Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-07-13
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Description : 13 juillet 1897 13 juillet 1897
Description : 1897/07/13 (N9986). 1897/07/13 (N9986).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
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Ntimérô, CINQ CEI WtFÎKTEnBï
LE m SIECLE
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N° 9986. — M»v-c3i 13 Juillet 1897
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dresses ; ceci pour la confection de nou
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NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
LE PROJET DE M. LOCKROY
M. Lockroy donne à ses concitoyens
le spectacle assez rare d'un homme qui,
après sa sortie du pouvoir, cherche à
réaliser les projets qu'il avait conçus
étant ministre.
Il a d'abord, dans un livre remarqua-
ble, dont j'ai déjà parlé ici-même, dans
le temps de son apparition et sur le-
quel je reviendrai, tracé le tableau de la
situation de notre marine et de ses be-
soins les plus immédiats ; puis, il a saisi
la Chambre d'une demande des crédits
jugés par lui nécessaires à la réfection
ttc notre flotte de guerre, à son accrois-
sement et à l'organisation des défenses
maritimes de nos côtes et de nos colo-
nies.
La somme totale demandée par M.
Lockroy est de deux cents millions, ré-
partis de la manière suivante entre les
divers besoins de notre marine : pour
les ports de refuge en dehors de la
France, 40 millions ; pour les construc-
tions neuves, 140 millions ; pour la ré-
paration des bâtiments existants, 20 mil-
lions.
La commission de la marine est favo-
rable aux propositions de M. Lockroy ;
mais, chose singulière, son successeur
manifeste une hostilité très vive et mê-
me quelque peu acariâtre. Il ne veut
pas des millions qu'on lui offre ; il mon-
tre une extrême défiance à l'égard des
présents d'Artaxercès. Est-ce parce
qu'il conteste les besoins que signale
M. Lockroy? Est-ce parce que son
amour-propre a été blessé de ce que M.
Lockroy prît les devants sur lui-même ?
Est-ce parce que la manière dont il
faudrait dépenser les crédits demandés
par l'ancien ministre de la marine n'est
pas conforme à ses goûts et aux rou-
tines de la rue Royale ?
Il y a, sans doute, de tout cela dans
les motifs de son attitude. Quoi qu'il en
soit, elle est fort maussade et le public,
après la commission de la marine, en a
déjà reçu de nombreux échos.
L'amiral Besnard fait cependant par-
tie d'un cabinet dont la préoccupation la
plus vive devrait être de porter notre
marine de guerre au maximum de force
et d'étendue d'action.
**
Dans l'exposé des motifs de sa propo-
sition de loi, M. Lockroy présente, au
sujet de notre situation politique dans
le monde, quelques observations que le
lecteur me saura, sans doute, gré de
reproduire ici, car elles sont d'une
grande importance et d'une extrême
justesse.
Il rappelle d'abord que depuis le
commencement de ce siècle, la France
a vécu dans une sécurité presque abso-
lue du côté de ses frontières de mer et
qu'elle n'a rencontré, dans ses entre-
prises lointaines, aucune opposition de
la part des puissances maritimes.
Dans les expéditions de l'Algérie, de
Crimée, de la Chine, du Mexique, la
marine française, fait remarquer M. Loc-
kroy, « a trouvé sur sa route, à toutes
les étapes, le concours puissant et dé-
cisif de l'Angleterre, alliée ou amie ; de
ses ports de ses vaisseaux et de ses
troupes » : et il en est résulté de gran-
des facilités pour l'exécution. de nos pro-
jets.
En sera-t-il toujours ainsi ?
M. Lockroy fait observer, non sans
raison, qu'une « modification profonde
s'est produite dans la situatton politique
de l'Europe; » et il ajoute précisément
sa pensée : « Notre patriotisme et le
souci de notre sécurité intérieure nous
ont imposé une autre alliance, et celle-
ci a dû avoir et a eu, en effet; au point
de vue maritime, des conséquences dont
on ne peut méconnaître l'importance. La
France a pensé conjurer le danger d'une
formidable coalition ; la Russie a pu lé-
gitimement espérer réaliser de grands
projets d'expansion maritime, obtenir
l'aide d'une flotte considérable, d'arse-
naux s'ouvrant à la fois dans les mers
d'Europe et dans les mers coloniales,
dont le plus important, vcelui-de Saïgon,
se dresse entre Singapour et Hong-
Kong, les deux clefs anglaises de la mer
des Indes et du Pacifique.
«. Il nous faut donc envisager réso-
lument les conséquences de notre nou-
velle attitude. Nous ne devons pas nous
dissimuler que si elle a mis à l'abri d'une
invasion nos frontières de terre, elle a,
par contre, découvert, et dans une éten-
due beaucoup plus considérable, nos
fronts de mer, aussi bien ceux de la mé-
tropole que ceux de l'Algérie et que
ceux des colonies. »
.;
Les événements dont nous avons été
les témoins et -li nous avons dû jouer
notre rle pendant c~ deu* dernières
années, corroborent pleinement ces ob-
servations.
En 1895, à la suite delà guerre sino-
japonaise n'est-ce pas notre alliance
avec la Russie fqui nous a conduits à
prendre fait et cause avec elle pour la
Chine contre le Japon, alors que certains
intérêts particuliers auraient pu nous
conseiller une attitude toute différentei
Or, dans cette circonstance, nous avons
été obligés de renforcer notre escadre
de la Chine, et nous aurions dû mêmela
.doubler ou la tripler, si le Japon ne s'é-
tait pas rendu aux conseils qui lui furent
imposés par la Russie.
Nous n'eûmes pas, fort heureusement,
besoin de recourir aux canons de nos
navires ; - mais il est impossible de ne
pas croire que le Japon a gardé quel-
que rancune des blessures d'amour-pro-
pre qui lui ont été infligées. Nous voilà
donc obligés de tenir compte, dans l'a-
venir, de ses sentiments, et de proté-
ger, plus efficacement que dans le passé
notre colonie indo-chinoise contre les
menaces dont elle pourrait, à un mo-
ment donné, être l'objet de la part de la
marine japonaise.
Cette charge n'est pas la seule que
notre diplomatie nous impose. La con-
duite que, pour plaire à la Russie, nous
avons tenue dans l'Orient de la Méditer-
ranée Lepuis deux ans, nous met dans
l'obligation d'accroître considérablement
nos forces maritimes dans cette mer.
D'abord, en laissant écraser la Grèce
par la Turquie, nous avons éteint les
sympathies dont nous jouissions auprès
des Hellènes et nous nous sommes pri-
vés des concours précieux que la ma-
rine grecque aurait pu nous donner dans
une heure difficile.
Ensuite, en favorisant, par notre ma-
ladroite conduite, l'établissement de
l'hégémonie allemande dans l'empire
ottoman, nous avons considérablement
augmenté les forces dont l'Allemagne
disposait dans la Méditerranée. Après
avoir réorganisé l'armée turque et lui
avoir assuré les triomphes dont elle est
si fière, l'Allemagnne ne manquera pas
de refaire la flotte du sultan, de l'aug-
menter, de la discipliner et de la mettre
sur le même pied que son armée. Or,
les Turcs ne sont pas moins bons ma-
rins que bon soldats ; le jour où ils dis-
poseront d'une bonne flotte de guerre,
ils ne vaudront pas moins sur mer que
sur terre.
Avant les derniers événements
d'Orient, nous n'avions en face de nous,
dans la Méditerrannée que la flotte ita-
lienne et une escadre allemande néces-
sairement réduite; nous aurons, dans
quelques années, à compter en outre,
avec une flotte turque commandée par
des amiraux allemands et obéissant aux
directions de la triplice germanique.
En voilà, si je ne me trompe plus
qu'il ne faut pour justifier la réfection et
l'augmentation de notre flotte de guerre.
Mais ce n'est pas encore tout.
* *
En .même temps que notre alliance
avec la Russie nous impose le devoir
d'augmenter nos forces maritimes offen-
sives et défensives, non seulement en
Europe, mais dans le monde entier, l'at-
titude prise, depuis quelque temps, par
notre diplomatie, à l'égard de l'Angleterre
tend à transformer cette amie ou alliée
des temps rappelés par M. Lockroy, en
une rivale chagrine et peut-être en une
ennemie.
A la divergence indéniable d'intérêts
qui existe, sur divers points du globe,
entre l'Angleterre et la France, notre
alliance avec la Russie ajoute naturelle-
ment les rivalités maritimes et colo-
niales des Russes et des Anglais.
Comme c'est là une conséquence inévi-
table de notre entente avec la Russie,
tous les efforts de notre diplomatie au-
raient dû tendre à en atténuer l'impor-
tance.
Notre intérêt matériel et notre devoir
moral étaient de rapprocher la Russie
de l'Angleterre, d'adoucir les frotte-
ments entre leurs intérêts et leurs
amours propres, de travailler, en un
mot, à la confection d'une sorte de tri-
plice anglo-franco-russe, parallèle, si
non opposée, à la triplice germani-
que.
Cette politique s'imposait à nous d'au-
tant plus impérieusement que la Tur-
quie, avec son million de soldats et sa
flotte est, par la faute de la Russie et
celle de nos diplomates, rejetée du
côté de l'Allemagne.
Notre diplomatie paraît n'avoir point
vu tout cela. Non seulement elle n'a rien
fait pour rapprocher la Russie de l'An-
gleterre, mais encore il semble qu'elle
ait pris à tâche de nous écarter de la
Grande-Bretagne et de nous mettre
en mauvais termes avec les Anglais.
Et c'est le ministre de la marine d'un
cabinet responsable de cette diplomatie
anglophobe qui repousse les moyens de
refaire et d'accroître notre marine !
Aussi, concluérai-je par ces mots de
M. Lockroy, dont j'étudierai plus tard
le projet : « Si le péril continental sem-
ble conjuré, le péril maritime semble
plus grand chaque jour. »
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain
l'article de M. Francisque Sareey.
LES PETITES RÉFORMES
Les bureaux do l'Hôtel d:) Ville
Ceci ne s'adresse ni à M. le ministre de la
guerre, ni à M. le ninistre des finances, ni à
M. le sous-secrétaire d'Etat aux postes et télé-
graphes, ni à MM. les députés.
Ceci s'adresse tout simp-lementà M. le préfet
de la Seine et à MM. les conseillers municipaux
de Paris, y compris notre collaborateur et ami
Charles Bos.
voici en deux mots ce dont il s agit :
Un de nos plus fidèles lecteurs, M. X.,
avait reçu dernièrement du service de la voirie
une invitation à se rendre à l'Hôtel de Ville
pour une affaire dont il est inutile d'exposer
l'obj et.
Notre lecteur s'empressa de se rendre à
cette invitation.
— Le service de la voirie ? demanda-t-il au
concierge.
— Voyez à droite, dans la cour, lui fut-il
répondu.
Arrivé à droite, dans la cour, M. X. trouva
un garçon de bureau.
— Le service de la voirie ? demanda-t-il.
— Prenez l'ascenceur et montez quatre
étages, lui fut-il répondu.
Arrivé au quatrième étage, M. X. trouva un
autre garçon de bureau.
- Le service de la voirie? demanda-t-il.
- Montez deux étages, lui fut-il répondu.
Arrivé au sixième étage, M. X. rencontra
un employé qui lui dit :
— Ce n'est pas mon affaire. Voyez au-des-
sous.
Arrivé « au-dessous», M. X..rencontra un au-
tre employé qui lui dit :
— Ce n'est pas mon affaire. Voyez au fond à
droite. -
Arrivé au « fond, à droite », M. X. rencon-
tra un garçon de bureau qui lui dit :
— Il n'y a personne, revenez de deux à qua-
tre.
M. X. se résigna. Mais son aventure lui est
restée sur le cœur.
— Ne serait-il donc pas possible, nous de-
mande-t-il, de compléter par quelques rensei-
gnements un peu plus précis le tableau-indi-
cateur des différents services qui est placé
dans la loge du concierge de l'Hôtel de Ville ?
Et ne pourrait-on, pour plus de facilités, no-
ter en tête de toutes les lettres d'avis, reçus et
papiers, l'étage et le couloir où se trouve le bu-
reau auquel on a affaire ?
Voilà qui nous paraît, au contraire, tout à
fait possible et que nous recommandons à la
bienveillante attention du préfet de la Seine et
de nos édiles. - André Honnorat.
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN :
Les courses : A Vincennes.
— Durée du jour, 17 h. 10 m.
CHEZ NOUS
"-"IVVVV Il a été procédé hier à l'exhumation
au cimetière de Levallois, des corps de
quatre Caraïbes, morts il y a quelques an-
nées. Ces squelettes ont été transportés au
Muséum d'histoire naturelle, où ils vont
être exposés.
On sait que la race des Caraïbes a pres-
que complètement disparu des Antilles, et
qu'on n'en compte plus que de rares su-
jets.
- La vieille église Saint-Pierre de
Montmartre sera décidément conservée, et
intégralement.
L'Académie des inscriptions et belles-
lettres, les sociétés de l'Histoire de Paris,
du Vieux Montmartre, des Amis des mo-
numents parisiens et des Antiquaires de
France, viennent d'obtenir que les répara-
tions nécessaires à la consolidation de
l'église soient entreprises d'urgence : qua-
tre-vingt-dix mille francs seront consacrés
à ces réparations, dépense supportée par-
tie par l'Etat et partie par la Ville de Paris.
."-"VVVV Le comité départemental des Pyré-
nées-Orientales pour l'Exposition univer-
selle de 1900 a émis le vœu que des mesures
énergiques etsévères soient prises pour em-
pêcher que des ventes au détail puissent se
faire dans l'enceinte de l'Exposition, ces
ventes pouvant porter un préjudice consi-
dérable au petit commerce et aux petites
industries.
EN PASSANT
Le cannibalisme est-il la marque d'un
tempérament mystique et épris d'idéal ou la
tare d'une nature basse livrée à ses gloutons
appétits. Jusqu'ici l'on aurait plutôt penché
vers la seconde hypothèse; mais il paraît
que l'on s'était trompé. Lise^ plutôt l'article
de M. Flinders Patrie, Végyptologue an-
glais bien connu, article reproâuit cette se-
maine dans la Revue des Revues.
Vous y verreç que les anthropophages
dignes de ce nom ne dévorent leurs frères
humains, à la sauce rousse ou à la croque-
au-sel, que ndfs par les sentiments les
plus délicats et les intentions les plus no-
les. C'est pour leur faire les funérailles
les plus honorables que les Thibétains man-
gent leurs parents. Les Australiens et les
Comanches disent : « Il vaut mieux finir
dars le ventre d'un ami qu'englouti par la
terre froide ». Les Qstiaks et les Samoyèdes
pensent que les anciens auront une vie fu-
ture plus douce et plus heureuse si on les
digère auparavant. Dans l'antiquité, les
Massagètes aimaient mieux absorber leurs
parents ou leurs amix devenus vieux que le
laisser faire aux vers ».
Les Niams-Niams mangent les grands
guerriers pour s'approprier leur courage et
les enfants pour s'assurer leur jeunesse.
Bref, tous les vrais cannibales sont des
êtres imdginatifs et idéalistes ; seuls, les ci-
vilisés européens,qui ne mangent de l' homme
qu'en des cas de radeaux de la Méduse ou
autres occurences fâcheuses, sont lourde
ment et platement anthropophagex par be-
soin de se remplir l'estomac. Fi 1 que c'est
laid 1
LOUIS MARSOLLEAU.
NVVVVV Une des clauses que renferme le
testament du duc d'Aumale, est à peu près
ainsi conçue :
« Est imposée à l'Institut la charge de
servir au département de l'Oise qui m'a
rouvert les portes de la patrie en 1871 et
depuis lors m'a constamment maintenu à
la présidence de son conseil général, une
rente annuelle et perpétuelle de dix mille
francs qui sera portée au budget départe-
mental dans les conditions ci-après déter-
minées :
» A. Sous le titre de subvention aux
communes: une somme de 3,000 fr. sera
consacrée à l'entretien ou l'amélioration
des édifices communaux et paroissiaux.
» B. Une somme de 2,000 francs sera
allouée aux communes pour le traitement
des malades et incurables indigents des
communes privées d'établissements hospi- 1
taliers.
» C. Une somme de 1,500 francs sera
distribuée en secours aux prêtres vieux et
infirmes.
» D. Une somme de 2,500 francs servira
à l'entretien dans un ou plusieurs lycées
ou collèges de bourses au profit d'enfants
présentés par la commune de Chantilly.
» E. Une somme de 1,000 francs sera af-
fectée à la distribution de prix dans les
écoles communales.
- M. Méline est arrivé hier matin à
Reims pour présider les fêtes du cinquan-
tenaire du comice agricole. Il a visité l'ex-
position des machines agricoles. Il a dé-
cerné la croix de la Légion d'honneur à
M. Noirot, maire, la rosette d'officier du
Mérite agricole à M. Renard-Matron, vice-
président du comice agricole, et la croix
de chevalier du Mérite agricole à MM.Bail-
lod, Bonnet, Danneau, Andrieux, agricul-
teurs.
",Hier soir a eu lieu à Cherchell, dans
le square de la ville, l'inauguration du
buste du général Cavaignac.
Les habitant ont fait ériger ce buste pour
perpétuer la mémoire de l'héroïque dé-
fense de leur ville par le chef de bataillon
Cavaignac, commandant de la place, con-
tre les Kabyles du Dahra, après la prise de
Cherchell par les Français' le 15 mars
1840.
- La municipalité de Fougères a ima-
giné de consulter toutes les personnes,
hommes et femmes, inscrites au rôle des
contributions directes, sur un emprunt de
600,000 francs que nécessiterait l'installa-
tion à Fougères d'un quatrième bataillon.
Ce referenaum a eu lieu hier.
2,282 électeurs étaient inscrits, dont
1,805 hommes et 477 femmes. Il y a eu
1,434 votants. Le-vote a donné les résultats
suivants : non, 1,329; oui, 99; nuls, 6. Sur
les 477 femmes inscrites, 243 ont voté.
- Le Journal d'ln dre-el-Lo ire dit
qu'une équipe d'ouvriers a commencé à
démolir l'immeuble occupé, sur la place
du Palais de justice, à Tours, par M. Bel-
luot, cousin du Président de la Républi-
que.
La vaste prairie sur laquelle se reposait
depuis l'année dernière la vue des habitants
de Tours va disparaître pour faire place au
chantier de construction du nouvel Hôtel
de Ville.
.vvv>-"" On télégraphie de Saïgon, 11 juillet,
que le général Badens s'est noyé dans la
rivière Claire au Tonkin.
JVVVVVV Combien de cheveux sur nos tètes?
Des savants ont compté la quantité de
cheveux qui recouvrent un pouce carré sur
plusieurs têtes différentes et établi
une moyenne qui a donné 1.066 cheveux.
Or, la superficie d'une tète humaiee étant
à peu près de 120 pouces carrés, le nombre
total des cheveux serait de 127.920,
D'autres savants ont classé l'importan ce
d'une chevelure suivant sa couleur, et nous
donnent les chiffres suivants : 143.006
cheveux pour une tête blonde, 105.000
pour une tête brune et seulement 20.200
pour une tête rousse, les cheveux blonds
étant les plus fins et les rouges les plus
gros.
A L'ETRANGER
—~ Hier, à Odde, en Norwège, où il
prend l'air, l'empereur d'Allemagne se pro-
menait sur le pont d'un navire lorsqu'il a
été frappé par une pièce d'agrès qui
tombait du mât.Un bout de cordage qui y
était attaché vint heurter l'œil gauche du
kaiser; une hémorrhagie, peu abondante,
d'ailleurs,s'est produite dans la cavité anté-
rieure de l'œil. Un pansement a été appli-
qué.
Maintenant, ça va mieux.
- Une jolie salle de bains.
Un yankee, Claus Spreckels, enrichi par
l'exploitation des plantations sucrières des
îles Hawaï est en train de se faire cons-
truire à San Francisco un palais qui ne lui
reviendra pas à moins de JO. millions de
francs. Mais écoutons ce que dit notre
confrère le Temps :
M. Claus Spreckels affecte 250,000 francs à
l'ameublement du boudoir de sa fille, Mrs
Thomas Watson, laquelle a, en outre, fait
elle-même le plan de la salle de bains qui lui
est destinée, dessiné les dalles que l'on fait fa-
briquer à Trenton sous la surveillance d'un
artiste chargé de les recevoir et de faire briser
les modèles pour éviter toute reproduction. Il
fallut, paraît-il, de nombreux et coûteux essais
avant d'arriver à donner aux plaques de revê-
tement le ton spécial de vieil ivoire qu'exigeait
Mrs Watson, et aussi pour la confection des
panneaux où des nymphes polychromes se
détachent en relief dans les paysages cham-
pêtres.
Au long de la baignoire, en argent massif,
se déroule une théorie de Néréides sur une
plage de corail. Au long de la frise, de petits
amours prennent leurs ébats autour d'une
jeune fille chevauchant un dauphin. Des robi-
nets en or massif, curieusement ciselés, des
tables de toilette en onyx incrusté de lames
d'or, des ustensiles de toilette, chefs-d'œuvre
d'orfèvrerie, des marbres précieux et des tapis
de grand prix font de cette pièce intime un
musée d'objets rares et coûteux, un rêve de
milliardaire prodiguant l'or pour satisfaire une
fantaisie.
JI est certain que c'est plus cossu que les
bains à quatre sous !
Le Passant.
LA CLOTURE DE LA SESSION
La démarche que MM. Goblet, Sarrien et Du-
jardin-Beaumetz firent vendredi dernier, au-
près du président du conseil n'aura pas été
inutile puisque le gouvernement a renoncé pu-
rement et simplement à clôturer la session
sans que la Cbiunbre ait été cons.
Ce matin, dans un conseil exceptionnel qui
sera tenu à l'Elysée, les membres du gouver-
nement arrêteront les termes d'un projet de
loi qui sera soumis à la Chambre dès le début
de la séance.
Ce projet de loi doit stipuler qu'une session
extraordinaire des conseils généraux se tien-
dra à l'automne pour procéder à la répartition
des contributions directes.
De telle façon que si ce projet est adopté, la
Chambre pourra partir en vacances et réser-
vera ainsi la suite de la discussion des réfor-
mes fiscales pour la rentrée d'octobre.
Il est à prévoir que le gouvernement obtien-
dra le vote de son projet, mais le débat qui
s'ouvrira à cette occasion permettra à l'oppo-
sition démocratique de montrer qu'une pa-
reille méthode aboutira certainement à l'avor-
tement de toute réforme fiscale.
Ajoutons que le gouvernement demandera
l'urgence et la discussion immédiate de son
projet qui, aussitôt adopté par la Chambre,
sera porté au Sénat. La session sera donc
close, au plus tard, demain mardi 13 juillet.
+ :
La maladie du suicide
A propos du drame du Faubourg Pois-
sonnière. — L'augmentation des suicidées
en Europe.- Le suicide et l'alcoolisme.
Le quadruple suicide du faubourg Poisson-
nière n'est pas de ceux qu'on peut enregistrer
sous la rubrique ordinaire des « drames du dé-
sespoir ».
Ces drames ont toujours, en effet, pour cause
déterminante la misère ou la passion.
Ils ne proviennent pas d'une dispositions par-
ticulière de l'esprit; ilsproviennent d'une crise
violente, éclatant brusquement, lorsque l'indi-
vidu se sent ou se croit impuissant à acqué-
rir ce qui est ou ce qu'il croit être indispensa-
éle à sa vie.
Peu importe que ce soit la perte d'une femme
ou la perte d'une fortune qui arme la main du
« suicidé ». Dans un cas comme dans l'autre,
c'est l'impossibilité de satisfaire un besoin con-
sidéré comme essentiel, qui pousse le mal-
heureux à chercher dans la mort un remède à
ses maux.
Le mouvement est impulsif ; il n'est pas ré-
flchi.
Ce n'est pas la raison qui le dicte ; c'est une
sorte d'instinct maladif, plus fort que l'instinct
de la conservation, et qu'on peut appeler
« l'instinct de la moindre souffrance ».
* *
Tout autres sont les conditions dans lesquelles
s'est deroulé le drame du faubourg Poisson-
nière.
Ici, point de crise violente, point de scène de
désespoir.
L'acte n'est pas individuel; il est collectif. E-
bien que ce soit le même motif qui le provot
que, ce motif n'a rien de personnel, comme
dans ces suicides d'amoureux qui préfèrent
mourir ensemble à ne point s'appartenir, ou
de parents qui aiment mieux laisser
des orphelins plutôt que de ne point donner le
nécessaire à leurs enfants.
Sans doute, l'amour n'est pas étranger au
drame. doutes, 'il y intervient, c'est de façon
tout à fait indirecte, sans lien immédiat avec la
résolution prise par les quatre pauvres filles
qu'on vient de conduire au cimetière.
Mme Maréchal et ses amies n'ont pas, en
effet, allumé leur réchaud sous le coup de
l'émotion ressentie à la nouvelle de l'infidélité
d'un mari ou du « lâçhage » d'un amant, subi-
tement révélée.
Elles l'ont allumé tout simplement parce
qu'elles étaient dans un de ces « états d'âme »
particuliers qui font que la vie parait vide du
moment où elle n'est pas remplie comme on
voudrait qu'elle le fût, — états d'âme qui sont
une des forces de l'hypocondrie, que les cha-
grins d'amour développent mais ne causent
pas et qui arrivent vite à leur paroxysme au
contact de ceux qui y sont également prédis-
posés.
Leur cas n'est assurément pas aussi curieux
que celui de cet étudiant en médecine de
Montpellier qui, il y a quelques années, se
brûla la cervelle, après avoir subi avec succès
ses examens, sous prétexte que « l'existence
est décidément trop bête ». Mais il ne tranche
pas moins singulièrement avec l'ordinaire sui-
cide de la petite grisette ou du jeune commis à
qui la perte d'un amant ou d'une jeune mai-
tresse semble plus douloureuse que la perte
de la vie, et à ce titre, il mérite de retenir
toute notre attention, — car, quoi qu'en
pense Marsolleau, c'est bien un symp-
tôme de dépression morale extraordinaire que
ces actes de désespoir qui se renouvellent de
plus en plus, sans qu'ils soient suscités ni par
l'excès de la misère, ni par l'excès de la pas-
sion, c'est à-dire par une cause extérieure à
l'individu.
* *
Depuis cinquante ans, les suicides augmen-
tent partout dans des proportions fantasti-
ques.
On en comptait alors, en France, à peu près
deux mille chaque année. Il y a quinze ans,
ce chiffre avait triplé. Aujourd'hui, il atteint
une moyenne de 8,500.
En Autriche, c'estbien pire. De 1,500 en 1870,
le nombre des morts volontaires a passé à 4,000
environ.
En Ilussie, l'augmentation est de 53 0/0 ; dans
le grand duché de Bade, elle est de 60 0/0 ; en
Saxe, elle dépasse 70 0/0.
Bref, pour l'Europe tout entière, le total des
suicides s'élève annuellement au chiffre ef-
froyable de vingt-cinq mille!
Ainsi, il n'y a pas de doute possible. Comme
l'alcoolisme, la névrose et la folie, le suicide
est une des maladie de notre temps, et l'une
des plus terribles qui soit.
Ce qui l'établit plus nettement peut-être' en-
core que cette progression constante, c'est
qu'il est bel et bien prouvé que l'homme re-
nonce d'autant plus volontiers à la vie que la
nature est, pour lui, plus clémente.
Ce n'esi pas, en effet, pendant les durs mois
d'hiver, quand le froid et la faim font si cruel-
lement souffrir les pauvres hères qui n'ont pas
un sou en poche pour s'offrir un « arlequin »
à la porte d'un marché, ou se payer une pail-
lasse dans quelque mauvais garni, que le nom-
bre des suicides est le plus élevé. C'est en été
quand la terrt se fait douce à qui dort à la
belle étoile, quand les nuits sont moins rigou-
reuses, quand l'estomac est moins exigeant.
On n'a, pour s'en assurer, qu'à consulter les
statistiques comparatives que voici :
Nombre de suicides sur 1,000 :
De novembre à février. , 256 8
De mars à avril et de septembre à octobre. 339 2
De mai à août 404 »
Voici donc qui confirme de la façon la plus
évidente que, dans la majorité des cas, le sui-
cide n'est pas déterminé directement par la
misère, mais bien par une disposition particu-
lière de l'âme à la désespérance qui s'accentue
naturellement au fur et a mesure que la joie,
de vivre se manifeste plus vive chez les autres.
Qui ne sait, du reste, que ce ne sont pas les
indigents qui fournissent le plus grand çoutin-
gent de suicidés, mais tout au contraire, les
hommes de condition moyenne dont la sensi-
bilité est plus émoussée ? Et qu'est-fl besoin
dès lors, d'autres preuves pour nous con-
vflaifnncrrre que le « droit à la mort » que reven-
diquait, il y a deux ans, un philosophe alle-
mand, M Alfred Jost, est tout bonnement le
« droit a la maladie » ?
***
Reste à savoir d'où provient cette maladie 'et
comment on peut la combattre.
L'exemple de la Norwège est, à cet égard,
des plus précieux.
C'est le seul pays où le suicide et l'alcoolisme
soient également en diminution.
Jadis, on y consommait annuellement seize
litres d'alcool par habitant et on y enregistrait
tous les ans de cent huit à cent neuf suicides.
Depuis, une lutte à outrance a été engagéè
contre l'abus des boissons alcooliques, et la
consommation annuelle des eaux-de-vie est
tombée successivement à 4.4 litres, 3.5 litres,
1.7 litre, et enfin 1.5 litre.
Proportionnellement, le nombre des morts
volontaires est tombé, pendant la même pé-
riode, à 72, 70, 67 et 65.
Sans doute, il serait excessif de partir de là
pour déclarer que l'alcoolisme est l'unique
cause de l'augmentation du nombre des sui-
cides.
Mais sans doute aussi, il faudrait être aveu-
gle pour contester,en présence de ces chiffres,
qu'il n'exerce pas ici, comme sur toutes les
maladies inconnues, la plus funeste in-
fluence.
Aux moralistes et aux hygiénistes, par con-
séquent, de comprendre qu'il est temps et
grand temps de se préoccuper de cette « inap"
titude à la souffrance qui constitue, suivant le
mot d'un médecin anglais, le trait caractéristi-
que du « mal des suicidés» qui se développe si-
multanément avec le progrès et la civilisation,
et qui semble bien, hélas ! en être le revers.
4. i
La VIE de PARIS
Par Henry FOUQUIER
Je demande la permission de donner
aujourd'hui un article fait par nos lec-
teurs, c'est-à-dire de parler rapidement
de deux ou trois sujets que traitent des
correspondants, dont je deviens le sim-
ple secrétaire, alors que ces sujets ne
sont pas très intimes ou particuliers et
touchent à un intérêt général.
Tout d'abord, je reçois une très tou-
chante lettre, où l'on me signale l'aven-
ture d'une pauvre ouvrière blanchisseuse.
Celle-ci ayant oublié de laisser la clé do
son appartement, dont elle avait donné
congé, a été blessée à coups de pots de
fleurs par la propriétaire du logis. Elle l'a
attaquée en dommages-intérêts et a ob-
tenu trois cents francs.
Mais, alors, on s'est aperçu que la con-
damnée n'était pas la vraie propriétaire.
Elle était la concubine du propriétaire,
qui a décliné toute responsabilité. Et, dès
lors, comme cette femme a été reconnue
complètement insolvable, c'est la plai-
gnante qui a supporté les frais du procès.
L'incapacité de travail, la maladie d'une
fille qu'elle a, ont ruiné complètement
cette pauvre femme.
Le voisin qui m'écrit me demande si je
ne pourrais pas obtenir de nos lecteurs
charitables quelques secours pour elle ?
Si quelque lecteur veut bien venir en
aide à cette malheureuse, je me ferai un
plaisir de lui transmettre son envoi, avec
les précautions d'usage. *
Mais, il reste une observation à faire:
C'est que le jugement qui met hors de
cause le propriétaire véritable, inatta-
quable en droit, blesse l'équité. Dans les
civilisations primitives, où la force est la'
loi et l'arbitraire la règle, l'usage du droit
écrit a été à bon droit regardé comme un
progrès, une conquête, une garantie de
justice. Mais, quand les mœurs se font
meilleures, que plus de garanties peuvent
être offertes par le juge, celui-ci est gêné
souvent par le texte de la loi écrite.
Dans le cas présent, par exemple, il est
bien clair que la femme qui agissait
comme propriétaire avait, pour le faire,
une sorte de possession d'état, et que
l'homme qui lui avait laissé prendre cette
situation en était bien responsable en
équité.
Ce n'est pas une fois par jour, c'est dis
et vingt fois que le juge français est obligé
de condamner des gens de très bonne
foi et qui ont raison à ses propres yeux.
Seulement, s'il jugeait selon l'équité, son
jugement serait cassé en appel et il pas-
serait pour un ignorant.
Il me semble qu'il y a là une lacune A
combler dans les lois, qu'une juridiction'
pourrait être établie, ayant plus de lati-
tude que les tribunaux ordinaires, et qui
permettrait de mettre en jeu l'équité.
quand les premiers juges en reconnaî-
traient eux-mêmes la nécessité ? Enfin, il
y a quelque chose à faire. Dans le cas
que je dis, il me semble que, sans trop de
subtilité, si le propriétaire a fait faire une
observation à un locataire par sa COHCU"
bine, on pouvait considérer qu'il l'avait
constituée sa mandataire : et, dès lors, il
y avait un précédent engageant sa res-
ponsabilité.
D'autres récits me sont envoyés tou
chant toujours à la justice, car c'est cer-
tainement là que les abus sont les plui"
nombreux et les plus lourds pour les pe-
tites gens. Un instituteur m'écrit qu'assi-
gné un jour pour un paiement de 28 fr.
et n'ayant pu se rendre à la justice der
paix, il envoya, le lendemain, la sommci
à son créancier. Il en avertit le Juge.
Mais le créancier n'ayant pas donné de
désistement, le procès suivit son cours et
le débiteur libéré dut payer les frai*
d'une condamnation sine causd.
Ceci me paraît encore inadmissible.'
C'est cependant une jurisprudence assei
ordinaire en matière de procédure.
Il y aurait à y regarder de près. Inutile
de dire que les frais, dans l'histoire qu'on
me signale, étaient de cent pour cent,
vingt-huit francs pour une dette de vingts
huit francs !
Une lettre très pittoresque - trop pite
toresque pour que j'en reproduise les ter.
mes, ce dont je grillo d'envie - w.'elf
Ntimérô, CINQ CEI WtFÎKTEnBï
LE m SIECLE
ANNONCES -
AUX BUREAUX DU JOURNAL
131, rue Montmartre, 131
Et ohez MM. LAGRANGE, CERF & 04
6, place de la Bourse,
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.1 REDACTION : 131, rue Montmartre, 131
Où 4 à 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
N° 9986. — M»v-c3i 13 Juillet 1897
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Nous rappelons à nos abonnés qu'ils
doivent joindre 60 centimes à toutes
leurs demandes de changements d'a-
dresses ; ceci pour la confection de nou
veUes bandes..
NOS LEADERS
LETTRES LIBRES
LE PROJET DE M. LOCKROY
M. Lockroy donne à ses concitoyens
le spectacle assez rare d'un homme qui,
après sa sortie du pouvoir, cherche à
réaliser les projets qu'il avait conçus
étant ministre.
Il a d'abord, dans un livre remarqua-
ble, dont j'ai déjà parlé ici-même, dans
le temps de son apparition et sur le-
quel je reviendrai, tracé le tableau de la
situation de notre marine et de ses be-
soins les plus immédiats ; puis, il a saisi
la Chambre d'une demande des crédits
jugés par lui nécessaires à la réfection
ttc notre flotte de guerre, à son accrois-
sement et à l'organisation des défenses
maritimes de nos côtes et de nos colo-
nies.
La somme totale demandée par M.
Lockroy est de deux cents millions, ré-
partis de la manière suivante entre les
divers besoins de notre marine : pour
les ports de refuge en dehors de la
France, 40 millions ; pour les construc-
tions neuves, 140 millions ; pour la ré-
paration des bâtiments existants, 20 mil-
lions.
La commission de la marine est favo-
rable aux propositions de M. Lockroy ;
mais, chose singulière, son successeur
manifeste une hostilité très vive et mê-
me quelque peu acariâtre. Il ne veut
pas des millions qu'on lui offre ; il mon-
tre une extrême défiance à l'égard des
présents d'Artaxercès. Est-ce parce
qu'il conteste les besoins que signale
M. Lockroy? Est-ce parce que son
amour-propre a été blessé de ce que M.
Lockroy prît les devants sur lui-même ?
Est-ce parce que la manière dont il
faudrait dépenser les crédits demandés
par l'ancien ministre de la marine n'est
pas conforme à ses goûts et aux rou-
tines de la rue Royale ?
Il y a, sans doute, de tout cela dans
les motifs de son attitude. Quoi qu'il en
soit, elle est fort maussade et le public,
après la commission de la marine, en a
déjà reçu de nombreux échos.
L'amiral Besnard fait cependant par-
tie d'un cabinet dont la préoccupation la
plus vive devrait être de porter notre
marine de guerre au maximum de force
et d'étendue d'action.
**
Dans l'exposé des motifs de sa propo-
sition de loi, M. Lockroy présente, au
sujet de notre situation politique dans
le monde, quelques observations que le
lecteur me saura, sans doute, gré de
reproduire ici, car elles sont d'une
grande importance et d'une extrême
justesse.
Il rappelle d'abord que depuis le
commencement de ce siècle, la France
a vécu dans une sécurité presque abso-
lue du côté de ses frontières de mer et
qu'elle n'a rencontré, dans ses entre-
prises lointaines, aucune opposition de
la part des puissances maritimes.
Dans les expéditions de l'Algérie, de
Crimée, de la Chine, du Mexique, la
marine française, fait remarquer M. Loc-
kroy, « a trouvé sur sa route, à toutes
les étapes, le concours puissant et dé-
cisif de l'Angleterre, alliée ou amie ; de
ses ports de ses vaisseaux et de ses
troupes » : et il en est résulté de gran-
des facilités pour l'exécution. de nos pro-
jets.
En sera-t-il toujours ainsi ?
M. Lockroy fait observer, non sans
raison, qu'une « modification profonde
s'est produite dans la situatton politique
de l'Europe; » et il ajoute précisément
sa pensée : « Notre patriotisme et le
souci de notre sécurité intérieure nous
ont imposé une autre alliance, et celle-
ci a dû avoir et a eu, en effet; au point
de vue maritime, des conséquences dont
on ne peut méconnaître l'importance. La
France a pensé conjurer le danger d'une
formidable coalition ; la Russie a pu lé-
gitimement espérer réaliser de grands
projets d'expansion maritime, obtenir
l'aide d'une flotte considérable, d'arse-
naux s'ouvrant à la fois dans les mers
d'Europe et dans les mers coloniales,
dont le plus important, vcelui-de Saïgon,
se dresse entre Singapour et Hong-
Kong, les deux clefs anglaises de la mer
des Indes et du Pacifique.
«. Il nous faut donc envisager réso-
lument les conséquences de notre nou-
velle attitude. Nous ne devons pas nous
dissimuler que si elle a mis à l'abri d'une
invasion nos frontières de terre, elle a,
par contre, découvert, et dans une éten-
due beaucoup plus considérable, nos
fronts de mer, aussi bien ceux de la mé-
tropole que ceux de l'Algérie et que
ceux des colonies. »
.;
Les événements dont nous avons été
les témoins et -li nous avons dû jouer
notre rle pendant c~ deu* dernières
années, corroborent pleinement ces ob-
servations.
En 1895, à la suite delà guerre sino-
japonaise n'est-ce pas notre alliance
avec la Russie fqui nous a conduits à
prendre fait et cause avec elle pour la
Chine contre le Japon, alors que certains
intérêts particuliers auraient pu nous
conseiller une attitude toute différentei
Or, dans cette circonstance, nous avons
été obligés de renforcer notre escadre
de la Chine, et nous aurions dû mêmela
.doubler ou la tripler, si le Japon ne s'é-
tait pas rendu aux conseils qui lui furent
imposés par la Russie.
Nous n'eûmes pas, fort heureusement,
besoin de recourir aux canons de nos
navires ; - mais il est impossible de ne
pas croire que le Japon a gardé quel-
que rancune des blessures d'amour-pro-
pre qui lui ont été infligées. Nous voilà
donc obligés de tenir compte, dans l'a-
venir, de ses sentiments, et de proté-
ger, plus efficacement que dans le passé
notre colonie indo-chinoise contre les
menaces dont elle pourrait, à un mo-
ment donné, être l'objet de la part de la
marine japonaise.
Cette charge n'est pas la seule que
notre diplomatie nous impose. La con-
duite que, pour plaire à la Russie, nous
avons tenue dans l'Orient de la Méditer-
ranée Lepuis deux ans, nous met dans
l'obligation d'accroître considérablement
nos forces maritimes dans cette mer.
D'abord, en laissant écraser la Grèce
par la Turquie, nous avons éteint les
sympathies dont nous jouissions auprès
des Hellènes et nous nous sommes pri-
vés des concours précieux que la ma-
rine grecque aurait pu nous donner dans
une heure difficile.
Ensuite, en favorisant, par notre ma-
ladroite conduite, l'établissement de
l'hégémonie allemande dans l'empire
ottoman, nous avons considérablement
augmenté les forces dont l'Allemagne
disposait dans la Méditerranée. Après
avoir réorganisé l'armée turque et lui
avoir assuré les triomphes dont elle est
si fière, l'Allemagnne ne manquera pas
de refaire la flotte du sultan, de l'aug-
menter, de la discipliner et de la mettre
sur le même pied que son armée. Or,
les Turcs ne sont pas moins bons ma-
rins que bon soldats ; le jour où ils dis-
poseront d'une bonne flotte de guerre,
ils ne vaudront pas moins sur mer que
sur terre.
Avant les derniers événements
d'Orient, nous n'avions en face de nous,
dans la Méditerrannée que la flotte ita-
lienne et une escadre allemande néces-
sairement réduite; nous aurons, dans
quelques années, à compter en outre,
avec une flotte turque commandée par
des amiraux allemands et obéissant aux
directions de la triplice germanique.
En voilà, si je ne me trompe plus
qu'il ne faut pour justifier la réfection et
l'augmentation de notre flotte de guerre.
Mais ce n'est pas encore tout.
* *
En .même temps que notre alliance
avec la Russie nous impose le devoir
d'augmenter nos forces maritimes offen-
sives et défensives, non seulement en
Europe, mais dans le monde entier, l'at-
titude prise, depuis quelque temps, par
notre diplomatie, à l'égard de l'Angleterre
tend à transformer cette amie ou alliée
des temps rappelés par M. Lockroy, en
une rivale chagrine et peut-être en une
ennemie.
A la divergence indéniable d'intérêts
qui existe, sur divers points du globe,
entre l'Angleterre et la France, notre
alliance avec la Russie ajoute naturelle-
ment les rivalités maritimes et colo-
niales des Russes et des Anglais.
Comme c'est là une conséquence inévi-
table de notre entente avec la Russie,
tous les efforts de notre diplomatie au-
raient dû tendre à en atténuer l'impor-
tance.
Notre intérêt matériel et notre devoir
moral étaient de rapprocher la Russie
de l'Angleterre, d'adoucir les frotte-
ments entre leurs intérêts et leurs
amours propres, de travailler, en un
mot, à la confection d'une sorte de tri-
plice anglo-franco-russe, parallèle, si
non opposée, à la triplice germani-
que.
Cette politique s'imposait à nous d'au-
tant plus impérieusement que la Tur-
quie, avec son million de soldats et sa
flotte est, par la faute de la Russie et
celle de nos diplomates, rejetée du
côté de l'Allemagne.
Notre diplomatie paraît n'avoir point
vu tout cela. Non seulement elle n'a rien
fait pour rapprocher la Russie de l'An-
gleterre, mais encore il semble qu'elle
ait pris à tâche de nous écarter de la
Grande-Bretagne et de nous mettre
en mauvais termes avec les Anglais.
Et c'est le ministre de la marine d'un
cabinet responsable de cette diplomatie
anglophobe qui repousse les moyens de
refaire et d'accroître notre marine !
Aussi, concluérai-je par ces mots de
M. Lockroy, dont j'étudierai plus tard
le projet : « Si le péril continental sem-
ble conjuré, le péril maritime semble
plus grand chaque jour. »
J.-L. DE LANESSAN.
Nous publierons demain
l'article de M. Francisque Sareey.
LES PETITES RÉFORMES
Les bureaux do l'Hôtel d:) Ville
Ceci ne s'adresse ni à M. le ministre de la
guerre, ni à M. le ninistre des finances, ni à
M. le sous-secrétaire d'Etat aux postes et télé-
graphes, ni à MM. les députés.
Ceci s'adresse tout simp-lementà M. le préfet
de la Seine et à MM. les conseillers municipaux
de Paris, y compris notre collaborateur et ami
Charles Bos.
voici en deux mots ce dont il s agit :
Un de nos plus fidèles lecteurs, M. X.,
avait reçu dernièrement du service de la voirie
une invitation à se rendre à l'Hôtel de Ville
pour une affaire dont il est inutile d'exposer
l'obj et.
Notre lecteur s'empressa de se rendre à
cette invitation.
— Le service de la voirie ? demanda-t-il au
concierge.
— Voyez à droite, dans la cour, lui fut-il
répondu.
Arrivé à droite, dans la cour, M. X. trouva
un garçon de bureau.
— Le service de la voirie ? demanda-t-il.
— Prenez l'ascenceur et montez quatre
étages, lui fut-il répondu.
Arrivé au quatrième étage, M. X. trouva un
autre garçon de bureau.
- Le service de la voirie? demanda-t-il.
- Montez deux étages, lui fut-il répondu.
Arrivé au sixième étage, M. X. rencontra
un employé qui lui dit :
— Ce n'est pas mon affaire. Voyez au-des-
sous.
Arrivé « au-dessous», M. X..rencontra un au-
tre employé qui lui dit :
— Ce n'est pas mon affaire. Voyez au fond à
droite. -
Arrivé au « fond, à droite », M. X. rencon-
tra un garçon de bureau qui lui dit :
— Il n'y a personne, revenez de deux à qua-
tre.
M. X. se résigna. Mais son aventure lui est
restée sur le cœur.
— Ne serait-il donc pas possible, nous de-
mande-t-il, de compléter par quelques rensei-
gnements un peu plus précis le tableau-indi-
cateur des différents services qui est placé
dans la loge du concierge de l'Hôtel de Ville ?
Et ne pourrait-on, pour plus de facilités, no-
ter en tête de toutes les lettres d'avis, reçus et
papiers, l'étage et le couloir où se trouve le bu-
reau auquel on a affaire ?
Voilà qui nous paraît, au contraire, tout à
fait possible et que nous recommandons à la
bienveillante attention du préfet de la Seine et
de nos édiles. - André Honnorat.
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN :
Les courses : A Vincennes.
— Durée du jour, 17 h. 10 m.
CHEZ NOUS
"-"IVVVV Il a été procédé hier à l'exhumation
au cimetière de Levallois, des corps de
quatre Caraïbes, morts il y a quelques an-
nées. Ces squelettes ont été transportés au
Muséum d'histoire naturelle, où ils vont
être exposés.
On sait que la race des Caraïbes a pres-
que complètement disparu des Antilles, et
qu'on n'en compte plus que de rares su-
jets.
- La vieille église Saint-Pierre de
Montmartre sera décidément conservée, et
intégralement.
L'Académie des inscriptions et belles-
lettres, les sociétés de l'Histoire de Paris,
du Vieux Montmartre, des Amis des mo-
numents parisiens et des Antiquaires de
France, viennent d'obtenir que les répara-
tions nécessaires à la consolidation de
l'église soient entreprises d'urgence : qua-
tre-vingt-dix mille francs seront consacrés
à ces réparations, dépense supportée par-
tie par l'Etat et partie par la Ville de Paris.
."-"VVVV Le comité départemental des Pyré-
nées-Orientales pour l'Exposition univer-
selle de 1900 a émis le vœu que des mesures
énergiques etsévères soient prises pour em-
pêcher que des ventes au détail puissent se
faire dans l'enceinte de l'Exposition, ces
ventes pouvant porter un préjudice consi-
dérable au petit commerce et aux petites
industries.
EN PASSANT
Le cannibalisme est-il la marque d'un
tempérament mystique et épris d'idéal ou la
tare d'une nature basse livrée à ses gloutons
appétits. Jusqu'ici l'on aurait plutôt penché
vers la seconde hypothèse; mais il paraît
que l'on s'était trompé. Lise^ plutôt l'article
de M. Flinders Patrie, Végyptologue an-
glais bien connu, article reproâuit cette se-
maine dans la Revue des Revues.
Vous y verreç que les anthropophages
dignes de ce nom ne dévorent leurs frères
humains, à la sauce rousse ou à la croque-
au-sel, que ndfs par les sentiments les
plus délicats et les intentions les plus no-
les. C'est pour leur faire les funérailles
les plus honorables que les Thibétains man-
gent leurs parents. Les Australiens et les
Comanches disent : « Il vaut mieux finir
dars le ventre d'un ami qu'englouti par la
terre froide ». Les Qstiaks et les Samoyèdes
pensent que les anciens auront une vie fu-
ture plus douce et plus heureuse si on les
digère auparavant. Dans l'antiquité, les
Massagètes aimaient mieux absorber leurs
parents ou leurs amix devenus vieux que le
laisser faire aux vers ».
Les Niams-Niams mangent les grands
guerriers pour s'approprier leur courage et
les enfants pour s'assurer leur jeunesse.
Bref, tous les vrais cannibales sont des
êtres imdginatifs et idéalistes ; seuls, les ci-
vilisés européens,qui ne mangent de l' homme
qu'en des cas de radeaux de la Méduse ou
autres occurences fâcheuses, sont lourde
ment et platement anthropophagex par be-
soin de se remplir l'estomac. Fi 1 que c'est
laid 1
LOUIS MARSOLLEAU.
NVVVVV Une des clauses que renferme le
testament du duc d'Aumale, est à peu près
ainsi conçue :
« Est imposée à l'Institut la charge de
servir au département de l'Oise qui m'a
rouvert les portes de la patrie en 1871 et
depuis lors m'a constamment maintenu à
la présidence de son conseil général, une
rente annuelle et perpétuelle de dix mille
francs qui sera portée au budget départe-
mental dans les conditions ci-après déter-
minées :
» A. Sous le titre de subvention aux
communes: une somme de 3,000 fr. sera
consacrée à l'entretien ou l'amélioration
des édifices communaux et paroissiaux.
» B. Une somme de 2,000 francs sera
allouée aux communes pour le traitement
des malades et incurables indigents des
communes privées d'établissements hospi- 1
taliers.
» C. Une somme de 1,500 francs sera
distribuée en secours aux prêtres vieux et
infirmes.
» D. Une somme de 2,500 francs servira
à l'entretien dans un ou plusieurs lycées
ou collèges de bourses au profit d'enfants
présentés par la commune de Chantilly.
» E. Une somme de 1,000 francs sera af-
fectée à la distribution de prix dans les
écoles communales.
- M. Méline est arrivé hier matin à
Reims pour présider les fêtes du cinquan-
tenaire du comice agricole. Il a visité l'ex-
position des machines agricoles. Il a dé-
cerné la croix de la Légion d'honneur à
M. Noirot, maire, la rosette d'officier du
Mérite agricole à M. Renard-Matron, vice-
président du comice agricole, et la croix
de chevalier du Mérite agricole à MM.Bail-
lod, Bonnet, Danneau, Andrieux, agricul-
teurs.
",Hier soir a eu lieu à Cherchell, dans
le square de la ville, l'inauguration du
buste du général Cavaignac.
Les habitant ont fait ériger ce buste pour
perpétuer la mémoire de l'héroïque dé-
fense de leur ville par le chef de bataillon
Cavaignac, commandant de la place, con-
tre les Kabyles du Dahra, après la prise de
Cherchell par les Français' le 15 mars
1840.
- La municipalité de Fougères a ima-
giné de consulter toutes les personnes,
hommes et femmes, inscrites au rôle des
contributions directes, sur un emprunt de
600,000 francs que nécessiterait l'installa-
tion à Fougères d'un quatrième bataillon.
Ce referenaum a eu lieu hier.
2,282 électeurs étaient inscrits, dont
1,805 hommes et 477 femmes. Il y a eu
1,434 votants. Le-vote a donné les résultats
suivants : non, 1,329; oui, 99; nuls, 6. Sur
les 477 femmes inscrites, 243 ont voté.
- Le Journal d'ln dre-el-Lo ire dit
qu'une équipe d'ouvriers a commencé à
démolir l'immeuble occupé, sur la place
du Palais de justice, à Tours, par M. Bel-
luot, cousin du Président de la Républi-
que.
La vaste prairie sur laquelle se reposait
depuis l'année dernière la vue des habitants
de Tours va disparaître pour faire place au
chantier de construction du nouvel Hôtel
de Ville.
.vvv>-"" On télégraphie de Saïgon, 11 juillet,
que le général Badens s'est noyé dans la
rivière Claire au Tonkin.
JVVVVVV Combien de cheveux sur nos tètes?
Des savants ont compté la quantité de
cheveux qui recouvrent un pouce carré sur
plusieurs têtes différentes et établi
une moyenne qui a donné 1.066 cheveux.
Or, la superficie d'une tète humaiee étant
à peu près de 120 pouces carrés, le nombre
total des cheveux serait de 127.920,
D'autres savants ont classé l'importan ce
d'une chevelure suivant sa couleur, et nous
donnent les chiffres suivants : 143.006
cheveux pour une tête blonde, 105.000
pour une tête brune et seulement 20.200
pour une tête rousse, les cheveux blonds
étant les plus fins et les rouges les plus
gros.
A L'ETRANGER
—~ Hier, à Odde, en Norwège, où il
prend l'air, l'empereur d'Allemagne se pro-
menait sur le pont d'un navire lorsqu'il a
été frappé par une pièce d'agrès qui
tombait du mât.Un bout de cordage qui y
était attaché vint heurter l'œil gauche du
kaiser; une hémorrhagie, peu abondante,
d'ailleurs,s'est produite dans la cavité anté-
rieure de l'œil. Un pansement a été appli-
qué.
Maintenant, ça va mieux.
- Une jolie salle de bains.
Un yankee, Claus Spreckels, enrichi par
l'exploitation des plantations sucrières des
îles Hawaï est en train de se faire cons-
truire à San Francisco un palais qui ne lui
reviendra pas à moins de JO. millions de
francs. Mais écoutons ce que dit notre
confrère le Temps :
M. Claus Spreckels affecte 250,000 francs à
l'ameublement du boudoir de sa fille, Mrs
Thomas Watson, laquelle a, en outre, fait
elle-même le plan de la salle de bains qui lui
est destinée, dessiné les dalles que l'on fait fa-
briquer à Trenton sous la surveillance d'un
artiste chargé de les recevoir et de faire briser
les modèles pour éviter toute reproduction. Il
fallut, paraît-il, de nombreux et coûteux essais
avant d'arriver à donner aux plaques de revê-
tement le ton spécial de vieil ivoire qu'exigeait
Mrs Watson, et aussi pour la confection des
panneaux où des nymphes polychromes se
détachent en relief dans les paysages cham-
pêtres.
Au long de la baignoire, en argent massif,
se déroule une théorie de Néréides sur une
plage de corail. Au long de la frise, de petits
amours prennent leurs ébats autour d'une
jeune fille chevauchant un dauphin. Des robi-
nets en or massif, curieusement ciselés, des
tables de toilette en onyx incrusté de lames
d'or, des ustensiles de toilette, chefs-d'œuvre
d'orfèvrerie, des marbres précieux et des tapis
de grand prix font de cette pièce intime un
musée d'objets rares et coûteux, un rêve de
milliardaire prodiguant l'or pour satisfaire une
fantaisie.
JI est certain que c'est plus cossu que les
bains à quatre sous !
Le Passant.
LA CLOTURE DE LA SESSION
La démarche que MM. Goblet, Sarrien et Du-
jardin-Beaumetz firent vendredi dernier, au-
près du président du conseil n'aura pas été
inutile puisque le gouvernement a renoncé pu-
rement et simplement à clôturer la session
sans que la Cbiunbre ait été cons.
Ce matin, dans un conseil exceptionnel qui
sera tenu à l'Elysée, les membres du gouver-
nement arrêteront les termes d'un projet de
loi qui sera soumis à la Chambre dès le début
de la séance.
Ce projet de loi doit stipuler qu'une session
extraordinaire des conseils généraux se tien-
dra à l'automne pour procéder à la répartition
des contributions directes.
De telle façon que si ce projet est adopté, la
Chambre pourra partir en vacances et réser-
vera ainsi la suite de la discussion des réfor-
mes fiscales pour la rentrée d'octobre.
Il est à prévoir que le gouvernement obtien-
dra le vote de son projet, mais le débat qui
s'ouvrira à cette occasion permettra à l'oppo-
sition démocratique de montrer qu'une pa-
reille méthode aboutira certainement à l'avor-
tement de toute réforme fiscale.
Ajoutons que le gouvernement demandera
l'urgence et la discussion immédiate de son
projet qui, aussitôt adopté par la Chambre,
sera porté au Sénat. La session sera donc
close, au plus tard, demain mardi 13 juillet.
+ :
La maladie du suicide
A propos du drame du Faubourg Pois-
sonnière. — L'augmentation des suicidées
en Europe.- Le suicide et l'alcoolisme.
Le quadruple suicide du faubourg Poisson-
nière n'est pas de ceux qu'on peut enregistrer
sous la rubrique ordinaire des « drames du dé-
sespoir ».
Ces drames ont toujours, en effet, pour cause
déterminante la misère ou la passion.
Ils ne proviennent pas d'une dispositions par-
ticulière de l'esprit; ilsproviennent d'une crise
violente, éclatant brusquement, lorsque l'indi-
vidu se sent ou se croit impuissant à acqué-
rir ce qui est ou ce qu'il croit être indispensa-
éle à sa vie.
Peu importe que ce soit la perte d'une femme
ou la perte d'une fortune qui arme la main du
« suicidé ». Dans un cas comme dans l'autre,
c'est l'impossibilité de satisfaire un besoin con-
sidéré comme essentiel, qui pousse le mal-
heureux à chercher dans la mort un remède à
ses maux.
Le mouvement est impulsif ; il n'est pas ré-
flchi.
Ce n'est pas la raison qui le dicte ; c'est une
sorte d'instinct maladif, plus fort que l'instinct
de la conservation, et qu'on peut appeler
« l'instinct de la moindre souffrance ».
* *
Tout autres sont les conditions dans lesquelles
s'est deroulé le drame du faubourg Poisson-
nière.
Ici, point de crise violente, point de scène de
désespoir.
L'acte n'est pas individuel; il est collectif. E-
bien que ce soit le même motif qui le provot
que, ce motif n'a rien de personnel, comme
dans ces suicides d'amoureux qui préfèrent
mourir ensemble à ne point s'appartenir, ou
de parents qui aiment mieux laisser
des orphelins plutôt que de ne point donner le
nécessaire à leurs enfants.
Sans doute, l'amour n'est pas étranger au
drame. doutes, 'il y intervient, c'est de façon
tout à fait indirecte, sans lien immédiat avec la
résolution prise par les quatre pauvres filles
qu'on vient de conduire au cimetière.
Mme Maréchal et ses amies n'ont pas, en
effet, allumé leur réchaud sous le coup de
l'émotion ressentie à la nouvelle de l'infidélité
d'un mari ou du « lâçhage » d'un amant, subi-
tement révélée.
Elles l'ont allumé tout simplement parce
qu'elles étaient dans un de ces « états d'âme »
particuliers qui font que la vie parait vide du
moment où elle n'est pas remplie comme on
voudrait qu'elle le fût, — états d'âme qui sont
une des forces de l'hypocondrie, que les cha-
grins d'amour développent mais ne causent
pas et qui arrivent vite à leur paroxysme au
contact de ceux qui y sont également prédis-
posés.
Leur cas n'est assurément pas aussi curieux
que celui de cet étudiant en médecine de
Montpellier qui, il y a quelques années, se
brûla la cervelle, après avoir subi avec succès
ses examens, sous prétexte que « l'existence
est décidément trop bête ». Mais il ne tranche
pas moins singulièrement avec l'ordinaire sui-
cide de la petite grisette ou du jeune commis à
qui la perte d'un amant ou d'une jeune mai-
tresse semble plus douloureuse que la perte
de la vie, et à ce titre, il mérite de retenir
toute notre attention, — car, quoi qu'en
pense Marsolleau, c'est bien un symp-
tôme de dépression morale extraordinaire que
ces actes de désespoir qui se renouvellent de
plus en plus, sans qu'ils soient suscités ni par
l'excès de la misère, ni par l'excès de la pas-
sion, c'est à-dire par une cause extérieure à
l'individu.
* *
Depuis cinquante ans, les suicides augmen-
tent partout dans des proportions fantasti-
ques.
On en comptait alors, en France, à peu près
deux mille chaque année. Il y a quinze ans,
ce chiffre avait triplé. Aujourd'hui, il atteint
une moyenne de 8,500.
En Autriche, c'estbien pire. De 1,500 en 1870,
le nombre des morts volontaires a passé à 4,000
environ.
En Ilussie, l'augmentation est de 53 0/0 ; dans
le grand duché de Bade, elle est de 60 0/0 ; en
Saxe, elle dépasse 70 0/0.
Bref, pour l'Europe tout entière, le total des
suicides s'élève annuellement au chiffre ef-
froyable de vingt-cinq mille!
Ainsi, il n'y a pas de doute possible. Comme
l'alcoolisme, la névrose et la folie, le suicide
est une des maladie de notre temps, et l'une
des plus terribles qui soit.
Ce qui l'établit plus nettement peut-être' en-
core que cette progression constante, c'est
qu'il est bel et bien prouvé que l'homme re-
nonce d'autant plus volontiers à la vie que la
nature est, pour lui, plus clémente.
Ce n'esi pas, en effet, pendant les durs mois
d'hiver, quand le froid et la faim font si cruel-
lement souffrir les pauvres hères qui n'ont pas
un sou en poche pour s'offrir un « arlequin »
à la porte d'un marché, ou se payer une pail-
lasse dans quelque mauvais garni, que le nom-
bre des suicides est le plus élevé. C'est en été
quand la terrt se fait douce à qui dort à la
belle étoile, quand les nuits sont moins rigou-
reuses, quand l'estomac est moins exigeant.
On n'a, pour s'en assurer, qu'à consulter les
statistiques comparatives que voici :
Nombre de suicides sur 1,000 :
De novembre à février. , 256 8
De mars à avril et de septembre à octobre. 339 2
De mai à août 404 »
Voici donc qui confirme de la façon la plus
évidente que, dans la majorité des cas, le sui-
cide n'est pas déterminé directement par la
misère, mais bien par une disposition particu-
lière de l'âme à la désespérance qui s'accentue
naturellement au fur et a mesure que la joie,
de vivre se manifeste plus vive chez les autres.
Qui ne sait, du reste, que ce ne sont pas les
indigents qui fournissent le plus grand çoutin-
gent de suicidés, mais tout au contraire, les
hommes de condition moyenne dont la sensi-
bilité est plus émoussée ? Et qu'est-fl besoin
dès lors, d'autres preuves pour nous con-
vflaifnncrrre que le « droit à la mort » que reven-
diquait, il y a deux ans, un philosophe alle-
mand, M Alfred Jost, est tout bonnement le
« droit a la maladie » ?
***
Reste à savoir d'où provient cette maladie 'et
comment on peut la combattre.
L'exemple de la Norwège est, à cet égard,
des plus précieux.
C'est le seul pays où le suicide et l'alcoolisme
soient également en diminution.
Jadis, on y consommait annuellement seize
litres d'alcool par habitant et on y enregistrait
tous les ans de cent huit à cent neuf suicides.
Depuis, une lutte à outrance a été engagéè
contre l'abus des boissons alcooliques, et la
consommation annuelle des eaux-de-vie est
tombée successivement à 4.4 litres, 3.5 litres,
1.7 litre, et enfin 1.5 litre.
Proportionnellement, le nombre des morts
volontaires est tombé, pendant la même pé-
riode, à 72, 70, 67 et 65.
Sans doute, il serait excessif de partir de là
pour déclarer que l'alcoolisme est l'unique
cause de l'augmentation du nombre des sui-
cides.
Mais sans doute aussi, il faudrait être aveu-
gle pour contester,en présence de ces chiffres,
qu'il n'exerce pas ici, comme sur toutes les
maladies inconnues, la plus funeste in-
fluence.
Aux moralistes et aux hygiénistes, par con-
séquent, de comprendre qu'il est temps et
grand temps de se préoccuper de cette « inap"
titude à la souffrance qui constitue, suivant le
mot d'un médecin anglais, le trait caractéristi-
que du « mal des suicidés» qui se développe si-
multanément avec le progrès et la civilisation,
et qui semble bien, hélas ! en être le revers.
4. i
La VIE de PARIS
Par Henry FOUQUIER
Je demande la permission de donner
aujourd'hui un article fait par nos lec-
teurs, c'est-à-dire de parler rapidement
de deux ou trois sujets que traitent des
correspondants, dont je deviens le sim-
ple secrétaire, alors que ces sujets ne
sont pas très intimes ou particuliers et
touchent à un intérêt général.
Tout d'abord, je reçois une très tou-
chante lettre, où l'on me signale l'aven-
ture d'une pauvre ouvrière blanchisseuse.
Celle-ci ayant oublié de laisser la clé do
son appartement, dont elle avait donné
congé, a été blessée à coups de pots de
fleurs par la propriétaire du logis. Elle l'a
attaquée en dommages-intérêts et a ob-
tenu trois cents francs.
Mais, alors, on s'est aperçu que la con-
damnée n'était pas la vraie propriétaire.
Elle était la concubine du propriétaire,
qui a décliné toute responsabilité. Et, dès
lors, comme cette femme a été reconnue
complètement insolvable, c'est la plai-
gnante qui a supporté les frais du procès.
L'incapacité de travail, la maladie d'une
fille qu'elle a, ont ruiné complètement
cette pauvre femme.
Le voisin qui m'écrit me demande si je
ne pourrais pas obtenir de nos lecteurs
charitables quelques secours pour elle ?
Si quelque lecteur veut bien venir en
aide à cette malheureuse, je me ferai un
plaisir de lui transmettre son envoi, avec
les précautions d'usage. *
Mais, il reste une observation à faire:
C'est que le jugement qui met hors de
cause le propriétaire véritable, inatta-
quable en droit, blesse l'équité. Dans les
civilisations primitives, où la force est la'
loi et l'arbitraire la règle, l'usage du droit
écrit a été à bon droit regardé comme un
progrès, une conquête, une garantie de
justice. Mais, quand les mœurs se font
meilleures, que plus de garanties peuvent
être offertes par le juge, celui-ci est gêné
souvent par le texte de la loi écrite.
Dans le cas présent, par exemple, il est
bien clair que la femme qui agissait
comme propriétaire avait, pour le faire,
une sorte de possession d'état, et que
l'homme qui lui avait laissé prendre cette
situation en était bien responsable en
équité.
Ce n'est pas une fois par jour, c'est dis
et vingt fois que le juge français est obligé
de condamner des gens de très bonne
foi et qui ont raison à ses propres yeux.
Seulement, s'il jugeait selon l'équité, son
jugement serait cassé en appel et il pas-
serait pour un ignorant.
Il me semble qu'il y a là une lacune A
combler dans les lois, qu'une juridiction'
pourrait être établie, ayant plus de lati-
tude que les tribunaux ordinaires, et qui
permettrait de mettre en jeu l'équité.
quand les premiers juges en reconnaî-
traient eux-mêmes la nécessité ? Enfin, il
y a quelque chose à faire. Dans le cas
que je dis, il me semble que, sans trop de
subtilité, si le propriétaire a fait faire une
observation à un locataire par sa COHCU"
bine, on pouvait considérer qu'il l'avait
constituée sa mandataire : et, dès lors, il
y avait un précédent engageant sa res-
ponsabilité.
D'autres récits me sont envoyés tou
chant toujours à la justice, car c'est cer-
tainement là que les abus sont les plui"
nombreux et les plus lourds pour les pe-
tites gens. Un instituteur m'écrit qu'assi-
gné un jour pour un paiement de 28 fr.
et n'ayant pu se rendre à la justice der
paix, il envoya, le lendemain, la sommci
à son créancier. Il en avertit le Juge.
Mais le créancier n'ayant pas donné de
désistement, le procès suivit son cours et
le débiteur libéré dut payer les frai*
d'une condamnation sine causd.
Ceci me paraît encore inadmissible.'
C'est cependant une jurisprudence assei
ordinaire en matière de procédure.
Il y aurait à y regarder de près. Inutile
de dire que les frais, dans l'histoire qu'on
me signale, étaient de cent pour cent,
vingt-huit francs pour une dette de vingts
huit francs !
Une lettre très pittoresque - trop pite
toresque pour que j'en reproduise les ter.
mes, ce dont je grillo d'envie - w.'elf
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