Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-11-30
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 30 novembre 1911 30 novembre 1911
Description : 1911/11/30 (N15238). 1911/11/30 (N15238).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7568160c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N° 15238. — 10 PRIMAIRE, AN 129.
„ CINQ CENTIMES LE NUMERO
JEUDI 30 NOVEMBRE 1911. -118 1S23S.
AIINONCE8
aux BUREAUX DU JOURNA"
bw. de easbon et 71, rue du Faub.st-lartfl, PARIS
iCt chOB MM. LAGRANGE. CERF et (31q
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-' ,.
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Adresser lettres et mandais à C Administrateur
-. TRIBUNE LIBRE
la ,..,
F». T. T.
':'
Le rôle d'un rapporteur
de la Commission du bud-
get ne consiste pas seule-
ment à justifier des chif-
fres, à expliquer des aug-
mentations de dépenses
ou à raisonner les économies, qu il
veut réaliser. Il a le devoir de jeter sur
l'Administration, à laquelle il donne
les moyens de vivre, un coup d'œil
d'eusemble et d'indiquer les vices ou
les défauts de son organisation.
C'est ce que nous nous sommes ef-
forcé de faire dans notre rapport sur
le budget des P. T. T. qui sera dis-
tribué sous peu de jours. Nous vou-
drions le résumer ici pour que le pu-
blic, pour la satisfaction duquel cette
Administration doit travailler, puisse,
en connaissance de cause, < appuyer
nos réformes--
Les P. T. T. sont une industrie mo-
nopolisée par l'Etat. Ce monopole est-
il ou doit-il être une source de revenus
pour le Budget ? Nous ne le pensons
pas Nous croyons que l'Administra-
tion doit faire passer, avant le souci
de réaliser des bénéfices, celui de fa-
- ciliter les échanges de correspondan-
ce et de contribuer au développement
économique du Pays. C'est là sa su-
périorité sur une entreprise privée at-
tachée à ses seuls bénéfices. C'est aus-
si sa justification.
Comment atteindre ce but ? Il faut
une direction suivie, un programme
raisonné, un personnel dévoué et ins-
truit, placé exactement là où sa com-
pélence ou ses aptitudes personnelles
peuvent être le mieux utilisées. Rien
de cela n'existe à cette heure.
La Direction supérieure de l'Admi-
nistration a subi toutes les vicissitu-
des. Dans l'ancien cabinet du ministre
des Postes de 1877, on a installé plus
tara un directeur général ; puis, un
sous-secrétaire d'Etat est venu qui ne
connut pas de successeur. Le cabinet
directorial de la rue de Grenelle fut
fermé tandis que le ministre des Fi-
nances, du Commerce ou des Travaux
Publics, dirigeait de chez lui cette
administration qui, pourtant, peut ab-
sorber toute l'activité d'un homme la-
borieux. Les sous-secrétaires d'Etat
ont reparu avec des pouvoirs divers,
et, pendant ce temps, les chefs de ser-
vice, maîtres souverains un jour, sous-
ordres le lendemain, n'osaient rien en-
treprendre, rien organiser, ne sachant
pas si une autorité surgissant tout à
coup ne ruinerait pas d'un trait de
pliune tous leurs projets. Soumettez
à de pareilles incertitudes une indus-
trie privée, et vous m'en donnerez des
nouvelles !
On a donc vécu au jour le jour. On
a solutionné les difficultés présentes ;
on a évité, autant que faire se-pouvait,
les histoires- On n'a jamais pu avoir
ui programme à longue échéance ; on
n'a jamais prévu le développement du
trafic par des développements corres-
pondants de matériel ou des augmen-
tolions de personnel. On n'a même ja-
mais dressé la carte des circuits télé-
phoniques et télégraphiques !
Pourtant, n'est-ce pas de la suite
dans les idées directrices que peut
seulement découler l'action méthodi-
que de tous les collaborateurs des
chefs de l'Administration ?
Et personne ne peut non plus faire
marcher d'accord des services qui se
jalousent ou s'ignorent et ne peuvent
pourtant prétendre arriver à une ex-
ploitation féconde que par une colla-
boration cordiale.
Quant au personnel, il est, dans son
immense majorité, digne de tous les
éloges. Il a surtout cette grande quali-
té d'être passionné pour sa tâche-
Combien de postiers, de téléphonistes
ou de télégraphistes nous apportent
chaque jour des découvertes ou des
idées nouvelles ! Combien proposent
des améliorations ou des économies !
Ce personnel est mal utilisé. C'est
seulement d'hier qu'est organisé, un
peu sérieusement, l'enseignement
technique et professionnel qui permet-
tra d jlger les apUlmfcs particuliè-
re s (Je chacun", et les précautions ne
sont pas encore prises pour qu'un
postier ne soit pas appelé par les rè-
gles de l'avancement, après vingt ans
de service, dans les téléphones aux-
quels il ne connaît rien.
Il faut éduquer et spécialiser le per-
sonnel. Une exploitation sérieuse est
à ce prix-
Avoir un programme en haut, réa-
liser l'entente étroite de tous les servi-
ces qgi doivent l'exécuter, posséder
un personnel instruit et laborieux, tel
est le résumé, ou plutôt la conclusion
de notre étude.
Mais cela ne suffirait pas encore.
Chef? d'industrie chargé de servir le
public èl). augmentant Ja production,
en développant Ie lrafic, en utilisant
au mieux le personnel et en perfection-
nant le matériel, le chef de l'exploita-
tion postale doit avoir la liberté d'ac-
tion et l'initiative nécessaires pour at-.
teindre ce résultat. Enserré dans les
limites étoiles de son budget, son ef-
fort est mesuré, et lorsqu'il à besoin
d'immeubles pour installer ses servi-
ces, il est dans l'obligation de trouver
des intermédiaires qui empruntent
pour lui en prenant une rémunération
ruineuse. Il rembourse à ces derniers
le prix du terrain, la valeur de l'im-
meuble, il paye un loyer considérable
remboursant ainsi la totalité des dé-
penses engagées. Il paie tout et ne
possède rien. Si on ne lui donne pas
le droit d'emprunter et de s'assurer le
crédit nécessaire à toute entreprise,
on le laissera dans un état d'infériorité
tel que nous devrons renoncer à l'es-
poir d'une exploitation féconde-
Nous avons la conviction que
M Chaume t se rend compte de toutes
ces nécessités. Il est homme de labeur
et de volonté, et nous ne doutons pas,
s'il s'adressait au Parlement, que ce-
lui-ci lui donne tout son concours.
Albert DALIMIER,
Député de Seine-et-Oise.
Rapporteur du budget des P. T. T.
————————————— ——————=—————.
LA POLITIQUE
-:+.+:-
L'ACCORD MAROCAIN
La Commission des Affaires
xlérieures a enfin terminé
on examen. de la partie du
projet d'accord franco-alle-
nand, relative au Maroc.
Il ne parait point nu"elle se
soit hâtée et encore, quelques-uns - de
ses membres, la trouvant trop pressée
de se décider, pensaient ne pouvoir
mieux conclure qu'en ne concluant
pas. On dût voter pour savoir non pas
si elle était pour ou contre le traité,
mais s'il convenait qu'elle se pronon-
çât entre le pour et le contre !
Et, sans doute, ne se fût-elle pas pro
noncée, si M. Deschanel, dans le plw:
vigoureux et pressant discours, ne lui
en eût fait un devoir,
M. Paul Deschanel aurait pu, comme
certains corruHlssaires, essayer de
tourner les difficultés présentes de la
situation internationale à la satisfac-
tion d'une ambition personnelle. Il n'a
jamais pensé, à la. tête de la, Commis-
sion des Affaires extérieures, que de"
considérations ministérielles dussent
influer sur Vattitude de la France dans
le concert des grandes puissances.
Hier encore, dans ce (Jrand débat où
d'aucuns mêlaient de petites questions,
uniquement préoccupé de l'intérêt na-
lional, ila (ait entendre la voix du pa-
triotisme le plus désintéressé comme le
plus éclairé.
M. Deschanel l'a déclaré avec sa clar-
té et sa vigueur habituelles : il s'anis-
sait moins de résoudre des difficultés
que de n'en point soulever de nouvelles.
Tout le Parti l'épublicain tout le Pays
lui saura gré d'acoir indiqué, et de telle
sorte qu'aucune équivoque soit désor-
mais possible, le devoir qui s'impose au
Parlement : voter au plus vite un ac-
cord qui, s'il n'est pas parfait, résout du
moins pacifiquement le problème ma-
rocain.
Une majorité, au sein aela Commis-
sion, s'est ralliée à sa voix. la parole
,&. (tu- ni
\:.-=, :--..
—— LE FAIT DU JOUR - -.
LA GRÈVE DES AUTOS. - « Enfin, seuls ! ! ».
t
he Seaqdale d'Oudjda
On nous annonce que « Ja mesure dont
le général Toutée est l'objet, mesure d'un
caractère provisoire, se réfère exclusive-
ment à l'abus de pouvoirs que le comman-
dant de la division d'Oran aurait commis
d'après la Commission d'enquête et notam-
meet d'après le rapport du contrôleur d'ar-
mée Maréchal, dont le Gouvernement a
adopté les conclusions.
« L'examen du ,cas de M. DestaHleurest
ajourné jusqu'à la fin de l'instruction judi-
-ciire dont il est l'objet. Toutefois, le Gou-
vernement a retenu contre M. Destailleur
des fautes qui sans mettre en' cause son
honorabilité, engagent de façon sérieuse sa
responsabilité administrative. i
« C'est le cas, notamment, de la constitu-
tion d'une sorte de caisse noire dont l'exis-
tence était restée ignorée du haut-commis-
saire. Ce serait le cas aussi de l'achat de
terrains qu'on a désigné ces jours-ci dans
les journaux sous le nom .d' cc affaire Si-
mon », et dans lequel M. Destailleur sem-
blerait être sorti de ses attiibutions.
« En ce qui concerne le capitaine des
douanes Pandori, un manque de 20,000
francs avant été constaté dans les caisses
dont il était comptable, il sera déféré- à la
justice. On ne sait encore quelle juridiction
sera déclarée compétente.
« Quant au cadi Den Nacef, outre 1 ins-
truction judiciaire dont il est l'objet, on pré-
voit que son administration sera soumise
à une enquête d'ensemble par M. Vuarnier,
ancien secrétaire général de l'Algérie, qui
va. être nommé commissaire des confins
algéro-marocains.
uL-e dossier de M. Vuarnier a été trans-
mis dès hier au ministère des Affaires
étrangères à qui il appartient de le nom-
mer. »
Il résulte de ces informations :
1° Que le Gouvernement semble regret-
ter déjà la mesure « provisoire s) prise con-
tre le général Toutée ;
2° Qu'il faut s'attendre à de graves révé-
lations prochaines au sujet de-l'administra-
tion de M. Des tailleur ;
30 Que le sGandale des « terrains Si-
mon e, que nous avons dénoncé, est
exact ;
4° Que le capitaine des douanes Pandori
a bien détourné 20,000 francs de sa cais-
se ;
5° Que le cadi Ben Nacef est un concus-
sionnaire et un voleur.
A part cela, le scandale d'Gudjda. est
clos. :',
Patience 1
, —
Un singulier procureur
-.+:-
Encore une histoire de magistrats. Le
Procureur de la République, de Charleville
informait contre un nommé Sauvage.
Ayant, selon l'usage, à prendre des rensei-
gnements sur le prévenu, et se défiant de
ceux que pourrait lui fournir le maire, il
remplit, de sa main, une fiche et se l'adres-
sa à lui-même, au Parquet.
Comme bien oh pense, ces renseigne-
ments furent d'un grand recours au pro-
cureur pour l'élaboration de son réquisi-
toire.
C'est précisément pourquoi la Ligue des
Droits de l'Homme a cru que le. plus élé-
mentaire souci de la justice lui comman-
dait d'appeler l'attention du Garde des
Sceaux sur les singuliers procédés du
Earquet de Charleville.
Avec elle, nous penschas qu'une mesure
disciplinaire s'impose, et nous l'attendons.
A LA COMMISSION DES AFFAIRES EXTERIEURES
Le Rapport de M. Long sur le Traité franco-allemand
> ■>+<■ >
M. Long a donné hier, à la Commission
des Affaires extérieures, lecture de son
rapport sur la Convention franco-alleman-
de du, 4 novembre 1911.
Cette Convention, dit-il, est l'aboutissant
d'une longue série d'actes qui appartien-
nent à l'Histoire, que la Commission n'a
pas à juger, et dont une partie d'ailleurs
lui échappe. L'opinion publique française
a fait preuve, au cours de ces quatre der-
niers mois de laborieuses négociions,
d'une constante fermeté, mais elle réclame
maintenant une prompte solution; et M.
Long donne en outre les raisons essentiel-
les pour lesquelles il importe de ne pas su-
bordonner la discussion de l'accord conclu
avec l'Allemagne à l'entente à réaliser avec
l'Espagne. Cette question préjudicielle écar-
tée, le rapporteur .aborde l'examen des
articles du traité.
C'est d'abord Ja consécration de notre
protectorat sur le Maroc, auquel l'assenti-
ment du maghzen a déjà été donné, protec-
torat avec toutes ses conséquences, pré-
pondérance politique,droit d'occupation mi-
litaire et de représentation diplomatique.
M. Long passe ensuite aux dispositions
relatives à l'égalité économique. Il étudie
dans le détail les clauses du traité en ma-
tière de douanes, impôts, mines, 4ravaux et
services publics, chemins de fer, la ques-
tion des juridictions consulaires et du régi-
me de la protection des indigènes, etc. Il
s'attache particulièrement à montrer que
malgré la présence d'un élément interna-
tional, introduit dans les organismes finan-
ciers et aministratifs du Maroc par l'acte
d'Algésiras, — Banque d'Etat, comité des
douanes, des adjudications des travaux
publics, etc., — ces organismes, dont cer-
tains d'ailleurs sont appelés à se transfor-
tains
mer ne peuvent mettre sérieusement obsta-
cle it notre action au Maroc.
r': * Ï t .,.,.. -,,\V'\y\,""r\ ln N et t /LN
JruiS iVl. JVlJ tuilipui c lu OHUUUUU
Maroc d'hier, où à chaque pas il fallait
tourner une difficulté, et où, la difficulté
vaincue, il dépendait encore des puissan-
ces de remettre tout en question, avec
celle que la France sera demain en droit
d'y créer, hors les régions réservées à l'Es-
pDgne.
Nous avons, dit-il en terminant, les
moyens suffisants pour accomplir l'œuvre
dont nous prenons la charge.
L'accord marocain est .un grand résultat,
suite de l'œuvre historique dont il dépen-
dra de nous de développer les heureuses
conséquences..
Au moment d'aborder l'examen de l'ac-
cord congolais, le rapporteur déclare que le
sacrifice au moyen duquel nous payons ce
résultat. marocain est profondément ressen-
ti par tous les cœurs français, et c'est dans
ce sentiment que la Commission a voulu
commencer par rendre, hommage à la mé-
moire de Savorgnan de Brazza et des héros
qui ont donné à la France l'Afrique équa-
toriale.
LA DISCUSSION
Lorsque M. Maurice Long eût terminé la
lecture de la partie de son rapport relative
au Maroc, certains membres de la Commis-
sion, qui, dans des séances antérieures,
avaient manifesté l'opinion que l'Accord
franco-allemand ne pouvait venir en dis-
cussion devant la Chambre avant la con-
clusion des négociations engagées entre la
France et l'Espagne, soulevèrent quelques
objections.
M. de Mun, notamment,dit qu'on ne pou-
vait, en raison de l'obscurité qui subsiste,
inviter des maintenant le rapporteur à con-
clure favorablement à l'accord.
M. Delafosse insista dans le même sens.
M. Ribierre, en présence de ces divergen-
ces de vues, déclara que si quelques mem-
bres de la Commission avaient à formuler
des objections de principe sur le fond même
de l'Accord, ils devaient dès maintenant
proposer à la Commission une motion pré-
judicielle d'ajournement.
Une longue discussion s'engagea, alors,
mais aucune proposition d'ajournement ne
fut formulée, et c'est dans cette confusion
qu'un premier vote eut lieu, sur le point
de savoir si l'on devait autoriser le rap-
porteur à conclure à l'adoption de l'Accord
franco-allemand.
Ce vote ne donna aucun résultat, sept ou
huit membres seulement de la Commission
y ayant pris part.
M. Paul Deschanel, président, adjura
alors ses collègues, en faisant appel à leur
patriotisme, de ne point susciter de nou-
velles difficultés et de. donner, séance te-
nante, mandat au rapporteur de conclure
favorablement
M. Rouanet déclara qu'il fallait en finir
avec. cette question d'ajournement et que
Ta Commission devait, dès maintenant, se
prononcer.
, LE VOTE
M. Paul Deschanel mit alors aux voix la
motion suivante :
« Le rapporteur est autorisé à conclure
son rapport en faveur de l'adoption du
traité ». -'
La proposition fut adoptée par 15 vc.ix
contre 2 et 11 abstentions.
MM. Rouanet et Ellen-Prévost ont volé
contre. Parmi les abstentions citons les
noms de MM. de Mun, Denys-Cochin, Mé-
tin, Andrieux, etc.
La fin de la séance a été consacrée à la
discussion de quelques points de détail du
rapport.
Jeudi, M. Maurice Long donnera lecture
à la Commission de la partie de son rap-
port relative à la convention, eongolatsc.
,. CHRONIQUE
L'Évêque. Duchesne
Historien de l'Église
» »♦» »
Homo homini lupus, dit l'adage latin ;
ce qui signifie : l'homme est parfois un
loup pour l'homme. En effet, que de gens
se dévorent entre eux, notamment les gens
à soutane qui, s'ils savent se liguer mer-
veilleusement contre leurs deux ennemis,
la République et la Libre pensée, n'en sa-
vent pas moins se déchirer, merveilleuse-
ment aussi, les uns les autres, sans pitié.
L'évêque Duchesne est un savant de pre-
-, - - - - - --- -- - --- -- t'. -
mière valeur ; directeur de l'Ecole de Ro-
me, membre de notre Académie des Ins-
criptions et Belles-Lettres, et aussi de
l'Académie française. Dans ce si vaste do-
maine de l'érudition, il s'affirmait tout
d'abord, je crois, par son Liber Poniifica-
lis. Mais je n'ai pas à faire la bibliogra-
phie très longue:, de ses -{}ftiVrâga; Je signa-
lerai, cependant, ses Origines du culte
chrétien. Certaines pages de cette œuvre
.mblent hisser, entre les lignes, s'échap-
per je ne sais quelle petite odeur-de rous-
si, comme s'il avait été vivement-retiré
d'un fagot inquisitorial enflammé.
N'apprenons-nous point, par Ce livre,
qu'aucune loi ecclésiastique n'astreignait
les premiers chrétiens à faire bénir leur
mariage. Cette bénédiction était affaire de.
coutume, de convenances. A vrai dire,
elle avait fini « par passer en règle »,
mais sans jamais devenir une condition
inéluctable de validité. Le mariage fut in-
dépendant du rite. Il faut descendre jus-
qu'aux temps du pape Nicolas I" pour
trouver une description un peu étendue
concernant les rites dU" mariage dans
l'Eglise latine.
Le prêtre interrogeant les époux, les
mariés — il dit aujourd'hui les fiancés :
vous saisissez la nuance — leur demandé
si leur intention est de s'unir en mariage.
C'est alors ici que l'officiant, lorsqu'il prend
acte de la volonté commune, répond : Ego
conjungo vos in malrimonium : Moi, je
vous unis par le mariage. Cette formule est
une interpellation audacieuse dans la céré-
monie primitive, laissant croire, fausse-
ment, que le lien matrimonial dérive de
l'autorité toute spéciale du prêtre : Moi
je vous unis. Le Concile de Trente men-
tionne cette formule, mais ne l'impose
point. En outre, le rituel nuptial, décrit
par ce pape Nicolas, n'est autre chose que
le rituel des -anciens Romains, avec subs-
titution de la messe au sacrifice idolatri-
que.
;..*.
A cette heure, voici que sur l'Histoire de
l'Eglise, de M. Duchesne, le Sacré Collège,
qui n'est pas toujours le Collège Sacré, le
pape, les cardinaux, les évêques, secouent
leurs tonnerres émoussés, mais, oh ! com-
bien rageurs ! C'est ainsi que l'évêque de
Valence avise le supérieur de son Grand
Séminaire qu'il interdit cette Histoire de
l'Eglise, du prélat-académicien Duchesne.
C'est la première application, en France, de
la circulaire lancée par l'Index, interdisant
l'ouvrage de M. Duchesne dans les sémi-
naires italiens ; même comme simple tex-
te à consulter. Ces messieurs prêtres sont
évidemment las de dévorer nos historiens
laïques. Avec M. Chesnelong, tous les évê-
ques de France vont, sans doute, crier ha-
ro sur cette Histoire, dont la lecture est
« souverainement périlleuse et môme mor-
telle », si l'on en croit les censeurs de la
Sacrée Congrégation.
Il L'Histoire, a dit fort joliment M. La-
my, doit trouver l'historien assis et les
yeux ouverts comme un juge. » Or, c'est
parce que l'évêque Duchesne eut les yeux
trop ouverts que ses collègues ès-soutane
ne sauraient lui pardonner la clairvoyance
« de ses yeux ouverts ».
Aussi, l'accablent-ils de ces mêmes re-
proches qu'ils prodiguèrent à nos auteurs
de manuels historiques : Aulard, Calvet,
Gautier et Deschamps, Guiot, Marne, Bro-
selette, Bimaise, Devinât, entre autres.
Tous unanimement, ils accusent l'évêque
Duchesne « de réduire à l'échelle humaine
"des événements qu'ils prétendent être d'or-
dre surnaturel Ji. On peut être assuré dès
lors que les ensoutanés ne lui ménageront
pas les plus venimeuses attaques.
*
* *
Et pourtant, l'érudit prélat n'est point un
révolté, n'est point un incroyant : mais
peut-être est-il quelque chose de plus dan-
gereux pour l'Eglise. Il est un incrédule qui
discute ; éclairant cette incrédulité de
toute la vive lumière de sa forte science,
et aussi de toute la critique avisée de son
scepticisme dangereux pour certaines lé-
gendes chrétiennes : légendes dont vécut et
s'engraisse encore l'Eglise. N'a-t-il pas osé
soutenir,. et surtout prouver que jamais
sainte Marthe n'avait, à Tarascon, dompté
la fameuse Tarasque. Elle est pourtant bien
jolie, cette fable que nous raconte Il la Lé-
gende dorée » :
Il Or, il y avait en ce moment, sur les
bords du Rhône, dans line forêt sise entre
Avignon et Aix, un dragon mi-animal mi-
poisson, plus gros qu'un bœuf, plus long
qu'un cheval,, avec des dents aigûes" com-
me des cornes et de grandes ailes aux deux
côtés du corps. Ce monstre tuait tous les
passagers et submergeait les bateaux. Il
était venu, par les mers de la Galatie. Il
avait pour parent le Léviathan. monstre à
forme de serpent qui habite les eaux et
l'Onagre, animal terrible qui brûle comme
du feu tout ce qu'il touche. Or, sainte
Marthe, sur la prière du peuple, alla vers
le dragon. L'ayant trouvé dans sa forêt,
occupé ià dévorer un homme, elle lui jeta
| | de l'eau bénite et lui montra une croix.
Aussitôt, le monstre vaincu se rangea com-
me un mouton près de la sainte qui, lui
passant sa ceinture autour du cou, le con-
duisit au village voisin où, le peuple le
tuait à coups de pierres et de lance. Et
comme ce dragon était connu des habi-,
tânts sous le nom de Tarasque, ce lieu, en
souvenir de lui, fut appelé Tarascon. Il se
nommait-, jusque-là, Nerluc, c'est-à-dire
Noir lac, à cause des forêts sombres qui
bordaient le fleuve. n - - .-' - :-
.w*
De même pour les Saintes-Maries, Cô pe*
tit hameau de Provence, sur une plage mo- ;
notone que longe un lieu désert. C'est là —
nous affirme la Légende — qu'après la
mort de Jésus-Christ et, alors, fuyant la
Palestine, auraient abordé, quelque peu au
hasard, la sœur de la Vierge, mère de Jé-
sus ; Marie Jacobé, mère de Jacques le
mineur ; Marie -Salomé, mère des apôtres
Jean et Jean ; puis, leur servante Saralit.
devenue Sarah l'Egyptienne, restée, ert
Provence, la patroune des bohémiens et re- ;
cevant d'eux dans la crypte de l'église No-
tre-Dame-de-la"Mer un culte d'une particu-
lière originalité. La pieuse caravane — le
vaisseau devait être grand — aurait aussi
compté Lazare et sa sœur Marthe et ave&
eux la plus-aimante et 13. plus aimée, tout.
au moins par le Christ, Marie-Madeleine. 7
que la tradition représente arrosant de-ses.
larmes les pieds du « Maltre », et les es- :
suyant ensuite de sa blonde chevelure. "Ce-s.,
trois Maries se seraient fixées en ce lieu
dont la tristesse s'harmonisaient avec celle
qui remplissait .leurs âmes ; puis elles y:
seraient mortes ignorées, absorbées par
et dans leurs souvenirs.
- ,
; f;;-• V- V; '," '"w-. - -'
Légendes ! Légendes ! nous crie l'évê-
que Duchesnes, nous prouvant- encore, d'ir-
réfutable manière, que le pèlerinage célébré • r
et fructueux aux" Saintés-Maries » n'eûh
jamais pour toute base,. - oli ! combien
la crédulité la rendit solide, — qu'un abor-
dage, .absolument imaginaire, sur ces cô- -
tes, de ces personnages illustrés par" les
Evangiles. Ces infimes coups de pioche
dans l'immense bloc sacerdotal semblent
tout d'abord insignifiants. Mais, de même
que les petits ruisseaux font les grandes
rivières, de même ces petits coups de pio-
che creusent peu à peu le trou béant qui
fera bientôt s'écrouler tout l'édifice. Aussi,
terminerons-nous notre chronique, comme
nous l'avons commencée, par un adage
latin : Inde irae.
O. D'ANTAN.
»
A TiA OTTAMBHE
Le Budget de la Guerre
»♦«
Avec la séance du. mqtin. s'est termi-
née la discussion générale du Budget de
la Guerre. M. Clémentel. rapporteur,
est intervenu dans le débat avec une
'discrétion qui a souligné encore son
gros succès. Puis. M. Alessimy, minis-
tre de la Guerre, s'est expliqué sur-
quelques grandes questions d'ordre ii-
néral. Et la Chambre ne lui a point
ménagé ses marques d'approbation.
L'après-midi, on a voté une vingtaine
de chapitres auxquels viendront s'a..¡
iouter beaucoup d'autres ce soir, car,
on discutera" aujourd'hui encore, les
dépenses militaires. Depuis la rentrée
dernière, les séances du mercredi n'ont
plus d'exceptionnel que le nom.
SÉANCE du MATIN
Présidence de M. Puech, vice-président.
Diverses observations sont présentées
sur le régime de faveur l'ait aux conscrits
pourvus du brevet d'aptilude militaire, les
affectations spéciales, 1 insuffisance de l'en-
cadrement dans les régiments de réserve,
les permissions agricoles, la date d'appel
des réservistes, la. gratuité des écoles inili
taires, la situation des réservistes pères de
famille nombreuse, les méfaits des disci-
plinaires à Cézembre et a Ouessant, le
pantalon rouge et la chanson de route.
Enfin, on voudrait voir intervenir Ja so-
lution, sans cesse remise, de la question de
suppression des fortifications de Paris.
Le rapporteur, M. Clémentel, s'inspirant
de la discipline de brièveté que la Chambre
s'est" imposée, se borne à une courte in-
tervention.
Les charges militaires, dit-il, sont en
augmentation au budget de 1911 ; d'ail-
leurs, les crédits sont bien employés, et
dans toute l'armée l'effort a été parallèle à
celui qu'ont fait la Chambre et la Nation.
Il y a union complète entre les soldats
et le commandement,
Le calme du pays pendant ces derniers.
mois d'inquiétude s'appuyait sur la. cons-
cience d'être à l'abri du bouclier qu'il s'est
forgé depuis quarante ans ; il peut aujour-
d'hui, fier de son rôle historique, de son
relèvement, d'alliances solides et d'amitié
loyales et fidèles, poursuivre son effort.
(Vifs applaudissements.)
La discussion générale se termine sur un
discours de M. Messimy, ministre de la
Guerre, qui, laissant de côté certaines
questions de détail pour y répondre lors
de l'examen des chapitres, s'explique sur
les points d'ordre plus général.
Parlant du haut commandement, le mi-
nistre a dit que depuis les derniers décrets
du 23 juillet, l'état-major de l'armée, dé-
sormais, est solidement constitué.
Le Conseil supérieur de défense nationale
a été modifié, rénové.
La puissance militaire de la France a été, ,
augmentée par l'ensemble des mesures pri-
ses ; la coordination harmonique de tous
les efforts de l'armée est en voie de réalisa-
tion.
ff - Si jamais la destinée voulait queo-'1a
.3
„ CINQ CENTIMES LE NUMERO
JEUDI 30 NOVEMBRE 1911. -118 1S23S.
AIINONCE8
aux BUREAUX DU JOURNA"
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Adresser lettres et mandais à C Administrateur
-. TRIBUNE LIBRE
la ,..,
F». T. T.
':'
Le rôle d'un rapporteur
de la Commission du bud-
get ne consiste pas seule-
ment à justifier des chif-
fres, à expliquer des aug-
mentations de dépenses
ou à raisonner les économies, qu il
veut réaliser. Il a le devoir de jeter sur
l'Administration, à laquelle il donne
les moyens de vivre, un coup d'œil
d'eusemble et d'indiquer les vices ou
les défauts de son organisation.
C'est ce que nous nous sommes ef-
forcé de faire dans notre rapport sur
le budget des P. T. T. qui sera dis-
tribué sous peu de jours. Nous vou-
drions le résumer ici pour que le pu-
blic, pour la satisfaction duquel cette
Administration doit travailler, puisse,
en connaissance de cause, < appuyer
nos réformes--
Les P. T. T. sont une industrie mo-
nopolisée par l'Etat. Ce monopole est-
il ou doit-il être une source de revenus
pour le Budget ? Nous ne le pensons
pas Nous croyons que l'Administra-
tion doit faire passer, avant le souci
de réaliser des bénéfices, celui de fa-
- ciliter les échanges de correspondan-
ce et de contribuer au développement
économique du Pays. C'est là sa su-
périorité sur une entreprise privée at-
tachée à ses seuls bénéfices. C'est aus-
si sa justification.
Comment atteindre ce but ? Il faut
une direction suivie, un programme
raisonné, un personnel dévoué et ins-
truit, placé exactement là où sa com-
pélence ou ses aptitudes personnelles
peuvent être le mieux utilisées. Rien
de cela n'existe à cette heure.
La Direction supérieure de l'Admi-
nistration a subi toutes les vicissitu-
des. Dans l'ancien cabinet du ministre
des Postes de 1877, on a installé plus
tara un directeur général ; puis, un
sous-secrétaire d'Etat est venu qui ne
connut pas de successeur. Le cabinet
directorial de la rue de Grenelle fut
fermé tandis que le ministre des Fi-
nances, du Commerce ou des Travaux
Publics, dirigeait de chez lui cette
administration qui, pourtant, peut ab-
sorber toute l'activité d'un homme la-
borieux. Les sous-secrétaires d'Etat
ont reparu avec des pouvoirs divers,
et, pendant ce temps, les chefs de ser-
vice, maîtres souverains un jour, sous-
ordres le lendemain, n'osaient rien en-
treprendre, rien organiser, ne sachant
pas si une autorité surgissant tout à
coup ne ruinerait pas d'un trait de
pliune tous leurs projets. Soumettez
à de pareilles incertitudes une indus-
trie privée, et vous m'en donnerez des
nouvelles !
On a donc vécu au jour le jour. On
a solutionné les difficultés présentes ;
on a évité, autant que faire se-pouvait,
les histoires- On n'a jamais pu avoir
ui programme à longue échéance ; on
n'a jamais prévu le développement du
trafic par des développements corres-
pondants de matériel ou des augmen-
tolions de personnel. On n'a même ja-
mais dressé la carte des circuits télé-
phoniques et télégraphiques !
Pourtant, n'est-ce pas de la suite
dans les idées directrices que peut
seulement découler l'action méthodi-
que de tous les collaborateurs des
chefs de l'Administration ?
Et personne ne peut non plus faire
marcher d'accord des services qui se
jalousent ou s'ignorent et ne peuvent
pourtant prétendre arriver à une ex-
ploitation féconde que par une colla-
boration cordiale.
Quant au personnel, il est, dans son
immense majorité, digne de tous les
éloges. Il a surtout cette grande quali-
té d'être passionné pour sa tâche-
Combien de postiers, de téléphonistes
ou de télégraphistes nous apportent
chaque jour des découvertes ou des
idées nouvelles ! Combien proposent
des améliorations ou des économies !
Ce personnel est mal utilisé. C'est
seulement d'hier qu'est organisé, un
peu sérieusement, l'enseignement
technique et professionnel qui permet-
tra d jlger les apUlmfcs particuliè-
re s (Je chacun", et les précautions ne
sont pas encore prises pour qu'un
postier ne soit pas appelé par les rè-
gles de l'avancement, après vingt ans
de service, dans les téléphones aux-
quels il ne connaît rien.
Il faut éduquer et spécialiser le per-
sonnel. Une exploitation sérieuse est
à ce prix-
Avoir un programme en haut, réa-
liser l'entente étroite de tous les servi-
ces qgi doivent l'exécuter, posséder
un personnel instruit et laborieux, tel
est le résumé, ou plutôt la conclusion
de notre étude.
Mais cela ne suffirait pas encore.
Chef? d'industrie chargé de servir le
public èl). augmentant Ja production,
en développant Ie lrafic, en utilisant
au mieux le personnel et en perfection-
nant le matériel, le chef de l'exploita-
tion postale doit avoir la liberté d'ac-
tion et l'initiative nécessaires pour at-.
teindre ce résultat. Enserré dans les
limites étoiles de son budget, son ef-
fort est mesuré, et lorsqu'il à besoin
d'immeubles pour installer ses servi-
ces, il est dans l'obligation de trouver
des intermédiaires qui empruntent
pour lui en prenant une rémunération
ruineuse. Il rembourse à ces derniers
le prix du terrain, la valeur de l'im-
meuble, il paye un loyer considérable
remboursant ainsi la totalité des dé-
penses engagées. Il paie tout et ne
possède rien. Si on ne lui donne pas
le droit d'emprunter et de s'assurer le
crédit nécessaire à toute entreprise,
on le laissera dans un état d'infériorité
tel que nous devrons renoncer à l'es-
poir d'une exploitation féconde-
Nous avons la conviction que
M Chaume t se rend compte de toutes
ces nécessités. Il est homme de labeur
et de volonté, et nous ne doutons pas,
s'il s'adressait au Parlement, que ce-
lui-ci lui donne tout son concours.
Albert DALIMIER,
Député de Seine-et-Oise.
Rapporteur du budget des P. T. T.
————————————— ——————=—————.
LA POLITIQUE
-:+.+:-
L'ACCORD MAROCAIN
La Commission des Affaires
xlérieures a enfin terminé
on examen. de la partie du
projet d'accord franco-alle-
nand, relative au Maroc.
Il ne parait point nu"elle se
soit hâtée et encore, quelques-uns - de
ses membres, la trouvant trop pressée
de se décider, pensaient ne pouvoir
mieux conclure qu'en ne concluant
pas. On dût voter pour savoir non pas
si elle était pour ou contre le traité,
mais s'il convenait qu'elle se pronon-
çât entre le pour et le contre !
Et, sans doute, ne se fût-elle pas pro
noncée, si M. Deschanel, dans le plw:
vigoureux et pressant discours, ne lui
en eût fait un devoir,
M. Paul Deschanel aurait pu, comme
certains corruHlssaires, essayer de
tourner les difficultés présentes de la
situation internationale à la satisfac-
tion d'une ambition personnelle. Il n'a
jamais pensé, à la. tête de la, Commis-
sion des Affaires extérieures, que de"
considérations ministérielles dussent
influer sur Vattitude de la France dans
le concert des grandes puissances.
Hier encore, dans ce (Jrand débat où
d'aucuns mêlaient de petites questions,
uniquement préoccupé de l'intérêt na-
lional, ila (ait entendre la voix du pa-
triotisme le plus désintéressé comme le
plus éclairé.
M. Deschanel l'a déclaré avec sa clar-
té et sa vigueur habituelles : il s'anis-
sait moins de résoudre des difficultés
que de n'en point soulever de nouvelles.
Tout le Parti l'épublicain tout le Pays
lui saura gré d'acoir indiqué, et de telle
sorte qu'aucune équivoque soit désor-
mais possible, le devoir qui s'impose au
Parlement : voter au plus vite un ac-
cord qui, s'il n'est pas parfait, résout du
moins pacifiquement le problème ma-
rocain.
Une majorité, au sein aela Commis-
sion, s'est ralliée à sa voix. la parole
,&. (tu- ni
\:.-=, :--..
—— LE FAIT DU JOUR - -.
LA GRÈVE DES AUTOS. - « Enfin, seuls ! ! ».
t
he Seaqdale d'Oudjda
On nous annonce que « Ja mesure dont
le général Toutée est l'objet, mesure d'un
caractère provisoire, se réfère exclusive-
ment à l'abus de pouvoirs que le comman-
dant de la division d'Oran aurait commis
d'après la Commission d'enquête et notam-
meet d'après le rapport du contrôleur d'ar-
mée Maréchal, dont le Gouvernement a
adopté les conclusions.
« L'examen du ,cas de M. DestaHleurest
ajourné jusqu'à la fin de l'instruction judi-
-ciire dont il est l'objet. Toutefois, le Gou-
vernement a retenu contre M. Destailleur
des fautes qui sans mettre en' cause son
honorabilité, engagent de façon sérieuse sa
responsabilité administrative. i
« C'est le cas, notamment, de la constitu-
tion d'une sorte de caisse noire dont l'exis-
tence était restée ignorée du haut-commis-
saire. Ce serait le cas aussi de l'achat de
terrains qu'on a désigné ces jours-ci dans
les journaux sous le nom .d' cc affaire Si-
mon », et dans lequel M. Destailleur sem-
blerait être sorti de ses attiibutions.
« En ce qui concerne le capitaine des
douanes Pandori, un manque de 20,000
francs avant été constaté dans les caisses
dont il était comptable, il sera déféré- à la
justice. On ne sait encore quelle juridiction
sera déclarée compétente.
« Quant au cadi Den Nacef, outre 1 ins-
truction judiciaire dont il est l'objet, on pré-
voit que son administration sera soumise
à une enquête d'ensemble par M. Vuarnier,
ancien secrétaire général de l'Algérie, qui
va. être nommé commissaire des confins
algéro-marocains.
uL-e dossier de M. Vuarnier a été trans-
mis dès hier au ministère des Affaires
étrangères à qui il appartient de le nom-
mer. »
Il résulte de ces informations :
1° Que le Gouvernement semble regret-
ter déjà la mesure « provisoire s) prise con-
tre le général Toutée ;
2° Qu'il faut s'attendre à de graves révé-
lations prochaines au sujet de-l'administra-
tion de M. Des tailleur ;
30 Que le sGandale des « terrains Si-
mon e, que nous avons dénoncé, est
exact ;
4° Que le capitaine des douanes Pandori
a bien détourné 20,000 francs de sa cais-
se ;
5° Que le cadi Ben Nacef est un concus-
sionnaire et un voleur.
A part cela, le scandale d'Gudjda. est
clos. :',
Patience 1
, —
Un singulier procureur
-.+:-
Encore une histoire de magistrats. Le
Procureur de la République, de Charleville
informait contre un nommé Sauvage.
Ayant, selon l'usage, à prendre des rensei-
gnements sur le prévenu, et se défiant de
ceux que pourrait lui fournir le maire, il
remplit, de sa main, une fiche et se l'adres-
sa à lui-même, au Parquet.
Comme bien oh pense, ces renseigne-
ments furent d'un grand recours au pro-
cureur pour l'élaboration de son réquisi-
toire.
C'est précisément pourquoi la Ligue des
Droits de l'Homme a cru que le. plus élé-
mentaire souci de la justice lui comman-
dait d'appeler l'attention du Garde des
Sceaux sur les singuliers procédés du
Earquet de Charleville.
Avec elle, nous penschas qu'une mesure
disciplinaire s'impose, et nous l'attendons.
A LA COMMISSION DES AFFAIRES EXTERIEURES
Le Rapport de M. Long sur le Traité franco-allemand
> ■>+<■ >
M. Long a donné hier, à la Commission
des Affaires extérieures, lecture de son
rapport sur la Convention franco-alleman-
de du, 4 novembre 1911.
Cette Convention, dit-il, est l'aboutissant
d'une longue série d'actes qui appartien-
nent à l'Histoire, que la Commission n'a
pas à juger, et dont une partie d'ailleurs
lui échappe. L'opinion publique française
a fait preuve, au cours de ces quatre der-
niers mois de laborieuses négociions,
d'une constante fermeté, mais elle réclame
maintenant une prompte solution; et M.
Long donne en outre les raisons essentiel-
les pour lesquelles il importe de ne pas su-
bordonner la discussion de l'accord conclu
avec l'Allemagne à l'entente à réaliser avec
l'Espagne. Cette question préjudicielle écar-
tée, le rapporteur .aborde l'examen des
articles du traité.
C'est d'abord Ja consécration de notre
protectorat sur le Maroc, auquel l'assenti-
ment du maghzen a déjà été donné, protec-
torat avec toutes ses conséquences, pré-
pondérance politique,droit d'occupation mi-
litaire et de représentation diplomatique.
M. Long passe ensuite aux dispositions
relatives à l'égalité économique. Il étudie
dans le détail les clauses du traité en ma-
tière de douanes, impôts, mines, 4ravaux et
services publics, chemins de fer, la ques-
tion des juridictions consulaires et du régi-
me de la protection des indigènes, etc. Il
s'attache particulièrement à montrer que
malgré la présence d'un élément interna-
tional, introduit dans les organismes finan-
ciers et aministratifs du Maroc par l'acte
d'Algésiras, — Banque d'Etat, comité des
douanes, des adjudications des travaux
publics, etc., — ces organismes, dont cer-
tains d'ailleurs sont appelés à se transfor-
tains
mer ne peuvent mettre sérieusement obsta-
cle it notre action au Maroc.
r': * Ï t .,.,.. -,,\V'\y\,""r\ ln N et t /LN
JruiS iVl. JVlJ tuilipui c lu OHUUUUU
Maroc d'hier, où à chaque pas il fallait
tourner une difficulté, et où, la difficulté
vaincue, il dépendait encore des puissan-
ces de remettre tout en question, avec
celle que la France sera demain en droit
d'y créer, hors les régions réservées à l'Es-
pDgne.
Nous avons, dit-il en terminant, les
moyens suffisants pour accomplir l'œuvre
dont nous prenons la charge.
L'accord marocain est .un grand résultat,
suite de l'œuvre historique dont il dépen-
dra de nous de développer les heureuses
conséquences..
Au moment d'aborder l'examen de l'ac-
cord congolais, le rapporteur déclare que le
sacrifice au moyen duquel nous payons ce
résultat. marocain est profondément ressen-
ti par tous les cœurs français, et c'est dans
ce sentiment que la Commission a voulu
commencer par rendre, hommage à la mé-
moire de Savorgnan de Brazza et des héros
qui ont donné à la France l'Afrique équa-
toriale.
LA DISCUSSION
Lorsque M. Maurice Long eût terminé la
lecture de la partie de son rapport relative
au Maroc, certains membres de la Commis-
sion, qui, dans des séances antérieures,
avaient manifesté l'opinion que l'Accord
franco-allemand ne pouvait venir en dis-
cussion devant la Chambre avant la con-
clusion des négociations engagées entre la
France et l'Espagne, soulevèrent quelques
objections.
M. de Mun, notamment,dit qu'on ne pou-
vait, en raison de l'obscurité qui subsiste,
inviter des maintenant le rapporteur à con-
clure favorablement à l'accord.
M. Delafosse insista dans le même sens.
M. Ribierre, en présence de ces divergen-
ces de vues, déclara que si quelques mem-
bres de la Commission avaient à formuler
des objections de principe sur le fond même
de l'Accord, ils devaient dès maintenant
proposer à la Commission une motion pré-
judicielle d'ajournement.
Une longue discussion s'engagea, alors,
mais aucune proposition d'ajournement ne
fut formulée, et c'est dans cette confusion
qu'un premier vote eut lieu, sur le point
de savoir si l'on devait autoriser le rap-
porteur à conclure à l'adoption de l'Accord
franco-allemand.
Ce vote ne donna aucun résultat, sept ou
huit membres seulement de la Commission
y ayant pris part.
M. Paul Deschanel, président, adjura
alors ses collègues, en faisant appel à leur
patriotisme, de ne point susciter de nou-
velles difficultés et de. donner, séance te-
nante, mandat au rapporteur de conclure
favorablement
M. Rouanet déclara qu'il fallait en finir
avec. cette question d'ajournement et que
Ta Commission devait, dès maintenant, se
prononcer.
, LE VOTE
M. Paul Deschanel mit alors aux voix la
motion suivante :
« Le rapporteur est autorisé à conclure
son rapport en faveur de l'adoption du
traité ». -'
La proposition fut adoptée par 15 vc.ix
contre 2 et 11 abstentions.
MM. Rouanet et Ellen-Prévost ont volé
contre. Parmi les abstentions citons les
noms de MM. de Mun, Denys-Cochin, Mé-
tin, Andrieux, etc.
La fin de la séance a été consacrée à la
discussion de quelques points de détail du
rapport.
Jeudi, M. Maurice Long donnera lecture
à la Commission de la partie de son rap-
port relative à la convention, eongolatsc.
,. CHRONIQUE
L'Évêque. Duchesne
Historien de l'Église
» »♦» »
Homo homini lupus, dit l'adage latin ;
ce qui signifie : l'homme est parfois un
loup pour l'homme. En effet, que de gens
se dévorent entre eux, notamment les gens
à soutane qui, s'ils savent se liguer mer-
veilleusement contre leurs deux ennemis,
la République et la Libre pensée, n'en sa-
vent pas moins se déchirer, merveilleuse-
ment aussi, les uns les autres, sans pitié.
L'évêque Duchesne est un savant de pre-
-, - - - - - --- -- - --- -- t'. -
mière valeur ; directeur de l'Ecole de Ro-
me, membre de notre Académie des Ins-
criptions et Belles-Lettres, et aussi de
l'Académie française. Dans ce si vaste do-
maine de l'érudition, il s'affirmait tout
d'abord, je crois, par son Liber Poniifica-
lis. Mais je n'ai pas à faire la bibliogra-
phie très longue:, de ses -{}ftiVrâga; Je signa-
lerai, cependant, ses Origines du culte
chrétien. Certaines pages de cette œuvre
.mblent hisser, entre les lignes, s'échap-
per je ne sais quelle petite odeur-de rous-
si, comme s'il avait été vivement-retiré
d'un fagot inquisitorial enflammé.
N'apprenons-nous point, par Ce livre,
qu'aucune loi ecclésiastique n'astreignait
les premiers chrétiens à faire bénir leur
mariage. Cette bénédiction était affaire de.
coutume, de convenances. A vrai dire,
elle avait fini « par passer en règle »,
mais sans jamais devenir une condition
inéluctable de validité. Le mariage fut in-
dépendant du rite. Il faut descendre jus-
qu'aux temps du pape Nicolas I" pour
trouver une description un peu étendue
concernant les rites dU" mariage dans
l'Eglise latine.
Le prêtre interrogeant les époux, les
mariés — il dit aujourd'hui les fiancés :
vous saisissez la nuance — leur demandé
si leur intention est de s'unir en mariage.
C'est alors ici que l'officiant, lorsqu'il prend
acte de la volonté commune, répond : Ego
conjungo vos in malrimonium : Moi, je
vous unis par le mariage. Cette formule est
une interpellation audacieuse dans la céré-
monie primitive, laissant croire, fausse-
ment, que le lien matrimonial dérive de
l'autorité toute spéciale du prêtre : Moi
je vous unis. Le Concile de Trente men-
tionne cette formule, mais ne l'impose
point. En outre, le rituel nuptial, décrit
par ce pape Nicolas, n'est autre chose que
le rituel des -anciens Romains, avec subs-
titution de la messe au sacrifice idolatri-
que.
;..*.
A cette heure, voici que sur l'Histoire de
l'Eglise, de M. Duchesne, le Sacré Collège,
qui n'est pas toujours le Collège Sacré, le
pape, les cardinaux, les évêques, secouent
leurs tonnerres émoussés, mais, oh ! com-
bien rageurs ! C'est ainsi que l'évêque de
Valence avise le supérieur de son Grand
Séminaire qu'il interdit cette Histoire de
l'Eglise, du prélat-académicien Duchesne.
C'est la première application, en France, de
la circulaire lancée par l'Index, interdisant
l'ouvrage de M. Duchesne dans les sémi-
naires italiens ; même comme simple tex-
te à consulter. Ces messieurs prêtres sont
évidemment las de dévorer nos historiens
laïques. Avec M. Chesnelong, tous les évê-
ques de France vont, sans doute, crier ha-
ro sur cette Histoire, dont la lecture est
« souverainement périlleuse et môme mor-
telle », si l'on en croit les censeurs de la
Sacrée Congrégation.
Il L'Histoire, a dit fort joliment M. La-
my, doit trouver l'historien assis et les
yeux ouverts comme un juge. » Or, c'est
parce que l'évêque Duchesne eut les yeux
trop ouverts que ses collègues ès-soutane
ne sauraient lui pardonner la clairvoyance
« de ses yeux ouverts ».
Aussi, l'accablent-ils de ces mêmes re-
proches qu'ils prodiguèrent à nos auteurs
de manuels historiques : Aulard, Calvet,
Gautier et Deschamps, Guiot, Marne, Bro-
selette, Bimaise, Devinât, entre autres.
Tous unanimement, ils accusent l'évêque
Duchesne « de réduire à l'échelle humaine
"des événements qu'ils prétendent être d'or-
dre surnaturel Ji. On peut être assuré dès
lors que les ensoutanés ne lui ménageront
pas les plus venimeuses attaques.
*
* *
Et pourtant, l'érudit prélat n'est point un
révolté, n'est point un incroyant : mais
peut-être est-il quelque chose de plus dan-
gereux pour l'Eglise. Il est un incrédule qui
discute ; éclairant cette incrédulité de
toute la vive lumière de sa forte science,
et aussi de toute la critique avisée de son
scepticisme dangereux pour certaines lé-
gendes chrétiennes : légendes dont vécut et
s'engraisse encore l'Eglise. N'a-t-il pas osé
soutenir,. et surtout prouver que jamais
sainte Marthe n'avait, à Tarascon, dompté
la fameuse Tarasque. Elle est pourtant bien
jolie, cette fable que nous raconte Il la Lé-
gende dorée » :
Il Or, il y avait en ce moment, sur les
bords du Rhône, dans line forêt sise entre
Avignon et Aix, un dragon mi-animal mi-
poisson, plus gros qu'un bœuf, plus long
qu'un cheval,, avec des dents aigûes" com-
me des cornes et de grandes ailes aux deux
côtés du corps. Ce monstre tuait tous les
passagers et submergeait les bateaux. Il
était venu, par les mers de la Galatie. Il
avait pour parent le Léviathan. monstre à
forme de serpent qui habite les eaux et
l'Onagre, animal terrible qui brûle comme
du feu tout ce qu'il touche. Or, sainte
Marthe, sur la prière du peuple, alla vers
le dragon. L'ayant trouvé dans sa forêt,
occupé ià dévorer un homme, elle lui jeta
| | de l'eau bénite et lui montra une croix.
Aussitôt, le monstre vaincu se rangea com-
me un mouton près de la sainte qui, lui
passant sa ceinture autour du cou, le con-
duisit au village voisin où, le peuple le
tuait à coups de pierres et de lance. Et
comme ce dragon était connu des habi-,
tânts sous le nom de Tarasque, ce lieu, en
souvenir de lui, fut appelé Tarascon. Il se
nommait-, jusque-là, Nerluc, c'est-à-dire
Noir lac, à cause des forêts sombres qui
bordaient le fleuve. n - - .-' - :-
.w*
De même pour les Saintes-Maries, Cô pe*
tit hameau de Provence, sur une plage mo- ;
notone que longe un lieu désert. C'est là —
nous affirme la Légende — qu'après la
mort de Jésus-Christ et, alors, fuyant la
Palestine, auraient abordé, quelque peu au
hasard, la sœur de la Vierge, mère de Jé-
sus ; Marie Jacobé, mère de Jacques le
mineur ; Marie -Salomé, mère des apôtres
Jean et Jean ; puis, leur servante Saralit.
devenue Sarah l'Egyptienne, restée, ert
Provence, la patroune des bohémiens et re- ;
cevant d'eux dans la crypte de l'église No-
tre-Dame-de-la"Mer un culte d'une particu-
lière originalité. La pieuse caravane — le
vaisseau devait être grand — aurait aussi
compté Lazare et sa sœur Marthe et ave&
eux la plus-aimante et 13. plus aimée, tout.
au moins par le Christ, Marie-Madeleine. 7
que la tradition représente arrosant de-ses.
larmes les pieds du « Maltre », et les es- :
suyant ensuite de sa blonde chevelure. "Ce-s.,
trois Maries se seraient fixées en ce lieu
dont la tristesse s'harmonisaient avec celle
qui remplissait .leurs âmes ; puis elles y:
seraient mortes ignorées, absorbées par
et dans leurs souvenirs.
- ,
; f;;-• V- V; '," '"w-. - -'
Légendes ! Légendes ! nous crie l'évê-
que Duchesnes, nous prouvant- encore, d'ir-
réfutable manière, que le pèlerinage célébré • r
et fructueux aux" Saintés-Maries » n'eûh
jamais pour toute base,. - oli ! combien
la crédulité la rendit solide, — qu'un abor-
dage, .absolument imaginaire, sur ces cô- -
tes, de ces personnages illustrés par" les
Evangiles. Ces infimes coups de pioche
dans l'immense bloc sacerdotal semblent
tout d'abord insignifiants. Mais, de même
que les petits ruisseaux font les grandes
rivières, de même ces petits coups de pio-
che creusent peu à peu le trou béant qui
fera bientôt s'écrouler tout l'édifice. Aussi,
terminerons-nous notre chronique, comme
nous l'avons commencée, par un adage
latin : Inde irae.
O. D'ANTAN.
»
A TiA OTTAMBHE
Le Budget de la Guerre
»♦«
Avec la séance du. mqtin. s'est termi-
née la discussion générale du Budget de
la Guerre. M. Clémentel. rapporteur,
est intervenu dans le débat avec une
'discrétion qui a souligné encore son
gros succès. Puis. M. Alessimy, minis-
tre de la Guerre, s'est expliqué sur-
quelques grandes questions d'ordre ii-
néral. Et la Chambre ne lui a point
ménagé ses marques d'approbation.
L'après-midi, on a voté une vingtaine
de chapitres auxquels viendront s'a..¡
iouter beaucoup d'autres ce soir, car,
on discutera" aujourd'hui encore, les
dépenses militaires. Depuis la rentrée
dernière, les séances du mercredi n'ont
plus d'exceptionnel que le nom.
SÉANCE du MATIN
Présidence de M. Puech, vice-président.
Diverses observations sont présentées
sur le régime de faveur l'ait aux conscrits
pourvus du brevet d'aptilude militaire, les
affectations spéciales, 1 insuffisance de l'en-
cadrement dans les régiments de réserve,
les permissions agricoles, la date d'appel
des réservistes, la. gratuité des écoles inili
taires, la situation des réservistes pères de
famille nombreuse, les méfaits des disci-
plinaires à Cézembre et a Ouessant, le
pantalon rouge et la chanson de route.
Enfin, on voudrait voir intervenir Ja so-
lution, sans cesse remise, de la question de
suppression des fortifications de Paris.
Le rapporteur, M. Clémentel, s'inspirant
de la discipline de brièveté que la Chambre
s'est" imposée, se borne à une courte in-
tervention.
Les charges militaires, dit-il, sont en
augmentation au budget de 1911 ; d'ail-
leurs, les crédits sont bien employés, et
dans toute l'armée l'effort a été parallèle à
celui qu'ont fait la Chambre et la Nation.
Il y a union complète entre les soldats
et le commandement,
Le calme du pays pendant ces derniers.
mois d'inquiétude s'appuyait sur la. cons-
cience d'être à l'abri du bouclier qu'il s'est
forgé depuis quarante ans ; il peut aujour-
d'hui, fier de son rôle historique, de son
relèvement, d'alliances solides et d'amitié
loyales et fidèles, poursuivre son effort.
(Vifs applaudissements.)
La discussion générale se termine sur un
discours de M. Messimy, ministre de la
Guerre, qui, laissant de côté certaines
questions de détail pour y répondre lors
de l'examen des chapitres, s'explique sur
les points d'ordre plus général.
Parlant du haut commandement, le mi-
nistre a dit que depuis les derniers décrets
du 23 juillet, l'état-major de l'armée, dé-
sormais, est solidement constitué.
Le Conseil supérieur de défense nationale
a été modifié, rénové.
La puissance militaire de la France a été, ,
augmentée par l'ensemble des mesures pri-
ses ; la coordination harmonique de tous
les efforts de l'armée est en voie de réalisa-
tion.
ff - Si jamais la destinée voulait queo-'1a
.3
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