Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-10-20
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 20 octobre 1911 20 octobre 1911
Description : 1911/10/20 (N15197). 1911/10/20 (N15197).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N° 15197. — 29 VENDEMIAIRE, - M 120.
CINQ CENTIMES LE NUMERO *-
VENDREDI 20 OCTOBRE 1911 — N° 15197.
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AUX BUREAUX DU JOURRAr,
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TRIBUNE LIBRE
-':'Æ- "*
l Union dfis Gaucliusoll Belgique
mMH)U m!& UaUuttuo uU DHtjiqUu
,'¡" ,;"7;i¡Ù.( * i-
La bataille électorale mu-
nicipale, en Belgique, aura 1
valu au parti clérical une
écrasante défaite.
On avait à pourvoir au
remplacement de 2.100 Con-
seillers communaux de la série sortan-
te. Les Gauches l'emportent sur toute
la ligne.
A Bruxelles, à Gand, S Liège, a An-
vers, tous les droitiers sortants, ou
presque, mordent la poussière.
A Namur, défaite des cléricaux.
'A Ganol, le coopérateur Anseele bat le
président de la Chambre. A Bruges,
que, depuis un demi siècle, les cléri-
coiux tenaient sous leur domination,
c'est la liste des Gaucliesqui passe.
Laeken, séjour préféré du roi, voit ais-,
paraître la majorité conservatrice de
son Conseil communal.
Défaite plus significative encore que
celle, à LÕuvain; 'de M. Schollaert,
J'auteur de la fameuse loi scolaire con-
tre laquelle les Gauches, unies, ont
marché à fond.
Ol sait la question et son importan-
ce. L'ancien cabinet Schollaert avait
déposé un projet 'de loi scolaire qui
constituait, pour les idées libérales et
socialishes, la plus dangereuse des me-
naces. Ce projet posait le principe d'u-
ne égalité rigoureuse, entre l'enseigne-
ment -d'Etat et l'enseignement congré-
ganiste. Il les plaçait sur le même
pied. Il leur assurait lé même appui
matériel et moral. C'était autoriser offi-
ciellement l'ingérence du clerge. C'était
assurer aux cléricaux le moyen de te-
nir en auteHe les jeunes générations.
Battu au Parlement, le Gouverne-
ment cM avait appelé au Pays. La ré-
ponse de celui-ci est significative. De
la capitale même sont venus au roi des
avertissements dont il fera bien de tenir
compte. L'alliance des libéraux et des
socialistes a renversé les catholiques
clans Jeux des faubourgs, Laeken et
- Etterbeek, où ils avaient la majorité,
el les a exclus d'un troisième, Sch'aer.,.
gcêk, où les édiles sortants étaient; en
majorité conservateurs. Avertissement
d'autant, plus significatif que— nous
ne saurions trop y insister — le princi-
pal auteur de la loi scolaire, M. Schol-
: laert, s'est trouvé, à Louvain, mis en
minorité de plus de 1.300 voix.
Il convient de noter que cette victoi-
re des Gauches, pour si importante
qu'elle soit, eût été plus éclatante 'en-
core si les élections municipales
avaient eu lieu sous le régime du droit
commun. Seule, la législation d'excep-
tion, que le Gouvernement s'obstine à
conserver, a permis à la réaction "de se
maintenir, d'ailleurs péniblement, sur
un certain nombre de points du terri-
toire.
Elle n'a dû d'éviter l'écrasement total
et définitif qu'au maintien de ce sys-
tème électoral qui donne, jusqu'à qua-
tre suffrages a certains possédants,
exige trente ans d'âge et quatre ans de
résidence. Enfin, la R. P. elle-même
subit, dans son application, des restric-
tions fâcheuses. Elle n'est pas appli-
quée aux petits centres ruraux. Elle
.ne joue que dans les villes d'une po-
pulation supérieure à 25.000 habitants.
On aperçoit immédiatement la con-
séquence. Tous les grands centres pos-
sèdent une majorité de gauche, faite
des éléments libéraux, progressistes,
socialistes. Sans la R. P., le parti clé-
rical serait écrasé. On s'empresse de la
faire jouer à son profit. Dans les peti-
tes communes, au contraire, nombreux
sont les libéraux, les progressistes et
les socialistes qui, faute de réprésen-
tation proportionnelle, se trouvent
dans l'impossibilité d'avoir une repré-
sentation au sein des Conseils commu-
naux.
Nonobstant tous ces o Esta des et
tous ces pièges, les partis d'avant-gar-
de l'emportent. Ils l'emportent grâce à
l'union la plus absolue, fi une 'discipli-
ne aussi rigoureuse que librement
consentie.
On ne saurait trop insister sur ce
point, que les Gauches eussent été écra-
sées si, fidèles aux méthodes que le
néo-socialisme anarchisant s'efforce
d'imposer en France, elles avaient été à
la bataille en ordre dispersé. La Droite,
- unie, ho&ogètofy- softmi§e S la forte dis-
cipline" de l'Eglise militanlê, les eût
écrasé partout..
Chefs et troupes onï senti le peril. On
à préconisé partout le cartel libéral-
progressiste-socialiste. C'est-à-dire la
liste unique de tous les candidats de
gauche, avec, comme plateforme:, la
lutte contre la loi scolaire et l'applica-
tion S tous les collèges électoraux du
système 'de la R. P. On l'a réalisé par-
tout. Eii vain, les cléricaux escomp-
taient le souvenir des luttes très vives
qui ont, de tout temps, existé dans
tous les grands centres, entre libéraux,
progressistes et socialistes. Sous l'in-
fluence des chefs, avec le consente-
ment de tous, la trêve générale a été
signée. L'accord s'est fait contre l'en-
nemi commun. On a vu avec quel suc-
cès. Le gouvernement belge aura a voir
quelle attitude lui commande cette vic-
toire si décisive.
Pour nous, nous ne pouvons que
nous réjouir de ce succès. La Belgique,
cette terre classique des libertés com-
munales, vient de montrer aux partis
d'avaht-garde ce que l'on peut réaliser
avec cette formule : « l'union pour l'ac-
lion ÏÏ.
Souhaitons que la leçon serve
d'exemple ici-même. Bien aveugles se-
raient ceux qui n'en voudraient point
tenir compte, lors de la prochaine ba-
taille.
Emile DESVAUX,
* Conseiller municipal de Paris.
LA POLITIQUE
LE VOTE DU BUDGET
Le vote du Budget, ce n'est
pas toute l' œuvre des Cham.
bres, c'en est du moins la par-
tie qui souffre le moins de re-
tard et il semble bien. que la
Commission du budqel enten-
de ne te point retarder.
MM. Pelletan, Thomas et Sembat Vont
congrûment exhortée à examiner les
propositions du Gouvernement : elle
n'y a pas jailli ; en conséquence de quoi,
par dix-sept voix contre, quatre, elle a
refusé de s'associer aux récriminations
de MM. Sembat, Thomas et Pelletan.
Elle adopta le principe de la convention
avec la Compagnie de l'Est. et, sans
'désemparer, passa à la discussion des
articles.
Par son, attitude et sa résolution, la
Commission du budget a montré qu'elle
se fait de son rôle une idée qui est très
propre à bouleverser toutes les notions
parlementaires des socialistes unifiés :
elle juge qu'elle est faite, non pour
compliquer la tâche de la Chambre,,
mais pour la simplifier.
Tous les. 'contribu.ables l'approuve-
ront. Qu'elle en termine, au plus vite,
avec l'examen dit Budget; puis, la dis-
cussion générale ouverte devant la
Chambre, qu'elle s'oppose, avec la der-
nière énergie, au sabotage auquel ont
accoutumé de se livrer les démagogues,
par l'incorporation, dans la loi de Finan-
ces, de propositions aussi dispendieuses
que saugrenues
La Commission "du budget a une utile
et difficile fonction à remplir : non seu-
lement, par un examen préalable, sévè-
re et minutieux, préparer la besogne 'du
Parlement et hâter son vote, mais en-
core. et surtout défendre et sauvegarder
l'équilibre 'des finances nationales con-
tre Vinitiative parlementaire en matière
de finances.
Evidemment il ne lui appartient pas
de délimiter l'éloquence 'de M. Brizony
ni de prévenir toute altercation entre
M. Lagrosillière et M. Delahaye. Mais,
pour prolongés ou violents qu'ils soient,
les contribuables prendraient aisément
leur parti des incidents de séance, s'ils
n'avaient une fâcheuse répercussion sur
le poids 'de l'impôt et le nombre 'des
douzièmes provisoires. Pourquoi faut-
il, hélas ! pendant que la Chambre est
livrée aux séances,que les Commissions
ne puissent pas faire le travail de la
Chambre l
: 111 Il" Il A
Les On-Dit
:+.-.
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi l
Lever du soleil1: 6 H. 26m. (tu matin..
Collier '#j- splal 3 j b. â ;m. sc êr*
i »
Tever de Ta lune ? ? Ii. 39 ïft. du aoatirf.
Coucher de la lune : '4 b. 18 m. du soir.
Courses à Paris (Handicap d'Octobre,
Prix de Senlis)*
'AWGURD'HUI:
Rien ne se perd
—■■ 1. ■ ■ h mt 1'
Un ingénieur brandebonrgeois, M. Sigis-
mond Sborowitz, a réussi à transformer -
les cendres de l'industrie en marbre d'une
durée exceptionnelle., -
M. Sborowitz. en se servant seulement
de quelque vieille marmite, d'un fourneau
à gaz et d'une presse vétusté, a obtenu en
une demi-heure des plaques de marbre qui
ont la dureté du fer. Le prix de revient de
ce produit est naturellement inâme.
Deux poids.
-:+8-+;-
Le parquet réserve décidément toutes ses
rigueurs aux balivernes.
Après avoir poursuivi un dessin- d'ail-
leurs charmant de Poulbot : « La première
cigarette », voici qu'il est pris d'un nouvel
accès de pudibonderie et s'en prend à quel-
ques hommes de lettres qui ont offensé la
pudeur recroquevillée de M. le sénateur Bé-
renger, en même temps qu'à un Don Juan
coupable d'avoir enlevé une jeune fille qui
ne demandait qu'à le suivre.
C'est, dans le premier cas, associer la
iustice à un geste grotesque, et, dans le
second cas, la compromettre dans une af-
faire où la musique paraît jouer un certain
rôle.
Pendant ce temps-là, des criminels de
droit commun. — et les plus abjects parmi
les criminels : des agents provocateurs, —
jouissent d'une impunité vraiment scanda-
leuse.
Il n'est plus contesté par personne que
Métivier soit responsable des meurtres de
Draveil-Vigneux, qu'il ait participé à une
tentative de déraillement, qu'il ait déposé
une bombe chez notre confrère, Emile Mas-
sard.
Ces méfaits ne sont-ils plus considérés
comme crimes de droit commun ?
Pourquoi le parquet, si sévère quand il
s'agit de peccadilles, se montre-t-il si ac-
commodant pour d'abominables forfaits ?
Métivier se repose sur la Côte d'Azur. Son
adresse est connue de tout le monde. Qu'at-
tend-on pour l'arrêter ? Sans doute qu'il
ait cherché une retraite plus sûre ?
M Lépine veut-il pouvoir alléguer, com-
me pour le voleur de la Joconcle et le cais-
sier du Suez, qu'il ne sait plus où l'aller
prendre ?
Qu'est-ce que cette comédie policière ?
Qu'est-ce que cette parodie de justice ?
———.—————————————————— '» —
Paris la Huit
Les déménagements à La cloche de Bois
sont devenus presque impossibles : des
"gardiens vigilants se tiennent prêts, sur
cordre de M. Lepine, à prêter main-forte
aux concierges à qui d'astucieux locataires
tenteraient de brûler la politesse en empor-
tant leurs meubles,,
Les propriétaires peuvent dormir Iran-
quilles.
Malheureusement, ils ne sont rassurés
que sur le sort des meubles garnissant
leurs maisons de rapport. Ceux de leurs
hôtels particuliers sont beaucoup moins eu
sûreté. La surveillance de la police se con-
centrant aux environs des locatis à bon
marché, les collections et les bibelots rares
des hôtels particuliers disparaissent com-
me par enchantement).
En sorte que, grâce à l'habileté profes-
sionnelle du préfecticule que l'Europe nous
envie, la cloche de bois est devenue le mo-
nopole exclusif de messieurs les cambrio-
leurs.
Les concierges des quartiers riches se
plaignent amèrement de la rareté des
agents. Ils ne peuvent être partout à la fois
et M. Lépine trouve que les revenus je ses
immeubles sont plus intéressants que les
meubles de M. de Gontaut-Biron.' Tout dé-
pend du point de vue où l'on se place.
-
Mauvaise plaisanterie
..* 0 +:-
La Compagnie générale des Omnibus
a des trouvailles qui vont combler d'aise
les vaudevillistes et les revuistes de fin
d'aanée.
Il s'agit, d'ailleurs, des théâlres.
L'administration, chèro à M. Etienne, an-
nonce que, bientôt, une voilure stationne-
ra à la sortie de chaaue salle de spectacles,
pour ramener chez eux les spectateurs.
On ne voit pas bien à quoi servira cet
unique véhicule.
II n'y aura évidemment pas des places
pour tout le monde.
Puis, quel parcours - suivra-t-il ? S'il em-
mène vers Passy les braves gens de Vin-
cennes, ça leur fera encore un peu de cher
ffiin à faire à pied.
S'il erre dans Paris jusqu'à ce qu'il ait
reconduit tous ses voyageurs à domicile, il
v en a qui ne rentreront chez eux qu'à huit
heures du matin.
Il faudra prévoir un compartiment-res-
taurant pour le petit déjeuner.
La Compagnie générale des Omnibus en
a de bien bonnes 1
-——————————— » —.
Constatation
Notre distingué confrère W. Scrieyx
écrit dans l'Eclair ;
« S'il est déjà difficile d'arborer l'unifor-
me au théâtre dans un style qui soit jugé
impeccable par les connaisseurs, combien
davantage est délicate la mise à la scène
d'un personnage ecclésiastique !. »
« .Plus encore, en effet, que l'habit mi-
litaire, l'habit religieux demande, pour
donner une impression do vérité, à êlre le
reflet d'un étal d'âme adéquat au caractè-
re sacerdotal d'un costume qui n'est pas
un vêtement, mais un symbole. Il y a là,
certes, une condition à laquelle il n'est
point commode de satisfaire. Or, quand
elle n'est pas remplie, il en résulte fatale-
ment une déformation caricaturale, pénible
et regrettable à tous égards. s
Ce qui revient à dire que l'immense ma-
jorité des ecclésiastiques manquent de cet
.état d'àme adéquat au caractère sacerdo-
tal de leur costume.
On en rencontre, en effet, beaucoup plus
de caricaturaux que de franchement sym-
pathiques. •
Nous demandons, en conséquence, qu'Usa
s'habillent avec des vêtements au lieu de
s'habiller avec des symboles.,
Les Affaires du Maroc
- > ■ w > ■ ■ ■ ■
.- ,:.. , »
LES NEGOCIATIONS
Il n'y a pas eu d'entretien hier à Berlin
sur les compensations congolaises.: La
réouverture du Reichstag a sans doute em-
pêché M. de Kiderlen-Waechter de voir M.
Jules Cambon. Comme on le verra plus loin
dans le compte rendu de la séance du
Reichstag le chancelier a fait connaître
que, dans l'état actuel des négociations ma-
que dans
rocaines et tripolitaines, il ne pourrait pas
prendre part à des débats sur la politique
extérieure. Comme un débat à ce sujet au
Reichstag sans la participation du gouver-
nement ne présente aucune utilité, les chefs
de parti ont décidé d'ajourner provisoire-
ment là discussion des interpellations, tout
en réservant le droit du Reichstag.
M. de Bethmann-Hollweg est très dési-
reux d'être en mesure d'apporter très pro-
chainement des précisions au Reichstag,
notamment sur l'accord avec la France. Le
gouvernement français partage certaine-
ment ce désir. Toutefois, on ne peut atten-
dre de lui que, pour hâter un dénouement
souhaité de tout le monde, il sacrifie des
intérêts considérés comme essentiels. Son
intention de consentir à l'Allemagne une
compensation territoriale suffisante n'a pas
varié. Il dépend du gouvernement allemand
en ne soutenant pas des prétentions exagé-
rées, de mettre heureusement fin à de pé-
nibles négociations qui durent depuis plus
de trois mois.
LE CHANCELIER AU REICHSTAC
Berlin, 18 octobre. — Le Reichstag s'est
réuni aujourd'hui à une heure -et quart.
Dès le début de la séance on remarquait
à la table du Conseil fédéral le chancelier
de l'empire, M. de Bethmann-Hollweg, et
M. de Kiderlen-Waechter,
Le président a donné aussitôt la parole
au chancelier ; -
« Je suis prêt à répondre aux interpel-
lations sur la politique extérieure. Je tiens
pour pleinement justifié le désir du Reich-
stag d'obtenir du gouvernement, aussitôt
que possible, des indications sur la situa;
tion extérieure. Dans une lettre que j'ai
adressée hier à votre président j'ai exposé
les raisons pour lesquelles je crois devoir
aujourd'hui refuser de répondre et me ré-
server l'indication du moment auquel je
pourrai donaeç de§ explications.
-
- 04 l' .- i 1
« Quand ce moment sera arrivé je ne
manquerai pas de le faire savoir au prési-
dent. A mon avis, le Reichstag ne se sé-
parera pas sans qu'on ait discuté ici de la
politique extérieure t.
A en juger par les conversations de cou-
loir, l'impression produite par la courte
déclaration du chancelier est favorable. Les
partis du Reichstag semblent être satis-
faits de ce que le chancelier, bien qu'ayant
déjà expliqué la difficulté de sa situation
dans une lettre au président du Reichstag,
ait jugé opportun, après les délibérations
de la réunion des chefs de groupes, de ve-
nir presque prendre l'engagement devant
l'Assemblée de répondre avant la clôture
aux interpellations sur la politique exté-
rieure de l'Allemagne.
Les députés socialistes font remarquer
qu'il en eût été différemment peut-être si,
du temps do Bismarck, le Reichstag avait
prétendu discuter des questions de politi-
que extérieure. On peut donc croire que
les députés attendront avec patience pen-
dant deux ou trois semaines encore que le
chancelier se déclare prêt à leur répondre.
FRANCE ET ESPAGNE
Madrid, 18 octobre. - Bien que certains
journaux annoncent que les préliminaires
des pourparlers franco-espagnols seraient
déjà engagés, ces pourparlers ne repren-
dront pas avant que les négociations de
Berlin, au sujet des compensations congo-
laises soient terminées ou tout au moins
plus avancées.
Le colonel Burguete, chargé de l'occupa-
tion éventuelle d'Ifni, est arrivé des Cana-
ries afin de conférer avec le gouvernement.
UN ARTICLE DE LA
S NOVOIE VREMIA »
Saint-Pétersbourg, 18 octobre. - Dans
un article qu'elle publie aujourd'hui, la No-
voieë Vrémia déclare que « la France est
en mesure de résister faéilement aux exi-
gences démesurées de Berlin dans la ques-
tion des compensations congolaises.
« L'Allemagne, ajoute le. journal, lest çlu9
que jamais isolée : l'Italie est tout entière
à la guerre et l'Autriche est absorbée par
son désir, do paralyser rfeffet de§ succès
-':.:.!.,' .',.,":'" - ;. - -".-
.,. ";. - -
, NOS CHRONIQUEURS --'
e" - 7- -
Au Jardin du Luxembourg
A a i ar d ia n d < > ■■■ ■■ ..i ■
J'aperçois Rupert. Vois : Il va, comme S
l'babitude, tout à ses pensées d'illuminé.
Que fait-il ici ? La mélancolie du jar.
din qu'octobre effeuille ne l'émeut pas. Il
est trop occupé de ses rêveries humanitai-
res. L'aborderons-nous ?
— Noue ne sommes pas venus au Luxem-
bourg pour parler de l'avenir de l'huma-
nité. Laissons-le, et, nous aussi, rêvons !
Mais rêvons d'autre chose. La nature, la
poésie, l'art et l'amour étaient notre entre-
tien. C'est le seul ami qui convienne à no-
tre humeur, comme à notre âge. Tu me
parlais, tout à l'heure, de cette jeune fille
qui sera ta femme, avec une émotion de
joie dont ta voix était toute vibrante. Je
t'assure que je m'associais à ton enthou-
siasme et que je prenais plaisir à t'écouter.
— Merci à toi, cher ami, de te montrer
heureux de mon bonheur. Ah ! quand tu la
connaîtras 1 Mais que te dire encore ? Je
me répéterais, et tu te fatiguerais.
— Non, certes ! Il est des amoureux qui
ennuient, parce qu'on doit les en croire sur
ce qu'ils disent d'une beauté que la 'banalité
de leurs louanges ne sait pas figurer. Mais
toi, tu es bien un artiste. Tes paroles
peignent et sculptent. Oui, vraiment, je
l'ai vue, tandis que tu l'évoquais, je l'ai
vue inscrire sur le clair de l'été d'azur eb
d'or sa ligne pure, ta belle Tanagra.
-*-Ce sera ma souffrance, je le prévois,
d'envier aux yeux dés autres, Ta part d'elle
qu'ils ne me laisseront pas toute à moi.
— Je connais aussi cette jalousie et qui
fait tout de même du mal.
— Absurde, -en effet, car je suis parfai-
tement sûr que nul autre que moi n'aura
d'elle seulement une pensée.
— C'est la crainte, qu'on rougirait de
s'avouer à soi-même, de perdre ce qu'oD
n'est jamais bien sûr de mériter absolu-
ment.
- C'est cela, sans doute.
- Naïveté de Rupert, qui rêve entre tous
les hommes le partage de toutes les félici-
tés ! Il y aura toujours des élus, des privi-
légiés, inquiets d'ailleurs eux-mêmes dans
la possession de biens, que d'autres leur
envieront et leur disputeront.
— Je reconnais qu'elle n'est pas exempte
d'égolsme, cette jalousie de mon amour
qui voudrait que ma bien-aimée ne fût belle
que pour moi.
- Egoîsme bien humain, cher ami.
Quand les meilleurs de nous l'auront dé-
pouillé, il y aura des anges sur notre hum-
ble planète, et le paradis de Rupert com-
mencera d'être une réalité.
Rupert est convaincu que nos faiblesses
ne sont pas inhérentes à notre nature,
mais qu'elles sont dues à des erreurs de
jugement que l'éducation de la raison peut
redresser.
- 0 logique, très auguste, que ton rè-
gne arrive, et ta.vertu fera des miracles !
Il n'y aura plus sur cette terre que de
purs esprits.
- - Et pour lui faire place nette, que
roule et s'abîme l'édifice de perdition que
les hommes de chair et d'os ont élevé, au
'prix d'efforts, qu'ils admirent avec com-
plaisance, en l'appelant civilisation.,
— Quel mystique, ce furieux tendre qui
ferait sauter Paris pour le salut de l'hu-
manilc !. Il nous a vus.. Le voici qui vient
vers nous.
— Il faut l'avouer, il n'a pas un Visage
banal. Ce haut front pur, ces profonds
yeux noirs qui s'éclairent quand il parle,
ce sourire amer, mais non sans bonté.
On voudrait lui donner sa sympathie tout
entière.
— Bonjour, ami Rupert.,
— Bonjour, chers amis
- Homme au verbe vengeur, quel réqui-
sitoire étais-tu en train de perpétrer con-
tre l'infâme société î
— Lis, la semaine prochaine, Le Cri 'de
l'Homme, aimable railleur, et tu sauras à
quoi t'en tenir. Mais ne t'y trompe point.
Je n'ignore pas que des phrases n'ont ja-
mais rien vengé du tout. Les crimes contre
l'humanité ne se châtient pas avec de l'en-
cre d'imprimerie. Les mots utiles sont
ceux qui préparent les actes nécessaires.,
— A ce qu'il nous semble, doux apôtre
de la fraternité universelle, tu te proposes
d'exciter au sabotage les lecteurs ingénus
du Cri de l'Homme.
— Au sabotage, d'abord. C'est flfi la be-
sogne excellente.
- Et même au meurtre ?
- Mais oui 1
e-? Voilà qui va bien..
e~. Il n'était pas encore allé jusque-là*
- J'étais trop timide. La logique m'x
conduit
-. Ta logique te mènera en Cour d'assi-
§es.
- Je m'y attends.
A la bonne heure P
s;.;. Je risquerais ma vie aussi Tacilement
que ma liberté- Je serais infâme, si j'a-
vais peur,
** Quel dommage qu'une nature noble
comme 14 tienne se laisse séduire à des
billevesées qui ne sont même pas inotfen-
sives.
- Billevesées ! Allons, tu n'as cone
d'yeux et de cœur que pour le jus de tes
tubes de couleur, artiste 1
- Avec quel dédain tu l'appelles artis-
te 1 Il semble que dans ta bouche ce mot
soit une injure.;
lioIiI N'en crois rieïï., Autant que lui et
que toi" j'aime l'art et la beauté. Je les
voudrais pour tous. Peintres, sculpteurs,
-ii t Ma JâSïrëê» Me
largesse de vos dons au peuple, qui ne vouâf
méprise pas et que vous méprisez. Poun,
cette raison, vous n'êtes plus capables d,
vrais chefs-d'œuvre. Vous n'êtes plus qu
des fournisseurs, qui aspirent surtout auxi
grasses rémunérations, d'amusements
plus ou moins distingués pour ceux qui -ae.4
disent des intellectuels et pour ceux qu
vous-mêmes vous appelez des snobs.. ;
- Nous ne te répondrons pas, Rupert
il y aurait trop à dire.: :
— Je ne tiens pas non pins à engagea
une discussion esthétique. Ces choses o'onf
pour moi, jusqu'à nouvel ordre, qu'Oî$
intérêt très secondaire. Je ne cache pa
que je donnerais une œuvre de génie, oui Ii
et la Joconde elle-même, pour la vie d'u
de ces innocents, qu'il porte le casque àl
pointe ou qu'on le coiffe du képi, que à
main peut-être on enverra se faire tuer, a
frontières.
— Il me semble pourtant que tu fais.
assez bon marché de la vie humaine, tofj
tout le premier. '1
— Non, ce n'est pas moi qui commencé
Mais puisque votre prétendue civilisations
n'a pas encore écarté à jamais l'abomina.,
ble éventualité des tueries entre peuple
que ceux à qui en incomberait la respon-
sabilité y regardent à deux fois !
— Malheureux I Quels seraient ces rqéwl
ponsables ?
— Je n'ai que l'embarras du choix.,
— Alors, c'est la révolte insensée contre
la guerre, que la France te veut pas, à:
laquelle elle ne se résoudrait qu'à la suite
d'un odieux déni de justice, prétexte vou-
lu d'une inqualifiable agression, c'est na..
surrection contre la légitime défense poun
l'honneur et pour l'existence même que tu
vas prêcher aux pauvres gens qui te ij*
ront et te croiront ?
— Oui, parce que je suis un sans-patrie,
de par ma volonté réfléchie, qui m'adres.
se à des sans-patrie de fait. La patrie,}
c'est bon pour vous qui y voyez à boot
droit la somme des avantages matériels
et moraux dont vous bénéficiez. Pour cfe
gueux qui passe, à moins qu'il n'ait rme;
d'un fétichiste, c'est une dérision. Qu'est-
ce qu'il lui en revient, à lui ? La vie chè-
re qui le met en peine de savoir ce qeJ
lui et les siens mangeront demain. f
— Ce souci lui sera donc plus léger, lors*
que l'Allemand fera la loi chez lui ?
— Un jour viendra où des 'hommes, quels
qu'ils soient, ne feront. plus la loi à d'ath
très nommes.
—Mais, à quand ce jour, rêveur néfas*
te, à supposer qu'il ouvre l'ère béate de
la paix anarchique ?
- Quand la répression contre lcdéses*
poir, quand-la violence contre la délresse"
apparaîtront tellement comme la nécessité',
de l'état social que tu approuver, que le,
peuple verra clair enflh, et, d'un sursaut
de colère, le jettera bas. 1
'- Et nous, nous affirmons de toutes les.
forces de notre âme le devoir social da
bonté, de justice, et de concorde, mais;
nous ne croyons - pas que mademoiselle CK
saille, que le citoyen Browning, que lc.,
couteau et la bombe soient les bons OU"¡
vriers de l'œuvre d'amour.
- Je hais le mal et ceux qui le IcnP.. !
- Orgueilleux 1 Qu'est-ce qui te qualifie
pour sonder les cœurs et t'ériger en juge '/;
Ne comprends-tu pas que l'infinie com-
plexité des faits doit au moins suspendre,
tes arrêts ? 1
— Pas plus que toi, Rupert, nous ne fer-,
mons notre cœur à la compassion pour,,
les maux de l'humanité misérable. Cepen-
dant notre conscience ne défend pas à no-
tre jeunesse de goûter les belles joies do
la vie. Oh ! la leçon d'harmonieuse mesu-
re et de douceur inqulgente que te donne-
rait la grâce si française de ce jardin dé-
licieux, si tu savais, si tu voulais l'enlén-
dre, et qu'alors tes sombres anathèmes le
paraîtraient à toi-même forcenés et bar-
bares ! ,"
- - Adieu, amis, je n'entends que la cla-4
meur immense de tous les déshérités.
- Puisses-tu ne pas ajouter à leurà
maux 1
- Eugène HOLLANDE.,
———■—■ — 40 — r-
LE BUDGET-DI 1912
.,. ',
SON EQUILIBRE
Le ministre des Finances a eu, hier soir.
Une entrevue avec le président et le rappor-
teur général de la Commission du budget,,
auxquels il a fait connaître ses propositions
pour l'équilibre du budget de 1912.
Un sait que le système d'équiiibre pré-
senté par le ministre a été dérangé par 3a^
décision de la Commission du budget de re-
pousser l'impôt sur. l'éclairage au gaz efe
à l'électricité.
La situation budgétaire se présente de Ir.
manière suivante :
L'abandon de l'impôt sur l'éclairage fait
disparaître une ressource de 15 millions.
D'autre part, des calculs plus précis ef-
fectués depuis le dépôt budget permet-
tent de constater que le cervlce de la ga-
rantie d'intérêts des chemins de 1er exige-
ra 7 millions de plus que les prévisions prix
mitives pour les, deux Compagnies de l'Or-
léans et du Midi.
L'insuffisance de ressources £'éJèvcr.i'
donc en totalité à 22 millions.
Par contre, il y a lieu de tenir - finËôDta
de quatre millions d'économies décidées £ >art
la Commission du budget.
Secondement l'acceptation — à peu près
Certaine — l¥ ItiqpmW QlJ çystè*
CINQ CENTIMES LE NUMERO *-
VENDREDI 20 OCTOBRE 1911 — N° 15197.
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOURRAr,
U, taul. do Strasbourg et 71, rue du Faub.-St-Martin, Plat,
Et chea MM. LiAGRANGE, CERF et Q*
Ht place de la Bourse. 4
àdrewo Télégraphique : XIX' SIÈCLE - PARIS
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l'aria 87. 6 IL Il t 20 f,
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Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
TRIBUNE LIBRE
-':'Æ- "*
l Union dfis Gaucliusoll Belgique
mMH)U m!& UaUuttuo uU DHtjiqUu
,'¡" ,;"7;i¡Ù.( * i-
La bataille électorale mu-
nicipale, en Belgique, aura 1
valu au parti clérical une
écrasante défaite.
On avait à pourvoir au
remplacement de 2.100 Con-
seillers communaux de la série sortan-
te. Les Gauches l'emportent sur toute
la ligne.
A Bruxelles, à Gand, S Liège, a An-
vers, tous les droitiers sortants, ou
presque, mordent la poussière.
A Namur, défaite des cléricaux.
'A Ganol, le coopérateur Anseele bat le
président de la Chambre. A Bruges,
que, depuis un demi siècle, les cléri-
coiux tenaient sous leur domination,
c'est la liste des Gaucliesqui passe.
Laeken, séjour préféré du roi, voit ais-,
paraître la majorité conservatrice de
son Conseil communal.
Défaite plus significative encore que
celle, à LÕuvain; 'de M. Schollaert,
J'auteur de la fameuse loi scolaire con-
tre laquelle les Gauches, unies, ont
marché à fond.
Ol sait la question et son importan-
ce. L'ancien cabinet Schollaert avait
déposé un projet 'de loi scolaire qui
constituait, pour les idées libérales et
socialishes, la plus dangereuse des me-
naces. Ce projet posait le principe d'u-
ne égalité rigoureuse, entre l'enseigne-
ment -d'Etat et l'enseignement congré-
ganiste. Il les plaçait sur le même
pied. Il leur assurait lé même appui
matériel et moral. C'était autoriser offi-
ciellement l'ingérence du clerge. C'était
assurer aux cléricaux le moyen de te-
nir en auteHe les jeunes générations.
Battu au Parlement, le Gouverne-
ment cM avait appelé au Pays. La ré-
ponse de celui-ci est significative. De
la capitale même sont venus au roi des
avertissements dont il fera bien de tenir
compte. L'alliance des libéraux et des
socialistes a renversé les catholiques
clans Jeux des faubourgs, Laeken et
- Etterbeek, où ils avaient la majorité,
el les a exclus d'un troisième, Sch'aer.,.
gcêk, où les édiles sortants étaient; en
majorité conservateurs. Avertissement
d'autant, plus significatif que— nous
ne saurions trop y insister — le princi-
pal auteur de la loi scolaire, M. Schol-
: laert, s'est trouvé, à Louvain, mis en
minorité de plus de 1.300 voix.
Il convient de noter que cette victoi-
re des Gauches, pour si importante
qu'elle soit, eût été plus éclatante 'en-
core si les élections municipales
avaient eu lieu sous le régime du droit
commun. Seule, la législation d'excep-
tion, que le Gouvernement s'obstine à
conserver, a permis à la réaction "de se
maintenir, d'ailleurs péniblement, sur
un certain nombre de points du terri-
toire.
Elle n'a dû d'éviter l'écrasement total
et définitif qu'au maintien de ce sys-
tème électoral qui donne, jusqu'à qua-
tre suffrages a certains possédants,
exige trente ans d'âge et quatre ans de
résidence. Enfin, la R. P. elle-même
subit, dans son application, des restric-
tions fâcheuses. Elle n'est pas appli-
quée aux petits centres ruraux. Elle
.ne joue que dans les villes d'une po-
pulation supérieure à 25.000 habitants.
On aperçoit immédiatement la con-
séquence. Tous les grands centres pos-
sèdent une majorité de gauche, faite
des éléments libéraux, progressistes,
socialistes. Sans la R. P., le parti clé-
rical serait écrasé. On s'empresse de la
faire jouer à son profit. Dans les peti-
tes communes, au contraire, nombreux
sont les libéraux, les progressistes et
les socialistes qui, faute de réprésen-
tation proportionnelle, se trouvent
dans l'impossibilité d'avoir une repré-
sentation au sein des Conseils commu-
naux.
Nonobstant tous ces o Esta des et
tous ces pièges, les partis d'avant-gar-
de l'emportent. Ils l'emportent grâce à
l'union la plus absolue, fi une 'discipli-
ne aussi rigoureuse que librement
consentie.
On ne saurait trop insister sur ce
point, que les Gauches eussent été écra-
sées si, fidèles aux méthodes que le
néo-socialisme anarchisant s'efforce
d'imposer en France, elles avaient été à
la bataille en ordre dispersé. La Droite,
- unie, ho&ogètofy- softmi§e S la forte dis-
cipline" de l'Eglise militanlê, les eût
écrasé partout..
Chefs et troupes onï senti le peril. On
à préconisé partout le cartel libéral-
progressiste-socialiste. C'est-à-dire la
liste unique de tous les candidats de
gauche, avec, comme plateforme:, la
lutte contre la loi scolaire et l'applica-
tion S tous les collèges électoraux du
système 'de la R. P. On l'a réalisé par-
tout. Eii vain, les cléricaux escomp-
taient le souvenir des luttes très vives
qui ont, de tout temps, existé dans
tous les grands centres, entre libéraux,
progressistes et socialistes. Sous l'in-
fluence des chefs, avec le consente-
ment de tous, la trêve générale a été
signée. L'accord s'est fait contre l'en-
nemi commun. On a vu avec quel suc-
cès. Le gouvernement belge aura a voir
quelle attitude lui commande cette vic-
toire si décisive.
Pour nous, nous ne pouvons que
nous réjouir de ce succès. La Belgique,
cette terre classique des libertés com-
munales, vient de montrer aux partis
d'avaht-garde ce que l'on peut réaliser
avec cette formule : « l'union pour l'ac-
lion ÏÏ.
Souhaitons que la leçon serve
d'exemple ici-même. Bien aveugles se-
raient ceux qui n'en voudraient point
tenir compte, lors de la prochaine ba-
taille.
Emile DESVAUX,
* Conseiller municipal de Paris.
LA POLITIQUE
LE VOTE DU BUDGET
Le vote du Budget, ce n'est
pas toute l' œuvre des Cham.
bres, c'en est du moins la par-
tie qui souffre le moins de re-
tard et il semble bien. que la
Commission du budqel enten-
de ne te point retarder.
MM. Pelletan, Thomas et Sembat Vont
congrûment exhortée à examiner les
propositions du Gouvernement : elle
n'y a pas jailli ; en conséquence de quoi,
par dix-sept voix contre, quatre, elle a
refusé de s'associer aux récriminations
de MM. Sembat, Thomas et Pelletan.
Elle adopta le principe de la convention
avec la Compagnie de l'Est. et, sans
'désemparer, passa à la discussion des
articles.
Par son, attitude et sa résolution, la
Commission du budget a montré qu'elle
se fait de son rôle une idée qui est très
propre à bouleverser toutes les notions
parlementaires des socialistes unifiés :
elle juge qu'elle est faite, non pour
compliquer la tâche de la Chambre,,
mais pour la simplifier.
Tous les. 'contribu.ables l'approuve-
ront. Qu'elle en termine, au plus vite,
avec l'examen dit Budget; puis, la dis-
cussion générale ouverte devant la
Chambre, qu'elle s'oppose, avec la der-
nière énergie, au sabotage auquel ont
accoutumé de se livrer les démagogues,
par l'incorporation, dans la loi de Finan-
ces, de propositions aussi dispendieuses
que saugrenues
La Commission "du budget a une utile
et difficile fonction à remplir : non seu-
lement, par un examen préalable, sévè-
re et minutieux, préparer la besogne 'du
Parlement et hâter son vote, mais en-
core. et surtout défendre et sauvegarder
l'équilibre 'des finances nationales con-
tre Vinitiative parlementaire en matière
de finances.
Evidemment il ne lui appartient pas
de délimiter l'éloquence 'de M. Brizony
ni de prévenir toute altercation entre
M. Lagrosillière et M. Delahaye. Mais,
pour prolongés ou violents qu'ils soient,
les contribuables prendraient aisément
leur parti des incidents de séance, s'ils
n'avaient une fâcheuse répercussion sur
le poids 'de l'impôt et le nombre 'des
douzièmes provisoires. Pourquoi faut-
il, hélas ! pendant que la Chambre est
livrée aux séances,que les Commissions
ne puissent pas faire le travail de la
Chambre l
: 111 Il" Il A
Les On-Dit
:+.-.
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi l
Lever du soleil1: 6 H. 26m. (tu matin..
Collier '#j- splal 3 j b. â ;m. sc êr*
i »
Tever de Ta lune ? ? Ii. 39 ïft. du aoatirf.
Coucher de la lune : '4 b. 18 m. du soir.
Courses à Paris (Handicap d'Octobre,
Prix de Senlis)*
'AWGURD'HUI:
Rien ne se perd
—■■ 1. ■ ■ h mt 1'
Un ingénieur brandebonrgeois, M. Sigis-
mond Sborowitz, a réussi à transformer -
les cendres de l'industrie en marbre d'une
durée exceptionnelle., -
M. Sborowitz. en se servant seulement
de quelque vieille marmite, d'un fourneau
à gaz et d'une presse vétusté, a obtenu en
une demi-heure des plaques de marbre qui
ont la dureté du fer. Le prix de revient de
ce produit est naturellement inâme.
Deux poids.
-:+8-+;-
Le parquet réserve décidément toutes ses
rigueurs aux balivernes.
Après avoir poursuivi un dessin- d'ail-
leurs charmant de Poulbot : « La première
cigarette », voici qu'il est pris d'un nouvel
accès de pudibonderie et s'en prend à quel-
ques hommes de lettres qui ont offensé la
pudeur recroquevillée de M. le sénateur Bé-
renger, en même temps qu'à un Don Juan
coupable d'avoir enlevé une jeune fille qui
ne demandait qu'à le suivre.
C'est, dans le premier cas, associer la
iustice à un geste grotesque, et, dans le
second cas, la compromettre dans une af-
faire où la musique paraît jouer un certain
rôle.
Pendant ce temps-là, des criminels de
droit commun. — et les plus abjects parmi
les criminels : des agents provocateurs, —
jouissent d'une impunité vraiment scanda-
leuse.
Il n'est plus contesté par personne que
Métivier soit responsable des meurtres de
Draveil-Vigneux, qu'il ait participé à une
tentative de déraillement, qu'il ait déposé
une bombe chez notre confrère, Emile Mas-
sard.
Ces méfaits ne sont-ils plus considérés
comme crimes de droit commun ?
Pourquoi le parquet, si sévère quand il
s'agit de peccadilles, se montre-t-il si ac-
commodant pour d'abominables forfaits ?
Métivier se repose sur la Côte d'Azur. Son
adresse est connue de tout le monde. Qu'at-
tend-on pour l'arrêter ? Sans doute qu'il
ait cherché une retraite plus sûre ?
M Lépine veut-il pouvoir alléguer, com-
me pour le voleur de la Joconcle et le cais-
sier du Suez, qu'il ne sait plus où l'aller
prendre ?
Qu'est-ce que cette comédie policière ?
Qu'est-ce que cette parodie de justice ?
———.—————————————————— '» —
Paris la Huit
Les déménagements à La cloche de Bois
sont devenus presque impossibles : des
"gardiens vigilants se tiennent prêts, sur
cordre de M. Lepine, à prêter main-forte
aux concierges à qui d'astucieux locataires
tenteraient de brûler la politesse en empor-
tant leurs meubles,,
Les propriétaires peuvent dormir Iran-
quilles.
Malheureusement, ils ne sont rassurés
que sur le sort des meubles garnissant
leurs maisons de rapport. Ceux de leurs
hôtels particuliers sont beaucoup moins eu
sûreté. La surveillance de la police se con-
centrant aux environs des locatis à bon
marché, les collections et les bibelots rares
des hôtels particuliers disparaissent com-
me par enchantement).
En sorte que, grâce à l'habileté profes-
sionnelle du préfecticule que l'Europe nous
envie, la cloche de bois est devenue le mo-
nopole exclusif de messieurs les cambrio-
leurs.
Les concierges des quartiers riches se
plaignent amèrement de la rareté des
agents. Ils ne peuvent être partout à la fois
et M. Lépine trouve que les revenus je ses
immeubles sont plus intéressants que les
meubles de M. de Gontaut-Biron.' Tout dé-
pend du point de vue où l'on se place.
-
Mauvaise plaisanterie
..* 0 +:-
La Compagnie générale des Omnibus
a des trouvailles qui vont combler d'aise
les vaudevillistes et les revuistes de fin
d'aanée.
Il s'agit, d'ailleurs, des théâlres.
L'administration, chèro à M. Etienne, an-
nonce que, bientôt, une voilure stationne-
ra à la sortie de chaaue salle de spectacles,
pour ramener chez eux les spectateurs.
On ne voit pas bien à quoi servira cet
unique véhicule.
II n'y aura évidemment pas des places
pour tout le monde.
Puis, quel parcours - suivra-t-il ? S'il em-
mène vers Passy les braves gens de Vin-
cennes, ça leur fera encore un peu de cher
ffiin à faire à pied.
S'il erre dans Paris jusqu'à ce qu'il ait
reconduit tous ses voyageurs à domicile, il
v en a qui ne rentreront chez eux qu'à huit
heures du matin.
Il faudra prévoir un compartiment-res-
taurant pour le petit déjeuner.
La Compagnie générale des Omnibus en
a de bien bonnes 1
-——————————— » —.
Constatation
Notre distingué confrère W. Scrieyx
écrit dans l'Eclair ;
« S'il est déjà difficile d'arborer l'unifor-
me au théâtre dans un style qui soit jugé
impeccable par les connaisseurs, combien
davantage est délicate la mise à la scène
d'un personnage ecclésiastique !. »
« .Plus encore, en effet, que l'habit mi-
litaire, l'habit religieux demande, pour
donner une impression do vérité, à êlre le
reflet d'un étal d'âme adéquat au caractè-
re sacerdotal d'un costume qui n'est pas
un vêtement, mais un symbole. Il y a là,
certes, une condition à laquelle il n'est
point commode de satisfaire. Or, quand
elle n'est pas remplie, il en résulte fatale-
ment une déformation caricaturale, pénible
et regrettable à tous égards. s
Ce qui revient à dire que l'immense ma-
jorité des ecclésiastiques manquent de cet
.état d'àme adéquat au caractère sacerdo-
tal de leur costume.
On en rencontre, en effet, beaucoup plus
de caricaturaux que de franchement sym-
pathiques. •
Nous demandons, en conséquence, qu'Usa
s'habillent avec des vêtements au lieu de
s'habiller avec des symboles.,
Les Affaires du Maroc
- > ■ w > ■ ■ ■ ■
.- ,:.. , »
LES NEGOCIATIONS
Il n'y a pas eu d'entretien hier à Berlin
sur les compensations congolaises.: La
réouverture du Reichstag a sans doute em-
pêché M. de Kiderlen-Waechter de voir M.
Jules Cambon. Comme on le verra plus loin
dans le compte rendu de la séance du
Reichstag le chancelier a fait connaître
que, dans l'état actuel des négociations ma-
que dans
rocaines et tripolitaines, il ne pourrait pas
prendre part à des débats sur la politique
extérieure. Comme un débat à ce sujet au
Reichstag sans la participation du gouver-
nement ne présente aucune utilité, les chefs
de parti ont décidé d'ajourner provisoire-
ment là discussion des interpellations, tout
en réservant le droit du Reichstag.
M. de Bethmann-Hollweg est très dési-
reux d'être en mesure d'apporter très pro-
chainement des précisions au Reichstag,
notamment sur l'accord avec la France. Le
gouvernement français partage certaine-
ment ce désir. Toutefois, on ne peut atten-
dre de lui que, pour hâter un dénouement
souhaité de tout le monde, il sacrifie des
intérêts considérés comme essentiels. Son
intention de consentir à l'Allemagne une
compensation territoriale suffisante n'a pas
varié. Il dépend du gouvernement allemand
en ne soutenant pas des prétentions exagé-
rées, de mettre heureusement fin à de pé-
nibles négociations qui durent depuis plus
de trois mois.
LE CHANCELIER AU REICHSTAC
Berlin, 18 octobre. — Le Reichstag s'est
réuni aujourd'hui à une heure -et quart.
Dès le début de la séance on remarquait
à la table du Conseil fédéral le chancelier
de l'empire, M. de Bethmann-Hollweg, et
M. de Kiderlen-Waechter,
Le président a donné aussitôt la parole
au chancelier ; -
« Je suis prêt à répondre aux interpel-
lations sur la politique extérieure. Je tiens
pour pleinement justifié le désir du Reich-
stag d'obtenir du gouvernement, aussitôt
que possible, des indications sur la situa;
tion extérieure. Dans une lettre que j'ai
adressée hier à votre président j'ai exposé
les raisons pour lesquelles je crois devoir
aujourd'hui refuser de répondre et me ré-
server l'indication du moment auquel je
pourrai donaeç de§ explications.
-
- 04 l' .- i 1
« Quand ce moment sera arrivé je ne
manquerai pas de le faire savoir au prési-
dent. A mon avis, le Reichstag ne se sé-
parera pas sans qu'on ait discuté ici de la
politique extérieure t.
A en juger par les conversations de cou-
loir, l'impression produite par la courte
déclaration du chancelier est favorable. Les
partis du Reichstag semblent être satis-
faits de ce que le chancelier, bien qu'ayant
déjà expliqué la difficulté de sa situation
dans une lettre au président du Reichstag,
ait jugé opportun, après les délibérations
de la réunion des chefs de groupes, de ve-
nir presque prendre l'engagement devant
l'Assemblée de répondre avant la clôture
aux interpellations sur la politique exté-
rieure de l'Allemagne.
Les députés socialistes font remarquer
qu'il en eût été différemment peut-être si,
du temps do Bismarck, le Reichstag avait
prétendu discuter des questions de politi-
que extérieure. On peut donc croire que
les députés attendront avec patience pen-
dant deux ou trois semaines encore que le
chancelier se déclare prêt à leur répondre.
FRANCE ET ESPAGNE
Madrid, 18 octobre. - Bien que certains
journaux annoncent que les préliminaires
des pourparlers franco-espagnols seraient
déjà engagés, ces pourparlers ne repren-
dront pas avant que les négociations de
Berlin, au sujet des compensations congo-
laises soient terminées ou tout au moins
plus avancées.
Le colonel Burguete, chargé de l'occupa-
tion éventuelle d'Ifni, est arrivé des Cana-
ries afin de conférer avec le gouvernement.
UN ARTICLE DE LA
S NOVOIE VREMIA »
Saint-Pétersbourg, 18 octobre. - Dans
un article qu'elle publie aujourd'hui, la No-
voieë Vrémia déclare que « la France est
en mesure de résister faéilement aux exi-
gences démesurées de Berlin dans la ques-
tion des compensations congolaises.
« L'Allemagne, ajoute le. journal, lest çlu9
que jamais isolée : l'Italie est tout entière
à la guerre et l'Autriche est absorbée par
son désir, do paralyser rfeffet de§ succès
-':.:.!.,' .',.,":'" - ;. - -".-
.,. ";. - -
, NOS CHRONIQUEURS --'
e" - 7- -
Au Jardin du Luxembourg
A a i ar d ia n d < > ■■■ ■■ ..i ■
J'aperçois Rupert. Vois : Il va, comme S
l'babitude, tout à ses pensées d'illuminé.
Que fait-il ici ? La mélancolie du jar.
din qu'octobre effeuille ne l'émeut pas. Il
est trop occupé de ses rêveries humanitai-
res. L'aborderons-nous ?
— Noue ne sommes pas venus au Luxem-
bourg pour parler de l'avenir de l'huma-
nité. Laissons-le, et, nous aussi, rêvons !
Mais rêvons d'autre chose. La nature, la
poésie, l'art et l'amour étaient notre entre-
tien. C'est le seul ami qui convienne à no-
tre humeur, comme à notre âge. Tu me
parlais, tout à l'heure, de cette jeune fille
qui sera ta femme, avec une émotion de
joie dont ta voix était toute vibrante. Je
t'assure que je m'associais à ton enthou-
siasme et que je prenais plaisir à t'écouter.
— Merci à toi, cher ami, de te montrer
heureux de mon bonheur. Ah ! quand tu la
connaîtras 1 Mais que te dire encore ? Je
me répéterais, et tu te fatiguerais.
— Non, certes ! Il est des amoureux qui
ennuient, parce qu'on doit les en croire sur
ce qu'ils disent d'une beauté que la 'banalité
de leurs louanges ne sait pas figurer. Mais
toi, tu es bien un artiste. Tes paroles
peignent et sculptent. Oui, vraiment, je
l'ai vue, tandis que tu l'évoquais, je l'ai
vue inscrire sur le clair de l'été d'azur eb
d'or sa ligne pure, ta belle Tanagra.
-*-Ce sera ma souffrance, je le prévois,
d'envier aux yeux dés autres, Ta part d'elle
qu'ils ne me laisseront pas toute à moi.
— Je connais aussi cette jalousie et qui
fait tout de même du mal.
— Absurde, -en effet, car je suis parfai-
tement sûr que nul autre que moi n'aura
d'elle seulement une pensée.
— C'est la crainte, qu'on rougirait de
s'avouer à soi-même, de perdre ce qu'oD
n'est jamais bien sûr de mériter absolu-
ment.
- C'est cela, sans doute.
- Naïveté de Rupert, qui rêve entre tous
les hommes le partage de toutes les félici-
tés ! Il y aura toujours des élus, des privi-
légiés, inquiets d'ailleurs eux-mêmes dans
la possession de biens, que d'autres leur
envieront et leur disputeront.
— Je reconnais qu'elle n'est pas exempte
d'égolsme, cette jalousie de mon amour
qui voudrait que ma bien-aimée ne fût belle
que pour moi.
- Egoîsme bien humain, cher ami.
Quand les meilleurs de nous l'auront dé-
pouillé, il y aura des anges sur notre hum-
ble planète, et le paradis de Rupert com-
mencera d'être une réalité.
Rupert est convaincu que nos faiblesses
ne sont pas inhérentes à notre nature,
mais qu'elles sont dues à des erreurs de
jugement que l'éducation de la raison peut
redresser.
- 0 logique, très auguste, que ton rè-
gne arrive, et ta.vertu fera des miracles !
Il n'y aura plus sur cette terre que de
purs esprits.
- - Et pour lui faire place nette, que
roule et s'abîme l'édifice de perdition que
les hommes de chair et d'os ont élevé, au
'prix d'efforts, qu'ils admirent avec com-
plaisance, en l'appelant civilisation.,
— Quel mystique, ce furieux tendre qui
ferait sauter Paris pour le salut de l'hu-
manilc !. Il nous a vus.. Le voici qui vient
vers nous.
— Il faut l'avouer, il n'a pas un Visage
banal. Ce haut front pur, ces profonds
yeux noirs qui s'éclairent quand il parle,
ce sourire amer, mais non sans bonté.
On voudrait lui donner sa sympathie tout
entière.
— Bonjour, ami Rupert.,
— Bonjour, chers amis
- Homme au verbe vengeur, quel réqui-
sitoire étais-tu en train de perpétrer con-
tre l'infâme société î
— Lis, la semaine prochaine, Le Cri 'de
l'Homme, aimable railleur, et tu sauras à
quoi t'en tenir. Mais ne t'y trompe point.
Je n'ignore pas que des phrases n'ont ja-
mais rien vengé du tout. Les crimes contre
l'humanité ne se châtient pas avec de l'en-
cre d'imprimerie. Les mots utiles sont
ceux qui préparent les actes nécessaires.,
— A ce qu'il nous semble, doux apôtre
de la fraternité universelle, tu te proposes
d'exciter au sabotage les lecteurs ingénus
du Cri de l'Homme.
— Au sabotage, d'abord. C'est flfi la be-
sogne excellente.
- Et même au meurtre ?
- Mais oui 1
e-? Voilà qui va bien..
e~. Il n'était pas encore allé jusque-là*
- J'étais trop timide. La logique m'x
conduit
-. Ta logique te mènera en Cour d'assi-
§es.
- Je m'y attends.
A la bonne heure P
s;.;. Je risquerais ma vie aussi Tacilement
que ma liberté- Je serais infâme, si j'a-
vais peur,
** Quel dommage qu'une nature noble
comme 14 tienne se laisse séduire à des
billevesées qui ne sont même pas inotfen-
sives.
- Billevesées ! Allons, tu n'as cone
d'yeux et de cœur que pour le jus de tes
tubes de couleur, artiste 1
- Avec quel dédain tu l'appelles artis-
te 1 Il semble que dans ta bouche ce mot
soit une injure.;
lioIiI N'en crois rieïï., Autant que lui et
que toi" j'aime l'art et la beauté. Je les
voudrais pour tous. Peintres, sculpteurs,
-ii t Ma JâSïrëê» Me
largesse de vos dons au peuple, qui ne vouâf
méprise pas et que vous méprisez. Poun,
cette raison, vous n'êtes plus capables d,
vrais chefs-d'œuvre. Vous n'êtes plus qu
des fournisseurs, qui aspirent surtout auxi
grasses rémunérations, d'amusements
plus ou moins distingués pour ceux qui -ae.4
disent des intellectuels et pour ceux qu
vous-mêmes vous appelez des snobs.. ;
- Nous ne te répondrons pas, Rupert
il y aurait trop à dire.: :
— Je ne tiens pas non pins à engagea
une discussion esthétique. Ces choses o'onf
pour moi, jusqu'à nouvel ordre, qu'Oî$
intérêt très secondaire. Je ne cache pa
que je donnerais une œuvre de génie, oui Ii
et la Joconde elle-même, pour la vie d'u
de ces innocents, qu'il porte le casque àl
pointe ou qu'on le coiffe du képi, que à
main peut-être on enverra se faire tuer, a
frontières.
— Il me semble pourtant que tu fais.
assez bon marché de la vie humaine, tofj
tout le premier. '1
— Non, ce n'est pas moi qui commencé
Mais puisque votre prétendue civilisations
n'a pas encore écarté à jamais l'abomina.,
ble éventualité des tueries entre peuple
que ceux à qui en incomberait la respon-
sabilité y regardent à deux fois !
— Malheureux I Quels seraient ces rqéwl
ponsables ?
— Je n'ai que l'embarras du choix.,
— Alors, c'est la révolte insensée contre
la guerre, que la France te veut pas, à:
laquelle elle ne se résoudrait qu'à la suite
d'un odieux déni de justice, prétexte vou-
lu d'une inqualifiable agression, c'est na..
surrection contre la légitime défense poun
l'honneur et pour l'existence même que tu
vas prêcher aux pauvres gens qui te ij*
ront et te croiront ?
— Oui, parce que je suis un sans-patrie,
de par ma volonté réfléchie, qui m'adres.
se à des sans-patrie de fait. La patrie,}
c'est bon pour vous qui y voyez à boot
droit la somme des avantages matériels
et moraux dont vous bénéficiez. Pour cfe
gueux qui passe, à moins qu'il n'ait rme;
d'un fétichiste, c'est une dérision. Qu'est-
ce qu'il lui en revient, à lui ? La vie chè-
re qui le met en peine de savoir ce qeJ
lui et les siens mangeront demain. f
— Ce souci lui sera donc plus léger, lors*
que l'Allemand fera la loi chez lui ?
— Un jour viendra où des 'hommes, quels
qu'ils soient, ne feront. plus la loi à d'ath
très nommes.
—Mais, à quand ce jour, rêveur néfas*
te, à supposer qu'il ouvre l'ère béate de
la paix anarchique ?
- Quand la répression contre lcdéses*
poir, quand-la violence contre la délresse"
apparaîtront tellement comme la nécessité',
de l'état social que tu approuver, que le,
peuple verra clair enflh, et, d'un sursaut
de colère, le jettera bas. 1
'- Et nous, nous affirmons de toutes les.
forces de notre âme le devoir social da
bonté, de justice, et de concorde, mais;
nous ne croyons - pas que mademoiselle CK
saille, que le citoyen Browning, que lc.,
couteau et la bombe soient les bons OU"¡
vriers de l'œuvre d'amour.
- Je hais le mal et ceux qui le IcnP.. !
- Orgueilleux 1 Qu'est-ce qui te qualifie
pour sonder les cœurs et t'ériger en juge '/;
Ne comprends-tu pas que l'infinie com-
plexité des faits doit au moins suspendre,
tes arrêts ? 1
— Pas plus que toi, Rupert, nous ne fer-,
mons notre cœur à la compassion pour,,
les maux de l'humanité misérable. Cepen-
dant notre conscience ne défend pas à no-
tre jeunesse de goûter les belles joies do
la vie. Oh ! la leçon d'harmonieuse mesu-
re et de douceur inqulgente que te donne-
rait la grâce si française de ce jardin dé-
licieux, si tu savais, si tu voulais l'enlén-
dre, et qu'alors tes sombres anathèmes le
paraîtraient à toi-même forcenés et bar-
bares ! ,"
- - Adieu, amis, je n'entends que la cla-4
meur immense de tous les déshérités.
- Puisses-tu ne pas ajouter à leurà
maux 1
- Eugène HOLLANDE.,
———■—■ — 40 — r-
LE BUDGET-DI 1912
.,. ',
SON EQUILIBRE
Le ministre des Finances a eu, hier soir.
Une entrevue avec le président et le rappor-
teur général de la Commission du budget,,
auxquels il a fait connaître ses propositions
pour l'équilibre du budget de 1912.
Un sait que le système d'équiiibre pré-
senté par le ministre a été dérangé par 3a^
décision de la Commission du budget de re-
pousser l'impôt sur. l'éclairage au gaz efe
à l'électricité.
La situation budgétaire se présente de Ir.
manière suivante :
L'abandon de l'impôt sur l'éclairage fait
disparaître une ressource de 15 millions.
D'autre part, des calculs plus précis ef-
fectués depuis le dépôt budget permet-
tent de constater que le cervlce de la ga-
rantie d'intérêts des chemins de 1er exige-
ra 7 millions de plus que les prévisions prix
mitives pour les, deux Compagnies de l'Or-
léans et du Midi.
L'insuffisance de ressources £'éJèvcr.i'
donc en totalité à 22 millions.
Par contre, il y a lieu de tenir - finËôDta
de quatre millions d'économies décidées £ >art
la Commission du budget.
Secondement l'acceptation — à peu près
Certaine — l¥ ItiqpmW QlJ çystè*
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