Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1893-04-10
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 10 avril 1893 10 avril 1893
Description : 1893/04/10 (A23,N7756). 1893/04/10 (A23,N7756).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
Vingt-troisième année. - N° 7,756 CINQ Centimes — Paris et Départements -:.CINg Centimes LUNDI 10 AVRIL 1893
LE -- XIX1 SIECLE
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UNE APPLICATION
M f HEfEMmm »
Ce n'est pas en Suisse seulement
.qué l'idée du referendum, c'est-à-dire
de la ratification des lois par le peu-
ple, a rencontré un favorable accueil.
C'est un gouvernement monarchique,
t'est le ministère Gladstone qui le
prend à son compte et en propose
e,application dans les conditions les
plus curieuses. t
On sait que l'alcoolisme a fait dans
te Royaume-Uni des progrès qui ont
vivement inquiété les moralistes et les
Sommes politiques. C'est en vain que
les sociétés de tempérance ont essayé
de lui barrer la route. Quelques chif-
fres, recueillis par un de leurs plus
chauds partisans, suffisent à prouver
l'inutilité de leurs efforts.
De 1869 à 1892, le coût total des
consommations, en y comprenant, il
est vrai, le vin, le cidre et la bière,
c'est élevé, par an, de S milliards
800 millions de francs à 3 milliards et
demi. Le professeur Léone Levi éva-
luait, il y a quelques années, à 60 0/0
la part des classes ouvrières dans la
somme totale consacrée à l'achat de
boissons alcooliques. En 1891, les re-
cettes des chemins de fer, voyageurs
et marchandises compris, n'ont at-
teint que les quatre septièmes du bud-
get des boissons, qui surpasse à lui
seul la valeur totale de la production
charbonnière et métallurgique du
Royaume-Uni.
Ces rapprochements ingénieux in-
diquent la grandeur du mal. On com-
prend que le gouvernement se soit
inis en tête d'y trouver un remède.
V oici le système auquel il est arrivé
iet qu'a exposé en son nom le chance-
lier de l'E chiquier à la, Chambre des
Communes: - -
Il ne s'est pas arrêté longtemps à
décrire les ravages qu'exerçait « le
grand fléau national H. L'auditoire
devant lequel il parlait n'était pas
moins bien informé que lui-même sur
ce triste sujet. Mais que faire d'utile
et d'efficace?
« Pour porter un coup sérieux, a
déclaré sir William Vernon-Harcourt,
il faut faire appel à la conscience po-
pulaire, à ces grands principes démo-
cratiques qui réveillent l'énergie dans
l'âme du peuple. Il n'est pas possible
de laisser de si grands intérêts et le
soin de lutter contre un mal si pro-
fondément enraciné à la discrétion
d'une classe quelconque investie d'une
délégation spéciale. Toute réforme
dans les mœurs du peuple doit venir
du peuple lui-même.»
Voilà le principe posé. Voici son
application pratique résumée en une
phrase : « Confier au vote populaire
le contrôle du trafic des boissons. »
Fait digne de remarque, ce n'est
même pas le ministère libéral quia eu
t'initiative de cette idée qui paraîtrait
d'une témérité insoutenable à tant de
.politiques français. L'honneur en re-
vient au cabinet conservateur qui l'a
précédé.
En 1890, lord Randolph Churchill
présentait sur la matière un bill, à
l'occasion duquel il s'exprimait en ces
termes : « Le principe du bill, c'est le
contrôle du peuple sur l'octroi des
licences. Même, sous certaines condi-
tions, on introduira dans les bourgs
le véto direct, c'est-à-dire que si, dans
une paroisse, les deux tiers des con-
tribuables inscrits sur le registre mu-
nicipal votent la prohibition de l'oc-
troi des licences, ce vote arrêtera l'oc-
troi de toute licence du détail. »
C'est sur les mêmes principes qu'est
iondé le projet du ministère Glads-
tone. Les électeurs qui auront le droit
de voter seront les électeurs munici-
paux. Un dixième des électeurs peut
requérir par écrit l'autorité compé-
tente de faire voter les électeurs sur
la question de savoir si la fermeture
totale des débits sera adoptée dans
leur circonscription, c'est-à-dire si le
renouvellement des licences pour la
vente des boissons alcooliques sera
interdit.
Notez que cette disposition va plus
loin même que la ratification populaire
ou referendum : elle organise le droit
d'initiative populaire, récemment ins-
titué en Suisse.
A la suite de cette requête, le scru-
tin sera ouvert, et si une maj orité des
deux tiers se prononce pour l'affir-
mative, il ne pourra être accordé ou
renouvelé aucune licence pour la
vente des boissons alcooliques. En
tout cas, il ne pourra plus être ouvert
de scrutin sur la même question avant
trois ans. Le vote a lieu au scrutin
secret. Des dispositions sont édictées
pour prévenir toute tentative de cor-
ruption.
La même loi permet de soumettre
au vote de chaque localité la ferme-
ture des débits le dimanche. Comme
il ne s'agit, dans cette espèce, que
d'une restriction, non d'une prohibi-
tion totale, le gouvernement se con-
tente, pour l'ordonner, de la majorité
absolue des voix.
Il y aurait peut-être beaucoup à
dire sur les mesures mêmes qui ont
déterminé la présentation de ce bill.
Notre intention n'est pas de les exa-
miner en elles-mêmes. Nous avons
seulement désiré appeler l'attention
des adversaires du referendum sur une
de ses applications, d'autant plus in-
téressante que c'est une monarchie,
libérale il est vrai, qui en a pris la
responsabilité.
A. Millerand.
NOTRE COURRIER DU DAHOMEY
(LIE NOTRE COItRliSPONDANT PARTICULIER/
Marseille, 8 avril.
Le Stamboul, courrier du Dahomey, est
arrivé ce matin avec vingt et un passagers,
parmi lesquels MM. Lacé, lieutenant de
vaisseau, provenant du Mytho, Robars, ca-
pitaine de la légion étrangère, et plusieurs
agents des factoreries françaises.
A Las Palmas, il à dû débarquer, ne pou-
vant plus continuer le voyage, le chef de
bataillon Lombard et le capitaine des ti-
railleurs sénégalais Vallerey ; ces deux offi-
ciers ont participé. à la campagne et sont
allés jusqu'à Abomey.
A Cotonou, le Stamboul s'est trouvé aux
côtés du transport-hôpital Mytho, où il n'y
avait pas moins de A50 malades. De crainte
qu'une épidémie ne vint à éclater, le Mytho
a dû faire route vers la France. On s'est
montré très ému à la côte de ce départ su-
bit ; où mettra-t-on, maintenant, les ma-
lades?
L'hôpital de Cotonou est bien en cons-
truction, il est vrai, mais il est loiv d'être
terminé ; il ne le sera pas avant trois mois.
Le général Doddsse trouve en ce moment
à Wyddah-ville. Il occupe les logements de
l'ancienne factorerie Régis, que cette mai-
son a bien voulu lui concéder. En retour,
le général lui a donné les établissements
que possédait l'ancienne maison des Alle-
mands Walber et Brohn, récemment ex-
pulsés.
.Le général s'embarquera le 18 avril à
bord du Tibet et arrivera à Marseille dans
les premiers jours de mai. Il part comme à
regret, car pour lui la pacification est loin
d'être complète. il croit nécessaire d'enga-
ger une nouvelle expédition qui, cette fois,
anéantirait Behanzin ; il pense que le des-
pute nègre tentera de reprendre l'offensive,
et il pourrait même se faire qu'à la saison
des pluies les hostilités recommencent.
UNE ÉPIDÉMIE DE PELABE
Valence, 8 avril.
Une épidémie de pelade sévit actuellement
dans le 6° régiment d'artillerie, en garnison à
Valence.
Dans une seule batterie, vingt hommes ont
été atteints.
M. Albert, directeur du service de santé du
lJ»e corps, est arrivé ici ce ma tin et a prescrit
des mesures énergiques pour enrayer l'épidé-
mie. Des campements vont être installés au
polygone pour recevoir les malades.
MORT DE L'AHIRM, PARIS
NOTES BIOGRAPHIQUES
La main droite coupée. — Le musée
de la marine. — Une carrière bien
remplie. — Marin et savant.
Le vice-amiral Paris, membre de Tlnsti-,
tut, conservateur du Musée de là marine
au Louvre, dont nous annoncions ces jours-
ci la maladie, est mort hier à quatre heures
et demie, à la maison de santé des Frères
de Saint-Jean-de-Dieu. Il était né à Paris,
le 2 mars 1806, mais il fut en partie élevé à
l'étranger. Son père, ruiné à la fin du Di-
rectoire avait été nommé par l'Empire se-
crétaire du gouvernement des provinces
Illyriennes auprès du maréchal Bertrand.
Le futur marin fit une partie de ses études
dans le sud de l'Allemagne ou dans l'Italie
septentrionale.
En 1815, Pâris (François-Edmond) entre
au collège de Pontivy, puis à l'Ecole de ma-
rine,qu'il quitte en 1822 pour s'embarquer
sur la Gazelle. Il navigue pendant quatre
ans.
Nous le retrouvons en 1826, sous les or-
dres de Dumont d'Urville, sur l'Astrolabe,
— deux ans après sur la Favorite, aux cô-
tés du commandant Laplace, qui faisait le
tour du monde dans le but d'étudier les
côtes de l'Afrique orientale, de l'Inde,de la
Chine, de l'Australie, de la Nouvelle-Zé-
lande, de l'Amérique du Sud.
Quelque temps après, il est nommé lieu-
tenant de vaisseau (1832) et, à la suite
d'une mission en Angleterre, où il devait
étudier les différents systèmes de machi-
nes à vapeur, il reçoit la croix de la Lé-
gion d'honneur.
Il part de nouveau avec le commandant
Laplace sur l'Ariémise. Au cours de ce nou-
veau voyage autour du monde, il est vic-
time d'un terrible accident.
Profitant d'une escale à Pondichéry, Pâris
forma, avec d'autres officiers, le projet de
se rendre à la pagode de Chillambaran ;
pour y arriver, il fallait longer les terrains
d'une grande usine à fer située à Porto-
novo, et le commandant Laplace avait dit à
Pâris : « Visitez donc cet établissement,
vous me rapporterez ce que vous y aurez
vu. »
On partit. Dans l'usine, le directeur eut
l'imprudence de conduire ses hôtes, dans
l'obscurité, au milieu des ateliers de la
fonderie. En avançant, M. Pâris mit le pied
dans un trou, tomba et, comme il faisait
un mouvement pour se relever, sa main
gauche fut prise entre le bouton d'une ma-
nivelle voisine et la plaque de protection
et réduite en bouillie. Le blessé, en proie
à des souffrances épouvantables, regagna
VArtémise. Il y avait sept heures de mar-
che. Un armurier habile lui fit une espèce
de manchon qui lui permit de continuer
ses travaux d'observation.
En 18h6, Pâris était nommé capitaine de
vaisseau; Louis-Philippe lui confiait son
yacht, le Comte-d'Eu.
Le vice-amiral Pâris assista au bombar-
dement de Sébastopol et, après l'occupa-
tion de Kinburn, à l'embouchure du Dnié-
per, un lui confia le commandement de la
division navale qui occupait la place.
De retour à Parii, l'of tici ei- publia divers ou-
vrages qui le firent entrer à l'Institut. Il
passait contre-amiral quelque temps après ;
l'empereur le désigna à ce moment pour
assister, en Angleterre, au lancement du
fameux Great-Eastern. Invité à prendre
place à bord, il faillit y laisser sa vie.
A peine était-on sorti de la Tamise, qu'une
chemise d'eau installé autour de la chemi-
née pour préserver les salons des dames
d'une trop haute température,fit explosion.
L'amiral venait à peine, une demi-minute
auparavant, de quitter sa cabine, dont la
couchette fut mise en pièces.
Lorsqu'il était jeune officier, ses cama-
rades faisaient ressortir volontiers sa
chance extraordinaire. Embarqué sur l'Ac-
tive, il quitte le bâtiment deux jours avant
que celui-ci, surpris par la tempête, se
soit brisé entre Rosas et Port-Vendres. Il
arme l'Olivier, en rade de Brest; un coup
de vent fait chavirer le canot qui le mène
au navire; seul, il est sauf; les matelots
ontéié engloutis.Enfin, après avoir amené à
Toulon, l'Oliviel>,avec lequel il croyait qu'il
allait faire campagne, il embarque sur la
Favorite, tandis que Y Olivier sombre à pic
près des côtes de Sicile.
Ses camarades ne le raillèrent plus à cet
égard après l'accident de Portonovo.
Successivement, M. Pâris fut nommé
membre du jury de l'Exposition interna-
tionale de Londres (1862), membre de l'Ins-
titut en remplacement de M. Bravais (1863),
directeur du Dépôt des cartes et pians
(186A), vice-amiral et membre du Bureau
des longitudes (1865).
Il resta au DépÔtdes cartes jusqu'en mars
1871, époque de son passage dans le cadre
de réserve. Quelques semaines plus tard
on lui confiait, au Louvre, le Musée de la
marine, à la prospérité duquel il consacra
non seulement son temps, mais aussi ses
revenus. Il fut nommé grand-officier de la
Légion d'honneur en 1880, juste récom-
pense de ses travaux et des soins qu'il con-
sacra à son service.
Il avait épousé, lorsqu'il était lieutenant,
Mlle de Bonnefoux, fille d'un capitaine de
vaisseau, devenu par la suite le.collabora-
teur.de son gendre eh publiant le Diction-
naire de la marine à voiles.
De son mariage l'amiral eut deux fils, qui
sont entrés tous deux à l'Ecole navale et
qu'il a malheureusement perdus d'une fa-
çon tragique. L'un d'eux, dont la carrière
promettait d'être des plus brillantes, a péri
il y a quelques années dans le port du Pi-
rée en essayant un canot nouvellement
construit.
L'amiral Pâris laissera la réputation d'un
patriote aimant passionnément son métier
de marin, d'un savant aimable et bienveil-
lant, travaillant jusqu'à son dernier jour
et se trouvant suffisamment récompensé
s'il faisait quelque chose d'utile à ses sem-
blables.
UN LIEUTENANT DE ONZE ANS
FELD-MARÉCHAL A VINGT ANS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 8 avril.
Contrairement à ce que prétendent certains
journaux italiens, le séjour du couple impé-
rial en Italie ne dépassera pas la durée fixée,
et, le 30 avril, Guillaume II et l'impératrice se-
ront à Potsdam.
C'est qu'en effet, le 1er mai, il y aura fête au
Palais-Neuf. Ce sera l'anniversaire de la nais-
sance du kronprinz, qui atteindra l'âge de onze
ans. De plus, comme il est de tradition d'éle-
ver le prince d'un grade dans l'armee à cette
occasion, il sera, ce jour-là, promu au grade
de lieutenant au 1er régiment des fusilliers
de It garde impériale.
Il y aura donc fête, tant de famille que mili-
taire, car le kronprinz sera officiellement pré-
senté en qualité de lieutenant à ses compa-
gnons d'armes.
L'année prochaine, à la même date, il sera
capitaine en second ; il aura alors douze ans.
En continuant ainsi, à seize ans il sera colo-
nel, à dix-sept ans lieutenant-général, à dix-
huit ans général-commandant, à dix-neuf
ans général-major, et à vingt-ans. feld-ma-
réchal, tout comme le vieux Blumenthal.
DÉPUTÉ CONTRE SOUS-PRÉFET
M. Charles Rousse, député du Var, se jugeant
offensé pour des faits d'un caractère'privé par
M. P. de Gaffori, sous-préfet de Montdidier,
ancien sous-préfet de Brignoles, a prié MM.
Bazille et Fernand Rabler, députés, d'aller lui
demander réparation par les armes.
M. de Gaffori a chargé MM. Emmanuel Arène,
député, et Bonfante, conseiller général de la
Corse, de le représenter.
Dans la conversation qui a eu lieu entre les
témoins, MM. Emmanuel Arène et Bonfante
ont déclaré, au nom de leur client, que les faits
allégués par M. Roussi n'existaient pas, et que
M. de Gaffori ne lui devait, par conséquent,
aucune réparation.
MM. Bazille et Rabier n'ont pu qu'enregistrer
cette réponse catégorique, et les quatre té-
moins ont considéré leur mission comme ter-
minée.
Dès la réception de ce procés-verbal, M.
Charles Rousse a adressé à ses témoins et au
docteur Biraud une lettre de remerciements
dans laquelle il apprécie la conduite de M. de
Gaffori a son égard.
LE BUDGET DE 1893
La séance du conseil des ministres qui a été
tenue hier à l'Elysée a été presque tout en-
tière consacrée aux modifications qu'il y a
lieu d'apporter au budget de 1893 pour résou-
dre le conflit pendant entre les deux Cham-
bres. Le ministre des finances, qui a déjà eu
une entrevue avec la commission sénatoriale
des finances, a indiqué dans quel esprit il
concevait les solutions transactionnelles qu'il
compte proposer et qu'il croit de nature à éta-
blir l'accord.
En ce qui concerne la réforme de l'impôt des
boissons, M. Peytral persiste dans l'idée que
la disjonction de cette réforme du budget de
1893 et son @ incorporation au budget de 189A
sera acceptée.
En ce qui touche l'impôt sur les opérations
de Bourse, M. Peytral renonce, comme nous
l'avions fait prévoir, au projet Tirard. Il a l'in-
tention d'établir un mode de perception de
l'impôt qui laisserait subsister la coulisse
française. Pour arriver à ce but, il faudrait
introduire dans la loi des dispositions nou-
velles modifiant la législation existante ; on
compléterait la loi nouvelle par un règlement
d'administration publique. M. Peytral, avant
d'arrêter définitivement ses résolutions, a dé-
cidé d'envoyer un inspecteur des finances étu-
dier sur place le fonctionnement des Bourses
de Berlin et de Francfort. Ce fonctionnaire lui
remettra à bref délai un rapport résumant les
résultats de sa mission.
Enfin, relativement à la patente des grands
magasins, le ministre des finances se propose
de substituer à l'impôt progressif résultant
du système des spécialités adopté par la
Chambre, un système fondé sur la propor-
tionnalité, c'est-à-dire plus conforme aux
principes de notre droit public.
Le ministre espère saisir la commission sé-
natoriale des finances de ses propositions
avant le 95 avril, de sorte que cette commis-
sion pourrait déposer son rapport le jour
même de la reprise de la session et que le
Sénat pourrait engager le débat le même jour,
ou le lendemain au plus tard.
CHRONIQUE
« La France est le plus riche et le plus
beau pays du monde. » Les Français sont
généralement persuadés de la façon la
plus intime delà vérité de cet apophtegme.
Ils n'ont pas tort, en ce qui regarde la
plupart de nos provinces; mais il y a des
exceptions!. Cette petite phrase, qui
fait partie obligée de tous nos précis de
géographie, me revenait hier à l'esprit,
comme une ironique obsession, cepen-
dant que, au cours d'une rapide excur-
sion, je traversais un coin du départe-
ment de la Lozère, appelé inopinément
par des affaires privées dans ce pays que
je ne connaissais point.
- Le hasard m'a rendu là témoin d'une
scène qui m'a laissé une impression pro-
fonde, une impression de tristesse poi-
gnante, en dépit de son pittoresque — le
plus violent qui se pût rencontrer après
un peu plus d'une nuit de chemin de fer et
quelques heures de voiture. Ce spectacle,
qu'un peintre eût voulu fixer sur la toile,
c'était celui d'un enterrement dans le
pays des « causses », de ces immenses
plateaux calcaires qui forment comme
de fantastisques fortifications où les ro-
chers, échelonnés de la façon la plus
étrange, semblent des ruines gigantes-
ques. Et la nature, en effet, a si singu-
lièrement découpé ces blocs énormes
qu'on dirait — à perte de vue — des vil-
les colossales effondrées, de puissants
burgs détruits par le temps, des cathé-
drales qu'une catastrophe renversa. Cette
région désolée est d'une effrayante et
tragique beauté. Nulle part la moindre
végétation : un désert de pierres blanches,
implacablement blanches, qui, sous les
feux de ce soleil déjà plus que printa-
nier, devenaient brûlantes ; un chaos in-
dicible de prodigieuses falaises où de sur-
humaines statues paraissent vaguement
s'ébaucher, d'abruptes parois entre les-
quelles coule, impétueux ou perfidement
calme, le Tarn, très étroit, qui, tout à
coup, se perd, disparaît, s'évanouit sous
des rochers encore plus furieusement
amoncelés. Tout est piège et surprise :
des abîmes s'ouvrent, des grottes, qui
contiennent des lacs aux eaux noires, se
creusent, attirantes et redoutables.
Pauvre Lozère! Ces farouches gorges
du Tarn ont une sublime horreur, et on
comprend que depuis quelques années
des touristes, las des beautés convenues
et bravant les difficultés du voyage, se
hasardent dans ces régions, où ils peu-
vent trouver des sensations neuves. Mais
ils ne font que passer. Il semble que ce
soit par un défi que des créatures humai-
nes vivent là. Il y en a cependant. Quel-
ques habitations vraiment, primitives,
construites en pierres qui sont posées les
unes sur les autres au petit bonheur, sont
disséminées sur le bord môme du torrent,
sous l'abri formidable des roches, hautes
de six cents mètres. Les familles qui, par
résignation, s'accommodent de cette para-
doxale résidence, ne peuvent guère sub-
sister que de la pêche. Mais quelle péni-
ble escalade, quelle pénible ascension pour
aller jusqu'au Massegros ou jusqu'à Séve-
rac, les deux bourgs les moins éloignés,
vendre dérisoireinent le produit de cette
pêche! Du haut de la route, ces quelques
maisons semblent des points noirs au
milieu de l'étrange féerie que joue le so-
leil en irradiant ces masses blanches qu'il
semble tout à coup faire saigner.
La réunion de quelques-unes de ces bi-
coques, assez distantes les unes des au-
tres — ce n'est pas la place qui manque
là! — s'appelle fort ironiquement les
Vignes. Ce curieux coin dépend d'un
bourg situé sur le causse, qui n'est guère
plus riche. Dans cette vraie Thébaïde s'est
pourtant établi un couvent de femmes,
qui ont bien renoncé au monde, celles-
là! — un couvent qui donne tort au vers
de Gautier disant qu'a un couvent est un
port qui tient trop à la terre M. D'abord
il n'y a pas de terre là : il n'y a que du
rocher. --
Comme je passais là, avec le voiturier
de Séverac qui me conduisait, plongé
dans une stupeur de la misère de ce pays
autant que de l'espèce d'épouvante sacrée
que produisait ce site terrible, il me fit
remarquer une forme qui s'agitait, gra-
vissant comme par bonds une sorte d'es-
calier taillé par le hasard dans la fa-
laise. J'examinai avec plus d'attention,
et je distinguai un animal, âne ou mulet,
sur le dos duquel une grande chose
blanche était attachée. La bête allait toute
seul, à ce qu'il me sembla d'abord, fran-
chissant courageusement les obstacles.
Ce ne fut qu'au bout d'un moment que
je distinguai deux hommes qui sui-
vaient, s'àidant des mains pour monter
ce chemin hasardeux, presque à pic.
— Tiens! me dit le voiturier, il y a
quelqu'un des Vignes qui est mort!
Et, en même temps, du côté.du village,
sur le causse, s'avançait un groupe, pré-
cédé par un prêtre, se dirigeant vers une
croix édifiée sur la route. Des gens por-
taient une longue caisse, que je reconnus
bientôt pour un cercueil.
La scène, je vous assure, était saisis-
sante. Bien que l'heure me pressât, je
voulus rester, saisi d'une curiosité
anxieuse. Le mulet s'opprochait peu à
peu, avec une merveilleuse sûreté, parmi
tous ces abîmes, et je vis que ce qu'il
portait, c'était un corps, enveloppé dans
son suaire, serré avec des cordes sur la
bête. Il n'y a pas, là-bas, un autre moyen
de transporter un mort!
L'animal arriva enfin sur le plateau,
soufflant bruyamment, le poil tout
mouillé de sueur. Un de ceux qui le sui-
vaient le prit par la bride et le conduisit
devant la croix, où attendaient mainte-
nant les gens qui venaient du village. Ils
avaient placé la bière sur le sol, le cou-
vercle à côté. Une femme, la tête dispa-
raissant sous une ruante noire, était se-
couée de grands sanglots. Les hommes
tenaient à la main leurs chapeaux aux
vastes bords.
Pendant que, au pied de la croix, le
prêtre murmurait des prières, ils déta-
chèrent le corps, dont la forme se mou-
lait sous le drap, mince, si mince ! et ce
cadavre, c'était pourtant celui d'un
homme dans la force de l'âge, rapidement
enlevé par une mauvaise fièvre. Ils le
mirent dans le cercueil, après avoir ôté
les cordes ; ils refermèrent la boîte de sa-
pin, et le convoi s'achemina vers la cha-
pelle du couvent, la bière portée à bras,
à présent, tandis que des chants tristes
montaient dans l'air, au milieu du pay-
sage violent qui donnait à ce tableau lu-
gubre un aspect de désolation inouïe.
En bas, au milieu du gouffre, le Tarn
roulait ses eaux sombres, tournant au-
tour de ces bancs de cailloux qui sont un
jour découverts,recouverts le lendemain,
comme par un caprice de la dangereuse
rivière ; les immenses roches prenaient
des formes de plus en plus sauvages,
sous les jeux de la lumière crue, que
rien ne tamisait,se heurtaient dans toutes
les combinaisons du fantastique, qui,
maintenant, me semblait un fantastique
macabre; et j'étais pris d'une grande pi-
tié pour les misérables habitants de ce
sol, si rude qu'ils ne trouvent même
point une place pour sa faire enterrer là
où ils ont vécu.
Paul Ginisty.
MOUVEMENT ADMINISTRATIF
M. Schmidt, sous-préfet de Bar-sur-Aube,
est nommé sous-préfet de Clermont (Oise), eu
remplacement de M. Chaudey, mis en dlsponi-
bilité sur sa demande.
M. Vallée, conseiller de préfecture de Meur-
the-et-Moselle, est nommé sous-préfet de Bar-
sur-Aube.
M. Claeys, ancien conseiller de préfecture du
Rhône, est nommé conseiller de préfecture de
Meurthe-et-Moselle.
M. d'Eudeville, rédacteur principal au minis-
tère de l'intérieur, est nommé conseiller de
préfecture de Seine-et-Oise, en remplacement
de M. Emion, nommé rédacteur principal au
ministère de l'intérieur.
DÉCOUVERTE DE CINQ CADAVRES
, Mostaganem, 8 avril.
Ce matin, à six heures, des ouvriers occu-
pés par la municipalité a extraire du tuf d'une
carrière près de la porte Mascara, à Mostaga-
nem, ont senti une odeur infecte qui sortait
des décombres.
Des recherches op rées ont amené la décou-
verte de cinq cadavres d'indigènes en putré-
faction complète.
Il résulte de l'enquête immédiatement ou-
verte que ces indigènes, enfouis sous le sable,
s'étaient réfugiés dans une excavation pro-
duite par l'extraction de matériaux, dans la
nuit de mercredi à jeudi.
On suppose que ces malheureux avaient cher-
ché un abri dans cette grotte faute de loge-
ment.
La catastrophe résulte des pluies irtese.
tombées ces jours derniers.
FEUILLETON DU 10 AVRIL 1893 *
— 32 —
LE COMTE
DE LAURIS
——— ',..:',
DEUXIÈME PARTIE
«r -
Mademoiselle de Marines
— Suite —
Et après un silence :
— Que vas-tu faire maintenant ?
- Attendre le Marlousky et agir sui-
vant les circonstances. J'ai la persuasion
que le château où l'on veut m'envoyer
doit, en guise d'armoiries, porter au des-
sus de sa porte un numéro d'ordre aux
dimensions colossales. Nous avons cer-
tainement mis la main sur le centre de la
toile d'araignée. A nous à tendre embû-
che contre embûche et à pincer les gre-
dins dans leur propre filet. Si, au moins,
JtfjûKXlRçticii 'n'trdU..
M. Marc pouvait parler, s'il lui était pos-
sible de donner quelques renseignements.
Mais il n'y faut pas compter pour l'ins-
tant.
— Hélas ! ce sera long encore. M.
Doccase l'a vu ce matin, il n'a rien
pu tirer de lui ; d'ailleurs, dès qu'il sera
en état de nous dire ce que nous voulons
savoir, les juges ne s'empareront-ils pas
de lui ? et alors nous aurons les mains
liées.
— Moi, je ne vois qu'une chose à faire
c'est de le faire évader de l'hôpital, le
garder chez nous, et marcher alors car-
rément. aller de l'avant.
- — Tu es fou! C'est impossible !. Mon
pauvre ami, tu le sais bien !
— Peut-être!. J'ai mon plan, d'ail-
leurs, et M. René, à qui j'en ai parlé, af-
firme sérieusement que, avec des pré-
cautions, le transport du malade n'est
pas impossible. et, après l'évasion, avec
de l'argent on fera tout ce qu'on voudra.
— Sauf faire disparaître un homme
gardé presque à vue par deux agents de
la Sûreté et que sa faiblesse immobilise.
— Justement, j'ai l'intention de le ren-
dre encore plus immobile ; puisque c'est
de la chambre des morts que M. de Ca-
thay quittera l'hôpital.
Gabrielle eut un cri étouffé, et blé-
mit.
Elle contempla un instant la fausse
Etiennette de Marines, qui souriait de
contentement.
Julot jouissait de l'ahurissement de sa
sœur.
Cette dernière reprit :
— Je te le répète, c'est folie de tenter
une telle aventure,., Je me suis rensei-,
gnée, car, à moi aussi était venue l'idée
d'enlever M. Marc à la justice. Nous
nous heurterions à un obstacle invinci-
ble, si on voulait le faire passer pour
mort. Le parquet ordonnerait l'autopsie
du corps.Penses-tu donc que nous pour-
rions acheter la complicité du médecin-
légiste ?
- Non, certainement. Mais, malgré
tout, prépare-toi toujours au rôle de
garde-malade. Avant trois jours, M.
Marc sera confié à tes soins, sois-en cer-
taine.
- Comment ? Que veux-tu dire? Ex-
plique-toi.
— Ça, c'est mon affaire et celle de M.
Doccase. Un peu aussi celle du garçon de
clinique, avec qui je suis on ne peut
mieux. Rien n'est long comme les forma-
lités administratives, surtout lorsque
quelqu'un à l'abri des soupçons a intérêt
à les rendre plus lentes. Il nous faut deux
choses :
1° Que la justice ne soit pas informée
sur-le-champ de la mort de M. de Ca-
thay ;
o Que les juges ne puissent réclamer
l'autopsie du corps.qu'après son départ
de l'hôpital.
De tout cela je me charge. Aie con-
fiance.
— Comment, en si peu de temps, pour-
ras-tu tenir tête à tous ces travaux ? Tu
n'as pas le don d'ubiquité.
— Si, puisque c'est toi qui recevras le
Marlousky sous mon nom.
o — Comment ! tu veux.
— Oui. En te teignant les cheveux en
blond, tu pourrais parfaitement passer
pour moi. Tu es énergique, et il s'agit
de sauver M. Marc. Donc, j'ai confiance :
tu sauras te tirer d'affaire quand
même!
— Dis-moi, au moins, comment tu t'y
prendras ; tu dois comprendre mon im-
patience de savoir.
— Nix! Bibi garde ses idées!. Con-
tente-toi de la part que je te laisse, elle
est assez importante pour que tu ne
m'accuses pas de garder tous les dangers
pour moi. Nous voici chez nous, dé-
pêchons, le temps presse.
On était, en effet, arrivé devant le loge-
ment si gracieusement octroyé par M.
Doccase à Gabrielle et à son frère.
On monta et, un quart d'heure plus
tard, le gosse redescendait, mais, cette
fois, en habits masculins, c'est-à-dire en
uniforme de collégien.
Il se dirigea en toute hâte vers le do-
micile de René et eut avec le jeune
homme une longue conférence au sortir
de laquelle il prit ses jambes à son cou
pour aller à Lariboisière.
Sans doute, M. Doccase avait approuvé
son plan, car le gamin rayonnait et mar-
monnait entre ses dents :
— Pourvu que je réussisse aussi bien
avec ce brave Bertin. C'est qu'il est
ferré sur la discipline, l'animal !. Heu-
reusement, je sais par où le prendre.
Julot se garda bien d'aller sonner à la
porte de l'hôpital, mais il vint s'installer
dans un petit caboulot de propre appa-
rence situé rue Ambroise-Paré, tout près
de la grande porte.
— Servez-moi un petit turin soigné et
donnez-moi des journaux, dit-il au gar-
ç,on, en s'attablant de façon à ce crue son
rayon visuel embrassât la cour de Lari-
boisière et surtout la grille d'entrée.
Au bout d'un instant, il eut, en regar-
dant les deux gardiens de la paix qui
flanquaient cette grille, un sourire go-
guenard.
— Gardez bien ! mes amis, et comptez
sur l'aide de vos caiâarades en bourgeois
faisant la faction dans la cour.Ma parole,
ce n'est point de ce côté que filera M.
Marc.
Reluquant l'heure à sa montre, il dit
encore :
— Ah ça!. Bertin va-t-il faire faux
bond? C'est pourtant l'heure où il vient
prendre son apéritif. Eh! non, le voilà,
attention !
Il se plongea dans une lecture affectée
des journaux illustrés et attendit qu'un
gros homme à la mine réjouie, portant
la livrée de l'Assistance publique, entrât
dans le débit et commandât d'une voix
sonore « une Pernod, et de la soignée ! »
Alors, il releva la tête et eut une
exclamation de surprise admirablement
iouée.
- Bah! M. Bertin!. En voilà une
rencontre!
M. Bertin se retourna; tout en recon-
naissant la voix, il ne remettait pas
celui qui l'interpellait.
Julot s'était levé, lui tendant la main
largement ouverte.
- Voyons! père Bertin, on ne veut
donc plus dire bonjour à ceux qu'on
faisait sauter autrefois sur ses genoux
au faubourg Antoine?. Julot. Julot
Poitevin.
Vous n'y voyez donc plus clair? que
vous ne me reconnaissez jpas?
- Toi, toi! petit? Pas possible! s'exta-
sia Bertin,toisant le costume de collégien
du galopin.
— Mais-z-oui ! Ça vous épate, hein !
après la misère où vous m'avez vu, de
me retrouver aussi chic !.
Dame, ce n'est pas toujours les mê-
mes qui ont de la déveine, mais on se
souvient toujours des gens qui aux joursf
de malheur vous ont aidé. f
Vous guignez mon uniforme ?.
Rien de drôle à ça.
Gabrielle s'est mariée avec un veuf
dont elle instruisait les mômes. Un
brave homme, allez ! Il me considère
comme son fils, et n'a pas voulu que je
reste ignorant comme une carpe.
Alors, je fais mes études pour deve-
nir médecin.
— Tu es en congé. sur semaine.
hum ! mon gosse, tu fais l'école buisson-
nière.
— Non, parole t., -
Je suis dans un lycée de province. Seule-
ment, mon beau-frère est en voyage à
Paris, et, comme il n'a pu emmener Ga-
brielle, qui est souffrante, il m'a fait
prendre des vacances.
Aujourd'hui, il est en affaires. Donc, je
suis libre.
C'est égal, j'ai eu une chouette idée da
m'arrêter ici.
Le diable m'emporte si je m'attendais
à vous rencontrer là!. Vous avez donc
quitté le quartier?.
- Oui, je suis garçon de salle ici, ré-
pondit Bertin, désignant l'hôpital.
— C'est-il aussi bien qu'à Saint-Ant' ?
questionna Julot curieusement.
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UNE APPLICATION
M f HEfEMmm »
Ce n'est pas en Suisse seulement
.qué l'idée du referendum, c'est-à-dire
de la ratification des lois par le peu-
ple, a rencontré un favorable accueil.
C'est un gouvernement monarchique,
t'est le ministère Gladstone qui le
prend à son compte et en propose
e,application dans les conditions les
plus curieuses. t
On sait que l'alcoolisme a fait dans
te Royaume-Uni des progrès qui ont
vivement inquiété les moralistes et les
Sommes politiques. C'est en vain que
les sociétés de tempérance ont essayé
de lui barrer la route. Quelques chif-
fres, recueillis par un de leurs plus
chauds partisans, suffisent à prouver
l'inutilité de leurs efforts.
De 1869 à 1892, le coût total des
consommations, en y comprenant, il
est vrai, le vin, le cidre et la bière,
c'est élevé, par an, de S milliards
800 millions de francs à 3 milliards et
demi. Le professeur Léone Levi éva-
luait, il y a quelques années, à 60 0/0
la part des classes ouvrières dans la
somme totale consacrée à l'achat de
boissons alcooliques. En 1891, les re-
cettes des chemins de fer, voyageurs
et marchandises compris, n'ont at-
teint que les quatre septièmes du bud-
get des boissons, qui surpasse à lui
seul la valeur totale de la production
charbonnière et métallurgique du
Royaume-Uni.
Ces rapprochements ingénieux in-
diquent la grandeur du mal. On com-
prend que le gouvernement se soit
inis en tête d'y trouver un remède.
V oici le système auquel il est arrivé
iet qu'a exposé en son nom le chance-
lier de l'E chiquier à la, Chambre des
Communes: - -
Il ne s'est pas arrêté longtemps à
décrire les ravages qu'exerçait « le
grand fléau national H. L'auditoire
devant lequel il parlait n'était pas
moins bien informé que lui-même sur
ce triste sujet. Mais que faire d'utile
et d'efficace?
« Pour porter un coup sérieux, a
déclaré sir William Vernon-Harcourt,
il faut faire appel à la conscience po-
pulaire, à ces grands principes démo-
cratiques qui réveillent l'énergie dans
l'âme du peuple. Il n'est pas possible
de laisser de si grands intérêts et le
soin de lutter contre un mal si pro-
fondément enraciné à la discrétion
d'une classe quelconque investie d'une
délégation spéciale. Toute réforme
dans les mœurs du peuple doit venir
du peuple lui-même.»
Voilà le principe posé. Voici son
application pratique résumée en une
phrase : « Confier au vote populaire
le contrôle du trafic des boissons. »
Fait digne de remarque, ce n'est
même pas le ministère libéral quia eu
t'initiative de cette idée qui paraîtrait
d'une témérité insoutenable à tant de
.politiques français. L'honneur en re-
vient au cabinet conservateur qui l'a
précédé.
En 1890, lord Randolph Churchill
présentait sur la matière un bill, à
l'occasion duquel il s'exprimait en ces
termes : « Le principe du bill, c'est le
contrôle du peuple sur l'octroi des
licences. Même, sous certaines condi-
tions, on introduira dans les bourgs
le véto direct, c'est-à-dire que si, dans
une paroisse, les deux tiers des con-
tribuables inscrits sur le registre mu-
nicipal votent la prohibition de l'oc-
troi des licences, ce vote arrêtera l'oc-
troi de toute licence du détail. »
C'est sur les mêmes principes qu'est
iondé le projet du ministère Glads-
tone. Les électeurs qui auront le droit
de voter seront les électeurs munici-
paux. Un dixième des électeurs peut
requérir par écrit l'autorité compé-
tente de faire voter les électeurs sur
la question de savoir si la fermeture
totale des débits sera adoptée dans
leur circonscription, c'est-à-dire si le
renouvellement des licences pour la
vente des boissons alcooliques sera
interdit.
Notez que cette disposition va plus
loin même que la ratification populaire
ou referendum : elle organise le droit
d'initiative populaire, récemment ins-
titué en Suisse.
A la suite de cette requête, le scru-
tin sera ouvert, et si une maj orité des
deux tiers se prononce pour l'affir-
mative, il ne pourra être accordé ou
renouvelé aucune licence pour la
vente des boissons alcooliques. En
tout cas, il ne pourra plus être ouvert
de scrutin sur la même question avant
trois ans. Le vote a lieu au scrutin
secret. Des dispositions sont édictées
pour prévenir toute tentative de cor-
ruption.
La même loi permet de soumettre
au vote de chaque localité la ferme-
ture des débits le dimanche. Comme
il ne s'agit, dans cette espèce, que
d'une restriction, non d'une prohibi-
tion totale, le gouvernement se con-
tente, pour l'ordonner, de la majorité
absolue des voix.
Il y aurait peut-être beaucoup à
dire sur les mesures mêmes qui ont
déterminé la présentation de ce bill.
Notre intention n'est pas de les exa-
miner en elles-mêmes. Nous avons
seulement désiré appeler l'attention
des adversaires du referendum sur une
de ses applications, d'autant plus in-
téressante que c'est une monarchie,
libérale il est vrai, qui en a pris la
responsabilité.
A. Millerand.
NOTRE COURRIER DU DAHOMEY
(LIE NOTRE COItRliSPONDANT PARTICULIER/
Marseille, 8 avril.
Le Stamboul, courrier du Dahomey, est
arrivé ce matin avec vingt et un passagers,
parmi lesquels MM. Lacé, lieutenant de
vaisseau, provenant du Mytho, Robars, ca-
pitaine de la légion étrangère, et plusieurs
agents des factoreries françaises.
A Las Palmas, il à dû débarquer, ne pou-
vant plus continuer le voyage, le chef de
bataillon Lombard et le capitaine des ti-
railleurs sénégalais Vallerey ; ces deux offi-
ciers ont participé. à la campagne et sont
allés jusqu'à Abomey.
A Cotonou, le Stamboul s'est trouvé aux
côtés du transport-hôpital Mytho, où il n'y
avait pas moins de A50 malades. De crainte
qu'une épidémie ne vint à éclater, le Mytho
a dû faire route vers la France. On s'est
montré très ému à la côte de ce départ su-
bit ; où mettra-t-on, maintenant, les ma-
lades?
L'hôpital de Cotonou est bien en cons-
truction, il est vrai, mais il est loiv d'être
terminé ; il ne le sera pas avant trois mois.
Le général Doddsse trouve en ce moment
à Wyddah-ville. Il occupe les logements de
l'ancienne factorerie Régis, que cette mai-
son a bien voulu lui concéder. En retour,
le général lui a donné les établissements
que possédait l'ancienne maison des Alle-
mands Walber et Brohn, récemment ex-
pulsés.
.Le général s'embarquera le 18 avril à
bord du Tibet et arrivera à Marseille dans
les premiers jours de mai. Il part comme à
regret, car pour lui la pacification est loin
d'être complète. il croit nécessaire d'enga-
ger une nouvelle expédition qui, cette fois,
anéantirait Behanzin ; il pense que le des-
pute nègre tentera de reprendre l'offensive,
et il pourrait même se faire qu'à la saison
des pluies les hostilités recommencent.
UNE ÉPIDÉMIE DE PELABE
Valence, 8 avril.
Une épidémie de pelade sévit actuellement
dans le 6° régiment d'artillerie, en garnison à
Valence.
Dans une seule batterie, vingt hommes ont
été atteints.
M. Albert, directeur du service de santé du
lJ»e corps, est arrivé ici ce ma tin et a prescrit
des mesures énergiques pour enrayer l'épidé-
mie. Des campements vont être installés au
polygone pour recevoir les malades.
MORT DE L'AHIRM, PARIS
NOTES BIOGRAPHIQUES
La main droite coupée. — Le musée
de la marine. — Une carrière bien
remplie. — Marin et savant.
Le vice-amiral Paris, membre de Tlnsti-,
tut, conservateur du Musée de là marine
au Louvre, dont nous annoncions ces jours-
ci la maladie, est mort hier à quatre heures
et demie, à la maison de santé des Frères
de Saint-Jean-de-Dieu. Il était né à Paris,
le 2 mars 1806, mais il fut en partie élevé à
l'étranger. Son père, ruiné à la fin du Di-
rectoire avait été nommé par l'Empire se-
crétaire du gouvernement des provinces
Illyriennes auprès du maréchal Bertrand.
Le futur marin fit une partie de ses études
dans le sud de l'Allemagne ou dans l'Italie
septentrionale.
En 1815, Pâris (François-Edmond) entre
au collège de Pontivy, puis à l'Ecole de ma-
rine,qu'il quitte en 1822 pour s'embarquer
sur la Gazelle. Il navigue pendant quatre
ans.
Nous le retrouvons en 1826, sous les or-
dres de Dumont d'Urville, sur l'Astrolabe,
— deux ans après sur la Favorite, aux cô-
tés du commandant Laplace, qui faisait le
tour du monde dans le but d'étudier les
côtes de l'Afrique orientale, de l'Inde,de la
Chine, de l'Australie, de la Nouvelle-Zé-
lande, de l'Amérique du Sud.
Quelque temps après, il est nommé lieu-
tenant de vaisseau (1832) et, à la suite
d'une mission en Angleterre, où il devait
étudier les différents systèmes de machi-
nes à vapeur, il reçoit la croix de la Lé-
gion d'honneur.
Il part de nouveau avec le commandant
Laplace sur l'Ariémise. Au cours de ce nou-
veau voyage autour du monde, il est vic-
time d'un terrible accident.
Profitant d'une escale à Pondichéry, Pâris
forma, avec d'autres officiers, le projet de
se rendre à la pagode de Chillambaran ;
pour y arriver, il fallait longer les terrains
d'une grande usine à fer située à Porto-
novo, et le commandant Laplace avait dit à
Pâris : « Visitez donc cet établissement,
vous me rapporterez ce que vous y aurez
vu. »
On partit. Dans l'usine, le directeur eut
l'imprudence de conduire ses hôtes, dans
l'obscurité, au milieu des ateliers de la
fonderie. En avançant, M. Pâris mit le pied
dans un trou, tomba et, comme il faisait
un mouvement pour se relever, sa main
gauche fut prise entre le bouton d'une ma-
nivelle voisine et la plaque de protection
et réduite en bouillie. Le blessé, en proie
à des souffrances épouvantables, regagna
VArtémise. Il y avait sept heures de mar-
che. Un armurier habile lui fit une espèce
de manchon qui lui permit de continuer
ses travaux d'observation.
En 18h6, Pâris était nommé capitaine de
vaisseau; Louis-Philippe lui confiait son
yacht, le Comte-d'Eu.
Le vice-amiral Pâris assista au bombar-
dement de Sébastopol et, après l'occupa-
tion de Kinburn, à l'embouchure du Dnié-
per, un lui confia le commandement de la
division navale qui occupait la place.
De retour à Parii, l'of tici ei- publia divers ou-
vrages qui le firent entrer à l'Institut. Il
passait contre-amiral quelque temps après ;
l'empereur le désigna à ce moment pour
assister, en Angleterre, au lancement du
fameux Great-Eastern. Invité à prendre
place à bord, il faillit y laisser sa vie.
A peine était-on sorti de la Tamise, qu'une
chemise d'eau installé autour de la chemi-
née pour préserver les salons des dames
d'une trop haute température,fit explosion.
L'amiral venait à peine, une demi-minute
auparavant, de quitter sa cabine, dont la
couchette fut mise en pièces.
Lorsqu'il était jeune officier, ses cama-
rades faisaient ressortir volontiers sa
chance extraordinaire. Embarqué sur l'Ac-
tive, il quitte le bâtiment deux jours avant
que celui-ci, surpris par la tempête, se
soit brisé entre Rosas et Port-Vendres. Il
arme l'Olivier, en rade de Brest; un coup
de vent fait chavirer le canot qui le mène
au navire; seul, il est sauf; les matelots
ontéié engloutis.Enfin, après avoir amené à
Toulon, l'Oliviel>,avec lequel il croyait qu'il
allait faire campagne, il embarque sur la
Favorite, tandis que Y Olivier sombre à pic
près des côtes de Sicile.
Ses camarades ne le raillèrent plus à cet
égard après l'accident de Portonovo.
Successivement, M. Pâris fut nommé
membre du jury de l'Exposition interna-
tionale de Londres (1862), membre de l'Ins-
titut en remplacement de M. Bravais (1863),
directeur du Dépôt des cartes et pians
(186A), vice-amiral et membre du Bureau
des longitudes (1865).
Il resta au DépÔtdes cartes jusqu'en mars
1871, époque de son passage dans le cadre
de réserve. Quelques semaines plus tard
on lui confiait, au Louvre, le Musée de la
marine, à la prospérité duquel il consacra
non seulement son temps, mais aussi ses
revenus. Il fut nommé grand-officier de la
Légion d'honneur en 1880, juste récom-
pense de ses travaux et des soins qu'il con-
sacra à son service.
Il avait épousé, lorsqu'il était lieutenant,
Mlle de Bonnefoux, fille d'un capitaine de
vaisseau, devenu par la suite le.collabora-
teur.de son gendre eh publiant le Diction-
naire de la marine à voiles.
De son mariage l'amiral eut deux fils, qui
sont entrés tous deux à l'Ecole navale et
qu'il a malheureusement perdus d'une fa-
çon tragique. L'un d'eux, dont la carrière
promettait d'être des plus brillantes, a péri
il y a quelques années dans le port du Pi-
rée en essayant un canot nouvellement
construit.
L'amiral Pâris laissera la réputation d'un
patriote aimant passionnément son métier
de marin, d'un savant aimable et bienveil-
lant, travaillant jusqu'à son dernier jour
et se trouvant suffisamment récompensé
s'il faisait quelque chose d'utile à ses sem-
blables.
UN LIEUTENANT DE ONZE ANS
FELD-MARÉCHAL A VINGT ANS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Berlin, 8 avril.
Contrairement à ce que prétendent certains
journaux italiens, le séjour du couple impé-
rial en Italie ne dépassera pas la durée fixée,
et, le 30 avril, Guillaume II et l'impératrice se-
ront à Potsdam.
C'est qu'en effet, le 1er mai, il y aura fête au
Palais-Neuf. Ce sera l'anniversaire de la nais-
sance du kronprinz, qui atteindra l'âge de onze
ans. De plus, comme il est de tradition d'éle-
ver le prince d'un grade dans l'armee à cette
occasion, il sera, ce jour-là, promu au grade
de lieutenant au 1er régiment des fusilliers
de It garde impériale.
Il y aura donc fête, tant de famille que mili-
taire, car le kronprinz sera officiellement pré-
senté en qualité de lieutenant à ses compa-
gnons d'armes.
L'année prochaine, à la même date, il sera
capitaine en second ; il aura alors douze ans.
En continuant ainsi, à seize ans il sera colo-
nel, à dix-sept ans lieutenant-général, à dix-
huit ans général-commandant, à dix-neuf
ans général-major, et à vingt-ans. feld-ma-
réchal, tout comme le vieux Blumenthal.
DÉPUTÉ CONTRE SOUS-PRÉFET
M. Charles Rousse, député du Var, se jugeant
offensé pour des faits d'un caractère'privé par
M. P. de Gaffori, sous-préfet de Montdidier,
ancien sous-préfet de Brignoles, a prié MM.
Bazille et Fernand Rabler, députés, d'aller lui
demander réparation par les armes.
M. de Gaffori a chargé MM. Emmanuel Arène,
député, et Bonfante, conseiller général de la
Corse, de le représenter.
Dans la conversation qui a eu lieu entre les
témoins, MM. Emmanuel Arène et Bonfante
ont déclaré, au nom de leur client, que les faits
allégués par M. Roussi n'existaient pas, et que
M. de Gaffori ne lui devait, par conséquent,
aucune réparation.
MM. Bazille et Rabier n'ont pu qu'enregistrer
cette réponse catégorique, et les quatre té-
moins ont considéré leur mission comme ter-
minée.
Dès la réception de ce procés-verbal, M.
Charles Rousse a adressé à ses témoins et au
docteur Biraud une lettre de remerciements
dans laquelle il apprécie la conduite de M. de
Gaffori a son égard.
LE BUDGET DE 1893
La séance du conseil des ministres qui a été
tenue hier à l'Elysée a été presque tout en-
tière consacrée aux modifications qu'il y a
lieu d'apporter au budget de 1893 pour résou-
dre le conflit pendant entre les deux Cham-
bres. Le ministre des finances, qui a déjà eu
une entrevue avec la commission sénatoriale
des finances, a indiqué dans quel esprit il
concevait les solutions transactionnelles qu'il
compte proposer et qu'il croit de nature à éta-
blir l'accord.
En ce qui concerne la réforme de l'impôt des
boissons, M. Peytral persiste dans l'idée que
la disjonction de cette réforme du budget de
1893 et son @ incorporation au budget de 189A
sera acceptée.
En ce qui touche l'impôt sur les opérations
de Bourse, M. Peytral renonce, comme nous
l'avions fait prévoir, au projet Tirard. Il a l'in-
tention d'établir un mode de perception de
l'impôt qui laisserait subsister la coulisse
française. Pour arriver à ce but, il faudrait
introduire dans la loi des dispositions nou-
velles modifiant la législation existante ; on
compléterait la loi nouvelle par un règlement
d'administration publique. M. Peytral, avant
d'arrêter définitivement ses résolutions, a dé-
cidé d'envoyer un inspecteur des finances étu-
dier sur place le fonctionnement des Bourses
de Berlin et de Francfort. Ce fonctionnaire lui
remettra à bref délai un rapport résumant les
résultats de sa mission.
Enfin, relativement à la patente des grands
magasins, le ministre des finances se propose
de substituer à l'impôt progressif résultant
du système des spécialités adopté par la
Chambre, un système fondé sur la propor-
tionnalité, c'est-à-dire plus conforme aux
principes de notre droit public.
Le ministre espère saisir la commission sé-
natoriale des finances de ses propositions
avant le 95 avril, de sorte que cette commis-
sion pourrait déposer son rapport le jour
même de la reprise de la session et que le
Sénat pourrait engager le débat le même jour,
ou le lendemain au plus tard.
CHRONIQUE
« La France est le plus riche et le plus
beau pays du monde. » Les Français sont
généralement persuadés de la façon la
plus intime delà vérité de cet apophtegme.
Ils n'ont pas tort, en ce qui regarde la
plupart de nos provinces; mais il y a des
exceptions!. Cette petite phrase, qui
fait partie obligée de tous nos précis de
géographie, me revenait hier à l'esprit,
comme une ironique obsession, cepen-
dant que, au cours d'une rapide excur-
sion, je traversais un coin du départe-
ment de la Lozère, appelé inopinément
par des affaires privées dans ce pays que
je ne connaissais point.
- Le hasard m'a rendu là témoin d'une
scène qui m'a laissé une impression pro-
fonde, une impression de tristesse poi-
gnante, en dépit de son pittoresque — le
plus violent qui se pût rencontrer après
un peu plus d'une nuit de chemin de fer et
quelques heures de voiture. Ce spectacle,
qu'un peintre eût voulu fixer sur la toile,
c'était celui d'un enterrement dans le
pays des « causses », de ces immenses
plateaux calcaires qui forment comme
de fantastisques fortifications où les ro-
chers, échelonnés de la façon la plus
étrange, semblent des ruines gigantes-
ques. Et la nature, en effet, a si singu-
lièrement découpé ces blocs énormes
qu'on dirait — à perte de vue — des vil-
les colossales effondrées, de puissants
burgs détruits par le temps, des cathé-
drales qu'une catastrophe renversa. Cette
région désolée est d'une effrayante et
tragique beauté. Nulle part la moindre
végétation : un désert de pierres blanches,
implacablement blanches, qui, sous les
feux de ce soleil déjà plus que printa-
nier, devenaient brûlantes ; un chaos in-
dicible de prodigieuses falaises où de sur-
humaines statues paraissent vaguement
s'ébaucher, d'abruptes parois entre les-
quelles coule, impétueux ou perfidement
calme, le Tarn, très étroit, qui, tout à
coup, se perd, disparaît, s'évanouit sous
des rochers encore plus furieusement
amoncelés. Tout est piège et surprise :
des abîmes s'ouvrent, des grottes, qui
contiennent des lacs aux eaux noires, se
creusent, attirantes et redoutables.
Pauvre Lozère! Ces farouches gorges
du Tarn ont une sublime horreur, et on
comprend que depuis quelques années
des touristes, las des beautés convenues
et bravant les difficultés du voyage, se
hasardent dans ces régions, où ils peu-
vent trouver des sensations neuves. Mais
ils ne font que passer. Il semble que ce
soit par un défi que des créatures humai-
nes vivent là. Il y en a cependant. Quel-
ques habitations vraiment, primitives,
construites en pierres qui sont posées les
unes sur les autres au petit bonheur, sont
disséminées sur le bord môme du torrent,
sous l'abri formidable des roches, hautes
de six cents mètres. Les familles qui, par
résignation, s'accommodent de cette para-
doxale résidence, ne peuvent guère sub-
sister que de la pêche. Mais quelle péni-
ble escalade, quelle pénible ascension pour
aller jusqu'au Massegros ou jusqu'à Séve-
rac, les deux bourgs les moins éloignés,
vendre dérisoireinent le produit de cette
pêche! Du haut de la route, ces quelques
maisons semblent des points noirs au
milieu de l'étrange féerie que joue le so-
leil en irradiant ces masses blanches qu'il
semble tout à coup faire saigner.
La réunion de quelques-unes de ces bi-
coques, assez distantes les unes des au-
tres — ce n'est pas la place qui manque
là! — s'appelle fort ironiquement les
Vignes. Ce curieux coin dépend d'un
bourg situé sur le causse, qui n'est guère
plus riche. Dans cette vraie Thébaïde s'est
pourtant établi un couvent de femmes,
qui ont bien renoncé au monde, celles-
là! — un couvent qui donne tort au vers
de Gautier disant qu'a un couvent est un
port qui tient trop à la terre M. D'abord
il n'y a pas de terre là : il n'y a que du
rocher. --
Comme je passais là, avec le voiturier
de Séverac qui me conduisait, plongé
dans une stupeur de la misère de ce pays
autant que de l'espèce d'épouvante sacrée
que produisait ce site terrible, il me fit
remarquer une forme qui s'agitait, gra-
vissant comme par bonds une sorte d'es-
calier taillé par le hasard dans la fa-
laise. J'examinai avec plus d'attention,
et je distinguai un animal, âne ou mulet,
sur le dos duquel une grande chose
blanche était attachée. La bête allait toute
seul, à ce qu'il me sembla d'abord, fran-
chissant courageusement les obstacles.
Ce ne fut qu'au bout d'un moment que
je distinguai deux hommes qui sui-
vaient, s'àidant des mains pour monter
ce chemin hasardeux, presque à pic.
— Tiens! me dit le voiturier, il y a
quelqu'un des Vignes qui est mort!
Et, en même temps, du côté.du village,
sur le causse, s'avançait un groupe, pré-
cédé par un prêtre, se dirigeant vers une
croix édifiée sur la route. Des gens por-
taient une longue caisse, que je reconnus
bientôt pour un cercueil.
La scène, je vous assure, était saisis-
sante. Bien que l'heure me pressât, je
voulus rester, saisi d'une curiosité
anxieuse. Le mulet s'opprochait peu à
peu, avec une merveilleuse sûreté, parmi
tous ces abîmes, et je vis que ce qu'il
portait, c'était un corps, enveloppé dans
son suaire, serré avec des cordes sur la
bête. Il n'y a pas, là-bas, un autre moyen
de transporter un mort!
L'animal arriva enfin sur le plateau,
soufflant bruyamment, le poil tout
mouillé de sueur. Un de ceux qui le sui-
vaient le prit par la bride et le conduisit
devant la croix, où attendaient mainte-
nant les gens qui venaient du village. Ils
avaient placé la bière sur le sol, le cou-
vercle à côté. Une femme, la tête dispa-
raissant sous une ruante noire, était se-
couée de grands sanglots. Les hommes
tenaient à la main leurs chapeaux aux
vastes bords.
Pendant que, au pied de la croix, le
prêtre murmurait des prières, ils déta-
chèrent le corps, dont la forme se mou-
lait sous le drap, mince, si mince ! et ce
cadavre, c'était pourtant celui d'un
homme dans la force de l'âge, rapidement
enlevé par une mauvaise fièvre. Ils le
mirent dans le cercueil, après avoir ôté
les cordes ; ils refermèrent la boîte de sa-
pin, et le convoi s'achemina vers la cha-
pelle du couvent, la bière portée à bras,
à présent, tandis que des chants tristes
montaient dans l'air, au milieu du pay-
sage violent qui donnait à ce tableau lu-
gubre un aspect de désolation inouïe.
En bas, au milieu du gouffre, le Tarn
roulait ses eaux sombres, tournant au-
tour de ces bancs de cailloux qui sont un
jour découverts,recouverts le lendemain,
comme par un caprice de la dangereuse
rivière ; les immenses roches prenaient
des formes de plus en plus sauvages,
sous les jeux de la lumière crue, que
rien ne tamisait,se heurtaient dans toutes
les combinaisons du fantastique, qui,
maintenant, me semblait un fantastique
macabre; et j'étais pris d'une grande pi-
tié pour les misérables habitants de ce
sol, si rude qu'ils ne trouvent même
point une place pour sa faire enterrer là
où ils ont vécu.
Paul Ginisty.
MOUVEMENT ADMINISTRATIF
M. Schmidt, sous-préfet de Bar-sur-Aube,
est nommé sous-préfet de Clermont (Oise), eu
remplacement de M. Chaudey, mis en dlsponi-
bilité sur sa demande.
M. Vallée, conseiller de préfecture de Meur-
the-et-Moselle, est nommé sous-préfet de Bar-
sur-Aube.
M. Claeys, ancien conseiller de préfecture du
Rhône, est nommé conseiller de préfecture de
Meurthe-et-Moselle.
M. d'Eudeville, rédacteur principal au minis-
tère de l'intérieur, est nommé conseiller de
préfecture de Seine-et-Oise, en remplacement
de M. Emion, nommé rédacteur principal au
ministère de l'intérieur.
DÉCOUVERTE DE CINQ CADAVRES
, Mostaganem, 8 avril.
Ce matin, à six heures, des ouvriers occu-
pés par la municipalité a extraire du tuf d'une
carrière près de la porte Mascara, à Mostaga-
nem, ont senti une odeur infecte qui sortait
des décombres.
Des recherches op rées ont amené la décou-
verte de cinq cadavres d'indigènes en putré-
faction complète.
Il résulte de l'enquête immédiatement ou-
verte que ces indigènes, enfouis sous le sable,
s'étaient réfugiés dans une excavation pro-
duite par l'extraction de matériaux, dans la
nuit de mercredi à jeudi.
On suppose que ces malheureux avaient cher-
ché un abri dans cette grotte faute de loge-
ment.
La catastrophe résulte des pluies irtese.
tombées ces jours derniers.
FEUILLETON DU 10 AVRIL 1893 *
— 32 —
LE COMTE
DE LAURIS
——— ',..:',
DEUXIÈME PARTIE
«r -
Mademoiselle de Marines
— Suite —
Et après un silence :
— Que vas-tu faire maintenant ?
- Attendre le Marlousky et agir sui-
vant les circonstances. J'ai la persuasion
que le château où l'on veut m'envoyer
doit, en guise d'armoiries, porter au des-
sus de sa porte un numéro d'ordre aux
dimensions colossales. Nous avons cer-
tainement mis la main sur le centre de la
toile d'araignée. A nous à tendre embû-
che contre embûche et à pincer les gre-
dins dans leur propre filet. Si, au moins,
JtfjûKXlRçticii 'n'trdU..
M. Marc pouvait parler, s'il lui était pos-
sible de donner quelques renseignements.
Mais il n'y faut pas compter pour l'ins-
tant.
— Hélas ! ce sera long encore. M.
Doccase l'a vu ce matin, il n'a rien
pu tirer de lui ; d'ailleurs, dès qu'il sera
en état de nous dire ce que nous voulons
savoir, les juges ne s'empareront-ils pas
de lui ? et alors nous aurons les mains
liées.
— Moi, je ne vois qu'une chose à faire
c'est de le faire évader de l'hôpital, le
garder chez nous, et marcher alors car-
rément. aller de l'avant.
- — Tu es fou! C'est impossible !. Mon
pauvre ami, tu le sais bien !
— Peut-être!. J'ai mon plan, d'ail-
leurs, et M. René, à qui j'en ai parlé, af-
firme sérieusement que, avec des pré-
cautions, le transport du malade n'est
pas impossible. et, après l'évasion, avec
de l'argent on fera tout ce qu'on voudra.
— Sauf faire disparaître un homme
gardé presque à vue par deux agents de
la Sûreté et que sa faiblesse immobilise.
— Justement, j'ai l'intention de le ren-
dre encore plus immobile ; puisque c'est
de la chambre des morts que M. de Ca-
thay quittera l'hôpital.
Gabrielle eut un cri étouffé, et blé-
mit.
Elle contempla un instant la fausse
Etiennette de Marines, qui souriait de
contentement.
Julot jouissait de l'ahurissement de sa
sœur.
Cette dernière reprit :
— Je te le répète, c'est folie de tenter
une telle aventure,., Je me suis rensei-,
gnée, car, à moi aussi était venue l'idée
d'enlever M. Marc à la justice. Nous
nous heurterions à un obstacle invinci-
ble, si on voulait le faire passer pour
mort. Le parquet ordonnerait l'autopsie
du corps.Penses-tu donc que nous pour-
rions acheter la complicité du médecin-
légiste ?
- Non, certainement. Mais, malgré
tout, prépare-toi toujours au rôle de
garde-malade. Avant trois jours, M.
Marc sera confié à tes soins, sois-en cer-
taine.
- Comment ? Que veux-tu dire? Ex-
plique-toi.
— Ça, c'est mon affaire et celle de M.
Doccase. Un peu aussi celle du garçon de
clinique, avec qui je suis on ne peut
mieux. Rien n'est long comme les forma-
lités administratives, surtout lorsque
quelqu'un à l'abri des soupçons a intérêt
à les rendre plus lentes. Il nous faut deux
choses :
1° Que la justice ne soit pas informée
sur-le-champ de la mort de M. de Ca-
thay ;
o Que les juges ne puissent réclamer
l'autopsie du corps.qu'après son départ
de l'hôpital.
De tout cela je me charge. Aie con-
fiance.
— Comment, en si peu de temps, pour-
ras-tu tenir tête à tous ces travaux ? Tu
n'as pas le don d'ubiquité.
— Si, puisque c'est toi qui recevras le
Marlousky sous mon nom.
o — Comment ! tu veux.
— Oui. En te teignant les cheveux en
blond, tu pourrais parfaitement passer
pour moi. Tu es énergique, et il s'agit
de sauver M. Marc. Donc, j'ai confiance :
tu sauras te tirer d'affaire quand
même!
— Dis-moi, au moins, comment tu t'y
prendras ; tu dois comprendre mon im-
patience de savoir.
— Nix! Bibi garde ses idées!. Con-
tente-toi de la part que je te laisse, elle
est assez importante pour que tu ne
m'accuses pas de garder tous les dangers
pour moi. Nous voici chez nous, dé-
pêchons, le temps presse.
On était, en effet, arrivé devant le loge-
ment si gracieusement octroyé par M.
Doccase à Gabrielle et à son frère.
On monta et, un quart d'heure plus
tard, le gosse redescendait, mais, cette
fois, en habits masculins, c'est-à-dire en
uniforme de collégien.
Il se dirigea en toute hâte vers le do-
micile de René et eut avec le jeune
homme une longue conférence au sortir
de laquelle il prit ses jambes à son cou
pour aller à Lariboisière.
Sans doute, M. Doccase avait approuvé
son plan, car le gamin rayonnait et mar-
monnait entre ses dents :
— Pourvu que je réussisse aussi bien
avec ce brave Bertin. C'est qu'il est
ferré sur la discipline, l'animal !. Heu-
reusement, je sais par où le prendre.
Julot se garda bien d'aller sonner à la
porte de l'hôpital, mais il vint s'installer
dans un petit caboulot de propre appa-
rence situé rue Ambroise-Paré, tout près
de la grande porte.
— Servez-moi un petit turin soigné et
donnez-moi des journaux, dit-il au gar-
ç,on, en s'attablant de façon à ce crue son
rayon visuel embrassât la cour de Lari-
boisière et surtout la grille d'entrée.
Au bout d'un instant, il eut, en regar-
dant les deux gardiens de la paix qui
flanquaient cette grille, un sourire go-
guenard.
— Gardez bien ! mes amis, et comptez
sur l'aide de vos caiâarades en bourgeois
faisant la faction dans la cour.Ma parole,
ce n'est point de ce côté que filera M.
Marc.
Reluquant l'heure à sa montre, il dit
encore :
— Ah ça!. Bertin va-t-il faire faux
bond? C'est pourtant l'heure où il vient
prendre son apéritif. Eh! non, le voilà,
attention !
Il se plongea dans une lecture affectée
des journaux illustrés et attendit qu'un
gros homme à la mine réjouie, portant
la livrée de l'Assistance publique, entrât
dans le débit et commandât d'une voix
sonore « une Pernod, et de la soignée ! »
Alors, il releva la tête et eut une
exclamation de surprise admirablement
iouée.
- Bah! M. Bertin!. En voilà une
rencontre!
M. Bertin se retourna; tout en recon-
naissant la voix, il ne remettait pas
celui qui l'interpellait.
Julot s'était levé, lui tendant la main
largement ouverte.
- Voyons! père Bertin, on ne veut
donc plus dire bonjour à ceux qu'on
faisait sauter autrefois sur ses genoux
au faubourg Antoine?. Julot. Julot
Poitevin.
Vous n'y voyez donc plus clair? que
vous ne me reconnaissez jpas?
- Toi, toi! petit? Pas possible! s'exta-
sia Bertin,toisant le costume de collégien
du galopin.
— Mais-z-oui ! Ça vous épate, hein !
après la misère où vous m'avez vu, de
me retrouver aussi chic !.
Dame, ce n'est pas toujours les mê-
mes qui ont de la déveine, mais on se
souvient toujours des gens qui aux joursf
de malheur vous ont aidé. f
Vous guignez mon uniforme ?.
Rien de drôle à ça.
Gabrielle s'est mariée avec un veuf
dont elle instruisait les mômes. Un
brave homme, allez ! Il me considère
comme son fils, et n'a pas voulu que je
reste ignorant comme une carpe.
Alors, je fais mes études pour deve-
nir médecin.
— Tu es en congé. sur semaine.
hum ! mon gosse, tu fais l'école buisson-
nière.
— Non, parole t., -
Je suis dans un lycée de province. Seule-
ment, mon beau-frère est en voyage à
Paris, et, comme il n'a pu emmener Ga-
brielle, qui est souffrante, il m'a fait
prendre des vacances.
Aujourd'hui, il est en affaires. Donc, je
suis libre.
C'est égal, j'ai eu une chouette idée da
m'arrêter ici.
Le diable m'emporte si je m'attendais
à vous rencontrer là!. Vous avez donc
quitté le quartier?.
- Oui, je suis garçon de salle ici, ré-
pondit Bertin, désignant l'hôpital.
— C'est-il aussi bien qu'à Saint-Ant' ?
questionna Julot curieusement.
LA mivreô ALBERT DUPUY
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