Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-08-18
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 18 août 1911 18 août 1911
Description : 1911/08/18 (N15134). 1911/08/18 (N15134).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k75680564
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
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VENDREDI 18 AOUT 1911. — If. 15134, _:-
ANNONCES
- AUX BUREAUX DU JOURNAL
p, M. fettrastom) et n, me du Fmitw-SWMrtfo, PAlIS
pl elles MM. LAGRANGE, CERF et 0.1
f. piace de te Bourse, 6
âûrme WWcrIPbIque: XIX* SIÈCLE - PARIS
i t ",
AUONNMKN
Trois mois six mois an..
- - -"
Paris 6f 11 t. gQ fc
Départements 7 1. 12 f. M k
Union Postale. 9 1. 16 t. Si fi
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4.
fe 9 tara A soir i 3 bores ia sitia, 123, ne Montmartre Tâiptose 143-13
FONDATEUR : EDMOND ABOUT
TÉLÉPHONE : 424-90 et 424-91
, Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
TRIBUNE LIBRE
Sur le dos
, du Prolétariat!
0 811.. ;
ta grève des chemins de
fer attra produit au moins
un résultat heureux. Elle a
mis en garde la classe ou-
vrière contre le double pé-
ril qui menace son effort
d'organisation ; savoir la tyrannie des
meneurs et la tutelle des partis politi-
ques. ,
Si la grève a éclaté à une heure ino-
pinée, la faute en lut aux dirigeants
révolutionnaires dont on ne sait que
trop qu'ils De rêvent que plaies et bos-
ses. Responsabilité partagée d'ailleurs
par certains leaders du socialisme po-
litique, trop soucieux de ne pas de-
meurer en reste. ,
,". De cette rivalité, c'est le prolétariat
des chemins de fer qui a fait les frais
Parce qu'il a plu à des meneurs révo-
lutionnaires de déchaîner à l'improvis-
fe un mouvement de grève ; parce
que les chefs socialistes, craignant de
fie faire taxer de modérantisme par
leurs rivaux de la C. G- T., n'ont pas
osé déconseiller tout haut une grève
qu'ils savaient d'avance vouée à l'in-
succès, des milliers de travailleurs ont
perdu leur gagne-pain, des milliers
de femmes et d'enfants se trouvent
* dans la misère.
Il en sera ainsi cnaque fois que les
corporations ouvrières accepteront
sans contrôle les conseils qui leur
viennent du dehors ; chaque fois que
des éléments étrangers aux organisa-
tions professionnelles se mêleront de
prendre en mains la direction du mou-
vement.
La destinée des travailleurs est dé-
cidément singulière. Naguère, faute
d'organisation, ils étaient trop facile-
ment la proie d'un capitalisme avide.
Ils n'ont échappé au péril de l'isole-
ment que pour iomber dans un dan-
ger plus grave. Désormais, si les re-
présentants des diverses corporations
n'y prennent garde, quelques meneurs
audacieux régenteront en leurs lieu et
place les syndicats professionnels-
Il leur faut à tout prix réagir. La
classe ouvrière a des droits. Les cor-
porations ont des intérêts à défendre,
des revendications légitimes à faire
triompher. Pour atteindre au but pour-
suivi, il faut que le prolétariat décide
enfin d' « être lui-même », de ne plus
tolérer l'immixtion dans ses rangs d'é-
léments politiciens ou anarchistes.
Il est à noter que la situation -fâ-
cheuse, qui fut celle de la grève des
chemins de fer, n'est pas nouvelle.
Voilà maintenant quelques trente-cinq
années qu'anarchistes et socialistes se
livrent d'homériques batailles sur le
dos du prolétariat syndiqué-
Au lendemain de l'établissement de
la Troisième .République, se révélait
en France un réveil de l'esprit d'asso-
ciation. De nombreux syndicats étaient
nés. On revenait à la tradition des
congrès corporatifs. -
Les premiers Congrès de 1876 et de
1877 présentèrent ce caractère très
spécial, que pour y être admis, il fal-
lait avoir fait œuvre de ses dix doigts ;
prouver que l'on était vraiment un tra-
vailleur de l'atelier ou de l'usine ; s'at-
tacher, à l'exclusion de toute phraséo-
logie, à la défense des intérêts corpo-
ratifs.
Cela ne pouvait faire l'affaire des
révolutionnaires. Dès 1878, Jules
Guesde, qui travaillait alors à vulgari-
ser en France les doctrines marxistes,
tentait de mettre la main sur le mouve-
ment corporatif. Battu une première
fois, il revenait à la charge au Con-
grès de Marseille, en 1879, où il trou-
vait une douzaine de voix en faveur
de ses théories. Et l'année suivante, au
Hawe, les politiciens, qui marchaient
à sa suite, tentaient et réalisaient cet-
te entreprise audacieuse d'expulser
d'un Congrès corporatif les représen-
tants qualifiés des travailleurs ma-
s.
Pendant près de vingt années, le
Socialisme pelitique a réussi à main-
tenir sa domination sur le mouvement
Ouvrier, à tenir en tutelle le proléta-
riat manuel. ,
Par un juste retour des choses d'ici-
bas, Guesde, qui avait exproprié, au
profit de son parti, les premiers mili-
tants syndicaux, s'est trouvé expro-
prié à son tour. S'inspirant des pro-
cédés du guesdisme, une poignée d'a-
narchistes résolus a mis la main sur
tout le mouvement ouvrier.
Après une première tentative in-
fructueuse, les libertaires sont arrivés
à leurs fins. La fameuse C- G. T. a
permis à tous les « déclassés » des
groupes anarchistes de mettre la main
sur ce qu'ils ont le front d'appeler
« un parti de classe ». On sait ce que
cette expérience audacieuse a coûté de
deuils, de larmes et de misères aux vb-
ritables ouvriers.
Tout de même, la coupe d'amertu-
me est pleine à déborder. Les ensei-
gnements ile - la grève des chemins de
fer sont là- Ils ont ouvert les yeux aux
travailleurs. Un mouvement de reac-
tion se dessine contre l'autoritarisme
des meneurs- Il est encore temps de
revenir à la tradition des Congrès ou-
vriers de 1876, refusant leur porte aux
politiciens, aux déclassés et aux phra-
seurs. Mais il est grand temps. Le pro-
létariat le comprendra-t-il ?
Emile DESVAUX.
A Dmwaier municipal de PClrII.
- i M. Maurras-
--"8"'-
M. Charles Maurras a, dans sa dialecti-
que, tant de merveilleuses ressources, qu'il
prête généreusement aux plus dénués. Il
ne se sert point, pour son usage person-
nel, d'une pétition de principes, qu'il ne
la suppose admise par l'adversaire, com-
me vérité d'évidence.
Lundi, il avait hasardé un raisonnement,
que le Rappel prit la liberté de ramener
au syllogisme suivant : ':, '-. ',:"
« Le nationalisme est le patriotisme aigu
des nations envahies par un étranger.
s Or, le Juif esl pour la France un enva-
hisseur étranger.
« Donc, le nationalisme français est jus-
tifié par l'envahissement juif ».
Nous avions eu le soin de soumettre cet
élémentaire devoir d'école à M. Maurras,
en le priant de le corriger au besoin. M.
Maurras n'a pas corrigé, c'est donc que
nous avions fidèlement traduit sa pensée.
Or, ce raisonnement, comme nous avons
dit, a le tort grave de supposer démontré
précisément ce qui est en question. L'enva-
hissement et la domination de la France
par les juifs sont choses que l'on rencon-
tre souvent dans les journaux, il ne s'en-
suit pas que ce sod des vérités historiques.
« Pardon, nous rétorque M. Maurras Vous
les avez vous-mêmes admises comme tel-
les. En me demandant si je ne serais
pas nationaliste, si notre sol n'avait pas
été envahi, vous avez admis « au moins
par hypothèse » que notre sol avait été en-
vahi ».
A Dieu ne plaise, répondons-nous à no-
tre tour à M. Maurras, nous savons, non
pas par hypothèse, mais par le fidèle té-
moignage de nos pères, combattants de 70,
et mieux encore par notre propre expérien-
ce de fils de vaincus, quotidiennement
heurtés aux formes de la pensée germani-
que, que la France a subi l'invasion étrao-
gère. Nous ne pouvons, par mallleur, COR-
tester qu'elle ail été asiJJie. et dépecée
par les Germains, que l'historien latin dé-
jà appelait les « fauves ï.
Mais — ni juif, ni étranger — fils, petit-
fils, arriere-petit-fils de terriens de Fran-
ce, de la Saintonge ou de la Gascogne,
nous vous laissons le pénible courage d'af-
firmer, sur la terre française, la domina-
tion des étrangers de l'intérieur.
La conquête allemande est un fait de
l'histoire. Votre antisémitisme est matière
à polémique et à polémique entre Français.
Quand vous dites que « les Allemands nient
la conquête, l'oppression, l'occupation in-
due >, il n'est pas possible que vous
soyez dupe des mots. Vous voulez dire que
les Allemands nient que la conquête, l'op-
pression, l'occupation soient inaues.
Comment pourraient-ils nier un fait dont
le traité de Francfort affirme bien qu'il
fût gravé sur le sol ?
Le Rappel a maintes fois prouvé, et non
pas seulement en disant son mépris des tra-
fiquants du Pouvoir, qu'il n'est pas néces-
saire de s'enrôler sous la bannière de M.
Drumont pour faire son devoir de Français.
Il y a d'autres questions nationales que
la question du bordereau. M. Reinach n'est
pas à lui tout seul l'universelle concussion.
M. Charles Maurras nous pardonnera de
1 avoir comparé au Gorgias de Platon. Non
moins par sa politique que par la subti-
lité de sa pensée et l'art infini de sa phra-
se, il est digne, en ces temps, pesants et
moroses, d'être appelé : l'Athénien. Il a
tracé des pages iumineuses et fluides qui
ont enchanté - notre adolescence et décou-
ragé notre rêve d'écrire.
Nous ne prétondons pas même à ces
# •
harmonIes, « qui consistent à se mettre
d'accord avec les conventions normales du
langage ». Nous n'ambitionnons que les
qualités ordinaires du paysan français : la
bonne foi et le bon sens.
Charles BRIAND.'
LES ON X DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi:
Lever du soleii, 4 h. 55 du matin.
Coucher du soleil, 7 h. 12 du soir.
Lever de la lune, 10 h. 18 m. du soir.
Coucher de la lune, 1 h. 24 m. soir.
Courses à Deauville.
AUTREFOIS
Le Rappel du 18 août 1875 't
Le Conserva/tore, de Milan, annonce que
le -docteur Arthur Wolonski a découvert, en
examinant quelques liasses de documents
dans les archives de l'Etat, divers autogra-
phes de Galilée qui ne se trouvent pas dans
la collection Palatine, et qui se rapportent
spécialement aux négociations ouvertes pour
céder au gouvernement espagnol l'applica-
tion de sa méthode, tendant à se servir de la
longitude pour la navigation.
— Une dépêche de Gonstantinople, en da-
te du 14 août, annonce qu'un bateau de
l'Etat est parti samedi pour Viarna, afin d'y
prendre les troupes destinées à l'Herzégo-
vine.
Pour une poularde
En feuilletant la Physiologie du Goût,
cet ouvrage de BriMat-Savarin, un peu dé-
suet aujourd'hui, mais qui, en son temps,
eût une réputation extraordinaire, nous
revient cette anecdote :
C'était pendant la Révolution. Taxé d'in-
civisme, le célèbre gastronome se prépa-
rait à quitter la France. Déguisé, adroite-
ment grimé, ayant pris un faux nom, il
arrive sur la frontière. Il ne lui reste plus
qu'à passer en Suisse. Rien de plus facile ;
il n'en est qu'à viagt mètres. Il entre dans
une auberge pour I reposer. Qu'y voit-
il ? Une succulente poularde qu'un bon feu
d'âtre rôtissait.
— Pour qui cette poularde ? demande-
t-il.
- Pour ces messieurs de la Commission
révolutionnaire en tournée.
La prudence exigeait que Briliat-Savarin
décampât au phis vite. Mais la gourman-
dise le rendit héroïque. Il fit demender aux
commisaires la permission de s'asseoir à
leur table, ce qui lui fut octroyé. Il man-
gea donc, et avec quels délices, un gros
morceau de cette poularde parfaite, impro-
visant, au dessert, un spirituel couplet en
l'honneur de ses compagnons, puis s'en
alla. ;..
Il était temps. Une heure plus tard son
signalement arrivait aux membres de la
Commission !
Pardon généreux -
On lit dans le Dictionnaire des hommes
illustres cette anecdote sur Montécuculli,
le célèbre adversaire de Turenne :
Montécuculli, commandant les armées de
l'empereur, avait, dans une marche, défen-
du sous peine de mort que personne pas-
sât par les champs où il v avait des blés.
Un soldat revenant d'un village et ignorant
la défense, traversait un sentier au milieu
des blés. Montécuculli, le voyant, faisait
donner l'ordre- au prévôt de le @ pendre. Le
soldat affirmait au général qu'il ne con-
naissait pas cet ordre.
— Que le prévôt fasse son devoir, répon-
dit Montécuculli.
Le soldat qui portait en bandouillène son
fusil armé, riposta :
-.. Je n'étais pas coupable, mais je vais
l'être maintenant.
Il ajusta son général, visa, tira. Par un
extraordinaire hasard le coup fit long
feu. Montécuculli, quelques secondes, re-
garda fixe le soldat, hésIta, puis lui dit :
- Va t'en 1 je te pardonne 1
AUJOURD'HUI
Erreur d'aclclltlon
C'est dans un restaurant ; mettez que
ce soit l'un des restaurants les plus
« chic » de Paris.
Arrive le moment où la douloureuse est
présentée.
— Quoi ? Quoi ? garçon, réclame le pa-
tient deux œufs et une côtelette, trente
francs ! Evidemment il y a erreur ! Faites
venir le patron.
Le patron s'amène, et regarde l'addition
longuement.
- C'est vrai ! Il y a erreur vingt-
deux francs !
— Ah ! vous voyez, s'exclame le patient
qui triomphe.
Alors le patron, d'une voix sévère :
— Vous conviendrez cependant, mon-
sieur, que ces réclamations continuelles
sont fort désagréables dans un établisse-
ment comme le nôtre 1
v
Ignoble!
, --..e.-
Sous ce même titre, nous avons, à plu-
sieurs reprisés, parlé de la double exécu-
tion militaire de Toulon.
Nous sommes heureux de voir que des
confrères, qui soutiennent d'ordinaire des
opinions diamétralement opposées aux nô-
tres, se trouvent, cette fois, absolument
d'accord avec nous.
M. Paul de Cassagnac écrivait hier dans
Y Autorité :
On a remis sur le tape tla question de la
peine de mort, à propos de l'exécution, à Tou-
lon, de deux soldats assassins, Gueguen et Le
Maréchal.
Ce qu'on n'a pas relevé, ce sônt les conditions
odieuses dans lesquelles cette exécution, d'ail-
leurs très méritée, a été faile. ,
Nous avons soutenu la nécessité de la peine
de mort, et nous n'avons pas changé cûavis.
Mejs il y a des raffinements de supphoe vérita-
blement inadmissibles.
Les condajnnés ont été réveillés à une heure
beaucoup trop matinale : ils ont été réveillés
œux HEUftBS AVANT L'EXPIATION.
Puis, on les a amenés sur le polygone du
MouriSon vingt-cinq minutes avant le lever du
soleil, moment iégai de l'exécution.
Pendant vwigtrckiq minâtes, ces malheureux
ont attendu à proximité des poteaux où on allait
tes lier, l'instant de la mort.
Cumul scandaleux
--.8-+--
De notre spirituel confrère, le Cri de
Paris :
Officiellement, M. Lépine, est en'vaoances. En
réalité, il se trouve à Paris.
M. Lépine né peut pas s'absenter. Non pas
que ses occupations de préfet, de police l'en em-
pêchent, mais tout bonnemen-t pour l'excekente
raison que M. Lépine — M. Lépine le capita-
liste — dæigte, en rabsenoe des autres adrriânis-
traLeure, une haute société financière.
DftOS te bureau de cette haute société finan-
cière, vous pouvez être reçu par un monsieur
çui n'est autre que lui — ma dont on ne pro-
nonce jamais le nom — et qu on appeHe vulgai-
rement : « M. l'administrateur déiégué. » ,
Détail pittoresque : M. Lépine, qui ne porte ja-
mais de décoration en tant que préfet 00 police,
arbore, en tant que JUIIEUlckw, sa, rosette de la
Légion d'honneur. Cela, pour inspirer confiance
aux actionnaires.
Inutile d'ajouter que si un employé de
la préfecture de police s'avisait de distrai-
re le temps qu'il doit à la « Boite » pour
cumuler son modeste, emploa avec un poste
d'administrateur de société financière, il
serait immédiatement mis en demeure de
choisir sous peine de révocation..
M. Lépine n'a-t-il pas frappé d'une peine
disciplinaire un gardien de la paix, dont
la femme était vendeuse au panier aux Hal-
les, sous le prétexte que ce « métier »
était indigne de la fonction officielle du
mari ?
Egalité.
Er)tre deu^ feu^
Tandis que les anarchistes et les révo-
lutionnaires prodiguent à --M. Caillaux les
attaques et le qualifient de réactionnaire,
les réactionnaires, eux, s'appliquent à le
représenter comme un révolutionnaire, et,
si la cause n'était depuis longtemps enten-
due, on ne saurait vraiment qui croire 1
Nous avons publié hier le télégramme
adressé à M. Combes par le président du
Conse.il. Cet acte de courtoisie attire au-
jourd'hui sur M. Caillaux la mauvaise hu-
meur de l'Eclair et les injures de la Libre
Parole, dont les imprécatiuns, exagérément
violentes, sont assez injustifiées pour pro-
voquer te sourire plutôt que la colère.
Ces feux croisés indiquent nettement que
la politique d'action laïque et réfonnatri-,
ce, qui est celle du Gouvernement, corres-
pond bien au vœu de la majorité républi-
caine du Pays.
Cette politique, qui s'accomplit dans l'or-
dre et la légalité, qui est également éloi-
gnée des violences de droite et des vio-
lences de gauche, qui s'oppose au besoin
de démagogie des uns comme au désir de
Stagnation des autres, ne saurait être mieux
consacrée qi»e par les attaques furieuses
deg partis de désordre. Et les fureurs qu'el-
le déchatne ne font que grouper plus soli-
dement autour d'elle les républicains du
Pays.
Le Bureau International
des Fédérations Primaires
REUNION ANNUELLE
Le Bureau international des Fédérations
Primaires d'Europe a tenu sa réunion an-
nuelle à Berlin, les- 11, 12 et 13 courant,
conformément aux dispositions prises l'an
dernier par ce même Bureau qui s'était
réuni à Paris, à l'occasion du 2* Congrès
international de l'Enseignement primaire. -'
Dix-huit nations étaient représentées. La
réunion comptait environ trente délégués
qui ont été très aimablement reçus par les
représentants du Cercle des Instituteurs
de Berlin.
La France était représentée par M.
Roux, président sortant de la Fédération,
et Mme Mauger,, institutrice.
Les organisateurs du 2e Congrès Inter-
national ; MM. Camtoser et Courrèges, ont
rendu compte de leur mandat. Tous les
représentants de la Fédération des Institu-
teurs français, auxquels s'est joint M. Mau-
ger, député, ont rendu visite à notre am-
bassadeur, M. Cambon, qui les a reçus
avec une grande cordialité et leur a ex-
primé le vif plaisir que lui procurait leur
visite.
Les délibérations du Bureau Internatio-
nal des Fédérations Primaires ont eu lieu
dans un ordre parfait. L'accord s'est fait
Sur tous les points de l'ordre du jour.
- Aucune réception officielle ; mais les
instituteurs berlinois se sont prodigués
pour rendre le séjour de Berlin agréable
à leurs collègues étrangers.
Ajoutons qu-e d'après le rapport du secré-
taire du Bureau, M. Cundde. 430.000 Insti-
tutrices et instituteurs d Europe sont re-
présentés au Bureau International des Fé-
dérations Primaires. — P. C.
- i ■ ',- - ,.' ,
f NOS CHRONIQUEURS ,.
'— t.. * - :
La Ville de Paris ,.,' ,,' ,
-
et les Beaux-Arts
—-
a
Tous ceux d'entre nous qui ont con-
duit au baccalauréat quelques escoua
des de rhétoriciens, tous ceux qui on.
assisté à des épreuves orales, ont pu
être frappés de ces lacunes : sans dou.
te, de plus en plus, la majorité de^
candidats manifeste une ignorance in-
génue de notre histoire littéraire et
commet des confusions, des anachro-
nismes presque réjouissants ; mais il
est triste de constater, en revanche,
que bien des bacheliers reçus avec
mention seraient fort embarrassés de
situer, à peu près à leur date, les plus
grands génies de la musique. Beau-
coup connaissent les poetes de dixiè-
me ordre qu'a fustigés la verve rail-
leuse de Boileau ; très peu seraient ca-
pables de bâtir trois phrases, précises
sur Gluck ou sur Beethoven, comme si
les noms -de ces interprètes émouvants
de l'âme humaine, bien plus profon-
dément lyriques que des versificateurs
industriels, pouvaient être Impnné-
men laissés dans l'ombrej comme s'il
était scientifique ou même vraisem-
blable d'isoler l'évolution de l'art mu-
sical de eelle des autres arts 1 Alors
que le dessin est enseigné dans nos ly-
cées et dans nos collèges d'une maniè-
re suivie, l'histoire des diverses for-
mes de la musique, est redégiiée au
dernier plan, à supposer même que le
professeur, zélé pour l'ac.cumulation'de
dates guerrières, daigne s'arrêter quel-
ques instants sur Mozart. On s'éton-
nera ensuite que le goût dégénère et
que le vérisme italien avec ses procé-
dés grossiers et mélodramatiques, se
partage avec la Veuve-Joyeuse les suf-
frages et l'enthousiasme de la bour-
geoisie française ! Comment les jeunes
générations apprendraient-elles à juger
sainement en matière d'estnétique théâ-
trale, quand on n'a point pris la peine
de leur expliquer, par des analyses et
des comparaisons, les efforts progres-
sifs des compositeurs pour rapprocher
l'ancien opéra, féerique ou convention-
nel, de la vérité psychologique et pour
y introduire plus d'humanité ? Il y au-
rait donc urgence à ce que le Conserva-
toire municipal offrît aux élèves de nos
lycées, en même temps qu'aux enfants
du peuple et à tous ceux qui.se desti-
nent- plus expressément au théâtre ou
aux concerts, le moyen d'acquérir des
notions, sinon très fouillées, du moins
bien coordonnée et illustrées d'exem-
ples significatifs sur l'histoire de l'art
music(U considéré en lui-même et dans
ses rapports avec les autres arts. Il est
oiseux de démontrer tout ce que peut
.ga-gn-er à cette connaissance l'interpré-
tation vocale ou instrumentale d'une
page signée d'un maître dont on pénè-
tre, outre la technique, le caractère et
les aspirations originales.
*
«r *
Souhaitons aussi -que ce Conservatoi-
re comprenn-e, parallèlement aux clas-
ses de déclamation, - un enseignement
de l'histoire littéraire et, particulière-
ment, de la littérature dramatique.Trop
souvent, en effet, nos futurs comédiens
ou tragédiens s'imaginent que le fait de
jouer une scène ou une pièce se réduit
à une simple question d'émission, d'at-
titude. de gesticulation et de mimique. I
Aussi soignent-ils beaucoup tous ces I
« moyen physiques » et, lors des con-
cours, présentent-ils au jury un travail
où l'intelligence a vraiment une trop
petite part. Sans doute, il est excellent
de bien articuler, mais il ne serait pas
inutile si l'on veut interpréter conve-
nablement telle ou teile œuvre, surtout
une pièce du répertoire classique, d'en
avoir un peu approfondi la genèse, de
posséder quelques lumières sur la con-
ception psychologique d'un Corneille
ou d'un Molière, sur la formation de
leur génie,- sur l'évolution même de
leur art et, à la rigueur, sur les in-
fluences de milieu et d'époque qui ont
contribué à leur faire « voir » la vie
sous tel ou tel angle, à leur faire don-
ner telle ou telle allure aux personna-
ges de leur théâtre. Cet enseignement,
s'il était méthodique et dégagé de tout
fatras pédantesque, rendra à coup sûr
les plus grands services aux habitués
du nouveau Conservatoire et, en un cer-
tain sens, favoriserait la renaissance
d'un classicisme fécond parce qu'on
aurait su en faire jaillir toute la sève
éternelle.
***
En somme, il nous parait indispensa-
ble de créer dans cet établissement
DEUX chaires qui seraient, d'ailleurs,
rattachées l'une à l'autre par des liens
assez intimes ,et,. tubstruction à toutes les autres classes
purement techniques ; sans elles, le
Conservatoire ne pourrait former que
des exécutants superficiels et mécani-
ques ; sans elles, il n'atteindrait pas ce
ifrand pubBic flottant et, en queaqiA?
sorte, désintéressé, qui attend de l'ini-
tiative municipale le complément d'é-
ducation esthétique dont nous avons iiK
aiqué la nécessité. 11 conviendra que les
itulaires de ces chaires joignent a une
uertaine expérience pédagogique um
sûre et fine intuition des natures indi-
viduelles, qu'ils auront à caractériser
devant les élèves, et assez d'habilaté.
pour rendre leur exposé attrayant et vi-
vant.
Si nos édiles voulaient s'acheminer
encore vers la perfection, ils ajoute-
raient une troisième chaire, d'un ni.
veau plus élevé, et qui aurait un objet-
plus scientifiqueil s'agirait, par exem-
ple, d'étudier à l'aide des mémoires"
des documents iconographiques, etc
la manière dont les plus grands tragé-'
diens, de Talma à Mounet-Sully, ont
adapté ou adaptent tel ou tel geste, telle
ou telle attitude à la traduction expres-
sive de tel ou tel sentiment. On tâche-
rait de surprendre, sinon le secret de
eurgeme, du moins les lois essentiel-
les en vertu desquelles ces artistes émi-
nents, non seulement gardent comme
une naturelle eurythmie et semblent
4, statues vivants détachées de quel-
que bas-relief antique, mais encore réa-
lisent une fusion si harmonieuse entre
un état d'âme et tous les moyens deï
traduction que leur offrent la voix, le
regard, le t(egte; etc.
Il y aurai là toute une tradition à fixer
et à transmettre afin .que les généra-
tions qui viennent puissent, de temps,
en temps, oublier les beautés un peu
spéciales du vaudeville en veston pour
la beauté émouvante et sublime de l'in-
terorète d'~d~M. Mais ne soyons
pas trop exigeant et contentons-nous de
réclamer les deux chaires dont nous
avons plus haut précisé l'objet. Nul
doute nlirinsi Arnni.,é. le Conserva-
toire mnnicinal fac::se bientôt honneur
à la Ville et surtout à son parrain,
M. Emile Massard. -
Jean FERVAL.
:
La Mi reptation Bilgg
(De notre envoyé spécial)
Ainsi que nous l'avons annoncé hier, la
maimeslaïkm beuge en faveur du suffrage
universel et contre 4e projet scalaire ScékA-
laert a été tres imposante, Nous devons,
quelques éciaireisseiii«nts à nos-lecteurs
sur les causes de cette manifestation.
Nous avons parié ici même du projet
suaire bchollaert qui instituait un bon
scalaire. Ce bon, délivré au père de famil-
le, permettait à colui-d de placer son en-
fant à l'écuie de son choix, publique, libre
ou congréganiste. Dans la Belgique' catho-
lique, c'était la mort de l'enseignement pu-
blic et la fortune de l'enseignement con.
grégianiste. Les instituteurs de Belgique
protestèrent avec énergie. La presse libé-
raJe mena une ardente campagne et le Gou-
vernement fit savoir que le projet scxh
laire serait modifié. Le ministre de l'Ins-
truction publique se retira avec queiques
collègoos.
Mais le Gouvernement étant reste dans
son ensemble ce qu'il était avant, — réac-
tionnaire, — les partis politiques de eau.
che s'unirent et convinrent de IpOurautVM
d'urgence deux réformes : le suffrage uni*
versai, et aussi l'organisation scolaire sun
des bases absolument démocratiques.
Il nous faut dire un mot du mode d'élec-
tion en Belgique. C'est le vote plural qua
la loi y établit. Les ouvriers, les employés*
les pauvres gens, n'ont qu'une voix et au,
contraire les aisés et les riches ont de
deux à quatre voix, proportionnellement &
leur situation de fortune. Les organisations
ouvrières demandent depuis des années le
suffrage universel simple à vingt et un ans,
sur çe principe : un homme une voix: Les
partis avancés acceptent la représentation
proportionnelle, parce qu'ils. considèrent
qu'il est juste que les minorités soient re.
présentées et reçoivent ainsi de la loi tou.
-Les tes garanties désirables.
Voilà donc les causes de la manifestation
belge. Des personnes bien informées m'ont
dit que l'idée de cette manifestation a été
émise par le citoyen Vandervelde. Et a us*
sitôt émise, cette idée a été retenue et tou-
tes les dispositions ont été prises poua.
qu'elle portât ses fruits.
Dès cinq heures du matin, mardi der-,
nier, Bruxelles était en mouvement. La
veilie, il était venu tant de personnes qu'on
ne trouvait plus à se loger. Nous avons vq,
des centaines de personnes dormir sur Les
terrasses les cafés. Des trains s..
très nombreux, avaient été organisés ; ils
transportaient environ 1.000 manifestants
chacun. Les gares de marchandieew
avaient été transformées en gares de voy.-
geurs afin d'éviter l'encombrement daaw
les autres gares. Dès six heures du maq
tin et de tous côtés à la fois, les
musique en tête, traversaient Bruxelles ej
venaient ae masser au Marché aux pois-
sons, dans les rocs et les places avoisinaiK
tes. Il en est arrivé jusqu'à dix
et den*. Le défilé projeté peur dix heures,
n'a commencé qu'à dix heures trente-
cinq, quelques trains ayomt eu du retanA*
Nous ne Chercherons pas à décrire caM<
* J
VENDREDI 18 AOUT 1911. — If. 15134, _:-
ANNONCES
- AUX BUREAUX DU JOURNAL
p, M. fettrastom) et n, me du Fmitw-SWMrtfo, PAlIS
pl elles MM. LAGRANGE, CERF et 0.1
f. piace de te Bourse, 6
âûrme WWcrIPbIque: XIX* SIÈCLE - PARIS
i t ",
AUONNMKN
Trois mois six mois an..
- - -"
Paris 6f 11 t. gQ fc
Départements 7 1. 12 f. M k
Union Postale. 9 1. 16 t. Si fi
Les abonnements sont reçue sans tratf
dans tous les Bureaux de Poste.
TÉL^HONE : 424-90 et 424-91
4.
fe 9 tara A soir i 3 bores ia sitia, 123, ne Montmartre Tâiptose 143-13
FONDATEUR : EDMOND ABOUT
TÉLÉPHONE : 424-90 et 424-91
, Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
TRIBUNE LIBRE
Sur le dos
, du Prolétariat!
0 811.. ;
ta grève des chemins de
fer attra produit au moins
un résultat heureux. Elle a
mis en garde la classe ou-
vrière contre le double pé-
ril qui menace son effort
d'organisation ; savoir la tyrannie des
meneurs et la tutelle des partis politi-
ques. ,
Si la grève a éclaté à une heure ino-
pinée, la faute en lut aux dirigeants
révolutionnaires dont on ne sait que
trop qu'ils De rêvent que plaies et bos-
ses. Responsabilité partagée d'ailleurs
par certains leaders du socialisme po-
litique, trop soucieux de ne pas de-
meurer en reste. ,
,". De cette rivalité, c'est le prolétariat
des chemins de fer qui a fait les frais
Parce qu'il a plu à des meneurs révo-
lutionnaires de déchaîner à l'improvis-
fe un mouvement de grève ; parce
que les chefs socialistes, craignant de
fie faire taxer de modérantisme par
leurs rivaux de la C. G- T., n'ont pas
osé déconseiller tout haut une grève
qu'ils savaient d'avance vouée à l'in-
succès, des milliers de travailleurs ont
perdu leur gagne-pain, des milliers
de femmes et d'enfants se trouvent
* dans la misère.
Il en sera ainsi cnaque fois que les
corporations ouvrières accepteront
sans contrôle les conseils qui leur
viennent du dehors ; chaque fois que
des éléments étrangers aux organisa-
tions professionnelles se mêleront de
prendre en mains la direction du mou-
vement.
La destinée des travailleurs est dé-
cidément singulière. Naguère, faute
d'organisation, ils étaient trop facile-
ment la proie d'un capitalisme avide.
Ils n'ont échappé au péril de l'isole-
ment que pour iomber dans un dan-
ger plus grave. Désormais, si les re-
présentants des diverses corporations
n'y prennent garde, quelques meneurs
audacieux régenteront en leurs lieu et
place les syndicats professionnels-
Il leur faut à tout prix réagir. La
classe ouvrière a des droits. Les cor-
porations ont des intérêts à défendre,
des revendications légitimes à faire
triompher. Pour atteindre au but pour-
suivi, il faut que le prolétariat décide
enfin d' « être lui-même », de ne plus
tolérer l'immixtion dans ses rangs d'é-
léments politiciens ou anarchistes.
Il est à noter que la situation -fâ-
cheuse, qui fut celle de la grève des
chemins de fer, n'est pas nouvelle.
Voilà maintenant quelques trente-cinq
années qu'anarchistes et socialistes se
livrent d'homériques batailles sur le
dos du prolétariat syndiqué-
Au lendemain de l'établissement de
la Troisième .République, se révélait
en France un réveil de l'esprit d'asso-
ciation. De nombreux syndicats étaient
nés. On revenait à la tradition des
congrès corporatifs. -
Les premiers Congrès de 1876 et de
1877 présentèrent ce caractère très
spécial, que pour y être admis, il fal-
lait avoir fait œuvre de ses dix doigts ;
prouver que l'on était vraiment un tra-
vailleur de l'atelier ou de l'usine ; s'at-
tacher, à l'exclusion de toute phraséo-
logie, à la défense des intérêts corpo-
ratifs.
Cela ne pouvait faire l'affaire des
révolutionnaires. Dès 1878, Jules
Guesde, qui travaillait alors à vulgari-
ser en France les doctrines marxistes,
tentait de mettre la main sur le mouve-
ment corporatif. Battu une première
fois, il revenait à la charge au Con-
grès de Marseille, en 1879, où il trou-
vait une douzaine de voix en faveur
de ses théories. Et l'année suivante, au
Hawe, les politiciens, qui marchaient
à sa suite, tentaient et réalisaient cet-
te entreprise audacieuse d'expulser
d'un Congrès corporatif les représen-
tants qualifiés des travailleurs ma-
s.
Pendant près de vingt années, le
Socialisme pelitique a réussi à main-
tenir sa domination sur le mouvement
Ouvrier, à tenir en tutelle le proléta-
riat manuel. ,
Par un juste retour des choses d'ici-
bas, Guesde, qui avait exproprié, au
profit de son parti, les premiers mili-
tants syndicaux, s'est trouvé expro-
prié à son tour. S'inspirant des pro-
cédés du guesdisme, une poignée d'a-
narchistes résolus a mis la main sur
tout le mouvement ouvrier.
Après une première tentative in-
fructueuse, les libertaires sont arrivés
à leurs fins. La fameuse C- G. T. a
permis à tous les « déclassés » des
groupes anarchistes de mettre la main
sur ce qu'ils ont le front d'appeler
« un parti de classe ». On sait ce que
cette expérience audacieuse a coûté de
deuils, de larmes et de misères aux vb-
ritables ouvriers.
Tout de même, la coupe d'amertu-
me est pleine à déborder. Les ensei-
gnements ile - la grève des chemins de
fer sont là- Ils ont ouvert les yeux aux
travailleurs. Un mouvement de reac-
tion se dessine contre l'autoritarisme
des meneurs- Il est encore temps de
revenir à la tradition des Congrès ou-
vriers de 1876, refusant leur porte aux
politiciens, aux déclassés et aux phra-
seurs. Mais il est grand temps. Le pro-
létariat le comprendra-t-il ?
Emile DESVAUX.
A Dmwaier municipal de PClrII.
- i M. Maurras-
--"8"'-
M. Charles Maurras a, dans sa dialecti-
que, tant de merveilleuses ressources, qu'il
prête généreusement aux plus dénués. Il
ne se sert point, pour son usage person-
nel, d'une pétition de principes, qu'il ne
la suppose admise par l'adversaire, com-
me vérité d'évidence.
Lundi, il avait hasardé un raisonnement,
que le Rappel prit la liberté de ramener
au syllogisme suivant : ':, '-. ',:"
« Le nationalisme est le patriotisme aigu
des nations envahies par un étranger.
s Or, le Juif esl pour la France un enva-
hisseur étranger.
« Donc, le nationalisme français est jus-
tifié par l'envahissement juif ».
Nous avions eu le soin de soumettre cet
élémentaire devoir d'école à M. Maurras,
en le priant de le corriger au besoin. M.
Maurras n'a pas corrigé, c'est donc que
nous avions fidèlement traduit sa pensée.
Or, ce raisonnement, comme nous avons
dit, a le tort grave de supposer démontré
précisément ce qui est en question. L'enva-
hissement et la domination de la France
par les juifs sont choses que l'on rencon-
tre souvent dans les journaux, il ne s'en-
suit pas que ce sod des vérités historiques.
« Pardon, nous rétorque M. Maurras Vous
les avez vous-mêmes admises comme tel-
les. En me demandant si je ne serais
pas nationaliste, si notre sol n'avait pas
été envahi, vous avez admis « au moins
par hypothèse » que notre sol avait été en-
vahi ».
A Dieu ne plaise, répondons-nous à no-
tre tour à M. Maurras, nous savons, non
pas par hypothèse, mais par le fidèle té-
moignage de nos pères, combattants de 70,
et mieux encore par notre propre expérien-
ce de fils de vaincus, quotidiennement
heurtés aux formes de la pensée germani-
que, que la France a subi l'invasion étrao-
gère. Nous ne pouvons, par mallleur, COR-
tester qu'elle ail été asiJJie. et dépecée
par les Germains, que l'historien latin dé-
jà appelait les « fauves ï.
Mais — ni juif, ni étranger — fils, petit-
fils, arriere-petit-fils de terriens de Fran-
ce, de la Saintonge ou de la Gascogne,
nous vous laissons le pénible courage d'af-
firmer, sur la terre française, la domina-
tion des étrangers de l'intérieur.
La conquête allemande est un fait de
l'histoire. Votre antisémitisme est matière
à polémique et à polémique entre Français.
Quand vous dites que « les Allemands nient
la conquête, l'oppression, l'occupation in-
due >, il n'est pas possible que vous
soyez dupe des mots. Vous voulez dire que
les Allemands nient que la conquête, l'op-
pression, l'occupation soient inaues.
Comment pourraient-ils nier un fait dont
le traité de Francfort affirme bien qu'il
fût gravé sur le sol ?
Le Rappel a maintes fois prouvé, et non
pas seulement en disant son mépris des tra-
fiquants du Pouvoir, qu'il n'est pas néces-
saire de s'enrôler sous la bannière de M.
Drumont pour faire son devoir de Français.
Il y a d'autres questions nationales que
la question du bordereau. M. Reinach n'est
pas à lui tout seul l'universelle concussion.
M. Charles Maurras nous pardonnera de
1 avoir comparé au Gorgias de Platon. Non
moins par sa politique que par la subti-
lité de sa pensée et l'art infini de sa phra-
se, il est digne, en ces temps, pesants et
moroses, d'être appelé : l'Athénien. Il a
tracé des pages iumineuses et fluides qui
ont enchanté - notre adolescence et décou-
ragé notre rêve d'écrire.
Nous ne prétondons pas même à ces
# •
harmonIes, « qui consistent à se mettre
d'accord avec les conventions normales du
langage ». Nous n'ambitionnons que les
qualités ordinaires du paysan français : la
bonne foi et le bon sens.
Charles BRIAND.'
LES ON X DIT
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui jeudi:
Lever du soleii, 4 h. 55 du matin.
Coucher du soleil, 7 h. 12 du soir.
Lever de la lune, 10 h. 18 m. du soir.
Coucher de la lune, 1 h. 24 m. soir.
Courses à Deauville.
AUTREFOIS
Le Rappel du 18 août 1875 't
Le Conserva/tore, de Milan, annonce que
le -docteur Arthur Wolonski a découvert, en
examinant quelques liasses de documents
dans les archives de l'Etat, divers autogra-
phes de Galilée qui ne se trouvent pas dans
la collection Palatine, et qui se rapportent
spécialement aux négociations ouvertes pour
céder au gouvernement espagnol l'applica-
tion de sa méthode, tendant à se servir de la
longitude pour la navigation.
— Une dépêche de Gonstantinople, en da-
te du 14 août, annonce qu'un bateau de
l'Etat est parti samedi pour Viarna, afin d'y
prendre les troupes destinées à l'Herzégo-
vine.
Pour une poularde
En feuilletant la Physiologie du Goût,
cet ouvrage de BriMat-Savarin, un peu dé-
suet aujourd'hui, mais qui, en son temps,
eût une réputation extraordinaire, nous
revient cette anecdote :
C'était pendant la Révolution. Taxé d'in-
civisme, le célèbre gastronome se prépa-
rait à quitter la France. Déguisé, adroite-
ment grimé, ayant pris un faux nom, il
arrive sur la frontière. Il ne lui reste plus
qu'à passer en Suisse. Rien de plus facile ;
il n'en est qu'à viagt mètres. Il entre dans
une auberge pour I reposer. Qu'y voit-
il ? Une succulente poularde qu'un bon feu
d'âtre rôtissait.
— Pour qui cette poularde ? demande-
t-il.
- Pour ces messieurs de la Commission
révolutionnaire en tournée.
La prudence exigeait que Briliat-Savarin
décampât au phis vite. Mais la gourman-
dise le rendit héroïque. Il fit demender aux
commisaires la permission de s'asseoir à
leur table, ce qui lui fut octroyé. Il man-
gea donc, et avec quels délices, un gros
morceau de cette poularde parfaite, impro-
visant, au dessert, un spirituel couplet en
l'honneur de ses compagnons, puis s'en
alla. ;..
Il était temps. Une heure plus tard son
signalement arrivait aux membres de la
Commission !
Pardon généreux -
On lit dans le Dictionnaire des hommes
illustres cette anecdote sur Montécuculli,
le célèbre adversaire de Turenne :
Montécuculli, commandant les armées de
l'empereur, avait, dans une marche, défen-
du sous peine de mort que personne pas-
sât par les champs où il v avait des blés.
Un soldat revenant d'un village et ignorant
la défense, traversait un sentier au milieu
des blés. Montécuculli, le voyant, faisait
donner l'ordre- au prévôt de le @ pendre. Le
soldat affirmait au général qu'il ne con-
naissait pas cet ordre.
— Que le prévôt fasse son devoir, répon-
dit Montécuculli.
Le soldat qui portait en bandouillène son
fusil armé, riposta :
-.. Je n'étais pas coupable, mais je vais
l'être maintenant.
Il ajusta son général, visa, tira. Par un
extraordinaire hasard le coup fit long
feu. Montécuculli, quelques secondes, re-
garda fixe le soldat, hésIta, puis lui dit :
- Va t'en 1 je te pardonne 1
AUJOURD'HUI
Erreur d'aclclltlon
C'est dans un restaurant ; mettez que
ce soit l'un des restaurants les plus
« chic » de Paris.
Arrive le moment où la douloureuse est
présentée.
— Quoi ? Quoi ? garçon, réclame le pa-
tient deux œufs et une côtelette, trente
francs ! Evidemment il y a erreur ! Faites
venir le patron.
Le patron s'amène, et regarde l'addition
longuement.
- C'est vrai ! Il y a erreur vingt-
deux francs !
— Ah ! vous voyez, s'exclame le patient
qui triomphe.
Alors le patron, d'une voix sévère :
— Vous conviendrez cependant, mon-
sieur, que ces réclamations continuelles
sont fort désagréables dans un établisse-
ment comme le nôtre 1
v
Ignoble!
, --..e.-
Sous ce même titre, nous avons, à plu-
sieurs reprisés, parlé de la double exécu-
tion militaire de Toulon.
Nous sommes heureux de voir que des
confrères, qui soutiennent d'ordinaire des
opinions diamétralement opposées aux nô-
tres, se trouvent, cette fois, absolument
d'accord avec nous.
M. Paul de Cassagnac écrivait hier dans
Y Autorité :
On a remis sur le tape tla question de la
peine de mort, à propos de l'exécution, à Tou-
lon, de deux soldats assassins, Gueguen et Le
Maréchal.
Ce qu'on n'a pas relevé, ce sônt les conditions
odieuses dans lesquelles cette exécution, d'ail-
leurs très méritée, a été faile. ,
Nous avons soutenu la nécessité de la peine
de mort, et nous n'avons pas changé cûavis.
Mejs il y a des raffinements de supphoe vérita-
blement inadmissibles.
Les condajnnés ont été réveillés à une heure
beaucoup trop matinale : ils ont été réveillés
œux HEUftBS AVANT L'EXPIATION.
Puis, on les a amenés sur le polygone du
MouriSon vingt-cinq minutes avant le lever du
soleil, moment iégai de l'exécution.
Pendant vwigtrckiq minâtes, ces malheureux
ont attendu à proximité des poteaux où on allait
tes lier, l'instant de la mort.
Cumul scandaleux
--.8-+--
De notre spirituel confrère, le Cri de
Paris :
Officiellement, M. Lépine, est en'vaoances. En
réalité, il se trouve à Paris.
M. Lépine né peut pas s'absenter. Non pas
que ses occupations de préfet, de police l'en em-
pêchent, mais tout bonnemen-t pour l'excekente
raison que M. Lépine — M. Lépine le capita-
liste — dæigte, en rabsenoe des autres adrriânis-
traLeure, une haute société financière.
DftOS te bureau de cette haute société finan-
cière, vous pouvez être reçu par un monsieur
çui n'est autre que lui — ma dont on ne pro-
nonce jamais le nom — et qu on appeHe vulgai-
rement : « M. l'administrateur déiégué. » ,
Détail pittoresque : M. Lépine, qui ne porte ja-
mais de décoration en tant que préfet 00 police,
arbore, en tant que JUIIEUlckw, sa, rosette de la
Légion d'honneur. Cela, pour inspirer confiance
aux actionnaires.
Inutile d'ajouter que si un employé de
la préfecture de police s'avisait de distrai-
re le temps qu'il doit à la « Boite » pour
cumuler son modeste, emploa avec un poste
d'administrateur de société financière, il
serait immédiatement mis en demeure de
choisir sous peine de révocation..
M. Lépine n'a-t-il pas frappé d'une peine
disciplinaire un gardien de la paix, dont
la femme était vendeuse au panier aux Hal-
les, sous le prétexte que ce « métier »
était indigne de la fonction officielle du
mari ?
Egalité.
Er)tre deu^ feu^
Tandis que les anarchistes et les révo-
lutionnaires prodiguent à --M. Caillaux les
attaques et le qualifient de réactionnaire,
les réactionnaires, eux, s'appliquent à le
représenter comme un révolutionnaire, et,
si la cause n'était depuis longtemps enten-
due, on ne saurait vraiment qui croire 1
Nous avons publié hier le télégramme
adressé à M. Combes par le président du
Conse.il. Cet acte de courtoisie attire au-
jourd'hui sur M. Caillaux la mauvaise hu-
meur de l'Eclair et les injures de la Libre
Parole, dont les imprécatiuns, exagérément
violentes, sont assez injustifiées pour pro-
voquer te sourire plutôt que la colère.
Ces feux croisés indiquent nettement que
la politique d'action laïque et réfonnatri-,
ce, qui est celle du Gouvernement, corres-
pond bien au vœu de la majorité républi-
caine du Pays.
Cette politique, qui s'accomplit dans l'or-
dre et la légalité, qui est également éloi-
gnée des violences de droite et des vio-
lences de gauche, qui s'oppose au besoin
de démagogie des uns comme au désir de
Stagnation des autres, ne saurait être mieux
consacrée qi»e par les attaques furieuses
deg partis de désordre. Et les fureurs qu'el-
le déchatne ne font que grouper plus soli-
dement autour d'elle les républicains du
Pays.
Le Bureau International
des Fédérations Primaires
REUNION ANNUELLE
Le Bureau international des Fédérations
Primaires d'Europe a tenu sa réunion an-
nuelle à Berlin, les- 11, 12 et 13 courant,
conformément aux dispositions prises l'an
dernier par ce même Bureau qui s'était
réuni à Paris, à l'occasion du 2* Congrès
international de l'Enseignement primaire. -'
Dix-huit nations étaient représentées. La
réunion comptait environ trente délégués
qui ont été très aimablement reçus par les
représentants du Cercle des Instituteurs
de Berlin.
La France était représentée par M.
Roux, président sortant de la Fédération,
et Mme Mauger,, institutrice.
Les organisateurs du 2e Congrès Inter-
national ; MM. Camtoser et Courrèges, ont
rendu compte de leur mandat. Tous les
représentants de la Fédération des Institu-
teurs français, auxquels s'est joint M. Mau-
ger, député, ont rendu visite à notre am-
bassadeur, M. Cambon, qui les a reçus
avec une grande cordialité et leur a ex-
primé le vif plaisir que lui procurait leur
visite.
Les délibérations du Bureau Internatio-
nal des Fédérations Primaires ont eu lieu
dans un ordre parfait. L'accord s'est fait
Sur tous les points de l'ordre du jour.
- Aucune réception officielle ; mais les
instituteurs berlinois se sont prodigués
pour rendre le séjour de Berlin agréable
à leurs collègues étrangers.
Ajoutons qu-e d'après le rapport du secré-
taire du Bureau, M. Cundde. 430.000 Insti-
tutrices et instituteurs d Europe sont re-
présentés au Bureau International des Fé-
dérations Primaires. — P. C.
- i ■ ',- - ,.' ,
f NOS CHRONIQUEURS ,.
'— t.. * - :
La Ville de Paris ,.,' ,,' ,
-
et les Beaux-Arts
—-
a
Tous ceux d'entre nous qui ont con-
duit au baccalauréat quelques escoua
des de rhétoriciens, tous ceux qui on.
assisté à des épreuves orales, ont pu
être frappés de ces lacunes : sans dou.
te, de plus en plus, la majorité de^
candidats manifeste une ignorance in-
génue de notre histoire littéraire et
commet des confusions, des anachro-
nismes presque réjouissants ; mais il
est triste de constater, en revanche,
que bien des bacheliers reçus avec
mention seraient fort embarrassés de
situer, à peu près à leur date, les plus
grands génies de la musique. Beau-
coup connaissent les poetes de dixiè-
me ordre qu'a fustigés la verve rail-
leuse de Boileau ; très peu seraient ca-
pables de bâtir trois phrases, précises
sur Gluck ou sur Beethoven, comme si
les noms -de ces interprètes émouvants
de l'âme humaine, bien plus profon-
dément lyriques que des versificateurs
industriels, pouvaient être Impnné-
men laissés dans l'ombrej comme s'il
était scientifique ou même vraisem-
blable d'isoler l'évolution de l'art mu-
sical de eelle des autres arts 1 Alors
que le dessin est enseigné dans nos ly-
cées et dans nos collèges d'une maniè-
re suivie, l'histoire des diverses for-
mes de la musique, est redégiiée au
dernier plan, à supposer même que le
professeur, zélé pour l'ac.cumulation'de
dates guerrières, daigne s'arrêter quel-
ques instants sur Mozart. On s'éton-
nera ensuite que le goût dégénère et
que le vérisme italien avec ses procé-
dés grossiers et mélodramatiques, se
partage avec la Veuve-Joyeuse les suf-
frages et l'enthousiasme de la bour-
geoisie française ! Comment les jeunes
générations apprendraient-elles à juger
sainement en matière d'estnétique théâ-
trale, quand on n'a point pris la peine
de leur expliquer, par des analyses et
des comparaisons, les efforts progres-
sifs des compositeurs pour rapprocher
l'ancien opéra, féerique ou convention-
nel, de la vérité psychologique et pour
y introduire plus d'humanité ? Il y au-
rait donc urgence à ce que le Conserva-
toire municipal offrît aux élèves de nos
lycées, en même temps qu'aux enfants
du peuple et à tous ceux qui.se desti-
nent- plus expressément au théâtre ou
aux concerts, le moyen d'acquérir des
notions, sinon très fouillées, du moins
bien coordonnée et illustrées d'exem-
ples significatifs sur l'histoire de l'art
music(U considéré en lui-même et dans
ses rapports avec les autres arts. Il est
oiseux de démontrer tout ce que peut
.ga-gn-er à cette connaissance l'interpré-
tation vocale ou instrumentale d'une
page signée d'un maître dont on pénè-
tre, outre la technique, le caractère et
les aspirations originales.
*
«r *
Souhaitons aussi -que ce Conservatoi-
re comprenn-e, parallèlement aux clas-
ses de déclamation, - un enseignement
de l'histoire littéraire et, particulière-
ment, de la littérature dramatique.Trop
souvent, en effet, nos futurs comédiens
ou tragédiens s'imaginent que le fait de
jouer une scène ou une pièce se réduit
à une simple question d'émission, d'at-
titude. de gesticulation et de mimique. I
Aussi soignent-ils beaucoup tous ces I
« moyen physiques » et, lors des con-
cours, présentent-ils au jury un travail
où l'intelligence a vraiment une trop
petite part. Sans doute, il est excellent
de bien articuler, mais il ne serait pas
inutile si l'on veut interpréter conve-
nablement telle ou teile œuvre, surtout
une pièce du répertoire classique, d'en
avoir un peu approfondi la genèse, de
posséder quelques lumières sur la con-
ception psychologique d'un Corneille
ou d'un Molière, sur la formation de
leur génie,- sur l'évolution même de
leur art et, à la rigueur, sur les in-
fluences de milieu et d'époque qui ont
contribué à leur faire « voir » la vie
sous tel ou tel angle, à leur faire don-
ner telle ou telle allure aux personna-
ges de leur théâtre. Cet enseignement,
s'il était méthodique et dégagé de tout
fatras pédantesque, rendra à coup sûr
les plus grands services aux habitués
du nouveau Conservatoire et, en un cer-
tain sens, favoriserait la renaissance
d'un classicisme fécond parce qu'on
aurait su en faire jaillir toute la sève
éternelle.
***
En somme, il nous parait indispensa-
ble de créer dans cet établissement
DEUX chaires qui seraient, d'ailleurs,
rattachées l'une à l'autre par des liens
assez intimes ,et,.
purement techniques ; sans elles, le
Conservatoire ne pourrait former que
des exécutants superficiels et mécani-
ques ; sans elles, il n'atteindrait pas ce
ifrand pubBic flottant et, en queaqiA?
sorte, désintéressé, qui attend de l'ini-
tiative municipale le complément d'é-
ducation esthétique dont nous avons iiK
aiqué la nécessité. 11 conviendra que les
itulaires de ces chaires joignent a une
uertaine expérience pédagogique um
sûre et fine intuition des natures indi-
viduelles, qu'ils auront à caractériser
devant les élèves, et assez d'habilaté.
pour rendre leur exposé attrayant et vi-
vant.
Si nos édiles voulaient s'acheminer
encore vers la perfection, ils ajoute-
raient une troisième chaire, d'un ni.
veau plus élevé, et qui aurait un objet-
plus scientifiqueil s'agirait, par exem-
ple, d'étudier à l'aide des mémoires"
des documents iconographiques, etc
la manière dont les plus grands tragé-'
diens, de Talma à Mounet-Sully, ont
adapté ou adaptent tel ou tel geste, telle
ou telle attitude à la traduction expres-
sive de tel ou tel sentiment. On tâche-
rait de surprendre, sinon le secret de
eurgeme, du moins les lois essentiel-
les en vertu desquelles ces artistes émi-
nents, non seulement gardent comme
une naturelle eurythmie et semblent
4, statues vivants détachées de quel-
que bas-relief antique, mais encore réa-
lisent une fusion si harmonieuse entre
un état d'âme et tous les moyens deï
traduction que leur offrent la voix, le
regard, le t(egte; etc.
Il y aurai là toute une tradition à fixer
et à transmettre afin .que les généra-
tions qui viennent puissent, de temps,
en temps, oublier les beautés un peu
spéciales du vaudeville en veston pour
la beauté émouvante et sublime de l'in-
terorète d'~d~M. Mais ne soyons
pas trop exigeant et contentons-nous de
réclamer les deux chaires dont nous
avons plus haut précisé l'objet. Nul
doute nlirinsi Arnni.,é. le Conserva-
toire mnnicinal fac::se bientôt honneur
à la Ville et surtout à son parrain,
M. Emile Massard. -
Jean FERVAL.
:
La Mi reptation Bilgg
(De notre envoyé spécial)
Ainsi que nous l'avons annoncé hier, la
maimeslaïkm beuge en faveur du suffrage
universel et contre 4e projet scalaire ScékA-
laert a été tres imposante, Nous devons,
quelques éciaireisseiii«nts à nos-lecteurs
sur les causes de cette manifestation.
Nous avons parié ici même du projet
suaire bchollaert qui instituait un bon
scalaire. Ce bon, délivré au père de famil-
le, permettait à colui-d de placer son en-
fant à l'écuie de son choix, publique, libre
ou congréganiste. Dans la Belgique' catho-
lique, c'était la mort de l'enseignement pu-
blic et la fortune de l'enseignement con.
grégianiste. Les instituteurs de Belgique
protestèrent avec énergie. La presse libé-
raJe mena une ardente campagne et le Gou-
vernement fit savoir que le projet scxh
laire serait modifié. Le ministre de l'Ins-
truction publique se retira avec queiques
collègoos.
Mais le Gouvernement étant reste dans
son ensemble ce qu'il était avant, — réac-
tionnaire, — les partis politiques de eau.
che s'unirent et convinrent de IpOurautVM
d'urgence deux réformes : le suffrage uni*
versai, et aussi l'organisation scolaire sun
des bases absolument démocratiques.
Il nous faut dire un mot du mode d'élec-
tion en Belgique. C'est le vote plural qua
la loi y établit. Les ouvriers, les employés*
les pauvres gens, n'ont qu'une voix et au,
contraire les aisés et les riches ont de
deux à quatre voix, proportionnellement &
leur situation de fortune. Les organisations
ouvrières demandent depuis des années le
suffrage universel simple à vingt et un ans,
sur çe principe : un homme une voix: Les
partis avancés acceptent la représentation
proportionnelle, parce qu'ils. considèrent
qu'il est juste que les minorités soient re.
présentées et reçoivent ainsi de la loi tou.
-Les tes garanties désirables.
Voilà donc les causes de la manifestation
belge. Des personnes bien informées m'ont
dit que l'idée de cette manifestation a été
émise par le citoyen Vandervelde. Et a us*
sitôt émise, cette idée a été retenue et tou-
tes les dispositions ont été prises poua.
qu'elle portât ses fruits.
Dès cinq heures du matin, mardi der-,
nier, Bruxelles était en mouvement. La
veilie, il était venu tant de personnes qu'on
ne trouvait plus à se loger. Nous avons vq,
des centaines de personnes dormir sur Les
terrasses les cafés. Des trains s..
très nombreux, avaient été organisés ; ils
transportaient environ 1.000 manifestants
chacun. Les gares de marchandieew
avaient été transformées en gares de voy.-
geurs afin d'éviter l'encombrement daaw
les autres gares. Dès six heures du maq
tin et de tous côtés à la fois, les
musique en tête, traversaient Bruxelles ej
venaient ae masser au Marché aux pois-
sons, dans les rocs et les places avoisinaiK
tes. Il en est arrivé jusqu'à dix
et den*. Le défilé projeté peur dix heures,
n'a commencé qu'à dix heures trente-
cinq, quelques trains ayomt eu du retanA*
Nous ne Chercherons pas à décrire caM<
* J
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