Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-12-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 17 décembre 1911 17 décembre 1911
Description : 1911/12/17 (N15255). 1911/12/17 (N15255).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7568177n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
v 15255. — 27 PRIMAIRE, ut m. ¡.-.- -:- CIHQ CENTIMES LE HUMERI
- DIMANCHE 17 DECEM2RE 1911. - No 15259.
- - ■ i , f*" "■ ■ v - .t '■ !*W~ <
ANKOKCKS. ,,; ;;' '• ;
AUX BUREAUX DU JOURNAL
-
18, boul. de Strasbourg et 71, rue du Faub.-St-Martin, PARIS
Et chez MM. LAGRANGE, CERF etO.
6, place de la Bourse, 6
Adresse Télégraphique: XIX* SII:CLR. -'PARIS
ABONNEMENTS
Trois mois six mois un
Parla T. el (t 11 f„ M l £
Départements et 7 1. 12 I. 84 f £
Union Postale. 9 f. 16t. 89 i
l'
Les abonnements sont reçus sans frafI
dans tous les Bureaux de Poste.
TÉLÉPHONE : 424-90 et 424-91
De 9 heures à soir à 3 fcesres in 1iatia; 123, m IWIarIn Tâépbint H3.93
FONDATEUR: EDMOND ABOUT
TÉLÉPHONE : 424-90 et 424-91
Adresser lettres et mandats 4 l'Administrateur -
:..," ¡RIBUNE LIBRE'
Les Elections Sénatoriales
- —————————..
Le renouvellement d'un
tiers du Sénat aura lieu le
dimanche 7 janvier pro-
chain- Le grand public
ignore les péripéties - du
combat personnel et -- âprie
qui se livre. Mesurons d'abord 1 éten-
due du champ de bataille.
Le Sénat possède 300 membres et
ne comprend plus que trois sénateurs
inamovibles : MM. Bérenger et Cazot,
élus par l'Assemblée Nationale les 15
et 16 décembre 1875 ; M. de Marcère,
Dümmé par le Sénat le 24 février 1884.
La série renouvelable est la série A,
due le 4 janvier 1903. Elle embrasse
38 départements français, de J'Ain au
Gard (inclus), le département d'Alger,
la Guadeloupe et la Réunion, nommant
au total 96 sénateurs. Il faut y ajou-
ter la Gironde, la Loire et la Seine-In-
férieure, dont quatre sénateurs sont
ilécédés et seront remplacés le 7 jan-
vier ; soit, exactement, 100 sénateurs
a élire-
Sur les 96 sortants, trois sont déèé-
des : MM. Gobron (Ardennes), Mons-
servin (Aveyron), Parissot (Eure) ;
onze ne se représentent pas : MM. Gi-
gue t (Ain),- Grimaud (Hautes-Alpes),
Frézouls (Ariège), Barbaza (Aude),
îVellen (Bouches-du-Rhône), de Carné,
îlangoumar des Portes, Ollivier (Cô-
les-du-Nord), Dufoussat (Creuse), Du-
jsolier (Dordogne), Saillard (Doubs).
Les quatre autres sénateurs décédés
Sont : MM- Obissier Saint-Martin (Gi-
ronde), Chollet (Loire), de Montfort et
'Amel (Seine-Inférieure).
Dans un seul département, le Cal-
vados, représenté par trois réaction-
naires, il n'y a -que la liste des sor-
tants. -s,.
Il est probable que, dans VAiiï, la
Jistl radicale des deux sortants com-
plétée par un troisième candidat en
remplacement de M. Giguet n'aura pas
He liste concurrente-
Dans plusieurs départements, (Ardè-
che, Ardennes, Aude, Bouches-du-
Rhône, Cantal, Charente, Charente-
Inférieure, Cher, Corrèze, Côte-d'Or,
Creusé, Dordogne, Doubs, Drôme,
Gard), la réaction se sent tellement
battue d'avance, qu'elle ne paraît pas
'disposée a présenter une liste.
Dans tous les départements, à l'ex-
ception du Calvados, où se trouvent
clés sénateurs de droite, les républi-
cains entament hardiment la lutte.
A J'heure actuelle, cinquante et un
députés et quatorze anciens députés
sollicitent le mandat sénatorial. Ce
nombre pourra diminuer selon les dé-
cisions des Congrès qui choisiront les
candidats.
Ce qui caractérise d'abord ces élec-
tions, c'est l'affirmation éclatante du
principe républicain.
Les programmes des sénateurs et
des candidats de gauche se ressem-
blent- Tous invoquent le progrès so-
cial, réclament la défense de l'école
laïque, la limitation des dépenses pu-
bliques, l'équilibre du budget, la pro-
tection de l'agriculture, le respect de
h loi et la répression des menées anar-
chistes. La plupart des candidats du
bloc de droite protestent de leur loya-
lisme républicain et se répandent en
critiques de la majorité parlementaire
et en vagues déclarations de libéralis-
mp. ——- -,'.,\M '",---"',"-",'
Dans divers départements, la lutte
est plutôt entre des hommes qu'entre
des principes. Je constate de fâcheux
symptômes. L'abaissement des carac-
tères et les détestables habitudes du
scrutin d'arrondissement produisent
leurs pernicieux effets au scrutin séna-
torial départemental. On ne détermine
pas un mouvement d'opinion, on or-
ganise des parlottes. Des intrigues se
nouent à l'ombre des clochers, et cha-
cun cherche à se concilier la faveur du
potentat de canton ou du roitelet de la
commune.
Ah ! il est temps d'opérer la réforme
élf;ctorale législative, d'élever l'hori-
zon des citoyens, d'arracher l'élu aux;
servitudes, de le restituer à son rôle de
défenseur d'une doctrine et à sa fonc-
tion de représentant de la Nation- Un
devoir rigoureux s'impose à tous les
sincères républicains dans les dépar-
tements qui vont nommer des sena.
teurs. Il faut écarter les causes de con-
flit entre la Chambre et le Sénat e\\,
faire prévaloir la volonté du Pays. La
Chambre a voté par 566 voix contre 6
l'article premier de la proposition qui
établit « le scrutin de liste avec repré-
sentation des minorités }, et elle con-
tinuera, en janvier, la discussion de la
réforme électorale. Il n'est pas admis-
sible que le suffrage restreint mécon-
naisse les décisions du suffrage univer-
sel et défigure le projet de la Cham-
bre Il importe de mettre en demeure
les sénateurs sortants et leurs concur-
rents de se prononcer sur cette ques-
tion et d'accepter les bases de falot
Nous envisageons avec confiance
l'issue de la bataille. Notre Parti ga-
gnera des sièges, des républicains ti-
morés seront remplacés par de fermes
démocrates. Dans des départements
ccmme l'Aisne, l'Aveyrori, les Côtes-
du-Nord, l'Eure, le Finistère, où les
candidats du bloc de droite nous ont
distancés de très loin, au renouvelle-
ment de 1903, nous pouvons espérer
le succès, et la où nous ne l'obtien-
drons pas, les candidats de gauche
serreront 'de près leurs adversaires-
Cette consultation prouvera une fois
de plus le déclin et l'impuissance des
partis dynastiques et accentuera l'o-
rientation de la Haute Assemblée vers
les réformes sociales.,
-.-" J -C. BONNET,
Tyice-présidenl du Comité Exécutif du
Parti Radical et Radical socialiste.
LA POLITIQUE
..='='; - .::4::.
M. MILLERAND ET L'ACCORD
La discussion se poursuit de
l'Accord franco-allemand. Jeu-
di,elle valut à la Chambre d'ap-
plaudir l'un des plus beaux
discours qu'ait prononcés M*.
Albert de Mun ; hier, elle
amena à la tribune M. Millerand.
De tels orateurs devaient porter la
parole en un tel débat : ils nous font,
moins, regretter que d'autres n'aient pas
su se taire.
',M, Milleiand, avec non moins de
succès que M. de Munt a traduit, à la
tribune, la calme fierté de la France,at-
tendant la conclusion des plus diffici-
les pourparlers, « sans se laisser aller à
aucune èin,iJtion,avec la volonté de mon-
trer,au dehors, qu'en face des questions
de politique extérieure, il n'y a plus de
partis ».
Mais M. Millerand ne rappelait la
magnifique attitude du Pays que pour
proposer au Parlement la leçon qu'elle
comporte. L'examen de l'Accord du 4
novembre est un examen Tout objec-
tif, et la question qui importe, n'est pas
tant de savoir si le protectorat du Ma-
roc est payé cher, que s'il répond aux
nécessités de notre situation, comme
aux aspirations traditionnelles de no-
tre politique.
C'est de ce point de vue objectif et
réaliste .que l'ancien ministre Va étudié
avec sa clarté et sa précision habituel-
les, et, lorsqu'en concluant, il exprima
sa confiance que le Parlement tiendrait
à honneur de le ratifier, la Chambre
tout entière rnanijesta, par ses ap-
plaudissements, qu'elle s'associait à l'é-
minent orateur pour adresser au Gou-
vernement l'hommage de sa reconnais-
sance patriotique.
La discussion de l'Accord franco-alle-
mand peut durer quelques jours enco-
Te ..les résolutions de la majorité répu-
blicaine sont prises.
Elle donnera sa pleine et entière
adhésion à cet Accord, « avec la volonté
tranquille et ferme d'apporter à l'inter-
prétation du contrat la plus scrupuleu-
se loyauté, d'en écarter toutes les thè-
ses aventureuses et aussi, autant qu'il
dépend de nous, toutes les chances de
conflit. mais avec la résolution de faira.
produire à cet Accord toutes ses consé-
quences lés el utiles ».
M. Millerand aurait pu, comme cer-
tains, céder à la tentation de se livrer
à un stérile dénigrement de l'œuvre ac-
complie, tentation commune,. car il
n'est point d'œuvre humaine qui soit à
l'abri de la partialité : il a tenu, au con-
traire, à apporter au Gouvernement
l'appui de sa haute autorité pour le dé-
fendre contre la calomnie. Il a prouvé,
une lois de plus, qu'il est 'de ceux qui
placent au-dessus rdes mesquineries
d'une politique au jour le jour, le souci
de la grandeur nationale.
LIRE EN 2° PAGE :
Crédit au petit commerce
et à la petite industrie
LE FAIT DU JOUR
LES SAUVETEURS DU (r DELHI t. — C Les braves gens! »
Les On = Dit
,'—
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui samedi i
Lever du soleil : 7 h. 49 du matin.
Coucher du soleil : 4 h. 2 du soir.
Lever de la lune': 3 h. 32 du matin.
Coucher de la lune ; 1 h. 33 du soir. j j
4 -?' ..-- A4û.
AUTREFOIS -
Egoïsme de grande dame
el'
Un jour d'hiver, après l'office
Entendu, chez les capucins :
a Ces pauvres gens, que je les plains 1
S'écriait la prude Clarisse.
Le froid me glace jusqu'aux os 1
Jasmin, .portez-leur des fagots !
Hélas ! ils ont da jambe nue !. »
Mais bientôt, auprès d'un grand feu,
Elle dit : Il Rendons grâce à Dieu ;
N'allez pas, le froid diminue 1 »
Cette épigramme, qui semble anodine,
renferme une grande part de vérité. Parce
que quand nous ne souffrons pas, nous
n'admettons point souvent que les autres
puissent, souffrir.;
» ;—
COMME IL VOUS PLAIRA.
i -;+-..:---
M. Jaurès voudra, bien nous rendre cet-
te justice que nous avons toujours appor-
té dans nos polémiques une courtoisie
parfaite et que si nous avons maintes
fois sévèrement jugé ses idées, nous n'a-
vons point songé à cacher notre admira-
tion pour son incomparable talent.
Lui-même, jusqu'ici, quelle que fût l'ar-
deur de ses généreux emportements, s'était
gardé de suppléer aux arguments par des
invectives. Il nous permettra de trouver
fâcheux que, blessé dans son orgueil par
les échecs successifs que lui infligea la lo-
gique de M. Delcassé, il s'abaisse aujour-
d'hui à des ripostes qui ne sont que des
injures.
tSes derniers articles appartiennent au
plus facile comme au moins estimé des
« genres » littéraires, et il faut que le lettré
qu'il est se soit fait violence pour les
écrire..
Nous pourrions tâcher à l'imiter, mais
nous ne voyons pas-iien ce que nos polé-
miques gagneraient en intérêt si nous ré-
pondions par exemple « rhéteur mafflu"
ou encore « outre gonflée de vent », quand
-il se fatigue à criel « gnôme dangereux ».
Toutefois, nous ne refusons pas d'es-
sayer. Il ne faut pas que M. Jaurès se
persuade que tous les radicaux sont rési-
gnés à se laisser insulter, ou bL laisser in-
sulter les meilleurs d'entre eux qui se dé-
vouent noblement au service de la Na-
tion. , -
S'il veut persister dans un genre où il
est inférieur à lui-même, nous n'aurons
guère sujet de nous en plaindre, ayant
moins de peine à régaler.
Quand il le voudra et comme il le vou-
dra, il nous trouvera prêts à la riposte.
: —
Et Napoléon.
-:+-.,-
Il est un argument auquel la magnifi-
que éloquence de M. de Mun a prêté tant
d'autorité qu'on en abuse un peu à la
Chambre et dans la Presse.:
« A d'autres époques de son histoire,
s'est écrié le grand orateur catholique, la
France a perdu des colonies, mais elle
les avait du moins, jusqu'à la dernière
heure, défendues par les armes. »
Et M. Delahaye, avec bon nombre de
journaux nationalistes, de répéter que la
République infligea en pleine paix, à la
France, l'humiliation d'une cession de ter-
ritoires.
Comme M. Lebrun l'a. excellement mon-
tré, un échange n'a rien d'humiliant et
n'est pas un don gratuit.
Nous pensons, quant à nous, de l'ac-
cord du 4 novembre, qu'il est à, la fois
honorable et profitable, et, pour parler un
langage qui euL quelque succès, nous per-
sistons à dire que la France, en acquérant
le protectorat du Maroc au prix de ce
qu'elle a cédé du Congo, a conclu une ex-
cellente affaire. *
Mais, au surplus, d'autres régimes que
le nôtre n'ont-ils pas conclu des échanges
dont pourrait s'indigner M. Delahaye ?
Le Premier Consul, à ce qu'il paraît,
n'était pas homme à humilier ¡( d'un cœur
léZrDier » le drapeau national. Cependant, il
crut devoir, en 1803, céder la Louisiane
aux Etats-Unis.
La eéda-t-il contre une autre colonie ?
Non, il la troqua simplement- pour de l'ai*-,
gent, pour 50 millions, et la Louisiane,
alors, c'était tout le bassin du Mississipi
jusqu'au Pacifique.
Que dirait-on de M. Caillaux, s'il avait
fait ce qu'a fait Napoléon ?
Marine Française et Marine Allemande
>
Le pessimisme exagéré de M. de Lanessan. — Notre marine
vaut celle de l'Allemagne.
Dans un article de revue qui a des pré-
tentions documentaires, M. de Lanessan,
ancien ministre' de la Marine, expose lon-
guement et lourdement l'état de notre
Ilotte.
« A l'heure actuelle, dit-il, nous ne dis-
posons que de douze cuirassés (les cinq
Patrie, avec le Suffren et les six Danton)
capables de figurer dans une bataille con-
tre les vingt-trois cuirassés de premier
rang de l'Allemagne ».
Après avoir affirmé que nos neuf cuiras-
sés de second rang ne peuvent pas nous
rendre de réels services, M. de Lanessan
ajoute :
« Il vaudrait mieux adjoindre à nos dou-
ze cuirassés de premier rang, cités plus
haut, nos sept croiseurs-cuirassés les plus
récents (Victor-Hugo, Léon-Gambetta, Ju-
les-Ferry, Jules-Micheiet Ernest-Renan,
Edgard-Quinet, Waldeck-Rousseau).
« Avec les cinq Patrie, le Suffren, les six
Danton et les sept croiseurs-cuirassés,
nous formerions une armée de dix-neuf
bâtiments, qui pourrait faire quelque figu-
re en face de l'armée des vingt-trois cui-
rassés de ligne allemande, tout en étant
très inférieure à cette dernière ».
Le pessimisme de M. de Lanessan est
peut-être un peu exagéré.
Nous voulons bien convenir que le
Brennus, le Carnot, le Charles-Martel et le
Jaurêguiberry sont des cuirassés de se-
cond rang, quoiqu'ils aient des canons de
305, voire même de 3lW comme le Brennusk
mais le Charlemagne, le Gaulois, le Massé-
na et le Bouvet peuvent rivaliser avec cer-
tains cuirassés allemands de premier rang.
Nous allons le prouver.
M. de Lanessan, en donnant à l'Allema-
gne une flotte de vingt-trois cuirassés, est
obligé de faire entrer en ligne de compte
les cinq navires du type Witlelsbach
(Wittelsbach, Wattin, Zâhringen, Schwa-
ben, Hecklenburo).
Or, ces cuirassés n'ont qu'un tonnage de
11.800 tonnes, alors que le Masséna et le
Bouvel, placés à tort au second rang, ont
un tonnage de 12.200 tonnes.
Les lVitlelsbacll, comme grosse artille-
rie, possèdent quatre canons de 240. Le
Masséna et le Bouvel ont deux canons de
270 et deux canons de 305. Le Charlema-
gne, le Gaulois, le Saint-Louis ont quatre
canons de 305. Ils sont donc supérieurs,
comme grosse artillerie, aux cinq Wittels-
bach. Pourquoi M. de Lanessan les place-
t-il au second rang ?
Il est à remarquer que tous nos cuiras-
sés ont des canons do 305 ; au contraire,
en Allemagne, les seuls Ilelgoland, l'hû-
ruigen, Ostfriedland ont du 305, les Nas-
sau et les Deulschland n'ont, comme gros-
se artillerie, que des canons de 280. C'est
donc la France qui est supérieure à l'Al-
lemagne comme artillerie.
Nous avons, en outre, dix-huit croiseurs-
cuirassés, l'Allemagne n'en a que dix.
Par ailleurs, si l'on ajoute à ces forces de
première ligne le cuirassé Marceau et les
croiseurs-cuirassés Pothuau, Latouche-
Tréville, Amiral-Charner et Bruix, qui
ont encore une valeur militaire très sérieu-
se, on arrive pour la France au chiffre
définitif de quarante-cinq cuirassés et
croiseurs-cuirassés, alors que l'Allemagne
n'en a que trente-neuf.
o Cependant, nous reconnaissons que la
France a un très grand effort à faire. Nous
avons maintes fois conseillé au Parlement
de ne pas marchander les crédits néces-
saires. M. de Lanessan trouve le program-
me naval insuffisant. Il rêve pour sa Pa-
trie u"e flotte aux navires nombreux et
bien armés. ,
Son idéal est le nôtre, et nous avons,
nous, confiance en M. Delcassé pour em-
ployer utilement l'argent des contribua-
bles pour le bien du Pays et non pour ce-
lui des fournisseurs. Nous savons que cer-
tains fournisseurs de la marine ne sont
pas contents de M. Delcassé, mais nous
ignorions qu'ils eussent POUF- PLYOCQT M, d.
Lanessan. -
A LA CHAMBRE
--to?-
Le De eb a ts ur l'Acco
.:
M. Vaillant parle au nom des socialistes. — M. Abel Ferry reproche
- au Gouvernement le protectorat marocain. — Les fantaisies
de M. Delahaye. — Un grand discours de M. Millerand..
Physionomie de la Journée
1
L'affluence a été un peu moindre,
hier après-midi, tant de la part du pu-
blic que du côté des députés. La répu-
tation des orateurs devant occuper la
tribune fut, apparemment, la cause
déterminante des vides qu'on a pu
constater. M. de Schoen, ambassadeur
d'Allemagne, n'a fait qu'une courte
apparition dans la tribune diplomati-
que. Seul, sir Francis Bertie, ambas-
sadeur de la Grande-Bretagne, est, de-
meuré stoïquement jusqu'à la fin.
Aussi, l'éminent diplomate a-t-il pu en-
tendre M. Millerand qu'on n'attendait
guère à l'heure avancéeoù il prit la
parole et dont le beau discours a été la
récompense de l'admirable ténacité de
l'auditoire. avait i~epris avec l~éloge
La discussion avait repris avec l'éloge
que fit M. Vaillant de l'attitude du par-
ti socialiste, pendant la crise.Le citoyen
Vaillant n'appartient pas à cette caté-
gorie d'orateurs qui fait accourir les,
foules. On a comparé son débit à celui
,d'une fontaine discontinue. Son origi-
nalité consiste il exprimer les- proposi-
tions les plus terrifiantes sur le même
ton qui lui servirait à dire qu'il a plu
toute la nuit. Ses amis l'ont fortement
applaudi. Ils le considèrent, d'ailleurs,
comme le prophète, Ajoutons que ses
adversaires l'entourent d'une estime
qui ne le cède en rien à la dévotion
de ses partisans.
M. Abel Ferry, un jeune député des
Vosges, et le propre neveu de Jules
Ferry, succéda au « père Vaillant ».
Porter le nom glorieux de Ferry et pro-
noncer un discours où l'on fait grief
à un Gouvernement républicain d'avoir
étendu notre' empire colonial, c'est as-
pirer à descendre dans l'opinion de
ses contemporains. Le speciacle qu'of-
frit ce jeune homme qui s'exprima, au
reste, avec une autorité, une suffisance
d'un goût détestable, parut plus que
pénible à ceux dans l'esprit desquels
subsiste encore le souvenir des vitupé-
rations dont Jules Ferry, assis au banc
du Gouvernement, fut l'objet au lende-
main de la fausse défaite de Lang-Son.
Et M. Abel Ferry n'a même pas l'ex-
cuse d'être Clemenceau.
En voyant. M. Delahaye s'installer à
la tribune, l'espoir d'un intermède dis-
trayant se manifesta dans l'Assemblée.
Le député de Maine-et-Loire a l'habi-
tude d'assaisonner de vitriol un certain
humour naturel, et ses violences de lan-
gage ont toujours quelque chose d'a-
musant. Il faut constater, hélas ! que
les choses de la politique extérieure
n'ont pas le don d'inspirer M. Dela-
haye. Sa grosse méchanceté a consisté,
hier, à parler du ministre de la Marine
en le désignant imperturbablement
sous l'appellation de M. Théophile Del-
cassé et à dénommer le président du
Conseil : M. Joseph-Auguste Caillaux.
C'est évidemment très spirituel, mais
on se lasse des meilleurs traits. Et,
chose curieuse, le premier à s'en fati-
guer fut lU. Delahaye lui-même. Tout
il coup, il s'arrêta sous prétexte que la
Chambre, qui lui avait pourtant prêté
une attention soutenue, refusait de l'é-
couter. Et, fourrant d'un geste brusque
ses papiers dans sa serviette, il descen-
dit précipitamment de la tribune. Cette
manifestation fut relevée comme il con-
venait pflr le vénéré président Bris-
son, auquel la Chambre adressa de vi-
goureux applaudissements.
« La parole est à M. Millerand »t dit
le président. A cette annonce, un grand
mouvement se produisit dans l'encein-
te législative. Les députés qui s'étaient
copieusement répandus dans les cou-
loirs pendant que discourait le dernier
orateur reprirent leurs pinces en toute
hâte. Et c'est devant une salle presque
comble que l'ancien ministre, ample-
ment pourvu de notes écrites, pronon-
ça de ce ion martelé et de cette voix
bien timbrée qu'on lui connaît, un des
plus beaux morceaux d'éloquence poli-
tique qtt'il ait laissé entendre au cours
d'une carrière remplie déjà de si nom-
breux et si remarquables discours. La
Chambre tout entière lui lit fête. Quand
lU. Millerand regagna son banc, ses
collègues de la gauche, au milieu des-
quels le président du Conseil, lui pro-
diguèrent leurs plus chaleureuses féli-
citations. L'émotion produite par l'é-
minent orateur subsista longtemps en-
core après la levée de la séance.
Le matin, on avait commencé la dis-
cussion des articles de la loi de Finan-
ces modifiant certaines dispositions de
la législation sur les retraites ouvriè-
res. Au cours du débat, M. René Re-
noult, ministre 'du Travail, annonça
le dépôt d'un projet nécessité par un
récent arrêt 'de la Cour de Cassation,
arrêt que le Gouvernement confère
comme méconnaissant la volonté du
ttQ.islflteur*
Lucien WOLF,
SÉANCE de J'APRÈS-MIDI
T 1
",..
Présidence de M. Henri Brissoi&$***
L'Accord FraDco-Âileuaiii}
On reprend la suite de la discussion dv
projet de loi portant approbation de la
convention conclue entre la France et l'Ar.,
lemagne le 4 novembre 1911, pour la déli-
mitation de leurs possession respective.
dans l'Afrique équatoriale.. -
LE CITOYEN VAILLANT , -;-
M. Vaillant dit que, contrairement à 1*
plupart de ses collègues, il trouve l'Accord
relatif au Maroc pire encore que celui qui
concerne le Congo, parce qu'il nous enga-
ge encore davantage dans la politique co-
loniale, dans l'aventure marocaine.
Cependant, l'Accord a l'avantage de nous
délivrer-d'un cauchemar odieux et d'ad-
mettre le principe de l'arbitrage.
L'orateur rappelle que la solution' qiVil a
proposée avec M. Jaurès aurait garanti la
paix.
La Chambre préféra laisser toute liberté
au Gouvernement et c'est alors que s'est
produite cette crise longue et douloureuse.
Pendant les vacances, dans une période
d'obscurité et de silence, nous avons u-
si s té à un mouvement nationaliste ; des1
Conseils généraux et M. Delcassé, le Syn-
dicat marocain et leurs organes ont fait
des manifestations belliqueuses.
De l'autre côté du Rhin, les organes
pangermanistes se sont empressés de re-
produire toutes ces manifestations afin de
pousser à la guerre.
C'est alors que le parti socialiste a fait
une protestation grandiose en faveur de re
paix.
L'orateur indique quefles étaient les ba-
ses essentielles de la Conférence d'Algési-
ras, souveraineté du sultan, intégrité de
ses Etats, liberté commerciale. Ces idée?
subsistent dans l'accord de 1900 avec TAL
lemagne et dans la nouvelle convention.
Le Gouvernement français n'a pas cessé
de déclarer qu'il restait fidèle. à l'Acte
d'Algésiras. Malheureusement, ces
mations ont été contredites par les faits.
On a suivi une politique de pénétration
militaire au Maroc pour donner satisfacr'
tion au syndicat colonial marocain qui exî*
geait la conquête. L'expédition de Fez n'é-
tait pas justifiée. Au moment où elle a été
entreprise, l'Etat du Maroc n'était pas plus
troublé qu'auparavant. L'Allemagne avait
laissé la France s'engager. Au moment où
nos.troupes arrivaient à Fez, elle avait dé-
jà désigné le navire de guerre qui devait
se rendre à Agadir. .,
Il y a au Maroc des syndicats interna-
tionaux qui se combinent pour l'exploita-
tion du Maroc. Des difficultés sont à pré-
voir. Lo syndicat colonial marocain dénon-
ce déjà les empiétements du syndicat al-
lemand.
Plus la Frane inclinera vers le principe
d'internationalisation, qui résulte de-l'Ac-
te d'Algésiras, plus elle aura chance d'ar-
river au Maroc à une situation d'équilibre..
Le prolétariat international fera tous ses
efforts pour le maintien de la paix et il
s'organisera en conséquence.
1
LE NEVEU DE JULES FERRY
M. Abel Ferry dit que lorsque notre di-
plomatie a entamé la négociation avec la
diplomatie allemande, elle se trouvait etr
présente d'un véritable code des obliga-
tions internationales du Maroc. Puisqu'on;
causait avec le pays dont la politique avait
réussi à imposer l'internationalisation du
Maroc, il semblait que nous devions obte-
nir un Maroc allégé de quelques-unes de
ces servitudes.
Le maintien de la « protection s au Ma-'
roc crée une clientèle toute faite aux COIIb
merçants étrangers. Cela rend impossible
toute espèce d'administration au Maroc,,
puisque c'est contre la France qu'on aura
des carfes de protection.
Avec Te droit de regard, que l'Europe
garde au Maroc, il y aura une difficulté
infinie à administrer.
Le texte du traité est à cet égard obs.
cur, et fà lettre explicative concernant le
changement de régime des protégés n'est
pas beaucoup plus claire. La vérité est que
l'hypothèque, que l'Allemagne fait peser
depuis sept ans sur notre politique maro
caine, laisse ouverte une porte par laquel-
le elle so réintroduira au Maroc. :'
L'orateur exprime ensuite le regret que!
notre Gouvernement, ayant assumé la
charge de l'administration économique ail
Maroc, n'ait pas eu le souci de réserver à
notre industrie la compensation des sacri-
fices imposés aux contribuables français.:
La situation actuelle du commerce fran-
çais, dans la Chaouîa, sera celle qu'il aurtf
demain dans le Maroc tout entier.
L'Acte d'Algésiras avait prévu un régi- •
me d'égalité entre tous les concessionnai-
res de mines. Le texte soumis à la Cham-
bre impose au Maroc, sous le protectorat
français, des obligations nouvelles incon-
nues du sultan. 1
L'article 5 met obstacle, pour les min.:'
à l'établissement de tous impôts ou rede-
vances autres que ceux qu'il établit. D'au-'
tre part, l'assiette de ces impôts et leur,,
taux seront fés internationalement. Il
résulte de tout cela que nous avons le sofc
avec ses charges, et que le sous-sol et set
bénéfices vont au consortium allemand.
L'orateur ne croit pas que toute.possibi-
lité de difficulté soit écartée entre l'Alle-
magne et la France. Cependant, nous avôny
fait des sacrifices considérables. Et, ainsi
que l'a "dit M. dé Mun, c'est la * première
fois qu'un grand pays comme le nôtre, en
pleine paix, ait fait le sacrifice de région#
où il avait planté son drapeau. C'est UD$
exj^ur de tactique et de psychologie.
Il y a ou doux négociations : une généë
raie, synthétiaue, ou,L'cç a cédé le Con-
go tfpjjtrc 1q Maroc, 61 une de détail, o
- DIMANCHE 17 DECEM2RE 1911. - No 15259.
- - ■ i , f*" "■ ■ v - .t '■ !*W~ <
ANKOKCKS. ,,; ;;' '• ;
AUX BUREAUX DU JOURNAL
-
18, boul. de Strasbourg et 71, rue du Faub.-St-Martin, PARIS
Et chez MM. LAGRANGE, CERF etO.
6, place de la Bourse, 6
Adresse Télégraphique: XIX* SII:CLR. -'PARIS
ABONNEMENTS
Trois mois six mois un
Parla T. el (t 11 f„ M l £
Départements et 7 1. 12 I. 84 f £
Union Postale. 9 f. 16t. 89 i
l'
Les abonnements sont reçus sans frafI
dans tous les Bureaux de Poste.
TÉLÉPHONE : 424-90 et 424-91
De 9 heures à soir à 3 fcesres in 1iatia; 123, m IWIarIn Tâépbint H3.93
FONDATEUR: EDMOND ABOUT
TÉLÉPHONE : 424-90 et 424-91
Adresser lettres et mandats 4 l'Administrateur -
:..," ¡RIBUNE LIBRE'
Les Elections Sénatoriales
- —————————..
Le renouvellement d'un
tiers du Sénat aura lieu le
dimanche 7 janvier pro-
chain- Le grand public
ignore les péripéties - du
combat personnel et -- âprie
qui se livre. Mesurons d'abord 1 éten-
due du champ de bataille.
Le Sénat possède 300 membres et
ne comprend plus que trois sénateurs
inamovibles : MM. Bérenger et Cazot,
élus par l'Assemblée Nationale les 15
et 16 décembre 1875 ; M. de Marcère,
Dümmé par le Sénat le 24 février 1884.
La série renouvelable est la série A,
due le 4 janvier 1903. Elle embrasse
38 départements français, de J'Ain au
Gard (inclus), le département d'Alger,
la Guadeloupe et la Réunion, nommant
au total 96 sénateurs. Il faut y ajou-
ter la Gironde, la Loire et la Seine-In-
férieure, dont quatre sénateurs sont
ilécédés et seront remplacés le 7 jan-
vier ; soit, exactement, 100 sénateurs
a élire-
Sur les 96 sortants, trois sont déèé-
des : MM. Gobron (Ardennes), Mons-
servin (Aveyron), Parissot (Eure) ;
onze ne se représentent pas : MM. Gi-
gue t (Ain),- Grimaud (Hautes-Alpes),
Frézouls (Ariège), Barbaza (Aude),
îVellen (Bouches-du-Rhône), de Carné,
îlangoumar des Portes, Ollivier (Cô-
les-du-Nord), Dufoussat (Creuse), Du-
jsolier (Dordogne), Saillard (Doubs).
Les quatre autres sénateurs décédés
Sont : MM- Obissier Saint-Martin (Gi-
ronde), Chollet (Loire), de Montfort et
'Amel (Seine-Inférieure).
Dans un seul département, le Cal-
vados, représenté par trois réaction-
naires, il n'y a -que la liste des sor-
tants. -s,.
Il est probable que, dans VAiiï, la
Jistl radicale des deux sortants com-
plétée par un troisième candidat en
remplacement de M. Giguet n'aura pas
He liste concurrente-
Dans plusieurs départements, (Ardè-
che, Ardennes, Aude, Bouches-du-
Rhône, Cantal, Charente, Charente-
Inférieure, Cher, Corrèze, Côte-d'Or,
Creusé, Dordogne, Doubs, Drôme,
Gard), la réaction se sent tellement
battue d'avance, qu'elle ne paraît pas
'disposée a présenter une liste.
Dans tous les départements, à l'ex-
ception du Calvados, où se trouvent
clés sénateurs de droite, les républi-
cains entament hardiment la lutte.
A J'heure actuelle, cinquante et un
députés et quatorze anciens députés
sollicitent le mandat sénatorial. Ce
nombre pourra diminuer selon les dé-
cisions des Congrès qui choisiront les
candidats.
Ce qui caractérise d'abord ces élec-
tions, c'est l'affirmation éclatante du
principe républicain.
Les programmes des sénateurs et
des candidats de gauche se ressem-
blent- Tous invoquent le progrès so-
cial, réclament la défense de l'école
laïque, la limitation des dépenses pu-
bliques, l'équilibre du budget, la pro-
tection de l'agriculture, le respect de
h loi et la répression des menées anar-
chistes. La plupart des candidats du
bloc de droite protestent de leur loya-
lisme républicain et se répandent en
critiques de la majorité parlementaire
et en vagues déclarations de libéralis-
mp. ——- -,'.,\M '",---"',"-",'
Dans divers départements, la lutte
est plutôt entre des hommes qu'entre
des principes. Je constate de fâcheux
symptômes. L'abaissement des carac-
tères et les détestables habitudes du
scrutin d'arrondissement produisent
leurs pernicieux effets au scrutin séna-
torial départemental. On ne détermine
pas un mouvement d'opinion, on or-
ganise des parlottes. Des intrigues se
nouent à l'ombre des clochers, et cha-
cun cherche à se concilier la faveur du
potentat de canton ou du roitelet de la
commune.
Ah ! il est temps d'opérer la réforme
élf;ctorale législative, d'élever l'hori-
zon des citoyens, d'arracher l'élu aux;
servitudes, de le restituer à son rôle de
défenseur d'une doctrine et à sa fonc-
tion de représentant de la Nation- Un
devoir rigoureux s'impose à tous les
sincères républicains dans les dépar-
tements qui vont nommer des sena.
teurs. Il faut écarter les causes de con-
flit entre la Chambre et le Sénat e\\,
faire prévaloir la volonté du Pays. La
Chambre a voté par 566 voix contre 6
l'article premier de la proposition qui
établit « le scrutin de liste avec repré-
sentation des minorités }, et elle con-
tinuera, en janvier, la discussion de la
réforme électorale. Il n'est pas admis-
sible que le suffrage restreint mécon-
naisse les décisions du suffrage univer-
sel et défigure le projet de la Cham-
bre Il importe de mettre en demeure
les sénateurs sortants et leurs concur-
rents de se prononcer sur cette ques-
tion et d'accepter les bases de falot
Nous envisageons avec confiance
l'issue de la bataille. Notre Parti ga-
gnera des sièges, des républicains ti-
morés seront remplacés par de fermes
démocrates. Dans des départements
ccmme l'Aisne, l'Aveyrori, les Côtes-
du-Nord, l'Eure, le Finistère, où les
candidats du bloc de droite nous ont
distancés de très loin, au renouvelle-
ment de 1903, nous pouvons espérer
le succès, et la où nous ne l'obtien-
drons pas, les candidats de gauche
serreront 'de près leurs adversaires-
Cette consultation prouvera une fois
de plus le déclin et l'impuissance des
partis dynastiques et accentuera l'o-
rientation de la Haute Assemblée vers
les réformes sociales.,
-.-" J -C. BONNET,
Tyice-présidenl du Comité Exécutif du
Parti Radical et Radical socialiste.
LA POLITIQUE
..='='; - .::4::.
M. MILLERAND ET L'ACCORD
La discussion se poursuit de
l'Accord franco-allemand. Jeu-
di,elle valut à la Chambre d'ap-
plaudir l'un des plus beaux
discours qu'ait prononcés M*.
Albert de Mun ; hier, elle
amena à la tribune M. Millerand.
De tels orateurs devaient porter la
parole en un tel débat : ils nous font,
moins, regretter que d'autres n'aient pas
su se taire.
',M, Milleiand, avec non moins de
succès que M. de Munt a traduit, à la
tribune, la calme fierté de la France,at-
tendant la conclusion des plus diffici-
les pourparlers, « sans se laisser aller à
aucune èin,iJtion,avec la volonté de mon-
trer,au dehors, qu'en face des questions
de politique extérieure, il n'y a plus de
partis ».
Mais M. Millerand ne rappelait la
magnifique attitude du Pays que pour
proposer au Parlement la leçon qu'elle
comporte. L'examen de l'Accord du 4
novembre est un examen Tout objec-
tif, et la question qui importe, n'est pas
tant de savoir si le protectorat du Ma-
roc est payé cher, que s'il répond aux
nécessités de notre situation, comme
aux aspirations traditionnelles de no-
tre politique.
C'est de ce point de vue objectif et
réaliste .que l'ancien ministre Va étudié
avec sa clarté et sa précision habituel-
les, et, lorsqu'en concluant, il exprima
sa confiance que le Parlement tiendrait
à honneur de le ratifier, la Chambre
tout entière rnanijesta, par ses ap-
plaudissements, qu'elle s'associait à l'é-
minent orateur pour adresser au Gou-
vernement l'hommage de sa reconnais-
sance patriotique.
La discussion de l'Accord franco-alle-
mand peut durer quelques jours enco-
Te ..les résolutions de la majorité répu-
blicaine sont prises.
Elle donnera sa pleine et entière
adhésion à cet Accord, « avec la volonté
tranquille et ferme d'apporter à l'inter-
prétation du contrat la plus scrupuleu-
se loyauté, d'en écarter toutes les thè-
ses aventureuses et aussi, autant qu'il
dépend de nous, toutes les chances de
conflit. mais avec la résolution de faira.
produire à cet Accord toutes ses consé-
quences lés el utiles ».
M. Millerand aurait pu, comme cer-
tains, céder à la tentation de se livrer
à un stérile dénigrement de l'œuvre ac-
complie, tentation commune,. car il
n'est point d'œuvre humaine qui soit à
l'abri de la partialité : il a tenu, au con-
traire, à apporter au Gouvernement
l'appui de sa haute autorité pour le dé-
fendre contre la calomnie. Il a prouvé,
une lois de plus, qu'il est 'de ceux qui
placent au-dessus rdes mesquineries
d'une politique au jour le jour, le souci
de la grandeur nationale.
LIRE EN 2° PAGE :
Crédit au petit commerce
et à la petite industrie
LE FAIT DU JOUR
LES SAUVETEURS DU (r DELHI t. — C Les braves gens! »
Les On = Dit
,'—
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui samedi i
Lever du soleil : 7 h. 49 du matin.
Coucher du soleil : 4 h. 2 du soir.
Lever de la lune': 3 h. 32 du matin.
Coucher de la lune ; 1 h. 33 du soir. j j
4 -?' ..-- A4û.
AUTREFOIS -
Egoïsme de grande dame
el'
Un jour d'hiver, après l'office
Entendu, chez les capucins :
a Ces pauvres gens, que je les plains 1
S'écriait la prude Clarisse.
Le froid me glace jusqu'aux os 1
Jasmin, .portez-leur des fagots !
Hélas ! ils ont da jambe nue !. »
Mais bientôt, auprès d'un grand feu,
Elle dit : Il Rendons grâce à Dieu ;
N'allez pas, le froid diminue 1 »
Cette épigramme, qui semble anodine,
renferme une grande part de vérité. Parce
que quand nous ne souffrons pas, nous
n'admettons point souvent que les autres
puissent, souffrir.;
» ;—
COMME IL VOUS PLAIRA.
i -;+-..:---
M. Jaurès voudra, bien nous rendre cet-
te justice que nous avons toujours appor-
té dans nos polémiques une courtoisie
parfaite et que si nous avons maintes
fois sévèrement jugé ses idées, nous n'a-
vons point songé à cacher notre admira-
tion pour son incomparable talent.
Lui-même, jusqu'ici, quelle que fût l'ar-
deur de ses généreux emportements, s'était
gardé de suppléer aux arguments par des
invectives. Il nous permettra de trouver
fâcheux que, blessé dans son orgueil par
les échecs successifs que lui infligea la lo-
gique de M. Delcassé, il s'abaisse aujour-
d'hui à des ripostes qui ne sont que des
injures.
tSes derniers articles appartiennent au
plus facile comme au moins estimé des
« genres » littéraires, et il faut que le lettré
qu'il est se soit fait violence pour les
écrire..
Nous pourrions tâcher à l'imiter, mais
nous ne voyons pas-iien ce que nos polé-
miques gagneraient en intérêt si nous ré-
pondions par exemple « rhéteur mafflu"
ou encore « outre gonflée de vent », quand
-il se fatigue à criel « gnôme dangereux ».
Toutefois, nous ne refusons pas d'es-
sayer. Il ne faut pas que M. Jaurès se
persuade que tous les radicaux sont rési-
gnés à se laisser insulter, ou bL laisser in-
sulter les meilleurs d'entre eux qui se dé-
vouent noblement au service de la Na-
tion. , -
S'il veut persister dans un genre où il
est inférieur à lui-même, nous n'aurons
guère sujet de nous en plaindre, ayant
moins de peine à régaler.
Quand il le voudra et comme il le vou-
dra, il nous trouvera prêts à la riposte.
: —
Et Napoléon.
-:+-.,-
Il est un argument auquel la magnifi-
que éloquence de M. de Mun a prêté tant
d'autorité qu'on en abuse un peu à la
Chambre et dans la Presse.:
« A d'autres époques de son histoire,
s'est écrié le grand orateur catholique, la
France a perdu des colonies, mais elle
les avait du moins, jusqu'à la dernière
heure, défendues par les armes. »
Et M. Delahaye, avec bon nombre de
journaux nationalistes, de répéter que la
République infligea en pleine paix, à la
France, l'humiliation d'une cession de ter-
ritoires.
Comme M. Lebrun l'a. excellement mon-
tré, un échange n'a rien d'humiliant et
n'est pas un don gratuit.
Nous pensons, quant à nous, de l'ac-
cord du 4 novembre, qu'il est à, la fois
honorable et profitable, et, pour parler un
langage qui euL quelque succès, nous per-
sistons à dire que la France, en acquérant
le protectorat du Maroc au prix de ce
qu'elle a cédé du Congo, a conclu une ex-
cellente affaire. *
Mais, au surplus, d'autres régimes que
le nôtre n'ont-ils pas conclu des échanges
dont pourrait s'indigner M. Delahaye ?
Le Premier Consul, à ce qu'il paraît,
n'était pas homme à humilier ¡( d'un cœur
léZrDier » le drapeau national. Cependant, il
crut devoir, en 1803, céder la Louisiane
aux Etats-Unis.
La eéda-t-il contre une autre colonie ?
Non, il la troqua simplement- pour de l'ai*-,
gent, pour 50 millions, et la Louisiane,
alors, c'était tout le bassin du Mississipi
jusqu'au Pacifique.
Que dirait-on de M. Caillaux, s'il avait
fait ce qu'a fait Napoléon ?
Marine Française et Marine Allemande
>
Le pessimisme exagéré de M. de Lanessan. — Notre marine
vaut celle de l'Allemagne.
Dans un article de revue qui a des pré-
tentions documentaires, M. de Lanessan,
ancien ministre' de la Marine, expose lon-
guement et lourdement l'état de notre
Ilotte.
« A l'heure actuelle, dit-il, nous ne dis-
posons que de douze cuirassés (les cinq
Patrie, avec le Suffren et les six Danton)
capables de figurer dans une bataille con-
tre les vingt-trois cuirassés de premier
rang de l'Allemagne ».
Après avoir affirmé que nos neuf cuiras-
sés de second rang ne peuvent pas nous
rendre de réels services, M. de Lanessan
ajoute :
« Il vaudrait mieux adjoindre à nos dou-
ze cuirassés de premier rang, cités plus
haut, nos sept croiseurs-cuirassés les plus
récents (Victor-Hugo, Léon-Gambetta, Ju-
les-Ferry, Jules-Micheiet Ernest-Renan,
Edgard-Quinet, Waldeck-Rousseau).
« Avec les cinq Patrie, le Suffren, les six
Danton et les sept croiseurs-cuirassés,
nous formerions une armée de dix-neuf
bâtiments, qui pourrait faire quelque figu-
re en face de l'armée des vingt-trois cui-
rassés de ligne allemande, tout en étant
très inférieure à cette dernière ».
Le pessimisme de M. de Lanessan est
peut-être un peu exagéré.
Nous voulons bien convenir que le
Brennus, le Carnot, le Charles-Martel et le
Jaurêguiberry sont des cuirassés de se-
cond rang, quoiqu'ils aient des canons de
305, voire même de 3lW comme le Brennusk
mais le Charlemagne, le Gaulois, le Massé-
na et le Bouvet peuvent rivaliser avec cer-
tains cuirassés allemands de premier rang.
Nous allons le prouver.
M. de Lanessan, en donnant à l'Allema-
gne une flotte de vingt-trois cuirassés, est
obligé de faire entrer en ligne de compte
les cinq navires du type Witlelsbach
(Wittelsbach, Wattin, Zâhringen, Schwa-
ben, Hecklenburo).
Or, ces cuirassés n'ont qu'un tonnage de
11.800 tonnes, alors que le Masséna et le
Bouvel, placés à tort au second rang, ont
un tonnage de 12.200 tonnes.
Les lVitlelsbacll, comme grosse artille-
rie, possèdent quatre canons de 240. Le
Masséna et le Bouvel ont deux canons de
270 et deux canons de 305. Le Charlema-
gne, le Gaulois, le Saint-Louis ont quatre
canons de 305. Ils sont donc supérieurs,
comme grosse artillerie, aux cinq Wittels-
bach. Pourquoi M. de Lanessan les place-
t-il au second rang ?
Il est à remarquer que tous nos cuiras-
sés ont des canons do 305 ; au contraire,
en Allemagne, les seuls Ilelgoland, l'hû-
ruigen, Ostfriedland ont du 305, les Nas-
sau et les Deulschland n'ont, comme gros-
se artillerie, que des canons de 280. C'est
donc la France qui est supérieure à l'Al-
lemagne comme artillerie.
Nous avons, en outre, dix-huit croiseurs-
cuirassés, l'Allemagne n'en a que dix.
Par ailleurs, si l'on ajoute à ces forces de
première ligne le cuirassé Marceau et les
croiseurs-cuirassés Pothuau, Latouche-
Tréville, Amiral-Charner et Bruix, qui
ont encore une valeur militaire très sérieu-
se, on arrive pour la France au chiffre
définitif de quarante-cinq cuirassés et
croiseurs-cuirassés, alors que l'Allemagne
n'en a que trente-neuf.
o Cependant, nous reconnaissons que la
France a un très grand effort à faire. Nous
avons maintes fois conseillé au Parlement
de ne pas marchander les crédits néces-
saires. M. de Lanessan trouve le program-
me naval insuffisant. Il rêve pour sa Pa-
trie u"e flotte aux navires nombreux et
bien armés. ,
Son idéal est le nôtre, et nous avons,
nous, confiance en M. Delcassé pour em-
ployer utilement l'argent des contribua-
bles pour le bien du Pays et non pour ce-
lui des fournisseurs. Nous savons que cer-
tains fournisseurs de la marine ne sont
pas contents de M. Delcassé, mais nous
ignorions qu'ils eussent POUF- PLYOCQT M, d.
Lanessan. -
A LA CHAMBRE
--to?-
Le De eb a ts ur l'Acco
.:
M. Vaillant parle au nom des socialistes. — M. Abel Ferry reproche
- au Gouvernement le protectorat marocain. — Les fantaisies
de M. Delahaye. — Un grand discours de M. Millerand..
Physionomie de la Journée
1
L'affluence a été un peu moindre,
hier après-midi, tant de la part du pu-
blic que du côté des députés. La répu-
tation des orateurs devant occuper la
tribune fut, apparemment, la cause
déterminante des vides qu'on a pu
constater. M. de Schoen, ambassadeur
d'Allemagne, n'a fait qu'une courte
apparition dans la tribune diplomati-
que. Seul, sir Francis Bertie, ambas-
sadeur de la Grande-Bretagne, est, de-
meuré stoïquement jusqu'à la fin.
Aussi, l'éminent diplomate a-t-il pu en-
tendre M. Millerand qu'on n'attendait
guère à l'heure avancéeoù il prit la
parole et dont le beau discours a été la
récompense de l'admirable ténacité de
l'auditoire. avait i~epris avec l~éloge
La discussion avait repris avec l'éloge
que fit M. Vaillant de l'attitude du par-
ti socialiste, pendant la crise.Le citoyen
Vaillant n'appartient pas à cette caté-
gorie d'orateurs qui fait accourir les,
foules. On a comparé son débit à celui
,d'une fontaine discontinue. Son origi-
nalité consiste il exprimer les- proposi-
tions les plus terrifiantes sur le même
ton qui lui servirait à dire qu'il a plu
toute la nuit. Ses amis l'ont fortement
applaudi. Ils le considèrent, d'ailleurs,
comme le prophète, Ajoutons que ses
adversaires l'entourent d'une estime
qui ne le cède en rien à la dévotion
de ses partisans.
M. Abel Ferry, un jeune député des
Vosges, et le propre neveu de Jules
Ferry, succéda au « père Vaillant ».
Porter le nom glorieux de Ferry et pro-
noncer un discours où l'on fait grief
à un Gouvernement républicain d'avoir
étendu notre' empire colonial, c'est as-
pirer à descendre dans l'opinion de
ses contemporains. Le speciacle qu'of-
frit ce jeune homme qui s'exprima, au
reste, avec une autorité, une suffisance
d'un goût détestable, parut plus que
pénible à ceux dans l'esprit desquels
subsiste encore le souvenir des vitupé-
rations dont Jules Ferry, assis au banc
du Gouvernement, fut l'objet au lende-
main de la fausse défaite de Lang-Son.
Et M. Abel Ferry n'a même pas l'ex-
cuse d'être Clemenceau.
En voyant. M. Delahaye s'installer à
la tribune, l'espoir d'un intermède dis-
trayant se manifesta dans l'Assemblée.
Le député de Maine-et-Loire a l'habi-
tude d'assaisonner de vitriol un certain
humour naturel, et ses violences de lan-
gage ont toujours quelque chose d'a-
musant. Il faut constater, hélas ! que
les choses de la politique extérieure
n'ont pas le don d'inspirer M. Dela-
haye. Sa grosse méchanceté a consisté,
hier, à parler du ministre de la Marine
en le désignant imperturbablement
sous l'appellation de M. Théophile Del-
cassé et à dénommer le président du
Conseil : M. Joseph-Auguste Caillaux.
C'est évidemment très spirituel, mais
on se lasse des meilleurs traits. Et,
chose curieuse, le premier à s'en fati-
guer fut lU. Delahaye lui-même. Tout
il coup, il s'arrêta sous prétexte que la
Chambre, qui lui avait pourtant prêté
une attention soutenue, refusait de l'é-
couter. Et, fourrant d'un geste brusque
ses papiers dans sa serviette, il descen-
dit précipitamment de la tribune. Cette
manifestation fut relevée comme il con-
venait pflr le vénéré président Bris-
son, auquel la Chambre adressa de vi-
goureux applaudissements.
« La parole est à M. Millerand »t dit
le président. A cette annonce, un grand
mouvement se produisit dans l'encein-
te législative. Les députés qui s'étaient
copieusement répandus dans les cou-
loirs pendant que discourait le dernier
orateur reprirent leurs pinces en toute
hâte. Et c'est devant une salle presque
comble que l'ancien ministre, ample-
ment pourvu de notes écrites, pronon-
ça de ce ion martelé et de cette voix
bien timbrée qu'on lui connaît, un des
plus beaux morceaux d'éloquence poli-
tique qtt'il ait laissé entendre au cours
d'une carrière remplie déjà de si nom-
breux et si remarquables discours. La
Chambre tout entière lui lit fête. Quand
lU. Millerand regagna son banc, ses
collègues de la gauche, au milieu des-
quels le président du Conseil, lui pro-
diguèrent leurs plus chaleureuses féli-
citations. L'émotion produite par l'é-
minent orateur subsista longtemps en-
core après la levée de la séance.
Le matin, on avait commencé la dis-
cussion des articles de la loi de Finan-
ces modifiant certaines dispositions de
la législation sur les retraites ouvriè-
res. Au cours du débat, M. René Re-
noult, ministre 'du Travail, annonça
le dépôt d'un projet nécessité par un
récent arrêt 'de la Cour de Cassation,
arrêt que le Gouvernement confère
comme méconnaissant la volonté du
ttQ.islflteur*
Lucien WOLF,
SÉANCE de J'APRÈS-MIDI
T 1
",..
Présidence de M. Henri Brissoi&$***
L'Accord FraDco-Âileuaiii}
On reprend la suite de la discussion dv
projet de loi portant approbation de la
convention conclue entre la France et l'Ar.,
lemagne le 4 novembre 1911, pour la déli-
mitation de leurs possession respective.
dans l'Afrique équatoriale.. -
LE CITOYEN VAILLANT , -;-
M. Vaillant dit que, contrairement à 1*
plupart de ses collègues, il trouve l'Accord
relatif au Maroc pire encore que celui qui
concerne le Congo, parce qu'il nous enga-
ge encore davantage dans la politique co-
loniale, dans l'aventure marocaine.
Cependant, l'Accord a l'avantage de nous
délivrer-d'un cauchemar odieux et d'ad-
mettre le principe de l'arbitrage.
L'orateur rappelle que la solution' qiVil a
proposée avec M. Jaurès aurait garanti la
paix.
La Chambre préféra laisser toute liberté
au Gouvernement et c'est alors que s'est
produite cette crise longue et douloureuse.
Pendant les vacances, dans une période
d'obscurité et de silence, nous avons u-
si s té à un mouvement nationaliste ; des1
Conseils généraux et M. Delcassé, le Syn-
dicat marocain et leurs organes ont fait
des manifestations belliqueuses.
De l'autre côté du Rhin, les organes
pangermanistes se sont empressés de re-
produire toutes ces manifestations afin de
pousser à la guerre.
C'est alors que le parti socialiste a fait
une protestation grandiose en faveur de re
paix.
L'orateur indique quefles étaient les ba-
ses essentielles de la Conférence d'Algési-
ras, souveraineté du sultan, intégrité de
ses Etats, liberté commerciale. Ces idée?
subsistent dans l'accord de 1900 avec TAL
lemagne et dans la nouvelle convention.
Le Gouvernement français n'a pas cessé
de déclarer qu'il restait fidèle. à l'Acte
d'Algésiras. Malheureusement, ces
mations ont été contredites par les faits.
On a suivi une politique de pénétration
militaire au Maroc pour donner satisfacr'
tion au syndicat colonial marocain qui exî*
geait la conquête. L'expédition de Fez n'é-
tait pas justifiée. Au moment où elle a été
entreprise, l'Etat du Maroc n'était pas plus
troublé qu'auparavant. L'Allemagne avait
laissé la France s'engager. Au moment où
nos.troupes arrivaient à Fez, elle avait dé-
jà désigné le navire de guerre qui devait
se rendre à Agadir. .,
Il y a au Maroc des syndicats interna-
tionaux qui se combinent pour l'exploita-
tion du Maroc. Des difficultés sont à pré-
voir. Lo syndicat colonial marocain dénon-
ce déjà les empiétements du syndicat al-
lemand.
Plus la Frane inclinera vers le principe
d'internationalisation, qui résulte de-l'Ac-
te d'Algésiras, plus elle aura chance d'ar-
river au Maroc à une situation d'équilibre..
Le prolétariat international fera tous ses
efforts pour le maintien de la paix et il
s'organisera en conséquence.
1
LE NEVEU DE JULES FERRY
M. Abel Ferry dit que lorsque notre di-
plomatie a entamé la négociation avec la
diplomatie allemande, elle se trouvait etr
présente d'un véritable code des obliga-
tions internationales du Maroc. Puisqu'on;
causait avec le pays dont la politique avait
réussi à imposer l'internationalisation du
Maroc, il semblait que nous devions obte-
nir un Maroc allégé de quelques-unes de
ces servitudes.
Le maintien de la « protection s au Ma-'
roc crée une clientèle toute faite aux COIIb
merçants étrangers. Cela rend impossible
toute espèce d'administration au Maroc,,
puisque c'est contre la France qu'on aura
des carfes de protection.
Avec Te droit de regard, que l'Europe
garde au Maroc, il y aura une difficulté
infinie à administrer.
Le texte du traité est à cet égard obs.
cur, et fà lettre explicative concernant le
changement de régime des protégés n'est
pas beaucoup plus claire. La vérité est que
l'hypothèque, que l'Allemagne fait peser
depuis sept ans sur notre politique maro
caine, laisse ouverte une porte par laquel-
le elle so réintroduira au Maroc. :'
L'orateur exprime ensuite le regret que!
notre Gouvernement, ayant assumé la
charge de l'administration économique ail
Maroc, n'ait pas eu le souci de réserver à
notre industrie la compensation des sacri-
fices imposés aux contribuables français.:
La situation actuelle du commerce fran-
çais, dans la Chaouîa, sera celle qu'il aurtf
demain dans le Maroc tout entier.
L'Acte d'Algésiras avait prévu un régi- •
me d'égalité entre tous les concessionnai-
res de mines. Le texte soumis à la Cham-
bre impose au Maroc, sous le protectorat
français, des obligations nouvelles incon-
nues du sultan. 1
L'article 5 met obstacle, pour les min.:'
à l'établissement de tous impôts ou rede-
vances autres que ceux qu'il établit. D'au-'
tre part, l'assiette de ces impôts et leur,,
taux seront fés internationalement. Il
résulte de tout cela que nous avons le sofc
avec ses charges, et que le sous-sol et set
bénéfices vont au consortium allemand.
L'orateur ne croit pas que toute.possibi-
lité de difficulté soit écartée entre l'Alle-
magne et la France. Cependant, nous avôny
fait des sacrifices considérables. Et, ainsi
que l'a "dit M. dé Mun, c'est la * première
fois qu'un grand pays comme le nôtre, en
pleine paix, ait fait le sacrifice de région#
où il avait planté son drapeau. C'est UD$
exj^ur de tactique et de psychologie.
Il y a ou doux négociations : une généë
raie, synthétiaue, ou,L'cç a cédé le Con-
go tfpjjtrc 1q Maroc, 61 une de détail, o
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 98.5%.
- Auteurs similaires Chadeuil Gustave Chadeuil Gustave /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Chadeuil Gustave" or dc.contributor adj "Chadeuil Gustave")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7568177n/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7568177n/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7568177n/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7568177n/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7568177n
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7568177n
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7568177n/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest