Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-08-17
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 17 août 1911 17 août 1911
Description : 1911/08/17 (N15133). 1911/08/17 (N15133).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
P« 1ST3S. — ».t|R6a»I»«tr"W»-T!r.—~ ✓ CI8Q CENTIMES LE NUMEnG
3EUDI 17 AOUT 1811. — H* 15133
ANNONCES
àux BUREAUX DU JOURNAL
pi, tNf. lé Strasbourg et 71, rue du Faub.-St" PAD"
)et chef MM. LAGRANGE, CERF et Qfi
6, place de la Bourse, «
lârmse Télégraphique; XIX* SIÈCLB - PARIS
*HOlVIVEMKNTS
Trois mola Ilx mois un
Paris si lif. tfjL
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Adresser lettres et mandats à VAdministrateur
Le-RI DUNE LIBRE * -
►■■■r» • «g-*
Discipline, Dignité humaine
ET PROGRÈS SOCIAL
— - i ■ w >
On voit croître chaque
jour le nombre de ceux qui
mettent leur fierté à se dé-
clarer des hommes libres,
exempts de préjugés, et qui
prennent prétexte de cette
affirmation pour se débarrasser aussi-
tôt de certaines règles contraignantes,
de cette maîtrise de soi qui obligent et
les individus et les groupes à se disci-
pliner. -
Malgré la leçon des événements, il
est certain que la plupart des « che-
minots », qui assistèrent au dernier
Congrès, n'aperçoivent pas que leur
échec vient moins du heurt des idées
adverses, et de telles ou telles person-
nalités en lutte, que de la manière dont
ces heurts se sont produits, par suite
de l'absence de discipline. Et beaucoup
doivent emporter cette impression er-
ronée que le plus libre d'entre eux, le
plus individualiste est celui qui 's'est
montré le moins soumis aux règles de
la courtoisie, donc qui a le moins res-
pecté la liberté des autres.
Le préjugé de l'indiscipline comme
signe de la liberté porte une vive at-
teinte à la dignité humaine, et il est de
ceux qui entravent gravement l'essor de
l'humanité. A lire les débats de ce Con-
grès, le simple lecteur en retirait un
sentiment de gêne, comme si la cause
même de ces désordres lui était impu-
table. C'est, en effet, que l solidarité
humaini s'étend au-delà des frontières
de tel ou tel groupe restreint, et que
toute atteinte portée à la dignité 4 un
homme rejaillit sur ses semblables.
Lorsque les cheminots discutaient
par des coups et opposaient l'injure à
la raison, exprimant leur joie ou leur
colère par des cris sauvages, on sen-
tait s'éteindre en eux tout ce que le
lent et douloureux effort des généra-
tions passées a accumulé pour perfec-
tionner l'humanité.
Les exemples analogues ne sont pas
rares, et si nous choisissons celui-ci,
ce n'est pas pour un but de polémique,
mais en raison de la surprise qu'il a
produite dans certains milieux, et de
l'intérêt qui s'attache à l'essor du Syn-
dicat.
De plus, de tels événements mettent
en lumière le mécanisme par lequel se
constitue la conscience des groupes et
comment la discipline, d'imposée qu'el-
le était jadis, tend à devenir librement
consentie.
Pris individuellement, les employés
des chemins de fer sont de bons élé-
ments sociaux. Dans l'accomplissement
de leur métier, ils observent une sùre
discipline et leur conscience profession-
nelle est hors de doute. ,
Or, à peine réunis en un Congrès, li-
bres de toute tutelle administrative, et
appelés à donner un effort collectif
pour solutionner des questions d'inté-
rêt. corporatif, on les voit abandonner
soudain toute discipline, toute mesure,
et ne mener leur effort qu'à des fins
stériles-
On est obligé alors de comparer
l'ordre administratif si parfait parce
quril résulte d'une discipline imposée,
à l'ordre syndical si précaire parce
qu'il fait appel à des volontés libres.
Si les syndicats veulent vivre et attein-
dre leur but économique, il faut qu'ils
acquièrent la vertu de discipline qui a
l'ordre pour résultat.
Toute discipline rigoureuse fait les
administrations puissantes ; sans l'une,
l'autre se détruit. A vouloir se passer
de règles, les cheminots ont été accu-
lés au geste qui a clos leur dernière
séance : la dissolution de leur groupe-
ment.
Certes, une organisation nouvelle va
renaître des cendres de celle qui dispa-
raît ; mais y ajoutera-t-elle, parmi les
perfectionnements désirés, cette sage
discipline qui sera le gage de son ef-
ficacité ?
Mais d'abord, quelle discipline de-
vra-t-elle choisir ? La discipline admi-
nistrative qui, au point de vue écono-
mique, a donné de bons Résultats ?
Non, car l'administration résulte d'une
organisation sociale générale que le
Syndicat -se propose de modifier et à
laquelle il ne. peut emprunteu ses for-
mes surannées. Elle suppose une tête
qui pense, des membres qui agissent
suivant des ordres dirigés dans un sens
unique, cest-à-dire allant, des organes
de direction aux organes d'exécution et
maintenant une collaboration unilaté-
rale.
Or, Iâten{fan'ce qui se dégage des
groupements ouvriers est à l'inverse-
C'est une collaboration bi-latérale, dans
laquelle les organes d'exécution peu-
vent agir sur les organes de direction.
Ceci est déjà visible, bien qu'exprimé
de façon incohérente, dans les conflits
de grève. L'état primitif où se trouve
encore cette organisation nécessite bien
des luttes avant qu'elle réalise cette
collaboration harmonieuse que tous
désirent.
Mais cette Harmonie ne s'atteindra
pas sans la vertu essentielle de tout
groupe viable : l'ordre .par la discipli-
ne. Et la discipline nouvelle, résultant
d'une collaboration consciente, fera
disparaître le caractère contraignant
des règles administratives. C'est aux
syndicats ouvriers d'apporter aux or-
ganisations futures l'élément moral qui
leur manque encore : la libre disci-
pline.
Tout syndiqué doit donc chercher à
réaliser ce double but : agir sur son
groupe pour affirmer sa liberté par la
part active qu'il prend à la vie commu-
ne, et respecter non seulement la vo-
lonté mais aussi la dignité collective,
donc agir dans l'ordre-
Et ce n'est pas parce qu'elle appa-
raît clairement à quelques-uns que la
tâche se fait aisée. Le préjugé de l'in-
discipline est toujours tenace en la ma-
jorité des individus. Les philosophies
du passé et les religions présentent en-
core l'homme comme un tout, une uni-
té puissante en soi, un reflet de la for-
ce divine. Ce principe, opposé au dé-
terminisme réel qui lie les individus à
,. leur milieu social comme au milieu
biologique, sert de prétexte aux igno-
rants et aux intéressés pour affirmer
leur personnalité, et s'affranchir des
règles.
Ainsi nous apparaît comme un es-
clave celui qui, débarrassé des con-
traintes, se disait libre, et comme un
malfaiteur social celui qui aurait dû
être un apôtre. J.- M LAHY.
J.-M. LAHY.
- -ijy—
LA POLITIQUE
.-+.-
LA FIN DE LA VIOLENCE
La violence a un vice inti-
me : elle s'use par ses propres
excès i Déjà, à des signes cer-
tains, on peut présager la lin
de son règne sur le monde
ouvrier. ,
Récemment, il n'a manque aux ré-
formistes du Syndicat national des
Chemins de rer qu'un peu de courage
et de méthode pour triompher des ré-
volutionnaires.
Avant-hier, les révolutionnaires con-
viaient tous les leurs à un meeting de
protestation, contre Varrestation des
militants de Vantimilitarisme et de
l'antipatriatisme.
Or, l'échec de la manifestation est
incontestable, et pas même la Bataille
syndicaliste ne songe à le contester.
\Quelques délégués de la C. G. T.,
comme il fallait s'y attendre, ont bien
tenté l'apologie de la propagande anar-
chiste dans l'armée.
Un ordre du jour a bien été voté,
par lequel les « compagnons » « s'en-
gagent à saboter, par tous, les moyens,
le dégoûtant régime social », mais ma-
nifestement les orateurs de la révolu-
tion ont baissé le ton et l'enthousias-
me des foules ouvrières a baissé d'un
ton.
Successivement, MM. Victor, Bar
cher, Péricat, Pedro ont dÛ constater le
peu d'empressernent qu'avaient mis les
syndicalistes à répondre à leur convo-
cation et ont senti le besoin de les met-
tre en garde contre l indifférence dont
ils témoignent à l'égard des « compa-
gnons » arrêtés.
Le symptôme vaut d'être enregistré.
Il ne peut l'être qu'avec satisfaction
par tous ceux qui, comme nous, n'ont
jamais cessé de faire confiance à la dé.
mocratie.
Non, il n'est pas vrai, pour rappeler
un mot de M. Caillaux à Lille, que
« l'égoîsme protégé des uns » doive
avoir pour rdnçon « le silence imposé
aux autres ».
Nous applaudissons aux manifesta-
tions par lesquelles le monde du tra-
vail appelle l attention des pouvoirs
publi^ as et de l'opinion sur ses légiti-
mes intérêts corporatifs. Nous n'avons
peur ni des mots, ni des idées, mais
précisément parce "ue nous sommes,
Me parti pris, gagne mr justes reven-
dications du Prolétariat, nous ne
croyons pouvoir flétrir avec trop d'é-
nergie les entrepreneurs de guerre ci-
vile qui le dissuadent de l'action civi-
le pour le jeter dans les aventures sans
profit -comme sans honneur de l'action
directe.
Le socialisme, ni le syndicalisme
n'ont rien de commun avec l'anarchie.
Nous ne cesserons de le répéter,
tant qu'on ne l'aura pas entendu. Et ce
nous est une foie de penser que les or-
ganisations ouvrières commencent à
l'entendre.
LES 0 x mg DIT
-.-
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mercredi 1
Lever du soleil : 4 h. 54 m. 'du matin;
* Coucher du soleil : 7 h. 14 m. du soir ;
Lever de la lune : 9 h. 52 m. du soir ;
Coucher de la lune : ijt h. 3 m. du soir.
Courses à Cabourg.
AUTREFOIS
Le Rappel du 17 août 1875 ?
Un journal nous apprend le mariage de
M. Protot, avocat et réfugié en Suisse,
avec un6 des plus riches héritières de Bâle,
MHe Schirtzenweimer.
— Les tentatives de cléricalisation de la
France éolatent en ce moment sur de trop
nombreux points de son territoire. L'Ave-
nir de la Vienne annonce que, sur l'avis du
préfet de ce département, le maire de Poi-
tiers ai refuse trois livrets de Caisse d'épar-
gne offerts par la loge maçonnique les
Amis réunis aux écoles communales laïques
de cette ville.
AUJOURD'HUI
Opinion
Oïï parle, naturellement, et beaucoup, des
journaux qui se transforment ou se prépa-
rent. Et on raconte ceci :
M. Clemenceau était pressé, naguère, par
quelques amis, de fonder un organe qui
soutiendrait sa politique, et il paraissait
céder à ces vives instances.
— Voyons, lui dit alors un de ses fami-
liers, voyons ! Quelle opinion aura votre
journal ?
Et le Tigre de répondre, sérieusement :
— Socialiste-révolutionnaire 1
Les Affairas Tunisiennes
L'épuration nécessaire
Tout récemment, nous-avons dû quali-
fier, comme il convenait, le geste cynique
et maladroit par lequel les malfaiteurs de
l'administration tunisienne avaient traduit
à la fois leur épouvante et leur acharne-
ment.
Menacés par l'enquête qui s'ouvre, affo-
lés par la lumière qui commence à filtrer
dans leur caverne, ils avaient tenté sour-
noisement, obliquement, bassement, de pla-
cer le Gouvernement et les enquêteurs en
face d'un fait accompli, et d'arguer d'une
instance judiciaire ouverte pour clore une
instruction qu'ils redoutent.
Peine perdue.
Cette fois, c'est en vain que la bande des
tyranneaux tunisiens, que Les Dobler et les
Alapotite ont tenté d'abandomner le terrain
d'arbitraire où ils ont coutume d'étrangler
le Droit, pour se défiler dans un maquis
de procédure où ils espéraient égarer à la
fois leurs victimes et leurs juges.
M. Caillaux n'est point un chef de gouver-
nement que l'on joue, ou do'nt on se joue.
L'enquête « impartiale, large, profon-
de », solennellement promise par lui aw
Parlement, aura lieu, quoi qu'on fasse,
coûte que coûte, jusqu'au fond, et jus-
qu'au bout.
Nous en avons pour sûr garant non seu-
lement la parole du président du Conseil,
non. seulement l'intervention généreuse des
honnêtes gens de tous les partis qui, de
Thalamas à Driant, se sont dressés contre
l'arbitraire dans une même révolte de
conscience indignée, mais aussi notre réso-
lution très arrêtée, très ferme, implacable,
de ne tolérer ni diversion, ni échappatoi-
re, ni parodie d'instruction.
Depuis trop longtemps, la Tunisie est li-
vrée à une administration incapable et mal-
faisante, qui — forte de la complicité djun.
ministre aveuli, dont l'âme suinte la peur
comme les murailles des caves de Pékin, —
se vantait d'échapper à tout contrôle com-
me à toute responsabilité.
Depuis trop longtemps, des satrapicules
odieux ou grotesques font supporter à un
pays admirable sous un masque de pro-
tectorat, un régime inouï de favoritisme,
d'arbitraire, do concussion, qui méconnaît
également les intérêts essentiels des colons
et les intérêts supérieurs de la France.
Depuis trop longtemps, on 11e montre au
Parlement qu'une façade tunisienne bril-
lante, soigneusement entretenue (à quel
prix ?), qui dissimule en réalité des bas-
fonds obscurs, tout grouillants d'immon-
dices.
Une œuvre d'épuration et de salubrité
nationale s'impose, urgente, rapide, com-
plète.
• Car l'administration de ces gens-là ne fut
pas seulement incapable et funeste ; elle
est vile.
A l'exemple de certains malfaiteurs, qui
cherchent à dérouter les investigations de
la justice, les honorables collègues de
J'honnête Hamon ont été jusqu'à essayer
de défigurer leurs victimes.
Dans Tespoir ignominieux de donner le
change à l'opinion, ils n'ont épargné ni
1ft eeîomnies perfides, ni les d i ff ribn-â
abjectes, ni les mensonges odieux.
Il ne leur suffisait pas de ruiner des in-
nocents, ils avaient encore le raffinement
de les vouloir déshonorer.
Leur dernier exploit — d'huissier — est
un indice, entre mille, da leur mentalité,
de leur loyauté, de leur « manière ï.
Mais, patience.
L'enquête est ouverte, l'enquête se pour-
suivra, l'enquête aboutira « impartiale, lar-
ge, profonde B. Elle apportera aux uns le
réconfort et la revanche des justes répara-
tions ; aux autres, la sévérité des expia-
tions nécessaires. Enfin, elle étalera en
pleine lumière — quelque répugnant que
soit le spectacle — tous les dessous mal-
propres, malodorants et nauséabonds de
cette administration tunisienne, qui, sous
ses oripeaux étincelants, ses uniformes cha-
marrés, ses galons dorés et ses chapeaux
empanachés, n'est — pour reprendre le
rude mot de Napoléon Ier à un prédéces-
seur do M. Dobler — « que de la m. dans
des bas de soie ».
■— » LI
Un télégramme fle M. Caillaux
- ', - à V. E. Gomïes
M. Caillaux, président du Conseil, a en-
voy" é de Dinard le télégramme suivant à
M. Combes, à Pons :
« Je vous prie d'accepter, mon cher prési-
dent, l'expression de ma plus vive grati-
tude pour l'appui que, dans votre fort beau
discours, avec la haute autorité qui vous
appartient, vous voulez bien apporter a
mon gouvernement.
« Vous avez mille fois raison de penser
qu'il entend gouverner pour la France et la
République avec le seul concours de la ma-
jorité dont vous avez si exactement et si
heureusement fixé les limites.
et Caillaux ».
Le Chapitre des Chapeaux rouges
Junius expliquait l'autre jour aux lec-
teurs do YEcho de Paris qu'il serait fâ-
cheux que la mort du pape survint avant
les nominations de' cardinaux, qui sont
imminentes.
Vous concevez bien qu'un grand nombre
de personnes sont de l'avis de Junius.
Ce sont précisément les évêques qui
s'attardent « à passer » cardinaux au
choix.
La santé du souverain pontife n'étaîft
décidément pas bonne, le Corriere della
Sera, journal très catholique, a publié une
note qu'approuvent fort tous ces préiats :
On y lit- :
« Vingt-deux'cardinaux sont morts el
n'ont point été remplacés : c'est le tiers du
Sacré-collège. On rappelle à ce propos que
plusieurs papes, entr'autres Adrien VI, tin-
rent un Consistoire dans la dhambre où ils
devaient mourir et firent des nominations
de cardinaux ; Clément IX, neuf jours
avant sa mort, créa sept cardinaux. »
Evidemment, voilà la solution. Que le
pape nomme vingt-deux cardinaux, c'est
à ce prix que les évêques le laisseront mou-
rir en paix.
Encore une Leçon
On ne sait si les voyages à l'étranger ins-
truisent les syndicalistes révoliitiohx»..ires,
ce '1.t ii y a Ob certain, G C.:,. J loi us y reool-
tent des leçons-
Avant-hier, c'était en Allemagne ; hier,
c'était en Angleterre; aUJourdlHll c'est au.\
Etats-Unis. -,
M. Yvetot et ses amis lirait tout exprés
le voyage de Budapest pour demander à la
« Conférence syndicale internationale »
l'admission des éléments anarchistes des
Industriel Warkeis of the W orld.
On sait que la grande fédération améri-
caine est la Fédération of Labour et que Les
Industriel Warkeis constituent un groupe-
ment « d'irréguliers d u travail » (yù la vio-
lence remplace l'organisation.
Ne pouvant contester ni la puissance de
la Fédération of Labour qui s'inspire de la
méthode des trade-unions anglaises, ni
les résultats pratiques qu'elle a obtenus pa-
cifiquement, M. Yvetot ne trouve à repro-
cher aux « camarades » qui la dirigent que
d'avoir « banqueté avec des capitalistes ».
Successivement MM. O'Grad'y, pour l'An-
glclerr; Oudegeest, pour la Hollande ;
Bergmans, pour la Belgique ; Appleton,
pour l'Angleterre encore ; Duncan, pour les
Etats-Unis, vinrent demander spirituelle-
ment. à la Conférence de ne pas prendre au
sérieux les billevesées de M. Yvetot, et M.
Btcrgmans' notamment décocha quelques
/lèches acérées à la « minorité écrasante D
d'anrjrchistes qui font la loi, en France,
aux réfomiièles :
« Nous pensons, a-t-il dit, que les soi-di-
sant « minorités révolutionnaires » peuvent,
elles aussi, avoir tort. Souvent dans les
syndicats elles font œuvre d'indiscipline,
prétendant ne pas se soumettre aux déci-
sions de la majorité. Elles claquent alors
la porte et s'en vont créer des petits grou-
pements spéciaux q,ui donnent pendant
quelque temps du fil à retordre à nos or-
ganisations, mais qui ne causent aucun en-
nui aux patrons. » *
Finalement, la proposition des anarchis-
tes de la C. G. T. fut repousséc à l'unani-
mité, moins la voix des anarchistes de la
C. G. T.
Ceux-ci n'en continueront pas moins à af-
firmer qu'ils représentent le socialisme in-
ternational.
NOS CHRONIQUEURS A
La Ville de Paris
- ., -
et les Beaux-Arts
1
Sur l'initiative de plusieurs conseil-
lers municipaux en tête desquels il
convient de citer M. Emile Massard, la
Ville de Paris aurait, dit-on, l'inten-
tion d'instituer prochainement un
Conservatoire qui compléterait celui
de la rue de Madrid, déjà illustré par
les incidents tragi-comiques des con-
cours od-éoniens. La plupart des jour-
naux de la capitale ont indiqué les
grandes lignes du projet qui, comme
on pouvait s'y attendre, a suscité d'en-
thousiastes adhésions et de très vives
critiques. :
D'un côté, chacune des grandes vil-
les de province possédant leur Conser-
vatoire qu'elle subventionne et: ad-
ministre directement, on a trouvé as-
sez naturel que Paris ne voulût pas res-
ter en arrière et que l'Athènes moder-
ne désirât prouver ainsi, une fois de
plus, sa sympathie éclairée pour les
beaux-arts. D'un autre côté, on a vu la
Fédération nationale du spectawle pro-
tester par la bouche d'un de ses mem-
bres les plus influents, contre la créa-
tion de cette nouvelle pépinière d'ar-
tistes et spécialement de, musiciens
qui, venant encombrer le. « > marché »,
contribueraient à l'avilissement des
safaires et /peut-être, môme, - grossi-
raient la fonïe des malheureux et des
déclassés dont le talent, nourri de vai-
nes espérances, cherche péniblement
un gagne-pain. Succédant aux alarmis-
tes, voi'ci que les ironistes ont agréa-
blement rallfé les mécènes municipaux
qui comptaient recueillir dans cet éta-
blissement hospitalier, les candidats
refusés à la rue de Madrid, les épaves
des trop fameux concours. Infaillible
moyen de compromettre à jamais, ou
même de rédiculiser, le conservatoire
naissant dont on tarirait à brève
échéanotè le recrutement ; les élèves
seraient, en effet, médiocrement flat-
tés de s'entendre appeler : ténors ou
tragédiens au rabais 1
* *
*
Plus intéressante nous semble la
thèse soutenue dans Comœdia par no-
tre distingué confrère, M. G. de Paw-
lowski. beion lui, il serait très opportun
d'organiser cette institution de telle
manière qu'elle gamât, pour ainsi dire,
un caractère primaire : loin de con-
currencer la, maison rivale ou d'en ab-
sorber trop modestement les déchets,
elle lui Servirait de préparation métho-
dique, de vestibule immédiat. Après y
avoir fait un stage d'un - certain nom-
bre d'années, les élèves, dont la voca-
tion se serait éveillée, précisée, et qui
auraient, donné toute satisfaction à
leurs maîtres, poursuivraient leur rou-
te et iraient achever leur éducation ar-
tistique sous l'aile tutélaire de M.
Gabriel Fauré. Les autres, — ceux
dont les moyens auraient été reconnus
insuffisants, — risqueraient moins,
étant avertis, de se rompre les os à
esca/iader les cimes ; en revanche, ils
emporteraient de durables -bénélKoes
d'une culture qui ne leur nuirait cer-
tes pas dans la vie et qui ferait d'eux
des luticurs, mieux armés.pour la ré-
sistance à l invasion des « utilitaires »
et des « barbares ». Dans un autre ar-
ticle, M. de Pawluwski n'a pas caché,
au demeurant, qu'il préférerait encore
à la fondation d'un tel conservatoire
•c 1L> d'un véritabe théâtre lyrique que
la ville cntreti-cndrait de ses deniers,
par une subvention permanente, au lieu
d'abandonner simplement le prix du
loyer et quelques autres avantages aux
directeurs nommés par elle. Ce serait
là la meilleure façon de se mettre au
niveau des autres villes de France, « de
ne plus être, au point de vue lyrique,
sous la dépendance de l'Etat », et d'en-
courageren même temps les efforts de
nos compositeurs devant lesquels s'ou-
vrent si .peu de débollchés. A vrai dire,
nous ne voyons pas que les deux so-
lutions soient incompatibles, pourvu
que l'on ne dresse pas, d'emblée) des
plans trop ambitieux, qui surcharge-
raieiït les, finances municipales. A no-
tre avis, le théâtre de la Ville de Paris
serait plus qualifié que tout autre pour
employer les lauréats du Conservatoi-
re et pour permettre aux jeunes ta-
lents de s'assouplir encore et de s'a-
guerrir, encadrés par des vétérans et
par des pensionnaires déjà plus expé-
rimentés; ce serait comme des recrues
toujours frarches et peu coûteuses qui
viendraient compléter la troupe de la
grande scène principale et qui, plus
tard, pourraient affronter avec plus
d'assurance le public moins tolérant de
l'Académie nationale de musiqu. Que
l'on ne parle pas d'essais dangereux
pour l'amour-propre des chanteurs ou
la réputation du théâtre 7 on sait que
bien des « prix » .du Faubourg Pois-
sonnière et dé la rue de Madrid ont été
engagés dr'eo/tem en fa l'Opéra ou à r0-
péra-Comique, cf que leurs débuts
n'ont pas toujours confirmé la maxi-
me : Audaces fortuna juvat ! Il serait
bien plus prudenf de ménager à ces
adolescents un champ d'épreuve qui
fasse transillon entre l'école et la pra-
tique de tefur art, pamni les embûehes
et les difficultés de toute sorte dont
la carrière est semée.
***
Mais tenons-nous en au projet que
M. Emile Massard a défendu avec une
ardeur éloquente : persuadé qu'il triom-
phera des objections de détail-et qu'il
sera voté par le Conseil,nous prendrons
la liberté de signaler ici quelques
points d'organisation qui nous parais-
sent essentiels, si du moins Ton * veut
garantir la viabilité et la prospérité du
nouveau Conservatoire. En ce qui con-
cerne les classes de solfège, de chant,
d'instrument, etc., nos édiles pourront
s'inspirer sans peine des avis que leur
fourniront des guides très compétents,
déjà familiarisés avec les nécessités de
l'enseignement, tels que M. Chapuis et
ses collègues. Pour les classes de dé-
clamation, ils trouveront des exemples
utiles dans les écoles mêmes de la Vil-
le de Paris et dans lés cours du soir,
qu'abritent la plupart des mairies de la
capitale et qui, après l'atelier ou l'usi-
ne, sont pour l'ouvrier et pour l'ou-
vrière, le plus précieux des divertisse-
ments, la plus salutaire -des gymnasti-
ques intellectuelles. Bieh entendu, il
conviendra de systématiser ces leçons
qui fatalement, dans des locaux em-
pruntés, devant des auditoires chan-
geants, manquent un peu de suite mé-
thodique, de progression pédagogique
et qui, dans un Conservatoire, ne sau-
raient être profitables qa'à la condition
d'être coordonnées selon un plan ri-
goureux, dressé au seuil même de T'an-
née scolaire. Est-il utile de souhaiter
que l'administration, repoussant tout,
favoritisme, fasse rggner une discipli-
ne absolue sans laquelle aucun tra-
vail ne serait fécond, et exige rles élë-
ves l'assiduité à des cours rendus obli-
gatoires, afin que l'on n'ait plus à en-
registrer des doléances très légitimes
comme celles de plusieurs professeurs
de la rue de Madrid ? II importe de ne
point accorder une confiance illimitée
à l'humeur trop fantaisiste des jeunes
auditeurs, qui sont trop enclins à s" jat-
tribuer tous les dons et à n-égliger la
culture patiente. Formulons aussi le
vœu que le Conservatoire municipal
garde des rapports étroits avec le grou-
pement si intéressant et si actif ; l'Art
à racole ; ils pourront se prêter l'un
à l'autee une documentation prise sur -
le vif et un concours des plus effica-
ces. Il va sans dire que la maison de.
vra attirer à elle, non seulement les en-
fants du peuple, mais aussi ceux de la
bourgeoisie, qui fréquentent nos ly-
oées et dont. l'éducation esthétique lais-
se tant à désirer.
Jean FERVAL.
(A
[A suivre.)
LES JFFnlHES PU MIDOC
Les négociations franco-allemandes
L'agence Havas publie, au sujet de la:
conversation de lundi entre M. Cambon et
M. de Kiderlen-Waechter, la note suivan-
te :
Au cours d'un nQuvel entretien qui a eu
lieu lundi, MM. Jules Cambon et de Kider-
len-Waechter ont continué à rechercher
les bases de la négociation.
M. de Kiderlen ira à Wilhelmshwhe
Berlin, 15 août.— M. de Kiderlen-Waech-
ter se rendra le 18 août à Wilhelmshœhe
pour assister au dîner donné en l'honneur
de François-Joseph. Le chancelier l'ac-
compagnera probablement et l'on pense
qu'il présentera à l'empereur son rapiporl
sur les négociations fanco-allernandes.
Il y a tout lieu de croire qu'un commu-
niqué renseignera ensuite le public sur rt..
tat des négociations.
L'opinion s'énerve en Allemagne
Berlin, 15 août. - L'opinion allemande"
en ce moment, est en proie à une nervo
Sbté que les hommes d'Etat dirigeants au-
raient tout avantage à calmer le plus vite
possible. Dans ce grand pays de discipli-
ne et de méthode que l'AMemagne se vanto
d'être, il arrive parfois, pour une cause
inexpiable, qu'une crise d'affolement et
de panique s'empare soudain de la foule.
Une émotion née on ne sait où et souvent
on ne sait pourquoi, se propage dans l'em"
pire rapidement, sans rencontrer une seu-
le personnalité avant assez d'autorité pour
la tenir en échec. Ce mouvement irréfléchi
peut parfois, comme aux jours de novem-
bre, se transformer en une tourmente, qui
va battre les m'arches du trône. Puis brus-
quement l'orage s'apaise, tout rentre dana
l'ordre et cette foule qui semblait irrésis-
tiblement insurgée, reviént à la nature
obéissante et respectueuse qui désespérait
Heine et Nietzsche.
Le mécontentement qui se dessina d'a-
bord dans la presse pangermanïste paraît
peu à peu gagner les journaux de toutes
les opinions. Il serait difficile de due con-
tre q,ui s'exercc ce mécontentement. La
Posi, la National Zeitnng songèrent un
3EUDI 17 AOUT 1811. — H* 15133
ANNONCES
àux BUREAUX DU JOURNAL
pi, tNf. lé Strasbourg et 71, rue du Faub.-St" PAD"
)et chef MM. LAGRANGE, CERF et Qfi
6, place de la Bourse, «
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TÉLÉPHONE : 424-90 et 424-91
Adresser lettres et mandats à VAdministrateur
Le-RI DUNE LIBRE * -
►■■■r» • «g-*
Discipline, Dignité humaine
ET PROGRÈS SOCIAL
— - i ■ w >
On voit croître chaque
jour le nombre de ceux qui
mettent leur fierté à se dé-
clarer des hommes libres,
exempts de préjugés, et qui
prennent prétexte de cette
affirmation pour se débarrasser aussi-
tôt de certaines règles contraignantes,
de cette maîtrise de soi qui obligent et
les individus et les groupes à se disci-
pliner. -
Malgré la leçon des événements, il
est certain que la plupart des « che-
minots », qui assistèrent au dernier
Congrès, n'aperçoivent pas que leur
échec vient moins du heurt des idées
adverses, et de telles ou telles person-
nalités en lutte, que de la manière dont
ces heurts se sont produits, par suite
de l'absence de discipline. Et beaucoup
doivent emporter cette impression er-
ronée que le plus libre d'entre eux, le
plus individualiste est celui qui 's'est
montré le moins soumis aux règles de
la courtoisie, donc qui a le moins res-
pecté la liberté des autres.
Le préjugé de l'indiscipline comme
signe de la liberté porte une vive at-
teinte à la dignité humaine, et il est de
ceux qui entravent gravement l'essor de
l'humanité. A lire les débats de ce Con-
grès, le simple lecteur en retirait un
sentiment de gêne, comme si la cause
même de ces désordres lui était impu-
table. C'est, en effet, que l solidarité
humaini s'étend au-delà des frontières
de tel ou tel groupe restreint, et que
toute atteinte portée à la dignité 4 un
homme rejaillit sur ses semblables.
Lorsque les cheminots discutaient
par des coups et opposaient l'injure à
la raison, exprimant leur joie ou leur
colère par des cris sauvages, on sen-
tait s'éteindre en eux tout ce que le
lent et douloureux effort des généra-
tions passées a accumulé pour perfec-
tionner l'humanité.
Les exemples analogues ne sont pas
rares, et si nous choisissons celui-ci,
ce n'est pas pour un but de polémique,
mais en raison de la surprise qu'il a
produite dans certains milieux, et de
l'intérêt qui s'attache à l'essor du Syn-
dicat.
De plus, de tels événements mettent
en lumière le mécanisme par lequel se
constitue la conscience des groupes et
comment la discipline, d'imposée qu'el-
le était jadis, tend à devenir librement
consentie.
Pris individuellement, les employés
des chemins de fer sont de bons élé-
ments sociaux. Dans l'accomplissement
de leur métier, ils observent une sùre
discipline et leur conscience profession-
nelle est hors de doute. ,
Or, à peine réunis en un Congrès, li-
bres de toute tutelle administrative, et
appelés à donner un effort collectif
pour solutionner des questions d'inté-
rêt. corporatif, on les voit abandonner
soudain toute discipline, toute mesure,
et ne mener leur effort qu'à des fins
stériles-
On est obligé alors de comparer
l'ordre administratif si parfait parce
quril résulte d'une discipline imposée,
à l'ordre syndical si précaire parce
qu'il fait appel à des volontés libres.
Si les syndicats veulent vivre et attein-
dre leur but économique, il faut qu'ils
acquièrent la vertu de discipline qui a
l'ordre pour résultat.
Toute discipline rigoureuse fait les
administrations puissantes ; sans l'une,
l'autre se détruit. A vouloir se passer
de règles, les cheminots ont été accu-
lés au geste qui a clos leur dernière
séance : la dissolution de leur groupe-
ment.
Certes, une organisation nouvelle va
renaître des cendres de celle qui dispa-
raît ; mais y ajoutera-t-elle, parmi les
perfectionnements désirés, cette sage
discipline qui sera le gage de son ef-
ficacité ?
Mais d'abord, quelle discipline de-
vra-t-elle choisir ? La discipline admi-
nistrative qui, au point de vue écono-
mique, a donné de bons Résultats ?
Non, car l'administration résulte d'une
organisation sociale générale que le
Syndicat -se propose de modifier et à
laquelle il ne. peut emprunteu ses for-
mes surannées. Elle suppose une tête
qui pense, des membres qui agissent
suivant des ordres dirigés dans un sens
unique, cest-à-dire allant, des organes
de direction aux organes d'exécution et
maintenant une collaboration unilaté-
rale.
Or, Iâten{fan'ce qui se dégage des
groupements ouvriers est à l'inverse-
C'est une collaboration bi-latérale, dans
laquelle les organes d'exécution peu-
vent agir sur les organes de direction.
Ceci est déjà visible, bien qu'exprimé
de façon incohérente, dans les conflits
de grève. L'état primitif où se trouve
encore cette organisation nécessite bien
des luttes avant qu'elle réalise cette
collaboration harmonieuse que tous
désirent.
Mais cette Harmonie ne s'atteindra
pas sans la vertu essentielle de tout
groupe viable : l'ordre .par la discipli-
ne. Et la discipline nouvelle, résultant
d'une collaboration consciente, fera
disparaître le caractère contraignant
des règles administratives. C'est aux
syndicats ouvriers d'apporter aux or-
ganisations futures l'élément moral qui
leur manque encore : la libre disci-
pline.
Tout syndiqué doit donc chercher à
réaliser ce double but : agir sur son
groupe pour affirmer sa liberté par la
part active qu'il prend à la vie commu-
ne, et respecter non seulement la vo-
lonté mais aussi la dignité collective,
donc agir dans l'ordre-
Et ce n'est pas parce qu'elle appa-
raît clairement à quelques-uns que la
tâche se fait aisée. Le préjugé de l'in-
discipline est toujours tenace en la ma-
jorité des individus. Les philosophies
du passé et les religions présentent en-
core l'homme comme un tout, une uni-
té puissante en soi, un reflet de la for-
ce divine. Ce principe, opposé au dé-
terminisme réel qui lie les individus à
,. leur milieu social comme au milieu
biologique, sert de prétexte aux igno-
rants et aux intéressés pour affirmer
leur personnalité, et s'affranchir des
règles.
Ainsi nous apparaît comme un es-
clave celui qui, débarrassé des con-
traintes, se disait libre, et comme un
malfaiteur social celui qui aurait dû
être un apôtre. J.- M LAHY.
J.-M. LAHY.
- -ijy—
LA POLITIQUE
.-+.-
LA FIN DE LA VIOLENCE
La violence a un vice inti-
me : elle s'use par ses propres
excès i Déjà, à des signes cer-
tains, on peut présager la lin
de son règne sur le monde
ouvrier. ,
Récemment, il n'a manque aux ré-
formistes du Syndicat national des
Chemins de rer qu'un peu de courage
et de méthode pour triompher des ré-
volutionnaires.
Avant-hier, les révolutionnaires con-
viaient tous les leurs à un meeting de
protestation, contre Varrestation des
militants de Vantimilitarisme et de
l'antipatriatisme.
Or, l'échec de la manifestation est
incontestable, et pas même la Bataille
syndicaliste ne songe à le contester.
\Quelques délégués de la C. G. T.,
comme il fallait s'y attendre, ont bien
tenté l'apologie de la propagande anar-
chiste dans l'armée.
Un ordre du jour a bien été voté,
par lequel les « compagnons » « s'en-
gagent à saboter, par tous, les moyens,
le dégoûtant régime social », mais ma-
nifestement les orateurs de la révolu-
tion ont baissé le ton et l'enthousias-
me des foules ouvrières a baissé d'un
ton.
Successivement, MM. Victor, Bar
cher, Péricat, Pedro ont dÛ constater le
peu d'empressernent qu'avaient mis les
syndicalistes à répondre à leur convo-
cation et ont senti le besoin de les met-
tre en garde contre l indifférence dont
ils témoignent à l'égard des « compa-
gnons » arrêtés.
Le symptôme vaut d'être enregistré.
Il ne peut l'être qu'avec satisfaction
par tous ceux qui, comme nous, n'ont
jamais cessé de faire confiance à la dé.
mocratie.
Non, il n'est pas vrai, pour rappeler
un mot de M. Caillaux à Lille, que
« l'égoîsme protégé des uns » doive
avoir pour rdnçon « le silence imposé
aux autres ».
Nous applaudissons aux manifesta-
tions par lesquelles le monde du tra-
vail appelle l attention des pouvoirs
publi^ as et de l'opinion sur ses légiti-
mes intérêts corporatifs. Nous n'avons
peur ni des mots, ni des idées, mais
précisément parce "ue nous sommes,
Me parti pris, gagne mr justes reven-
dications du Prolétariat, nous ne
croyons pouvoir flétrir avec trop d'é-
nergie les entrepreneurs de guerre ci-
vile qui le dissuadent de l'action civi-
le pour le jeter dans les aventures sans
profit -comme sans honneur de l'action
directe.
Le socialisme, ni le syndicalisme
n'ont rien de commun avec l'anarchie.
Nous ne cesserons de le répéter,
tant qu'on ne l'aura pas entendu. Et ce
nous est une foie de penser que les or-
ganisations ouvrières commencent à
l'entendre.
LES 0 x mg DIT
-.-
NOTRE AGENDA
Aujourd'hui mercredi 1
Lever du soleil : 4 h. 54 m. 'du matin;
* Coucher du soleil : 7 h. 14 m. du soir ;
Lever de la lune : 9 h. 52 m. du soir ;
Coucher de la lune : ijt h. 3 m. du soir.
Courses à Cabourg.
AUTREFOIS
Le Rappel du 17 août 1875 ?
Un journal nous apprend le mariage de
M. Protot, avocat et réfugié en Suisse,
avec un6 des plus riches héritières de Bâle,
MHe Schirtzenweimer.
— Les tentatives de cléricalisation de la
France éolatent en ce moment sur de trop
nombreux points de son territoire. L'Ave-
nir de la Vienne annonce que, sur l'avis du
préfet de ce département, le maire de Poi-
tiers ai refuse trois livrets de Caisse d'épar-
gne offerts par la loge maçonnique les
Amis réunis aux écoles communales laïques
de cette ville.
AUJOURD'HUI
Opinion
Oïï parle, naturellement, et beaucoup, des
journaux qui se transforment ou se prépa-
rent. Et on raconte ceci :
M. Clemenceau était pressé, naguère, par
quelques amis, de fonder un organe qui
soutiendrait sa politique, et il paraissait
céder à ces vives instances.
— Voyons, lui dit alors un de ses fami-
liers, voyons ! Quelle opinion aura votre
journal ?
Et le Tigre de répondre, sérieusement :
— Socialiste-révolutionnaire 1
Les Affairas Tunisiennes
L'épuration nécessaire
Tout récemment, nous-avons dû quali-
fier, comme il convenait, le geste cynique
et maladroit par lequel les malfaiteurs de
l'administration tunisienne avaient traduit
à la fois leur épouvante et leur acharne-
ment.
Menacés par l'enquête qui s'ouvre, affo-
lés par la lumière qui commence à filtrer
dans leur caverne, ils avaient tenté sour-
noisement, obliquement, bassement, de pla-
cer le Gouvernement et les enquêteurs en
face d'un fait accompli, et d'arguer d'une
instance judiciaire ouverte pour clore une
instruction qu'ils redoutent.
Peine perdue.
Cette fois, c'est en vain que la bande des
tyranneaux tunisiens, que Les Dobler et les
Alapotite ont tenté d'abandomner le terrain
d'arbitraire où ils ont coutume d'étrangler
le Droit, pour se défiler dans un maquis
de procédure où ils espéraient égarer à la
fois leurs victimes et leurs juges.
M. Caillaux n'est point un chef de gouver-
nement que l'on joue, ou do'nt on se joue.
L'enquête « impartiale, large, profon-
de », solennellement promise par lui aw
Parlement, aura lieu, quoi qu'on fasse,
coûte que coûte, jusqu'au fond, et jus-
qu'au bout.
Nous en avons pour sûr garant non seu-
lement la parole du président du Conseil,
non. seulement l'intervention généreuse des
honnêtes gens de tous les partis qui, de
Thalamas à Driant, se sont dressés contre
l'arbitraire dans une même révolte de
conscience indignée, mais aussi notre réso-
lution très arrêtée, très ferme, implacable,
de ne tolérer ni diversion, ni échappatoi-
re, ni parodie d'instruction.
Depuis trop longtemps, la Tunisie est li-
vrée à une administration incapable et mal-
faisante, qui — forte de la complicité djun.
ministre aveuli, dont l'âme suinte la peur
comme les murailles des caves de Pékin, —
se vantait d'échapper à tout contrôle com-
me à toute responsabilité.
Depuis trop longtemps, des satrapicules
odieux ou grotesques font supporter à un
pays admirable sous un masque de pro-
tectorat, un régime inouï de favoritisme,
d'arbitraire, do concussion, qui méconnaît
également les intérêts essentiels des colons
et les intérêts supérieurs de la France.
Depuis trop longtemps, on 11e montre au
Parlement qu'une façade tunisienne bril-
lante, soigneusement entretenue (à quel
prix ?), qui dissimule en réalité des bas-
fonds obscurs, tout grouillants d'immon-
dices.
Une œuvre d'épuration et de salubrité
nationale s'impose, urgente, rapide, com-
plète.
• Car l'administration de ces gens-là ne fut
pas seulement incapable et funeste ; elle
est vile.
A l'exemple de certains malfaiteurs, qui
cherchent à dérouter les investigations de
la justice, les honorables collègues de
J'honnête Hamon ont été jusqu'à essayer
de défigurer leurs victimes.
Dans Tespoir ignominieux de donner le
change à l'opinion, ils n'ont épargné ni
1ft eeîomnies perfides, ni les d i ff ribn-â
abjectes, ni les mensonges odieux.
Il ne leur suffisait pas de ruiner des in-
nocents, ils avaient encore le raffinement
de les vouloir déshonorer.
Leur dernier exploit — d'huissier — est
un indice, entre mille, da leur mentalité,
de leur loyauté, de leur « manière ï.
Mais, patience.
L'enquête est ouverte, l'enquête se pour-
suivra, l'enquête aboutira « impartiale, lar-
ge, profonde B. Elle apportera aux uns le
réconfort et la revanche des justes répara-
tions ; aux autres, la sévérité des expia-
tions nécessaires. Enfin, elle étalera en
pleine lumière — quelque répugnant que
soit le spectacle — tous les dessous mal-
propres, malodorants et nauséabonds de
cette administration tunisienne, qui, sous
ses oripeaux étincelants, ses uniformes cha-
marrés, ses galons dorés et ses chapeaux
empanachés, n'est — pour reprendre le
rude mot de Napoléon Ier à un prédéces-
seur do M. Dobler — « que de la m. dans
des bas de soie ».
■— » LI
Un télégramme fle M. Caillaux
- ', - à V. E. Gomïes
M. Caillaux, président du Conseil, a en-
voy" é de Dinard le télégramme suivant à
M. Combes, à Pons :
« Je vous prie d'accepter, mon cher prési-
dent, l'expression de ma plus vive grati-
tude pour l'appui que, dans votre fort beau
discours, avec la haute autorité qui vous
appartient, vous voulez bien apporter a
mon gouvernement.
« Vous avez mille fois raison de penser
qu'il entend gouverner pour la France et la
République avec le seul concours de la ma-
jorité dont vous avez si exactement et si
heureusement fixé les limites.
et Caillaux ».
Le Chapitre des Chapeaux rouges
Junius expliquait l'autre jour aux lec-
teurs do YEcho de Paris qu'il serait fâ-
cheux que la mort du pape survint avant
les nominations de' cardinaux, qui sont
imminentes.
Vous concevez bien qu'un grand nombre
de personnes sont de l'avis de Junius.
Ce sont précisément les évêques qui
s'attardent « à passer » cardinaux au
choix.
La santé du souverain pontife n'étaîft
décidément pas bonne, le Corriere della
Sera, journal très catholique, a publié une
note qu'approuvent fort tous ces préiats :
On y lit- :
« Vingt-deux'cardinaux sont morts el
n'ont point été remplacés : c'est le tiers du
Sacré-collège. On rappelle à ce propos que
plusieurs papes, entr'autres Adrien VI, tin-
rent un Consistoire dans la dhambre où ils
devaient mourir et firent des nominations
de cardinaux ; Clément IX, neuf jours
avant sa mort, créa sept cardinaux. »
Evidemment, voilà la solution. Que le
pape nomme vingt-deux cardinaux, c'est
à ce prix que les évêques le laisseront mou-
rir en paix.
Encore une Leçon
On ne sait si les voyages à l'étranger ins-
truisent les syndicalistes révoliitiohx»..ires,
ce '1.t ii y a Ob certain, G C.:,. J loi us y reool-
tent des leçons-
Avant-hier, c'était en Allemagne ; hier,
c'était en Angleterre; aUJourdlHll c'est au.\
Etats-Unis. -,
M. Yvetot et ses amis lirait tout exprés
le voyage de Budapest pour demander à la
« Conférence syndicale internationale »
l'admission des éléments anarchistes des
Industriel Warkeis of the W orld.
On sait que la grande fédération améri-
caine est la Fédération of Labour et que Les
Industriel Warkeis constituent un groupe-
ment « d'irréguliers d u travail » (yù la vio-
lence remplace l'organisation.
Ne pouvant contester ni la puissance de
la Fédération of Labour qui s'inspire de la
méthode des trade-unions anglaises, ni
les résultats pratiques qu'elle a obtenus pa-
cifiquement, M. Yvetot ne trouve à repro-
cher aux « camarades » qui la dirigent que
d'avoir « banqueté avec des capitalistes ».
Successivement MM. O'Grad'y, pour l'An-
glclerr; Oudegeest, pour la Hollande ;
Bergmans, pour la Belgique ; Appleton,
pour l'Angleterre encore ; Duncan, pour les
Etats-Unis, vinrent demander spirituelle-
ment. à la Conférence de ne pas prendre au
sérieux les billevesées de M. Yvetot, et M.
Btcrgmans' notamment décocha quelques
/lèches acérées à la « minorité écrasante D
d'anrjrchistes qui font la loi, en France,
aux réfomiièles :
« Nous pensons, a-t-il dit, que les soi-di-
sant « minorités révolutionnaires » peuvent,
elles aussi, avoir tort. Souvent dans les
syndicats elles font œuvre d'indiscipline,
prétendant ne pas se soumettre aux déci-
sions de la majorité. Elles claquent alors
la porte et s'en vont créer des petits grou-
pements spéciaux q,ui donnent pendant
quelque temps du fil à retordre à nos or-
ganisations, mais qui ne causent aucun en-
nui aux patrons. » *
Finalement, la proposition des anarchis-
tes de la C. G. T. fut repousséc à l'unani-
mité, moins la voix des anarchistes de la
C. G. T.
Ceux-ci n'en continueront pas moins à af-
firmer qu'ils représentent le socialisme in-
ternational.
NOS CHRONIQUEURS A
La Ville de Paris
- ., -
et les Beaux-Arts
1
Sur l'initiative de plusieurs conseil-
lers municipaux en tête desquels il
convient de citer M. Emile Massard, la
Ville de Paris aurait, dit-on, l'inten-
tion d'instituer prochainement un
Conservatoire qui compléterait celui
de la rue de Madrid, déjà illustré par
les incidents tragi-comiques des con-
cours od-éoniens. La plupart des jour-
naux de la capitale ont indiqué les
grandes lignes du projet qui, comme
on pouvait s'y attendre, a suscité d'en-
thousiastes adhésions et de très vives
critiques. :
D'un côté, chacune des grandes vil-
les de province possédant leur Conser-
vatoire qu'elle subventionne et: ad-
ministre directement, on a trouvé as-
sez naturel que Paris ne voulût pas res-
ter en arrière et que l'Athènes moder-
ne désirât prouver ainsi, une fois de
plus, sa sympathie éclairée pour les
beaux-arts. D'un autre côté, on a vu la
Fédération nationale du spectawle pro-
tester par la bouche d'un de ses mem-
bres les plus influents, contre la créa-
tion de cette nouvelle pépinière d'ar-
tistes et spécialement de, musiciens
qui, venant encombrer le. « > marché »,
contribueraient à l'avilissement des
safaires et /peut-être, môme, - grossi-
raient la fonïe des malheureux et des
déclassés dont le talent, nourri de vai-
nes espérances, cherche péniblement
un gagne-pain. Succédant aux alarmis-
tes, voi'ci que les ironistes ont agréa-
blement rallfé les mécènes municipaux
qui comptaient recueillir dans cet éta-
blissement hospitalier, les candidats
refusés à la rue de Madrid, les épaves
des trop fameux concours. Infaillible
moyen de compromettre à jamais, ou
même de rédiculiser, le conservatoire
naissant dont on tarirait à brève
échéanotè le recrutement ; les élèves
seraient, en effet, médiocrement flat-
tés de s'entendre appeler : ténors ou
tragédiens au rabais 1
* *
*
Plus intéressante nous semble la
thèse soutenue dans Comœdia par no-
tre distingué confrère, M. G. de Paw-
lowski. beion lui, il serait très opportun
d'organiser cette institution de telle
manière qu'elle gamât, pour ainsi dire,
un caractère primaire : loin de con-
currencer la, maison rivale ou d'en ab-
sorber trop modestement les déchets,
elle lui Servirait de préparation métho-
dique, de vestibule immédiat. Après y
avoir fait un stage d'un - certain nom-
bre d'années, les élèves, dont la voca-
tion se serait éveillée, précisée, et qui
auraient, donné toute satisfaction à
leurs maîtres, poursuivraient leur rou-
te et iraient achever leur éducation ar-
tistique sous l'aile tutélaire de M.
Gabriel Fauré. Les autres, — ceux
dont les moyens auraient été reconnus
insuffisants, — risqueraient moins,
étant avertis, de se rompre les os à
esca/iader les cimes ; en revanche, ils
emporteraient de durables -bénélKoes
d'une culture qui ne leur nuirait cer-
tes pas dans la vie et qui ferait d'eux
des luticurs, mieux armés.pour la ré-
sistance à l invasion des « utilitaires »
et des « barbares ». Dans un autre ar-
ticle, M. de Pawluwski n'a pas caché,
au demeurant, qu'il préférerait encore
à la fondation d'un tel conservatoire
•c 1L> d'un véritabe théâtre lyrique que
la ville cntreti-cndrait de ses deniers,
par une subvention permanente, au lieu
d'abandonner simplement le prix du
loyer et quelques autres avantages aux
directeurs nommés par elle. Ce serait
là la meilleure façon de se mettre au
niveau des autres villes de France, « de
ne plus être, au point de vue lyrique,
sous la dépendance de l'Etat », et d'en-
courageren même temps les efforts de
nos compositeurs devant lesquels s'ou-
vrent si .peu de débollchés. A vrai dire,
nous ne voyons pas que les deux so-
lutions soient incompatibles, pourvu
que l'on ne dresse pas, d'emblée) des
plans trop ambitieux, qui surcharge-
raieiït les, finances municipales. A no-
tre avis, le théâtre de la Ville de Paris
serait plus qualifié que tout autre pour
employer les lauréats du Conservatoi-
re et pour permettre aux jeunes ta-
lents de s'assouplir encore et de s'a-
guerrir, encadrés par des vétérans et
par des pensionnaires déjà plus expé-
rimentés; ce serait comme des recrues
toujours frarches et peu coûteuses qui
viendraient compléter la troupe de la
grande scène principale et qui, plus
tard, pourraient affronter avec plus
d'assurance le public moins tolérant de
l'Académie nationale de musiqu. Que
l'on ne parle pas d'essais dangereux
pour l'amour-propre des chanteurs ou
la réputation du théâtre 7 on sait que
bien des « prix » .du Faubourg Pois-
sonnière et dé la rue de Madrid ont été
engagés dr'eo/tem en fa l'Opéra ou à r0-
péra-Comique, cf que leurs débuts
n'ont pas toujours confirmé la maxi-
me : Audaces fortuna juvat ! Il serait
bien plus prudenf de ménager à ces
adolescents un champ d'épreuve qui
fasse transillon entre l'école et la pra-
tique de tefur art, pamni les embûehes
et les difficultés de toute sorte dont
la carrière est semée.
***
Mais tenons-nous en au projet que
M. Emile Massard a défendu avec une
ardeur éloquente : persuadé qu'il triom-
phera des objections de détail-et qu'il
sera voté par le Conseil,nous prendrons
la liberté de signaler ici quelques
points d'organisation qui nous parais-
sent essentiels, si du moins Ton * veut
garantir la viabilité et la prospérité du
nouveau Conservatoire. En ce qui con-
cerne les classes de solfège, de chant,
d'instrument, etc., nos édiles pourront
s'inspirer sans peine des avis que leur
fourniront des guides très compétents,
déjà familiarisés avec les nécessités de
l'enseignement, tels que M. Chapuis et
ses collègues. Pour les classes de dé-
clamation, ils trouveront des exemples
utiles dans les écoles mêmes de la Vil-
le de Paris et dans lés cours du soir,
qu'abritent la plupart des mairies de la
capitale et qui, après l'atelier ou l'usi-
ne, sont pour l'ouvrier et pour l'ou-
vrière, le plus précieux des divertisse-
ments, la plus salutaire -des gymnasti-
ques intellectuelles. Bieh entendu, il
conviendra de systématiser ces leçons
qui fatalement, dans des locaux em-
pruntés, devant des auditoires chan-
geants, manquent un peu de suite mé-
thodique, de progression pédagogique
et qui, dans un Conservatoire, ne sau-
raient être profitables qa'à la condition
d'être coordonnées selon un plan ri-
goureux, dressé au seuil même de T'an-
née scolaire. Est-il utile de souhaiter
que l'administration, repoussant tout,
favoritisme, fasse rggner une discipli-
ne absolue sans laquelle aucun tra-
vail ne serait fécond, et exige rles élë-
ves l'assiduité à des cours rendus obli-
gatoires, afin que l'on n'ait plus à en-
registrer des doléances très légitimes
comme celles de plusieurs professeurs
de la rue de Madrid ? II importe de ne
point accorder une confiance illimitée
à l'humeur trop fantaisiste des jeunes
auditeurs, qui sont trop enclins à s" jat-
tribuer tous les dons et à n-égliger la
culture patiente. Formulons aussi le
vœu que le Conservatoire municipal
garde des rapports étroits avec le grou-
pement si intéressant et si actif ; l'Art
à racole ; ils pourront se prêter l'un
à l'autee une documentation prise sur -
le vif et un concours des plus effica-
ces. Il va sans dire que la maison de.
vra attirer à elle, non seulement les en-
fants du peuple, mais aussi ceux de la
bourgeoisie, qui fréquentent nos ly-
oées et dont. l'éducation esthétique lais-
se tant à désirer.
Jean FERVAL.
(A
[A suivre.)
LES JFFnlHES PU MIDOC
Les négociations franco-allemandes
L'agence Havas publie, au sujet de la:
conversation de lundi entre M. Cambon et
M. de Kiderlen-Waechter, la note suivan-
te :
Au cours d'un nQuvel entretien qui a eu
lieu lundi, MM. Jules Cambon et de Kider-
len-Waechter ont continué à rechercher
les bases de la négociation.
M. de Kiderlen ira à Wilhelmshwhe
Berlin, 15 août.— M. de Kiderlen-Waech-
ter se rendra le 18 août à Wilhelmshœhe
pour assister au dîner donné en l'honneur
de François-Joseph. Le chancelier l'ac-
compagnera probablement et l'on pense
qu'il présentera à l'empereur son rapiporl
sur les négociations fanco-allernandes.
Il y a tout lieu de croire qu'un commu-
niqué renseignera ensuite le public sur rt..
tat des négociations.
L'opinion s'énerve en Allemagne
Berlin, 15 août. - L'opinion allemande"
en ce moment, est en proie à une nervo
Sbté que les hommes d'Etat dirigeants au-
raient tout avantage à calmer le plus vite
possible. Dans ce grand pays de discipli-
ne et de méthode que l'AMemagne se vanto
d'être, il arrive parfois, pour une cause
inexpiable, qu'une crise d'affolement et
de panique s'empare soudain de la foule.
Une émotion née on ne sait où et souvent
on ne sait pourquoi, se propage dans l'em"
pire rapidement, sans rencontrer une seu-
le personnalité avant assez d'autorité pour
la tenir en échec. Ce mouvement irréfléchi
peut parfois, comme aux jours de novem-
bre, se transformer en une tourmente, qui
va battre les m'arches du trône. Puis brus-
quement l'orage s'apaise, tout rentre dana
l'ordre et cette foule qui semblait irrésis-
tiblement insurgée, reviént à la nature
obéissante et respectueuse qui désespérait
Heine et Nietzsche.
Le mécontentement qui se dessina d'a-
bord dans la presse pangermanïste paraît
peu à peu gagner les journaux de toutes
les opinions. Il serait difficile de due con-
tre q,ui s'exercc ce mécontentement. La
Posi, la National Zeitnng songèrent un
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