Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1900-01-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 14 janvier 1900 14 janvier 1900
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7567840q
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
CINQ CENTIMES le Numéro
PARIS & DÉPflRTEBIEBl 1S
Le Numéro, CINQ C:EN':rj:JYJ:ES -. -
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De 4 à 8 heures du. soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
N* 10901 — Dimanche 14 Janvier 1900
23 NIVOSE AN 103
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NOS LEADERS
1r 11
LES PASSIONS
Le discours prononcé par M. Descha-
nel, en reprenant possession du fauteuil
de la présidence, est très be,au'. Je le dis
nettement, parce quaje le pense ; ayant
l'habitude de toujours dire nettement ce
que je pense.
Je regrette profondément l'élection de
M. Deschanel — due à la honteuse coa-
lition de tous les ennemis de la Répu-
blique ; j'admire sincèrement le beau et
pur langage dont M. Desubanel sait re-
vêtir de hautes et nobles pensées.
Quel Français n'a tressailli en
l'entendant célébrer « le peuple qui se
passionne et se torture pour les choses
idéales? »
Cela est bien, certes; et le président
de la Chambre a fait son devoir, pieu-
sement, en défendant ainsi la France,
tant calomniée par tant de Français,
hélas !
Mais précisément parce que ce dis-
cours est remarquable, il ne saurait suf-
fire d'en louer la forfit; et l'inspira-
tion.
Nous lui devons — il en vaut la peine
- de chercher .à voir ce qu'il a au
fond.
***
Quel est, en réalité, le conseil que
M. Deschanel donne à ses collègues ?
Quel programme leur propose-t-il ?
« Voici justement qu'une trève va s'ou-
vrir ), leuu dit il. Et il leur demande :
« Pourquoi cette trêve ne durerait-elle
pas? »
Je cite :
« - A l'intérieur, n'avons-nous pas
assez de problèmes à résoudre dans
l'ordre financier, économique, scolaire,
administratif, militaire, dans a légis la-
tion civile et criminelle ? N'avons-nous
pas à continuer l'oeiivre sociale entre-
prise par les précédentes assemblées
pour faire cette république du travail,
cette cité nouvelle mieux ordonnée,plus
juste, plus heureuse, déjà vivante dans
nos conciences ?»
Examinons cela de près, s'il vous
plait.
De quelle trêve s'agit-il ? La trêve des
« exagérations », des « excès », soit ;
mais la trêve des passions, aussi ; le
mot y est, en toutes lettres :
« Comment de telles passions ne se
^réconcilieraient-elles pas, ne se réuni-
raient-elles pas ?. »
Mais voyez-vous les hommes, préci-
sément pour résoudre les problèmes,
« dans l'ordre financier, économique,
scolaire, administratif, militaire » met-
tant de côté leurs passions, y renonçant,
les oubliant?
Que resterait-il donc alors d'eux, en
tux-mêmes ?
Ne seraient-ils pas, dépouillés de leurs
passions, des ombres vaines et sans
force?
Et la conception qui suppose une telle
abdication, un pareil renoncement n'est-
elle pas elle-même, sans force et
vaine?
***
Je crains bien qu'il n'y ait là que des
mots, et rien dedans ; une apparence,
voilà tout; séduisante d'aspect, mais
insaisissable.
Quoi! on nous glorifie et juste-
ment — d'avoir ces passions désinté-
ressées, ardentes, qui nous ont jetés,
sans souci de nos intérêts propres, dans
les plus effroyables batailles; et l'on
semble nous demander, pour les ba-
tailles prochaines, de rejeter loin de
nous ces passions qui sont notre force,
qui sont notre orgueil et notre hon-
neur!
Comment le pourrions-nous faire ? Et
d'ailleurs, serait-il honorable et digne
de nous de vouloir le faire ?
Est-ce que les questions énumérées
par M Deschanel dans la phrase que
j'ai citée plus haut ne sont pas celles
qui, le plus et le plus légitimement, cer-
tes, excitent, avivent nos passions ?
***
Dans l'ordre financier ; il s'agit de
savoir si l'aggravation sans cesse cons-
tatée des charges qui pèsent sur le con-
tribuable ne provient pas de la superpo-
sition du budget républicain au budget
monarchique et clérical ; et s'il n'y a
pas lieu de soulager la France d'un
poids insupportable, en supprimant tou-
tes les dépenses de caractère monar-
chique et clérical., en -faisant ainsi ces-
ser cette superposition que de trop
longs tâtonnements, de trop timides mé-
nagements ont laissé se perpétuer.
Dans l'ordre administratif ; il s'agit
de savoir si le remède aux abus, à la
pléthore administrative, à la multipli-
cation de formalités oppressives, doit
être cherché ailleurs que dans la dé-
centralisation, ayant pour conséquence
naturelle l'autonomie communale et dé-
partementale et l'accroissement con-
tinu de la liberté, de la responsabilité
individuelles.
Dans l'ordre scolaire ; il s'agit de
savoir si l'heure n'est pas venue d'a-
chever, en ce qui concerne les écoles
de filles, trop oubliées, l'œuvre de la
laïcisation, et de prendre des mesures
contre l'envahissement des produits de
renseignement confessionneL.
Dans l'ordre militaire ; il s'agit de.
trancher cette question : ou bien l'armée
constituant de plus en plus, dans la so-
ciété, un corps à part, une caste sépa-
rée, n'ayant que ses traditions et ses
usages pour règles et constituant de la
sorte une menace, un danger perma-
nents pour la liberté ; ou bien, l'armée
rentrée dans le droit commun, soumise
aux lois qui nous régissent tous, res-
pectueuse du pouvoir supérieur que la
volonté de la nation a établi.
Ne voyez-vous pas que toutes ces
questions sent champs de bataille, où
pendant longtemps déjà on s'est entre -
déchiré, où l'on devra s'entre-déchirer
longtemps encore sans doute, avant le
triomphe définitif du droit et de la
liberté ?
Ncnlendez-vous pas, autour de ce
programme, rugir ces passions que vous
voudriez, en proie à une illusion géné-
reuse, certes, mais folle, arracher de
nos âmes?
.*.
Oui, il est beau, il est doux, le rêve
d'une réconciliation de tous les Fran-
çais sous les plis du drapeau de la
France, mais ce n'est qu'un rêve ; et, si
par lui, par ses caresses, nous pouvons
nous laisser bercer quelques instants, la
réalité nous ressaisit aussitôt.
Nous ne sommes pas des impitoya-
bles, assurément ; nos cœurs ne con-
naissent point la haine ; la fierté du de-
voir accompli, de la victoire remportée,
nous fait perdre jusqu'au souvenir des
amertumes subies; nous n'avons pas de
rancune et volontiers nous laisserons
s'effacer de nos mémoires le nom des
hommes qui nous ont si âprement, par-
fois si déloyalement combattu.
Mais c'était pour les idées que les
passions flambaient, orageusement, en
nous, c'est pour les idées, qu'elles con-
tinuent à nous jeter en avant, au
combat.
Non! non! elles ne ee tairont pas,
elles ne s'éteindront pas, ces saintes
passions qui font de vous des hommes ;
et ne nous parlez pas d'apaisement si le
renoncement à notre cher idéal devait
être le. prix de cet apaisement.
***
Ce que je veux dire, c est ceci : que,
en dépit des formes oratoires les plus
heureuses et les plus captieuses, la
question politique prime toutes les au-
tres, car elle n'est absente d'aucune
autre et on la retrouve dans toutes,
au début et à la fin ; et qu'il peut pa-
raître insensé de demander une trêve
des passions pour la solution de pro-
blèmes dans l'étude desquels ne sau-
raient se mettre d'accord ceux qui veu-
lent la patrie Jibre et ceux qui la veu-
lent asservir. 0
Dans l'ordre financier, scolaire, admi-
nistratif. militaire, il n'y a nul terrain
d'entente possible entre ceux qui son-
gent à supprimer les libertés républi-
caines et ceux dont le ferme dessein,
au contraire, est d'entourer ces libertès
de garanties indestructibles.
La lutte qui se poursuit, c'est la lutte
pour la vie, pour la vie de îa Républi-
que, pour la vie de la France.
Nos passions sont nos armes : armes
pures et scintillantes sous les rayons du
soleil.
Qui donc penserait sérieusement à
nous proposer de désarmer ?
LUCIEN VICTOR-MEUNIER.
-
Nous publierons demain un article
de M. Liueien Vîctor-Mcnoicr
LE TORCHON BRULE
M. Cavaignac et M. Quesnay de Beau-
repaire. — A propos des élections
de la Sarthe.
Plusieurs journaux ont annoncé la candi-
dature de M. Quesnay de Beaurepaire aux
élections sénatoriales du département de la
Sarlhe. On disait même que l'ancien procu-
reur général, passé au nationalisme, devait
se présenter sur la même liste que M. Gode-
froi Cavaignac,
Cette nouvelle est inexacte. C'est M. Ques-
nay dé'Beaurepaire lui-même qui Ta annoncé
à un de nos confrères du soir, non sans une
certaine amertume.
Mais laissons la parole à M. Quesnay de
Beaurepaire; leniorceau vaut la peine d'être
reproduit, car il montre la naïveté incommen-
surable de l'ancien magistrat.
« — Je n'ai nullement posé ma candidature
dans la Sarthe ; la vérité est que, dans ce dé-
partement, on m'avait offer de divers côtés,
et sans distinction de partis la candidature.
J'avais demandé à réfléchir, désirant, avant de
donner mon acceptation, examiner ta situa-
tion. Mais, dès le premier moment, j'avais sti-
pulé expressément que, si je me présentais, je
tecais à ce qu'à côté d'un homme politique de
la région et de moi figurât, sur la liste, un of-
ficier général. - - -- -
« Le succès, pour moi, ne faisait pas de
doute. Mais, presque aussitôt, un député du
département, un des chefs de la Ligue de la
Patrie française — M. Cavaignac, pour l'appe-
ler par son nom — se livra à une évolution
imprévue. Il se rangea du côté des sénateurs
sortants, dont un prit parti contre nous dans
l'Affaire ; tous trois, d'ailleurs, ont été les au-
tears ou les complices des illégalités et des
proscriptions de la Haute-Cour.
» Devant ce changement de front, qui fai-
sait d'e mon meilleur auxiliaire on adversaire
déclaré, je n'ai pas voulu engager une lutte
où se mêlaient tant d'intrigues, et j'ai refusé
définitivement la candidature.
» J'ai l'intention de faire connaître au pu-
blic, un de ces jours, dans un intérêt patrio-
tique, ces sourdes menées, qui sont de nature
à tant affaiblir l'opposition. Nous marchions
au succès en nous plaçant tous trois, M. Ca-
vaignac, un général et moi, sur le terrain de
la défense sociale ; le département de la Sar-
the aurait certainement élu des libéraux na-
tionalistea ^a'il reste au* mains des Jacobins,
on le devra à cet homme qui se dit nationa-
liste et se recommande de la Ligue de la Pairie
française. »
fout de même ça ne manque pas d'imprévu
Cavaignac accusé de trahison par Quesnay
de Deaurepaire,
: ♦ ————————————.
LA RUSSIE ET LES INDES
Un correspondant de Calcutta affirme que le
gouvernement anglo-indien a reçu des nou-
velles très alarmantes en ce qui concerne
l'action de la Russie.
Les Russes renforcent leurs postes sur la
frontière personne, où ils élèvent aussi des
fortins.
Dans l'entourage du vice-roi des Indes on
rappelle à ce propos que c'était précisément
pendant la guerre des Anglais au Soudan en
1887 que la Russie, profitant de l'occasion,
s'était emparée de Mervo.
LES ON-DIT
CM El NOUS
,.," La commission des eaux de Paris
qui vient d'assurer l'alimentation de la
ville en eaux de source ou en eaux filtrées
pendant l'Exposition, quel que soit alors
le chiffre de la population, a décidé de
poursuivre l'étude des améliorations de ce
service.
On sait que les travaux d'adduction du
Loing et du Lunain donneront à partir du
mois de mai un supplément de 50.000 mè-
tres cubes d'eau pure par jour. La com-
mission a décidé d'acquérir pour la ville
de Paris un groupe de nouvelles sources
pouvant fournir plus de 100.000 mètres
cubes par vingt-quatre heures.
On s'est mis aux études et aux travaux
préparatoires. Dans quelques mois, on en-
treprendra les travaux d'adduction.
- Le comité général des Associations
de la Presse française a tenu hier, son as-
semblée générale sous la présidence de
M Alfred Mézières, vice-président.
Les rapports de MM. Victor Heurtault,
trésorier, et Lucien Yictor-Meunier, se-
crétaire général, ont été adoptés à l'unani-
mité.
Les membres sortants du bureau : MM.
Lucien Victor-Meunier, secrétaire géné-
ral ; Victor Heurtault, trésorier ; de Na-
lèche, Ferdinand Réal, Edmond Robert et
Abel Tardiveau, secrétaires, ont été réélus
pariicclamations.
.- Le bulletin de santé rédigé, hier
matin, par les médecins qui soignent le
sénateur Chiris, est ainsi conçu :
Situation toujours très grave.
La faiblesse augmente.
Dans la soirée, l'état du malade était
stationnaire.
-- Une nouvelle doctoresse :
Mlle Françoise-Ursule Entz vient d'être
reçue au doctorat en médecine avec la
mention « bien ».
La nouvelle doctoresse nous ai rive d'Al-
gérie, étant née à Batna en 1872. Elle
avait choisi pour sujet de thèse : les Nour-
rissons et Va lia item eut. Le jury était com-
posé des docteurs Budin, Dieulafoy, Mar-
fan et Tessier.
- Le commandant Léon Berger, pré-
sident de la Dette publique ottomane, a
été reçu par le Président de la Républi-
que, à cinq heures de l'après-midi.
--- On annonce la mort :
De M. Léon Talou, sénateur républicain
du Lot.
M. Talou, ancien avoué, conseiller gé-
néral de Saint-Géry, avait été élu député
de Cahors en 1889 et en 1893, puis élu sé-
nateur en 1897 ; il était président d'hon-
neur de la section du Lot-et-Garonne de
la ligue des droits de l'homme. L'inhuma-
ticm aura lieu à Cahors.
Du général en retraite Massonaud, âgé
de 71 ans ; il avait fait presque toute sa
carrière en Algérie.
De M. Marignier, conseiller général ré-
publicain du Puy-de-Dôme, maire de
Joze.
A Bourges, de M. de Raismes, ancien
sénateur du Finistère, qui vient de décéder
chez son gendre, M. Compaing de la
Tour-Girard, capitaine d'artillerie à la
fonderie de Bourges, avec lequel il était
venu passer les fêtes du jour de'l'an.
Il était âgé de 71 ans. ,
A Vienne (Autriche), du. conseiller de
cour d'appel François de Gerneth, - appré-
cié en Autriche comme musicien, littéra-
teur et poète. Il est l'auteur des paroles du
beau Danube bleu ; on lui doit de nom-
breux lieder et chœurs.
-- La place de l'Opéra et l'Opéra lui
même seront désormais éclairés tous les
soirs, de la même façon, qu'il y ait, ou
non, représentation.
Telle est la réforme que vient de décider
la direction des beaux-arts, d'accord avec
l'administration municipale.
L'approche de l'exposition nous vaut ce
progrès.
A rETRANGER
- Le Secolo de Milan dit tenir de
bonne source qu'à l'occasion de l'ouver-
ture de l'Exposition Universelle de Paris,
le prince de Naples remettra à M. Loubet
les insignes du Collier de l'Annonciade de
la part du roi Humbert.
.;,. Les forçats indigènes qui, on s'en
souvient, se sont évadés en masse de l'île
de Nocra, près de Massaouah, ont formé
une bande armée qui compte environ 50
fusils. Ces gens, commandés par un chef
indigène, se préparent à faire des incur-
sions sur le territoire italien.
- L'inffuenza aurait fait hier son ap-
parition à Osborne, dans le palais où ré-
side la reine en ce moment ; plusieurs
fonctionnaires ainsi qu'une dame de com-
pagnie en seraient atteints.
L'épidémie fait de grands ravages à Lon-
dres, où elle a causé 316 décès la semaine
dernière. Encore faut-il ajouter i,aai dé-
cès dus à lia broncho-pneumonie, qui n'est
qu'une forme modifiée de l'innnenza. Ces
chiffres sont les plus élevés qu'on ait ja-
mais constatés à Londres.
La mortalité générale a augmenté la se..
maine passée à Londres, BirmiDgba
Manchester de 60 0/0.
* Le Passant.
CONTRE LES MALADIES CONTAGIEUSES
M. Audiffred et un très grand nombre de
députés demanderont à la Chambre l'inscrip-
tion au budget de l'instruction publique d'un
chapitre nouveau ainsi conçu : « Recherches
scientifiques relatives à la découverte de nou-
velles méthodes de traitement des maladies
infectieuses et contagieuses : 125*000 fr. »
QUESTION DE MŒURS
Nous nous en voudrions de ne pas sou-
mettre au lecteur la lettre que voici :
Monsieur, je suis concierge. C'est un métier
qui est généralement peu apprécié. Mais enfin
c'est un métier comme un autre, et quand on
l'exerce honnêtement, on n'a pas à en rougir.
Or, monsieur, on peut prendre des renseigne-
ments pur moi, on n'en recueillera pas un qui
ne me soit favorabie. Et pourtant, voici plu-
sieurs mois que j'ai été renvoyé d'une place
que j'occupais depuis cinq ans, sans que per-
sonne eut eu un reproche à me faire.
Pourquoi ai-je donc été renvoyé ? Oh ! pour
une raison bien simple. J'ai eu le malheur
d'ètr(père pour la quatrième fois, et ne pou-
vant grever mon maIgre budget de nouveaux
frais de nourrice, comme je l'avais fait pour
mes trois premiers nés, j'ai eu la mauvaise
idée de laisser mon bébé aux soins de sa
mère, dans la loge !.
Vous devinez la suite. Le bébé criait. Les
locataires se sont plaints. Le'propriétaire m'a
prié d'aller chercher une place ailleurs.
C'est ce que j'ai fait. Mais, bien entendu, la
leçon a porté ses fruits. Je me suis séparé de
mon quatrième enfant, comme je m'étais déjà
séparé des trois premiers. Et me voici main
tenant avec des frais chaque jour plus lourds
sans espoir de pouvoir jamais les alléger ni de
connaître ce qu'on appelle « les joies de la
famille - M. - -
je n enienas pas grana enose aux graves
questions qu'on agite dans les journaux.
Mais j'ai lu quelque part que la France se dé-
peuplait, et l'idée m'es venue tout de suite
que mon cas pouvait bien, en effet, chez de
plus prévoyants, justifier une sage et pru-
dente restriction.
Voilà pourquoi je vous soumets ces ré-
flexions. Il se peut que je m'abuse sur l'inté-
rêt qu'elles présentent. Mais que voulez-
vous ? Il me semble que l'exemple est, à tout
prendre, assez saisissant pour mériter d'être
signalé.
"Veuillez agréer, etc. - J. B., concierge
à Paris. ,"
Notre correspondant a raison. L'exem-
ple est assez saisissant pour mériter d'être
signalé. Il le présente même d'une façon
très intéressante.
Mais hélas ! ce sont là des excès contre
lesquels on ne peut rien. Il faudrait, pour
les empêcher, que nos mœurs se modi-
fiassent bien profondément.
Ce n'en est pas moins un beau trait
d' « égoïsme bourgeois » — car c'est bien
ici que le mot peut s'appliquer — et l'on
ne doit jamais manquer l'occasion dé dé-
noncer ces traits-là.
UNE EXÉCUTION EN TUNISIE
Mohamed El Mecheri Ben Adjeb a été exé-
cuté hier matin à Tunis.
Depuis les établissements des tribunaux
français, aucune exécution n'avait eu lieu en
Tunisie, sauf celle de trois indigènes tunisiens
condamnés en 1889 pour assassinat de Ka-
byles, leurs créanciers, qu'ils avaient brûlés.
Depuis l'arrivée des bois de justice, la nou-
velle avait transpiré mais, contrairement à
certaines assertions, elle n'd pas provoqué
d'émotion dans les milieux arabes. A peine
quelques-uns, qui restèrent silencieux, étaient-
ils massès sur les marches de la mosquée si-
tuée près de la prison de la rue de l'Eglise, où
El Mecheri était enfermé.
Lorsqu'à six heures, M. Vial, procureur de
la IHpublique, lui a annonce qu'il allait être
exécuté, El Mecheri, quoique très pâle et
ayant la figure bouleversée, est resté calme et
a montré un grand courage. Il a dit simple-
ment : « Dieu a décidé, je me résigne M, et il
a commencé ses prières.
Pendant la toilette, il a prononcé quelques
phrases parmi lesquelles : « Le sultan des
Français n'a pas voulu me gracier. Que Dieu
favorise le gouvernement fiançais. »
Ensuite, il demanda à plusieurs reprises
aux personnes présentes de lui pardonner.
A six heures un quart, le cortège quittait la
prison. El Mecheri était avec le --bourreau
dans un landau qu'escortaient des - gen-
darmes. •
Sur le parcours, aucun curieux on rencon-
tra ssulement des gens allant au travail.
L'exécution eut lieu place Bab-Saadoun, à
l'entrée de Tunis, à six heures et demie.
M. Léa], directeur de la Sûreté, dirigeait le
service d'ordre fait par les gendarmes, là po-
iice et une compagnie de zouaves. Les cu-
rieux, très peu nombreux, étaient massés assez
loin.
La voiture où était le condamné fut amenée à
quelques mètres de la guillotine. -
El Mecheri fut descendu et quelques secon-
des après le couperet tombait.
Le corps a ensuite été transporté au cime-
tière voisin.
Aucun incident ne s'est produit. ,
-
LES ORPHELINS EN ALSACE-LORRAINE
Le nouveau Code civil allemand vient d'être
mis eu vigueur en Alsace-Lorraine. Depuis le
1er janvier, le Code Napoléon est aboli. Le
nouveau Code apporte un changement radical
dans la situation des orphelins des pays an-
nexés ; il abolit les conseils de famille et crée
des conseillers communaux d'orphelins.
Les conseils de familles sont remplacés, dit
la Revue Municipale qui traite la question dans
un grand article, par le tribunal de tutelle eu
tribunal cantonal qui est investi de la haute
surveillance de ceux qui représentent le mi-
neur et gérent ses biens. Toutes les tutelles
qui ne répondent pas aux dispositions du nou-
veau Code sont abolies. Les subrogés-tuteurs
notamment, disparaîtront, à moins qu'il n'y ait
un patrimoine important à administrer pour le
compte du mineur.
Les tuteurs eux-mêmes ne sont conservés
que sous certaines restrictions ; ainsi, à la
mort du père, toute la puissance paternelle,
passe à la mère, sans tuteur, ni subrogé-tu-
teur, ai conseil de famille, sauf dans le cas où
le père a formellement prescrit dans ses der-
nières volontés qu'il en soit autrement.
A la mort du dernier des époux, les orphe-
lins reçoivent un tuteur légal. Si le mourant
n'a rien décidé de formel à ce sujet, le Tri-
bunal de tutelle nommera un tuteur qui sera
Jiir}Jtdqrnel ou maternel. A leur
"ttCfacUyk -P»ttnregf peut confier la tutelle à
une autre personne, après avoir entendu le
conseiller communal des orphelins. Le tuteur
sera choisi, de préférence parmi la parenté
du mineur.
Tout sujet Alsacien-Lorrain a l'obligation
d'accepter la charge du tuteur, à moins qu'il
ne puisse présenter des raisons légitimes de
dispense. En cas de refus non motivé, le Tri-
bunal de tutelle peut lui infliger, par trois,
fois une amende de 300 marks pour chaque
cas.
UNE BOMBE AU MANS
Hier matin, à sept heures, M. Beaufiis, en-
trepreneur de serrurerie au Mans, a trouvé
sous le porche de sa maison une boîte à cacao
à laquelle adhérait une mèche enflammée,
ayant encore un centimètre de longueur. Il la
jeta dans un seau rempli d'eau.
Un ancien chef artificier, employé dans la
maison, ouvrit la boite et trouva 200 grammes
de poudre et 156 cartouches de sept millimè-
tros de carabine Flobert.
Si l'explosion avait eu lieu, elle aurait causé
de grands malheurs.
La police prévenue fait une enquête.
LA GUERRE DU TRANSVAAI
- En Angleterre
Nous sommes aujourd'hui fixés sur les se-
crètes raisons qu'avait M. Chamberlain pour
pousser son pays dans la désastreuse guerre
de l'Afrique du Sud.
Voici, en effet, les suggestifs documents que
publie r Indépendance belqe sur les différentes
entreprises auxquelles sont intéressés M.
Chamberlain ou ses parents :
KINOCll'S AMMUNÏTJON COMPANY
(Société des munitions de guerre Kynoch)
Arthur Chamberlain : président
J.-S1. Nettlefold : directeur
Actions
Arthur CbamherJairi ;. 3.12G
Ilelen Chamberlain 320
Katherine Chamberlain 310
J -S. Nettlefold 1.615
Bertha Chamberlain. 310
Margaret Ncmefoid. 200
NeviJe Cliamberlain 25
Total, valeur actuelle :
Environ-liv.st. 120.000
M. Arthur Chamberlain est le frère du chef
du Colonial Office.
Autre prospectus :
BIRMINGHAM SMALL ÀRMS COMPANY LTO
(Société pour la fabrication d'armes de petit
calibre)
Herbert Chamberlain : président
Actions
Arthur Chamberlain et « un autre ».••«• 260
Arthur Chamberlain (seul) 10
Herbert Chamberlain. 750
Waiter Chamberlain. 10
Total, valeur actuelle :
Environ liv. - 16.000
Voici enfin uue troisième affaire où le mi-
nistre, M. J. Chamberlain, figure en per-
sonne :
BANK 0F AFRICA
FOR PAYEMENTS AND CREDITS IN AFRICA
(Banque d'Afrique, pour payement)
et crédits en Afrique)
Austen Chamberlain : un des directeurs
Actions
Rigbt Hon, Joseph Chamb~r!ain. 2.000
Austen Chamberlain lmembre du Parle-
ment, lord de l'Amirauté 1.400
Arthur Neville Chamberlain. 600
4.000
Cette fois, dit l'Indépendance belge, il n'y a
pas de dissimulation : M. Joseph Chamber-
lain, ministre des colonies, figure en nom
comme le plus fort actionnaire de;la banque.
Au bas du même prospectus, on lit cette
note : « Voir aussi : British south africa com-
panies and Niger Company. »
C'est la Compagnie dont M. Chamberlain a
fait récemmant racheter le privilège par Je
gouvernement moyennant une indemnité ré-
munératrice pour les actionnaires.
Personne n'ignore que les Anglais sont avant
tout et surtout des commerçants,^businessmen.
Mais M. Chamberlain, ministre de la Reine,
semble pousser vraiment aux limites extrê-
mes la manie du business. Un journal anglais,
Truth (Vérité), nous apporte à ce sujet une
révélation vraiment piquante. Nous lisons
dans son numéro du 21 décembre 1899, page
1541, la petite note que voici :
u En ce qui concerne les munitions, je crois
que le Transvaal est en mesure de poursuivre
la guerre pendant longtemps. Les Boers ne
paraissent pas aussi sots qu'on a voulu le dire,
puisqu'ils semblent pasés maîtres dans tout
ce qui a trait aux choses de la guerre. 11 n'est
donc pas invraisemblable, qu'avant de com-
mencer la guerre, ils aient évalué la quantité
de munitions qu'il leur faudrait ; tout au
moins ne pouvait-on pas les empêcher d'ache-
ter ce qu'ils croyaient devoir leur être néces-
saire. MM. Kynoch paraissent leur avoir fourni
les cartouoBes, et ainsi on reufrdire que frère
Arthur se bat contre frère Joseph. Les affaires
sont les affaires! »
N'est-ce pas admirable ? Après c.elle-là,
n'est-ce pas ? on peut tirer l'échelle.
Les renforts
Tous les canons de marine à tir rapide des
dépôts du Royaume-Uni qui peuvent être em-
ployés par les troupes en campagne vont être
envoyés dans l'Afrique du Sud.
L'Umbria, nn grand Cunard, et le Nil vien-
nent de quitter Southampton, transportant
3,000 hommes de milices pour le sud de l'A-
frique.
Le Clan-Ronald, qui est passé à Ténériffe le
7 décembre avec des munitions, a totalement
disparu depuis cette date.
Les pertes des Anglais A Ladysmith
Le War Office publie le chiffre des pertes
anglaises à Ladysmith, le 6 janvier ; elles se
décomposent ainsi :
Officiers : 14- tués, 27 blessés ; soldats 135
tués, 244 blessés, ce qui forme un total' géné.
ral de 420.
Parmi les officiers blessés se trouve le lieu-
tenant lord Ava, fils du marquis de Duffe-
rio. - - - - -
Quel que soit le chiffre des pertes boers, ce-
lui des pertes anglaises, qui s'élève au sep-
tième de l'effectif total du général White, est
vraiment effrayant.
Encore deux on trois victoires anglaises com-
me celle de samedi et les Boers auront pris
Ladysmith à force de défaites.
An Natal
On a reçu à Londres une nouvelle dépêche
du général Buller.
Cette dépêche qui est dMée de Springfleld,
il janvier, est ainsi conçue :
J'ai occupé ce matin la rive Sad de la Tagela,
à Potgieter s Drift, et je me suis emparé dû bat.
La rivière monte.
L'ennemi est f; iHr«»§i| sawaron «
milles 1& sa v r r rv
- D'autre part, on télégraphie de Lourenço
Marq?iez la dépêche suivante qui est parvenut
le 6 des positions autour de Calenso :
» Le général boer Schoemànt a descendu h
crêtfc des mohtagnes situées autour de tïolefilt
pendant cinq jours.
* Les Anglais ont opéré un mouvement con-
tre les troupes de Schocman.
» Cette attaque des retranchements boers
s'est produite dans des conditions diffïoiler
pour les assaillants.
» Les fusils Mauser et les canons Maxim det
Boers ont décidé de la journée en faveur des
républicains fédérés tur toute la ligne.
» Les Anglais ont perdu, outre leurs tués e<
blessés, une centaine de prisonniers, dont
8 officiers.
» Les Boers ont eu 30 tués et blessés, m
En Allemagne
Le gouvernement désire ajourner l'interpel.
lation relative à la capture de paquebots alle-
mands parce que les négociations avec l'An-
gleterre sont encore pendantes.
Le cabinet de Londres a admis en principt
l'indemnité à l'égard des armateurs dont les
bâtiments ont été indûment capturés.
Il reste à régler la question d'éviter à l'ave-
nir de nouvelles captures et 'celle de la défi-
nition exacte de la contrebande de guere.
L'industrie de la taille des diamants à
Hanau, près Francfort, souffre beaucoup de la
guerre du Transvaal : trois importantes usi-
nes ont été obligées de suspendre leurs tra-
vaux.
Plusieurs journaux attribuent à des consi-
dérations d'ordre politique l'abstention de
l'empereur d'assister à la fête séculaire de
l'Ecole polytechnique où il devait prononcer
un discours en faveur de l'auumentation de
la flotte. On a jugé, disent-ils, le moment mai
choisi pour faire une démonstration contre
l'Angleterre.
La Gazette de l'Allemagne du Nord publie la
note suivante :
« On a annonce à plusieurs reprises dans
les journaux, que la maison Krupp, d'Essen,
était occupée à exécuter le plus promptemetot
possible une grande commande d'obus en
acier pour l'Angleterre, et l'on s'est demandé,
à cette occasion, si la livraison de matériel de
guerre provenant d'Allemagne à une des par-
ties belligérantes pouvait être considérée
comme compatible avec les devoirs créés pai
la stricte neutralité que l'empire allemand ob.
berve dans la guerre sud-africame.
« Nous apprenons que cette question esf
résolue dans te sens négatif dans ie3 sphères
compétentes, et. que la maison Krupp a él6 ,
priée, aussitôt après la publication des infor-
mations ci-dessus mentionnées, de ne pas
opérer les envois d'armes, de canons, de mu-
nitions ni d'autre matériel de guerre qu'elle
pouvait avoir l'intention de faire à une des
deux parties belligérantes.
LA MEDAILLE DE ZOLA
La médaille d'or ofierte à Emile Zola
par les Français qui lui savent gré de
son œuvre patriotique, lui a été remise
hier.
Aujourd'hui, treize janvier, on verra
dans les journaux le récit de cette glo.
rieuse cérémonie, à l'heure où, il y a
exactement deux ans. on lisait la Lettre
au Président de la République, où Emile
Zola énumérait les accusations qui pro-
voquaient le procès engagé bientôt après
devant la cour d'assises de la Seine.
C'est dans le local du Siècle que cet
émouvant anniversaire a été célébré.
Le rendez-vous avait été fixé à quatre
heures ; un peu avant, les membres du
comité entouraient leur président, notre
éminent confrère, M. Yves Guyot, et
leur secrétaire, le docteur Hervé, profes"
seur à l'école d'anthropologie, heureux
d'être délivré de la responsabilité — sup-
portée par lui pendant dix-huit mois
- de conserver la médaille d or massif
d'Emile Zola.
C'était maintenant notre ami Alezan*"
dre Charpentier, l'artiste si savant et si
bien inspiré, qui avait repris possession
de l'œuvre, fille de son talent, jugée di-
gne d'être offerte au plus célèbre des
éfenseurs de la justice.
Quelques entrées, celles de Georges
Picquart, de Labori, etc., etc., étaient
accueillies avec une sympathie particu-
lière. Enfin, Emile Zola pénétrait dans le
salon, entre une double haie de mains
tendues et acceptait le fauteuil qui lui
était oitert.
Bientôt, M. Yves Guyot - se levait, et
lisait un discours de fière. allure dont
tous les passages saillants étaient applau-
dis. Nous citerons ce passage qui ne con-
tient pas que de hautes pensées et d'élo-
quentes paroles, mais aussi des rensei-
gnements d'intérêt historique faits pour
séduire l'inforiaatear. -- :
u accora avec vous, nous avons, tarde a vous
remettre cette médaille. Nous voulions atten-
dre le triomphe complet de la vérité et de la
justice. Quand nous avions vu, malgré toutes
les embûches,malgré l'infâme loi de dessaisis-
sement, malgré-les ministres Dupuy et Lebret,
la Cour de cassation voter à l'unanimité, le 3
juin dernier, la reviston, nous - espérions que
ce moment serait proche. Nous ne pouvions
nous imaginer qu'un nouveau conseil de guerre
se rendrait solidaire des aberrations ou des
crimes commis par ceux de 1894 et de 1898.
Nous nous trompions.Mercier ayant diu Drey-
fus ou moi J'l, il y a eu cinq officiers qui
ont opté pour le criminel, continuant à dés-
honorer l'armée en ne figurant défendre
son honneur ! Mais qu'importe ? Nous n'a-
vons pas désespéré aux jours les plus
sombres Vous n'avez pas désespéré le
jour de votre condamnation par le jury de la
Seine, lamentable produit de lâcheté morale
et de cécité intellectuelle ; vous n'avez pas dé-
sespéré le jour où la Chambre des députés
votait, à l'unanimité, l'affichage du faux
Henry, serti, comme une pierre précieuse,
dans le discours de Cavaignac. Vous n'avez
pas désespéré quand, obligé de quitter la
France, vous restiez solitaire dans les brouil-
lards de l'Angleterre ; vous vous répétiez :
« La vérité est en marche et rien ne l'arrê-
tera ».
De la réponse d'Emile Zola, nous nous
ferions scrupule de supprimer un mot.
En voici la reproduction ; ;
Mon cher ami,
Combien je vous remercie d'associer 1
l'hommage qui m'est fait tous les bons com-
battants de la Vérité et de la Justice 1 Ma ré-
compense en ebt plus grande, car je sens
mieux la valeur de notra œuvre, lorsque je
vois de quelles mains vaillantes elle est sortie.
Je n'ai été, moi, à un moment tragique, dans
une crise affreuse de la conscience nationale,
qpe l'écrivain ayant /oi en la plume, sachant
PARIS & DÉPflRTEBIEBl 1S
Le Numéro, CINQ C:EN':rj:JYJ:ES -. -
T W YTYK QTVn f:
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IJIII AJAUIEJIIJJIJ
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i r; oTAJ Adresser lettres et mandats à f Administrateur
NOS LEADERS
1r 11
LES PASSIONS
Le discours prononcé par M. Descha-
nel, en reprenant possession du fauteuil
de la présidence, est très be,au'. Je le dis
nettement, parce quaje le pense ; ayant
l'habitude de toujours dire nettement ce
que je pense.
Je regrette profondément l'élection de
M. Deschanel — due à la honteuse coa-
lition de tous les ennemis de la Répu-
blique ; j'admire sincèrement le beau et
pur langage dont M. Desubanel sait re-
vêtir de hautes et nobles pensées.
Quel Français n'a tressailli en
l'entendant célébrer « le peuple qui se
passionne et se torture pour les choses
idéales? »
Cela est bien, certes; et le président
de la Chambre a fait son devoir, pieu-
sement, en défendant ainsi la France,
tant calomniée par tant de Français,
hélas !
Mais précisément parce que ce dis-
cours est remarquable, il ne saurait suf-
fire d'en louer la forfit; et l'inspira-
tion.
Nous lui devons — il en vaut la peine
- de chercher .à voir ce qu'il a au
fond.
***
Quel est, en réalité, le conseil que
M. Deschanel donne à ses collègues ?
Quel programme leur propose-t-il ?
« Voici justement qu'une trève va s'ou-
vrir ), leuu dit il. Et il leur demande :
« Pourquoi cette trêve ne durerait-elle
pas? »
Je cite :
« - A l'intérieur, n'avons-nous pas
assez de problèmes à résoudre dans
l'ordre financier, économique, scolaire,
administratif, militaire, dans a légis la-
tion civile et criminelle ? N'avons-nous
pas à continuer l'oeiivre sociale entre-
prise par les précédentes assemblées
pour faire cette république du travail,
cette cité nouvelle mieux ordonnée,plus
juste, plus heureuse, déjà vivante dans
nos conciences ?»
Examinons cela de près, s'il vous
plait.
De quelle trêve s'agit-il ? La trêve des
« exagérations », des « excès », soit ;
mais la trêve des passions, aussi ; le
mot y est, en toutes lettres :
« Comment de telles passions ne se
^réconcilieraient-elles pas, ne se réuni-
raient-elles pas ?. »
Mais voyez-vous les hommes, préci-
sément pour résoudre les problèmes,
« dans l'ordre financier, économique,
scolaire, administratif, militaire » met-
tant de côté leurs passions, y renonçant,
les oubliant?
Que resterait-il donc alors d'eux, en
tux-mêmes ?
Ne seraient-ils pas, dépouillés de leurs
passions, des ombres vaines et sans
force?
Et la conception qui suppose une telle
abdication, un pareil renoncement n'est-
elle pas elle-même, sans force et
vaine?
***
Je crains bien qu'il n'y ait là que des
mots, et rien dedans ; une apparence,
voilà tout; séduisante d'aspect, mais
insaisissable.
Quoi! on nous glorifie et juste-
ment — d'avoir ces passions désinté-
ressées, ardentes, qui nous ont jetés,
sans souci de nos intérêts propres, dans
les plus effroyables batailles; et l'on
semble nous demander, pour les ba-
tailles prochaines, de rejeter loin de
nous ces passions qui sont notre force,
qui sont notre orgueil et notre hon-
neur!
Comment le pourrions-nous faire ? Et
d'ailleurs, serait-il honorable et digne
de nous de vouloir le faire ?
Est-ce que les questions énumérées
par M Deschanel dans la phrase que
j'ai citée plus haut ne sont pas celles
qui, le plus et le plus légitimement, cer-
tes, excitent, avivent nos passions ?
***
Dans l'ordre financier ; il s'agit de
savoir si l'aggravation sans cesse cons-
tatée des charges qui pèsent sur le con-
tribuable ne provient pas de la superpo-
sition du budget républicain au budget
monarchique et clérical ; et s'il n'y a
pas lieu de soulager la France d'un
poids insupportable, en supprimant tou-
tes les dépenses de caractère monar-
chique et clérical., en -faisant ainsi ces-
ser cette superposition que de trop
longs tâtonnements, de trop timides mé-
nagements ont laissé se perpétuer.
Dans l'ordre administratif ; il s'agit
de savoir si le remède aux abus, à la
pléthore administrative, à la multipli-
cation de formalités oppressives, doit
être cherché ailleurs que dans la dé-
centralisation, ayant pour conséquence
naturelle l'autonomie communale et dé-
partementale et l'accroissement con-
tinu de la liberté, de la responsabilité
individuelles.
Dans l'ordre scolaire ; il s'agit de
savoir si l'heure n'est pas venue d'a-
chever, en ce qui concerne les écoles
de filles, trop oubliées, l'œuvre de la
laïcisation, et de prendre des mesures
contre l'envahissement des produits de
renseignement confessionneL.
Dans l'ordre militaire ; il s'agit de.
trancher cette question : ou bien l'armée
constituant de plus en plus, dans la so-
ciété, un corps à part, une caste sépa-
rée, n'ayant que ses traditions et ses
usages pour règles et constituant de la
sorte une menace, un danger perma-
nents pour la liberté ; ou bien, l'armée
rentrée dans le droit commun, soumise
aux lois qui nous régissent tous, res-
pectueuse du pouvoir supérieur que la
volonté de la nation a établi.
Ne voyez-vous pas que toutes ces
questions sent champs de bataille, où
pendant longtemps déjà on s'est entre -
déchiré, où l'on devra s'entre-déchirer
longtemps encore sans doute, avant le
triomphe définitif du droit et de la
liberté ?
Ncnlendez-vous pas, autour de ce
programme, rugir ces passions que vous
voudriez, en proie à une illusion géné-
reuse, certes, mais folle, arracher de
nos âmes?
.*.
Oui, il est beau, il est doux, le rêve
d'une réconciliation de tous les Fran-
çais sous les plis du drapeau de la
France, mais ce n'est qu'un rêve ; et, si
par lui, par ses caresses, nous pouvons
nous laisser bercer quelques instants, la
réalité nous ressaisit aussitôt.
Nous ne sommes pas des impitoya-
bles, assurément ; nos cœurs ne con-
naissent point la haine ; la fierté du de-
voir accompli, de la victoire remportée,
nous fait perdre jusqu'au souvenir des
amertumes subies; nous n'avons pas de
rancune et volontiers nous laisserons
s'effacer de nos mémoires le nom des
hommes qui nous ont si âprement, par-
fois si déloyalement combattu.
Mais c'était pour les idées que les
passions flambaient, orageusement, en
nous, c'est pour les idées, qu'elles con-
tinuent à nous jeter en avant, au
combat.
Non! non! elles ne ee tairont pas,
elles ne s'éteindront pas, ces saintes
passions qui font de vous des hommes ;
et ne nous parlez pas d'apaisement si le
renoncement à notre cher idéal devait
être le. prix de cet apaisement.
***
Ce que je veux dire, c est ceci : que,
en dépit des formes oratoires les plus
heureuses et les plus captieuses, la
question politique prime toutes les au-
tres, car elle n'est absente d'aucune
autre et on la retrouve dans toutes,
au début et à la fin ; et qu'il peut pa-
raître insensé de demander une trêve
des passions pour la solution de pro-
blèmes dans l'étude desquels ne sau-
raient se mettre d'accord ceux qui veu-
lent la patrie Jibre et ceux qui la veu-
lent asservir. 0
Dans l'ordre financier, scolaire, admi-
nistratif. militaire, il n'y a nul terrain
d'entente possible entre ceux qui son-
gent à supprimer les libertés républi-
caines et ceux dont le ferme dessein,
au contraire, est d'entourer ces libertès
de garanties indestructibles.
La lutte qui se poursuit, c'est la lutte
pour la vie, pour la vie de îa Républi-
que, pour la vie de la France.
Nos passions sont nos armes : armes
pures et scintillantes sous les rayons du
soleil.
Qui donc penserait sérieusement à
nous proposer de désarmer ?
LUCIEN VICTOR-MEUNIER.
-
Nous publierons demain un article
de M. Liueien Vîctor-Mcnoicr
LE TORCHON BRULE
M. Cavaignac et M. Quesnay de Beau-
repaire. — A propos des élections
de la Sarthe.
Plusieurs journaux ont annoncé la candi-
dature de M. Quesnay de Beaurepaire aux
élections sénatoriales du département de la
Sarlhe. On disait même que l'ancien procu-
reur général, passé au nationalisme, devait
se présenter sur la même liste que M. Gode-
froi Cavaignac,
Cette nouvelle est inexacte. C'est M. Ques-
nay dé'Beaurepaire lui-même qui Ta annoncé
à un de nos confrères du soir, non sans une
certaine amertume.
Mais laissons la parole à M. Quesnay de
Beaurepaire; leniorceau vaut la peine d'être
reproduit, car il montre la naïveté incommen-
surable de l'ancien magistrat.
« — Je n'ai nullement posé ma candidature
dans la Sarthe ; la vérité est que, dans ce dé-
partement, on m'avait offer de divers côtés,
et sans distinction de partis la candidature.
J'avais demandé à réfléchir, désirant, avant de
donner mon acceptation, examiner ta situa-
tion. Mais, dès le premier moment, j'avais sti-
pulé expressément que, si je me présentais, je
tecais à ce qu'à côté d'un homme politique de
la région et de moi figurât, sur la liste, un of-
ficier général. - - -- -
« Le succès, pour moi, ne faisait pas de
doute. Mais, presque aussitôt, un député du
département, un des chefs de la Ligue de la
Patrie française — M. Cavaignac, pour l'appe-
ler par son nom — se livra à une évolution
imprévue. Il se rangea du côté des sénateurs
sortants, dont un prit parti contre nous dans
l'Affaire ; tous trois, d'ailleurs, ont été les au-
tears ou les complices des illégalités et des
proscriptions de la Haute-Cour.
» Devant ce changement de front, qui fai-
sait d'e mon meilleur auxiliaire on adversaire
déclaré, je n'ai pas voulu engager une lutte
où se mêlaient tant d'intrigues, et j'ai refusé
définitivement la candidature.
» J'ai l'intention de faire connaître au pu-
blic, un de ces jours, dans un intérêt patrio-
tique, ces sourdes menées, qui sont de nature
à tant affaiblir l'opposition. Nous marchions
au succès en nous plaçant tous trois, M. Ca-
vaignac, un général et moi, sur le terrain de
la défense sociale ; le département de la Sar-
the aurait certainement élu des libéraux na-
tionalistea ^a'il reste au* mains des Jacobins,
on le devra à cet homme qui se dit nationa-
liste et se recommande de la Ligue de la Pairie
française. »
fout de même ça ne manque pas d'imprévu
Cavaignac accusé de trahison par Quesnay
de Deaurepaire,
: ♦ ————————————.
LA RUSSIE ET LES INDES
Un correspondant de Calcutta affirme que le
gouvernement anglo-indien a reçu des nou-
velles très alarmantes en ce qui concerne
l'action de la Russie.
Les Russes renforcent leurs postes sur la
frontière personne, où ils élèvent aussi des
fortins.
Dans l'entourage du vice-roi des Indes on
rappelle à ce propos que c'était précisément
pendant la guerre des Anglais au Soudan en
1887 que la Russie, profitant de l'occasion,
s'était emparée de Mervo.
LES ON-DIT
CM El NOUS
,.," La commission des eaux de Paris
qui vient d'assurer l'alimentation de la
ville en eaux de source ou en eaux filtrées
pendant l'Exposition, quel que soit alors
le chiffre de la population, a décidé de
poursuivre l'étude des améliorations de ce
service.
On sait que les travaux d'adduction du
Loing et du Lunain donneront à partir du
mois de mai un supplément de 50.000 mè-
tres cubes d'eau pure par jour. La com-
mission a décidé d'acquérir pour la ville
de Paris un groupe de nouvelles sources
pouvant fournir plus de 100.000 mètres
cubes par vingt-quatre heures.
On s'est mis aux études et aux travaux
préparatoires. Dans quelques mois, on en-
treprendra les travaux d'adduction.
- Le comité général des Associations
de la Presse française a tenu hier, son as-
semblée générale sous la présidence de
M Alfred Mézières, vice-président.
Les rapports de MM. Victor Heurtault,
trésorier, et Lucien Yictor-Meunier, se-
crétaire général, ont été adoptés à l'unani-
mité.
Les membres sortants du bureau : MM.
Lucien Victor-Meunier, secrétaire géné-
ral ; Victor Heurtault, trésorier ; de Na-
lèche, Ferdinand Réal, Edmond Robert et
Abel Tardiveau, secrétaires, ont été réélus
pariicclamations.
.- Le bulletin de santé rédigé, hier
matin, par les médecins qui soignent le
sénateur Chiris, est ainsi conçu :
Situation toujours très grave.
La faiblesse augmente.
Dans la soirée, l'état du malade était
stationnaire.
-- Une nouvelle doctoresse :
Mlle Françoise-Ursule Entz vient d'être
reçue au doctorat en médecine avec la
mention « bien ».
La nouvelle doctoresse nous ai rive d'Al-
gérie, étant née à Batna en 1872. Elle
avait choisi pour sujet de thèse : les Nour-
rissons et Va lia item eut. Le jury était com-
posé des docteurs Budin, Dieulafoy, Mar-
fan et Tessier.
- Le commandant Léon Berger, pré-
sident de la Dette publique ottomane, a
été reçu par le Président de la Républi-
que, à cinq heures de l'après-midi.
--- On annonce la mort :
De M. Léon Talou, sénateur républicain
du Lot.
M. Talou, ancien avoué, conseiller gé-
néral de Saint-Géry, avait été élu député
de Cahors en 1889 et en 1893, puis élu sé-
nateur en 1897 ; il était président d'hon-
neur de la section du Lot-et-Garonne de
la ligue des droits de l'homme. L'inhuma-
ticm aura lieu à Cahors.
Du général en retraite Massonaud, âgé
de 71 ans ; il avait fait presque toute sa
carrière en Algérie.
De M. Marignier, conseiller général ré-
publicain du Puy-de-Dôme, maire de
Joze.
A Bourges, de M. de Raismes, ancien
sénateur du Finistère, qui vient de décéder
chez son gendre, M. Compaing de la
Tour-Girard, capitaine d'artillerie à la
fonderie de Bourges, avec lequel il était
venu passer les fêtes du jour de'l'an.
Il était âgé de 71 ans. ,
A Vienne (Autriche), du. conseiller de
cour d'appel François de Gerneth, - appré-
cié en Autriche comme musicien, littéra-
teur et poète. Il est l'auteur des paroles du
beau Danube bleu ; on lui doit de nom-
breux lieder et chœurs.
-- La place de l'Opéra et l'Opéra lui
même seront désormais éclairés tous les
soirs, de la même façon, qu'il y ait, ou
non, représentation.
Telle est la réforme que vient de décider
la direction des beaux-arts, d'accord avec
l'administration municipale.
L'approche de l'exposition nous vaut ce
progrès.
A rETRANGER
- Le Secolo de Milan dit tenir de
bonne source qu'à l'occasion de l'ouver-
ture de l'Exposition Universelle de Paris,
le prince de Naples remettra à M. Loubet
les insignes du Collier de l'Annonciade de
la part du roi Humbert.
.;,. Les forçats indigènes qui, on s'en
souvient, se sont évadés en masse de l'île
de Nocra, près de Massaouah, ont formé
une bande armée qui compte environ 50
fusils. Ces gens, commandés par un chef
indigène, se préparent à faire des incur-
sions sur le territoire italien.
- L'inffuenza aurait fait hier son ap-
parition à Osborne, dans le palais où ré-
side la reine en ce moment ; plusieurs
fonctionnaires ainsi qu'une dame de com-
pagnie en seraient atteints.
L'épidémie fait de grands ravages à Lon-
dres, où elle a causé 316 décès la semaine
dernière. Encore faut-il ajouter i,aai dé-
cès dus à lia broncho-pneumonie, qui n'est
qu'une forme modifiée de l'innnenza. Ces
chiffres sont les plus élevés qu'on ait ja-
mais constatés à Londres.
La mortalité générale a augmenté la se..
maine passée à Londres, BirmiDgba
Manchester de 60 0/0.
* Le Passant.
CONTRE LES MALADIES CONTAGIEUSES
M. Audiffred et un très grand nombre de
députés demanderont à la Chambre l'inscrip-
tion au budget de l'instruction publique d'un
chapitre nouveau ainsi conçu : « Recherches
scientifiques relatives à la découverte de nou-
velles méthodes de traitement des maladies
infectieuses et contagieuses : 125*000 fr. »
QUESTION DE MŒURS
Nous nous en voudrions de ne pas sou-
mettre au lecteur la lettre que voici :
Monsieur, je suis concierge. C'est un métier
qui est généralement peu apprécié. Mais enfin
c'est un métier comme un autre, et quand on
l'exerce honnêtement, on n'a pas à en rougir.
Or, monsieur, on peut prendre des renseigne-
ments pur moi, on n'en recueillera pas un qui
ne me soit favorabie. Et pourtant, voici plu-
sieurs mois que j'ai été renvoyé d'une place
que j'occupais depuis cinq ans, sans que per-
sonne eut eu un reproche à me faire.
Pourquoi ai-je donc été renvoyé ? Oh ! pour
une raison bien simple. J'ai eu le malheur
d'ètr(père pour la quatrième fois, et ne pou-
vant grever mon maIgre budget de nouveaux
frais de nourrice, comme je l'avais fait pour
mes trois premiers nés, j'ai eu la mauvaise
idée de laisser mon bébé aux soins de sa
mère, dans la loge !.
Vous devinez la suite. Le bébé criait. Les
locataires se sont plaints. Le'propriétaire m'a
prié d'aller chercher une place ailleurs.
C'est ce que j'ai fait. Mais, bien entendu, la
leçon a porté ses fruits. Je me suis séparé de
mon quatrième enfant, comme je m'étais déjà
séparé des trois premiers. Et me voici main
tenant avec des frais chaque jour plus lourds
sans espoir de pouvoir jamais les alléger ni de
connaître ce qu'on appelle « les joies de la
famille - M. - -
je n enienas pas grana enose aux graves
questions qu'on agite dans les journaux.
Mais j'ai lu quelque part que la France se dé-
peuplait, et l'idée m'es venue tout de suite
que mon cas pouvait bien, en effet, chez de
plus prévoyants, justifier une sage et pru-
dente restriction.
Voilà pourquoi je vous soumets ces ré-
flexions. Il se peut que je m'abuse sur l'inté-
rêt qu'elles présentent. Mais que voulez-
vous ? Il me semble que l'exemple est, à tout
prendre, assez saisissant pour mériter d'être
signalé.
"Veuillez agréer, etc. - J. B., concierge
à Paris. ,"
Notre correspondant a raison. L'exem-
ple est assez saisissant pour mériter d'être
signalé. Il le présente même d'une façon
très intéressante.
Mais hélas ! ce sont là des excès contre
lesquels on ne peut rien. Il faudrait, pour
les empêcher, que nos mœurs se modi-
fiassent bien profondément.
Ce n'en est pas moins un beau trait
d' « égoïsme bourgeois » — car c'est bien
ici que le mot peut s'appliquer — et l'on
ne doit jamais manquer l'occasion dé dé-
noncer ces traits-là.
UNE EXÉCUTION EN TUNISIE
Mohamed El Mecheri Ben Adjeb a été exé-
cuté hier matin à Tunis.
Depuis les établissements des tribunaux
français, aucune exécution n'avait eu lieu en
Tunisie, sauf celle de trois indigènes tunisiens
condamnés en 1889 pour assassinat de Ka-
byles, leurs créanciers, qu'ils avaient brûlés.
Depuis l'arrivée des bois de justice, la nou-
velle avait transpiré mais, contrairement à
certaines assertions, elle n'd pas provoqué
d'émotion dans les milieux arabes. A peine
quelques-uns, qui restèrent silencieux, étaient-
ils massès sur les marches de la mosquée si-
tuée près de la prison de la rue de l'Eglise, où
El Mecheri était enfermé.
Lorsqu'à six heures, M. Vial, procureur de
la IHpublique, lui a annonce qu'il allait être
exécuté, El Mecheri, quoique très pâle et
ayant la figure bouleversée, est resté calme et
a montré un grand courage. Il a dit simple-
ment : « Dieu a décidé, je me résigne M, et il
a commencé ses prières.
Pendant la toilette, il a prononcé quelques
phrases parmi lesquelles : « Le sultan des
Français n'a pas voulu me gracier. Que Dieu
favorise le gouvernement fiançais. »
Ensuite, il demanda à plusieurs reprises
aux personnes présentes de lui pardonner.
A six heures un quart, le cortège quittait la
prison. El Mecheri était avec le --bourreau
dans un landau qu'escortaient des - gen-
darmes. •
Sur le parcours, aucun curieux on rencon-
tra ssulement des gens allant au travail.
L'exécution eut lieu place Bab-Saadoun, à
l'entrée de Tunis, à six heures et demie.
M. Léa], directeur de la Sûreté, dirigeait le
service d'ordre fait par les gendarmes, là po-
iice et une compagnie de zouaves. Les cu-
rieux, très peu nombreux, étaient massés assez
loin.
La voiture où était le condamné fut amenée à
quelques mètres de la guillotine. -
El Mecheri fut descendu et quelques secon-
des après le couperet tombait.
Le corps a ensuite été transporté au cime-
tière voisin.
Aucun incident ne s'est produit. ,
-
LES ORPHELINS EN ALSACE-LORRAINE
Le nouveau Code civil allemand vient d'être
mis eu vigueur en Alsace-Lorraine. Depuis le
1er janvier, le Code Napoléon est aboli. Le
nouveau Code apporte un changement radical
dans la situation des orphelins des pays an-
nexés ; il abolit les conseils de famille et crée
des conseillers communaux d'orphelins.
Les conseils de familles sont remplacés, dit
la Revue Municipale qui traite la question dans
un grand article, par le tribunal de tutelle eu
tribunal cantonal qui est investi de la haute
surveillance de ceux qui représentent le mi-
neur et gérent ses biens. Toutes les tutelles
qui ne répondent pas aux dispositions du nou-
veau Code sont abolies. Les subrogés-tuteurs
notamment, disparaîtront, à moins qu'il n'y ait
un patrimoine important à administrer pour le
compte du mineur.
Les tuteurs eux-mêmes ne sont conservés
que sous certaines restrictions ; ainsi, à la
mort du père, toute la puissance paternelle,
passe à la mère, sans tuteur, ni subrogé-tu-
teur, ai conseil de famille, sauf dans le cas où
le père a formellement prescrit dans ses der-
nières volontés qu'il en soit autrement.
A la mort du dernier des époux, les orphe-
lins reçoivent un tuteur légal. Si le mourant
n'a rien décidé de formel à ce sujet, le Tri-
bunal de tutelle nommera un tuteur qui sera
Jiir}Jtdqrnel ou maternel. A leur
"ttCfacUyk -P»ttnregf peut confier la tutelle à
une autre personne, après avoir entendu le
conseiller communal des orphelins. Le tuteur
sera choisi, de préférence parmi la parenté
du mineur.
Tout sujet Alsacien-Lorrain a l'obligation
d'accepter la charge du tuteur, à moins qu'il
ne puisse présenter des raisons légitimes de
dispense. En cas de refus non motivé, le Tri-
bunal de tutelle peut lui infliger, par trois,
fois une amende de 300 marks pour chaque
cas.
UNE BOMBE AU MANS
Hier matin, à sept heures, M. Beaufiis, en-
trepreneur de serrurerie au Mans, a trouvé
sous le porche de sa maison une boîte à cacao
à laquelle adhérait une mèche enflammée,
ayant encore un centimètre de longueur. Il la
jeta dans un seau rempli d'eau.
Un ancien chef artificier, employé dans la
maison, ouvrit la boite et trouva 200 grammes
de poudre et 156 cartouches de sept millimè-
tros de carabine Flobert.
Si l'explosion avait eu lieu, elle aurait causé
de grands malheurs.
La police prévenue fait une enquête.
LA GUERRE DU TRANSVAAI
- En Angleterre
Nous sommes aujourd'hui fixés sur les se-
crètes raisons qu'avait M. Chamberlain pour
pousser son pays dans la désastreuse guerre
de l'Afrique du Sud.
Voici, en effet, les suggestifs documents que
publie r Indépendance belqe sur les différentes
entreprises auxquelles sont intéressés M.
Chamberlain ou ses parents :
KINOCll'S AMMUNÏTJON COMPANY
(Société des munitions de guerre Kynoch)
Arthur Chamberlain : président
J.-S1. Nettlefold : directeur
Actions
Arthur CbamherJairi ;. 3.12G
Ilelen Chamberlain 320
Katherine Chamberlain 310
J -S. Nettlefold 1.615
Bertha Chamberlain. 310
Margaret Ncmefoid. 200
NeviJe Cliamberlain 25
Total, valeur actuelle :
Environ-liv.st. 120.000
M. Arthur Chamberlain est le frère du chef
du Colonial Office.
Autre prospectus :
BIRMINGHAM SMALL ÀRMS COMPANY LTO
(Société pour la fabrication d'armes de petit
calibre)
Herbert Chamberlain : président
Actions
Arthur Chamberlain et « un autre ».••«• 260
Arthur Chamberlain (seul) 10
Herbert Chamberlain. 750
Waiter Chamberlain. 10
Total, valeur actuelle :
Environ liv. - 16.000
Voici enfin uue troisième affaire où le mi-
nistre, M. J. Chamberlain, figure en per-
sonne :
BANK 0F AFRICA
FOR PAYEMENTS AND CREDITS IN AFRICA
(Banque d'Afrique, pour payement)
et crédits en Afrique)
Austen Chamberlain : un des directeurs
Actions
Rigbt Hon, Joseph Chamb~r!ain. 2.000
Austen Chamberlain lmembre du Parle-
ment, lord de l'Amirauté 1.400
Arthur Neville Chamberlain. 600
4.000
Cette fois, dit l'Indépendance belge, il n'y a
pas de dissimulation : M. Joseph Chamber-
lain, ministre des colonies, figure en nom
comme le plus fort actionnaire de;la banque.
Au bas du même prospectus, on lit cette
note : « Voir aussi : British south africa com-
panies and Niger Company. »
C'est la Compagnie dont M. Chamberlain a
fait récemmant racheter le privilège par Je
gouvernement moyennant une indemnité ré-
munératrice pour les actionnaires.
Personne n'ignore que les Anglais sont avant
tout et surtout des commerçants,^businessmen.
Mais M. Chamberlain, ministre de la Reine,
semble pousser vraiment aux limites extrê-
mes la manie du business. Un journal anglais,
Truth (Vérité), nous apporte à ce sujet une
révélation vraiment piquante. Nous lisons
dans son numéro du 21 décembre 1899, page
1541, la petite note que voici :
u En ce qui concerne les munitions, je crois
que le Transvaal est en mesure de poursuivre
la guerre pendant longtemps. Les Boers ne
paraissent pas aussi sots qu'on a voulu le dire,
puisqu'ils semblent pasés maîtres dans tout
ce qui a trait aux choses de la guerre. 11 n'est
donc pas invraisemblable, qu'avant de com-
mencer la guerre, ils aient évalué la quantité
de munitions qu'il leur faudrait ; tout au
moins ne pouvait-on pas les empêcher d'ache-
ter ce qu'ils croyaient devoir leur être néces-
saire. MM. Kynoch paraissent leur avoir fourni
les cartouoBes, et ainsi on reufrdire que frère
Arthur se bat contre frère Joseph. Les affaires
sont les affaires! »
N'est-ce pas admirable ? Après c.elle-là,
n'est-ce pas ? on peut tirer l'échelle.
Les renforts
Tous les canons de marine à tir rapide des
dépôts du Royaume-Uni qui peuvent être em-
ployés par les troupes en campagne vont être
envoyés dans l'Afrique du Sud.
L'Umbria, nn grand Cunard, et le Nil vien-
nent de quitter Southampton, transportant
3,000 hommes de milices pour le sud de l'A-
frique.
Le Clan-Ronald, qui est passé à Ténériffe le
7 décembre avec des munitions, a totalement
disparu depuis cette date.
Les pertes des Anglais A Ladysmith
Le War Office publie le chiffre des pertes
anglaises à Ladysmith, le 6 janvier ; elles se
décomposent ainsi :
Officiers : 14- tués, 27 blessés ; soldats 135
tués, 244 blessés, ce qui forme un total' géné.
ral de 420.
Parmi les officiers blessés se trouve le lieu-
tenant lord Ava, fils du marquis de Duffe-
rio. - - - - -
Quel que soit le chiffre des pertes boers, ce-
lui des pertes anglaises, qui s'élève au sep-
tième de l'effectif total du général White, est
vraiment effrayant.
Encore deux on trois victoires anglaises com-
me celle de samedi et les Boers auront pris
Ladysmith à force de défaites.
An Natal
On a reçu à Londres une nouvelle dépêche
du général Buller.
Cette dépêche qui est dMée de Springfleld,
il janvier, est ainsi conçue :
J'ai occupé ce matin la rive Sad de la Tagela,
à Potgieter s Drift, et je me suis emparé dû bat.
La rivière monte.
L'ennemi est f; iHr«»§i| sawaron «
milles 1& sa v r r rv
- D'autre part, on télégraphie de Lourenço
Marq?iez la dépêche suivante qui est parvenut
le 6 des positions autour de Calenso :
» Le général boer Schoemànt a descendu h
crêtfc des mohtagnes situées autour de tïolefilt
pendant cinq jours.
* Les Anglais ont opéré un mouvement con-
tre les troupes de Schocman.
» Cette attaque des retranchements boers
s'est produite dans des conditions diffïoiler
pour les assaillants.
» Les fusils Mauser et les canons Maxim det
Boers ont décidé de la journée en faveur des
républicains fédérés tur toute la ligne.
» Les Anglais ont perdu, outre leurs tués e<
blessés, une centaine de prisonniers, dont
8 officiers.
» Les Boers ont eu 30 tués et blessés, m
En Allemagne
Le gouvernement désire ajourner l'interpel.
lation relative à la capture de paquebots alle-
mands parce que les négociations avec l'An-
gleterre sont encore pendantes.
Le cabinet de Londres a admis en principt
l'indemnité à l'égard des armateurs dont les
bâtiments ont été indûment capturés.
Il reste à régler la question d'éviter à l'ave-
nir de nouvelles captures et 'celle de la défi-
nition exacte de la contrebande de guere.
L'industrie de la taille des diamants à
Hanau, près Francfort, souffre beaucoup de la
guerre du Transvaal : trois importantes usi-
nes ont été obligées de suspendre leurs tra-
vaux.
Plusieurs journaux attribuent à des consi-
dérations d'ordre politique l'abstention de
l'empereur d'assister à la fête séculaire de
l'Ecole polytechnique où il devait prononcer
un discours en faveur de l'auumentation de
la flotte. On a jugé, disent-ils, le moment mai
choisi pour faire une démonstration contre
l'Angleterre.
La Gazette de l'Allemagne du Nord publie la
note suivante :
« On a annonce à plusieurs reprises dans
les journaux, que la maison Krupp, d'Essen,
était occupée à exécuter le plus promptemetot
possible une grande commande d'obus en
acier pour l'Angleterre, et l'on s'est demandé,
à cette occasion, si la livraison de matériel de
guerre provenant d'Allemagne à une des par-
ties belligérantes pouvait être considérée
comme compatible avec les devoirs créés pai
la stricte neutralité que l'empire allemand ob.
berve dans la guerre sud-africame.
« Nous apprenons que cette question esf
résolue dans te sens négatif dans ie3 sphères
compétentes, et. que la maison Krupp a él6 ,
priée, aussitôt après la publication des infor-
mations ci-dessus mentionnées, de ne pas
opérer les envois d'armes, de canons, de mu-
nitions ni d'autre matériel de guerre qu'elle
pouvait avoir l'intention de faire à une des
deux parties belligérantes.
LA MEDAILLE DE ZOLA
La médaille d'or ofierte à Emile Zola
par les Français qui lui savent gré de
son œuvre patriotique, lui a été remise
hier.
Aujourd'hui, treize janvier, on verra
dans les journaux le récit de cette glo.
rieuse cérémonie, à l'heure où, il y a
exactement deux ans. on lisait la Lettre
au Président de la République, où Emile
Zola énumérait les accusations qui pro-
voquaient le procès engagé bientôt après
devant la cour d'assises de la Seine.
C'est dans le local du Siècle que cet
émouvant anniversaire a été célébré.
Le rendez-vous avait été fixé à quatre
heures ; un peu avant, les membres du
comité entouraient leur président, notre
éminent confrère, M. Yves Guyot, et
leur secrétaire, le docteur Hervé, profes"
seur à l'école d'anthropologie, heureux
d'être délivré de la responsabilité — sup-
portée par lui pendant dix-huit mois
- de conserver la médaille d or massif
d'Emile Zola.
C'était maintenant notre ami Alezan*"
dre Charpentier, l'artiste si savant et si
bien inspiré, qui avait repris possession
de l'œuvre, fille de son talent, jugée di-
gne d'être offerte au plus célèbre des
éfenseurs de la justice.
Quelques entrées, celles de Georges
Picquart, de Labori, etc., etc., étaient
accueillies avec une sympathie particu-
lière. Enfin, Emile Zola pénétrait dans le
salon, entre une double haie de mains
tendues et acceptait le fauteuil qui lui
était oitert.
Bientôt, M. Yves Guyot - se levait, et
lisait un discours de fière. allure dont
tous les passages saillants étaient applau-
dis. Nous citerons ce passage qui ne con-
tient pas que de hautes pensées et d'élo-
quentes paroles, mais aussi des rensei-
gnements d'intérêt historique faits pour
séduire l'inforiaatear. -- :
u accora avec vous, nous avons, tarde a vous
remettre cette médaille. Nous voulions atten-
dre le triomphe complet de la vérité et de la
justice. Quand nous avions vu, malgré toutes
les embûches,malgré l'infâme loi de dessaisis-
sement, malgré-les ministres Dupuy et Lebret,
la Cour de cassation voter à l'unanimité, le 3
juin dernier, la reviston, nous - espérions que
ce moment serait proche. Nous ne pouvions
nous imaginer qu'un nouveau conseil de guerre
se rendrait solidaire des aberrations ou des
crimes commis par ceux de 1894 et de 1898.
Nous nous trompions.Mercier ayant diu Drey-
fus ou moi J'l, il y a eu cinq officiers qui
ont opté pour le criminel, continuant à dés-
honorer l'armée en ne figurant défendre
son honneur ! Mais qu'importe ? Nous n'a-
vons pas désespéré aux jours les plus
sombres Vous n'avez pas désespéré le
jour de votre condamnation par le jury de la
Seine, lamentable produit de lâcheté morale
et de cécité intellectuelle ; vous n'avez pas dé-
sespéré le jour où la Chambre des députés
votait, à l'unanimité, l'affichage du faux
Henry, serti, comme une pierre précieuse,
dans le discours de Cavaignac. Vous n'avez
pas désespéré quand, obligé de quitter la
France, vous restiez solitaire dans les brouil-
lards de l'Angleterre ; vous vous répétiez :
« La vérité est en marche et rien ne l'arrê-
tera ».
De la réponse d'Emile Zola, nous nous
ferions scrupule de supprimer un mot.
En voici la reproduction ; ;
Mon cher ami,
Combien je vous remercie d'associer 1
l'hommage qui m'est fait tous les bons com-
battants de la Vérité et de la Justice 1 Ma ré-
compense en ebt plus grande, car je sens
mieux la valeur de notra œuvre, lorsque je
vois de quelles mains vaillantes elle est sortie.
Je n'ai été, moi, à un moment tragique, dans
une crise affreuse de la conscience nationale,
qpe l'écrivain ayant /oi en la plume, sachant
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