Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-12-05
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 05 décembre 1911 05 décembre 1911
Description : 1911/12/05 (N15243). 1911/12/05 (N15243).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N° 15243. — 15 FRIMAIRE, AN 120 CINQ CENTIMES LE NUMERO
MARDI 5 DECEMBRE 1911. — Na t5Ma.
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Adresser lettres et mandata à l'Administrateur
TRIBlfifë LIBRE
Affaires d'Asie
> rt WH - t' • • K — '< ..:i
Depuis la fin 3u mois
d'octobre, deux grands
événements ont déroulé
leur cours en Asie : la ré-
volution chinoise et le con-
flit russo-persan. Ce double
drame approche du dénouement com-
me le démontrent deux faits tout ré-
cents : la prise de Nankin par les ré-
publicains chinois, et le rejet de l'ulti-
matum russe par l'Assemblée natio-
nale persane-
Chez les Célestes, la révolution fait
des progrès constants. L'horreur
qu'inspire aux Chinois la domination
mandchoue est si vive, la haine de la
dynastie considérée comme étrangère
est si violente, qu'il n suffi de quel-
ques semaines pour jeter dans le parti
de l'insurrection toute la Chine méri-
dionale et toute la Chine centrale-
Les provinces de l'Empire les plus
peuplées, les plus riches, les plus fer-
tile?. se trouvent donc ainsi du côté
des rebelles. Il n'eut pas suffi d'une
simple propagande politique, fût-elle
* menée par les agitateurs les plus ha-
biles, pour obtenir un résultat pareil-
Ll force des choses a travajJlé pour
l'insurrection et un gouvernement ar-
chaïque qui avait placé' toute sa cofi-
nance dans la pratique du machiavé-
lisme le plus astucieux et qui avait
« usé P, il y a douze ou treize ans Fé:
lan réformiste, est aujourd'hui pris à
SO1 propre piège
Aussi, le mouvement révolutionnai-
re n'est-il pas un simule mouvement
'de mécontents, "d'aigris, de sans-tra-
vail et d'aventuriers : c'est un mouve-
ment qui entraîne avec lui la popula-
tion entière et avec celle-ci ce puis-
sant patriciat mercantile qui domine
dans les grands marchés et les grands
ports du Céleste Empire.
Aujourd'hui, la preuve est faite que
fe nord de la Chine est impuissant à
dompter le centre et le sud. Malgré
le dépit des princes de la famille ré-
gnante, malgré la colère de la caste
militaire mandchoue, les -. quatre cin-
quièmes de l'Empiré se sont libérés et
vivent d'ores et déjà m oo autono-
mie- Malgré l'établissement .de la dic-
tature du Chinois Yuan-Chi-Kaî, au-
jcurd hui le protecteur de la famille
mandchoue, les républicains ont conti-
nué la série de leurs avantages. Ils
viennent de prendre Nankin, l'ancien-
ne capitale chinoise : ils sont les maî-
tres de la route de Pékin où la défaite
ci la débandade affoleront la popula-
tion aux premières nouvelles d'une
marché victorieuse des insurgés- Il y
n quelques semaines déjà, la ville était
ii la merci des révolutionnaires, s'ils
l'eussent voulu, comme l'indiquait,
iians un curieux article, le correspon-
dant du Temps, M. Jean Rodes-
Le sort de la dynastie est donc fort
compromis. Et l'on annonce même
qui; Yuan-Chi-Kaî, qu'elle avait solli-
cite d'accepter les pouvoirs extraordi-
naires d'un sauveur, serait prêt à l'a-
bandonner, soit pour accepter le titre
tk. chef du Gouvernement républicain,
soit pour fonder lui-même une dynas-
tie nouvelle. Dans tous les cas, l'heu-
re des Mandchous est passée et la fin
de leur domination politique, en droit
comme en fait, est toute proche.
C'est seulement une question de
savoir si demain Yuan-Chi-Kaî renon-
cera à jouer un rôle de premier plan,
ou s'il voudra devenir le bénéficiaire
de la révolution. C'est une question
de savoir si la Chine se ralliera à sa
personnalité ambitieuse et énigmali-
que, ou si elle préférera le chef répu-
blicain Sun-Yat-Sèn qui, après une
tournée à New-York, à Londres et à
Paris, fait route vers la Chine pour y
constituer ce pouvoir central que les
grandes puissances pourront considè-
re" comme responsable des destinées
de< Célestes quand la bourrasque aura
balayé la résistance du Nord
Pour le moment, les deux facteurs
essentiels de la politique chinoise sont
Y»an-Chi-Kaî et Sun-Yal-Sen-
- En Perse, l'Assemblée nationale ou
!<» Medjliss a lancé le Gouvernement
dans un conflit avec la Russie Depuis
que les troupes ('.on:titutiool.)eUes ont
eu à écraser une tentative armée, cet
été; pour rétablir l'ancien shah, une
fièvre révolutionnaire anime ce Parle-
ment, aussi ardenf que jeune. Nul mi..
nistère ne peut lui résister s'il n'est
passionnément hostile à l'ancien régi-
me. '.: :_,' - -'. -. ,-
L'Américain Morgan Shuster, qui
s'est rendu - populaire à Téhéran en se
Posant en partisan du nouve-aurégime;
-. qu'il a des raisons de - chérir, puis-
qu'il le sert comme fonctionnaire, - a
trouve moyen de devenir, par ses vio-
lences et ses incartades, l'adversaire
de la légation russe. Il a essayé de
substituer aux influences de Péters-
bourg et de Londres une troisième in-
fluence dans le plateau de l'Iran : cel-
le des Etats-Unis, en favorisant des
placements de fonds yankees. Bien en-
tendu, la Maison-Blanche est loin de
couvrir Morgan Shuster.
, En ce moment, la Russie, assurée
d'être d'accord avec l'Angleterre, ré-
clame, par son ultimatum, le renvoi
de Morgan Shuster- Mais le Medjliss
et le nouveau ministère persan refu-
sent de s'incliner. Les Russes vont
donc marcher sur. Téhéran pour prou-
ver qu'ils ont le droit de surveiller les
nominations de fonctionnaires étran-
gers du Gouvernement persan. Evéne-
ment d'importance et dont on entrevoit
déj4 la répercussion au delà de la ca-
pitale de la Perse même-
Albert MfLHAUD. ;'
— ♦ •
LA POLITIQUE
:+:.
VERS LA VERITE
[Avant-hier, 'dettJ; socialistes
unifiés, à la tribune de la
Chambre, ont explicitement
condaniné le syiHicalisme ré-
Kvolutiontuiire au nom du socia-
lisme.
Que les députés du Centre et les
journaux progressistes y voient matière
à préêire la èivisioiï et l'affaiblissement
du socialisme, nous n'en ,ons cure, ,
nous sommes certains de ne point nous
tromper eh affirmant hautement que le
socialisme sortira plus uni et plus fort
de la ense intense que révèlent les dis-
cours de MM. Ghesquière et Compère.
Morelt
Nous souhaiterions que les lecteurs
du 'Rappel n'eussent pas oublié les arti-
cles que nous avons publiés ici même,
il y a lJlu.sicUt,S mois, sur « la Légalité
anglaise et le Syndicalisme »,
Il n'est pas une seule 'de nos affirma-
tions, quant aux résultats positifs de
l'action légale et aux résultats négatifs
de Vaction directe, que M. Ghesquière
n'ait appuyée de toute sa "double auto-
rité de théoricien et de militant.,
« Nous sonmes, a-t-il dit ensuite, con-
tre le syndicalisme qui fait de l'action
onlÏprwlernclta:ifc, et la Confédération
gt'n.é'ntle du travail finira par compren-
dre. qu'elle doit changer de méthode
'd'action et d'organisation, éviter les
conflits et les grèves, encourager les
conciliations et les transactions ; elle
devra condoimner toutes y les violences
et les sauvageries dans les conflits, in-
terdire le sabotage, les voies de fait,
tous lès moyens qui légitiment les ré-
pressions impitoyables. »
C'est courageux et c'est franc 1 le
langage de M. Compère-Morel ne l'a
pas été rhoins : ■
a Il faut rompre résolument, a-t-il
diLaccc toute la logomachie révolution-
naire.
« L'action syndicale doit se mouvoir
dans le cadre légal de l'ordre capitalis-
te : elle ne peut qu'opérer des réfor-
mes. Les moyens révolutionnaires ne
briseraient pas l'ordre capitaliste. »
Ainsi, pomme nous n'avons jamais
cessé de l'espérer, les socialistes unifiés
s'apprêtent enfin à secouer, le joug des
anarchistes qui, à l'instigation de M.
Pouget, du Père Peinard ci de la Guerre
sociale, ont envahi les syndicats et la
C. G. T. pour les désorganiser.
M. Jules Guesde fut le premier à 'dé-
noncer le péril ; MM. Ghesquière,
Alexandre Varenne, Roux - Costadau,
Compère-Morel, Dumas, Briquet" d'au-
tres encore, le reconnaissent et sont
pr,1uÙ le connaître. La victoire est pro-
chaine de la "oritesuf le mensonge, de
la raison sur la folie.
Libéré de la tutelle honteuse des pro-
pagandistes de la violence el de la Ut-
eheté, de ci de la désertion,
le parti socialiste, rendu à lui-même,
pourra remplir le rôle nécessaire el fé-
cond d'entraîneur du parti républicain,
la Démocratie et le Prolétariat ont tout
à espérer de. la collaboration de ces
deux partis, tout à redouter, de leurs
ééchvremimtSï .,
LE FAIT DU JOUR
LA LIBERTÉ DE LA PRESSE A TRIPOLI. - La mauvaise c oule-
Les On « Dit1
NOTRE ACEMDA ..-.;
Aujourd'hui lundi 1
Lever du-soleil, 7 h. 37 du matin.
Coucher du soleil, 4 p. 3 m. du soié,
Lever de la lune, 2 h. 48 m. du soir.
Coucher de la lune, 5 h. 20 m. dUcFatin..
AUJOURD'HUI
Horrible confusion
Il yient d'arriver une bien joyeuse mé,
saventure à un de nos confrères parisiens.
L'autre matin, il recevait un colis pos-
tal venur d'une petite plage de' la Somme.
Le colis contenait trois hirondelles de
mer. Noire confrère fit un peu. La grimace,
car il ignorait la valeur exaéte de ce gi-
bier ; il ordonna cependant à &a bonne de
faire cuire les trois oiseaux pour le dé-
jeuner.,
Madame les trouva, naturellement exé-
crables, ces oiseaux de mer dont la chair
coriace sentait l'huile rance. Monsieur
eut, le goût plus indulgent.
L'après-midi parvenait à son tour une
lettre de l'expéditeur :
■ « Cher ami, je t'envoie trois hirondelles
de mer, que tu voudras bien porter chez
un naturaliste. C'est pour faire un cha-
peau à ta femme ! M
— Et voilà, conclut notre confrère, com-
ment je me trouve avoir un chapeau de
femme dans l'estomac.
LIRE EN 2e PAGE :
Les Lundis - Révolotionnaires
par Gustave ROUANET
iaas les Arsenaui
,
'-+.-+: .-
De nouveau on signale une grande agi-
tation parmi les ouvriers des arsenaux. On
laisse entendre que c'est peut-être la grève
générale.
Le prétexte : la retenue de salaire impo-
sée aux ouvriers de l'arsenal de Lorient,
qui ont fait récemment une manifestation
dite « des bras croisés s.
D'aucuns trouveront la mesure prise par
M. Delcassé d'autant plus anodine, que son
constant souci d'impartialité et de justice
lui avait dicté le déplacement du directeur
de l'arsenal.
La vérité qu'il convient de dire sans mâ-
cher les mots, c'est que lés ouvriers des ar-
senaux — dont l'immense majorité est at-
tachée à ses devoirs envers la Nation, —
est travaillée depuis trop longtemps par
des meneurs dont il faudrait enfin connaî-
tre les noms, scruter les mobiles, et répri-
mer les méfaits.
Nous sommes à la veille de l'exécution
du programme naval.
Au moment où il s'agit de donner à la
défense nationale des escadres nouvelles,
qui donc a intérêt à provoquer des désor-
dres dans nos arsenaux ?
L'Etranger ; les anarchistes antimilita-
ristes ; les grands métallurgistes gui VOU-
draient le monopole des commandes au
détriment des arsenaux de l'Etal.
Nous y reviendrons. Mais, avant de faire
le jeu et de devenir le jouet des uns ou des
autres, les ouvriers des arsenaux, se de-
manderont-ils qui les mène et où on les
mène ï
r ♦ -
: Llioiitratioii Tnnisienne
t ',=,-:-t:-.
UNE MAUVAISE ACTION
Nous avons eu l'occasion, à diverses re-
prises, de signaler avec quelle perfidie le
Temps — que nous avons connu épris des
justes causes, — présentait la défense de
l'administration tunisienne en accablant
généreusement ses victimes.
: S'il faut en croire M. Thalamas, qui n'est
pas homme à affirmer à la tribune de la
Chambre "des faits qui ne soient rigoureu-
sement exacts, la mauvaise humeur du
Temps tient aux causes suivantes :
i Le direcleur de l'Agriculture est deve-
nu un personnage administratif qui, sous
un nom très respectable, n'est, en fait,
qu'un instrument, un agent de spoliation
permanent„
« Celui qui a fait de la direction de l'A-
griculture cet instrument, c'est M. Paul
Bourde-, qui cumule les fonctions de per-
cepteur à Paris, avec celles d'ancien direc-
teur de l'Agriculture, de concessionnaire
en Tunisie et de personnage très influent
au journal le Temps, ce qui nous explique-
ra peut-être que le directeur de ce. journal
soit devenu, lui aussi, propriétaire, en Tu-
nisie, et ce qui vous expliquera peut-être
aussi que la Tunisie actuelle et la résiden-
cc n'aient pas de meilleur défenseur que
ce journal. »
L'explication est fort claire, en effet, et
le Temps, si prompt à discuter lès rfai-
res tunisiennes, n'a même pas tenté de se
disculper.
, Mais il a fait pis.
Cherchant à tout prix une diversion, il
s'est jeté, — lui, l'organe. des concession-
naires nantis, — sur un colon spolié, et il
s'est efforcé, dans ce paradoxe ingrat et
ridicule, de présenter la victime comme le
persécuteur de l'administration tunisien-
ne !
Comme le faisait spirituellement remar-
quer un de nos confrères : tous les défen-
seurs de l'administration tunisienne por-
tent des noms prédestinés.
C'est le lamentable Alapetite, chez lequel,
sans mauvais jeu de mots, rien n'est grand;
c'est le sournois Doblcr, qui porte presque
un nom de bourreau ; c'est l'habile Dol,
qui se charge des missions et des commis-
sions de confiance au nom de certains par-
lementaires, et c'est enfin Bourde, qui est
l'inventeur d'un système qui a justifié son
nom.
Quaht au Temps, il surprend depuis
quelques mois tous ceux qui voulaient
croire à ses vieilles traditions de loyauté,
de générosité et de courtoisie.
Au lendemain de la mort de Berteaux, il
griffait un cadavre de façon telle que notre
vaillant ami et collaborateur Dumesnil dut
faire entendre ici une protestation violen-
te dont nul n'a perdu le souvenir.
Aujourd'hui, pour servir ses amis ou ses
associés de l'administration tunisienne, il
piétine des vaincus.
On prétend que M. Hébrard a eu de l'es-
prit.
LA GUERRE ITALO-TURQUE
0 ;
EN TRIPOLITAINE
Tripoli, 3 décembre. — L'état de M.
Jean Carrère est maintenant excellent ; le
blessé n'est plus alité et ses blessures
vont en s'améliorant rapidement.
Tripoli, 3 décembre. (Source italienne).
Aucun nouveau fait saillalit n'est à signa-
ler.
Le front Est des Italiens a été occupé
par les 56 et €e brigades.
Les tfersaglieri et les grenadiers alpins
sont passés dans les troupes de réserve.
Les Mies du Baîram se déroulent jusqu'à
présent sans incidents. La vifie est tran-
quille.
On ma'nde de I1enghtizi, par le télégra-
phe sans fil que les groupes menaçants,
qui s'étaient formés en avant des posi-
tons italiennes semblent diminuer d'im-
portance.
Des barnfes de Bédouins ont apparu la
n,uit dernière en face des ;àYœnt",postes
italiens ..mais ont disparu' idè les pre-
miers coups de CaROn.
On a cons4sftfcé que ta défaite - subie par
les Turcs le 28 novembre à Coeffri fut
bien p Iiis ne le supposait,,
yiugt-hiiit chefs:/ét notables de la itfïbu
Jtvan étant *esté& parmi les morts.:
LE BOMBARDEMENT DE
MOKHA ET CHEIKH-SAID
Constantinople, 3 décembre. — On dit
que la Porte a protesté auprès des puis-
sances contre le bombardement, contrai-
re, dit-elle, au droit international, de
Mokha et de CheJkh-Sald, qui sont des
places non défendues.
LA QUESTION DES DETROITS
Berlin, 3 décembre. — La question des
Détroits continue à préoccuper la -diplo-
; matie allemande. L'ambassadeur d'Alle-
magne à Constantinople, le baron de
Marshall, redouterait, dit-o\), une tentati-
ve de ntalie contre les Dardanelles. Cette
tentative aurait seloii lui, pour effet do
décider la Russie à rouvrir la question des
l3ûrd«nelles. ,
On parait considérer à Berlin que si les
puissances reconnaissent à l'Italie le droit
d'agir dans les Dardanelles, la Turquie
doit avoir le droit de s'y défe-ndré et par
conséquent d'y poser des mines.
De son côté, la Gazette de Cologne pu-
blie l'information suivante :
« La Russfe a entamé une action diplo-
matique auprès des puissances en vue
f^d'obtenir le droit de passage à travers les
DartUîfielles, g J
CHRONIQUE
U lisM Miini
18' Retonr des UUBdres
,.
'La date du deux décembre, presque obli-
gatoirement commémorative et, plus tard,
celle du quinze, Il le retour des cendres »,
évoquent infailliblement l'histoire diverse
du coup d'Etat, ce coup d'Etat par lequel
Louis Bonaparte arrivait au : petit galop,
comme dans un fauteuil ». Et cèla. par-
ce que, de. 1800 à 1850, poètes, romanciers,
politiciens, événements, se groupèrent en
faisceaux pour former, consacrer et idéa-
liser la légende napoléonienne. Ce fut, d'a-
bord, la colonhe « trophée indélébile », fon-
due avec le bronze des ca'hons ennemis,
érigée place Vendôme, en 1810 (déboulon-
née par la Commune, restaurée en 1875,
avec, sur le faite, la stàtu'e de Napoléon
provenant, elle aussi, des canons autri-
chiens ou anglais). C'était l'immobile, mais
premier grandiose témoignage de la san-
glante Iliade napoléonienne.
Ce bronze que jamais ne regardent les mères,
Ce bronze grandi sous les pleurs,
dit Barbier, dans un de ses vigoureux
Jambes. Ce bronze inspirait à Victor Hugo
deux de ses odes les plus superbes :
Oh ! quand il bâtissait de sa main colossale,
Pour son trône appuyé sur l'Europe vassale,
Ce pilier souverain, -
Ce bronze devant qui tout n'est que poudre et
[sable
Sublime monument deux fois impérissable
F-tlil de gloire et d'airain !
: *
* *.,
Mais c'était là volée. Alors, plus proche du peuple, la
chanson, dont oii- freflqnne e'ncore, mais,
non. sans une petite pointe moqueuse, les
deux derniers vers de chaque couplet :.
Salut, momment gigantesque *
- la valeur et des beaux-arts.
DHine teinte Iotevaloo.
Toi seul colores nos remporte.
De quelle-gloire t'environne
Le tableau de tant de hauts faits 1
Ah ! qu'on est fier d être Français,
Quand orçjpegarde la colonne 1
Ces Vers ne sont pas fameux. Mais le
peuple chantait ; et, èn chantant , c'est de
Napoléon qu'il parlait, C'i:wi)L surtout
avec Béranger qu'il, chantait ce u surhom-
me ï) qui, de son nom, avait r'empli le
monde: - et, en ce temlls-là, ne l'emplis-
sait-il pas encore ?
Ce furent, entre tant d'autres : Le Vieux
Strgenl, La Vivanéière, Le- Vieux Drapcau,
Les Deux Grenadiers, Les Myrmidons, Le
Cinq-Mai, et, surtout, Les Souvenirs du
peuple. 1
On parlera de sa gloire
Sous le eàmume bien kmgtemps.
• - 1/-humble toit, dans cinquante ans,
Ne connaîtra plus d'autre histoire;..
Parlez-nous -de lui, grand'mère,
Parlez-noue de lui. :
-Si, icomme ^Charles X s'exilant à
Holyrood, ou Louis-Philippe au château
de Claremont., Napoléon, après Waterloo,
s'était réfugié dans lin coin quelconque de
l'Europe — de même, plus tard, le neveu
à Chilehurst — la légende napoléonienne
eût été peut-être écrasée dans l'œuf. Mais
les Anglais t'envofent dans une lie quasi
-déserte. Alors, toute une ambiance de
mystère et de poésie entoure à l'ins-
tant le héros tombé, le titan foudroyé ;
surtout lorsque fut connue sa mort. Après
Hugo, Lamartine accorda sa lyre pour .en
tirer des sons émus :
lSur uûi écueil battu par la vague plaintive
Le nautomer voit de loin, blanchi sur la rive.
Un "tombeau près du bord, par les flots déposé I
Ii._gtt ! Point de nom. Demandez à la terre !
Ce noim, il est inscrit en sanglant caractère
Sur le ftnoruze.
II est Iù ! Sous trois pas, un enfant le mesure !
*
Est-ce que ne nous remonte pas à la
mémoire le fameux vers de Juvénal :
Expemle Annibalem ; quoi libras in duce summo.
(pesez Anni-ba), combien de livres dans
les cendres du grand capitaine.)
Et nous ne rappelons ici qUe les deux
plus grandiloquents poètes du XIXe siècle.
Mais que d'autres encore pour chanter
Napoléon. Voici Lebrun, par exemple. Son
poème sur la mort du .captif géant dé
Sainte- Hélène, colporté, lu dans toutes les
casernes de France, lui valut le retrait de
sa pension : 2.000 livres. Mais il avait
alors, avec lui, le peuple, et les « libé-
raux ».
C'est sous l'impulsion qu'entretenaient « les grognards », les
eaux-fortes de Raffet — certaines d'entre
elles sont shakespeariennes — les jouets,
les écrins, les Il tabatières à la Napoléon »
et dans les théâtres, dans les cirques,
chaque soir, des drames, des comédies,
des « exfercices équestres M, tirés de quel-
que épisode napoléonien : Gübert, à la
Porte-Saint-Martin ; Edmond, au cirque,se
taillant une réputation colossale, parce
qu'ils ressemblaient à l'empereur ; c'est
sous l'impulsion de cette mentalité que se
produisit un phénomène étrange. Le -wiart
devint un chef de parti — ce chef de par-
ti dont Balzac, dans les Pogsans faisait
en vingt pages, un raccourci d'une incom-
parable vigueur ; — les libéraux enrôlè-
rent dans leurs rangs Napoléon 1", dont
le cadavre gisait à Sainte-Hélène.
Vraiment, rien ne fat plus atosurde, plus
ijiconciHable que cet a**a4game de libéra-
lisme et de bonapartisme. On l'explique
par cela que, potir.. les chefs politiques,
cet -enUiousiasme, s'il fut une fictilut
surtout; m «aïeul- LalVwfft^e avec Napo-
léon, l#PàppbrtaîV d!\J8' au?ilfei^ puiç*
lit -,' - -i û: ■
sanfs : le peuple et l'armée — lire dae.
Balzac la saisissante nouvelle : le Colonti
Chabert - et, de ce nom ils se fabriquè:",
rent une arme contre les Bourbons qu%'
rentrés en France avec l'étranger et let
drapeau blanc, représentaient l'ancien rè-
gime et la défaite nationale. Rien n'étai.
alors plus aisé que de leur opposer Na-
poléon, le promulgateur du Code civil, fe *
vainqueur de l'Europe, et - l'on ne saitt :
vraiment par quel extraordinaire effort da
bonne volonté - le continuateur (?), onDI
jugeait ainsi dans l'ensemble, à cette épo-,
que de cette égalité, nous-, arrivant de? -
89, -dé7 93, @ èt -que 'n"aivaient j amais"
89,- dé 93; et que n'avaient jamais ; connue
les- rois Si bien que, lorsque les Ordon;
Danees, de Juillet; firent se ruer tout le peu ,
:ple' parisien à l'attaque. de la monarchie^ -
on peut. affirmer qu'à la tête des' assail.
lants, fut « l'homme de Sainte-Hélène ».
Et aussi, toujours pour renforcer la lé1* 1
gende de Sainte-Hélène, la mort, à Schoen-
brun, du duc de Reichstadt — l'Aiglon, dei
Rostand. On en prit texte pour repleureç
le père. Nous retrouvons encore Victor,
Hugo J
Tous deux sont morts. Seigneur, votre droite est
[terrible, *
vous avez commencé par le maître invincible»
Par l'homme triomphant..
Puis, vous avez enfin complété Po&goeire., :
Dix ans vous ont suffi pour filer le suaire
- Du - père et de l'enfant.
- *** f
La tentative échouée & Strasbourg, - de
Louis Bonaparte, sembla très ridicule; 0
- dans le clan monarchique ; mais le peuple
la jugeait autrement, car il ne lui déplai-
sait pas outre mesure que-Napoléon eût"
un héritier, — sans, liélas .! scruter l'ave--.
*nir- pour savoir ce que serait cet héri-
tier. Puis, ce fut le retour 'des cendres,
ces cendres .fameuses que de Sainte-H.
lène, ramenait sur la Belle-Poule, le prin-
ce de Joinville, fils de Louis-Philippe, :
En une phrase singulièrement précise,
IleVri Heine traduisait : l'émotion presque: »
unanime que produisit ce 'retour : - • •* •
« Le monde tressaillit à l'idée du géant
de Sain sortant de, son tombeau
et se dirigeniters la France. comme
poijr en reprendie possession. '»'. :.
Et Chateaubriand, pour qui Napoléon
fut l'éternel ennemi, mais un ennemi dont
il admira toujours la stature quasi-surhu-.
maine, de s'écrier :
Il Que ferons-nous de ces magnifiques
reliques au milieu de nos misères ? Encore
si nous possédions un Michel-Ange pour
sculpter la statue funèbre ? Comment fa-
çonnera-t-on le monument ? Du moins, si
l'on avait suspendu le cercueil au couron-
nement de l'Arc-de-Triomphe ? Si les na-
tions avaient aperçu de loin leur maUre.
porté sur les épaules de la Victoire ? n
Dans ses Choses vues, Victor Hugo, -
qui souvent s'imprègne si fort de Napo-
léon I" .:. nous refait vivre l'impression
mystérieuse produite-par la vision du ctian
impérial où reposait-le squelette. C'est le ,;
15 décembre :
fi, Le soleil voilé jusqu'a ce monienl,
paraît en même temps: L'effet est prodi".
gieùx. Le char s'avance, lentement. Voici:
les chevaux de selle dgs maréchaux et des
généraux qui tiennent le cordon du pooie
impérial. Voici les quatre-vingt-six offi-
ciers légionnaires portant les bannières1
des quatre-vingt-six départements. Rien de
plus beau que ce carré au-dessus duquel
frissonne une forêt de drapeaux. On croi-
rait voir marcher un champ de dahlias
gigantesques. Frémissement de la foule.
C'est le cheval de bataille de Napoléon -
La plupart le croyaient fortement : pour
peu que le cheval eût servi deux ans à
l'empereur, il aurait trente ans ; ee qui es*'
un bel âge de cheval. »
Même pour le cheval, la légende ! -
O. D'ANTAN,
«» »
Fêtes et Réunions
,
L'ASSEMBLEE GENERALE DU
TOURING CLUB DE FRANCE
L'assemblée générale du Touring-Club
de France a eu lieu hier après-midi dans le
grand amphithéâtre de la So-rbonne, sous
la' présidence de M. Au gagneur, ministre
des Travaux publics.
Il a été procédé à l'électien. du tiers sor-
tant du Conseil d'administration. Les con-
seillers sortants 'ont tous été réélus..
UNE CONFERENCE SUR L'AVIATIDU
MILITAIRE
M. Paul Painlevé a fait hier à la salle de
la Société de géographie une conférence
sur l'aviation militaire, au profit de la cais-
se d'assistance militaire des Jeunesses ré-
publicaines, sous la présidence du colonel
Hirschauer, commandant le bataillon des
sapeurs aérostiers, représentant le minis-
tre de la Guerre.
Rappelant les premiers vols de 1908, 1.
conférencier montre le chemin parcouru en
trois ans et en marque les principales éta-
pes : le premier meeting de Reims, le Cir-
cuit de 1 Est, pour aboutifr au rôle de l'aé-
roplane pendant les. dernières manœuvres
de l'Est et au concours des appareils mili-
taires.
« Les plus sceptiques sont convaincue,
dit l'orateur, que l'aéroplane est devenu U8
instrument de guerre, et il a reçu à Tripo-
li le baptême du feu. Il est supérieur an
dirigeable dans la plupart des applications,
et sa supériorité ne fera que s'accentuer.
Par le nombre et la valeur de ses officiera
aviaturs autant que par son organisation.
notre armée aérienne est la- première do
toutes. Les Explications militaires étant cel-
les ou le péffl compte le moins, ce sont efc
lim; qui reTOnt franchir à Kaévoplane î*
phase nseu-rfinère malbeufe«s«niènt encore
longue d© son "k)stole.) Mais, engendré
connais instrument de guerre, .l'aucphme..
MARDI 5 DECEMBRE 1911. — Na t5Ma.
ANNONCES |
AUX BUREAUX DU JOURNAL
13, toul. de Strasbourg et 71, rue du Faub.-St-Martin, PARIS i
Et chez MM. LAGRANGE, CERF et C*
6, place de la Bourse, 6
Adresse Télégraphique: XIX4 SIÈCLE - PARIS
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fca 9 teom di soir à 3. heures à mlÜl 123, rue Montmartre Téléphone 143-93
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1 TÉLÉPHONE : 434-90 et 424-91
Adresser lettres et mandata à l'Administrateur
TRIBlfifë LIBRE
Affaires d'Asie
> rt WH - t' • • K — '< ..:i
Depuis la fin 3u mois
d'octobre, deux grands
événements ont déroulé
leur cours en Asie : la ré-
volution chinoise et le con-
flit russo-persan. Ce double
drame approche du dénouement com-
me le démontrent deux faits tout ré-
cents : la prise de Nankin par les ré-
publicains chinois, et le rejet de l'ulti-
matum russe par l'Assemblée natio-
nale persane-
Chez les Célestes, la révolution fait
des progrès constants. L'horreur
qu'inspire aux Chinois la domination
mandchoue est si vive, la haine de la
dynastie considérée comme étrangère
est si violente, qu'il n suffi de quel-
ques semaines pour jeter dans le parti
de l'insurrection toute la Chine méri-
dionale et toute la Chine centrale-
Les provinces de l'Empire les plus
peuplées, les plus riches, les plus fer-
tile?. se trouvent donc ainsi du côté
des rebelles. Il n'eut pas suffi d'une
simple propagande politique, fût-elle
* menée par les agitateurs les plus ha-
biles, pour obtenir un résultat pareil-
Ll force des choses a travajJlé pour
l'insurrection et un gouvernement ar-
chaïque qui avait placé' toute sa cofi-
nance dans la pratique du machiavé-
lisme le plus astucieux et qui avait
« usé P, il y a douze ou treize ans Fé:
lan réformiste, est aujourd'hui pris à
SO1 propre piège
Aussi, le mouvement révolutionnai-
re n'est-il pas un simule mouvement
'de mécontents, "d'aigris, de sans-tra-
vail et d'aventuriers : c'est un mouve-
ment qui entraîne avec lui la popula-
tion entière et avec celle-ci ce puis-
sant patriciat mercantile qui domine
dans les grands marchés et les grands
ports du Céleste Empire.
Aujourd'hui, la preuve est faite que
fe nord de la Chine est impuissant à
dompter le centre et le sud. Malgré
le dépit des princes de la famille ré-
gnante, malgré la colère de la caste
militaire mandchoue, les -. quatre cin-
quièmes de l'Empiré se sont libérés et
vivent d'ores et déjà m oo autono-
mie- Malgré l'établissement .de la dic-
tature du Chinois Yuan-Chi-Kaî, au-
jcurd hui le protecteur de la famille
mandchoue, les républicains ont conti-
nué la série de leurs avantages. Ils
viennent de prendre Nankin, l'ancien-
ne capitale chinoise : ils sont les maî-
tres de la route de Pékin où la défaite
ci la débandade affoleront la popula-
tion aux premières nouvelles d'une
marché victorieuse des insurgés- Il y
n quelques semaines déjà, la ville était
ii la merci des révolutionnaires, s'ils
l'eussent voulu, comme l'indiquait,
iians un curieux article, le correspon-
dant du Temps, M. Jean Rodes-
Le sort de la dynastie est donc fort
compromis. Et l'on annonce même
qui; Yuan-Chi-Kaî, qu'elle avait solli-
cite d'accepter les pouvoirs extraordi-
naires d'un sauveur, serait prêt à l'a-
bandonner, soit pour accepter le titre
tk. chef du Gouvernement républicain,
soit pour fonder lui-même une dynas-
tie nouvelle. Dans tous les cas, l'heu-
re des Mandchous est passée et la fin
de leur domination politique, en droit
comme en fait, est toute proche.
C'est seulement une question de
savoir si demain Yuan-Chi-Kaî renon-
cera à jouer un rôle de premier plan,
ou s'il voudra devenir le bénéficiaire
de la révolution. C'est une question
de savoir si la Chine se ralliera à sa
personnalité ambitieuse et énigmali-
que, ou si elle préférera le chef répu-
blicain Sun-Yat-Sèn qui, après une
tournée à New-York, à Londres et à
Paris, fait route vers la Chine pour y
constituer ce pouvoir central que les
grandes puissances pourront considè-
re" comme responsable des destinées
de< Célestes quand la bourrasque aura
balayé la résistance du Nord
Pour le moment, les deux facteurs
essentiels de la politique chinoise sont
Y»an-Chi-Kaî et Sun-Yal-Sen-
- En Perse, l'Assemblée nationale ou
!<» Medjliss a lancé le Gouvernement
dans un conflit avec la Russie Depuis
que les troupes ('.on:titutiool.)eUes ont
eu à écraser une tentative armée, cet
été; pour rétablir l'ancien shah, une
fièvre révolutionnaire anime ce Parle-
ment, aussi ardenf que jeune. Nul mi..
nistère ne peut lui résister s'il n'est
passionnément hostile à l'ancien régi-
me. '.: :_,' - -'. -. ,-
L'Américain Morgan Shuster, qui
s'est rendu - populaire à Téhéran en se
Posant en partisan du nouve-aurégime;
-. qu'il a des raisons de - chérir, puis-
qu'il le sert comme fonctionnaire, - a
trouve moyen de devenir, par ses vio-
lences et ses incartades, l'adversaire
de la légation russe. Il a essayé de
substituer aux influences de Péters-
bourg et de Londres une troisième in-
fluence dans le plateau de l'Iran : cel-
le des Etats-Unis, en favorisant des
placements de fonds yankees. Bien en-
tendu, la Maison-Blanche est loin de
couvrir Morgan Shuster.
, En ce moment, la Russie, assurée
d'être d'accord avec l'Angleterre, ré-
clame, par son ultimatum, le renvoi
de Morgan Shuster- Mais le Medjliss
et le nouveau ministère persan refu-
sent de s'incliner. Les Russes vont
donc marcher sur. Téhéran pour prou-
ver qu'ils ont le droit de surveiller les
nominations de fonctionnaires étran-
gers du Gouvernement persan. Evéne-
ment d'importance et dont on entrevoit
déj4 la répercussion au delà de la ca-
pitale de la Perse même-
Albert MfLHAUD. ;'
— ♦ •
LA POLITIQUE
:+:.
VERS LA VERITE
[Avant-hier, 'dettJ; socialistes
unifiés, à la tribune de la
Chambre, ont explicitement
condaniné le syiHicalisme ré-
Kvolutiontuiire au nom du socia-
lisme.
Que les députés du Centre et les
journaux progressistes y voient matière
à préêire la èivisioiï et l'affaiblissement
du socialisme, nous n'en ,ons cure, ,
nous sommes certains de ne point nous
tromper eh affirmant hautement que le
socialisme sortira plus uni et plus fort
de la ense intense que révèlent les dis-
cours de MM. Ghesquière et Compère.
Morelt
Nous souhaiterions que les lecteurs
du 'Rappel n'eussent pas oublié les arti-
cles que nous avons publiés ici même,
il y a lJlu.sicUt,S mois, sur « la Légalité
anglaise et le Syndicalisme »,
Il n'est pas une seule 'de nos affirma-
tions, quant aux résultats positifs de
l'action légale et aux résultats négatifs
de Vaction directe, que M. Ghesquière
n'ait appuyée de toute sa "double auto-
rité de théoricien et de militant.,
« Nous sonmes, a-t-il dit ensuite, con-
tre le syndicalisme qui fait de l'action
onlÏprwlernclta:ifc, et la Confédération
gt'n.é'ntle du travail finira par compren-
dre. qu'elle doit changer de méthode
'd'action et d'organisation, éviter les
conflits et les grèves, encourager les
conciliations et les transactions ; elle
devra condoimner toutes y les violences
et les sauvageries dans les conflits, in-
terdire le sabotage, les voies de fait,
tous lès moyens qui légitiment les ré-
pressions impitoyables. »
C'est courageux et c'est franc 1 le
langage de M. Compère-Morel ne l'a
pas été rhoins : ■
a Il faut rompre résolument, a-t-il
diLaccc toute la logomachie révolution-
naire.
« L'action syndicale doit se mouvoir
dans le cadre légal de l'ordre capitalis-
te : elle ne peut qu'opérer des réfor-
mes. Les moyens révolutionnaires ne
briseraient pas l'ordre capitaliste. »
Ainsi, pomme nous n'avons jamais
cessé de l'espérer, les socialistes unifiés
s'apprêtent enfin à secouer, le joug des
anarchistes qui, à l'instigation de M.
Pouget, du Père Peinard ci de la Guerre
sociale, ont envahi les syndicats et la
C. G. T. pour les désorganiser.
M. Jules Guesde fut le premier à 'dé-
noncer le péril ; MM. Ghesquière,
Alexandre Varenne, Roux - Costadau,
Compère-Morel, Dumas, Briquet" d'au-
tres encore, le reconnaissent et sont
pr,1uÙ le connaître. La victoire est pro-
chaine de la "oritesuf le mensonge, de
la raison sur la folie.
Libéré de la tutelle honteuse des pro-
pagandistes de la violence el de la Ut-
eheté, de ci de la désertion,
le parti socialiste, rendu à lui-même,
pourra remplir le rôle nécessaire el fé-
cond d'entraîneur du parti républicain,
la Démocratie et le Prolétariat ont tout
à espérer de. la collaboration de ces
deux partis, tout à redouter, de leurs
ééchvremimtSï .,
LE FAIT DU JOUR
LA LIBERTÉ DE LA PRESSE A TRIPOLI. - La mauvaise c oule-
Les On « Dit1
NOTRE ACEMDA ..-.;
Aujourd'hui lundi 1
Lever du-soleil, 7 h. 37 du matin.
Coucher du soleil, 4 p. 3 m. du soié,
Lever de la lune, 2 h. 48 m. du soir.
Coucher de la lune, 5 h. 20 m. dUcFatin..
AUJOURD'HUI
Horrible confusion
Il yient d'arriver une bien joyeuse mé,
saventure à un de nos confrères parisiens.
L'autre matin, il recevait un colis pos-
tal venur d'une petite plage de' la Somme.
Le colis contenait trois hirondelles de
mer. Noire confrère fit un peu. La grimace,
car il ignorait la valeur exaéte de ce gi-
bier ; il ordonna cependant à &a bonne de
faire cuire les trois oiseaux pour le dé-
jeuner.,
Madame les trouva, naturellement exé-
crables, ces oiseaux de mer dont la chair
coriace sentait l'huile rance. Monsieur
eut, le goût plus indulgent.
L'après-midi parvenait à son tour une
lettre de l'expéditeur :
■ « Cher ami, je t'envoie trois hirondelles
de mer, que tu voudras bien porter chez
un naturaliste. C'est pour faire un cha-
peau à ta femme ! M
— Et voilà, conclut notre confrère, com-
ment je me trouve avoir un chapeau de
femme dans l'estomac.
LIRE EN 2e PAGE :
Les Lundis - Révolotionnaires
par Gustave ROUANET
iaas les Arsenaui
,
'-+.-+: .-
De nouveau on signale une grande agi-
tation parmi les ouvriers des arsenaux. On
laisse entendre que c'est peut-être la grève
générale.
Le prétexte : la retenue de salaire impo-
sée aux ouvriers de l'arsenal de Lorient,
qui ont fait récemment une manifestation
dite « des bras croisés s.
D'aucuns trouveront la mesure prise par
M. Delcassé d'autant plus anodine, que son
constant souci d'impartialité et de justice
lui avait dicté le déplacement du directeur
de l'arsenal.
La vérité qu'il convient de dire sans mâ-
cher les mots, c'est que lés ouvriers des ar-
senaux — dont l'immense majorité est at-
tachée à ses devoirs envers la Nation, —
est travaillée depuis trop longtemps par
des meneurs dont il faudrait enfin connaî-
tre les noms, scruter les mobiles, et répri-
mer les méfaits.
Nous sommes à la veille de l'exécution
du programme naval.
Au moment où il s'agit de donner à la
défense nationale des escadres nouvelles,
qui donc a intérêt à provoquer des désor-
dres dans nos arsenaux ?
L'Etranger ; les anarchistes antimilita-
ristes ; les grands métallurgistes gui VOU-
draient le monopole des commandes au
détriment des arsenaux de l'Etal.
Nous y reviendrons. Mais, avant de faire
le jeu et de devenir le jouet des uns ou des
autres, les ouvriers des arsenaux, se de-
manderont-ils qui les mène et où on les
mène ï
r ♦ -
: Llioiitratioii Tnnisienne
t ',=,-:-t:-.
UNE MAUVAISE ACTION
Nous avons eu l'occasion, à diverses re-
prises, de signaler avec quelle perfidie le
Temps — que nous avons connu épris des
justes causes, — présentait la défense de
l'administration tunisienne en accablant
généreusement ses victimes.
: S'il faut en croire M. Thalamas, qui n'est
pas homme à affirmer à la tribune de la
Chambre "des faits qui ne soient rigoureu-
sement exacts, la mauvaise humeur du
Temps tient aux causes suivantes :
i Le direcleur de l'Agriculture est deve-
nu un personnage administratif qui, sous
un nom très respectable, n'est, en fait,
qu'un instrument, un agent de spoliation
permanent„
« Celui qui a fait de la direction de l'A-
griculture cet instrument, c'est M. Paul
Bourde-, qui cumule les fonctions de per-
cepteur à Paris, avec celles d'ancien direc-
teur de l'Agriculture, de concessionnaire
en Tunisie et de personnage très influent
au journal le Temps, ce qui nous explique-
ra peut-être que le directeur de ce. journal
soit devenu, lui aussi, propriétaire, en Tu-
nisie, et ce qui vous expliquera peut-être
aussi que la Tunisie actuelle et la résiden-
cc n'aient pas de meilleur défenseur que
ce journal. »
L'explication est fort claire, en effet, et
le Temps, si prompt à discuter lès rfai-
res tunisiennes, n'a même pas tenté de se
disculper.
, Mais il a fait pis.
Cherchant à tout prix une diversion, il
s'est jeté, — lui, l'organe. des concession-
naires nantis, — sur un colon spolié, et il
s'est efforcé, dans ce paradoxe ingrat et
ridicule, de présenter la victime comme le
persécuteur de l'administration tunisien-
ne !
Comme le faisait spirituellement remar-
quer un de nos confrères : tous les défen-
seurs de l'administration tunisienne por-
tent des noms prédestinés.
C'est le lamentable Alapetite, chez lequel,
sans mauvais jeu de mots, rien n'est grand;
c'est le sournois Doblcr, qui porte presque
un nom de bourreau ; c'est l'habile Dol,
qui se charge des missions et des commis-
sions de confiance au nom de certains par-
lementaires, et c'est enfin Bourde, qui est
l'inventeur d'un système qui a justifié son
nom.
Quaht au Temps, il surprend depuis
quelques mois tous ceux qui voulaient
croire à ses vieilles traditions de loyauté,
de générosité et de courtoisie.
Au lendemain de la mort de Berteaux, il
griffait un cadavre de façon telle que notre
vaillant ami et collaborateur Dumesnil dut
faire entendre ici une protestation violen-
te dont nul n'a perdu le souvenir.
Aujourd'hui, pour servir ses amis ou ses
associés de l'administration tunisienne, il
piétine des vaincus.
On prétend que M. Hébrard a eu de l'es-
prit.
LA GUERRE ITALO-TURQUE
0 ;
EN TRIPOLITAINE
Tripoli, 3 décembre. — L'état de M.
Jean Carrère est maintenant excellent ; le
blessé n'est plus alité et ses blessures
vont en s'améliorant rapidement.
Tripoli, 3 décembre. (Source italienne).
Aucun nouveau fait saillalit n'est à signa-
ler.
Le front Est des Italiens a été occupé
par les 56 et €e brigades.
Les tfersaglieri et les grenadiers alpins
sont passés dans les troupes de réserve.
Les Mies du Baîram se déroulent jusqu'à
présent sans incidents. La vifie est tran-
quille.
On ma'nde de I1enghtizi, par le télégra-
phe sans fil que les groupes menaçants,
qui s'étaient formés en avant des posi-
tons italiennes semblent diminuer d'im-
portance.
Des barnfes de Bédouins ont apparu la
n,uit dernière en face des ;àYœnt",postes
italiens ..mais ont disparu' idè les pre-
miers coups de CaROn.
On a cons4sftfcé que ta défaite - subie par
les Turcs le 28 novembre à Coeffri fut
bien p Iiis ne le supposait,,
yiugt-hiiit chefs:/ét notables de la itfïbu
Jtvan étant *esté& parmi les morts.:
LE BOMBARDEMENT DE
MOKHA ET CHEIKH-SAID
Constantinople, 3 décembre. — On dit
que la Porte a protesté auprès des puis-
sances contre le bombardement, contrai-
re, dit-elle, au droit international, de
Mokha et de CheJkh-Sald, qui sont des
places non défendues.
LA QUESTION DES DETROITS
Berlin, 3 décembre. — La question des
Détroits continue à préoccuper la -diplo-
; matie allemande. L'ambassadeur d'Alle-
magne à Constantinople, le baron de
Marshall, redouterait, dit-o\), une tentati-
ve de ntalie contre les Dardanelles. Cette
tentative aurait seloii lui, pour effet do
décider la Russie à rouvrir la question des
l3ûrd«nelles. ,
On parait considérer à Berlin que si les
puissances reconnaissent à l'Italie le droit
d'agir dans les Dardanelles, la Turquie
doit avoir le droit de s'y défe-ndré et par
conséquent d'y poser des mines.
De son côté, la Gazette de Cologne pu-
blie l'information suivante :
« La Russfe a entamé une action diplo-
matique auprès des puissances en vue
f^d'obtenir le droit de passage à travers les
DartUîfielles, g J
CHRONIQUE
U lisM Miini
18' Retonr des UUBdres
,.
'La date du deux décembre, presque obli-
gatoirement commémorative et, plus tard,
celle du quinze, Il le retour des cendres »,
évoquent infailliblement l'histoire diverse
du coup d'Etat, ce coup d'Etat par lequel
Louis Bonaparte arrivait au : petit galop,
comme dans un fauteuil ». Et cèla. par-
ce que, de. 1800 à 1850, poètes, romanciers,
politiciens, événements, se groupèrent en
faisceaux pour former, consacrer et idéa-
liser la légende napoléonienne. Ce fut, d'a-
bord, la colonhe « trophée indélébile », fon-
due avec le bronze des ca'hons ennemis,
érigée place Vendôme, en 1810 (déboulon-
née par la Commune, restaurée en 1875,
avec, sur le faite, la stàtu'e de Napoléon
provenant, elle aussi, des canons autri-
chiens ou anglais). C'était l'immobile, mais
premier grandiose témoignage de la san-
glante Iliade napoléonienne.
Ce bronze que jamais ne regardent les mères,
Ce bronze grandi sous les pleurs,
dit Barbier, dans un de ses vigoureux
Jambes. Ce bronze inspirait à Victor Hugo
deux de ses odes les plus superbes :
Oh ! quand il bâtissait de sa main colossale,
Pour son trône appuyé sur l'Europe vassale,
Ce pilier souverain, -
Ce bronze devant qui tout n'est que poudre et
[sable
Sublime monument deux fois impérissable
F-tlil de gloire et d'airain !
: *
* *.,
Mais c'était là volée. Alors, plus proche du peuple, la
chanson, dont oii- freflqnne e'ncore, mais,
non. sans une petite pointe moqueuse, les
deux derniers vers de chaque couplet :.
Salut, momment gigantesque *
- la valeur et des beaux-arts.
DHine teinte Iotevaloo.
Toi seul colores nos remporte.
De quelle-gloire t'environne
Le tableau de tant de hauts faits 1
Ah ! qu'on est fier d être Français,
Quand orçjpegarde la colonne 1
Ces Vers ne sont pas fameux. Mais le
peuple chantait ; et, èn chantant , c'est de
Napoléon qu'il parlait, C'i:wi)L surtout
avec Béranger qu'il, chantait ce u surhom-
me ï) qui, de son nom, avait r'empli le
monde: - et, en ce temlls-là, ne l'emplis-
sait-il pas encore ?
Ce furent, entre tant d'autres : Le Vieux
Strgenl, La Vivanéière, Le- Vieux Drapcau,
Les Deux Grenadiers, Les Myrmidons, Le
Cinq-Mai, et, surtout, Les Souvenirs du
peuple. 1
On parlera de sa gloire
Sous le eàmume bien kmgtemps.
• - 1/-humble toit, dans cinquante ans,
Ne connaîtra plus d'autre histoire;..
Parlez-nous -de lui, grand'mère,
Parlez-noue de lui. :
-Si, icomme ^Charles X s'exilant à
Holyrood, ou Louis-Philippe au château
de Claremont., Napoléon, après Waterloo,
s'était réfugié dans lin coin quelconque de
l'Europe — de même, plus tard, le neveu
à Chilehurst — la légende napoléonienne
eût été peut-être écrasée dans l'œuf. Mais
les Anglais t'envofent dans une lie quasi
-déserte. Alors, toute une ambiance de
mystère et de poésie entoure à l'ins-
tant le héros tombé, le titan foudroyé ;
surtout lorsque fut connue sa mort. Après
Hugo, Lamartine accorda sa lyre pour .en
tirer des sons émus :
lSur uûi écueil battu par la vague plaintive
Le nautomer voit de loin, blanchi sur la rive.
Un "tombeau près du bord, par les flots déposé I
Ii._gtt ! Point de nom. Demandez à la terre !
Ce noim, il est inscrit en sanglant caractère
Sur le ftnoruze.
II est Iù ! Sous trois pas, un enfant le mesure !
*
Est-ce que ne nous remonte pas à la
mémoire le fameux vers de Juvénal :
Expemle Annibalem ; quoi libras in duce summo.
(pesez Anni-ba), combien de livres dans
les cendres du grand capitaine.)
Et nous ne rappelons ici qUe les deux
plus grandiloquents poètes du XIXe siècle.
Mais que d'autres encore pour chanter
Napoléon. Voici Lebrun, par exemple. Son
poème sur la mort du .captif géant dé
Sainte- Hélène, colporté, lu dans toutes les
casernes de France, lui valut le retrait de
sa pension : 2.000 livres. Mais il avait
alors, avec lui, le peuple, et les « libé-
raux ».
C'est sous l'impulsion qu'entretenaient « les grognards », les
eaux-fortes de Raffet — certaines d'entre
elles sont shakespeariennes — les jouets,
les écrins, les Il tabatières à la Napoléon »
et dans les théâtres, dans les cirques,
chaque soir, des drames, des comédies,
des « exfercices équestres M, tirés de quel-
que épisode napoléonien : Gübert, à la
Porte-Saint-Martin ; Edmond, au cirque,se
taillant une réputation colossale, parce
qu'ils ressemblaient à l'empereur ; c'est
sous l'impulsion de cette mentalité que se
produisit un phénomène étrange. Le -wiart
devint un chef de parti — ce chef de par-
ti dont Balzac, dans les Pogsans faisait
en vingt pages, un raccourci d'une incom-
parable vigueur ; — les libéraux enrôlè-
rent dans leurs rangs Napoléon 1", dont
le cadavre gisait à Sainte-Hélène.
Vraiment, rien ne fat plus atosurde, plus
ijiconciHable que cet a**a4game de libéra-
lisme et de bonapartisme. On l'explique
par cela que, potir.. les chefs politiques,
cet -enUiousiasme, s'il fut une fictilut
surtout; m «aïeul- LalVwfft^e avec Napo-
léon, l#PàppbrtaîV d!\J8' au?ilfei^ puiç*
lit -,' - -i û: ■
sanfs : le peuple et l'armée — lire dae.
Balzac la saisissante nouvelle : le Colonti
Chabert - et, de ce nom ils se fabriquè:",
rent une arme contre les Bourbons qu%'
rentrés en France avec l'étranger et let
drapeau blanc, représentaient l'ancien rè-
gime et la défaite nationale. Rien n'étai.
alors plus aisé que de leur opposer Na-
poléon, le promulgateur du Code civil, fe *
vainqueur de l'Europe, et - l'on ne saitt :
vraiment par quel extraordinaire effort da
bonne volonté - le continuateur (?), onDI
jugeait ainsi dans l'ensemble, à cette épo-,
que de cette égalité, nous-, arrivant de? -
89, -dé7 93, @ èt -que 'n"aivaient j amais"
89,- dé 93; et que n'avaient jamais ; connue
les- rois Si bien que, lorsque les Ordon;
Danees, de Juillet; firent se ruer tout le peu ,
:ple' parisien à l'attaque. de la monarchie^ -
on peut. affirmer qu'à la tête des' assail.
lants, fut « l'homme de Sainte-Hélène ».
Et aussi, toujours pour renforcer la lé1* 1
gende de Sainte-Hélène, la mort, à Schoen-
brun, du duc de Reichstadt — l'Aiglon, dei
Rostand. On en prit texte pour repleureç
le père. Nous retrouvons encore Victor,
Hugo J
Tous deux sont morts. Seigneur, votre droite est
[terrible, *
vous avez commencé par le maître invincible»
Par l'homme triomphant..
Puis, vous avez enfin complété Po&goeire., :
Dix ans vous ont suffi pour filer le suaire
- Du - père et de l'enfant.
- *** f
La tentative échouée & Strasbourg, - de
Louis Bonaparte, sembla très ridicule; 0
- dans le clan monarchique ; mais le peuple
la jugeait autrement, car il ne lui déplai-
sait pas outre mesure que-Napoléon eût"
un héritier, — sans, liélas .! scruter l'ave--.
*nir- pour savoir ce que serait cet héri-
tier. Puis, ce fut le retour 'des cendres,
ces cendres .fameuses que de Sainte-H.
lène, ramenait sur la Belle-Poule, le prin-
ce de Joinville, fils de Louis-Philippe, :
En une phrase singulièrement précise,
IleVri Heine traduisait : l'émotion presque: »
unanime que produisit ce 'retour : - • •* •
« Le monde tressaillit à l'idée du géant
de Sain sortant de, son tombeau
et se dirigeniters la France. comme
poijr en reprendie possession. '»'. :.
Et Chateaubriand, pour qui Napoléon
fut l'éternel ennemi, mais un ennemi dont
il admira toujours la stature quasi-surhu-.
maine, de s'écrier :
Il Que ferons-nous de ces magnifiques
reliques au milieu de nos misères ? Encore
si nous possédions un Michel-Ange pour
sculpter la statue funèbre ? Comment fa-
çonnera-t-on le monument ? Du moins, si
l'on avait suspendu le cercueil au couron-
nement de l'Arc-de-Triomphe ? Si les na-
tions avaient aperçu de loin leur maUre.
porté sur les épaules de la Victoire ? n
Dans ses Choses vues, Victor Hugo, -
qui souvent s'imprègne si fort de Napo-
léon I" .:. nous refait vivre l'impression
mystérieuse produite-par la vision du ctian
impérial où reposait-le squelette. C'est le ,;
15 décembre :
fi, Le soleil voilé jusqu'a ce monienl,
paraît en même temps: L'effet est prodi".
gieùx. Le char s'avance, lentement. Voici:
les chevaux de selle dgs maréchaux et des
généraux qui tiennent le cordon du pooie
impérial. Voici les quatre-vingt-six offi-
ciers légionnaires portant les bannières1
des quatre-vingt-six départements. Rien de
plus beau que ce carré au-dessus duquel
frissonne une forêt de drapeaux. On croi-
rait voir marcher un champ de dahlias
gigantesques. Frémissement de la foule.
C'est le cheval de bataille de Napoléon -
La plupart le croyaient fortement : pour
peu que le cheval eût servi deux ans à
l'empereur, il aurait trente ans ; ee qui es*'
un bel âge de cheval. »
Même pour le cheval, la légende ! -
O. D'ANTAN,
«» »
Fêtes et Réunions
,
L'ASSEMBLEE GENERALE DU
TOURING CLUB DE FRANCE
L'assemblée générale du Touring-Club
de France a eu lieu hier après-midi dans le
grand amphithéâtre de la So-rbonne, sous
la' présidence de M. Au gagneur, ministre
des Travaux publics.
Il a été procédé à l'électien. du tiers sor-
tant du Conseil d'administration. Les con-
seillers sortants 'ont tous été réélus..
UNE CONFERENCE SUR L'AVIATIDU
MILITAIRE
M. Paul Painlevé a fait hier à la salle de
la Société de géographie une conférence
sur l'aviation militaire, au profit de la cais-
se d'assistance militaire des Jeunesses ré-
publicaines, sous la présidence du colonel
Hirschauer, commandant le bataillon des
sapeurs aérostiers, représentant le minis-
tre de la Guerre.
Rappelant les premiers vols de 1908, 1.
conférencier montre le chemin parcouru en
trois ans et en marque les principales éta-
pes : le premier meeting de Reims, le Cir-
cuit de 1 Est, pour aboutifr au rôle de l'aé-
roplane pendant les. dernières manœuvres
de l'Est et au concours des appareils mili-
taires.
« Les plus sceptiques sont convaincue,
dit l'orateur, que l'aéroplane est devenu U8
instrument de guerre, et il a reçu à Tripo-
li le baptême du feu. Il est supérieur an
dirigeable dans la plupart des applications,
et sa supériorité ne fera que s'accentuer.
Par le nombre et la valeur de ses officiera
aviaturs autant que par son organisation.
notre armée aérienne est la- première do
toutes. Les Explications militaires étant cel-
les ou le péffl compte le moins, ce sont efc
lim; qui reTOnt franchir à Kaévoplane î*
phase nseu-rfinère malbeufe«s«niènt encore
longue d© son "k)stole.) Mais, engendré
connais instrument de guerre, .l'aucphme..
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