Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-08-10
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 10 août 1911 10 août 1911
Description : 1911/08/10 (N15126). 1911/08/10 (N15126).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
V 15121. — *3 THERMIDOR, KH 119.
CINQ C É8Î&SES LE HUIWnI'
ifEUDI 10 AOUT 1911.— N° 15128-
ANNONCES j
AUX BUREAUX OU JOURNAL
tint. tfft Strasbourg et 71, roe de Fauh.-St-«artto, PM
chez MM. liAGRAWQ^B, CERP et O:J.
C, place de to Bourse, s
Adresse Téléer&phiaue : XIX' SIÈCLE- PARJ
À Borvrsi EMfiNTS
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Parte 6 A III. fOk
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Adresser lettres et mandatl d l'Administrateur
* - ", -
TRIBUNE LIBRE
r :!t;.:.': 11
Tradition Girondine
Les diverses fractions du
parti républicain n'ont ja-
mais souhaité leur disper-
sion et l'affaiblissement qui
en est la fatale conséquen-
ce. Mais les circonstances
ont été plus fortes que leur bonne vo-
lonté. Les retours offensifs de la réac-
tion n'ont été faits que de notre pro-
pre pusillanimité. Et comment être
animés de l'esprit die conquête quand
nous étions déchirés par des querelles
intestines ?
Je voudrais pouvoir faire parler à
cette place les présidents du Conseil
qui se sont, succédé depuis le réveil ré-
publicain de 1898. Je voudrais qu'ils
nous disent par quelle diplomatie su-
périeure ils ont maintenu, sous des for-
mes variées, le Bloc de gauche et sui-
vant quel équilibra !
La récente expérience du ministère
Monis était d'un mécanisme bien sim-
ple : essayer de se passer des éléments
les plus froids de la droite gouverne-
mentale et chercher des compensations
chez ceux des socialistes unifiés qui
n'ont pas encore séparé l'amour de la
République de la fidélité au collectivis-
me. Or, il est désormais prouvé que les
unifiés, même non guesdisies, ne sont
pas susceptibles d'une longue constan-
ce ministérielle.
L'actuel président du Conseil a tiré
de cette constatation la conclusion qui
s'imposait. Il ne veut pas d'un équili-
bre instable où les socialistes de l'uni-
fication, étant sur l'un des plateaux de
la balance, en sauteraient tout à coup
pour l'ébahissemeni de la galerie. C'est
pourquoi il a sollicité, par contre-coup,
le concours des tenants de l'Alliance
démocratique tout entière.
Ainsi finit là responsabilité gouver-
nemental de M. Jaurès. Ainsi com-
mence celle des amis de M. Adolphe
Carnot.
Je dis qu'elle, est très grave. Nous
les supplions de comprendre toute la
solennité du pacte qui les unit à la ma-
jorité du ministère Caillatix. Ils ne doi-
vent point y entrer en maîtres, mais en
collaborateurs. Il ne faut pas qu'e, par
leur attitude bien connue de recueille-
ment et de méticuleuse sagesse à l'é-
gard dies réformes sociales, ils paraly-
sent l'essor d'une législature dont le
Pays attend beaucoup. Autrement dit :
ce n'est que par des concessions mu-
tuelles, répétées, souriantes et larges,
que les groupes gouvernementaux
aboutiront à la fécondité du travail.
Eh bien ! cette intelligente compréhen-
sion des besoins politiques du moment,
nous la trouvons avec le plus vif plai-
sir chez l'une des sections les plus im-
portantes de l'Alliance démocratique.
La Fédération girondine, qui vient
He tenir son assemblée annuelle, par
des propos élevés et curieux, une
vision précise des aspirations de la Dé-
mocratie et un sentiment fort exact des
nécessités du pouvoir, montré là rou-
te à l'ensemble de l'organisation dont
elle est une Branche vigoureuse et tou-
te pleine de sève.
C'est d'ailleurs une tradition, à Bor-
deaux, que les républicains modérés
n'ont pas été modérément républi-
cains. On peut expliquer de la sorte le
développement tardif du radicalisme
en Gironde.
On Isait que la coutume dtes groupe-
ments de l'Alliance démocratique est
de signaler îés périls du socialisme.
C'est un peu trop leur Icit-iiiotiv. Nous
iie leur reprocherions pas à l'excès s'il
n'élait parfois exclusif de toute autre
revendication essentielle.
Or, à Bordeaux, l'autre jour, le pré-
feident de la Fédération, M. David, ne
craignit pas de dénoncer « les nouvel-
les entreprises de la réaction nationa-
liste et cléricale, toujours à l'affût des
crises économiques pour en bénéfi-
cier ». Il souhaita de tout cœur que le
Vote fût enfin acquis des lois de dèfense
laïque.
Le délégué du parti radical pronon-
ta une allocution très vigoureusement
applaudie, au cours de laquelle il pré-
conisa, pour les prochaines élections
Municipales, l'union, même avec les
socialistes si « ceux-ci, comprenant
îçur dCrQP' Vêttkftt axiiver par l'évo-
lution et non par la révolution qui ne
pourrait profiter qu'à la réaction clé-
ricale et nationaliste n.
N'est-ce point là le langage d'authen-
tique concentration républicaine ?
Pourquoi ne pas affirmer toujours la
profonde solidarité qui doit relier les
plus recueillis des démocrates aux so-
cialistes évolutionnistes ? Ils sont d'ac-
cord sur le principe des grandes réfor-
mes à l'ordre du jour. On demande
aux adhérents de l'Alliance démocra-
tique de sacrifier leur méthode de tem-
porisation ralentissante et aux socia-
listes indépendants leur hâte de réali-
sations sur l'autel d'un positivisme
constructeur aussi éloigné des ater-
moiements qui font avorter que de la
précipitation dissolvante.
Le jour où les amis de M. Adolphe
Carnot sauront comprendre toute l'u-
tilité des transactions opportunes, cons-
tituera une belle victoire pour le prin-
ciM de la stabilité ministérielle. Il sera
prouvé qu'un Bloc aussi vaste que
cohérent, aussi convaincu de la néces-
sité de l'ordre que de l'urgence des
transformations possibles, est en me-
sure de seconder le Gouvernement
dans la double tâche de sécurité et de
progrès que réclament les plus hauts
intérêts de la République.
Il sera prouvé aux unifiés qu'on
peut gouverner non pas contre eux, ce
qui rappellerait trop certaines métho-
des de négation, mais sans eux. Quelle
admirable perspective pour le parti
radical et pour ses alliés naturels de
réaliser son programme en restant
maître de lui-même ! Nous supplions
l'Alliance démocratique de nie' pas con-
trarier cette aspiration généreuse. r *
Albert SAUZtDE.
LA POLITIQUE
-:+ -
COMPAREZ
Vous vous rappelez le joli
mot de M. René Quinlon : « On
finira par me faire dire que
J'ai voulu prouver, par mes
1recherches sur l'eau salée,
qu'il faut aller à la messe ».
M. Ernest Renauld, directeur du
Soleil, entreprend de nous faire dire,
comme suite à nos récents articles sur
le syndicalisme anglais, que seule la
monarchie est capable d'améliorer le
sort des classes ouvrières.
Après nous avoir fait l'honneur de
citer les laits et les chiffres que nous
avons produits, M. Ernest Rcnauld ad-
jure les ouvriers français de « compa-
rer » leur situation avec celle des ou-
vriers'anglais et il ajoute ;
« La République n'a pas amélioré la
situation du travailleur français com-
me l'a amèlioréè la monarchie anglai-
se : c'est un fait 7 le Rappel lui-même
l'établit et nous nous contentons de lui
emprunter cette évidence. »
Oui, c'est un lait que 'dans la paix
et par, la loi, le syndicalisme anglais a
obtenu des résultats que le syndicalis-
me français, violent et anarchique, n'a
pu produire. Et c'est là une raison suf-
ttSante, nous semble-t-il, pour des so-
cialistes réalistes, de condamner la mé-
thode révolutionnaire de la C. G. T.
Mais M. Renauld se trompe singulière*
nient s'il croti que c'est pour nous une
raison de condamner la République ?
Ce que nous ne cessons et ne ces-
serons, au Rappel, de reprocher aux
révolutionnaires, c'est précisément d'a-
voir retardé, par leurs violences, la
réalisation des réformes sociales qu'un
socialisme pacifique et légal pouvait lé•
gitimement attendre fa la République.
Mais tandis que lus syndicalistes, de.
venus la proie des anarchistes, multi-
pliaient leurs intimidations et leurs me-
haccs à l'endroit de la légalité républi-
caine, quelle était l'attitude des monar-
chistes amis de M. Renauld ?
Ah ! elle 'était double et elle Wen
était pas moins singulière.
D'une part, vis-à-vis des possédants
inquiets, ils dénonçaient la longanimité
et la faiblesse du Gouvernement l'ac.
tion dissolvante du Parlement, l'impuis-
sance enfin de la République à sévir,
à réprimer et à rndÍer par la force, les
tentatives d'affranchissement économi-
que du Prolétariat.
Et, d'autre part, par leur alliance oc-
culte .aussi imprudente qu'immorale,
atec les pires éléments de démagogie
et d'anmhie, ils aidaient à fomenter le
désordre, dernier espoir des chevaliers
servants, de toutes les 1 caijsfs dèsçspè-
! rée$- '-'-.. ,---
- .1.,,, ,-J :;.
- .-
Celle alliance occulle, la tjiscsion
des grandes lois sociales, dont s'honore
la République. l'a rendue évidente; il
n'en est pas une, en effet, de la loi de
1884 sur lés syndicats à la loi d'hier sur
les retraites ouvrières, qui n'ait dû
triompher, au Parlement comme dans le
pays, de la coalition des réactionnaires
et des révolutionnaires.
Avec elle, c'est la République qui a
triomphé et les républicairis ont bien le
droit de trouver rplaisantsles monar-
chistes qui, aujourd'hui, se aonhent fi-
gure de réformateurs socialistes.
Certes, non seulement, en Angleter-
re, mais en Allemagne, la démocratie du
travail bénéficie de réformes que la
France républicaine n'a pas encore réa-
lisées. -
Il n'en est pas moins vrai, ainsi que
l'a remarqué Bebel, qu'il ne saurait être
indifférent à un socialiste'de vivre en
Allemagne ou en France, et que le so-
cialisme a dû vaincre sous une monar-
chie des obstacles -qu'il ne rencontre
pas dans une République.
Selon le mot d'un réaliste 'du socia-
lisme, M. Millerand, « la République
'st l'expression politique du socialisme,
comme le socialisme. est l'expression
économique de la République ».
—; »
LES ON-DIT
--:+++:-
, NOTRE ACENDA
Aujourd'hui mercredi :
Lever du soleil : 4 h. 44 du matins
Coucher du soleil : 7 h. 26 du soir.
Lever de la lune : 7 h. 49 du soir.
Coucher de la lune : 3 h. 20 du matin.
Courses à Deauville, à Caen et à Lisieux.
AUTREFOIS
Le Rappel du 10 août 1875
Paris et les grandes villes .visitées par le
shah de Perse viennent de recevoir de ce
souverain un exemplaire de luxe de son Jour-
nal de voyage. C'est un manuscrit de 208 pa-
ges sur parchemin calligraphié avec art.
— Gymnase : Première de Le Million de
M. pomard, comédie en trois actes, de MM.
Jules Guillemot et Raymond.
— Un journal slave, publié à Vienne, af-
firme qu'il sait de source authentique que
la Russie a l'intention de demander le re-
tour à l'Empire de la Bessarabie, qui a été
annexée à la Roumanie par le traité de Pa-
ris.
Du bois dont on fait des flûtes
Ce bois dont on fait des flûtes, aux temps
des Grecs fut Je roseau, qui se plie docile à
tous les vents. L'homme qui est « du bois
dont on fait des flûtes » est alors, inutile de
le dire, un homme versatile, se pliant au
moindre souffle.
Or, ce bois, ou plutôt ici, le Dubois exis-
ta. Jadis, il y avait à la Chambre plusieurs
députés qui se nommaient Dubois. L'un
d'eux, appartenant au parti conservateur,
son vote était toujours aux ordres et au
service du ministère.
Un journal de l'op¡pœition le Charivari
qui quelquefois entrepointait le député
obéissant, ne manqua jamais de l'appeler :
« Monsieur Dubois dont on fait des flûtes ».
Mais M. Dubois n'était pas encore assez
de ce bois-là pour supporter cette amère
ironie. Il demanda justice aux tribunaux,
et un tribunal condamna le journal.
Dès ce moment le Charivari ne parla 'J):-.,
moins de M. Dubois ; seulement pour ren-
dre hommage à la chose jugée, il adopta
une autre formule : « Monsieur Dubois dont
on ne fait pas les flûtes. Monsieur Dubois
dont nous avons le plus vif regret d'avoir
fait, des flûtes. Monsieur Dubois dont nous
nous gardons bien de faire des flûtes. »
écrivait-il, et ainsi de suite. Puis un renvoi
indiquait au lecteur la date du jugement quî
en avait ainsi décidé.
AUJOURD'HUI
Un mot de prélat
Les nouvelles sur la santé de Pie X nous
remettent en mémoire le mot charmant
d'un prélat français devant lequel on cri-
tiquait en termes vifs la politique anhrno-
derniéte du pppe actuel :
— Ne m'en parlez pas ! Chaque jour, Je
prie Dieu pour qu'il ouvre les yeux du
Saint-Père, *..ou qu'il les lui ferme 1
— ♦ „
QUE D'EAU, QUE D'EAU !
Le nombre est remarquable des mar-
chands de vins qui se croient dispensés de
payer leurs contributions pour avoir eu
trop d'eau-
Chaque jour, la Patrie nous exalte leur
résistance aux agents du fisc ; cependant,
ils finissent par s'acquitter.
Nous leur conseillons, nous,, de mettre
un peu d'eau dans leur vin.,
Nous n'avons cessé, dans ce journal, de
plaider de tout cœur la cause si digne d'in-
térêt des inondés. Nous avons demandé
pour eux les plus larges dégrèvements et
du temps.
Mais il ne faudrait pas que leurs misè-
res trop réelles servissent des desseins po-
litiques. Il ne faut pas non plus que le
nombre des sinistrés continue d'augmenter
au fur et à mesure que M* Ge-s Berry
continue de payer aux lieu et place des ré-
calcitrants.
Nous savons qu'il le fait de bon cœur et
discrètement, à J'heure où il n'y a plus au-
tour du contribuable et du percepteur
qu'un millier de pençajKS et des phoKb
graphes, maïs, à la longue, sa bourse et
sa modestie ne manqueront pas d'en souf-
frir.
Puis, n'est-ce pas, il ne faudrait pas lais-
ser croire qu'il y a des vrais et des faux
inondés, comme il eut jadis des vrais et
des faux Polonais.,
Le Cothurne, l'Habit vert
et les Bas violets
-.e.-
Cette histoire « comique » est, par sur-
croît, une bien édifiante histoire.
Mlle Eve Lavallière étant malade fut soi-
gnée chez les religieuses de la rue Bizet,
qui lui firent cadeau d'une médaille de la
Vierge. «*
Mais la Vierge, comme on sait, n't
toute puissante qu'autant-qu'elle est bénie
par un prélat.
Justement, Mlle Lavallière se trouva des-
cendre, à Evian, dans le même hôtel que
M. Amette, archevêque de Paris. Un aca-
démicien chez qui la piété a des grâces
prunes. M. Mézières, villégiaturait lui
aussi, à l'Ermitoge.
Un immortel, un archevêque, une comé-
dienne. Voilà, n'est-il pas vrai, des person-
nages bien parisiens. Certains de nos con-
frères « d'ordinaire bien renseignés » affir-
maient hier que l'immortel avait servi de
truchement entre la comédienne et l'arche*
vêque et que, grâce à lui, la Vierge de
Mlle Lavallière avait été bénie par M.
Amette.
Erreur ! s'écrie un abonné très catholi-
que du Figaro. >
La charmante artiste des Variétés « eut
bien l'idée de prier le prélat de bénir sa
médaille. »
pour éviter cette entrevue, l'archevêque de
Paris répondit, avec sa dignité simple, qu'il )a
bénirait volontiers, mais à condition qu'elle lui
fût présentée par des mains plus orthodoxes
que. celles de la brillante comédienne.
Mlle Lavallière écrivit, avec de l'encre qui
n'était pas édulcoréé d'eau du Jourdain, ni même
d'Evian, une lettre — qui 'n'était pas de remer-
ciements, ni surtout de bénédictions — à Mgr
Amette.
En recevant cette épitre comminatoire, Mgr
Amette s'est, dit-on. félicité de n'avoir pas ac-
cepté qu'il lui lût présenté, sous prétexte de bé-
nédiction, une ouaille aui tumultueuse.
Nous ne savons, quant à nous, qui a rai-
son de nos confrères « bien renseignés »
ou de l'abonné du Figaro.
Mais nous nous rappelons l'histoire' d'une
autre « ouaille tumultueuse s qui ne se
heurta pas à tant de hauteur chez un pas-
teur prédécesseur de M. Amette. Il n'était
pas archevêque, mais il s'appelait Jésus-
Christ, et il ne refusa pas sa bénédiction
ô Marie-Magdeleine.
Pourquoi avez-vous refusé la vôtre, à Mlle
Lavallière, Monsieur Amette ? Ça fait taat
de plaisir et ça coûte si peu !
—
Incompatibilités
-:+e+:-
La Libre Parole nous accuse de « dé-
noncer comme un scandale épouvantable
la présence, dans le Comité de patronage
de l'Ecole primaire supérieure de Sens de
l'abbé Charlier, secrétaire de l'Association
des anciens élèves de l'Ecole des frères ».
Non, confrère, nous ne nous épouvan-
tons pas, mais, à vrai dire, nous nous
étonnons que vous ne soyez pas épouvan-
té vous-même. -
Hier, vous avez rendu un juste tribut
d'éloges à M. Marty, évêque de Montau-
ban, proclamant qu'il n'y a pas » des éco-
les neutres, mais seulement des écoles
chrétiennes et des écoles impies 5.
Nous vous le demandons, qu'est-ce que
c'est donc que cet abbé qui fait partie d'un
patronage laïque, c'est-à-dire impie ? Est-ce
que par hasard il ne serait pas un frahe-
mâçon 1
Pour nous, qui, en notre qualité de libre
penseur, pratiquons le hbérahsme, nous ne
voyons, comme vous dites, « aucune incom-
patibilité D dans le cas de l'abbé Chartier ;
mais vous-même trouveriez-vous le Véné-
rable d'une loge maçonnique bien à sa pla-
ce au Comité de patronage des anciens
élèves de l'Immaculée Conception ?
—
Un Revenant
- t .t w t
M. le vice-amiral Bieaaimé, que les élec-
teurs de Syveton envoyèrent à la Chambre,
revient, dans la Libre Parole, sur la no-
mination du général Joffre comme chef d'é-
tat-major général de l'armée. Ce général est
un ardent républicain et, paraît-il, ne va
pas à la messe. C'est ce qui explique l'in-
dignation de M. Bienaimé qui, ne pouvant
plus goûter les joies de ce monde, s'appli-
que à mériter le paradis chrétien.
Nous ferons simplement remarquer au
député du deuxième arrondissement de Pa-
ris que M. le général Joffre a toujours mé
rité l'efltimé de ses chefs, tandis -que, le
!5 avril 1904, par décision du Conseil des
ministres, M. l'amiral Bienaimé, préfet ma-
ritime à Toulon, fut relevé de ses fonc-
tions, à la suite de l'enquête du ministre
de la Marine au sujet de certains docu-
ments provenant de la préfecture maritime
et livrés à la publicité ou à des tiers. Il a
paru au ministre que la responsabilité de
ces indiscrétions incombait à la préfecture
maritime.
Déjà, à cette époque, M. Bienaimé s'in-
dignait de la nomination des grands chefs
de l'armée et de la marine. Il attaqua vio-
lemment son ministre, parce que celui-ci
n'avait pas voulu lui accorder les fonctions
de chef d'état-major général de la marine.
Ce qui fut démontré à la Chambre, dans la
séance du 23 février 1905.
Avec un pareil passé, le successeur de
Syveton devrait tout au moins avoir la pu-
deuf de §e tairé,
, NOS CHRONIQUEURS
-. J -
Sabotage Esthétique
— .If.. 11 -
L'Agonie de Paris
On ne le dira jamais trop. Le sabo-
tage sévit partout. Comment songerait-
on à se perfectionner, quand, de toutes
parts, on ne rencontre que des gens dé
sireux de tout réformer pour mieux
détruire ? L'instinct démolisseur est
si impérieux qu'il ne laisse même pas
à l'intelligence le temps d'apprendre les
éléments essentiels de l'art de recons-
truire en respéetant la beauté des sites
et des perspectives de nos grandes
cités. Tandis que les forestiers déboi-
sent sans merci notre France, ou rem-
placent comme à Fontainebleau, les
chênes séculaires qu'ils font abattre,
par des résineux qui flambent dès tren-
te degrés à l'ombre, sur une étendue de
quinze kilomètres carrés, nos architec-
tes, eux, s'entendent comme larrons en
foire pour enlaidir Paris et priver suc-
cessivement la première cité du monde
des derniers coins pittoresques évoca-
teurs de son passé. L'école leur ayant
appris, à construire, pour les besoins
de la vie moderne, des immeubtes d'as-
pect uniforme et tra-cés au cordeau,
suivant un rigoureux alignement soi-
disant motivé par les nécessités de l'hy-
giène et la cherté des terrains, ils sa-
pent inexorablement les chefs-d'œuvre
des vieux maîtres, en se retranchant
derrière les décrets et les règlements, et
les remplacent par des casernes co-
piées sur le modèle' des gratte-ciel de
New-York. Bientôt les noms des rues
feront place à des numéros ; bientôt
aussi, afin de parer aux exigentes de la
classe ouvrière, qui ne veut chômer
que de son propre gré, à dessein d'aug-
menter tous les six mois, par une petite
grève, le prix de la journée de travail,
on élèvera des immeubles d'une durée
maximum de quinze à vingt ans, pour
que les terrassiers, maçons, pJombiers
et peintres en Bâtiment, SJOÏ¡ent. assurés
du lendemain.
Mais, pendant ce temps-là, le vieux
Paris agonise et se 'lneul't.
..- -' .*. ', -'.>", ,-.,
M. Albert Callet, l'érudit écrivain
auquel la Société historique de la
« Cité » doit une grande part de sa
prospérité actuelle, et qui, aux côtés de
MM. G. Hartmann, Lucien Lambeau,
L'Esprit, Léon Riotor, Marcel Poète, et
quelques autres courageux défenseurs
des vestiges sacrés de notre histoire pa-
risienne, sait infuser à nos concitoyens
le sentiment du respect qui s'impose à
l'égard de ces témoins d'autrefois, et
d'une noble résistance au vandalisme
officiel ou privé quô, chaque jour, les
menace,x vient de tracer, dans son re-
marquable ouvrage : « L'Agonie du
Vieux Paris, le tableau évocaleur et
instructif de ces merveilles rétrospec-
tives dont les dernières traces n'ont
pour abri qu'un coin de musée, quand
encore on leur fait cette grâce.
Ce* n'est pas impunément en effet,
qu'on extrait de la bourse des contri-
buables et des petits possédants neuf
cent millions par voie d'emprunt muni-
cipal, destinés à reconstruire divers
quartiers de Paris, afin d'en multiplier
ou d'en élargir les voies.
D'atilleur.s l'ère des massacres est de-
puis longtemps ouverte. Déjà, sous le
second Empire, le prétexte explicable
de doter Paris de quelques grandes ar-
tères rectilignés répondant au besoin
de la circulation, motivait le percement
des boulevards de Strasbourg, Sébasto-
pol et Saint-Michel, le prolongement
de la rue de Rivoli, les boulevards du
Prince-Eugène, Haussmann et Males-
serbes, la rue de Rennes, et l'avenue dé
J'Opéra. Mais, outre que la haute spé-
culation n'était pas étrangère à ces
formidables entreprises, il suffit, pour
s'en rendre compte, de relire la Curée,
d'Ëmïle Zola. Il advint, par exemple,
qu'après avoir mis à jour une partie des
Arènes de Lutèce, on ne trouva rien de
mieux que de les recouvrir et de les
sacrifier en dirigeant sur elles la rue
longe. Hier, c'était le dernier vestige
des anciens remparts de Paris au
XVIIIe siècle, figuré par le tronçon en-
core subsistant, de la rue Basse-du-
Rempart, fondue ave'c le boulevard des
Capucines, qui disparaissait pour cé-
der la place à la future rue Edouard VII;
c'était l'ultime relique de l'hôtel du
Prévôt qu'on exilait du passage Char-
lemagne, au bénéfice de.q.uelconques
maisons de rapport ; c'était la tour de
Dagobert, allant rejoindre aux vieilles
lunes, les derniers clochers die la Cité,
Sainte-Barthélemy, Saint-Landry, les
Barnabites, absorbés par la construc-
tion du tribunal de Commerce, du nou-
vel Hôtel-Dieu et de la Préfecture de
Police.
L'ancien Hôtel-Dieu, lui aussi, juigé
néfaste en tant que foyer séculaire de
mitrobes contagieux, a laissé rase,
l'an passé, une place que demain verra
s'élever l'Ecole des Arts Décoratifs, mas-
quant ainsi la perspective de Saint-Ju-
lien le Pauvre. Ce vétuste sanctuaire,
datant de sept siècles, méritait pourtant
plus de respect.
* i .;,.;
***
JVlois /'demain, ce Sl'a;' pis.- La rue
Etienne-Marcel prolongée* engloMnt»
par un recul d'alignement estimé indis-
pensable à dédoubler la circulation in-
tense de la rue des Francs-Bourgeois,
englobait, dis-je, les rues cfes Êki&rîët- i
tes, Michel-Le-Comte, des Quatre Fils,..
de la Perle,et du Parc-Royal,noiuis ferons
notre deuil de mainte façade des der-
niers siècles, et de la pittoresque petite
place de Thorigny, chère à Mme de Sé-
vigné ; demain, ce sera la Bièvre que
l'on voilera tout à fait aux Parisiens,
alors qu'un tout petit surcroît de cana-
lisation aurait pu suffire à l'assainir :
ce sera la rue Vieille-du-Temple, dont
l'élargissement nous coûtera peut-être,
quelques efforts que fon ait déjà téntée
pour la préserver, la jolie tourelle de-
fhôtel Hérouet. Demain, ce sera la vieil-
le prison de Saint-Lazare, qui, à l'exem-
ple du donjon du Temple, s'en ira, et,
à sa place, l'on verra s'élever, non pas
même les végétations florissantes d'un
jardin public si nécessaire cependant
dans ce quartier, mais des maisons gi-
gantesques dont les murs ne tarderont
pas à absorber les fumées des gares et
des usines avoisinantes.
Puis, ce sera le vieux Montmartre, le
château des Brouillards, la maison de
Berlioz, la pauvre église de Saint-Pier-
re, dix fois centenaire, et qu'on laisse
crouler sans la moindre pitié, etc. Rién
ne sera respecté, sauf peut-être, quatre
ou cinq hôtels qu'on s'enorgueillira de.
montrer à titre de vestiges exception-
nels du Vieux Paris, aux rares étran-
gers qui, sur la foi des guides, -risque-
ront encore le voyage. Propriétés pri-
vées, on tentera de les acquérir pour
le compte de la Ville, et on caressera
la naïve illusion de les préserver de Vi
ruine en les affectant à des servies
pubJibs. L'exemple du Louvre, occupé
en partie par deux ministères et. quel-
que temps par la Préfecture de la S'ci-
ne, du couvent des Bernardins où
casernés les 'pompiers, suffisent, à
nous édifier par avance.
Toute la tristesse de ce passA abüL 0 a
sur le point de s'abolir, s le des
pages éloquentes et insrr;,.¡VtS de
l'npuvre rlp M. A lhpT't, r'nl~~ 1 'est le
plaidoyer d'un esprit très artiste, qui
développe la requête des vrais amis de *' •
Paris, révoltés, eux aussi, par le sabo-
tage qui s'exerce imnunément sur les
plus jolis coins de notre grande et niil-,
heureuse Cité.
- ALCANTER DE BRAHM.
LES CONGRES
LES MilLES BUSÎITOM
- '»» 1
l,a journée de lundi
(Lettre de notre envoyé spécial) -
- ». Nantes, 7 août.
Dans 'la salle magnifique du théâtre de.
la Renaissance, M. Guihard, directeur d'é-
cole à Nantes et président du Comité d'or-
ganisation, ouvre, à neuf heures, la pre-
mière séance officielle du Congrès. -
Après les compliments d'usage aux per-,
sonnalités qui ont bien voulu accepter l'in-
vitation du Comité et prendre place aux
côtés du bureau, il propose au Congrès, qui-
le vote d'acclamation, l'envoi d'un télé-
gramme au président de la République.
Guihard annonce que les journaux ont
été invités au Congrès, à l'exception de la
presse de mauvaise foi qui, au lendemain
du Congrès de Lille, avait osé écrire :
« Les instituteurs ont voté la cooéducation
des sexes, avec l'intention avouée de provo-
quer la débauche des enfants, intention
qu'ils ont d'ailleurs réalisée ».
M. Bourgeois, secrétaire général, se fé-
licite d'avoir reçu de nombreux et subsian-
ticls rapports sur les deux questions à for-,
dre du jour du Congrès. Il est 'heureux ,(Î')',
constater que 100 Amicales sur 112 sont
représentées à Nantes par 4W délégués
élus et près de 900 membres auditeurs.
M. Ferrier, de la Fédéra!tion des institu-
teurs beflges exprime, avec des accents
émus, la profonde sympathie de ses collè-
gues pour leurs camarades français. « En-
couragés, dit-ii, par l'exemple de la Frùn
ce, nous avons, de toutes nos forces, pro-
testé contre le projet Seholilaert qui mena-;
çait de sacrifier l'école publique de nOl'e'
pays au profit des établissements oongré-,
ganisies. Nous souhaitons la réalisation de
vos vœux, parce que tout ce qui fortifiera;
l'école laïque française sera un gain cer-
tain pour le progrès général dans toutes lè)
nations du monde n.
Puis Mlle Kirkehind, en un français r.
pur, apporta aux instituteurs et aux insti-"
tutrices de France le saiut de leurs (:oll.:
guee du Danemark- ;
Une ovation chaleureuse fut faite à M.
Livet, un vieiUard de qual.r:e-vingl-om:&:
ans, très vert encore, malgré, son grand"
âge, et qui prit la parole pour retracer s-W
laborieuse carrière d'enseignement. M-r
Livet est, comme on sait, l'initiateur d.
l'enseignement technique en France. L'é«
£ 0»}e sationaie professionnelle de Nute&
CINQ C É8Î&SES LE HUIWnI'
ifEUDI 10 AOUT 1911.— N° 15128-
ANNONCES j
AUX BUREAUX OU JOURNAL
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FONDATEUR: EDMOND ABÔUT
TGLËPHONE: 424-90 et 424-91
Adresser lettres et mandatl d l'Administrateur
* - ", -
TRIBUNE LIBRE
r :!t;.:.': 11
Tradition Girondine
Les diverses fractions du
parti républicain n'ont ja-
mais souhaité leur disper-
sion et l'affaiblissement qui
en est la fatale conséquen-
ce. Mais les circonstances
ont été plus fortes que leur bonne vo-
lonté. Les retours offensifs de la réac-
tion n'ont été faits que de notre pro-
pre pusillanimité. Et comment être
animés de l'esprit die conquête quand
nous étions déchirés par des querelles
intestines ?
Je voudrais pouvoir faire parler à
cette place les présidents du Conseil
qui se sont, succédé depuis le réveil ré-
publicain de 1898. Je voudrais qu'ils
nous disent par quelle diplomatie su-
périeure ils ont maintenu, sous des for-
mes variées, le Bloc de gauche et sui-
vant quel équilibra !
La récente expérience du ministère
Monis était d'un mécanisme bien sim-
ple : essayer de se passer des éléments
les plus froids de la droite gouverne-
mentale et chercher des compensations
chez ceux des socialistes unifiés qui
n'ont pas encore séparé l'amour de la
République de la fidélité au collectivis-
me. Or, il est désormais prouvé que les
unifiés, même non guesdisies, ne sont
pas susceptibles d'une longue constan-
ce ministérielle.
L'actuel président du Conseil a tiré
de cette constatation la conclusion qui
s'imposait. Il ne veut pas d'un équili-
bre instable où les socialistes de l'uni-
fication, étant sur l'un des plateaux de
la balance, en sauteraient tout à coup
pour l'ébahissemeni de la galerie. C'est
pourquoi il a sollicité, par contre-coup,
le concours des tenants de l'Alliance
démocratique tout entière.
Ainsi finit là responsabilité gouver-
nemental de M. Jaurès. Ainsi com-
mence celle des amis de M. Adolphe
Carnot.
Je dis qu'elle, est très grave. Nous
les supplions de comprendre toute la
solennité du pacte qui les unit à la ma-
jorité du ministère Caillatix. Ils ne doi-
vent point y entrer en maîtres, mais en
collaborateurs. Il ne faut pas qu'e, par
leur attitude bien connue de recueille-
ment et de méticuleuse sagesse à l'é-
gard dies réformes sociales, ils paraly-
sent l'essor d'une législature dont le
Pays attend beaucoup. Autrement dit :
ce n'est que par des concessions mu-
tuelles, répétées, souriantes et larges,
que les groupes gouvernementaux
aboutiront à la fécondité du travail.
Eh bien ! cette intelligente compréhen-
sion des besoins politiques du moment,
nous la trouvons avec le plus vif plai-
sir chez l'une des sections les plus im-
portantes de l'Alliance démocratique.
La Fédération girondine, qui vient
He tenir son assemblée annuelle, par
des propos élevés et curieux, une
vision précise des aspirations de la Dé-
mocratie et un sentiment fort exact des
nécessités du pouvoir, montré là rou-
te à l'ensemble de l'organisation dont
elle est une Branche vigoureuse et tou-
te pleine de sève.
C'est d'ailleurs une tradition, à Bor-
deaux, que les républicains modérés
n'ont pas été modérément républi-
cains. On peut expliquer de la sorte le
développement tardif du radicalisme
en Gironde.
On Isait que la coutume dtes groupe-
ments de l'Alliance démocratique est
de signaler îés périls du socialisme.
C'est un peu trop leur Icit-iiiotiv. Nous
iie leur reprocherions pas à l'excès s'il
n'élait parfois exclusif de toute autre
revendication essentielle.
Or, à Bordeaux, l'autre jour, le pré-
feident de la Fédération, M. David, ne
craignit pas de dénoncer « les nouvel-
les entreprises de la réaction nationa-
liste et cléricale, toujours à l'affût des
crises économiques pour en bénéfi-
cier ». Il souhaita de tout cœur que le
Vote fût enfin acquis des lois de dèfense
laïque.
Le délégué du parti radical pronon-
ta une allocution très vigoureusement
applaudie, au cours de laquelle il pré-
conisa, pour les prochaines élections
Municipales, l'union, même avec les
socialistes si « ceux-ci, comprenant
îçur dCrQP' Vêttkftt axiiver par l'évo-
lution et non par la révolution qui ne
pourrait profiter qu'à la réaction clé-
ricale et nationaliste n.
N'est-ce point là le langage d'authen-
tique concentration républicaine ?
Pourquoi ne pas affirmer toujours la
profonde solidarité qui doit relier les
plus recueillis des démocrates aux so-
cialistes évolutionnistes ? Ils sont d'ac-
cord sur le principe des grandes réfor-
mes à l'ordre du jour. On demande
aux adhérents de l'Alliance démocra-
tique de sacrifier leur méthode de tem-
porisation ralentissante et aux socia-
listes indépendants leur hâte de réali-
sations sur l'autel d'un positivisme
constructeur aussi éloigné des ater-
moiements qui font avorter que de la
précipitation dissolvante.
Le jour où les amis de M. Adolphe
Carnot sauront comprendre toute l'u-
tilité des transactions opportunes, cons-
tituera une belle victoire pour le prin-
ciM de la stabilité ministérielle. Il sera
prouvé qu'un Bloc aussi vaste que
cohérent, aussi convaincu de la néces-
sité de l'ordre que de l'urgence des
transformations possibles, est en me-
sure de seconder le Gouvernement
dans la double tâche de sécurité et de
progrès que réclament les plus hauts
intérêts de la République.
Il sera prouvé aux unifiés qu'on
peut gouverner non pas contre eux, ce
qui rappellerait trop certaines métho-
des de négation, mais sans eux. Quelle
admirable perspective pour le parti
radical et pour ses alliés naturels de
réaliser son programme en restant
maître de lui-même ! Nous supplions
l'Alliance démocratique de nie' pas con-
trarier cette aspiration généreuse. r *
Albert SAUZtDE.
LA POLITIQUE
-:+ -
COMPAREZ
Vous vous rappelez le joli
mot de M. René Quinlon : « On
finira par me faire dire que
J'ai voulu prouver, par mes
1recherches sur l'eau salée,
qu'il faut aller à la messe ».
M. Ernest Renauld, directeur du
Soleil, entreprend de nous faire dire,
comme suite à nos récents articles sur
le syndicalisme anglais, que seule la
monarchie est capable d'améliorer le
sort des classes ouvrières.
Après nous avoir fait l'honneur de
citer les laits et les chiffres que nous
avons produits, M. Ernest Rcnauld ad-
jure les ouvriers français de « compa-
rer » leur situation avec celle des ou-
vriers'anglais et il ajoute ;
« La République n'a pas amélioré la
situation du travailleur français com-
me l'a amèlioréè la monarchie anglai-
se : c'est un fait 7 le Rappel lui-même
l'établit et nous nous contentons de lui
emprunter cette évidence. »
Oui, c'est un lait que 'dans la paix
et par, la loi, le syndicalisme anglais a
obtenu des résultats que le syndicalis-
me français, violent et anarchique, n'a
pu produire. Et c'est là une raison suf-
ttSante, nous semble-t-il, pour des so-
cialistes réalistes, de condamner la mé-
thode révolutionnaire de la C. G. T.
Mais M. Renauld se trompe singulière*
nient s'il croti que c'est pour nous une
raison de condamner la République ?
Ce que nous ne cessons et ne ces-
serons, au Rappel, de reprocher aux
révolutionnaires, c'est précisément d'a-
voir retardé, par leurs violences, la
réalisation des réformes sociales qu'un
socialisme pacifique et légal pouvait lé•
gitimement attendre fa la République.
Mais tandis que lus syndicalistes, de.
venus la proie des anarchistes, multi-
pliaient leurs intimidations et leurs me-
haccs à l'endroit de la légalité républi-
caine, quelle était l'attitude des monar-
chistes amis de M. Renauld ?
Ah ! elle 'était double et elle Wen
était pas moins singulière.
D'une part, vis-à-vis des possédants
inquiets, ils dénonçaient la longanimité
et la faiblesse du Gouvernement l'ac.
tion dissolvante du Parlement, l'impuis-
sance enfin de la République à sévir,
à réprimer et à rndÍer par la force, les
tentatives d'affranchissement économi-
que du Prolétariat.
Et, d'autre part, par leur alliance oc-
culte .aussi imprudente qu'immorale,
atec les pires éléments de démagogie
et d'anmhie, ils aidaient à fomenter le
désordre, dernier espoir des chevaliers
servants, de toutes les 1 caijsfs dèsçspè-
! rée$- '-'-.. ,---
- .1.,,, ,-J :;.
- .-
Celle alliance occulle, la tjiscsion
des grandes lois sociales, dont s'honore
la République. l'a rendue évidente; il
n'en est pas une, en effet, de la loi de
1884 sur lés syndicats à la loi d'hier sur
les retraites ouvrières, qui n'ait dû
triompher, au Parlement comme dans le
pays, de la coalition des réactionnaires
et des révolutionnaires.
Avec elle, c'est la République qui a
triomphé et les républicairis ont bien le
droit de trouver rplaisantsles monar-
chistes qui, aujourd'hui, se aonhent fi-
gure de réformateurs socialistes.
Certes, non seulement, en Angleter-
re, mais en Allemagne, la démocratie du
travail bénéficie de réformes que la
France républicaine n'a pas encore réa-
lisées. -
Il n'en est pas moins vrai, ainsi que
l'a remarqué Bebel, qu'il ne saurait être
indifférent à un socialiste'de vivre en
Allemagne ou en France, et que le so-
cialisme a dû vaincre sous une monar-
chie des obstacles -qu'il ne rencontre
pas dans une République.
Selon le mot d'un réaliste 'du socia-
lisme, M. Millerand, « la République
'st l'expression politique du socialisme,
comme le socialisme. est l'expression
économique de la République ».
—; »
LES ON-DIT
--:+++:-
, NOTRE ACENDA
Aujourd'hui mercredi :
Lever du soleil : 4 h. 44 du matins
Coucher du soleil : 7 h. 26 du soir.
Lever de la lune : 7 h. 49 du soir.
Coucher de la lune : 3 h. 20 du matin.
Courses à Deauville, à Caen et à Lisieux.
AUTREFOIS
Le Rappel du 10 août 1875
Paris et les grandes villes .visitées par le
shah de Perse viennent de recevoir de ce
souverain un exemplaire de luxe de son Jour-
nal de voyage. C'est un manuscrit de 208 pa-
ges sur parchemin calligraphié avec art.
— Gymnase : Première de Le Million de
M. pomard, comédie en trois actes, de MM.
Jules Guillemot et Raymond.
— Un journal slave, publié à Vienne, af-
firme qu'il sait de source authentique que
la Russie a l'intention de demander le re-
tour à l'Empire de la Bessarabie, qui a été
annexée à la Roumanie par le traité de Pa-
ris.
Du bois dont on fait des flûtes
Ce bois dont on fait des flûtes, aux temps
des Grecs fut Je roseau, qui se plie docile à
tous les vents. L'homme qui est « du bois
dont on fait des flûtes » est alors, inutile de
le dire, un homme versatile, se pliant au
moindre souffle.
Or, ce bois, ou plutôt ici, le Dubois exis-
ta. Jadis, il y avait à la Chambre plusieurs
députés qui se nommaient Dubois. L'un
d'eux, appartenant au parti conservateur,
son vote était toujours aux ordres et au
service du ministère.
Un journal de l'op¡pœition le Charivari
qui quelquefois entrepointait le député
obéissant, ne manqua jamais de l'appeler :
« Monsieur Dubois dont on fait des flûtes ».
Mais M. Dubois n'était pas encore assez
de ce bois-là pour supporter cette amère
ironie. Il demanda justice aux tribunaux,
et un tribunal condamna le journal.
Dès ce moment le Charivari ne parla 'J):-.,
moins de M. Dubois ; seulement pour ren-
dre hommage à la chose jugée, il adopta
une autre formule : « Monsieur Dubois dont
on ne fait pas les flûtes. Monsieur Dubois
dont nous avons le plus vif regret d'avoir
fait, des flûtes. Monsieur Dubois dont nous
nous gardons bien de faire des flûtes. »
écrivait-il, et ainsi de suite. Puis un renvoi
indiquait au lecteur la date du jugement quî
en avait ainsi décidé.
AUJOURD'HUI
Un mot de prélat
Les nouvelles sur la santé de Pie X nous
remettent en mémoire le mot charmant
d'un prélat français devant lequel on cri-
tiquait en termes vifs la politique anhrno-
derniéte du pppe actuel :
— Ne m'en parlez pas ! Chaque jour, Je
prie Dieu pour qu'il ouvre les yeux du
Saint-Père, *..ou qu'il les lui ferme 1
— ♦ „
QUE D'EAU, QUE D'EAU !
Le nombre est remarquable des mar-
chands de vins qui se croient dispensés de
payer leurs contributions pour avoir eu
trop d'eau-
Chaque jour, la Patrie nous exalte leur
résistance aux agents du fisc ; cependant,
ils finissent par s'acquitter.
Nous leur conseillons, nous,, de mettre
un peu d'eau dans leur vin.,
Nous n'avons cessé, dans ce journal, de
plaider de tout cœur la cause si digne d'in-
térêt des inondés. Nous avons demandé
pour eux les plus larges dégrèvements et
du temps.
Mais il ne faudrait pas que leurs misè-
res trop réelles servissent des desseins po-
litiques. Il ne faut pas non plus que le
nombre des sinistrés continue d'augmenter
au fur et à mesure que M* Ge-s Berry
continue de payer aux lieu et place des ré-
calcitrants.
Nous savons qu'il le fait de bon cœur et
discrètement, à J'heure où il n'y a plus au-
tour du contribuable et du percepteur
qu'un millier de pençajKS et des phoKb
graphes, maïs, à la longue, sa bourse et
sa modestie ne manqueront pas d'en souf-
frir.
Puis, n'est-ce pas, il ne faudrait pas lais-
ser croire qu'il y a des vrais et des faux
inondés, comme il eut jadis des vrais et
des faux Polonais.,
Le Cothurne, l'Habit vert
et les Bas violets
-.e.-
Cette histoire « comique » est, par sur-
croît, une bien édifiante histoire.
Mlle Eve Lavallière étant malade fut soi-
gnée chez les religieuses de la rue Bizet,
qui lui firent cadeau d'une médaille de la
Vierge. «*
Mais la Vierge, comme on sait, n't
toute puissante qu'autant-qu'elle est bénie
par un prélat.
Justement, Mlle Lavallière se trouva des-
cendre, à Evian, dans le même hôtel que
M. Amette, archevêque de Paris. Un aca-
démicien chez qui la piété a des grâces
prunes. M. Mézières, villégiaturait lui
aussi, à l'Ermitoge.
Un immortel, un archevêque, une comé-
dienne. Voilà, n'est-il pas vrai, des person-
nages bien parisiens. Certains de nos con-
frères « d'ordinaire bien renseignés » affir-
maient hier que l'immortel avait servi de
truchement entre la comédienne et l'arche*
vêque et que, grâce à lui, la Vierge de
Mlle Lavallière avait été bénie par M.
Amette.
Erreur ! s'écrie un abonné très catholi-
que du Figaro. >
La charmante artiste des Variétés « eut
bien l'idée de prier le prélat de bénir sa
médaille. »
pour éviter cette entrevue, l'archevêque de
Paris répondit, avec sa dignité simple, qu'il )a
bénirait volontiers, mais à condition qu'elle lui
fût présentée par des mains plus orthodoxes
que. celles de la brillante comédienne.
Mlle Lavallière écrivit, avec de l'encre qui
n'était pas édulcoréé d'eau du Jourdain, ni même
d'Evian, une lettre — qui 'n'était pas de remer-
ciements, ni surtout de bénédictions — à Mgr
Amette.
En recevant cette épitre comminatoire, Mgr
Amette s'est, dit-on. félicité de n'avoir pas ac-
cepté qu'il lui lût présenté, sous prétexte de bé-
nédiction, une ouaille aui tumultueuse.
Nous ne savons, quant à nous, qui a rai-
son de nos confrères « bien renseignés »
ou de l'abonné du Figaro.
Mais nous nous rappelons l'histoire' d'une
autre « ouaille tumultueuse s qui ne se
heurta pas à tant de hauteur chez un pas-
teur prédécesseur de M. Amette. Il n'était
pas archevêque, mais il s'appelait Jésus-
Christ, et il ne refusa pas sa bénédiction
ô Marie-Magdeleine.
Pourquoi avez-vous refusé la vôtre, à Mlle
Lavallière, Monsieur Amette ? Ça fait taat
de plaisir et ça coûte si peu !
—
Incompatibilités
-:+e+:-
La Libre Parole nous accuse de « dé-
noncer comme un scandale épouvantable
la présence, dans le Comité de patronage
de l'Ecole primaire supérieure de Sens de
l'abbé Charlier, secrétaire de l'Association
des anciens élèves de l'Ecole des frères ».
Non, confrère, nous ne nous épouvan-
tons pas, mais, à vrai dire, nous nous
étonnons que vous ne soyez pas épouvan-
té vous-même. -
Hier, vous avez rendu un juste tribut
d'éloges à M. Marty, évêque de Montau-
ban, proclamant qu'il n'y a pas » des éco-
les neutres, mais seulement des écoles
chrétiennes et des écoles impies 5.
Nous vous le demandons, qu'est-ce que
c'est donc que cet abbé qui fait partie d'un
patronage laïque, c'est-à-dire impie ? Est-ce
que par hasard il ne serait pas un frahe-
mâçon 1
Pour nous, qui, en notre qualité de libre
penseur, pratiquons le hbérahsme, nous ne
voyons, comme vous dites, « aucune incom-
patibilité D dans le cas de l'abbé Chartier ;
mais vous-même trouveriez-vous le Véné-
rable d'une loge maçonnique bien à sa pla-
ce au Comité de patronage des anciens
élèves de l'Immaculée Conception ?
—
Un Revenant
- t .t w t
M. le vice-amiral Bieaaimé, que les élec-
teurs de Syveton envoyèrent à la Chambre,
revient, dans la Libre Parole, sur la no-
mination du général Joffre comme chef d'é-
tat-major général de l'armée. Ce général est
un ardent républicain et, paraît-il, ne va
pas à la messe. C'est ce qui explique l'in-
dignation de M. Bienaimé qui, ne pouvant
plus goûter les joies de ce monde, s'appli-
que à mériter le paradis chrétien.
Nous ferons simplement remarquer au
député du deuxième arrondissement de Pa-
ris que M. le général Joffre a toujours mé
rité l'efltimé de ses chefs, tandis -que, le
!5 avril 1904, par décision du Conseil des
ministres, M. l'amiral Bienaimé, préfet ma-
ritime à Toulon, fut relevé de ses fonc-
tions, à la suite de l'enquête du ministre
de la Marine au sujet de certains docu-
ments provenant de la préfecture maritime
et livrés à la publicité ou à des tiers. Il a
paru au ministre que la responsabilité de
ces indiscrétions incombait à la préfecture
maritime.
Déjà, à cette époque, M. Bienaimé s'in-
dignait de la nomination des grands chefs
de l'armée et de la marine. Il attaqua vio-
lemment son ministre, parce que celui-ci
n'avait pas voulu lui accorder les fonctions
de chef d'état-major général de la marine.
Ce qui fut démontré à la Chambre, dans la
séance du 23 février 1905.
Avec un pareil passé, le successeur de
Syveton devrait tout au moins avoir la pu-
deuf de §e tairé,
, NOS CHRONIQUEURS
-. J -
Sabotage Esthétique
— .If.. 11 -
L'Agonie de Paris
On ne le dira jamais trop. Le sabo-
tage sévit partout. Comment songerait-
on à se perfectionner, quand, de toutes
parts, on ne rencontre que des gens dé
sireux de tout réformer pour mieux
détruire ? L'instinct démolisseur est
si impérieux qu'il ne laisse même pas
à l'intelligence le temps d'apprendre les
éléments essentiels de l'art de recons-
truire en respéetant la beauté des sites
et des perspectives de nos grandes
cités. Tandis que les forestiers déboi-
sent sans merci notre France, ou rem-
placent comme à Fontainebleau, les
chênes séculaires qu'ils font abattre,
par des résineux qui flambent dès tren-
te degrés à l'ombre, sur une étendue de
quinze kilomètres carrés, nos architec-
tes, eux, s'entendent comme larrons en
foire pour enlaidir Paris et priver suc-
cessivement la première cité du monde
des derniers coins pittoresques évoca-
teurs de son passé. L'école leur ayant
appris, à construire, pour les besoins
de la vie moderne, des immeubtes d'as-
pect uniforme et tra-cés au cordeau,
suivant un rigoureux alignement soi-
disant motivé par les nécessités de l'hy-
giène et la cherté des terrains, ils sa-
pent inexorablement les chefs-d'œuvre
des vieux maîtres, en se retranchant
derrière les décrets et les règlements, et
les remplacent par des casernes co-
piées sur le modèle' des gratte-ciel de
New-York. Bientôt les noms des rues
feront place à des numéros ; bientôt
aussi, afin de parer aux exigentes de la
classe ouvrière, qui ne veut chômer
que de son propre gré, à dessein d'aug-
menter tous les six mois, par une petite
grève, le prix de la journée de travail,
on élèvera des immeubles d'une durée
maximum de quinze à vingt ans, pour
que les terrassiers, maçons, pJombiers
et peintres en Bâtiment, SJOÏ¡ent. assurés
du lendemain.
Mais, pendant ce temps-là, le vieux
Paris agonise et se 'lneul't.
..- -' .*. ', -'.>", ,-.,
M. Albert Callet, l'érudit écrivain
auquel la Société historique de la
« Cité » doit une grande part de sa
prospérité actuelle, et qui, aux côtés de
MM. G. Hartmann, Lucien Lambeau,
L'Esprit, Léon Riotor, Marcel Poète, et
quelques autres courageux défenseurs
des vestiges sacrés de notre histoire pa-
risienne, sait infuser à nos concitoyens
le sentiment du respect qui s'impose à
l'égard de ces témoins d'autrefois, et
d'une noble résistance au vandalisme
officiel ou privé quô, chaque jour, les
menace,x vient de tracer, dans son re-
marquable ouvrage : « L'Agonie du
Vieux Paris, le tableau évocaleur et
instructif de ces merveilles rétrospec-
tives dont les dernières traces n'ont
pour abri qu'un coin de musée, quand
encore on leur fait cette grâce.
Ce* n'est pas impunément en effet,
qu'on extrait de la bourse des contri-
buables et des petits possédants neuf
cent millions par voie d'emprunt muni-
cipal, destinés à reconstruire divers
quartiers de Paris, afin d'en multiplier
ou d'en élargir les voies.
D'atilleur.s l'ère des massacres est de-
puis longtemps ouverte. Déjà, sous le
second Empire, le prétexte explicable
de doter Paris de quelques grandes ar-
tères rectilignés répondant au besoin
de la circulation, motivait le percement
des boulevards de Strasbourg, Sébasto-
pol et Saint-Michel, le prolongement
de la rue de Rivoli, les boulevards du
Prince-Eugène, Haussmann et Males-
serbes, la rue de Rennes, et l'avenue dé
J'Opéra. Mais, outre que la haute spé-
culation n'était pas étrangère à ces
formidables entreprises, il suffit, pour
s'en rendre compte, de relire la Curée,
d'Ëmïle Zola. Il advint, par exemple,
qu'après avoir mis à jour une partie des
Arènes de Lutèce, on ne trouva rien de
mieux que de les recouvrir et de les
sacrifier en dirigeant sur elles la rue
longe. Hier, c'était le dernier vestige
des anciens remparts de Paris au
XVIIIe siècle, figuré par le tronçon en-
core subsistant, de la rue Basse-du-
Rempart, fondue ave'c le boulevard des
Capucines, qui disparaissait pour cé-
der la place à la future rue Edouard VII;
c'était l'ultime relique de l'hôtel du
Prévôt qu'on exilait du passage Char-
lemagne, au bénéfice de.q.uelconques
maisons de rapport ; c'était la tour de
Dagobert, allant rejoindre aux vieilles
lunes, les derniers clochers die la Cité,
Sainte-Barthélemy, Saint-Landry, les
Barnabites, absorbés par la construc-
tion du tribunal de Commerce, du nou-
vel Hôtel-Dieu et de la Préfecture de
Police.
L'ancien Hôtel-Dieu, lui aussi, juigé
néfaste en tant que foyer séculaire de
mitrobes contagieux, a laissé rase,
l'an passé, une place que demain verra
s'élever l'Ecole des Arts Décoratifs, mas-
quant ainsi la perspective de Saint-Ju-
lien le Pauvre. Ce vétuste sanctuaire,
datant de sept siècles, méritait pourtant
plus de respect.
* i .;,.;
***
JVlois /'demain, ce Sl'a;' pis.- La rue
Etienne-Marcel prolongée* engloMnt»
par un recul d'alignement estimé indis-
pensable à dédoubler la circulation in-
tense de la rue des Francs-Bourgeois,
englobait, dis-je, les rues cfes Êki&rîët- i
tes, Michel-Le-Comte, des Quatre Fils,..
de la Perle,et du Parc-Royal,noiuis ferons
notre deuil de mainte façade des der-
niers siècles, et de la pittoresque petite
place de Thorigny, chère à Mme de Sé-
vigné ; demain, ce sera la Bièvre que
l'on voilera tout à fait aux Parisiens,
alors qu'un tout petit surcroît de cana-
lisation aurait pu suffire à l'assainir :
ce sera la rue Vieille-du-Temple, dont
l'élargissement nous coûtera peut-être,
quelques efforts que fon ait déjà téntée
pour la préserver, la jolie tourelle de-
fhôtel Hérouet. Demain, ce sera la vieil-
le prison de Saint-Lazare, qui, à l'exem-
ple du donjon du Temple, s'en ira, et,
à sa place, l'on verra s'élever, non pas
même les végétations florissantes d'un
jardin public si nécessaire cependant
dans ce quartier, mais des maisons gi-
gantesques dont les murs ne tarderont
pas à absorber les fumées des gares et
des usines avoisinantes.
Puis, ce sera le vieux Montmartre, le
château des Brouillards, la maison de
Berlioz, la pauvre église de Saint-Pier-
re, dix fois centenaire, et qu'on laisse
crouler sans la moindre pitié, etc. Rién
ne sera respecté, sauf peut-être, quatre
ou cinq hôtels qu'on s'enorgueillira de.
montrer à titre de vestiges exception-
nels du Vieux Paris, aux rares étran-
gers qui, sur la foi des guides, -risque-
ront encore le voyage. Propriétés pri-
vées, on tentera de les acquérir pour
le compte de la Ville, et on caressera
la naïve illusion de les préserver de Vi
ruine en les affectant à des servies
pubJibs. L'exemple du Louvre, occupé
en partie par deux ministères et. quel-
que temps par la Préfecture de la S'ci-
ne, du couvent des Bernardins où
casernés les 'pompiers, suffisent, à
nous édifier par avance.
Toute la tristesse de ce passA abüL 0 a
sur le point de s'abolir, s le des
pages éloquentes et insrr;,.¡VtS de
l'npuvre rlp M. A lhpT't, r'nl~~ 1 'est le
plaidoyer d'un esprit très artiste, qui
développe la requête des vrais amis de *' •
Paris, révoltés, eux aussi, par le sabo-
tage qui s'exerce imnunément sur les
plus jolis coins de notre grande et niil-,
heureuse Cité.
- ALCANTER DE BRAHM.
LES CONGRES
LES MilLES BUSÎITOM
- '»» 1
l,a journée de lundi
(Lettre de notre envoyé spécial) -
- ». Nantes, 7 août.
Dans 'la salle magnifique du théâtre de.
la Renaissance, M. Guihard, directeur d'é-
cole à Nantes et président du Comité d'or-
ganisation, ouvre, à neuf heures, la pre-
mière séance officielle du Congrès. -
Après les compliments d'usage aux per-,
sonnalités qui ont bien voulu accepter l'in-
vitation du Comité et prendre place aux
côtés du bureau, il propose au Congrès, qui-
le vote d'acclamation, l'envoi d'un télé-
gramme au président de la République.
Guihard annonce que les journaux ont
été invités au Congrès, à l'exception de la
presse de mauvaise foi qui, au lendemain
du Congrès de Lille, avait osé écrire :
« Les instituteurs ont voté la cooéducation
des sexes, avec l'intention avouée de provo-
quer la débauche des enfants, intention
qu'ils ont d'ailleurs réalisée ».
M. Bourgeois, secrétaire général, se fé-
licite d'avoir reçu de nombreux et subsian-
ticls rapports sur les deux questions à for-,
dre du jour du Congrès. Il est 'heureux ,(Î')',
constater que 100 Amicales sur 112 sont
représentées à Nantes par 4W délégués
élus et près de 900 membres auditeurs.
M. Ferrier, de la Fédéra!tion des institu-
teurs beflges exprime, avec des accents
émus, la profonde sympathie de ses collè-
gues pour leurs camarades français. « En-
couragés, dit-ii, par l'exemple de la Frùn
ce, nous avons, de toutes nos forces, pro-
testé contre le projet Seholilaert qui mena-;
çait de sacrifier l'école publique de nOl'e'
pays au profit des établissements oongré-,
ganisies. Nous souhaitons la réalisation de
vos vœux, parce que tout ce qui fortifiera;
l'école laïque française sera un gain cer-
tain pour le progrès général dans toutes lè)
nations du monde n.
Puis Mlle Kirkehind, en un français r.
pur, apporta aux instituteurs et aux insti-"
tutrices de France le saiut de leurs (:oll.:
guee du Danemark- ;
Une ovation chaleureuse fut faite à M.
Livet, un vieiUard de qual.r:e-vingl-om:&:
ans, très vert encore, malgré, son grand"
âge, et qui prit la parole pour retracer s-W
laborieuse carrière d'enseignement. M-r
Livet est, comme on sait, l'initiateur d.
l'enseignement technique en France. L'é«
£ 0»}e sationaie professionnelle de Nute&
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