Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-09-14
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 14 septembre 1879 14 septembre 1879
Description : 1879/09/14 (A9,N2822). 1879/09/14 (A9,N2822).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
Neuvième Année. - N. 2822. -Ptlx du N'ùméro à Paris : tg eên flëég. -,Dêpârtenients i.e 20 centimes Dimanche 14 Septembr e1879
-
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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de 2 heures à minuit
13, rue Cadet, le
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Trois mois 46 »»
Six mois sa »„
Un an. 62 »>,
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Trois mois. f 3 »»
Six inois 25 »»
Un an. so »»
snpplément pr l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
Les a onnemtg partent des 1er et 15 de chaque mois
régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et C
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Un an. 62 »»
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'.: an. 50 »v
Supplément pr ITEtraager (Europe) .* rr- Par trimestre
Les Abonnemt. partent des i er et 15 de "ûaîttfniois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, GERP et G€
6, Place de la Bourse, 6
BULLETI
ZZ!' L~
— iiii
Paris, 13 septembre^7$
Les nouvelles de l'Afghanistan n'o,'h,
momentanément de l'intérêt que pour les
esprits romanesques qui ne détestent pas
se trouver en présence d'un chaos de ren-
seignements, parce qu'il leur est loisible
d'en faire jaillir une vérité appropriée à
leurs inclinations personnelles : les affir-
mations de la veille se transforment en
démentis, le lendemain ; l'émir a été tué
par ses troupes, il s'est suicidé ou même
il est fort bien portant, au choix. Toute-
fois, bien que les dépêches ne relatent
que des incidents capables de tran-
quilliser l'Angleterre, comme, par exem-
pIe, les ordres donnés par l'émir de
l'Afghanistan au gouverneur de Candahar
de se mettre complètement à la dispo-
sition des autorités anglaises, iLnous sem-
ne que la situation se complique pour
nos voisins d'outre-Manche. Ce n'était un
secret pour personne que la tension des
rapports entre Anglais et Birmans depuis
quelque temps; aujourd'hui le Daily News
publie une dépêche qui annonce que
tout le personnel de la mission an-
glaise a quitté Mandalay, capitale de la
Birmanie. « La crainte de nouvelles vio-
lences de la part du roi » serait le motif
du départ de la mission. Il est certain que
la triste fin du major Cavagnari est de
nature a ff>;ire réfléchir et ceux qui s'en
vont en mission et même ceux qui les y
envoint.. v
Par contre, la fortune continue à sou-
rire à l'Autriche, qui repousse tout calcul
savant de sa part et ne veut voir dans son
bonheur qu'un pur hasard, car elle s'em-
presse de démentir le bruit que le consen-
tement de la Porte à l'occupation de Novi-
Bazar par les troupes autrichiennes soit le
résultat d'une convention secrète en vertu
de laquelle l'Autriche garantit au sultan
ses possessions européennes. Le fait est
que l'assertion était un peu brutale, ainsi
présentée ; la bienveillante condescen-
dance ne saurait être confondue avec une
convention, même secrète. Un subalterne
turc, Mustapha-Pacha, qui- ne semble pas
avoir été mis dans le secret des dieux, a
failli un instant jeter quelque désarroi dans
cette amitié nouvelle, en refusant de lais-
ser occuper Plevlié. Pift n'était nn'nn
- - -- -- - ---
malentendu. Le pauvre homme avait de
vieux ordres !
LVxUtriche n'a pas que ce sujet de ré-
j. ouissance. Le 14, le chancelier de l'em-
pire a Allemagne arrivera a Vienne, ou il
sera reçu par l'empereur d'Autriche. Le
baron de Haymerlé, futur ministre des
affaires étrangères, qui est déjà à Vienne,
assistera à l'entrevue du chancelier avec
le comte Andrassy. Quatre ou cinq jours
après le départ du prince de Bismarck, la
retraite du comte Andrassy et la nomina-
tion du baron de Haymerlé seront annon-
cées officiellement.
Lîss journaux allemands soulignent déjà
à Venvi la portée de ce voyage, dont « une
confiance réciproque et toute particu-
lière » est la cause ; certains vont même
jusqu'à faire remarquer « qu'il contraste
singulièrement avec le silence significatif
de la note officieuse concernant les rela-
tions du gouvernement allemand avec
celui de Saint-Pétersbourg. »
Nous ne saurions nous dispenser de
noter un communiqué que publie le
Fremdenblatt et qui vise la brochure
ltalicas Res. Dans ce communiqué, la
feuille viennoise se dit autorisée à décla-
rer que la supposition d'après laquelle le
gouvernement austro-hongrois serait pour
quelque chose dans la publication de la-
dite brochure est absolument inexacte.
« Le colonel Haymerlé n'a nullement
été autorisé à publier sa brochure. Cette
publication a d'autant plus causé de sur-
prise dans les cercles dirigeants que le
gouvernement ne saurait approuver en
principe qu'un de ses fonctionnaires livre
à la publicité, sans autorisation officielle,
le résultat de ses observations recueillies
dans l'exercice de ses fonctions. »
Bourse de Paris
PETITE BOURSE DU SOïfc
3 0/0 84 fr. 15, 22 f/2.
5 0/0 118 fr. Ot 1/4, 10.
Banque ottomane 502 fr. 50, 503 75.
Egypte 6 OîO 233 fr. 12 1/2.
Hongrois 80 fr. 1/2. 11/16, 5/8.
Florins 71 fr. 5/16, 7/16, 3/8.
Italien 79 fr. 05.
Le Constitutionnel se demande quelle
peut bien être la cause de l'antagonisme
où l'on voit le clergé français et le gou-
vernement de la République. Cherchant
cette cause, il désespère de la découvrir.
Il se souvient même qu'en 1848 le clergé
faisait bon ménage avec la République,
qu'il bénissait les arbres de la liberté,
etc. Comment expliquer, se demande-t-il,
cette différence des temps ? Notre con-
frère médite là-dessus.
Le républicanisme affecté par le clergé
français au lendemain du 24 février 1848
n'a pourtant rien d'inexplicable. La ré-
volution de février renversait le gouver-
nement le plus détesté du clergé fran-
çais, parce qu'il fut celui, peut-être, qui
maintint avec le plus de fermeté les droits
del'Etat. M. Guizot,tout conservateur qu'il
était — et parce qu'il était conservateur
sut opposer à l'ultramontanisme une po-
litique auprès de Jaquelle les mesures
proposées par le ministère actuel paraî-
tront d'une extrême bénignité. Les cléri-
caux français saluèrent donc avec joie la
chute de ce régime abhorré. Ils acclamè-
rent la République parce qu'elle leur ap-
portait non-seulement l'espoir de la déli-
vrance, mais oî-iîsï dîme nroehaine do-
-~i - t i ( ', 's 1- - --
rai* ta tir.;?,. Les.fnm? cnfîls auraient de
la Révolution de février, ils commencè-
rent à les recueillir au premier vent de
réactio* qui souffla et qui fit tomber le
portqjfêilille de l'instruction publique (le
phi~ ortant pour les desseins de l'E-
glse) ux mains de M. Falloux.
\fi - à tout le secret des allures républi-
aInes du clergé français dans les pre-
miers jours de la République de 4848.
Nous disons dans les premiers jours,
parce qu'en effet ce beau feu ne dura
guère. Toute réaction leur était bonne
qui pouvait leur donner une plus forte
part d'influence dans le gouvernement
temporel. Un régime républicain, c'est-
à-dire un régime de libre discussion,était
d'ailleurs essentiellement antipathique à
la nature du -- clergé français. Nos - ultra-
montains applaudirent au coup d'Etat du
2 décembre, et chantèrent le Te Deum de
1851 avec un enthousiasme aussi vif
et peut-être beaucoup plus sincère que
leurs bénédictions de 1848. Cependant,
du côte du second empire, ils éprouvè-
rent bientôt des désillusions. Napo-
léon III ne fut pas le Robert-le-Pieux
qu'ils avaient rêvé. La guerre de 1870
survint, et la République s'ensuivit.
Celle-ci n'eut pas l'heur, comme son
aînée, d'être, à son berceau, aspergée
d'eau bénite par le clergé français. Pour
rassurer les superstitieux, hâtons-nous
de dire que depuis neuf ans, il n'a pas
paru qu'elle s'en soit portée plus mal.
La campagne engagée par les ultra-
montains contre la République date de
1871. Ce sont eux qui l'ont attaquée, car
le parti républicain ne songeait guère à
leur chercher noise, et son intérêt ma-
nifeste était de vivre en paix plutôt qu'en
guerre avec le clergé. Mais la grande
quantité de légitimistes qui se trou-
vèrent investis du mandat de représen-
tant à l'Assemblée de 1871 fit considé-
rer par les cléricaux comme probable et
presque certaine la restauration de M. le
comte de Chambord, Or, à leurs yeux, la
restauration de M. le comte de Cham-
bord, dès longtemps connu pour sa sou-
mission dévote aux ordres de l'Eglise,
était l'idéal, était le rêve ; ils résolurent
de contribuer de tous leurs efforts à ce
que ce rêve se transformât, si possible,
en réalité. Ce fut l'origine de tant depro-
cessions et pèlerinages, renouvelés de la
Ligue, où la politique eut bien plus
de part que le sentiment religieux.
Depuis lors, cette lutte du clergé
contre la République, — naturelle-
ment irritée par les ripostes des écri-
vains et des orateurs de l'opinion répu-
blicaine, — n'a fait que devenir plus ar-
dente. Il serait superflu d'en retracer ici
de nouveau les principaux traits. L'a-
charnement de l'opposition ultramon-
taine durant ces dernières années est
présent à toutes les mémoires, et cette
opposition est encore maintenant le spec-
tacle de tous les jours. Quant à l'Etat ré-
publicain, il n'a cessé de se tenir sur
une stricte défensive. Ce fameux arti-
cle 7, qui a donné lieu à tant de mani-
festations si bruyantes, pèche par la mol-
lesse. Devant une pareille levée de bou-
cliers, l'on se demande quel gouverne-
ment, monarchique ou autre, se se-
rait contenté de la loi Ferry.
Le Constitutionnel nous dit qu'il in-
terroge de tous côtés et qu'il ne trouve
point de réponse à cette question qu'il
fait : Où donc le gouvernement républi-
cain et le parti républicain en veulent-
ils venir?. Nous sommes étonnés que
notre confrère ne se soit pas, à lui tout
seul, fait la réponse. Le gouvernement
républicain et le parti républicain en
veulent venir à faire respecter par l'E-
glise les droits de l'Etat. Et ils finiront
bien par obtenir ce résultat, nous en
avons la confiance, parce que ceux con-
tre qui nous luttons sont assez peu nom-
breux, malgré les apparences. Au cours
de cet article, entraîné par l'exemple
du Constitutionnel, nous avons em-
ployé à tort l'expression de « clergé
français.» Le clergé français,—autrement
dit la masse des prêtres séculiers, —
n'est pas si belliqueux qu'on le pourrait
croire. Il suit ses évêques parce que, dans
la condition qui lui est faite, il est bien
forcé de les suivre ; mais il les suit en re-
chignant. Le clergé français, si nous en
croyons les aveux de quelques prê-
tres, n'aspire au fond qu'à être délivré de
la domination altière et tracassière des
évêques. Au point de vue politique, la
majorité du clergé français n'est ni bon-
ne ni mauvaise, et peut-être plutôt bonne
que mauvaise. C'est l'épiscopat qui est
détestable. Il faudrait pouvoir séparer le
clergé séculier de l'épiscopat, en atten-
dant que l'épiscopat se renouvelle. Y
réussira-t-on? Peut-être. Avec une con-
duite habile, il n'y aurait pas lieu d'en
désespérer.
EUG. LIÉBERT
INSURRECTION A CABOUL
Bombay, il septembre.
La plus vive émotion règne ici, par suite de
l'arrivée de la nouvelle que l'émir est mort,
tué par ses troupes, d'après un rapport; d'a-
près un autre rapport, il se serait suicidé.
On mande de Lahore au Standard :
Des marchands faisant le commerce avec
l'Asie centrale rapportent que la révolte de
Caboul est le résultat des intrigues de la
Russie.
Les agents russes à Hérat déployaient une
grande activité depuis quelques mois et pres-
saient. Avoub Khan, gouverneur de Hprat +)t
frère de l'émir, de sa"déclarer contre lui, lui
promettant l'appui de la Hossie.
Ayoub Khan aurait encouragé à Hérat les
régiments qui, depuis, se sont révoltés à Ca-
boul centre l'émir et contre les Anglais.
r Simla, 12 septembre.
L'émir de l'Afghanistan a écrit au gouver-
neur de Candahar pour l'informer des événe-
ments survenus à Caboul, et lui enjoindre
d'exécuter les ordres qui lui seront dounés
par les autorités anglaises.
Le général Brigt commandera la colonne du
Khyber.
Le gouvernement de l'Inde a autorisé la
construction d'un chemin de fer dans le défilé
du Bolan.
Londres, 12 septembre.
Une dépêche officielle de Simla, indique
ainsi les dispositions prises par les troupes
anglaises dans l'Afghanistan :
Le général Roberts s'avancera sur Caboul
avec 6,500 hommes, divisés en trois brigades,
sous le commandement des colonels Macpher-
son et Baker et du capitaine Massy.
Le pays compris entre Shutargardan et
Th"ll sera occupé par 5,000 hommes"sous
les ordres du colonel Gordon; la ligne du Khy-
ber sera-occupée par 6,600 hommes.
En outre, la garnison de Peshawar enverra
ses troupes entre Khyber et Lunlikhotal.
ette division détachera une colonne pour
occuper Yagdalak et se mettre en communi-
cation avec Caboul.
Bright commandera la réserve à Peshawar
et Raweil et Pindee. Les-troupes s'avancent
pour occuper Dakka. Les guides pousseni des
reconnaissances vers Basawal.
Londres, 12 septembre.
On a reçu aujourd'hui des dépêches officiel-
les du gouvernement de l'Inde : elles annon-
cent l'arrivée des troupes anglaises à Shutar-
gardan, et confirment l'attitude amicale de
l'émir. pendant la révolte de Caboul, ainsi
que le caractère de l'insurrection, qui avait
été préméditée et organisée depuis long-
temps.
Le vice-roi croit que l'insurrection sera
bientôt réprimée. Il n'a pas encore demandé
de renforts.
Une dépêche adressée au Standard assure
que les prêtres afghans prêchent la guerre
sainte contre les Anglais.
Simla, 12 septembre.
L'émir a envoyé un agent confidentiel au
major Connolly à Alikheyl pour demander
conseil aux autorités anglaises.
Les nouvélles sur la situation de Caboul et
les mouvements des insurgés sont toujours
contradictoires. On ne sait rien de précis non
plus sur la situation de l'émir.
La tranquillité règne sur la frontière et à
Candahar.
♦
LE RESPECT DE L'AUTORITE
Un certain jour, — c'était au temps de
je ne sais plus quel ordre moral, — un
commissaire de police me fit l'honneur
de m'inviter à passer à son bureau pour
lui fournir quelques explications. J'avais
la conscience fort en paix. Je n'hésitai
point cependant à me rendre aussitôt à
cette invitation, car le premier devoir
d'un citoyen m'atoujours paru être de
respecter les autorités de son pays ; et
d'ailleurs qui n'a rien à se reprocher n'a
rien à redouter non plus, même de la
sévérité d'un ordre moral. Une fois de-
vant M. le commissaire, j'appris que j'é-
tais accusé d'avoir usurpé le droit de ci-
toyen français en prenant part à une
élection. Je me plais à rendre cette jus-
tice à M. le commissaire, qu'il se calma
tout aussitôt lorsqu'il eut la preuve que
j'étais bel et bien Français en ma qualité
d'ancien élève de l'Ecole normale suné-
rieure, et que j'avais voté tranquillement
depuis une quinzaine d'années. Je crois
qu'il m'eût fait volontiers des excuses,
s'il était admis que l'administration peut
jamais avoir des excuses à faire.
Je ne tire pas autrement vanité de ma
conduite, et je crois bien que la grande
majorité de mes concitoyens eussent fait
à ma place ce que j'ai fait. Il faut cons-
tater pourtant qu'il s'y trouve des ex-
ceptions: C'est ainsi que dernièrement
le sous-préfet d'Avallon ayant invité un
curé de son arrondissement à passer à
son cabinet, M. le curé lui a adressé la
lettre suivante :
Monsieur le sous-préfet,
Je reçois aujourd'hui une lettre qui porte
votre signature, mais qui est évidemment
l'œuvre d'un fausssaire.
Je vous savais trop homme du monde pour
vous soupçonner d'avoir pris vis-à-vis de moi,
qui ne suis pas votre subordonné, le ton d'un
régent de huitième parlant à un écolier, et
vous êtes d'ailleurs trop intelligent pour igno-
rer que nous n'obéissons qu'à nos supérieurs,
et que, de supérieurs, nous n'en connaissons
pas dans les sous-préfectures.
Je vous envoie, sous ce pli, la lettre en
question, afin que vous puissiez, s'il est pos-
sible, découvrir le mystificateur qui a voulu.
se jouer et de vous et de moi : de vous, mon-
sieur le sous-préfet, en vous prêtant le lan-
gage d'un homme mal élevé, et de moi en
osant me convier à une démarche qui m'eût
couvert de ridicule.
En attendant que le coupable soit connu, je
vous prie, monsieur le sous-préfet, d'agréer
mes plus respectueux hommages.
M. le curé ne s'est pas borné à écrire
cette lettre : il a tenu à la rendre publi-
que ; il a voulu que tout le monde sût
bien qu'il se moque de M. le sous-préfet
et ne le lui cache pas. Sa lettre a été
communiquée à la Bourgogne, et de la
Bourgogne la voici qui fait le tour de
toute la presse réactionnaire de Paris. La
Défense dit : « La leçon est jolie et méri-
tée. » Un autre journal veut bien trouver
le billet de M. le curé de l'Yonne « abso-
lument charmant. »
Je ne suis pas M. le sous-préfet d'Aval-
lon et le soin de défendre ses droits ne
me regarde pas. Si j'étais à sa place, il
me semble que je ne serais pas longtemps
avant de prouver à M. le curé, parles ar-
guments les plus démonstratifs du monde,
qu'il se fait d'étranges illusions ; que si,
pour ce qui est de l'ordre religieux, il dé-
pend de son évêque seul, pour tout le
reste il est exactement dans la situation
rie tous les autres citoyens français, sou-
mis aux lois civiles et tenu d'obéir aux
dépositaires de l'autorité quand ils agis-
sent dans la limite de leurs fonctions lé-
-
gales. Mais encore UIKÎ fois ce sont là les
affaires de M. le sous-préfet d'Avallon et
non les miennes.
Toutce que je veux constater ici, c'est
la façon dont MM. les cléricaux enten-
dent et pratiquent le respect de l'autorité
régulière que leur pays s'est librement
donnée. Un sous-préfet, ce me semble,
vaut bien un commissaire de police. Se
fût-il trompé, ce serait peut-être encore
un devoir, je ne dis pas de - convenance
sociale, mais de patriotisme, de se rendre
à son invitation, de savoir ce qu'il veut,
d'aider à dissiper un malentendu s'il
existe. M. le curé n'a point voulu agir
ainsi ; l'homme du Seigneur a préféré
répondre d'abord à l'injonction du re-
présentant du gouvernement par cette
lettre, que nous appellerons, nous, non
pas « absolument charmante, » mais
absolument impertinente. MM. les cléri-
caux vont répétant tous les jours que de
nos temps le respect se perd, que la reli-
gion seule, en rétablissant dans les âmes
la notion de l'autorité, peut rendre aux
gouvernants la force qui leur manque,
aux gouvernés le sentiment de l'obéis-
sance légitime. Voilà de belles paroles,
ministres du ciel : seulement le respect
de l'autorité, dont, à vous en croire,
vous seuls avez gardé la tradition, que
seuls vous êtes capables d'enseigner, il
fait beau voir, en vérité, comment vous
le prêchez d'exemple et comment vous
le pratiquez!.
CHARLES BIGOT.
UN CAS DE CONSCIENCE
Je reçois la lettre suivante, qui m'a paru
curieuse. Je la donne, en ne supprimant
que les noms des personnes mises en
cause ; ce détail est d'ailleurs inutile, en
l'espèce.
La lettre est d'un médecin exerçant à
Paris.
La voici :
M. G. boit depuis longtemps.
Il en est venu au point de battre habituel-
lement sa femme et son enfant ; il a pour ha-
bitude de crier, de casser tout ce qui lui tombe
sous la main, de faire le diable à quatre.
Cet état ne fera qu'empirer.
Les attaques du delirium Iremens ne tarde-
ront pas à paraître.
Un malheureux dans le délire de l'alcoo-
lisme est capable de tout. Il fera quelque
malheur, l'en suis certain.
J'en suis certain, et pourtant je ne puis de-
mander, d'urgence, son admission dans une
maison de santé.
Si je le laisse à la maison, il tuera sa fem-
me, ou son enfant, ou quelque voisin.
Sa femme ne l'ignore point ; elle était hier
dans mon cabinet, me demandant, pour le
faire enfermer, une pièce qu'il ne m'est pas
permis de donner, et qui.cependant est né-
cessaire, si l'on veut éviter quelque irrépara-
rable catastrophe..
Que dois-je faire?
Un médecin est bien cruellement tour-
menté entre deux devoirs contraires, dans
ces sortes d'occasions !
Votre ami, à vous.
Je répondrais volontiers à ce médecin :
Mon avis est le vôtre. Vous n'avez pas fait
enfermer cet alcoolique; c'est que vous
n'avez pas cru en avoir le droit, et certai-
nement vous ne l'aviez pas. Il est probable
qu'il fera de la liberté que vous lui avez
laissée un fort mauvais usage ; cela même
est à peu près certain. Mais il vaut mieux
courir ie risque d'un accident particulier
que d'établir, par la violation d'une loi gé-
nérale, un précédent qui serait très fâ-
cheux.
On ne saurait pousser trop loin le res-
pect de la liberté individuelle.
Aujourd'hui vous enfermerez un vérita-
ble alcoolique pour protéger contre des
accès de fureur possibles sa femme et ses
enfants ; demain, on fourrera dans une
maison de santé, sous prétexte de folie,
un brave homme dont un cohéritier vou,
dra se débarrasser légalement.
Il est triste, sans doute, d'abandonner
une pauvre femme aux mains d'un ivro-
gne ; mais il serait infiniment plus dange-
reux que, sur un soupçon vrai ou faux
d'ivrognerie, on pût enfermer d'honnêtes
gens dans la pire. des prisons, la seule d'où
il soit impossible de sortir, une maison
de santé.
Telle est ma solution de ce CÎIS de con-
science, et je ne pùis croire qu'il y ait ja-
mais deux avis sur ce point.
FRANGISQUE SARCEY.
LES JEUX DE HASARD
La cour de Gand aura bientôt une
question fort curieuse à résoudre ; cette
question se résume en ces termes :
Le baccarat est-il, oui ou non, un jeu
de hasard ?
A la suite d'un jugement, dans les
détails duquel il est inutile d'entrer, ap-
pel avait été fait à la cour par les mem-
res d'un cercle, qui avaient été con-
damnés à je ne sais quelle peine pour
avoir autorisé chez eux lejeu de baccarat,
lequel est un des jeux de hasard visés par
le code pénal.
L'avocat des appelants a déposé des
conclusions, dites conclusions inciden-
telles, qui m'ont paru si caractéristiques,
si amusantes, que je crois devoir les don-
ner tout entières.
Voici ces conclusions :
Considérant qu'au nombre des questions
que le procès soulève, se produit en première
ligne celle de savoir si le jeu de baccarat
(Banque) est un jeu de hasard dans le sens
attaché à ces mots par l'article 305 du code
pénal ;
Considérant que cette question est com-
plexe, qu'elle est de fait et de droit;,
Qu'en fait, elle implique recherche de la
part d'influence que le hasard a sur le gain
ou la perte des joueurs et de la part qui peut
dépendre de leurs combinaisons, c"'ere
de leur intelligence à calculer certainesJpro-
babilités que le jeu peut présenter ;
Qu'en droit, elle implique, ces parts une
fois déterminées, l'interprétation de ce que
la loi entend par jeux de hasard ; spéciale-
ment si l'article 305 du code pénal comprend
sous ces termes le jeu dont s'agit ;
Considérant que pour faire la part exacte
du hasard et celle des combinaisons du joueur
il faut connaître les règles du baccarat, sa-
voir comment il se pratique, quellejs combi-
naisons il admet, et en quelles circonstances
il soulève des problèmes pour le joueur,
cruels en sont les éléments et le degré de
complication, en Un mot quelle délibération
la solution de ces problèmes peut exiger ;
Qu'en d'autres termes, il faut, à moins de
juger en aveugles, ou savoir les règles du jeu
de manière à le pouvoir jouer avec chances
de gain, ou tout au moins le pouvoir appré-
cier d'après des rapports raisonnés de person-
nes qui le connaissent parfaitement;
Considérant qu'il n'y a aucune supposition
ni téméraire ni irrespectueuse à présumer
que les magistrats appelés à juger la présen-
te cause ne cônnaissent point Par expérience
personnelle le jeu de baccarat;
Considérant qu'il y a également impossibi-
lité de le connaître par les pièces de la procé-
dure dont aucune n'apprend comment le bac-
carat se joue ;
Que le procès-verbal de descente de M. le
procureur du roi et de M. le juge d'instruction
de Bruges dans les salons du cercle du Kur-
saal d'Ostende ne contient aucune définition
du jeu en lui-même ; qu'il ne constate d'ail-
leurs point que le baccarat ait été joué, mais
seulement qu'on se disposait à le jouer ;
Que les témoina entendus soit dans l'ins-
truction préalable, soit devant le tribunal, ne
donnent aucune explication sur la manière
dont se joue le baccarat ;
Qu au surplus, la brochure imprimée par
les soins du Comité du Cercle du Kursaal,
(Ostende, 1879, Imprimerie de J. Daveluy, rue
de la Chapelle), intitulée Règlement du jeu de
baccarat, ne fait que reproduire une brochure
du même genre, imprimée à Bruxelles, par
les soins du Comité du Cercle de l'Union pour
les membres de celui-ci (.Bruxelles, 1879, Im-
primerie de Toint-Sôohier, rue de la Com-
mune, 11), et n'enseigne nullement la manière
de jouer le baccarat ; mais qu'elle suppose
que les règles les plus usuelles en sont con-
nues, et ne fait que prévoir les difficultés
que le jeu peut soulever, en y appliquant les
solutions qui ont prévalu dans la jurispru-
dence du Cercle de Bruxelles, et en commi-
nant de plus des pénalités contre les agisse-
ments des joueurs qui pourraient présenter
des inconvénients ou des dangers de fraudes ;
Considérant au surplus que l'on ne saurait
soutenir avec fondement que la loi n'ayant
pas défini ce qu'il faut entendre par un jeu
de hasard, la décision en est laissée à l'appré-
ciation souveraine du juge du fait, et que les
auteurs et la jurisprudence fournissent des
éléments d'appréciation suffisants pour qua-
lifier le baccarat (Banque) de jeu de hasard ;
Considérant que deux -genres de baccarat
se jouant, dont l'un, le baccarat dit chemin de
fer, abandonne tout au hasard, les passages
des auteurs et des arrêts qui s'appliquent au
baccarat sans détermination plus spéciale
doivent s'entendre du baccarat où le hasard a
l'influence la plus grande, c'est-à-dire au bac-
carat-chemin de fer ;
Que d'autre part, le baccarat (Banque) se
joue comme jeu de commerce dans les cer-
cles même dont le règlement défend les jeux
de hasard, et n'admet que les jeux dits de
commerce (Voir règlement du cercle de l'U-
nion de Bruxelles, art. 41) ;
Considérant que de tout de ce qui précède,
résulte que dans l'état de la procédure, la
cour ne possède point les éléments nécessai-
res pour décider si le baccarat (Banque) tom-
be sous le coup des prohibitions de l'art. 305
du Code pénal belge ;
Par ces motifs et sous réserve de produire
ultérieurement tous moyens de défense au
fond, les appelants concluent à ce qu'il plaise
à la cour :
Ordonner que rapport Jui soit fait par ex-
perts à ce nommés par elle, sur le point de
savoir comment se joue le baccarat (Banque)
et quelle est la part qui est faite au hasard et
aux combinaison? des joueurs ;
Pour le cas où elle croirait n'avoir point à
ordonner une expertise ;
Tout au moins pour que le point de fait
dont s'agit soit élucidé à la diligence des par-
ties, lui plaise remettre la cause à quinzaine
pour que le ministèrepublic et les appelants
puissent produire des témoins et experts aux
fins d'établir par leur témoignage la part res-
pective d'influence du hasard et des combi-
naisons des joueurs dans les parties de bacca..
rat (Banque).
Il paraît qùe ces conclusions ont été
développées avec beaucoup de force et
d'esprit par l'honorable avocat des appe-
lants. Il a, si j'en crois les journaux bel-
ges, démontré victorieusement que dans
les débats devant le tribunal de première
instance, le procureur du roi avait invoT
qué à tort un arrêt de la cour de cassa-
tion de France, comme décidant que le
baccarat-banque est un jeu de hasard ;
il a terminé son éloquent plaidoyer en se
référant à l'opinion émise au Sénat par
le ministre de la justice, laquelle serait
diamétralement contraire à l'interpréta-
tion qui avait prévalu au tribunal de pre-
mière instance. r
Les conclusions de l'avocat des appe-
lants ne trouvèrent point de contradic-
tion chez le procureur général. Il s'en
rapporta à la sagesse de la cour sur le
point de savoir si le baccarat était ou non
un jeu de hasard.
Et ce qui vous semblera peut-être plus
étrange que tout le reste, c'est que la
cour, après qu'elle en eut délibéré, ren-
dit un arrêt en vertu duquel le ministère
public et les appelants étaient autorisés
à citer des témoins et des experts, dans
le but d'éclairer la cour sur la question
en litige.
L'affaire a donc été remise à quin-
zaine.
Et la feuille belge, YÉcho d'Ostende, à
laquelle j'emprunte ces détails, ajoute
avec beaucoup de sens :
« L'affaire reste ainsi dans une voie
plus vraie et plus large. Ce n'est plus le
Kursaal d'Ostende, à proprement parler,
qui est en cause ; c'est le baccarat lui-
même ; et la cour de Gand a fait preuve
de sagesse et de prudence en ne voulant
pas trancher cette question, si importante
pour nos villes de bains, sans s'entourer
au préalable de tous les renseignements
et de toutes les lumières possibles. »>
La question ainsi posée a déjà un inté-
rêt plus général ; je vaudrais l'élargir
encore et ne plusJa considérer à un point
de vue étroitement juridique. Il nous
importe en effet assez peu de savoir au
juste quelle est la définition que le code
belge a donnée des jeux de hasard, et si
le baccarat rentre dans cette définition.
C'est un point qui peut sensiblement
toucher les ayant-cause et ceux qui font,
comme eux, partie des cercles où l'on
joue. Mais la grande majorité du oublie
n'en a cure.
Il est, au contraire, intéressant pour
tout. homme qui pense de savoir ce que
c'est qu'un jeu de hasard, à quoi propre-
ment on reconnaît dans ce jeu l'interven-
tion de cet élément qui a nom le hasard ;
s'il est possible de l'éliminer complète-
ment ; quel rôle il joue. d'est là une re-
cherche digne d'un moraliste.
J'ai bien envie de traiter ce sujet avec
les développements qu'il comporte. Que
voulez-vous ? j'aime le jeu ; et je suis as-
sez habitué aux spéculations philosophi-
ques pour conserver, même en jouant,
la présence d'esprit nécessaire pour m'ob-
server moi-même, et tirer de cette étude
faite sur le vif des renseignements sur
cette malheureuse passion.
Vous savez. mais, cela entre nous,
j'appelle cette passion malheureuse par
respect pour les convenances, pour avoir
l'air d'un homme excessivement moral.
Au fond, je ne trouve pas du tout -lnais
du tout — que ce soit un si grand mal-
heur d'aimer le jeu. Il faut aimer le jeu,
comme on aime. ma foi ! comme on ai-
me tout ce qui est agréable dans le mon-
de, tout ce qui donne un branle à l'âme
et l'excite. L'important est de ne pas ai-
mer le jeu uniquement, de ne pas trop
l'aimer, de rester maître de soi en l'ai-
mant, de savoir gouverner et diriger sa
passion, de s'en servir comme d'un che-
val parfaitement dompté, et qui ne s'em-
balle que par hasard.
Mais voilà qu'en causant je me suis
laissé emballer moi-même. Je remets à
demain ma dissertation. Tremblez, trrrem-
blez ! vous dis-je ; ce sera une disserta-
tion en règle.
Après cela, vous serez toujours libres
de ne pas y mettre le nez; mais je suis sûr
que si vous avez jamais touché une carte,
vous la lirez, sinon avec plaisir, au moins
avec fruit.
A demain donc !
FRANCISQUE SARCEY.
INFORMATIONS
«
L'agence Havas communique aux jour-
naux la note suivante :
« On cherche à émouvoir l'opinion pu-
blique au sujet des banquets projetés pour
le 21 septembre par des groupes républi-
cains, et pour le 29 septembre par des
groupes légitimistes.
» Ces manifestations, de quelque côté
qu'elles viennent, peuvent se produire
en toute liberté, à la condition qu'elles se
renferment dans les limites de la loi. L'ad-
ministration n a rien à voir dans des réu-
nions d'un ca actère privé, et son seul
souci doit être et sera de faire respecter
la légalité sur tous les points et dans tou-
tes les circonstances ».
Il est inexact que la réinstallation de
M. Waddington au quai d'Orsay soit mo-
tivée par la perspective de complications
intérieures ou extérieures.
L'absence de plusieurs ministres se pro-
longeant, M. Waddington est rentré tout
simplement afin que le conseil soit en
nombre pour expédier les affaire, cou-
rantes.
On ne sait rien, dans les cercles diplo-
matiques étrangers, de la nouvelle publiée
par un journal anglais du matin et por-
tant que M, le comte de,Beust, ambassa-
deur d'Autriche-Hongrie, aurait donné sa
démission, et qu'il retournerait a Paris
seulement pour présenter ses lettres de
rappel. On considère cette nouvelle comme
tout à fait invraisemblable..
Le transport la Seudre est arrivé à Port-
Vendres hier matin à dix heures.
Il n'y a pas eu de décès pendant la tra-
versée.
Un seul passager est malade, il sera di-
rigé sur Perpignan.
Les opérations à bord ont été terminées
à midi sans aucun incident.
Cent amnistiés se rendent à Paris.
Treize se rendent à des destinations di-
verses.
M. Albert Grévy a décidément ajourné
son voyage en France.
Le gouverneur de la colonie restera en
Algérie pour se rendre compte- de la gra-
vité des incendies, qui, ainsi qu'il àrrive
chaque année, ont éclaté dans certains
massifs forestiers ; il tient à se rendre au
premier concours' régional algérien, qui
aura lieu à Bône cette année, dans les der-
niers jours de septembre ; il tient à rece-
voir lui-même les membres du gouverne-
ment et les membres du Parlement gui
traverseront la Méditerranée, à cette épo-
que, pour étudier les produits de l'Al-
gérie et visiter les centres les plus im-
portants des trois départements.
Un voyage du gouverneur dans la mé-
tropole, dans ces conditions, aurait été
forcément écourté, et au point de vue des
intérêts de l'Algérie, n'aurait eu aucun
résultat sérieux, puisque pendant le mois
de septembre la plupart des ministres
sont absents.
Les députés qui se sont déjà fait inscrire
pour le voyage d'exploration en Algérie
sont les suivants : MM. Girerd, sous-secré-
taire d'Etat au ministère de l'agriculture et
du commerce ; Albert Joly, Constans,Louis
Caze, Fousset, Lecomte, Magniez, Louis
Legrand, Crozet-Fourneyron, Ménard-DI.
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JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
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Trois mois 46 »»
Six mois sa »„
Un an. 62 »>,
PARIS
Trois mois. f 3 »»
Six inois 25 »»
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Les a onnemtg partent des 1er et 15 de chaque mois
régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et C
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Supplément pr ITEtraager (Europe) .* rr- Par trimestre
Les Abonnemt. partent des i er et 15 de "ûaîttfniois
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6, Place de la Bourse, 6
BULLETI
ZZ!' L~
— iiii
Paris, 13 septembre^7$
Les nouvelles de l'Afghanistan n'o,'h,
momentanément de l'intérêt que pour les
esprits romanesques qui ne détestent pas
se trouver en présence d'un chaos de ren-
seignements, parce qu'il leur est loisible
d'en faire jaillir une vérité appropriée à
leurs inclinations personnelles : les affir-
mations de la veille se transforment en
démentis, le lendemain ; l'émir a été tué
par ses troupes, il s'est suicidé ou même
il est fort bien portant, au choix. Toute-
fois, bien que les dépêches ne relatent
que des incidents capables de tran-
quilliser l'Angleterre, comme, par exem-
pIe, les ordres donnés par l'émir de
l'Afghanistan au gouverneur de Candahar
de se mettre complètement à la dispo-
sition des autorités anglaises, iLnous sem-
ne que la situation se complique pour
nos voisins d'outre-Manche. Ce n'était un
secret pour personne que la tension des
rapports entre Anglais et Birmans depuis
quelque temps; aujourd'hui le Daily News
publie une dépêche qui annonce que
tout le personnel de la mission an-
glaise a quitté Mandalay, capitale de la
Birmanie. « La crainte de nouvelles vio-
lences de la part du roi » serait le motif
du départ de la mission. Il est certain que
la triste fin du major Cavagnari est de
nature a ff>;ire réfléchir et ceux qui s'en
vont en mission et même ceux qui les y
envoint.. v
Par contre, la fortune continue à sou-
rire à l'Autriche, qui repousse tout calcul
savant de sa part et ne veut voir dans son
bonheur qu'un pur hasard, car elle s'em-
presse de démentir le bruit que le consen-
tement de la Porte à l'occupation de Novi-
Bazar par les troupes autrichiennes soit le
résultat d'une convention secrète en vertu
de laquelle l'Autriche garantit au sultan
ses possessions européennes. Le fait est
que l'assertion était un peu brutale, ainsi
présentée ; la bienveillante condescen-
dance ne saurait être confondue avec une
convention, même secrète. Un subalterne
turc, Mustapha-Pacha, qui- ne semble pas
avoir été mis dans le secret des dieux, a
failli un instant jeter quelque désarroi dans
cette amitié nouvelle, en refusant de lais-
ser occuper Plevlié. Pift n'était nn'nn
- - -- -- - ---
malentendu. Le pauvre homme avait de
vieux ordres !
LVxUtriche n'a pas que ce sujet de ré-
j. ouissance. Le 14, le chancelier de l'em-
pire a Allemagne arrivera a Vienne, ou il
sera reçu par l'empereur d'Autriche. Le
baron de Haymerlé, futur ministre des
affaires étrangères, qui est déjà à Vienne,
assistera à l'entrevue du chancelier avec
le comte Andrassy. Quatre ou cinq jours
après le départ du prince de Bismarck, la
retraite du comte Andrassy et la nomina-
tion du baron de Haymerlé seront annon-
cées officiellement.
Lîss journaux allemands soulignent déjà
à Venvi la portée de ce voyage, dont « une
confiance réciproque et toute particu-
lière » est la cause ; certains vont même
jusqu'à faire remarquer « qu'il contraste
singulièrement avec le silence significatif
de la note officieuse concernant les rela-
tions du gouvernement allemand avec
celui de Saint-Pétersbourg. »
Nous ne saurions nous dispenser de
noter un communiqué que publie le
Fremdenblatt et qui vise la brochure
ltalicas Res. Dans ce communiqué, la
feuille viennoise se dit autorisée à décla-
rer que la supposition d'après laquelle le
gouvernement austro-hongrois serait pour
quelque chose dans la publication de la-
dite brochure est absolument inexacte.
« Le colonel Haymerlé n'a nullement
été autorisé à publier sa brochure. Cette
publication a d'autant plus causé de sur-
prise dans les cercles dirigeants que le
gouvernement ne saurait approuver en
principe qu'un de ses fonctionnaires livre
à la publicité, sans autorisation officielle,
le résultat de ses observations recueillies
dans l'exercice de ses fonctions. »
Bourse de Paris
PETITE BOURSE DU SOïfc
3 0/0 84 fr. 15, 22 f/2.
5 0/0 118 fr. Ot 1/4, 10.
Banque ottomane 502 fr. 50, 503 75.
Egypte 6 OîO 233 fr. 12 1/2.
Hongrois 80 fr. 1/2. 11/16, 5/8.
Florins 71 fr. 5/16, 7/16, 3/8.
Italien 79 fr. 05.
Le Constitutionnel se demande quelle
peut bien être la cause de l'antagonisme
où l'on voit le clergé français et le gou-
vernement de la République. Cherchant
cette cause, il désespère de la découvrir.
Il se souvient même qu'en 1848 le clergé
faisait bon ménage avec la République,
qu'il bénissait les arbres de la liberté,
etc. Comment expliquer, se demande-t-il,
cette différence des temps ? Notre con-
frère médite là-dessus.
Le républicanisme affecté par le clergé
français au lendemain du 24 février 1848
n'a pourtant rien d'inexplicable. La ré-
volution de février renversait le gouver-
nement le plus détesté du clergé fran-
çais, parce qu'il fut celui, peut-être, qui
maintint avec le plus de fermeté les droits
del'Etat. M. Guizot,tout conservateur qu'il
était — et parce qu'il était conservateur
sut opposer à l'ultramontanisme une po-
litique auprès de Jaquelle les mesures
proposées par le ministère actuel paraî-
tront d'une extrême bénignité. Les cléri-
caux français saluèrent donc avec joie la
chute de ce régime abhorré. Ils acclamè-
rent la République parce qu'elle leur ap-
portait non-seulement l'espoir de la déli-
vrance, mais oî-iîsï dîme nroehaine do-
-~i - t i ( ', 's 1- - --
rai* ta tir.;?,. Les.fnm? cnfîls auraient de
la Révolution de février, ils commencè-
rent à les recueillir au premier vent de
réactio* qui souffla et qui fit tomber le
portqjfêilille de l'instruction publique (le
phi~ ortant pour les desseins de l'E-
glse) ux mains de M. Falloux.
\fi - à tout le secret des allures républi-
aInes du clergé français dans les pre-
miers jours de la République de 4848.
Nous disons dans les premiers jours,
parce qu'en effet ce beau feu ne dura
guère. Toute réaction leur était bonne
qui pouvait leur donner une plus forte
part d'influence dans le gouvernement
temporel. Un régime républicain, c'est-
à-dire un régime de libre discussion,était
d'ailleurs essentiellement antipathique à
la nature du -- clergé français. Nos - ultra-
montains applaudirent au coup d'Etat du
2 décembre, et chantèrent le Te Deum de
1851 avec un enthousiasme aussi vif
et peut-être beaucoup plus sincère que
leurs bénédictions de 1848. Cependant,
du côte du second empire, ils éprouvè-
rent bientôt des désillusions. Napo-
léon III ne fut pas le Robert-le-Pieux
qu'ils avaient rêvé. La guerre de 1870
survint, et la République s'ensuivit.
Celle-ci n'eut pas l'heur, comme son
aînée, d'être, à son berceau, aspergée
d'eau bénite par le clergé français. Pour
rassurer les superstitieux, hâtons-nous
de dire que depuis neuf ans, il n'a pas
paru qu'elle s'en soit portée plus mal.
La campagne engagée par les ultra-
montains contre la République date de
1871. Ce sont eux qui l'ont attaquée, car
le parti républicain ne songeait guère à
leur chercher noise, et son intérêt ma-
nifeste était de vivre en paix plutôt qu'en
guerre avec le clergé. Mais la grande
quantité de légitimistes qui se trou-
vèrent investis du mandat de représen-
tant à l'Assemblée de 1871 fit considé-
rer par les cléricaux comme probable et
presque certaine la restauration de M. le
comte de Chambord, Or, à leurs yeux, la
restauration de M. le comte de Cham-
bord, dès longtemps connu pour sa sou-
mission dévote aux ordres de l'Eglise,
était l'idéal, était le rêve ; ils résolurent
de contribuer de tous leurs efforts à ce
que ce rêve se transformât, si possible,
en réalité. Ce fut l'origine de tant depro-
cessions et pèlerinages, renouvelés de la
Ligue, où la politique eut bien plus
de part que le sentiment religieux.
Depuis lors, cette lutte du clergé
contre la République, — naturelle-
ment irritée par les ripostes des écri-
vains et des orateurs de l'opinion répu-
blicaine, — n'a fait que devenir plus ar-
dente. Il serait superflu d'en retracer ici
de nouveau les principaux traits. L'a-
charnement de l'opposition ultramon-
taine durant ces dernières années est
présent à toutes les mémoires, et cette
opposition est encore maintenant le spec-
tacle de tous les jours. Quant à l'Etat ré-
publicain, il n'a cessé de se tenir sur
une stricte défensive. Ce fameux arti-
cle 7, qui a donné lieu à tant de mani-
festations si bruyantes, pèche par la mol-
lesse. Devant une pareille levée de bou-
cliers, l'on se demande quel gouverne-
ment, monarchique ou autre, se se-
rait contenté de la loi Ferry.
Le Constitutionnel nous dit qu'il in-
terroge de tous côtés et qu'il ne trouve
point de réponse à cette question qu'il
fait : Où donc le gouvernement républi-
cain et le parti républicain en veulent-
ils venir?. Nous sommes étonnés que
notre confrère ne se soit pas, à lui tout
seul, fait la réponse. Le gouvernement
républicain et le parti républicain en
veulent venir à faire respecter par l'E-
glise les droits de l'Etat. Et ils finiront
bien par obtenir ce résultat, nous en
avons la confiance, parce que ceux con-
tre qui nous luttons sont assez peu nom-
breux, malgré les apparences. Au cours
de cet article, entraîné par l'exemple
du Constitutionnel, nous avons em-
ployé à tort l'expression de « clergé
français.» Le clergé français,—autrement
dit la masse des prêtres séculiers, —
n'est pas si belliqueux qu'on le pourrait
croire. Il suit ses évêques parce que, dans
la condition qui lui est faite, il est bien
forcé de les suivre ; mais il les suit en re-
chignant. Le clergé français, si nous en
croyons les aveux de quelques prê-
tres, n'aspire au fond qu'à être délivré de
la domination altière et tracassière des
évêques. Au point de vue politique, la
majorité du clergé français n'est ni bon-
ne ni mauvaise, et peut-être plutôt bonne
que mauvaise. C'est l'épiscopat qui est
détestable. Il faudrait pouvoir séparer le
clergé séculier de l'épiscopat, en atten-
dant que l'épiscopat se renouvelle. Y
réussira-t-on? Peut-être. Avec une con-
duite habile, il n'y aurait pas lieu d'en
désespérer.
EUG. LIÉBERT
INSURRECTION A CABOUL
Bombay, il septembre.
La plus vive émotion règne ici, par suite de
l'arrivée de la nouvelle que l'émir est mort,
tué par ses troupes, d'après un rapport; d'a-
près un autre rapport, il se serait suicidé.
On mande de Lahore au Standard :
Des marchands faisant le commerce avec
l'Asie centrale rapportent que la révolte de
Caboul est le résultat des intrigues de la
Russie.
Les agents russes à Hérat déployaient une
grande activité depuis quelques mois et pres-
saient. Avoub Khan, gouverneur de Hprat +)t
frère de l'émir, de sa"déclarer contre lui, lui
promettant l'appui de la Hossie.
Ayoub Khan aurait encouragé à Hérat les
régiments qui, depuis, se sont révoltés à Ca-
boul centre l'émir et contre les Anglais.
r Simla, 12 septembre.
L'émir de l'Afghanistan a écrit au gouver-
neur de Candahar pour l'informer des événe-
ments survenus à Caboul, et lui enjoindre
d'exécuter les ordres qui lui seront dounés
par les autorités anglaises.
Le général Brigt commandera la colonne du
Khyber.
Le gouvernement de l'Inde a autorisé la
construction d'un chemin de fer dans le défilé
du Bolan.
Londres, 12 septembre.
Une dépêche officielle de Simla, indique
ainsi les dispositions prises par les troupes
anglaises dans l'Afghanistan :
Le général Roberts s'avancera sur Caboul
avec 6,500 hommes, divisés en trois brigades,
sous le commandement des colonels Macpher-
son et Baker et du capitaine Massy.
Le pays compris entre Shutargardan et
Th"ll sera occupé par 5,000 hommes"sous
les ordres du colonel Gordon; la ligne du Khy-
ber sera-occupée par 6,600 hommes.
En outre, la garnison de Peshawar enverra
ses troupes entre Khyber et Lunlikhotal.
ette division détachera une colonne pour
occuper Yagdalak et se mettre en communi-
cation avec Caboul.
Bright commandera la réserve à Peshawar
et Raweil et Pindee. Les-troupes s'avancent
pour occuper Dakka. Les guides pousseni des
reconnaissances vers Basawal.
Londres, 12 septembre.
On a reçu aujourd'hui des dépêches officiel-
les du gouvernement de l'Inde : elles annon-
cent l'arrivée des troupes anglaises à Shutar-
gardan, et confirment l'attitude amicale de
l'émir. pendant la révolte de Caboul, ainsi
que le caractère de l'insurrection, qui avait
été préméditée et organisée depuis long-
temps.
Le vice-roi croit que l'insurrection sera
bientôt réprimée. Il n'a pas encore demandé
de renforts.
Une dépêche adressée au Standard assure
que les prêtres afghans prêchent la guerre
sainte contre les Anglais.
Simla, 12 septembre.
L'émir a envoyé un agent confidentiel au
major Connolly à Alikheyl pour demander
conseil aux autorités anglaises.
Les nouvélles sur la situation de Caboul et
les mouvements des insurgés sont toujours
contradictoires. On ne sait rien de précis non
plus sur la situation de l'émir.
La tranquillité règne sur la frontière et à
Candahar.
♦
LE RESPECT DE L'AUTORITE
Un certain jour, — c'était au temps de
je ne sais plus quel ordre moral, — un
commissaire de police me fit l'honneur
de m'inviter à passer à son bureau pour
lui fournir quelques explications. J'avais
la conscience fort en paix. Je n'hésitai
point cependant à me rendre aussitôt à
cette invitation, car le premier devoir
d'un citoyen m'atoujours paru être de
respecter les autorités de son pays ; et
d'ailleurs qui n'a rien à se reprocher n'a
rien à redouter non plus, même de la
sévérité d'un ordre moral. Une fois de-
vant M. le commissaire, j'appris que j'é-
tais accusé d'avoir usurpé le droit de ci-
toyen français en prenant part à une
élection. Je me plais à rendre cette jus-
tice à M. le commissaire, qu'il se calma
tout aussitôt lorsqu'il eut la preuve que
j'étais bel et bien Français en ma qualité
d'ancien élève de l'Ecole normale suné-
rieure, et que j'avais voté tranquillement
depuis une quinzaine d'années. Je crois
qu'il m'eût fait volontiers des excuses,
s'il était admis que l'administration peut
jamais avoir des excuses à faire.
Je ne tire pas autrement vanité de ma
conduite, et je crois bien que la grande
majorité de mes concitoyens eussent fait
à ma place ce que j'ai fait. Il faut cons-
tater pourtant qu'il s'y trouve des ex-
ceptions: C'est ainsi que dernièrement
le sous-préfet d'Avallon ayant invité un
curé de son arrondissement à passer à
son cabinet, M. le curé lui a adressé la
lettre suivante :
Monsieur le sous-préfet,
Je reçois aujourd'hui une lettre qui porte
votre signature, mais qui est évidemment
l'œuvre d'un fausssaire.
Je vous savais trop homme du monde pour
vous soupçonner d'avoir pris vis-à-vis de moi,
qui ne suis pas votre subordonné, le ton d'un
régent de huitième parlant à un écolier, et
vous êtes d'ailleurs trop intelligent pour igno-
rer que nous n'obéissons qu'à nos supérieurs,
et que, de supérieurs, nous n'en connaissons
pas dans les sous-préfectures.
Je vous envoie, sous ce pli, la lettre en
question, afin que vous puissiez, s'il est pos-
sible, découvrir le mystificateur qui a voulu.
se jouer et de vous et de moi : de vous, mon-
sieur le sous-préfet, en vous prêtant le lan-
gage d'un homme mal élevé, et de moi en
osant me convier à une démarche qui m'eût
couvert de ridicule.
En attendant que le coupable soit connu, je
vous prie, monsieur le sous-préfet, d'agréer
mes plus respectueux hommages.
M. le curé ne s'est pas borné à écrire
cette lettre : il a tenu à la rendre publi-
que ; il a voulu que tout le monde sût
bien qu'il se moque de M. le sous-préfet
et ne le lui cache pas. Sa lettre a été
communiquée à la Bourgogne, et de la
Bourgogne la voici qui fait le tour de
toute la presse réactionnaire de Paris. La
Défense dit : « La leçon est jolie et méri-
tée. » Un autre journal veut bien trouver
le billet de M. le curé de l'Yonne « abso-
lument charmant. »
Je ne suis pas M. le sous-préfet d'Aval-
lon et le soin de défendre ses droits ne
me regarde pas. Si j'étais à sa place, il
me semble que je ne serais pas longtemps
avant de prouver à M. le curé, parles ar-
guments les plus démonstratifs du monde,
qu'il se fait d'étranges illusions ; que si,
pour ce qui est de l'ordre religieux, il dé-
pend de son évêque seul, pour tout le
reste il est exactement dans la situation
rie tous les autres citoyens français, sou-
mis aux lois civiles et tenu d'obéir aux
dépositaires de l'autorité quand ils agis-
sent dans la limite de leurs fonctions lé-
-
gales. Mais encore UIKÎ fois ce sont là les
affaires de M. le sous-préfet d'Avallon et
non les miennes.
Toutce que je veux constater ici, c'est
la façon dont MM. les cléricaux enten-
dent et pratiquent le respect de l'autorité
régulière que leur pays s'est librement
donnée. Un sous-préfet, ce me semble,
vaut bien un commissaire de police. Se
fût-il trompé, ce serait peut-être encore
un devoir, je ne dis pas de - convenance
sociale, mais de patriotisme, de se rendre
à son invitation, de savoir ce qu'il veut,
d'aider à dissiper un malentendu s'il
existe. M. le curé n'a point voulu agir
ainsi ; l'homme du Seigneur a préféré
répondre d'abord à l'injonction du re-
présentant du gouvernement par cette
lettre, que nous appellerons, nous, non
pas « absolument charmante, » mais
absolument impertinente. MM. les cléri-
caux vont répétant tous les jours que de
nos temps le respect se perd, que la reli-
gion seule, en rétablissant dans les âmes
la notion de l'autorité, peut rendre aux
gouvernants la force qui leur manque,
aux gouvernés le sentiment de l'obéis-
sance légitime. Voilà de belles paroles,
ministres du ciel : seulement le respect
de l'autorité, dont, à vous en croire,
vous seuls avez gardé la tradition, que
seuls vous êtes capables d'enseigner, il
fait beau voir, en vérité, comment vous
le prêchez d'exemple et comment vous
le pratiquez!.
CHARLES BIGOT.
UN CAS DE CONSCIENCE
Je reçois la lettre suivante, qui m'a paru
curieuse. Je la donne, en ne supprimant
que les noms des personnes mises en
cause ; ce détail est d'ailleurs inutile, en
l'espèce.
La lettre est d'un médecin exerçant à
Paris.
La voici :
M. G. boit depuis longtemps.
Il en est venu au point de battre habituel-
lement sa femme et son enfant ; il a pour ha-
bitude de crier, de casser tout ce qui lui tombe
sous la main, de faire le diable à quatre.
Cet état ne fera qu'empirer.
Les attaques du delirium Iremens ne tarde-
ront pas à paraître.
Un malheureux dans le délire de l'alcoo-
lisme est capable de tout. Il fera quelque
malheur, l'en suis certain.
J'en suis certain, et pourtant je ne puis de-
mander, d'urgence, son admission dans une
maison de santé.
Si je le laisse à la maison, il tuera sa fem-
me, ou son enfant, ou quelque voisin.
Sa femme ne l'ignore point ; elle était hier
dans mon cabinet, me demandant, pour le
faire enfermer, une pièce qu'il ne m'est pas
permis de donner, et qui.cependant est né-
cessaire, si l'on veut éviter quelque irrépara-
rable catastrophe..
Que dois-je faire?
Un médecin est bien cruellement tour-
menté entre deux devoirs contraires, dans
ces sortes d'occasions !
Votre ami, à vous.
Je répondrais volontiers à ce médecin :
Mon avis est le vôtre. Vous n'avez pas fait
enfermer cet alcoolique; c'est que vous
n'avez pas cru en avoir le droit, et certai-
nement vous ne l'aviez pas. Il est probable
qu'il fera de la liberté que vous lui avez
laissée un fort mauvais usage ; cela même
est à peu près certain. Mais il vaut mieux
courir ie risque d'un accident particulier
que d'établir, par la violation d'une loi gé-
nérale, un précédent qui serait très fâ-
cheux.
On ne saurait pousser trop loin le res-
pect de la liberté individuelle.
Aujourd'hui vous enfermerez un vérita-
ble alcoolique pour protéger contre des
accès de fureur possibles sa femme et ses
enfants ; demain, on fourrera dans une
maison de santé, sous prétexte de folie,
un brave homme dont un cohéritier vou,
dra se débarrasser légalement.
Il est triste, sans doute, d'abandonner
une pauvre femme aux mains d'un ivro-
gne ; mais il serait infiniment plus dange-
reux que, sur un soupçon vrai ou faux
d'ivrognerie, on pût enfermer d'honnêtes
gens dans la pire. des prisons, la seule d'où
il soit impossible de sortir, une maison
de santé.
Telle est ma solution de ce CÎIS de con-
science, et je ne pùis croire qu'il y ait ja-
mais deux avis sur ce point.
FRANGISQUE SARCEY.
LES JEUX DE HASARD
La cour de Gand aura bientôt une
question fort curieuse à résoudre ; cette
question se résume en ces termes :
Le baccarat est-il, oui ou non, un jeu
de hasard ?
A la suite d'un jugement, dans les
détails duquel il est inutile d'entrer, ap-
pel avait été fait à la cour par les mem-
res d'un cercle, qui avaient été con-
damnés à je ne sais quelle peine pour
avoir autorisé chez eux lejeu de baccarat,
lequel est un des jeux de hasard visés par
le code pénal.
L'avocat des appelants a déposé des
conclusions, dites conclusions inciden-
telles, qui m'ont paru si caractéristiques,
si amusantes, que je crois devoir les don-
ner tout entières.
Voici ces conclusions :
Considérant qu'au nombre des questions
que le procès soulève, se produit en première
ligne celle de savoir si le jeu de baccarat
(Banque) est un jeu de hasard dans le sens
attaché à ces mots par l'article 305 du code
pénal ;
Considérant que cette question est com-
plexe, qu'elle est de fait et de droit;,
Qu'en fait, elle implique recherche de la
part d'influence que le hasard a sur le gain
ou la perte des joueurs et de la part qui peut
dépendre de leurs combinaisons, c"'ere
de leur intelligence à calculer certainesJpro-
babilités que le jeu peut présenter ;
Qu'en droit, elle implique, ces parts une
fois déterminées, l'interprétation de ce que
la loi entend par jeux de hasard ; spéciale-
ment si l'article 305 du code pénal comprend
sous ces termes le jeu dont s'agit ;
Considérant que pour faire la part exacte
du hasard et celle des combinaisons du joueur
il faut connaître les règles du baccarat, sa-
voir comment il se pratique, quellejs combi-
naisons il admet, et en quelles circonstances
il soulève des problèmes pour le joueur,
cruels en sont les éléments et le degré de
complication, en Un mot quelle délibération
la solution de ces problèmes peut exiger ;
Qu'en d'autres termes, il faut, à moins de
juger en aveugles, ou savoir les règles du jeu
de manière à le pouvoir jouer avec chances
de gain, ou tout au moins le pouvoir appré-
cier d'après des rapports raisonnés de person-
nes qui le connaissent parfaitement;
Considérant qu'il n'y a aucune supposition
ni téméraire ni irrespectueuse à présumer
que les magistrats appelés à juger la présen-
te cause ne cônnaissent point Par expérience
personnelle le jeu de baccarat;
Considérant qu'il y a également impossibi-
lité de le connaître par les pièces de la procé-
dure dont aucune n'apprend comment le bac-
carat se joue ;
Que le procès-verbal de descente de M. le
procureur du roi et de M. le juge d'instruction
de Bruges dans les salons du cercle du Kur-
saal d'Ostende ne contient aucune définition
du jeu en lui-même ; qu'il ne constate d'ail-
leurs point que le baccarat ait été joué, mais
seulement qu'on se disposait à le jouer ;
Que les témoina entendus soit dans l'ins-
truction préalable, soit devant le tribunal, ne
donnent aucune explication sur la manière
dont se joue le baccarat ;
Qu au surplus, la brochure imprimée par
les soins du Comité du Cercle du Kursaal,
(Ostende, 1879, Imprimerie de J. Daveluy, rue
de la Chapelle), intitulée Règlement du jeu de
baccarat, ne fait que reproduire une brochure
du même genre, imprimée à Bruxelles, par
les soins du Comité du Cercle de l'Union pour
les membres de celui-ci (.Bruxelles, 1879, Im-
primerie de Toint-Sôohier, rue de la Com-
mune, 11), et n'enseigne nullement la manière
de jouer le baccarat ; mais qu'elle suppose
que les règles les plus usuelles en sont con-
nues, et ne fait que prévoir les difficultés
que le jeu peut soulever, en y appliquant les
solutions qui ont prévalu dans la jurispru-
dence du Cercle de Bruxelles, et en commi-
nant de plus des pénalités contre les agisse-
ments des joueurs qui pourraient présenter
des inconvénients ou des dangers de fraudes ;
Considérant au surplus que l'on ne saurait
soutenir avec fondement que la loi n'ayant
pas défini ce qu'il faut entendre par un jeu
de hasard, la décision en est laissée à l'appré-
ciation souveraine du juge du fait, et que les
auteurs et la jurisprudence fournissent des
éléments d'appréciation suffisants pour qua-
lifier le baccarat (Banque) de jeu de hasard ;
Considérant que deux -genres de baccarat
se jouant, dont l'un, le baccarat dit chemin de
fer, abandonne tout au hasard, les passages
des auteurs et des arrêts qui s'appliquent au
baccarat sans détermination plus spéciale
doivent s'entendre du baccarat où le hasard a
l'influence la plus grande, c'est-à-dire au bac-
carat-chemin de fer ;
Que d'autre part, le baccarat (Banque) se
joue comme jeu de commerce dans les cer-
cles même dont le règlement défend les jeux
de hasard, et n'admet que les jeux dits de
commerce (Voir règlement du cercle de l'U-
nion de Bruxelles, art. 41) ;
Considérant que de tout de ce qui précède,
résulte que dans l'état de la procédure, la
cour ne possède point les éléments nécessai-
res pour décider si le baccarat (Banque) tom-
be sous le coup des prohibitions de l'art. 305
du Code pénal belge ;
Par ces motifs et sous réserve de produire
ultérieurement tous moyens de défense au
fond, les appelants concluent à ce qu'il plaise
à la cour :
Ordonner que rapport Jui soit fait par ex-
perts à ce nommés par elle, sur le point de
savoir comment se joue le baccarat (Banque)
et quelle est la part qui est faite au hasard et
aux combinaison? des joueurs ;
Pour le cas où elle croirait n'avoir point à
ordonner une expertise ;
Tout au moins pour que le point de fait
dont s'agit soit élucidé à la diligence des par-
ties, lui plaise remettre la cause à quinzaine
pour que le ministèrepublic et les appelants
puissent produire des témoins et experts aux
fins d'établir par leur témoignage la part res-
pective d'influence du hasard et des combi-
naisons des joueurs dans les parties de bacca..
rat (Banque).
Il paraît qùe ces conclusions ont été
développées avec beaucoup de force et
d'esprit par l'honorable avocat des appe-
lants. Il a, si j'en crois les journaux bel-
ges, démontré victorieusement que dans
les débats devant le tribunal de première
instance, le procureur du roi avait invoT
qué à tort un arrêt de la cour de cassa-
tion de France, comme décidant que le
baccarat-banque est un jeu de hasard ;
il a terminé son éloquent plaidoyer en se
référant à l'opinion émise au Sénat par
le ministre de la justice, laquelle serait
diamétralement contraire à l'interpréta-
tion qui avait prévalu au tribunal de pre-
mière instance. r
Les conclusions de l'avocat des appe-
lants ne trouvèrent point de contradic-
tion chez le procureur général. Il s'en
rapporta à la sagesse de la cour sur le
point de savoir si le baccarat était ou non
un jeu de hasard.
Et ce qui vous semblera peut-être plus
étrange que tout le reste, c'est que la
cour, après qu'elle en eut délibéré, ren-
dit un arrêt en vertu duquel le ministère
public et les appelants étaient autorisés
à citer des témoins et des experts, dans
le but d'éclairer la cour sur la question
en litige.
L'affaire a donc été remise à quin-
zaine.
Et la feuille belge, YÉcho d'Ostende, à
laquelle j'emprunte ces détails, ajoute
avec beaucoup de sens :
« L'affaire reste ainsi dans une voie
plus vraie et plus large. Ce n'est plus le
Kursaal d'Ostende, à proprement parler,
qui est en cause ; c'est le baccarat lui-
même ; et la cour de Gand a fait preuve
de sagesse et de prudence en ne voulant
pas trancher cette question, si importante
pour nos villes de bains, sans s'entourer
au préalable de tous les renseignements
et de toutes les lumières possibles. »>
La question ainsi posée a déjà un inté-
rêt plus général ; je vaudrais l'élargir
encore et ne plusJa considérer à un point
de vue étroitement juridique. Il nous
importe en effet assez peu de savoir au
juste quelle est la définition que le code
belge a donnée des jeux de hasard, et si
le baccarat rentre dans cette définition.
C'est un point qui peut sensiblement
toucher les ayant-cause et ceux qui font,
comme eux, partie des cercles où l'on
joue. Mais la grande majorité du oublie
n'en a cure.
Il est, au contraire, intéressant pour
tout. homme qui pense de savoir ce que
c'est qu'un jeu de hasard, à quoi propre-
ment on reconnaît dans ce jeu l'interven-
tion de cet élément qui a nom le hasard ;
s'il est possible de l'éliminer complète-
ment ; quel rôle il joue. d'est là une re-
cherche digne d'un moraliste.
J'ai bien envie de traiter ce sujet avec
les développements qu'il comporte. Que
voulez-vous ? j'aime le jeu ; et je suis as-
sez habitué aux spéculations philosophi-
ques pour conserver, même en jouant,
la présence d'esprit nécessaire pour m'ob-
server moi-même, et tirer de cette étude
faite sur le vif des renseignements sur
cette malheureuse passion.
Vous savez. mais, cela entre nous,
j'appelle cette passion malheureuse par
respect pour les convenances, pour avoir
l'air d'un homme excessivement moral.
Au fond, je ne trouve pas du tout -lnais
du tout — que ce soit un si grand mal-
heur d'aimer le jeu. Il faut aimer le jeu,
comme on aime. ma foi ! comme on ai-
me tout ce qui est agréable dans le mon-
de, tout ce qui donne un branle à l'âme
et l'excite. L'important est de ne pas ai-
mer le jeu uniquement, de ne pas trop
l'aimer, de rester maître de soi en l'ai-
mant, de savoir gouverner et diriger sa
passion, de s'en servir comme d'un che-
val parfaitement dompté, et qui ne s'em-
balle que par hasard.
Mais voilà qu'en causant je me suis
laissé emballer moi-même. Je remets à
demain ma dissertation. Tremblez, trrrem-
blez ! vous dis-je ; ce sera une disserta-
tion en règle.
Après cela, vous serez toujours libres
de ne pas y mettre le nez; mais je suis sûr
que si vous avez jamais touché une carte,
vous la lirez, sinon avec plaisir, au moins
avec fruit.
A demain donc !
FRANCISQUE SARCEY.
INFORMATIONS
«
L'agence Havas communique aux jour-
naux la note suivante :
« On cherche à émouvoir l'opinion pu-
blique au sujet des banquets projetés pour
le 21 septembre par des groupes républi-
cains, et pour le 29 septembre par des
groupes légitimistes.
» Ces manifestations, de quelque côté
qu'elles viennent, peuvent se produire
en toute liberté, à la condition qu'elles se
renferment dans les limites de la loi. L'ad-
ministration n a rien à voir dans des réu-
nions d'un ca actère privé, et son seul
souci doit être et sera de faire respecter
la légalité sur tous les points et dans tou-
tes les circonstances ».
Il est inexact que la réinstallation de
M. Waddington au quai d'Orsay soit mo-
tivée par la perspective de complications
intérieures ou extérieures.
L'absence de plusieurs ministres se pro-
longeant, M. Waddington est rentré tout
simplement afin que le conseil soit en
nombre pour expédier les affaire, cou-
rantes.
On ne sait rien, dans les cercles diplo-
matiques étrangers, de la nouvelle publiée
par un journal anglais du matin et por-
tant que M, le comte de,Beust, ambassa-
deur d'Autriche-Hongrie, aurait donné sa
démission, et qu'il retournerait a Paris
seulement pour présenter ses lettres de
rappel. On considère cette nouvelle comme
tout à fait invraisemblable..
Le transport la Seudre est arrivé à Port-
Vendres hier matin à dix heures.
Il n'y a pas eu de décès pendant la tra-
versée.
Un seul passager est malade, il sera di-
rigé sur Perpignan.
Les opérations à bord ont été terminées
à midi sans aucun incident.
Cent amnistiés se rendent à Paris.
Treize se rendent à des destinations di-
verses.
M. Albert Grévy a décidément ajourné
son voyage en France.
Le gouverneur de la colonie restera en
Algérie pour se rendre compte- de la gra-
vité des incendies, qui, ainsi qu'il àrrive
chaque année, ont éclaté dans certains
massifs forestiers ; il tient à se rendre au
premier concours' régional algérien, qui
aura lieu à Bône cette année, dans les der-
niers jours de septembre ; il tient à rece-
voir lui-même les membres du gouverne-
ment et les membres du Parlement gui
traverseront la Méditerranée, à cette épo-
que, pour étudier les produits de l'Al-
gérie et visiter les centres les plus im-
portants des trois départements.
Un voyage du gouverneur dans la mé-
tropole, dans ces conditions, aurait été
forcément écourté, et au point de vue des
intérêts de l'Algérie, n'aurait eu aucun
résultat sérieux, puisque pendant le mois
de septembre la plupart des ministres
sont absents.
Les députés qui se sont déjà fait inscrire
pour le voyage d'exploration en Algérie
sont les suivants : MM. Girerd, sous-secré-
taire d'Etat au ministère de l'agriculture et
du commerce ; Albert Joly, Constans,Louis
Caze, Fousset, Lecomte, Magniez, Louis
Legrand, Crozet-Fourneyron, Ménard-DI.
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