Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-09-02
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 02 septembre 1879 02 septembre 1879
Description : 1879/09/02 (A9,N2810). 1879/09/02 (A9,N2810).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
^'eûvième.Année.— N* 5810 Prix du Numéro à Paris H 5 ceiitimes,- Départenients , 20 centimes Mardi 2 Septembre 1879
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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6, Place de la Bourse, 6
iLEGTiONSJW 51 AOUT
PREMIÈRE CIRCONSCRIPTION BORDEAUX.
;
Voici les résultats comDle quf nous
sont transmis par dépêche: {,
Bordeaux, SJLàoût.
Résultat du scrutin pour l'élection d'un
député :
Inscrits : 24,149
Votants : 7,399
MM. Blanqui. 3,929 voix
Achard. 1,852
Métadier. i,374
Bulletins nuls. 244
-- ,
u y a nanottage.
Aucun incident.
Au scrutin du 20 avril les résultats
avaient été les suivants :
Inscrits : 24,149
Votants: 12,332
MM. Blanqui. 6,796 voix
Lavertnjon. 5,330
Enfin au premier tour de scrutin (5 avril)
les suffrages s'étaient ainsi répartis :
MM. Lavertujon, 4,665 voix; Blanqui,
3,673 ; Métadier, 1,674 ; 0. Bernard, 1,564.
BULLETIN
Paris, 1er septembre 1879.
Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié trois décrets portant nominations de
magistrats dans les cours et tribunaux,
dans les tribunaux d'Algérie et dans les
justices de paix de France et d'Algérie.
La commission autrichienne chargée de
se concerter avec les autorités turques re-
lativement aux points que devront occu-
per les troupes austro-hongroises dans le
sandjak de Novi-Bazar a passé hier la fron-
tière. On affirme toujours que l'entrée des
troupes aura lieu le 8 septembre.
Le prince du Montenegro doit se rendre
prochainement à Vienne. Le Fremdenblatt
fait ressortir la signification de ce voya-
ge. Cette visite prouve, selon la feuille offi-
cieuse, que même là où pendant longtemps
l'influence russe a été considérée comme
seule décisive et invincible une apprécia-
tion plus juste de la situation créée par le
traité de Berlin commence à se faire valoir
et qu'on apprécie mieux qu'autrefois la
valeur de l'amitié de l'Autriche. Quant à
l'Autriche-Hongrie, elle ne demanderait
ni au Montenegro ni à aucun autre Etat
de la péninsule des Balkans de faire le ser-
vice de vassal ; elle demanderait seule-
ment que ces Etats ne rendissent pas non
plus ces services à d'autres puissances. En
ceci les intérêts de la monarchie coïnci-
deraient parfaitement avec ceux de l'Eu-
rope, qui devrait désirer également que la
Russie ne s'établît ni sur les pentes des Bal-
kans ni sur la mer Egée ou la mer Adriati-
que. « Les principes de notre politique
extérieure, ainsi conclut le Fremdenblatt,
nous sont également prescrits vis-à-vis
des petits Etats voisins par le traité de
Berlin, et ce serait faire fausse route que
de négliger d'entretenir avec eux de bon-
nes relations ; cela signifierait : livrer à nos
rivaux les intérêts les plus essentiels. Heu-
reusement notre position est telle que
nous n'avons pas besoin de briguer l'a-
mitié des Etats en question. Nous pou-
vons attendre tranquillement que, recon-
naissant la valeur de notre amitié, ils bri-
guent notre alliance; mais il est aussi
dans l'intérêt de la monarchie de ne pas
repousser la main qu'on nous tend. »
On mande de Constantinople que l'éla-
boration des règlements prévus par l'arti-
cle 23 du traité de Berlin est terminée.
Ces règlements seront soumis aux con-
seils administratifs des provinces après
leur approbation par la commission euro-
péenne de la Roumélie, et seront immé-
diatement appliqués.
<' 8 BARBIM.
r •
--.BouJ."se de Paris
PETITE BOURSE DU son
50/0. 116 fr. 85, 83 3/4, 85.
Egypte 6 OlO 233 fr. 75.
Hongrois "78 fr. 7/8.
Florins 69 fr. i/4.
————— ——————
LES INTÉRÊTS ANGLAIS
M. Gladstone, avons-nous dit dans un
précédent article, accuse le cabinet Bea-
consfield d'avoir sacrifié les nobles tra-
ditions de la politique anglaise à « un
égoïsme malsain », de n'avoir plus, en
un mot, qu'un but, qu'une devise : la
satisfaction des intérêts anglais.
Nous avions toujours cru, nous l'a-
vouons en toute sincérité, que les inté-
rêts anglais avaient, de temps immémo-
rial, constitué la préoccupation unique,
poussée parfois jusqu'à l'égoïsme le plus
éhonté, des hommes d'Etat chargés de
diriger la politique extérieure de l'Angle-
terre. Et, pour ne pas nous reporter à un
temps trop éloigné et pour ne citer qu'un
exemple, nous pensions au malheureux
Danemark, que, malgré les nobles tra-
ditions de sa politique et en dépit de
certaines promesses, l'Angleterre avait
tranquillement laissé égorger.
Il ne fallait donc rien moins que les
assurances d'un orateur aussi illustre,
d'un homme d'Etat aussi éminent que
M. Gladstone, pour nous ouvrir les yeux,
pour nous faire rougir de nos opinions
erronées, pour nous faire comprendre que
« l'égoïsme malsain» est un produit tout
nouveau de la politique anglaise. Mais,
à tout prendre, était-ce bien à M. Glads-
tone qu'il appartenait d'adresser ce re-
proche à un ministre quelconque ? N'a-t-
il pas prêché d'exemple ? A-t-il donc ou-
blié qu'il est le représentant le plus il-
lustre d'un parti ou plutôt d'une école
qui a élevé à la hauteur d'un dogme le
principe de la paix à tout prix et celui
de la non-intervention, ces deux formes
les plus absolues de l'égoïsme natio-
nal? A-t-il donc oublié qu'il était premier
ministre lors de la guerre franco-alle-
mande et qu'il s'est empressé, au nom
du principe de la non-intervention, non-
seulement de proclamer la neutralité
de l'Angleterre — nous ne saurions l'en
blâmer — mais aussi d'organiser contre
nous la ligue des neutres? N'était-ce pas
là de l'égoïsme au premier chef et plus
que de l'égoïsme malsain, de l'égoïsme
bête, car, sans se demander un seul in-
stant quelles seraient les conséquences
probables de la terrible lutte engagée, il
n'avait qu'un but, qu'une préoccupation,
faire profiter son pays de la ruine du com-
merce et de l'industrie de la France ? Le
châtiment, il est vrai, ne s'est pas fait at-
tendre, car, la France sitôt vaincue, M.
Gladstone s'est vu forcé de renoncer aux
résultats de la guerre de Crimée, de dé-
chirer de ses propres mains le traité de
4856, scellé du sang des plus nobles et
des plus braves enfants de l'Angle-
terre.
Il est donc au moins singulier d'enten-
dre M. Gladstone parler d'égoïsme mal-
sain, de le voir reprocher à un ministre
d'avoir pris pour mot d'ordre « la satis-
faction des intérêts anglais ». Mais là
n'est pas la question. L'accusation est
portée et, de quelque part qu'elle vienne,
il faudra bien que le parti conservateur
se défende devant les électeurs aux pro-
chaines élections générales. Deux ques-
tions principales se poseront sans doute :
le cabinet a-t-il eu raison de prendre la
défense des intérêts anglais ? Sur ce
point il n'y aura et il ne peut y avoir au-
cune discussion. Mais, a-t-il suffisamment
pris la défense de ces intérêts, et les ré-
sultats sont-ils proportionnés aux efforts?
C'est ce qu'il importe d'examiner.
Les Anglais, éminemment pratiques,
se placent pour envisager les affaires du
pays au même point de vue que lorsqu'il
s'agit de leurs affaires commerciales ou
industrielles. Ils traitent le tout par doit
et avoir. Et, s'ils sont disposés à pla-
cer libéralement à la disposition de
leurs hommes d'Etat les fonds et les for-
ces nécessaires pour diriger les affaires
du pays tant à l'intérieur qu'à l'extérieur,
ils se réservent d'éplucher les comp-
tes qui leur sont soumis, et ils s'at-
tendent dans toutes les circonstances à
en avoir pour leur argent, si on veut bien
nous passer cette expression. Ce même
esprit pratique les pousse à ne tenir guère
compte que des résultats tangibles et ils
s'inquiètent assez peu de tout le reste.
Quant aux moyens, peu leur importe,
pourvu que l'opération se solde par un
bénéfice.
Or, voyons quel est le bilan des gran-
des opérations extérieures entreprises par
le ministère actuel.
Tout d'abord la question d'Orient. C'est
la première en date, et c'est de beaucoup
aussi la plus importante et par les dé-
veloppements qu'elle a pris et par les
conséquences qu'elle peut avoir.
Le traité de Paris, conclu à l'issue de
la guerre de Crimée, avait placé l'indé-
pendance et l'intégrité de la Turquie sous
la garantie des grandes puissances si-
gnataires du traité. Chacun des Etats
s'engageait à faire une question euro-
péenne de tout ce qui lui semblerait de-
voir porter atteinte à cette indépendance.
On sait ce qu'il advint de ce traité, modi-
fié déjà par la convention de Londres en
1871, lorsque fut définitivement conclue
l'alliance des trois empereurs. Un des
premiers soins des nouveaux alliés fut de
résoudre à leur profit la question d'Orient,
sans s'occuper autrement de L'opinion des
autres puissances. Le mémorandum de
Berlin, longue énumération de leurs
griefs contre la Turquie, exposait en
même temps le remède qu'ils comptaient
appliquer. L'Angleterre refusa son adhé-
sion au mémorandum, mais sans prendre
immédiatement position, c'est-à-dire
sans exiger, comme elle aurait pu et
comme elle aurait dû le faire, le traité
de 1856 à la main, que cette mise
en demeure adressée à la Turquie fût
élaborée de concert par les représen-
tants de toutes les puissances. Si, au
lieu d'hésiter comme il l'a fait si long-
temps, le cabinet de Saint-James s'était
placé de suite sur ce terrain, il est pro-
bable que la guerre russo-turque eut été
évitée. Il est juste d'ajouter que la France
et l'Italie avaient donné leur adhésion au
mémorandum, et que l'Angleterre se
trouvait isolée. A cela rien d'étonnant,
d'ailleurs, car le duc Decazes était alors
chargé de nos relations extérieures.
On sait les développements que prit
ensuite la question d'Orient. Le minis-
tère anglais, tiraillé en tout sens, hési-
tant toujours, sembla avoir complète-
ment oublié les traditions de la politique
anglaise, et ne fit rien pour défendre son
ancien allié. Il ne se réveilla que le jour
où les troupes russes campèrent sous
les murs de Constantinople, et alors la
flotte anglaise pénétra dans les Darda-
nelles.
Nous n'avons certes pas l'intention de
faire l'historique des longues négocia-
tions qui ont précédé le congrès de Ber-
lin ; un simple résumé nous entraînerait
beaucoup trop loin. Nous ne nous deman-
derons pas, comme l'a fait M. Gladstone,
si le cabinet Beaconsfield a bien ou mal
fait de s'entendre d'un côté avec la
Russie, de l'autre avec la Turquie, avant
de se rendre au congrès. Tout cela im-
porte peu et les électeurs ne s'en occu-
peront guère ; ils se demanderont seu-
lement quels sont les résultats acquis.
Or, ces résultats, quels sont-ils ?
Il s'agissait d'abord de modérer les exi-
gences de la Russie, tout eu lui faisant
la part à laquelle ses conquêtes lui don-
naient* droit ; il fallait sauvegarder l'in-
dépendance de la Turquie et la mettre à
même de défendre les provinces qui lui
restent en Europe, et surtout mettre la
capitale à l'abri d'un coup demain ; il fal-
lait enfin donner satisfaction aux justes
réclamations des nationalités si long-
temps opprimées et qui déclaraient ne
pas vouloir retomber sous le joug du sul-
tan.
* Lord Beaconsfield, pour résoudre ces
divers problèmes, consentit à rendre la
Bessarabie à la Russie en échange de la
Dobrudja, etstipula qu'aucune autre ces-
sion territoriale ne pourrait lui être
faite qu'en Asie ; il partagea en deux
tronçons la grande Bulgarie du traité
de San Stefano et réserva à la Tur-
quie la possession des forteresses des
Balkans. Enfin, il obligea la Turquie
à prendre l'engagement d'opérer de nou-
velles réformes.
Nous.avons déjà dit ce qu'il était ad-
venu de ces stipulations. La Roumélie
orientale, ce boulevard que lord Beacons-
field avait cru opposer aux ennemis de
la Turquie, forme tout simplement l'a-
vant-garde des envahisseurs. Quant aux
forteresses des Balkans, le sultan ne
songe même plus à les occuper, car il
sait que cette occupation serait le si-
gnal d'un soulèvement général.
Mais, en admettant même que le traité
de Berlin eût été exécuté absolument
dans le sens où l'entendait lord Beacons-
field, il n'y avait là aucun de ces résul-
tats, aucun de ces bénéfices tangibles que
les Anglais exigent en retour de leur ar-
gent. Lord Beaconsfield le comprit si bien
qu'il s'empara de l'île de Chypre.
On se rappelle les transports de joie
qui accueillirent la publication de la con-
vention anglo-turque. Cet enthousiasme
s'est bien refroidi depuis et on se de-
mande, depuis longtemps déjà, si l'île de
Chypre vaut les quelques centaines de
millions qu'on a engloutis dans cette af-
faire.
Nous craignons pour lord Beaconsfield
que les électeurs ne répondent sur ce
point par la négative. E. BARBIER.
E. BARBIER.
————— —————
Nous lisons dans F Ordre :
Hier, en même temps que nous nous décla-
rions autorisés à démentir de nouveau la con-
versation attribuée au Prince Napoléon par le
Figaro,nous reproduisions loyalement l'article
de ce journal relatif à la première note que
nous avions publiée l'avant-veille sur le même
sujet.
Ce matin, le Figaro néglige de reproduire
et même de mentionner notre déclaration
d'hier. Il y a là un procédé que nous nous abs-
tiendrons de qualifier et que tout le monde
appréciera.
Encore une fois, malgré les habiletés étran-
ges et les tentatives d'intimidation — décidé-
ment très suspectes — auxquelles le Figaro a
recours pour dénaturer le caractère de la
question, elle est très simple et se réduit à un
fait matériel auquel-la politique n'a rien à
voir.
Oui ou non, la conversation dont il s'agit a-
t-elle été tenue ?
Le Figaro, à la fin de quelques lignes con-
sacréesexclusivement à l'incident du Gaulois,
persiste aujourd'hui à dire : Oui.
Nous sommes formellement AUTORISÉS PAR
LE PRINCE NAPOLÉON à répéter ; Non.
Est-ce clair ?
.—————————— 01 -
TtIT DO\C ! FHAPPFZ !
Tôt donc, frappez, disait l'huissier des
Plaideurs, j'ai quatre enfants à nourrir.
Ce vers m'est remonté à la mémoire
comme je lisais une lettre qui me mettait
au courant des hauts faits du conseil gé-
néral du Pas-de-Calais.
Le Pas-de-Calais est un de nos dépar-
tements les plus bonapartistes. Il est
tout naturel que le conseil général soit
composé de réactionnaires. Ces mes-
sieurs, à la session d'avril, n'ont pas
manqué de se prononcer nettement con-
tre les lois Ferry. Rien d'étonnant à cela.
Ils voulurent en août marquer cette fois
leur mécontentement d'une façon plus
éclatante. Il n'y avait plus moyen de s'en
prendre à ces maudites lois ; on les avait
déjà « anathématisées » une première
fois. On résolut de frapper sur tous les
fonctionnaires qui relèvent par quelque
côté que ce soit du ministère de l'instruc-
tion publique.
Et d'abord—à tout seigneur, tout hon-
neur , on commença par le préfet lui-
même. On lui retira une allocation de
mille francs, qui était portée au budget
sous cette rubrique : Pour chauffage et
éclairage.
Il est vrai que ces mille francs n'a-
vaient jamais eu depuis bien des années
d'autre destination que de payer le chauf-
fage et l'éclairage de la loge du con-
cierge et des soldats du corps de garde
attenant à la préfecture. Le concierge
soufflera désormais dans ses doigts, et
les soldats du corps de garde monteront,
comme l'illustre Cadet-Rousselle, se cou-
cher sans chandelle. Voilà qui apprendra
au préfet à nommer des instituteurs ré-
publicains.
Quidquid délirant reges, plectuntur Achivi.
Le secrétaire général s'est vu rogner
1,500 francs, l'inspecteur d'académie
1,000. Des gros fonctionnaires, on est
passé aux petits. Les inspecteurs primai-
res, ces humbles et honorables fonction-
naires, qui' sont si peu payés, dont le
budget s'équilibre avec tant de peine,
surtout dans un département où la vie
est si chère et la tâche si lourde, ces pau-
vres gens vont perdre en moyenne UN
QUART de ce qu'ils avaient légitimement
le droit de considérer comme un revenu
acquis, en se reportant aux décisions an-
térieures du conseil général.
Ces allocations supplémentaires, que
le conseil avait votées jusqu'alors, il les
avait toujours regardées comme néces-
saires; son intention, en les votant, avait
été d'attirer dans le département, par
l'appât d'un traitement plus considé-
rable, des fonctionnaires expérimentés.
Les fonctionnaires expérimentés sont ve-
nus ; et ils vont faire cette année une
assez triste expérience de ce que vaut la
parole des conseillers généraux du Pas-
de-Calais.
En vain, le préfet a-t-il essayé dans un
discours excellent de défendre ses fonc-
tionnaires: «Vous frappez les grands, leur
a-t-il dit ; soit, je le comprends et ils e
comprennent. Comme ils ont l'initiative,
ils ont aussi la responsabilité. Frappez-
les ; ils ne s'en plaindront pas ; et cette
façon de récompenser leurs services ne
les empêchera pas de faire jusqu'au bout
tout leur devoir. Mais les inspecteurs pri-
maires, ce sont, eux, des petits, des hum-
bles, pour qui l'obéissance est la premÍt-
re des obligations. Ils ne sont pour rien
dans la lutte qu'il vous plaît d'engager
avec le ministre de l'instruction publique.
C'est le ministre que vous prétendez at-
teindre, et les coups tombent sur le dos
de ces malheureux, qui n'en peuvent
mais. Il serait plus humain, il serait
plus juste de les épargner. »
Ces messieurs n'ont voulu entendre à.
rien. Une passion, la plus intraitable, Itt
plus féroce, la plus aveugle de toutes les
passions, la passion cléricale, les empor-
tait. -
Mais patience 1 lis ont fait là à la cause
qu'ils servent des ennemis implacables
et qui leur revaudront ce stupide et inju-
rieux camouflet. Ils croient pouvoir im-
punément se jouer de ces petites gens.
Mais on a souvent besoin, comme dit le
fabuliste, d'un plus petit que soi. Ce sont
les petits, les faibles, les humbles, qui
ont le plus d'action sur le suffrage uni-
versel.
Nous comptons bien que ces honnêtes
et loyaux serviteurs de l'Université, ainsi
maltraités et vilipendés par les soute-
neurs du parti clérical, ne les ménageront
pas à leur tour, et lui rendront fèves pour
pois et pain blanc pour fouace.
Ah ! ces messieurs frappent à tort et a
travers !
Tôt donc, frappez! la libre-pensée a
besoin de défenseurs! La République ré-
clame des soldats.
Vous lui en donnez de nouveaux ! Vous
remettez du cœur au ventre des hési-
tants !
FRANCISQUE SARCEY.
-——————————— 10 ———————————
INFORMATIONS
M. le ministre de la guerre et M. le mi-
nistre de l'agriculture et du commerce
doivent se rendre officiellement à Cher-
bourg samedi prochain, 6 septembre, pour
y séjourner jusqu'au lundi suivant.
M. Lepère, ministre de l'intérieur, écrit
au maire de Montbéliard qu'il ira assister,
dans cette ville, à l'inauguration de la sta-
tue de Denfert-Rochereau.
M. Paul Cotte, député du Var, adresse la
lettre suivante au PetitMarseillais :
Salerne, le 26 août 1879.
Monsieur,
J'ai lu dans le Petit Marseillais du 22 août,
sous la rubrique de Paris :
« J'apprends de source certaine que M. Paul
Cotte, député de Draguignan (Var), donnera,
à la rentrée des Chambres, sa démission, afin
de permettre à M. Henri de Rochefort de sa
présenter dans son arrondissement. »
Votre correspondant croit pouvoir garanttr
l'authenticité de votre nouvelle dans le nu-
méro du 25.
J'ai l'honneur de vous informer, monsieur,
que je n'ai pas l'intention de me démettre de
mon mandat de député.
Je vous prie, monsieur, de vouloir bieniu-
sérer ces quelques mots dans un de vos pro-
chains numéros.
Agréez, etc. p. COTTE.
L'agence Havas reçoit le télégramme sui-
vant, daté de Port-Vendras 30 août:
« Le Var, ayant dû attendre des ins-
Feuilleton du XIXe SIÈCLE
Du 2 Septembre 1879.
CAUSERIE
DRAMATIQUE
Réouverture de divers théâtres. - Ambigu-
Comique: Reprise de Y Assommoir. — Bi-
bliographie.
'Les réouvertures des théâtres se sont
faites toutes d'un coup, ou à peu près.
Mais elles n'ont été l'occasion d'aucune
surprise pour nous. Les théâtres ont sim-
plement repris la suite des représenta-
tions interrompues par l'été ; comme dans
le château de la Belle au bois dormant,
au coup de baguette du chef d'orchestre,
les mêmes flons-flons, les mêmes tira-
des ont recommencé. Il y a maintenant
certaines pièces qui tendent à devenir
des spectacles fixes, comme le diorama.
Le Droit du Seigneur aux Fantai-
sies-Parisiennes , les éternelles Cloches
de Corneville aux Folies-Dramatiques
sont de ceux-là. A l'Odéon, on a repris
le Voyage deM. Perrichon, qui, au moins,
à pour lui d'être un petit chef-d'œuvre.
Au Palais-Royal, M. Geoffroy est rentré
dans la Grammaire st le Revezllon, deux
œuvres charmantes, dont la seconde,
avant de tourner à une gaie bouffonne-
rie, contient une scène de comédie admi-
rable. Je ne sais rien qui soit d'une ma-
lice plus charmante que le récit de ce
bon bourgeois cité en simple police pour
un délit léger et qui se trouve en face
d'un substitut, son ami et son partner au
whist, ce qui n'empêche pas ledit sub-
stitut de l'accuser de « vouloir placer la
pyramide sociale sur la pointe ! » Au
théâtre des Nations, c'est Notre-Dame de
Pans qui continue son succès de l'hiver.
Le directeur du théâtre, avec une bonne
grâce qui n'est pas sans quelque mélan-
colie, a avisé la presse qu'on ne lui ferait
pas de service, mais qu'on ne iefuserait
pas un billet aux critiques « conscien-
cieux » qui tiendraient à voir la reprise.
Enfin, à l'Ambigu, Y Assommoir a re-
paru.
Il n'est nécessaire de s'arrêter, je crois,
que sur cette dernière reprise. La pièce,
en effet, m'a paru très-renouvelée et, en
tout cas, m'a causé une impression tout
autre que le soir de la première reorésenta-
tion. Ce soir-là, on s'attendait à Je ne sais
quoi de tumultueux, d'excessif, de vio-
lent. Il y avait en l'air comme des bruits
précurseurs d'un orage et d'une grande
bataille littéraire. L'œuvre bénéficia sen-
siblement de cette disposition des esprits.
Comme on redoutait quelque énormité,
et qu'on se trouvait en réalité en pré-
sence d'un mélodrame populaire habile-
ment troussé, servi par une bonne mise
en scène et par des comédiens fort adroits,
le retournement se fit dans les esprits
avec une certaine force et le succès fut
grand. Aujourd'hui, en voyant la pièce
sans aucune excitation préalable, comme
la reprise des Nuits de Paris ou de quel-
que autre drame à tableaux, on la trouve
un peu longue. La fatigue était visible
vers les derniers actes, et quelques spec-
tateurs sont partis sans attendre que la
grande Virginie eût reçu le châtiment
qu'elle avait si. bien mérité.
L'Assommoir, on le sait, vient de faire
le tour de la province et même de l'étran-
ger. La pièce a eu la même fortune que
le roman, qu'on a traduit dans toutes
les langues, même dans la langue de
Sophocle. Je me demande, en passant,
comment on a pu s'y prendre en grec
pour faire dire à Mes-Bottes : « J'ai la
tierce major dans l'herbe à la vache et le
point dans les vitriers. » Cela doit être
fort curieux. Mais, sans poursuivre ces
problèmes de linguistique, il faut con-
stater que la pièce est revenue modi-
fiée de son tour de France. L'élément
comique s'y est développé ; le rôle épiso-
dique de Mes-Bottes, qui est absolument
en dekors de l'action à laquelle il ne sert
pas, est devenu le premier rôle ou peu
s'en faut. Un acteur vraiment gai, M.
Dailly, l'a agrémenté de nombreuses cas-
cades et de pantomimes variées. Ce qu'il
lève de fois la jambe au cours de la
soirée est incroyable : peut-être même
y a-t-il excès. Ce versement d'un mélo-
drame noir dans le comique est une
chose assez ordinaire au théâtre. Ce fut
le cas de Y Auberge des Adrets et de Ro-
bert Macaire créé par Frédérick. M.Dail-
ly , avec ses acolytes Bibi-la-Grillade
et Bec-Salé, a définitivement consti-
tué un groupe amusant, dans le genre
de celui de Fouinard et de Choppart, dit
l'Aimable, dans le Courrierde Lyon. Ces
groupes réussissent toujours bien, par-
ce qu'ils donnent une sorte de thème à la
fantaisie des acteurs. Je n'ai pas le texte
de l'Assommoir sous les yeux ; mais il me
semble bien que le trio dont je parle y a
ajouté pas mal de choses, qui ne sont
peut-être pas toutes très heureuses, mais
qui ont fait rire le public, dont les résis-
tances instinctives ont été vaincues par
l'adresse des arrangeurs du mélodrame
découpé dans Y Assommoir.
Le développement de la partie comi-
que, grâce à l'initiative d'un acteur qui a
l'oreille du public, a donné un intérêt à
la reprise. Elle en a tiré encore un autre
des débuts de M. Marais (de l'Odéon) dans
le rôle de Coupeau. Le rôle du zingueur
avait été créé avec beaucoup de talent
par M. Gil-Naza. Il devait le reprendre,
mais M. Gil-Naza, paraît-il, a disparu !
On prétend qu'une fantaisie de touriste,
queje comprends bien, l'avant jadis par-
tagée, l'a entraîné vers l'admirable pays
du Maroc, aux environs de Tanger.
L'heureux homme se promène par là,
côtoyant la mer d'un bleu d'indigo, le
long des falaises et des rochers blancs,
ou pénétrant, à travers les haies des cac-
tus et des figuiers, dans les prairies na-
turelles où l'herbe monte jusqu'au poi-
trail des chevaux. Je comprends que
cela vaille mieux que de faire semblant,
tous les soirs, de mourir dans une atta-
que de delirium tremens ! Mais aussi,
M. Gil Naza a un bon procès sur la plan-
che, pour le retour, et M. Marais a pris
son rôle. Ce jeune comédien, que nous
avions vu à l'Odéon jouer surtout cle na-
ture des rôles un peu étranges, a fait
preuve là de qualités de composition
qui sont le plus grand mérite de l'acteur.
Il a, grimé avec art, rendu sensible aux
yeux la décadence physique et morale de
Coupeau. Plein de bonne grâce aux pre-
miers actes, vrai ouvrier faubourien, gai,
bon garçon,avec une pointe de sentiment
de chanteur de romances, il devient ef-
frayant dans l'abrutissement de l'ivresse.
Je l'ai beaucoup aimé dans les pre-
miers actes. Quant à la scène de la bou-
teille, dont on fait le clou de la pièce,
c'est la plus facile à jouer,et elle n'exige,
pour ainsi dire, que des efforts physi-
ques. Je crois que c'est une de ces scènes
où tout comédien, sachant son métier,
réussira. Le génie serait d'empêcher
qu'elle ne devînt pénible pour le specta-
teur; et cela, ni M. Marais, ni M. Gil-
Naza, ne l'ont obtenu. Ce cabanon de
Bicêtre mis tout ouvert sous nos yeux
inspire plus de répugnance que d'intérêt
et l'effet obtenu est d'un art très secon-
daire. Puisque j'ai le loisir de m'étendre
sur l'interprétation de Y Assommoir, je
ferai une chicane à M. Marais. Dans ce
rôle plus encore que dans d'autres, bien
que le défaut m'ait déjà choqué, il sem-
ble qu'il ait deux voix à son service.
L'une, naturelle, mordante, avec un léger
accent parisien qui convient à merveille à
Coupeau; l'autre artificielle, sombrée,
avec un ressouvenir des façons de la tra-
gédie. Le passage entre ces deux regis-
tres est brusque, surprend, déroute l'au-
diteur. On dirait que l'acteur, comme
dans l'opera-comique, passe du dialo-
gue à la romance. Et sa voix de ro-
mance a quelque chose de prétentieux,
surtout quand il la pose, qui demande à
être corrigé. Je sais bien que dans le
drame, tout comme dans la tragédie, il
y a des choses « à effet» qui ne peuvent
pas être dites naturellement ; mais la
transition pourrait être mieux ménagée,
et le mensonge nécessaire de la décla-
mation serait moins choquant s'il écla-
tait avec moins de brusquerie.
Le reste de l'interprétation est à peu
près le même qu'à la création, et cette
inteprétation était remarquable. On n'est
pas plus. Lantier que Lantier. Le per-
sonnage du sergent de ville, mari ridi-
cule et tragique, est un peu poussé à la
charge; mais, en cela, il se met au ni-
veau du trio comique qni domine la nou-
velle pièce. Pour le reste, nous retrou-
vons les acteurs de la saison passée,
sauf Mlle Lina Munte qui est remplacée
dans le rôle de Virginie. La grande Vir-
ginie est jouée maintenant par Mlle Ga-
brielle Gautier, qui a si bien rendu ce
personnage antipathique qu'un specta-
teur naïf l'a appelée tout haut : « Sale
bête ! » Aucun compliment de notre part
ne saurait valoir, pour la charmante ac-
trice, ce cri sorti du cœur et parti du
poulailler !
La mise en scène de Y Assommoir, en-
core perfectionnée, est vraiment une des
plus réussies que j'aie vues depuis long-
temps. Je ne sais à qui doit aller le com-
pliment ; mais il y a certainement à l'Am-
bigu un homme du métier qui a beau-
coup de goût et d'ingéniosité. Pour mon
compte, j'ai au sujet de la mise en scène
des idées arriérées, ou du moins qui vont
contre les idées reçues aujourd'hui et la
pratique universelle. La perfection que
le théâtre apporte dans les tableaux
qu'il nous présente me paraît le con-
duire dans une voie fâcheuse, où le ca-
ractère, la passion et bientôt même l'a-
gencement des incidents seront oubliés
et sacrifiés à ce plaisir singulier qu'on
trouve à voir, représentés fidèlement sur
la scène, des spectacles qu'on rencontre
tous les jours sans y attacher les yeux.
La mise en scène de l'Opéra reste encore,
pour ainsi dire, idéale. Elle nous trans-
porte dans le passé ou dans des régions
rêvées ; elle nous arrache à la réalité. La
mise en scène jles théâtres de drame tend
de plus en plus à nous y replonger. L'ac-
cessoire risquedeprendrelepassurleprin-
cipal,et l'action, déjà noyée dans le décor,
finira par disparaître, à moins d'une ré-
action que j'espère encore. Il faut appli-
quer au théâtreune observation faite sou-
vent pour la peinture. Dans ce dernier
art,s'il est permis à l'artiste de se servir de
documents photographiques qu'il met en
œuvre, personne n'ignore qu'une photo-
graphie peinte fera toujours un mauvais
tableau. De même à la scène, trop de réa-
lité ne doit pas dominer l'action, ou le
théâtre tombera, du premier rang qu'il
occupe dans les lettres, à être un simple
spectacle de diorama.
Il y a vraiment dans Y Assommoir beau-
coup de scènes fort habilement condui-
tes. Le déjeuner de Coupeau, servi par
sa femme et par sa petite fille, est une de
ces peintures de sentiments simples qui
plaisent à nos esprits blasés et elle pré-
pare bien, par contraste, la catastrophe
de la chute. La façon dont le zingueur est
entraîné à boire par ses camarades, met-
tant en jeu l'amour-propre du buveur et
l'orgueil sot du mari, est encore une
observation juste. C'est un petit drame
dans le grand, une de ces pages comme
H. Monnier en a laissé quelques-unes, peu
nombreuses, mais parfaites. Malgré tous
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iLEGTiONSJW 51 AOUT
PREMIÈRE CIRCONSCRIPTION BORDEAUX.
;
Voici les résultats comDle quf nous
sont transmis par dépêche: {,
Bordeaux, SJLàoût.
Résultat du scrutin pour l'élection d'un
député :
Inscrits : 24,149
Votants : 7,399
MM. Blanqui. 3,929 voix
Achard. 1,852
Métadier. i,374
Bulletins nuls. 244
-- ,
u y a nanottage.
Aucun incident.
Au scrutin du 20 avril les résultats
avaient été les suivants :
Inscrits : 24,149
Votants: 12,332
MM. Blanqui. 6,796 voix
Lavertnjon. 5,330
Enfin au premier tour de scrutin (5 avril)
les suffrages s'étaient ainsi répartis :
MM. Lavertujon, 4,665 voix; Blanqui,
3,673 ; Métadier, 1,674 ; 0. Bernard, 1,564.
BULLETIN
Paris, 1er septembre 1879.
Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié trois décrets portant nominations de
magistrats dans les cours et tribunaux,
dans les tribunaux d'Algérie et dans les
justices de paix de France et d'Algérie.
La commission autrichienne chargée de
se concerter avec les autorités turques re-
lativement aux points que devront occu-
per les troupes austro-hongroises dans le
sandjak de Novi-Bazar a passé hier la fron-
tière. On affirme toujours que l'entrée des
troupes aura lieu le 8 septembre.
Le prince du Montenegro doit se rendre
prochainement à Vienne. Le Fremdenblatt
fait ressortir la signification de ce voya-
ge. Cette visite prouve, selon la feuille offi-
cieuse, que même là où pendant longtemps
l'influence russe a été considérée comme
seule décisive et invincible une apprécia-
tion plus juste de la situation créée par le
traité de Berlin commence à se faire valoir
et qu'on apprécie mieux qu'autrefois la
valeur de l'amitié de l'Autriche. Quant à
l'Autriche-Hongrie, elle ne demanderait
ni au Montenegro ni à aucun autre Etat
de la péninsule des Balkans de faire le ser-
vice de vassal ; elle demanderait seule-
ment que ces Etats ne rendissent pas non
plus ces services à d'autres puissances. En
ceci les intérêts de la monarchie coïnci-
deraient parfaitement avec ceux de l'Eu-
rope, qui devrait désirer également que la
Russie ne s'établît ni sur les pentes des Bal-
kans ni sur la mer Egée ou la mer Adriati-
que. « Les principes de notre politique
extérieure, ainsi conclut le Fremdenblatt,
nous sont également prescrits vis-à-vis
des petits Etats voisins par le traité de
Berlin, et ce serait faire fausse route que
de négliger d'entretenir avec eux de bon-
nes relations ; cela signifierait : livrer à nos
rivaux les intérêts les plus essentiels. Heu-
reusement notre position est telle que
nous n'avons pas besoin de briguer l'a-
mitié des Etats en question. Nous pou-
vons attendre tranquillement que, recon-
naissant la valeur de notre amitié, ils bri-
guent notre alliance; mais il est aussi
dans l'intérêt de la monarchie de ne pas
repousser la main qu'on nous tend. »
On mande de Constantinople que l'éla-
boration des règlements prévus par l'arti-
cle 23 du traité de Berlin est terminée.
Ces règlements seront soumis aux con-
seils administratifs des provinces après
leur approbation par la commission euro-
péenne de la Roumélie, et seront immé-
diatement appliqués.
<' 8 BARBIM.
r •
--.BouJ."se de Paris
PETITE BOURSE DU son
50/0. 116 fr. 85, 83 3/4, 85.
Egypte 6 OlO 233 fr. 75.
Hongrois "78 fr. 7/8.
Florins 69 fr. i/4.
————— ——————
LES INTÉRÊTS ANGLAIS
M. Gladstone, avons-nous dit dans un
précédent article, accuse le cabinet Bea-
consfield d'avoir sacrifié les nobles tra-
ditions de la politique anglaise à « un
égoïsme malsain », de n'avoir plus, en
un mot, qu'un but, qu'une devise : la
satisfaction des intérêts anglais.
Nous avions toujours cru, nous l'a-
vouons en toute sincérité, que les inté-
rêts anglais avaient, de temps immémo-
rial, constitué la préoccupation unique,
poussée parfois jusqu'à l'égoïsme le plus
éhonté, des hommes d'Etat chargés de
diriger la politique extérieure de l'Angle-
terre. Et, pour ne pas nous reporter à un
temps trop éloigné et pour ne citer qu'un
exemple, nous pensions au malheureux
Danemark, que, malgré les nobles tra-
ditions de sa politique et en dépit de
certaines promesses, l'Angleterre avait
tranquillement laissé égorger.
Il ne fallait donc rien moins que les
assurances d'un orateur aussi illustre,
d'un homme d'Etat aussi éminent que
M. Gladstone, pour nous ouvrir les yeux,
pour nous faire rougir de nos opinions
erronées, pour nous faire comprendre que
« l'égoïsme malsain» est un produit tout
nouveau de la politique anglaise. Mais,
à tout prendre, était-ce bien à M. Glads-
tone qu'il appartenait d'adresser ce re-
proche à un ministre quelconque ? N'a-t-
il pas prêché d'exemple ? A-t-il donc ou-
blié qu'il est le représentant le plus il-
lustre d'un parti ou plutôt d'une école
qui a élevé à la hauteur d'un dogme le
principe de la paix à tout prix et celui
de la non-intervention, ces deux formes
les plus absolues de l'égoïsme natio-
nal? A-t-il donc oublié qu'il était premier
ministre lors de la guerre franco-alle-
mande et qu'il s'est empressé, au nom
du principe de la non-intervention, non-
seulement de proclamer la neutralité
de l'Angleterre — nous ne saurions l'en
blâmer — mais aussi d'organiser contre
nous la ligue des neutres? N'était-ce pas
là de l'égoïsme au premier chef et plus
que de l'égoïsme malsain, de l'égoïsme
bête, car, sans se demander un seul in-
stant quelles seraient les conséquences
probables de la terrible lutte engagée, il
n'avait qu'un but, qu'une préoccupation,
faire profiter son pays de la ruine du com-
merce et de l'industrie de la France ? Le
châtiment, il est vrai, ne s'est pas fait at-
tendre, car, la France sitôt vaincue, M.
Gladstone s'est vu forcé de renoncer aux
résultats de la guerre de Crimée, de dé-
chirer de ses propres mains le traité de
4856, scellé du sang des plus nobles et
des plus braves enfants de l'Angle-
terre.
Il est donc au moins singulier d'enten-
dre M. Gladstone parler d'égoïsme mal-
sain, de le voir reprocher à un ministre
d'avoir pris pour mot d'ordre « la satis-
faction des intérêts anglais ». Mais là
n'est pas la question. L'accusation est
portée et, de quelque part qu'elle vienne,
il faudra bien que le parti conservateur
se défende devant les électeurs aux pro-
chaines élections générales. Deux ques-
tions principales se poseront sans doute :
le cabinet a-t-il eu raison de prendre la
défense des intérêts anglais ? Sur ce
point il n'y aura et il ne peut y avoir au-
cune discussion. Mais, a-t-il suffisamment
pris la défense de ces intérêts, et les ré-
sultats sont-ils proportionnés aux efforts?
C'est ce qu'il importe d'examiner.
Les Anglais, éminemment pratiques,
se placent pour envisager les affaires du
pays au même point de vue que lorsqu'il
s'agit de leurs affaires commerciales ou
industrielles. Ils traitent le tout par doit
et avoir. Et, s'ils sont disposés à pla-
cer libéralement à la disposition de
leurs hommes d'Etat les fonds et les for-
ces nécessaires pour diriger les affaires
du pays tant à l'intérieur qu'à l'extérieur,
ils se réservent d'éplucher les comp-
tes qui leur sont soumis, et ils s'at-
tendent dans toutes les circonstances à
en avoir pour leur argent, si on veut bien
nous passer cette expression. Ce même
esprit pratique les pousse à ne tenir guère
compte que des résultats tangibles et ils
s'inquiètent assez peu de tout le reste.
Quant aux moyens, peu leur importe,
pourvu que l'opération se solde par un
bénéfice.
Or, voyons quel est le bilan des gran-
des opérations extérieures entreprises par
le ministère actuel.
Tout d'abord la question d'Orient. C'est
la première en date, et c'est de beaucoup
aussi la plus importante et par les dé-
veloppements qu'elle a pris et par les
conséquences qu'elle peut avoir.
Le traité de Paris, conclu à l'issue de
la guerre de Crimée, avait placé l'indé-
pendance et l'intégrité de la Turquie sous
la garantie des grandes puissances si-
gnataires du traité. Chacun des Etats
s'engageait à faire une question euro-
péenne de tout ce qui lui semblerait de-
voir porter atteinte à cette indépendance.
On sait ce qu'il advint de ce traité, modi-
fié déjà par la convention de Londres en
1871, lorsque fut définitivement conclue
l'alliance des trois empereurs. Un des
premiers soins des nouveaux alliés fut de
résoudre à leur profit la question d'Orient,
sans s'occuper autrement de L'opinion des
autres puissances. Le mémorandum de
Berlin, longue énumération de leurs
griefs contre la Turquie, exposait en
même temps le remède qu'ils comptaient
appliquer. L'Angleterre refusa son adhé-
sion au mémorandum, mais sans prendre
immédiatement position, c'est-à-dire
sans exiger, comme elle aurait pu et
comme elle aurait dû le faire, le traité
de 1856 à la main, que cette mise
en demeure adressée à la Turquie fût
élaborée de concert par les représen-
tants de toutes les puissances. Si, au
lieu d'hésiter comme il l'a fait si long-
temps, le cabinet de Saint-James s'était
placé de suite sur ce terrain, il est pro-
bable que la guerre russo-turque eut été
évitée. Il est juste d'ajouter que la France
et l'Italie avaient donné leur adhésion au
mémorandum, et que l'Angleterre se
trouvait isolée. A cela rien d'étonnant,
d'ailleurs, car le duc Decazes était alors
chargé de nos relations extérieures.
On sait les développements que prit
ensuite la question d'Orient. Le minis-
tère anglais, tiraillé en tout sens, hési-
tant toujours, sembla avoir complète-
ment oublié les traditions de la politique
anglaise, et ne fit rien pour défendre son
ancien allié. Il ne se réveilla que le jour
où les troupes russes campèrent sous
les murs de Constantinople, et alors la
flotte anglaise pénétra dans les Darda-
nelles.
Nous n'avons certes pas l'intention de
faire l'historique des longues négocia-
tions qui ont précédé le congrès de Ber-
lin ; un simple résumé nous entraînerait
beaucoup trop loin. Nous ne nous deman-
derons pas, comme l'a fait M. Gladstone,
si le cabinet Beaconsfield a bien ou mal
fait de s'entendre d'un côté avec la
Russie, de l'autre avec la Turquie, avant
de se rendre au congrès. Tout cela im-
porte peu et les électeurs ne s'en occu-
peront guère ; ils se demanderont seu-
lement quels sont les résultats acquis.
Or, ces résultats, quels sont-ils ?
Il s'agissait d'abord de modérer les exi-
gences de la Russie, tout eu lui faisant
la part à laquelle ses conquêtes lui don-
naient* droit ; il fallait sauvegarder l'in-
dépendance de la Turquie et la mettre à
même de défendre les provinces qui lui
restent en Europe, et surtout mettre la
capitale à l'abri d'un coup demain ; il fal-
lait enfin donner satisfaction aux justes
réclamations des nationalités si long-
temps opprimées et qui déclaraient ne
pas vouloir retomber sous le joug du sul-
tan.
* Lord Beaconsfield, pour résoudre ces
divers problèmes, consentit à rendre la
Bessarabie à la Russie en échange de la
Dobrudja, etstipula qu'aucune autre ces-
sion territoriale ne pourrait lui être
faite qu'en Asie ; il partagea en deux
tronçons la grande Bulgarie du traité
de San Stefano et réserva à la Tur-
quie la possession des forteresses des
Balkans. Enfin, il obligea la Turquie
à prendre l'engagement d'opérer de nou-
velles réformes.
Nous.avons déjà dit ce qu'il était ad-
venu de ces stipulations. La Roumélie
orientale, ce boulevard que lord Beacons-
field avait cru opposer aux ennemis de
la Turquie, forme tout simplement l'a-
vant-garde des envahisseurs. Quant aux
forteresses des Balkans, le sultan ne
songe même plus à les occuper, car il
sait que cette occupation serait le si-
gnal d'un soulèvement général.
Mais, en admettant même que le traité
de Berlin eût été exécuté absolument
dans le sens où l'entendait lord Beacons-
field, il n'y avait là aucun de ces résul-
tats, aucun de ces bénéfices tangibles que
les Anglais exigent en retour de leur ar-
gent. Lord Beaconsfield le comprit si bien
qu'il s'empara de l'île de Chypre.
On se rappelle les transports de joie
qui accueillirent la publication de la con-
vention anglo-turque. Cet enthousiasme
s'est bien refroidi depuis et on se de-
mande, depuis longtemps déjà, si l'île de
Chypre vaut les quelques centaines de
millions qu'on a engloutis dans cette af-
faire.
Nous craignons pour lord Beaconsfield
que les électeurs ne répondent sur ce
point par la négative. E. BARBIER.
E. BARBIER.
————— —————
Nous lisons dans F Ordre :
Hier, en même temps que nous nous décla-
rions autorisés à démentir de nouveau la con-
versation attribuée au Prince Napoléon par le
Figaro,nous reproduisions loyalement l'article
de ce journal relatif à la première note que
nous avions publiée l'avant-veille sur le même
sujet.
Ce matin, le Figaro néglige de reproduire
et même de mentionner notre déclaration
d'hier. Il y a là un procédé que nous nous abs-
tiendrons de qualifier et que tout le monde
appréciera.
Encore une fois, malgré les habiletés étran-
ges et les tentatives d'intimidation — décidé-
ment très suspectes — auxquelles le Figaro a
recours pour dénaturer le caractère de la
question, elle est très simple et se réduit à un
fait matériel auquel-la politique n'a rien à
voir.
Oui ou non, la conversation dont il s'agit a-
t-elle été tenue ?
Le Figaro, à la fin de quelques lignes con-
sacréesexclusivement à l'incident du Gaulois,
persiste aujourd'hui à dire : Oui.
Nous sommes formellement AUTORISÉS PAR
LE PRINCE NAPOLÉON à répéter ; Non.
Est-ce clair ?
.—————————— 01 -
TtIT DO\C ! FHAPPFZ !
Tôt donc, frappez, disait l'huissier des
Plaideurs, j'ai quatre enfants à nourrir.
Ce vers m'est remonté à la mémoire
comme je lisais une lettre qui me mettait
au courant des hauts faits du conseil gé-
néral du Pas-de-Calais.
Le Pas-de-Calais est un de nos dépar-
tements les plus bonapartistes. Il est
tout naturel que le conseil général soit
composé de réactionnaires. Ces mes-
sieurs, à la session d'avril, n'ont pas
manqué de se prononcer nettement con-
tre les lois Ferry. Rien d'étonnant à cela.
Ils voulurent en août marquer cette fois
leur mécontentement d'une façon plus
éclatante. Il n'y avait plus moyen de s'en
prendre à ces maudites lois ; on les avait
déjà « anathématisées » une première
fois. On résolut de frapper sur tous les
fonctionnaires qui relèvent par quelque
côté que ce soit du ministère de l'instruc-
tion publique.
Et d'abord—à tout seigneur, tout hon-
neur , on commença par le préfet lui-
même. On lui retira une allocation de
mille francs, qui était portée au budget
sous cette rubrique : Pour chauffage et
éclairage.
Il est vrai que ces mille francs n'a-
vaient jamais eu depuis bien des années
d'autre destination que de payer le chauf-
fage et l'éclairage de la loge du con-
cierge et des soldats du corps de garde
attenant à la préfecture. Le concierge
soufflera désormais dans ses doigts, et
les soldats du corps de garde monteront,
comme l'illustre Cadet-Rousselle, se cou-
cher sans chandelle. Voilà qui apprendra
au préfet à nommer des instituteurs ré-
publicains.
Quidquid délirant reges, plectuntur Achivi.
Le secrétaire général s'est vu rogner
1,500 francs, l'inspecteur d'académie
1,000. Des gros fonctionnaires, on est
passé aux petits. Les inspecteurs primai-
res, ces humbles et honorables fonction-
naires, qui' sont si peu payés, dont le
budget s'équilibre avec tant de peine,
surtout dans un département où la vie
est si chère et la tâche si lourde, ces pau-
vres gens vont perdre en moyenne UN
QUART de ce qu'ils avaient légitimement
le droit de considérer comme un revenu
acquis, en se reportant aux décisions an-
térieures du conseil général.
Ces allocations supplémentaires, que
le conseil avait votées jusqu'alors, il les
avait toujours regardées comme néces-
saires; son intention, en les votant, avait
été d'attirer dans le département, par
l'appât d'un traitement plus considé-
rable, des fonctionnaires expérimentés.
Les fonctionnaires expérimentés sont ve-
nus ; et ils vont faire cette année une
assez triste expérience de ce que vaut la
parole des conseillers généraux du Pas-
de-Calais.
En vain, le préfet a-t-il essayé dans un
discours excellent de défendre ses fonc-
tionnaires: «Vous frappez les grands, leur
a-t-il dit ; soit, je le comprends et ils e
comprennent. Comme ils ont l'initiative,
ils ont aussi la responsabilité. Frappez-
les ; ils ne s'en plaindront pas ; et cette
façon de récompenser leurs services ne
les empêchera pas de faire jusqu'au bout
tout leur devoir. Mais les inspecteurs pri-
maires, ce sont, eux, des petits, des hum-
bles, pour qui l'obéissance est la premÍt-
re des obligations. Ils ne sont pour rien
dans la lutte qu'il vous plaît d'engager
avec le ministre de l'instruction publique.
C'est le ministre que vous prétendez at-
teindre, et les coups tombent sur le dos
de ces malheureux, qui n'en peuvent
mais. Il serait plus humain, il serait
plus juste de les épargner. »
Ces messieurs n'ont voulu entendre à.
rien. Une passion, la plus intraitable, Itt
plus féroce, la plus aveugle de toutes les
passions, la passion cléricale, les empor-
tait. -
Mais patience 1 lis ont fait là à la cause
qu'ils servent des ennemis implacables
et qui leur revaudront ce stupide et inju-
rieux camouflet. Ils croient pouvoir im-
punément se jouer de ces petites gens.
Mais on a souvent besoin, comme dit le
fabuliste, d'un plus petit que soi. Ce sont
les petits, les faibles, les humbles, qui
ont le plus d'action sur le suffrage uni-
versel.
Nous comptons bien que ces honnêtes
et loyaux serviteurs de l'Université, ainsi
maltraités et vilipendés par les soute-
neurs du parti clérical, ne les ménageront
pas à leur tour, et lui rendront fèves pour
pois et pain blanc pour fouace.
Ah ! ces messieurs frappent à tort et a
travers !
Tôt donc, frappez! la libre-pensée a
besoin de défenseurs! La République ré-
clame des soldats.
Vous lui en donnez de nouveaux ! Vous
remettez du cœur au ventre des hési-
tants !
FRANCISQUE SARCEY.
-——————————— 10 ———————————
INFORMATIONS
M. le ministre de la guerre et M. le mi-
nistre de l'agriculture et du commerce
doivent se rendre officiellement à Cher-
bourg samedi prochain, 6 septembre, pour
y séjourner jusqu'au lundi suivant.
M. Lepère, ministre de l'intérieur, écrit
au maire de Montbéliard qu'il ira assister,
dans cette ville, à l'inauguration de la sta-
tue de Denfert-Rochereau.
M. Paul Cotte, député du Var, adresse la
lettre suivante au PetitMarseillais :
Salerne, le 26 août 1879.
Monsieur,
J'ai lu dans le Petit Marseillais du 22 août,
sous la rubrique de Paris :
« J'apprends de source certaine que M. Paul
Cotte, député de Draguignan (Var), donnera,
à la rentrée des Chambres, sa démission, afin
de permettre à M. Henri de Rochefort de sa
présenter dans son arrondissement. »
Votre correspondant croit pouvoir garanttr
l'authenticité de votre nouvelle dans le nu-
méro du 25.
J'ai l'honneur de vous informer, monsieur,
que je n'ai pas l'intention de me démettre de
mon mandat de député.
Je vous prie, monsieur, de vouloir bieniu-
sérer ces quelques mots dans un de vos pro-
chains numéros.
Agréez, etc. p. COTTE.
L'agence Havas reçoit le télégramme sui-
vant, daté de Port-Vendras 30 août:
« Le Var, ayant dû attendre des ins-
Feuilleton du XIXe SIÈCLE
Du 2 Septembre 1879.
CAUSERIE
DRAMATIQUE
Réouverture de divers théâtres. - Ambigu-
Comique: Reprise de Y Assommoir. — Bi-
bliographie.
'Les réouvertures des théâtres se sont
faites toutes d'un coup, ou à peu près.
Mais elles n'ont été l'occasion d'aucune
surprise pour nous. Les théâtres ont sim-
plement repris la suite des représenta-
tions interrompues par l'été ; comme dans
le château de la Belle au bois dormant,
au coup de baguette du chef d'orchestre,
les mêmes flons-flons, les mêmes tira-
des ont recommencé. Il y a maintenant
certaines pièces qui tendent à devenir
des spectacles fixes, comme le diorama.
Le Droit du Seigneur aux Fantai-
sies-Parisiennes , les éternelles Cloches
de Corneville aux Folies-Dramatiques
sont de ceux-là. A l'Odéon, on a repris
le Voyage deM. Perrichon, qui, au moins,
à pour lui d'être un petit chef-d'œuvre.
Au Palais-Royal, M. Geoffroy est rentré
dans la Grammaire st le Revezllon, deux
œuvres charmantes, dont la seconde,
avant de tourner à une gaie bouffonne-
rie, contient une scène de comédie admi-
rable. Je ne sais rien qui soit d'une ma-
lice plus charmante que le récit de ce
bon bourgeois cité en simple police pour
un délit léger et qui se trouve en face
d'un substitut, son ami et son partner au
whist, ce qui n'empêche pas ledit sub-
stitut de l'accuser de « vouloir placer la
pyramide sociale sur la pointe ! » Au
théâtre des Nations, c'est Notre-Dame de
Pans qui continue son succès de l'hiver.
Le directeur du théâtre, avec une bonne
grâce qui n'est pas sans quelque mélan-
colie, a avisé la presse qu'on ne lui ferait
pas de service, mais qu'on ne iefuserait
pas un billet aux critiques « conscien-
cieux » qui tiendraient à voir la reprise.
Enfin, à l'Ambigu, Y Assommoir a re-
paru.
Il n'est nécessaire de s'arrêter, je crois,
que sur cette dernière reprise. La pièce,
en effet, m'a paru très-renouvelée et, en
tout cas, m'a causé une impression tout
autre que le soir de la première reorésenta-
tion. Ce soir-là, on s'attendait à Je ne sais
quoi de tumultueux, d'excessif, de vio-
lent. Il y avait en l'air comme des bruits
précurseurs d'un orage et d'une grande
bataille littéraire. L'œuvre bénéficia sen-
siblement de cette disposition des esprits.
Comme on redoutait quelque énormité,
et qu'on se trouvait en réalité en pré-
sence d'un mélodrame populaire habile-
ment troussé, servi par une bonne mise
en scène et par des comédiens fort adroits,
le retournement se fit dans les esprits
avec une certaine force et le succès fut
grand. Aujourd'hui, en voyant la pièce
sans aucune excitation préalable, comme
la reprise des Nuits de Paris ou de quel-
que autre drame à tableaux, on la trouve
un peu longue. La fatigue était visible
vers les derniers actes, et quelques spec-
tateurs sont partis sans attendre que la
grande Virginie eût reçu le châtiment
qu'elle avait si. bien mérité.
L'Assommoir, on le sait, vient de faire
le tour de la province et même de l'étran-
ger. La pièce a eu la même fortune que
le roman, qu'on a traduit dans toutes
les langues, même dans la langue de
Sophocle. Je me demande, en passant,
comment on a pu s'y prendre en grec
pour faire dire à Mes-Bottes : « J'ai la
tierce major dans l'herbe à la vache et le
point dans les vitriers. » Cela doit être
fort curieux. Mais, sans poursuivre ces
problèmes de linguistique, il faut con-
stater que la pièce est revenue modi-
fiée de son tour de France. L'élément
comique s'y est développé ; le rôle épiso-
dique de Mes-Bottes, qui est absolument
en dekors de l'action à laquelle il ne sert
pas, est devenu le premier rôle ou peu
s'en faut. Un acteur vraiment gai, M.
Dailly, l'a agrémenté de nombreuses cas-
cades et de pantomimes variées. Ce qu'il
lève de fois la jambe au cours de la
soirée est incroyable : peut-être même
y a-t-il excès. Ce versement d'un mélo-
drame noir dans le comique est une
chose assez ordinaire au théâtre. Ce fut
le cas de Y Auberge des Adrets et de Ro-
bert Macaire créé par Frédérick. M.Dail-
ly , avec ses acolytes Bibi-la-Grillade
et Bec-Salé, a définitivement consti-
tué un groupe amusant, dans le genre
de celui de Fouinard et de Choppart, dit
l'Aimable, dans le Courrierde Lyon. Ces
groupes réussissent toujours bien, par-
ce qu'ils donnent une sorte de thème à la
fantaisie des acteurs. Je n'ai pas le texte
de l'Assommoir sous les yeux ; mais il me
semble bien que le trio dont je parle y a
ajouté pas mal de choses, qui ne sont
peut-être pas toutes très heureuses, mais
qui ont fait rire le public, dont les résis-
tances instinctives ont été vaincues par
l'adresse des arrangeurs du mélodrame
découpé dans Y Assommoir.
Le développement de la partie comi-
que, grâce à l'initiative d'un acteur qui a
l'oreille du public, a donné un intérêt à
la reprise. Elle en a tiré encore un autre
des débuts de M. Marais (de l'Odéon) dans
le rôle de Coupeau. Le rôle du zingueur
avait été créé avec beaucoup de talent
par M. Gil-Naza. Il devait le reprendre,
mais M. Gil-Naza, paraît-il, a disparu !
On prétend qu'une fantaisie de touriste,
queje comprends bien, l'avant jadis par-
tagée, l'a entraîné vers l'admirable pays
du Maroc, aux environs de Tanger.
L'heureux homme se promène par là,
côtoyant la mer d'un bleu d'indigo, le
long des falaises et des rochers blancs,
ou pénétrant, à travers les haies des cac-
tus et des figuiers, dans les prairies na-
turelles où l'herbe monte jusqu'au poi-
trail des chevaux. Je comprends que
cela vaille mieux que de faire semblant,
tous les soirs, de mourir dans une atta-
que de delirium tremens ! Mais aussi,
M. Gil Naza a un bon procès sur la plan-
che, pour le retour, et M. Marais a pris
son rôle. Ce jeune comédien, que nous
avions vu à l'Odéon jouer surtout cle na-
ture des rôles un peu étranges, a fait
preuve là de qualités de composition
qui sont le plus grand mérite de l'acteur.
Il a, grimé avec art, rendu sensible aux
yeux la décadence physique et morale de
Coupeau. Plein de bonne grâce aux pre-
miers actes, vrai ouvrier faubourien, gai,
bon garçon,avec une pointe de sentiment
de chanteur de romances, il devient ef-
frayant dans l'abrutissement de l'ivresse.
Je l'ai beaucoup aimé dans les pre-
miers actes. Quant à la scène de la bou-
teille, dont on fait le clou de la pièce,
c'est la plus facile à jouer,et elle n'exige,
pour ainsi dire, que des efforts physi-
ques. Je crois que c'est une de ces scènes
où tout comédien, sachant son métier,
réussira. Le génie serait d'empêcher
qu'elle ne devînt pénible pour le specta-
teur; et cela, ni M. Marais, ni M. Gil-
Naza, ne l'ont obtenu. Ce cabanon de
Bicêtre mis tout ouvert sous nos yeux
inspire plus de répugnance que d'intérêt
et l'effet obtenu est d'un art très secon-
daire. Puisque j'ai le loisir de m'étendre
sur l'interprétation de Y Assommoir, je
ferai une chicane à M. Marais. Dans ce
rôle plus encore que dans d'autres, bien
que le défaut m'ait déjà choqué, il sem-
ble qu'il ait deux voix à son service.
L'une, naturelle, mordante, avec un léger
accent parisien qui convient à merveille à
Coupeau; l'autre artificielle, sombrée,
avec un ressouvenir des façons de la tra-
gédie. Le passage entre ces deux regis-
tres est brusque, surprend, déroute l'au-
diteur. On dirait que l'acteur, comme
dans l'opera-comique, passe du dialo-
gue à la romance. Et sa voix de ro-
mance a quelque chose de prétentieux,
surtout quand il la pose, qui demande à
être corrigé. Je sais bien que dans le
drame, tout comme dans la tragédie, il
y a des choses « à effet» qui ne peuvent
pas être dites naturellement ; mais la
transition pourrait être mieux ménagée,
et le mensonge nécessaire de la décla-
mation serait moins choquant s'il écla-
tait avec moins de brusquerie.
Le reste de l'interprétation est à peu
près le même qu'à la création, et cette
inteprétation était remarquable. On n'est
pas plus. Lantier que Lantier. Le per-
sonnage du sergent de ville, mari ridi-
cule et tragique, est un peu poussé à la
charge; mais, en cela, il se met au ni-
veau du trio comique qni domine la nou-
velle pièce. Pour le reste, nous retrou-
vons les acteurs de la saison passée,
sauf Mlle Lina Munte qui est remplacée
dans le rôle de Virginie. La grande Vir-
ginie est jouée maintenant par Mlle Ga-
brielle Gautier, qui a si bien rendu ce
personnage antipathique qu'un specta-
teur naïf l'a appelée tout haut : « Sale
bête ! » Aucun compliment de notre part
ne saurait valoir, pour la charmante ac-
trice, ce cri sorti du cœur et parti du
poulailler !
La mise en scène de Y Assommoir, en-
core perfectionnée, est vraiment une des
plus réussies que j'aie vues depuis long-
temps. Je ne sais à qui doit aller le com-
pliment ; mais il y a certainement à l'Am-
bigu un homme du métier qui a beau-
coup de goût et d'ingéniosité. Pour mon
compte, j'ai au sujet de la mise en scène
des idées arriérées, ou du moins qui vont
contre les idées reçues aujourd'hui et la
pratique universelle. La perfection que
le théâtre apporte dans les tableaux
qu'il nous présente me paraît le con-
duire dans une voie fâcheuse, où le ca-
ractère, la passion et bientôt même l'a-
gencement des incidents seront oubliés
et sacrifiés à ce plaisir singulier qu'on
trouve à voir, représentés fidèlement sur
la scène, des spectacles qu'on rencontre
tous les jours sans y attacher les yeux.
La mise en scène de l'Opéra reste encore,
pour ainsi dire, idéale. Elle nous trans-
porte dans le passé ou dans des régions
rêvées ; elle nous arrache à la réalité. La
mise en scène jles théâtres de drame tend
de plus en plus à nous y replonger. L'ac-
cessoire risquedeprendrelepassurleprin-
cipal,et l'action, déjà noyée dans le décor,
finira par disparaître, à moins d'une ré-
action que j'espère encore. Il faut appli-
quer au théâtreune observation faite sou-
vent pour la peinture. Dans ce dernier
art,s'il est permis à l'artiste de se servir de
documents photographiques qu'il met en
œuvre, personne n'ignore qu'une photo-
graphie peinte fera toujours un mauvais
tableau. De même à la scène, trop de réa-
lité ne doit pas dominer l'action, ou le
théâtre tombera, du premier rang qu'il
occupe dans les lettres, à être un simple
spectacle de diorama.
Il y a vraiment dans Y Assommoir beau-
coup de scènes fort habilement condui-
tes. Le déjeuner de Coupeau, servi par
sa femme et par sa petite fille, est une de
ces peintures de sentiments simples qui
plaisent à nos esprits blasés et elle pré-
pare bien, par contraste, la catastrophe
de la chute. La façon dont le zingueur est
entraîné à boire par ses camarades, met-
tant en jeu l'amour-propre du buveur et
l'orgueil sot du mari, est encore une
observation juste. C'est un petit drame
dans le grand, une de ces pages comme
H. Monnier en a laissé quelques-unes, peu
nombreuses, mais parfaites. Malgré tous
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