Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-08-21
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 21 août 1911 21 août 1911
Description : 1911/08/21 (N15137). 1911/08/21 (N15137).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7568059c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N° 15137. — 4 rnuCflDOB, «M lis. --. - CINQ CENTIMES LE NUMERO-
LUNDI 21 AOUT 1911. — Na 15137. ,
ANNONCES
àPX BUREAUX DU JOURNAL
10. M. de Strasbourg et 71, rue du Faub.-St-Martin, PARIS
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FONDATEUR: EDMOND ABOUT
TÉLÉPHONE : 424-90 et 424-91
Adresser lettres et mandats à radmirtistrattur
TRIBUNE LIBRg;
'-';~~t:-"
Politique d'action
: I Bllfl «
II y a décidément quel-
que chose de changé dans
-les affaires de France. Et,
au milieu des difficultés ex-
térieures que, tous, nous sui-
vons avec une attention sou-
tenue, mais sans effroi et sans crain-
te, nous apercevons nettement l'action
nouvelle et nous y applaudissons de
tout cœur. On peut même penser et
crcire que ce calme de l'opinion, que
ce sang-froid qui nous conquiert, dans
le monde,. des sympathies et de Festi-
me, sont dus, pour partie, à ce senti
meni très net que nous avons un Gou-
vernement et des hommes de gouver.,
nement décidés à l'action nécessaire.
La politique du laisser-aller, du lais-
ser-faire, trop longuement pratiquée,
ne saurait salaire une opinion aussi
vivante que la nôtre. Compter sur le
temps pour arranger les conflits des
choses et des hommes, pour solution-
ner les situations difficiles, aplanir les
difficultés de toute nature, ne convien-
dra jamais a notre démocratie, qui ne
peut vivre que de mouvement, - d'ac-
tion, et qui s'énerve et s'écœure d'iner-
tie, de faiblesse, d'impuissance-
M. Caillaux et ses collaborateurs,
dès leur arrivée au pouvoir, l'ont com-
pris et se sont attachés à réveiller la
confiance par une action vigilante. Ne
reculant devant aucun problème, ne
craignant aucune responsabilité, fai-
sant face avec une énergie tranquille
et prévoyante aux plus graves situa-
tions, solutionnant, sans faiblesse les
crises les plus graves, ils ont affirmé
leur volonté d'action. te pays, tout de
suite, a applaudi. 1
Sans réserve, il a approuvé le pré-
sident du Conseil dans sa volonté
d'imposer à tous le respect de la léga-
lité républicaine trop longtemps ou-
blié- Il le suivra dans sa lutte contre
les énergumènes criminels de l'anar-
chie, distinguant fort bien, dans son
besoin de tranquillité, de travail et de
réiormes, entre les libertés nécessai-
res et les abus de force dont il a trop
sou lïer t.
En quelques jours, M- Caillaux, jus-
tifiant pleinement les espérances de
ceux qui, connaissant toutes les res-
sources de son esprit et la lucide net-
teté de sa volonté, le considéraient
comme un homme d'Etat, a su remet-
tre les choses en place et préparer le
terrain pour une action féconde.
Mais, à côté de lui, entraînés par
lui, ses collaborateurs ne restent pas
inactifs et secondent de toutes leurs
forces l'action du président du Con-
seil.
C'est Delcassé, dont il serait super-
flu de renouveler l'éloge, à cette pla-
ce ; c'est Gruppi ; c'est Renoult ; c'est
Messimy, qui, à peine installé au mi-
nistère de la guerre, ne craint pas d'as-
sumer la lourde responsabilité d'en
terminer - avec une crise grave depuis
longtemps connue, mais toujours
ajournée.
Crise du haut commandement, crise
da rajeunissement des cadrés. Sa jeu-
ne vigueur qui ne va pas sans une
connaissance approfondie de toutes les
choses militaires, agit et améliore. Il
engage sans hésitation: sa propre res-
ponsabilité, -mais impose aux autres,
chose inattendue et nouvelle, des res-
ponsabilités aussi. -
A côté, c'est Steeg, esprit cultivé et
fin, dont la scrupuleuse conscience n'a-
git qu'après mure réflexion et qui, mer-
veilleusement, a compris la tâche qui
s'imposait au Grand Maître de notre
Université.
Peu à peu, avec une persévérance
et une éloquence heureuses, il s'est em-
ployé à la défense, non seulement de
l'Ecole laîque., injustement attaquée,
mais de l'Université tout entière. Sa
connaissance approfondie de la mai-
son dont il est le chef, a rendu sa dé-
fense vigoureuse,, forte et utile. Cher-
chant dans son cœur d'universitaire, il
y a trouvé les arguments qui portent,
les mots qui touchent. Contre tous les
réacteurs de basse ou haute cultu-
re. ^contre l'ignorantin comme contre
l'académicien, il a fait face et a vain-
cu- Son autorité s"en est accrue, sa
force d'action en sera augmentée et on
,,- ,
peut être sûr que, 'dans la limite que lui :
tracera son esprit de mesure incontes- ;
table, il saura obtenir du Parlement!
les armes de défense nécessaire et les.
améliorations qui lui permettront de
poursuivre utilement l'œuvre qu'il a
assumée.
A l'Agriculture, c'est M. Pams, dont
l'affabilité avait trop longtemps caché
les qualités d'administrateur expert
et avisé, et qui, sans bruit, avec un
tact et une mesure Auxquels tout le
monde rend déjà hommage, est en
train de solutionner heureusement la
crise acs délimitations- Il agit, lui
aussi, et, par son action efficace, ren-
dant, au bon sens ses droits, il efface
peu à peu les souvenirs attristants de la
plus folle équipée-
Aux Postes, c'est M. Chaumet qui
s'attache à remettre les hommes et les
choses à leur place, et qui réussira à
rétablir l'esprit de devoir et de respon-
sabilité .au Bout de l'échelle d'abord,
partout ensuite.
Aux'Travaux publics, c'est M. Au-
gagneur qui, avec son expérience d'ad-
ministrateur, prépare les améliora-
tions qui, acceptables de tous, met-
tront fin à la crise des cheminots.
- Partout, en un mot, sous la haute et
diligente direction du président du
Conseil, c'est le travail, c'est l'action.
Attendons-en patiemment les effets.
Les violents n'ont plus seuls la paro-
le, les hommes de gouvernement sont
des hommes d'action. Leur œuvre fé-
conde se dressera chaque jour davan-
tage en face de l'impuissance de la fo-
lie des saboteurs conscients ou incon-
scients.
Et déjà la raison reprend ses droits,
et le vieux bon sens de' notre race
reparaît.
Il n'y a pas lieu de désespérer.
Marcel RECNIER.
o
LA POLITIQUE
"-- -00.6 - -'
----- LE - BOUT - DE - L'OREILLE ---
La presse réactionnaire et la
presse révolutionnaire — d'ac-
cord une lois de plus — se féli-
citent pareillement des événe-
fments d'Angleterre,
L'une et Vautre y voient une condam-
nation sans apllel de l'arbitrage. C'est
peut-être aller un peu vite. -
Supposez que l'arbitrage n'existe
pas : l'exemple de là France, où il n'a
pas encore été institué, montre assez
qu'il n'y en aura pas moins de grèves
et que tes grèves n'en seront pas moins
violentes.
Les événements actuels de Londres,
de Noitingham et de Liverpool ont pu
se produire malgré l'arbitrage, ce n'est
pas l'arbitrage qui les a causes.
Dans un pays où il n'est pas organisé
par la. loi, comme la France, dans tous
les cas, les deux adversaires se trou-
vent directement en conflit., il y a risque
que lé conflit devienne violent ; dans
un pays où l'arbitrage est d'usage
constant, comme l'Angleterre, dans tous
les c.as, dés tiers désintéressés et dont
l'amour-propre n'est pas en jeu, s'inter.
posant entre les adversaires, il y a
chance que le conflit reste pacifique.
Hier, en Angleterre, la chance heu.
reuse ne s'est pas réalisée. Mais chaque
four, en France, les risques se réali-
sent.
Allez-vous conclure que c'est l'a,rbi-
trage qui provoque les grèves et le sa-
botage ?
C'est ce que font lTdair, le Libertai-
re, le Journal des Débats et la Bataille
syndicaliste.
il est manifeste qu'ils ont leur raison.
Les révolutionnaires s'attaquent de par-
ti pris à l'arbitrage, comme à l'exten-
sion de la capacité juridique des syndi-
cats, comme à la copartnership, parce
qu'ils se rendent fort bien compte que
rendre les syndicats propriétaires et
prospères, c'est les rendre indépen-
dants des politiciens anarchistes qui les
ont asservis, et qui s'en servent.
• Les réactionnaires s'en prennent au-
jourd hui à l'arbitrage comme hier ils
ren prenaient au repos hebdomadaire,
à la loi sur les accidents, aux retraites
ouvrxeres, pour la simple raison qu'il
n'est pas possible d'alléger le far (Te au
des travailleurs sans inquiéter « Vè-
qoïsme protégé » des possédants.
Toute législation sociale s'inspire né-
cessairement 'd'une pensée (Je solidarité
sociale. Il est normal qu'elle se heurte
à l'opposition de tous les profiteurs,
profiteurs de la conservation sociale et
profiteurs de la sociale..
Le Parti républicain, résolu tiux re-
formes sociales nécessaires, ne se lais-
sera prendre ni à leurs lamentations,
ni à leurs prophéties.
LES ON-DIT
-+.. —'
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil : 4 h. 59 du mâtiné
Coucher du soleil : 7 h. 7 du soir.
Lever de la lune : ir h. 42 du soir.
Coucher de la lune : 5 h. 15 du soir"
Courses à Deauville.
,." r:- AUTREFOIS
Le Rappel du 21 août 1875 ri
Les obsèques d'Andrew Johnson ont été
célébrées le 3 août, à Greenville (Tennessee),
au milieu d'un immense concours de popula-
tion. La dépouille mortelle de l'ex-président
des Etats-Unis a été transportée -à Johson-
Hill.
— Les régiments de zouaves qui n'avaient
jusqu'ici que des clairons et des tambours
vont avoir, comme tous les autres régiments
Tinfanterie, une musique militaire.
— On a été obligé, depuis quelques jours,
dit un journal de Saônc-et-Loire, de redou-
bler de surveillance autour des usines du
Creusot. Les étrangers, notamment des Alle-
mands, y sont en grand nombre. L'entrée des
ateliers est sévèrement interdite.
Un apologue de Menot
On sait combien il coûte gros, aujour-
d'hui, de se faire rendre justice, tant sont
excessifs les frais do procédure ! Cette
justice coûtait encore plus cher autrefois,
alors que maints et maints juges se lais-
saient acheter plus que facilement et scan-
daleusement. D'où cet apologue:
Le fameux prédicateur populaire, Menot,
XVIe siècle, comparant, dans un de ses ser-
mons les juges aux chats et les plaideurs
aux souris disait : « Messieurs de la Justice
sont un chat à qui l'on aurait confié la
garde d'un fromage, de peur qu'il ne soit
rongé des souris, -qui ne demandent pour-
tant que leur part légitime ; un seul coup
de dent du chat fera plus de tort au fro-
mage que vingt souris ne pourraient en
faire?.
Catherine Il et la Bibliothèque
de Diderot
L'Histoire est connue, mais il est bon de
la r-appcler puisqu'elle met en cause une
impératrice autocrate — il est vrai qu'elle
s'appelait Catherine II: - et l'un de nos
plus célèbres philosophes : Diderot.
Il est vrai, aussi,, qu'à cette époque nos
écrivains étaient plus populaires en Rus-
sie et en Prusse qu'en France.
Diderot, lisons nous dans les Mémoires
secrets de Bachaumont, pour avoir été l'é-
diteur do l'Encyclopédie dont la vente a
fait entrer plusieurs millions de l'étranger
n'en était pas plus à son aise. Il se vit
obligé d'annoncer, pour vivre, la vente de
sa Bibliothèque. Elle fut offerte à plusieurs
cours étrangères; mais ce fut l'impératrice;
de Russie qui l'acheta au prix qpe le pos-
sesseur en demandait. Elle mit pour condi-
tion dans le marché, que Diderot la gar-
derait pendant sa vie et que, pour la garde
de ce dépôt, il aurait une pension de mille
livres, dont la première fui payée d'avan-
ce, avec le prix de la bibliothèque. Ayant
appris, que la deuxième année n'avait pas
été payée, et ne voulant pas que cette né-
gligence se renouvelât, Catherine ordonna
que cinquanto années fussent versées d'a-
vance. Depuis ce jour, elle ne cessa de
veiller sur Diderot, son grand ami, afin
que rien ne lui manquÙf Informée que
pour sa santé il lui était nécessaire d'a-
bandonner son quatrième étage où jusqu'a-
lors il avait passé sa vie, elle s'inquiéta
que fut « loué l'appartement l'e plus conve-
nable et le plus commode pour sa biblio-
thèque et son bibliothécaire ». C'est dans
cet appartement que mourut Diderot, en
1784, âgé de soixante et onze ans,..
Ce n'est que de la Saint-Jean
C'est vers te milieu de la belle saison, en
juin, c'est-à-dire à la Saint-Jean, que mû-
rissent certaines petites poires de qualité
médiocre.
Un jour Louis XV ee promenait dans le
¡potager royal de Versailles. Le jardinier-
en-chef lui désignait et lui vantait, avec ce
grand appareil de formules administrati-
ves, différentes espèces de beaux poiriers
et de bonnes poires.
— Et ça ? demandait le roi, montrant
uiwî série de petits poiriers. :
- Ça ! répondit dédaigneusement le jar-
dinier, ça ! ce n'est que de la Saint-Jean |
C'est depuis que nous est restée rexpres-
sion si courante.
AUJOURDHUI
Féminisme
Voici des chiffres qui, certainement, car
ils semblent être exacts, intéresseront les
féministes. Mais ne le sommes-nous pas
tous, lS ou moins, féministes ? ':
Ces chiffres, nous les cueillons dans une
statistique officielle de l'an dèiTiièr. ■ ,
Personnel universitaire : 70,800 profes-
seurs, institutrices, surveillantes ou em-
ployées.
Aux Gobelins, à Sèvres, à Béa-uvais,
'fledion des beaux-arts : 50 employées.
P. T. T. ; --l 9- ?o receveuses, employées,
ouvrières, gérantes de cabines téléphoni-
ques et 613 factrices.
Chemins, de fer de l'Etat s. 6^00 tm.
mes, receveuses, télégraphistes* gardes-
barrières*
Administration des finances : 15,30)0,
dont 12,230 dans les manufacturer de ta-
bacs.
Au ministère de la Guerre : 4,OÇOj dont
2,000 ouvrières cartouchières.
A la Marine : 450 employées, soit aux
subsistances, soit dans les atcliere d'artil-
lerie.
Le ministère de l'Intérieur, qui englo-
bait, avant le ministère Monis, les services
pénitentiaires, comptait 900 femmes dont
570 dans tes prisons comme surveillantes
ou lingères et 300 dans les hôpitaux ou
hospices.
A la Justice, il n'y a guère que les 114
dames enseignant dans les maisons de la
Légion d'honneur et quelques dactylogra-
phes. Aux ministères des Affaires étran-
gères, des Colonies, de l'Agriculture, une
centaine do dames.
Et la statistique ne mentionne ni les doc-
toresses en médecine, en droit ou en toute
autre science, ni encore les « cheffesses »
de gare aux Compagnies particulières des
chemins C(& fer ou sur les autres réseaux,
qui ne sont pas de l'Etat, Est, Nord,
P.-L.-M., etc., etc. ; ni les commerçantes,
les seules patronnes de commerce ou d'in-
dustrie.
A quM chiffre énorme n'arriverait-on pat*
si cette statistique les avait fait entrer er-
ligne do compte ; mais elle n'a voulu que
tes « officielles B.
En tout cas, Les féministes n'o«nt pas à
se plaindre.
--- ———————————-
TROP TARD, LE TONNERRE.
Ainsi que nous l'avons annoncé, M. Le-
marchand, conseiller municipal du quar-
tier Notre-Dame, se propose, de question-
ner, à la rontrée, M. le Préfet de fa Seine
sur les mesures qu'il compte prendre pour
améliorer la distribution des eaux à Pa-
ris.
Il y a des cOlfiseilIers municipaux qui pas-
sent leurs vacances à la mer, d'autres qui
excursionnent dans la montagne. M. Le-
marchand occupe ses loisirs en enfonçant
des portes ouvertes.
Il no peut pas ignorer que la première
préoccupation de M. Delanney, en arrivant
à l'Hôtel-de-Ville, a été de réorganiser le
service des eaux. Grâce au nouveau préfet,
la disette d'eau dont nous étions menacés
a été évitée. Grâce à lui, nous aurons, l'an
prochain, une nouvelle usine élévatoire qui
rendra à peu près impossible le retour
diaccidents comme celui dont nous avons
sÓuffert cette année.
M. Lemarchand villégiature-t-il si loin
que les journaux ne parviennent pas jus-
qu'à lui, ou bien veut-il faire croire c¡u'j)
ne les lit pas ?
Réveillez~Vou$I
.-.+- ,.,
Le département de la Seine va, sous le
titre : « Indemnité de signature », allouer
à chaque conseiller de préfecture une in-
demnité annuelle do cinq mille francs, ce
qui portera leur traitement à quinze mille
francs.
Nous n'aurons garde de protester contre
cette décision, étant de ceux qui pensent
qu'un fonctionnaire n'est jamais trop rétri-
bué quand il remplit consciencieusement
ses fonctions.
Souhaitons donc qu'à cette augmentation
du traitement de MM. -les conseillers de
préfecture de la Seine, corresponde un pe-
tit supplément de zèle. Leurs décisions
sont, en vérité, par trop lentes à venir.
Nous pourrions citer notamment un cer-
tain nombre do réclamations sur contribu-
tions, parmi lesquelles beaucoup portent
sur des sommes importantes et sont, — de
toute évidence - absolument juslifiées,
dont les signataires n'ont pas encore reçu
de réponse favorable ou défavorable, bien
qu'ils aient transmis leur dossier dans les
formes légales et dans les délais légaux.
Le percepteur a mis beaucoup moiins de
temps à expédier ses petits papiers multi-
colores et le porteur de contraintes à com-,
mencer sa tournée.
Il fait chaud, c'est entendu, mais tout de
même, avec un peu de bonne volonté.
Fonctionnaire intelligent
Le maire de Valmondois a interdit —
sauf autorisation spéciale — de sonner du
clairon et de battre du tambour sur le
territoire de la commune qu'il administre.
Les gosses en abusent, il a bien fait.
Seulement, il a confié l'execution "de ses
arrêtés à un fonctionnaire que la moindre
initiative effraie. Et il a eu tort.
Le premier magistrat de la commune s'é-
tant absenté en même temps que son ad-
joint, un incendie éclata et un habitant du
lieu crut devoir en avertir ses concitoyens
11Ù moyen de l'instrument cher à M. Dé-
roulède.
Malheureusement, le garde champêtre
de Valmondois ne professe pas pour le clai-
ron la même passion que le vibrant poète
et il se mit en devoir d'appliquer, dans
toute sa rigueur, le susdit arrêté munici-
pal, sous prétexte qu'il n'y avait personne,
à la mairie, qui put autoriser l'instrumen-
tiste à donner l'alarme !
On' affîrniô que cet excellent garde est
cousin de l'habitant de Saint-Germain qui
refusa jadis de décrocher, avant l'arrivée
des gendarmes, le célèbre pendu de la fo-
rêt,
Mais cela lie cause âux Valmondoisiens
aucune fierté, et ils vont jusqu'à réclamer
des sanctions contre le fâcheux fonction-
naire.
Qu'on: lui donne seulement des instruc-
tions J -
Le Vatican et l'Italie
, .ttt.
La conciliation est-elle possible 9 — La maladie de
Pie X. — Ce que nous réserve l'avenir.
L'opinion de M. Bonomelli, évêque :t
de Crémone
les
La santé de Pie X a alarmé ces jours
derniers la presse catholique du mon-
de entier, et à l'heure présente il est
fort probable que nous ne connaissons
pas la vérité sur l'état du pape.
Quelques-uns de nos confrères se sont
posé cette question : Qu'arriverait-il de-
main si Pie X venait à mourir ? Les
intransigeanls d'extrême droit-e crai-
gnent l'élection du cardinal Rampolla
jugé trop libéral. Figés dans leur étroi-
te et sectaire orthodoxie, ils ne veulent
même pas comprendre que ce prélat
est un ami de la France et qu'il a tou-
jours défendu les idées, et l'influence
française dans la chrétienté.
Nous ne pouvons pas prévoir ce que
nous réservera demain, mais nous pou-
vons affirmer que la politique de M.
Merry del Val a éloigné du Vatican
toutes les nations libérales. Cette poli-
tique n'a pas réussi avec la France et
le Portugal ; elle ne réussira pas avec
l'Espagne.
L'Allemagne, il y a plusieurs mois,
n'a pas accepté comme parol-e d'Evan-
vite les ordres du Vatican qui a dû at-
ténuer sa pensée. Il y a un méconten-
tement général dans 1-9 monde des pré-
tai une réaction se prépare. Si Pie X
venait à disparaître, son successeur se-
rait fatalement amené à continuer la
politique prudente et avisée de Léon
XIII.
Quirinal et Vatican
C'est à l'heure où la politique catho-
lique parait devoir évoluer que les jour-
naux italiens — et qu-elques-uns de nos
grands confrères parisiens — s'occu-
pent d'une conciliation possible entre
le Vatican et le Quirinal.
C'est -en septembre 1870 que l'armée
royale s'empara de la ville de Rome
jusqu'alors soumise au pouvoir tempo-
rel des papes. -_o. -
Le Gouvernement de Victor-Emma-
nuel II, par la loi des garanties (1871),
s'engagea à laisser au pape la situation
personnelle d'un souverain dans son
Paluis du Vatican. Le Souverain Pontife
avait droit à une pension annuelle de
3,125,000 francs.
Pie IX excommunia les envahisseurs,
refusa d'entrer en négociations avec le
Gouvernement, se déclara moralement
prisonnier, s'enferma au Vatican et ne
voulut jamais entendre parler de la liste
civile.
Et depuis, le rapprochement entre lë
Vatican et le Quirinal n'a jamais pu
être obtenu. Il n'est pas impossible et
certains éveques s'y emploient-de leur
mieux. i
Un des plus éminents d'Italie, M. Bo-
nomelili, évêque de Crémone, a fait à un
journal italien des déclarations très in-
téressantes, qui mettent d'ailleurs la
France en cause.
Un rédacteur de la Perseveranza de-
manda à M. Bonomelli s'il était vrai
qu'il eût pris une part active, sous le
pontificat de Léon XIII, à l'œuvre de
conciliation entre l'Etat et l'Eglise.'
Voici-ce qu'a répondu l'évêque de
Crémone :
— Je peux dire ceci : Léon XIII avait
d'abord un programme de conciliation
pour lequel il a travaillé et fait travail-
ler. La conciliation, qui était, désirée par
le roi •Humbcrt Ier et par quelques hom-
mes politiques très en vue n'a pas réus-
si par la faute. de la France. La Fran-
ce fit. savoir à Léon XIII que si le Saint-
Siège faisait la conciliation avec l'Italie
elle rappellerait son ambassadeur au-
près du Vatican. C'est de cette époque
que date la seconde période de la poli-
tique dé Léon XIII envers l'Italie.
Le Giornate d'Italia,^ attribue - égale-
ment. au Gouvernement français l'échec
des tentatives- de conciliation. - il y a
vingt-quatre ans, M. Rouvier était pré-
sident du Conseil et AL Flourens. minis-
tre des Affaires étrangères. C'est au
Consistoire du, 23 mai i887 que Léon
XIII prononça les paroles qui permet-
taient de considérer un rapprochement
comme possible.
Si ce. rapprochement avait eu lieu, les
réactionnaires français auraient vu s'af-
faiiblir leur opposition monarchist-e et
catholique. Comme le Gouvernement
de M. Rouvier avait besoin des députés
de droite, notre ambassadeur au Vati-
can aurait exercé sur Léon XIII une
pression énergique.
Les Idées de Léon XIII
Léon XITI avait souhaité la, fin du
« funeste désaccord avec le pontificat »,
mais autour de lui les intransigeants
étaient nombreux et le pape les com-
battit. Il encouragea même M. Scala-
brini, évêque de Plaisance, d'écrire un,
livre contre ces intransigeants.
Voici ce qu'en dit M. Bonomelli :
— Le P.ape donna à Mgr Scalabrini -le
sommaire qu'il dievait illustrer et dévelop-
per. Ce sommaire, 1e t'ai ieu moi aussi dans
les mains. Mgr Scalabrini après avoir ac
cepté la charge, vint me demander m,a col-
laboration ; je' ne pouvais pas beaucoup
promettre à eause de mes occupations. Sur
ces entrefaites, Mgr Scalabrini, s'étant mis
au travail, s'aperçut de l'extrême délica-
tesse avec Laquelle il fallait traiter ce-rtat:
nés questions. Puisque c'était le Pape qui
avait ordonné le travail, c'était à lud de
résoudre certains doutes. Et Nfkr Scala-
brini, avec cette finesse qui le distinguait
commença à échanger une (longue corres-
pondance avec le Pape, de sorte que quand
le livre a été fini, il s'aperçut que celui-ci
avait été écrit par Léon XIII plutôt que
par lui.
Cela n'empêcha point que le livre, qui
avait paru sans nom d'auteur, ne fût vio->
lemment attaqué par tes intransigeants,
dont ifb combattait la politique, et tout spé-
cialement par l'Osservatore catlolico de
Milan. Excédé de ces att.aques qui se re-
nouvelaient constamment, Mgr Scalabrini
demamd'a à Léon XIII la permission de.
parler. -
Mais L&m XIII lui fit un devoir de gar-
d, er le salence. « Cette histoire, qui ne
craint pas de démentis, ajoute l'évêque de
Crémone, montre qu'il v a dans l'Eglise
deux éléments, le divin et l'humain. Si le
le premier ne mourra jamais, d'après la
parole indéfectible du Christ, l'autre a
toutes les caducités et toutes les imperfeo
tions de la nature humaine. »
La conenimMP Ré put- pas se faire à
cette époque. Nous ne croyons pas que
Pie X, mail conseillé par -l'espagnol
Merry del Val, ait essayé de la tenter, r
Son successeur, fort de l'exemple de
Léon JXIII, pourra certainement - s'il *
le veut — aboutir à ce rapprochement.
L'Italie en sera heureuse et les autres :
nations catholiques pourront enfin es-
pérer qu'ange leurs cardinaux .'Sa.s-'
seoira un jour dans la chaire de saint
Pierre.
Il est probable, d'ailleurs, qu'à cette
époque le pape ne sera plus que l'évê-
que de Rome.
Léon ARCHIMBAUD.
X
Les Affaires du Maroc
Nous l'écrivions hier : interruption
ne signifie pas rupture. M. de Kiderlen-
Wâechter prend un congé de dix jours.
M. Jules Cambon en profite pour venir
conférer, au quai d'Orsay, avec le mi-
nistre des Affaires Etrangères.
Les pourparlers, quand ils seront re-
pris entre les deux diplomates, abouti-
ront-ils à un accord ? C'est ce qu'il
n'est pas possible de prévoir. -
Quel sera cet accord s'il se produit ?
C^est ce qu'il serait téméraire de pré-
dire, étant donnée l'imprécision volon-
taire de la diplomatie allemande.
Ce que - Ion sait à mereille; c'est
qae. cei aecord ne sera pas, ne peut pas
être, ni un marché de dupe, ni une hu..
miliation.
La France consentira volontiers un
échange ; encore faudra-t-il qu'il soit
honorable et avantageux, que la. France
reçoive autant qu'elle donnera.
Certains de nos confrères, après
avoir prédit successivement la conclu-
sio.n de l'entente et la rupture des ne-
gociations, aflirment aujourd'hui avec.
un optimisme aussi injustifié que leur
pessimisme récent que l'interruption
momentanée des pourparlers marque
le début d'une trêve de dix joursx pen-
dant laquelle il ne saurait « rien se,
passer ».
C'est, en vérité, faire bon crédit à fa
diplomatie allemande.
On sait pourtant qu'elle n'a pas dé-
daigné, en diverses circonstances, de se
livrer aux manifestations ordinaires à
son goût de l'inattendu, alors que les
chancelleries escomptaient un repos
bien gagné.
Pour nmts, non? erm/ens sane, en
gardant nos lecteurs du pessimist e
Comme de Foptimisme, de tes prémunir
contre l'étonnement,
«♦«
LES NEGOCIATIONS FRANCO-ALLE-
- MANDES
Aucun, fait nouveau ne peut se produire
dans les négociations franco-allemandes
avant le retour de MM. de Kiderlen et
Cambon à Berlin. !
Le gouvernement français n'a point en.
core reçu de rapport verbal de notre am-
bassadeur en Allemagne. Celui-ci ne doit
en effet arriver à Paris que. demain ma-
tin.
L'OPINION ALLEMANDE
Berlin; 30 aoüt. :- La presse allemands
ne donne que peu de détails sur la jour,
née de Wiihelmshœhe. M. de Kiderlen-
Waechter est arrivé hier matin à Wii-
helms'hœhe et s'est fait aussitôt annon..
cer chez l'empereur. L'empereur, le chan-
celier et le secrétaire d'Etat pux Affaire.
étrangères sont sortis alors ensemble et
se sont promenés pendant une heure et
demie* dans l'imnjense parc en terrasse
des anciens landgraves de Hesse. La oo#
versation s'est poursuivie durant tobl
cette promenade, selon le Berliner Tage-
blatt. Au début l'empereur et le chancelier
'causèrent seuls. M. de Kiderlen-Waechtep
les suivait à quelque distance. Un peu plua
tard il les rejoignit. L'empereur eut encore
avant le déjeuner un- entretien avec l'am.
bassadeur d'Allemagne à Constantinople.
Lo grand déjeuner donné en l'honneur d4
l'anniversaire de François-Joseph a eu lieu
LUNDI 21 AOUT 1911. — Na 15137. ,
ANNONCES
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Adresser lettres et mandats à radmirtistrattur
TRIBUNE LIBRg;
'-';~~t:-"
Politique d'action
: I Bllfl «
II y a décidément quel-
que chose de changé dans
-les affaires de France. Et,
au milieu des difficultés ex-
térieures que, tous, nous sui-
vons avec une attention sou-
tenue, mais sans effroi et sans crain-
te, nous apercevons nettement l'action
nouvelle et nous y applaudissons de
tout cœur. On peut même penser et
crcire que ce calme de l'opinion, que
ce sang-froid qui nous conquiert, dans
le monde,. des sympathies et de Festi-
me, sont dus, pour partie, à ce senti
meni très net que nous avons un Gou-
vernement et des hommes de gouver.,
nement décidés à l'action nécessaire.
La politique du laisser-aller, du lais-
ser-faire, trop longuement pratiquée,
ne saurait salaire une opinion aussi
vivante que la nôtre. Compter sur le
temps pour arranger les conflits des
choses et des hommes, pour solution-
ner les situations difficiles, aplanir les
difficultés de toute nature, ne convien-
dra jamais a notre démocratie, qui ne
peut vivre que de mouvement, - d'ac-
tion, et qui s'énerve et s'écœure d'iner-
tie, de faiblesse, d'impuissance-
M. Caillaux et ses collaborateurs,
dès leur arrivée au pouvoir, l'ont com-
pris et se sont attachés à réveiller la
confiance par une action vigilante. Ne
reculant devant aucun problème, ne
craignant aucune responsabilité, fai-
sant face avec une énergie tranquille
et prévoyante aux plus graves situa-
tions, solutionnant, sans faiblesse les
crises les plus graves, ils ont affirmé
leur volonté d'action. te pays, tout de
suite, a applaudi. 1
Sans réserve, il a approuvé le pré-
sident du Conseil dans sa volonté
d'imposer à tous le respect de la léga-
lité républicaine trop longtemps ou-
blié- Il le suivra dans sa lutte contre
les énergumènes criminels de l'anar-
chie, distinguant fort bien, dans son
besoin de tranquillité, de travail et de
réiormes, entre les libertés nécessai-
res et les abus de force dont il a trop
sou lïer t.
En quelques jours, M- Caillaux, jus-
tifiant pleinement les espérances de
ceux qui, connaissant toutes les res-
sources de son esprit et la lucide net-
teté de sa volonté, le considéraient
comme un homme d'Etat, a su remet-
tre les choses en place et préparer le
terrain pour une action féconde.
Mais, à côté de lui, entraînés par
lui, ses collaborateurs ne restent pas
inactifs et secondent de toutes leurs
forces l'action du président du Con-
seil.
C'est Delcassé, dont il serait super-
flu de renouveler l'éloge, à cette pla-
ce ; c'est Gruppi ; c'est Renoult ; c'est
Messimy, qui, à peine installé au mi-
nistère de la guerre, ne craint pas d'as-
sumer la lourde responsabilité d'en
terminer - avec une crise grave depuis
longtemps connue, mais toujours
ajournée.
Crise du haut commandement, crise
da rajeunissement des cadrés. Sa jeu-
ne vigueur qui ne va pas sans une
connaissance approfondie de toutes les
choses militaires, agit et améliore. Il
engage sans hésitation: sa propre res-
ponsabilité, -mais impose aux autres,
chose inattendue et nouvelle, des res-
ponsabilités aussi. -
A côté, c'est Steeg, esprit cultivé et
fin, dont la scrupuleuse conscience n'a-
git qu'après mure réflexion et qui, mer-
veilleusement, a compris la tâche qui
s'imposait au Grand Maître de notre
Université.
Peu à peu, avec une persévérance
et une éloquence heureuses, il s'est em-
ployé à la défense, non seulement de
l'Ecole laîque., injustement attaquée,
mais de l'Université tout entière. Sa
connaissance approfondie de la mai-
son dont il est le chef, a rendu sa dé-
fense vigoureuse,, forte et utile. Cher-
chant dans son cœur d'universitaire, il
y a trouvé les arguments qui portent,
les mots qui touchent. Contre tous les
réacteurs de basse ou haute cultu-
re. ^contre l'ignorantin comme contre
l'académicien, il a fait face et a vain-
cu- Son autorité s"en est accrue, sa
force d'action en sera augmentée et on
,,- ,
peut être sûr que, 'dans la limite que lui :
tracera son esprit de mesure incontes- ;
table, il saura obtenir du Parlement!
les armes de défense nécessaire et les.
améliorations qui lui permettront de
poursuivre utilement l'œuvre qu'il a
assumée.
A l'Agriculture, c'est M. Pams, dont
l'affabilité avait trop longtemps caché
les qualités d'administrateur expert
et avisé, et qui, sans bruit, avec un
tact et une mesure Auxquels tout le
monde rend déjà hommage, est en
train de solutionner heureusement la
crise acs délimitations- Il agit, lui
aussi, et, par son action efficace, ren-
dant, au bon sens ses droits, il efface
peu à peu les souvenirs attristants de la
plus folle équipée-
Aux Postes, c'est M. Chaumet qui
s'attache à remettre les hommes et les
choses à leur place, et qui réussira à
rétablir l'esprit de devoir et de respon-
sabilité .au Bout de l'échelle d'abord,
partout ensuite.
Aux'Travaux publics, c'est M. Au-
gagneur qui, avec son expérience d'ad-
ministrateur, prépare les améliora-
tions qui, acceptables de tous, met-
tront fin à la crise des cheminots.
- Partout, en un mot, sous la haute et
diligente direction du président du
Conseil, c'est le travail, c'est l'action.
Attendons-en patiemment les effets.
Les violents n'ont plus seuls la paro-
le, les hommes de gouvernement sont
des hommes d'action. Leur œuvre fé-
conde se dressera chaque jour davan-
tage en face de l'impuissance de la fo-
lie des saboteurs conscients ou incon-
scients.
Et déjà la raison reprend ses droits,
et le vieux bon sens de' notre race
reparaît.
Il n'y a pas lieu de désespérer.
Marcel RECNIER.
o
LA POLITIQUE
"-- -00.6 - -'
----- LE - BOUT - DE - L'OREILLE ---
La presse réactionnaire et la
presse révolutionnaire — d'ac-
cord une lois de plus — se féli-
citent pareillement des événe-
fments d'Angleterre,
L'une et Vautre y voient une condam-
nation sans apllel de l'arbitrage. C'est
peut-être aller un peu vite. -
Supposez que l'arbitrage n'existe
pas : l'exemple de là France, où il n'a
pas encore été institué, montre assez
qu'il n'y en aura pas moins de grèves
et que tes grèves n'en seront pas moins
violentes.
Les événements actuels de Londres,
de Noitingham et de Liverpool ont pu
se produire malgré l'arbitrage, ce n'est
pas l'arbitrage qui les a causes.
Dans un pays où il n'est pas organisé
par la. loi, comme la France, dans tous
les cas, les deux adversaires se trou-
vent directement en conflit., il y a risque
que lé conflit devienne violent ; dans
un pays où l'arbitrage est d'usage
constant, comme l'Angleterre, dans tous
les c.as, dés tiers désintéressés et dont
l'amour-propre n'est pas en jeu, s'inter.
posant entre les adversaires, il y a
chance que le conflit reste pacifique.
Hier, en Angleterre, la chance heu.
reuse ne s'est pas réalisée. Mais chaque
four, en France, les risques se réali-
sent.
Allez-vous conclure que c'est l'a,rbi-
trage qui provoque les grèves et le sa-
botage ?
C'est ce que font lTdair, le Libertai-
re, le Journal des Débats et la Bataille
syndicaliste.
il est manifeste qu'ils ont leur raison.
Les révolutionnaires s'attaquent de par-
ti pris à l'arbitrage, comme à l'exten-
sion de la capacité juridique des syndi-
cats, comme à la copartnership, parce
qu'ils se rendent fort bien compte que
rendre les syndicats propriétaires et
prospères, c'est les rendre indépen-
dants des politiciens anarchistes qui les
ont asservis, et qui s'en servent.
• Les réactionnaires s'en prennent au-
jourd hui à l'arbitrage comme hier ils
ren prenaient au repos hebdomadaire,
à la loi sur les accidents, aux retraites
ouvrxeres, pour la simple raison qu'il
n'est pas possible d'alléger le far (Te au
des travailleurs sans inquiéter « Vè-
qoïsme protégé » des possédants.
Toute législation sociale s'inspire né-
cessairement 'd'une pensée (Je solidarité
sociale. Il est normal qu'elle se heurte
à l'opposition de tous les profiteurs,
profiteurs de la conservation sociale et
profiteurs de la sociale..
Le Parti républicain, résolu tiux re-
formes sociales nécessaires, ne se lais-
sera prendre ni à leurs lamentations,
ni à leurs prophéties.
LES ON-DIT
-+.. —'
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil : 4 h. 59 du mâtiné
Coucher du soleil : 7 h. 7 du soir.
Lever de la lune : ir h. 42 du soir.
Coucher de la lune : 5 h. 15 du soir"
Courses à Deauville.
,." r:- AUTREFOIS
Le Rappel du 21 août 1875 ri
Les obsèques d'Andrew Johnson ont été
célébrées le 3 août, à Greenville (Tennessee),
au milieu d'un immense concours de popula-
tion. La dépouille mortelle de l'ex-président
des Etats-Unis a été transportée -à Johson-
Hill.
— Les régiments de zouaves qui n'avaient
jusqu'ici que des clairons et des tambours
vont avoir, comme tous les autres régiments
Tinfanterie, une musique militaire.
— On a été obligé, depuis quelques jours,
dit un journal de Saônc-et-Loire, de redou-
bler de surveillance autour des usines du
Creusot. Les étrangers, notamment des Alle-
mands, y sont en grand nombre. L'entrée des
ateliers est sévèrement interdite.
Un apologue de Menot
On sait combien il coûte gros, aujour-
d'hui, de se faire rendre justice, tant sont
excessifs les frais do procédure ! Cette
justice coûtait encore plus cher autrefois,
alors que maints et maints juges se lais-
saient acheter plus que facilement et scan-
daleusement. D'où cet apologue:
Le fameux prédicateur populaire, Menot,
XVIe siècle, comparant, dans un de ses ser-
mons les juges aux chats et les plaideurs
aux souris disait : « Messieurs de la Justice
sont un chat à qui l'on aurait confié la
garde d'un fromage, de peur qu'il ne soit
rongé des souris, -qui ne demandent pour-
tant que leur part légitime ; un seul coup
de dent du chat fera plus de tort au fro-
mage que vingt souris ne pourraient en
faire?.
Catherine Il et la Bibliothèque
de Diderot
L'Histoire est connue, mais il est bon de
la r-appcler puisqu'elle met en cause une
impératrice autocrate — il est vrai qu'elle
s'appelait Catherine II: - et l'un de nos
plus célèbres philosophes : Diderot.
Il est vrai, aussi,, qu'à cette époque nos
écrivains étaient plus populaires en Rus-
sie et en Prusse qu'en France.
Diderot, lisons nous dans les Mémoires
secrets de Bachaumont, pour avoir été l'é-
diteur do l'Encyclopédie dont la vente a
fait entrer plusieurs millions de l'étranger
n'en était pas plus à son aise. Il se vit
obligé d'annoncer, pour vivre, la vente de
sa Bibliothèque. Elle fut offerte à plusieurs
cours étrangères; mais ce fut l'impératrice;
de Russie qui l'acheta au prix qpe le pos-
sesseur en demandait. Elle mit pour condi-
tion dans le marché, que Diderot la gar-
derait pendant sa vie et que, pour la garde
de ce dépôt, il aurait une pension de mille
livres, dont la première fui payée d'avan-
ce, avec le prix de la bibliothèque. Ayant
appris, que la deuxième année n'avait pas
été payée, et ne voulant pas que cette né-
gligence se renouvelât, Catherine ordonna
que cinquanto années fussent versées d'a-
vance. Depuis ce jour, elle ne cessa de
veiller sur Diderot, son grand ami, afin
que rien ne lui manquÙf Informée que
pour sa santé il lui était nécessaire d'a-
bandonner son quatrième étage où jusqu'a-
lors il avait passé sa vie, elle s'inquiéta
que fut « loué l'appartement l'e plus conve-
nable et le plus commode pour sa biblio-
thèque et son bibliothécaire ». C'est dans
cet appartement que mourut Diderot, en
1784, âgé de soixante et onze ans,..
Ce n'est que de la Saint-Jean
C'est vers te milieu de la belle saison, en
juin, c'est-à-dire à la Saint-Jean, que mû-
rissent certaines petites poires de qualité
médiocre.
Un jour Louis XV ee promenait dans le
¡potager royal de Versailles. Le jardinier-
en-chef lui désignait et lui vantait, avec ce
grand appareil de formules administrati-
ves, différentes espèces de beaux poiriers
et de bonnes poires.
— Et ça ? demandait le roi, montrant
uiwî série de petits poiriers. :
- Ça ! répondit dédaigneusement le jar-
dinier, ça ! ce n'est que de la Saint-Jean |
C'est depuis que nous est restée rexpres-
sion si courante.
AUJOURDHUI
Féminisme
Voici des chiffres qui, certainement, car
ils semblent être exacts, intéresseront les
féministes. Mais ne le sommes-nous pas
tous, lS ou moins, féministes ? ':
Ces chiffres, nous les cueillons dans une
statistique officielle de l'an dèiTiièr. ■ ,
Personnel universitaire : 70,800 profes-
seurs, institutrices, surveillantes ou em-
ployées.
Aux Gobelins, à Sèvres, à Béa-uvais,
'fledion des beaux-arts : 50 employées.
P. T. T. ; --l 9- ?o receveuses, employées,
ouvrières, gérantes de cabines téléphoni-
ques et 613 factrices.
Chemins, de fer de l'Etat s. 6^00 tm.
mes, receveuses, télégraphistes* gardes-
barrières*
Administration des finances : 15,30)0,
dont 12,230 dans les manufacturer de ta-
bacs.
Au ministère de la Guerre : 4,OÇOj dont
2,000 ouvrières cartouchières.
A la Marine : 450 employées, soit aux
subsistances, soit dans les atcliere d'artil-
lerie.
Le ministère de l'Intérieur, qui englo-
bait, avant le ministère Monis, les services
pénitentiaires, comptait 900 femmes dont
570 dans tes prisons comme surveillantes
ou lingères et 300 dans les hôpitaux ou
hospices.
A la Justice, il n'y a guère que les 114
dames enseignant dans les maisons de la
Légion d'honneur et quelques dactylogra-
phes. Aux ministères des Affaires étran-
gères, des Colonies, de l'Agriculture, une
centaine do dames.
Et la statistique ne mentionne ni les doc-
toresses en médecine, en droit ou en toute
autre science, ni encore les « cheffesses »
de gare aux Compagnies particulières des
chemins C(& fer ou sur les autres réseaux,
qui ne sont pas de l'Etat, Est, Nord,
P.-L.-M., etc., etc. ; ni les commerçantes,
les seules patronnes de commerce ou d'in-
dustrie.
A quM chiffre énorme n'arriverait-on pat*
si cette statistique les avait fait entrer er-
ligne do compte ; mais elle n'a voulu que
tes « officielles B.
En tout cas, Les féministes n'o«nt pas à
se plaindre.
--- ———————————-
TROP TARD, LE TONNERRE.
Ainsi que nous l'avons annoncé, M. Le-
marchand, conseiller municipal du quar-
tier Notre-Dame, se propose, de question-
ner, à la rontrée, M. le Préfet de fa Seine
sur les mesures qu'il compte prendre pour
améliorer la distribution des eaux à Pa-
ris.
Il y a des cOlfiseilIers municipaux qui pas-
sent leurs vacances à la mer, d'autres qui
excursionnent dans la montagne. M. Le-
marchand occupe ses loisirs en enfonçant
des portes ouvertes.
Il no peut pas ignorer que la première
préoccupation de M. Delanney, en arrivant
à l'Hôtel-de-Ville, a été de réorganiser le
service des eaux. Grâce au nouveau préfet,
la disette d'eau dont nous étions menacés
a été évitée. Grâce à lui, nous aurons, l'an
prochain, une nouvelle usine élévatoire qui
rendra à peu près impossible le retour
diaccidents comme celui dont nous avons
sÓuffert cette année.
M. Lemarchand villégiature-t-il si loin
que les journaux ne parviennent pas jus-
qu'à lui, ou bien veut-il faire croire c¡u'j)
ne les lit pas ?
Réveillez~Vou$I
.-.+- ,.,
Le département de la Seine va, sous le
titre : « Indemnité de signature », allouer
à chaque conseiller de préfecture une in-
demnité annuelle do cinq mille francs, ce
qui portera leur traitement à quinze mille
francs.
Nous n'aurons garde de protester contre
cette décision, étant de ceux qui pensent
qu'un fonctionnaire n'est jamais trop rétri-
bué quand il remplit consciencieusement
ses fonctions.
Souhaitons donc qu'à cette augmentation
du traitement de MM. -les conseillers de
préfecture de la Seine, corresponde un pe-
tit supplément de zèle. Leurs décisions
sont, en vérité, par trop lentes à venir.
Nous pourrions citer notamment un cer-
tain nombre do réclamations sur contribu-
tions, parmi lesquelles beaucoup portent
sur des sommes importantes et sont, — de
toute évidence - absolument juslifiées,
dont les signataires n'ont pas encore reçu
de réponse favorable ou défavorable, bien
qu'ils aient transmis leur dossier dans les
formes légales et dans les délais légaux.
Le percepteur a mis beaucoup moiins de
temps à expédier ses petits papiers multi-
colores et le porteur de contraintes à com-,
mencer sa tournée.
Il fait chaud, c'est entendu, mais tout de
même, avec un peu de bonne volonté.
Fonctionnaire intelligent
Le maire de Valmondois a interdit —
sauf autorisation spéciale — de sonner du
clairon et de battre du tambour sur le
territoire de la commune qu'il administre.
Les gosses en abusent, il a bien fait.
Seulement, il a confié l'execution "de ses
arrêtés à un fonctionnaire que la moindre
initiative effraie. Et il a eu tort.
Le premier magistrat de la commune s'é-
tant absenté en même temps que son ad-
joint, un incendie éclata et un habitant du
lieu crut devoir en avertir ses concitoyens
11Ù moyen de l'instrument cher à M. Dé-
roulède.
Malheureusement, le garde champêtre
de Valmondois ne professe pas pour le clai-
ron la même passion que le vibrant poète
et il se mit en devoir d'appliquer, dans
toute sa rigueur, le susdit arrêté munici-
pal, sous prétexte qu'il n'y avait personne,
à la mairie, qui put autoriser l'instrumen-
tiste à donner l'alarme !
On' affîrniô que cet excellent garde est
cousin de l'habitant de Saint-Germain qui
refusa jadis de décrocher, avant l'arrivée
des gendarmes, le célèbre pendu de la fo-
rêt,
Mais cela lie cause âux Valmondoisiens
aucune fierté, et ils vont jusqu'à réclamer
des sanctions contre le fâcheux fonction-
naire.
Qu'on: lui donne seulement des instruc-
tions J -
Le Vatican et l'Italie
, .ttt.
La conciliation est-elle possible 9 — La maladie de
Pie X. — Ce que nous réserve l'avenir.
L'opinion de M. Bonomelli, évêque :t
de Crémone
les
La santé de Pie X a alarmé ces jours
derniers la presse catholique du mon-
de entier, et à l'heure présente il est
fort probable que nous ne connaissons
pas la vérité sur l'état du pape.
Quelques-uns de nos confrères se sont
posé cette question : Qu'arriverait-il de-
main si Pie X venait à mourir ? Les
intransigeanls d'extrême droit-e crai-
gnent l'élection du cardinal Rampolla
jugé trop libéral. Figés dans leur étroi-
te et sectaire orthodoxie, ils ne veulent
même pas comprendre que ce prélat
est un ami de la France et qu'il a tou-
jours défendu les idées, et l'influence
française dans la chrétienté.
Nous ne pouvons pas prévoir ce que
nous réservera demain, mais nous pou-
vons affirmer que la politique de M.
Merry del Val a éloigné du Vatican
toutes les nations libérales. Cette poli-
tique n'a pas réussi avec la France et
le Portugal ; elle ne réussira pas avec
l'Espagne.
L'Allemagne, il y a plusieurs mois,
n'a pas accepté comme parol-e d'Evan-
vite les ordres du Vatican qui a dû at-
ténuer sa pensée. Il y a un méconten-
tement général dans 1-9 monde des pré-
tai une réaction se prépare. Si Pie X
venait à disparaître, son successeur se-
rait fatalement amené à continuer la
politique prudente et avisée de Léon
XIII.
Quirinal et Vatican
C'est à l'heure où la politique catho-
lique parait devoir évoluer que les jour-
naux italiens — et qu-elques-uns de nos
grands confrères parisiens — s'occu-
pent d'une conciliation possible entre
le Vatican et le Quirinal.
C'est -en septembre 1870 que l'armée
royale s'empara de la ville de Rome
jusqu'alors soumise au pouvoir tempo-
rel des papes. -_o. -
Le Gouvernement de Victor-Emma-
nuel II, par la loi des garanties (1871),
s'engagea à laisser au pape la situation
personnelle d'un souverain dans son
Paluis du Vatican. Le Souverain Pontife
avait droit à une pension annuelle de
3,125,000 francs.
Pie IX excommunia les envahisseurs,
refusa d'entrer en négociations avec le
Gouvernement, se déclara moralement
prisonnier, s'enferma au Vatican et ne
voulut jamais entendre parler de la liste
civile.
Et depuis, le rapprochement entre lë
Vatican et le Quirinal n'a jamais pu
être obtenu. Il n'est pas impossible et
certains éveques s'y emploient-de leur
mieux. i
Un des plus éminents d'Italie, M. Bo-
nomelili, évêque de Crémone, a fait à un
journal italien des déclarations très in-
téressantes, qui mettent d'ailleurs la
France en cause.
Un rédacteur de la Perseveranza de-
manda à M. Bonomelli s'il était vrai
qu'il eût pris une part active, sous le
pontificat de Léon XIII, à l'œuvre de
conciliation entre l'Etat et l'Eglise.'
Voici-ce qu'a répondu l'évêque de
Crémone :
— Je peux dire ceci : Léon XIII avait
d'abord un programme de conciliation
pour lequel il a travaillé et fait travail-
ler. La conciliation, qui était, désirée par
le roi •Humbcrt Ier et par quelques hom-
mes politiques très en vue n'a pas réus-
si par la faute. de la France. La Fran-
ce fit. savoir à Léon XIII que si le Saint-
Siège faisait la conciliation avec l'Italie
elle rappellerait son ambassadeur au-
près du Vatican. C'est de cette époque
que date la seconde période de la poli-
tique dé Léon XIII envers l'Italie.
Le Giornate d'Italia,^ attribue - égale-
ment. au Gouvernement français l'échec
des tentatives- de conciliation. - il y a
vingt-quatre ans, M. Rouvier était pré-
sident du Conseil et AL Flourens. minis-
tre des Affaires étrangères. C'est au
Consistoire du, 23 mai i887 que Léon
XIII prononça les paroles qui permet-
taient de considérer un rapprochement
comme possible.
Si ce. rapprochement avait eu lieu, les
réactionnaires français auraient vu s'af-
faiiblir leur opposition monarchist-e et
catholique. Comme le Gouvernement
de M. Rouvier avait besoin des députés
de droite, notre ambassadeur au Vati-
can aurait exercé sur Léon XIII une
pression énergique.
Les Idées de Léon XIII
Léon XITI avait souhaité la, fin du
« funeste désaccord avec le pontificat »,
mais autour de lui les intransigeants
étaient nombreux et le pape les com-
battit. Il encouragea même M. Scala-
brini, évêque de Plaisance, d'écrire un,
livre contre ces intransigeants.
Voici ce qu'en dit M. Bonomelli :
— Le P.ape donna à Mgr Scalabrini -le
sommaire qu'il dievait illustrer et dévelop-
per. Ce sommaire, 1e t'ai ieu moi aussi dans
les mains. Mgr Scalabrini après avoir ac
cepté la charge, vint me demander m,a col-
laboration ; je' ne pouvais pas beaucoup
promettre à eause de mes occupations. Sur
ces entrefaites, Mgr Scalabrini, s'étant mis
au travail, s'aperçut de l'extrême délica-
tesse avec Laquelle il fallait traiter ce-rtat:
nés questions. Puisque c'était le Pape qui
avait ordonné le travail, c'était à lud de
résoudre certains doutes. Et Nfkr Scala-
brini, avec cette finesse qui le distinguait
commença à échanger une (longue corres-
pondance avec le Pape, de sorte que quand
le livre a été fini, il s'aperçut que celui-ci
avait été écrit par Léon XIII plutôt que
par lui.
Cela n'empêcha point que le livre, qui
avait paru sans nom d'auteur, ne fût vio->
lemment attaqué par tes intransigeants,
dont ifb combattait la politique, et tout spé-
cialement par l'Osservatore catlolico de
Milan. Excédé de ces att.aques qui se re-
nouvelaient constamment, Mgr Scalabrini
demamd'a à Léon XIII la permission de.
parler. -
Mais L&m XIII lui fit un devoir de gar-
d, er le salence. « Cette histoire, qui ne
craint pas de démentis, ajoute l'évêque de
Crémone, montre qu'il v a dans l'Eglise
deux éléments, le divin et l'humain. Si le
le premier ne mourra jamais, d'après la
parole indéfectible du Christ, l'autre a
toutes les caducités et toutes les imperfeo
tions de la nature humaine. »
La conenimMP Ré put- pas se faire à
cette époque. Nous ne croyons pas que
Pie X, mail conseillé par -l'espagnol
Merry del Val, ait essayé de la tenter, r
Son successeur, fort de l'exemple de
Léon JXIII, pourra certainement - s'il *
le veut — aboutir à ce rapprochement.
L'Italie en sera heureuse et les autres :
nations catholiques pourront enfin es-
pérer qu'ange leurs cardinaux .'Sa.s-'
seoira un jour dans la chaire de saint
Pierre.
Il est probable, d'ailleurs, qu'à cette
époque le pape ne sera plus que l'évê-
que de Rome.
Léon ARCHIMBAUD.
X
Les Affaires du Maroc
Nous l'écrivions hier : interruption
ne signifie pas rupture. M. de Kiderlen-
Wâechter prend un congé de dix jours.
M. Jules Cambon en profite pour venir
conférer, au quai d'Orsay, avec le mi-
nistre des Affaires Etrangères.
Les pourparlers, quand ils seront re-
pris entre les deux diplomates, abouti-
ront-ils à un accord ? C'est ce qu'il
n'est pas possible de prévoir. -
Quel sera cet accord s'il se produit ?
C^est ce qu'il serait téméraire de pré-
dire, étant donnée l'imprécision volon-
taire de la diplomatie allemande.
Ce que - Ion sait à mereille; c'est
qae. cei aecord ne sera pas, ne peut pas
être, ni un marché de dupe, ni une hu..
miliation.
La France consentira volontiers un
échange ; encore faudra-t-il qu'il soit
honorable et avantageux, que la. France
reçoive autant qu'elle donnera.
Certains de nos confrères, après
avoir prédit successivement la conclu-
sio.n de l'entente et la rupture des ne-
gociations, aflirment aujourd'hui avec.
un optimisme aussi injustifié que leur
pessimisme récent que l'interruption
momentanée des pourparlers marque
le début d'une trêve de dix joursx pen-
dant laquelle il ne saurait « rien se,
passer ».
C'est, en vérité, faire bon crédit à fa
diplomatie allemande.
On sait pourtant qu'elle n'a pas dé-
daigné, en diverses circonstances, de se
livrer aux manifestations ordinaires à
son goût de l'inattendu, alors que les
chancelleries escomptaient un repos
bien gagné.
Pour nmts, non? erm/ens sane, en
gardant nos lecteurs du pessimist e
Comme de Foptimisme, de tes prémunir
contre l'étonnement,
«♦«
LES NEGOCIATIONS FRANCO-ALLE-
- MANDES
Aucun, fait nouveau ne peut se produire
dans les négociations franco-allemandes
avant le retour de MM. de Kiderlen et
Cambon à Berlin. !
Le gouvernement français n'a point en.
core reçu de rapport verbal de notre am-
bassadeur en Allemagne. Celui-ci ne doit
en effet arriver à Paris que. demain ma-
tin.
L'OPINION ALLEMANDE
Berlin; 30 aoüt. :- La presse allemands
ne donne que peu de détails sur la jour,
née de Wiihelmshœhe. M. de Kiderlen-
Waechter est arrivé hier matin à Wii-
helms'hœhe et s'est fait aussitôt annon..
cer chez l'empereur. L'empereur, le chan-
celier et le secrétaire d'Etat pux Affaire.
étrangères sont sortis alors ensemble et
se sont promenés pendant une heure et
demie* dans l'imnjense parc en terrasse
des anciens landgraves de Hesse. La oo#
versation s'est poursuivie durant tobl
cette promenade, selon le Berliner Tage-
blatt. Au début l'empereur et le chancelier
'causèrent seuls. M. de Kiderlen-Waechtep
les suivait à quelque distance. Un peu plua
tard il les rejoignit. L'empereur eut encore
avant le déjeuner un- entretien avec l'am.
bassadeur d'Allemagne à Constantinople.
Lo grand déjeuner donné en l'honneur d4
l'anniversaire de François-Joseph a eu lieu
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