Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-10-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 octobre 1911 14 octobre 1911
Description : 1911/10/14 (N15191). 1911/10/14 (N15191).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7568113q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
T519f. — 23 VEHBCMIÏIIier^Wlî»'^ CTKQ CEHTIME* CE RUM £ RO
UMEDI 14 OCTOBRE 1911. - Mè 15191.
LE - SIECLE
ANNONCES
AUX BUREAUX DU J
~H, lksil. de Strasbourg et 71, rue du Fâub.-St40Ptîr», p.
Et ch. MM. LAGRANGE, CERF et Cie
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FONDATEU R. EDMOND ABOUT
I TÉLÉPHONE : 424-90 et 424-91
Adresser lettres et mandats à F Administrâtes*
:. TRIBUNE LIBRE :
L ..,.-'-=--
Le Congrès de Nîmes
et la Politique générale
—— > ■>+<■ » —-—-—-
Un vôuclra bien permet-
tre à l'un 'de ceux qui ont
minutieusement suivi les vi-
vantes séances du onzième
Congrès radical de dire li-
brement son opinion sur le
capital débat de samedi après-midi,
séance présidée avec autant de ferme-
té que de bienveillance par M. Gaston
Doumergue.
La matière fi l'ordre du jour était
'd'ordre délicat : la confiance à accor-
der ou à refuser au ministère Cail-
jaux.
Nous sommes heureux de souligner
ici tout le caractère de joyeuse spon-
tanéité et de plénitude de la résolution
acloptée.
Le Parti radical soutient le cabinet
Caillaux, il n'y a aucun doute à cet
'égard. M. Caillaux fait la politique que
désire l'ensemble de nos militants. A
ceux qui s'étonneraient encore — com-
me le vieux lutteur Pelletan — de ce
qui peut paraître un ostracisme à l'é-
gard des socialistes, il suffit de rappe-
ler que ce sont ceux-ci qui ont com-
mencé les premiers à nous combattre
à la fois par la haine et par l'équivo-
que.
Les temps d:e l'ancien Bloc sont ré-
volus. Depuis Amsterdam, M. Jaurès
et ses amis en ont ainsi décidé. Aggra-
vé par les inavouables pactes avec la
droite el par les lâches complaisances
vis-à-vis de l'antipatriotisme, le conflit
est aujourd'hui à l'état aigu.
M. Caillaux l'a admirablement com-
pris L'illusion de M. Monis fut de croi-
re qu'on pouvait compter sur ceux qui,
prêchant l'abandon du poste devant
fcnnemi, sont aussi capables de déser-
ter le devoir en pleine bataille parle-
mentaire. Aucun gouvernement radi-
cal ne doit et ne peut gouverner pré-
sentement avec le concours des collec-
tivistes pour bien des raisons, dont la
plu? concluante est que ceux-ci n'hési-
teraient pas à le lâcher à la première
difficulté.
Dans le Congrès, des vitupérations
véhémentes se sont élevées contre les
procédés de lutte électorale mis en vi-
gueur par l'unification. Il fallait en-
tendre les clameurs indignées dont on
vengeait les défaites glorieuses des ré-
publicains vaincus par les coalitions.
Pelletan absent — Pelletan dont on
peut ne pas approuver toutes les atti-
tudes, mais dont la rude allure donne
à nos assemblées un caractère si pit-
toresque et représente la vaillante tra-
dilion (les anciens — aucune voix d'op-
position ne s'éleva dans le Congrès. Le
cabinet Caillaux a ainsi solennellement
reconstitué l'union radicale, que Rouen
avait révélée précaire, dans la crise
politique provoquée par un Ministère
précédent.
Faut-il considérer comme des diver-
gences l'intervention de M. Herriot et
celle celle de M. Ferdinand Buisson ?
Nullement.
Nous croyons, pour notre part, que
notre éminent collaborateur, le maire
de Lyon, a rendu à la fois au Congrès
et au Ministère un service précieux en
substituant à un texte trop précis une
formule plus large. ,
Il est entendu que l'actuelle majorité
se compose de quatre groupes : Union
démocratique, radicaux, radicaux so-
cialistes, socialistes indépendants.
Est-ce que certains unifiés ne sont pas
capables de clairvoyance et de repen-
tir ? Est-ce qu'ils ne céderont pas aux
suggestions de la nostalgie républicai-
ne ? Et d'autre part, qui peut garantir
la fidélité au nouveau Bloc des élé-
ments les plus modérés de la majorité,
quand interviendra le vote des lois fis-
cales et sociales ? Ah ! sans doute, lé
esbinet Caillaux aura fcrëê un tel cou-
rant de démocratie réalisatrice que fout
républicain, clîgïïë de ce nom, le sui-
vra dans les étapes de la route. Maïs
il a été prudent de ne pas enfermer la
majorité ministérielle dans 'des com-
partiments rtgidêS. Et M. Caillaux se-
ra heureux de ce que, sur l'interven-
tion de M. Herriot, toutes les perspec-
tives de l'avenir lui aient été réservées.
L'addition proposée par M. Buis-
SON constituait-elle un 'désaveu de la
politique ministérielle ? Personne ne le
croira, quand on voudra bien noter
qu'elle a recueilli la même unanimité
que l'ordre du jour et qu'elle s'est sim-
pjement inspirée de considération d'é-
quité et d'humanité auxquelles un gou-
vernement républicain n'est jamais in-
sensible. Le cabinet de M. Caillaux
n'hésitera certainement pas — comme
il l'a fait jusqu'à Sb jour — à s'ûitércs-
ser au sort des cheminots révoqués. Ce
sera son honneur et sa iorce.
Si nous avions à livrer toute noire
pensée au Gouvernement, si nous
eavons a lui faire confidence des pro-
pos échangés avec les individualités
les plus marquantes de notre Parti
présentes à Nîmes, nous lui dirions :
« Vous êtes un gouvernement heureux.
Vous avez tous les atouts en main. Par
votre souci 3e l'ordre, vous avez ras-
suré tous ceux Qu'avaient effrayés les
convulsions de l'anarchie et les monn-
ces au sabotage.
)> Par votre ambition de progrès,
vous avez réconforté tous ceux qu'avait
découragés une stagnation trop longue.
Vous n'avez d'ennemis qu'à droite et
à l'extrême gauche. Les hommes du
centre ont pour vous de la méfiance.
Voilà bien des conditions de longue
vie !
« Vous avez devant vous la plus belle
des perspectives : continuer la tradi-
tion des cabinets Waldeck-Rousseau
et Combes. Comme eux, vous durerez
en travaillant, avec la démocratie radi-
cale et radicale socialiste, pour un
pays qui veut évoluer et grandir, pour
la France qui, plus spontanément que
jamais, confie ses hautes destinées à
la République des républicains ! »
Albert SAUZÊDE,
i
LA POLITIQUE
+.+---"
LES ALLIES DE M. PIOU
La tempête est apaisée- qui
s'éleva, hier, sous le crâne de
M. Pi ou.
1 M. Piou avait juré qu'il ob-
tiendrait, sur les négociations
lranco-allemandes,une réponse de M.de
Selves. M. de Selves a répondu qu'il ne
répondrait pas, et M. Piou s'£st déclara
satisfait.
Félicitons M. de Selves et félicitons
aussi la Commission du budget de ne
s'être associée, à aucun momenl,co'mme
l'écrit son président, M. Cochcry, à la
manifestation de M. Piou.
Celui-ci, pourtant, eut des « asso-
ciés ». Oui, les révolutionnaires du parti
unifié, et c'est la leçon qu'il importe de
retenir..
Qu'il s'agisse de politique intérieure
ou de politique extérieure, à chaque
fois que l'occasion se présente d'entra-
ver l'œuvre du parti républicàin au
pouvoir, lesconservaeurs sont assurés
de pouvoir compter sur Vaide des révo-
lutionnaires : ils n'ont point besoin de
la solliciter, elle s'offre d'elle-même. Il
n'est pas, comme on sait, une seule des
grandes lois d'émancipation ouvrière
ou de progrès démocratique qui n'ait
dû triompher, pour être votée, de la
coalition des gens de la conservation SlJ-
ciale et de ces théoriciens du « tout ou
rien », pontifes de la démagogie, qu'Eu-
gène Foumière, directeur de la Revue
Socialiste baptisa : les curés de la So-
ciale.
Les cléricaux, 'dans le Pays, fon félire
'des unifiés. Les unifés, à la Chambre,
travaillent avec les cléricaux à fairé,
avorter la République.
En matière de politique intérieure, la
démonstration de ce parlait accord
avait été produite cent fois. Elle n'est
-plus à faire, depuis hier, en matière de
politique extérieure.
Il en résuTte que le 'devoir de la m'a.
jorité radicale et radicale socialiste ne
saurait faire auicun doute
Le président 'du Conseil, dans sa Dé-
claration aux Chambres ci, depuis, à
maintes revrises, MM. Dalimier et Char-
les Dumontl à Ntrrtes, et avec eux, tout
notre parti, Vont tracé.
Pas de faiblesse vis-à-vis 'des Piou et
'des Monprofit, pas de complaisance
pour les Gustave Hervé et les Griffue-
lhes. Exclure les uns et les autres, ce
n'est pas les isoler, ; ils se tendent les
bras*
Les agents provocateurs
M. Daniel Renoult, notre confrère de l'iïu-
manit, occupe les longs loisirs que lui
laisse l'élaboration des plans de la Cité Fu-
ture, à faire de sensationnelles découver-
tes.
C'est ainsi qu'il vient d'apprendre au pro-
létariat conscient, que notre récente pro-
testation contre les odieuses machinations
des agents provocateurs, n'était qu'une di-
version inspirée par nos amis du Gouver-
nement.
Il n'y a pas lieu d'attacher beaucoup
d'importance à ce genre d'argumentation.
Pourtant, M. Daniel Renoult nous permet-
tra de lui faire observer qu'il nous est bien
permis d'avoir des amis dans un gouverne-
ment où il a lui-même un frère !
Il est entendu que nous soutenons nos
amis — même au pouvoir — dans la limite
où eux-mêmes soutiennent nos idées.
Seulement, nous n'avons pas attendu la
formation du ministère Caillaux pour ju-
ger sévèrement certains actes du gouverne-
ment de M. Clemenceau.
Le 2 août 1908, nous écrivions, à propos
de l'émeute de Villeneuve-Saint-Georges :
« En opposant à des soldats énervés par
les insultes, exaspérés par les coups, de
malheureux ouvriers surexcités, chauffés à
blanc par les meneurs, une catastrophe
était inévitable. Elle s'est produite, et nous
le déplorons douloureusement.
« Le moment n'est pas venu d'établir
exactement toutes les responsabilités, ni de
rechercher pourquoi, au lieu de prévoir, le
Gouvernement s'est laissé acculer à la ré-
pression.
« Un fait ne paraît pas douteux, c'est que
certains grévistes, entraînés par des provo-
cateurs — qui n'ont jamais été des ouvriers
- se sont livrés aux pires violences ; ils
ont participé a des attaques à main armées
et, dans ces conditions, ce CDui est arrivé ne
pouvait plus ne pas arriver ».
« Que les ouvriers aient la sagesse de
ne pas perdre leur sang-froid, et de ne pas
se mêler inconsidérément aux émeutiers
de profession qui surgissent aux heures
troubles, et dont on ne recherche pas suf-
fisamment l'origine et les mobiles.
« Ce ne sont pas les ouvriers terrassiers,
réduits à la misère par les grèves, qui ont
l'argent nécessaire pour acheter revolvers
et munitions ; pas plus qu'ils n'ont coutu-
me de s'en munir et encore moins de s'en
servir ».
« .S'ils se laissaient duper au point d'en
sortir, ils s'exposeraient aux pires repré-
sailles, au plus regrettable échec. »
Le 14 du même mois nous précisions î
« Suivant certains témoins, de véritables
agents provocateurs se seraient mêlés aux
manifestants et auraient donné le signal
des violences. Qu'en faut-il croire ?
« M. le juge d'instruction de Corbeil « qui
reste seul saisi des actes de rebellion »,
comme dit un. communiqué officie], trouve-
ra assurément des éléments de confirmation
ou d'infirmation de ces témoignages qui
ont dénoncé la présence d'agents provoca-
teurs.
« D'ailleurs, n'en déplaise au Temps, la
question est posée. Il y faudra répondre.
Notre confrère sait bien que le gouverne-
ment dont il s'improvise avocat d'office,
cherchera, comme nous-mêmes, nous n'en
doutons pas, à ce que la lumière soit faite
tout entière.
« Comment donc et par quel mystère sur-
gissent aux heures troubles des hommes
dont l'action néfaste déchaîne les irrémé-
diables colères ? C'est un problème passion-
nant. Est-ce à dire que ce problème soit
insoluble ? L'enquête sur le point précis
des agents provocateurs s'impose. Désor-
mais elle est inéluctable.
« Il est inadmissible que sous la troisiè-
me République, sans qu'on sache par qui,
pourquoi et comment, les moyens ordinai-
res du lieutenant de police de l'ancien
temps ou de policiers d'un régime plus
proche, soient réédités impunément ».
Ajoutons qu'en nous adressant aux ou-
vriers dans les termes qu'on vient de lire,
et en les mettant en garde contre les ex-
cès révolutionnaires proposés, de toute évi-
dence, par des agents provocateurs, nous
faisions preuve de plus de clairvoyance
que notre confrère Daniel Renoult qui, de
bonne foi, envoya les mêmes ouvriers se
jeter dans la gueule du loup.
Il faut, au demeurant, avoir l'esprit sin-
gulièrement caporalisé, pour s'imaginer
que des amis politiques suggestionnent né-
cessairement, du moment qu'ils sont au
pouvoir.
Que M. Daniel Renoult veuille donc bien
être convaincu que nous saurons, en toute
occasion, conserver, vis-à-vis des nôtres,
l'indépendance qui nous est chère, mieux
qu'il n'a jamais su défendre- la sienne con-
tre l'influence de son « général » Hervé.
Question mal posée
t. ^4 9 —"
De la Pairie :
« Par l'acte d'hier, l'Allemagne, en nous
offrant le protectorat du Maroc, nous a
cédé une option sur un territoire qui ne
lui appartient pas. Aujourd'hui, nous al-
lons discuter avec elle du prix que nous
lui paierons ce qu'elle est incapable de
nous livrer D.
Nous ne doutons pas de la bonne foi de
notre confrère, mais la situation n'est las
du tout telle qu'il la présente. ,
Il est entendu que le Maroc n'appartient
pas à l'Allemagne. Personne ne songe à
discuter cela.
Mais il est également certain que, depuis
l'Acte d'Algésiras et la Convention de 1909,
la France a reconnu à l'Allemagne une si-
tuation spéciale qui lui confère des droits
et des avantages. -
Aujourd'hui, le gouvernement de la Ré-
publique est résolu à mettre fin une fois
pour toutes à l'imbroglio marocain, et —
patriotiquement décidé à donner le Maroc
à la France, — il demande à l'Allemagne
de renoncer à ces avantages et à ces droits.
- L'Allemagne, commerçante avisée, peut-
elle consentir à cette renonciation sans
exiger une compensation ?
C'est cette compensation qu'il s'agit main-
tenant d'étudier. Il faut — et c'est le vœu
exprimé nettement par M. Caillaux — il
faut faire une affaire avantageuse pour les
deux parties, sans sacrifice ni humiliation
pouraucune.
Voilà comment la question se pose. Et le
devoir de tous les bons Français est de
souhaiter qu'intervienne une solution tout
à la fois honorable et profitable pour le
Pays.
Il reste seul.
Si l'illustre Louis Lépine, préfet de po-
lice à ses moments perdus, conserve enco-
re un lambeau de prestige aux yeux de
certains conservateurs apeurés, c'est sûre-
ment que lesdits yeux sont malades, ou que
les illusions desdits conservateurs sont
merveilleusement tenaces.
Paris est mal surveillé. L'apache peut,
en toute tranquillité, à partir de dix heu-
res du soir, vous demander votre porte-
monnaie en échange d'une problématique
clémence. Les banquiers véreux et les ta-
bleaux du Louvre gagnent la frontière avec
célérité et discrétion. Les autobus emprun-
tent indifféremment la voie de terre ou la
voie fluviale. C'est ce qu'on appelle une vil-
le policée.
Au reste, les talents de M. Lépine ne se
bornent pas à l'organisation savante de ces
menus faits-divers.
Ses qualités d'administrateur s'affirment
chaque jour avec plus d'éclat. C'est ainsi
qu'on a pu voir récemment son caissier du
Suez filer avec deux millions, et son con-
trôleur général de la préfecture de police
barbotter, en toute tranquillité d'Ame, dans
la caisse de « l'Amicale », confiée à ses
soins éclairés.
La sécurité dudit contrôleur Bernard
était d'autant plus grande que le petit pré-
fet l'a couvert jusqu'au bout, malgré les
protestations indignées du personnel. Et
l'amour du gnôme pour son sous-ordre alla
jusqu'à lui faire tripatouiller les élections
du conseil d'administration, tandis que
l'intéressant employé tripatouillait les écri-
tures.
Aujourd'hui, tous les hommes, qui ont
quelque respect d'eux-mêmes, veulent aban-
donner « l'Amicale de la préfecture ». M.
Vel-Durand, conseiller d'Etat, fondateur,
s'enfuit en compagnie des commissaires di-
visionnaires Mouquin, Bouvier, Noriot, de
l'inspecteur de la navigation Duprey, des
officiers de paix Martin, Chevreul, Mar-
chand, des commissaires de police Martin,
Guichard, Ducrocq, Simon, des brigadiers
Hollande, Vinaud et du commis Farien.
Le temps est proche où le vieux petit
monsieur, toujours plus parcheminé et gro-
gnon, en sera réduit à errer, solitaire, sur
les bords du canal de Suez, en contemplant
la lune et en comptant les trous qu'il y a
laissé faire.,
Lire en 2° paJle :
LES RETRAITES OUVRIÈRES
ET LE BUDGET
LA GUERRE ITALO-TURQUE
ww >
LES BRUITS D'ARMISTICE ERRONES
A l'ambassade d'Italie comme à l'ambas-
sade de Turquie, on déclare n'avoir reçu au-
cune confirmation du bruit d'après lequel
un armistice aurait été conclu entre l'Italie
et la Turquie.
L'ORGANISATION DE LA TRIPOLITAINE
Rome, 12 octobre. - Deux fonctionnai-
res du ministère de l'intérieur sont envoyés
à Tripoli afin d'étudier sur place l'organisa-
tion administrative en Tripolitaine pour as-
surer les premiers services civils.
ITALIENS MASSACRES DANS LE
H&DJAZ
Alexandrie, 12 octobre. — L'ancien consul
d'Italie à Hodeilah, M. Sola, de passage à
Alexandrie, rapporte qu'il a appris que vingt
ouvriers italiens occupée aux travaux du
chemin de fer du l'Hedjaz ont été massacrés
par les Turcs dans les premiers jours d'oc-
tobr.,
Cette nouvelle est confirmée d'autre sour-
ce et on ajoute que le massacre s'est pro-
duit à Karak.
MANIFESTATIONS ANTIITALIENNES
A ALEXANDRETTE
1ilexandrette, 12 octobre. — L'agent con-
sulaire italien à Alexandrette a été obligé
de quitter la ville et de se réfugier à Lar-
nacà à cause des manifestations hostiles et
eu jet de pierres contre le consulat. Ces ma-
nifestations se sont renouvelées plusieurs
nuits. La protection MijemD4, n'a pu étrç
efficace, les autoritée ottomanes ayant re-
fusé de la reconnaître.
SAISIE DE SAMBOURKS ITALIENS
PAR LES TURCS
Massaouah, 12 octobre. — Les nouvelles
de Djeddah annoncent que les Turcs ont sai-
si dans ce port deux sambourks italiens ap-
partenant A des commerçants de Massa-
ouah.
RESCHID PACHA RETOURNE A
", VIENNE
Constantinople, 12 octobre. — On confir-
me que Reschid pacha retournera immédia-
tement à Vienne occuper son poste d'am-
bassadeur.
LES TURCS NEGOCIERAIENT
A TRIPOLI
Londres, 12 octobre. — Le correspondant
du Daily Mail, à Tripoli, apprend qu'un
courrier méhariste est arrivé avec une let-
tre de Munir pacha, demandant d'ouvrir
des négociations avec le gouverneur ita-
lien en vue de la reddition de l'armée tur-
que.
Ce courrier raconte que les officiers turcs,
ayant tenu conseil, décidèrent, étant donné
qu'ils manquent de vivres et d'eau et que
par surcroît la fièvre serait dans leurs
rangs, de ne pas prolonger la résistance.
Le même journal publie un télégramme
de Constantinople d'après lequel Chevket
pacha aurait reconnu lui-même l'impossibi-
lité de défendre Tripoli,
L'ACTUALITE ¡
r-::+:. -
Les "Affaires du Marou
i ..)+4.. - v - j
Vers l'accord définitif
M. de Selves à la Commission du budget
M. Piou, ainsi qu'il l'avait annoncé la
veille, a profité, hier jeudi de la présence
du ministre des Affaires étrangères à la
Commission du budget pour lui demander
de s'expliquer sur les négociations maro-
caines.
II reconnaît que le ministre a le droit de
ne pas répondre, mais il lui demande de ne
pas user de ce droit d'une façon stricte. Il
estime que le Gouvernement a lui-même
intérêt à ne pas user rigoureusement de ce
qu'il pourrait considérer comme un droit
constitutionnel.
M. de Selves a répondu immédiatement.
M. de Selves constate que M. Piou n'en-
tend pas poser une question au gouverne-
ment. S'il l'avait fait, le «ministre aurait
nettement déclaré qu'il ne pouvait pas ré-
pondre.
Le Parlement a fait crédit au gouver-
nement qui est tenu au silence le plus n
cessaire. Au moment où nous sommes, le
gouvernement sent tout le poids des res-
ponsabilités qui pèsent sur lui. Il ne se
permettra pas de prononcer un mot qui
puisse entraver les négociations.
Il denjande à la Commission de respecter
le crédit que la Chambre lui a fait.
Mais, ajoiite M. de Selves, ce que veut
M. Piou, c'est une manifestation de la part
de la Commission. Est-ce dans le rôle tet
dans les attributions de la Commission du
budget, dans une affaire de politique ex-
téribure, de se livrer à une semblable ma-
nifestation, alors qu'elle ne sait pas l'état
exact de ces négociations ? Est-il bien sur
que cette manifestation, interprétée ailleurs
nous ne savons comment, ne créerait pas
une situation grave ?*
La Commission du * budget ne voudra pas,
dans l'ignorance des choses, faire une dé-
monstration qui pourrait être périlleuse.
Dans peu de temps, on dira au Parle-
ment ce qu'on a fait et il jugera l'œuvre ac-
complie et les résultats obtenus. Confiant
dans le patriotisme de toute la Commission
du budget, comme dans celui de tous les
bons Français, il lui demande de ne rien
ajouter aux difficultés actuelles.
Après quelques observations de MM. Piou
et Sembat, le ministre des Affaires étran-
gères s'est retiré, et la Commission a pro-
cédé à l'audition du ministre de l'Instruc-
tion publique sur différents points de son
budget.
La marche des négociations
Francfort, 12 octobre. '- La Gazetie de
Franc/ort, dans un télégramme de Berlin,
observe au sujet de la question marocaine
que les journaux français estiment que les
poûrparlers sur les compensations seront
fort délicats et dureront très longtemps :
a A notre avis, déclare le télégramme, il
n'y a pas de raison pour qu'il en soit ainsi
étant donné que les deux gouvernements se
sont déjà entendus à ce sujet depùielong-
temps. Il est vrai que si le gouvernement
français, tenant compte de la résistance du
Parlement qui s'annonce ou par égard pour,
certains personnages politiques, présentait
de nouveaux projets, les pourparlers pour-
raient se prolonger indéfiniment. Il ne
dépend donc que du gouvernement fran-
çais de fixer l'époque à laquelle le chance-
lier pourra communiquer au Reischtàg 10
résultat des négociations Jo!
L'Allemagne et les compensations
Cologne, 12 octobre. — On mande de
Berlin à la Gazelle de Cologne :
« Les déclarations de la presse concer-
nant l'affaire du Maroc montrent que toute
la nation allemande réclame une compensa-
tion qui offre un avantage réel à l'Allema-
gne, et non pas un dédommagement pure-
ment apparent et dénué de valeur. Il y a
lieu de penser que le Gouvernement parta-
ge cette opinion et ne négociera que dans
ce sens ».
Le Congo
Berlin, 12 octobre. — Le gouverneur von
Puttkammer revient, dans la Taegliche
Rundschau, à propos de la résolution du
Congrès do Nîmes, sur les compensations
que doit recevoir l'Allemagne en Afrique :
« Ne prenons pas le Congo, dit-il, car l'ac-
quisition d'une partie de ce pays représen-
te pour le Cameroun une charge de quel-
ques millions de marks chaque année. Ré-
clamons Binder, Lamé, Leré et qu'on éten-
de notre frontière jusqu'au bras droit de
l'Ogooué ».
La presse allemande
Berlin, 12 octobre. — La Gazelle de l'Al-
lemagne du Nord a publié hier soir la note
suivante :
« La partie de l'accord franco-allemand
relative au Maroc a été paraphée hier à
Berlin. Les négociations relatives aux com-
pensations ont déjà été reprises ».
Le chancelier a, paraît-il, donné des indi-
cations précises sur le contenu de cet ac-
cord à la commission du Conseil fédéral
pour les affaires étrangères qui tint séance
hier soir. Les négociations sur le Congo,
selon la note de la Gazette de l'Allemagne
du Nord, ont déjà été reprises. Un nouvel
entretien aura lieu, nous assure-t-on, au-
jourd'hui entre MM. Cambon et de Kider-
len-Waechter.
La grande majorité de la presse alleman-
de, tout en réservant son droit de critiquer
l'accord marocain quand il sera connu, est
en général satisfaite de voir qu'on se rap-
proche de l'issue des négociations.
La presse libérale est dans son ensemble
satisfaite :
« C'est un premier succès et un grand
succès, écrit la Gazelle de Voss, pour la
diplomatie française et pour la diplomatie
allemande. Nous espérons que la deuxième
partie des négociations ne sera pas trop
longue ».
Les socialistes, naturellementj se décla-
rent contents :
< Souhaitons que le marchandage à prO'-
pros des marais malsains du Congo dure
moins longtemps que la discussion sur lesi
intérêts miniers de MM. Mannesmann ».1
Les feuilles chauvines continuent à proi:,
tester contre la base même arrêtée par les!
deux gouvernements au cours des négocia-
tions : *
4 Nous ne pouvons pas considérer, décII4,
rent les Dernières Nouveites de Berlin, quef
la signature de cet accord soit avantagent
se pour l'empire allemand ). ,
L'impression au Maroc &
Tanger, 12 octobre. — Toutes les colù*
nies étrangères ici, à de très rares excep-
tions près, sont impatientes de voir la fiix
de ces trop laborieuses négociations fran-
co-allemandes et l'instauration du régime'
nouveau qui ne peut manquer d'apporter,
avec la sécurité l'exploitation économiqua.
du pays. On estime même qu'on n'a jamais;
mis suffisamment en lumière l'étroite soli-4
darité des intérêts internationaux au Ma-
roc, notamment ceux d'ordre économique,
avec la situation politique que la France
réclame dans ce pays.
On s'étonne aussi de l'opinion émise p^SBS
quelques organes de la presse française
d'après lesquels l'accord avec l'Allemagn.
ne nous avancerait pas A grand'chose, par-
ce qu'il faudrait, pour amener la populaà
tion marocaine à accepter notre protecto.
rat, de nouveaux et considérables sacrificesr !
militaires et financiers. Cette opinion est
absolument contraire à la réalité. Il est
vraiment surprenant que l'expérience de
ces dernières années n'ait pas suffi à exor-
ciser l'opinion en France du spectre maro-
cain créé par des voyageurs à esprit cba..
grin et à imagination hyperijolique, qui a;
pesé pendant longtemps d'une manière né
faste sur toute notre politique marocaine.,
Il n'est pas exact que la question maro-
caine présente pour nous d'autres difficul-
tés que celles d'ordre international qu'on
est sur le point de résoudre. L'état d'esprit
des tribus n'a jamais été plus favorable à
l'acceptation tacite de notre prépondérance'
politique. La seule chose susceptible de
diminuer notre crédit près d'elles et de sus-
citer quelques mouvements isolés de ré-
sistance, d'ailleurs facile à réprimer, c'est
la prolongation du débat franco-alleman
La T. S. F. à Fez
La télégraphie sans fil a été inaugurée à
Fez. A cette occasion, le sultan et Sidi
Tarib el Mokri ont adressé à El Hadj Mo-
hammer el Mokri, ministre des affaires
étrangères du suHau, en mission à Paris,
des télégrammes affectueux.
La GQDUQéeioralioo de FarTor
Les psychologues déclarent qu'il, n'y a pai,
que des consciences individuelles. Il y a une
« Conscience s()cile).. Les- grands remous1^
de la société sont faits de l'approbation ou.
de. Jta. réprobation de la • conscience social
le pour des actes qui intéressent et émeu.
vent les masses.
C'est ainsi qu'il y a deux ans, le 13 oc-
tobre, le monde civilisé se soulevait d'hor-t
reur et protestait avec indignation contre,
le jugement, la condamnation et l'exécu*'
tion de Francisco Ferrer. Malgré l'apparen-
ce de garanties légales qu'on voulut donner
au jugement, malgré le caractère juridique
de la condamnation, la foule simpliste et les
juristes d'esprit libre n'hésitèrent pas à
qualifier d'assassinat l'exécution de Ferrer,
La vieille et chevaleresque Espagne, mal-
gré son affreux passé d'inquisitions et
d'exactions monacales, gardait encore gran-
de allure vue au travers des poètes et des
romanciers qui parlaient d'elle. Mais du jour.
au lendemain, après l'assassinat, un tel-
mouvement de réprobation se manifesta
contre elle dans tout le monde civilisé, quq
l'ordre social parut, un instant, troublé,
que les ministères s'émurent, et que le roi
d'Espagne crut bon de justifier l'acte qu'il
avait laissé commettre.
Au XXe siècle, après les révolutions dans
presque tous les pays pour la conquête des
libertés nécessaires de la pensée, il s'est
trouvé, en Europe, un tribunal aux ordres
de l'Eglise pour condamner un audacieux,
un franc-tireur de la libre pensée, dont le
seul crime était de vouloir ouvrir à la lu-
mière les cerveaux frustes de ses conci-
toyens. 1
Francisco Ferrer, esprit libre, conscien-
ce droite et cœur généreux, avait rêvé
d'instruire les jeunes espagnols. « C'est par,
l'instruction, disait-il, que je régénérera
mon pays. » Ses adversaires, les moines,;
qui vivaient de l'ignorance et de la supersti-
tion populaires, mirent tout en œuvre pour,
empêcher le développement de l' « Ecole:
moderne » de Barcelone et ses filiales. Le
jour où le peuple sera instruit, le règne de
l'Eglise sera fini, pensaient les moines. Le
jour où l'Eglise ne régentera plus la so-
ciété, l'autorité monarchique, qui est la
droit divin, n'aura plus de soutien, disaient
les royalistes. La royauté et l'Eglise liè-
rent partie pour la défense de leurs inté-
rêts communs. La cause de Ferrer fut vite
jugée dès lors.
Un tribunal exceptionnel fut réuni ; rrtf.
Cune des garanties légales accordées auS
accusés ne furent données a Ferrer, accu-
sé de marque ; son défenseur eut à peina
vingt-quatre heures pour prendre connai
sance d'un volumineux dossier ; toute la bi-
bliothèque de l'Ecole moderne fut détruite -
ses écoles furent dispersées ; ses amis me-
nacés ou emprisonnés furent mis hors d'é-
tat de lui servir.
Ce régime d'exception aboutit à la con-
damnation. Le roi avait un beau geste d'a-
paisement à faire. Il ne lit pas ce geste, qui
UMEDI 14 OCTOBRE 1911. - Mè 15191.
LE - SIECLE
ANNONCES
AUX BUREAUX DU J
~H, lksil. de Strasbourg et 71, rue du Fâub.-St40Ptîr», p.
Et ch. MM. LAGRANGE, CERF et Cie
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I TÉLÉPHONE : 424-90 et 424-91
Adresser lettres et mandats à F Administrâtes*
:. TRIBUNE LIBRE :
L ..,.-'-=--
Le Congrès de Nîmes
et la Politique générale
—— > ■>+<■ » —-—-—-
Un vôuclra bien permet-
tre à l'un 'de ceux qui ont
minutieusement suivi les vi-
vantes séances du onzième
Congrès radical de dire li-
brement son opinion sur le
capital débat de samedi après-midi,
séance présidée avec autant de ferme-
té que de bienveillance par M. Gaston
Doumergue.
La matière fi l'ordre du jour était
'd'ordre délicat : la confiance à accor-
der ou à refuser au ministère Cail-
jaux.
Nous sommes heureux de souligner
ici tout le caractère de joyeuse spon-
tanéité et de plénitude de la résolution
acloptée.
Le Parti radical soutient le cabinet
Caillaux, il n'y a aucun doute à cet
'égard. M. Caillaux fait la politique que
désire l'ensemble de nos militants. A
ceux qui s'étonneraient encore — com-
me le vieux lutteur Pelletan — de ce
qui peut paraître un ostracisme à l'é-
gard des socialistes, il suffit de rappe-
ler que ce sont ceux-ci qui ont com-
mencé les premiers à nous combattre
à la fois par la haine et par l'équivo-
que.
Les temps d:e l'ancien Bloc sont ré-
volus. Depuis Amsterdam, M. Jaurès
et ses amis en ont ainsi décidé. Aggra-
vé par les inavouables pactes avec la
droite el par les lâches complaisances
vis-à-vis de l'antipatriotisme, le conflit
est aujourd'hui à l'état aigu.
M. Caillaux l'a admirablement com-
pris L'illusion de M. Monis fut de croi-
re qu'on pouvait compter sur ceux qui,
prêchant l'abandon du poste devant
fcnnemi, sont aussi capables de déser-
ter le devoir en pleine bataille parle-
mentaire. Aucun gouvernement radi-
cal ne doit et ne peut gouverner pré-
sentement avec le concours des collec-
tivistes pour bien des raisons, dont la
plu? concluante est que ceux-ci n'hési-
teraient pas à le lâcher à la première
difficulté.
Dans le Congrès, des vitupérations
véhémentes se sont élevées contre les
procédés de lutte électorale mis en vi-
gueur par l'unification. Il fallait en-
tendre les clameurs indignées dont on
vengeait les défaites glorieuses des ré-
publicains vaincus par les coalitions.
Pelletan absent — Pelletan dont on
peut ne pas approuver toutes les atti-
tudes, mais dont la rude allure donne
à nos assemblées un caractère si pit-
toresque et représente la vaillante tra-
dilion (les anciens — aucune voix d'op-
position ne s'éleva dans le Congrès. Le
cabinet Caillaux a ainsi solennellement
reconstitué l'union radicale, que Rouen
avait révélée précaire, dans la crise
politique provoquée par un Ministère
précédent.
Faut-il considérer comme des diver-
gences l'intervention de M. Herriot et
celle celle de M. Ferdinand Buisson ?
Nullement.
Nous croyons, pour notre part, que
notre éminent collaborateur, le maire
de Lyon, a rendu à la fois au Congrès
et au Ministère un service précieux en
substituant à un texte trop précis une
formule plus large. ,
Il est entendu que l'actuelle majorité
se compose de quatre groupes : Union
démocratique, radicaux, radicaux so-
cialistes, socialistes indépendants.
Est-ce que certains unifiés ne sont pas
capables de clairvoyance et de repen-
tir ? Est-ce qu'ils ne céderont pas aux
suggestions de la nostalgie républicai-
ne ? Et d'autre part, qui peut garantir
la fidélité au nouveau Bloc des élé-
ments les plus modérés de la majorité,
quand interviendra le vote des lois fis-
cales et sociales ? Ah ! sans doute, lé
esbinet Caillaux aura fcrëê un tel cou-
rant de démocratie réalisatrice que fout
républicain, clîgïïë de ce nom, le sui-
vra dans les étapes de la route. Maïs
il a été prudent de ne pas enfermer la
majorité ministérielle dans 'des com-
partiments rtgidêS. Et M. Caillaux se-
ra heureux de ce que, sur l'interven-
tion de M. Herriot, toutes les perspec-
tives de l'avenir lui aient été réservées.
L'addition proposée par M. Buis-
SON constituait-elle un 'désaveu de la
politique ministérielle ? Personne ne le
croira, quand on voudra bien noter
qu'elle a recueilli la même unanimité
que l'ordre du jour et qu'elle s'est sim-
pjement inspirée de considération d'é-
quité et d'humanité auxquelles un gou-
vernement républicain n'est jamais in-
sensible. Le cabinet de M. Caillaux
n'hésitera certainement pas — comme
il l'a fait jusqu'à Sb jour — à s'ûitércs-
ser au sort des cheminots révoqués. Ce
sera son honneur et sa iorce.
Si nous avions à livrer toute noire
pensée au Gouvernement, si nous
eavons a lui faire confidence des pro-
pos échangés avec les individualités
les plus marquantes de notre Parti
présentes à Nîmes, nous lui dirions :
« Vous êtes un gouvernement heureux.
Vous avez tous les atouts en main. Par
votre souci 3e l'ordre, vous avez ras-
suré tous ceux Qu'avaient effrayés les
convulsions de l'anarchie et les monn-
ces au sabotage.
)> Par votre ambition de progrès,
vous avez réconforté tous ceux qu'avait
découragés une stagnation trop longue.
Vous n'avez d'ennemis qu'à droite et
à l'extrême gauche. Les hommes du
centre ont pour vous de la méfiance.
Voilà bien des conditions de longue
vie !
« Vous avez devant vous la plus belle
des perspectives : continuer la tradi-
tion des cabinets Waldeck-Rousseau
et Combes. Comme eux, vous durerez
en travaillant, avec la démocratie radi-
cale et radicale socialiste, pour un
pays qui veut évoluer et grandir, pour
la France qui, plus spontanément que
jamais, confie ses hautes destinées à
la République des républicains ! »
Albert SAUZÊDE,
i
LA POLITIQUE
+.+---"
LES ALLIES DE M. PIOU
La tempête est apaisée- qui
s'éleva, hier, sous le crâne de
M. Pi ou.
1 M. Piou avait juré qu'il ob-
tiendrait, sur les négociations
lranco-allemandes,une réponse de M.de
Selves. M. de Selves a répondu qu'il ne
répondrait pas, et M. Piou s'£st déclara
satisfait.
Félicitons M. de Selves et félicitons
aussi la Commission du budget de ne
s'être associée, à aucun momenl,co'mme
l'écrit son président, M. Cochcry, à la
manifestation de M. Piou.
Celui-ci, pourtant, eut des « asso-
ciés ». Oui, les révolutionnaires du parti
unifié, et c'est la leçon qu'il importe de
retenir..
Qu'il s'agisse de politique intérieure
ou de politique extérieure, à chaque
fois que l'occasion se présente d'entra-
ver l'œuvre du parti républicàin au
pouvoir, lesconservaeurs sont assurés
de pouvoir compter sur Vaide des révo-
lutionnaires : ils n'ont point besoin de
la solliciter, elle s'offre d'elle-même. Il
n'est pas, comme on sait, une seule des
grandes lois d'émancipation ouvrière
ou de progrès démocratique qui n'ait
dû triompher, pour être votée, de la
coalition des gens de la conservation SlJ-
ciale et de ces théoriciens du « tout ou
rien », pontifes de la démagogie, qu'Eu-
gène Foumière, directeur de la Revue
Socialiste baptisa : les curés de la So-
ciale.
Les cléricaux, 'dans le Pays, fon félire
'des unifiés. Les unifés, à la Chambre,
travaillent avec les cléricaux à fairé,
avorter la République.
En matière de politique intérieure, la
démonstration de ce parlait accord
avait été produite cent fois. Elle n'est
-plus à faire, depuis hier, en matière de
politique extérieure.
Il en résuTte que le 'devoir de la m'a.
jorité radicale et radicale socialiste ne
saurait faire auicun doute
Le président 'du Conseil, dans sa Dé-
claration aux Chambres ci, depuis, à
maintes revrises, MM. Dalimier et Char-
les Dumontl à Ntrrtes, et avec eux, tout
notre parti, Vont tracé.
Pas de faiblesse vis-à-vis 'des Piou et
'des Monprofit, pas de complaisance
pour les Gustave Hervé et les Griffue-
lhes. Exclure les uns et les autres, ce
n'est pas les isoler, ; ils se tendent les
bras*
Les agents provocateurs
M. Daniel Renoult, notre confrère de l'iïu-
manit, occupe les longs loisirs que lui
laisse l'élaboration des plans de la Cité Fu-
ture, à faire de sensationnelles découver-
tes.
C'est ainsi qu'il vient d'apprendre au pro-
létariat conscient, que notre récente pro-
testation contre les odieuses machinations
des agents provocateurs, n'était qu'une di-
version inspirée par nos amis du Gouver-
nement.
Il n'y a pas lieu d'attacher beaucoup
d'importance à ce genre d'argumentation.
Pourtant, M. Daniel Renoult nous permet-
tra de lui faire observer qu'il nous est bien
permis d'avoir des amis dans un gouverne-
ment où il a lui-même un frère !
Il est entendu que nous soutenons nos
amis — même au pouvoir — dans la limite
où eux-mêmes soutiennent nos idées.
Seulement, nous n'avons pas attendu la
formation du ministère Caillaux pour ju-
ger sévèrement certains actes du gouverne-
ment de M. Clemenceau.
Le 2 août 1908, nous écrivions, à propos
de l'émeute de Villeneuve-Saint-Georges :
« En opposant à des soldats énervés par
les insultes, exaspérés par les coups, de
malheureux ouvriers surexcités, chauffés à
blanc par les meneurs, une catastrophe
était inévitable. Elle s'est produite, et nous
le déplorons douloureusement.
« Le moment n'est pas venu d'établir
exactement toutes les responsabilités, ni de
rechercher pourquoi, au lieu de prévoir, le
Gouvernement s'est laissé acculer à la ré-
pression.
« Un fait ne paraît pas douteux, c'est que
certains grévistes, entraînés par des provo-
cateurs — qui n'ont jamais été des ouvriers
- se sont livrés aux pires violences ; ils
ont participé a des attaques à main armées
et, dans ces conditions, ce CDui est arrivé ne
pouvait plus ne pas arriver ».
« Que les ouvriers aient la sagesse de
ne pas perdre leur sang-froid, et de ne pas
se mêler inconsidérément aux émeutiers
de profession qui surgissent aux heures
troubles, et dont on ne recherche pas suf-
fisamment l'origine et les mobiles.
« Ce ne sont pas les ouvriers terrassiers,
réduits à la misère par les grèves, qui ont
l'argent nécessaire pour acheter revolvers
et munitions ; pas plus qu'ils n'ont coutu-
me de s'en munir et encore moins de s'en
servir ».
« .S'ils se laissaient duper au point d'en
sortir, ils s'exposeraient aux pires repré-
sailles, au plus regrettable échec. »
Le 14 du même mois nous précisions î
« Suivant certains témoins, de véritables
agents provocateurs se seraient mêlés aux
manifestants et auraient donné le signal
des violences. Qu'en faut-il croire ?
« M. le juge d'instruction de Corbeil « qui
reste seul saisi des actes de rebellion »,
comme dit un. communiqué officie], trouve-
ra assurément des éléments de confirmation
ou d'infirmation de ces témoignages qui
ont dénoncé la présence d'agents provoca-
teurs.
« D'ailleurs, n'en déplaise au Temps, la
question est posée. Il y faudra répondre.
Notre confrère sait bien que le gouverne-
ment dont il s'improvise avocat d'office,
cherchera, comme nous-mêmes, nous n'en
doutons pas, à ce que la lumière soit faite
tout entière.
« Comment donc et par quel mystère sur-
gissent aux heures troubles des hommes
dont l'action néfaste déchaîne les irrémé-
diables colères ? C'est un problème passion-
nant. Est-ce à dire que ce problème soit
insoluble ? L'enquête sur le point précis
des agents provocateurs s'impose. Désor-
mais elle est inéluctable.
« Il est inadmissible que sous la troisiè-
me République, sans qu'on sache par qui,
pourquoi et comment, les moyens ordinai-
res du lieutenant de police de l'ancien
temps ou de policiers d'un régime plus
proche, soient réédités impunément ».
Ajoutons qu'en nous adressant aux ou-
vriers dans les termes qu'on vient de lire,
et en les mettant en garde contre les ex-
cès révolutionnaires proposés, de toute évi-
dence, par des agents provocateurs, nous
faisions preuve de plus de clairvoyance
que notre confrère Daniel Renoult qui, de
bonne foi, envoya les mêmes ouvriers se
jeter dans la gueule du loup.
Il faut, au demeurant, avoir l'esprit sin-
gulièrement caporalisé, pour s'imaginer
que des amis politiques suggestionnent né-
cessairement, du moment qu'ils sont au
pouvoir.
Que M. Daniel Renoult veuille donc bien
être convaincu que nous saurons, en toute
occasion, conserver, vis-à-vis des nôtres,
l'indépendance qui nous est chère, mieux
qu'il n'a jamais su défendre- la sienne con-
tre l'influence de son « général » Hervé.
Question mal posée
t. ^4 9 —"
De la Pairie :
« Par l'acte d'hier, l'Allemagne, en nous
offrant le protectorat du Maroc, nous a
cédé une option sur un territoire qui ne
lui appartient pas. Aujourd'hui, nous al-
lons discuter avec elle du prix que nous
lui paierons ce qu'elle est incapable de
nous livrer D.
Nous ne doutons pas de la bonne foi de
notre confrère, mais la situation n'est las
du tout telle qu'il la présente. ,
Il est entendu que le Maroc n'appartient
pas à l'Allemagne. Personne ne songe à
discuter cela.
Mais il est également certain que, depuis
l'Acte d'Algésiras et la Convention de 1909,
la France a reconnu à l'Allemagne une si-
tuation spéciale qui lui confère des droits
et des avantages. -
Aujourd'hui, le gouvernement de la Ré-
publique est résolu à mettre fin une fois
pour toutes à l'imbroglio marocain, et —
patriotiquement décidé à donner le Maroc
à la France, — il demande à l'Allemagne
de renoncer à ces avantages et à ces droits.
- L'Allemagne, commerçante avisée, peut-
elle consentir à cette renonciation sans
exiger une compensation ?
C'est cette compensation qu'il s'agit main-
tenant d'étudier. Il faut — et c'est le vœu
exprimé nettement par M. Caillaux — il
faut faire une affaire avantageuse pour les
deux parties, sans sacrifice ni humiliation
pouraucune.
Voilà comment la question se pose. Et le
devoir de tous les bons Français est de
souhaiter qu'intervienne une solution tout
à la fois honorable et profitable pour le
Pays.
Il reste seul.
Si l'illustre Louis Lépine, préfet de po-
lice à ses moments perdus, conserve enco-
re un lambeau de prestige aux yeux de
certains conservateurs apeurés, c'est sûre-
ment que lesdits yeux sont malades, ou que
les illusions desdits conservateurs sont
merveilleusement tenaces.
Paris est mal surveillé. L'apache peut,
en toute tranquillité, à partir de dix heu-
res du soir, vous demander votre porte-
monnaie en échange d'une problématique
clémence. Les banquiers véreux et les ta-
bleaux du Louvre gagnent la frontière avec
célérité et discrétion. Les autobus emprun-
tent indifféremment la voie de terre ou la
voie fluviale. C'est ce qu'on appelle une vil-
le policée.
Au reste, les talents de M. Lépine ne se
bornent pas à l'organisation savante de ces
menus faits-divers.
Ses qualités d'administrateur s'affirment
chaque jour avec plus d'éclat. C'est ainsi
qu'on a pu voir récemment son caissier du
Suez filer avec deux millions, et son con-
trôleur général de la préfecture de police
barbotter, en toute tranquillité d'Ame, dans
la caisse de « l'Amicale », confiée à ses
soins éclairés.
La sécurité dudit contrôleur Bernard
était d'autant plus grande que le petit pré-
fet l'a couvert jusqu'au bout, malgré les
protestations indignées du personnel. Et
l'amour du gnôme pour son sous-ordre alla
jusqu'à lui faire tripatouiller les élections
du conseil d'administration, tandis que
l'intéressant employé tripatouillait les écri-
tures.
Aujourd'hui, tous les hommes, qui ont
quelque respect d'eux-mêmes, veulent aban-
donner « l'Amicale de la préfecture ». M.
Vel-Durand, conseiller d'Etat, fondateur,
s'enfuit en compagnie des commissaires di-
visionnaires Mouquin, Bouvier, Noriot, de
l'inspecteur de la navigation Duprey, des
officiers de paix Martin, Chevreul, Mar-
chand, des commissaires de police Martin,
Guichard, Ducrocq, Simon, des brigadiers
Hollande, Vinaud et du commis Farien.
Le temps est proche où le vieux petit
monsieur, toujours plus parcheminé et gro-
gnon, en sera réduit à errer, solitaire, sur
les bords du canal de Suez, en contemplant
la lune et en comptant les trous qu'il y a
laissé faire.,
Lire en 2° paJle :
LES RETRAITES OUVRIÈRES
ET LE BUDGET
LA GUERRE ITALO-TURQUE
ww >
LES BRUITS D'ARMISTICE ERRONES
A l'ambassade d'Italie comme à l'ambas-
sade de Turquie, on déclare n'avoir reçu au-
cune confirmation du bruit d'après lequel
un armistice aurait été conclu entre l'Italie
et la Turquie.
L'ORGANISATION DE LA TRIPOLITAINE
Rome, 12 octobre. - Deux fonctionnai-
res du ministère de l'intérieur sont envoyés
à Tripoli afin d'étudier sur place l'organisa-
tion administrative en Tripolitaine pour as-
surer les premiers services civils.
ITALIENS MASSACRES DANS LE
H&DJAZ
Alexandrie, 12 octobre. — L'ancien consul
d'Italie à Hodeilah, M. Sola, de passage à
Alexandrie, rapporte qu'il a appris que vingt
ouvriers italiens occupée aux travaux du
chemin de fer du l'Hedjaz ont été massacrés
par les Turcs dans les premiers jours d'oc-
tobr.,
Cette nouvelle est confirmée d'autre sour-
ce et on ajoute que le massacre s'est pro-
duit à Karak.
MANIFESTATIONS ANTIITALIENNES
A ALEXANDRETTE
1ilexandrette, 12 octobre. — L'agent con-
sulaire italien à Alexandrette a été obligé
de quitter la ville et de se réfugier à Lar-
nacà à cause des manifestations hostiles et
eu jet de pierres contre le consulat. Ces ma-
nifestations se sont renouvelées plusieurs
nuits. La protection MijemD4, n'a pu étrç
efficace, les autoritée ottomanes ayant re-
fusé de la reconnaître.
SAISIE DE SAMBOURKS ITALIENS
PAR LES TURCS
Massaouah, 12 octobre. — Les nouvelles
de Djeddah annoncent que les Turcs ont sai-
si dans ce port deux sambourks italiens ap-
partenant A des commerçants de Massa-
ouah.
RESCHID PACHA RETOURNE A
", VIENNE
Constantinople, 12 octobre. — On confir-
me que Reschid pacha retournera immédia-
tement à Vienne occuper son poste d'am-
bassadeur.
LES TURCS NEGOCIERAIENT
A TRIPOLI
Londres, 12 octobre. — Le correspondant
du Daily Mail, à Tripoli, apprend qu'un
courrier méhariste est arrivé avec une let-
tre de Munir pacha, demandant d'ouvrir
des négociations avec le gouverneur ita-
lien en vue de la reddition de l'armée tur-
que.
Ce courrier raconte que les officiers turcs,
ayant tenu conseil, décidèrent, étant donné
qu'ils manquent de vivres et d'eau et que
par surcroît la fièvre serait dans leurs
rangs, de ne pas prolonger la résistance.
Le même journal publie un télégramme
de Constantinople d'après lequel Chevket
pacha aurait reconnu lui-même l'impossibi-
lité de défendre Tripoli,
L'ACTUALITE ¡
r-::+:. -
Les "Affaires du Marou
i ..)+4.. - v - j
Vers l'accord définitif
M. de Selves à la Commission du budget
M. Piou, ainsi qu'il l'avait annoncé la
veille, a profité, hier jeudi de la présence
du ministre des Affaires étrangères à la
Commission du budget pour lui demander
de s'expliquer sur les négociations maro-
caines.
II reconnaît que le ministre a le droit de
ne pas répondre, mais il lui demande de ne
pas user de ce droit d'une façon stricte. Il
estime que le Gouvernement a lui-même
intérêt à ne pas user rigoureusement de ce
qu'il pourrait considérer comme un droit
constitutionnel.
M. de Selves a répondu immédiatement.
M. de Selves constate que M. Piou n'en-
tend pas poser une question au gouverne-
ment. S'il l'avait fait, le «ministre aurait
nettement déclaré qu'il ne pouvait pas ré-
pondre.
Le Parlement a fait crédit au gouver-
nement qui est tenu au silence le plus n
cessaire. Au moment où nous sommes, le
gouvernement sent tout le poids des res-
ponsabilités qui pèsent sur lui. Il ne se
permettra pas de prononcer un mot qui
puisse entraver les négociations.
Il denjande à la Commission de respecter
le crédit que la Chambre lui a fait.
Mais, ajoiite M. de Selves, ce que veut
M. Piou, c'est une manifestation de la part
de la Commission. Est-ce dans le rôle tet
dans les attributions de la Commission du
budget, dans une affaire de politique ex-
téribure, de se livrer à une semblable ma-
nifestation, alors qu'elle ne sait pas l'état
exact de ces négociations ? Est-il bien sur
que cette manifestation, interprétée ailleurs
nous ne savons comment, ne créerait pas
une situation grave ?*
La Commission du * budget ne voudra pas,
dans l'ignorance des choses, faire une dé-
monstration qui pourrait être périlleuse.
Dans peu de temps, on dira au Parle-
ment ce qu'on a fait et il jugera l'œuvre ac-
complie et les résultats obtenus. Confiant
dans le patriotisme de toute la Commission
du budget, comme dans celui de tous les
bons Français, il lui demande de ne rien
ajouter aux difficultés actuelles.
Après quelques observations de MM. Piou
et Sembat, le ministre des Affaires étran-
gères s'est retiré, et la Commission a pro-
cédé à l'audition du ministre de l'Instruc-
tion publique sur différents points de son
budget.
La marche des négociations
Francfort, 12 octobre. '- La Gazetie de
Franc/ort, dans un télégramme de Berlin,
observe au sujet de la question marocaine
que les journaux français estiment que les
poûrparlers sur les compensations seront
fort délicats et dureront très longtemps :
a A notre avis, déclare le télégramme, il
n'y a pas de raison pour qu'il en soit ainsi
étant donné que les deux gouvernements se
sont déjà entendus à ce sujet depùielong-
temps. Il est vrai que si le gouvernement
français, tenant compte de la résistance du
Parlement qui s'annonce ou par égard pour,
certains personnages politiques, présentait
de nouveaux projets, les pourparlers pour-
raient se prolonger indéfiniment. Il ne
dépend donc que du gouvernement fran-
çais de fixer l'époque à laquelle le chance-
lier pourra communiquer au Reischtàg 10
résultat des négociations Jo!
L'Allemagne et les compensations
Cologne, 12 octobre. — On mande de
Berlin à la Gazelle de Cologne :
« Les déclarations de la presse concer-
nant l'affaire du Maroc montrent que toute
la nation allemande réclame une compensa-
tion qui offre un avantage réel à l'Allema-
gne, et non pas un dédommagement pure-
ment apparent et dénué de valeur. Il y a
lieu de penser que le Gouvernement parta-
ge cette opinion et ne négociera que dans
ce sens ».
Le Congo
Berlin, 12 octobre. — Le gouverneur von
Puttkammer revient, dans la Taegliche
Rundschau, à propos de la résolution du
Congrès do Nîmes, sur les compensations
que doit recevoir l'Allemagne en Afrique :
« Ne prenons pas le Congo, dit-il, car l'ac-
quisition d'une partie de ce pays représen-
te pour le Cameroun une charge de quel-
ques millions de marks chaque année. Ré-
clamons Binder, Lamé, Leré et qu'on éten-
de notre frontière jusqu'au bras droit de
l'Ogooué ».
La presse allemande
Berlin, 12 octobre. — La Gazelle de l'Al-
lemagne du Nord a publié hier soir la note
suivante :
« La partie de l'accord franco-allemand
relative au Maroc a été paraphée hier à
Berlin. Les négociations relatives aux com-
pensations ont déjà été reprises ».
Le chancelier a, paraît-il, donné des indi-
cations précises sur le contenu de cet ac-
cord à la commission du Conseil fédéral
pour les affaires étrangères qui tint séance
hier soir. Les négociations sur le Congo,
selon la note de la Gazette de l'Allemagne
du Nord, ont déjà été reprises. Un nouvel
entretien aura lieu, nous assure-t-on, au-
jourd'hui entre MM. Cambon et de Kider-
len-Waechter.
La grande majorité de la presse alleman-
de, tout en réservant son droit de critiquer
l'accord marocain quand il sera connu, est
en général satisfaite de voir qu'on se rap-
proche de l'issue des négociations.
La presse libérale est dans son ensemble
satisfaite :
« C'est un premier succès et un grand
succès, écrit la Gazelle de Voss, pour la
diplomatie française et pour la diplomatie
allemande. Nous espérons que la deuxième
partie des négociations ne sera pas trop
longue ».
Les socialistes, naturellementj se décla-
rent contents :
< Souhaitons que le marchandage à prO'-
pros des marais malsains du Congo dure
moins longtemps que la discussion sur lesi
intérêts miniers de MM. Mannesmann ».1
Les feuilles chauvines continuent à proi:,
tester contre la base même arrêtée par les!
deux gouvernements au cours des négocia-
tions : *
4 Nous ne pouvons pas considérer, décII4,
rent les Dernières Nouveites de Berlin, quef
la signature de cet accord soit avantagent
se pour l'empire allemand ). ,
L'impression au Maroc &
Tanger, 12 octobre. — Toutes les colù*
nies étrangères ici, à de très rares excep-
tions près, sont impatientes de voir la fiix
de ces trop laborieuses négociations fran-
co-allemandes et l'instauration du régime'
nouveau qui ne peut manquer d'apporter,
avec la sécurité l'exploitation économiqua.
du pays. On estime même qu'on n'a jamais;
mis suffisamment en lumière l'étroite soli-4
darité des intérêts internationaux au Ma-
roc, notamment ceux d'ordre économique,
avec la situation politique que la France
réclame dans ce pays.
On s'étonne aussi de l'opinion émise p^SBS
quelques organes de la presse française
d'après lesquels l'accord avec l'Allemagn.
ne nous avancerait pas A grand'chose, par-
ce qu'il faudrait, pour amener la populaà
tion marocaine à accepter notre protecto.
rat, de nouveaux et considérables sacrificesr !
militaires et financiers. Cette opinion est
absolument contraire à la réalité. Il est
vraiment surprenant que l'expérience de
ces dernières années n'ait pas suffi à exor-
ciser l'opinion en France du spectre maro-
cain créé par des voyageurs à esprit cba..
grin et à imagination hyperijolique, qui a;
pesé pendant longtemps d'une manière né
faste sur toute notre politique marocaine.,
Il n'est pas exact que la question maro-
caine présente pour nous d'autres difficul-
tés que celles d'ordre international qu'on
est sur le point de résoudre. L'état d'esprit
des tribus n'a jamais été plus favorable à
l'acceptation tacite de notre prépondérance'
politique. La seule chose susceptible de
diminuer notre crédit près d'elles et de sus-
citer quelques mouvements isolés de ré-
sistance, d'ailleurs facile à réprimer, c'est
la prolongation du débat franco-alleman
La T. S. F. à Fez
La télégraphie sans fil a été inaugurée à
Fez. A cette occasion, le sultan et Sidi
Tarib el Mokri ont adressé à El Hadj Mo-
hammer el Mokri, ministre des affaires
étrangères du suHau, en mission à Paris,
des télégrammes affectueux.
La GQDUQéeioralioo de FarTor
Les psychologues déclarent qu'il, n'y a pai,
que des consciences individuelles. Il y a une
« Conscience s()cile).. Les- grands remous1^
de la société sont faits de l'approbation ou.
de. Jta. réprobation de la • conscience social
le pour des actes qui intéressent et émeu.
vent les masses.
C'est ainsi qu'il y a deux ans, le 13 oc-
tobre, le monde civilisé se soulevait d'hor-t
reur et protestait avec indignation contre,
le jugement, la condamnation et l'exécu*'
tion de Francisco Ferrer. Malgré l'apparen-
ce de garanties légales qu'on voulut donner
au jugement, malgré le caractère juridique
de la condamnation, la foule simpliste et les
juristes d'esprit libre n'hésitèrent pas à
qualifier d'assassinat l'exécution de Ferrer,
La vieille et chevaleresque Espagne, mal-
gré son affreux passé d'inquisitions et
d'exactions monacales, gardait encore gran-
de allure vue au travers des poètes et des
romanciers qui parlaient d'elle. Mais du jour.
au lendemain, après l'assassinat, un tel-
mouvement de réprobation se manifesta
contre elle dans tout le monde civilisé, quq
l'ordre social parut, un instant, troublé,
que les ministères s'émurent, et que le roi
d'Espagne crut bon de justifier l'acte qu'il
avait laissé commettre.
Au XXe siècle, après les révolutions dans
presque tous les pays pour la conquête des
libertés nécessaires de la pensée, il s'est
trouvé, en Europe, un tribunal aux ordres
de l'Eglise pour condamner un audacieux,
un franc-tireur de la libre pensée, dont le
seul crime était de vouloir ouvrir à la lu-
mière les cerveaux frustes de ses conci-
toyens. 1
Francisco Ferrer, esprit libre, conscien-
ce droite et cœur généreux, avait rêvé
d'instruire les jeunes espagnols. « C'est par,
l'instruction, disait-il, que je régénérera
mon pays. » Ses adversaires, les moines,;
qui vivaient de l'ignorance et de la supersti-
tion populaires, mirent tout en œuvre pour,
empêcher le développement de l' « Ecole:
moderne » de Barcelone et ses filiales. Le
jour où le peuple sera instruit, le règne de
l'Eglise sera fini, pensaient les moines. Le
jour où l'Eglise ne régentera plus la so-
ciété, l'autorité monarchique, qui est la
droit divin, n'aura plus de soutien, disaient
les royalistes. La royauté et l'Eglise liè-
rent partie pour la défense de leurs inté-
rêts communs. La cause de Ferrer fut vite
jugée dès lors.
Un tribunal exceptionnel fut réuni ; rrtf.
Cune des garanties légales accordées auS
accusés ne furent données a Ferrer, accu-
sé de marque ; son défenseur eut à peina
vingt-quatre heures pour prendre connai
sance d'un volumineux dossier ; toute la bi-
bliothèque de l'Ecole moderne fut détruite -
ses écoles furent dispersées ; ses amis me-
nacés ou emprisonnés furent mis hors d'é-
tat de lui servir.
Ce régime d'exception aboutit à la con-
damnation. Le roi avait un beau geste d'a-
paisement à faire. Il ne lit pas ce geste, qui
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