Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-02-10
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 10 février 1897 10 février 1897
Description : 1897/02/10 (N9833). 1897/02/10 (N9833).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 20/06/2013
BîNO CSNTIMÊS Xe Numô-fo;
PARTS - ET D ePA R TE idE NT S
I-àe Numéro; CIS Q CENT IMÈ[8^
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOUENAli
131, rue Montmartre, 131
£ tchez MM. LAGRANGE, CERF à Gl*
* 6, place de la Bourse, 6.
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Paris -: .¡-. mu M, 6 f. a* «*, n f. fi ii/affc
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RÉDACTION: 131, rue Montmartre,.131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
Wo 8833. — Mercredi 10 Février 1897
21 PLUVIOSE AN lOB
ADMINISTRATION : 131» rue Montmartre, t81
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NOS LEADERS
VÉRITE EN DEÇA
C'est bien le cas de répéter le mot
fameux de Pascal : Vérité en deçà des
Pyrénées, erreur au delà.
Voici un jugement qui montre que
le même fait, réputé coupable au nord
de la France peut parfaitement être
déclaré innocent dans le Midi; et
quand je dis le même fait, c'est le
même fait, accompagné des mêmes
circonstances, se produisant de la
même façon.
#*#
Ce jugement a été rendu par le tri-
bunal de Rocroi.
Dans une école de ce département,
un élève avait porté à l'un de ses ca-
marades un coup de porte-plume qui
l'atteignit à l'œil gauche, d'une façon
si malheureuse que cette blessure en-
traîna une cataracte traumatique, qui
supprime la fonction visuelle de cet
organe. Un procès s'ensuivit; le père
de l'enfant blessé intenta une action
contre l'instituteur, qui était, selon
lui, civilement responsable.
L'instituteur se trouvait être un con-
gréganiste. Car c'est dans une école
libre que l'accident avait eu lieu.
Il fut constaté aux débats que le
frère directeur de l'école était absent
ail moment où fut porté le coup de
plume; que le frère adjoint, à ce
moment-là, surveillait du seuil de la
porte de communication les deux
classes, qui sont contiguës.
Le tribunal les a tous les deux ac-
quittés, et il est bon de relever les
considérants du jugement rendu :
« Attendu que la surveillance du
frère adjoint a été complète ;
» Attendu que le coup porté l'a été
si spontanément et avec une rapidité
telle que lors même que le frère, au
lieu d'être sur le seuil de la porte de
communication, aurait été dans la
chaire de sa classe, sa place réglemen-
taire, il n'aurait pu empêcher. »
Voilà qui est très bien jugé, sans
doute, dit M. Louis Champagne, dans
le Journal de l'enseignement primaire.
Mais que pensez-vous d'une loi qui
permet d'acquitter dans les Ardennes,
ilors que dans des cas identiques, elle
autorise une condamnation? Il n'y a
qu'à se rappeler les accidents de Ja
Souterraine, de Fontenay-sous-Bois,
du lycée Charlemagne, et tant d'autres
pour percevoir neltement l'inconsé-
quence.
#*#
M. Louis Champagne a raison de
rappeler ces histoires dont l'une, celle
du lycée Charlemagne est toute ré-
cente. Là aussi, il s'agissait d'un acci-
dent que nulle prévision humainen'au-
rait pu empêcher. Le proviseur n'en a
pas moins été condamné à (Ip forts
dommages intérêts. Qui les paiera? Ce
n'est pas lui, je suppose; car il n'est au
Iyoée que le représentant de l'Etat.
Il est vrai que cette considération ne
devait peser d'aucun poids dans la
balance de la justice.
Dans les deux autres affaires rappe-
lées par le rédacteur de l'enseignement
primaire, c'étaientdes instituteurs qui
avaient été mis en cause. Tous deux
furent également condamnés, et l'un
d'eux à la prison. Son désespoir fut tel
qu'il en devint fou. L'autre n'eut à su-
bir qu'une amende et la paya, bien
qu'il fût, au même titre que le provi-
seur de Charlemagne, fonctionnaire
et représentant de l'Etat.
De méchants esprits pourraient in-
férer de cette divergence d'opinions
chez les magistrats, dans des cas abso-
lument semblables, que dans les trois
premiers c'étaient des représentants
de l'enseignement laïque qui passaient
en jugement, tandis que dans le qua
trième, les juges se trouvaient avoir
affaire à des congréganistes, et vous
savez que notre magistrature a un
faible pour tout ce qui touche au
clergé. Entre en juponnés, comme di-
rait Rochefort, on se doit des égards ;
les loups ne se mangent pas entre eux.
Je ne pense pourtant pas que le tri-
bunal de Rocroi ait subordonné sa dé-
cision à ce motif. Non, je préfère m'en
tenir aux considérants de son juge-
ment, qui sont fondés en raison, et
qui doivent l'être en droit.
:)j.-;\t'.
Il est absurde de vouloir que dans
une école où un seul maître est chargé
de la surveillance de cinquante ou
soixante élèves en récréation, il puisse
prévenir tout accident.
Les accidents, mais il y en a même
quand c'est une mère qui garde deux
ou trois bébés jouant ensemble dans
une chambre ou dans un jardin. Est-
ce que vous ne lisez pas tous les, jours
dans les faits-divers l'histoire d'un
enfant qui a grimpé sur une fenêtre,
s'est penché en dehors et, la tête l'em-
portant, a été précipité du troisième
étage ; ou qui a chipé une allumette,
ta frottée tandis qu'on ne le regar-
dait pas, a enflammé son vêtement et
s'est sauvé en feu et eriant. Qui vou-
lez-vous accuser ? Il n'y a de coupable
que cette cruelle déesse, devant la-
quelle tremblaient les Grecs : la Fa-
talité. ------
Je me souviendrai toujours d'avoir
discuté avec une dame cette question
de la responsabilité d'un instituteur,
au moment où l'aventure du lycée
Charlemagne l'avait mise à la mode.
Elle soutenait — et avec quelque vi-
vacité ! — que c'était aux maîtres à
veiller plus strictement sur les élèves
qui leur étaient confiés, qu'on avait
raison de leur demander compte d'un
carreau à travers lequel un enfant, en
se bousculant avee des camarades,
avait passé son bras et s'était cruelle-
ment blessé. Rien n'était plus simple
que de prévoir qu'un carreau pouvait
se casser : que ne l'avait-on protégé
d'un grillage?
Cette dame était notre voisine à
Nan terre. Elle avait un jardin où son
enfant jouait sous ses yeux. Elle ado-
rait cet enfant et le couvait du regard.
Il suffit d'un moment d'inattention ; la
petite fille tomba dans un bassin où il
n'y avait pourtant que quelques cen-
timètres d'eau. Mais, soit frayeur, soit
que la vase lui eût fermé la bouche,
elle ne cria point. Au bout de quelques
instants, la mère, inquiète de ne pas
entendre l'enfant jouer, l'appela, la
chercha et finit par la découvrir dans
le bassin où elle gisait étouffée.
Vous pensez bien que je n'ai pas
triomphé de cet accident, que je n'ai
pas dit à cette pauvre mère : — Eh
bien! vous voyez que, malgré une
surveillance incessante, un accident
est toujours possible avec des enfants!
.#
Nous n'avons tous, nous qui som-
mes pères de famille, qu'à nous rap-
peler combien de fois nous avons
craint pour la vie de nos bébés : et
Dieu sait pourtant si nous veillons sur
eux. Je me rappelle qu'un jour, à la
campagne, me promenant dans le jar-
din, j'entendis un bruit de tuiles cas-
sées sur le toit. Je levai la tête : c'était
mon gamin qui, avec un de ses cama-
rades, avait monté par une lucarne
sur le toit, en pente, et se laissait
rouler sur les tuiles jusqu'au tuyau de'
la cheminée qui l'arrêtait. Il y avait
cent à parier contre un qu'il se casse-
rait le cou.
A qui aurais-je pu m'en prendre si
pareil malheur était arrivé? On ne
peut pourtant pas être toujours der-
rière un bébé pour régler tous ses
mouvements. Et nous, songez que
nous n'en avons qu'un à garder, deux
au plus. Un instituteur en a soixante.
Comment voulez-vous qu'il fasse?
Qu'arrive-t-il ?
C'est qu'il proscrit tous les jeux qui
développent la force et l'adresse ; car
il n'y en a point qui ne soient dange-
reux, qui ne puissent occasionner des
accidents.
— Eh ! quoi ! disais-je à un provi-
seur, dont j'avais été le camarade à
l'Ecole normale, mon fils me dit que
tu viens de défendre le jeu de saute-
mouton, qui a été un des plaisirs de
notre enfance.
— Que veux-tu? me dit-il. Il suffit
qu'un de mes jeunes garçons, en plon-
geant de ses deux bras sur le dos
courbé de son camarade, manque son
coup, pour qu'il tombe à terre, les
mains en avant, et se brise un poignet.
Moi, je suis responsable. Il faut que j'y
prenne garde!
— Mais, avec ce système, on ne
jouerait à rien ; car il n'y a pas de jeu
qui n'ait son danger. Une balle mn ln-
droitement lancée frappe un enfant
au visage et lui crève un œil; deux
garçons aux barres, courant de toutes
leurs forces, se rencontrent et s'éta-
lent par terre; l'Un des deux se dé-
boîte le pied. La liste des accidents est
innombrable.
— Mais aussi, me dit-il, l'idéal pour
nous serait qu'on ne jouât point. Quand
les élèves se promènent dans la cour,
en péripatéticiens qui philosophent,
nous n'avons rien à craindre. Aussitôt
qu'ils courent, qu'ils sautent, qu'ils se
battent, un accident est possible; c'est
à nous qu'on l'impute, s'il se produit,
et nous tombons sous le coup de l'ar-
ticle 1384. Merci bien.
#*#
Il n'y a rien de tel à craindre en An-
gleterre. Là, quand un enfant vient à
sa mère une bosse au front, le nez en
compote ou le bras en écharpe, jamais
la mère ne souffle mot. Tant pis pour
l'enfant qui n'a pas su se préserver ni
se défendre. On ne s'avise pas de de-
mander des comptes au maître; on
aurait contre soi l'opinion publique
révoltée. C'est à chacun à se garer
comme il peut.
Plût à Dieu que nous eussions les
mêmes idées et la même fermeté d'âme.
Mais nos mères françaises, qui ontélevé
leurs fils dans du coton, ont une peur
horrible de les voir revenir de l'école
ou du collège détériorés; et quand la
chose arrive, elles poussent des cris
fcde pintades effarouchées, et elles ac-
cusent le maître, comme si c'était sa
faute.
Et ce qu'il y a de pis, c'est que les
juges, quand ils ne sont pas du dépar-
tement des Ardennes, leur donnent
raison, en vertu de l'article 1384.
FRANCISQUE SARCEY.
Nous publierons demain un article
de M. Camille Pelle tan
LES ON-DIT
AU JOUR LB JOUR
Les parlementaires du parti radical
ont eu un banquet, avant-hier, à l'hôtel
Continental, sous la présidence de M.
Bourgeois. Il a été prononcé dans ce
banquet d'excellents discours. Le pré-
sident, notamment, a été, après M. Ba-
duel, d'une précision qui ne laisse rien
à désirer. - -
Il a dénoncé et le péril clérical et le
péril collectiviste, en insistant surtout
— et il a eu raison — sur le premier
parce que le second n'est né que de
l'obstination des gouvernements à re-
fuser à la masse de la population tes
réformes qu'elle réclame depuis de si
longues années. Il a convié tous les
républicains décidés à marcher de
l'avant, à se ooaliser contre le clérica-
lisme.
Il a enfin déclaré à nouveau qu'il n'y
avait plus dans ce pays et qu'il ne pou-
vait plus y avoir que deux partis, l'un
essentiellement conservateur et par
conséquent anti-républicain, l'autre ré-
solu à apporter dans l'ordre social des
idées de justice et d'humanité.
De ce programme, incomplet assuré-
ment pour de nombreux républicains
avancés, mais acceptable parce qu'il
comporte tout ce qui est réalisable dans
un temps relativement restreint, les
journaux réactionnaires tels que les
Débats se moquent fort. Radfcaux et
socialistes, nous ne sommes pas des
républicains. Pourquoi? Parce que nous
acceptons les voix des collectivistes.
Mais les amis des Débats et du Temps
sont les seuls défenseurs de la Répu-
blique parce qu'ils sont énergiquement
soutenus par les monarchistes qui ne
rêvent que d'étrangler la République.
Comprenne qui pourra ce raisonne-
ment d'une logique toute particulière.
Mais peu importe. Je dis aux radi-
caux : Il ne suffit pas de banqueter et
de parler à l'hôtel Continental. C'est au
pays qu'il faut vous adresser. Allez
donc dans les circonscriptions de pro-
vince et formulez votre programme
devant les électeurs. Nous pourrons
ainsi espérer qu'en 1898 nous aurons
une Chambre meilleure que celle que
nous avons et qui ne vaut rien.
CHEZ NOUS
— La crue de la Seine :
Hier le mouvement ascensionnel a re-
pris.
En haute Seine, il est vrai, on constatait
hier une diminution de 9 centimètres au
pont de Seine, à Montereau et à l'écluse
de Varennes, et de 3 centimètres au pont
de Melun. Mais il y avait 3 centimètres de
plus que la veille au pont de Corbeil, 29
centimètres à l'écluse de Port-à-l'Anglais,
22 centimètres au pont de la Tournelle, 18
centimètres au pont Royal.
—— Nouvelle incarnation de M. Chau-
temps.
M. Chautemps se sachant battu à Paris,
a cherché d'abord à se présenter, il y a un
peu plus d'un an, dans l'Eure-et-Loir. Les
électeurs de ce département n'ont pas
voulu de lui, Depuis, il s'était rabattu sur
la Savoie, mais les Savoyards l'ont renié
quoiqu'il soit leur compatriote. Juste châ-
timent d'un homme qui, pour être minis-
tre, a renié les radicaux,
M. Chau.^nps est donc obligé de se
pourvoir ailleurs et comme il est assuré de
ne plus être député en 1898, il rêve de de-
venir le délégué au conseil supérieur des
colonies de la Guinée française. L'élection
doit avoir lieu le 14 mars prochain.
A remarquer, qu'étant ministre des colo-
nies, M. Chautemps s'est refusé énergi-
qnement à accorder à la Guinée un délé-
gué au conseil supérieur, qu'il l'a privée
de son autonomie et rattachée au Sénégal,
qu'il a méprisé et rudoyé les petits fonc-
tionnaires coloniaux dont il sollicite au-
jourd'hui les suftrages.
M. Chautemps ne sera pas élu, la chose
est certaine. Je lui conseille fortement de
penser à autre chose. Son ami M. Co-
chery ne saurait, par exemple, lui refuser
une modeste perception. M. Chautemps a
rendu tant de services aux opportunistes
en lâchant les radicaux et en engageant M
Doumer à faire comme lui 1
- La campagne menée en faveur de
l'éléphant d'Afrique est à la veille de pro-
duire tous ses fruits.
Le chef de l'Etat indépendant du Congo
a été amené à prendre un arrêté réglemen-
tant la chasse à l'éléphant, mesure assez
puérile, il faut le dire.
Les Anglais de la côte orientale ont fait
un pas de plus pour obtenir la conserva-
tion de cet animal puissant, intelligent et
sociable, qu'on a défini « un vivant para-
doxe ».
Des territoires de réserve ont été consti-
tués : dans l'un, la chasse est autorisée
pendant quelques mois de l'année seule-
ment; dans l'autre, elle est interdite. Ceia
est bien, mais ce n'est pas encore l'utilisa-
tion des services de l'animal.
Les Allemands ont compris, dès l'abord,
que le meilleur moyen d'arrêter la des-
truction de l'éléphant était de le domesti-
quer, et ils ont créé une société d'élevage
tle tous les animaux utiles dans leurs co-
Lleni. - -
C'est sur l'éléphant d'Afrique que les
premiers essais vont porter.
En France, nous ne sommes nullement
en retard relativement à cette mesure éco-
nomique. C'est M. P. Bourdanie qui s'en
est fait le protagoniste convaincu et infa-
tigable, sur son initiative, un comité s'est
constitué qui comprend des membres de
l'Institut, des députés, des explorateurs,
des commerçants et des planteurs, des in-
génieujs et des géographes. La Société na-
tionale d'acclimatation de France qui pa-
tronne les. projets de M. Bourdanie a
lancé un appel qui a été entendu et les
souscriptions sont arrivées nombreuses.
M. Bourdanie partira prochainement au
Congo français pour exécuter les tentati-
ves projetées. Mission lui a été donnée à
cet égard par ce comité et par le ministère
des colonies.
Nous souhaitons le succès complet du
voyageur, c'est de la besogne utile qu'il
va faire.
- Au cours de la séance d'hier, à
l'Académie des sciences, le général Sebert
a été élu, au troisième tour de scrutin, par
trente suffrages, au siège de membre titu-
laire vacant daus la section de mécanique,
par suite de la mort de M. Ré j ail.
M. Bazin, inspecteur général des ponts
et chaussées en retraite, a obtenu 26 suf-
frages.
Le général Sebert, le nouvel académi-
cien, est surtout connu par d'importants
travaux de balistique.
-— Le conseil de l'Université de Paris
s'est réuni hier matin, sous la présidence
de M. Gréard.
M. Sabatier, doyen de la-faculté de theo-
logie protestante, a été élu vice-président
pour 1897. M. Lavisse conserve les fonc-
tions de secrétaire.
On se rappelle qu'au mois d'avril, les
membres du comité écossais se sont ren-
contrés à la Sorbonne avec un grand nom-
bre de représentants de l'enseignement
français. Lord Reay, en remerciant un peu
plus tard l'Université de Paris de son ac-
cueil, lui exprimait le désir des universités
écossaises d'offrir à leur tour, cette année,
à Edimbourg, une cordiale hospitalité aux
délégués de l'Université de Paris.
L'invitation a été aceptée, et le voyage
aura lieu vers le milieu du mois de juillet
prochain.
—- Les 6 artistes qui doivent faire partie
du jury de classement pour le concours de
l'affiche de l'Eclair sont MM. Puvis de
Chavannes (Pierre), président de la Société
nationale des beaux-arts, président du
jury; Chéret (Jules); Cormon (Fernand);
Grasset (Eugène); Humbert (Ferdinand);
Lagarde (Pierre).
Le Passant.
LES BOULEVARDS SACRIFIÉS
Nous nous empressons de publier la
lettre suivante, qui contient une récla-
mation parfaitement justifiée :
Paris, 7 février 1897.
Monsieur le rédacteur en chef,
Vous avez bien voulu accueillir, il y a
quelques mois, une réclamation d'un groupe
d'habitants du 36 arrondissement au sujet
du pavage en bois et de 1 électricité de leurs
boulevards du Calvaire et de Beaumarchais.
Aujourd'hui, ce groupe vient de nouveau
faire appel à votre sollicitude pour que le
cortège du bœuf gras poursuive toute la
ligne des grands boulevards, de la Made-
leine à la Bast, te. Les habitants de ce quar-
tier important et la population parisienne
seront heureux de revoir ces fêtes qui ramè-
neront la gaieté dans ceite partie de Paris
si oubliée de l'administration.
Recevez, monsieur le rédacteur, les vifs
remerciements du groupe, parmi lesquels il
y a un grand nombre de vos lecteurs.
LE GROUPE.
Tombé d'une impériale
A sept heures vingt-cinq du soir, M. Pujol,
âgé de soixante-cinq ans, demeurant 65 bit,
rue Ordener, s est tué en tombant de l'impé-
riale de l'omnibus « La Villette-Parc Mon-
ceau », dans la rue Ordener.
On attribue cette chute à une congestion
cérébrale.
-".,,,..
Le Mariage des prêtres
L'abbé Poupard était curé d'Eragny, bourg
situé dans le département de Seine-et-Oise,
aux environs de Pontoise.
Parmi les pénit ntes que le prêtre enten-
dait au confessionnal avec le plus de plaisir
était Mlle Gabrielle-Emilie M. Un beau
jour, cette demoiselle quitta Eragny pour
venir se fixer à Paris; M. l'abbé suivit.
Quelque temps après, M. Poupard deman-
dait à sa mère son consentement aux tins
d épouser Mlle M. Refus de Mme Poupard
la mère qui, restée plus ecclésiastique que
son fi}.;, lui r présenta le scandale dont il
allait être la cause, et lui coupa toui subside;
mais M. l'abbé signifia à sa mère les actes
dits « respectueux », auxquels celle-ci ri-
posta par une opposition au mariage. Il y
aura donc procès.
Cette au aire « Poupard contre Poupard »
viendra le 19 février courant et sera plaidée
devant la lre chambre du tribunal civil. La
vieille question de savoir si le prêtre peut
valideraient contracter mariage va donc se
poser encore devant les juges.
C'est M" Joseph Ménard, très expert en la
matière, qui au 1 om de la mère de M. Pou-
pard conclura à la validité de l'opposition
maternelle et au maintien de l'interdit litur-
gique pour un curé d'épouser sa pénitente
fût-elle du reste très aimable. Mais M. le
curé a choisi pour faire valoir sés droits qui
sont, disons-le, incontestables, M* Ulmann
Lévy, un vrai choix de libre-penseur et son
avocat n aura qu'à faire valoir la jurispru-
dence constante du tribunal pour gagner le
procès.
Cependant, avec la question @ d'appel en
« audience solennelle,», comme l'affaire doit
venir juridiquement, l'impatience de M. Pou-
pard sera mise à une rude épreuve, car le
procès pourrait bien n'être terminé qu'au
mois de juillet prochain. Il faut vivre d'ici
là; mais le bon droit triomphera; j'entends
le droit pour M. l'abbé de contribuer à la
repopulation de la France.
——— .———.
Les Mations de la ne des Peupliers
On se rappelle qu'il y a quatre ou cinq
mois, l'égoût de la rue des Peupliers cre-
vait et inondait les hahitations du quartier.
Par suite de la crue de la Seine, cet égout,
qui reçoit le trop plein des réservoirs de
Montsouris et de Gentilly vient de crever de
nouveau et inondait près de deux hectares
de terrain, avant-hier, vers quatre heures
du matin.
Les époux Battier, surpris dans leur
sommeil, appelèrent au secours et les agents
Deshayes et Gonneet M. Montenat, demeu-
rant dans la même rue, ayant de l'eau jus-
qu'à mi-cuisse, emportèrent sur leurs
épaules Mme Battier et sa fille Augustine,
qui habitent chez des amis.
Jusqu'à présent l'administration n'a en-
core pris aucune mesure pour éviter le re-
tour possible de ce fléau qui cause un grand
préjudice aux petits maraîchers de ce quar-
tier qui sont au nombre de cent cinquante
environ et qui voient leurs récoltes sous
plus de quatrevingts centimètres d'eau.
CHRONIQUE
Par CHARLES BOS
APRÈS LES DÉCORATIONS
Les listes des décorations des diffé-
rents ministères ont enfin paru à VOf-
ficiel. Bien en retard, puisqu'elles au-
raient dû être publiées aux environs du
jour de l'an. Il est vrai que la plupart
des départements ont été obligés d'at-
tendre le vote de Ja loi autorisant à
faire des promotions en nombre égal
aux extinctions. La loi a été votée et.
les ministres ont pu arrêter leur choix.
Je voudrais dire quelque chose à ce
propos et féliciter surtout les heureux
de cette année.
Je commencerai par un regret. Si
j'approuve l'élévation de M. Lépine à la
dignité de grand-officier de la Légion
d'honneur, pour ce service d'ordre
admirable qu'il a organisé au moment
de la réception des souverains russes,
service qui n'a donné lieu à aucune
réclamation de la part du public, qui l'a
même laissé sous le charme puisqu'il a
acclamé le préfet de police, ce qui
prouve — c'est une parenthèse que
j'ouvre à dessein — que le peuple pari-
sien est bien facile à gouverner, je m'é-
tonne que M. Barthou ait négligé de
tenir une promesse faite solennelle-
ment au bureau du conseil municipal
et renouvelée depuis à M. Baudin, notre
président.
Il s'agit toujours, remarquez-le bien,
des fêtes russes. Je crois avec tout le
monde que si elles ont si bien réussi,
M. Lépine y a été pour quelque chose
en laissant la population libre de ma-
nifester ses sympathies sans être en-
nuyée par les sergents de ville en pre-
nant des précautions très sages. Un
autre homme y a contribué dans des
proportions telles que, lui aussi, méri-
tait une récompense. Cet homme, c'est
M. Bouvard, inspecteur-général des
services d'architecture de la Ville, car
c'est M. Bouvard qui a pavoisé Paris,
a fait ces merveilles dont personne n'a
perdu le souvenir. Ai-je besoin de rap-
peler que les décorations de Paris ont
arraché des cris d'admiration au tsar et
à latsarine qui, jamais, n'avaient vu rien
de pareil ?
Or la croix de commandeur avait été
promise pour M. Bouvard à M. Baudia,
président du conseil municipal. Pour-
quoi M. Barthou ne la lui a-t-il pas
donnée? Je constate l'oubli. Il est re-
grettable à tous les points de vue.
De même je ne peux admettre qu'on
n'ait pas songé, avant-hier, jour de
l'inauguration de la rue Réaumur, cette
admirable opération de voirie qui s'est
faite avec un boni de plusieurs millions
pour la Ville, à accorder une croix au
service des agents - voyers, auquel
tous les travaux d'évaluation des pro-
priétés et d'expropriation sont dus. Il y
a à la tête de ce service un agent-voyer,
le doyen des agents-voyers, M. Legros,
qui est un fonctionnaire de premier
ordre et qui, de plus, est à la veille de
prendre sa retraite. Il avait bien gagné
la Légion d'honneur. Je ne sais com-
bien de personnes l'avaient sollicitée
pour lui. On l'a oublié aussi. Mieux, on
avait même pensé à décorer un ingé-
nieur des ponts et chaussées absolu-
ment étranger au percement de la rue
Ré:n' ;' et à qui, par une erreur in-
cone l¡Jle, on a attribué tout le mérite
de 1 Ctj.1 aire.
Par contre, je suis on ne peut plus
joyeux des deux croix d'officier échues
à mon collègue M. Caron et à M. Ristel-
hueber, chef du secrétariat et directeur
du Bulletin municipal officiel. Caron,
un conseiller charmant, courtois, de
rapports aimables, qui n'a que des
sympathies parmi nous, et avec cela
actif, instruit, versé comme pas un
dans les questions d'édilité et qui n'a
eu un moment de repos que le jour où
il a pu faire décider l'achèvement de la
rue Réaumur. Ristelhueber, un fonc-
tionnaire dévoué, toujours sur la brè-
che, plein d'esprit et complaisant pour
tous. Vraiment il n'est personne, à
l'Hôtel de Ville, qui n'ait éprouvé le
même contentement que moi eniappre-
nant qu'ils avaient enfin la rosette.
Et cet excellent Alfred Bonsergent,
secrétaire-rédacteur au Sénat, connu
de tous les journalistes parce qu'il est
d'abord des nôtres et ensuite parce
qu'il a écrit des romans d'une forme
gracieuse, de vrais romans littéraires.
Voilà une croix bien placée ; pour ma
part, je suis très heureux de le dire.
M. Barthou n'a pas négligé les jour-
nalistes professionnels. Il en a décoré
six. Parmi eux, deux sont de vieux mi-
litants dans notre carrière si dure et si
absorbante, Chapon, le correspondant
j parisien de la Gironde, rédacteur en
ehef même de ce grand journal du sud-
ouest un esprit délicat, érudit. lettré ;
Emile Cère, rédacteur au Petit Journal
et dont les informations sont si sûre#'
et si précises, le bon camarade tou-
jours prêta rendre service. Un autre^
plus jeune, mais dont on ne peut diri
que le plus grand bien, Georges Hé.
ment, des Débats. h
Je les félicite tous, très cordialement,:
parce que je sais combien ce petit ru-i
ban rouge qu'on a le droit de porter à
la boutonnière dès que l'Officiel a enre-
gistré votre nom, procure de plaisir e$
d émotion. Pour nous, quoiqu'on 1er
h ague dans certains milieux, c'est une'
distinction qui a son prix parce qu'elle
est la récompense d'idées semées danS::
la masse pour l'éclairer et de travaux
pénibles, oubliés le lendemain memaf
du jour où on les a écrits, car on les
écrit au jour le jour, mais qui ont tous
pour but d'aider à l'affranchissement
de la pensée humaine.
CHARLES BOS.
Demain, les Tablettes du Progrès
de M. GeorgesVitoux
DlfFICllLIÉSJXTÈlElIRES
LES AFFAIRES D'ORIENT
En Crète ,
Les dépêches d'Athènes sur les affaires
crétoises sont toujours très alarmistes.
Voici le résumé des renseignements qu'el-
les contiennent :
« L'escadre hellénique est arrivée à la Ca-
née ; elle n'a pas >alué le pavillon turc. Le
commandant anglais a visité immédiatement
le commandant de l'escadre.
M On continue à entendre des coups de
feu sur certains points, dans les environs
de la Canée.
» Les incendies sont complètement éteints, i
La plupart des quartiers chrétiens offrent un
aspect désolé.
» Deux évêques et soixante-sspt chré-
tiens se sont réfugiés à bord du J/ykali,
» Rethymno court les plus grands dangers:
les musulmans y arri, ent en masse et les
sujets grecs ont adressé à leur gouverne-
ment une appel désespéré pour obtenir pro-
tection.
» Des groupes d'insurgés cherchent à for-
mer un gouvernement provisoire. Au dehors
de la Canée, les chrétiens ont arboré le drà-j
peau hellénique et ont proclamé l'union aveo
la Grèce, invitant le roi Georges à prendra
possession de lile de Crète comme partie
intégrante et libre du royaume de Grèce. »
En revanche, le gouvernement anglais a
fourni à la Chambre des communes des rcn'
seignements plus rassurants : 1
« Il n'y a, a-t-il dit, aucun fondement au,
bruit d un véritable massacre, et le nombre
des tués est reiativ ment minime. Les trou-'
pes turques se sont conduites d'une façon i
exemplaire. L incendie est complètement
éteint. Plus de 5,0U0 personnes ont trouvé
un refuge à bord dti navires étrangers.
j) Les musulmans de Candie se plaignant
d'être sans armes en face des chrétiens ar-
més, se sont emparés de quantités d'armer
à l'arsenal; néanmoins, la ville continue éf
être tranquille. »
LES AFFAIRES D'EGYPTE
Au Palais-Bourbon
L'étrange discours qu'a prononcé le chan-
celier de l'Echiquier à la Chambre des CoMv
munes vient d avoir son écho à la Chambre
des députés. >
Dès samedi, M. Deloncle avait annoncé à
M. Hanotaux qu il était résolu à soulever.utl;
débat sur ce point et, d'accord avec lui, il
avait fixé la date do ce débat à lundi.
Hier donc, dès le début de la séance de la
Chambre, la parole a été donnée à M. Def
loncle pour adresser, suivant la formul £ -
« une question A M. le ministre des aflairel'
étrangères ».
La question de M. Deloncle
M. Deloncle a commencé par faire un ra"
pide historique des différents incidents qui
se sont succédé < n Egypte, depuis que l'An-
gleterre a réolu de conquérir le Soudan;
sous le couvert du gouvernement kliédiviafê
Puis, après avoir rappelé les terme,
mêmes de l'extraordinaire discours de sii
Michaël Hichs-Beach, il a ajouté :
— Que les Anglais s'arrêtent à Dongola on
poussent jusqu'à Khartoum, peu nous importer
Mais ce qui n'est pas admissible, c'est que lea
charges en argent et en hommes de cette aven-
ture soient imposées à cette Egypte, dont lès
finances sont tenues en lisière par l'Europe, e"
que les créanciers de l'Egypte, aux trois quarto
Français, aient à supporter tant de sacrifices.
Ce qui n est pas admissible, c'est que le chan-
celier de 1 Echiquier s autorise de ces projeta
pour prolonger 1 occupation et même menaceç
les tribunaux internationaux qui ont fait leur
devoir.
Je m'adresse avec confiance à M. le ministre
des allaires étrangères pour connaitrc à ce sujet?
la pensée du gouvernement.
Je lui demande d abord de vouloir bien nous
communiquer la correspondance diplomatique
échangée au sujet des ailaires de Dongola, le
texte des jugements et arrêts des tribunatil
mixtes, et la déclaration que la juridiction in-
ternationale en Egypte n'a rien à redouter, l'an
prochain, de la campagne annoncée parle chao.
celier de 1 Ectuqmcr.
C'est à 1 unanimité que. le 25 janvier 1894, a
été votée la loi prorogeant pour cinq ans cet
juridiction instituée par les arrangements de
1875. il faut qu'on sache à l'étranger que le Par-"
lement ne laissera pas porter atteinte à cette loi
de la France.
Enfin, puisque le langage des ministres bri-
tanniques a été qualifié d imprudent et de inalà
faisant par les membres de l'opposition, qui y
ont vu un défi de nature à faire douter de la
sincérité anglaise en Egypte et à déterminelÍ
une nouvelle position de la France et de la*
Russie, je demande à M. le ministre de caracté-
riser cette nouvelle position et de préciser une
foi s pour toutes les droits et l'action de la France
en Egypte.
M. Hanotaux a répondu à ce discours par
quelques brèves déclarations.
Un document diplomatique
Tout d'abord, il a donné lecture de la note
qui a été remise, le 1er février, par notre
agent au Caire, à Boutros-pacha, ministre
des finances égyptien, et qui a été appuyée
le même jour par l'agent russe en Egypte.
Cette note, qui résume la thèse du gou-
vernement français, est ainsi conçue :
Ayant appris par une déclaration faite à la
Chambre des communes, dans la séance du 19
de ce mois, que le gouvernement britannique se,
propose d'avancer à l'Egypte une somme destin
née à faire face à certaines difficultés nnancièreaf
je viens demander à votre excellence si le grau*
vernement égyptien a réclamé ou accepté l'assit
tance pécuniaire de l'Anglete??».
PARTS - ET D ePA R TE idE NT S
I-àe Numéro; CIS Q CENT IMÈ[8^
ANNONCES
AUX BUREAUX DU JOUENAli
131, rue Montmartre, 131
£ tchez MM. LAGRANGE, CERF à Gl*
* 6, place de la Bourse, 6.
/u. télAfiftphldiu : XIX" BEÈCLB — PARIS
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Paris -: .¡-. mu M, 6 f. a* «*, n f. fi ii/affc
Départements — 7 f. - îaf. - 24r
Union Postale — 9 f. - îflf. - —fj
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RÉDACTION: 131, rue Montmartre,.131
De 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
Wo 8833. — Mercredi 10 Février 1897
21 PLUVIOSE AN lOB
ADMINISTRATION : 131» rue Montmartre, t81
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NOS LEADERS
VÉRITE EN DEÇA
C'est bien le cas de répéter le mot
fameux de Pascal : Vérité en deçà des
Pyrénées, erreur au delà.
Voici un jugement qui montre que
le même fait, réputé coupable au nord
de la France peut parfaitement être
déclaré innocent dans le Midi; et
quand je dis le même fait, c'est le
même fait, accompagné des mêmes
circonstances, se produisant de la
même façon.
#*#
Ce jugement a été rendu par le tri-
bunal de Rocroi.
Dans une école de ce département,
un élève avait porté à l'un de ses ca-
marades un coup de porte-plume qui
l'atteignit à l'œil gauche, d'une façon
si malheureuse que cette blessure en-
traîna une cataracte traumatique, qui
supprime la fonction visuelle de cet
organe. Un procès s'ensuivit; le père
de l'enfant blessé intenta une action
contre l'instituteur, qui était, selon
lui, civilement responsable.
L'instituteur se trouvait être un con-
gréganiste. Car c'est dans une école
libre que l'accident avait eu lieu.
Il fut constaté aux débats que le
frère directeur de l'école était absent
ail moment où fut porté le coup de
plume; que le frère adjoint, à ce
moment-là, surveillait du seuil de la
porte de communication les deux
classes, qui sont contiguës.
Le tribunal les a tous les deux ac-
quittés, et il est bon de relever les
considérants du jugement rendu :
« Attendu que la surveillance du
frère adjoint a été complète ;
» Attendu que le coup porté l'a été
si spontanément et avec une rapidité
telle que lors même que le frère, au
lieu d'être sur le seuil de la porte de
communication, aurait été dans la
chaire de sa classe, sa place réglemen-
taire, il n'aurait pu empêcher. »
Voilà qui est très bien jugé, sans
doute, dit M. Louis Champagne, dans
le Journal de l'enseignement primaire.
Mais que pensez-vous d'une loi qui
permet d'acquitter dans les Ardennes,
ilors que dans des cas identiques, elle
autorise une condamnation? Il n'y a
qu'à se rappeler les accidents de Ja
Souterraine, de Fontenay-sous-Bois,
du lycée Charlemagne, et tant d'autres
pour percevoir neltement l'inconsé-
quence.
#*#
M. Louis Champagne a raison de
rappeler ces histoires dont l'une, celle
du lycée Charlemagne est toute ré-
cente. Là aussi, il s'agissait d'un acci-
dent que nulle prévision humainen'au-
rait pu empêcher. Le proviseur n'en a
pas moins été condamné à (Ip forts
dommages intérêts. Qui les paiera? Ce
n'est pas lui, je suppose; car il n'est au
Iyoée que le représentant de l'Etat.
Il est vrai que cette considération ne
devait peser d'aucun poids dans la
balance de la justice.
Dans les deux autres affaires rappe-
lées par le rédacteur de l'enseignement
primaire, c'étaientdes instituteurs qui
avaient été mis en cause. Tous deux
furent également condamnés, et l'un
d'eux à la prison. Son désespoir fut tel
qu'il en devint fou. L'autre n'eut à su-
bir qu'une amende et la paya, bien
qu'il fût, au même titre que le provi-
seur de Charlemagne, fonctionnaire
et représentant de l'Etat.
De méchants esprits pourraient in-
férer de cette divergence d'opinions
chez les magistrats, dans des cas abso-
lument semblables, que dans les trois
premiers c'étaient des représentants
de l'enseignement laïque qui passaient
en jugement, tandis que dans le qua
trième, les juges se trouvaient avoir
affaire à des congréganistes, et vous
savez que notre magistrature a un
faible pour tout ce qui touche au
clergé. Entre en juponnés, comme di-
rait Rochefort, on se doit des égards ;
les loups ne se mangent pas entre eux.
Je ne pense pourtant pas que le tri-
bunal de Rocroi ait subordonné sa dé-
cision à ce motif. Non, je préfère m'en
tenir aux considérants de son juge-
ment, qui sont fondés en raison, et
qui doivent l'être en droit.
:)j.-;\t'.
Il est absurde de vouloir que dans
une école où un seul maître est chargé
de la surveillance de cinquante ou
soixante élèves en récréation, il puisse
prévenir tout accident.
Les accidents, mais il y en a même
quand c'est une mère qui garde deux
ou trois bébés jouant ensemble dans
une chambre ou dans un jardin. Est-
ce que vous ne lisez pas tous les, jours
dans les faits-divers l'histoire d'un
enfant qui a grimpé sur une fenêtre,
s'est penché en dehors et, la tête l'em-
portant, a été précipité du troisième
étage ; ou qui a chipé une allumette,
ta frottée tandis qu'on ne le regar-
dait pas, a enflammé son vêtement et
s'est sauvé en feu et eriant. Qui vou-
lez-vous accuser ? Il n'y a de coupable
que cette cruelle déesse, devant la-
quelle tremblaient les Grecs : la Fa-
talité. ------
Je me souviendrai toujours d'avoir
discuté avec une dame cette question
de la responsabilité d'un instituteur,
au moment où l'aventure du lycée
Charlemagne l'avait mise à la mode.
Elle soutenait — et avec quelque vi-
vacité ! — que c'était aux maîtres à
veiller plus strictement sur les élèves
qui leur étaient confiés, qu'on avait
raison de leur demander compte d'un
carreau à travers lequel un enfant, en
se bousculant avee des camarades,
avait passé son bras et s'était cruelle-
ment blessé. Rien n'était plus simple
que de prévoir qu'un carreau pouvait
se casser : que ne l'avait-on protégé
d'un grillage?
Cette dame était notre voisine à
Nan terre. Elle avait un jardin où son
enfant jouait sous ses yeux. Elle ado-
rait cet enfant et le couvait du regard.
Il suffit d'un moment d'inattention ; la
petite fille tomba dans un bassin où il
n'y avait pourtant que quelques cen-
timètres d'eau. Mais, soit frayeur, soit
que la vase lui eût fermé la bouche,
elle ne cria point. Au bout de quelques
instants, la mère, inquiète de ne pas
entendre l'enfant jouer, l'appela, la
chercha et finit par la découvrir dans
le bassin où elle gisait étouffée.
Vous pensez bien que je n'ai pas
triomphé de cet accident, que je n'ai
pas dit à cette pauvre mère : — Eh
bien! vous voyez que, malgré une
surveillance incessante, un accident
est toujours possible avec des enfants!
.#
Nous n'avons tous, nous qui som-
mes pères de famille, qu'à nous rap-
peler combien de fois nous avons
craint pour la vie de nos bébés : et
Dieu sait pourtant si nous veillons sur
eux. Je me rappelle qu'un jour, à la
campagne, me promenant dans le jar-
din, j'entendis un bruit de tuiles cas-
sées sur le toit. Je levai la tête : c'était
mon gamin qui, avec un de ses cama-
rades, avait monté par une lucarne
sur le toit, en pente, et se laissait
rouler sur les tuiles jusqu'au tuyau de'
la cheminée qui l'arrêtait. Il y avait
cent à parier contre un qu'il se casse-
rait le cou.
A qui aurais-je pu m'en prendre si
pareil malheur était arrivé? On ne
peut pourtant pas être toujours der-
rière un bébé pour régler tous ses
mouvements. Et nous, songez que
nous n'en avons qu'un à garder, deux
au plus. Un instituteur en a soixante.
Comment voulez-vous qu'il fasse?
Qu'arrive-t-il ?
C'est qu'il proscrit tous les jeux qui
développent la force et l'adresse ; car
il n'y en a point qui ne soient dange-
reux, qui ne puissent occasionner des
accidents.
— Eh ! quoi ! disais-je à un provi-
seur, dont j'avais été le camarade à
l'Ecole normale, mon fils me dit que
tu viens de défendre le jeu de saute-
mouton, qui a été un des plaisirs de
notre enfance.
— Que veux-tu? me dit-il. Il suffit
qu'un de mes jeunes garçons, en plon-
geant de ses deux bras sur le dos
courbé de son camarade, manque son
coup, pour qu'il tombe à terre, les
mains en avant, et se brise un poignet.
Moi, je suis responsable. Il faut que j'y
prenne garde!
— Mais, avec ce système, on ne
jouerait à rien ; car il n'y a pas de jeu
qui n'ait son danger. Une balle mn ln-
droitement lancée frappe un enfant
au visage et lui crève un œil; deux
garçons aux barres, courant de toutes
leurs forces, se rencontrent et s'éta-
lent par terre; l'Un des deux se dé-
boîte le pied. La liste des accidents est
innombrable.
— Mais aussi, me dit-il, l'idéal pour
nous serait qu'on ne jouât point. Quand
les élèves se promènent dans la cour,
en péripatéticiens qui philosophent,
nous n'avons rien à craindre. Aussitôt
qu'ils courent, qu'ils sautent, qu'ils se
battent, un accident est possible; c'est
à nous qu'on l'impute, s'il se produit,
et nous tombons sous le coup de l'ar-
ticle 1384. Merci bien.
#*#
Il n'y a rien de tel à craindre en An-
gleterre. Là, quand un enfant vient à
sa mère une bosse au front, le nez en
compote ou le bras en écharpe, jamais
la mère ne souffle mot. Tant pis pour
l'enfant qui n'a pas su se préserver ni
se défendre. On ne s'avise pas de de-
mander des comptes au maître; on
aurait contre soi l'opinion publique
révoltée. C'est à chacun à se garer
comme il peut.
Plût à Dieu que nous eussions les
mêmes idées et la même fermeté d'âme.
Mais nos mères françaises, qui ontélevé
leurs fils dans du coton, ont une peur
horrible de les voir revenir de l'école
ou du collège détériorés; et quand la
chose arrive, elles poussent des cris
fcde pintades effarouchées, et elles ac-
cusent le maître, comme si c'était sa
faute.
Et ce qu'il y a de pis, c'est que les
juges, quand ils ne sont pas du dépar-
tement des Ardennes, leur donnent
raison, en vertu de l'article 1384.
FRANCISQUE SARCEY.
Nous publierons demain un article
de M. Camille Pelle tan
LES ON-DIT
AU JOUR LB JOUR
Les parlementaires du parti radical
ont eu un banquet, avant-hier, à l'hôtel
Continental, sous la présidence de M.
Bourgeois. Il a été prononcé dans ce
banquet d'excellents discours. Le pré-
sident, notamment, a été, après M. Ba-
duel, d'une précision qui ne laisse rien
à désirer. - -
Il a dénoncé et le péril clérical et le
péril collectiviste, en insistant surtout
— et il a eu raison — sur le premier
parce que le second n'est né que de
l'obstination des gouvernements à re-
fuser à la masse de la population tes
réformes qu'elle réclame depuis de si
longues années. Il a convié tous les
républicains décidés à marcher de
l'avant, à se ooaliser contre le clérica-
lisme.
Il a enfin déclaré à nouveau qu'il n'y
avait plus dans ce pays et qu'il ne pou-
vait plus y avoir que deux partis, l'un
essentiellement conservateur et par
conséquent anti-républicain, l'autre ré-
solu à apporter dans l'ordre social des
idées de justice et d'humanité.
De ce programme, incomplet assuré-
ment pour de nombreux républicains
avancés, mais acceptable parce qu'il
comporte tout ce qui est réalisable dans
un temps relativement restreint, les
journaux réactionnaires tels que les
Débats se moquent fort. Radfcaux et
socialistes, nous ne sommes pas des
républicains. Pourquoi? Parce que nous
acceptons les voix des collectivistes.
Mais les amis des Débats et du Temps
sont les seuls défenseurs de la Répu-
blique parce qu'ils sont énergiquement
soutenus par les monarchistes qui ne
rêvent que d'étrangler la République.
Comprenne qui pourra ce raisonne-
ment d'une logique toute particulière.
Mais peu importe. Je dis aux radi-
caux : Il ne suffit pas de banqueter et
de parler à l'hôtel Continental. C'est au
pays qu'il faut vous adresser. Allez
donc dans les circonscriptions de pro-
vince et formulez votre programme
devant les électeurs. Nous pourrons
ainsi espérer qu'en 1898 nous aurons
une Chambre meilleure que celle que
nous avons et qui ne vaut rien.
CHEZ NOUS
— La crue de la Seine :
Hier le mouvement ascensionnel a re-
pris.
En haute Seine, il est vrai, on constatait
hier une diminution de 9 centimètres au
pont de Seine, à Montereau et à l'écluse
de Varennes, et de 3 centimètres au pont
de Melun. Mais il y avait 3 centimètres de
plus que la veille au pont de Corbeil, 29
centimètres à l'écluse de Port-à-l'Anglais,
22 centimètres au pont de la Tournelle, 18
centimètres au pont Royal.
—— Nouvelle incarnation de M. Chau-
temps.
M. Chautemps se sachant battu à Paris,
a cherché d'abord à se présenter, il y a un
peu plus d'un an, dans l'Eure-et-Loir. Les
électeurs de ce département n'ont pas
voulu de lui, Depuis, il s'était rabattu sur
la Savoie, mais les Savoyards l'ont renié
quoiqu'il soit leur compatriote. Juste châ-
timent d'un homme qui, pour être minis-
tre, a renié les radicaux,
M. Chau.^nps est donc obligé de se
pourvoir ailleurs et comme il est assuré de
ne plus être député en 1898, il rêve de de-
venir le délégué au conseil supérieur des
colonies de la Guinée française. L'élection
doit avoir lieu le 14 mars prochain.
A remarquer, qu'étant ministre des colo-
nies, M. Chautemps s'est refusé énergi-
qnement à accorder à la Guinée un délé-
gué au conseil supérieur, qu'il l'a privée
de son autonomie et rattachée au Sénégal,
qu'il a méprisé et rudoyé les petits fonc-
tionnaires coloniaux dont il sollicite au-
jourd'hui les suftrages.
M. Chautemps ne sera pas élu, la chose
est certaine. Je lui conseille fortement de
penser à autre chose. Son ami M. Co-
chery ne saurait, par exemple, lui refuser
une modeste perception. M. Chautemps a
rendu tant de services aux opportunistes
en lâchant les radicaux et en engageant M
Doumer à faire comme lui 1
- La campagne menée en faveur de
l'éléphant d'Afrique est à la veille de pro-
duire tous ses fruits.
Le chef de l'Etat indépendant du Congo
a été amené à prendre un arrêté réglemen-
tant la chasse à l'éléphant, mesure assez
puérile, il faut le dire.
Les Anglais de la côte orientale ont fait
un pas de plus pour obtenir la conserva-
tion de cet animal puissant, intelligent et
sociable, qu'on a défini « un vivant para-
doxe ».
Des territoires de réserve ont été consti-
tués : dans l'un, la chasse est autorisée
pendant quelques mois de l'année seule-
ment; dans l'autre, elle est interdite. Ceia
est bien, mais ce n'est pas encore l'utilisa-
tion des services de l'animal.
Les Allemands ont compris, dès l'abord,
que le meilleur moyen d'arrêter la des-
truction de l'éléphant était de le domesti-
quer, et ils ont créé une société d'élevage
tle tous les animaux utiles dans leurs co-
Lleni. - -
C'est sur l'éléphant d'Afrique que les
premiers essais vont porter.
En France, nous ne sommes nullement
en retard relativement à cette mesure éco-
nomique. C'est M. P. Bourdanie qui s'en
est fait le protagoniste convaincu et infa-
tigable, sur son initiative, un comité s'est
constitué qui comprend des membres de
l'Institut, des députés, des explorateurs,
des commerçants et des planteurs, des in-
génieujs et des géographes. La Société na-
tionale d'acclimatation de France qui pa-
tronne les. projets de M. Bourdanie a
lancé un appel qui a été entendu et les
souscriptions sont arrivées nombreuses.
M. Bourdanie partira prochainement au
Congo français pour exécuter les tentati-
ves projetées. Mission lui a été donnée à
cet égard par ce comité et par le ministère
des colonies.
Nous souhaitons le succès complet du
voyageur, c'est de la besogne utile qu'il
va faire.
- Au cours de la séance d'hier, à
l'Académie des sciences, le général Sebert
a été élu, au troisième tour de scrutin, par
trente suffrages, au siège de membre titu-
laire vacant daus la section de mécanique,
par suite de la mort de M. Ré j ail.
M. Bazin, inspecteur général des ponts
et chaussées en retraite, a obtenu 26 suf-
frages.
Le général Sebert, le nouvel académi-
cien, est surtout connu par d'importants
travaux de balistique.
-— Le conseil de l'Université de Paris
s'est réuni hier matin, sous la présidence
de M. Gréard.
M. Sabatier, doyen de la-faculté de theo-
logie protestante, a été élu vice-président
pour 1897. M. Lavisse conserve les fonc-
tions de secrétaire.
On se rappelle qu'au mois d'avril, les
membres du comité écossais se sont ren-
contrés à la Sorbonne avec un grand nom-
bre de représentants de l'enseignement
français. Lord Reay, en remerciant un peu
plus tard l'Université de Paris de son ac-
cueil, lui exprimait le désir des universités
écossaises d'offrir à leur tour, cette année,
à Edimbourg, une cordiale hospitalité aux
délégués de l'Université de Paris.
L'invitation a été aceptée, et le voyage
aura lieu vers le milieu du mois de juillet
prochain.
—- Les 6 artistes qui doivent faire partie
du jury de classement pour le concours de
l'affiche de l'Eclair sont MM. Puvis de
Chavannes (Pierre), président de la Société
nationale des beaux-arts, président du
jury; Chéret (Jules); Cormon (Fernand);
Grasset (Eugène); Humbert (Ferdinand);
Lagarde (Pierre).
Le Passant.
LES BOULEVARDS SACRIFIÉS
Nous nous empressons de publier la
lettre suivante, qui contient une récla-
mation parfaitement justifiée :
Paris, 7 février 1897.
Monsieur le rédacteur en chef,
Vous avez bien voulu accueillir, il y a
quelques mois, une réclamation d'un groupe
d'habitants du 36 arrondissement au sujet
du pavage en bois et de 1 électricité de leurs
boulevards du Calvaire et de Beaumarchais.
Aujourd'hui, ce groupe vient de nouveau
faire appel à votre sollicitude pour que le
cortège du bœuf gras poursuive toute la
ligne des grands boulevards, de la Made-
leine à la Bast, te. Les habitants de ce quar-
tier important et la population parisienne
seront heureux de revoir ces fêtes qui ramè-
neront la gaieté dans ceite partie de Paris
si oubliée de l'administration.
Recevez, monsieur le rédacteur, les vifs
remerciements du groupe, parmi lesquels il
y a un grand nombre de vos lecteurs.
LE GROUPE.
Tombé d'une impériale
A sept heures vingt-cinq du soir, M. Pujol,
âgé de soixante-cinq ans, demeurant 65 bit,
rue Ordener, s est tué en tombant de l'impé-
riale de l'omnibus « La Villette-Parc Mon-
ceau », dans la rue Ordener.
On attribue cette chute à une congestion
cérébrale.
-".,,,..
Le Mariage des prêtres
L'abbé Poupard était curé d'Eragny, bourg
situé dans le département de Seine-et-Oise,
aux environs de Pontoise.
Parmi les pénit ntes que le prêtre enten-
dait au confessionnal avec le plus de plaisir
était Mlle Gabrielle-Emilie M. Un beau
jour, cette demoiselle quitta Eragny pour
venir se fixer à Paris; M. l'abbé suivit.
Quelque temps après, M. Poupard deman-
dait à sa mère son consentement aux tins
d épouser Mlle M. Refus de Mme Poupard
la mère qui, restée plus ecclésiastique que
son fi}.;, lui r présenta le scandale dont il
allait être la cause, et lui coupa toui subside;
mais M. l'abbé signifia à sa mère les actes
dits « respectueux », auxquels celle-ci ri-
posta par une opposition au mariage. Il y
aura donc procès.
Cette au aire « Poupard contre Poupard »
viendra le 19 février courant et sera plaidée
devant la lre chambre du tribunal civil. La
vieille question de savoir si le prêtre peut
valideraient contracter mariage va donc se
poser encore devant les juges.
C'est M" Joseph Ménard, très expert en la
matière, qui au 1 om de la mère de M. Pou-
pard conclura à la validité de l'opposition
maternelle et au maintien de l'interdit litur-
gique pour un curé d'épouser sa pénitente
fût-elle du reste très aimable. Mais M. le
curé a choisi pour faire valoir sés droits qui
sont, disons-le, incontestables, M* Ulmann
Lévy, un vrai choix de libre-penseur et son
avocat n aura qu'à faire valoir la jurispru-
dence constante du tribunal pour gagner le
procès.
Cependant, avec la question @ d'appel en
« audience solennelle,», comme l'affaire doit
venir juridiquement, l'impatience de M. Pou-
pard sera mise à une rude épreuve, car le
procès pourrait bien n'être terminé qu'au
mois de juillet prochain. Il faut vivre d'ici
là; mais le bon droit triomphera; j'entends
le droit pour M. l'abbé de contribuer à la
repopulation de la France.
——— .———.
Les Mations de la ne des Peupliers
On se rappelle qu'il y a quatre ou cinq
mois, l'égoût de la rue des Peupliers cre-
vait et inondait les hahitations du quartier.
Par suite de la crue de la Seine, cet égout,
qui reçoit le trop plein des réservoirs de
Montsouris et de Gentilly vient de crever de
nouveau et inondait près de deux hectares
de terrain, avant-hier, vers quatre heures
du matin.
Les époux Battier, surpris dans leur
sommeil, appelèrent au secours et les agents
Deshayes et Gonneet M. Montenat, demeu-
rant dans la même rue, ayant de l'eau jus-
qu'à mi-cuisse, emportèrent sur leurs
épaules Mme Battier et sa fille Augustine,
qui habitent chez des amis.
Jusqu'à présent l'administration n'a en-
core pris aucune mesure pour éviter le re-
tour possible de ce fléau qui cause un grand
préjudice aux petits maraîchers de ce quar-
tier qui sont au nombre de cent cinquante
environ et qui voient leurs récoltes sous
plus de quatrevingts centimètres d'eau.
CHRONIQUE
Par CHARLES BOS
APRÈS LES DÉCORATIONS
Les listes des décorations des diffé-
rents ministères ont enfin paru à VOf-
ficiel. Bien en retard, puisqu'elles au-
raient dû être publiées aux environs du
jour de l'an. Il est vrai que la plupart
des départements ont été obligés d'at-
tendre le vote de Ja loi autorisant à
faire des promotions en nombre égal
aux extinctions. La loi a été votée et.
les ministres ont pu arrêter leur choix.
Je voudrais dire quelque chose à ce
propos et féliciter surtout les heureux
de cette année.
Je commencerai par un regret. Si
j'approuve l'élévation de M. Lépine à la
dignité de grand-officier de la Légion
d'honneur, pour ce service d'ordre
admirable qu'il a organisé au moment
de la réception des souverains russes,
service qui n'a donné lieu à aucune
réclamation de la part du public, qui l'a
même laissé sous le charme puisqu'il a
acclamé le préfet de police, ce qui
prouve — c'est une parenthèse que
j'ouvre à dessein — que le peuple pari-
sien est bien facile à gouverner, je m'é-
tonne que M. Barthou ait négligé de
tenir une promesse faite solennelle-
ment au bureau du conseil municipal
et renouvelée depuis à M. Baudin, notre
président.
Il s'agit toujours, remarquez-le bien,
des fêtes russes. Je crois avec tout le
monde que si elles ont si bien réussi,
M. Lépine y a été pour quelque chose
en laissant la population libre de ma-
nifester ses sympathies sans être en-
nuyée par les sergents de ville en pre-
nant des précautions très sages. Un
autre homme y a contribué dans des
proportions telles que, lui aussi, méri-
tait une récompense. Cet homme, c'est
M. Bouvard, inspecteur-général des
services d'architecture de la Ville, car
c'est M. Bouvard qui a pavoisé Paris,
a fait ces merveilles dont personne n'a
perdu le souvenir. Ai-je besoin de rap-
peler que les décorations de Paris ont
arraché des cris d'admiration au tsar et
à latsarine qui, jamais, n'avaient vu rien
de pareil ?
Or la croix de commandeur avait été
promise pour M. Bouvard à M. Baudia,
président du conseil municipal. Pour-
quoi M. Barthou ne la lui a-t-il pas
donnée? Je constate l'oubli. Il est re-
grettable à tous les points de vue.
De même je ne peux admettre qu'on
n'ait pas songé, avant-hier, jour de
l'inauguration de la rue Réaumur, cette
admirable opération de voirie qui s'est
faite avec un boni de plusieurs millions
pour la Ville, à accorder une croix au
service des agents - voyers, auquel
tous les travaux d'évaluation des pro-
priétés et d'expropriation sont dus. Il y
a à la tête de ce service un agent-voyer,
le doyen des agents-voyers, M. Legros,
qui est un fonctionnaire de premier
ordre et qui, de plus, est à la veille de
prendre sa retraite. Il avait bien gagné
la Légion d'honneur. Je ne sais com-
bien de personnes l'avaient sollicitée
pour lui. On l'a oublié aussi. Mieux, on
avait même pensé à décorer un ingé-
nieur des ponts et chaussées absolu-
ment étranger au percement de la rue
Ré:n' ;' et à qui, par une erreur in-
cone l¡Jle, on a attribué tout le mérite
de 1 Ctj.1 aire.
Par contre, je suis on ne peut plus
joyeux des deux croix d'officier échues
à mon collègue M. Caron et à M. Ristel-
hueber, chef du secrétariat et directeur
du Bulletin municipal officiel. Caron,
un conseiller charmant, courtois, de
rapports aimables, qui n'a que des
sympathies parmi nous, et avec cela
actif, instruit, versé comme pas un
dans les questions d'édilité et qui n'a
eu un moment de repos que le jour où
il a pu faire décider l'achèvement de la
rue Réaumur. Ristelhueber, un fonc-
tionnaire dévoué, toujours sur la brè-
che, plein d'esprit et complaisant pour
tous. Vraiment il n'est personne, à
l'Hôtel de Ville, qui n'ait éprouvé le
même contentement que moi eniappre-
nant qu'ils avaient enfin la rosette.
Et cet excellent Alfred Bonsergent,
secrétaire-rédacteur au Sénat, connu
de tous les journalistes parce qu'il est
d'abord des nôtres et ensuite parce
qu'il a écrit des romans d'une forme
gracieuse, de vrais romans littéraires.
Voilà une croix bien placée ; pour ma
part, je suis très heureux de le dire.
M. Barthou n'a pas négligé les jour-
nalistes professionnels. Il en a décoré
six. Parmi eux, deux sont de vieux mi-
litants dans notre carrière si dure et si
absorbante, Chapon, le correspondant
j parisien de la Gironde, rédacteur en
ehef même de ce grand journal du sud-
ouest un esprit délicat, érudit. lettré ;
Emile Cère, rédacteur au Petit Journal
et dont les informations sont si sûre#'
et si précises, le bon camarade tou-
jours prêta rendre service. Un autre^
plus jeune, mais dont on ne peut diri
que le plus grand bien, Georges Hé.
ment, des Débats. h
Je les félicite tous, très cordialement,:
parce que je sais combien ce petit ru-i
ban rouge qu'on a le droit de porter à
la boutonnière dès que l'Officiel a enre-
gistré votre nom, procure de plaisir e$
d émotion. Pour nous, quoiqu'on 1er
h ague dans certains milieux, c'est une'
distinction qui a son prix parce qu'elle
est la récompense d'idées semées danS::
la masse pour l'éclairer et de travaux
pénibles, oubliés le lendemain memaf
du jour où on les a écrits, car on les
écrit au jour le jour, mais qui ont tous
pour but d'aider à l'affranchissement
de la pensée humaine.
CHARLES BOS.
Demain, les Tablettes du Progrès
de M. GeorgesVitoux
DlfFICllLIÉSJXTÈlElIRES
LES AFFAIRES D'ORIENT
En Crète ,
Les dépêches d'Athènes sur les affaires
crétoises sont toujours très alarmistes.
Voici le résumé des renseignements qu'el-
les contiennent :
« L'escadre hellénique est arrivée à la Ca-
née ; elle n'a pas >alué le pavillon turc. Le
commandant anglais a visité immédiatement
le commandant de l'escadre.
M On continue à entendre des coups de
feu sur certains points, dans les environs
de la Canée.
» Les incendies sont complètement éteints, i
La plupart des quartiers chrétiens offrent un
aspect désolé.
» Deux évêques et soixante-sspt chré-
tiens se sont réfugiés à bord du J/ykali,
» Rethymno court les plus grands dangers:
les musulmans y arri, ent en masse et les
sujets grecs ont adressé à leur gouverne-
ment une appel désespéré pour obtenir pro-
tection.
» Des groupes d'insurgés cherchent à for-
mer un gouvernement provisoire. Au dehors
de la Canée, les chrétiens ont arboré le drà-j
peau hellénique et ont proclamé l'union aveo
la Grèce, invitant le roi Georges à prendra
possession de lile de Crète comme partie
intégrante et libre du royaume de Grèce. »
En revanche, le gouvernement anglais a
fourni à la Chambre des communes des rcn'
seignements plus rassurants : 1
« Il n'y a, a-t-il dit, aucun fondement au,
bruit d un véritable massacre, et le nombre
des tués est reiativ ment minime. Les trou-'
pes turques se sont conduites d'une façon i
exemplaire. L incendie est complètement
éteint. Plus de 5,0U0 personnes ont trouvé
un refuge à bord dti navires étrangers.
j) Les musulmans de Candie se plaignant
d'être sans armes en face des chrétiens ar-
més, se sont emparés de quantités d'armer
à l'arsenal; néanmoins, la ville continue éf
être tranquille. »
LES AFFAIRES D'EGYPTE
Au Palais-Bourbon
L'étrange discours qu'a prononcé le chan-
celier de l'Echiquier à la Chambre des CoMv
munes vient d avoir son écho à la Chambre
des députés. >
Dès samedi, M. Deloncle avait annoncé à
M. Hanotaux qu il était résolu à soulever.utl;
débat sur ce point et, d'accord avec lui, il
avait fixé la date do ce débat à lundi.
Hier donc, dès le début de la séance de la
Chambre, la parole a été donnée à M. Def
loncle pour adresser, suivant la formul £ -
« une question A M. le ministre des aflairel'
étrangères ».
La question de M. Deloncle
M. Deloncle a commencé par faire un ra"
pide historique des différents incidents qui
se sont succédé < n Egypte, depuis que l'An-
gleterre a réolu de conquérir le Soudan;
sous le couvert du gouvernement kliédiviafê
Puis, après avoir rappelé les terme,
mêmes de l'extraordinaire discours de sii
Michaël Hichs-Beach, il a ajouté :
— Que les Anglais s'arrêtent à Dongola on
poussent jusqu'à Khartoum, peu nous importer
Mais ce qui n'est pas admissible, c'est que lea
charges en argent et en hommes de cette aven-
ture soient imposées à cette Egypte, dont lès
finances sont tenues en lisière par l'Europe, e"
que les créanciers de l'Egypte, aux trois quarto
Français, aient à supporter tant de sacrifices.
Ce qui n est pas admissible, c'est que le chan-
celier de 1 Echiquier s autorise de ces projeta
pour prolonger 1 occupation et même menaceç
les tribunaux internationaux qui ont fait leur
devoir.
Je m'adresse avec confiance à M. le ministre
des allaires étrangères pour connaitrc à ce sujet?
la pensée du gouvernement.
Je lui demande d abord de vouloir bien nous
communiquer la correspondance diplomatique
échangée au sujet des ailaires de Dongola, le
texte des jugements et arrêts des tribunatil
mixtes, et la déclaration que la juridiction in-
ternationale en Egypte n'a rien à redouter, l'an
prochain, de la campagne annoncée parle chao.
celier de 1 Ectuqmcr.
C'est à 1 unanimité que. le 25 janvier 1894, a
été votée la loi prorogeant pour cinq ans cet
juridiction instituée par les arrangements de
1875. il faut qu'on sache à l'étranger que le Par-"
lement ne laissera pas porter atteinte à cette loi
de la France.
Enfin, puisque le langage des ministres bri-
tanniques a été qualifié d imprudent et de inalà
faisant par les membres de l'opposition, qui y
ont vu un défi de nature à faire douter de la
sincérité anglaise en Egypte et à déterminelÍ
une nouvelle position de la France et de la*
Russie, je demande à M. le ministre de caracté-
riser cette nouvelle position et de préciser une
foi s pour toutes les droits et l'action de la France
en Egypte.
M. Hanotaux a répondu à ce discours par
quelques brèves déclarations.
Un document diplomatique
Tout d'abord, il a donné lecture de la note
qui a été remise, le 1er février, par notre
agent au Caire, à Boutros-pacha, ministre
des finances égyptien, et qui a été appuyée
le même jour par l'agent russe en Egypte.
Cette note, qui résume la thèse du gou-
vernement français, est ainsi conçue :
Ayant appris par une déclaration faite à la
Chambre des communes, dans la séance du 19
de ce mois, que le gouvernement britannique se,
propose d'avancer à l'Egypte une somme destin
née à faire face à certaines difficultés nnancièreaf
je viens demander à votre excellence si le grau*
vernement égyptien a réclamé ou accepté l'assit
tance pécuniaire de l'Anglete??».
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