Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-09-11
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 11 septembre 1879 11 septembre 1879
Description : 1879/09/11 (A9,N2819). 1879/09/11 (A9,N2819).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
Neuvième Année. — N' 28i9. Prix du Numéro à'Paris : 15 centimes. -—^Départements : 20 centimes Jeudi 11 Septembre i879
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6, Place de la Bourse, 6
BULLETIri il]
Paris, 10 septembrh^i&lQ.
Le télégraphe ne nous fournit pas
veaux renseignements sur l'insurrection
de Caboul : le soulèvement paraît local et
les journaux anglais se félicitent de l'aspect
peu hostile que présente le reste de l'Af-
ghanistan. A notre avis, il serait sage de
ne pas trop se reposer sur cette pensée op-
timiste. N'est-ce pas le Times lui-même qui
constate d'autre part que « l'aspect calme
et amical de la population de Caboul a
trompé le major Cavagnari? » Ce n'est
qu'an moment où pourront être établies
les responsabilités que sera tranchée la
question de savoir si le représentant de
l'Angleterre se trouve victime d'une
simple échauffourée ou d'un soulève-
ment. L'effet n'étant malheureusement
que trop connu à l'heure présente,
la cause seule reste intéressante à dé-
couvrir. Jusqu'ici elle demeure enve-
loppée d'obscurité : la version première
était que l'émir avait couru les plus grands
risques ; aujourd'hui, d'après les derniè-
res nouvelles, on soupçonne Yacoub-Khan
d'avoir été l'instigateur ou le complice du
meurtre. Une dépêche adressée de Simla
au Daily Telegraph laisse percer quelque
crainte que « l'émir, afin de sauver sa vie,
ne se soit mis avec les insurgés ». Si l'An-
gleterre, ayant tout à craindre de l'ani-
madversion de la populace afghane, doit
renoncer à compter sur les protestations
d'amitié des chefs, c'est fatalement l'oc-
piTnotînn
On se souvient de l'étrange démenti
donné par la Gazette de VAllemagne du
Nord à la Gazette nationale, qui impu-
tait au prince de Bismarck l'idée de l'en-
voi du feld-maréchal de Manteufiel à Var-
sovie. La presse étrangère s'en empara et
vit là une sorte de désaveu, infligé par le
grand-chancelier à la politique de son sou-
verain. Aujourd'hui, la Gazette de l'Alle-
magne du Nord, tout en ne voulant pas
avoir l'air de reculer, puisqu'elle main-
tient l'exactitude de ses informations,
s'efforce, dans une nouvelle note, d'atté-
nuer la portée de la première : « Le feld-
maréc.hal de Manteuffel, dit cette feuille,
n'a été .envoyé à Varsovie à la tête d'une
députation d'officiers prussiens que parce
que l'on a voulu se conformer au désir ex-
primé par l'empereur Alexandre, qui sou-
haitait de voir des officiers prussiens as-
sister aux manœuvres de ses troupes.
Nous apprenons, en outre, qu'il a remis à
l'empereur Alexandre la réponse à une
ïp.ttrfi nue l'empereur d'Allemagne avait
reçue de son auguste neveu. » -
On ne sait trop quel a pu être le but de
M. de Bismarck, en mettant en circulation
la première note officieuse ; mais ce qui
est certain, c'est que ce but, il l'a dépassé,
car, de toutes parts, les journaux alle-
mands cherchent maintenant à opérer une
réaction ; selon leur aveu naïf, « on n'est
nullement parvenu à tranquilliser les es-
prits en agissant comme on l'afait, » — et
surtout, il s'en est suivi le bruit fort ac-
crédité de la démission du grand-chance-
lier.
Nous avons noté hier que le prince
Gortschakoff, qui va passer par Berlin en
revenant de Bade, se résoudrait difficile-
ment, au dire même de la presse allemande,
à îMre la première démarche auprès de
M de Bismarck. D'autre part, on télégra-
phie de, Berlin au Mmoninq-Post que M.
d'Oubril, ambassadeur de Russie, qui était
en congé, est arrivé à Berlin à l'impro-
viste chargé de négocier l'entrevue entre
les deux chanceliers, mais que M. de Bis-
marck est « déterminé à ne faire aucune
avance.» Cette question de retraite de l'un
ou de l'autre de ces deux hommes d'Etat
est particulièrement intéressante au point
de vue français, et pour éviter d'avoir
à développer notre pensée, nous nous
.contenterons de citer quelques lignes
d'un entretien que le chancelier de Russie
vient d'avoir avec un membre de la presse
française : « Les critiques injustes ne me
manquent point depuis quelques jours, a
dit le prince Gortsehakof. Une feuille alle-
mande prétendait hier encore que je fais de
la politique sur des échasses. Ma politique,
tout le monde la connaît ; elle n'a pas va-
-M6 denuis vinfft-craatre ans. En ce qui con-
cerne la France, j'estime et j'ai toujours
hautement déclaré à qui a voulu l'enten-
dre qu'ui? affaiblissement prolongé de vo-
tre pays serait une lacune déplorable dans
le concert européen. C'est sans nul doute
à ces sentiment s, que je n'ai jamais cachés
TIn seu], instant, que je suis redevable de
l'hostilité dont m^onore le chancelier
dAÜemagne. J'ai toujours dit à vos hom-
mes d'Etat : Soyez forts J C'est indispen-
sable à votre propre sécurité et à l'équili-
bre .nécessaire de l'Europe. »
On remarquera aux dépêches avec quelle
facilité lV Autrichiens ont occupé le sand-
jack de Novi-Bazar : autorités ottomanes
et troupes auetro-hong-,roises sont dans les
• meilleurs termes. Nous, voila lom des
coups de fusil de la -Bosnie et de 1 Herzé-
govine. Et, à ce sujet, il nous vient une
réflexion : l'exaltation de la population
musulmane contre les Autrichiens était,
tout récemment encore, aussi violente que
- celle de la population afghane contre les
Anglais. Et cependant l'occupation ne souf-
fre pas de difficultés. C'est que là le gou-
vernement tend franchement la main aux
occupants.
,.- ,.---.,--- ..-, -.,.
Bourse de Paris
PETITE BOURSE DU sort
50/d .-.r. 117 fr. 72 l/à.
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-49 fr. 1/2.
Le public français a été très-vivement
éiWi en apprenant l'horrible massacre
du major Cavagnari et de l'ambassade
anglaise à CaM. C'est le devoir de la-
presse française de porter l'expression
de ses sentiments à un peuple ami. La
France et Ja Graa$e-Pretagne sont uJ)je
pa( s intérêts très-nombreux et des
sy hies très-réelles. Tout rapproche,
en anet, ces deux grandes nations de
r.¡ J'ope occidentale. Mais revenons aux
Conséquences du massacre dans lequel
l'ambassade anglaise a péri.
Quelles représailles l'Angleterre exer-
cera-t-elle, et jusqu'où peut-elle être
entraînée en les exerçant? Se conten-
tera-t-elle d'occuper Caboul, d'imposer
un tribut et de procéder à l'exécution de
sanglants exemples? Ou voudra-t-elle
annexer tout l'Afghanistan à ses posses-
sions indiennes? De toute façon, la voici
lancée de nouveau, au moment même
où elle croyait avoir imposé la paix, dans
une campagne difficile et coûteuse, qui
sera rude de toutes façons. C'est au gou-
vernement de nos voisins qu'il appar-
tient de fixer les limites de leur expédi-
tion nouvelle et d'apprécier ce qui pour-
ra le mieux servir les intérêts de la puis-
sance anglaise en Asie. Pour nous, sans
approuver entièrement la politique un
peu aventureuse inaugurée dans ces
derniers temps par lord Beaconsfield,
nous devons remarquer qu'on ne doit
reprocher aucune imprudence à nos voi-
sins dans la guerre afghane, qu'il ne faut
rej eter ni sur leur témérité ni sur leur
ambition la responsabilité de ce qui -ar-
rive, et qu'ici, du moins, ce ne sont pas
eux qui ont engagé les événements.
Sur le massacre de Caboul, le Nord, qui
comme on sait, est l'organe de la chancel-
lerie russe, fait une réflexionf singulière-
ment audacieuse quand il écrit : « Les aver-
tissements n'ont pas manqué au gouver-
nement anglais lorsqu'il fit un casus belli
du refus de Shire-Ali de recevoir un ré-
sident britannique à Caboul, et quand
plus tard il imposa cette condition à Ya-
coub-Khan. » Il faudrait avoir la mé-
moire courte pour pouvoir oublier que la
guerre des Anglais contre les Afghans a
été provoquée par la conduite outra-
geante et préméditée de l'émir Shire-Ali,
qui, précisément, ne suivait que les sug-
gestions des Russes. Toute la politique
russe a consisté, l'année dernière, au
commencement de l'hiver, à forcerune ar-
mée anglaise à entrer en Afghanistan, d'où
l'on espérait qu'elle ne pourrait point
sortir. Et c'est une supposition très
vraisemblable et très répandue que
la Russie serait directement intervenue
dans la guerre afghane si, environ vers
ce temps-là, l'agitation nihiliste n'avait
point commencé à lui peser lourdement
sur les bras. Elle s'en tint à des ambas-
sades envoyées à l'émir, à de magnifi-
ques promesses, à des cadeaux symboli-
ques, comme celui du sabre qui fut pom-
peusement offert à Shire-Ali, enfin à des
secours, plus ou moins déguisés, en mu-
nitions, en armes et en hommes. Mais il
semble vraiment que ce n'a pas été sa
faute si elle s'en est tenue aux machina-
tions.
La Russie est donc plus mal venue
qu'aucune puissance à faire adresser des
remontrances à l'Angleterre par ses jour-
naux officieux. De tout ce qui s'est passé
et de tout ce qui se passe en Afghanis-
tan 1 ci nïiîinppllpTMA rnccf» Act rppllpmpnt.
"U.l., iU XW J. U.OOV vU'u ji vvnviiiuuv
responsable. C'est la Russie qui a fait
aux Anglais en Afghanistan une telle si-
tuation qu'ils ont dû se jeter à tout prix
dans une expédition aventureuse, parce
que, s'ils ne l'eussent point entreprise,
ils auraient perdu toute autorité dans
les Indes. Il ne faut donc pas qu'au-
jourd'hui les écrivains russes fassent
les moralistes et viennent dire : « C'est
un malheur J mais quoi ! nous vous
en avions avertis ! et voilà ce que c'est
que d'avoir voulu établir un résident
anglais à Caboul!.» Nous laissons de-
viner les sentiments qu'un semblablelan-
gage peut éveiller en Angleterre. Quant
à nous, nous souhaitons à nos voisins de
mener à bien, le plus prudemment et le
plus rapidement possible, la campagne
nouvelle où les jette la nécessité de ven-
ger leur ambassadeur.
EUG. LIÉBERT
T
On lit dans la Marseillaise ou dans le
Pays:
Les électeursde Blanqui, au nombre de
4,000, ne démordront pas, ils ne seront en-
tamés ni par l'intrigue, ni par la corrup-
tion.
Achard ne gagnera rien. Les abstentionistes
se dérangeront-ils .:.:mr un tel candidat? Nous
en doutons.
Blanqui, comme à la première élection,
peut, au contraire, hériter directement des
voix deMétadier. Il passera donc avec envi-
ron 6,000 voix,et, s'il est-invalidé, les esprits,
par suite des divisions actuelles, encore plus
excités contre le gouvernement, prépareront
au vétéran de Clairvaux un troisième triom-
phe.
On lit dans le Pays ou dans la Mar-
seillaise ;
Après comme avant, Blanqui n'a qu'un seul
compétiteur, qui est Achard.
.Quoi! Achard. tout seul? -- Tout seul!
'L'homme aux 1,800 voix? - Lui-même.
— Infortuné Achard !
Il est peu probable que les opportunistes
s ';lusionnent sur les chances de ce candidat
dépontYu de prestge. Ils savent aussi bien
que nous cruC les six -bah 1 mettons-en sept
- crue les sept cents électeurs réunis à
l'Alhambra ont tous yc~, Il y a huit jours,
soit pour Métadier, soit ponr Achard. On ne
fer.;t croire à personne que les électeurs qui
n'ont pas daigné aller au scrutin se soient dé-
rangés po^HjP ,assister à une simple réunion ce
famille.
Le vote de la réunion de l'Aiùwjnbra ne per-
met donc pas au candidat opportuniste q:.
pcmr une seule voix en dehors de celles qui,
dimanche dernier, ont voté contre SIanqui.
Dès lors, l'élection du vieux lutteur de la
démocratie, du candidat de J'amnistie plé-
nière, est certaine à sept ou huit cents voix
de majorité.
Nous avons été obligés de mettre en
tête de ces citations : « On lit dans la Mar-
seillaise ou dans le Pays. » et récipro-
quement.
Lorsque nous avons eu découpé ces
fragments, il ne nous a plus été possible
de distinguer leur origine respective, et
nous ne savons plus lequel des deux
est tiré du journal de M. Maret, et le-
quel du journal de M. P. de Cassagnac.
Les Droits sacrés de la famille
-
Messieurs les cléricaux s'en vont criant
partout et sans cesse que nous violons à
la journée les droits -du père de famille.
Veulent-ils me permettre de leur conter
cette petite histoire ?
Ce n'est pas la première de ce genre
qu'il m'eût été possible de leur mettre
sous le nez. Mais pour les précédentes,
je n'avais d'autres preuves à donner que
les plaintes de parents, qui n'avaient
point constaté la chose par des actes of-
ficiels. Nous sommes tenus en ces sortes
d'affaires à une prudence extrême ; car
un procès en diffamation est toujours au
bout, et" je sais, par expérience, qu'entre
le jour de l'audience et celui de la con-
damnation, il y a moins loin que de la
coupe aux lèvres.
C'est à La Chapelle Saint-Ursin que
vient de se passer la chose. La Chapelle-
Saint-Ursin est-une petite commune à
cinq kilomètres de Bourges.
Il y avait là un brave homme nommé
Bénard, de condition peu relevée, qui
possédait une fille unique, et d'autant
plus aimée, pour cela même. Elle s'appe-
lait Alexandrine. Comme il n'existait pas
d'école laïque d'ans la commune, -force
fut bien de l'envoyer chez les bonnes
sœurs. C'est chez elles qu'elle apprit à
lire, à écrire, à compter, sans parler d'un
peu d'histoire sainte. Mais il paraît qu'el-
le n'y apprit point à aimer et à respecter
ses parents ; vous l'allez bien voir tout à
l'heu re.
A quatorze ans, son éducation termi-
née, son père la mit e.n apprentissage.
Mais il ne tarda pas à s'apercevoir qu'el-
le avait conservé avec les bonnes sœurs,
ses anciennes institutrices, des relations
plus intimes que de raison. Elle était tou-
jours fourrée chez ces dames, et c'étaient
des échanges de tendresse sans fin.
Tout ce manège, qui n'allait point sans
mystère, ne plut point aux parents de la
jeune fille. Ils y soupçonnèrent quelque
intention perfide. Ordre lui fut donné de
rompre ces relations et de se borner,
pour son édification, à pratiquer de son
mieux le commandement qui enjoint
d'honorer ses père et mère.
La mère fit de sa personne une démar-
che près des chères sœurs, les avertit de
la détermination qu'elle avait prise, de
concert avec son mari, et les pria de l'ai-
der à faire respecter par l'enfant la vo-
lonté paternelle.
De - simples laïques, comme vous el
moi, qui ne sommes pas éclairés des lu-
mières surnaturelles de la religion, au-
raient pris bonne note de la défense faite
à la jeune fille, et s'il lui avait pris fan-
taisie de l'enfreindre, si elle était revenue
contre le désir de sa famille :
— Ma chère enfant, lui aurions- nous
dit, vos parents, à tort ou à raison, ne
veulent pas que vous nous rendiez vi-
site. Nous n'avons pas à discuter avec ce
désir formellement exprimé. Votre pre-
mier devoir est de leur obéir. Nous ne
pourrons plus désormais vous rece-
voir.
Mais les saints tiennent qu'il faut obéir
à Dieu plutôt qu'à ses parents, et ils font
parler Dieu comme il leur plaît. Les bon-
nes sœurs encouragèrent l'enfant dans le
mépris de l'autorité paternelle ; il fallut
de temps à autre l'aller chercher au cou-
vent, où ces dames la cachaient pour la
dérober à la surveillance de sa famille.
» Le dénouement fatal approchait.
Le premier de ce mois, la jeune fille
partit de son domicile, donnant pour
prétexte à son absence qu'elle allait re-
joindre sa grand'mère, qui travaillait,
aux environs, dans les vignes.
Le soir, elle ne reparut pas.
On la chercha partout, non sans de
mortelles inquiétudes. On apprit que le
matin elle avait été vue, non pas du côté
des vignes, mais se dirigeant vers la
maison des sœurs; que dans l'après-
midi elle avait été rencontrée à mi-che-
min de Bourges, accompagnée par une
des sœurs, qui se rendait aux eaux.
Elles étaient donc sorties ensemble du
couvent ? non ; l'enquête fit savoir que la
jeune fille était partie la première en
avant, et qu'elle avait été rejointe par la
bonne sœur sur la grande route de
Bourges.
A partir de ce moment, on avait perdu
leurs traces à toutes deux, et il est im-
possible de savoir ce qu'est devenue l'en-
fant.
Son père a porté plainte. Quelques
personnes auraient préféré qu'on ne fît
point de bruit de cette affaire, qu'on l'é-
touffât discrètement, par crainte du scan-
dale.
Le maire est un honnête homme ; il a
dressé procès-verbal du tout, et le par-
quet a été saisi de la question.
Il ne s'agit rien moins que d'un rapt qc
mineure, crime prévu et puni par les
l'ticlg 341, 342 et 354 du code pé-
nal:
Nous verrons bien si la justice resterâ
impuissante devant ces violations de la loi
civile et de la loi religieuse, qui veulent
l'une et l'autre que l'enfant obéisse à son
père et le respecte.
FRANCISQUE SARCEY.
A propos du récent mouvement admi-
nistratif, voici quelques observations qui
nous sont envoyées du département de la
Vienne et qui nous semblent justes :
D'après les récentes nominations dans le
personnel des préfectures et secrétaires gé-
néraux, le préfet de Poitiers et son secrétaire
général sont changés.
Ce changement c simultané offre des incon-
vénients graves, qu'aurait dû prévoir le mi-
nistre de l'intérieur. Un secrétaire général
représente la tradition administrative dans un
département, et le changer en même temps
que le préfet, c'est produire gratuitement
l'instabilité et l'inconnu au sein de tous les
services départementaux.
A part cette faute d'intérêt public, le minis-
tère a sagement agi en éloignant le préfet, M.
Baile, d'un département où il avait été sous-
préfet de l'empire et où ses anciennes rela-
tions nuisaient à la transformation de l'esprit
public.
En ce qui concerne le secretaire gEméral,
M. Obissien Saint-Martin, homme d'une très
grande valeur, nous félicitons Saint-Etienne
de son acquisition. 11 est à la hauteur des ten-
dances et du patriotisme viril de cette ville
démocratique. Il faut espérer que le départe-
ment de la Vienne, où il exerçait une si salu-
taire influence sur les esprits éclairés, le
comptera bientôt à la tête de son administra-
tion préfectorale.
Le ministère devrait comprendre que dans
les départements arriérés comme le nôtre, il
est d'une mauvaise politique de placer ce
qu'on nomme les fonctionnaires de transition.
Le pouvoir, dans ce cas, semble vouloir se
faire pardonner d'être le pouvoir et, loin de
s'emparer de l'esprit public, il livre celui-ci à
ses adversaires.
Qu'on nous donne un préfet résolûment ré-
publicain, et l'on verra l'année prochaine
s'opérer une transformation complète dans
la composition du conseil général.
La timidité des gouvernements, surtout
quand ils s'appuient sur la souveraineté na-
tionale, fait toujours une pitoyable propa-
gande. La modération. n'exclut pas la fermeté
et la fermeté est la conscience de son prin-
cipe.
————— mu» —————-
Les Paroles et les Actes ¡
Le congrès catholique vient de tenir
ses séances à Angers, et M. Freppel et
ses amis seront du moins obligés de ren-
dre à la République cet hommage qu'elle
les a laissés faire leur besogne bien en
paix. Elle eût pu avoir la curiosité d'en-
tendre tout ce qui s'y disait; elle sebornera
à connaître ce qu'on voudra bien lui mon-
trer dans les procès-verbaux officiels ;
quant au reste, elle le devine d'ailleurs
sans avoir besoin d'écouter aux portes.
Le but de ces congrès et des œuvres
dont ils sont le centre, c'est dp reconqué-
rir l'empire perdu sur lepeuple. L'Eglise
est assez contente en ce moment des hau-
tes classes sociales; elles sont revenues
à la foi, ou, du moins, elles font sem-
blant, ce qui est tout comme : ce sont les
ouvriers, ce sont les paysans qui ne lui
donnent pas satisfaction ; c'est là que la
libre-pensée et le libéralisme ont fait
d'effrayants progrès depuis un demi-siè-
cle. Or, dans ce pays de suffrage univer-
sel, là où est le nombre, là est la puis-
sance. Ce sont les paysans, ce sont les
ouvriers qu'il faut que Rome ressaisisse,
si elle veut, une fois de plus, redevenir
maîtresse de la France.
Bien entendu d'ailleurs que c'est pour
le bien seul de l'ouvrier et du paysan que
l'Eglise entreprend cette tâche. L'Evan-
gile est la véritable doctrine de l'égalité
et de 1^ liberté. Nous revenons au socia-
lisme catholique tel que certains docteurs
l'ont prêché de 1830 à 1850. Encore un
peu et l'on nous parlera de nouveau du
« sans-culotte » Jésus-Christ. Croire que
le parti clérical ne peut songer en toute
cette entreprise qu'à l'émancipation des
pauvres et des souffrants, qu'il est ca-
pable de poursuivre pour lui-même un
but de domination terrestre et tempo-
relle, il n'y a que les méchants et les im-
pies capables de lui prêter un si noir
dessein. Ecoutez ce passage du discours
par lequel M. Freppel, évêque d'Angers,
a ouvert les travaux du congrès :
Et maintenant, messieurs , qui pourrait
trouver à redire au but de cette réunion?
Quel est l'esprit soupçonneux ou chagrin
dont la susceptibilité s'éveillerait devant les
matières qui composent "Totre programme ?
Chercher les moyens d'améliorer la situa-
tion religieuse, morale et matérielle de la
classe ouvrière, est-il une étude plus loua-
ble en soi et plus digne des sympathies de
tous ? Quel est l'Etat, république ou monar-
chie, qui ne trouverait pas dans le succès de
pareils efforts une garantie de sécurité, et la
plus efficace que l'on puisse concevoir? Tan-
dis qu'il n'existe plus guère de nos jours en-
tre le patron et l'ouvrier qu'un seul lien, un
lien bien fragile, celui que la nécessité im-
pose, vous cherchez à créer entre eux un au-
tre lien, inflniment plus fort, le lien de la foi
et de la. charité chrétiennes. C'est donc à
une œuvre de concorde et d'apaisement que
vous travaillez autant qu'il est en vous. Tan-
dis que l'atelier est devenu trop souvent un
foyer de colères et de révoltes contre la so-
ciété, vous vous efforcez d'en faire une école
de respect et de vertu. Vous voulez y rame-
ner, avec la pratique du devoir religieux, les
idées saines, les bons principes, les mœurs
pures, les habitudes d'ordre et de discipline,
tout ce qui fait l'ouvrier probe, consciencieux
et honnete. Est-il un pouvoir auquel de telles
études puissent porter ombrage, et qui n'y
trouve au contraire son intérêt et son profit ?
Oui, messieurs, en échangeant vos idées sur
ces graves problèmes, en essayant de les ré-
soudre par vos comités, vos cercles, vos pa-
tronages, vos associations de toute sorte orga-
nisées avec autant d'intelligence que de dé-
vouement, vous faites œuvre de bons citoyens
et de bons chrétiens ; vous travailles à la fois
pour l'Eglise ét pour la France. :
Qui ne serait touché de si nobles paro-
le J Les congés coliques songer à
renverser la République ! iiux, vouloir se
mêler de politique ! Juste ciel ! qui peut
bien les calomnier à ce point? Ils sont in-
nocents comme l'agneau qui vient de
naître ! A quel pouvoir pourraient-ils
bien porter ombrage, lorsque tout au con-
traire la seule œuvre qu'ils poursuivent
est une œuvre de paix et de concorde
sociale !
Eh ! oui, voilà un beau langage ; mais
en ce monde les paroles ne sont pas tout :
il faut regarder aussi aux actes. C'est
même l'Evangile qui nous a donné le sage
avis de juger les arbres d'après leurs
fruits. Or, au moment même où M. Frep-
pel prononçait à Angers ce bruyant dis-
cours, paraissait à Paris, à la librairie
Sandoz et Fischbacher, un peut livre des
plus curieux intitulé : Y Œuvre de Jésus
ouvrier, avec ce sous-titre : les Cercles
catholiques — origine — organisation
- action. J'exhorte fort les personnes qui
voudront se renseigner sur la valeur des
déclarations de M. Freppel à prendre la
peine de lire ce petit volume.
A vrai dire, les révélations qu'il con-
tient ne sont pas tout à fait nouvelles.
L'auteur les avait déjà publiées dans
deux articles adressés il y a quelques
mois à la Revue de Lausanne, et elles
firent grand bruit au moment de leur ap-
parition. Mais l'auteur a tenu à reprendre
et à coordonner son travail en l'enrichis-
sant de quelques découvertes nouvelles.
Il y a joint une série de pièces justifica-
tives qui ne sont pas la partie du livre la
moins instructive. Tous ces documents
sont pris à des sources authentiques et
officielles, et pour chacun l'origine est
indiquée. Ceux qu'ils gêneraient et qui
voudraient pouvoir les contester feront
bien de renoncer à l'entreprise.
Je reviendrai, quelqu'un de ces jours,
sur ce livre, qui en vaut la peine. Tout
ce que j'en veux dire aujourd'hui, c'est
que l'œuvre des cercles catholiques est
organisée avec cette science et cet es-
prit pratique qui n'est pas la moindre
force des âmes toutes préoccupées du ciel
et indifférentes aux choses de ce monde.
Du haut en bas une savante hiérarchie
conduit tout, dirige tout,de façon à mettre
les individus entièrement en la main du
chef qui reçoit de Rome le mot d'ordre.
Il n'est nulle part des régiments plus ad-
mirablement disciplinés. Tout est cal-
culé pour briser les volontés individuel-
les et rendre les résistances impossibles.
La domination même sait se faire douce
pour rendre son action plus sûre. On es-
saie de prendre l'ouvrier par le bien-être,
par le plaisir, de façojn qu'au jour donné
il accepte sans hésiter le bulletin de vote
qu'on lui mettra dans la main. Si l'œu-
vre des Cercles catholiques réussissait;
nous aurions bientôt, dans la société laï-
que, un « ordre» véritable dont l'action ne
serait ni moins régulière ni moins sûre que
celle de la compagnie de Jésus. La seule
chose douteuse heureusement, c'est que
l'œuvre réussise jamais, malgré la peine
qu'on se donne et l'argent que l'on y
dépense. Nos ouvriers aiment à rester
leurs maîtres, à garder le droit d'agir et
de penser comme ils veulent ; on a beau
leur montrer des cages dorées et pleines
de millet, ils préfèrent la liberté. On a
beau leur crier : Petit ! petit ! Ils voient
le grand couteau à la ceinture du cuisi-
nier et cela les tient en garde. On n'en-
régimentera pas au service de la contre-
Révolution ceux que la Révolution a
affranchis.
CHARLES BIGOT.
INSURRECTION A CABOUL
Dépêche officielle du vice-roi de l'Inde :
7 septembre.
Pas de nouvelles fraîches de Caboul. Les
rapports d'hier d'Ali-Kheyl annoncent que
Shutargardan et le pays environnant sont
tranquilles et la route lipre.
Voici ce que nous avons reçu d'Ali-Kheyl,
en fait de détails sur la catastrophe, par mes-
sage en date du 6 :
« Les récits antérieurs du désastre sont con-
firmés. L'auteur du message raconte la visite
de Badhah-Khan sur le théâtre des désor-
dres. Il a vu les cadavres de l'envoyé, des
membres de l'état-major et des hommes de
l'escorte. De ces derniers, neuf, partis pour
faire du fourrage, ont échappé à la mort. La
défense a été héroïque, et la perte des insur-
gés énorme, on l'estime à plus de cent morts.
Les insurgés ne pouvant venir à bout d'em-
porter la place ont mis le feu à la porte, et
lorsqu'elle fut consumée, ils se sont rués à
l'étage supérieur, où ils ont accablé sous leur
nombre les malheureux défenseurs, et ils ont
tout saccagé ensuite. L'émir réclame des se-
secours, et Badhah-Khan manifeste un vif dé-
sir de se joindre à nous. »
Dépêche du Times :
Trois régiments afghans mutinés ont quitté,
dit-on, la ville de Caboul.
L'altitude des tribus de la frontière n'est
pas défavorable quant à présent.
Dans les cercles officiels ou soupçonne
Eyoub-Khan et d'autres chefs d'avoir fomenté
la révolte de Caboul.
Le vice-roi a télégraphié à Londres pour de-
mander que sir G.-P. Conolly, actuellement
chef d'état-major de sir Garnet Wolseley dans
l'Afrique australe, reprenne ses anciennes.
fonctions de secrétaire particulier de Son Ex-
cellence.
Une dépêche de Simla, 8 septembre, pu-
bliée par le Daily Telegraph, assure que la
villé de Caboul a été pillée par la populace et
par les soldats insurgés.
On craint que l'émir, afin de sauver sa vie,
ne se soit mis avec les insurgés.
Par suite de l'absence des moyens de
transport, il est impossible & l'armée an-
glaise de se mettre immédiatement en mar-
che our Caboul. ---
Une dépêche d Allahabad. - par le
, , eeue par le
Daily News, annonce (Ptot6 le gouverneur af-
ghan à Hérat a ÇQU assistance à l'émir.
1
Le Daily News a reçu le télégramme sui..
vant :
Mlahab, par Téhéran, 8 septembre,
9 heures du matin.
Divers messagers venus de Caboul sont ar-
rivés à AU-Khevl; quelques-uns ont vu les
corps des membres de la mission anglaise et
de leur suite. Neuf sovars, appartenant à l'es-
corte, ont pu s'échapper. Le personnel de
l'ambassade a fait une résistance opiniâtre. Les
émeutiers ont fini par incendier la porte et
par envahiq les bâtiments.
Toute la ville paraît être en état d'insurrec-
tion.
Le régiment qui s'est révolté le premier
était de Hérat. On avait eu l'imprudence de
l'amener dans la capitale. Il avait donné
beaucoup de fil à retordre, et l'émir voulait
le transférer dans le Turkestan ; mais les
hommes refusaient de marche. On a com-
mis une faute sensible en les admettant dans
la citadelle, quoique sans armes.
Simila, 7 septembre.
Le'gouverneur de Candahar a exprimé au
gouvernement anglais son dévouement ab-
solu.
Il a offert d'enrôler des troupes parmi la
tribu des Dovanis.
LES OFFICIERS TERRITORIAUX
A la suite des appels de l'armée territo-
riale en 1878 et en 1879, M. le ministre de
la guerre s'est fait rendre compte par les
généraux commandants de corps d'armée
du degré d'instruction des officiers de nos
régiments territoriaux. Il aurait été frappf,
paraît-il, de l'insuffisance dûment consta-
tée d'un assez grand nombre d'officiers de
différents grades et serait vivement préoc-
cupé de rechercher les mesures propres à
porter remède à un état de choses aussi
regrettable.
Le moyen le plus efficace qui s'imposait
au ministre en pareille circonstance était
d'obliger à un stage dans un régiment de
l'armée active les officiers signalés comme
ayant besoin de compléter, leur instruc-
tion .militaire. C'est, en effet, à ce
moyen qu'il s'est arrêté, et le Parlement,
entrant dans ses vues, a mis à sa disposi-
tion, par la loi du 25 juillet, les crédita
nécessaires au paiement de la solde de3
officiers qu'il y aura lieu de convoquer.
Une circulaire assez récente détermine
dans quelles proportions devront être fai-
tes les convocations individuelles pour
rester dans les limites des crédits alloués.
La dépense prévae sera répartie de la
façon suivante sur les 145 régiments ter-
ritoriaux d'infanterie :
15 stages de chefs de bataillon; 90 sta-
ges de capitaines; 150 de lieutenants; 380
de sous-lieutenants : au total 635, soit
pour chacun des 18 corps d'armée de l'in-
térieur :
thel de bataillon, 1; capitaines, 5; lieu-
tenants, 8 ; sous-lieutenants, 20.
Il va sans dire que « Yobligation de faire
» le stage ne saurait avoir un caractère fa-
» cultatif, au moins pour ceux qui se sont
» montrés le plus insuffisants,» C'est la cir-
culaire ministérielle qui parle, et je suis
bien désolé, d'avouer que ce langage me
semble aussi incorrect qu'indécis. Qu'est-
ce qu'une obligation qui n'a pas un-carac-
tère facultatif ? Qu'est-ce encore que cette
restriction apportée par le dernier membre
de phrase ? Ne pourra-t-on donc jamais
s habituer au ministère de la guerre à
donner des ordres précis? Je ne veux
point ergoter sur les mots ; mais, en vé-
rité, il n'y a,pas à complimenter le rédac-
teur de ce document. Je reprochais der-
nièrement aux circulaires ministérielles
de présenter toujours une lacune qui per-
met toutes sortes d'interprétations.
Dans le cas présent, la prose ministé-
rielle pèche par l'excès contraire. Si la.
circulaire eût dit tout simplement : « La
stage est obligatoire pour les officiers ju-
gés insuffisants d'après leurs notes, » c'é-
tait clair, et, mon Dieu, bien assez admi-
nistratif, allez !
Le document qui nous occupe a pris
d'wlleurs à tâche d'atténuer autant que
possible les inconvénients que pourrait
entraîner ce stage obligatoire. La période
d instruction devra être accomplie d'ici au
31 décembre 1879 ; mais « les intéressés
» seront consultés sur le moment qu'ils
» jugeront le plus favorable au point de
» vue de leurs intérêts privés. » C'est fort
bien, et le ministre avait à prévoir en gé-
néral certaines éventualités dont il y aura
à tenir compte. Mais il eut dû, je crois,
fixer une date uniforme pour les convoca-
tions à faire, sauf à autoriser exceptionnel-
ement les officiers qui en eussent fait
la demande à différer ou avancer l'époque
de leur stage. ,
Cette date est tout indiquée ; c'est celle
de l'arrivée des recrues dans les régiments
d'infanterie. A ce moment, l'instruction
de détail commence pour les soldats de la
nouvelle levée ; pour les nouveaux pro-
mus, officiers et sous-officiers, c'est tout
justement une excellente occasion de met-
tre en pratique les principes théoriques
qu'on leur a enseignés et de faire leur ap-
prentissage d'instructeurs.
Cela est si vrai que le ministre de la
guerre vient de décider, il y a quelques
jours, que uorenavant les jeunes officiers
sortant de l'Ecole spéciale seraient rappe-
lés dans leurs régiments respectifs le i e
novembre pour pouvoir prendre part à la
reprise de l'instruction. C'est pour la même
raison que ces mêmes officiers sont en
règle générale plus spécialement attachés
aux classes des recrues.
S'il m'était permis de donner un bon
avis aux officiers territoriaux qui me font
l'honneur de me lire, je leur conseillerais
- puisqu'ils sont libres de désigner leur
jour, — de choisir de leur plein gré la
première quinzaine du mois de novembre
Cest le vrai moment pour connaître à
fond une foule de choses qu'on n'appren-
dra ni dan les livres, ni dans les cours, ni
dans les conférences. Ils verront, par
exemple qu'ils auront sous leurs yeux du
-- - - -
matin au soir, comment il faut savoir com-
mander ^ltr se faire obéir ; comment il
Rejoindre la fermeté à la bienveillance
sans aller jusqu a la sévérité rigoureuse,
sans laisser croire à la faiblesse. Ils appren-'
dront, à ce moment mieux qu'à tout au-
tre, par quels procédés un chef militera
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6, Place de la Bourse, 6
BULLETIri il]
Paris, 10 septembrh^i&lQ.
Le télégraphe ne nous fournit pas
veaux renseignements sur l'insurrection
de Caboul : le soulèvement paraît local et
les journaux anglais se félicitent de l'aspect
peu hostile que présente le reste de l'Af-
ghanistan. A notre avis, il serait sage de
ne pas trop se reposer sur cette pensée op-
timiste. N'est-ce pas le Times lui-même qui
constate d'autre part que « l'aspect calme
et amical de la population de Caboul a
trompé le major Cavagnari? » Ce n'est
qu'an moment où pourront être établies
les responsabilités que sera tranchée la
question de savoir si le représentant de
l'Angleterre se trouve victime d'une
simple échauffourée ou d'un soulève-
ment. L'effet n'étant malheureusement
que trop connu à l'heure présente,
la cause seule reste intéressante à dé-
couvrir. Jusqu'ici elle demeure enve-
loppée d'obscurité : la version première
était que l'émir avait couru les plus grands
risques ; aujourd'hui, d'après les derniè-
res nouvelles, on soupçonne Yacoub-Khan
d'avoir été l'instigateur ou le complice du
meurtre. Une dépêche adressée de Simla
au Daily Telegraph laisse percer quelque
crainte que « l'émir, afin de sauver sa vie,
ne se soit mis avec les insurgés ». Si l'An-
gleterre, ayant tout à craindre de l'ani-
madversion de la populace afghane, doit
renoncer à compter sur les protestations
d'amitié des chefs, c'est fatalement l'oc-
piTnotînn
On se souvient de l'étrange démenti
donné par la Gazette de VAllemagne du
Nord à la Gazette nationale, qui impu-
tait au prince de Bismarck l'idée de l'en-
voi du feld-maréchal de Manteufiel à Var-
sovie. La presse étrangère s'en empara et
vit là une sorte de désaveu, infligé par le
grand-chancelier à la politique de son sou-
verain. Aujourd'hui, la Gazette de l'Alle-
magne du Nord, tout en ne voulant pas
avoir l'air de reculer, puisqu'elle main-
tient l'exactitude de ses informations,
s'efforce, dans une nouvelle note, d'atté-
nuer la portée de la première : « Le feld-
maréc.hal de Manteuffel, dit cette feuille,
n'a été .envoyé à Varsovie à la tête d'une
députation d'officiers prussiens que parce
que l'on a voulu se conformer au désir ex-
primé par l'empereur Alexandre, qui sou-
haitait de voir des officiers prussiens as-
sister aux manœuvres de ses troupes.
Nous apprenons, en outre, qu'il a remis à
l'empereur Alexandre la réponse à une
ïp.ttrfi nue l'empereur d'Allemagne avait
reçue de son auguste neveu. » -
On ne sait trop quel a pu être le but de
M. de Bismarck, en mettant en circulation
la première note officieuse ; mais ce qui
est certain, c'est que ce but, il l'a dépassé,
car, de toutes parts, les journaux alle-
mands cherchent maintenant à opérer une
réaction ; selon leur aveu naïf, « on n'est
nullement parvenu à tranquilliser les es-
prits en agissant comme on l'afait, » — et
surtout, il s'en est suivi le bruit fort ac-
crédité de la démission du grand-chance-
lier.
Nous avons noté hier que le prince
Gortschakoff, qui va passer par Berlin en
revenant de Bade, se résoudrait difficile-
ment, au dire même de la presse allemande,
à îMre la première démarche auprès de
M de Bismarck. D'autre part, on télégra-
phie de, Berlin au Mmoninq-Post que M.
d'Oubril, ambassadeur de Russie, qui était
en congé, est arrivé à Berlin à l'impro-
viste chargé de négocier l'entrevue entre
les deux chanceliers, mais que M. de Bis-
marck est « déterminé à ne faire aucune
avance.» Cette question de retraite de l'un
ou de l'autre de ces deux hommes d'Etat
est particulièrement intéressante au point
de vue français, et pour éviter d'avoir
à développer notre pensée, nous nous
.contenterons de citer quelques lignes
d'un entretien que le chancelier de Russie
vient d'avoir avec un membre de la presse
française : « Les critiques injustes ne me
manquent point depuis quelques jours, a
dit le prince Gortsehakof. Une feuille alle-
mande prétendait hier encore que je fais de
la politique sur des échasses. Ma politique,
tout le monde la connaît ; elle n'a pas va-
-M6 denuis vinfft-craatre ans. En ce qui con-
cerne la France, j'estime et j'ai toujours
hautement déclaré à qui a voulu l'enten-
dre qu'ui? affaiblissement prolongé de vo-
tre pays serait une lacune déplorable dans
le concert européen. C'est sans nul doute
à ces sentiment s, que je n'ai jamais cachés
TIn seu], instant, que je suis redevable de
l'hostilité dont m^onore le chancelier
dAÜemagne. J'ai toujours dit à vos hom-
mes d'Etat : Soyez forts J C'est indispen-
sable à votre propre sécurité et à l'équili-
bre .nécessaire de l'Europe. »
On remarquera aux dépêches avec quelle
facilité lV Autrichiens ont occupé le sand-
jack de Novi-Bazar : autorités ottomanes
et troupes auetro-hong-,roises sont dans les
• meilleurs termes. Nous, voila lom des
coups de fusil de la -Bosnie et de 1 Herzé-
govine. Et, à ce sujet, il nous vient une
réflexion : l'exaltation de la population
musulmane contre les Autrichiens était,
tout récemment encore, aussi violente que
- celle de la population afghane contre les
Anglais. Et cependant l'occupation ne souf-
fre pas de difficultés. C'est que là le gou-
vernement tend franchement la main aux
occupants.
,.- ,.---.,--- ..-, -.,.
Bourse de Paris
PETITE BOURSE DU sort
50/d .-.r. 117 fr. 72 l/à.
Ture : , lj fr> 35. gg jta
x urc 497 fr. en
~y~~:::: 228 Tr. 121/2, 22625 22750
Chemfns-égyptiens. 360 fr. ,.
-49 fr. 1/2.
Le public français a été très-vivement
éiWi en apprenant l'horrible massacre
du major Cavagnari et de l'ambassade
anglaise à CaM. C'est le devoir de la-
presse française de porter l'expression
de ses sentiments à un peuple ami. La
France et Ja Graa$e-Pretagne sont uJ)je
pa( s intérêts très-nombreux et des
sy hies très-réelles. Tout rapproche,
en anet, ces deux grandes nations de
r.¡ J'ope occidentale. Mais revenons aux
Conséquences du massacre dans lequel
l'ambassade anglaise a péri.
Quelles représailles l'Angleterre exer-
cera-t-elle, et jusqu'où peut-elle être
entraînée en les exerçant? Se conten-
tera-t-elle d'occuper Caboul, d'imposer
un tribut et de procéder à l'exécution de
sanglants exemples? Ou voudra-t-elle
annexer tout l'Afghanistan à ses posses-
sions indiennes? De toute façon, la voici
lancée de nouveau, au moment même
où elle croyait avoir imposé la paix, dans
une campagne difficile et coûteuse, qui
sera rude de toutes façons. C'est au gou-
vernement de nos voisins qu'il appar-
tient de fixer les limites de leur expédi-
tion nouvelle et d'apprécier ce qui pour-
ra le mieux servir les intérêts de la puis-
sance anglaise en Asie. Pour nous, sans
approuver entièrement la politique un
peu aventureuse inaugurée dans ces
derniers temps par lord Beaconsfield,
nous devons remarquer qu'on ne doit
reprocher aucune imprudence à nos voi-
sins dans la guerre afghane, qu'il ne faut
rej eter ni sur leur témérité ni sur leur
ambition la responsabilité de ce qui -ar-
rive, et qu'ici, du moins, ce ne sont pas
eux qui ont engagé les événements.
Sur le massacre de Caboul, le Nord, qui
comme on sait, est l'organe de la chancel-
lerie russe, fait une réflexionf singulière-
ment audacieuse quand il écrit : « Les aver-
tissements n'ont pas manqué au gouver-
nement anglais lorsqu'il fit un casus belli
du refus de Shire-Ali de recevoir un ré-
sident britannique à Caboul, et quand
plus tard il imposa cette condition à Ya-
coub-Khan. » Il faudrait avoir la mé-
moire courte pour pouvoir oublier que la
guerre des Anglais contre les Afghans a
été provoquée par la conduite outra-
geante et préméditée de l'émir Shire-Ali,
qui, précisément, ne suivait que les sug-
gestions des Russes. Toute la politique
russe a consisté, l'année dernière, au
commencement de l'hiver, à forcerune ar-
mée anglaise à entrer en Afghanistan, d'où
l'on espérait qu'elle ne pourrait point
sortir. Et c'est une supposition très
vraisemblable et très répandue que
la Russie serait directement intervenue
dans la guerre afghane si, environ vers
ce temps-là, l'agitation nihiliste n'avait
point commencé à lui peser lourdement
sur les bras. Elle s'en tint à des ambas-
sades envoyées à l'émir, à de magnifi-
ques promesses, à des cadeaux symboli-
ques, comme celui du sabre qui fut pom-
peusement offert à Shire-Ali, enfin à des
secours, plus ou moins déguisés, en mu-
nitions, en armes et en hommes. Mais il
semble vraiment que ce n'a pas été sa
faute si elle s'en est tenue aux machina-
tions.
La Russie est donc plus mal venue
qu'aucune puissance à faire adresser des
remontrances à l'Angleterre par ses jour-
naux officieux. De tout ce qui s'est passé
et de tout ce qui se passe en Afghanis-
tan 1 ci nïiîinppllpTMA rnccf» Act rppllpmpnt.
"U.l., iU XW J. U.OOV vU'u ji vvnviiiuuv
responsable. C'est la Russie qui a fait
aux Anglais en Afghanistan une telle si-
tuation qu'ils ont dû se jeter à tout prix
dans une expédition aventureuse, parce
que, s'ils ne l'eussent point entreprise,
ils auraient perdu toute autorité dans
les Indes. Il ne faut donc pas qu'au-
jourd'hui les écrivains russes fassent
les moralistes et viennent dire : « C'est
un malheur J mais quoi ! nous vous
en avions avertis ! et voilà ce que c'est
que d'avoir voulu établir un résident
anglais à Caboul!.» Nous laissons de-
viner les sentiments qu'un semblablelan-
gage peut éveiller en Angleterre. Quant
à nous, nous souhaitons à nos voisins de
mener à bien, le plus prudemment et le
plus rapidement possible, la campagne
nouvelle où les jette la nécessité de ven-
ger leur ambassadeur.
EUG. LIÉBERT
T
On lit dans la Marseillaise ou dans le
Pays:
Les électeursde Blanqui, au nombre de
4,000, ne démordront pas, ils ne seront en-
tamés ni par l'intrigue, ni par la corrup-
tion.
Achard ne gagnera rien. Les abstentionistes
se dérangeront-ils .:.:mr un tel candidat? Nous
en doutons.
Blanqui, comme à la première élection,
peut, au contraire, hériter directement des
voix deMétadier. Il passera donc avec envi-
ron 6,000 voix,et, s'il est-invalidé, les esprits,
par suite des divisions actuelles, encore plus
excités contre le gouvernement, prépareront
au vétéran de Clairvaux un troisième triom-
phe.
On lit dans le Pays ou dans la Mar-
seillaise ;
Après comme avant, Blanqui n'a qu'un seul
compétiteur, qui est Achard.
.Quoi! Achard. tout seul? -- Tout seul!
'L'homme aux 1,800 voix? - Lui-même.
— Infortuné Achard !
Il est peu probable que les opportunistes
s ';lusionnent sur les chances de ce candidat
dépontYu de prestge. Ils savent aussi bien
que nous cruC les six -bah 1 mettons-en sept
- crue les sept cents électeurs réunis à
l'Alhambra ont tous yc~, Il y a huit jours,
soit pour Métadier, soit ponr Achard. On ne
fer.;t croire à personne que les électeurs qui
n'ont pas daigné aller au scrutin se soient dé-
rangés po^HjP ,assister à une simple réunion ce
famille.
Le vote de la réunion de l'Aiùwjnbra ne per-
met donc pas au candidat opportuniste q:.
pcmr une seule voix en dehors de celles qui,
dimanche dernier, ont voté contre SIanqui.
Dès lors, l'élection du vieux lutteur de la
démocratie, du candidat de J'amnistie plé-
nière, est certaine à sept ou huit cents voix
de majorité.
Nous avons été obligés de mettre en
tête de ces citations : « On lit dans la Mar-
seillaise ou dans le Pays. » et récipro-
quement.
Lorsque nous avons eu découpé ces
fragments, il ne nous a plus été possible
de distinguer leur origine respective, et
nous ne savons plus lequel des deux
est tiré du journal de M. Maret, et le-
quel du journal de M. P. de Cassagnac.
Les Droits sacrés de la famille
-
Messieurs les cléricaux s'en vont criant
partout et sans cesse que nous violons à
la journée les droits -du père de famille.
Veulent-ils me permettre de leur conter
cette petite histoire ?
Ce n'est pas la première de ce genre
qu'il m'eût été possible de leur mettre
sous le nez. Mais pour les précédentes,
je n'avais d'autres preuves à donner que
les plaintes de parents, qui n'avaient
point constaté la chose par des actes of-
ficiels. Nous sommes tenus en ces sortes
d'affaires à une prudence extrême ; car
un procès en diffamation est toujours au
bout, et" je sais, par expérience, qu'entre
le jour de l'audience et celui de la con-
damnation, il y a moins loin que de la
coupe aux lèvres.
C'est à La Chapelle Saint-Ursin que
vient de se passer la chose. La Chapelle-
Saint-Ursin est-une petite commune à
cinq kilomètres de Bourges.
Il y avait là un brave homme nommé
Bénard, de condition peu relevée, qui
possédait une fille unique, et d'autant
plus aimée, pour cela même. Elle s'appe-
lait Alexandrine. Comme il n'existait pas
d'école laïque d'ans la commune, -force
fut bien de l'envoyer chez les bonnes
sœurs. C'est chez elles qu'elle apprit à
lire, à écrire, à compter, sans parler d'un
peu d'histoire sainte. Mais il paraît qu'el-
le n'y apprit point à aimer et à respecter
ses parents ; vous l'allez bien voir tout à
l'heu re.
A quatorze ans, son éducation termi-
née, son père la mit e.n apprentissage.
Mais il ne tarda pas à s'apercevoir qu'el-
le avait conservé avec les bonnes sœurs,
ses anciennes institutrices, des relations
plus intimes que de raison. Elle était tou-
jours fourrée chez ces dames, et c'étaient
des échanges de tendresse sans fin.
Tout ce manège, qui n'allait point sans
mystère, ne plut point aux parents de la
jeune fille. Ils y soupçonnèrent quelque
intention perfide. Ordre lui fut donné de
rompre ces relations et de se borner,
pour son édification, à pratiquer de son
mieux le commandement qui enjoint
d'honorer ses père et mère.
La mère fit de sa personne une démar-
che près des chères sœurs, les avertit de
la détermination qu'elle avait prise, de
concert avec son mari, et les pria de l'ai-
der à faire respecter par l'enfant la vo-
lonté paternelle.
De - simples laïques, comme vous el
moi, qui ne sommes pas éclairés des lu-
mières surnaturelles de la religion, au-
raient pris bonne note de la défense faite
à la jeune fille, et s'il lui avait pris fan-
taisie de l'enfreindre, si elle était revenue
contre le désir de sa famille :
— Ma chère enfant, lui aurions- nous
dit, vos parents, à tort ou à raison, ne
veulent pas que vous nous rendiez vi-
site. Nous n'avons pas à discuter avec ce
désir formellement exprimé. Votre pre-
mier devoir est de leur obéir. Nous ne
pourrons plus désormais vous rece-
voir.
Mais les saints tiennent qu'il faut obéir
à Dieu plutôt qu'à ses parents, et ils font
parler Dieu comme il leur plaît. Les bon-
nes sœurs encouragèrent l'enfant dans le
mépris de l'autorité paternelle ; il fallut
de temps à autre l'aller chercher au cou-
vent, où ces dames la cachaient pour la
dérober à la surveillance de sa famille.
» Le dénouement fatal approchait.
Le premier de ce mois, la jeune fille
partit de son domicile, donnant pour
prétexte à son absence qu'elle allait re-
joindre sa grand'mère, qui travaillait,
aux environs, dans les vignes.
Le soir, elle ne reparut pas.
On la chercha partout, non sans de
mortelles inquiétudes. On apprit que le
matin elle avait été vue, non pas du côté
des vignes, mais se dirigeant vers la
maison des sœurs; que dans l'après-
midi elle avait été rencontrée à mi-che-
min de Bourges, accompagnée par une
des sœurs, qui se rendait aux eaux.
Elles étaient donc sorties ensemble du
couvent ? non ; l'enquête fit savoir que la
jeune fille était partie la première en
avant, et qu'elle avait été rejointe par la
bonne sœur sur la grande route de
Bourges.
A partir de ce moment, on avait perdu
leurs traces à toutes deux, et il est im-
possible de savoir ce qu'est devenue l'en-
fant.
Son père a porté plainte. Quelques
personnes auraient préféré qu'on ne fît
point de bruit de cette affaire, qu'on l'é-
touffât discrètement, par crainte du scan-
dale.
Le maire est un honnête homme ; il a
dressé procès-verbal du tout, et le par-
quet a été saisi de la question.
Il ne s'agit rien moins que d'un rapt qc
mineure, crime prévu et puni par les
l'ticlg 341, 342 et 354 du code pé-
nal:
Nous verrons bien si la justice resterâ
impuissante devant ces violations de la loi
civile et de la loi religieuse, qui veulent
l'une et l'autre que l'enfant obéisse à son
père et le respecte.
FRANCISQUE SARCEY.
A propos du récent mouvement admi-
nistratif, voici quelques observations qui
nous sont envoyées du département de la
Vienne et qui nous semblent justes :
D'après les récentes nominations dans le
personnel des préfectures et secrétaires gé-
néraux, le préfet de Poitiers et son secrétaire
général sont changés.
Ce changement c simultané offre des incon-
vénients graves, qu'aurait dû prévoir le mi-
nistre de l'intérieur. Un secrétaire général
représente la tradition administrative dans un
département, et le changer en même temps
que le préfet, c'est produire gratuitement
l'instabilité et l'inconnu au sein de tous les
services départementaux.
A part cette faute d'intérêt public, le minis-
tère a sagement agi en éloignant le préfet, M.
Baile, d'un département où il avait été sous-
préfet de l'empire et où ses anciennes rela-
tions nuisaient à la transformation de l'esprit
public.
En ce qui concerne le secretaire gEméral,
M. Obissien Saint-Martin, homme d'une très
grande valeur, nous félicitons Saint-Etienne
de son acquisition. 11 est à la hauteur des ten-
dances et du patriotisme viril de cette ville
démocratique. Il faut espérer que le départe-
ment de la Vienne, où il exerçait une si salu-
taire influence sur les esprits éclairés, le
comptera bientôt à la tête de son administra-
tion préfectorale.
Le ministère devrait comprendre que dans
les départements arriérés comme le nôtre, il
est d'une mauvaise politique de placer ce
qu'on nomme les fonctionnaires de transition.
Le pouvoir, dans ce cas, semble vouloir se
faire pardonner d'être le pouvoir et, loin de
s'emparer de l'esprit public, il livre celui-ci à
ses adversaires.
Qu'on nous donne un préfet résolûment ré-
publicain, et l'on verra l'année prochaine
s'opérer une transformation complète dans
la composition du conseil général.
La timidité des gouvernements, surtout
quand ils s'appuient sur la souveraineté na-
tionale, fait toujours une pitoyable propa-
gande. La modération. n'exclut pas la fermeté
et la fermeté est la conscience de son prin-
cipe.
————— mu» —————-
Les Paroles et les Actes ¡
Le congrès catholique vient de tenir
ses séances à Angers, et M. Freppel et
ses amis seront du moins obligés de ren-
dre à la République cet hommage qu'elle
les a laissés faire leur besogne bien en
paix. Elle eût pu avoir la curiosité d'en-
tendre tout ce qui s'y disait; elle sebornera
à connaître ce qu'on voudra bien lui mon-
trer dans les procès-verbaux officiels ;
quant au reste, elle le devine d'ailleurs
sans avoir besoin d'écouter aux portes.
Le but de ces congrès et des œuvres
dont ils sont le centre, c'est dp reconqué-
rir l'empire perdu sur lepeuple. L'Eglise
est assez contente en ce moment des hau-
tes classes sociales; elles sont revenues
à la foi, ou, du moins, elles font sem-
blant, ce qui est tout comme : ce sont les
ouvriers, ce sont les paysans qui ne lui
donnent pas satisfaction ; c'est là que la
libre-pensée et le libéralisme ont fait
d'effrayants progrès depuis un demi-siè-
cle. Or, dans ce pays de suffrage univer-
sel, là où est le nombre, là est la puis-
sance. Ce sont les paysans, ce sont les
ouvriers qu'il faut que Rome ressaisisse,
si elle veut, une fois de plus, redevenir
maîtresse de la France.
Bien entendu d'ailleurs que c'est pour
le bien seul de l'ouvrier et du paysan que
l'Eglise entreprend cette tâche. L'Evan-
gile est la véritable doctrine de l'égalité
et de 1^ liberté. Nous revenons au socia-
lisme catholique tel que certains docteurs
l'ont prêché de 1830 à 1850. Encore un
peu et l'on nous parlera de nouveau du
« sans-culotte » Jésus-Christ. Croire que
le parti clérical ne peut songer en toute
cette entreprise qu'à l'émancipation des
pauvres et des souffrants, qu'il est ca-
pable de poursuivre pour lui-même un
but de domination terrestre et tempo-
relle, il n'y a que les méchants et les im-
pies capables de lui prêter un si noir
dessein. Ecoutez ce passage du discours
par lequel M. Freppel, évêque d'Angers,
a ouvert les travaux du congrès :
Et maintenant, messieurs , qui pourrait
trouver à redire au but de cette réunion?
Quel est l'esprit soupçonneux ou chagrin
dont la susceptibilité s'éveillerait devant les
matières qui composent "Totre programme ?
Chercher les moyens d'améliorer la situa-
tion religieuse, morale et matérielle de la
classe ouvrière, est-il une étude plus loua-
ble en soi et plus digne des sympathies de
tous ? Quel est l'Etat, république ou monar-
chie, qui ne trouverait pas dans le succès de
pareils efforts une garantie de sécurité, et la
plus efficace que l'on puisse concevoir? Tan-
dis qu'il n'existe plus guère de nos jours en-
tre le patron et l'ouvrier qu'un seul lien, un
lien bien fragile, celui que la nécessité im-
pose, vous cherchez à créer entre eux un au-
tre lien, inflniment plus fort, le lien de la foi
et de la. charité chrétiennes. C'est donc à
une œuvre de concorde et d'apaisement que
vous travaillez autant qu'il est en vous. Tan-
dis que l'atelier est devenu trop souvent un
foyer de colères et de révoltes contre la so-
ciété, vous vous efforcez d'en faire une école
de respect et de vertu. Vous voulez y rame-
ner, avec la pratique du devoir religieux, les
idées saines, les bons principes, les mœurs
pures, les habitudes d'ordre et de discipline,
tout ce qui fait l'ouvrier probe, consciencieux
et honnete. Est-il un pouvoir auquel de telles
études puissent porter ombrage, et qui n'y
trouve au contraire son intérêt et son profit ?
Oui, messieurs, en échangeant vos idées sur
ces graves problèmes, en essayant de les ré-
soudre par vos comités, vos cercles, vos pa-
tronages, vos associations de toute sorte orga-
nisées avec autant d'intelligence que de dé-
vouement, vous faites œuvre de bons citoyens
et de bons chrétiens ; vous travailles à la fois
pour l'Eglise ét pour la France. :
Qui ne serait touché de si nobles paro-
le J Les congés coliques songer à
renverser la République ! iiux, vouloir se
mêler de politique ! Juste ciel ! qui peut
bien les calomnier à ce point? Ils sont in-
nocents comme l'agneau qui vient de
naître ! A quel pouvoir pourraient-ils
bien porter ombrage, lorsque tout au con-
traire la seule œuvre qu'ils poursuivent
est une œuvre de paix et de concorde
sociale !
Eh ! oui, voilà un beau langage ; mais
en ce monde les paroles ne sont pas tout :
il faut regarder aussi aux actes. C'est
même l'Evangile qui nous a donné le sage
avis de juger les arbres d'après leurs
fruits. Or, au moment même où M. Frep-
pel prononçait à Angers ce bruyant dis-
cours, paraissait à Paris, à la librairie
Sandoz et Fischbacher, un peut livre des
plus curieux intitulé : Y Œuvre de Jésus
ouvrier, avec ce sous-titre : les Cercles
catholiques — origine — organisation
- action. J'exhorte fort les personnes qui
voudront se renseigner sur la valeur des
déclarations de M. Freppel à prendre la
peine de lire ce petit volume.
A vrai dire, les révélations qu'il con-
tient ne sont pas tout à fait nouvelles.
L'auteur les avait déjà publiées dans
deux articles adressés il y a quelques
mois à la Revue de Lausanne, et elles
firent grand bruit au moment de leur ap-
parition. Mais l'auteur a tenu à reprendre
et à coordonner son travail en l'enrichis-
sant de quelques découvertes nouvelles.
Il y a joint une série de pièces justifica-
tives qui ne sont pas la partie du livre la
moins instructive. Tous ces documents
sont pris à des sources authentiques et
officielles, et pour chacun l'origine est
indiquée. Ceux qu'ils gêneraient et qui
voudraient pouvoir les contester feront
bien de renoncer à l'entreprise.
Je reviendrai, quelqu'un de ces jours,
sur ce livre, qui en vaut la peine. Tout
ce que j'en veux dire aujourd'hui, c'est
que l'œuvre des cercles catholiques est
organisée avec cette science et cet es-
prit pratique qui n'est pas la moindre
force des âmes toutes préoccupées du ciel
et indifférentes aux choses de ce monde.
Du haut en bas une savante hiérarchie
conduit tout, dirige tout,de façon à mettre
les individus entièrement en la main du
chef qui reçoit de Rome le mot d'ordre.
Il n'est nulle part des régiments plus ad-
mirablement disciplinés. Tout est cal-
culé pour briser les volontés individuel-
les et rendre les résistances impossibles.
La domination même sait se faire douce
pour rendre son action plus sûre. On es-
saie de prendre l'ouvrier par le bien-être,
par le plaisir, de façojn qu'au jour donné
il accepte sans hésiter le bulletin de vote
qu'on lui mettra dans la main. Si l'œu-
vre des Cercles catholiques réussissait;
nous aurions bientôt, dans la société laï-
que, un « ordre» véritable dont l'action ne
serait ni moins régulière ni moins sûre que
celle de la compagnie de Jésus. La seule
chose douteuse heureusement, c'est que
l'œuvre réussise jamais, malgré la peine
qu'on se donne et l'argent que l'on y
dépense. Nos ouvriers aiment à rester
leurs maîtres, à garder le droit d'agir et
de penser comme ils veulent ; on a beau
leur montrer des cages dorées et pleines
de millet, ils préfèrent la liberté. On a
beau leur crier : Petit ! petit ! Ils voient
le grand couteau à la ceinture du cuisi-
nier et cela les tient en garde. On n'en-
régimentera pas au service de la contre-
Révolution ceux que la Révolution a
affranchis.
CHARLES BIGOT.
INSURRECTION A CABOUL
Dépêche officielle du vice-roi de l'Inde :
7 septembre.
Pas de nouvelles fraîches de Caboul. Les
rapports d'hier d'Ali-Kheyl annoncent que
Shutargardan et le pays environnant sont
tranquilles et la route lipre.
Voici ce que nous avons reçu d'Ali-Kheyl,
en fait de détails sur la catastrophe, par mes-
sage en date du 6 :
« Les récits antérieurs du désastre sont con-
firmés. L'auteur du message raconte la visite
de Badhah-Khan sur le théâtre des désor-
dres. Il a vu les cadavres de l'envoyé, des
membres de l'état-major et des hommes de
l'escorte. De ces derniers, neuf, partis pour
faire du fourrage, ont échappé à la mort. La
défense a été héroïque, et la perte des insur-
gés énorme, on l'estime à plus de cent morts.
Les insurgés ne pouvant venir à bout d'em-
porter la place ont mis le feu à la porte, et
lorsqu'elle fut consumée, ils se sont rués à
l'étage supérieur, où ils ont accablé sous leur
nombre les malheureux défenseurs, et ils ont
tout saccagé ensuite. L'émir réclame des se-
secours, et Badhah-Khan manifeste un vif dé-
sir de se joindre à nous. »
Dépêche du Times :
Trois régiments afghans mutinés ont quitté,
dit-on, la ville de Caboul.
L'altitude des tribus de la frontière n'est
pas défavorable quant à présent.
Dans les cercles officiels ou soupçonne
Eyoub-Khan et d'autres chefs d'avoir fomenté
la révolte de Caboul.
Le vice-roi a télégraphié à Londres pour de-
mander que sir G.-P. Conolly, actuellement
chef d'état-major de sir Garnet Wolseley dans
l'Afrique australe, reprenne ses anciennes.
fonctions de secrétaire particulier de Son Ex-
cellence.
Une dépêche de Simla, 8 septembre, pu-
bliée par le Daily Telegraph, assure que la
villé de Caboul a été pillée par la populace et
par les soldats insurgés.
On craint que l'émir, afin de sauver sa vie,
ne se soit mis avec les insurgés.
Par suite de l'absence des moyens de
transport, il est impossible & l'armée an-
glaise de se mettre immédiatement en mar-
che our Caboul. ---
Une dépêche d Allahabad. - par le
, , eeue par le
Daily News, annonce (Ptot6 le gouverneur af-
ghan à Hérat a ÇQU assistance à l'émir.
1
Le Daily News a reçu le télégramme sui..
vant :
Mlahab, par Téhéran, 8 septembre,
9 heures du matin.
Divers messagers venus de Caboul sont ar-
rivés à AU-Khevl; quelques-uns ont vu les
corps des membres de la mission anglaise et
de leur suite. Neuf sovars, appartenant à l'es-
corte, ont pu s'échapper. Le personnel de
l'ambassade a fait une résistance opiniâtre. Les
émeutiers ont fini par incendier la porte et
par envahiq les bâtiments.
Toute la ville paraît être en état d'insurrec-
tion.
Le régiment qui s'est révolté le premier
était de Hérat. On avait eu l'imprudence de
l'amener dans la capitale. Il avait donné
beaucoup de fil à retordre, et l'émir voulait
le transférer dans le Turkestan ; mais les
hommes refusaient de marche. On a com-
mis une faute sensible en les admettant dans
la citadelle, quoique sans armes.
Simila, 7 septembre.
Le'gouverneur de Candahar a exprimé au
gouvernement anglais son dévouement ab-
solu.
Il a offert d'enrôler des troupes parmi la
tribu des Dovanis.
LES OFFICIERS TERRITORIAUX
A la suite des appels de l'armée territo-
riale en 1878 et en 1879, M. le ministre de
la guerre s'est fait rendre compte par les
généraux commandants de corps d'armée
du degré d'instruction des officiers de nos
régiments territoriaux. Il aurait été frappf,
paraît-il, de l'insuffisance dûment consta-
tée d'un assez grand nombre d'officiers de
différents grades et serait vivement préoc-
cupé de rechercher les mesures propres à
porter remède à un état de choses aussi
regrettable.
Le moyen le plus efficace qui s'imposait
au ministre en pareille circonstance était
d'obliger à un stage dans un régiment de
l'armée active les officiers signalés comme
ayant besoin de compléter, leur instruc-
tion .militaire. C'est, en effet, à ce
moyen qu'il s'est arrêté, et le Parlement,
entrant dans ses vues, a mis à sa disposi-
tion, par la loi du 25 juillet, les crédita
nécessaires au paiement de la solde de3
officiers qu'il y aura lieu de convoquer.
Une circulaire assez récente détermine
dans quelles proportions devront être fai-
tes les convocations individuelles pour
rester dans les limites des crédits alloués.
La dépense prévae sera répartie de la
façon suivante sur les 145 régiments ter-
ritoriaux d'infanterie :
15 stages de chefs de bataillon; 90 sta-
ges de capitaines; 150 de lieutenants; 380
de sous-lieutenants : au total 635, soit
pour chacun des 18 corps d'armée de l'in-
térieur :
thel de bataillon, 1; capitaines, 5; lieu-
tenants, 8 ; sous-lieutenants, 20.
Il va sans dire que « Yobligation de faire
» le stage ne saurait avoir un caractère fa-
» cultatif, au moins pour ceux qui se sont
» montrés le plus insuffisants,» C'est la cir-
culaire ministérielle qui parle, et je suis
bien désolé, d'avouer que ce langage me
semble aussi incorrect qu'indécis. Qu'est-
ce qu'une obligation qui n'a pas un-carac-
tère facultatif ? Qu'est-ce encore que cette
restriction apportée par le dernier membre
de phrase ? Ne pourra-t-on donc jamais
s habituer au ministère de la guerre à
donner des ordres précis? Je ne veux
point ergoter sur les mots ; mais, en vé-
rité, il n'y a,pas à complimenter le rédac-
teur de ce document. Je reprochais der-
nièrement aux circulaires ministérielles
de présenter toujours une lacune qui per-
met toutes sortes d'interprétations.
Dans le cas présent, la prose ministé-
rielle pèche par l'excès contraire. Si la.
circulaire eût dit tout simplement : « La
stage est obligatoire pour les officiers ju-
gés insuffisants d'après leurs notes, » c'é-
tait clair, et, mon Dieu, bien assez admi-
nistratif, allez !
Le document qui nous occupe a pris
d'wlleurs à tâche d'atténuer autant que
possible les inconvénients que pourrait
entraîner ce stage obligatoire. La période
d instruction devra être accomplie d'ici au
31 décembre 1879 ; mais « les intéressés
» seront consultés sur le moment qu'ils
» jugeront le plus favorable au point de
» vue de leurs intérêts privés. » C'est fort
bien, et le ministre avait à prévoir en gé-
néral certaines éventualités dont il y aura
à tenir compte. Mais il eut dû, je crois,
fixer une date uniforme pour les convoca-
tions à faire, sauf à autoriser exceptionnel-
ement les officiers qui en eussent fait
la demande à différer ou avancer l'époque
de leur stage. ,
Cette date est tout indiquée ; c'est celle
de l'arrivée des recrues dans les régiments
d'infanterie. A ce moment, l'instruction
de détail commence pour les soldats de la
nouvelle levée ; pour les nouveaux pro-
mus, officiers et sous-officiers, c'est tout
justement une excellente occasion de met-
tre en pratique les principes théoriques
qu'on leur a enseignés et de faire leur ap-
prentissage d'instructeurs.
Cela est si vrai que le ministre de la
guerre vient de décider, il y a quelques
jours, que uorenavant les jeunes officiers
sortant de l'Ecole spéciale seraient rappe-
lés dans leurs régiments respectifs le i e
novembre pour pouvoir prendre part à la
reprise de l'instruction. C'est pour la même
raison que ces mêmes officiers sont en
règle générale plus spécialement attachés
aux classes des recrues.
S'il m'était permis de donner un bon
avis aux officiers territoriaux qui me font
l'honneur de me lire, je leur conseillerais
- puisqu'ils sont libres de désigner leur
jour, — de choisir de leur plein gré la
première quinzaine du mois de novembre
Cest le vrai moment pour connaître à
fond une foule de choses qu'on n'appren-
dra ni dan les livres, ni dans les cours, ni
dans les conférences. Ils verront, par
exemple qu'ils auront sous leurs yeux du
-- - - -
matin au soir, comment il faut savoir com-
mander ^ltr se faire obéir ; comment il
Rejoindre la fermeté à la bienveillance
sans aller jusqu a la sévérité rigoureuse,
sans laisser croire à la faiblesse. Ils appren-'
dront, à ce moment mieux qu'à tout au-
tre, par quels procédés un chef militera
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