Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-08-23
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32757974m
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 68249 Nombre total de vues : 68249
Description : 23 août 1879 23 août 1879
Description : 1879/08/23 (A9,N2800). 1879/08/23 (A9,N2800).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7566243k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
* Niüvlmë Ainfio. — N' 1800, -- 9th dî Numéro à Paris 115 Centimes. (S Départemental 10 ÇfBtlsti Samedi ,1. XÓdl ï&ffl
1 'J.i -
, E r
t.
1 -
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR t
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, ru.e GadLet, IE3
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendus
- - ABONNEMENTS
DEPARTEMENTS
Trois mois 4 6 »»
Six mois 32 »»
Un an. 62 »»
PARIS
Trois mois. f9 tif
Six mois 35 »#
Un an --------- M MM
Supplément pr l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
- Les abonnemtl partent des ter et 15 de chaque mois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANÇE, CERF et ?
6, place de la Bourse, 6 v>
ADMINISTRATION l
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
1S5 rue Gaciet, 16 1.
- » »
Les Lettres non affranchies seront refusées
ABONNEMENTS1 i r7
DÉPARTEMENTS
.Trois mois. 16 »»
Six mois. 32 »»
Un an. 62 »»
U_-., PARTS R
Trois mois. 43 »»'
Six mois. 25 oa
Un an. 50 'ri)
Supplément pr l'ttl'anger (Europe 1 fr. par trimestre
Les Abonnenttg partent des itret 15 de cnaquemois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et Qt
6, Place de la Bourse. 6
14 fi I'
BULLETIN v
1
::.
1 - - Parts, 22 août 1879.—"
1 Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié un décret convoquant les colléges
électoraux de la première circonscription
de-l'arrondissement de Guingamp et de la
deuxième circonscription de l'arrondisse-
N ment de .Valence pour le dimanche 14 sep-
tembre à l'effet d'élire chacun un député.
Par décret en date du 19 août, M. Co-
chery, ministre des postes et télégraphes,
est chargé de l'intérim du ministère des
finances pendant l'absence de M. Léon
Say.
Le Journal officiel a également publié
un rapport du garde des sceaux au prési-
dent de la République sur le compte géné-
ral de l'administration de la justice crimi-
nelle en France et en Algérie pendant ran-
née 1877.
Le khédive vient de nommer Mansour-
Pacha ministre de l'intérieur, mais seule-
ment par intérim ; on pense que ce porte-
feuille est réservé à Riaz-Pacha. Le khé-
dive, s'il faut en croire une correspon-
dance adressée au Times, serait résolu à
ne pas prendre de ministres étrangers,
mais il consentirait volontiers à confier
à des Européens le poste de sous-se-
crétaires d'Etat. Ces derniers seraient plus
spécialement chargés du contrôle de l'ad-
ministration. Ce sont là, sans doute, de
belles promesses; Ismaïl-Pacha .n'hésitait
pas à en faire de semblables ; se réalise-
ront-elles mieux aujourd'hui? Les jour-
naux anglais se montrent peu satisfaits du
changement ministériel qui vient d'avoir
lieu en Egypte. Ils pensent que Tewflk-
Pacha prend la présidence du conseil pour
être plus sûr de tenir le conseil sous sa
dépendance personnelle. Ils font remar-
quer qu'il y a ainsi analogie complète en-
tre la situation créée par le dernier vi-
ce-roi et celle créée par le nouveau.
Ils se demandent, en conséquence, quel
bien est résulté de la déposition d'Ismail-
Pacha. « Le personnel est changé, dit à ce
sujet le Globe de Londres, mais les choses
restent absolument ce qu'elles étaient. Il
est vrai que Tewfik évite de se mettre en
lutte ouverte avec les puissances occiden-
tales ; mais la révolte de son prédécesseur
contre leur autorité s'était signalée par
des actes plutôt que par des paroles, car il
continuait jusqu'au bout à protester de
son ardent désir de faire leur volonté et il
affirmait que, s'il agissait avec indépen-
dance, c'est qu'il était contraint par d'im-
périeuses nécessités. »
M. Boerescu, ministre des affaires étran-
gères de la Roumanie, vient d'arriver à
Paris après avoir visité Vienne et Berlin
pour tâcher d'arriver à une solution de la
question des israélites en Roumanie. Nous
ne croyons pas que le ministre ait lieu de
se féliciter beaucoup des résultats qu'il a
obtenus jusqu'à présent.
Une dépêche de Vienne adressée au
Dailv Telegraph annonce que des diver-
gences sérieuses d'opinion se sont pro-
duites au sein de la commission chargée
de fixer la frontière entre la Russie et l'A-
sie-Mineure. Les travaux de la commis-
sion ont dû être interrompus.
E. BARBIER.
———— ♦ ————.
Bourse de Paris
PETITE BOURSE DU SOIR
50/0 • 116fr. 933/4, 95.
Effvnte 6 OTO 236 fr. 25.
- Autres râleurs sans affaires.
Nous appelons l'attention de nos lec-
teurs sur le jugement du tribunal correc-
tionnel d'Ajaccio, dont il est rendu comp-
te dans une autre partie du journal.Nous
connaissions déjà la condamnation à
quinze jours d'emprisonnement qui vient
d'être infligée à M. l'abbé Casasoprana,
desservant de Palneca, en Corse. Mais
nous ne savions pas le détail de l'affaire,
et nous ne possédions pas encore le texte
du jugement, que le public trouvera,
comme nous, d'un haut intérêt. M. Casa-
soprana s'était ingéré de faire signer
une pétition contre la loi Ferry dans
son église, et comme le maire, interve-
yenant, lui disait que le lieu n'était
pas propice, il n'avait tenu aucun
compte de ce sage avis sous le beau
prétexte que ( la maison était à lui.»
Cette pétition , vraisemblablement ré-
digée par M. Casasoprana, est un mor-
ceau de style aussi violent que possible ;
mais comme elle était écrite en français,
et que la plupart des ouailles de M. Casa-
soprana parlent corse, le desservant de
Palneca en fit d'abord à son auditoire une
traduction vigoureusement commentée.
L'instruction rapporte cette phrase entre
autres : « Non bisogna arrestavi ai cir-
culari di certi prefette e ministri, perche
sono genti indiavolati che non hanno re-
ligione. » Ce qui signifie mot à mot :
« Vous n'avez que faire de vous arrêter
aux circulaires de certains préfets et mi-
nistres, parce que ce sont des gens pos'
sédés du diable, qui n'ont pas de
religion. » Nous voyons qu'un des prin-
cipaux moyens de défense invoqués par
le desservant de Palneca, c'est qu'il ne
s'éîait attaqué qu'à un projet de loi qui
n'est encore voté que par une des Cham-
bres et qui, par suite, n exilste qu'à l'tat
de projet et non pas de loi. Mais le tribu-
nal a écarté dans ses attendu cet argu-
ment de l'avocat, qui n'était pas même
spécieux. «Attendu, dit le jugement,qu
» la pétition dont lecture a été donnas
» par le prévenu contient la critique des
yn projets de loi présentés par le gouver-
» nement ; qu'ainsi cette pétition, bien
M que licite en elle-même, ne pouvait
» être lue à l'église par les ministres du
?
*> culte ; attendu que la critique a été
» plus vive encore dans l'allocution dont
V l'abbé Casasoprana a fait suivre sa
» lecture ; attendu qu'il n'importe que
» la pétition et les discours du prévenu
» aient été dirigés non contre une loi dé-
» jà votée ou un acte de l'autorité obli-
» geant les citoyens à l'obéissance, mais
» seulement contre des projets de lois ;
» qu'en effet la prohibition adressée aux
» ministres du culte par l'article 201
» s'étend aux actes quelconques de l'au-
» torité ; qu'il suffirait -des termes :
» Critiques ou censures du gouverne-
» ment, qui commencent l'énuméra-
» tion dudit article, pour que le fait éta-
» bli à l'encontre du prévenu fût cons-
» titutif du délit, etc.» En conséquence
M. l'abbé Casasoprana s'est vu condamner
à quinze jours d'emprisonnement, qu'il
n'a pas volés. Les journaux ajacciens
nous apprennent que l'émotion a été pro-
fonde dans le clergé corse ; nous en som-
mes d'autant plus charmés que, si elle
est profonde, elle sera vraisemblablement
salutaire. Nous ajouterons, au risque de
provoquer un nouvel accès d'indignation
du Français et de l'Univers, que ce n'est
pas seulement en Corse que le gouverne-
ment devrait faire appliquer les lois de
l'Etat, qui sont formelles. Parmi les ex-
traits que nous donnions tout dernière-
ment des pièces annexées au rapport de
M. Eugène Pelletan, il se trouvait un
rapport de M. le procureur général de
Chambéry, pour n'en pas citer d'autres,
signalant au garde des sceaux divers
discours tenus en chaire qui nous pa-
raissent pour le moins aussi vifs
que les propos de l'abbé Casasoprana.
Le procureur général demandait s'il
devait poursuivre. Que lui a-t-on ré-
pondu? Quant à nous, nous sommes de
très déterminés partisans d'une égale
application de la loi sur tous les points
du territoire. Sans compter que beau-
coup d'agitateurs se calmeraient vite si
les trihunauxcorrectionnels appliquaient
aux cerveaux échauffés de certains cu-
rés la petite douche que vient de rece-
voir l'abbé Casasoprana. Les fanatiques
du clergé se croient tout permis ; or, il
ne serait pas mal peut-être de leur rap-
peler que, depuis 1789, il n'y a plus de
privilèges et que la loi oblige, sans dis-
tinction d'ordres, l'universalité des ci-
toyens français.
EUG. LIÉBERT
DISCOURS DE M. WADDIMSTON
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
M. Waddington a prononcé dans un
banquet qui a été offert, à la préfecture
de l'Aisne, au conseil général dont il est
président, un discours dont voici le texte :
Messieurs,
Parmi les paroles si flatteuses qui viennent
de m'être adressées par M. le préfet, je n'en
voudrais retenir et ne m'en approprier que
deux. Oui, c'est ici, c'est dans le conseil gé-
néral de l'Aisne que j'ai été initié d'abord aux
affaires publiques; c'est ici que j'ai pu con-
naître et apprécier l'esprit de sagesse, de me-
sure, de liberté résolue dont nos populations
sont animées, et que j'ai pu m'impréguer
moi-même de cet ensemble d'idées modérées
et libérales auquel le département de l'Aisne
est de tout temps resté fidèle. En second lieu,
il est très vrai que cette lourde charge de la
présidence du conseil m'a été imposée bien
malgré moi, que je ne l'ai acceptée qu'à con-
tre-cœur, car personne ne savait mieux que
mol quelles difficultés le nouveau cabinet
aurait à affronter.
En enet, nous arrivions au pouvoir après
une crise subite et généralement imprévue
qui avait amené un changement dans le pou-
voir exécutif, et qui nous mettait en face de
plusieurs questions graves et irritantes, qui,
pour différentes raisons, avaient été jusqu'a-
lors ajournées ; c'était l'arriéré de plusieurs
années qu'il fallait liquider, c'était tout un
legs du passé que nous étions obligés d'ac-
cepter.
Permettez-moi, messieurs, de vous rappe-
ler brièvement comment ces questions ont
été résolues, de passer en revue devant vous
l'œuvre de la session qui vient de se terminer,
de vous montrer le chemin parcouru et les
résultats acquis pendant ces quelques mois.
Vous reconnaîtrez, je l'espère, que ce temps
n'a pas été perdu pour la France, et que les
pouvoirs publics en ont fait un utile et fruc-
tueux emploi.
La première question qui s'imposait à nos
délibérations était celle de l'amnistie : ques-
tion pénible et douloureuse entre toutes, où
les cœurs les plus droits, les jugements les
plus fermes, les âmes les plus généreuses,
étaient partagés entre le désir de pardonner
à des égarés, déjà suffisamment punis, et le
devoir de ne montrer aucune faiblesse pour
un des crimes les plus odieux de notre his-
toire. Le gouvernement s'arrêta au système
de l'amnistie partielle et individuelle, dont il
prit résolument toute la responsabilité, et les
deux Chambres approuvèrent sa décision.
Cette question est maintenant réglée et défi-
nitivement réglée, et le gouvernement s'op-
posera énergiquement à toute tentative qui
pourrait être faite pour la rouvrir. -
C'est au même ordre d'idées et à une en-
treprise indirecte de ce genre que se rattache
l'élection de M. Blanqui à Bordeaux. En s'abs-
tenant pendant la période électorale, le gou-
vernement n'a fait que se montrer le scrupu-
leux observateur de la loi, qui lui interdisait
d'intervenir. Mais une fois la question portée
devant la Chambre des députés, il n'a pas hé-
sité à déclarer l'élection illégale et à en de-
mander l'annulation ; en efl'et, la loi a été
faite pour tous, et qu'il s'agisse d'un simple
citoyen, d'un arrondissement ou d'une frac-
tion quelconque du suffrage universel, elle
réclame une égale obéissance. A la Chambre,
la doctrine contraire n'a trouvé que bien
peu de partisans, et après avoir agité la
presse pendant un mois, après avoir fourni
à tous les adversaires de la République
un thème inépuisable de récriminations con-
tre le gouvernement, la validation de l'élec-
tion n'a été soutenue que par 39 voix sur
plus de 400 votants. Je n'ai pas besoin d'ajou-
ter que la résolution du gouvernement en ce
qui touche cette question est aussi ferme au-
jourd'hui qu'elle l'était naguère.
Rnp autre grave question que nous avions
à résoudre était celle du procès des ministres
du 16 Mai; ajournée ou assoupie pendant
l'année 1878, elle se posait maintenant devant
la Chambre, par suite du dépôt du rapport de
la commission d'enquête.
Dès sa formation, le nouveau cabinet avait
décidé qu'il s'opposerait do toutes ses forces
à ces représailles, qui présentaient les plus
graves inconvénients politiques et qui eussent
imprimé au nouveau régime et à la nouvelle
présidence un caractère qui ne lui convenait
à aucun degré. D'un autre côté, à la Chambre,
nombre de députés avaient reçu le mandat
de poursuivre ce qu'ils regardaient comme
une réparation nécessaire, et cependant, mal-
gré les violences qui avaient signalé les luttes
électorales de 1878, malgré les griefs les
plus légitimes, la majorité républicaine de la
Chambre n'hésita pas à suivre le gouverne-
ment. sur le terrain où il se plaçait, et à faire
acte d'abnégation et de haute raison politi-
que en épargnant au pays de nouvelles agi-
tations.
La question du retour des Chambres à Pa-
ris, d'abord écartée par les scrupules consti-
tutionnels du maréchal de Mac-Mahon, appe-
lait également une prompte solution.
Un système, qui avait sa raison d'être pen-
dant les premières années de l'Assemblée
nationale, ne pouvait pas se perpétuer indé-
finiment sans nuire à la bonne expédition
des affaires, sans retarder et entraver à cha-
que instant l'activité parlementaire, sans por-
ter une atteinte grave à la force et au prestige
du gouvernement de la République. Le cabinet
appuya donc le retour à Paris et chercha à
en faciliter l'exécution pratique, bien con-
vaincu, d'ailleurs, qu'à l'avenir nos luttes po-
litiques se résoudront non plus par l'émeute
et les manifestations de la place publique,
mais par le bulletin de vote.
Voilà, messieurs, trois graves questions
que le cabinet du 5 février avait rencontrées
à son début, et toutes les trois ont été heu-
reusement vidées.
Pendant ce temps, les intérêts d'un autre
ordre, mais non moins importants, n'étaient
pas oubliés. Le conseil d'Etat était réorganisé,
une nouvelle subvention de trois cents mil-
lions était accordée aux chemins vicinaux, la
loi de classsement du réseau complémentaire
des chemins de fer et celle des travaux dans
les ports maritimes étaient votées, l'enseigne-
ment supérieur était organisé en Algérie, l'é-
tablissement d'écoles normales primaires
était rendu obligatoire pour les départements
et snfin le budget était voté par la Chambre
des députés. Vous reconnaîtrez, messieurs,
que peu de sessions législatives ontété mieux
employées, et cela, malgré les difficultés po-
litiques qui avaient signalé les premiers
mois de l'année, et détourné dendant quel-
que temps l'attention des Chambres de leurs
travaux habituels.
Restent deux lois qui ont été votées par la
Chambre et qui seront soumises au Sénat
dans sa prochaine session : la loi sur l'ensei-
gnement supérieur et la loi sur le conseil .su-
périeur de l'instruction publique. Elles ont
déjà donné lieu à des polémiques passion-
nées, à des discussions ardentes qui souvent
ont plutôt enflammé qu'éclairé les esprits.
Elles ont donné lieu à des divergences d'opi-
nion, fort explicables d'ailleurs, au sein du
parti républicain. J'espère que pendant les va-
cances, le calme et la réflexion améneront un
rapprochement entre d'excellents esprits, qui
peuvent différer sur les moyens, mais qui as-
surément doivent s'entendre sur le butàpour-
suivre.
Je n'ai pas entrer ici dans l'examen de ces
lois ; mais je dois signaler deux points sur
lesquels on a singulièrement dénaturé la vé-
rité.
On a cherché à leur attribuer le caractère
de persécution religieuse, il n'en est rien; ces
lois sont des lois politiques, et, quoi qu'on en
dise, elles n'apportent aucun changement ni
à la liberté des cultes, ni à la situation du
clergé séculier, telles qu'elles existent depuis
longtemps. Mais la liberté de l'enseignement,
si respectable qu'elle soit, ne peut pas devenir
une arme aux mains de ceux qui veulent bat-
tre en brèche les bases de notre société mo-
derne ; elle ne doit pas être un instrument
pour élever les jeunes générations dans l'a-
version des institutions que la France s'est
données après tant d'efforts et de luttes, et
dansl'espérance d'amener le retour d'un passé
désormais impossible.
Voilà pourquoi l'Etat a le droit et le devoir
-d'intervenir dans ces questions. Agir autre-
ment serait se laisser volontairement duper.
On peut se demander si le gouvernement a
proposé les meilleurs moyens pour atteindre
le but, si l'on peut concilier d'une autre
façon la liberté de l'enseignement avec les
droits nécessaires de l'Etat ; je comprends et
j'admets la discussion sur ces points, mais ce
qui ne saurait être contesté au sein du parti
républicain, c'est que le gouvernement a
usé d'un droit légitime en agissant comme il
l'a fait.
Bien que préoccupés à juste titre de ces
hautes et difficiles questions, les pouvoirs pu-
blics n'ont pas négligé les intérêts des con-
tribuables. La Chambre a voté, sur la propo-
sition du ministre des finances, un dégrève-
ment de 23 millions sur les patentes, ce qui
constitue un véritable bienfait pour une classe
nombreuse et intéressante de la population,
celle qui prend une si grande part à la
production de la richesse publique.
Enfin, messieurs, vous seriez peut-être
étonnés si je vous disais que cette Répu-
blique, si cavalièrement, si dédaigneusement
traitée par les organes des anciens partis, a
tout simplement la meilleure situation finan-
cière qui existe aujourd'hui en Europe. L'an-
née 1879 n'est pas une année particulière-
ment prospère : plusieurs branches de l'in-
dustrie nationale sont en souffrance, et l'a-
griculture passe par une véritable crise, cau-
sée surtout par une suite de mauvaises ré-
coltes. -
Eh bien ! malgré la probabilité d'une ré-
colte médiocre, au 16 juillet dernier, le ren-
dement des impôts de toute nature présen-
tait un excédant de SO millions sur les pré-
visions budgétaires. Si ce mouvement de pro-
gression se maintient, si aucun événement
fâcheux ne vient troubler la situation, nous
pourrons, je l'espère, marcher plus hardi-
ment l'année prochaine dans la voie des dé-
grèvements.
Si à cet exposé rapide de l'œuvre législa-
tive et de notre situation intérieure, j'ajoute
que la France est en paix avec le monde en-
tier et dans les meilleures relations avec tous
ses voisins, j'aurai achevé de vous dire ce
qu'est aujourd'hui la situation de la Répu-
blique.
Ce résultat, messieurs, nous le devons avant
tout à cette population sage et laborieuse
qui, laissant gronder au-dessus d'elle les pe-
tites tempêtes de la vie parlementaire, tra-
vaille, produit, épargne en paix, sachant
qu'elle peut avoir confiance dans le gouver-
nement qu'elle s'est donné ; population vail-
lante et travailleuse, sous la blouse de l'ou-
vrier comme sous l'uniforme du soldat. Nous
le devons à la sagesse et au patriotisme de
nos assemblées, qui n'ont jamais hesité à re-
venir sur des entraînements passagers et à
sacrifier des idées ou des systèmes préconçus
à l'intérêt supérieur et permanent de la Ré-
publique. Nous le devons enfin à la confiance
universelle qu'inspirent la droiture, la ferme-
té, la modération du président de la Répu-
» âque. i
Je bois, messieurs, à la santé de M. Grévy,
président de la République française.
■
Le Divorce
Voici de quel ton et de quel style les
écrivains del Univers traitent la doulou-
loureuse question du divorce. Je donne
textuellement le passage :
« Le banquier de la souscription Naquet
porte un nom prédestiné. Il s'appelle M. Le-
hideux. Le hasard est par moments un in-
comparable farceur : Maison Naquet-Lehideux
nous semble d'un complet à désespérer la fa-
cétie la plus ultra-fantaisiste. Décidément
nous n'aurons pas,croyons-nous, le courage de
discuter à froid la thèse de M. Alfred Naquet.
A quoi bon ! le divorce est une turpitude ab-
solument répugnante, et M. Naquet rend toute
réfutation superflue. Lui même se charge de
faire barboter ce qu'il appelle son projet de
loi dans les ruisseaux du ridicule et de l'o-
dieux. M
Tels sont les arguments de ces mes-
sieurs ! tel est leur langage ! Vous pen-
sez bien que je n'aurais pas pris la peine
de mettre cet article sous vos yeux s'il
n'avait eu d'autre avantage que de vous
montrer une fois de plus combien les
écrivains, de l'Univers sont grossiers
dans l'invective. Tout le monde est. <1*»-
pu
Louis Veuillot, le maître du genre, a fait
de pauvres élèves, et dont il doit être
bien honteux si par hasard il lit ces élu-
cubrations, où l'on voit que des écoliers
ont gauchement pioché le style poissard,
qu'il maniait, lui, comme sa langue ma-
ternelle.
Mais j'ai trouvé dans cet article une
courte phrase qui mérite qu'on s'y arrête
et qu'on la relève.
Le sous-Veuillot, qui cultive l'ironie, la
plus française des figures de rhétorique,
dit avec un malicieux sourire à propos du
divorce :
Les conjoints mal assortis et d'humeur an-
tipathique offrent peu de garanties en ce qui
touche le perfectionnement de la race. M. Na-
quet se charge d'appareiller convenablement
les couples, jeunes ou vieux; le divorce est
son agent parfaitement sûr de sélection ma-
trimoniale.
Vous sentez, n'est-ce pas, le piquant
de la plaisanterie? C'est un tour agréable
pour railler l'impertinence de ce pauvre
M. Naquet, qui va se mettre en cervelle
que l'on doit songer, quand on unit deux
conjoints, quels enfants devront naître
de ce mariage. Y a-t-il rien de plus gro-
tesque, en effet,"que cette préoccupation?
La sélection matrimoniale ! Allons donc !
cela est bon pour les animaux ; peut-on
ravalera la bête le roi de la création,
l'homme, fait à l'image de Dieu?
Eh ! mais, savez-vous bien que si en effet
le divorce était, pour me servir des ex-
pressions de M.Philippe Serret, un agent
de sélection matrimoniale, ce serait en sa
faveur un des plus puissants arguments
que l'on pût employer.
Mais il n'en est rien, et M. Philippe
Serret ne s'est pas aperçu qu'emporté
par son humeur de plaisantin, il a mal
posé la question. , -. -..
Le divorce ne peut que reparer les bé-
vues des pères et mères qui ont mal appa-
rié (et non appareillé comme on a tort
de le dire à Y Univers) leurs enfants, et
ont uni, malgré les répugnances de la
nature, deux jeunes gens qui sont anti-
pathiques l'un à l'autre, et qui forment
nécessairement un couple mal assorti.
Mais ces bévues, il faudrait d'abord ne
pas les commettre..
M. Philippe Serret ne remarque point
qu'il fait le procès à nos mœurs, qui, en
multipliant le nombre des mariages mal
assortis, rend le divorce plus nécessaire.
Tout le monde sait, en effet, que chez
nous le goût des deux jeunes gens l'un
pour l'autre n'est pas assez sérieusement
consulté. On tient peu de compte en gé-
néral de ces antipathies mystérieuses
qui éloignent une jeune personne de tel
homme qu'on lui présente.
—Mais enfin qui est-ce qui te déplaît en
lui ? demande la mère.
— Je ne sais pas, répond la fille en
pleurant.
— Eh bien ! si tu ne sais pas, comment
veux-tu que personne le sache? Tout ça,
c'est des manières.
Et comme toutes les convenances y
sont, convenances de fortunes, de posi-
tions, de famille, les parents concluent
le mariage sur ce bel aphorisme :
- Bah ! on finit toujours par aimer le
père de ses enfants.
Pas toujours, madame, pas toujours.
L'axiome n'est pas d'une vérité géomé-
trique. Il a reçu de la vie quotidienne
plus d'un démenti. Mais ce n'est pas tout,
et M. Philippe Serret sait bien vous le
dire :
— Que seront les enfants nés de ces
unions formées par contrainte et qui doi-
vent rester froides ? 1
Il y a un vieux proverbe qui prétend
que les enfants de l'amour sont tous beaux
et sains. Mais les autres ?
J'avoue que pour mon compte je ne
voudrais pas insister sur ce point délicat
de physiologie. Ce sont là des questions
encore trop obscures. La science n'a pas
encore pénétré le mystère des nom-
breuses et complexes influences qui pré-
sident à la formation et à la naissance
des enfants. Nous ignorons même, je
crois, si parmi ces influences il faut
compter celle dont M. Philippe Serret
parle, le plus ou moins de sympathie que
les époux éprouvent l'un pour l'autre. Il
est impossible, en tout cas, de mesurer
le degré d'action qu'elle peut exercer.
Mais qui n(voit pas que si l'on admet
ce point de vue de la science, si l'on croit
en effet, avec beaucoup de physiologis-
tes, que les enfants portent sur leurs
traits et dans leur santé la marque du
peu d'affection que les parents ont senti
l'un pour l'autre, qui ne voit que ce se-
rait là, avec la façon dont nos mariages
se bâclent, une raison péremptoire en
faveur du divorce? Qui ne voit qu'il n'y
a pas là de quoi rire, et que le sous-
Veuillot en' est pour ses frais de sotte et
misérable raillerie ?
1 FRANCISQUE SARCEY.
.——————— » ———————
La prorogation des traités de commerce
Le Journal des Débats, dont on connaît
les relations avec M. Léon Say, publie la
note suivante :
La loi qui autorise le gouvenement à pre-
roger les traités de commerce actuellement
en vigueur nous ramène, après quelques vi-
cissitudes, à la situation dans laquelle nous
nous trouvions placés à l'égard de l'étranger
à la fin de l'année dernière, avant la dénon-
ciation du 1er janvier. Il serait toutefois plus
juste de dire qu'elle est destinée à nous ra-
mener à cette situation, parce qu'il nous reste
à nous entendre avec les .puissances étran-
gères et à obtenir leur consentement à une
reconduction des traita a n net 1, ox-oi*. i-u
o«t H.ssoiUjment ne nous fera pas- défaut, et
qu'en Angleterre tout au moins nous trouve-
rons le gouvernement disposé à rétablir le
modus vivendi qui proroge les conventions de
1860 depuis leur première dénonciation en
1871. On peut donc se demander sous quelle
forme l'entente nouvelle devra être consacrée.
Il semble d'abord évident que dans un acte
international il ne doit pas être fait mention
du vote du tarif général assigné par la légis-
lature comme point de départ des pouvoirs
conférés au gouvernement.
Quelque partisan que nous soyons de la
durée fixe des traités, nous ne voyons pas de
raison pour nous engager vis-à-vis de l'é-
tranger à ne dénoncer nos traités que dans
le cas unique où le tarif général viendrait à
être voté. Il nous parait plus prudent de con-
server notre liberté d action dans la mesure
où elle peut se concilier avec les termes de
la loi du 4 août. Le meilleur serait donc de
conclure avec les puissances étrangères et
avec l'Angleterre d'abord un arrangement qui
consisterait en deux dispositions. La première
stipulerait que le traité qui subsiste jusqu'à
la fin de l'année courante par reconduction
demeurerait en vigueur après cette date,
jusqu'à sa dénonciation par l'une ou l'autre
des parties contractantes. Une seconde dis-
position déciderait que dans "aucun cas cette
dénonciation ne pourrait produire ses effets
avant l'expiration du sixième mois à partir de
sa notification. La permanence des traités de-
viendrait ainsi la règle destinée à subsister
de plein droit indéfiniment, sans nouvelle en-
tente ; et leur cessation ne pourrait être pro-
voquée que par une décision de l'un ou l'au.
tre gouvernement.
LES ENFANTS DE TROUPE
Je cueille cet entrefilet significatif dans
Y Union républicaine de Fontainebleau
(numéro dy 16 août) :
Distribution des prix aux élèves des frères
Jeudi 14 août a eu lieu dans la salle du
théâtre, sous la présidence de M. Guenée, pre-
mier adjoint, la distribution des prix de l'é-
cole communale dirigée par les frères.
M. Courcelle, adjoint ; Desliens, archiprê-
tre, ainsi que M. le colonel du 85e de ligne et
M. Richard, inspecteur primaire, avaient pris
place aux côtés de M. le président. Nous avons
remarqué sur l'estrade presque tous les offi-
ciers du 85e de ligne, qui désiraient assister
au couronnement des enfants de troupe, qui
fréquentent cette école.
Je trouve tout naturel que les officiers
du 85e de ligne, le colonel en tête, assis-
tassent à la distribution des prix d'une
école où les enfants de troupe du régi-
ment sont élevés. Ce qui m'étonne, c'est
que l'on envoie les enfants de troupe du
régiment dans cette école, qui est une
école congréganiste.
Je sais que la ville de Fontainebleau
possède, en outre d'un collège commu-
nal qui est fort bon, une école commu-
nale laïque de garçons, sous la direction
d'un excellent instituteur.
Pourquoi le colonel du 85° de ligne
préfère-t-il à une école de l'Etat, pour
élever les enfants de l'Etat, une con-
currence où l'on enseigne des principes
directement contraires à ceux sur les-
quels l'Etat repose? 4
Permettez-moi de couper dans l'Uni-
vers les quelques lignes qui suivent :
Le Journal de VAveyron rend compte de
la distribution des prix au collège des jésui-
tes de Saint-Affrique.
Mgr l'évêque de Rodez présidait, ayant à
ses côtés deux adjoints au maire, le prési-
dent du tribunal civil et un grand nombre
de prêtres. « 11 n'y a aujourd'hui, a dit Mgr
Bourret, que des jésuites dans cette enceinte.
Nous LE SOMMES TOUS. La cause des jésui-
tes, c'est la cause de l'Eglise elle-même. »
Nous ne le leur faisons pas dire. Tous
jésuites î Quel goût nos officiers supé-
rieurs ont-ils à confier aux jésuites l'é-
ducation des enfants de troupe ?
M. le ministre de la guerre le sait-il?
Et s'il le sait, l'approuve-t-il ?
FRANCISQUE SARCEY.
-
INFORMATIONS
Le conseil des ministres s'est réuni hier
matin à l'Elysée sous la présidence de
M. Grévy.
M. Lepère, ministre de l'intérieur, qui
était rentré hier au soir à Paris pour as-
sister à cette séance, est reparti immédia-
tement après le conseil pour Auxerre, avec
M. Emmanuel Arène, chef de son secréta-
riat particulier.
Le ministre de l'intérieur restera dans
ryonne jusque mercredi prgchaiu.
M. Cochery, ministre des postes et des
télégraphes, est charge de l'intérim du mi-
nistère des finances, pendant l'absence di
M. Leon Say.
Les collèges électoraux de Guimgamp
(l'e circonscription), et de Valence (2e cir-
conscription), sont convoqués à l'effet d'é-
lire chacun un député, en remplacement
de MM. Huon et Isidore Christophle, dé
cédés.
La date de cette double élection est fixéa
au dimanche 14 septembre prochain.
L'Union publie la note suivante :
Plusieurs dépêches, reproduites par les
journaux français et étrangers, annoncent
que M. le comte de Chambord doit se rendra
en Angleterre. D'autres prétendent même
qu'il doit voyager en Suisse.
Nous sommes autorisés à démentir ces bruits,
qui n'ont aucun fondement.
La Civilisation publie une note sembla
ble.
Un journal a annoncé que le conseil des
ministres devait s'occuper hier matin de
la question de l'évêché d'Amiens.
Le Temps déclare que cette nouvelle est
absolument dénuée de fondement. La
question n'a pu être soumise au conseil de
ce matin, car elle est encore dans la pé-
riode des négociations, et celles-ci parais-
sent devoir exiger encore un certain temns.
D'aillej"-* 1.. i— uv cwtt rauee en
i.w.isei l que lorsque tous les ministres se-
ront présents à Paris.
- *
On sait que le préfet des Ardennes veut
donner sa démission. Le Nord-Est, de
Charleville, confirme aujourd'hui cette
nouvelle :
« Nous pensons, en effet, que qour des
raisons toutes particulières, M. le préfet
Payelle serait dans l'intention de se reti-
rer ; mais nous croyons savoir que con-
trairement à ce qu'avance le Courrier, cet
honorable fonctionnaire n'a reçu de M. le
ministre de l'instruction publique aucun
ordre concernant la question des écoles de
Charleville qui ait pu le mettre dans la
nécessité de résigner ses fonctions. »
L'Union libérale explique comme suit
les raisons qui ont motivé cette démis-
sion :
« Le conseil municipal de .Charleville
maintenait l'exclusion absolue des sœurs
de Saint-Vincent de Paul et repoussait
l'organisation immédiate et parallèle, pro-
posée à l'unanimité par le conseil départe-
mental, d'écoles de filles laïque et congré-
ganiste.
Le préfet n'a pas voulu se séparor du
conseil départemental ni créer de conflit
avec la municipalité, qui est républicaine.
L'Union liberale ajoute que l'on regrette
qu'une proposition transactionnelle n'ait
pas été adoptée.
Le maire et les adjoints de Charleville
sont également démissionnaires. »
M. Waddington ne partira que dans
deux jours. Il reste à Paris pour recevoir
demain M. Boerescu, ministre des affaires
étrangères de Roumanie, qui vient l'entre-
tenir de la question de la naturalisation
des israélites roumains. M. Boerescu ar-
rive de Vienne et de Berlin, et après son
séjour à Paris il se rendra à Londres.
Par décision ministérielle du 16 août
1879, M. Flogny, général de brigade, dis-
ponible, est nommé au commandement
de la subdivision de Constantine, en
remplacement de M.. le général Le Mains,
décédé.
t—~
Le Siècle signale le fait suivant qui vient
de se passer au 148 arrondissement, dans
la séance de la commission chargée d'éta-
blir la liste du jury.
Depuis plusieurs années, M. de Boutiiil,
lier, juge au tribunal de la Seine, est dé-
signé pour présider cette commission.
M. Llanta, adjoint au maire et son re-
présentant à la commission, n'ayant pu
obtenir la parole de M. Bouthillier après
l'avoir demandée à plusieurs reprises, a i
quitté la séance, en déclarant « que son
rôle devenait parfaitement inutile dans de
pareilles conditions ».
MM. les conseillers municipaux Lene-
veux, Magnier et le colonel Martin ont refu
sé, de leur côté, de signer les listes et le
procès-verbal dicté par M. le président da
la commission.
Le ministre de la guerre et le ministre
de la marine vont soumettre au conseil
d'Etat un projet de décret déterminant les
conditions d'après lesquelles les officiers
et fonctionnaires militaires seront assu-
jettis à l'obligation de loger des troupes
d'après les principes posés par la loi sur
les réquisitions militaires.
Hier à une heure, la légion de la garde
républicaine (cavalerie et infanterie), com-
mandée par le colonel Guillemard, a 1 été
passée en revue sur l'esplanade des Inva-
lides par M. le généralde division Hartung;
inspecteur général.
Cette revue d'honneur avait pour but da
clore les opérations d'inspection de ca
corps d'élite.
Le soir, le général Hartung a réuni dans
un banquet, àl hôtel du Louvre, les officiers-
supérieurs et les plus anciens officiers de
chaque grade, non-seulement de la garde,
républicaine, mais encore de la légion de
gendarmerie mobile et de la ire légion de
gendarmer ie, qui font également partie de
son arrondissement d'inspection.
Un événement douloureux a attristé la
revue : M. Sellenick, l'habile chef de musi-
que du régiment, est tombé frappé d'une
attaque d'apoplexie.
Les musiciens se sont empressés autour
de lui, et les premiers soins lui ont été
donnés parle médecin-major de la légionj
Transporté sans connaissance à la ca.,;.¡
serne de la Cité, M. Sellenick n'a pas en
core pu prononcer une parole; il ne recon-
naissait personne, et son état inspire d'gis-
sez sérieuses inquiétudes.
Ses nombreux amis se sont empressés,
d'aller prendre de ses nouvelles.
n*
Le Journal officiel publie le texte iui
rapport adressé au président de la RjpiJ¡,
1 'J.i -
, E r
t.
1 -
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR t
RÉDACTION
S'adresser au Secrétaire de la Rédaction
de 2 heures à minuit
16, ru.e GadLet, IE3
Les Manuscrits non insérés ne seront pas rendus
- - ABONNEMENTS
DEPARTEMENTS
Trois mois 4 6 »»
Six mois 32 »»
Un an. 62 »»
PARIS
Trois mois. f9 tif
Six mois 35 »#
Un an --------- M MM
Supplément pr l'Étranger (Europe) 1 fr. par trimestre
- Les abonnemtl partent des ter et 15 de chaque mois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANÇE, CERF et ?
6, place de la Bourse, 6 v>
ADMINISTRATION l
Adresser les Lettres et Mandats à l'Administrateur
1S5 rue Gaciet, 16 1.
- » »
Les Lettres non affranchies seront refusées
ABONNEMENTS1 i r7
DÉPARTEMENTS
.Trois mois. 16 »»
Six mois. 32 »»
Un an. 62 »»
U_-., PARTS R
Trois mois. 43 »»'
Six mois. 25 oa
Un an. 50 'ri)
Supplément pr l'ttl'anger (Europe 1 fr. par trimestre
Les Abonnenttg partent des itret 15 de cnaquemois
Régisseurs d'annonces : MM. LAGRANGE, CERF et Qt
6, Place de la Bourse. 6
14 fi I'
BULLETIN v
1
::.
1 - - Parts, 22 août 1879.—"
1 Le Journal officiel d'hier matin a pu-
blié un décret convoquant les colléges
électoraux de la première circonscription
de-l'arrondissement de Guingamp et de la
deuxième circonscription de l'arrondisse-
N ment de .Valence pour le dimanche 14 sep-
tembre à l'effet d'élire chacun un député.
Par décret en date du 19 août, M. Co-
chery, ministre des postes et télégraphes,
est chargé de l'intérim du ministère des
finances pendant l'absence de M. Léon
Say.
Le Journal officiel a également publié
un rapport du garde des sceaux au prési-
dent de la République sur le compte géné-
ral de l'administration de la justice crimi-
nelle en France et en Algérie pendant ran-
née 1877.
Le khédive vient de nommer Mansour-
Pacha ministre de l'intérieur, mais seule-
ment par intérim ; on pense que ce porte-
feuille est réservé à Riaz-Pacha. Le khé-
dive, s'il faut en croire une correspon-
dance adressée au Times, serait résolu à
ne pas prendre de ministres étrangers,
mais il consentirait volontiers à confier
à des Européens le poste de sous-se-
crétaires d'Etat. Ces derniers seraient plus
spécialement chargés du contrôle de l'ad-
ministration. Ce sont là, sans doute, de
belles promesses; Ismaïl-Pacha .n'hésitait
pas à en faire de semblables ; se réalise-
ront-elles mieux aujourd'hui? Les jour-
naux anglais se montrent peu satisfaits du
changement ministériel qui vient d'avoir
lieu en Egypte. Ils pensent que Tewflk-
Pacha prend la présidence du conseil pour
être plus sûr de tenir le conseil sous sa
dépendance personnelle. Ils font remar-
quer qu'il y a ainsi analogie complète en-
tre la situation créée par le dernier vi-
ce-roi et celle créée par le nouveau.
Ils se demandent, en conséquence, quel
bien est résulté de la déposition d'Ismail-
Pacha. « Le personnel est changé, dit à ce
sujet le Globe de Londres, mais les choses
restent absolument ce qu'elles étaient. Il
est vrai que Tewfik évite de se mettre en
lutte ouverte avec les puissances occiden-
tales ; mais la révolte de son prédécesseur
contre leur autorité s'était signalée par
des actes plutôt que par des paroles, car il
continuait jusqu'au bout à protester de
son ardent désir de faire leur volonté et il
affirmait que, s'il agissait avec indépen-
dance, c'est qu'il était contraint par d'im-
périeuses nécessités. »
M. Boerescu, ministre des affaires étran-
gères de la Roumanie, vient d'arriver à
Paris après avoir visité Vienne et Berlin
pour tâcher d'arriver à une solution de la
question des israélites en Roumanie. Nous
ne croyons pas que le ministre ait lieu de
se féliciter beaucoup des résultats qu'il a
obtenus jusqu'à présent.
Une dépêche de Vienne adressée au
Dailv Telegraph annonce que des diver-
gences sérieuses d'opinion se sont pro-
duites au sein de la commission chargée
de fixer la frontière entre la Russie et l'A-
sie-Mineure. Les travaux de la commis-
sion ont dû être interrompus.
E. BARBIER.
———— ♦ ————.
Bourse de Paris
PETITE BOURSE DU SOIR
50/0 • 116fr. 933/4, 95.
Effvnte 6 OTO 236 fr. 25.
- Autres râleurs sans affaires.
Nous appelons l'attention de nos lec-
teurs sur le jugement du tribunal correc-
tionnel d'Ajaccio, dont il est rendu comp-
te dans une autre partie du journal.Nous
connaissions déjà la condamnation à
quinze jours d'emprisonnement qui vient
d'être infligée à M. l'abbé Casasoprana,
desservant de Palneca, en Corse. Mais
nous ne savions pas le détail de l'affaire,
et nous ne possédions pas encore le texte
du jugement, que le public trouvera,
comme nous, d'un haut intérêt. M. Casa-
soprana s'était ingéré de faire signer
une pétition contre la loi Ferry dans
son église, et comme le maire, interve-
yenant, lui disait que le lieu n'était
pas propice, il n'avait tenu aucun
compte de ce sage avis sous le beau
prétexte que ( la maison était à lui.»
Cette pétition , vraisemblablement ré-
digée par M. Casasoprana, est un mor-
ceau de style aussi violent que possible ;
mais comme elle était écrite en français,
et que la plupart des ouailles de M. Casa-
soprana parlent corse, le desservant de
Palneca en fit d'abord à son auditoire une
traduction vigoureusement commentée.
L'instruction rapporte cette phrase entre
autres : « Non bisogna arrestavi ai cir-
culari di certi prefette e ministri, perche
sono genti indiavolati che non hanno re-
ligione. » Ce qui signifie mot à mot :
« Vous n'avez que faire de vous arrêter
aux circulaires de certains préfets et mi-
nistres, parce que ce sont des gens pos'
sédés du diable, qui n'ont pas de
religion. » Nous voyons qu'un des prin-
cipaux moyens de défense invoqués par
le desservant de Palneca, c'est qu'il ne
s'éîait attaqué qu'à un projet de loi qui
n'est encore voté que par une des Cham-
bres et qui, par suite, n exilste qu'à l'tat
de projet et non pas de loi. Mais le tribu-
nal a écarté dans ses attendu cet argu-
ment de l'avocat, qui n'était pas même
spécieux. «Attendu, dit le jugement,qu
» la pétition dont lecture a été donnas
» par le prévenu contient la critique des
yn projets de loi présentés par le gouver-
» nement ; qu'ainsi cette pétition, bien
M que licite en elle-même, ne pouvait
» être lue à l'église par les ministres du
?
*> culte ; attendu que la critique a été
» plus vive encore dans l'allocution dont
V l'abbé Casasoprana a fait suivre sa
» lecture ; attendu qu'il n'importe que
» la pétition et les discours du prévenu
» aient été dirigés non contre une loi dé-
» jà votée ou un acte de l'autorité obli-
» geant les citoyens à l'obéissance, mais
» seulement contre des projets de lois ;
» qu'en effet la prohibition adressée aux
» ministres du culte par l'article 201
» s'étend aux actes quelconques de l'au-
» torité ; qu'il suffirait -des termes :
» Critiques ou censures du gouverne-
» ment, qui commencent l'énuméra-
» tion dudit article, pour que le fait éta-
» bli à l'encontre du prévenu fût cons-
» titutif du délit, etc.» En conséquence
M. l'abbé Casasoprana s'est vu condamner
à quinze jours d'emprisonnement, qu'il
n'a pas volés. Les journaux ajacciens
nous apprennent que l'émotion a été pro-
fonde dans le clergé corse ; nous en som-
mes d'autant plus charmés que, si elle
est profonde, elle sera vraisemblablement
salutaire. Nous ajouterons, au risque de
provoquer un nouvel accès d'indignation
du Français et de l'Univers, que ce n'est
pas seulement en Corse que le gouverne-
ment devrait faire appliquer les lois de
l'Etat, qui sont formelles. Parmi les ex-
traits que nous donnions tout dernière-
ment des pièces annexées au rapport de
M. Eugène Pelletan, il se trouvait un
rapport de M. le procureur général de
Chambéry, pour n'en pas citer d'autres,
signalant au garde des sceaux divers
discours tenus en chaire qui nous pa-
raissent pour le moins aussi vifs
que les propos de l'abbé Casasoprana.
Le procureur général demandait s'il
devait poursuivre. Que lui a-t-on ré-
pondu? Quant à nous, nous sommes de
très déterminés partisans d'une égale
application de la loi sur tous les points
du territoire. Sans compter que beau-
coup d'agitateurs se calmeraient vite si
les trihunauxcorrectionnels appliquaient
aux cerveaux échauffés de certains cu-
rés la petite douche que vient de rece-
voir l'abbé Casasoprana. Les fanatiques
du clergé se croient tout permis ; or, il
ne serait pas mal peut-être de leur rap-
peler que, depuis 1789, il n'y a plus de
privilèges et que la loi oblige, sans dis-
tinction d'ordres, l'universalité des ci-
toyens français.
EUG. LIÉBERT
DISCOURS DE M. WADDIMSTON
MINISTRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES
M. Waddington a prononcé dans un
banquet qui a été offert, à la préfecture
de l'Aisne, au conseil général dont il est
président, un discours dont voici le texte :
Messieurs,
Parmi les paroles si flatteuses qui viennent
de m'être adressées par M. le préfet, je n'en
voudrais retenir et ne m'en approprier que
deux. Oui, c'est ici, c'est dans le conseil gé-
néral de l'Aisne que j'ai été initié d'abord aux
affaires publiques; c'est ici que j'ai pu con-
naître et apprécier l'esprit de sagesse, de me-
sure, de liberté résolue dont nos populations
sont animées, et que j'ai pu m'impréguer
moi-même de cet ensemble d'idées modérées
et libérales auquel le département de l'Aisne
est de tout temps resté fidèle. En second lieu,
il est très vrai que cette lourde charge de la
présidence du conseil m'a été imposée bien
malgré moi, que je ne l'ai acceptée qu'à con-
tre-cœur, car personne ne savait mieux que
mol quelles difficultés le nouveau cabinet
aurait à affronter.
En enet, nous arrivions au pouvoir après
une crise subite et généralement imprévue
qui avait amené un changement dans le pou-
voir exécutif, et qui nous mettait en face de
plusieurs questions graves et irritantes, qui,
pour différentes raisons, avaient été jusqu'a-
lors ajournées ; c'était l'arriéré de plusieurs
années qu'il fallait liquider, c'était tout un
legs du passé que nous étions obligés d'ac-
cepter.
Permettez-moi, messieurs, de vous rappe-
ler brièvement comment ces questions ont
été résolues, de passer en revue devant vous
l'œuvre de la session qui vient de se terminer,
de vous montrer le chemin parcouru et les
résultats acquis pendant ces quelques mois.
Vous reconnaîtrez, je l'espère, que ce temps
n'a pas été perdu pour la France, et que les
pouvoirs publics en ont fait un utile et fruc-
tueux emploi.
La première question qui s'imposait à nos
délibérations était celle de l'amnistie : ques-
tion pénible et douloureuse entre toutes, où
les cœurs les plus droits, les jugements les
plus fermes, les âmes les plus généreuses,
étaient partagés entre le désir de pardonner
à des égarés, déjà suffisamment punis, et le
devoir de ne montrer aucune faiblesse pour
un des crimes les plus odieux de notre his-
toire. Le gouvernement s'arrêta au système
de l'amnistie partielle et individuelle, dont il
prit résolument toute la responsabilité, et les
deux Chambres approuvèrent sa décision.
Cette question est maintenant réglée et défi-
nitivement réglée, et le gouvernement s'op-
posera énergiquement à toute tentative qui
pourrait être faite pour la rouvrir. -
C'est au même ordre d'idées et à une en-
treprise indirecte de ce genre que se rattache
l'élection de M. Blanqui à Bordeaux. En s'abs-
tenant pendant la période électorale, le gou-
vernement n'a fait que se montrer le scrupu-
leux observateur de la loi, qui lui interdisait
d'intervenir. Mais une fois la question portée
devant la Chambre des députés, il n'a pas hé-
sité à déclarer l'élection illégale et à en de-
mander l'annulation ; en efl'et, la loi a été
faite pour tous, et qu'il s'agisse d'un simple
citoyen, d'un arrondissement ou d'une frac-
tion quelconque du suffrage universel, elle
réclame une égale obéissance. A la Chambre,
la doctrine contraire n'a trouvé que bien
peu de partisans, et après avoir agité la
presse pendant un mois, après avoir fourni
à tous les adversaires de la République
un thème inépuisable de récriminations con-
tre le gouvernement, la validation de l'élec-
tion n'a été soutenue que par 39 voix sur
plus de 400 votants. Je n'ai pas besoin d'ajou-
ter que la résolution du gouvernement en ce
qui touche cette question est aussi ferme au-
jourd'hui qu'elle l'était naguère.
Rnp autre grave question que nous avions
à résoudre était celle du procès des ministres
du 16 Mai; ajournée ou assoupie pendant
l'année 1878, elle se posait maintenant devant
la Chambre, par suite du dépôt du rapport de
la commission d'enquête.
Dès sa formation, le nouveau cabinet avait
décidé qu'il s'opposerait do toutes ses forces
à ces représailles, qui présentaient les plus
graves inconvénients politiques et qui eussent
imprimé au nouveau régime et à la nouvelle
présidence un caractère qui ne lui convenait
à aucun degré. D'un autre côté, à la Chambre,
nombre de députés avaient reçu le mandat
de poursuivre ce qu'ils regardaient comme
une réparation nécessaire, et cependant, mal-
gré les violences qui avaient signalé les luttes
électorales de 1878, malgré les griefs les
plus légitimes, la majorité républicaine de la
Chambre n'hésita pas à suivre le gouverne-
ment. sur le terrain où il se plaçait, et à faire
acte d'abnégation et de haute raison politi-
que en épargnant au pays de nouvelles agi-
tations.
La question du retour des Chambres à Pa-
ris, d'abord écartée par les scrupules consti-
tutionnels du maréchal de Mac-Mahon, appe-
lait également une prompte solution.
Un système, qui avait sa raison d'être pen-
dant les premières années de l'Assemblée
nationale, ne pouvait pas se perpétuer indé-
finiment sans nuire à la bonne expédition
des affaires, sans retarder et entraver à cha-
que instant l'activité parlementaire, sans por-
ter une atteinte grave à la force et au prestige
du gouvernement de la République. Le cabinet
appuya donc le retour à Paris et chercha à
en faciliter l'exécution pratique, bien con-
vaincu, d'ailleurs, qu'à l'avenir nos luttes po-
litiques se résoudront non plus par l'émeute
et les manifestations de la place publique,
mais par le bulletin de vote.
Voilà, messieurs, trois graves questions
que le cabinet du 5 février avait rencontrées
à son début, et toutes les trois ont été heu-
reusement vidées.
Pendant ce temps, les intérêts d'un autre
ordre, mais non moins importants, n'étaient
pas oubliés. Le conseil d'Etat était réorganisé,
une nouvelle subvention de trois cents mil-
lions était accordée aux chemins vicinaux, la
loi de classsement du réseau complémentaire
des chemins de fer et celle des travaux dans
les ports maritimes étaient votées, l'enseigne-
ment supérieur était organisé en Algérie, l'é-
tablissement d'écoles normales primaires
était rendu obligatoire pour les départements
et snfin le budget était voté par la Chambre
des députés. Vous reconnaîtrez, messieurs,
que peu de sessions législatives ontété mieux
employées, et cela, malgré les difficultés po-
litiques qui avaient signalé les premiers
mois de l'année, et détourné dendant quel-
que temps l'attention des Chambres de leurs
travaux habituels.
Restent deux lois qui ont été votées par la
Chambre et qui seront soumises au Sénat
dans sa prochaine session : la loi sur l'ensei-
gnement supérieur et la loi sur le conseil .su-
périeur de l'instruction publique. Elles ont
déjà donné lieu à des polémiques passion-
nées, à des discussions ardentes qui souvent
ont plutôt enflammé qu'éclairé les esprits.
Elles ont donné lieu à des divergences d'opi-
nion, fort explicables d'ailleurs, au sein du
parti républicain. J'espère que pendant les va-
cances, le calme et la réflexion améneront un
rapprochement entre d'excellents esprits, qui
peuvent différer sur les moyens, mais qui as-
surément doivent s'entendre sur le butàpour-
suivre.
Je n'ai pas entrer ici dans l'examen de ces
lois ; mais je dois signaler deux points sur
lesquels on a singulièrement dénaturé la vé-
rité.
On a cherché à leur attribuer le caractère
de persécution religieuse, il n'en est rien; ces
lois sont des lois politiques, et, quoi qu'on en
dise, elles n'apportent aucun changement ni
à la liberté des cultes, ni à la situation du
clergé séculier, telles qu'elles existent depuis
longtemps. Mais la liberté de l'enseignement,
si respectable qu'elle soit, ne peut pas devenir
une arme aux mains de ceux qui veulent bat-
tre en brèche les bases de notre société mo-
derne ; elle ne doit pas être un instrument
pour élever les jeunes générations dans l'a-
version des institutions que la France s'est
données après tant d'efforts et de luttes, et
dansl'espérance d'amener le retour d'un passé
désormais impossible.
Voilà pourquoi l'Etat a le droit et le devoir
-d'intervenir dans ces questions. Agir autre-
ment serait se laisser volontairement duper.
On peut se demander si le gouvernement a
proposé les meilleurs moyens pour atteindre
le but, si l'on peut concilier d'une autre
façon la liberté de l'enseignement avec les
droits nécessaires de l'Etat ; je comprends et
j'admets la discussion sur ces points, mais ce
qui ne saurait être contesté au sein du parti
républicain, c'est que le gouvernement a
usé d'un droit légitime en agissant comme il
l'a fait.
Bien que préoccupés à juste titre de ces
hautes et difficiles questions, les pouvoirs pu-
blics n'ont pas négligé les intérêts des con-
tribuables. La Chambre a voté, sur la propo-
sition du ministre des finances, un dégrève-
ment de 23 millions sur les patentes, ce qui
constitue un véritable bienfait pour une classe
nombreuse et intéressante de la population,
celle qui prend une si grande part à la
production de la richesse publique.
Enfin, messieurs, vous seriez peut-être
étonnés si je vous disais que cette Répu-
blique, si cavalièrement, si dédaigneusement
traitée par les organes des anciens partis, a
tout simplement la meilleure situation finan-
cière qui existe aujourd'hui en Europe. L'an-
née 1879 n'est pas une année particulière-
ment prospère : plusieurs branches de l'in-
dustrie nationale sont en souffrance, et l'a-
griculture passe par une véritable crise, cau-
sée surtout par une suite de mauvaises ré-
coltes. -
Eh bien ! malgré la probabilité d'une ré-
colte médiocre, au 16 juillet dernier, le ren-
dement des impôts de toute nature présen-
tait un excédant de SO millions sur les pré-
visions budgétaires. Si ce mouvement de pro-
gression se maintient, si aucun événement
fâcheux ne vient troubler la situation, nous
pourrons, je l'espère, marcher plus hardi-
ment l'année prochaine dans la voie des dé-
grèvements.
Si à cet exposé rapide de l'œuvre législa-
tive et de notre situation intérieure, j'ajoute
que la France est en paix avec le monde en-
tier et dans les meilleures relations avec tous
ses voisins, j'aurai achevé de vous dire ce
qu'est aujourd'hui la situation de la Répu-
blique.
Ce résultat, messieurs, nous le devons avant
tout à cette population sage et laborieuse
qui, laissant gronder au-dessus d'elle les pe-
tites tempêtes de la vie parlementaire, tra-
vaille, produit, épargne en paix, sachant
qu'elle peut avoir confiance dans le gouver-
nement qu'elle s'est donné ; population vail-
lante et travailleuse, sous la blouse de l'ou-
vrier comme sous l'uniforme du soldat. Nous
le devons à la sagesse et au patriotisme de
nos assemblées, qui n'ont jamais hesité à re-
venir sur des entraînements passagers et à
sacrifier des idées ou des systèmes préconçus
à l'intérêt supérieur et permanent de la Ré-
publique. Nous le devons enfin à la confiance
universelle qu'inspirent la droiture, la ferme-
té, la modération du président de la Répu-
» âque. i
Je bois, messieurs, à la santé de M. Grévy,
président de la République française.
■
Le Divorce
Voici de quel ton et de quel style les
écrivains del Univers traitent la doulou-
loureuse question du divorce. Je donne
textuellement le passage :
« Le banquier de la souscription Naquet
porte un nom prédestiné. Il s'appelle M. Le-
hideux. Le hasard est par moments un in-
comparable farceur : Maison Naquet-Lehideux
nous semble d'un complet à désespérer la fa-
cétie la plus ultra-fantaisiste. Décidément
nous n'aurons pas,croyons-nous, le courage de
discuter à froid la thèse de M. Alfred Naquet.
A quoi bon ! le divorce est une turpitude ab-
solument répugnante, et M. Naquet rend toute
réfutation superflue. Lui même se charge de
faire barboter ce qu'il appelle son projet de
loi dans les ruisseaux du ridicule et de l'o-
dieux. M
Tels sont les arguments de ces mes-
sieurs ! tel est leur langage ! Vous pen-
sez bien que je n'aurais pas pris la peine
de mettre cet article sous vos yeux s'il
n'avait eu d'autre avantage que de vous
montrer une fois de plus combien les
écrivains, de l'Univers sont grossiers
dans l'invective. Tout le monde est. <1*»-
pu
Louis Veuillot, le maître du genre, a fait
de pauvres élèves, et dont il doit être
bien honteux si par hasard il lit ces élu-
cubrations, où l'on voit que des écoliers
ont gauchement pioché le style poissard,
qu'il maniait, lui, comme sa langue ma-
ternelle.
Mais j'ai trouvé dans cet article une
courte phrase qui mérite qu'on s'y arrête
et qu'on la relève.
Le sous-Veuillot, qui cultive l'ironie, la
plus française des figures de rhétorique,
dit avec un malicieux sourire à propos du
divorce :
Les conjoints mal assortis et d'humeur an-
tipathique offrent peu de garanties en ce qui
touche le perfectionnement de la race. M. Na-
quet se charge d'appareiller convenablement
les couples, jeunes ou vieux; le divorce est
son agent parfaitement sûr de sélection ma-
trimoniale.
Vous sentez, n'est-ce pas, le piquant
de la plaisanterie? C'est un tour agréable
pour railler l'impertinence de ce pauvre
M. Naquet, qui va se mettre en cervelle
que l'on doit songer, quand on unit deux
conjoints, quels enfants devront naître
de ce mariage. Y a-t-il rien de plus gro-
tesque, en effet,"que cette préoccupation?
La sélection matrimoniale ! Allons donc !
cela est bon pour les animaux ; peut-on
ravalera la bête le roi de la création,
l'homme, fait à l'image de Dieu?
Eh ! mais, savez-vous bien que si en effet
le divorce était, pour me servir des ex-
pressions de M.Philippe Serret, un agent
de sélection matrimoniale, ce serait en sa
faveur un des plus puissants arguments
que l'on pût employer.
Mais il n'en est rien, et M. Philippe
Serret ne s'est pas aperçu qu'emporté
par son humeur de plaisantin, il a mal
posé la question. , -. -..
Le divorce ne peut que reparer les bé-
vues des pères et mères qui ont mal appa-
rié (et non appareillé comme on a tort
de le dire à Y Univers) leurs enfants, et
ont uni, malgré les répugnances de la
nature, deux jeunes gens qui sont anti-
pathiques l'un à l'autre, et qui forment
nécessairement un couple mal assorti.
Mais ces bévues, il faudrait d'abord ne
pas les commettre..
M. Philippe Serret ne remarque point
qu'il fait le procès à nos mœurs, qui, en
multipliant le nombre des mariages mal
assortis, rend le divorce plus nécessaire.
Tout le monde sait, en effet, que chez
nous le goût des deux jeunes gens l'un
pour l'autre n'est pas assez sérieusement
consulté. On tient peu de compte en gé-
néral de ces antipathies mystérieuses
qui éloignent une jeune personne de tel
homme qu'on lui présente.
—Mais enfin qui est-ce qui te déplaît en
lui ? demande la mère.
— Je ne sais pas, répond la fille en
pleurant.
— Eh bien ! si tu ne sais pas, comment
veux-tu que personne le sache? Tout ça,
c'est des manières.
Et comme toutes les convenances y
sont, convenances de fortunes, de posi-
tions, de famille, les parents concluent
le mariage sur ce bel aphorisme :
- Bah ! on finit toujours par aimer le
père de ses enfants.
Pas toujours, madame, pas toujours.
L'axiome n'est pas d'une vérité géomé-
trique. Il a reçu de la vie quotidienne
plus d'un démenti. Mais ce n'est pas tout,
et M. Philippe Serret sait bien vous le
dire :
— Que seront les enfants nés de ces
unions formées par contrainte et qui doi-
vent rester froides ? 1
Il y a un vieux proverbe qui prétend
que les enfants de l'amour sont tous beaux
et sains. Mais les autres ?
J'avoue que pour mon compte je ne
voudrais pas insister sur ce point délicat
de physiologie. Ce sont là des questions
encore trop obscures. La science n'a pas
encore pénétré le mystère des nom-
breuses et complexes influences qui pré-
sident à la formation et à la naissance
des enfants. Nous ignorons même, je
crois, si parmi ces influences il faut
compter celle dont M. Philippe Serret
parle, le plus ou moins de sympathie que
les époux éprouvent l'un pour l'autre. Il
est impossible, en tout cas, de mesurer
le degré d'action qu'elle peut exercer.
Mais qui n(voit pas que si l'on admet
ce point de vue de la science, si l'on croit
en effet, avec beaucoup de physiologis-
tes, que les enfants portent sur leurs
traits et dans leur santé la marque du
peu d'affection que les parents ont senti
l'un pour l'autre, qui ne voit que ce se-
rait là, avec la façon dont nos mariages
se bâclent, une raison péremptoire en
faveur du divorce? Qui ne voit qu'il n'y
a pas là de quoi rire, et que le sous-
Veuillot en' est pour ses frais de sotte et
misérable raillerie ?
1 FRANCISQUE SARCEY.
.——————— » ———————
La prorogation des traités de commerce
Le Journal des Débats, dont on connaît
les relations avec M. Léon Say, publie la
note suivante :
La loi qui autorise le gouvenement à pre-
roger les traités de commerce actuellement
en vigueur nous ramène, après quelques vi-
cissitudes, à la situation dans laquelle nous
nous trouvions placés à l'égard de l'étranger
à la fin de l'année dernière, avant la dénon-
ciation du 1er janvier. Il serait toutefois plus
juste de dire qu'elle est destinée à nous ra-
mener à cette situation, parce qu'il nous reste
à nous entendre avec les .puissances étran-
gères et à obtenir leur consentement à une
reconduction des traita a n net 1, ox-oi*. i-u
o«t H.ssoiUjment ne nous fera pas- défaut, et
qu'en Angleterre tout au moins nous trouve-
rons le gouvernement disposé à rétablir le
modus vivendi qui proroge les conventions de
1860 depuis leur première dénonciation en
1871. On peut donc se demander sous quelle
forme l'entente nouvelle devra être consacrée.
Il semble d'abord évident que dans un acte
international il ne doit pas être fait mention
du vote du tarif général assigné par la légis-
lature comme point de départ des pouvoirs
conférés au gouvernement.
Quelque partisan que nous soyons de la
durée fixe des traités, nous ne voyons pas de
raison pour nous engager vis-à-vis de l'é-
tranger à ne dénoncer nos traités que dans
le cas unique où le tarif général viendrait à
être voté. Il nous parait plus prudent de con-
server notre liberté d action dans la mesure
où elle peut se concilier avec les termes de
la loi du 4 août. Le meilleur serait donc de
conclure avec les puissances étrangères et
avec l'Angleterre d'abord un arrangement qui
consisterait en deux dispositions. La première
stipulerait que le traité qui subsiste jusqu'à
la fin de l'année courante par reconduction
demeurerait en vigueur après cette date,
jusqu'à sa dénonciation par l'une ou l'autre
des parties contractantes. Une seconde dis-
position déciderait que dans "aucun cas cette
dénonciation ne pourrait produire ses effets
avant l'expiration du sixième mois à partir de
sa notification. La permanence des traités de-
viendrait ainsi la règle destinée à subsister
de plein droit indéfiniment, sans nouvelle en-
tente ; et leur cessation ne pourrait être pro-
voquée que par une décision de l'un ou l'au.
tre gouvernement.
LES ENFANTS DE TROUPE
Je cueille cet entrefilet significatif dans
Y Union républicaine de Fontainebleau
(numéro dy 16 août) :
Distribution des prix aux élèves des frères
Jeudi 14 août a eu lieu dans la salle du
théâtre, sous la présidence de M. Guenée, pre-
mier adjoint, la distribution des prix de l'é-
cole communale dirigée par les frères.
M. Courcelle, adjoint ; Desliens, archiprê-
tre, ainsi que M. le colonel du 85e de ligne et
M. Richard, inspecteur primaire, avaient pris
place aux côtés de M. le président. Nous avons
remarqué sur l'estrade presque tous les offi-
ciers du 85e de ligne, qui désiraient assister
au couronnement des enfants de troupe, qui
fréquentent cette école.
Je trouve tout naturel que les officiers
du 85e de ligne, le colonel en tête, assis-
tassent à la distribution des prix d'une
école où les enfants de troupe du régi-
ment sont élevés. Ce qui m'étonne, c'est
que l'on envoie les enfants de troupe du
régiment dans cette école, qui est une
école congréganiste.
Je sais que la ville de Fontainebleau
possède, en outre d'un collège commu-
nal qui est fort bon, une école commu-
nale laïque de garçons, sous la direction
d'un excellent instituteur.
Pourquoi le colonel du 85° de ligne
préfère-t-il à une école de l'Etat, pour
élever les enfants de l'Etat, une con-
currence où l'on enseigne des principes
directement contraires à ceux sur les-
quels l'Etat repose? 4
Permettez-moi de couper dans l'Uni-
vers les quelques lignes qui suivent :
Le Journal de VAveyron rend compte de
la distribution des prix au collège des jésui-
tes de Saint-Affrique.
Mgr l'évêque de Rodez présidait, ayant à
ses côtés deux adjoints au maire, le prési-
dent du tribunal civil et un grand nombre
de prêtres. « 11 n'y a aujourd'hui, a dit Mgr
Bourret, que des jésuites dans cette enceinte.
Nous LE SOMMES TOUS. La cause des jésui-
tes, c'est la cause de l'Eglise elle-même. »
Nous ne le leur faisons pas dire. Tous
jésuites î Quel goût nos officiers supé-
rieurs ont-ils à confier aux jésuites l'é-
ducation des enfants de troupe ?
M. le ministre de la guerre le sait-il?
Et s'il le sait, l'approuve-t-il ?
FRANCISQUE SARCEY.
-
INFORMATIONS
Le conseil des ministres s'est réuni hier
matin à l'Elysée sous la présidence de
M. Grévy.
M. Lepère, ministre de l'intérieur, qui
était rentré hier au soir à Paris pour as-
sister à cette séance, est reparti immédia-
tement après le conseil pour Auxerre, avec
M. Emmanuel Arène, chef de son secréta-
riat particulier.
Le ministre de l'intérieur restera dans
ryonne jusque mercredi prgchaiu.
M. Cochery, ministre des postes et des
télégraphes, est charge de l'intérim du mi-
nistère des finances, pendant l'absence di
M. Leon Say.
Les collèges électoraux de Guimgamp
(l'e circonscription), et de Valence (2e cir-
conscription), sont convoqués à l'effet d'é-
lire chacun un député, en remplacement
de MM. Huon et Isidore Christophle, dé
cédés.
La date de cette double élection est fixéa
au dimanche 14 septembre prochain.
L'Union publie la note suivante :
Plusieurs dépêches, reproduites par les
journaux français et étrangers, annoncent
que M. le comte de Chambord doit se rendra
en Angleterre. D'autres prétendent même
qu'il doit voyager en Suisse.
Nous sommes autorisés à démentir ces bruits,
qui n'ont aucun fondement.
La Civilisation publie une note sembla
ble.
Un journal a annoncé que le conseil des
ministres devait s'occuper hier matin de
la question de l'évêché d'Amiens.
Le Temps déclare que cette nouvelle est
absolument dénuée de fondement. La
question n'a pu être soumise au conseil de
ce matin, car elle est encore dans la pé-
riode des négociations, et celles-ci parais-
sent devoir exiger encore un certain temns.
D'aillej"-* 1.. i— uv cwtt rauee en
i.w.isei l que lorsque tous les ministres se-
ront présents à Paris.
- *
On sait que le préfet des Ardennes veut
donner sa démission. Le Nord-Est, de
Charleville, confirme aujourd'hui cette
nouvelle :
« Nous pensons, en effet, que qour des
raisons toutes particulières, M. le préfet
Payelle serait dans l'intention de se reti-
rer ; mais nous croyons savoir que con-
trairement à ce qu'avance le Courrier, cet
honorable fonctionnaire n'a reçu de M. le
ministre de l'instruction publique aucun
ordre concernant la question des écoles de
Charleville qui ait pu le mettre dans la
nécessité de résigner ses fonctions. »
L'Union libérale explique comme suit
les raisons qui ont motivé cette démis-
sion :
« Le conseil municipal de .Charleville
maintenait l'exclusion absolue des sœurs
de Saint-Vincent de Paul et repoussait
l'organisation immédiate et parallèle, pro-
posée à l'unanimité par le conseil départe-
mental, d'écoles de filles laïque et congré-
ganiste.
Le préfet n'a pas voulu se séparor du
conseil départemental ni créer de conflit
avec la municipalité, qui est républicaine.
L'Union liberale ajoute que l'on regrette
qu'une proposition transactionnelle n'ait
pas été adoptée.
Le maire et les adjoints de Charleville
sont également démissionnaires. »
M. Waddington ne partira que dans
deux jours. Il reste à Paris pour recevoir
demain M. Boerescu, ministre des affaires
étrangères de Roumanie, qui vient l'entre-
tenir de la question de la naturalisation
des israélites roumains. M. Boerescu ar-
rive de Vienne et de Berlin, et après son
séjour à Paris il se rendra à Londres.
Par décision ministérielle du 16 août
1879, M. Flogny, général de brigade, dis-
ponible, est nommé au commandement
de la subdivision de Constantine, en
remplacement de M.. le général Le Mains,
décédé.
t—~
Le Siècle signale le fait suivant qui vient
de se passer au 148 arrondissement, dans
la séance de la commission chargée d'éta-
blir la liste du jury.
Depuis plusieurs années, M. de Boutiiil,
lier, juge au tribunal de la Seine, est dé-
signé pour présider cette commission.
M. Llanta, adjoint au maire et son re-
présentant à la commission, n'ayant pu
obtenir la parole de M. Bouthillier après
l'avoir demandée à plusieurs reprises, a i
quitté la séance, en déclarant « que son
rôle devenait parfaitement inutile dans de
pareilles conditions ».
MM. les conseillers municipaux Lene-
veux, Magnier et le colonel Martin ont refu
sé, de leur côté, de signer les listes et le
procès-verbal dicté par M. le président da
la commission.
Le ministre de la guerre et le ministre
de la marine vont soumettre au conseil
d'Etat un projet de décret déterminant les
conditions d'après lesquelles les officiers
et fonctionnaires militaires seront assu-
jettis à l'obligation de loger des troupes
d'après les principes posés par la loi sur
les réquisitions militaires.
Hier à une heure, la légion de la garde
républicaine (cavalerie et infanterie), com-
mandée par le colonel Guillemard, a 1 été
passée en revue sur l'esplanade des Inva-
lides par M. le généralde division Hartung;
inspecteur général.
Cette revue d'honneur avait pour but da
clore les opérations d'inspection de ca
corps d'élite.
Le soir, le général Hartung a réuni dans
un banquet, àl hôtel du Louvre, les officiers-
supérieurs et les plus anciens officiers de
chaque grade, non-seulement de la garde,
républicaine, mais encore de la légion de
gendarmerie mobile et de la ire légion de
gendarmer ie, qui font également partie de
son arrondissement d'inspection.
Un événement douloureux a attristé la
revue : M. Sellenick, l'habile chef de musi-
que du régiment, est tombé frappé d'une
attaque d'apoplexie.
Les musiciens se sont empressés autour
de lui, et les premiers soins lui ont été
donnés parle médecin-major de la légionj
Transporté sans connaissance à la ca.,;.¡
serne de la Cité, M. Sellenick n'a pas en
core pu prononcer une parole; il ne recon-
naissait personne, et son état inspire d'gis-
sez sérieuses inquiétudes.
Ses nombreux amis se sont empressés,
d'aller prendre de ses nouvelles.
n*
Le Journal officiel publie le texte iui
rapport adressé au président de la RjpiJ¡,
Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
En savoir plus sur l'OCR
En savoir plus sur l'OCR
Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 99.96%.
- Auteurs similaires Gluck Christoph Willibald von Gluck Christoph Willibald von /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Gluck Christoph Willibald von" or dc.contributor adj "Gluck Christoph Willibald von")Meissonnier Jean Racine Meissonnier Jean Racine /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Meissonnier Jean Racine" or dc.contributor adj "Meissonnier Jean Racine") Beauplan Amédée de Beauplan Amédée de /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Beauplan Amédée de" or dc.contributor adj "Beauplan Amédée de") Berton François Berton François /services/engine/search/sru?operation=searchRetrieve&version=1.2&maximumRecords=50&collapsing=true&exactSearch=true&query=(dc.creator adj "Berton François" or dc.contributor adj "Berton François")
-
-
Page
chiffre de pagination vue 1/4
- Recherche dans le document Recherche dans le document https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/search/ark:/12148/bpt6k7566243k/f1.image ×
Recherche dans le document
- Partage et envoi par courriel Partage et envoi par courriel https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/share/ark:/12148/bpt6k7566243k/f1.image
- Téléchargement / impression Téléchargement / impression https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/download/ark:/12148/bpt6k7566243k/f1.image
- Mise en scène Mise en scène ×
Mise en scène
Créer facilement :
- Marque-page Marque-page https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/bookmark/ark:/12148/bpt6k7566243k/f1.image ×
Gérer son espace personnel
Ajouter ce document
Ajouter/Voir ses marque-pages
Mes sélections ()Titre - Acheter une reproduction Acheter une reproduction https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/pa-ecommerce/ark:/12148/bpt6k7566243k
- Acheter le livre complet Acheter le livre complet https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/indisponible/achat/ark:/12148/bpt6k7566243k
- Signalement d'anomalie Signalement d'anomalie https://sindbadbnf.libanswers.com/widget_standalone.php?la_widget_id=7142
- Aide Aide https://gallica.bnf.fr/services/ajax/action/aide/ark:/12148/bpt6k7566243k/f1.image × Aide
Facebook
Twitter
Pinterest