Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1897-07-09
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 09 juillet 1897 09 juillet 1897
Description : 1897/07/09 (N9982). 1897/07/09 (N9982).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
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LA FRANCE EN RUSSIE
L'opinion publique sera, sans aucun
doute, reconnaissante à la Chambre
d'avoir voté, à peu près sans discus-
sion, les crédits demandés par le gou-
vernement pour le voyage du Président
de la République en Russie, et elle ap-
plaudira le langage de M. Henri Brisson,
relevant, en termes aussi élevés que di-
gnes, les insultes lancées de la tribune
par un collectiviste révolutionnaire au
chef d'un empire avec lequel la France
a jugé bon de conclure un pacte d'ami-
tié et de défense réciproque.
Quant aux quelques personnes qui ont
u suivre, en connaissance de cause
toutes les phases par lesquelles la ques-
tion est passée depuis trois mois, elles
ne peuvent manquer de voir, dans la
manière si simple dont elle a été réglée,
a preuve que le bon sens et la logique
finissent toujours par triompher.
Au mois d'octobre de l'année der-
nière, le tsar décidait spontanément de
venir, à l'occasion de son couronne-
ment, faire une visite au peuple fran-
çais et il trouvait à Paris l'accueil inou-
bliable que Paris fait toujours à ses
amis et aux alliés de la France. Tout
naturellement, et comme on le fait entre
particuliers, quand on est bien reçu
dans une maison, le tsar manifesta le
plaisir qu'il éprouverait à racevoir le
représentant du peuple français, et,
comme il était reçu directement par le
Président de la République, c'est à ce
dernier qu'il adressa son invitation.
* *
Constitutionnellement, il était naturel
que cette invitation fut adressée au Pré-
sident de la République. En vertu de
l'article 3 de la loi constitutionnelle du
25 février 1875, c'est le Président de la
République qui incarne nominalement la
France. « Il dispose de la force armée.
Il nomme à tous les emplois civils et
militaires. Il préside aux solennités na-
tionales ; les envoyés et les ambassa-
deurs des puissances étrangères sont
accrédités auprès de lui. » Si un chef
d'Etat vient en France c'est au Président
de la République qu'il appartient de le
recevoir ; et, par conséquent, s'il y a
une visite à rendre à un chef d'Etat,
c'est encore au Président de la Répu-
blique que ce devoir incombe.
Les présidents du benat et de la
Chambre, qne l'on a voulu, à cet
égard, assimiler au Président de la Ré-
publique, sont placés par la Constitu-
tion dans une situation tout à fait diffé-
rente. Par délégation des sénateurs et
les députés, ils sont les représentants
de la souveraineté nationale agissante.
Ils ont la charge de veiller à ce qu'au-
cune atteinte ne soit portée par per-
sonne, même par le Président de la Ré-
publique, à l'indépendance des assem-
blées qu'ils président, mais ils ne peu-
vent figurer à aucun titre, dans les rôles
assignés au pouvoir exécutif; ils sont
en dehors de lui et même au-dessus de
lui, à certains égards; ils n'en sont point
parties intégrantes.
Ils diffèrent surtout du Président de
la République en ce qu'ils jouissent
d'une autorité propre, personnelle, de
l'exercice Je laquelle ils sont respon-
sables, tandis que le Président de la
République n'a ni autorité, ni responsa-
bilité.
L'article 5 de la loi du 22 juillet 1879
stipule : « Les présidents du Sénat et
de la Chambre des Députés sont char-
gés de veiller à la sûreté intérieure et
extérieure de l'assemblée qu'ils prési-
dent. A cet effet, ils ont le droit de re-
quérir la force armée et toutes les auto-
rités dont ils jugent le concours néces-
saire. Les réquisitions peuvent 'être
adressées directement à tous officiers,
commandants ou fonctionnairees, qui
sont tenus d'y obtempérer immédiate-
ment sous les peines portées par les
iois. »
Dans l'exercice de ce droit, les prési-
dents de la Chambre et du Sénat sont
au-dessus de tous les autres pouvoirs de
la République; ils incarnent véritable-
ment la souveraineté nationale.
Le Président de la République, au
contraire, ne peut rien faire ni rien dire
dont il soit personnellement responsable
et qui soit dit ou fait en vertn de son
autorité propre. L'article 3 de la loi du
25 février 1875 reproduit plus haut est
complété par ce paragraphe très signi-
ficatif : « Chacun des actes du Président
de la République doit être contresigné
par un ministre. »
Il en résulte que le Président n'est ni
le « chef de l'Etat » comme on le dit
volontiers, ni même le représentant de
la souveraineté nationale, mais simple-
meni la personnification de la France,
III tant que nation.
C'est au nom de la France qu'il re-
çoit les ambassadeurs et les rois étran-
gers ; et c'est au nom de la France qu'il
leur rend visite ; mais sans jouir, dans
l'un ou l'autre de ces rôles, d'aucune
autorité, et sans avoir le droit de pro-
noncer aucune parole ni de faire aucun
acte qui engagerait la souveraineté na-
tionale, sans que cette parole ou cet
acte soient couverts par la responsabi-
lité du ministère,
* #
Il est donc parfaitement ridicule de
dire qu'en allant en Russie rendre au
tsar la visite que celui-ci a faite à la
France, le Président de la République
fait acte de monarque et joue lui-même
au tsar.
Il en serait ainsi dans le cas où le
Président partirait pour la Russie sans
mandat spécial du gouvernement et des
Chambres ; mais, dans ce cas, le Par-
lement pourrait le remplacer avant
même qu'il ait mis le pied sur la terre
russe.
Il n'en est rien quand son voyage est
couvert par la responsabilité d'un mi-
nistère et, à plus forte raison, quand il
est sanctionné par un vote du Parle-
ment. Dans ce dernier cas, le seul qui
soit entièrement légal, c'est la France
elle-même, incarnée dans son Président,
qui rend visite à la Russie.
C'est la France qui sera reçue au dé-
barquement en Russie par le tsar ; c'est
la France qui sera saluée par les trou-
pes et les canons russes ; de même que
c'était la Russie et non un autocrate que
les armes françaises saluaient au mois
d'octobre dernier et que le peuple ac-
clamait à Cherbourg, à Paris et à Châ-
lons.
Dans tout cela il n'y a pas trace de
monarchisme, pas plus que dans les
honnejirs rendus aux Présidents des
Chambres chaque fois qu'ils se rendent
au fauteuil présidentiel, aux députés,
aux sénateurs, aux ministres, à tous
ceux qui incarnent une portion de la
souveraineté ou de la personnalité na-
tionale.
On a donc fait autour du voyage en
Russie du Président de la République
beaucoup plus de tapage qu'il ne con-
venait; les monarchistes y ont trop vu
la réalisation d'une de leurs chimères et
les républicains qui s'y sont opposés
n'ont pas vu suffisamment le caractère
purement représentatif et national que
le Président de la République revêt en
cette circonstance.
C'est la France qui, au mois d'août,
ira en Russie ; c'est la France qui y
sera fêtée, acclamée, honorée, saluée
par la marine et l'armée russes, et
comme la France est depuis vingt-six
ans en République, c'est un hommage
indirect que l'empire russe rendra aux
institutions républicaines.
J.-L. DE LANESSAN. 1
Nous publierons demain un article
de M. Charles Bos.
La Crise industrielle
Un certain nombre d'usines, de verreries, à
Charleroi, en Belgique, viennent d'éteindre
leurs feux. Voici, de ce fait, des centaines, des
milliers d'ouvriers privés de travail, aux prises
avec la misère, la faim. Situation grave, en
effet, tant que l'industriel, le fabricant, l'em-
ployeur, le patron continue la lutte, ses ou-
vriers peuvent, pour maintenir letaux de leurs
salaires, s'obstiner dans leurs revendications
et se refuser à tout avilissement des prix de la
main d'œuvre; mais lorsque vaincu dans cette
lutte, le patron bat en retraite, ferme les
portes de ses ateliers, jette de )'eau sur ses
foyers et se croise les bras au milieu du chan-
tier mort, l'ouvrier que cette chute entraîne
dans l'abîme se trouve en face du néant.
Il ne s'agit plus, alors, de déclamations so-
nores et de creuses théories ; le fait est là, bru-
tal. Brisé par le combat contre la concurrence
ne pouvant plus équilibrer ses recettes et ses
dépenses, ses bénéfices et ses frais, acculé à la
faillite, le patron s'est retiré. Que vont faire les
ouvriers? Chercher du travail ailleurs? En
trouveront-ils? Le fait de Charleroi n'est pas
isolé. Partout, — et surtout en France, il faut
dire — l'industrie traverse une crise redou-
table. Partout on peut observer un état de
gêne, de malaise, qui annonce pour bientôt,
peut-être, une série de catastrophes. Il y a
eu surproduction, les débouchés se ferment ;
les commandes s'arrêtent ; les capitaux se
cachent. Persévérer, ce serait la ruine com-
plète ; le guichet de la caisse s'abaisse, comme
un -couteau de guillotine. Fermé. On ne tra-
vaillera plus là demain.
Déjà le nombre est immense des bras inoc-
cupés. Que faire, s'il n'y a pas plus de travail à
côté que là? S'unir dans la coopération libre,
multiplier les tentatives semblables à celle,
très intéressante de la verrerie ouvrière d'Albi,
faire appel à la solidarité, s'efforcer d'inspirer
confiance au capital. Mais quelle apparence
que celui-ci, si craintif aujourd'hui, se laisse
séduire ? Et ne peut-on craindre que la plupart
des essais de ce genre ne se terminent par de
douloureux échecs?
Les ouvriers, en effet, se heurteront aux
mêmes difficultés, aux mêmes obstacles contre
lesquels le patron s'est rompu bras et jambes.
Car il ne s'agit point ici du mauvais vouloir de
tel ou tel employeur, imprudent ou dissipa-
teur, jaloux de palper de gros profits et
s'inquiétant peu du reste. Il y a cas de force
majeure. Ce n'est pas l'industriel, c'est l'in-
dustrie elle-même qui périclite, qui souffre,
qui meurt. -
Il y a lieu ainsi de se demaider si les ou-
vriers, au lieu de se montrer irréductibles sur
la question des salaires et de maintenir quand
même, en aveugles et sourds, leurs exigences
— en quoi ils aggravent la crise et précipitent
la chute — ne feraient pas mieux de songer à
une entente loyale et cordiale avec le patron,
chacun étant résolu à y mettre du sien pour
conjurer le péril commun. — Je sais bien
cui'au tejttRs guU courte quiconque peurle de pajx
sociale est sûr de s'entendre traiter de réac-
tionnaire, voire de traiter, par les agitateurs de
profession; mais je pense à tous ceux qui, à
Charleroi aujourd'hui, ailleurs demain, souf-
frent et vont souffrir de la misère noire, et je
me dis qu'il faut avoir le courage de les défen-
dre contre ceux qui, dans leur égoïsme ambi-
tieux, les exploitent, contre eux-mêmes, au
besoin. — Lucien Victor-Meunier.
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN :
Les courses : A Maisons-Laffitte.
- Durée du jour, iy h. 20.
CHEZ NOUS
-Sur la proposition de M. Charles
Bos, le conseil municipal de Paris a décidé
hier que la rue de Lencheval, dans le dix-
neuvième arrondissement, porterait doré-
navant le nom d'Ernest-Lefèvre, ancien
vice-président de la Chambre, qui entre
autres œuvres importantes, marqua son
passage à l'hôtel de ville, où il représentait
le dix-septième arrondissement, en propo-
sant et en menant à bonne fin le percement
de l'avenue de l'Opéra.
.NVVVVV Le Président de la République a
visité hier matin, l'atelier de chalcogra-
phie et de dessin du musée du Louvre. M.
Félix Faure était accompagné de Mlle
Faure, de M. Le Gall, et, du commandant
Meaux Saint-Marc.
Le Président a été reçu par le directeur
des beaux arts, le directeur des musées na-
tionaux, le comte Delaborde, secrétaire
perpétuel de l'Académie des beaux arts, et
M. Lafenestre, conservateur des peintures,
des dessins et de la chalcographie au mu-
sée du Louvre.
Deux gravures ont été tirées devant le
Président de la République : la Vierge
d'Autun, par Léopold Flameng, d'après
van Dyck ; et la Vierge, d'après Botticelli,
par Gaillard.
Le Président a fait la commande d'un
certain nombre de gravures d'après des
planches de l'ancien et du nouveau fonds.
- De Honfleurnous arrive cette sinis-
tre dépêche :
M. Dantan, l'artiste peintre bien connu, en
villégiature à Villerville, revenait de Trouville
ce matin en voiture, lorsque les guides se rom-
pirent à la .descente d'Hennequeville. Le che-
val s'emballa, parcourut trois kilomètres à une
allure vertigineuse et vint se jeter contre l'é-
glise de Villerville. - -
M. Dantan a été tué; sa femme et une autre
dame ont eu les jambes brisées. Deux autres
personnes qui se trouvaient aussi dans la voi-
ture n'ont pas été blessées.
M. Edouard Dantan avait quarante-neuf
ans. C'était un élève de Pils qui avait ac-
quis une très légitime çélébrité par ses in-
térieurs d'atelier.
Qui ne connaît, en effet, le Coin d atelier,
le Déjeuner du modèle, le Moulage d'après
nature, et tant d'autres toiles, toutes d'une
note claire, qui depuis 1880 jusqu'à cette
année consacrèrent la réputation du pein-
tre.
M. Dantan avait obtenu une troisième
médaille en 1874 et une première médaille
en 1880.
EN PASSANT
Ce pauvre prince Henri d'Orléans, che-
valier de la Légion d'honneur par la grâce
de M. Faure n'a décidément pas de veine en
ce moment. C'est la guigne, quoi ! Après les
protestations du « fonctionnaire colonial »
déclarant urbi et orbi que le noble explora-
teur n'a jamais rien exploré, voici que le
général italien Albertone, un des prtson-
niers de Menelick, pousse des cris d'aigle,
affirmant que les assertions injurieuses
pour les officiers captifs au Choa conte-
nues dans une lettre que le Figaro attribue
au prince Henri (FOrléans sont de vilains
mensonges 1 »
Enfin, il faudrait s'entendre. Le prince
d'Orléans est-il allé en Abyssinie, oui ou
non ? S'il y était, a-t-il vu quelque chose ?
et s'il a vu quelque chose, a-t-il travesti la
vérité ? Cette altesse voyageuse devient vrai-
ment encombrante. Il paraît qu'un stock de
députés transalpins : Randaccto, Païs,
Toaldi, Luparini ont présenté à la Chambre
italienne une demande d'interpellation au
ministre de la guerre pour savoir ce qu'il
entend faire relativement aux accusations
portées par le prince d'Orléans contre les
militaires capturés par Menelih.
Par dieu ! si j'états ce ministre de la
guerre, je répondrais simplement à ces dé-
putés que les assertions plus ou moins fan-
taisistes d'un petit jeune homme assq; porté
à s'en faire accroire, n'ont pas la moindre
importance, et qu'en matière de presse, d Or-
léans vaut Tartempion, s'il lance un ca-
nard. M. d'Orléans n'engagepas la Francs.
Il n'y a plus de princes cher. nous. De-
mander. plutôt au cousin de l'incriminé, le
joli Fanfan-la-Gamelle.
LOUIS MARSOLLEAU.
M. Henri Blount, président du co-
mité exécutif des fêtes du jubilé de la reine
d'Angleterre à Paris, s'est rendu chez M.
Hanotaux, ministre des affaires étrangères
accompagné du docteur Hogg, secrétaire
du comité et lui a remis la somme de mille
cent vingt-deux francs cinquante pour
l'hôpital français de Londres. Cette somme
a été prélevée sur la souscription qui avait
été ouverte à Paris, parmi les membres de
la colonie anglaise.
Les Anglais n'ont pas voulu oublier l'hos-
pitalité gracieuse qu ils reçoivent en France
et ont voulu s'associer à une œuvre émi-
nemment française en Angleterre.
- Différentes personnalités du monde
agricole viennent de jeter les bases d'une
organisation appelée « Parti Agraire Na-
tional ». Les fondateurs entendent créer
en France l'équivalent du parti agraire au-
trichien, de la ligue agraire allemande, de
la ligue des paysans belges, qui réunit
19,000 familles de propriétaires et d'ou-
vriers agricoles, et des autres associations
similaires qui existent dans la plupart des
pays d'Europe.
Le parti agraire national est constitué
dans la forme prévue par la loi de 1884 sur
les syndicats professionnels.
Il a son siège social à Paris, provisoire-
ment 30, avenue Rapp.
IVONVVV Hier soir a eu lieu, dans le grand
amphithéâtre de la nouvelle école colo-
niale, l'assemblée générale de la Société
des anciens élèves, sous la présidence de
M. André Lebon, ministre des colonies.
Le musée historique de l'armée.
Le ministre de la guerre présidera, lundi
prochain, à quatre heures du soir, à l'inau-
guration de la première salle du musée his-
torique de l'armée à l'Hôtel des invalides.
- Nous apprenons avec plaisir que
notre confrère, M. Emile Penot, syndic de
la presse parlementaire, est père, depuis
hier, de trois jumeaux bien portants.
Le cas est assez rare pour être signalé.
#VVVV\N La Presse commencera ce soir la pu-
blication d'un roman de M. EdouardDucret,
intitulé: Par le Poison!
C'est à côté d'une fraîche idylle, le récit
d'nne émouvante tragédie.
- L'abondance des matières nous
oblige à ajourner la suite de la série des
« Notes sur l'Allemagne » de notre colla-
borateur Charles Bos.
Le Passant.
LES ENVOIS DE ROME
J'ai vu qu'on en riait ouvertement à
l'Ecole des Beaux-Arts.Il est malheureu-
sement certain que quelques-uns de ces
envois sont d'une inconscience qui frise
le comique et qu'un éclat de rire n'est
pas toujours facile à réprimer; mais il
faudrait se dire aussi que nous n'en avons
pas l'étrenne, qu'on les exhibe ailleurs
qu'au quai Malaquais et que les Romains
sont les premiers à s'en délecter.
Voyons ! puisqu'on tient absolument à
conserver l'Ecole de Rome, qu'on ne veut
pas l'installer au Louvre, ne pourrait-on,
du moins, nous faire grâce de ces tristes
exhibitions, nous en épargner le ridicule?
Pour y couper court, il suffirait d'en reve-
nir aux traditions de l'Ecole,auxprincipes
même de sa fondation.
Devant la pauvreté croissante, avérée,
des produits de la Villa Médicis, pourquoi
n'inviterait-on pas, dès aujourd'hui, ses
pensionnaires à ne plus rien tirer de leur
propre fonds, à ne faire qne des copies?
Les élèves d'autrefois ne faisaient pas
autre chose. Pourquoi ne pas le rappe-
ler à ceux d'aujourd'hui? Pourquoi ne
pas leur faire entendre qu'ils ne sont que
des écoliers, rien que des écoliers, et que
si l'Etat les envoie à Rome, c'est avant
tout pour y compléter leurs études, pour
s'y fortifier par de solides copies, par
d'intelligentes interprétations des œuvres
des maîtres dont ils ont à pénétrer la
science et le génie, et non pour s'y livrer
tout de suite à leurs propres inspira-
tions.
Quand J.-J, Rousseau - il avait tout
près de quarante ans —eut traduit le pre-
mier livre des Annales, il s'arrêta : Et se
jugeant lui-même : « Ma traduction est
bonne, dit-il; j'ai compris Tacite ; main-
tenant je puis écrire. » Copier une œuvre
d'art, c'est la traduire. Mais il faut la
comprendre.
Et que penser de la plupart des copies
qui sont là exposées? Que dire du Saint-
Sébastien, d'après le Titien, de M. Des-
cheneaud; de la Madone, d'après Bel-
lini, de M. Lavergne ; de la Vierge et de
l'Enfaut Jésus, d'après Michel-Ange, de
M. Larée ; du Faune et de la Vénus, d'a-
près l'antique, deux dessins de M. Ger-
main, qui ne seraient nullement dépay-
sés dans une école de village ?
Ah! oui, ils n'ont qu'à se mettre à co-
pier, et à copier ferme, nos heureux prix
de Rome! Pendant ce temps, leur imagi-
nation se reaosera. On ne voit pas, du
reste, qu'ils la fatiguent outre mesure, si
l'on en juge par les sujets qu'ils ont dé-
couverts : C'est le Christ et la Femme
adultère, c'est Samson et Dalila, Œdipe
et le Sphincc, Niobe et ses enfants, etc.,
sans compter Illusions perdues !
Qu'attendre de thèmes aussi vieux,
aussi usés?
Et comment le directeur de l'école, qui
est homme de goût et de haut mérite,
les laisse-t-il encore ravauder?
Le pèlerin de la vie, de M. Roussel,
est sans contredit le meilleur morceau de
sculpture de l'exposition — encore que
cette figure assise, affaissée au bord du
chemin, ait dans sa pose, dans son atti-
tude, quelque chose d'appris, de déjà vu ;
le corps, modelé avec souplesse, présente
une ligne harmonieuse et s'enlève avec
grâce sur le bas-relief fleuri de poétiques
visages qui lui sert de fond.
J'aime moins la Niobé de M. Lefebvre,
sorte de matrone à la Rubens, lourde et
grasse présentant sa gorge flamande aux
flèches irritées de Diane et d'Apollon. Sa
tête est vulgaire, sa douleur grimaçante;
le mouvement du corps manque de déci-
sion, reste hésitant et gauche. Quant à
VAmour au guet de M. Roux, contourné
joli, fleuri, soufflé, c'est comme manié-
risme, ce que l'art italien offre de plus
précieux.
En peinture, le Saint-Vincent de M.
Larée, étendu raide mort dans la campa-
gne et défendu par un corbeau miracu-
leux contre une bande de loups affamés
vaut mieux par son dessin que par sa
couleur froide, blafarde, effacée, mais
préférable toutefois à celle que M. Leroux
a répandue sur son Samson et sur sa Da-
lila — sorte de mixture d'ocre rouge et
de brique pilée dont ces deux personna-
ges sont tout alourdis.
Rien à dire de cette pauvre esquisse, le
Christ et la femme adultère, si ce n'est
que M. Descheneaud, qui l'a commise,
ferait sagement de ne pas la pousser jus-
qu'au tableau. Quant aux Illusions per-
dues que M. Lavergne (4° année), laisse
comme un adieu à la campagne romaine,
espérons qu'il en retrouvera d'autres
parmi nous, plus fraîches et plus saines,
et qui lui feront facilement oublier celles
que ce poète famélique pleure sur sa lyre
au bord d'un lac solitaire. Mais qu'il se
défie de la joaillerie deM. GustaveMoreau
dont sa petite toile Œdipe et le Sphinx
est toute ornementée.
Les travaux de restauration de temples
antiques, qu'exposent les architectes, sont
particulièrement intéressants cette an".
née. En regard de leurs épures, la plupart
nous font voir, en de vives aquarelles,
dans quel état sont les ruines des monu-
ments qu'ils ont reconstitués, en même
temps que le paysage qui les enveloppe.
La vue du temple de Baal, à Palmyre,
par M. Bertone, celle du Palatin, par M.
Pille, la Maison des Vestales, par M. Eus-
tache, pourraient être signées par nos
meilleurs aquarellistes,
CHARLES FREMINE.
REFUS DL REPONDRE 1
Le Temps avait annoncé que M. Quesnay de
Beaurepaire consentait à se rendre à la con-
vocation de la commission d'enquête du Pa-
nama. En une lettre, dont on trouvera le texte
plus loin, dans notre compte rendu de la
séance tenue hier par la commission, M. Ques-
nay de Beaurepaire rectifie cette information.
Il ne se rendra, dit-il, devant la commission
que pour « refuser de répondre » ; et il refu-
sera de répondre « parce que sa conscience et
la loi lui commandent le silence ».
Il nous paraît impossible de ne pas approu-
ver cette attitude.
En effet, la commission d'enquête ne possède
pas de pouvoirs judiciaires, elle ne les a pas
demandés à la Chambre qui ne lui eût pas ac-
cordés, et on ne peut admettre qu'elle se les
arroge de sa propre autorité.
Précisément parce que nous voulons la lu-
mière pleine et entière et que justice soit faite
nous croyons qu'il faut respecter le principe
de la séparation des pouvoirs.
M. Quesnay de Baurepaire ne pouvait pas
répondre autrement qu'il a répondu. Mais
cet incident, qu'il était aisé de prévoir, montre
combien on se préparerait de déceptions si on
pouvait supposer que la commission d'enquête
fera œuvre utile et sérieuse. Quant à nous,
nous ne nous sommes jamais fait d'illusions
sur ce point, aussi ce qui se passe ne nous
étonne pas. -.L. V.-M.
HENRI JlEILIIIlC
Henri Meilhac est mort. Si tous ceux.
qui doivent à ce brillant esprit, une soirée
de joie, une heure de réflexion et une mi-
nute de mélancolie attendrie prenaient le
deuil, il n'y aurait plus à Paris un cha-
peau sans crêpe ni une toilette claire. Car
la gaité de Meilhac se nuançait d'observa-
tion et s'irisait de larmes de pitié, enchâs-
sées ça et là, dans la trame éblouissante
de son œuvre ainsi que des diamants pré-
cieux et discrets.
Jovial comme Labiche et seusible
comme Musset, ce poète comique fut un
observateur aigu et vibrant de l'éternelle
farce humaine, et il savait le secret de
toucher les cœurs aussi bien que celui de
dilater les rates. C'est ce double don qui
a fait le charme de ses pièces, miroirs
étincelants de ce Paris, capitale du monde
qui s'amuse et qui s'émeut, qui blague et
console, fait la noce, l'amour et la charité
Paris à qui tout doit être pardonné, à
cause des Parisiennes.
Les Parisiennes ! Meilhac qui les adora,
les jugea, les décrivit, les habilla et dé-
shabilla pour la scène corps et âmes. Le
théâtre de,Meilhacest une galerie vivante
des belles personnes de ce temps et de ce
pays-ci. Sans grandes phrases psycholo-
giques, sans scalpel naturaliste et sans
application de rayons Rœntgen, l'auteur
de Froufrou, de la Petite marquise et de
Ma cousine, a campé sous le manteau
d'Arlequin, face au public, tout un lot de
petitebonnes femmes inoubliables, crian-
tes de vérité, fines comme des perles et
sottes comme des oiseaux. Car il voyait
clair et écrivait dru, et avisé Gavroche
de lettres, il fut amoureux mais non res-
pectueux.
Cet irrespect, les pédants d'université
ne le lui pardonneront jamais,car il l'avait
appliqué, jadis — et avec quelle ironie
triomphale ! — aux sacro-saintes icônes
des héros d'Homère et des dieux de l'O-
lympe. Le roi barbu, bu qui s'avance et
qui n'est autre qu'Agamemnon ; Achille,
le grand Myrmidon qui aurait l'esprit fort
tranquille, n'était son talon ; et cette pau-
vre belle Hélène qui demande quel plai-
sir Vénus trouve à faire ainsi cascader
sa vertu ; toute cette Iliade travestie s'im-
prima en traits durables dans l'esprit des
masses et remplaça la véritable ! Ce fut
le coup de hache dans toutes les tradi-
tions et l'aménagement en bastringue
d'une mine à pensums. Inde iî-oe. Mais
comme le public s'amusa.
Le mort d'hier, s'il tenait à la survie de
son nom et de son œuvre, a pu s'endor-
mir tranquille. Aussi longtemps qu'il y
aura des Français en France, qu'on y
vivra et qu'on y aimera, la foule assiégera
les guichets des théâtres où se repren-
dront ces chefs d'œuvre de verve,de sen-
timent et de vérité claire où pétille, pique
et monte cette mousse de gauloiserie
champanisée que depuis vingt ans Paris
avait pris l'habitude d'appeler : l'esprit de
Meilhac.
LOUIS MARSOLLEAU.
Sa vie, ses œuvres
Meilhac est né le 23 février 1831. Ses études
terminées au Lycée Louis-le-Grand, il entra
d'abord comme employé dans une maison de
librairie. -
En ses heures de loisir, il s'essaya dans la
caricature et ne tarda pas à se faire agréer à
la fois comme dessinateur et écrivain humoris-
tique au Journal pour rire auquel il collàbore
de 1852 à 1855, sous le pseudonyme de
Thalin.
En 1855, Henri Meilhac fait ses débuts au
théâtre avec Garde-toi, je me garde et Satania,
deux vaudevilles en deux actes, représentés
sur la scène du Palais-Royal.
Le succès de ces deux premières tentatives
fut médiocre, mais l'auteur, loin de se .décou-
rager, se remit à la besogne et fit représenter
un grand nombre de pièces, soit seul, soit en
collaboration. En voici la liste :
La Sarabande du Cardinal, au Palais-Royal
(1856); le Copiste, au Gymnase (1857); l'Auto-
graphe, au Gymnase (1858); Péché Caché, m
Palais-Royal (1858); Retour d'Italie, au Gym.
nase (1859) ; le Petit-fils de Mascarille, au même
théâtre (1859) ; Ce qui plaît aux hommes, aux
Variétés (1860); l'Etincelle, au Vaudeville
Sîof? i YVerf" de Célimène, au Gymnase
186, ; fAie d'ambassade, au Vaudeville
!)îÎ!o!îûî<; les Bourguignonnes, à l'Opéra-Comique
1861 ; le Café du Roi, au Théâtre-Lyrique
1861 I j, • le Menuetdc Danaé, aux Variétés (1861 )i
A partir de cette époque, Henri Meilha a
écrit la plupart de ses pieces en collaboration
avec M. Ludovic Halévy, et tous deux comptè-
rent presque autant de succès qu'ils firent re-
présenter d'œuvres. Parmi les plus célèbres:
nous citerons :
La Clé de Mêtella, les Brebis de Panurge, la
Train de Minuit, la Belle Hélène, le Singe dW
Nicolet, Barbe Bleue, la Vie Parisienne, la Grande.
Duchesse de Gérolstein, le Château à Toto,Fanng
Lear, la Périchole, l'Homme à la clé, Froufrou,
les Brigands, Tricoche et Cacolet, Madame attend
Monsieur, le Réveillon, les Sonnettes, le Roi Can-
daule, l Eté de la Saint-Martin, Toto chez TalaI.
la Petite Marquise, la Mi-carême, l'Ingénue, la
Veuve, la Boule, Carmen, le Passage tde Vénus,
la Boulangère a des écus, la Créole, Loulou, le
Prince, la Cigale, le Petit Duc, le Mari de la Dé-
butante, le Petit Hôtel, LoZotte, lanot. la Rous-
sotte, etc., etc.
Vers 1881, les deux collaborateurs se brouil-
lèrent et cessèrent de travailler ensemble.
Tous deux avaient été trop étroitement unis
dans le succès, pour que le malentendu qui les
avait un instant divisés, ne fût pas bientôt dis-
sipé, néanmoins il ne devait plus être entre
eux désormais question de collaboration.
Henri Meilhac fit alors représenter en colla-
boration avec Gille : le Mari à Babette, Ma ca-
marade, Manon, Rip, la Bonne, la Ronde du
commissaire, Kassya; avec Albert Millaud : Mam-
zelle Nitouche et la Cosaque; avec Arnold Mor-
tier : Madame le Diable; avec Ganderax : Pepa;
avec Sam t-Albin : Monsieur l'Abbé, Leurs Gîgo-
lettes et Panurge.
Sans colloraborateur: Phryné, la duchesse Mar-
tin, les demoiselles Clochart, Gotte, Décoré, Mar-
got, Ma cousine, Brevet supérieur, Villégiature
et enfin sa dernière pièce, Grosse Fortune, re-
présentée au mois de février i896, à la Comé-
die-Française.
Que de joyeux souvenirs évoquent ces titres
et que d'aimables et inoubliables heures le pu- ,
blic doit à celui que la mort vient de frapper.
Henri Meilhac était membre de l'Académie
française où il avait succédé à Labiche.
La mort - Les obsèques
M. Henri Meilhac est mort mardi, à onze
heures et demie du soir. Il y a six semaines
environ, frappé d'une congestion cérébrale, il
s'était remis assez promptement, et ces jours
derniers un mieux si sensible s'était manifesté
dans son état qu'il paraissait réellement sauvé.
Il avait pu faire quelques promenades au Bois
et il était question de le transporter à Saint-
Germain dans une villa qu'il avait louée pour
achever sa convalescence.
Dimanche matin, après son déjeuner vers
une heure, il fut pris de,frissons et de fièvre
et s'alita. Depuis ce moment, le mal fit des pro-
grès très rapides. Ses amis, Mme Strauss et
son fils, Saint-Albin et Louis Ganderax, étaient
en proie à la plus vive inquiétude, que Confir-
mait une consultation des docteurs Weill et
Dieulafoy, à neuf heures et demie dans la soi-
rée. Tout espoir était perdu.
Vers six heures du soir. Saint-Albin télégra-
phiait à Ludovic Halévy, à Sucy-en-Brie, pour
lui apprendre Vétat grave de son collaborateuJ
Le dénouement a été encore plus prompt
qu'on ne le redoutait.
Henri Meilhac avait soixante-sept ans.
Les obsèques auront lieu vendredi, à midi, à
l'église de la Madeleine.
M. Gaston Boissier, secrétaire perpétuel de
l'Académie française, prendra la parole au nom
de la compagnie.
Le corps de M. Henri Meilhac est étendu sur
son lit, dans la chambre à coucher.
La figure a recouvré toute la finesse des traits
un peu déformés dans ces derniers temps par;
la souffrance; la bouche semhle sourire sous
l'épaisse moustache, avec une expression de
tranquille ironie.
Sur la poitrine se détache le ruban rouge de
la croix d officier de la Légion d'honneur.
M. Ludovic Halévy est arrivé à la maison
mortuaire hier matin, à dix heures, At, de là,
s'est rendu à la mairie en compagnie de
M. Ganderax, pour faire dresser l'acte de dé.
cès.
LES MIETTES DE LA SEMAINE
Vendredi 2 juillet. —Les huissiers sont
sur la sellette. C'est notre ami Amédée
Blondeau qui les y posa délicatement l'au-
tre jour en cette petite note de son cour-
rier judiciaire, où il racontait leur der-
nier exploit. Car on appelle ça des exploits
dans lacorporation : Un monsieur vendu
pour neuf cent quarante-trois francs
cinquante, parce qu'il en devait dix-
neuf.
La note de Blondeau a fait son chemin.
Henry Fouquier prononçait le lendemain
à cette place un généreux réquisitoire et
toute la presse s'élevait à sa suite contre
ces procédés intolérables que Molière,
par la bouche de Scapin, stigmatisait déjà
en 1671 — ce qui n'a pas servi à grand',
chose.
Mais enfin, voilà un premier pas fait.
L'honorable M. Gamard agit dans un
autre sens et non moins utilement, par le
dépôt d'un projet de loi imposant au gri-
moire sur papier bleu, dont la lecture
passionne les concierges à l'égal d'un ro-
man de Montépin, la discrète enveloppe
que la plus élémentaire politesse semble
réclamer.
Ce n'est - pas tout : il faut que les vic-
times des mauvais huissiers agissent
quand elles sont en butte aux manœuvres
irauduleuses, et qu'elles n'hésitent pas à
s'adresser aux tribunaux. Une fois que
M. Vautour saura que ses comptes sont
épluchés, et que les magistrats sont dis-
posés à lui appliquer les articles du code,
nul doute quil ne revienne à de plus
équitables notes de frais.
Je connais une personne qui, ayantf
laissé deux billets de cinquante francs
impayés, a senti les tentacules d'une de
ces pieuvres s'attacher à elle. A son do-
micile, tous les jours, ç'a été une pluie de
papiers bleus, d'écritures illisibles, actes,
signification de vente, que sais-je encore 1
La proie était bonne, la personne mal fa.
miliarisée avec les redoutables papIers.
les deux billets de cinquante Qjit prQ&ui
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iLÈTTRES LmREs
LA FRANCE EN RUSSIE
L'opinion publique sera, sans aucun
doute, reconnaissante à la Chambre
d'avoir voté, à peu près sans discus-
sion, les crédits demandés par le gou-
vernement pour le voyage du Président
de la République en Russie, et elle ap-
plaudira le langage de M. Henri Brisson,
relevant, en termes aussi élevés que di-
gnes, les insultes lancées de la tribune
par un collectiviste révolutionnaire au
chef d'un empire avec lequel la France
a jugé bon de conclure un pacte d'ami-
tié et de défense réciproque.
Quant aux quelques personnes qui ont
u suivre, en connaissance de cause
toutes les phases par lesquelles la ques-
tion est passée depuis trois mois, elles
ne peuvent manquer de voir, dans la
manière si simple dont elle a été réglée,
a preuve que le bon sens et la logique
finissent toujours par triompher.
Au mois d'octobre de l'année der-
nière, le tsar décidait spontanément de
venir, à l'occasion de son couronne-
ment, faire une visite au peuple fran-
çais et il trouvait à Paris l'accueil inou-
bliable que Paris fait toujours à ses
amis et aux alliés de la France. Tout
naturellement, et comme on le fait entre
particuliers, quand on est bien reçu
dans une maison, le tsar manifesta le
plaisir qu'il éprouverait à racevoir le
représentant du peuple français, et,
comme il était reçu directement par le
Président de la République, c'est à ce
dernier qu'il adressa son invitation.
* *
Constitutionnellement, il était naturel
que cette invitation fut adressée au Pré-
sident de la République. En vertu de
l'article 3 de la loi constitutionnelle du
25 février 1875, c'est le Président de la
République qui incarne nominalement la
France. « Il dispose de la force armée.
Il nomme à tous les emplois civils et
militaires. Il préside aux solennités na-
tionales ; les envoyés et les ambassa-
deurs des puissances étrangères sont
accrédités auprès de lui. » Si un chef
d'Etat vient en France c'est au Président
de la République qu'il appartient de le
recevoir ; et, par conséquent, s'il y a
une visite à rendre à un chef d'Etat,
c'est encore au Président de la Répu-
blique que ce devoir incombe.
Les présidents du benat et de la
Chambre, qne l'on a voulu, à cet
égard, assimiler au Président de la Ré-
publique, sont placés par la Constitu-
tion dans une situation tout à fait diffé-
rente. Par délégation des sénateurs et
les députés, ils sont les représentants
de la souveraineté nationale agissante.
Ils ont la charge de veiller à ce qu'au-
cune atteinte ne soit portée par per-
sonne, même par le Président de la Ré-
publique, à l'indépendance des assem-
blées qu'ils président, mais ils ne peu-
vent figurer à aucun titre, dans les rôles
assignés au pouvoir exécutif; ils sont
en dehors de lui et même au-dessus de
lui, à certains égards; ils n'en sont point
parties intégrantes.
Ils diffèrent surtout du Président de
la République en ce qu'ils jouissent
d'une autorité propre, personnelle, de
l'exercice Je laquelle ils sont respon-
sables, tandis que le Président de la
République n'a ni autorité, ni responsa-
bilité.
L'article 5 de la loi du 22 juillet 1879
stipule : « Les présidents du Sénat et
de la Chambre des Députés sont char-
gés de veiller à la sûreté intérieure et
extérieure de l'assemblée qu'ils prési-
dent. A cet effet, ils ont le droit de re-
quérir la force armée et toutes les auto-
rités dont ils jugent le concours néces-
saire. Les réquisitions peuvent 'être
adressées directement à tous officiers,
commandants ou fonctionnairees, qui
sont tenus d'y obtempérer immédiate-
ment sous les peines portées par les
iois. »
Dans l'exercice de ce droit, les prési-
dents de la Chambre et du Sénat sont
au-dessus de tous les autres pouvoirs de
la République; ils incarnent véritable-
ment la souveraineté nationale.
Le Président de la République, au
contraire, ne peut rien faire ni rien dire
dont il soit personnellement responsable
et qui soit dit ou fait en vertn de son
autorité propre. L'article 3 de la loi du
25 février 1875 reproduit plus haut est
complété par ce paragraphe très signi-
ficatif : « Chacun des actes du Président
de la République doit être contresigné
par un ministre. »
Il en résulte que le Président n'est ni
le « chef de l'Etat » comme on le dit
volontiers, ni même le représentant de
la souveraineté nationale, mais simple-
meni la personnification de la France,
III tant que nation.
C'est au nom de la France qu'il re-
çoit les ambassadeurs et les rois étran-
gers ; et c'est au nom de la France qu'il
leur rend visite ; mais sans jouir, dans
l'un ou l'autre de ces rôles, d'aucune
autorité, et sans avoir le droit de pro-
noncer aucune parole ni de faire aucun
acte qui engagerait la souveraineté na-
tionale, sans que cette parole ou cet
acte soient couverts par la responsabi-
lité du ministère,
* #
Il est donc parfaitement ridicule de
dire qu'en allant en Russie rendre au
tsar la visite que celui-ci a faite à la
France, le Président de la République
fait acte de monarque et joue lui-même
au tsar.
Il en serait ainsi dans le cas où le
Président partirait pour la Russie sans
mandat spécial du gouvernement et des
Chambres ; mais, dans ce cas, le Par-
lement pourrait le remplacer avant
même qu'il ait mis le pied sur la terre
russe.
Il n'en est rien quand son voyage est
couvert par la responsabilité d'un mi-
nistère et, à plus forte raison, quand il
est sanctionné par un vote du Parle-
ment. Dans ce dernier cas, le seul qui
soit entièrement légal, c'est la France
elle-même, incarnée dans son Président,
qui rend visite à la Russie.
C'est la France qui sera reçue au dé-
barquement en Russie par le tsar ; c'est
la France qui sera saluée par les trou-
pes et les canons russes ; de même que
c'était la Russie et non un autocrate que
les armes françaises saluaient au mois
d'octobre dernier et que le peuple ac-
clamait à Cherbourg, à Paris et à Châ-
lons.
Dans tout cela il n'y a pas trace de
monarchisme, pas plus que dans les
honnejirs rendus aux Présidents des
Chambres chaque fois qu'ils se rendent
au fauteuil présidentiel, aux députés,
aux sénateurs, aux ministres, à tous
ceux qui incarnent une portion de la
souveraineté ou de la personnalité na-
tionale.
On a donc fait autour du voyage en
Russie du Président de la République
beaucoup plus de tapage qu'il ne con-
venait; les monarchistes y ont trop vu
la réalisation d'une de leurs chimères et
les républicains qui s'y sont opposés
n'ont pas vu suffisamment le caractère
purement représentatif et national que
le Président de la République revêt en
cette circonstance.
C'est la France qui, au mois d'août,
ira en Russie ; c'est la France qui y
sera fêtée, acclamée, honorée, saluée
par la marine et l'armée russes, et
comme la France est depuis vingt-six
ans en République, c'est un hommage
indirect que l'empire russe rendra aux
institutions républicaines.
J.-L. DE LANESSAN. 1
Nous publierons demain un article
de M. Charles Bos.
La Crise industrielle
Un certain nombre d'usines, de verreries, à
Charleroi, en Belgique, viennent d'éteindre
leurs feux. Voici, de ce fait, des centaines, des
milliers d'ouvriers privés de travail, aux prises
avec la misère, la faim. Situation grave, en
effet, tant que l'industriel, le fabricant, l'em-
ployeur, le patron continue la lutte, ses ou-
vriers peuvent, pour maintenir letaux de leurs
salaires, s'obstiner dans leurs revendications
et se refuser à tout avilissement des prix de la
main d'œuvre; mais lorsque vaincu dans cette
lutte, le patron bat en retraite, ferme les
portes de ses ateliers, jette de )'eau sur ses
foyers et se croise les bras au milieu du chan-
tier mort, l'ouvrier que cette chute entraîne
dans l'abîme se trouve en face du néant.
Il ne s'agit plus, alors, de déclamations so-
nores et de creuses théories ; le fait est là, bru-
tal. Brisé par le combat contre la concurrence
ne pouvant plus équilibrer ses recettes et ses
dépenses, ses bénéfices et ses frais, acculé à la
faillite, le patron s'est retiré. Que vont faire les
ouvriers? Chercher du travail ailleurs? En
trouveront-ils? Le fait de Charleroi n'est pas
isolé. Partout, — et surtout en France, il faut
dire — l'industrie traverse une crise redou-
table. Partout on peut observer un état de
gêne, de malaise, qui annonce pour bientôt,
peut-être, une série de catastrophes. Il y a
eu surproduction, les débouchés se ferment ;
les commandes s'arrêtent ; les capitaux se
cachent. Persévérer, ce serait la ruine com-
plète ; le guichet de la caisse s'abaisse, comme
un -couteau de guillotine. Fermé. On ne tra-
vaillera plus là demain.
Déjà le nombre est immense des bras inoc-
cupés. Que faire, s'il n'y a pas plus de travail à
côté que là? S'unir dans la coopération libre,
multiplier les tentatives semblables à celle,
très intéressante de la verrerie ouvrière d'Albi,
faire appel à la solidarité, s'efforcer d'inspirer
confiance au capital. Mais quelle apparence
que celui-ci, si craintif aujourd'hui, se laisse
séduire ? Et ne peut-on craindre que la plupart
des essais de ce genre ne se terminent par de
douloureux échecs?
Les ouvriers, en effet, se heurteront aux
mêmes difficultés, aux mêmes obstacles contre
lesquels le patron s'est rompu bras et jambes.
Car il ne s'agit point ici du mauvais vouloir de
tel ou tel employeur, imprudent ou dissipa-
teur, jaloux de palper de gros profits et
s'inquiétant peu du reste. Il y a cas de force
majeure. Ce n'est pas l'industriel, c'est l'in-
dustrie elle-même qui périclite, qui souffre,
qui meurt. -
Il y a lieu ainsi de se demaider si les ou-
vriers, au lieu de se montrer irréductibles sur
la question des salaires et de maintenir quand
même, en aveugles et sourds, leurs exigences
— en quoi ils aggravent la crise et précipitent
la chute — ne feraient pas mieux de songer à
une entente loyale et cordiale avec le patron,
chacun étant résolu à y mettre du sien pour
conjurer le péril commun. — Je sais bien
cui'au tejttRs guU courte quiconque peurle de pajx
sociale est sûr de s'entendre traiter de réac-
tionnaire, voire de traiter, par les agitateurs de
profession; mais je pense à tous ceux qui, à
Charleroi aujourd'hui, ailleurs demain, souf-
frent et vont souffrir de la misère noire, et je
me dis qu'il faut avoir le courage de les défen-
dre contre ceux qui, dans leur égoïsme ambi-
tieux, les exploitent, contre eux-mêmes, au
besoin. — Lucien Victor-Meunier.
LES ON-DIT
CARNET QUOTIDIEN :
Les courses : A Maisons-Laffitte.
- Durée du jour, iy h. 20.
CHEZ NOUS
-Sur la proposition de M. Charles
Bos, le conseil municipal de Paris a décidé
hier que la rue de Lencheval, dans le dix-
neuvième arrondissement, porterait doré-
navant le nom d'Ernest-Lefèvre, ancien
vice-président de la Chambre, qui entre
autres œuvres importantes, marqua son
passage à l'hôtel de ville, où il représentait
le dix-septième arrondissement, en propo-
sant et en menant à bonne fin le percement
de l'avenue de l'Opéra.
.NVVVVV Le Président de la République a
visité hier matin, l'atelier de chalcogra-
phie et de dessin du musée du Louvre. M.
Félix Faure était accompagné de Mlle
Faure, de M. Le Gall, et, du commandant
Meaux Saint-Marc.
Le Président a été reçu par le directeur
des beaux arts, le directeur des musées na-
tionaux, le comte Delaborde, secrétaire
perpétuel de l'Académie des beaux arts, et
M. Lafenestre, conservateur des peintures,
des dessins et de la chalcographie au mu-
sée du Louvre.
Deux gravures ont été tirées devant le
Président de la République : la Vierge
d'Autun, par Léopold Flameng, d'après
van Dyck ; et la Vierge, d'après Botticelli,
par Gaillard.
Le Président a fait la commande d'un
certain nombre de gravures d'après des
planches de l'ancien et du nouveau fonds.
- De Honfleurnous arrive cette sinis-
tre dépêche :
M. Dantan, l'artiste peintre bien connu, en
villégiature à Villerville, revenait de Trouville
ce matin en voiture, lorsque les guides se rom-
pirent à la .descente d'Hennequeville. Le che-
val s'emballa, parcourut trois kilomètres à une
allure vertigineuse et vint se jeter contre l'é-
glise de Villerville. - -
M. Dantan a été tué; sa femme et une autre
dame ont eu les jambes brisées. Deux autres
personnes qui se trouvaient aussi dans la voi-
ture n'ont pas été blessées.
M. Edouard Dantan avait quarante-neuf
ans. C'était un élève de Pils qui avait ac-
quis une très légitime çélébrité par ses in-
térieurs d'atelier.
Qui ne connaît, en effet, le Coin d atelier,
le Déjeuner du modèle, le Moulage d'après
nature, et tant d'autres toiles, toutes d'une
note claire, qui depuis 1880 jusqu'à cette
année consacrèrent la réputation du pein-
tre.
M. Dantan avait obtenu une troisième
médaille en 1874 et une première médaille
en 1880.
EN PASSANT
Ce pauvre prince Henri d'Orléans, che-
valier de la Légion d'honneur par la grâce
de M. Faure n'a décidément pas de veine en
ce moment. C'est la guigne, quoi ! Après les
protestations du « fonctionnaire colonial »
déclarant urbi et orbi que le noble explora-
teur n'a jamais rien exploré, voici que le
général italien Albertone, un des prtson-
niers de Menelick, pousse des cris d'aigle,
affirmant que les assertions injurieuses
pour les officiers captifs au Choa conte-
nues dans une lettre que le Figaro attribue
au prince Henri (FOrléans sont de vilains
mensonges 1 »
Enfin, il faudrait s'entendre. Le prince
d'Orléans est-il allé en Abyssinie, oui ou
non ? S'il y était, a-t-il vu quelque chose ?
et s'il a vu quelque chose, a-t-il travesti la
vérité ? Cette altesse voyageuse devient vrai-
ment encombrante. Il paraît qu'un stock de
députés transalpins : Randaccto, Païs,
Toaldi, Luparini ont présenté à la Chambre
italienne une demande d'interpellation au
ministre de la guerre pour savoir ce qu'il
entend faire relativement aux accusations
portées par le prince d'Orléans contre les
militaires capturés par Menelih.
Par dieu ! si j'états ce ministre de la
guerre, je répondrais simplement à ces dé-
putés que les assertions plus ou moins fan-
taisistes d'un petit jeune homme assq; porté
à s'en faire accroire, n'ont pas la moindre
importance, et qu'en matière de presse, d Or-
léans vaut Tartempion, s'il lance un ca-
nard. M. d'Orléans n'engagepas la Francs.
Il n'y a plus de princes cher. nous. De-
mander. plutôt au cousin de l'incriminé, le
joli Fanfan-la-Gamelle.
LOUIS MARSOLLEAU.
M. Henri Blount, président du co-
mité exécutif des fêtes du jubilé de la reine
d'Angleterre à Paris, s'est rendu chez M.
Hanotaux, ministre des affaires étrangères
accompagné du docteur Hogg, secrétaire
du comité et lui a remis la somme de mille
cent vingt-deux francs cinquante pour
l'hôpital français de Londres. Cette somme
a été prélevée sur la souscription qui avait
été ouverte à Paris, parmi les membres de
la colonie anglaise.
Les Anglais n'ont pas voulu oublier l'hos-
pitalité gracieuse qu ils reçoivent en France
et ont voulu s'associer à une œuvre émi-
nemment française en Angleterre.
- Différentes personnalités du monde
agricole viennent de jeter les bases d'une
organisation appelée « Parti Agraire Na-
tional ». Les fondateurs entendent créer
en France l'équivalent du parti agraire au-
trichien, de la ligue agraire allemande, de
la ligue des paysans belges, qui réunit
19,000 familles de propriétaires et d'ou-
vriers agricoles, et des autres associations
similaires qui existent dans la plupart des
pays d'Europe.
Le parti agraire national est constitué
dans la forme prévue par la loi de 1884 sur
les syndicats professionnels.
Il a son siège social à Paris, provisoire-
ment 30, avenue Rapp.
IVONVVV Hier soir a eu lieu, dans le grand
amphithéâtre de la nouvelle école colo-
niale, l'assemblée générale de la Société
des anciens élèves, sous la présidence de
M. André Lebon, ministre des colonies.
Le musée historique de l'armée.
Le ministre de la guerre présidera, lundi
prochain, à quatre heures du soir, à l'inau-
guration de la première salle du musée his-
torique de l'armée à l'Hôtel des invalides.
- Nous apprenons avec plaisir que
notre confrère, M. Emile Penot, syndic de
la presse parlementaire, est père, depuis
hier, de trois jumeaux bien portants.
Le cas est assez rare pour être signalé.
#VVVV\N La Presse commencera ce soir la pu-
blication d'un roman de M. EdouardDucret,
intitulé: Par le Poison!
C'est à côté d'une fraîche idylle, le récit
d'nne émouvante tragédie.
- L'abondance des matières nous
oblige à ajourner la suite de la série des
« Notes sur l'Allemagne » de notre colla-
borateur Charles Bos.
Le Passant.
LES ENVOIS DE ROME
J'ai vu qu'on en riait ouvertement à
l'Ecole des Beaux-Arts.Il est malheureu-
sement certain que quelques-uns de ces
envois sont d'une inconscience qui frise
le comique et qu'un éclat de rire n'est
pas toujours facile à réprimer; mais il
faudrait se dire aussi que nous n'en avons
pas l'étrenne, qu'on les exhibe ailleurs
qu'au quai Malaquais et que les Romains
sont les premiers à s'en délecter.
Voyons ! puisqu'on tient absolument à
conserver l'Ecole de Rome, qu'on ne veut
pas l'installer au Louvre, ne pourrait-on,
du moins, nous faire grâce de ces tristes
exhibitions, nous en épargner le ridicule?
Pour y couper court, il suffirait d'en reve-
nir aux traditions de l'Ecole,auxprincipes
même de sa fondation.
Devant la pauvreté croissante, avérée,
des produits de la Villa Médicis, pourquoi
n'inviterait-on pas, dès aujourd'hui, ses
pensionnaires à ne plus rien tirer de leur
propre fonds, à ne faire qne des copies?
Les élèves d'autrefois ne faisaient pas
autre chose. Pourquoi ne pas le rappe-
ler à ceux d'aujourd'hui? Pourquoi ne
pas leur faire entendre qu'ils ne sont que
des écoliers, rien que des écoliers, et que
si l'Etat les envoie à Rome, c'est avant
tout pour y compléter leurs études, pour
s'y fortifier par de solides copies, par
d'intelligentes interprétations des œuvres
des maîtres dont ils ont à pénétrer la
science et le génie, et non pour s'y livrer
tout de suite à leurs propres inspira-
tions.
Quand J.-J, Rousseau - il avait tout
près de quarante ans —eut traduit le pre-
mier livre des Annales, il s'arrêta : Et se
jugeant lui-même : « Ma traduction est
bonne, dit-il; j'ai compris Tacite ; main-
tenant je puis écrire. » Copier une œuvre
d'art, c'est la traduire. Mais il faut la
comprendre.
Et que penser de la plupart des copies
qui sont là exposées? Que dire du Saint-
Sébastien, d'après le Titien, de M. Des-
cheneaud; de la Madone, d'après Bel-
lini, de M. Lavergne ; de la Vierge et de
l'Enfaut Jésus, d'après Michel-Ange, de
M. Larée ; du Faune et de la Vénus, d'a-
près l'antique, deux dessins de M. Ger-
main, qui ne seraient nullement dépay-
sés dans une école de village ?
Ah! oui, ils n'ont qu'à se mettre à co-
pier, et à copier ferme, nos heureux prix
de Rome! Pendant ce temps, leur imagi-
nation se reaosera. On ne voit pas, du
reste, qu'ils la fatiguent outre mesure, si
l'on en juge par les sujets qu'ils ont dé-
couverts : C'est le Christ et la Femme
adultère, c'est Samson et Dalila, Œdipe
et le Sphincc, Niobe et ses enfants, etc.,
sans compter Illusions perdues !
Qu'attendre de thèmes aussi vieux,
aussi usés?
Et comment le directeur de l'école, qui
est homme de goût et de haut mérite,
les laisse-t-il encore ravauder?
Le pèlerin de la vie, de M. Roussel,
est sans contredit le meilleur morceau de
sculpture de l'exposition — encore que
cette figure assise, affaissée au bord du
chemin, ait dans sa pose, dans son atti-
tude, quelque chose d'appris, de déjà vu ;
le corps, modelé avec souplesse, présente
une ligne harmonieuse et s'enlève avec
grâce sur le bas-relief fleuri de poétiques
visages qui lui sert de fond.
J'aime moins la Niobé de M. Lefebvre,
sorte de matrone à la Rubens, lourde et
grasse présentant sa gorge flamande aux
flèches irritées de Diane et d'Apollon. Sa
tête est vulgaire, sa douleur grimaçante;
le mouvement du corps manque de déci-
sion, reste hésitant et gauche. Quant à
VAmour au guet de M. Roux, contourné
joli, fleuri, soufflé, c'est comme manié-
risme, ce que l'art italien offre de plus
précieux.
En peinture, le Saint-Vincent de M.
Larée, étendu raide mort dans la campa-
gne et défendu par un corbeau miracu-
leux contre une bande de loups affamés
vaut mieux par son dessin que par sa
couleur froide, blafarde, effacée, mais
préférable toutefois à celle que M. Leroux
a répandue sur son Samson et sur sa Da-
lila — sorte de mixture d'ocre rouge et
de brique pilée dont ces deux personna-
ges sont tout alourdis.
Rien à dire de cette pauvre esquisse, le
Christ et la femme adultère, si ce n'est
que M. Descheneaud, qui l'a commise,
ferait sagement de ne pas la pousser jus-
qu'au tableau. Quant aux Illusions per-
dues que M. Lavergne (4° année), laisse
comme un adieu à la campagne romaine,
espérons qu'il en retrouvera d'autres
parmi nous, plus fraîches et plus saines,
et qui lui feront facilement oublier celles
que ce poète famélique pleure sur sa lyre
au bord d'un lac solitaire. Mais qu'il se
défie de la joaillerie deM. GustaveMoreau
dont sa petite toile Œdipe et le Sphinx
est toute ornementée.
Les travaux de restauration de temples
antiques, qu'exposent les architectes, sont
particulièrement intéressants cette an".
née. En regard de leurs épures, la plupart
nous font voir, en de vives aquarelles,
dans quel état sont les ruines des monu-
ments qu'ils ont reconstitués, en même
temps que le paysage qui les enveloppe.
La vue du temple de Baal, à Palmyre,
par M. Bertone, celle du Palatin, par M.
Pille, la Maison des Vestales, par M. Eus-
tache, pourraient être signées par nos
meilleurs aquarellistes,
CHARLES FREMINE.
REFUS DL REPONDRE 1
Le Temps avait annoncé que M. Quesnay de
Beaurepaire consentait à se rendre à la con-
vocation de la commission d'enquête du Pa-
nama. En une lettre, dont on trouvera le texte
plus loin, dans notre compte rendu de la
séance tenue hier par la commission, M. Ques-
nay de Beaurepaire rectifie cette information.
Il ne se rendra, dit-il, devant la commission
que pour « refuser de répondre » ; et il refu-
sera de répondre « parce que sa conscience et
la loi lui commandent le silence ».
Il nous paraît impossible de ne pas approu-
ver cette attitude.
En effet, la commission d'enquête ne possède
pas de pouvoirs judiciaires, elle ne les a pas
demandés à la Chambre qui ne lui eût pas ac-
cordés, et on ne peut admettre qu'elle se les
arroge de sa propre autorité.
Précisément parce que nous voulons la lu-
mière pleine et entière et que justice soit faite
nous croyons qu'il faut respecter le principe
de la séparation des pouvoirs.
M. Quesnay de Baurepaire ne pouvait pas
répondre autrement qu'il a répondu. Mais
cet incident, qu'il était aisé de prévoir, montre
combien on se préparerait de déceptions si on
pouvait supposer que la commission d'enquête
fera œuvre utile et sérieuse. Quant à nous,
nous ne nous sommes jamais fait d'illusions
sur ce point, aussi ce qui se passe ne nous
étonne pas. -.L. V.-M.
HENRI JlEILIIIlC
Henri Meilhac est mort. Si tous ceux.
qui doivent à ce brillant esprit, une soirée
de joie, une heure de réflexion et une mi-
nute de mélancolie attendrie prenaient le
deuil, il n'y aurait plus à Paris un cha-
peau sans crêpe ni une toilette claire. Car
la gaité de Meilhac se nuançait d'observa-
tion et s'irisait de larmes de pitié, enchâs-
sées ça et là, dans la trame éblouissante
de son œuvre ainsi que des diamants pré-
cieux et discrets.
Jovial comme Labiche et seusible
comme Musset, ce poète comique fut un
observateur aigu et vibrant de l'éternelle
farce humaine, et il savait le secret de
toucher les cœurs aussi bien que celui de
dilater les rates. C'est ce double don qui
a fait le charme de ses pièces, miroirs
étincelants de ce Paris, capitale du monde
qui s'amuse et qui s'émeut, qui blague et
console, fait la noce, l'amour et la charité
Paris à qui tout doit être pardonné, à
cause des Parisiennes.
Les Parisiennes ! Meilhac qui les adora,
les jugea, les décrivit, les habilla et dé-
shabilla pour la scène corps et âmes. Le
théâtre de,Meilhacest une galerie vivante
des belles personnes de ce temps et de ce
pays-ci. Sans grandes phrases psycholo-
giques, sans scalpel naturaliste et sans
application de rayons Rœntgen, l'auteur
de Froufrou, de la Petite marquise et de
Ma cousine, a campé sous le manteau
d'Arlequin, face au public, tout un lot de
petitebonnes femmes inoubliables, crian-
tes de vérité, fines comme des perles et
sottes comme des oiseaux. Car il voyait
clair et écrivait dru, et avisé Gavroche
de lettres, il fut amoureux mais non res-
pectueux.
Cet irrespect, les pédants d'université
ne le lui pardonneront jamais,car il l'avait
appliqué, jadis — et avec quelle ironie
triomphale ! — aux sacro-saintes icônes
des héros d'Homère et des dieux de l'O-
lympe. Le roi barbu, bu qui s'avance et
qui n'est autre qu'Agamemnon ; Achille,
le grand Myrmidon qui aurait l'esprit fort
tranquille, n'était son talon ; et cette pau-
vre belle Hélène qui demande quel plai-
sir Vénus trouve à faire ainsi cascader
sa vertu ; toute cette Iliade travestie s'im-
prima en traits durables dans l'esprit des
masses et remplaça la véritable ! Ce fut
le coup de hache dans toutes les tradi-
tions et l'aménagement en bastringue
d'une mine à pensums. Inde iî-oe. Mais
comme le public s'amusa.
Le mort d'hier, s'il tenait à la survie de
son nom et de son œuvre, a pu s'endor-
mir tranquille. Aussi longtemps qu'il y
aura des Français en France, qu'on y
vivra et qu'on y aimera, la foule assiégera
les guichets des théâtres où se repren-
dront ces chefs d'œuvre de verve,de sen-
timent et de vérité claire où pétille, pique
et monte cette mousse de gauloiserie
champanisée que depuis vingt ans Paris
avait pris l'habitude d'appeler : l'esprit de
Meilhac.
LOUIS MARSOLLEAU.
Sa vie, ses œuvres
Meilhac est né le 23 février 1831. Ses études
terminées au Lycée Louis-le-Grand, il entra
d'abord comme employé dans une maison de
librairie. -
En ses heures de loisir, il s'essaya dans la
caricature et ne tarda pas à se faire agréer à
la fois comme dessinateur et écrivain humoris-
tique au Journal pour rire auquel il collàbore
de 1852 à 1855, sous le pseudonyme de
Thalin.
En 1855, Henri Meilhac fait ses débuts au
théâtre avec Garde-toi, je me garde et Satania,
deux vaudevilles en deux actes, représentés
sur la scène du Palais-Royal.
Le succès de ces deux premières tentatives
fut médiocre, mais l'auteur, loin de se .décou-
rager, se remit à la besogne et fit représenter
un grand nombre de pièces, soit seul, soit en
collaboration. En voici la liste :
La Sarabande du Cardinal, au Palais-Royal
(1856); le Copiste, au Gymnase (1857); l'Auto-
graphe, au Gymnase (1858); Péché Caché, m
Palais-Royal (1858); Retour d'Italie, au Gym.
nase (1859) ; le Petit-fils de Mascarille, au même
théâtre (1859) ; Ce qui plaît aux hommes, aux
Variétés (1860); l'Etincelle, au Vaudeville
Sîof? i YVerf" de Célimène, au Gymnase
186, ; fAie d'ambassade, au Vaudeville
!)îÎ!o!îûî<; les Bourguignonnes, à l'Opéra-Comique
1861 ; le Café du Roi, au Théâtre-Lyrique
1861 I j, • le Menuetdc Danaé, aux Variétés (1861 )i
A partir de cette époque, Henri Meilha a
écrit la plupart de ses pieces en collaboration
avec M. Ludovic Halévy, et tous deux comptè-
rent presque autant de succès qu'ils firent re-
présenter d'œuvres. Parmi les plus célèbres:
nous citerons :
La Clé de Mêtella, les Brebis de Panurge, la
Train de Minuit, la Belle Hélène, le Singe dW
Nicolet, Barbe Bleue, la Vie Parisienne, la Grande.
Duchesse de Gérolstein, le Château à Toto,Fanng
Lear, la Périchole, l'Homme à la clé, Froufrou,
les Brigands, Tricoche et Cacolet, Madame attend
Monsieur, le Réveillon, les Sonnettes, le Roi Can-
daule, l Eté de la Saint-Martin, Toto chez TalaI.
la Petite Marquise, la Mi-carême, l'Ingénue, la
Veuve, la Boule, Carmen, le Passage tde Vénus,
la Boulangère a des écus, la Créole, Loulou, le
Prince, la Cigale, le Petit Duc, le Mari de la Dé-
butante, le Petit Hôtel, LoZotte, lanot. la Rous-
sotte, etc., etc.
Vers 1881, les deux collaborateurs se brouil-
lèrent et cessèrent de travailler ensemble.
Tous deux avaient été trop étroitement unis
dans le succès, pour que le malentendu qui les
avait un instant divisés, ne fût pas bientôt dis-
sipé, néanmoins il ne devait plus être entre
eux désormais question de collaboration.
Henri Meilhac fit alors représenter en colla-
boration avec Gille : le Mari à Babette, Ma ca-
marade, Manon, Rip, la Bonne, la Ronde du
commissaire, Kassya; avec Albert Millaud : Mam-
zelle Nitouche et la Cosaque; avec Arnold Mor-
tier : Madame le Diable; avec Ganderax : Pepa;
avec Sam t-Albin : Monsieur l'Abbé, Leurs Gîgo-
lettes et Panurge.
Sans colloraborateur: Phryné, la duchesse Mar-
tin, les demoiselles Clochart, Gotte, Décoré, Mar-
got, Ma cousine, Brevet supérieur, Villégiature
et enfin sa dernière pièce, Grosse Fortune, re-
présentée au mois de février i896, à la Comé-
die-Française.
Que de joyeux souvenirs évoquent ces titres
et que d'aimables et inoubliables heures le pu- ,
blic doit à celui que la mort vient de frapper.
Henri Meilhac était membre de l'Académie
française où il avait succédé à Labiche.
La mort - Les obsèques
M. Henri Meilhac est mort mardi, à onze
heures et demie du soir. Il y a six semaines
environ, frappé d'une congestion cérébrale, il
s'était remis assez promptement, et ces jours
derniers un mieux si sensible s'était manifesté
dans son état qu'il paraissait réellement sauvé.
Il avait pu faire quelques promenades au Bois
et il était question de le transporter à Saint-
Germain dans une villa qu'il avait louée pour
achever sa convalescence.
Dimanche matin, après son déjeuner vers
une heure, il fut pris de,frissons et de fièvre
et s'alita. Depuis ce moment, le mal fit des pro-
grès très rapides. Ses amis, Mme Strauss et
son fils, Saint-Albin et Louis Ganderax, étaient
en proie à la plus vive inquiétude, que Confir-
mait une consultation des docteurs Weill et
Dieulafoy, à neuf heures et demie dans la soi-
rée. Tout espoir était perdu.
Vers six heures du soir. Saint-Albin télégra-
phiait à Ludovic Halévy, à Sucy-en-Brie, pour
lui apprendre Vétat grave de son collaborateuJ
Le dénouement a été encore plus prompt
qu'on ne le redoutait.
Henri Meilhac avait soixante-sept ans.
Les obsèques auront lieu vendredi, à midi, à
l'église de la Madeleine.
M. Gaston Boissier, secrétaire perpétuel de
l'Académie française, prendra la parole au nom
de la compagnie.
Le corps de M. Henri Meilhac est étendu sur
son lit, dans la chambre à coucher.
La figure a recouvré toute la finesse des traits
un peu déformés dans ces derniers temps par;
la souffrance; la bouche semhle sourire sous
l'épaisse moustache, avec une expression de
tranquille ironie.
Sur la poitrine se détache le ruban rouge de
la croix d officier de la Légion d'honneur.
M. Ludovic Halévy est arrivé à la maison
mortuaire hier matin, à dix heures, At, de là,
s'est rendu à la mairie en compagnie de
M. Ganderax, pour faire dresser l'acte de dé.
cès.
LES MIETTES DE LA SEMAINE
Vendredi 2 juillet. —Les huissiers sont
sur la sellette. C'est notre ami Amédée
Blondeau qui les y posa délicatement l'au-
tre jour en cette petite note de son cour-
rier judiciaire, où il racontait leur der-
nier exploit. Car on appelle ça des exploits
dans lacorporation : Un monsieur vendu
pour neuf cent quarante-trois francs
cinquante, parce qu'il en devait dix-
neuf.
La note de Blondeau a fait son chemin.
Henry Fouquier prononçait le lendemain
à cette place un généreux réquisitoire et
toute la presse s'élevait à sa suite contre
ces procédés intolérables que Molière,
par la bouche de Scapin, stigmatisait déjà
en 1671 — ce qui n'a pas servi à grand',
chose.
Mais enfin, voilà un premier pas fait.
L'honorable M. Gamard agit dans un
autre sens et non moins utilement, par le
dépôt d'un projet de loi imposant au gri-
moire sur papier bleu, dont la lecture
passionne les concierges à l'égal d'un ro-
man de Montépin, la discrète enveloppe
que la plus élémentaire politesse semble
réclamer.
Ce n'est - pas tout : il faut que les vic-
times des mauvais huissiers agissent
quand elles sont en butte aux manœuvres
irauduleuses, et qu'elles n'hésitent pas à
s'adresser aux tribunaux. Une fois que
M. Vautour saura que ses comptes sont
épluchés, et que les magistrats sont dis-
posés à lui appliquer les articles du code,
nul doute quil ne revienne à de plus
équitables notes de frais.
Je connais une personne qui, ayantf
laissé deux billets de cinquante francs
impayés, a senti les tentacules d'une de
ces pieuvres s'attacher à elle. A son do-
micile, tous les jours, ç'a été une pluie de
papiers bleus, d'écritures illisibles, actes,
signification de vente, que sais-je encore 1
La proie était bonne, la personne mal fa.
miliarisée avec les redoutables papIers.
les deux billets de cinquante Qjit prQ&ui
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