Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1911-08-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 août 1911 07 août 1911
Description : 1911/08/07 (N15123). 1911/08/07 (N15123).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
N« 15123. - M THERMIWm, *H 1T*, CINQ CtKTIMES LE HUMER.
HUNDI 7 AOUT 1911. — N" 15123. -
LE XIX' SIECLE
ANNONCES
aux BUREAUX OU JOURNAL
fi. taul. de Strasbourg et 71, rue lu Faub.-St-Martin, PAWS
fit chez MM. LAGRANGE, CERF et Col
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1 Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
[TRIBUNE LIBREL, ;:'::"::'
v--_:
La Toute-Puissance des Préjugés
Un tribunal américain i
vient de rendre un curieux
jugement par lequel une
belle-mère n'est autorisée à
habiter chez son gendre
que si son séjour n'excède
pas un maximum de dix jours.
Le bon sens populaire, excité par
tant de plaisanteries célèbres, verra
dans cette mesure un acte de sagesse
dicté par l'expérience, et les psycho-
logues en chercheront la cause dans la
mésentente qui résulte de l'opposition -
des générations entre elles, et dans ce
combat de jalousie nui se livre, entre
la mère et l'époux, autour de la jeune
femme.
Ces appréciations ont leur valeur,
et nous n'y contredirons pas. Mais el-
les ne rendent pas compte de toute
la vérité ; le conflit, sans cesse renais-
sant entre le gendre et la belle-mère,
repose sur des données sociales qu'il
faut enfin considérer.
Les recherches des sociologues ont
éclairé le problème d'une lumière si
vive qu'il n'est plus possible de l'envi-
sager avec là simplicité de jadis. A
l'aide de faits multiples, ils ont montré
que le tabou de la belle-mère existe
dans les sociétés les plus primitives, et
nue les rapports du gendre et de ses
beaux-parents sont réglés par une sé-
rie de riles religieux qui en limite ou
en étend l'exercice. Tout manquement
à ces règles strictes entraîne pour les
uns et les autres des peines graves,
voire la mort.
Voici comment les choses se présen-
tent et agissent en Australie, où l'on
rencontre les sociétés les moins civili-
sées de l'histoire.
L'homme marie a pour belles-mères
et sa belle-mere naturelle, et toutes les
femmes de la génération ,le celle-ei-
C'est que nous nous trouvons, en
effet, en présence d'une organisation
familiale où les liens de parenté par
le sang n'existent pas. Sont parents
tous les gens qui portent un me m
nom, celui de l'ancêtre commun, qui
a mis en chacun d'eux un peu de sa
substance.
Toutes les femmes du clan du Kan-
gourou étant de la même famille de-
viennent, par suite du mariage de ru-
ne d'entre elles, les parentes d'un hom
me du clan du Loup. Dès îors, cet
homme Loup a des devoirs stricts en-
vers toutes ses belles-mères Kangou-
rou. ,-
Il lui est intérêt de les voir, de leur
parler, d'entendre le son de leur voix
et même, ce qui est la coutume en usa-
ge tpour les êtres sacrés, de pronon-
cer leur nom. Si le hasard d'une ren-
contre le met en leur présence, il se
Voile Jes yeux, tandis que les femmes
s'enfuient et se cachent. *
Lorsque le clan, habituellement dis-
persé, se réunit et campe dans un lieu
ïîxe, les parentes de la femme se sé-
parent, du couple conjugal. Elles met-
tent entre eux l'intermédiaire d'une pa-
lissade ou d'un buisson, qui sert d'é-
cran pour empêcher le rayonnement
des effluves dangereuses de se commu-
niquer des femmes au gendre-
Les objets touchés par l'un Õevien-
înent interdits à l'autre, qui commet,
en enfreignant l'ordre, un véritable sa-
crilège- Or, comme le gendre est tenu
de fournir à ses beaux-parents la plus
grande partie de sa chasse — sorte de
dîme analogue à l'offrande des prémi-
ces dans les cultes agraires, — on crée
des rites particuliers pour lever cha-
que fois l'interdiction, le tabou. Les
mets,. jusqu'alors rendus sacrés à la
beîîe-mère par le contact du gendre,
sont désacralisés et remis -dans leur
état premier, indifférent, afin que la
femme puisse en disposer.,
La belle-mère donne à son gendre
line mèche de ses cheveux pour tisser
et entretenir la ceinture magique qu'il
porte autour des reins et qui le préser-
ve des mille dangers réels ou occultes
dont il se croit sans cesse menacé. On
feait quelle valeur ont les cheveux pour
les primitifs : ils sont une des partir
djj corps où réside plus fortement ra
ftie des individus. La belle-mère cède
tionc à son gendre une Parcelle de son
tme.
Ainsi leurs rapports sont marqués
du double caractère de séparation e'
d'union qui caractérise aussi, chez ces
peuples, le lien conjugal. "Et, en ffet,
les interdictions établies entre eux ont
pour origine les croyances religieuses
qui règlent la cérémonie du mariage.
Tout mariage, pour les primitifs,
est un acte hautement religieux- La
femme est conçue, par suite de sa vi'
physiologique, comme un être redou-
table et sacré tout ensemble. L'âme do
l'ancêtre et du clan, qui est contenue
dans le sang, est plus souvent visible
en elle et la rend dangereuse comme
la divinité elle-même. On ne peut l'ap-
procher qu'après l'accomplissement
des rites. Le mariage, qui. met l'hom-
me en contact avec ces forces surnatu-
relles, par l'intermédiaire de la fem-
me, a toujours un caractère sacrilège ;
il doit donc être précédé de pratiques
qui atténuent les vertus nocives du
sang.
Or, le mariage ne met pas seule-
ment l'homme en rapport avec sa fem-
me, mais, par elle, avec tous les mem-
bres du clan qui possèdent la même
substance. Le sacrilège, qui rô-
dans l'acte conjugal, atteint, avec la
personne de l'épouse, toutes les fem-
mes de qui elle descend : ses mèrec
de clan. C'est d'elles seules, en effet,
suivant les croyances primitives, qu'el
le tient son sang.
Lorsque l'homme, après les précau-
tions rituelles, a levé les interdictions
qui l'éloignaient de sa femme, elles
subsistent, avec un caractère spécial
de gravité, vis-à-vis de ses belles-mè-
res. Le sang totémique, offensé par le
sacrilège du mariage, peut se venger
par les autres femmes en qui il réside
pareillement.
Ces idées, longtemps agissantes, se
sont maintenues à travers l'histoire, et
il est de fait que les rapports du gen-
dre et de la belle-mère dérivent, en
partie, de ces états lointains où les
conceptions relatives au sang et à se<=
pouvoirs occultes créaient une barriè-
re entre les femmes du clan et l'étran-
ger introduit dans la famille.
ta notion de sacrilège joue toujours
Son rôle ; aujourd'hui encore, le gen-
dre est considéré par la belle-mère
comme ayant osé sur sa fille un crimr
religieux. Ce sont ces- survivances, en
désaccord avec nos conceptions mo-
dernes, qu'il est bon d'examiner et (1-
juger. Le préjugé séculaire ynnlôfî
ciant de ia belle-mère a fait son temps.
Peut-être, les Américains, loin de ce
rapprocher des voies de la sagesse,
ont-ils formulé un Jugement en désac-
cord avec un progrès souhaitable dane:
l'humanité et n'ont-ils travaillé qu'à
mieux étayer un préjugé religieux ?
J.-M. LAHY.
— »
LA POLITIQUE
1 -..e-..-
LA « LEGALITE ANGLAISE »
----- -- ET - LA PROPRIETE
Secourir l'ouvrier contre la
maladie ou l'accident, contre
l'invalidité ou la vieillesse, con-
tre le chômage même ; faire
élever le taux des salaires et
réduire la durée de la journée de
travail ; substituer le contrat collectif
de travail au contrat de louage de ser-
vices ; résoudre les confits par la con-
ciliation et terminer la grève par l'arbi-
trage : telle a été la première œuvre du
syndicalisme anglais pacifique et légal.
Mais s'il bornait volontairement ses
revendications aux réformes pratiques,
il a aussi — notamment sous l'influen-
ce du Nouvel Unionisme — tracé les li-
néaments de l'ordre social nouveau où
le salarié s'élèvera à la condition d'as-
socié.
Dans la paix et par la loi, il ne vise
pas seulement à assurer à l'ouvrier un
minimum de bien-être rationnel (the
standard of life) ; il tend manifestement
à en faire le copropriétaire de Ventre-
prise industrielle.
Par le, profit-sharing, le travailleur
participe aux bénéfices ; par la copart-
nerhip, il devient un véritable action..
naire touchant, non seulement outre
son salait e, sa part de dividende, mais
encore assumant une part de direction
de l'exploitation, en siégeant aux as-
semblées générales,
Cent douze 'des plus grosses maisons
anglaises et écossaises représentant un
chiffre d'affaires de plus de cent mil-
lions de francs la pratiquent, ainsi que
ioutes les compagnies du gaz de Lon-
dres.
Dans la seule industrie du gaz, à Lon-
dres, la part du capital appartenant
aux ouvriers actionnaires était de plus
de douze millions en 1909 et ne cesse
de s'accroître.
Encore une fois que la C. G. T., qui
vise à dominer et à régenter les syn-
dicats français, produise les résultats
pratiques qu'elle a obtenus en faveur du
Prolétariat.
Certes, la « légalité anglaise » pré-
sente encore bien des lacunes. Mais
qu'a réalisé, en France, l'anarchie syn-
dicaliste ? ■
Par bonheur^ il est manifeste que le
règne de celle-ci touche à sa fin.
Les révolutionnaires sont condamnés
par les réformistes. C'est de l'accord
confiant du Prolétariat réformiste et de
la République que pourra se développer
chez nous une législation sociale digne
de l'exemple anglais.
Nul doute que le Parti républicain au
Parlement ait à cœur d'en hdter les
progrès. Est-ce aux prophètes de la
pandestruction, aux théoriciens de la
prise au tas, aux compagnons du ci-
toyen Browning, aux chevaliers de la
chaussette à clous que M. Albert Tho-
mas, député et philosophe, apportera
son concourut ?
Est-ce au Parti républicain ?
—————————— «g»
LES ON-DIT
NOTRE ACENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil : 4 h. 40 m. du matin.
Coucher du soleil : 7 h. 31 m. du soir.
Lever de la lune : 5 b. 58 m. du soir.
Coucher de la lune : 12 h. 23 m. du matin.
Courses à Compiègne, à Caen, à Boulo
Mer.
AUJOURD'HUI
Les derniers hôtes.
Quels auront été les derniers occupants
de 1 hôtel Biron ?
C'est d'abord le grand artiste Rodin qui
locataire de la Ville de Paris, a installé
là son atelier, dans la magnifique roton-
de, devant l'iimucnss ipariç aux grands
arbres où poussent les herbes folles.
, Et il a pour compagnon ?
Voici que le maître soulève la. toile
mouillée recouvrant un buste.
Front obstiné, pommettes saillantes, re-
gards prodigieusement vifs dans les or-
bites profonds, pli terrible de la bouche
prête au sarcasme, sous la moustache hé-
rissée et dédaigneuse.
C'est bien lui, le Tigre. Clemenceau.
Ah ! comme c'est Lui !
Rodin et Clemenceau, derniers hôtes
de la maison de ces Dames du Sacré-
Cœur J
On croit voir de J'ironte sur les murs el
aux lambris dorés.
♦ —
Réaction et Révolution
, -"8"'-
M. de Mun, en 1871, fit sabrer les révolu-
tionnaires par ses cavaliers. Il fallait ven-
ger l'ordre, et l'ordre fut vengé.
L'ancien officier de cuirassiers veut au-
jourd'hui venger son Dieu. Pour cela, il
compte sur les révolutionnaires dont il sa-
bra autrefois les pères.
Et M. de Mun, avec son beau talent nous
conte l'histoire suivante :
J'ai beaucoup connu, dans mon enfance, un
vieux gentilhomme, qui avait servi le roi Char-
les X. Le 24 février 1848, officier dans la
légion de la garde nationale de son quartier,
il avait passé la journée dans la rue. Le soir,
il vint dîner à son cercle. Tout le monde y était
atterré de l'émeute victorieuse. Lui, détachant
son sabre, le posa sur la table, et dit : le C'est
égal, mon vieux roi est vengé I » Puis il dîna,
reprit son sabre et retourna au corps de garde.
Plus d'un catholique, peut-être, quand viendra
la catastrophe, ayant accomp'i son devoir civi-
que pour défendre les débris de l'ordre matériel,
pourra dire, le soir : h C'est égal, mon Dieu
est vengé 1 »
Le jour de la « catastrophe », c'est-à-dire
le jour où les révolutionnaires, les cégé-
tisies, les anarchistes chambardereront la
République, M. de Mun, content, dira :
« C'est égal, mon Dieu est vengé. î
Le député du Finistère a donc le ferme
espoir que les révolutionnaires, chers à
l'Humamté, renverseront la République dé-
mocratique et laïque.
M. le duc d'Uzès savait déjà ce qu'il fai-
sait en envoyant Conipère-Morel siéger au
Palais-Bourbon. ;
A la remorque d'Hervé et d'Yvetot
M. Albert Thomas tout heureux du mee-
ting antipatriote de la salle Wagram, écrit,
dans l'Humanité :
« En même temps que les orateurs de la
C. G. T., des camarades du Parti ont été
entendus. Tous ont dit la résolution com-
mune de l'Internationale ouvrière de s'op-
poser par tous les moyens à une guerre
criminelle. » , -
Par conséquent, tous les moyens sont
bons, et sans nul doute ceux préconisés
par Yvetot sont excen«nts.
VQici, d'après la Bataille Syndicaliste,
ce qu'a dit Yvetot, au nom de la C. G. T. :
:- Après toutés tes bonnes paroles que vous
.d'Angleterre, de Hollande et d'Espagne, il ne
reste plus à vos représentants beaucoup à dire.
Pourtant je vais vous faire une proposition.
Je vous demande, pour montrer votre patriotis-
me, de répondre à la déclaration de guerre par
la grève générale et la révolution. (Rir(.) longs
applaudissements.)
Pour montrer votre courage, je vous demande
de faire Je premjer usage des armes qu'on met-
trait entre vos mains en les tournant contre
ceux qui auraient déchaîné la guerre ! -
M. Albert Thomas, qui se déclare très
heureux de ce que la classe ouvrière veut
s'opposer .par tous les moyens à la guerre,
[ approuve donc les paroles d'Yvetot.
Décidément, depuis son pèlerinage à
Clairvaux, M. Albert Thomas est de plus
en plus hervéiste.
Les Affaires du Maroc
———.
Négociations difficiles
Les compensations -
Au cours de la nouvelle conversation
que MM. Jules Cambon et de Kiderlen-
Waechter ont eue, le point de vue des
deux gouvernements a pu être précisé.
De la note communiqiuée hier par le quai
d'Orsay, il résulte « que les vues de prin-
: cipe des deux gouvernements ont été mi-
ses en présence et comparées ».
Il ne faudrait pas en conclure que l'en-
tente est faite.
Certains journaux qui, il y a quelques
jours, prophétisaient la guerre, font mon-
tre, aujourd'hui, d'un optimisme qui n'est
pas moins déplacé que leurs alarmes ré-
centes.
Ainsi que nous l'avons dit hier, la France
écoute les propositions de l'Allemagne ;
mais si elle est prête à examiner la pos-
sibilité d'un échange, elle se refuserait à
toute concession qui ne serait-pas assurée,
de la part de l'Allemagne, d'une exacte et
parfaite réciprocité.
Dans l'ignorance où l'on est des com-
pensations matérielles et précises que le
cabinet de Berlin est disposé à nous offrir
pour une rectification de frontières du Con-
go-Cameroun, il serait tout à fait préma-
turé de considérer l'accord comme conclu.
Il est au contraire vraisemblable que les
négociations donneront lieu si de nombreu-
ses et sérieuses difficultés.
Les conversations franco-allemandes
Une nouvelle conversation a eu lieu entre
M. Cambon et M. de Kiderlen: Waechter,où
les deux diplomates ont eu l'occasion de
serrer de plus près la question des com-
pensations et des échanges destinés à met-
tre fin au différend marocain. Au sujet de
ces entretiens, le ministère des Affaires
étrangères communique la note suivante :
« Dans les dernières entrevues entre M.
Jules Cambon et M. de Kiclerlen-Waechter,
les vues de principe des deux gouverne-
ments ont été mises en présence et compa-
rées.
« lte combinaisons envisagées de part et
d'autre et les solutions possibles sont ac-
tuellement l'objet d'un examen approfondi
de la part du gouvernement, de la Républi-
que. »
Guillaume Il à Potsdam
Berlin, 5 août. — Le séjour de l'empereur
a Potsdam sera fort court, deux ou trois
jours, dit-on. Le chancelier lui présente-
ra son rapport sur les négociations franco-
allemandes probablement avant son départ.
Une note officieuse allemande
Cologne, 5 août. — La Gazette de Cologne
a reçu de Berlin la dépêche- suiva nte, qui
est évidemment inspirée :
« Les progrès des négociations sont de
nature à nous réjouir, mais si l'on a eu
tort de montrer hier un pessimisme exagé-
ré, il serait bon de ne pas tomber aujour-
d'hui dans l'excès contraire.
« On a trouvé les préliminaires de l'ac-
cord et rien de plus. -'
« C'est un grand pas de fait, mais il reste
encore beaucoup à faire. »
En Angleterre
Londres, Qpaoût. — L'optimisme des der-
niers jours paraît se justifier par la nou-
velle venue de Berlin qu'un accord de prin-
cipe était intervenu entre M. Cambon et M.
de Kiderlen-Waechter.
Cette nouvelle est très favorablement ac-
cueillie en Angleterre ; les milieux finan-
ciers ne se montrent pas les moins satis-
faits et ils attendent impatiemment confir-
mation de cette nouvelle.
Le correspondant du Morning Post y Tan-
ger dit tenir d'excellente source que pour
contre-balancer l'influence allemande dans
le Sous, la France envisagerait la possibi-
lité d'agir du côté de Sakya-Hamra, près du
cap Juby.
Le Dailu Mail, constatant qu'un rappro-
chement s est opéré sur la question de prin-
cipe, estime que c,ela n'exclut pas les diffi-
cultés sur les, détails. -
« Le marchandage, ajoute ce journal, est
une habitude invétérée de la diplomatie al-
lemande et avec èe procédé les pourparlers
seront probablement longs et ennuyeux. )
Le Daily Graphie écrit :
« Le monde a eu bien assez de ta ques-
tion marocaine depuis 1904. Trois fois elle
a mené la France et l'Allemagne près de
la guerre. Ni l'une ni l'autre de ces puis-
sances ne peut permettre le retour de ce
danger. •
'4, TRIBUNE CQRPORA TIVE
-' o. e:+:- ..,'
- - -
Le Recrutement
des Instituteurs
.,,. '8.' -
J'ai examiné, dans mon article du 23 juil-
let, la situation matérielle de l'instituteur,
comparativement, d'une part à la situation
des aùtres fonctionnaires français, d'autre
part à celle des instituteurs publies -des
grands pays d'Europe. Les chiffres dé-
montrent, indiscutablement, que la situa-
tion matérielle de l'instituteur, tant au
point de vue du traitement qu'à celui de la
pension de retraite, est inférieure d'un
bon tiers à celle des employés des postes
et des contributions - indirectes, ainsi qu'à
celle des instituteurs d'Angleterre, d'Alle-
magne, de Danemark, de Hollande, d'Au-
triche, etc.
On me fait remarquer, au sujet de mes
termes de comparaison, que les exigences
des examens sont plus grandes pour les
instituteurs que pour les autres fonction-
naires.
C'est chose très possible. Mais j'ai dé.
claré vouloir m'en tenir à des termes de
comparaison indiscutables. En tout cas, il
est très regrettable que les fonctionnaires
chargés de l'éducation des masses, chargés
de préparer les forces 'aotives de la na-
tion, voient leurs services moins appréciés
que ceux de fonctionnaires de Contrôle ou
d'exécution. Sans vouloir diminuer la va-
leur des services, j'ai le droit de penser
que la charge de préparer l'ouvrier et h
citoyen de demain, vaut bien autant que
celle de contrôler les alcools, d'expédier
les lettres, de percevoir de l'argent. Enne-
mi de la surenchère, je m'en tiendrai là.
Situation morale de l'instituteur
J'examinerai aujourd'hui la. situation
morale de l'instituteur, dans les points es-
sentiels. J'apporterai des faits précis à
l'appui de mes dires. Cette situation mo-
rale est intimement liée aux conditions de
travail. Elle découle entièrement de ces
conditions, l'une et les autres ne peuvent
être séparés.
Je commencerai par répondre à une cri-
tique que ne manquent pas de formuler
les détracteurs de l'école en toutes cir-
constances. « L'instituteur, dit-on, n'a que
deux cents jours de travail. » Les adver-
saires se gardent bien de tout compter ;
ils oublient les préparations de classe, les
corrections, les cours d'adultes, les' mille
accessoires sur lesquels je vais revenir.
Même sans cela, le reproche porte-t-il ?
Pense-t-on qu'un instituteur qui parle du
matin au soir, qui fait de huit à dix le-
çons par jour, à 50 élèves pas tous très
attentifs et bien disciplinés, pense-t-on,
dis-je, que cet instituteur a une poitrine
d'acier et qu'il peut fournir 10 heures de
travail par jour et tous les jours ? Que ne
reproche-t-on, aussi, aux professeurs, leur*
4 ou 5 heures de cours ? Croit-on que
Ténervement causé par six heures d'efforts
pour maintenir l'ordre dans une classe et
obtenir du bon travail ne constitue pas
un véritable effoit et n'entraîne pas une
fatigue réelle ? Demandez des renseigne-
ment sur ce point à un père et à une mè-
re qui ont 3 ou 4 enfants. Eux, au moins,
savent reconnaître l'effort de l'instituteur.
Bien des fois ils lui disent : « Quelle pa-
tience il vous faut ? Nous qui n'en avons
que quatre, nous n'en venons pas à bout»
L'instituteur et les famines
Il semble que l'instituteur ait, dans l'é-
cole, l'autorité du père de famille sur les
enfants. Il n'en est rien. A peine 25 des
familles lui reconnaissent cette autorité
morale. Et encore, n'en acceptent-elles les
manifestations légales qu'avec des restric-
tions. Et puis, allez dire à un père, à une
mère, que leur enfant est indiscipliné, qu'il
a besoin, d'être tenu, que les parents doi-
vent venir à l'aide de l'instituteur ! Il y a
vingt ans, vous pouviez, le faire avec pro-
fit. Aujourd'hui, cela n'est plus permis. Et
aucune autorité ne vient à votre secours.
Lesr règlements sont lettre morte. Toute
sanction ferait crier. Et les influences ex-
térieures sont toujours au service de la
mauvaise cause. Pour avoir l'ordre et le
travail, l'instituteur doit se remuer, sans
rien dire.
Travaux accessoires
Les œuvres qui gravitent autour de l'é-
cole sont toutes à la charge de l'institu-
teur ; cours d'adultes, mutualité, caisses
d'épargne, sociétés d'anciens élèves, socié-
tés de tir, de gymnastique, de préparation
militaire, orphéons, fanfares, sociétés fo-
restières et pastorales, cantines scolaires,
l"en ne se fait sans lui, c'est l'homme uni-
versel. Il convient d'ajouter des enseigne-
ments spéciaux : cours techniques d'ap-
prentissage, enseignement ménager, et
agricole, arpentage, œuvres du vestiaire et
du trousseau, lectures et conférences popu-
laires, bibliothèques scolaires, j'en oublie
très certainement.
Et dans tout cela, la classe, que de-
vient-elle ? Ce qu'elle peut. C'est la classe
faite par un homme très préoccupé, très
fatigué. Et pourtant, il faut marcher, sans
cela, vous serez mai vu, très mai vu.
L'iltstituteur et l'al, nistration locale
Ici, permettez-moi de reproduire une
conversation souvent renouvelée entre le'
maire et l'instituteur. ct Bonjour, monsieur
le maire. Je suis nommç instituteur dans
votre commune et je me fais un devoir de
7ous rendre visite. — Ah 1 très bien, je
suis heureux de vous voir. Vous sèrea
tranquille ici, si vous né faites pas de p litique. Vous aurez quelques bons supplé-
ments : 150 francs pour le secrétariat de
mairie, 50 francs pour cours d'adultes. Ce-!
la vous fera une belle situation. Combien
gagnez-vous ? — Je suis de quatrième
classe, je gagne 1.500 francs et 200 francs
de supplément, cela me fera 1.700 francs'! -
— Etes-vous marié ? — Oui, monsieur 1er
maire, et j'ai deux enfants. — La vie n'est
pas chère ici, vous y serez très .bien. Sur-
tout pas de politique, vous vous feriez dee
ennemis 1 »
L'instituteur s'en va tranquille ; il con-
naît déjà la chose politique, il n'en fera
pas. Il fait la connaissance, par la fQfeQ
des choses, ^àe MM. les conseillers munici-
paux. Deux partis au moins, quelquefois
trois ou quatre, querelles de clocher, petites
haines chroniques, voilà ce qu'il trouve à
la mairie. S'il dit sa pensée, tous sont contre
lui. Et alors. 1 Tu est lié, mon pauvre insü.
tuteur. Tu seras l'homme indispensable
appelé à toutes les besognes et pour ré-
compense tu seras la tête de Turc, toi
qu'on dit un homme libre, chargé de for-
mer des hommes libres. C'est une loi tew
nant de l'atavisme, qui fait de toi ce que
tu es. L'opinion publique est ainsi faite. On
louangera tes services dans des harangues
officielles, ton dévouement séra célébré efl
toutes circonstances. Mais, en. vérité, tu
n'auras que des envieux et des enpemis..
, Eh bien ! Non 1 Si l'opinion publique est
ainsi faite, il faut ia changer, la conduirm
à une plus juste appréciation des choses.
Remue-toi, c'est ce que tu fais. Lutte
contre les préjugés, dont ta charge est l'ob-
jet. Réclame ta part d'indépendance poli..
tique. Tu as le droit de dire ton mot com
me tous les autres. Débarrasse-toi -des-.
mille obligations qui t'empêchent d'ac-
complir avec tout le profit désirable, la
grande mission .qui est la tienne. Demande
aussi ta part d'aisance et de loisirs. Sois
un homme digne et ne permets pas qu'on
touche à un seul de tes droits de citoyen.
Et ce n'est pas pour tdi seulement que tu
dois lutter^ c'est pour la démocratie. Eni
te donnant la place" qui t'est dûe, c'est elle
qui sera grandie. Agis avec sagesse, mais
avec fermeté et sans défaillance. Tous les
hommes sensés et justes seront avec toi eti
pour toi.
Pourquoi le recrutement de l'institu-
teur devient si difficile
Le recrutement de l'instituteur et surtout
du bon instituteur de carrière ne saurait
être assuré que sous deux conditions : 1°
la situation matérielle de l'instituteur de-
vra être au moins égale à celle des autres
fonctionnaires ; 2° sa situation morale ne
sera plus soumise à ces obligations multi-
ples qui submergent sa fonction prmcip-sb.
le.
Les jeunes gens qui sentent les difficul-
tés nombreuses au milieu desquelles l'ins-
tituteur vit, n'envient pas une carrière qui
ne leur promet que des déboires et une
existence médiocre.
L'enseignement primaire mérite des con4
ditions meilleures et le pays ne sera vrai-
ment sûr de ravenir, que lorsqu'il aura en-
fin un personnel enseignant justement ap-
précié.
P. GOURREGES.
«
i, J.
le Coiijrèa des cfisrainols
■*) je'
La derrtière journée. — Encore l'hi..
torique de la grève. — Le rôle des
députés socialistes.- Les attaques
des révolutionnaires
rr
SÉANCE du MATIN
Les délégués sont fatigués. La séance d.,
nuit s'est terminée à deux heures et de.
mie.
A dix heures seulement, le prsideDl
prend place au bureau. *
M. Bidamant demande la parole pour iiff
terpeller M. Bidegarray.
A PROPOS DU MEETING
M. Bidamant : Nous avons décidé l'or-
ganisation )d'un grand meeting pour legl
cheminots parisiens. Que fait le conseiP
d'administration ? A-t-il trouvé une saMe 71
— Non ! répond! M. Bidegarray.. Aucune
grande salle n'est disponible.
M. Bidamant est satisfait,
It
LES P. T. T.
M. Monthral) du syndicat des aganti1
des P. T. T. vient apporter aux congres*?
sistes les encouragements de son organl
aation. Il les invite à maintenir le Mba*
« sur le terrain des principes et à no
HUNDI 7 AOUT 1911. — N" 15123. -
LE XIX' SIECLE
ANNONCES
aux BUREAUX OU JOURNAL
fi. taul. de Strasbourg et 71, rue lu Faub.-St-Martin, PAWS
fit chez MM. LAGRANGE, CERF et Col
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FONDATEUR: EDMOND ABOUT
TÉLÉPHONE : 424-90 et 424-91
1 Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
[TRIBUNE LIBREL, ;:'::"::'
v--_:
La Toute-Puissance des Préjugés
Un tribunal américain i
vient de rendre un curieux
jugement par lequel une
belle-mère n'est autorisée à
habiter chez son gendre
que si son séjour n'excède
pas un maximum de dix jours.
Le bon sens populaire, excité par
tant de plaisanteries célèbres, verra
dans cette mesure un acte de sagesse
dicté par l'expérience, et les psycho-
logues en chercheront la cause dans la
mésentente qui résulte de l'opposition -
des générations entre elles, et dans ce
combat de jalousie nui se livre, entre
la mère et l'époux, autour de la jeune
femme.
Ces appréciations ont leur valeur,
et nous n'y contredirons pas. Mais el-
les ne rendent pas compte de toute
la vérité ; le conflit, sans cesse renais-
sant entre le gendre et la belle-mère,
repose sur des données sociales qu'il
faut enfin considérer.
Les recherches des sociologues ont
éclairé le problème d'une lumière si
vive qu'il n'est plus possible de l'envi-
sager avec là simplicité de jadis. A
l'aide de faits multiples, ils ont montré
que le tabou de la belle-mère existe
dans les sociétés les plus primitives, et
nue les rapports du gendre et de ses
beaux-parents sont réglés par une sé-
rie de riles religieux qui en limite ou
en étend l'exercice. Tout manquement
à ces règles strictes entraîne pour les
uns et les autres des peines graves,
voire la mort.
Voici comment les choses se présen-
tent et agissent en Australie, où l'on
rencontre les sociétés les moins civili-
sées de l'histoire.
L'homme marie a pour belles-mères
et sa belle-mere naturelle, et toutes les
femmes de la génération ,le celle-ei-
C'est que nous nous trouvons, en
effet, en présence d'une organisation
familiale où les liens de parenté par
le sang n'existent pas. Sont parents
tous les gens qui portent un me m
nom, celui de l'ancêtre commun, qui
a mis en chacun d'eux un peu de sa
substance.
Toutes les femmes du clan du Kan-
gourou étant de la même famille de-
viennent, par suite du mariage de ru-
ne d'entre elles, les parentes d'un hom
me du clan du Loup. Dès îors, cet
homme Loup a des devoirs stricts en-
vers toutes ses belles-mères Kangou-
rou. ,-
Il lui est intérêt de les voir, de leur
parler, d'entendre le son de leur voix
et même, ce qui est la coutume en usa-
ge tpour les êtres sacrés, de pronon-
cer leur nom. Si le hasard d'une ren-
contre le met en leur présence, il se
Voile Jes yeux, tandis que les femmes
s'enfuient et se cachent. *
Lorsque le clan, habituellement dis-
persé, se réunit et campe dans un lieu
ïîxe, les parentes de la femme se sé-
parent, du couple conjugal. Elles met-
tent entre eux l'intermédiaire d'une pa-
lissade ou d'un buisson, qui sert d'é-
cran pour empêcher le rayonnement
des effluves dangereuses de se commu-
niquer des femmes au gendre-
Les objets touchés par l'un Õevien-
înent interdits à l'autre, qui commet,
en enfreignant l'ordre, un véritable sa-
crilège- Or, comme le gendre est tenu
de fournir à ses beaux-parents la plus
grande partie de sa chasse — sorte de
dîme analogue à l'offrande des prémi-
ces dans les cultes agraires, — on crée
des rites particuliers pour lever cha-
que fois l'interdiction, le tabou. Les
mets,. jusqu'alors rendus sacrés à la
beîîe-mère par le contact du gendre,
sont désacralisés et remis -dans leur
état premier, indifférent, afin que la
femme puisse en disposer.,
La belle-mère donne à son gendre
line mèche de ses cheveux pour tisser
et entretenir la ceinture magique qu'il
porte autour des reins et qui le préser-
ve des mille dangers réels ou occultes
dont il se croit sans cesse menacé. On
feait quelle valeur ont les cheveux pour
les primitifs : ils sont une des partir
djj corps où réside plus fortement ra
ftie des individus. La belle-mère cède
tionc à son gendre une Parcelle de son
tme.
Ainsi leurs rapports sont marqués
du double caractère de séparation e'
d'union qui caractérise aussi, chez ces
peuples, le lien conjugal. "Et, en ffet,
les interdictions établies entre eux ont
pour origine les croyances religieuses
qui règlent la cérémonie du mariage.
Tout mariage, pour les primitifs,
est un acte hautement religieux- La
femme est conçue, par suite de sa vi'
physiologique, comme un être redou-
table et sacré tout ensemble. L'âme do
l'ancêtre et du clan, qui est contenue
dans le sang, est plus souvent visible
en elle et la rend dangereuse comme
la divinité elle-même. On ne peut l'ap-
procher qu'après l'accomplissement
des rites. Le mariage, qui. met l'hom-
me en contact avec ces forces surnatu-
relles, par l'intermédiaire de la fem-
me, a toujours un caractère sacrilège ;
il doit donc être précédé de pratiques
qui atténuent les vertus nocives du
sang.
Or, le mariage ne met pas seule-
ment l'homme en rapport avec sa fem-
me, mais, par elle, avec tous les mem-
bres du clan qui possèdent la même
substance. Le sacrilège, qui rô-
dans l'acte conjugal, atteint, avec la
personne de l'épouse, toutes les fem-
mes de qui elle descend : ses mèrec
de clan. C'est d'elles seules, en effet,
suivant les croyances primitives, qu'el
le tient son sang.
Lorsque l'homme, après les précau-
tions rituelles, a levé les interdictions
qui l'éloignaient de sa femme, elles
subsistent, avec un caractère spécial
de gravité, vis-à-vis de ses belles-mè-
res. Le sang totémique, offensé par le
sacrilège du mariage, peut se venger
par les autres femmes en qui il réside
pareillement.
Ces idées, longtemps agissantes, se
sont maintenues à travers l'histoire, et
il est de fait que les rapports du gen-
dre et de la belle-mère dérivent, en
partie, de ces états lointains où les
conceptions relatives au sang et à se<=
pouvoirs occultes créaient une barriè-
re entre les femmes du clan et l'étran-
ger introduit dans la famille.
ta notion de sacrilège joue toujours
Son rôle ; aujourd'hui encore, le gen-
dre est considéré par la belle-mère
comme ayant osé sur sa fille un crimr
religieux. Ce sont ces- survivances, en
désaccord avec nos conceptions mo-
dernes, qu'il est bon d'examiner et (1-
juger. Le préjugé séculaire ynnlôfî
ciant de ia belle-mère a fait son temps.
Peut-être, les Américains, loin de ce
rapprocher des voies de la sagesse,
ont-ils formulé un Jugement en désac-
cord avec un progrès souhaitable dane:
l'humanité et n'ont-ils travaillé qu'à
mieux étayer un préjugé religieux ?
J.-M. LAHY.
— »
LA POLITIQUE
1 -..e-..-
LA « LEGALITE ANGLAISE »
----- -- ET - LA PROPRIETE
Secourir l'ouvrier contre la
maladie ou l'accident, contre
l'invalidité ou la vieillesse, con-
tre le chômage même ; faire
élever le taux des salaires et
réduire la durée de la journée de
travail ; substituer le contrat collectif
de travail au contrat de louage de ser-
vices ; résoudre les confits par la con-
ciliation et terminer la grève par l'arbi-
trage : telle a été la première œuvre du
syndicalisme anglais pacifique et légal.
Mais s'il bornait volontairement ses
revendications aux réformes pratiques,
il a aussi — notamment sous l'influen-
ce du Nouvel Unionisme — tracé les li-
néaments de l'ordre social nouveau où
le salarié s'élèvera à la condition d'as-
socié.
Dans la paix et par la loi, il ne vise
pas seulement à assurer à l'ouvrier un
minimum de bien-être rationnel (the
standard of life) ; il tend manifestement
à en faire le copropriétaire de Ventre-
prise industrielle.
Par le, profit-sharing, le travailleur
participe aux bénéfices ; par la copart-
nerhip, il devient un véritable action..
naire touchant, non seulement outre
son salait e, sa part de dividende, mais
encore assumant une part de direction
de l'exploitation, en siégeant aux as-
semblées générales,
Cent douze 'des plus grosses maisons
anglaises et écossaises représentant un
chiffre d'affaires de plus de cent mil-
lions de francs la pratiquent, ainsi que
ioutes les compagnies du gaz de Lon-
dres.
Dans la seule industrie du gaz, à Lon-
dres, la part du capital appartenant
aux ouvriers actionnaires était de plus
de douze millions en 1909 et ne cesse
de s'accroître.
Encore une fois que la C. G. T., qui
vise à dominer et à régenter les syn-
dicats français, produise les résultats
pratiques qu'elle a obtenus en faveur du
Prolétariat.
Certes, la « légalité anglaise » pré-
sente encore bien des lacunes. Mais
qu'a réalisé, en France, l'anarchie syn-
dicaliste ? ■
Par bonheur^ il est manifeste que le
règne de celle-ci touche à sa fin.
Les révolutionnaires sont condamnés
par les réformistes. C'est de l'accord
confiant du Prolétariat réformiste et de
la République que pourra se développer
chez nous une législation sociale digne
de l'exemple anglais.
Nul doute que le Parti républicain au
Parlement ait à cœur d'en hdter les
progrès. Est-ce aux prophètes de la
pandestruction, aux théoriciens de la
prise au tas, aux compagnons du ci-
toyen Browning, aux chevaliers de la
chaussette à clous que M. Albert Tho-
mas, député et philosophe, apportera
son concourut ?
Est-ce au Parti républicain ?
—————————— «g»
LES ON-DIT
NOTRE ACENDA
Aujourd'hui dimanche :
Lever du soleil : 4 h. 40 m. du matin.
Coucher du soleil : 7 h. 31 m. du soir.
Lever de la lune : 5 b. 58 m. du soir.
Coucher de la lune : 12 h. 23 m. du matin.
Courses à Compiègne, à Caen, à Boulo
Mer.
AUJOURD'HUI
Les derniers hôtes.
Quels auront été les derniers occupants
de 1 hôtel Biron ?
C'est d'abord le grand artiste Rodin qui
locataire de la Ville de Paris, a installé
là son atelier, dans la magnifique roton-
de, devant l'iimucnss ipariç aux grands
arbres où poussent les herbes folles.
, Et il a pour compagnon ?
Voici que le maître soulève la. toile
mouillée recouvrant un buste.
Front obstiné, pommettes saillantes, re-
gards prodigieusement vifs dans les or-
bites profonds, pli terrible de la bouche
prête au sarcasme, sous la moustache hé-
rissée et dédaigneuse.
C'est bien lui, le Tigre. Clemenceau.
Ah ! comme c'est Lui !
Rodin et Clemenceau, derniers hôtes
de la maison de ces Dames du Sacré-
Cœur J
On croit voir de J'ironte sur les murs el
aux lambris dorés.
♦ —
Réaction et Révolution
, -"8"'-
M. de Mun, en 1871, fit sabrer les révolu-
tionnaires par ses cavaliers. Il fallait ven-
ger l'ordre, et l'ordre fut vengé.
L'ancien officier de cuirassiers veut au-
jourd'hui venger son Dieu. Pour cela, il
compte sur les révolutionnaires dont il sa-
bra autrefois les pères.
Et M. de Mun, avec son beau talent nous
conte l'histoire suivante :
J'ai beaucoup connu, dans mon enfance, un
vieux gentilhomme, qui avait servi le roi Char-
les X. Le 24 février 1848, officier dans la
légion de la garde nationale de son quartier,
il avait passé la journée dans la rue. Le soir,
il vint dîner à son cercle. Tout le monde y était
atterré de l'émeute victorieuse. Lui, détachant
son sabre, le posa sur la table, et dit : le C'est
égal, mon vieux roi est vengé I » Puis il dîna,
reprit son sabre et retourna au corps de garde.
Plus d'un catholique, peut-être, quand viendra
la catastrophe, ayant accomp'i son devoir civi-
que pour défendre les débris de l'ordre matériel,
pourra dire, le soir : h C'est égal, mon Dieu
est vengé 1 »
Le jour de la « catastrophe », c'est-à-dire
le jour où les révolutionnaires, les cégé-
tisies, les anarchistes chambardereront la
République, M. de Mun, content, dira :
« C'est égal, mon Dieu est vengé. î
Le député du Finistère a donc le ferme
espoir que les révolutionnaires, chers à
l'Humamté, renverseront la République dé-
mocratique et laïque.
M. le duc d'Uzès savait déjà ce qu'il fai-
sait en envoyant Conipère-Morel siéger au
Palais-Bourbon. ;
A la remorque d'Hervé et d'Yvetot
M. Albert Thomas tout heureux du mee-
ting antipatriote de la salle Wagram, écrit,
dans l'Humanité :
« En même temps que les orateurs de la
C. G. T., des camarades du Parti ont été
entendus. Tous ont dit la résolution com-
mune de l'Internationale ouvrière de s'op-
poser par tous les moyens à une guerre
criminelle. » , -
Par conséquent, tous les moyens sont
bons, et sans nul doute ceux préconisés
par Yvetot sont excen«nts.
VQici, d'après la Bataille Syndicaliste,
ce qu'a dit Yvetot, au nom de la C. G. T. :
:- Après toutés tes bonnes paroles que vous
.
reste plus à vos représentants beaucoup à dire.
Pourtant je vais vous faire une proposition.
Je vous demande, pour montrer votre patriotis-
me, de répondre à la déclaration de guerre par
la grève générale et la révolution. (Rir(.) longs
applaudissements.)
Pour montrer votre courage, je vous demande
de faire Je premjer usage des armes qu'on met-
trait entre vos mains en les tournant contre
ceux qui auraient déchaîné la guerre ! -
M. Albert Thomas, qui se déclare très
heureux de ce que la classe ouvrière veut
s'opposer .par tous les moyens à la guerre,
[ approuve donc les paroles d'Yvetot.
Décidément, depuis son pèlerinage à
Clairvaux, M. Albert Thomas est de plus
en plus hervéiste.
Les Affaires du Maroc
———.
Négociations difficiles
Les compensations -
Au cours de la nouvelle conversation
que MM. Jules Cambon et de Kiderlen-
Waechter ont eue, le point de vue des
deux gouvernements a pu être précisé.
De la note communiqiuée hier par le quai
d'Orsay, il résulte « que les vues de prin-
: cipe des deux gouvernements ont été mi-
ses en présence et comparées ».
Il ne faudrait pas en conclure que l'en-
tente est faite.
Certains journaux qui, il y a quelques
jours, prophétisaient la guerre, font mon-
tre, aujourd'hui, d'un optimisme qui n'est
pas moins déplacé que leurs alarmes ré-
centes.
Ainsi que nous l'avons dit hier, la France
écoute les propositions de l'Allemagne ;
mais si elle est prête à examiner la pos-
sibilité d'un échange, elle se refuserait à
toute concession qui ne serait-pas assurée,
de la part de l'Allemagne, d'une exacte et
parfaite réciprocité.
Dans l'ignorance où l'on est des com-
pensations matérielles et précises que le
cabinet de Berlin est disposé à nous offrir
pour une rectification de frontières du Con-
go-Cameroun, il serait tout à fait préma-
turé de considérer l'accord comme conclu.
Il est au contraire vraisemblable que les
négociations donneront lieu si de nombreu-
ses et sérieuses difficultés.
Les conversations franco-allemandes
Une nouvelle conversation a eu lieu entre
M. Cambon et M. de Kiderlen: Waechter,où
les deux diplomates ont eu l'occasion de
serrer de plus près la question des com-
pensations et des échanges destinés à met-
tre fin au différend marocain. Au sujet de
ces entretiens, le ministère des Affaires
étrangères communique la note suivante :
« Dans les dernières entrevues entre M.
Jules Cambon et M. de Kiclerlen-Waechter,
les vues de principe des deux gouverne-
ments ont été mises en présence et compa-
rées.
« lte combinaisons envisagées de part et
d'autre et les solutions possibles sont ac-
tuellement l'objet d'un examen approfondi
de la part du gouvernement, de la Républi-
que. »
Guillaume Il à Potsdam
Berlin, 5 août. — Le séjour de l'empereur
a Potsdam sera fort court, deux ou trois
jours, dit-on. Le chancelier lui présente-
ra son rapport sur les négociations franco-
allemandes probablement avant son départ.
Une note officieuse allemande
Cologne, 5 août. — La Gazette de Cologne
a reçu de Berlin la dépêche- suiva nte, qui
est évidemment inspirée :
« Les progrès des négociations sont de
nature à nous réjouir, mais si l'on a eu
tort de montrer hier un pessimisme exagé-
ré, il serait bon de ne pas tomber aujour-
d'hui dans l'excès contraire.
« On a trouvé les préliminaires de l'ac-
cord et rien de plus. -'
« C'est un grand pas de fait, mais il reste
encore beaucoup à faire. »
En Angleterre
Londres, Qpaoût. — L'optimisme des der-
niers jours paraît se justifier par la nou-
velle venue de Berlin qu'un accord de prin-
cipe était intervenu entre M. Cambon et M.
de Kiderlen-Waechter.
Cette nouvelle est très favorablement ac-
cueillie en Angleterre ; les milieux finan-
ciers ne se montrent pas les moins satis-
faits et ils attendent impatiemment confir-
mation de cette nouvelle.
Le correspondant du Morning Post y Tan-
ger dit tenir d'excellente source que pour
contre-balancer l'influence allemande dans
le Sous, la France envisagerait la possibi-
lité d'agir du côté de Sakya-Hamra, près du
cap Juby.
Le Dailu Mail, constatant qu'un rappro-
chement s est opéré sur la question de prin-
cipe, estime que c,ela n'exclut pas les diffi-
cultés sur les, détails. -
« Le marchandage, ajoute ce journal, est
une habitude invétérée de la diplomatie al-
lemande et avec èe procédé les pourparlers
seront probablement longs et ennuyeux. )
Le Daily Graphie écrit :
« Le monde a eu bien assez de ta ques-
tion marocaine depuis 1904. Trois fois elle
a mené la France et l'Allemagne près de
la guerre. Ni l'une ni l'autre de ces puis-
sances ne peut permettre le retour de ce
danger. •
'4, TRIBUNE CQRPORA TIVE
-' o. e:+:- ..,'
- - -
Le Recrutement
des Instituteurs
.,,. '8.' -
J'ai examiné, dans mon article du 23 juil-
let, la situation matérielle de l'instituteur,
comparativement, d'une part à la situation
des aùtres fonctionnaires français, d'autre
part à celle des instituteurs publies -des
grands pays d'Europe. Les chiffres dé-
montrent, indiscutablement, que la situa-
tion matérielle de l'instituteur, tant au
point de vue du traitement qu'à celui de la
pension de retraite, est inférieure d'un
bon tiers à celle des employés des postes
et des contributions - indirectes, ainsi qu'à
celle des instituteurs d'Angleterre, d'Alle-
magne, de Danemark, de Hollande, d'Au-
triche, etc.
On me fait remarquer, au sujet de mes
termes de comparaison, que les exigences
des examens sont plus grandes pour les
instituteurs que pour les autres fonction-
naires.
C'est chose très possible. Mais j'ai dé.
claré vouloir m'en tenir à des termes de
comparaison indiscutables. En tout cas, il
est très regrettable que les fonctionnaires
chargés de l'éducation des masses, chargés
de préparer les forces 'aotives de la na-
tion, voient leurs services moins appréciés
que ceux de fonctionnaires de Contrôle ou
d'exécution. Sans vouloir diminuer la va-
leur des services, j'ai le droit de penser
que la charge de préparer l'ouvrier et h
citoyen de demain, vaut bien autant que
celle de contrôler les alcools, d'expédier
les lettres, de percevoir de l'argent. Enne-
mi de la surenchère, je m'en tiendrai là.
Situation morale de l'instituteur
J'examinerai aujourd'hui la. situation
morale de l'instituteur, dans les points es-
sentiels. J'apporterai des faits précis à
l'appui de mes dires. Cette situation mo-
rale est intimement liée aux conditions de
travail. Elle découle entièrement de ces
conditions, l'une et les autres ne peuvent
être séparés.
Je commencerai par répondre à une cri-
tique que ne manquent pas de formuler
les détracteurs de l'école en toutes cir-
constances. « L'instituteur, dit-on, n'a que
deux cents jours de travail. » Les adver-
saires se gardent bien de tout compter ;
ils oublient les préparations de classe, les
corrections, les cours d'adultes, les' mille
accessoires sur lesquels je vais revenir.
Même sans cela, le reproche porte-t-il ?
Pense-t-on qu'un instituteur qui parle du
matin au soir, qui fait de huit à dix le-
çons par jour, à 50 élèves pas tous très
attentifs et bien disciplinés, pense-t-on,
dis-je, que cet instituteur a une poitrine
d'acier et qu'il peut fournir 10 heures de
travail par jour et tous les jours ? Que ne
reproche-t-on, aussi, aux professeurs, leur*
4 ou 5 heures de cours ? Croit-on que
Ténervement causé par six heures d'efforts
pour maintenir l'ordre dans une classe et
obtenir du bon travail ne constitue pas
un véritable effoit et n'entraîne pas une
fatigue réelle ? Demandez des renseigne-
ment sur ce point à un père et à une mè-
re qui ont 3 ou 4 enfants. Eux, au moins,
savent reconnaître l'effort de l'instituteur.
Bien des fois ils lui disent : « Quelle pa-
tience il vous faut ? Nous qui n'en avons
que quatre, nous n'en venons pas à bout»
L'instituteur et les famines
Il semble que l'instituteur ait, dans l'é-
cole, l'autorité du père de famille sur les
enfants. Il n'en est rien. A peine 25 des
familles lui reconnaissent cette autorité
morale. Et encore, n'en acceptent-elles les
manifestations légales qu'avec des restric-
tions. Et puis, allez dire à un père, à une
mère, que leur enfant est indiscipliné, qu'il
a besoin, d'être tenu, que les parents doi-
vent venir à l'aide de l'instituteur ! Il y a
vingt ans, vous pouviez, le faire avec pro-
fit. Aujourd'hui, cela n'est plus permis. Et
aucune autorité ne vient à votre secours.
Lesr règlements sont lettre morte. Toute
sanction ferait crier. Et les influences ex-
térieures sont toujours au service de la
mauvaise cause. Pour avoir l'ordre et le
travail, l'instituteur doit se remuer, sans
rien dire.
Travaux accessoires
Les œuvres qui gravitent autour de l'é-
cole sont toutes à la charge de l'institu-
teur ; cours d'adultes, mutualité, caisses
d'épargne, sociétés d'anciens élèves, socié-
tés de tir, de gymnastique, de préparation
militaire, orphéons, fanfares, sociétés fo-
restières et pastorales, cantines scolaires,
l"en ne se fait sans lui, c'est l'homme uni-
versel. Il convient d'ajouter des enseigne-
ments spéciaux : cours techniques d'ap-
prentissage, enseignement ménager, et
agricole, arpentage, œuvres du vestiaire et
du trousseau, lectures et conférences popu-
laires, bibliothèques scolaires, j'en oublie
très certainement.
Et dans tout cela, la classe, que de-
vient-elle ? Ce qu'elle peut. C'est la classe
faite par un homme très préoccupé, très
fatigué. Et pourtant, il faut marcher, sans
cela, vous serez mai vu, très mai vu.
L'iltstituteur et l'al, nistration locale
Ici, permettez-moi de reproduire une
conversation souvent renouvelée entre le'
maire et l'instituteur. ct Bonjour, monsieur
le maire. Je suis nommç instituteur dans
votre commune et je me fais un devoir de
7ous rendre visite. — Ah 1 très bien, je
suis heureux de vous voir. Vous sèrea
tranquille ici, si vous né faites pas de p
ments : 150 francs pour le secrétariat de
mairie, 50 francs pour cours d'adultes. Ce-!
la vous fera une belle situation. Combien
gagnez-vous ? — Je suis de quatrième
classe, je gagne 1.500 francs et 200 francs
de supplément, cela me fera 1.700 francs'! -
— Etes-vous marié ? — Oui, monsieur 1er
maire, et j'ai deux enfants. — La vie n'est
pas chère ici, vous y serez très .bien. Sur-
tout pas de politique, vous vous feriez dee
ennemis 1 »
L'instituteur s'en va tranquille ; il con-
naît déjà la chose politique, il n'en fera
pas. Il fait la connaissance, par la fQfeQ
des choses, ^àe MM. les conseillers munici-
paux. Deux partis au moins, quelquefois
trois ou quatre, querelles de clocher, petites
haines chroniques, voilà ce qu'il trouve à
la mairie. S'il dit sa pensée, tous sont contre
lui. Et alors. 1 Tu est lié, mon pauvre insü.
tuteur. Tu seras l'homme indispensable
appelé à toutes les besognes et pour ré-
compense tu seras la tête de Turc, toi
qu'on dit un homme libre, chargé de for-
mer des hommes libres. C'est une loi tew
nant de l'atavisme, qui fait de toi ce que
tu es. L'opinion publique est ainsi faite. On
louangera tes services dans des harangues
officielles, ton dévouement séra célébré efl
toutes circonstances. Mais, en. vérité, tu
n'auras que des envieux et des enpemis..
, Eh bien ! Non 1 Si l'opinion publique est
ainsi faite, il faut ia changer, la conduirm
à une plus juste appréciation des choses.
Remue-toi, c'est ce que tu fais. Lutte
contre les préjugés, dont ta charge est l'ob-
jet. Réclame ta part d'indépendance poli..
tique. Tu as le droit de dire ton mot com
me tous les autres. Débarrasse-toi -des-.
mille obligations qui t'empêchent d'ac-
complir avec tout le profit désirable, la
grande mission .qui est la tienne. Demande
aussi ta part d'aisance et de loisirs. Sois
un homme digne et ne permets pas qu'on
touche à un seul de tes droits de citoyen.
Et ce n'est pas pour tdi seulement que tu
dois lutter^ c'est pour la démocratie. Eni
te donnant la place" qui t'est dûe, c'est elle
qui sera grandie. Agis avec sagesse, mais
avec fermeté et sans défaillance. Tous les
hommes sensés et justes seront avec toi eti
pour toi.
Pourquoi le recrutement de l'institu-
teur devient si difficile
Le recrutement de l'instituteur et surtout
du bon instituteur de carrière ne saurait
être assuré que sous deux conditions : 1°
la situation matérielle de l'instituteur de-
vra être au moins égale à celle des autres
fonctionnaires ; 2° sa situation morale ne
sera plus soumise à ces obligations multi-
ples qui submergent sa fonction prmcip-sb.
le.
Les jeunes gens qui sentent les difficul-
tés nombreuses au milieu desquelles l'ins-
tituteur vit, n'envient pas une carrière qui
ne leur promet que des déboires et une
existence médiocre.
L'enseignement primaire mérite des con4
ditions meilleures et le pays ne sera vrai-
ment sûr de ravenir, que lorsqu'il aura en-
fin un personnel enseignant justement ap-
précié.
P. GOURREGES.
«
i, J.
le Coiijrèa des cfisrainols
■*) je'
La derrtière journée. — Encore l'hi..
torique de la grève. — Le rôle des
députés socialistes.- Les attaques
des révolutionnaires
rr
SÉANCE du MATIN
Les délégués sont fatigués. La séance d.,
nuit s'est terminée à deux heures et de.
mie.
A dix heures seulement, le prsideDl
prend place au bureau. *
M. Bidamant demande la parole pour iiff
terpeller M. Bidegarray.
A PROPOS DU MEETING
M. Bidamant : Nous avons décidé l'or-
ganisation )d'un grand meeting pour legl
cheminots parisiens. Que fait le conseiP
d'administration ? A-t-il trouvé une saMe 71
— Non ! répond! M. Bidegarray.. Aucune
grande salle n'est disponible.
M. Bidamant est satisfait,
It
LES P. T. T.
M. Monthral) du syndicat des aganti1
des P. T. T. vient apporter aux congres*?
sistes les encouragements de son organl
aation. Il les invite à maintenir le Mba*
« sur le terrain des principes et à no
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