Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-12-26
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 26 décembre 1911 26 décembre 1911
Description : 1911/12/26 (N15264). 1911/12/26 (N15264).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
ne 1528* — * WÎV^ KH m.
Cl m KEKTm?5S RSf&mO- :
MARDI Sfi l',=CEM!RE 1911. — H* ism.
LE XIX1 SIECLE
AKXOKCJES
AUX BUREAUX DU JOURNAL
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- TRIBUNE LIBRE '::."
,- 1
Un examen improvisé
.— ..H-C.. ——
Après la Revue de Paris,
le Temps publie un article
et un fragment de statisti-
que à propos de l'examen
des conscrits inauguré cet-
te année. D'autres feuilles
ont donne, déjà, d'autres donneront,
sans doute, des extraits analogues du
reievé général des notes obtenues à cet
examen sur divers points du territoire.
Ces divers renseignements, et sur-
- tout les jugements, qu'on en tire, ne
doivent être pris ni trop ni trop peu au
sérieux. On aurait tort de les dédai-
gner, plus tort de les enregistrer sans
contrôle. Ils appellent des observations
qu'i! importe peut-être de faire tout de
suite, pour ne pas laisser l'opinion pu-
blique s'égarer.
D'abord, la loi qu'il s'agit d'appli-
quer, date non pas du 29 juillet der-
nier, comme dit le Temps, mais de
l'année précédente. Elle attend donc
depuis dix-huit mois le règlement d'ad-
ministration publique prévu pour sa
mise en œuvre et qui demandait bien
deux heures de travail.
M. Messimy a jugé que ces délais
étaient singulièrement long9 pour la
mise en train d'un simple examen de
l'instruction primaire des conscrits ar-
rivant au corps. Et, en attendant l'ap-
parition (sic) du règlement d'adminis-
tration publique, il a, par la voie som-
maire d'une instruction ministérielle,
prescrit, à lui tout seul, l'exécution im-
médiate de cet examen. Initiative méri-
toire encore qu'un peu rapide. Grâce à
cet acte d'énergie, il est permis d'espé-
rer maintenant que la loi ne sera pas
lettre morte. r. ,
Ajoutons que la surprise même, on
pourrait presque dire l'émotion, pro-
duite par les premiers résultats signa-
lés, aidera à secouer l'indifférence pu-
blique. Et ce ne sera pas le moindre
bienfait de la loi.
Quels sont donc ces résultats ?
Nous n'en avons pas l'ensemble.
Peui-êlre même n'est-il pas très désira-
ble que nous l'ayons. Qu'a vouïu le mi-
nistre de la Guerre ? Uniquement dé-
cluncher la machine. Et, comme l'im-
pcrtant était de commencer, il a com-
mencé par jeter un premier coup de
sonde un peu au hasard. On se trom-
perait fort, si l'on s'imaginait avoir
devant soi un dossier définitif, une en-
quête mûrement conduite aboutissant à
des constatations mathématiques, à
des moyennes sûres et à de soli'des
conclusions générales. Tout s'y oppo-
sait : la soudaineté de l'opération, la
diversité des procédés,, l'inégalité for-
cé.3 dans des appréciations qui n'ont
pas encore de mètre commun, l'inexpé-
rience des chefs et la gaucherie des
hommes dans cet exercice pédagogi-
que à brûle pourpoint.
Il n'en reste pas moins acquis, au
moins à titre d'impression à laquelle
le public ne pourra échapper, un dou-
ble fait.
D'une part, il existe encore dans no-
tre armée, au moins dans certaines par-
ties du territoire, une proportion d'il-
lettrés au sens propre du mot, qui con-
firme malheureusement ou qui dépas-
se les prévisions pessimistes inspirées
pir les précédentes statistiques offi-
cielles du ministère de la Guerre. Dans
les exemples, du moins, cités par la
Revue de Paris, par le Temps, par la
Croix, etc., c'est à plus de VINGT
POUR CENT que s'élèverait l'effectîT
des jeunes soldats ne sachant, au vrai,
ni lire, ni écrire. Certes, cette propor-
tion effrayante n'est pas atteinte a
beaucoup près dans les villes, mais de
combien est-elle dépassée dans les cam-
pagnes 3e certaines régions !
Quand on songe que la Suisse et
l'Allemagne, depuis plusieurs années,
n'atteignent pas, comme chiffre d'illet-
trés, UN SUR MILLE, en comprenant
les pays de montagne et de campagne
les plus reculés !
Voilà qui justifie les mesures vigou-
reuses prises par M. Messimy pour
« ne laisser aucun soldat rentrer illet-
tré dans ses foyers à l'expiration de
SOI) service ». Le Temps déplore que
le régiment serve ainsi à remplacer l'é-
cole Nous aussi. Mais ne vaut-il pas
mieux encore appliquer ce remède hé-
roique que de ne rien opposer au mal ?
D'autre part « et ce sgcsnd fioiM
de vue aussi mérite attention — il y a
d'autres leçons à tirer, graves en un
autre sens, de l'inanité, pour ne pas
dire de l'insanité, d'un trop grand
nombre de réponses que la presse a en-
registrées. C'est en matière d'histoire,
de gréographie et d'instruction civique
que le phénomène se produit. Chez
une très forte proportion de conscrits,
d'ailleurs pourvus d'une assez bonne
instruction primaire, ces réponses ré-
vèlent des lacunes ou plutôt des trous
que l'on ne soupçonnerait pas. C'est la
répétition des longues séries d'invrai-
semblables coq-à-l'âne, qui émurent, à
bol droit, quand parut, il y a quelques
années, le livre du lieutenant Roland.
Il n'y a pas de plus saisissante dé-
monstration de l'indispensable nécessi-
té d'une éducation obligatoire de l'ado-
lescence. C'est cette seconde obligation
qui, seule, nous fera recueillir les
fruits de la première.
F. BUISSON,
Dépulé de la Seine.
P.-S. — Je ne relève pas dans l'arti-
cle du Temps l'épigramme à l'adresse
des instituteurs. Une injure gratuite
ne fait de tort qu'à celui qui la lance.
F. B.
1
Politique Étrangère
LE CONFLIT RUSSO-PERSAN
Le conflit russo-persan est
en voie d'arrangement. Le Gou-
vernement de réhéran, s'éle-
vant au-dessus des passions
populaires, a adopté une ligne
de conduite énergique, à l'in-
térieur, conciliante à l'extérieur. Le dé-
sir d'apaiser la fièvre nationaliste, —
même par des procédés de rtgueur, —
est évident. Des affiches officielles ont
été apposées, sur les murs de la ca-
pitale; pour interdire des meetings po-
litiques sans l'autorisation préalable de
la police ; ces affiches annoncent que
la question de l'ultimatum russe sera
réglée amicalement.
En présence de cette attitude des mi-
nistres, qui ne sont point suspects,
puisque leur chef est l'un des généraux
vainqueurs de l'insurrection réaction-
naire de cet été, le medfliss lui-même
a abandonné son opposition intransi-
geante et l'ussophobe. Sans. doute, a-t-il
été, pour une part, désarmé par la dé-
claration faite par le Gouvernement
rus.se qu'il se désintéressait du sort du
so uverain détrôné.
Depuis deux jours, M. Sasonof a reçu
l'assurance de la Perse que les grandes
lignes de l'ultimatum de Pétersbourg
étaient acceptées. M. Shuster a été avi-
sé, de son côté, de sa révocation. L'au-
dacieux financier américain qui s'était
mis en tête de changer la direction po-
litique de l'Iran doit battre en retrai-
le, malgré la faveur du. peuple de la
capitale dont il avait flatté sans mesu-
re des sentiments qui eussent été plus
respectables si leur manifestation ou-
trancière n'avait amené, pour la Perse,
la menace d'un démembrement.
Le Gouvernement russe, d'accord
avec le Gouvernement anglais, rempor-
le une grande victoire morale, non seu-
lement par la retraite de M. Shuster,
qui s'était dressé comme l'adversaire
des traités de 1907, mais encore par l'a-
vantagé qui lut sera reconnu, très pro-
chainement, és contrôler le choix des
fonctionnaires de la Perse pris parmi
les étrangers.
Cette exigence, qui ne manquerait
pas de paraître excessive, s'il s'agissait
d'un autre pays. s'explique par l'intri-
que même de M. Shuster, et par la
bienveillance avec laquelle l'esprit pu-
blic dans Téhéran l'avait accueilli..
Si les Persans veulent sauvegarder
les institutions libérales qu'ils ont ac-
quises, ils dOivent, avec une extrême
prudence, éviter tous les conflits exté-
rieurs. Et leur Gouvernement, en fai-
sant cesser l'occupation militaire rus-
se, peut estimer qu'il a mérité la con-
fiance de l'opinion nationale et exté-
rieure. En l'espèce, il n'u a guère qu'u-
ne victime dans l'affaire ; c'est M.
Shuster. Mais, à tout prendre, il était
le seul héros au ', drame qui ne parût
pas 'digne de beaucoup de compassion.
Albert MILHAUD.
w== =!: ---
LIRE EN 2• PAGE :
Les Lundis Révolutionnaires
f>ar Gustave ROUANET
» LE FAIT DU JOUR ---
* 1 r 1. * i « 1%
LE RÉVEIL DU RÉVEILLONNEUR. — Le commissaire i il Voyons, mon ami, ayez
du courage I a
Les On = Dit
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil : 7 h. 54 du matins
Coucher du soleil : 4 h. 5 du soir.
Lever de la lune : II h. 10 du matin.,
Coucher de la lune : 8 h. 43 du soir.)
Courses à Vinoermes.
AUTREFOIS
Le Rappel du 26 décembre 1875 :
Le ministre des finances vient d'accor-
der un bureau de tabac à Mme veuve Imbert,
qui, pendant le siège de Metz, traversa les
lignes prussiennes pour porter des nouvelles
de la ville assiégée à l'armée du maréchal
de Mac-Mahon.
— Renaissance : Première de la Petite
Mariée, opéra-comique en trois actes, de
MM. Leferrier et Vanloo ; musique de M.
Lecocq.
Sixte Quint et la repopulation
On dit beaucoup en ce jour, aux fiancés,
ou plutôt les parents se disent qu'il serait
utile et humain d'être fixé sur la conforma-
tion physique des futurs époux, qu'il serait
absolument nécessaire de savoir si l'hom-
me n'aurait pas des restes d'avarie ; on
parle même d'un examen médical in natu-
ralibus. Eh bien ! une preuve de plus que
rien n'est nouveau sous le soleil, c'est ce
que l'on raconte du pape Sixte Quint. Ce
pontife avait pour maxime qu'il valait
mieux détruire une ville que de la peupler
d'habitants maladifs, malingres, mal en-
gendrés et enfantés, et aussi d'habitants
qui n'auraient pas les moyens de vivre.
Alors, avait-il fait défendre à tous les
curés de sa souveraineté, sous peine d'être
banni, de célébrer aucun mariage qu'ils
ne se fussent, avant, assurés des u" facul-
tés » que pouvaient, ou ne pouvaient pas,
avoir les nouveaux mariés. Et par u facul-
tés Il. Sixte Quint aurait, parait-il, aussi
bien entendu les facultés physiques que les
facultés pécuniaires.
-40
Insuffisance
.——
Les auteurs du crime de la rue Orde-
ner ne sont pas encore connus. Evidem-
ment, ils font leur possible pour égarer
les recherches, mais il ne semble pas que
la Sûreté fasse le sien pour retrouver les
criminels.
Des informations publiées par notre con-
frère le Matin, il résulte, en effet, que
trente heures après l'attentat, la Sûreté
n'avait pas encore télégraphié aux autori-
tés anglaises de Newhaven pour leur an-
noncer le crime et leur communiquer le
signalement des assassins.
D'autre part, à Dieppe même, huit heu-
res après la découverte de l'automobile
volée, les détectives anglais n'avaient pas
encore été informés de l'événement par
leurs collègues français.
Nous avions la naïveté de croire que,
pfKJJV ainsi dire, autGmettqnt, le si-
gnalement des criminels en fuite était té-
légraphié par la Sûreté aux ports d'em-
barquement et de débarquement.
Il n'en était rien, et nous ne nous éton-
nons plus qu'on ne retrouve pas la Jocon-
de : elle a bien passé la frontière, mats
nul n'a pu la reconnaître au passage.
» -
fin voilà assez
- :--::+-- -
Cambriolages de villas à Oléron, viols à
Ouessant, assassinats au Mans, est-ce une
bande d'apaches qui perpétre tous ces for-
faits ?
Non, ce sont des soldats. Seulement, la
plupart d'entre eux avaient subi plusieurs
condamnations de droit commun, au temps
où ils régnaient par l'épouvante sur les
« gonzesses de Ménilmuche D ou les « pois-
ses » du Montparno.
La sentimentalité des braves gens qui
se sont émus de la rude discipline de Biri-
bi, coûte chaque jour la vie à d'autres
braves gens de France qui tombent sous
le couteau des bandits en uniforme.
En voilà assez ! Les soldats à la caserne.
Quant aux apaches, si vous ne voulez pas
les renvoyer aux compagnies de discipline,
envoyez-les au bagne. Si ça ne vaut pas
mieux pour eux, ça vaudra toujours mieux
pour nous.,
———————————— ————————————
SOLLICITUDE PONTIFICALE
Le pape abrège le. bréviaire pour laisser
des loisirs aux curés ; quant à lui, il ne
connaît pas de repos.
Nous commentions hier l'un de ses ré-
cents molu proprio ; voici qu'il vient d'en
rédiger un autre.
« Il n'est pas bon que l'homme vive
seul », a dit l'Ecriture, et c'est pourquoi
Pie X enjoint aux curés, « dans toute la
mesure du possible, de vivre en com-
mun B.
Il y aurait un moyen bfén simple d'as-
surer aux prêtres les bienfaits de la « vie
commune », ce serait do les autoriser à se
marier, et c'est ce que M. l'abbé Claray
a judicieusement fait observer au Souve-
rain Pontife. Mais celui-ci ne s'est pas lais-
sé persuader.
« Mon cher fils, a-t-il répondu, vous ne
doutez pas de ma sollicitude pour vos
frères en Jésus-Christ. Hier, je décidai que
le jeu du bilboquet alternerait, pour le
bien de leur santé, avec la lecture du bré-
viaire. C'est bien quelque chose. J'exa-
minerai la question du mariage à son heu-
re. Pour l'instant, nos curés ne sont pas
suffisamment préparés au sacrement con-
jugal : ils s'y prépareront en jouant au
bilboquet ï„
(
La Limitation des Débits de Boissons
.-
Un article de la loi de Finances veut limiter les débits de boissons.
La Fédération Nationale du Commerce en détail des
boissons proteste.
L'article 30 de la loi de Finances, qui
îst une modification à l'article 9 de la loi
lu 17 juillet 1880, est ainsi conçu :
Art. 30. — Dans les six mois de la promulga-
tion de la présente loi, les maires DEVRONT,
les conseils municipaux entendus, prendre des
arrêtés pour déterminer, sans préjudice des
droits acquis, les distances &ux<çu)©iles les cales
et débits de boissons de toute nature ne pour-
ront être établis autour des édifices consares
à un culte quelconque, des cimetières, des hos-
pices, des casernes, des écoles primaires, lycées,
collèges et autres établissements d'enseignement.
Pour bien se rendre compte de l'impor-
tance de la modification proposée (modifi-
cation tout entière contenue dans un seul
mot), il faut, après avoir lu l'article ci-des-
sus, prendre connaissance de l'article 9 de
la loi du 17 juillet 1880.
L'article 9 de la loi du 17 juillet 1880, à
la place du mot « DEVRONT », avait le mot
( pourront ».
Il semble de cette substitution que si
l'article 30 était voté par la Chambre et te
Sénat, la limitation du nombre des débits
serait purement et tout simplement faite.
M. Pierre Audin, le sympathique et dé-
voué président de la Fédération nationale
du Commerce en détail des boissons, nous
a déclaré :
Actuellement, les maires od l'entière liberté
de prendre ou de ne pas prendre des arrêtés
déterminant les distances auxquelles les débits
devront être établis a~ur de certains établis»
sements publics ; et c'est justice, car nul mieux
que le maire ne peut connaître tes besoins de
sa commune.
Or, lia loi de 1880, qui est déjà une loi d'ex-
ception, est uno arme suffisante dans la main
des maires, sans qu'il soit besoin de la trans-
former en en aggravant les conséquences.
En tous cas, si certains esprits estiment qu'il
y a lieu d'en remanier le texte, ils feraient bien
do s'inspirer des mœurs et des idées modernes
en supprimant dans le texte nouveau tout ce qui
loucJie aux édifices consacrés aux cultes, puis-
que, contrairement à ce qui existait en lSOO,
IG11t n'a pas à se proccuper des différents
cultes, grâce à la loi de séparation.
Dans tous leurs Congrès, les débitants, restau-
rateurs et hôteliers se sont prononcés contre tout
projet de limitation. Puis, après avoir émis le
vœu ;
« Que les pouvoirs pubdics consiuitent les Cham-
bres de commente, les syndicats professionnels
et les groupements autorisés sur les projets de
loi intéressant leurs professions », ils consta-
tent que l'on tente de transformer le régime de
ieur commerce à l'aide d'un moti adroitement
introduit dans la loi de finances 1
Contre cela, ils protestent, et ils ont raison.
Nous savons que les débitants de bois.
bons sont résolus à mener une très vive
campagne contre toutes les lois. qui pour-
raient res.rcindre leur commerce. Ils con.
sidèrent qu'ils payent beaucoup d'impôts.
— beaucoup trop à leur avis — et d'ores et
déjà ils ont saisi leurs députés de leurs
ioléaaois.
CHRONIQUE
Conte de Noël
■■■■ »♦» ■ —
Aimel-VOll les ans les autres !
Dix heures. — « J'ai résolu de mourir.
Comment mes persécuteurs m'ont-ils re-
duite à ce désespoir 1 Je n'ai plus de cou-
rage !. Je ne crois pas qu'aucun d'eux
ait - eu conscience de sa méchanceté cri-
minelle. Ce ne sont pas des monstres. Hé-
las ! ce ne sont que des fanatiques. Oh !
Jésus, dont le monde chrétien célèbre, cet-
te nuit, la naissance, c'est en ton nom,
c'est en témoignage de La foi qu'ils ont gar-
dée à ton humanité divine, que des hom-
mes et des femmes, des vieillards véné-
rables, un prêtre, des mères de famille
respectées, des jeunes gens et des jeunes
filles, des enfants même, les innocents !
excités contre moi, ont, dans une émulation
de cruauté, accablé une pauvre fille de tou-
tes les avanies, de toutes les vexations, de
toutes les injures. Qu'est-ce que je leur ai
fait ? Je suis coupable d'être l'institutrice
d'urne commune cléricale dont on a laïcisé
l'écoJe. Tel est mon crime 1
« Je suis seule dans la vie. Ma mort n'af-
fligera personne. Je n'ai plus la force de
souffrir : qu'est-ce donc qui me retien-
drait ?
Onze heures. - Il Serait-ce la peur de cé
que je vais faire, tout à l'heure, qui mouil-
lerait ce papier de mes larmes ? Allons !
Le poison qui m'attend là, dans ce verre,
à portée de ma main, est foudroyant. Une
agonie trop longue, douloureuse, cela, je
l'avoue, c'était au-dessus de mon courage.
Je ne suis qu'une femme, une faible jeu-
ne fille : que la mort ne me fasse pas de
mal ! Mais je n'ai rien dé tel à craindre.
Alors, pourquoi mes larmes coulent-elles
encore, coulent-elles intarissablement ?
cc J'ai bien regardé en face l'inconnu dans
lequel je vais entrer. Ma chair en a le fris-
son, c'est vrai. Mais je sais que ce n'est
qu'un instinct qui se révolte. L'au-delà,
peut-être n'est-ce rien. Peut-être, c'est une
autre vie. Mon imagination se l'est sou-
vent représentée : Elle avait la forme de
mes rêves, et l'injustice qui me fait fuir
celle-ci, je ne la subissais plus. Rien ne
m'empêche de partir avec cette espéran-
ce. Pourquoi, pourquoi donc ne tarit-elle
pas mes pleurs ?
« C'est fini ! Je ne pleure, plus. Ah ! j'é-
tais oppressée d'un grand poids. Mainte-
nant, je suis soulagée ! Adieu, ma jeunes-
se ! Mine, tu n'es été heureuse que les
quelques années demi inconscientes pen-
dant lesquelles on est encore protégé con-
tre la méchanceté humaine. Va, mainte-
nant que tes bouleaux t'en ont abreuvée,
va, d'un cœur ferme, vers ta délivrance !
Minuit. — « La neige tombe. Le vent
furieux l'agite en tourbillons affolés. J'en-
tends chanter dans les rues du village.
Des voix épaissies de bière et d'alcool.
En ce moment, les dévotes, les jeunes et
les vieilles, se rendent à l'église. Mada-
me X. et madame Y. passent sous mes
fenêtres, avec un regard haineux à la lu-
mière insolite qu'elles y Voient briur..
Qu'est-ce que fait la mécréante ?
« Je pense à vous, bonnes âmes; qui
m'avez diffamée, salie. Et je vous pardon-
ne, parce que la haine qui est dans votre
cœur, des préjugés de votre éducation l'y
ont mise. Pourtant, c'est de votre haine que
je meurs, à vingt-quatre ans ! C'est vous,
madame X. , qui avez fait déborder la
coupe. C'est vous qui avez répandu la ca-
lomnie infâme qui a entaché ma réputation,
mon honneur. Vous avez dit, madame,
que vous m'aviez vue, un soir d'été, sur
la grand'route, avec le fils de mada-
me Y., votre amie. La vérité est que je
m'y promenais seule, à mon habitude, loin
des méchants et des méchantes du villa-
ge. Ce jeune lâche m'avait guettée. Il
m'outragea d'un ignoble baiser dont je
n'eus pas le temps de me défendre. Jus-
tement, par hasard, votre voiture débou-
chait d'un ohemin de traverse. Vous aviez
vu la scène. J'ai eu le tort d'aller le len-
demain chez vous, de vous en expliquer le
répugnant caractère de violence et de
guet-apens. Vous n'avez point paru mettre
en doute ma sincérité évidente. Mais, le
jour même, vous disiez à qui voulait vous
entendre que j'étais si manifestement cou-
pable que je m'étais crue obligée, de pren-
dre les devants pour venir me justifier près
de vous. On vous crut d'autant plus que le
fils de madame Y,., le vantait partout ef-
frontément d'avoir fait de moi sa maîtres-
se. Je l'avais détourné de son devoir, ren-
chérissait sa digne mère ! « Et c'est à ces
créatures, ai-je pu lire dans un journal
catholique de la région, qu'on voudrait
nous contraindre à confier nos filles ! »
Voilà ce que vous avez fait ! pieuses fem-
mes ! Ah ! misère ! Ah ! dégoût !. Mou-
rir ! qu'il me sera doux de mourir, tout à
l'heure !
Une heure. - Il Le vent s'est apaisé.
Plus de neige. De grands nuages déchirés
voguent encore, d'une fuite lente, laissant
derrière eux de larges espaces de ciel dé-
couverts. Quelle paix, après la rafale qui
laisalt rage, tout à l'heure ! Le bleu de la
nuit est intense. Encore quelques minu-
tes !. Oh ! bénies soient-eUes, puisque,
avant de fermer mes yeux éternellement,
il m'est accordé de les rassasier de la
beauté de ce ciel!
f 8' V m :Ii « C » « W E W 8i 81 •
Trois heures. - cc J'avais ouvert ma fe-
nêtre, sans me soucier du froid. Je.ne sais
pourquoi, j'avais voulu respirer cet air
pur, cet air glacé ; j'en avais voulu, sur
mon front sur la fièvre de mes joues, la
vive caresse.
« Et voici ce qui est arrivé. J'ai enten-
du une plainte grêle d'enfant,. d'un en-
fant qui sajigloWit très bas. Je mç suis
penchée, j'ai appelé. La voix de la petiffi
Léonie m'a répondu. J'ai reconnu la paul
vrette. Je l'ai fait monter. Elle claquait des
dents. Je l'ai réchauffée ; je lui ai IaifJ
bouillir du lait. Et Je l'ai prise dans mesf
bras. La mignonne tremblait comme uni
oiselet qu'on tient dans sa main. EËO
tremblait de peur, encore plus que de froiJj
C'est la fille de la femme Leleux, qui l'ai
eue d'on ne sait qui, avant de se marier.\
Son mari déteste l'enfant. Quand il est!
ivre, il la tuerait. Elle a eu, cette nuifj
une telîe peur des menaces du forcené
qu'elle s'est sauvée et qu'elle est venue, Vï
pauvre petite ! me demander protection'.t
Mais elle n'était pas assez grande poujj
atteindre au cordon de ma sonnette, ci
elle restait là, au pied du mur de. l'école,j
dans la neige, par ce froid ! Je l'ai rassu
rée de mon mieux, et je l'ai reconduite
chez elle. La. mère n'était plus là. Folle
d'inquiétude, elle courait le village, cher-
chant sa fille. C'est le farouche Leleux qui
nous a ouvert. « C'est bon, a-t-il dit, de siX
rude voix, à l'enfant, va te coucher ! )
Et à moi : « Rassurez-vous, mademoisel-
le, je ne la toucherai pas. Mais, vous sâ
vez, vous êtes une brave personne,' et jd
vous ôte ma casquette. » Et il m'a saluée
très respectueusement. Sa femme, à ce mo*
ment, rentrait. On m'aivait vue avec 14
petite, et on le lui avait dit. Comme je mei
défendais contre ce que me paraissait avoic
d'excessif la reconnaissance qu'elle m'ex-
primait d'une chose si naturelle : « Non,
non ! a-t-elle fait, vous rendez is bien poe
le mai ! Allez, je sais ce que je dis ! )t
« Et, lorsque je me suis retrouvée chez:
moi, quand j'ai relu ces pages que j'écris
vais avec le ferme propos de me délivrer,
de la vie amère et méchante, j'ai senti que!
mon cœur était chaud, comme d'un coré
dial, des paroles de cette humble femme^
celles, ô Christ, qu'avant toi nulle bouJ
che humaine n'avait prononcées, et qUT.
mieux que les prophéties mieux que lest
miracles, ont pu faire croire aux hommes
que tu étais un dieu. R
Eugène HOLLANDE.
♦ -
Les Ministres délibèrent
Le Conseil des ministres a tenu hier ma..
tin, à l'Elysée, sous la présidence de M.
Fallières, une séance qui se tient habituel-4
lement le samedi, et qui n'avait pu être;
tenue avant-hier, à raison de la réunion
de la Chambre.
Le statut des fonctionnaires
Les ministres se sont entretenus du sta
tut des fonctionnaires, en vue d'arrêter le
sens des déclarations que le Gouvernement
fera la semaine prochaine (févant la Com-
mission de la Chambre chargée d'étudier:
cette question.
L'avant-projet de cette Commission a éla-
boré ne doit être maintenu définitivement
et déposé sur le bureau de la Chambre
qu'après que le président du Conseil aura
fait connaître l'avis du Gouvernement.
Or, de la délibération du Consefl des:
ministres, il résulte que ce projet soulève,
de la part de ceux-ci, de nombreuses et
vives objections. Le Conseil estime qu'on-
ne peut accepter certaines dispositions 6
co projet, qui auraient pour effet d'affai--
blir et même d'annihiler en certains cas
l'autorité gouvernementale.
Le Gouvernement présentera lui-même
un texte qu'il va s'efforcer d'élaborer très
promptement, et il fera connaître cette, ré-
solution jeudi prochain à la Commission.
Le douzième provisoire
Le ministre des Finances a été autorisa
à déposer un projet de loi ouvrant un dou
zième provisoire pour assurer le fonction-
nement des services publics durant le moisi
de janvier. Ce proiet sera déposé dès que
la Chambre aura terminé le. vote du budget
de 1912.
Prorogation douanière
Le président de la République a signé
un décret prorogeant jusqu'au 3i mars 1912
la date d'entrée en vigueur de la nouvelle
réglementation douanière sur les sacs et
emballages, le pesage et la vérification
des marchandises. On sait qu'une premiè-
re prorogation avait déjà reporté au 31 *
décembre 1911 cette mise en YJgueure;
Promotions
Le ministre de la Marine-a fait approu,-
ver un décret par lequel sont promflfs .r
Vice-amiral, le contre-amiral Gaschard,
et contre-amiraux, les capitaines de vais-
seau Clément, Huguet, Rouyer, Tracûu et
Darriéus.,
Les Réunions d'hier
L'ASSOCIATION PHllOMATHIQUE
L'Association Philomathique (oeuvre gra-
tuite d'enseignement populaire et d.assis..
tance médicale fondée le 5 janvier 1895
dont le siège social' est 38, rue de la Ver-
rerie), a tenu hier sa ne assemblée géné-
rale statutaire pour l'année 1911, dans lai
salle des fêtes de-la mairie du IVe arron-
dissement, sous la présidence de M. Léon-
ce Dariac, inspecteur des services adminis4
.tratifs de l'enseignement agricole et vétéri-
naire du ministère de l'Agriculture, prési-
dent fondateur de l'Association, assisté da
MM. le docteur Pasteau. Mallié. Dunand*
vice-présidents ; F. Pelletier, secrétaire gé-
néral ; Boulangier, secrétaire général a4.
joint : Léon Peyrin. trésorier ; Giffey, Le<
sur, Edmond Pasteau, Comp-in, RattazzJ
Soutal" Valloy, secrétaires"; Ducompex,
secrétaire général de la rédaction du Bul-
letin ; Lacroix, bibliothécaire-archiviste.
Avaient également pris place sur l'estra-
de : MM. Allaire, Bourdais, Ch. lareaii A.,
Mirq. Ch. Mussoz, Léon Nuidar, docteur l.
Odinet, Paradoise. docteur Petit, Eug. Duo
mont. Fouanon. Mouillon X. Odinet, Ch.
Pamby, administrateurs de l'Association ;
MM. Lecomte, L. Navet, Renault. Rûbel,
Henry, Hommey, Farey, Bénard, Mlle Fra.
cbeboud, MM. DuIresne, Eberlé. Mme Palle
Cl m KEKTm?5S RSf&mO- :
MARDI Sfi l',=CEM!RE 1911. — H* ism.
LE XIX1 SIECLE
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AUX BUREAUX DU JOURNAL
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Et chez MM. LAGRANGE, CERF etO*
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Adresser lettres et mandats à C Administrateur
- TRIBUNE LIBRE '::."
,- 1
Un examen improvisé
.— ..H-C.. ——
Après la Revue de Paris,
le Temps publie un article
et un fragment de statisti-
que à propos de l'examen
des conscrits inauguré cet-
te année. D'autres feuilles
ont donne, déjà, d'autres donneront,
sans doute, des extraits analogues du
reievé général des notes obtenues à cet
examen sur divers points du territoire.
Ces divers renseignements, et sur-
- tout les jugements, qu'on en tire, ne
doivent être pris ni trop ni trop peu au
sérieux. On aurait tort de les dédai-
gner, plus tort de les enregistrer sans
contrôle. Ils appellent des observations
qu'i! importe peut-être de faire tout de
suite, pour ne pas laisser l'opinion pu-
blique s'égarer.
D'abord, la loi qu'il s'agit d'appli-
quer, date non pas du 29 juillet der-
nier, comme dit le Temps, mais de
l'année précédente. Elle attend donc
depuis dix-huit mois le règlement d'ad-
ministration publique prévu pour sa
mise en œuvre et qui demandait bien
deux heures de travail.
M. Messimy a jugé que ces délais
étaient singulièrement long9 pour la
mise en train d'un simple examen de
l'instruction primaire des conscrits ar-
rivant au corps. Et, en attendant l'ap-
parition (sic) du règlement d'adminis-
tration publique, il a, par la voie som-
maire d'une instruction ministérielle,
prescrit, à lui tout seul, l'exécution im-
médiate de cet examen. Initiative méri-
toire encore qu'un peu rapide. Grâce à
cet acte d'énergie, il est permis d'espé-
rer maintenant que la loi ne sera pas
lettre morte. r. ,
Ajoutons que la surprise même, on
pourrait presque dire l'émotion, pro-
duite par les premiers résultats signa-
lés, aidera à secouer l'indifférence pu-
blique. Et ce ne sera pas le moindre
bienfait de la loi.
Quels sont donc ces résultats ?
Nous n'en avons pas l'ensemble.
Peui-êlre même n'est-il pas très désira-
ble que nous l'ayons. Qu'a vouïu le mi-
nistre de la Guerre ? Uniquement dé-
cluncher la machine. Et, comme l'im-
pcrtant était de commencer, il a com-
mencé par jeter un premier coup de
sonde un peu au hasard. On se trom-
perait fort, si l'on s'imaginait avoir
devant soi un dossier définitif, une en-
quête mûrement conduite aboutissant à
des constatations mathématiques, à
des moyennes sûres et à de soli'des
conclusions générales. Tout s'y oppo-
sait : la soudaineté de l'opération, la
diversité des procédés,, l'inégalité for-
cé.3 dans des appréciations qui n'ont
pas encore de mètre commun, l'inexpé-
rience des chefs et la gaucherie des
hommes dans cet exercice pédagogi-
que à brûle pourpoint.
Il n'en reste pas moins acquis, au
moins à titre d'impression à laquelle
le public ne pourra échapper, un dou-
ble fait.
D'une part, il existe encore dans no-
tre armée, au moins dans certaines par-
ties du territoire, une proportion d'il-
lettrés au sens propre du mot, qui con-
firme malheureusement ou qui dépas-
se les prévisions pessimistes inspirées
pir les précédentes statistiques offi-
cielles du ministère de la Guerre. Dans
les exemples, du moins, cités par la
Revue de Paris, par le Temps, par la
Croix, etc., c'est à plus de VINGT
POUR CENT que s'élèverait l'effectîT
des jeunes soldats ne sachant, au vrai,
ni lire, ni écrire. Certes, cette propor-
tion effrayante n'est pas atteinte a
beaucoup près dans les villes, mais de
combien est-elle dépassée dans les cam-
pagnes 3e certaines régions !
Quand on songe que la Suisse et
l'Allemagne, depuis plusieurs années,
n'atteignent pas, comme chiffre d'illet-
trés, UN SUR MILLE, en comprenant
les pays de montagne et de campagne
les plus reculés !
Voilà qui justifie les mesures vigou-
reuses prises par M. Messimy pour
« ne laisser aucun soldat rentrer illet-
tré dans ses foyers à l'expiration de
SOI) service ». Le Temps déplore que
le régiment serve ainsi à remplacer l'é-
cole Nous aussi. Mais ne vaut-il pas
mieux encore appliquer ce remède hé-
roique que de ne rien opposer au mal ?
D'autre part « et ce sgcsnd fioiM
de vue aussi mérite attention — il y a
d'autres leçons à tirer, graves en un
autre sens, de l'inanité, pour ne pas
dire de l'insanité, d'un trop grand
nombre de réponses que la presse a en-
registrées. C'est en matière d'histoire,
de gréographie et d'instruction civique
que le phénomène se produit. Chez
une très forte proportion de conscrits,
d'ailleurs pourvus d'une assez bonne
instruction primaire, ces réponses ré-
vèlent des lacunes ou plutôt des trous
que l'on ne soupçonnerait pas. C'est la
répétition des longues séries d'invrai-
semblables coq-à-l'âne, qui émurent, à
bol droit, quand parut, il y a quelques
années, le livre du lieutenant Roland.
Il n'y a pas de plus saisissante dé-
monstration de l'indispensable nécessi-
té d'une éducation obligatoire de l'ado-
lescence. C'est cette seconde obligation
qui, seule, nous fera recueillir les
fruits de la première.
F. BUISSON,
Dépulé de la Seine.
P.-S. — Je ne relève pas dans l'arti-
cle du Temps l'épigramme à l'adresse
des instituteurs. Une injure gratuite
ne fait de tort qu'à celui qui la lance.
F. B.
1
Politique Étrangère
LE CONFLIT RUSSO-PERSAN
Le conflit russo-persan est
en voie d'arrangement. Le Gou-
vernement de réhéran, s'éle-
vant au-dessus des passions
populaires, a adopté une ligne
de conduite énergique, à l'in-
térieur, conciliante à l'extérieur. Le dé-
sir d'apaiser la fièvre nationaliste, —
même par des procédés de rtgueur, —
est évident. Des affiches officielles ont
été apposées, sur les murs de la ca-
pitale; pour interdire des meetings po-
litiques sans l'autorisation préalable de
la police ; ces affiches annoncent que
la question de l'ultimatum russe sera
réglée amicalement.
En présence de cette attitude des mi-
nistres, qui ne sont point suspects,
puisque leur chef est l'un des généraux
vainqueurs de l'insurrection réaction-
naire de cet été, le medfliss lui-même
a abandonné son opposition intransi-
geante et l'ussophobe. Sans. doute, a-t-il
été, pour une part, désarmé par la dé-
claration faite par le Gouvernement
rus.se qu'il se désintéressait du sort du
so uverain détrôné.
Depuis deux jours, M. Sasonof a reçu
l'assurance de la Perse que les grandes
lignes de l'ultimatum de Pétersbourg
étaient acceptées. M. Shuster a été avi-
sé, de son côté, de sa révocation. L'au-
dacieux financier américain qui s'était
mis en tête de changer la direction po-
litique de l'Iran doit battre en retrai-
le, malgré la faveur du. peuple de la
capitale dont il avait flatté sans mesu-
re des sentiments qui eussent été plus
respectables si leur manifestation ou-
trancière n'avait amené, pour la Perse,
la menace d'un démembrement.
Le Gouvernement russe, d'accord
avec le Gouvernement anglais, rempor-
le une grande victoire morale, non seu-
lement par la retraite de M. Shuster,
qui s'était dressé comme l'adversaire
des traités de 1907, mais encore par l'a-
vantagé qui lut sera reconnu, très pro-
chainement, és contrôler le choix des
fonctionnaires de la Perse pris parmi
les étrangers.
Cette exigence, qui ne manquerait
pas de paraître excessive, s'il s'agissait
d'un autre pays. s'explique par l'intri-
que même de M. Shuster, et par la
bienveillance avec laquelle l'esprit pu-
blic dans Téhéran l'avait accueilli..
Si les Persans veulent sauvegarder
les institutions libérales qu'ils ont ac-
quises, ils dOivent, avec une extrême
prudence, éviter tous les conflits exté-
rieurs. Et leur Gouvernement, en fai-
sant cesser l'occupation militaire rus-
se, peut estimer qu'il a mérité la con-
fiance de l'opinion nationale et exté-
rieure. En l'espèce, il n'u a guère qu'u-
ne victime dans l'affaire ; c'est M.
Shuster. Mais, à tout prendre, il était
le seul héros au ', drame qui ne parût
pas 'digne de beaucoup de compassion.
Albert MILHAUD.
w== =!: ---
LIRE EN 2• PAGE :
Les Lundis Révolutionnaires
f>ar Gustave ROUANET
» LE FAIT DU JOUR ---
* 1 r 1. * i « 1%
LE RÉVEIL DU RÉVEILLONNEUR. — Le commissaire i il Voyons, mon ami, ayez
du courage I a
Les On = Dit
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui lundi :
Lever du soleil : 7 h. 54 du matins
Coucher du soleil : 4 h. 5 du soir.
Lever de la lune : II h. 10 du matin.,
Coucher de la lune : 8 h. 43 du soir.)
Courses à Vinoermes.
AUTREFOIS
Le Rappel du 26 décembre 1875 :
Le ministre des finances vient d'accor-
der un bureau de tabac à Mme veuve Imbert,
qui, pendant le siège de Metz, traversa les
lignes prussiennes pour porter des nouvelles
de la ville assiégée à l'armée du maréchal
de Mac-Mahon.
— Renaissance : Première de la Petite
Mariée, opéra-comique en trois actes, de
MM. Leferrier et Vanloo ; musique de M.
Lecocq.
Sixte Quint et la repopulation
On dit beaucoup en ce jour, aux fiancés,
ou plutôt les parents se disent qu'il serait
utile et humain d'être fixé sur la conforma-
tion physique des futurs époux, qu'il serait
absolument nécessaire de savoir si l'hom-
me n'aurait pas des restes d'avarie ; on
parle même d'un examen médical in natu-
ralibus. Eh bien ! une preuve de plus que
rien n'est nouveau sous le soleil, c'est ce
que l'on raconte du pape Sixte Quint. Ce
pontife avait pour maxime qu'il valait
mieux détruire une ville que de la peupler
d'habitants maladifs, malingres, mal en-
gendrés et enfantés, et aussi d'habitants
qui n'auraient pas les moyens de vivre.
Alors, avait-il fait défendre à tous les
curés de sa souveraineté, sous peine d'être
banni, de célébrer aucun mariage qu'ils
ne se fussent, avant, assurés des u" facul-
tés » que pouvaient, ou ne pouvaient pas,
avoir les nouveaux mariés. Et par u facul-
tés Il. Sixte Quint aurait, parait-il, aussi
bien entendu les facultés physiques que les
facultés pécuniaires.
-40
Insuffisance
.——
Les auteurs du crime de la rue Orde-
ner ne sont pas encore connus. Evidem-
ment, ils font leur possible pour égarer
les recherches, mais il ne semble pas que
la Sûreté fasse le sien pour retrouver les
criminels.
Des informations publiées par notre con-
frère le Matin, il résulte, en effet, que
trente heures après l'attentat, la Sûreté
n'avait pas encore télégraphié aux autori-
tés anglaises de Newhaven pour leur an-
noncer le crime et leur communiquer le
signalement des assassins.
D'autre part, à Dieppe même, huit heu-
res après la découverte de l'automobile
volée, les détectives anglais n'avaient pas
encore été informés de l'événement par
leurs collègues français.
Nous avions la naïveté de croire que,
pfKJJV ainsi dire, autGmettqnt, le si-
gnalement des criminels en fuite était té-
légraphié par la Sûreté aux ports d'em-
barquement et de débarquement.
Il n'en était rien, et nous ne nous éton-
nons plus qu'on ne retrouve pas la Jocon-
de : elle a bien passé la frontière, mats
nul n'a pu la reconnaître au passage.
» -
fin voilà assez
- :--::+-- -
Cambriolages de villas à Oléron, viols à
Ouessant, assassinats au Mans, est-ce une
bande d'apaches qui perpétre tous ces for-
faits ?
Non, ce sont des soldats. Seulement, la
plupart d'entre eux avaient subi plusieurs
condamnations de droit commun, au temps
où ils régnaient par l'épouvante sur les
« gonzesses de Ménilmuche D ou les « pois-
ses » du Montparno.
La sentimentalité des braves gens qui
se sont émus de la rude discipline de Biri-
bi, coûte chaque jour la vie à d'autres
braves gens de France qui tombent sous
le couteau des bandits en uniforme.
En voilà assez ! Les soldats à la caserne.
Quant aux apaches, si vous ne voulez pas
les renvoyer aux compagnies de discipline,
envoyez-les au bagne. Si ça ne vaut pas
mieux pour eux, ça vaudra toujours mieux
pour nous.,
———————————— ————————————
SOLLICITUDE PONTIFICALE
Le pape abrège le. bréviaire pour laisser
des loisirs aux curés ; quant à lui, il ne
connaît pas de repos.
Nous commentions hier l'un de ses ré-
cents molu proprio ; voici qu'il vient d'en
rédiger un autre.
« Il n'est pas bon que l'homme vive
seul », a dit l'Ecriture, et c'est pourquoi
Pie X enjoint aux curés, « dans toute la
mesure du possible, de vivre en com-
mun B.
Il y aurait un moyen bfén simple d'as-
surer aux prêtres les bienfaits de la « vie
commune », ce serait do les autoriser à se
marier, et c'est ce que M. l'abbé Claray
a judicieusement fait observer au Souve-
rain Pontife. Mais celui-ci ne s'est pas lais-
sé persuader.
« Mon cher fils, a-t-il répondu, vous ne
doutez pas de ma sollicitude pour vos
frères en Jésus-Christ. Hier, je décidai que
le jeu du bilboquet alternerait, pour le
bien de leur santé, avec la lecture du bré-
viaire. C'est bien quelque chose. J'exa-
minerai la question du mariage à son heu-
re. Pour l'instant, nos curés ne sont pas
suffisamment préparés au sacrement con-
jugal : ils s'y prépareront en jouant au
bilboquet ï„
(
La Limitation des Débits de Boissons
.-
Un article de la loi de Finances veut limiter les débits de boissons.
La Fédération Nationale du Commerce en détail des
boissons proteste.
L'article 30 de la loi de Finances, qui
îst une modification à l'article 9 de la loi
lu 17 juillet 1880, est ainsi conçu :
Art. 30. — Dans les six mois de la promulga-
tion de la présente loi, les maires DEVRONT,
les conseils municipaux entendus, prendre des
arrêtés pour déterminer, sans préjudice des
droits acquis, les distances &ux<çu)©iles les cales
et débits de boissons de toute nature ne pour-
ront être établis autour des édifices consares
à un culte quelconque, des cimetières, des hos-
pices, des casernes, des écoles primaires, lycées,
collèges et autres établissements d'enseignement.
Pour bien se rendre compte de l'impor-
tance de la modification proposée (modifi-
cation tout entière contenue dans un seul
mot), il faut, après avoir lu l'article ci-des-
sus, prendre connaissance de l'article 9 de
la loi du 17 juillet 1880.
L'article 9 de la loi du 17 juillet 1880, à
la place du mot « DEVRONT », avait le mot
( pourront ».
Il semble de cette substitution que si
l'article 30 était voté par la Chambre et te
Sénat, la limitation du nombre des débits
serait purement et tout simplement faite.
M. Pierre Audin, le sympathique et dé-
voué président de la Fédération nationale
du Commerce en détail des boissons, nous
a déclaré :
Actuellement, les maires od l'entière liberté
de prendre ou de ne pas prendre des arrêtés
déterminant les distances auxquelles les débits
devront être établis a~ur de certains établis»
sements publics ; et c'est justice, car nul mieux
que le maire ne peut connaître tes besoins de
sa commune.
Or, lia loi de 1880, qui est déjà une loi d'ex-
ception, est uno arme suffisante dans la main
des maires, sans qu'il soit besoin de la trans-
former en en aggravant les conséquences.
En tous cas, si certains esprits estiment qu'il
y a lieu d'en remanier le texte, ils feraient bien
do s'inspirer des mœurs et des idées modernes
en supprimant dans le texte nouveau tout ce qui
loucJie aux édifices consacrés aux cultes, puis-
que, contrairement à ce qui existait en lSOO,
IG11t n'a pas à se proccuper des différents
cultes, grâce à la loi de séparation.
Dans tous leurs Congrès, les débitants, restau-
rateurs et hôteliers se sont prononcés contre tout
projet de limitation. Puis, après avoir émis le
vœu ;
« Que les pouvoirs pubdics consiuitent les Cham-
bres de commente, les syndicats professionnels
et les groupements autorisés sur les projets de
loi intéressant leurs professions », ils consta-
tent que l'on tente de transformer le régime de
ieur commerce à l'aide d'un moti adroitement
introduit dans la loi de finances 1
Contre cela, ils protestent, et ils ont raison.
Nous savons que les débitants de bois.
bons sont résolus à mener une très vive
campagne contre toutes les lois. qui pour-
raient res.rcindre leur commerce. Ils con.
sidèrent qu'ils payent beaucoup d'impôts.
— beaucoup trop à leur avis — et d'ores et
déjà ils ont saisi leurs députés de leurs
ioléaaois.
CHRONIQUE
Conte de Noël
■■■■ »♦» ■ —
Aimel-VOll les ans les autres !
Dix heures. — « J'ai résolu de mourir.
Comment mes persécuteurs m'ont-ils re-
duite à ce désespoir 1 Je n'ai plus de cou-
rage !. Je ne crois pas qu'aucun d'eux
ait - eu conscience de sa méchanceté cri-
minelle. Ce ne sont pas des monstres. Hé-
las ! ce ne sont que des fanatiques. Oh !
Jésus, dont le monde chrétien célèbre, cet-
te nuit, la naissance, c'est en ton nom,
c'est en témoignage de La foi qu'ils ont gar-
dée à ton humanité divine, que des hom-
mes et des femmes, des vieillards véné-
rables, un prêtre, des mères de famille
respectées, des jeunes gens et des jeunes
filles, des enfants même, les innocents !
excités contre moi, ont, dans une émulation
de cruauté, accablé une pauvre fille de tou-
tes les avanies, de toutes les vexations, de
toutes les injures. Qu'est-ce que je leur ai
fait ? Je suis coupable d'être l'institutrice
d'urne commune cléricale dont on a laïcisé
l'écoJe. Tel est mon crime 1
« Je suis seule dans la vie. Ma mort n'af-
fligera personne. Je n'ai plus la force de
souffrir : qu'est-ce donc qui me retien-
drait ?
Onze heures. - Il Serait-ce la peur de cé
que je vais faire, tout à l'heure, qui mouil-
lerait ce papier de mes larmes ? Allons !
Le poison qui m'attend là, dans ce verre,
à portée de ma main, est foudroyant. Une
agonie trop longue, douloureuse, cela, je
l'avoue, c'était au-dessus de mon courage.
Je ne suis qu'une femme, une faible jeu-
ne fille : que la mort ne me fasse pas de
mal ! Mais je n'ai rien dé tel à craindre.
Alors, pourquoi mes larmes coulent-elles
encore, coulent-elles intarissablement ?
cc J'ai bien regardé en face l'inconnu dans
lequel je vais entrer. Ma chair en a le fris-
son, c'est vrai. Mais je sais que ce n'est
qu'un instinct qui se révolte. L'au-delà,
peut-être n'est-ce rien. Peut-être, c'est une
autre vie. Mon imagination se l'est sou-
vent représentée : Elle avait la forme de
mes rêves, et l'injustice qui me fait fuir
celle-ci, je ne la subissais plus. Rien ne
m'empêche de partir avec cette espéran-
ce. Pourquoi, pourquoi donc ne tarit-elle
pas mes pleurs ?
« C'est fini ! Je ne pleure, plus. Ah ! j'é-
tais oppressée d'un grand poids. Mainte-
nant, je suis soulagée ! Adieu, ma jeunes-
se ! Mine, tu n'es été heureuse que les
quelques années demi inconscientes pen-
dant lesquelles on est encore protégé con-
tre la méchanceté humaine. Va, mainte-
nant que tes bouleaux t'en ont abreuvée,
va, d'un cœur ferme, vers ta délivrance !
Minuit. — « La neige tombe. Le vent
furieux l'agite en tourbillons affolés. J'en-
tends chanter dans les rues du village.
Des voix épaissies de bière et d'alcool.
En ce moment, les dévotes, les jeunes et
les vieilles, se rendent à l'église. Mada-
me X. et madame Y. passent sous mes
fenêtres, avec un regard haineux à la lu-
mière insolite qu'elles y Voient briur..
Qu'est-ce que fait la mécréante ?
« Je pense à vous, bonnes âmes; qui
m'avez diffamée, salie. Et je vous pardon-
ne, parce que la haine qui est dans votre
cœur, des préjugés de votre éducation l'y
ont mise. Pourtant, c'est de votre haine que
je meurs, à vingt-quatre ans ! C'est vous,
madame X. , qui avez fait déborder la
coupe. C'est vous qui avez répandu la ca-
lomnie infâme qui a entaché ma réputation,
mon honneur. Vous avez dit, madame,
que vous m'aviez vue, un soir d'été, sur
la grand'route, avec le fils de mada-
me Y., votre amie. La vérité est que je
m'y promenais seule, à mon habitude, loin
des méchants et des méchantes du villa-
ge. Ce jeune lâche m'avait guettée. Il
m'outragea d'un ignoble baiser dont je
n'eus pas le temps de me défendre. Jus-
tement, par hasard, votre voiture débou-
chait d'un ohemin de traverse. Vous aviez
vu la scène. J'ai eu le tort d'aller le len-
demain chez vous, de vous en expliquer le
répugnant caractère de violence et de
guet-apens. Vous n'avez point paru mettre
en doute ma sincérité évidente. Mais, le
jour même, vous disiez à qui voulait vous
entendre que j'étais si manifestement cou-
pable que je m'étais crue obligée, de pren-
dre les devants pour venir me justifier près
de vous. On vous crut d'autant plus que le
fils de madame Y,., le vantait partout ef-
frontément d'avoir fait de moi sa maîtres-
se. Je l'avais détourné de son devoir, ren-
chérissait sa digne mère ! « Et c'est à ces
créatures, ai-je pu lire dans un journal
catholique de la région, qu'on voudrait
nous contraindre à confier nos filles ! »
Voilà ce que vous avez fait ! pieuses fem-
mes ! Ah ! misère ! Ah ! dégoût !. Mou-
rir ! qu'il me sera doux de mourir, tout à
l'heure !
Une heure. - Il Le vent s'est apaisé.
Plus de neige. De grands nuages déchirés
voguent encore, d'une fuite lente, laissant
derrière eux de larges espaces de ciel dé-
couverts. Quelle paix, après la rafale qui
laisalt rage, tout à l'heure ! Le bleu de la
nuit est intense. Encore quelques minu-
tes !. Oh ! bénies soient-eUes, puisque,
avant de fermer mes yeux éternellement,
il m'est accordé de les rassasier de la
beauté de ce ciel!
f 8' V m :Ii « C » « W E W 8i 81 •
Trois heures. - cc J'avais ouvert ma fe-
nêtre, sans me soucier du froid. Je.ne sais
pourquoi, j'avais voulu respirer cet air
pur, cet air glacé ; j'en avais voulu, sur
mon front sur la fièvre de mes joues, la
vive caresse.
« Et voici ce qui est arrivé. J'ai enten-
du une plainte grêle d'enfant,. d'un en-
fant qui sajigloWit très bas. Je mç suis
penchée, j'ai appelé. La voix de la petiffi
Léonie m'a répondu. J'ai reconnu la paul
vrette. Je l'ai fait monter. Elle claquait des
dents. Je l'ai réchauffée ; je lui ai IaifJ
bouillir du lait. Et Je l'ai prise dans mesf
bras. La mignonne tremblait comme uni
oiselet qu'on tient dans sa main. EËO
tremblait de peur, encore plus que de froiJj
C'est la fille de la femme Leleux, qui l'ai
eue d'on ne sait qui, avant de se marier.\
Son mari déteste l'enfant. Quand il est!
ivre, il la tuerait. Elle a eu, cette nuifj
une telîe peur des menaces du forcené
qu'elle s'est sauvée et qu'elle est venue, Vï
pauvre petite ! me demander protection'.t
Mais elle n'était pas assez grande poujj
atteindre au cordon de ma sonnette, ci
elle restait là, au pied du mur de. l'école,j
dans la neige, par ce froid ! Je l'ai rassu
rée de mon mieux, et je l'ai reconduite
chez elle. La. mère n'était plus là. Folle
d'inquiétude, elle courait le village, cher-
chant sa fille. C'est le farouche Leleux qui
nous a ouvert. « C'est bon, a-t-il dit, de siX
rude voix, à l'enfant, va te coucher ! )
Et à moi : « Rassurez-vous, mademoisel-
le, je ne la toucherai pas. Mais, vous sâ
vez, vous êtes une brave personne,' et jd
vous ôte ma casquette. » Et il m'a saluée
très respectueusement. Sa femme, à ce mo*
ment, rentrait. On m'aivait vue avec 14
petite, et on le lui avait dit. Comme je mei
défendais contre ce que me paraissait avoic
d'excessif la reconnaissance qu'elle m'ex-
primait d'une chose si naturelle : « Non,
non ! a-t-elle fait, vous rendez is bien poe
le mai ! Allez, je sais ce que je dis ! )t
« Et, lorsque je me suis retrouvée chez:
moi, quand j'ai relu ces pages que j'écris
vais avec le ferme propos de me délivrer,
de la vie amère et méchante, j'ai senti que!
mon cœur était chaud, comme d'un coré
dial, des paroles de cette humble femme^
celles, ô Christ, qu'avant toi nulle bouJ
che humaine n'avait prononcées, et qUT.
mieux que les prophéties mieux que lest
miracles, ont pu faire croire aux hommes
que tu étais un dieu. R
Eugène HOLLANDE.
♦ -
Les Ministres délibèrent
Le Conseil des ministres a tenu hier ma..
tin, à l'Elysée, sous la présidence de M.
Fallières, une séance qui se tient habituel-4
lement le samedi, et qui n'avait pu être;
tenue avant-hier, à raison de la réunion
de la Chambre.
Le statut des fonctionnaires
Les ministres se sont entretenus du sta
tut des fonctionnaires, en vue d'arrêter le
sens des déclarations que le Gouvernement
fera la semaine prochaine (févant la Com-
mission de la Chambre chargée d'étudier:
cette question.
L'avant-projet de cette Commission a éla-
boré ne doit être maintenu définitivement
et déposé sur le bureau de la Chambre
qu'après que le président du Conseil aura
fait connaître l'avis du Gouvernement.
Or, de la délibération du Consefl des:
ministres, il résulte que ce projet soulève,
de la part de ceux-ci, de nombreuses et
vives objections. Le Conseil estime qu'on-
ne peut accepter certaines dispositions 6
co projet, qui auraient pour effet d'affai--
blir et même d'annihiler en certains cas
l'autorité gouvernementale.
Le Gouvernement présentera lui-même
un texte qu'il va s'efforcer d'élaborer très
promptement, et il fera connaître cette, ré-
solution jeudi prochain à la Commission.
Le douzième provisoire
Le ministre des Finances a été autorisa
à déposer un projet de loi ouvrant un dou
zième provisoire pour assurer le fonction-
nement des services publics durant le moisi
de janvier. Ce proiet sera déposé dès que
la Chambre aura terminé le. vote du budget
de 1912.
Prorogation douanière
Le président de la République a signé
un décret prorogeant jusqu'au 3i mars 1912
la date d'entrée en vigueur de la nouvelle
réglementation douanière sur les sacs et
emballages, le pesage et la vérification
des marchandises. On sait qu'une premiè-
re prorogation avait déjà reporté au 31 *
décembre 1911 cette mise en YJgueure;
Promotions
Le ministre de la Marine-a fait approu,-
ver un décret par lequel sont promflfs .r
Vice-amiral, le contre-amiral Gaschard,
et contre-amiraux, les capitaines de vais-
seau Clément, Huguet, Rouyer, Tracûu et
Darriéus.,
Les Réunions d'hier
L'ASSOCIATION PHllOMATHIQUE
L'Association Philomathique (oeuvre gra-
tuite d'enseignement populaire et d.assis..
tance médicale fondée le 5 janvier 1895
dont le siège social' est 38, rue de la Ver-
rerie), a tenu hier sa ne assemblée géné-
rale statutaire pour l'année 1911, dans lai
salle des fêtes de-la mairie du IVe arron-
dissement, sous la présidence de M. Léon-
ce Dariac, inspecteur des services adminis4
.tratifs de l'enseignement agricole et vétéri-
naire du ministère de l'Agriculture, prési-
dent fondateur de l'Association, assisté da
MM. le docteur Pasteau. Mallié. Dunand*
vice-présidents ; F. Pelletier, secrétaire gé-
néral ; Boulangier, secrétaire général a4.
joint : Léon Peyrin. trésorier ; Giffey, Le<
sur, Edmond Pasteau, Comp-in, RattazzJ
Soutal" Valloy, secrétaires"; Ducompex,
secrétaire général de la rédaction du Bul-
letin ; Lacroix, bibliothécaire-archiviste.
Avaient également pris place sur l'estra-
de : MM. Allaire, Bourdais, Ch. lareaii A.,
Mirq. Ch. Mussoz, Léon Nuidar, docteur l.
Odinet, Paradoise. docteur Petit, Eug. Duo
mont. Fouanon. Mouillon X. Odinet, Ch.
Pamby, administrateurs de l'Association ;
MM. Lecomte, L. Navet, Renault. Rûbel,
Henry, Hommey, Farey, Bénard, Mlle Fra.
cbeboud, MM. DuIresne, Eberlé. Mme Palle
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