dépêche suivante
de Tien-Tsin, sans date, via Shanghai 26 juil-
let:
Un Instructeur d'artillerie étranger qui vient
d'arriver des forts de Kiung--Hien, dit que
le général chinois qui commande ces forts
a donné l'ordre formel à ses troupes de ne
pas tirer, à moins que les étrangers n'atta-
quent,
La discipline la plus étroite règne parmi le
soldats chinois, qui sont décapités jpour la plus
légère faute.
On assure que les troupes alliées se trouvent
dépourvues d'information s sur les mouvements
de l'ennemi.
La faiblesse du servieedes renseignements est
extraordinaire.
A Canton
Le correspondant du Daily Telegraph à Can-
ton envoie à son journal la traduction d'un pla-
card que l'on répand & profusion dans le cen-
tre de la ville et dans les districts environ-
nants.
Il est dit, dans ce placard, que des dizaines
de milliers de convertis indigènes ont été tués
dans le Nord et que les soldats de tout les pays
du monde ont été impuissants à les protéger ;
que les miuions, les églises ont été détruites ;
que les consuls étrangers et toutes les troupes
barbares ont été massacrés comme des poulets
et des chiens.
Les chétions indieèaw (Q^ iûtorm^ qu'il!
doivent fuir pendant qu'il en est temps en*
core.
D'après une lettre privée de Canton, il trans-
pire que la Société des Triades va tenter une
attaque de nuit sur Shameen et les faukourgs
de Canton, mais on ne sait pas quel jour. On
croit que le premier signal en sera donné par
la fuite des serviteurs indigènes.
La malaise augmente à Canton, mais tout
parait tranquille.
Un Chinois arrêté le 8 juillet,sous l'inculpa-
tion de détention d'armes, a comparu à Hong-
Kong. Il est accusé d'être membre de la So-
ciété des Triades. Il ressort de l'instruction que
le prisonnier commandait en second les Triades
des deux Kouangs ; son quartier général se
trouvait à Say-Kong, dans le nouveau terri-
toire. Depuis quelque temps, il enrôlait de nou-
veaux adeptes.
Parmi les insignes trouvés en sa possession,
il y en a qui s'appliquent aux plus hauts grades
de la Société.
Etant donné que les Boxers ne sont qu'une
section de la Société des Triades, cette arresta-
tion est considérée comme de la plus haute im-
portance.
Les machinations des Triades se repandent
dans toutes les provinces méridionales ; leur
but est clairement anti-mandchou et anti-
étranger.
De nombreux soldats de la garnison de Can-
ton sont connus comme faisant partie de la
Société.
A Shanghaï
On télégraphie de Shanghaï au Daily Exprell,
à la date de jeudi, que l'amiral Seymour est
arrivé.
Le correspondant du Daily Express à Shan-
ghai croit que l'arrivée de l'amiral Seymour
dans II Yaag-Tsé sera sans doute suivie d'une
démonstration navale.
La flottille de l'amiral Seymour est compo-
sée du Centurion, du Barfleur, de V Aurore et
du Bonaenture.
Les massacres
D'après un télégramme du consul généra-
français à Shanghaï, en date du 25 juillet,
deux chrétientés auraient été saccagées au Tzé-
Tchouen et les établissements des Lazaristes à
Yao-Tchéou-Fou, dans le Kiang Si, auraient
été incendiés.
Notre consul à Han-Kéou, confirmant à la
même date ces événements, ajoute que le vice-
roi a pris spontanément des mesures pour ré-
tablir l'ordre.
On télégraphie de Hong-Kong au Daily Ex-
press :
Un prêtre italien est arrivé ici, venant de
Hen-Sien-Fou, dans le Hunan.
Il raconte que l'évêque et trois prêtres des
missions italiennes ont été massacrés, le 4
juillet, après avoir subi les tortures les plus ré-
voltantes.
Les Boxers ont massacré ensuite 6 à 700 con-
vertis indigènes.
Six prêtres ont réussi à s'échapper. On croit
qu'ils se cachent dans la montagne, à moins
qu'ils n'aient été repris et massacrés.
Le correspondant du Daily Express à Shan-
ghaï dit que le consulat britannique a été in-
formé du massacre de deux missionnaires an-
glais à Rsiaoi, dans le nord du Chah-Si. On
signale aussi des massacres à Pao-Ting-
Fou.
Le débarquement des Japonais
Le correspondant du Daily Mail à Shan-
ghaï, dit qu'on annonce de Moukden, que
15,000 Japonais ont débarqué le 22 à Chan-
Haï-Kouan.
Les Chinois n'ont opposé qu'une faible résis-
tance.
Dans l'ile de Haï-Nan
D'après une dépêche de Hong-Kong au Times
leà Européens quitttent l'Ile de Haï-Nan.
Le correspondant du Daity Express à Hong-
Kong dit qu'on attend, d'un moment à l'autre.
la nouvelle d'un massacre général à Haï-Nan.
A L'ÉTRANGER
La Chine et l'Angleterre
Le Daily Graphie dit que le ministre do
Chine a remis samedi dernier au Foreing-
Office une longue dépêche dans laquelle l'em-
pereur de Chine sollicite les bons offices de
l'Angleterre en vue du rétablissement de la
paix.
Le gouvernement n'a pas encore répondu à
cette dépêche, dont les termes sont identiques
à celles qui ont été envoyées à la France et aux
Etats-Unis.
+
LE VOYAGE DE 1. DE LANESSAN
L'arrivée à Brest. — A bord du
c Brennus ». — Les délégations.
— Une visite dans l'arae-
nal. — L'après-midi.
(De notre correspondant particulier)
• Brest, 27 juilet.
Le ministre de la marine est arrivé à Brest
ce matin par l'express de 9 h. 45. Il était
accompagné de Mme de Lanessan et do M.
Juttet, chef de son secrétariat. Il a été reçû à
la gare par les amiraux Barrera, préfet mari-
time à Brest, de Maigr,t, préfet maritime à
Cherbourg, Menard, commandant de l'escadre
du Nord, Verne, sous-préfet, Berger, maire, et
ses adjoints, le capitaine de vaisseau, Borel de
Bretizel. chef d'état-major de l'amiral Four.
nier, Delobeau, sénateur, et Isnard, député.
Le cortège ministériel a pris place dans cinq
voitures pour se rendre à la préfecture par les
avenues et la rue de Siam. La foule considéra-
ble, massée sur le passage du cortège, a poussé
des cris de : Vive la République 1 Vive le mi-
nistre r
A la préfecture maritime
A dix heures un quart, le ministre a reçu à
la préfecture M. Collignon, préfet du Finistère,
et M. Verne, sous-préfet de Brest. L'amiral
Barréra lui a présenté ensuite les généraux
Larnac et Chevalier, l'amiral de Barbeyrac,
chef d état-major, et les chefs du seryiee du
port, disant que c'étaient ses collaborateurs
immédiats et que c'était grâce à eux que le port
de Brest fait de nouveaux progrès tous les
jours.
Le ministre a serré la main à chacun et a
eu un mot aimable pour tous. Il s'entretient
particulièrement avec M. Auffret, directeur
du service de santé, au sujet d'un traité re-
marquable sur la tuberculose fait par le dire,
tour.
Le ministre, s'adressant à tous, dit : « De-
puis un an j'ai été assez heureux fpour réaliser
quelques réformes ». Il parle des décrets sur
les arsenaux, sur le personnel des dessinateurs
et sur les maîtres.
M. Berger, maire, présente le conseil muni-
cipal, et dit que la ville de Brest est liée a la
marine par le cœur et les intérêts. Il remercie
le ministre de ce qu'il a fait pour les ouvriers
du port et l'entretient du bassin de radoub.
Le ministre, parlant des escadres, dit qu'il
croit qu'il faudra continuer à les réunir tous
les ans, soit dans le Nord, soit ailleurs.
M, Marfille, président, présente ensuite la
chambre de commerce et entretient le ministre
du bassin de radoub. Il le remercie de ce qu'il
a fait pour faire aboutir la construction.
M. bnard, député, présente ensuite une
délégation des ouyriçri du port. ensuite une
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NOS LEADERS
Les exclusje l'armée
Un certain nombre d'incidents ont,
il y a quelque temps, attiré l'attention
sur une catégorie spéciale d'hommes
au service et que la loi désigne sous le
nom d'exclus de l'armée. Aux termes
de la loi du 15 juillet 1889, ces
hommes ayant subi des condamna-
tions et appelés sous les drapeaux pour
le service de l'armée de mer étant
« exclus ? de servir dans les rangs des
troupes sont affectés a* service des ar-
senaux. ",
.*.
Or les préfets maritimes et les com-
mandants de nos escadres n'ont
cessé de signaler le danger qui résulte,
en tous temps, de l'admission d'indivi-
dus suspects a bon droit dans les diver-
ses parties de nos ports militaires où ils
peuvent s'initier à certains détails de la
défense, et d'appeler l'attention du gou-
vernement sur les difficultés que créera,
en temps de guerre, à l'autorité mili-
taire le rassemblement des exclus d'ac-
tivité accru de tout le contingent de
mobilisation de la région. Il faut ajou-
ter qu'une discipline rigoureuse, indis-
pensable dans un tel milieu, ne pourra
être obtenue que par la constitution
d'un cadre de sous-officiers emprunté
à l'armée active, au préjudice du service
général.
D'un autre coté, il a été reconnu que
-- te contact des exclus avec les marins
des équipages de la flotte et les militai-
- res des corps de troupes exerçait sur
quelques uns de ceux-ci la plus funeste
influence.
Des mesures ont été prises pour évi-
ter,autant que possible,toutes relations,
entre les uns et les autres, mais, on con-
çoit qu'elles ne sauraient être efficaces
,tant que l'article 4 de la loi du 15 juil-
let 1889 n'aura pas été revisé, puisque
la marine est tenue par cet acte de les
utiliser dans les ports militaires,les seuls
parties du territoire français ou elle ait
une action propre à exercer.
D'un autre côté, le but du législateur
de 1889 a été d'astreindre les exclus de
l'armée à des travaux d'intérêt mili-
taire ou maritime, en compensation des
dangers et des fatigues qu'ils ne parta-
gent pas avec les hommes présents sous
les drapeaux et, en même temps, d'at-
ténuer ainsi les dépenses qu'ils occa-
sionnent. Or, sauf pour les manuten-
tions de vivres, de matériaux et de
charbons, insuffisantes pour occuper
tous les exclus, le ministre de la marine
ne peut, dans les conditions actuelles,
que les laisser inoccupés ou les affecter
à des travaux exigeant une habileté pro-
fessionnelle qu'ils ne possèdent ja-
mais.
**.
E* présence de cette situation, des
tentatives ont été faites en vue du pas-
sage de ce contingent au ministère des
colonies.Il y a peu de temps, ce minis-
tère qui, pour la mise en valeur des
territoires nouvellement conquis à la
France, semble désigné pour employer
cette jeune force de main-d'œuvre a
compris paraît-il qu'il y aurait intérêt
pour lui à souhaiter l'augmentation nu-
mérique de ses sections coloniales
d'exclus.
Une conversation a été engagée sur
ce point entre les deux départements
mais il n'y pas trace qu'elle ait conduit
à un résultat pratique appréciable. Il y.
a là cependant une question posée de-
puis la séparation du ministère des colo-
nies du ministère de la marine et qu'il
conviendrait de résoudre le plus tôt pos-
sible.
En même temps que cela apporterait
au service de l'armée une amélioration
sollicitée par tous, cela donnerait aux
colonies l'usage d une force qui a son
intérêt ; au point de vue moral dans ce
fait,il y avait à l'occupation de ces hom-
mes aux colonies un élément de relève-
ment que n'offre pas le Métropole.
Améliorés, ayant la faculté de refaire
une vie nouvelle, avec des avantages
particuliers, soustraits aux raisons qui
précédemment les avaient conduits à
des actions repréhensibles ils devien-
draient à l'extérieur des éléments utiles
à la prospérité coloniale..
★**
Il y a là un ensemble déconsidérations
qui concordent toutes a modifier une
situation également préjudiciable à tous
et il convient de demander que les dé-
partements ministériels intéressés se
jettent à l'oeuvre pour examiner cette
situation et réaliser une solution aujour-
d'hui nécesa
A- Gervais.
Nous publierons demain l'article
de M. Lucien Victor-Meanier.
L'ÉPURATION
On nous annonce un mou-
vement préfectoral pour un
jour très prochain. On nous
dit aussi qu'il sera des plus
importants, qu'il portera sur
plusieurs préfectures et sur
de nombreuses sous-préfec-
turès. Si le renseignement est exact, nous
n'avons qu'à approuver. Aucun républicain,
en effet, ne sera mécontent de voir rem-
placer par des hommes sûrs des fon:tion-
naires infidèles.
Il se passe, en ce moment, dans l'admi-
nistration des choses inquiétantes et aux-
quelles il faut couper court à bref délai, La
plupart des fonctionnaires ont déserté leur
devoir et passé à l'ennemi, se disant sans
doute que la République actuelle est bien
malade et qu'il est bon de donner des ga-
ges, en se mettant du côté du manche. Soit
du côté des officiers, soit du côté des civils,
fonctionnaires en uniforme ou en simple
tenue de pékin s'en donnent à cœur joie. A
peu près tous les chefs de service fulmi-
nent contre l'école de l'Etat, tombent à
bras raccourcis sur la « gueuse », révent
d'une restauration ou d'une république clé-
ricale.
Tout cela doit cesser, c'est évident. Et le
meilleur moyen de mettre les fonctionnai-
res à la raison cocsiste à frapper haut et
sans pitié. Les généraux qui combattent la
République ! en retraite ou en disponibilité.
Les préfets qui font la guerre aux républi-
cains et soutiennent les réactionnaires ! à la
porte sans compensation. Sous ce rapport,
le ministère n'a que l'embarras du choix.
Quelques actes de rigueur, à la condition
qu'ils soient accomplis à bon escient, pro-
duiront d'excellents effets. Vous verrez tout
de suite que notre innombrablearméed'em-
ployés de tous ordres, obligés de constater
que la République sait se défendre, s'em-
pressera par intérêt de la suivre avec un
peu plus de dévouement. Pour chacun
d'eux, la crainte de l'épuration sera le com-
mencement de la sagesse. Et on ne les en-
tendra peut-être plus crier avec Rochefort
et Drumont : « Vive Déroulède, à bas Lou-
bet. » Que diable ! c'est la République qui
les paye. — Ch. B.
———————————
POUR LES ENFANTS
La mortalité infantile. — Une excel-
lente mesure. — Précautions né-
cessaires.
Il y a huit jours, nous avons indiqué les
précautions que devaient prendre les mères de
famille pour éviter à leurs enfants les accidents
causés par la chaleur.
Hier, en publiant l'état sanitaire de la Ville
de Paris, nous faisions observer dans quelles
terribles proportions avait sévi la mortalité sur
les enfants en bas âge.
Très émuà son tour, le préfet de police a pris
l'initiative de frire apposer sur les murs des
monuments publics, des affiches rappelant les
recommandations nécessaires rédigées, sur sa
demande, par le Service des Epidémies.
1' Ne donner aux nourrissons que du lait stéri-
lisé ou au moins préalablement bouilli, et ce, à
intervalles réguliers ;
l' Ne faire usage que de biberons sans tubes ;
3- Veiller avec le plus grand soin à la propreté
absolue des vases, biberons et téterelles qui, après
chaque emploi, devront être passés dans l'eau
bouillante et conservés à l'abri des poussières ;
4' Faire bouillir, ou encore mieux lessiver tout
de suite, tous les linges souillés par les déjeo-
tions ;
5- Ne jamais donner de fruits aux enfants sevrés
n'ayant pas encore trois 'ms. Au-dessus de cet âge,
ne permettre aux enfants, d'une façon très modé-
rée, que des fruits bien mûrs, cuits de préférence ;
6* Si les enfants consomment des boissons fer-
mentées {vin, bière, cidre, etc.) on ne leur en don-
nera qu'aux repas, en petite quantité et addition-
nées d'eau bouillie ;
7- Eviter avec soin tout refroidissement, princi-
palement au ventre ;
8* Appeler sans délai un médecin dès qu'un
jeune enfant a des selles fréquentes, surtout si
elles sont décolorées ou Yerditres.
Si ces précautions sont observées, la morta-
lité infantile ne peut manquer-de diminuer
beaucoup.
LES ASSOCIATIONS DE PRESSE
L'ordre du jour et l'emploi du temps du congrès
international des associations de presse a été réglé
de la façon suivante :
Dimanche 29 juillet, au pavillon de la presse
de deux à quatre heures, distribution des car-
tes ; à neuf heures, réception des membres du
congrès, lunch.
Lundi, dans la grande salle de la Sorbonne,
à cinq heures, inauguration du congrès par le
Président de la République.
Les séances du congrès auront lieu au pavil-
lon de la presse les mardi 31 juillet, les mer-
credi tu et jeudi 2 août, h neuf heures et de-
mie du matin et à deux heures du soir.
Le mardi 31 juillet, à l'Hôtel de Ville, la
grande soirée des Lettres. : concert et bal.
Le mercredi 1" août, à dix heures, soirée of-
ferte par M. Waldeck-Rousseau.
Le jeudi 2 août, à cinq heures, réception à
l'Hôtel de Ville des membres du congrès. Le
soir, à sept heures et demie, banquet offert aux
membres du congrès par la presse française
dans la grande serre de la Ville de Paris. A
dix heures et demie, réception par M. le mi-
nistre des travaux publics.
Le 3 août, excursion à Compiègne, Pierre-
fonds et Chantilly ; fête de nuit à l'Exposition;
à dix heures du soir, réception chez M. Des-
chanel.
Le samedi, 4 août, visite des palais de l'Ex-
position dans la matinée ; five o'clock au minis-
tère du commerce.
Le 5 août, le matin, visite rue des Nations ;
fête de jour donnée è l'Elysée par le Président
de la République.
Le lundi, 6 août, visite au Trocadéfo et lunch
au pavillon de la presse coloniale ; l'après-
midi, au Champ-de-Mar. et à l'hôpital inter-
national de Paris.
Le mardi, 7 août. visite de Versailles ; à
midi, déjeuner officiel par M. Jean Dupuy, mi-
nistre de l'agriculture.
Le mercredi, 8 août, visite de Paris-souter-
rain et de la manufacture de Sèvres. 1
"Le Jeudi, 9 août, matinée de gala à là Corné-
die-Françaiso, sous la présidence du ministre
de l'instruction publique. '1
Nous d'avons pas besoin d'appolol l'attention
SUjT.riEDporlWlM ÇÇDgfèfc
PARIS SANS EAU ¡
SOURCES INUTILISÉES
L'initiative privée. - Le public se
substitue à la Compagnie. — Les
sources de Paris. — De l'eau de
source jetée à l'égout. — Le «re-
garda de la Lanterne. — Qui
faut-il croire ? — La Seine
infectée. — Les pompiers
sans eau. — Appréciations
contradictoires.
L'administration des eaux a trouvé un argu-
ment « passe-partout » : chaque fois que les
quostions se font trop pressantes, elle répond
qu'elle ne peut fournir aux Parisiens que l'eau
dont elle peut disposer.
Cette calinotade ne peut en rien excuser l'im-
prévoyance de l'administration des eaux.
Il y a là tout un service d'ingénieurs, de di-
recteurs et autres fonctionnaires qui peuvent,
grâce à la suffisance de leurs appointements,
soutenir avec une dignité sereine la suffisance
de leur attitude et s'alimenter. d'eau miné-
rale.
Aujourd'hui la disette est venue. Au lieu
d'attendre que les écluses du ciel tirent les in-
génieurs du mauvais pas où les a conduits leur
légèreté et leur imprévoyance, le service des
eaux n'a qu'à trouver de l'eau, et pour cela, il
n'est besoin que d'utiliser les réservoirs natu-
rels qui se trouvent à Paris au lieu de laisser
les eaux de certaines sources très abondantes,
se perdre inutilement dans les égouts.
Nous allons le montrer.
LES SOURCES DU NORD
Sur l'un des points culminants de la rue de
Belleville, à la hauteur du n* 213, se trouve
une bizarre construction : une rotonde qui
pourrait avoir été édifiée par les Grecs, par les
Maures, ou par les architectes romans. La cou-
pole est surmontée d'un fortin qui a dû abriter
jadis la cloche d'un veilleur. Cet anachronisme
de pierre date de Henry IV, autant qu'on peut
en juger par l'inscription gravée au-dessus de
la porte basse qui en ouvre l'accès. Une partie
seule de cette inscription a résisté à l'action
du temps : « Regard. de la Lanterne. »
M. Wormser, propriétaire des immeubles
bâtis à l'entour nous guide ; les armatures de
fer qui scellent l'huis de cette «mosquée»,
nous rappellent certains motifs en fer remar-
qués dans les ruines du château de Coucy.
C'est là le « regard » des sources du Nord.
A l'intérieur, un escalier de pierre, à double
révolution, descend vers deux étages souter-
rains; à huit ou dix mètres de profondeur, se
trouve un bassin circulaire où l'eau jaillit avec
une puissance de débit extraordinaire, Par une
canalisation de pierre, toute la nappe liquide
va se déverser en torrent dans le collecteur de
Belleville.
De Romainville à Belleville
M. Wickerscheimer, ingénieur en chef des
carrières, nous a indiqué les grandes lignes de
la topographie du sous-sol dans cette région
de Paris ; avec les explications complémen-
taires de M. Wormser, il nous est aisé de
reconstituer l'hydrographie des terrains où les
sources du nord cheminent avant d'aboutir
ici
Il y a trois siècles, ce quartier si populeux
de Belleville, était. la forêt de Romainville,
et le point où nous arrêtons nos investigations
était un rendez-vous de chasse avec cabaret,
auberge et fontaine.
Malgré les transformations subies par le ie-
lief du sol, « les sources du Nord » n'ont ja-
mais tari. Elles nous viennent donc, en toute
certitude, du plateau de Romainville, après
avoir traversé en siphon les terrains calcaires
où les champignonnistes de Pantin cultivent le
succulent cryptogame. L'eau des « sources du
Nord », est donc vraisemblablement chargée
de calcaires qui la rendent impropre à certains
usages, mais ne nuisent en rien à ses qualités
de comestibilité. De plus, cette eau, est cer-
tainement très fraîche et très pure en raison
de la profondeur du sol où gisent leur réser-
voir et la canalisation naturelle d'adduction
vers les hauteurs de Belleville.
L'Administration gaspille l'eau
Et toute cette eau est gaspillée en pure perte,
alors qu'elle pourrait suffire à alimenter un
quartier peut-être.
Par intervalles, la Compagnie des eaux en-
voie des employés visiter les « sources du Nord,
pour vérifier le bon fonctionnement des appa-
reils destinés à distribuer dans les égouts tout
le précieux liquide. -'
En autre temps, la porte reste hermétique-
ment close, et -ce n'est. qu'en collant notre
oreille à la serrure que nous avons pu enten-
dre bouillonner, à huit mètres de profondeur,
le torrent liquide que la nature compatissante
met à notre disposition.
Mieux encore : nul n'a le droit d'utiliser cette
eau pour sa comsommation, mais l'administra-
tion, en bon économe, renouvelle le paysan
qui, selon le fabuliste, louait l'ombre de son
âne. et aux 150 pu 200 riverains de cette ri-
vière souterraine, elle fait payer une taxe an-
nuelle de un franc « pour droit de tolé-
rance ».
Il est révoltant de voir quelle incurie préside
à l'administration des eaux de Paris. Les sour-
ces du « Nord » ne sont pas en effet les seules
qui jaillissent sur le sol de la cité, nous en ré-
vèlerons d'autres qu'il serait infiniment plus
sage et moins dispendieux d'exploiter, au lieu
d'entrevoir l'adduction à Paris du Léman ou du
lac Baikal.
Cependant, la rue de Belleville est infectée
par les miasmes malsains d'alentour, où l'eau
n'est pas sur l'évier ; en effet, la Compagnie
des eaux sait tirer bon profit des situations.
des fontaines et des détresses publiques, et
elle se fait plus de gloire d'encaisser 15 mil-
lions de bénéfices par an que d'empêcher les
Parisiens de mourir de la soif.
LE SERVICE D'INCENDIE
Au cours de ses délibérations, la sixième
commission municipale a estimé que : « les
services publics d'incendie et de voirie sont
amplement assurés.
En présence de cette affirmation, plaçons les
déclarations de deux personnalités compètes :
De M. Gérard, chef du service des mesures
de sécurité contre l'incendie, à la préfecture de
police :
Vous me demandez si le réservoir d'eau de
souree comporte, comme pour la canalisation, une
réserve indépendante pour les incendies avec pres-
sion toujours constante. Ma fol non, le réservoir
d'eau de source alimente indistinctement les ca-
naux de la Ville et les canaux à incendies, de sorte
que, s'il n'y a pas de pression pour les étages supé-
rieurs de certaines maisons, c'est qu'il n'y a pas
non plus de pression pour les pompes.
Du capitaine Quesnet, président de la fédéra-
tion des officiers et sous-officiers des sapeurs-
pompiers :
Nous manquons d'eau ! c'est vrai ! C'est honteux !
Voyez ce qui se passe pour le tout à l'égout; c'est
la même chose.
Et pourtant, dansune ville comme Paris, devrait-
on manquer d'eau ? C'est bon pour la province, où
soient tout est à faire, mais dans la capitale du
monde, qui va bientot réunir dans le congrès orga-
nisé par mes soins, près de quinze mille pompiers
de toutes les nations du monde civilisé, cela ne de-
vrait pas exister.
Rappelons pour mémoire les récents incen-
dies de la rue de Belleville, de la r."i n.f
des et du quai Debillv où l'eau faisait com-
plètement défaut. -
.Sa&S commentaires.
Ce que disent les ingénieurs
M. Bechmann, à la sixième commission mu-
nicipale, a démontré « preuves en mains » ainsi
que nous le disions hier, que Paris ne manque-
rait jamais d'eau de source, c'est lui du moins
qui nous l'assure.
Et il ajoute :
On devra bien reconnaître que la direction des
eaux n'est pas si coupable qu'on veut bien le
dire !
Un autre ingénieur, après avoir attribué la
disette d'eau au « gaspillage » des consomma-
teurs, démontre en ces termes que l'Adminis-
tration des eaux n'est en aucune façon respon-
sable de l'infection de la Seine :
L'empoisonnement de la Seine est dû à la négli-
gence des riverains de banlieue qui n'observent
pas les règlements que, du reste, l'administration
ne se décidera jamais à faire appliquer.
Je veux parler de l'épuration des eaux que les
usiniers déversent dans le fleuve sans, les épurer
préalablement, ainsi qu'ils devraient le faire.
Cela S3 pratique à Choisy-le-Roi, à Chatou, Su-
resnes, Puteaux, Saint-Denis, foyer d'infection
grâce à sa petite rivière le Croult, qui à elle seule
suffirait à contaminer la Seine. Tant que les pro-
priétaires riverains ne se décideront pas, ou plutôt
ne seront pas mis en demeure d'appliquer les sys-
tèmes d'épuration par les champs d'épandage adop-
tés par la ville de Paris, le mal sera sans remède.
Et comme on ne peut discuter que des chiffres,
je vous dirai que si Paris déverse parfois 30,000
mètres cubes d'eaux d'égoûts, la banlieue en jette
continuellemsnt 3 ou 400,000 mètres cubes.
Et ce sont les usiniers qui nous empoisonnent
qui crient le plus fort.
Cet ingénieur déclare en outre, avec une
parfaite assurance :
Nous avons fait tout ce que nous devions, tout
ce que nous pouvions.
Du reste, vous verrez bientôt si nos services ne
sont pas supérieurs à ceux de l'étranger et si, à
Londres ou dans d'autres grandes capitales, on ne
sera pas pris au dépourvu plus tôt qu'à Paris.
Cet ingénieur altère la vérité — sciemment
ou inconsciemment. On sait que les capitales
d'Europe sont aussi bien servies par leurs ad-
ministrations des eaux que nous, et si la disette
se fait sentir à Berlin, à Londres ou à Vienne
— moins qu'ici, — ces capitales n'ont pas
« gaspillé » autant de millions que nous pour
leur service des eaux.
Voir à la 3* page
LES DERNIÈRES DÉPÊCHES
de la nuit et la
REVUE DES JOURNAUX
du matin
LE MONUMENT DE LAVOISIER
Place de la Madeleine. —Inauguration
solennelle. — Discours.
Une statue de plus dans Paris, — nous
l'avons annoncé hier — rend au grand chimiste
Lavoisier le juste hommage d'un siècle qui doit
tout aux découvertes de ce savant. Juste en
face de la maison qu'habitait Lavoisier, place
de la Madeleine, derrière l'église, le monument
dû au sculpteur Barrias a été solennellement
inauguré hier par le ministre de l'instruction
publique. Assistaient en outre à la cérémonie :
MM. Henry Roujon, directeur des beaux-arts;
de Selves, préfet de la Seine ; Moissan, mem-
bre de l'Institut, et la plupart des membres de
l'Académie des sciences dans leur costume offi-
ciel ; Barrias, auteur du monument Etienne
Dejean, chef de cabinet du ministre de l'ins-
truction publique ; Lépine, enfin tous les mem-
bres du congrès de chimie qui occupaient une
vaste estadre tendue de draperies rouges et
heureusement décorée. Plusieurs couronnes
avaient été déposées au pied de la statue par
les délégations des sociétés savantes atrangêres.
M. Berthelot, présidentdu Comité, qui devait
prononcer le premier discours, ayant été em-
pêché.. c'est M. Darboux, doyen de la Faculté
des sciences qui a donnélecture de ce discours.
Puis, M. Moissan, secrétaire, a remis la
statue à la Ville, au nom de laquelle M. de
Selves, préfet ds la Seine, a remercié les sous-
cripteurs et le Comité.
Discours du ministre
Enfin, M. Georges Leygues, représentant le
gouvernement, a pris la parole et montré La-
voisier philosophe.
M. Leygues dit comment Lavoisier fit les
plus admirables efforts pour donner au peuple
une forte éducation nationale. Son plan, tracé
dans les Réflexions sur l'instruction publique,
présentées à la Convention, est un chef-d'œu-
vre de clarté et de logique, Et M. Leygues
termine en ces termes :
Philosophe et philantrope, Lavoisier ne pouvait
être que favorable à la Révolution. Il en avait
senti la grandeur, les aspiratious généreuses et
l'irrésistible élan. Il ne lui ménagea ni ses encou-
ragements, ni son concours.
Il semblait qUI tous les honneurs nationaux lui
fussent réservés, dt, cependant anveloppé tout à
coup par la tourmente révolutionnaire, impliqué
dans le procès des fermiers généraux, il eut la tête
tranchée. La France, en proie à la guerre civile et
à la guerre étrangère, comme l'Ajax de la tragédie
antique, frappait dans les ténèbres peuplées de
fantômes.
Heureusement la force invincible des choses finit
toujours par triompher. Les institutions scientifi-
ques, qui semblaient avoir disparu pour jamais
avec Lavoisière, se relevèrent bientôt, et, vivifiées
et rajeunies par la souffle puissant de la Révolu-
tion, elles refleurirent dans notre glorieux Institut
de France. Chez nous, les droits de la pensée sont
imprescriptibles. Rien ne peut prévaloir contre
eux.
Ce discours a été coupé de vifa applaudisse-
ments. .-
La cérémonie a aussitôt après pris au, sans
le moindre incident.
» ——
LE SHAH DE PERSE A PARIS
C'est aujourd'hui, à 3 heures et quart de
l'après-midi, que le Shah de Perse débarquera
à la gare du Nord.
Il sera reçu officiellement, ainsi que nous
l'avons dit, par le Président de la République,
les présidents du Sénat et de la Chambre et les
membres du gouvernement.
M. Emile Loubet a désigné le général Parent
et le lieutenant-colonel Sylvestre, de sa maison
militaire, pour aller recevoir le souverain à son
arrivée à la frontière française.
De son côté, le ministre de la guerre a délé-
gué quatre officiers de son cabinet.
M. le colonel Silvestre, de la maison mili-
taire de l'Elysée, sera attaché à la personne du
shah de Perse pendant le séjour de ce souverain
à Paris.
Le cérémonial suivi ponr le shah de Perse
sera adopté comme règle par le protocole à
l'égard de tous les souverains qui viendront
nous visiter pendant le durée de l'Exposition.
Vienne (Autriche), 27 juillet.
On annonce ici que le Shah de Perse arrivera
probablement à Vienne vers le 20 septembre et
s'y arrêtera trois jours. De Vienne, il fera une
excursion de deux jours à Budapest et partira
de là directement pour Rome afin de rendre
visite à la Go.ur d'UftUf.
-L JERRE EN CHINE
Mesures prises par M. Delcassé. -
Situation troublée à Canton. -
Européens massacrés.
EN FRANCE
Au conseil des ministres
Les ministres se sont riuni., ce matin. à
l'Elysée, sous la présidence 4e M. Loubet.
Le ministre des affaires étrangères a entre-
tenu le conseil des affaires de Chine.
Il a donné connaissance des renseignements
que, sur sa demande, nos consuls lui ont
adressés, concernant le nombre des Français
établis dans la ville de leur résidence et dans
leur circonscription. Pleins pouvoirs ont été
donnés à nos consuls pour prendre toutes les
mesures que pourrait réclamer, à un moment
donné, la protection de nos compatriotes. Au
fur et à mesure de l'arrivée à Takou des deux
divisions de grands croiseurs et des bâtiments
légers, canonnières et avisos, qui ont été en-
voyés pour renforcer notre escadre d'Extrême-
Orient, le commandant en chef en pourra
détacher, suivant les besoins, dans les diffé-
rents ports de la Chine.
Le ministre des affaires étrangères a an-
noncé que l'emplacement de notre dépôt de
charbon à Mascate est choisi. Un transport
vient de partir pour Mascate avec un charge-
ment de charbon.
La vente des armes
Le Jouraal officiel publie un décret qui
prohibe et règlemente jusqu'à nouvel ordre la
sortie de France des armes de guerre.
L'article 1" dit : Est prohibée jusqu'à nouvel
ordre la sortie de France, d'Algérie, des colo-
nies françaises et pays de protectorat, de toutes
les armes de guerre, pièces d'armes de guerre
finies et munitions de guerre à destination de
la Chine et des pays limitrophes.
Les sept articles suivants, sont relatifs aux
détails d'exécution de cette mesure.
Le décret signé d'abord par M. Loubet, l'est
aussi par le général André, MM. Millerand,
J. Caillaux, Delcassé et WaldeckRousseau.
EN CHINE
Les légations
On mande de Shanghaï au Daily Express :
On commence à croire que les représentants
des puissances auxquelles la Chine a fait appel
ont survécu aux massacres.
Le Daily Mail, publie le télégramme sui-
vant :
Shanghai, 27 juillet.
On vient de recevoir ici, une lettre de sir
Claude Mac Donald, datée de Pékin, 6 juillet,
dans laquelle il dit :
« Nous ne recevons aucune assistance des
autorités.
« Trois légations y compris la légation bri-
tannique sont encore debout.
« Nous occupons aussi une partie des murs
de la ville,
« Les Chinois nous cannonentde la ville avec
un canon de trois pouces.
a Quelques autres pièces plus petites tirent
sur nous par intermittence.
« Nous pouvons être anéantis à tout mo-
ment.
1 Les munitions et les vivres sont rares.
« Nous aurions déjà péris, mais les Chinois
sont lâches et ils n'ont pas de plan d'attaque
organisé.
« Si nous ne sommes pas trop pressés, nous
pourrons tenir encore une quinzaine de
jours ; dans le cas contraire, quatre jours au
plus.
« Je pense qu'on n'opposera qu'une légère ré-
sistance aux troupes de secours. »
Les pertes des étrangers à Pékin à la date du
6, étaient de 40 tués et 80 blessés.
Les journaux de Londres publient la dépêche
suivante :
Shanghaï, 26 juillet.
Les Chinois disent maintenant que les troupes
du général Yong-Lu escortent àTien-Tsinlessar-
vivants du corps diplomatique.
On annonce aussi que la moitié des étrangers
de Pékin ont été tués, blessés, ou sont morts de
privations.
On télégraphie de Tien-Tsin. le 27 juillet :
« Il est arrivé aujourd'hui, chez un fonc-
tionnaire de là douane de Tien-Tsin, un mes-
sager parti de Pékin le 16 juillet, qui a an-
noncé que les soldats du prince Tching avaient
combattu les troupes du général Toung, mais
avaient essuyé une défaite, et que les étran-
gers se défendaient dans la cathédrale du Nord,
près de la ville interdite. »
Le ministre des affaires étrangères de Belgi-
que communique la dépêche suivante de Tien-
Tsin, émanant du vice-consul de Belgique, M.
Ketel., réexpédie de Che-Fou le 24 et de
Shanghaï le 25 juillet.
Le ministre d'Angleterre a écrit aux consuls,
le 14 juillet, qu'ils en étaient réduits à manger
du cheval et qu'ils pouvaient résister encore
dix jours.
Le domestique du ministre d'Allemagne a
quitté Pékin le 9 juillet, il dit que la légation
d'Angleterre est seulement attaquée la nuit, il
croit que les miuistres à Pékin pourront résis-
ter encore s'ils ont des munitions.
Cette dépêche est signée : Ketels,
Le même ministre a communiqué une autre
dépêche ainsi conçue :
M. Katels, vice-consul de Belgique à Tien-
Tsin, envoie la dépêche suivante, portant la
date de Tien-Tsin, vid Shaogbaï, 27 juil-
let :
Environ 10.000 soldats chinois se fortifient
à Peo-Tsang, à 14 kilomètres de Tien-Tsin.
Le bruit court ici avec persistance que les
ministres sont sains et saufs sous la protection
du gouvernement chinois.
Signé: KUILSt
A Tien-Tsin
Les journaux publient la dépêche suivante
de Tien-Tsin, sans date, via Shanghai 26 juil-
let:
Un Instructeur d'artillerie étranger qui vient
d'arriver des forts de Kiung--Hien, dit que
le général chinois qui commande ces forts
a donné l'ordre formel à ses troupes de ne
pas tirer, à moins que les étrangers n'atta-
quent,
La discipline la plus étroite règne parmi le
soldats chinois, qui sont décapités jpour la plus
légère faute.
On assure que les troupes alliées se trouvent
dépourvues d'information s sur les mouvements
de l'ennemi.
La faiblesse du servieedes renseignements est
extraordinaire.
A Canton
Le correspondant du Daily Telegraph à Can-
ton envoie à son journal la traduction d'un pla-
card que l'on répand & profusion dans le cen-
tre de la ville et dans les districts environ-
nants.
Il est dit, dans ce placard, que des dizaines
de milliers de convertis indigènes ont été tués
dans le Nord et que les soldats de tout les pays
du monde ont été impuissants à les protéger ;
que les miuions, les églises ont été détruites ;
que les consuls étrangers et toutes les troupes
barbares ont été massacrés comme des poulets
et des chiens.
Les chétions indieèaw (Q^ iûtorm^ qu'il!
doivent fuir pendant qu'il en est temps en*
core.
D'après une lettre privée de Canton, il trans-
pire que la Société des Triades va tenter une
attaque de nuit sur Shameen et les faukourgs
de Canton, mais on ne sait pas quel jour. On
croit que le premier signal en sera donné par
la fuite des serviteurs indigènes.
La malaise augmente à Canton, mais tout
parait tranquille.
Un Chinois arrêté le 8 juillet,sous l'inculpa-
tion de détention d'armes, a comparu à Hong-
Kong. Il est accusé d'être membre de la So-
ciété des Triades. Il ressort de l'instruction que
le prisonnier commandait en second les Triades
des deux Kouangs ; son quartier général se
trouvait à Say-Kong, dans le nouveau terri-
toire. Depuis quelque temps, il enrôlait de nou-
veaux adeptes.
Parmi les insignes trouvés en sa possession,
il y en a qui s'appliquent aux plus hauts grades
de la Société.
Etant donné que les Boxers ne sont qu'une
section de la Société des Triades, cette arresta-
tion est considérée comme de la plus haute im-
portance.
Les machinations des Triades se repandent
dans toutes les provinces méridionales ; leur
but est clairement anti-mandchou et anti-
étranger.
De nombreux soldats de la garnison de Can-
ton sont connus comme faisant partie de la
Société.
A Shanghaï
On télégraphie de Shanghaï au Daily Exprell,
à la date de jeudi, que l'amiral Seymour est
arrivé.
Le correspondant du Daily Express à Shan-
ghai croit que l'arrivée de l'amiral Seymour
dans II Yaag-Tsé sera sans doute suivie d'une
démonstration navale.
La flottille de l'amiral Seymour est compo-
sée du Centurion, du Barfleur, de V Aurore et
du Bonaenture.
Les massacres
D'après un télégramme du consul généra-
français à Shanghaï, en date du 25 juillet,
deux chrétientés auraient été saccagées au Tzé-
Tchouen et les établissements des Lazaristes à
Yao-Tchéou-Fou, dans le Kiang Si, auraient
été incendiés.
Notre consul à Han-Kéou, confirmant à la
même date ces événements, ajoute que le vice-
roi a pris spontanément des mesures pour ré-
tablir l'ordre.
On télégraphie de Hong-Kong au Daily Ex-
press :
Un prêtre italien est arrivé ici, venant de
Hen-Sien-Fou, dans le Hunan.
Il raconte que l'évêque et trois prêtres des
missions italiennes ont été massacrés, le 4
juillet, après avoir subi les tortures les plus ré-
voltantes.
Les Boxers ont massacré ensuite 6 à 700 con-
vertis indigènes.
Six prêtres ont réussi à s'échapper. On croit
qu'ils se cachent dans la montagne, à moins
qu'ils n'aient été repris et massacrés.
Le correspondant du Daily Express à Shan-
ghaï dit que le consulat britannique a été in-
formé du massacre de deux missionnaires an-
glais à Rsiaoi, dans le nord du Chah-Si. On
signale aussi des massacres à Pao-Ting-
Fou.
Le débarquement des Japonais
Le correspondant du Daily Mail à Shan-
ghaï, dit qu'on annonce de Moukden, que
15,000 Japonais ont débarqué le 22 à Chan-
Haï-Kouan.
Les Chinois n'ont opposé qu'une faible résis-
tance.
Dans l'ile de Haï-Nan
D'après une dépêche de Hong-Kong au Times
leà Européens quitttent l'Ile de Haï-Nan.
Le correspondant du Daity Express à Hong-
Kong dit qu'on attend, d'un moment à l'autre.
la nouvelle d'un massacre général à Haï-Nan.
A L'ÉTRANGER
La Chine et l'Angleterre
Le Daily Graphie dit que le ministre do
Chine a remis samedi dernier au Foreing-
Office une longue dépêche dans laquelle l'em-
pereur de Chine sollicite les bons offices de
l'Angleterre en vue du rétablissement de la
paix.
Le gouvernement n'a pas encore répondu à
cette dépêche, dont les termes sont identiques
à celles qui ont été envoyées à la France et aux
Etats-Unis.
+
LE VOYAGE DE 1. DE LANESSAN
L'arrivée à Brest. — A bord du
c Brennus ». — Les délégations.
— Une visite dans l'arae-
nal. — L'après-midi.
(De notre correspondant particulier)
• Brest, 27 juilet.
Le ministre de la marine est arrivé à Brest
ce matin par l'express de 9 h. 45. Il était
accompagné de Mme de Lanessan et do M.
Juttet, chef de son secrétariat. Il a été reçû à
la gare par les amiraux Barrera, préfet mari-
time à Brest, de Maigr,t, préfet maritime à
Cherbourg, Menard, commandant de l'escadre
du Nord, Verne, sous-préfet, Berger, maire, et
ses adjoints, le capitaine de vaisseau, Borel de
Bretizel. chef d'état-major de l'amiral Four.
nier, Delobeau, sénateur, et Isnard, député.
Le cortège ministériel a pris place dans cinq
voitures pour se rendre à la préfecture par les
avenues et la rue de Siam. La foule considéra-
ble, massée sur le passage du cortège, a poussé
des cris de : Vive la République 1 Vive le mi-
nistre r
A la préfecture maritime
A dix heures un quart, le ministre a reçu à
la préfecture M. Collignon, préfet du Finistère,
et M. Verne, sous-préfet de Brest. L'amiral
Barréra lui a présenté ensuite les généraux
Larnac et Chevalier, l'amiral de Barbeyrac,
chef d état-major, et les chefs du seryiee du
port, disant que c'étaient ses collaborateurs
immédiats et que c'était grâce à eux que le port
de Brest fait de nouveaux progrès tous les
jours.
Le ministre a serré la main à chacun et a
eu un mot aimable pour tous. Il s'entretient
particulièrement avec M. Auffret, directeur
du service de santé, au sujet d'un traité re-
marquable sur la tuberculose fait par le dire,
tour.
Le ministre, s'adressant à tous, dit : « De-
puis un an j'ai été assez heureux fpour réaliser
quelques réformes ». Il parle des décrets sur
les arsenaux, sur le personnel des dessinateurs
et sur les maîtres.
M. Berger, maire, présente le conseil muni-
cipal, et dit que la ville de Brest est liée a la
marine par le cœur et les intérêts. Il remercie
le ministre de ce qu'il a fait pour les ouvriers
du port et l'entretient du bassin de radoub.
Le ministre, parlant des escadres, dit qu'il
croit qu'il faudra continuer à les réunir tous
les ans, soit dans le Nord, soit ailleurs.
M, Marfille, président, présente ensuite la
chambre de commerce et entretient le ministre
du bassin de radoub. Il le remercie de ce qu'il
a fait pour faire aboutir la construction.
M. bnard, député, présente ensuite une
délégation des ouyriçri du port. ensuite une
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