Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-07-10
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 10 juillet 1897 10 juillet 1897
Description : 1897/07/10 (N9983). 1897/07/10 (N9983).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7566746j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
dtWQf CENTIMES le Numéro.,
PARœ & DEPARTEMENTS
Le Nume-ro, Glisro CENTIMES
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N° 9983. — Srnedi 10 Juillet. 1897
22 MESSIDOR AN 105
ADMINISTRATION : 131 rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
a
NOS LEADERS
Je lis dans le Temps un excellent
article sur les colonies françaises com-
parées aux colonies anglaises. Il nous
arrive rarement d'être d'accord avec no-
tr grave confrère. Mais cette fois, le
.3 difficile d'entre nous peut se tenir
pour satisfait. Le Temps a mis le doigt
sur la plaie, et ses critiques constituent
un formidable réquisitoire contre !es
procédés administratifs du pavillon de
Flore.
Nouveau, ce réquisitoire? Pas le
moins du monde. Depuis que j'ai
l'honneur de collaborer à ce journal, je
l'ai bien réédité vingt fois pour ma
part. Mais il est nouveau dans le Temps.
Ces bons radicaux, ces pauvres socia-
listes ont donc quelquefois raison quand
ils se plaignent de l'état de choses ac-
tuel, quand ils disent que tout n'est pas
pour le mieux, qu'il y a des réformes
urgentes à faire?
# *
On sait qu'à propos du jubilé de la
reine, les Anglais ont fait comme une
sorte d'exposition de leur puissance na-
vale. Ceux qui ont vu la flotte anglaise
évoluer sur cinq ou six lignes dans la
rade de Spithead ont rapporté en France
une impression inoubliable faite à la
fois de tristesse et d'admiration.Jamais,
en temps de paix, la grandeur de l'An-
gleterre ne s'était affirmée de telle
façon. Il y a eu, évidemment, dans ce
déploiement inouï de ses forces, une
idée évidente d'ostentation et aussi un
avertissement pour l'Europe de la part
de la Grande-Bretagne.
Nos voisins n'ignorent pas que l'Alle-
magne cherchej en ce moment, à syn-
diquer toutes les nations européennes
qui ont des raisons de se plaindre de la
politique britannique pour menacer
ainsi l'Angleterre d'un écrasement éco-
nomique et pour dominer le monde à
son tour. J'imagine — et je ne vois rien
qui aille contre mon opinion — que c'est
surtout à l'Allemagne que la diplomatie
de l'Angleterre a voulu donner un avis
salutaire.
Quoi qu'il en soit, la flotte de guerre
des Anglais est incontestablement la
première du monde. Quant à leur flotte
commerciale, elle restera longtemps
sans rivale encore.
Mais je veux moins, puisqu'il s'agit
de colonies, parler de la puissance de la
flotte de guerre de nos voisins que de
celle de leur flotte commerciale.
Les colonies du Royaume-Uni y sont
pour beaucoup. Elles se sont tellement
développées qu'elles lui fournissent la
plus grande partie de son frêt et on ne
peut s'empêcher d'éprouver une cer-
taine tristesse quand on songe que ces
colonies font avec la métropole un com-
merce de plus de sept milliards.
C'est que, dans les colonies anglaises,
on jouit de la même liberté qu'en An-
gleterre. Aucune entrave, aucune oppo-
sition. Le colon est partout protégé. Il
fait ce qu'il veut pourvu qu'il se con-
forme aux lois britanniques. Et le pou-
voir local est autonome. Ce n'est pas
r Angleterre qui rêverait de tenir en laisse
ses possessions. Qu'elles soient à self
gvernement ou simples possessions
de la couronne, elles se gouvernent en
réalité, elles-mêmes. v
Le Temps, pour montrer combien elles
ont indépendantes, cite l'exemple des
tarifs douaniers.
Les colonies anglaises irappent de
droits élevés certains produits métropo-
litains; de son côté, l'Angleterre en fait
autant pour certains produits coloniaux.
C'est le régime de la réciprocité.
Chez nous, c'est le contraire. Nous
exigeons que nos produits entrent en
franchise aux colonies, mais nous pro-
hibons presque les denrées coloniales.
Aussi, nos colonies meurent-elles d'ané-
mie et d'épuisement.
* *
Et puis, nous les subventionnons, si
cher, que pour un domaine colonial qui
n'a pas tout à fait 30 misions d'habi-
tants nous avons un budget de 72 mil-
lions. Voyez, par comparaison les colo-
nies anglaises. Leur population totale
dépasse trois cent cinquante millions
d'âmes. Combien dépense la métropole?
A peu près 60 millions de francs.
Il est vrai qu'elle n'entretient pas
comme la nôtre 10,000 fonctionnaires.
Les fonctionnaires européens dans les
possessions britanniques sont relative-
ment en petit nombre, mais ils sont
bien payés. Ils ont l'ordre de prêter
tout leur appui aux immigrants, de les
défendre contre les' indigènes, de s'op-
poser à tout ce qui pourrait nuire à leurs
intérêts.
Dans les colonies françaises, voici ce
lui se passe. Dès qu'un colon arrive,
le gouverneur, le chef du service
militaire et en général tous les fonc-
tionnaires et tous les officiers se deman*
lent s'il n'a pas fait en France quel-
le chose qui l'a obligé à s'expatrier.
Sûrement, il a dû commettre un crime
)ti tout au moins un délit. On le sur-
veille, on le tracasse, on fait mille diffi-
cultés à son établissements -
Le malheureux, s'il a un peu d'argent,
est vite ruiné ; s'il n'en a pas, il demande
son rapatriement.
.- C'est pourquoi nos « colonies,- sauf
quatre ou cinq, ne sont peuplées que
de fonctionnaires. C'est pourquoi lès
colonies britaniques comptent des mil-
lions d'Européens qui y ont apporté les
goûts, les habitudes, le langage de
l'Angleterre. C'est pourquoi leur pros-
périté est inouïe; c'est pourquoi encore
elles constituent le plus beau débouché
de l'industrie anglaise.
*
-De mon passage au ministère des
colonies, j'ai retenu bien des observa-
tions faites au cours de cette vie en-
nuyeuse et si innocupée de l'employé de
bureau. J'ai vu, par exemple, tout un
service utilisé à préparer un régime
douanier du Dahomey, avant que l'ex-
pédition, la première, ne fût annoncée
et ce régime devait avoir fatalement
pour effet de ruiner le commerce local.
Si les gouverneurs des colonies pou-
vaient agir suivant les besoins qu'ils
constatent de leurs yeux, s'ils n'étaient
pas contraints de prendre des ordres
à Paris; si notre administration n'a-
vait pas la ridicule habituJe de traiter
les Annamites ae i inao-t.nme comme
les nègres de la Martinique et les blancs
de l'Inde comme les Malgaches, si elle
reconnaissait aux colons le droit d'avoir
de l'initiative, si enfin elle supprimait
les subventions, peut-être notre do-
maine colonial serait-il plus florissant et
sûrement chacune de nos possessions
se serait ingéniée à vivre seule. Toutes
y seraient parvenues.
Cela prouve, dit le Temps avec mé-
lancolie, qu'il y a deux systèmes de co-
lonisation : le bon et le mauvais. C'est
vrai. Seulement, ce sont les Anglais qui
pratiquent le bon, tandis que nous, nous
persistons à garder le mauvais. Nous
n'avons jamais, pour notre part, dé-
claré autre chose.
Et tenez pour certain que cela n'est
pas près de changer.
CHARLES BOS.
Nous publierons demain un article
de M. Camille Pelletan..
La clôture de la Session
Il y a plusieurs jours nous avons annoncé
que la session ordinaire du Parlement serait
close avant le 14 juillet.
Nos renseignements sont aujourd'hui con-
firmés. On affirmait hier de bonne source,
dans les couloirs de la Chambre, que le décret
de clôture serait lu à la fin de la séance de
samedi.
Mais dira-t-on, peut-on partir en vacances
avant que la Chambre ait voté le projet des
quatre contributions directes qui n'est pas en-
core déposé, puisque le projet des réformes
fiscales, actuellement en discussion, est appelé
à remplacer les contributions existantes.
La question a été examinée, croyons-nous,
par le gouvernement qui a résolu, étant donné
le développement que prendra la discussion de
la réforme fiscale, de procéder de la façon
suivante.
Le projet de réforme fiscale restera à l'ordre
du jour et occupera le premier rang, de telle
façon qu'à la rentrée, qui s'effectuera dans
les premiers jours d'octobre, la Chambre pourra
poursuivre son adoption avant même d'abor-
der la discussion du budget de 1898.
D'autre part, comme les conseils généraux
doivent être appelés à procéder à la réparti-
tion des contributions directes, ces assemblées
départementales pourront être convoquées par
décret en octobre ou en novembre pour opérer
cette nouvelle répartition aussitôt après le vote
de la Chambre.
Mais cette session extraordinaire ne suppri-
mera pas la session d'août, session au cours de
laquelle les conseils généraux ont de nom-
breuses affaires départementales à régler.
Cette méthode de travail parait d'ailleurs
très logique et beaucoup de députés la préfè-
rent à celle qui consisterait à retarder la clô-
ture de la session d'une semaine ou deux, car
l'opinion générale est que la réforme fiscale
ne pourra pas aboutir avant la session d'août
des conseils généraux. En tous cas, fût-elle
votée à temps par la Chambre, elle ne pourrait
l'être par le Sénat.
LES PETITES RÉFORMES
La poste et les encartages dans les
journaux.
L'administration des postes est assurément
de toutes les administrations de l'Etat, celle
où l'esprit de progrès a le plus largement pé-
nétré et qui mérite le moins, les critiques du
public.
Est-ce une raison cependant pour ne point
signaler à l'attention de ses chefs les bizarres
résultats auxquels aboutissent certains de ses
règlements ?
Nous ne le pensons pas, et nous sommes
bien convaincu que M. Delpeuch ne le pense
pas davantage.
Voici donc le « cas » sur lequel nous tenons
à appeler sa bienveillante attention :
L'administration des postes exige des jour-
neaux le paiement d'une taxe supplémentaire
de 1 centime pour tous les prospectus qu'ils
envoient à leurs abonnés, encartés à l'inté-
rieur de chaque exemplaire.
Que le prospectus concerne une entreprise
commerciale ou une œuvre philanthropique, la
taxe est invariablement la même. N
A ceci, rien à dire. L'admiaistration n'a pas
à juger du caractère d'un prospectus ; elle ne
peut pas prendre connaissance de tous les
« papiers» qu'elle transporte.
Mais, ce qui est étrange et bizarre, c'est que
si le prospectus est rédigé sous une forme
personnelle au lieu d'être rédigé sous une for-
me anonyme, le prix augmente de cent pour
oent.
De telle sorte que si au lieu d'annoncer que
« les meilleurs chaussures sont les chaussures
X., il porte cette formule : « M., nous
avons l'honneur de vous informer qu'une œu-
vre charitable vient de se fonder », on le taxe
aussitôt à deux centimes au lieu d'un centime.
Nous en parlons en connaissance de cause,
puisqu'hier même nous avons fait parve- J
nir à nos abonnés une notice 'sur la société
des visiteurs des pauvres dont notre collabora-
teur et ami Paul Ginisty a dit l'autre jour, en
l'une de ses charmantes chroniques, le carac-
tère noble et élevé et l'incontestable utilité.
Est-il donc bien logique qu'un prospectus
encarté dans un journal, paie une taxe diffé-
rente suivant qu'il est rédigé de telle ou telle
façon?
La question peut laisser le commerce fort
indifférent, puisqu'il est tout aussi facile de
vanter les mérites d'un produit sous une forme
que sous une autre.
Mais les sociétés philanthropiques qui font
directement appel à la générosité d'un certain
nombre de personnes déterminées et qui ne
sauraient se soustraire par conséquent à la né-
cessité d'une formule individuel^ ne la trou-
veront certainement pas inutile, car il est évi-
dent que les journaux pourraient leur rendre
de bien plus grands services, si ces services
leur coûtaient moins cher.
Nous espérons qu'il aura suffi de signaler le
cas à M. le sous-secrétaire d'Etat aux postes et
télégraphes pour que cette toute petite réfor-
me soit réalisée. — André Honnorat.
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN :
Les courses : A Saint-Ouen.
- Réunion des commissions scolaires.
- Durée du jour, 17 h. 18 m.
CHEZ NOUS
--Noces littéraires. - ..,.'
Hier a été célébré à Chatou dans la plus
stricte intimité, le mariage du poète Catulle
Mendès et de Mme Jane Mette, en littéra-
ture Claire Sidon. Les témoins étaient pour
M. Mendès, ses amis Léon Dierx et Geor-
ges Courteline, pour Mme Jane Mette, un
de ses vieux parents et le graveur Fernand
Desmoulin.
JVVVVVV En raison de la mort d'Henri Meil-
hac, l'Académie Française a levé hier sa
séance en signe de deuil.
NVVVVV M. Eutrope Dupon, député de la
Charente-Inférieure, dont on annonçait
hier la mort dans les couloirs de la Cham-
bre, était né aux Valleaux-Saint-Germain-
du-Seudre, le 30 avril 1823. Il avait été pro-
fesseur, puis directeur du journal le Peuple
à Saintes. Il siégeait au Palais-Bourbon de-
puis 1893.
Nous apprenons également la mort, a
l'âge de soixante-neuf ans, de M. Trolley
de Rocques, avocat à la cour d'appel de
Paris, où il était inscrit depuis 1852
M. Trolley de Rocques était un avocat
remarquable par l'expérience consommée
qu'il avait de la procédure et du droit. Il
avait été membre du conseil de l'ordre. -
On annonce aussi la mort de M.
Hubert, fondateur du journal la Chaîne
d'union.
A l'Elysée.
M. Félix Faure a reçn hier le. président
et le syndic du conseil municipal de Paris,
qui sont venus l'entretenir des diverses cé-
rémonies, qui doivent avoir lieu le 13 juil-
let dans les 158 et 16° arrondissements de
Paris.
EN PASSANT
Les énergies perdues :
Vous ltre{ plus loin, aux faits-divers,
le suicide de ce pauvre diable de terrassier
qui, arrêté et fourré au violon pour un dé-
it quelconque, s'est ouvert la gorge avec ses
ongles et a, naturellement, succombé à cette
horrible et héroïque blessure.
Héroïque, je ne m'en dédis pas, car,
quoi qu'en pensent les théologies, l'acte de
l'homme qui se tue, ce triomphe de la volonté
sur l'instinct de la conservation, exige un
vrai courage, même s'il ne s'agit que de
presser la gâchette d'un revolver ou de ren-
verser un tabouret du pied, après s'être
mis la corde au cou. A plus forte raison,
ces suicides douloureux et lents — par
exemple celui du meurtrier du ministre
Kot{ebué', l'étudiant allemand Sand, qui se
tua dans sa prison en avalant le verre de sa
lampe — ces acceptations d'un trépas hor-
rible et martyrisant sont la marque de
robustes natures et d'âmes bien trempées.
Le terrassier provincial qui a trouvé en lui
l'épouvantable et admirable force de se dé-
chirer la chair avec les doigts jusqu'à ce
que son sang mis au jour jaillit de la jugu-
laire, n'était pas, certes, un monsieur vul-
gaire.
On se plaint, en France, de la pénurie
d'hommes. Des hommes, il n'en manque
pas. Seulement, nos institutions ne savent
pas les utiliser.
LOUIS MARSOLLEAU.
—— La distribution des récompenses
aux lauréats de l'Exposition horticole de
juin dernier a eu lieu hier dans la salle de
la société d'horticulture de France, sous la
présidence de M. Viger.
oIVVVVVV' L'une des causes de la supériorité
de l'absinthe blanche Cusenier, c'est que
pour en faire un bon verre, il en faut une
quantité bien moindre qu'avec toute autre
marque.
De plus l'oxygénation lui confère avec
des qualités plus hygiéniques, une suavité
sans égale.
- Mouvement des voyageurs entre la
France et l'Angleterre pendant le mois de
juin :
Calais-Douvres, 22,461 passagers ; Bou-
logne-Folkestone, 11,627 ; Dieppe-Newha-
ven, 17,327.
—— C'est le 25 juillet qu'aura lieu l'inau-
guration du monument élevé à Annecy * à
la mémoire du président Carnot.
M. Loubet, président du Sénat, présidera
cette cérémonie à laquelle assisteront Mme
Carnot et ses enfants.
A L'ETRANGER
- On télégraphie d'Hammerfast :
Hier sont partis pour le Spitzberg, où ils
vont essayer d'assister au départ de l'ex-
plorateur Andrée, qui va tenter de gagner
le pôle en ballon, MM. With, directeur de
la Compagnie Vesteraalen, Sverdrup, an-
cien capitaine du Fram , et plusieurs tou- J
ristes : 1 Danois, 1 Hongrois, 2 Anglais, 2
Français, ainsi que trois dames, Mmes
Vieillard, Obermayer et Orosdy.
* "-" Le Passant.
ir E%
LAVIE DE PARIS
Par Henry FOUQUIER
Quoique la question du Conservatoire
de musique et de déclamation soit une
question un peu spéciale, elle intéresse
cependant tant de personnes à Paris, et
elle passionne tellement ceux qu'elle in-
téresse, que je me laisse tenter d'y reve-
nir. J'y suis convié par les amicales obser-
vations que notre maître de la critique,
Sarcey, a publiées, ici même, à propos de
mon dernier article.
Tout d'abord, Sarcey ne prend pas très
au sérieux ce que j'ai dit du danger d'in-
cendie que peui présenter la salle ac-
tuelle des concours du Conservatoire. J'ac-
corde bien volontiers qu'en plein jour,
avecun éclairage limité à cette rampe qui
jette ses reflets pâles sur les concurrents,
et les fait paraitre verâtres, le danger
n'est pas très grand.
Si j'ai parlé de ce péril, même un peu
chimérique, c'est qu'il n'était pas mauvais
de le signaler ne fut-ce que pour consta-
ter l'inégalité, singulière du zèle de la
commission qui paraît agir moins avec
un système arrêté qu'avec une certaine
nervosité, tolérante ici, très exigeante
ailleurs. On peut brûler partout, et le
vrai remède est mclna dans l'ouverture
d'une porte ici ou la, encore qu'il ne
faille rien négliger, que dans l'esprit. de
sang-froid et de discipline du public.
Si nous pouvions arriver à persuader à
la foule que l'on a toujours le temps de
s'en aller en ne se pressant pas et en ne
se pas jetant à terre, tout serait au mieux.
Mais si on on a peu de chance d'être rôti
au Conservatoire, où il y a, parmi les as-
sistants, une majorité de gens qui, con-
naissant bien le théâtre, ne s'effareraient
pas trop ; on a, par contre, la certitude
d'y être bouilli. J'ai éprouvé là telle tem-
perature qui conseille, impose même un
irrésistible sommeil. Et mon ami ne dira
pas le contraire.
Il y a des moments où l'on se trouve
plongé en de profondes réflexions et où
nos têtes prennent des attitudes penchées
que n'explique pas assez l'attention qu'exi-
gent les Agnès qui nous disent que « le
petit chat est mort ».
- Mais tout ceci n'est qu'un inconvénient,
matière à plaisanteries, et la résignation
est facile. Une mauvaise journée est en-
core plus tôt passée qu'une mauvaise
nuit et celle qui nous guette aura des
compensations. Ce qui est beaucoup plus
grave, c'est la question même des con-
cours et de l'éducation du Conservatoire.
Et ici, malgré l'apparence, je crois bien
que je suis au fond, de l'avis de Sarcey et
qu'il est du mien.
Je connais son idée de derrière la tête.
Il estime que les classes du Conservatoire
sont des classes de « grammaire » de l'art
dramatique : que leur but essentiel, leur
raison s. d'être primordiale, c'est d'ap-
prendre aux jeunes gens qui se destinent
au théâtre l'art de la diction, art négligé
trop souvent et qui, je le dis en passant,
est peut-être le premier mérite de la
Duse.
Pour juger de cet art, des progrès que
les élèves y ont accomplis, un jury — au-
trement choisi peut-être que le jurx ac-
tuel, — suffirait à juger des épreuves,
saus que celles-ci fussent soumises au ju-
gement parallèle et, souvent, contradic-
toire d'un public. Bref, il inclinerait à un
examen sans public, sans solennité, où
l'on donnerait aux élèves moins des prix
qu'un certificat d'études.
Il arrive, en effet, que par la beauté,
les amitiés, des dons aussi qui, même
réels, n'ont rien à voir avec l'art de la
diction. Des jeunes gens et des jeunes
filles « emballent » la salle, et il faut alors
les couronner ou s'exposer à des scan-
dales comme nous en avons vus, de façon
régulière, à peu près à tous les concours.
Mais ceci, c'est une réforme du Conserva-
toire, et c'est cette réforme que je ne
cesse de demander et à laquelle, en pa-
raissant la combattre, mon ami Sarcey
apporte des arguments et le poids de son
expérience.
Ce qui est absurde, en l'état actuel des
choses, c'est que des élèves qui, au cours
de l'année, ontpltutêtredéclaméou récité
sept ou huit fois, dans la classe; qui, s'ils
ont obéi au règlement du Conservatoire,
n'ont paru nulle part sur un théâtre : qui
n'ont jamais parlé un costume, connu un
vrai théâtre, joué dans des décors et avec
des accessoires, soient exposés, après une
épreuve heureuse qui peut n'être qu'une
affaire d'imitation ou de « pistonnage »,
à débuter dans de grands rôles sur les
premières scènes de Paris.
J'ai donc demandé de tout temps une
scission des études : deux ou trois années
d'études de « grammaire » donnant matiè-
re à l'obtention du certificat d'études et
une année de classe de théâtre. Le systè-
me - actuel mêle tout. Je défie, par exem-
ple, qu'on me dise ce que signifie la dis-
tinction entre la classe de chant et la
classe d'opéra ?
La première devrait être une classe
de musique et un élève sans voix devrait
pouvoir être couronné, s'il montrait de la
méthode et subissait l'épreuve de la lec-
ture musicale qui est la pierre de touche
des vrais musiciens. Par contre, pour la
classe d'opére le lauréat devrait montrer
des mérites et des dons d'artiste, à com-
mencer par la voix et le jeu.
En fait pourtant, la classe de chant et
celle d'opéra, c'est la même chose pour
des élèves qui chantent les mêmes mor-
ceaux. Mais si on admet — et je gage que
Sarcey est de mon avis — le caractère
des classes de grammaire pour la dic-
tion et si on réserve ces airs aux élèves
ayant subi ce baccalauréat pour prendre
ce que j appellerai la licence ou le docto-
rat es-art théâtral, on m'accordera qu'il
faut alors les faire travailler sur un vrai
théâtre, dans les conditions du début qui
les attend à la Comédie ou à l'Odéon.
Dès lors, costumes, composition de
rôle public. Pour cela, il est evident que
la boîte à violon du Conservatoire est
s insuffisante et qu'il faut une scène plus
convenable, en même temps, peut-être,
qu'un jury élargi. Et là, le public a son
rôle et si sa présence a encore des incon-
vénients, elle a bien ses avantages.
Il me paraîtrait, du reste, que ces idées
que j'exprime pour la centième fois, font
gagné du terrain dans les régions gouver-
nementales. En répondant très courtoise-
ment à la demande que lui avait adressée
M. Céard, en qualité de président du cer-
cle de la Critique, afin que le concours
ait lieu ailleurs que dans la salle ordi-
naire, le ministre de l'Instruction publique
s'est couvert derrière l'avis unanime de
la commission supérieure du Conserva-
toire, commission extraordinaire, qui n'a
rien fait, d'ailleurs, même d'ordinaire 1
Mais il a laissé entendre que les choses
ne resteraient pas toujours en l'état. M
faudra refaire les bâtiments de la rue
Bergère et on s'apercevra peut-être alors
qu'il ne coûtera pas plus de construire
un établissement plus commode, isolant
les musiciens qui vous assourdissent dans
les classes, donnant enfin à notre école
ce qu'elle a besoin d'avoir et, d'abord,
une scène sérieuse. -
HENRY FOUQUIER.
Demain nous publierons la Chronique
de M. André Balz.
Suicide de quatre femmes
Le drame de la rue du faubourg Pois-
sonnière.- Les broyeuses de noir.
— Quatre femmes atteintes du
spleen. — La dernière soi-
rée. — Découverte des
cadavres. — Notre
enquête.
Il y a quatre ou cinq mois, une dame Maré-
chal, âgée de vingt-cinq ans, venait installer,
au quatrième étage de la maison portant le nu-
méro 191 de la rue du Faubourg-Poissonnière,
un petit atelier de giletière ou elle occupait
avec sa sœur, Lucie Ravenel, trois ou quatre
ouvrières.
Sans doute, elle n'était pas riche, mais sa
profession fournissait aux besoins de la vie ;
elle habitait seule avec sa sœur qu'elle aimait
tendrement, n'ayant pas d'autre famille, et
son mari étant interné dans un asile d'alié-
nés. -
Sans aucune relation, et les parents de son
mari s'opposant, paraît-il, à ce qu'elle allât les
visiter, elle se plaignait assez fréquemment
d'être isolée, abandonnée dans la vie ; c'était
là le sujet habituel des entretiens qu'elle avait
avec sa sœur et ses ouvrières.
D'ailleurs, par un hasard vraiment diaboli-
que, cet atelier rassemblait dans le même la-
beur un certain nombre de femmes qui, cha-
cune, avaient été atteintes par un grand mal-
heur.
Conversations d'atelier
Les conversations qui. se tenaient dans l'ate-
lier n'étaient pas d'une gaîté folle, bien au con-
traire : on y broyait du noir avec une facilité
extraordinaire.
Une des ouvrières, Berthe Souchard, se trou-
vait dans une position analogue à celle de sa pa-
tronne, ayant été quittée par son mari et
étant venue habiter avec une tante la maison
de sa patronne.
Une autre ouvrière, Emilia Chio, avait une
liaison ancienne déjà et voici qu'il y a trois-ou
quatre jours son ami lui avait signifié qu'il
fallait rompre ; la jeune fille en avait éprouvé
le plus vif chagrin.
« Nous sommes donc abandonnées toutes
les trois, dirent les femmes, toutes les trois
nous sommes seules au monde, et ma foi,
pour ce que vaut l'existence, nous ferions
aussi bien de nous en aller. » -
— Pour moi, ajouta Lucie Ravenel en s'a-
dressant à sa sœur, si tu veux te tuer, je me
tuerai avec toi.
Ces projets furent plusieurs fois discutés
dans le petit atelier de giletières.
La détermination de cette tragique fin de
douleurs, exagérées, il faut.bien le dire, au
cours de ces conversations féminines, fut
prise d'un façon définitive avant-hier soir. Il ne
restait plus qu'à la mettre à exécution.
Le litre de kirsch
Elle furent quatre à donner leur consente-
ment à une petite noce macabre dont la con-
clusion serait leur mort.
La patronne, Mme Maréchal, âgée de vingt-
quatre ans, sa sœur Lucie Ravenel, âgée de
dix-neuf ans, Emilia Chio, âgée de vingt-six
ans et Berthe Souchard, âgée de vingt-deux
ans.
Après leur journée de travail les quatre dé-
laissées demeurèrent ensemble ; elles dînèrent
et passèrent joyeusement la soirée; on les en-
tendit converser gaiement et rire. A huit heu-
res, Mme Maréchal et sa sœur descendirent
chez t~ charbonniers voisins et firent em-
plette d'une bouteille de kirsch, déclarant
qu'elles voulaient du meilleur. Puis ou ne les
revit plus; elles paraissaient très joyeuses,
nullement portées aux idées tristes.
Cette façon d'affecter d'être gaies quelques
instants avant de se détruire, indiquait chez
ces pauvres petites personnes un état mental
des plus déséquilibrés.
Toutes les quatre étaient d'ailleurs très
liseuses et très bavardes et prenaient un cer-
tain plaisir à augmenter l'importance des cha-
grins qui les minaient, au lieu de se consoler
entre elles, elles s'excitaient, et leur exaspéra-
tion se termina par un petit diner agrémenté
de rires fous.
A minuit, fait sans précédent de leur part,
les voisins du dessous les entendirent chanter
et danser. La petite sauterie se termina vers
une heure du matin.
La mort
Ce n'est qu'hier matin que les locataires de
la maison eurent l'explication de ce bruit peu
accoutumé chez ces jeunes femmes.
Que s'est-il passé dans la soirée ? On l'igno-
rera toujours. Vers quatre heures du matin,
Mme Cetoire, la tante de Mme Souchard, in-
quiète de ne pas voir rentrer sa nièce, qui cou-
chait chez elle tout en travaillant chez Mme
Maréchal, vint frapper à la porte de la pa-
tronne giletière.
Personne ne lui répo"
Mme Cetoire s'imagina que les jeunes femJ
mes s étaient endormies. Elle ne voulut pas lest
réveiller et remonta chez elle.
);l\-Iais hier matin, à huit heures, ne voyant
pas revenir sa nièce et prise d'un funeste pres-
sentiment, elle alla, très inquiète, sonner da
nouveau chez Mme Maréchal.
Personne ne répondant, elle alla prévenir la
concierge, qui avisa le commissaire de police,
du quartier, qui, accompagné d'un serrurier,
fit ouvrir la porte.
, Un horrible spectacle s'offrit à leurs yeux.
Les quatre femmes étaient étendues mortes
dans la chambre à coucher. ;
Mise en scène tragique
Le logement qu'occupait Mme Maréchal con*
prend deux pièces et une cuisine.
■i Dans la chambre à coucher, les quatre folles
il faut bien les appeler ainsi, étaient en chemi..
ses, trois d'entre elles étaient sur le lit, les
corps en travers, la quatrième, Mme Souchard
avait quitté sa place et s'était dirigée vers la.
porte, mais les forces lui avaient manqué et
elle était tombée près de la porte, à côté de.
son cadavre, on remarqua le chien de Mme
Maréchal, qui lui aussi avait été asphyxié.
Avant de se donner la mort, les quatre
femmes s'étaient soigneusement coiffées, et
comme elles étaient toutes les quatre joKes-et
qu'elles avaient de belles chevelures, un ténoin
nous a dit que mortes, leurs têtes ressem-
blaient à ces figures de cire admirablement
coiffées qui s'exposent aux devantures des per-
ruquiers. ,
Deux réchauds éteints furent remarqués au
milieu de la chambre, les quatre désespérées
avaient eu soin en outre de retirer le tuyau
adapté à la cheminée et de calfeutrer les is*
sues d'air des portes et fenêtres.
Le commissaire de police fit placer sur le lit
le quatrième corps et procéda aux premières
constatatious..
Les lettres
Avant de mourir, chacune des victimes avait
laissé à l'adresse de sa famille une lettre par
ticulière expliquant que lasse de souffrir, elle
avait décidé de se tuer.
Sur une feuille de papier écolier, une d'elles
avait écrit : « Nous mourons toutes volontaire-
ment et sans aucun regret. » Chacune avait
ensuite signé.
Voici le texte de la lettre adressée par Ber-
the Souchard à sa tante, avant de mourir :
« Ma chère tante,
» Je meurs volontairement. J'ai longtemps
différé et je te demande pardon de mon sui-
cide. Ni toi ni personne n'en ignoreront la
cause.
» Seule, la pensée de l'enfant que je laisse
aurait pu m'arrêter dans mon projet, mais',
puisque je suil privée des caresses de mon en-
fant, cette cause n'existe plus. Je regrette de
ne rien lui laisser. Je ne possède que mon
carnet de Dufayel et un bon de l'Exposition.
Tu garderas ce bon, et s'il gagne, tu l'en feras
profiter.
» Adieu, je t'embrasse une dernière fois.
» BERTHE SOUCHARD. »
L'enfant de Berthe Souchard vivait avec son
père et ses grands parents à Asnières.
De son côté, Emilia Cliio a adressé à sasoeur
la lettre suivante :
» Ma chere sœur,
» Je suis lasse de l'existence. Je préfère
mourir, pardonne-moi 1 Tout ce que je te de-
mande, c est de faire le silence sur ma situa-
tion. Inutile de chercher la cause de ma déter-
mination. Je meurs volontairement.
» Je vous embrasse tous une dernière fois.
» ÉMILIA cmo.»
L'enquête -
La concierge, qui était souvent la confidente
de ses locataires né sait que penser. Pour elle,,
c'est Mme Maréchal qui a eu l'idée du suicide
et l'a combiné; c'est à sa sollicitation que le4
autres obéirent. -
Il faut faire la part de l'ennui d'Emilia ChitK
des craintes de Berthe Souchard qui avait peus
que son mari ne la poursuivît, et de la jeu,",
nesse, de la faiblesse de caractère de Lucie:
Ravenel. j
On devine ce que devait être une telle réu
nion de névrosées. Elles étaient, d'ailleurs,:
l'objet de toutes les conversations du quar-
tier.
Le drame ne peut se concevoir que par un
entraînement spécial, car la misère n'y esf
pour rien. Mme Maréchal gagnait très bien sa
vie. - 1
Il est probable que les obsèques de ces quq
tre malheureuses auront lieu demain. v
Mlle Emilia Chio -™
Parmi les victimes du drame, Mlle Emilia
Chio était certainement celle qui avait le plud
de motif d'en finir avec la vie.
Sans famille, sans personne qui sHntéressâi
à elle, la pauvre fille, dès sa plus tendre jeu-
nesse avait été livrée à elle-même.
Fatalement elle devait succômber à la pre.
mière tentation, écouter avec joie les premiers
mots d'amour qui lui seraient dits et se fier au
premier venu. C'est ce qui arriva.
A l'âge de dix-neuf ans, Emilia Chio fit la
connaissance d'un jeune homme, Jules L..u,
employé dans. une grande maison de conW
merce ; elle devint sa maîtresse et le couple
s'installa d'abord dans le quartier des Epi*
nettes. Une brouille survint bientôt et Mlle
Emilia Chio de nouveau seule, émigra vers Le-
vallois-Perretoù elle logea quelques jours dans
un hôtel meublé de la rue Fazillau.
C'est là que la jeune fille 11t la connaissancej
d'un autre jeune homme avec lequel elle s'insw,
talla: au n° 19 de la rue Fazillau.
Le ménage vécut quelque temps heureux,
puis, de nouveau, des disputes survinrent; des
scènes violentes se produisirent, et à plusieurs
reprises les voisins durent intervenir.
Enfin, il y a huit jours, l'amant de Mlle Chio-,
qui est voyageur de commerce, partit pora*
une ville du Midi. Le lendemain, Mlle Chlq
recevait une lettre dans laquelle son amaut luii
annonçait qu'il avait l'intention de se maries
et que par conséquent il ne reprendrait pas 1$
vie commune
Mlle Emilia Chio, qui était enceinte de cinq
mois, fut très affeclée par cet abandon et de
ce jour manifesta à plusieurs reprises l'inten.c
tion d'en finir avec la vie. Le jour où elle lut'
dans un journal le suicide de Mlle Tarquinr;
rue des Martyrs, elle dit à une voisine : « En
voilà une qui est heureuse 1 Je ferai probable*
ment comme elle. » 1
Mlle Chio, qui n'était âgée que de vingt-quav
tre ans, était une jolie brune aux grands yeux,
au teint mat, à l'allure décidée. « Elle était u
peu lunatique, disent les personnes qui l'ont
connue; tantôt gaie pour un rien, tantôt triste
sans motif, elle devait finir fatatalement par 34
suicider ».
Mme Berthe Souchard 1
La plus âgée des quatre. Jolie encore comme
ses camarades, mais plus sérieuse, plus fem<<
me. -
Toute jeune, Berthe Souchard avait contractâjt
un mariage malheureux. Aprôs quelques =
nées de bonheur, le Jeune méng&e s'en
PARœ & DEPARTEMENTS
Le Nume-ro, Glisro CENTIMES
ANNONCES *■' '•
AUX BUREAUX DU JOURNAL Í
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Do 4 et 8 heures du soir et de 10 heures du soir à 1 heure du matin
N° 9983. — Srnedi 10 Juillet. 1897
22 MESSIDOR AN 105
ADMINISTRATION : 131 rue Montmartre, 131
Adresser lettres et mandats à l'Administrateur
a
NOS LEADERS
Je lis dans le Temps un excellent
article sur les colonies françaises com-
parées aux colonies anglaises. Il nous
arrive rarement d'être d'accord avec no-
tr grave confrère. Mais cette fois, le
.3 difficile d'entre nous peut se tenir
pour satisfait. Le Temps a mis le doigt
sur la plaie, et ses critiques constituent
un formidable réquisitoire contre !es
procédés administratifs du pavillon de
Flore.
Nouveau, ce réquisitoire? Pas le
moins du monde. Depuis que j'ai
l'honneur de collaborer à ce journal, je
l'ai bien réédité vingt fois pour ma
part. Mais il est nouveau dans le Temps.
Ces bons radicaux, ces pauvres socia-
listes ont donc quelquefois raison quand
ils se plaignent de l'état de choses ac-
tuel, quand ils disent que tout n'est pas
pour le mieux, qu'il y a des réformes
urgentes à faire?
# *
On sait qu'à propos du jubilé de la
reine, les Anglais ont fait comme une
sorte d'exposition de leur puissance na-
vale. Ceux qui ont vu la flotte anglaise
évoluer sur cinq ou six lignes dans la
rade de Spithead ont rapporté en France
une impression inoubliable faite à la
fois de tristesse et d'admiration.Jamais,
en temps de paix, la grandeur de l'An-
gleterre ne s'était affirmée de telle
façon. Il y a eu, évidemment, dans ce
déploiement inouï de ses forces, une
idée évidente d'ostentation et aussi un
avertissement pour l'Europe de la part
de la Grande-Bretagne.
Nos voisins n'ignorent pas que l'Alle-
magne cherchej en ce moment, à syn-
diquer toutes les nations européennes
qui ont des raisons de se plaindre de la
politique britannique pour menacer
ainsi l'Angleterre d'un écrasement éco-
nomique et pour dominer le monde à
son tour. J'imagine — et je ne vois rien
qui aille contre mon opinion — que c'est
surtout à l'Allemagne que la diplomatie
de l'Angleterre a voulu donner un avis
salutaire.
Quoi qu'il en soit, la flotte de guerre
des Anglais est incontestablement la
première du monde. Quant à leur flotte
commerciale, elle restera longtemps
sans rivale encore.
Mais je veux moins, puisqu'il s'agit
de colonies, parler de la puissance de la
flotte de guerre de nos voisins que de
celle de leur flotte commerciale.
Les colonies du Royaume-Uni y sont
pour beaucoup. Elles se sont tellement
développées qu'elles lui fournissent la
plus grande partie de son frêt et on ne
peut s'empêcher d'éprouver une cer-
taine tristesse quand on songe que ces
colonies font avec la métropole un com-
merce de plus de sept milliards.
C'est que, dans les colonies anglaises,
on jouit de la même liberté qu'en An-
gleterre. Aucune entrave, aucune oppo-
sition. Le colon est partout protégé. Il
fait ce qu'il veut pourvu qu'il se con-
forme aux lois britanniques. Et le pou-
voir local est autonome. Ce n'est pas
r Angleterre qui rêverait de tenir en laisse
ses possessions. Qu'elles soient à self
gvernement ou simples possessions
de la couronne, elles se gouvernent en
réalité, elles-mêmes. v
Le Temps, pour montrer combien elles
ont indépendantes, cite l'exemple des
tarifs douaniers.
Les colonies anglaises irappent de
droits élevés certains produits métropo-
litains; de son côté, l'Angleterre en fait
autant pour certains produits coloniaux.
C'est le régime de la réciprocité.
Chez nous, c'est le contraire. Nous
exigeons que nos produits entrent en
franchise aux colonies, mais nous pro-
hibons presque les denrées coloniales.
Aussi, nos colonies meurent-elles d'ané-
mie et d'épuisement.
* *
Et puis, nous les subventionnons, si
cher, que pour un domaine colonial qui
n'a pas tout à fait 30 misions d'habi-
tants nous avons un budget de 72 mil-
lions. Voyez, par comparaison les colo-
nies anglaises. Leur population totale
dépasse trois cent cinquante millions
d'âmes. Combien dépense la métropole?
A peu près 60 millions de francs.
Il est vrai qu'elle n'entretient pas
comme la nôtre 10,000 fonctionnaires.
Les fonctionnaires européens dans les
possessions britanniques sont relative-
ment en petit nombre, mais ils sont
bien payés. Ils ont l'ordre de prêter
tout leur appui aux immigrants, de les
défendre contre les' indigènes, de s'op-
poser à tout ce qui pourrait nuire à leurs
intérêts.
Dans les colonies françaises, voici ce
lui se passe. Dès qu'un colon arrive,
le gouverneur, le chef du service
militaire et en général tous les fonc-
tionnaires et tous les officiers se deman*
lent s'il n'a pas fait en France quel-
le chose qui l'a obligé à s'expatrier.
Sûrement, il a dû commettre un crime
)ti tout au moins un délit. On le sur-
veille, on le tracasse, on fait mille diffi-
cultés à son établissements -
Le malheureux, s'il a un peu d'argent,
est vite ruiné ; s'il n'en a pas, il demande
son rapatriement.
.- C'est pourquoi nos « colonies,- sauf
quatre ou cinq, ne sont peuplées que
de fonctionnaires. C'est pourquoi lès
colonies britaniques comptent des mil-
lions d'Européens qui y ont apporté les
goûts, les habitudes, le langage de
l'Angleterre. C'est pourquoi leur pros-
périté est inouïe; c'est pourquoi encore
elles constituent le plus beau débouché
de l'industrie anglaise.
*
-De mon passage au ministère des
colonies, j'ai retenu bien des observa-
tions faites au cours de cette vie en-
nuyeuse et si innocupée de l'employé de
bureau. J'ai vu, par exemple, tout un
service utilisé à préparer un régime
douanier du Dahomey, avant que l'ex-
pédition, la première, ne fût annoncée
et ce régime devait avoir fatalement
pour effet de ruiner le commerce local.
Si les gouverneurs des colonies pou-
vaient agir suivant les besoins qu'ils
constatent de leurs yeux, s'ils n'étaient
pas contraints de prendre des ordres
à Paris; si notre administration n'a-
vait pas la ridicule habituJe de traiter
les Annamites ae i inao-t.nme comme
les nègres de la Martinique et les blancs
de l'Inde comme les Malgaches, si elle
reconnaissait aux colons le droit d'avoir
de l'initiative, si enfin elle supprimait
les subventions, peut-être notre do-
maine colonial serait-il plus florissant et
sûrement chacune de nos possessions
se serait ingéniée à vivre seule. Toutes
y seraient parvenues.
Cela prouve, dit le Temps avec mé-
lancolie, qu'il y a deux systèmes de co-
lonisation : le bon et le mauvais. C'est
vrai. Seulement, ce sont les Anglais qui
pratiquent le bon, tandis que nous, nous
persistons à garder le mauvais. Nous
n'avons jamais, pour notre part, dé-
claré autre chose.
Et tenez pour certain que cela n'est
pas près de changer.
CHARLES BOS.
Nous publierons demain un article
de M. Camille Pelletan..
La clôture de la Session
Il y a plusieurs jours nous avons annoncé
que la session ordinaire du Parlement serait
close avant le 14 juillet.
Nos renseignements sont aujourd'hui con-
firmés. On affirmait hier de bonne source,
dans les couloirs de la Chambre, que le décret
de clôture serait lu à la fin de la séance de
samedi.
Mais dira-t-on, peut-on partir en vacances
avant que la Chambre ait voté le projet des
quatre contributions directes qui n'est pas en-
core déposé, puisque le projet des réformes
fiscales, actuellement en discussion, est appelé
à remplacer les contributions existantes.
La question a été examinée, croyons-nous,
par le gouvernement qui a résolu, étant donné
le développement que prendra la discussion de
la réforme fiscale, de procéder de la façon
suivante.
Le projet de réforme fiscale restera à l'ordre
du jour et occupera le premier rang, de telle
façon qu'à la rentrée, qui s'effectuera dans
les premiers jours d'octobre, la Chambre pourra
poursuivre son adoption avant même d'abor-
der la discussion du budget de 1898.
D'autre part, comme les conseils généraux
doivent être appelés à procéder à la réparti-
tion des contributions directes, ces assemblées
départementales pourront être convoquées par
décret en octobre ou en novembre pour opérer
cette nouvelle répartition aussitôt après le vote
de la Chambre.
Mais cette session extraordinaire ne suppri-
mera pas la session d'août, session au cours de
laquelle les conseils généraux ont de nom-
breuses affaires départementales à régler.
Cette méthode de travail parait d'ailleurs
très logique et beaucoup de députés la préfè-
rent à celle qui consisterait à retarder la clô-
ture de la session d'une semaine ou deux, car
l'opinion générale est que la réforme fiscale
ne pourra pas aboutir avant la session d'août
des conseils généraux. En tous cas, fût-elle
votée à temps par la Chambre, elle ne pourrait
l'être par le Sénat.
LES PETITES RÉFORMES
La poste et les encartages dans les
journaux.
L'administration des postes est assurément
de toutes les administrations de l'Etat, celle
où l'esprit de progrès a le plus largement pé-
nétré et qui mérite le moins, les critiques du
public.
Est-ce une raison cependant pour ne point
signaler à l'attention de ses chefs les bizarres
résultats auxquels aboutissent certains de ses
règlements ?
Nous ne le pensons pas, et nous sommes
bien convaincu que M. Delpeuch ne le pense
pas davantage.
Voici donc le « cas » sur lequel nous tenons
à appeler sa bienveillante attention :
L'administration des postes exige des jour-
neaux le paiement d'une taxe supplémentaire
de 1 centime pour tous les prospectus qu'ils
envoient à leurs abonnés, encartés à l'inté-
rieur de chaque exemplaire.
Que le prospectus concerne une entreprise
commerciale ou une œuvre philanthropique, la
taxe est invariablement la même. N
A ceci, rien à dire. L'admiaistration n'a pas
à juger du caractère d'un prospectus ; elle ne
peut pas prendre connaissance de tous les
« papiers» qu'elle transporte.
Mais, ce qui est étrange et bizarre, c'est que
si le prospectus est rédigé sous une forme
personnelle au lieu d'être rédigé sous une for-
me anonyme, le prix augmente de cent pour
oent.
De telle sorte que si au lieu d'annoncer que
« les meilleurs chaussures sont les chaussures
X., il porte cette formule : « M., nous
avons l'honneur de vous informer qu'une œu-
vre charitable vient de se fonder », on le taxe
aussitôt à deux centimes au lieu d'un centime.
Nous en parlons en connaissance de cause,
puisqu'hier même nous avons fait parve- J
nir à nos abonnés une notice 'sur la société
des visiteurs des pauvres dont notre collabora-
teur et ami Paul Ginisty a dit l'autre jour, en
l'une de ses charmantes chroniques, le carac-
tère noble et élevé et l'incontestable utilité.
Est-il donc bien logique qu'un prospectus
encarté dans un journal, paie une taxe diffé-
rente suivant qu'il est rédigé de telle ou telle
façon?
La question peut laisser le commerce fort
indifférent, puisqu'il est tout aussi facile de
vanter les mérites d'un produit sous une forme
que sous une autre.
Mais les sociétés philanthropiques qui font
directement appel à la générosité d'un certain
nombre de personnes déterminées et qui ne
sauraient se soustraire par conséquent à la né-
cessité d'une formule individuel^ ne la trou-
veront certainement pas inutile, car il est évi-
dent que les journaux pourraient leur rendre
de bien plus grands services, si ces services
leur coûtaient moins cher.
Nous espérons qu'il aura suffi de signaler le
cas à M. le sous-secrétaire d'Etat aux postes et
télégraphes pour que cette toute petite réfor-
me soit réalisée. — André Honnorat.
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN :
Les courses : A Saint-Ouen.
- Réunion des commissions scolaires.
- Durée du jour, 17 h. 18 m.
CHEZ NOUS
--Noces littéraires. - ..,.'
Hier a été célébré à Chatou dans la plus
stricte intimité, le mariage du poète Catulle
Mendès et de Mme Jane Mette, en littéra-
ture Claire Sidon. Les témoins étaient pour
M. Mendès, ses amis Léon Dierx et Geor-
ges Courteline, pour Mme Jane Mette, un
de ses vieux parents et le graveur Fernand
Desmoulin.
JVVVVVV En raison de la mort d'Henri Meil-
hac, l'Académie Française a levé hier sa
séance en signe de deuil.
NVVVVV M. Eutrope Dupon, député de la
Charente-Inférieure, dont on annonçait
hier la mort dans les couloirs de la Cham-
bre, était né aux Valleaux-Saint-Germain-
du-Seudre, le 30 avril 1823. Il avait été pro-
fesseur, puis directeur du journal le Peuple
à Saintes. Il siégeait au Palais-Bourbon de-
puis 1893.
Nous apprenons également la mort, a
l'âge de soixante-neuf ans, de M. Trolley
de Rocques, avocat à la cour d'appel de
Paris, où il était inscrit depuis 1852
M. Trolley de Rocques était un avocat
remarquable par l'expérience consommée
qu'il avait de la procédure et du droit. Il
avait été membre du conseil de l'ordre. -
On annonce aussi la mort de M.
Hubert, fondateur du journal la Chaîne
d'union.
A l'Elysée.
M. Félix Faure a reçn hier le. président
et le syndic du conseil municipal de Paris,
qui sont venus l'entretenir des diverses cé-
rémonies, qui doivent avoir lieu le 13 juil-
let dans les 158 et 16° arrondissements de
Paris.
EN PASSANT
Les énergies perdues :
Vous ltre{ plus loin, aux faits-divers,
le suicide de ce pauvre diable de terrassier
qui, arrêté et fourré au violon pour un dé-
it quelconque, s'est ouvert la gorge avec ses
ongles et a, naturellement, succombé à cette
horrible et héroïque blessure.
Héroïque, je ne m'en dédis pas, car,
quoi qu'en pensent les théologies, l'acte de
l'homme qui se tue, ce triomphe de la volonté
sur l'instinct de la conservation, exige un
vrai courage, même s'il ne s'agit que de
presser la gâchette d'un revolver ou de ren-
verser un tabouret du pied, après s'être
mis la corde au cou. A plus forte raison,
ces suicides douloureux et lents — par
exemple celui du meurtrier du ministre
Kot{ebué', l'étudiant allemand Sand, qui se
tua dans sa prison en avalant le verre de sa
lampe — ces acceptations d'un trépas hor-
rible et martyrisant sont la marque de
robustes natures et d'âmes bien trempées.
Le terrassier provincial qui a trouvé en lui
l'épouvantable et admirable force de se dé-
chirer la chair avec les doigts jusqu'à ce
que son sang mis au jour jaillit de la jugu-
laire, n'était pas, certes, un monsieur vul-
gaire.
On se plaint, en France, de la pénurie
d'hommes. Des hommes, il n'en manque
pas. Seulement, nos institutions ne savent
pas les utiliser.
LOUIS MARSOLLEAU.
—— La distribution des récompenses
aux lauréats de l'Exposition horticole de
juin dernier a eu lieu hier dans la salle de
la société d'horticulture de France, sous la
présidence de M. Viger.
oIVVVVVV' L'une des causes de la supériorité
de l'absinthe blanche Cusenier, c'est que
pour en faire un bon verre, il en faut une
quantité bien moindre qu'avec toute autre
marque.
De plus l'oxygénation lui confère avec
des qualités plus hygiéniques, une suavité
sans égale.
- Mouvement des voyageurs entre la
France et l'Angleterre pendant le mois de
juin :
Calais-Douvres, 22,461 passagers ; Bou-
logne-Folkestone, 11,627 ; Dieppe-Newha-
ven, 17,327.
—— C'est le 25 juillet qu'aura lieu l'inau-
guration du monument élevé à Annecy * à
la mémoire du président Carnot.
M. Loubet, président du Sénat, présidera
cette cérémonie à laquelle assisteront Mme
Carnot et ses enfants.
A L'ETRANGER
- On télégraphie d'Hammerfast :
Hier sont partis pour le Spitzberg, où ils
vont essayer d'assister au départ de l'ex-
plorateur Andrée, qui va tenter de gagner
le pôle en ballon, MM. With, directeur de
la Compagnie Vesteraalen, Sverdrup, an-
cien capitaine du Fram , et plusieurs tou- J
ristes : 1 Danois, 1 Hongrois, 2 Anglais, 2
Français, ainsi que trois dames, Mmes
Vieillard, Obermayer et Orosdy.
* "-" Le Passant.
ir E%
LAVIE DE PARIS
Par Henry FOUQUIER
Quoique la question du Conservatoire
de musique et de déclamation soit une
question un peu spéciale, elle intéresse
cependant tant de personnes à Paris, et
elle passionne tellement ceux qu'elle in-
téresse, que je me laisse tenter d'y reve-
nir. J'y suis convié par les amicales obser-
vations que notre maître de la critique,
Sarcey, a publiées, ici même, à propos de
mon dernier article.
Tout d'abord, Sarcey ne prend pas très
au sérieux ce que j'ai dit du danger d'in-
cendie que peui présenter la salle ac-
tuelle des concours du Conservatoire. J'ac-
corde bien volontiers qu'en plein jour,
avecun éclairage limité à cette rampe qui
jette ses reflets pâles sur les concurrents,
et les fait paraitre verâtres, le danger
n'est pas très grand.
Si j'ai parlé de ce péril, même un peu
chimérique, c'est qu'il n'était pas mauvais
de le signaler ne fut-ce que pour consta-
ter l'inégalité, singulière du zèle de la
commission qui paraît agir moins avec
un système arrêté qu'avec une certaine
nervosité, tolérante ici, très exigeante
ailleurs. On peut brûler partout, et le
vrai remède est mclna dans l'ouverture
d'une porte ici ou la, encore qu'il ne
faille rien négliger, que dans l'esprit. de
sang-froid et de discipline du public.
Si nous pouvions arriver à persuader à
la foule que l'on a toujours le temps de
s'en aller en ne se pressant pas et en ne
se pas jetant à terre, tout serait au mieux.
Mais si on on a peu de chance d'être rôti
au Conservatoire, où il y a, parmi les as-
sistants, une majorité de gens qui, con-
naissant bien le théâtre, ne s'effareraient
pas trop ; on a, par contre, la certitude
d'y être bouilli. J'ai éprouvé là telle tem-
perature qui conseille, impose même un
irrésistible sommeil. Et mon ami ne dira
pas le contraire.
Il y a des moments où l'on se trouve
plongé en de profondes réflexions et où
nos têtes prennent des attitudes penchées
que n'explique pas assez l'attention qu'exi-
gent les Agnès qui nous disent que « le
petit chat est mort ».
- Mais tout ceci n'est qu'un inconvénient,
matière à plaisanteries, et la résignation
est facile. Une mauvaise journée est en-
core plus tôt passée qu'une mauvaise
nuit et celle qui nous guette aura des
compensations. Ce qui est beaucoup plus
grave, c'est la question même des con-
cours et de l'éducation du Conservatoire.
Et ici, malgré l'apparence, je crois bien
que je suis au fond, de l'avis de Sarcey et
qu'il est du mien.
Je connais son idée de derrière la tête.
Il estime que les classes du Conservatoire
sont des classes de « grammaire » de l'art
dramatique : que leur but essentiel, leur
raison s. d'être primordiale, c'est d'ap-
prendre aux jeunes gens qui se destinent
au théâtre l'art de la diction, art négligé
trop souvent et qui, je le dis en passant,
est peut-être le premier mérite de la
Duse.
Pour juger de cet art, des progrès que
les élèves y ont accomplis, un jury — au-
trement choisi peut-être que le jurx ac-
tuel, — suffirait à juger des épreuves,
saus que celles-ci fussent soumises au ju-
gement parallèle et, souvent, contradic-
toire d'un public. Bref, il inclinerait à un
examen sans public, sans solennité, où
l'on donnerait aux élèves moins des prix
qu'un certificat d'études.
Il arrive, en effet, que par la beauté,
les amitiés, des dons aussi qui, même
réels, n'ont rien à voir avec l'art de la
diction. Des jeunes gens et des jeunes
filles « emballent » la salle, et il faut alors
les couronner ou s'exposer à des scan-
dales comme nous en avons vus, de façon
régulière, à peu près à tous les concours.
Mais ceci, c'est une réforme du Conserva-
toire, et c'est cette réforme que je ne
cesse de demander et à laquelle, en pa-
raissant la combattre, mon ami Sarcey
apporte des arguments et le poids de son
expérience.
Ce qui est absurde, en l'état actuel des
choses, c'est que des élèves qui, au cours
de l'année, ontpltutêtredéclaméou récité
sept ou huit fois, dans la classe; qui, s'ils
ont obéi au règlement du Conservatoire,
n'ont paru nulle part sur un théâtre : qui
n'ont jamais parlé un costume, connu un
vrai théâtre, joué dans des décors et avec
des accessoires, soient exposés, après une
épreuve heureuse qui peut n'être qu'une
affaire d'imitation ou de « pistonnage »,
à débuter dans de grands rôles sur les
premières scènes de Paris.
J'ai donc demandé de tout temps une
scission des études : deux ou trois années
d'études de « grammaire » donnant matiè-
re à l'obtention du certificat d'études et
une année de classe de théâtre. Le systè-
me - actuel mêle tout. Je défie, par exem-
ple, qu'on me dise ce que signifie la dis-
tinction entre la classe de chant et la
classe d'opéra ?
La première devrait être une classe
de musique et un élève sans voix devrait
pouvoir être couronné, s'il montrait de la
méthode et subissait l'épreuve de la lec-
ture musicale qui est la pierre de touche
des vrais musiciens. Par contre, pour la
classe d'opére le lauréat devrait montrer
des mérites et des dons d'artiste, à com-
mencer par la voix et le jeu.
En fait pourtant, la classe de chant et
celle d'opéra, c'est la même chose pour
des élèves qui chantent les mêmes mor-
ceaux. Mais si on admet — et je gage que
Sarcey est de mon avis — le caractère
des classes de grammaire pour la dic-
tion et si on réserve ces airs aux élèves
ayant subi ce baccalauréat pour prendre
ce que j appellerai la licence ou le docto-
rat es-art théâtral, on m'accordera qu'il
faut alors les faire travailler sur un vrai
théâtre, dans les conditions du début qui
les attend à la Comédie ou à l'Odéon.
Dès lors, costumes, composition de
rôle public. Pour cela, il est evident que
la boîte à violon du Conservatoire est
s insuffisante et qu'il faut une scène plus
convenable, en même temps, peut-être,
qu'un jury élargi. Et là, le public a son
rôle et si sa présence a encore des incon-
vénients, elle a bien ses avantages.
Il me paraîtrait, du reste, que ces idées
que j'exprime pour la centième fois, font
gagné du terrain dans les régions gouver-
nementales. En répondant très courtoise-
ment à la demande que lui avait adressée
M. Céard, en qualité de président du cer-
cle de la Critique, afin que le concours
ait lieu ailleurs que dans la salle ordi-
naire, le ministre de l'Instruction publique
s'est couvert derrière l'avis unanime de
la commission supérieure du Conserva-
toire, commission extraordinaire, qui n'a
rien fait, d'ailleurs, même d'ordinaire 1
Mais il a laissé entendre que les choses
ne resteraient pas toujours en l'état. M
faudra refaire les bâtiments de la rue
Bergère et on s'apercevra peut-être alors
qu'il ne coûtera pas plus de construire
un établissement plus commode, isolant
les musiciens qui vous assourdissent dans
les classes, donnant enfin à notre école
ce qu'elle a besoin d'avoir et, d'abord,
une scène sérieuse. -
HENRY FOUQUIER.
Demain nous publierons la Chronique
de M. André Balz.
Suicide de quatre femmes
Le drame de la rue du faubourg Pois-
sonnière.- Les broyeuses de noir.
— Quatre femmes atteintes du
spleen. — La dernière soi-
rée. — Découverte des
cadavres. — Notre
enquête.
Il y a quatre ou cinq mois, une dame Maré-
chal, âgée de vingt-cinq ans, venait installer,
au quatrième étage de la maison portant le nu-
méro 191 de la rue du Faubourg-Poissonnière,
un petit atelier de giletière ou elle occupait
avec sa sœur, Lucie Ravenel, trois ou quatre
ouvrières.
Sans doute, elle n'était pas riche, mais sa
profession fournissait aux besoins de la vie ;
elle habitait seule avec sa sœur qu'elle aimait
tendrement, n'ayant pas d'autre famille, et
son mari étant interné dans un asile d'alié-
nés. -
Sans aucune relation, et les parents de son
mari s'opposant, paraît-il, à ce qu'elle allât les
visiter, elle se plaignait assez fréquemment
d'être isolée, abandonnée dans la vie ; c'était
là le sujet habituel des entretiens qu'elle avait
avec sa sœur et ses ouvrières.
D'ailleurs, par un hasard vraiment diaboli-
que, cet atelier rassemblait dans le même la-
beur un certain nombre de femmes qui, cha-
cune, avaient été atteintes par un grand mal-
heur.
Conversations d'atelier
Les conversations qui. se tenaient dans l'ate-
lier n'étaient pas d'une gaîté folle, bien au con-
traire : on y broyait du noir avec une facilité
extraordinaire.
Une des ouvrières, Berthe Souchard, se trou-
vait dans une position analogue à celle de sa pa-
tronne, ayant été quittée par son mari et
étant venue habiter avec une tante la maison
de sa patronne.
Une autre ouvrière, Emilia Chio, avait une
liaison ancienne déjà et voici qu'il y a trois-ou
quatre jours son ami lui avait signifié qu'il
fallait rompre ; la jeune fille en avait éprouvé
le plus vif chagrin.
« Nous sommes donc abandonnées toutes
les trois, dirent les femmes, toutes les trois
nous sommes seules au monde, et ma foi,
pour ce que vaut l'existence, nous ferions
aussi bien de nous en aller. » -
— Pour moi, ajouta Lucie Ravenel en s'a-
dressant à sa sœur, si tu veux te tuer, je me
tuerai avec toi.
Ces projets furent plusieurs fois discutés
dans le petit atelier de giletières.
La détermination de cette tragique fin de
douleurs, exagérées, il faut.bien le dire, au
cours de ces conversations féminines, fut
prise d'un façon définitive avant-hier soir. Il ne
restait plus qu'à la mettre à exécution.
Le litre de kirsch
Elle furent quatre à donner leur consente-
ment à une petite noce macabre dont la con-
clusion serait leur mort.
La patronne, Mme Maréchal, âgée de vingt-
quatre ans, sa sœur Lucie Ravenel, âgée de
dix-neuf ans, Emilia Chio, âgée de vingt-six
ans et Berthe Souchard, âgée de vingt-deux
ans.
Après leur journée de travail les quatre dé-
laissées demeurèrent ensemble ; elles dînèrent
et passèrent joyeusement la soirée; on les en-
tendit converser gaiement et rire. A huit heu-
res, Mme Maréchal et sa sœur descendirent
chez t~ charbonniers voisins et firent em-
plette d'une bouteille de kirsch, déclarant
qu'elles voulaient du meilleur. Puis ou ne les
revit plus; elles paraissaient très joyeuses,
nullement portées aux idées tristes.
Cette façon d'affecter d'être gaies quelques
instants avant de se détruire, indiquait chez
ces pauvres petites personnes un état mental
des plus déséquilibrés.
Toutes les quatre étaient d'ailleurs très
liseuses et très bavardes et prenaient un cer-
tain plaisir à augmenter l'importance des cha-
grins qui les minaient, au lieu de se consoler
entre elles, elles s'excitaient, et leur exaspéra-
tion se termina par un petit diner agrémenté
de rires fous.
A minuit, fait sans précédent de leur part,
les voisins du dessous les entendirent chanter
et danser. La petite sauterie se termina vers
une heure du matin.
La mort
Ce n'est qu'hier matin que les locataires de
la maison eurent l'explication de ce bruit peu
accoutumé chez ces jeunes femmes.
Que s'est-il passé dans la soirée ? On l'igno-
rera toujours. Vers quatre heures du matin,
Mme Cetoire, la tante de Mme Souchard, in-
quiète de ne pas voir rentrer sa nièce, qui cou-
chait chez elle tout en travaillant chez Mme
Maréchal, vint frapper à la porte de la pa-
tronne giletière.
Personne ne lui répo"
Mme Cetoire s'imagina que les jeunes femJ
mes s étaient endormies. Elle ne voulut pas lest
réveiller et remonta chez elle.
);l\-Iais hier matin, à huit heures, ne voyant
pas revenir sa nièce et prise d'un funeste pres-
sentiment, elle alla, très inquiète, sonner da
nouveau chez Mme Maréchal.
Personne ne répondant, elle alla prévenir la
concierge, qui avisa le commissaire de police,
du quartier, qui, accompagné d'un serrurier,
fit ouvrir la porte.
, Un horrible spectacle s'offrit à leurs yeux.
Les quatre femmes étaient étendues mortes
dans la chambre à coucher. ;
Mise en scène tragique
Le logement qu'occupait Mme Maréchal con*
prend deux pièces et une cuisine.
■i Dans la chambre à coucher, les quatre folles
il faut bien les appeler ainsi, étaient en chemi..
ses, trois d'entre elles étaient sur le lit, les
corps en travers, la quatrième, Mme Souchard
avait quitté sa place et s'était dirigée vers la.
porte, mais les forces lui avaient manqué et
elle était tombée près de la porte, à côté de.
son cadavre, on remarqua le chien de Mme
Maréchal, qui lui aussi avait été asphyxié.
Avant de se donner la mort, les quatre
femmes s'étaient soigneusement coiffées, et
comme elles étaient toutes les quatre joKes-et
qu'elles avaient de belles chevelures, un ténoin
nous a dit que mortes, leurs têtes ressem-
blaient à ces figures de cire admirablement
coiffées qui s'exposent aux devantures des per-
ruquiers. ,
Deux réchauds éteints furent remarqués au
milieu de la chambre, les quatre désespérées
avaient eu soin en outre de retirer le tuyau
adapté à la cheminée et de calfeutrer les is*
sues d'air des portes et fenêtres.
Le commissaire de police fit placer sur le lit
le quatrième corps et procéda aux premières
constatatious..
Les lettres
Avant de mourir, chacune des victimes avait
laissé à l'adresse de sa famille une lettre par
ticulière expliquant que lasse de souffrir, elle
avait décidé de se tuer.
Sur une feuille de papier écolier, une d'elles
avait écrit : « Nous mourons toutes volontaire-
ment et sans aucun regret. » Chacune avait
ensuite signé.
Voici le texte de la lettre adressée par Ber-
the Souchard à sa tante, avant de mourir :
« Ma chère tante,
» Je meurs volontairement. J'ai longtemps
différé et je te demande pardon de mon sui-
cide. Ni toi ni personne n'en ignoreront la
cause.
» Seule, la pensée de l'enfant que je laisse
aurait pu m'arrêter dans mon projet, mais',
puisque je suil privée des caresses de mon en-
fant, cette cause n'existe plus. Je regrette de
ne rien lui laisser. Je ne possède que mon
carnet de Dufayel et un bon de l'Exposition.
Tu garderas ce bon, et s'il gagne, tu l'en feras
profiter.
» Adieu, je t'embrasse une dernière fois.
» BERTHE SOUCHARD. »
L'enfant de Berthe Souchard vivait avec son
père et ses grands parents à Asnières.
De son côté, Emilia Cliio a adressé à sasoeur
la lettre suivante :
» Ma chere sœur,
» Je suis lasse de l'existence. Je préfère
mourir, pardonne-moi 1 Tout ce que je te de-
mande, c est de faire le silence sur ma situa-
tion. Inutile de chercher la cause de ma déter-
mination. Je meurs volontairement.
» Je vous embrasse tous une dernière fois.
» ÉMILIA cmo.»
L'enquête -
La concierge, qui était souvent la confidente
de ses locataires né sait que penser. Pour elle,,
c'est Mme Maréchal qui a eu l'idée du suicide
et l'a combiné; c'est à sa sollicitation que le4
autres obéirent. -
Il faut faire la part de l'ennui d'Emilia ChitK
des craintes de Berthe Souchard qui avait peus
que son mari ne la poursuivît, et de la jeu,",
nesse, de la faiblesse de caractère de Lucie:
Ravenel. j
On devine ce que devait être une telle réu
nion de névrosées. Elles étaient, d'ailleurs,:
l'objet de toutes les conversations du quar-
tier.
Le drame ne peut se concevoir que par un
entraînement spécial, car la misère n'y esf
pour rien. Mme Maréchal gagnait très bien sa
vie. - 1
Il est probable que les obsèques de ces quq
tre malheureuses auront lieu demain. v
Mlle Emilia Chio -™
Parmi les victimes du drame, Mlle Emilia
Chio était certainement celle qui avait le plud
de motif d'en finir avec la vie.
Sans famille, sans personne qui sHntéressâi
à elle, la pauvre fille, dès sa plus tendre jeu-
nesse avait été livrée à elle-même.
Fatalement elle devait succômber à la pre.
mière tentation, écouter avec joie les premiers
mots d'amour qui lui seraient dits et se fier au
premier venu. C'est ce qui arriva.
A l'âge de dix-neuf ans, Emilia Chio fit la
connaissance d'un jeune homme, Jules L..u,
employé dans. une grande maison de conW
merce ; elle devint sa maîtresse et le couple
s'installa d'abord dans le quartier des Epi*
nettes. Une brouille survint bientôt et Mlle
Emilia Chio de nouveau seule, émigra vers Le-
vallois-Perretoù elle logea quelques jours dans
un hôtel meublé de la rue Fazillau.
C'est là que la jeune fille 11t la connaissancej
d'un autre jeune homme avec lequel elle s'insw,
talla: au n° 19 de la rue Fazillau.
Le ménage vécut quelque temps heureux,
puis, de nouveau, des disputes survinrent; des
scènes violentes se produisirent, et à plusieurs
reprises les voisins durent intervenir.
Enfin, il y a huit jours, l'amant de Mlle Chio-,
qui est voyageur de commerce, partit pora*
une ville du Midi. Le lendemain, Mlle Chlq
recevait une lettre dans laquelle son amaut luii
annonçait qu'il avait l'intention de se maries
et que par conséquent il ne reprendrait pas 1$
vie commune
Mlle Emilia Chio, qui était enceinte de cinq
mois, fut très affeclée par cet abandon et de
ce jour manifesta à plusieurs reprises l'inten.c
tion d'en finir avec la vie. Le jour où elle lut'
dans un journal le suicide de Mlle Tarquinr;
rue des Martyrs, elle dit à une voisine : « En
voilà une qui est heureuse 1 Je ferai probable*
ment comme elle. » 1
Mlle Chio, qui n'était âgée que de vingt-quav
tre ans, était une jolie brune aux grands yeux,
au teint mat, à l'allure décidée. « Elle était u
peu lunatique, disent les personnes qui l'ont
connue; tantôt gaie pour un rien, tantôt triste
sans motif, elle devait finir fatatalement par 34
suicider ».
Mme Berthe Souchard 1
La plus âgée des quatre. Jolie encore comme
ses camarades, mais plus sérieuse, plus fem<<
me. -
Toute jeune, Berthe Souchard avait contractâjt
un mariage malheureux. Aprôs quelques =
nées de bonheur, le Jeune méng&e s'en
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