Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1879-07-03
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 03 juillet 1879 03 juillet 1879
Description : 1879/07/03 (A9,N2750). 1879/07/03 (A9,N2750).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/04/2013
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JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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flwHiii les Lettres et Mandats à l'Admiiiîaïrate'
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6, Place de la Bourse, 6
':1t"---'-'
BULLETIN
! I
Parisr 2 juillet 1879.
Le Sénat, dans sa séance d'hier,atten-
du la lecture du rapport de M. Jules Si-
mon sur le projet de loi présenté par le
gouvernement pour fixer à Paris le siège
des deux Chambres. L'urgence a été dé-
clarée.
La Chambre des députés, après avoir
discuté l'interpellation relative à la pré-
fecture de police, a clos le débat par un
ordre du jour pur et simple et repris l'exa-
men du projet de loi relatif à la liberté de
l'enseignement supérieur.
Nous ne recevons toujours pas de dépê-
ches du Caire relativement aux négocia-
tions qui se poursuivent très probablement
entre tes puissances et le nouveau khé-
dive au sujet de la réorganisation de l'ad-
mnistratiou de l'Egypte. Il est difficile
d'admettre que la question égyptienne
soft close par la déposition d'Ismaïl-Pacha.
La France et l'Angleterre ont aujourd'hui
reçu satisfaction sur les points où elles
pouvaient considérer leur dignité comme
engagée, mais une foule d'autres questions
postent à résoudre, et nous pensons que
les- puissances s'occupent de trouver une
solution, sans que nous sachions jusqu'à
présent ce qu'elle pourra être.
Oa mande da Gonstantinople que les
ambassaieurs de France et d'Angleterre
ont protesté contre l'abrogation de l'lradé
impérial de 1873, relatif à l'Egypte, et on
co sidère que la position de Khérédine-
Pacha est, en conséquence, très ébranlée.
Il faut ajouter que Mahmoud-Nadim-Pa-
ha, le dernier grand vizir d'Abd ul-Aziz,
est arrivé inopinément à Constautlno-
pie. Oa avait pendant cette dernière se-
maine annoacé puis démenti le rappel de
ce personnage. Il paraît que, malgré les
démentis o!1\Qlals, le sultan lavait envoyé
dhercher dans soa exil. Le retour de Mah-
moud indique une crise ministérielle pro
chaîne à Constantinople et aussi un échtic
assez grave pour l'influence anglaise.
J*e gouvernement anglais vient us PU -
blie;* la correspondance diplomatique re-
lative aux affaires de la Grèse Elle con-
tient le^ dénê-shes échangées depuis le 5
aSl 1878 jusqu'au 22 juin 1870. Une dé-
pêche portant cette dernière date adres-
sée par le marquis de Sausbury & M.
Layard, invite celut-ci à se mettre en
rapport avec les autres ambassadeurs afin
de,â;e concerter sur les recommandations
à faire à la Sublime Porte relativement
aux frontières de la Grèce. La marquis de
Silkburv reconnaît la nécessité d'une
rectification de frontière et exprime ses
Tegreis que ceti fMti6.c:J.tion n'ait pas été
"meat après la guerre,
effectuée immédiaterae^f ,yî$'Js u?'
alors que l'occasion talt si fvorab le
pour réparer l'erreur commis eti i83 e
marquis de SUisbury constate en giulb
la Porte n'a, jusqu'à présent, donné ?n-
cune indication qui pût faire croire gil letlo
acceptait la délimitation recommandée
apr le congrès de Berlin. Il est donc pro-
bable qu'avant de discuter sur l'applica-
tion sricte de l'ensemble des recomman -
dations du congrès, les ambassadeurs de-
manderont aux puissances intéressées si
plies acceptant la ligne de démarcation
fixée à Beritn. Le ministre termine en
insistant sur ce point, que la rectification
de frontière sera très-avantageuse h la Tur-
quie, si le sultan demande une garantie
pour le maintien d'une attitude amicale
CIle la part de la Grèce. Le gouvernement
anglais et, le marquis de Salisbury a des
raisons de le croire, le gouvernement
français également, prendront sérieuse-
ment en considération toutes les démar-
ches que la Porte proposera dans ce but.
en assure d'ailleurs que, malgré la de-
mande des puissances, ta Porte refuserait
de nommer des commissaires pour la rec-
tification des frontières grecques. Elle au-
fkit riotentioa de laisser cette question à
1» dérision collective des puissances dans
r. sgoir qu'un désaccord surviendra entre
ies.
lé Des élections générales pour le Relohs-
th viennent d avoir lieu en Autriche.
h-,n n'en connaît pas encore les résultats
^définitifs.
p I. BA&BIXR.
r.
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Sgytfi» « °/0«- 243 fia.
Hongtsis 84 fr,, 84 1/10.
Florins *..»v 68 fr. 5/16.
Italiens.* 81 £ r, 55.
»
UN AVERTISSEMENT
Le ciel parlementaire semblait gros
d'orages au moment où nos députés sont
entrés en séance aujourd'hui. Mats tous
les oragss heureusement n'aboutissent
pas. Virgile a parlé quelque part des nua-
ges menaçants qui se dissipent soudain.
et nous avons eu le plaisir d'assister à
un spectacle pareil.
Il s'agissait de la préfecture de police,
de M. Andrieux et de la saisie de la Lan-
terne de samedi dernier. Une interpella-
tien avait été déposée, et c'est M. Bou-
chet,dévuté de Marseille,qui s'était char-
gé d'attacher le grelot. Disons-le fran-
chement. jamais grelot ne soopa moins.
Oa causait à droite, on causait à giiut,-he,
on causait au centre. M. Bouchai venait
i peine à bout de se faire enteadre, et i
n'est jamais venu à bout de se faire
écouter.
Le spectacle a changé sitôt que M. An-
drieux est monté à la tribune. Il était, au
fond, l'accusé, quoique l'interpellation
visât en apparence M. le ministre de l'in-
térieur. It avait le droit de demander à
ses collègues de l'entendre avant de le
condamner, et quand ce n'eût pas été son
droit, il n'eût pas été moins écouté. La
Chambre française sera toujours sensible
au talent, et M. Andrieux en a, et du
meilleur, et du plus solide ; une parole
simple, claire, précise, vigoureuse, tou-
jours élégante et sans emphase; et, ce
qui vaut mieux que la plus savante rhéto-
rique, une parole derrière laquelle on
sent un homme. M. Andrieux a remporté
une grande victoire, celle dont un orateur
a le droit d'être le plus fier, une victoire
personnelle.
Je puis bien l'avouer, il ne se pressait
pas d'en venir au fait principal, à la sai-
sie, légale peut-être, mais néanmoins quel-
que peu arbitraire, de la Lanterne, same-
di dernier; il faisait l'historique de la
chute (Je son prédécesseur et l'his-
torique de sa propre administration ; il
passait de la défensive à l'offensive ; il
dénonçait les sommations, puis les atta-
ques d'un journal qui lui semblait se pro-
poser pour but unique de rendre impossi-
ble toute réorganisation de la préfecture
de police : il groupait ingénieusement des
citations et de petits faits. Lorsqu'il est
enfin venu au fait décisif, il a glissé plus
qu'il n'a appuyé : il s'est représenté
comme ayant plutôt, en ordonnant la sai-
sie d'un journal, été soucieux de proté-
ger ses agents, qu'entraîné par un mou-
vement irréfléchi d'irritation personnelle.
Il y aurait bien, au point de vue histori-
que, quelques objections à présenter à
cette thèse; mais M. Andrieux plaidait,
et plaidait joro domo sud, et il faut recon-
naître qu'il s'est mootré excellent avo-
cat. Qiaodilest descendu de la tribune,
sa cause était gagnée auprès de la majo-
rité. Quand on est allé aux voix, il s est
trouvé qu'aucun ordre du jour motivé
n'avait été déposé : l'ordre du jour pur
et simple a été voté par la très grande
majorité des gauches, et à la contre-
épreuve personne ne s'est levé, hormis
une demi-douzaine de monarchistes ou
de bonapartistes.
Le succès est donc grand pour M.
Andrieux. Il en faut maiateoant dire tou-
tes les causes, et eu les disant nous
n'avons pas la prétention de rien appren-
dre à M. le préfet de police, que nous sa-
vons un homme d'esprit. Il est certain
que l'oa a eu plaisir à sentir en lui du
caractère et de l'énergie : ce sont qua-
lités précieuses au poste qu'il occupe :
c'est là sa part dans la victoire. Les ré-
publicain ne se souciaient pas non plus
d'affaiblir ?4n ministère qui a leur con-
fiance en gscrifi&nt un des subor-
donnés du ministre si zélé, si franche-
ment républicain de l'intérieur ; c'est là
la r,n,uvertiernant. Eofin on trou-
v.aei jnéitte Y(t.n que M. Christophle
fût monté à la triune, que c'était assez
d'un préfet de police immolé aux atta-
queg d'un journal, Çe n'a peut-être pas
été là la raisaa la moins décjsjve.
Si Ml Andrieux noujs en veut croire,
il triompha mooie§tmeatî il vient fi,
doubler heureusenlC!^ oap des Tempê-
tes ; c'est une épreuve 41111 fefa bien
de ne pas recommencer souv&.'*:-
risquerait une autre fois de n'être si bien
servi ni par les Giraonstanoos, ai par ses
adversaires, ni même par son talent; K.
Andrieux a de l'éloquence, M. Andrieux a
du courage; mais qu'il nous permette de
le lui dire, en amis que nous sommet,
il a eu depuis trois mois un ennemi bien
plus redoutable que le journal la Lan-
terne, derrière lequel il voit on ne sait
quelle étrange et fantastique conspira-
tion, et cet ennemi, ç'aété lui-même. Il a
lassé la. presse et le public par ses commu-
niqués tour à tour inutiles et agressifs; il
a terminé par un de ces coups bratau"
d'autorité qui ne peuvent que nuire à ceux
qui les emploient. Le véritable homme
de gouvernement est celui qui domine
ses Jtrf;; qui dédaigne et laisse dire.
C'est le droit du public de juger ceux qui
a.dlnY.b!trent avec sévérité, avec passion,
avec injustice même. Talleyrand disait :
« Méfions-nous du pretefer mouvement! »
Et M. Thiers disait, avec cette belle hu-
meur sarquoise qui était une de ses
plus grandes forces : « Je suis un
vieux parapluie sur lequel il plept de-
puis cinquante ans : Que voulez-vous que
me fassent quelques gouttes de pluie de
njus ? » Ah ! si M. Andrieux voulait bien
s'acheter un bon parapluie, quel service
il se rendrait à lui-même ! Que de désa-
gréments il s'épargnerait dans l'avenir 1
Si M.Andrieux est sage, il he retiendra
qu'un mot de l'interpellation d'aujour-
d'hui, le mot de M. Lèpèrg visant à son
secours : « M. le préfet de police est allé
jusqu'à l'extrême limite de son droit. »
Oa peut aller une fois impunément jus-
qu'à l'extrême limite de son droit : c'est
là une de ces témérités qu'il serait péril-
leux de renouveler.
J'ai commencé en citYl Virgile, je de-
mande la permission de finir de même,
et je citerai cette fois la traduction libre
du Quos ego faite par Sçarron. Autant
qu'il m'en souvient, elle est à peu près
ainsi conçue :
Pour uns fois, je Toua pardonne ;
Désormais n'y rsrenez plus.
C'est la v, aie modalité de l'interpellation
d'aujourd'hui,
G#ARI,IS BIGOT.
LE PARLEMENT
COURRIER DB LA CHAMBRB
Versailles, 1" juillet 1879.
Audaces fortuna juvat.
Le succès de M. Andrieux est une nou-
velle preuve de la vérité du dicton latin.
Mais, par audaces, nous n'entendons
pas ceux qui poussent l'audace, jusqu'à
l'impudence ; prenant l'épithète dans son
bon sens, DOUS voulons parler des hom-
mes qui ont du tempérament et de la vi-
gueur d'action jusqu'au coup de tête in-
clusivement. C'est le cas de M. le préfet de
police.
Il faut convenir d'ailleurs que les cir-
constances l'ont bien servi aujourd'hui.
M. Bouchet se trouve être l'interpellateur.
Or, M. Bouchet n'a jamais passé pour un
modèle de tact et de finesse. C'est ainsi
qu'il dit : « Le conflit qui s'est élevé entre
la Lanterne et le préfet de police. » Si ri-
dicule que soit l'expression, M. Andrieux
doit la bénir, car elle lui a fourni sa meil-
leure base d'opérations.
Vous connaissez les faits : samedi ma-
tin, le journal la Lanterne a été saisi per
ordre de M. le préfet de police, — qui, à
notre sentiment, n'a peut être pas agi en
cette circonstance avec tout le sang-froid
que comportent ses délicates fonctions ;
— à l'heure présente, il y a (ce que l'on
ignorait encore hier) un procès entamé.
M. Bouchet interpelle M. le ministre de
l'intérieur sur lei causes qui ont provo-
qué la saisie ; et, non sans quelque mala-
dresse, il s'efforce de laisser en dehors de
l'interpellation le ministre lui même à qui
elle est adressée, en vivant seulement le
préfet de police, qui a commis l'acte de
son propra mouvement.
Là est le point délicat de cette explica-
tion. On sait, en effet, que les ministres
seuls sont responsables. En adversaire qui
ne cherche que plaies et bosses, M. Cunéo
d'Ornano manœuvre, très habilement,
nous en convenons, pour clouer M.~Ai-
drieux à son banc et ne faire engager que
M. Lepère.
Ces préliçainaire; de l'action sont très-
in éressants, car d'eux dépend en grande
partie le sort de la journée: selon les posi-
tions prises, l'affaire peut tourner de telle
ou telle façon. Dès la première minute, il
est aisé de constater que la chmce favo-
rise M. Andrieux, car M. le président vient,
en réponse à M, Cuneo d'Ornano, d'éta-
blir, d'une façon irréprochable, le droit et
lâ responsabilité de chacun. Il ne reste
plus & M. le préfet de police qu'à évo-
luer.
M. Andrieux n'est pas seulement doué
d'une certaine vigueur résolue, nous di-
rons même d'une fougne, qui tient à sa
nature un peu trop ardente ; il pOisèrie
aussi un véritable tarent de parole et une
prestesse d'esprit incontestable, A côté
des sages qui savent prudemment éviter
le danger, il y a les imprudents qui, après
s'y être j eléi, s'en tirent à force de sang-
froid et d habileté. M. Andrieux nous sem-
ble appartenir à cette seconde catégorie.
Se gardant bien de laisser échapper l'oc-
casion que lui a offerte M. Bouchet, il
prend la question de haut et de loin ; il
rappelle ce qu'était la préfecture de po-
lice à soa arrivée, la campsgae menée par
le jquraal la Lanterne, le désordre qui en
était rénlé, les agents infidèles allant
porter leurs plaintes et le'ais iipeorfs au
bureau d'un journal, les autres tenus en
surveillance par une contre-pplice parti-
culière, le préfet « filé. » ,
Pans cette narration, comme M. Au-
drien est un homme d esprit, il ne se fait
pas faute d'introduire des détails piquants
et fiables d'exciter le rire .da.: 1 audi.
toire,- peut être a après ce prétexte que,
q:d on rit. on est désgriné. — Ainsi,
pour l'aventure récente de Mlle Bernage,
11 nous fait le coup 4e la çarte de l'agent
des mœurs, rouge d'un côté, bleue de l'au-
tre. Celle qu'a entrevue Mlle Bernage
était verte des deux côtés ; c'est une carte
de membre de la société protectrice des
animaux. De même, il rappelé l'histoire
plu* ancienne de ce rédacteur de la Lan-
terne qui, le soir, suivait de bons bour-
geois dans les quartiers isolés, en lançant
des coups de sifflet pour terroriser les
passants par l'appréhension (VftUaques
nocturnes.
Le* applaudissements qui partent de
tous les côtés sont un indice certain que
M. Andrieux a gagné sa cause.
En effet, il est parvenu très-habilement
à déplacer le débat et a se rendre l'audi-
toire absolument favorable avant même
d'être arrivé à la question. Il l'aborde en-
fin :
« Le jour où les malfaiteurs peuvent
dire que le préfet de police tire sur sa fia
et où les agents peuvent le craindre, il n'y
a plus d'autorité à la préfecture. Il était
urgent de relever, par un acte d'autorité,
le moral des agents outragés. »
Bien campé sur ce terrain gouvernemen-
tal: par suite de ces attaques incessantes.
de parti-pris, la force policière fend dans ma
main ; s établissant vigoureusement sur le
terrain juridique qui lui confère le droit
de saisie, M. Andrieux enlève un succès.
111'eolève, disons-le, parce qu'il se trou-
ve en face de la Lanterne, qu'il ne veut
pas considérer comme un journal, mais
comme une association désorganisatrice
de la préfecture de police ; il l'enlève
parcs que la majorité partage cette opi
nion ; il l'enlève enfin parce qu'il casse les
vitres :
« On peut se servir de ce journal, mais
on n'en accepte pas la responsabilité. Qn
sait quel argent il H derrière lui 1 *
Il faut qne cette boutade, un peu bru-
tale, réponde terriblement à une opinion
de la majorité pour que les bravos se pré-
cipitent aussi furieux.
- Quel argent? crie-t on à droite.
Le président intervient, car le débat
prend une tournure anormale. La tribune
n'est pas un lavoir
Mais, comme la droite presse l'orateur
de questions, celui-ci continue : « Si la
Chambre Insiste, si elle tient absolu-
ment à être renseignée, qu'elle s'a-
dresse à M. Chrhtophle,qui n'a peut être
pas les mêmes raisons que moi de se
taire. »
En vain M. Laisant tente de ramener la
discussion sur son véritable terrain; M.
Andrieux a si brillamment conquis les po-
sitions ennemies et il s'y est si solide-
ment installé que rien maintenant ne peut
l'en déloger. Cependant il produit un grand
effet, mais un effet auquel il ne s'attend
pas :
« Tout le monde sait, a dit M. le préfet
de police, d'où vient l'argent. Pour ma
part, je n'en sais rien.»
— Je demande la parole 1 crie une voix.
Et à cette interruption répond une vérita-
ble ovation. C'est M. Christophle qui en-
tre en scène.
M&is, tout d'abord, M. le ministre de
l'intérieur tient à intervenir. Si courte
allocution est certainement un modèle de
tact.
« En opérant la saisie, M. le préfet de
police exerçait des fonctions plutôt judi
ciaires qu'administratives, des droits que
moi, ministre, je n'ai pas. Seul, le point
de vue politique m'appartient : après les
explications fournies à cette tribune, dans
les circonstances spéciales où se trouve la
préfecture, je préfère affronter le repro-
cha d'avoir laissé M. le préfet de po
lice aller jusqu'au bout de son droit
plutôt que d'encourir le risque de prêter
les mains a la désorganisation d'un service
de première utilité. »
Et les applaudissements partent tou-
jours, denses, chaleureux. La droite ne
risque aucune protestation, car, en ow.
me, elle èsti en face de la doctrine gouver-
nementale la plus correcte.
Les révélations 1 les révélations 1 Tout le
nifrnde les attend ; chacun a l'œil fixé sur
M. Ghristophle.
M. le président, girdlen de la dignité
parlementaire, aimerait autant voir le
débat se terminer là; mais son autorité
n'est pas de force à lutter contre la curio-
sité générale.
A vrai dire, ces révélations ne sont
pas aussi effroyables que bien des gens
s'y attendaient.
Il paraît qu'il y a trois ans environ un
journal financier, la Réforme financière,
avait pris pour métier de déverser la ca.
lomnie sur un grand établissement finan-
cier (liieZ: Créait foncier). Ladite feuille
n'était point lue. Ce que voyant, ses lus
pirateurs la transformèrent en un opus-
cule qui alla s'étaler à la vitrine des librai
res. L'établissement financier finança et
30,000 fr. furent payés par lui pour faire
disparaître l'opnscole. Un seul exemplaire
M&gittâ ; M. Christophla l'a en sa pos*çs •
slon.
« Quels étaient les auteurs de l'opnscu-
le ? Ceux-là mêmes qte nous retrouvons
dans la Lanterne. Après le chantage fi-
nancier, le chantage politique ». Ainsi
termine M. Christopble.
M. Janvier de la &otte voudrait en sa-
voir plus long, il désirerait des noms;
mais ils ne sont pas dix à désirer que ces
chancres de la politique s'étalent plus long-
temps à la tribune. Aussi la clôture est-
elle prononcée.
Il n'y a même pas d'ordre du jour mo-
tivé 1
Nous voyons bien quelques députés
s'abstenir de voter fordre du jour par et
imple, mais nous n'en apercevons pas un
seul qui se lèye contre lui.
Toutefois, c'est le cas de dire à M. le
préfet de police : Que le succès ne vous j
encourage pas l
,
COURRIER DU SÉNAT
Nous avons encore un Gavardie pour le-
ver de rideau, mais un Gavardie d'espèce
nouvelle, cette fois, un Gavardle convain-
cu, scrupuleux, pontifiant, qui prend la
peine de faire des rectifications à son der-
nier dlqcours., comme si tout n'était pas
à rectifier 1 L'inbidentn'est même pas gai;
les grotesques ne font pas rire ainsi coup
sur coup, et c'est dommage,' en vérité,
pour ceux qui, voyant monter à la tribune
le tintamarres que sénateur des Landes, es-
péraient gagner autant sur l'ennui d'une
séance absolument maussade. A quel saint
nous vouer, Dieu bon 1 avec un sembla-
ble ordre du four? Pas le moindre projet
de loi pouvant donner matière seulement
à explications. C'est écrit, c'est même im-
primé : nous serons venus à Versailles
pour contempler trois votes et un scru-
tin. une Indls(,-rétton à temps
Heureusement une Indiscrétion à temps
nous console. M. Jules Simon, là-bas,
tient un petit cahier dans sa main, un
petit cahier qui ne figure pas à l'or-
dre du jour et qui n'en tire pas mo'ns
à conséquence. M. Jules Simon profite d'u-
ne éclaircle pour grimper l'escalier et se
procure ainsi l'honneur de déposer au
pied du bureau son rapport sur le pro-
jet de loi présenté par le gouvernement.
Le retour à Paris, mes amis 1 nous som-
mes sauvés 1
« Lisez 1 lisez ! » crie-t-on de tous les
bancs à gauche,
Tous nos pères conscrits se calent dans
leur fauteuil, ce qui marque une ferme
volonté d'écouter. Au milieu d'un silence
parfait la lecture commence.
Très-court, écrit dans une langui élé-
gante et sobre, le rapport de M. Jules Si-
mon est remarquable autant par la préci-
sion de la forme que par la netteté de l'ar-
gumentation. Il commande l'attention,
sans effort ni recherche, une attention sé-
rieuse, parce qu'il est nourri de faits et de
raisonnements, parce que le sujet en esst
grave, au moins par l'importance que lui 1
ont prêtée les débats.
Où êtes-vous, ô monsieur Laboulave.
avec vos arabesques de style et yo-
trages académiques qui m;J.qoaient si mal
les trous d'une dç,uque vieillie ?
Nor:o.:-; déjà rapporteur par la commis-
sion du Congrès, M. J. Simon est un des
plue fervents adeptes du retour à Paris. Il
a une confiance absolue dans l'excellence
des Résultats qu'on en peut attendre, dans
la tranquillité et le patriotisme de la :
de ville. Ecoutez-le. Les pln grosses ob-
jectfoas sont écartées avec un calme et
une plénitude de conviction qui ne lais-
sent point de prise à la riposte. On pourra
répoodre en b'oc, interrompre estimpos-
1b!e. L'Assemblée est amenée à la con-
clusion sans fatigue, sans avoir perdu une
syllabe, sans avoir trouvé à placer aucune
manifestation d'aucun genre. A peine
deux légères rumeurs.
La première à propos d'émeute, s'il
vous plaît. M. Jules Simon n'admet plus
la possibilité d'un coup d'Etat, le parfait
accord qui règne entre les pouvoirs pu-
blics lui est garant de la sécurité. Mais on
a parlé des troubles de la rue, des agita-
tions populaires qui, pariies d'en bas et
pouvant se limiter à quelques Individus,
échappent à toute prévision. A supposer
qu'il y ait là un danger,y faut il voir un ar-
gument contre le séjour des Chambres à
Paris? « Non, messieurs 1 répond M. Jules
Simon, les Chambres seraient, au con-
mire, le principal élément de résistance,
et si elles n'étaient pas au péril, elles y
viendraient 1 » Et il s'est trouvé, comme
on pouvait s'y attendre, un grand nom-
bre de voix pour crier : « Oui! même au
centre gauche. M. Laboulaye n'en était
aas.
L'autre rumeur a une tout autre signi-
fication. Se refusant toujours à admettre
l'hypothèse, désormais absurde sous un
régime parlementaire, d'un conflit illégal
entre les pouvoirs publics, le rapporteur
expliquait quelles raisons avalent déter
miné la commission à amender le projet
du gouvernement en un point : au cas où
ils auraient à requérir la force publique
pour appuyer les troupes mises à lfrur
disposition en permanence, les bureaux
des deux Chambres, au lieu de donner
directement des ordres aux officiers su-
balternes, devront s'adresser par voiehié
rarchique au ministre de la guerre, qui se
chargera des mesures à prendre sous sa
responsabilité. Des ricanements sont par-
tis à droite Visiblement on pense à
quelque Saint-Arnaud. Ces gens sont
p'eins de gous-entendus mauvais.
Les conclusions de la commission 1'.
produisent, saur quelques points de dé-
tail, le projet du gouvernement. Quand M.
Jules Simoa est d.esn;ju de la tribune,
il a été accueilli par les applaudissements
de la majo-tté républicaine, et l'urgence
a été votée sans débat.
C'tct jeudi que la di cussion s'engaere; à
vrat dire, nous craignons fort que la ér-
nité imperturbable de MM. les réaction
naires ne tienne jusqu'au bout devant
les tirades irrésistibles de leurs orateurs
favoris.On a déjà distribué un amendement
de M. Fresneau, qd nom, s'il n'annonce
pas forcement une tempête, annonce tout
au moins uo déluge. Au surplus, ne nous
y fions pas. Il n'est pire eau que l'eau dor-
mante.
PAUL PELLE GJWi.
——————— »
m
LE
Testament du prince Louis-Napoléon
Le Gaulais a publié le texte du tesia-
ment de l'ex prince impérial. ou olutôt la
partie politique de ce document. Non*- r(l
produisons tel quel l'extrait iI;j Gaulois.
U n'y a, du reste, d'inlél':ssant ae le co-
dleille, où ïr ssant qu 0 le cô:
d~m~a ~n~ T~T. !
CassairnJ?»'- *aCe» que M. P. de
sAm"- avalt annoncé, désigne expres-
-ut comme héritier de la dynastie im-
periale le prince Victor.
La publication du testament n'ajoutant
rien aux faits déjà connus, nous n'avons
pas pour aujourd'hui d'autres réflexions à
faire. L'état de trouble que nous avons si-
gnalé chez les bonapartistes! reste le
même. Quant aux journaux du parti, l'Or-
dre se tient sur la réserve, le Pays lance
une espèse de sommation au prince Jérô-
me, qu'il adjure d'abdiquer ses droits en
faveur de son fils, et le Gaulois, qui a pré-
cisément changé hier matin de directeur,
semble vouloir inaugurer une campagne
jérômiste.
Voilà, en deux mots, où en sont les cho-
ses, et voici maintenant ce que le Gaulois
publie du testament :
Fait à Cambden-Place (Chislehurst),
le 26 février 1879.
Ceci est mon Testament
1* Je meurs dans la religion catholique,
apostolique et remaille, dans laquelle je suis
né.
2° Je désire que mon corps soit déposé au-
près de celui de mon père, f n attendant qu'on
les transporte tous deux là où repose le fon-
datarir de notre Mataon, au milieu de ce PtlU-
p e français que nous avons, comme lui, bien
atmé.
30 Ma dernière pensée sera pour ma patrie ;
c'est pour eLe que je voudrais mourir.
4° J'epère qui raa mèra me gardera, lors-
que je Le serai plifs, l'affectueux oruveulr
que je lui conserverai jusqu'à mon dernier
moment.
5* Qae mes amis particuliers, que ms gAr-
viteue, que les partisans de la catu que je
représente soient convaincus que ma recon-
naissance envers eux ao cessera qu'avec ma
vie.
6° Je mourrai avec un sentiment de pro-
fonde gratitude pour S. M. la rdne d'Angle-
terre, pour toute la f»tni!le royale et pour le
pays où j'ai rI gu pendant hait aas une si cor-
diale hosp1'&11r..
Je constitue ma mère bien aimée ma léga-
taire universelle, à la charge pour elle de..
1
8 4t «i ;
(Suit ici le détail de legs pcrtï:.úi&,r,.)
Codiçil>
je Wal pas beunl-
Je n'&1 pas Ite'':u de recommander à ma
mère e 5" ° rien négliger pour défendre la
éIJ:I':lre de mon grand oncle et de mon père
--,-----.. - - - -
je ia pne ae se souvenir que, tant qu il y aura
des Bonaparte, la cluse Impériale aura des
représentants. Les devoirs de notre maison
envers le pays ne s'éteignent pas avec ma vie;
mql inort, la lâche de continuer l'œuvre de
Napoléon Itr et de Napoléon 1(1 Incombe au fils
dnê du prince Napoléon, et j'espère que ma
mère bien aimée,en le secoodant de tout son
pouvoir, nous donnera, à nous autres qui ne
serons plus, cette dernière et suprême preuve
d'affection.
NOLtON.
i Chislehurst, le 16 février 1879.
Je nomme MM. Ror h r et F. Pletrl mes
exécuteurs tuhme'JtlJ e,.
(Jadis: par F. Pairi, F-snceschiri Pltr.)
Nous tenons de très bonne source des
détails fort intéressants qai montrent à
quel poiut le parti bonapartiste se désor-
ganise de jour en jour. On a pu voir, par
les détails de la réunion qui a eu lien
chez M. Routier, quelles divisions profon-
des s'étalent produites dès le premier jour.
Elles n'ont fait que s'accentuer depuis ;
l'article publié hier soir dans le Pays et
dans lequel M. Paul de Cassagnac deman-
de nettement au prince Napoiéon d'abdi-
quer ses droits de chef de famille en fa-
veur de son fils en est la meilleure preu-
ve, Pendant ce temps, l'Ordre continue à
reconnaître le prince Napoléon comme
héritier et prétendant.
Mais il y a mieux : on nous affirme, de
façon très positive, qu'un groupe assez
nombreux de bonapartistes, préoccupés
de trouver un prince de la famille Bona-
parte qui n'ait point été mêlé aux graves
dissentiments qui agitaient Il y a quelques
années le parti impérialiste, songeraient à
mettre en avant le prince Jérôme Bona-
parte Patterson, qui, ayant constamment
habité l'Amérique, a toujours été étranger
aux luttes de la famille et du parti. Il est
vrai que, pour la môme raison, il est par*,
faitement inconnu en France. Cela n eui-
pêche pas que sa candidature n'ait ren-
contré déjà quelques adhérents narmi
ceux qui ne veulent à aucun prix du prince
Napoléon et comprennent bien qu'il leur
sera impossible de faire du prince Victor
un prétendant malgré son père. Il faut
s'attendre, nous assure-t on, à voir )e îiorn
du prince Jérôme Patterson lancé "Oar des
journaux anglais et repris ensuite par une
feuille parisienne que l'on p.^us cite. -
Un dernier détaU : 0':.,. nous assure que
1 ex-impératrice, si * lie survit &u coup qui
S' a li entlon, dès que les fu-
nérailles de son tils seront terminées, de
se retir^ au couvent des carmelites de
B'Iirgo?. dei carm filites cle
Quant à la retraite de M. Rouher, il l'a
lui-même officiellement aDDoncee, et con-
trairement à ce que prétendent divers
journaux, nous croyons savoir que le yrra-
ce Napoléon n'a rien fdit pour l'en détour-
ner. M. Routier Ee conserve actuellement
son mandat de député que pour prendra
part aux discussions qui vunt avoir lieu
snr les traités de commerce. Il donnera
quelque temps après ta démission. Beau-
coup de députés bonapartistes sont d
.e cas. C'est ainsi que M. Laroche Joobmv
député d'Angouleme, aurait annoncé à.
quelques uns de ses collègues son inten-
tion d'abandonner prochainement la rie
publique pour céder la place à koa fils,
qui viendrait tiéger à gauche.
Tout cela, comme on voit, semble indi-
quer dans le parti un découragement pro-
fond et une grande lassitude.
———— n» ————-
Nouvelles parlementaires
La eommtllioa #fc^Atoria^e du retour àJParfs
i reanle -':;'d.nt la séance pour euteiidre
* * i« ♦ 1(9 rapport que M. Jaias Simon a lu
4 la
Ilbune.
Parmi les orateurs qui se sont fait Imcrlre
immédiatement pour parler contre le projet,
figure M. Laboulaye. *
* *
L'Union République du Sénat a tenu séan-
ce pour discuter un amendement au projet de
lot sur le retour à Paris, modifiant l'article
qn indique le mole de réquisition de la force
armée mis à la disposition des présidents des
deux Chambres.
ï »
A la Chambre, aucun groupe se s'était réu-
ni pour s'occuper de l'interpellation sur le
préfet de poUce, et aucun ordre du jour mo-
tivé n'avait été préparé à l'avance.
*
* *
Les bureaux de la Chambre ont nommé
une commission pour l'examen du projet dai.
loi concernant l'exploitation des lignas mari-
times postales entre la France et l'Algérie.
Ont été nommés commissaires :
MM Foaasfit, Jacques , Ecarguel, Thom.
son, Journault, Ménard Dorttu, OâVU (Ge"s),
Maunoury, bosc, Escanyè, Parent.
Toas sont favorables au projet, qui corn.
Drend un service hebdomadaire entre Port.
Vendres et Oran, et entra Port-Vendras et
Alger.
La discussion a été anlm4e dans quslq ms
bureaux, notamment dans le deaxième, où le
projet a été attaqué par M. ROUVlttr, dépbtf
de Marseille, et énergiquémont soutenu par
M. Jacques, députa d'Oran. qui poursuit de.
puis plusieurs année. l'ét,b.!Jnme¡u de lî>
gnes partant de Port VeDdres.
M. Forné, qui a soutenu le projet dans te
mme bureau, a retiré sa candidature devai
celle de M. Jaoqué.
l. -
LES PHRASES JOUTES FAITES
Elles sont le pain quotidien de la onn-
versaiion pour les imbéciles, et un* pré-
cieuse ressource pour les hommes intel
ligents. Il ne faut pai trop se moquer
des phrases toutes faites. A qui de nous
n'est-il pas arrivé d'y avoir recours ?
Elles dispensent, lorsqu'on n'est pas en
train, de courir après l'esprit, que i'on
n attraperait pas. Il est impossible de
toujours dire tes choses intéressantes
et neuves. Les phrases toutes faites oïl
el. ae bon qu'elles donaent le temps de
les attendre, ou qu'elles y suppléent.
Elles bouchent les trous et comblent le&
vides des entretiens.
Deux boulevardiers parisiens se ren-
contrent : supposez-leur tout l'esprit du
monde ; il faudra pourtant bien qu'a-
vant de le déployer, ils aient trouvé un
sujet de conversation. Ils ne peuvent pas
à brûle-pourpoint entamer une discus-
sion philosophique, ou littéraire, ou poli-
tique. A moins de rester l'un en face de
l'autre, muets et embarrassés, il f&uf
bien qu'ils se rejettent sur les lieux com-
muns ordinaires :
La pluie et l, beau. ltul", et II fl-eid et Il ,h_cr.
et gu'ils débitent ua certain noKbrl
gfijg |cj Kttméré £ i Fwli I ï%. Cc&isié^ £ P npattemên& t 10 Cèîlümiï
Jeudi S juillet f'1tl.
,.
t LE n XifIfX irE OSïllfflËlOif LlWS
JOURNAL RÉPUBLICAIN CONSERVATEUR
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flwHiii les Lettres et Mandats à l'Admiiiîaïrate'
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6, Place de la Bourse, 6
':1t"---'-'
BULLETIN
! I
Parisr 2 juillet 1879.
Le Sénat, dans sa séance d'hier,atten-
du la lecture du rapport de M. Jules Si-
mon sur le projet de loi présenté par le
gouvernement pour fixer à Paris le siège
des deux Chambres. L'urgence a été dé-
clarée.
La Chambre des députés, après avoir
discuté l'interpellation relative à la pré-
fecture de police, a clos le débat par un
ordre du jour pur et simple et repris l'exa-
men du projet de loi relatif à la liberté de
l'enseignement supérieur.
Nous ne recevons toujours pas de dépê-
ches du Caire relativement aux négocia-
tions qui se poursuivent très probablement
entre tes puissances et le nouveau khé-
dive au sujet de la réorganisation de l'ad-
mnistratiou de l'Egypte. Il est difficile
d'admettre que la question égyptienne
soft close par la déposition d'Ismaïl-Pacha.
La France et l'Angleterre ont aujourd'hui
reçu satisfaction sur les points où elles
pouvaient considérer leur dignité comme
engagée, mais une foule d'autres questions
postent à résoudre, et nous pensons que
les- puissances s'occupent de trouver une
solution, sans que nous sachions jusqu'à
présent ce qu'elle pourra être.
Oa mande da Gonstantinople que les
ambassaieurs de France et d'Angleterre
ont protesté contre l'abrogation de l'lradé
impérial de 1873, relatif à l'Egypte, et on
co sidère que la position de Khérédine-
Pacha est, en conséquence, très ébranlée.
Il faut ajouter que Mahmoud-Nadim-Pa-
ha, le dernier grand vizir d'Abd ul-Aziz,
est arrivé inopinément à Constautlno-
pie. Oa avait pendant cette dernière se-
maine annoacé puis démenti le rappel de
ce personnage. Il paraît que, malgré les
démentis o!1\Qlals, le sultan lavait envoyé
dhercher dans soa exil. Le retour de Mah-
moud indique une crise ministérielle pro
chaîne à Constantinople et aussi un échtic
assez grave pour l'influence anglaise.
J*e gouvernement anglais vient us PU -
blie;* la correspondance diplomatique re-
lative aux affaires de la Grèse Elle con-
tient le^ dénê-shes échangées depuis le 5
aSl 1878 jusqu'au 22 juin 1870. Une dé-
pêche portant cette dernière date adres-
sée par le marquis de Sausbury & M.
Layard, invite celut-ci à se mettre en
rapport avec les autres ambassadeurs afin
de,â;e concerter sur les recommandations
à faire à la Sublime Porte relativement
aux frontières de la Grèce. La marquis de
Silkburv reconnaît la nécessité d'une
rectification de frontière et exprime ses
Tegreis que ceti fMti6.c:J.tion n'ait pas été
"meat après la guerre,
effectuée immédiaterae^f ,yî$'Js u?'
alors que l'occasion talt si fvorab le
pour réparer l'erreur commis eti i83 e
marquis de SUisbury constate en giulb
la Porte n'a, jusqu'à présent, donné ?n-
cune indication qui pût faire croire gil letlo
acceptait la délimitation recommandée
apr le congrès de Berlin. Il est donc pro-
bable qu'avant de discuter sur l'applica-
tion sricte de l'ensemble des recomman -
dations du congrès, les ambassadeurs de-
manderont aux puissances intéressées si
plies acceptant la ligne de démarcation
fixée à Beritn. Le ministre termine en
insistant sur ce point, que la rectification
de frontière sera très-avantageuse h la Tur-
quie, si le sultan demande une garantie
pour le maintien d'une attitude amicale
CIle la part de la Grèce. Le gouvernement
anglais et, le marquis de Salisbury a des
raisons de le croire, le gouvernement
français également, prendront sérieuse-
ment en considération toutes les démar-
ches que la Porte proposera dans ce but.
en assure d'ailleurs que, malgré la de-
mande des puissances, ta Porte refuserait
de nommer des commissaires pour la rec-
tification des frontières grecques. Elle au-
fkit riotentioa de laisser cette question à
1» dérision collective des puissances dans
r. sgoir qu'un désaccord surviendra entre
ies.
lé Des élections générales pour le Relohs-
th viennent d avoir lieu en Autriche.
h-,n n'en connaît pas encore les résultats
^définitifs.
p I. BA&BIXR.
r.
;sou.rse de 3Pftri«
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Florins *..»v 68 fr. 5/16.
Italiens.* 81 £ r, 55.
»
UN AVERTISSEMENT
Le ciel parlementaire semblait gros
d'orages au moment où nos députés sont
entrés en séance aujourd'hui. Mats tous
les oragss heureusement n'aboutissent
pas. Virgile a parlé quelque part des nua-
ges menaçants qui se dissipent soudain.
et nous avons eu le plaisir d'assister à
un spectacle pareil.
Il s'agissait de la préfecture de police,
de M. Andrieux et de la saisie de la Lan-
terne de samedi dernier. Une interpella-
tien avait été déposée, et c'est M. Bou-
chet,dévuté de Marseille,qui s'était char-
gé d'attacher le grelot. Disons-le fran-
chement. jamais grelot ne soopa moins.
Oa causait à droite, on causait à giiut,-he,
on causait au centre. M. Bouchai venait
i peine à bout de se faire enteadre, et i
n'est jamais venu à bout de se faire
écouter.
Le spectacle a changé sitôt que M. An-
drieux est monté à la tribune. Il était, au
fond, l'accusé, quoique l'interpellation
visât en apparence M. le ministre de l'in-
térieur. It avait le droit de demander à
ses collègues de l'entendre avant de le
condamner, et quand ce n'eût pas été son
droit, il n'eût pas été moins écouté. La
Chambre française sera toujours sensible
au talent, et M. Andrieux en a, et du
meilleur, et du plus solide ; une parole
simple, claire, précise, vigoureuse, tou-
jours élégante et sans emphase; et, ce
qui vaut mieux que la plus savante rhéto-
rique, une parole derrière laquelle on
sent un homme. M. Andrieux a remporté
une grande victoire, celle dont un orateur
a le droit d'être le plus fier, une victoire
personnelle.
Je puis bien l'avouer, il ne se pressait
pas d'en venir au fait principal, à la sai-
sie, légale peut-être, mais néanmoins quel-
que peu arbitraire, de la Lanterne, same-
di dernier; il faisait l'historique de la
chute (Je son prédécesseur et l'his-
torique de sa propre administration ; il
passait de la défensive à l'offensive ; il
dénonçait les sommations, puis les atta-
ques d'un journal qui lui semblait se pro-
poser pour but unique de rendre impossi-
ble toute réorganisation de la préfecture
de police : il groupait ingénieusement des
citations et de petits faits. Lorsqu'il est
enfin venu au fait décisif, il a glissé plus
qu'il n'a appuyé : il s'est représenté
comme ayant plutôt, en ordonnant la sai-
sie d'un journal, été soucieux de proté-
ger ses agents, qu'entraîné par un mou-
vement irréfléchi d'irritation personnelle.
Il y aurait bien, au point de vue histori-
que, quelques objections à présenter à
cette thèse; mais M. Andrieux plaidait,
et plaidait joro domo sud, et il faut recon-
naître qu'il s'est mootré excellent avo-
cat. Qiaodilest descendu de la tribune,
sa cause était gagnée auprès de la majo-
rité. Quand on est allé aux voix, il s est
trouvé qu'aucun ordre du jour motivé
n'avait été déposé : l'ordre du jour pur
et simple a été voté par la très grande
majorité des gauches, et à la contre-
épreuve personne ne s'est levé, hormis
une demi-douzaine de monarchistes ou
de bonapartistes.
Le succès est donc grand pour M.
Andrieux. Il en faut maiateoant dire tou-
tes les causes, et eu les disant nous
n'avons pas la prétention de rien appren-
dre à M. le préfet de police, que nous sa-
vons un homme d'esprit. Il est certain
que l'oa a eu plaisir à sentir en lui du
caractère et de l'énergie : ce sont qua-
lités précieuses au poste qu'il occupe :
c'est là sa part dans la victoire. Les ré-
publicain ne se souciaient pas non plus
d'affaiblir ?4n ministère qui a leur con-
fiance en gscrifi&nt un des subor-
donnés du ministre si zélé, si franche-
ment républicain de l'intérieur ; c'est là
la r,n,uvertiernant. Eofin on trou-
v.aei jnéitte Y(t.n que M. Christophle
fût monté à la triune, que c'était assez
d'un préfet de police immolé aux atta-
queg d'un journal, Çe n'a peut-être pas
été là la raisaa la moins décjsjve.
Si Ml Andrieux noujs en veut croire,
il triompha mooie§tmeatî il vient fi,
doubler heureusenlC!^ oap des Tempê-
tes ; c'est une épreuve 41111 fefa bien
de ne pas recommencer souv&.'*:-
risquerait une autre fois de n'être si bien
servi ni par les Giraonstanoos, ai par ses
adversaires, ni même par son talent; K.
Andrieux a de l'éloquence, M. Andrieux a
du courage; mais qu'il nous permette de
le lui dire, en amis que nous sommet,
il a eu depuis trois mois un ennemi bien
plus redoutable que le journal la Lan-
terne, derrière lequel il voit on ne sait
quelle étrange et fantastique conspira-
tion, et cet ennemi, ç'aété lui-même. Il a
lassé la. presse et le public par ses commu-
niqués tour à tour inutiles et agressifs; il
a terminé par un de ces coups bratau"
d'autorité qui ne peuvent que nuire à ceux
qui les emploient. Le véritable homme
de gouvernement est celui qui domine
ses Jtrf;; qui dédaigne et laisse dire.
C'est le droit du public de juger ceux qui
a.dlnY.b!trent avec sévérité, avec passion,
avec injustice même. Talleyrand disait :
« Méfions-nous du pretefer mouvement! »
Et M. Thiers disait, avec cette belle hu-
meur sarquoise qui était une de ses
plus grandes forces : « Je suis un
vieux parapluie sur lequel il plept de-
puis cinquante ans : Que voulez-vous que
me fassent quelques gouttes de pluie de
njus ? » Ah ! si M. Andrieux voulait bien
s'acheter un bon parapluie, quel service
il se rendrait à lui-même ! Que de désa-
gréments il s'épargnerait dans l'avenir 1
Si M.Andrieux est sage, il he retiendra
qu'un mot de l'interpellation d'aujour-
d'hui, le mot de M. Lèpèrg visant à son
secours : « M. le préfet de police est allé
jusqu'à l'extrême limite de son droit. »
Oa peut aller une fois impunément jus-
qu'à l'extrême limite de son droit : c'est
là une de ces témérités qu'il serait péril-
leux de renouveler.
J'ai commencé en citYl Virgile, je de-
mande la permission de finir de même,
et je citerai cette fois la traduction libre
du Quos ego faite par Sçarron. Autant
qu'il m'en souvient, elle est à peu près
ainsi conçue :
Pour uns fois, je Toua pardonne ;
Désormais n'y rsrenez plus.
C'est la v, aie modalité de l'interpellation
d'aujourd'hui,
G#ARI,IS BIGOT.
LE PARLEMENT
COURRIER DB LA CHAMBRB
Versailles, 1" juillet 1879.
Audaces fortuna juvat.
Le succès de M. Andrieux est une nou-
velle preuve de la vérité du dicton latin.
Mais, par audaces, nous n'entendons
pas ceux qui poussent l'audace, jusqu'à
l'impudence ; prenant l'épithète dans son
bon sens, DOUS voulons parler des hom-
mes qui ont du tempérament et de la vi-
gueur d'action jusqu'au coup de tête in-
clusivement. C'est le cas de M. le préfet de
police.
Il faut convenir d'ailleurs que les cir-
constances l'ont bien servi aujourd'hui.
M. Bouchet se trouve être l'interpellateur.
Or, M. Bouchet n'a jamais passé pour un
modèle de tact et de finesse. C'est ainsi
qu'il dit : « Le conflit qui s'est élevé entre
la Lanterne et le préfet de police. » Si ri-
dicule que soit l'expression, M. Andrieux
doit la bénir, car elle lui a fourni sa meil-
leure base d'opérations.
Vous connaissez les faits : samedi ma-
tin, le journal la Lanterne a été saisi per
ordre de M. le préfet de police, — qui, à
notre sentiment, n'a peut être pas agi en
cette circonstance avec tout le sang-froid
que comportent ses délicates fonctions ;
— à l'heure présente, il y a (ce que l'on
ignorait encore hier) un procès entamé.
M. Bouchet interpelle M. le ministre de
l'intérieur sur lei causes qui ont provo-
qué la saisie ; et, non sans quelque mala-
dresse, il s'efforce de laisser en dehors de
l'interpellation le ministre lui même à qui
elle est adressée, en vivant seulement le
préfet de police, qui a commis l'acte de
son propra mouvement.
Là est le point délicat de cette explica-
tion. On sait, en effet, que les ministres
seuls sont responsables. En adversaire qui
ne cherche que plaies et bosses, M. Cunéo
d'Ornano manœuvre, très habilement,
nous en convenons, pour clouer M.~Ai-
drieux à son banc et ne faire engager que
M. Lepère.
Ces préliçainaire; de l'action sont très-
in éressants, car d'eux dépend en grande
partie le sort de la journée: selon les posi-
tions prises, l'affaire peut tourner de telle
ou telle façon. Dès la première minute, il
est aisé de constater que la chmce favo-
rise M. Andrieux, car M. le président vient,
en réponse à M, Cuneo d'Ornano, d'éta-
blir, d'une façon irréprochable, le droit et
lâ responsabilité de chacun. Il ne reste
plus & M. le préfet de police qu'à évo-
luer.
M. Andrieux n'est pas seulement doué
d'une certaine vigueur résolue, nous di-
rons même d'une fougne, qui tient à sa
nature un peu trop ardente ; il pOisèrie
aussi un véritable tarent de parole et une
prestesse d'esprit incontestable, A côté
des sages qui savent prudemment éviter
le danger, il y a les imprudents qui, après
s'y être j eléi, s'en tirent à force de sang-
froid et d habileté. M. Andrieux nous sem-
ble appartenir à cette seconde catégorie.
Se gardant bien de laisser échapper l'oc-
casion que lui a offerte M. Bouchet, il
prend la question de haut et de loin ; il
rappelle ce qu'était la préfecture de po-
lice à soa arrivée, la campsgae menée par
le jquraal la Lanterne, le désordre qui en
était rénlé, les agents infidèles allant
porter leurs plaintes et le'ais iipeorfs au
bureau d'un journal, les autres tenus en
surveillance par une contre-pplice parti-
culière, le préfet « filé. » ,
Pans cette narration, comme M. Au-
drien est un homme d esprit, il ne se fait
pas faute d'introduire des détails piquants
et fiables d'exciter le rire .da.: 1 audi.
toire,- peut être a après ce prétexte que,
q:d on rit. on est désgriné. — Ainsi,
pour l'aventure récente de Mlle Bernage,
11 nous fait le coup 4e la çarte de l'agent
des mœurs, rouge d'un côté, bleue de l'au-
tre. Celle qu'a entrevue Mlle Bernage
était verte des deux côtés ; c'est une carte
de membre de la société protectrice des
animaux. De même, il rappelé l'histoire
plu* ancienne de ce rédacteur de la Lan-
terne qui, le soir, suivait de bons bour-
geois dans les quartiers isolés, en lançant
des coups de sifflet pour terroriser les
passants par l'appréhension (VftUaques
nocturnes.
Le* applaudissements qui partent de
tous les côtés sont un indice certain que
M. Andrieux a gagné sa cause.
En effet, il est parvenu très-habilement
à déplacer le débat et a se rendre l'audi-
toire absolument favorable avant même
d'être arrivé à la question. Il l'aborde en-
fin :
« Le jour où les malfaiteurs peuvent
dire que le préfet de police tire sur sa fia
et où les agents peuvent le craindre, il n'y
a plus d'autorité à la préfecture. Il était
urgent de relever, par un acte d'autorité,
le moral des agents outragés. »
Bien campé sur ce terrain gouvernemen-
tal: par suite de ces attaques incessantes.
de parti-pris, la force policière fend dans ma
main ; s établissant vigoureusement sur le
terrain juridique qui lui confère le droit
de saisie, M. Andrieux enlève un succès.
111'eolève, disons-le, parce qu'il se trou-
ve en face de la Lanterne, qu'il ne veut
pas considérer comme un journal, mais
comme une association désorganisatrice
de la préfecture de police ; il l'enlève
parcs que la majorité partage cette opi
nion ; il l'enlève enfin parce qu'il casse les
vitres :
« On peut se servir de ce journal, mais
on n'en accepte pas la responsabilité. Qn
sait quel argent il H derrière lui 1 *
Il faut qne cette boutade, un peu bru-
tale, réponde terriblement à une opinion
de la majorité pour que les bravos se pré-
cipitent aussi furieux.
- Quel argent? crie-t on à droite.
Le président intervient, car le débat
prend une tournure anormale. La tribune
n'est pas un lavoir
Mais, comme la droite presse l'orateur
de questions, celui-ci continue : « Si la
Chambre Insiste, si elle tient absolu-
ment à être renseignée, qu'elle s'a-
dresse à M. Chrhtophle,qui n'a peut être
pas les mêmes raisons que moi de se
taire. »
En vain M. Laisant tente de ramener la
discussion sur son véritable terrain; M.
Andrieux a si brillamment conquis les po-
sitions ennemies et il s'y est si solide-
ment installé que rien maintenant ne peut
l'en déloger. Cependant il produit un grand
effet, mais un effet auquel il ne s'attend
pas :
« Tout le monde sait, a dit M. le préfet
de police, d'où vient l'argent. Pour ma
part, je n'en sais rien.»
— Je demande la parole 1 crie une voix.
Et à cette interruption répond une vérita-
ble ovation. C'est M. Christophle qui en-
tre en scène.
M&is, tout d'abord, M. le ministre de
l'intérieur tient à intervenir. Si courte
allocution est certainement un modèle de
tact.
« En opérant la saisie, M. le préfet de
police exerçait des fonctions plutôt judi
ciaires qu'administratives, des droits que
moi, ministre, je n'ai pas. Seul, le point
de vue politique m'appartient : après les
explications fournies à cette tribune, dans
les circonstances spéciales où se trouve la
préfecture, je préfère affronter le repro-
cha d'avoir laissé M. le préfet de po
lice aller jusqu'au bout de son droit
plutôt que d'encourir le risque de prêter
les mains a la désorganisation d'un service
de première utilité. »
Et les applaudissements partent tou-
jours, denses, chaleureux. La droite ne
risque aucune protestation, car, en ow.
me, elle èsti en face de la doctrine gouver-
nementale la plus correcte.
Les révélations 1 les révélations 1 Tout le
nifrnde les attend ; chacun a l'œil fixé sur
M. Ghristophle.
M. le président, girdlen de la dignité
parlementaire, aimerait autant voir le
débat se terminer là; mais son autorité
n'est pas de force à lutter contre la curio-
sité générale.
A vrai dire, ces révélations ne sont
pas aussi effroyables que bien des gens
s'y attendaient.
Il paraît qu'il y a trois ans environ un
journal financier, la Réforme financière,
avait pris pour métier de déverser la ca.
lomnie sur un grand établissement finan-
cier (liieZ: Créait foncier). Ladite feuille
n'était point lue. Ce que voyant, ses lus
pirateurs la transformèrent en un opus-
cule qui alla s'étaler à la vitrine des librai
res. L'établissement financier finança et
30,000 fr. furent payés par lui pour faire
disparaître l'opnscole. Un seul exemplaire
M&gittâ ; M. Christophla l'a en sa pos*çs •
slon.
« Quels étaient les auteurs de l'opnscu-
le ? Ceux-là mêmes qte nous retrouvons
dans la Lanterne. Après le chantage fi-
nancier, le chantage politique ». Ainsi
termine M. Christopble.
M. Janvier de la &otte voudrait en sa-
voir plus long, il désirerait des noms;
mais ils ne sont pas dix à désirer que ces
chancres de la politique s'étalent plus long-
temps à la tribune. Aussi la clôture est-
elle prononcée.
Il n'y a même pas d'ordre du jour mo-
tivé 1
Nous voyons bien quelques députés
s'abstenir de voter fordre du jour par et
imple, mais nous n'en apercevons pas un
seul qui se lèye contre lui.
Toutefois, c'est le cas de dire à M. le
préfet de police : Que le succès ne vous j
encourage pas l
,
COURRIER DU SÉNAT
Nous avons encore un Gavardie pour le-
ver de rideau, mais un Gavardie d'espèce
nouvelle, cette fois, un Gavardle convain-
cu, scrupuleux, pontifiant, qui prend la
peine de faire des rectifications à son der-
nier dlqcours., comme si tout n'était pas
à rectifier 1 L'inbidentn'est même pas gai;
les grotesques ne font pas rire ainsi coup
sur coup, et c'est dommage,' en vérité,
pour ceux qui, voyant monter à la tribune
le tintamarres que sénateur des Landes, es-
péraient gagner autant sur l'ennui d'une
séance absolument maussade. A quel saint
nous vouer, Dieu bon 1 avec un sembla-
ble ordre du four? Pas le moindre projet
de loi pouvant donner matière seulement
à explications. C'est écrit, c'est même im-
primé : nous serons venus à Versailles
pour contempler trois votes et un scru-
tin. une Indls(,-rétton à temps
Heureusement une Indiscrétion à temps
nous console. M. Jules Simon, là-bas,
tient un petit cahier dans sa main, un
petit cahier qui ne figure pas à l'or-
dre du jour et qui n'en tire pas mo'ns
à conséquence. M. Jules Simon profite d'u-
ne éclaircle pour grimper l'escalier et se
procure ainsi l'honneur de déposer au
pied du bureau son rapport sur le pro-
jet de loi présenté par le gouvernement.
Le retour à Paris, mes amis 1 nous som-
mes sauvés 1
« Lisez 1 lisez ! » crie-t-on de tous les
bancs à gauche,
Tous nos pères conscrits se calent dans
leur fauteuil, ce qui marque une ferme
volonté d'écouter. Au milieu d'un silence
parfait la lecture commence.
Très-court, écrit dans une langui élé-
gante et sobre, le rapport de M. Jules Si-
mon est remarquable autant par la préci-
sion de la forme que par la netteté de l'ar-
gumentation. Il commande l'attention,
sans effort ni recherche, une attention sé-
rieuse, parce qu'il est nourri de faits et de
raisonnements, parce que le sujet en esst
grave, au moins par l'importance que lui 1
ont prêtée les débats.
Où êtes-vous, ô monsieur Laboulave.
avec vos arabesques de style et yo-
trages académiques qui m;J.qoaient si mal
les trous d'une dç,uque vieillie ?
Nor:o.:-; déjà rapporteur par la commis-
sion du Congrès, M. J. Simon est un des
plue fervents adeptes du retour à Paris. Il
a une confiance absolue dans l'excellence
des Résultats qu'on en peut attendre, dans
la tranquillité et le patriotisme de la :
de ville. Ecoutez-le. Les pln grosses ob-
jectfoas sont écartées avec un calme et
une plénitude de conviction qui ne lais-
sent point de prise à la riposte. On pourra
répoodre en b'oc, interrompre estimpos-
1b!e. L'Assemblée est amenée à la con-
clusion sans fatigue, sans avoir perdu une
syllabe, sans avoir trouvé à placer aucune
manifestation d'aucun genre. A peine
deux légères rumeurs.
La première à propos d'émeute, s'il
vous plaît. M. Jules Simon n'admet plus
la possibilité d'un coup d'Etat, le parfait
accord qui règne entre les pouvoirs pu-
blics lui est garant de la sécurité. Mais on
a parlé des troubles de la rue, des agita-
tions populaires qui, pariies d'en bas et
pouvant se limiter à quelques Individus,
échappent à toute prévision. A supposer
qu'il y ait là un danger,y faut il voir un ar-
gument contre le séjour des Chambres à
Paris? « Non, messieurs 1 répond M. Jules
Simon, les Chambres seraient, au con-
mire, le principal élément de résistance,
et si elles n'étaient pas au péril, elles y
viendraient 1 » Et il s'est trouvé, comme
on pouvait s'y attendre, un grand nom-
bre de voix pour crier : « Oui! même au
centre gauche. M. Laboulaye n'en était
aas.
L'autre rumeur a une tout autre signi-
fication. Se refusant toujours à admettre
l'hypothèse, désormais absurde sous un
régime parlementaire, d'un conflit illégal
entre les pouvoirs publics, le rapporteur
expliquait quelles raisons avalent déter
miné la commission à amender le projet
du gouvernement en un point : au cas où
ils auraient à requérir la force publique
pour appuyer les troupes mises à lfrur
disposition en permanence, les bureaux
des deux Chambres, au lieu de donner
directement des ordres aux officiers su-
balternes, devront s'adresser par voiehié
rarchique au ministre de la guerre, qui se
chargera des mesures à prendre sous sa
responsabilité. Des ricanements sont par-
tis à droite Visiblement on pense à
quelque Saint-Arnaud. Ces gens sont
p'eins de gous-entendus mauvais.
Les conclusions de la commission 1'.
produisent, saur quelques points de dé-
tail, le projet du gouvernement. Quand M.
Jules Simoa est d.esn;ju de la tribune,
il a été accueilli par les applaudissements
de la majo-tté républicaine, et l'urgence
a été votée sans débat.
C'tct jeudi que la di cussion s'engaere; à
vrat dire, nous craignons fort que la ér-
nité imperturbable de MM. les réaction
naires ne tienne jusqu'au bout devant
les tirades irrésistibles de leurs orateurs
favoris.On a déjà distribué un amendement
de M. Fresneau, qd nom, s'il n'annonce
pas forcement une tempête, annonce tout
au moins uo déluge. Au surplus, ne nous
y fions pas. Il n'est pire eau que l'eau dor-
mante.
PAUL PELLE GJWi.
——————— »
m
LE
Testament du prince Louis-Napoléon
Le Gaulais a publié le texte du tesia-
ment de l'ex prince impérial. ou olutôt la
partie politique de ce document. Non*- r(l
produisons tel quel l'extrait iI;j Gaulois.
U n'y a, du reste, d'inlél':ssant ae le co-
dleille, où ïr ssant qu 0 le cô:
d~m~a ~n~ T~T. !
CassairnJ?»'- *aCe» que M. P. de
sAm"- avalt annoncé, désigne expres-
-ut comme héritier de la dynastie im-
periale le prince Victor.
La publication du testament n'ajoutant
rien aux faits déjà connus, nous n'avons
pas pour aujourd'hui d'autres réflexions à
faire. L'état de trouble que nous avons si-
gnalé chez les bonapartistes! reste le
même. Quant aux journaux du parti, l'Or-
dre se tient sur la réserve, le Pays lance
une espèse de sommation au prince Jérô-
me, qu'il adjure d'abdiquer ses droits en
faveur de son fils, et le Gaulois, qui a pré-
cisément changé hier matin de directeur,
semble vouloir inaugurer une campagne
jérômiste.
Voilà, en deux mots, où en sont les cho-
ses, et voici maintenant ce que le Gaulois
publie du testament :
Fait à Cambden-Place (Chislehurst),
le 26 février 1879.
Ceci est mon Testament
1* Je meurs dans la religion catholique,
apostolique et remaille, dans laquelle je suis
né.
2° Je désire que mon corps soit déposé au-
près de celui de mon père, f n attendant qu'on
les transporte tous deux là où repose le fon-
datarir de notre Mataon, au milieu de ce PtlU-
p e français que nous avons, comme lui, bien
atmé.
30 Ma dernière pensée sera pour ma patrie ;
c'est pour eLe que je voudrais mourir.
4° J'epère qui raa mèra me gardera, lors-
que je Le serai plifs, l'affectueux oruveulr
que je lui conserverai jusqu'à mon dernier
moment.
5* Qae mes amis particuliers, que ms gAr-
viteue, que les partisans de la catu que je
représente soient convaincus que ma recon-
naissance envers eux ao cessera qu'avec ma
vie.
6° Je mourrai avec un sentiment de pro-
fonde gratitude pour S. M. la rdne d'Angle-
terre, pour toute la f»tni!le royale et pour le
pays où j'ai rI gu pendant hait aas une si cor-
diale hosp1'&11r..
Je constitue ma mère bien aimée ma léga-
taire universelle, à la charge pour elle de..
1
8 4t «i ;
(Suit ici le détail de legs pcrtï:.úi&,r,.)
Codiçil>
je Wal pas beunl-
Je n'&1 pas Ite'':u de recommander à ma
mère e 5" ° rien négliger pour défendre la
éIJ:I':lre de mon grand oncle et de mon père
--,-----.. - - - -
je ia pne ae se souvenir que, tant qu il y aura
des Bonaparte, la cluse Impériale aura des
représentants. Les devoirs de notre maison
envers le pays ne s'éteignent pas avec ma vie;
mql inort, la lâche de continuer l'œuvre de
Napoléon Itr et de Napoléon 1(1 Incombe au fils
dnê du prince Napoléon, et j'espère que ma
mère bien aimée,en le secoodant de tout son
pouvoir, nous donnera, à nous autres qui ne
serons plus, cette dernière et suprême preuve
d'affection.
NOLtON.
i Chislehurst, le 16 février 1879.
Je nomme MM. Ror h r et F. Pletrl mes
exécuteurs tuhme'JtlJ e,.
(Jadis: par F. Pairi, F-snceschiri Pltr.)
Nous tenons de très bonne source des
détails fort intéressants qai montrent à
quel poiut le parti bonapartiste se désor-
ganise de jour en jour. On a pu voir, par
les détails de la réunion qui a eu lien
chez M. Routier, quelles divisions profon-
des s'étalent produites dès le premier jour.
Elles n'ont fait que s'accentuer depuis ;
l'article publié hier soir dans le Pays et
dans lequel M. Paul de Cassagnac deman-
de nettement au prince Napoiéon d'abdi-
quer ses droits de chef de famille en fa-
veur de son fils en est la meilleure preu-
ve, Pendant ce temps, l'Ordre continue à
reconnaître le prince Napoléon comme
héritier et prétendant.
Mais il y a mieux : on nous affirme, de
façon très positive, qu'un groupe assez
nombreux de bonapartistes, préoccupés
de trouver un prince de la famille Bona-
parte qui n'ait point été mêlé aux graves
dissentiments qui agitaient Il y a quelques
années le parti impérialiste, songeraient à
mettre en avant le prince Jérôme Bona-
parte Patterson, qui, ayant constamment
habité l'Amérique, a toujours été étranger
aux luttes de la famille et du parti. Il est
vrai que, pour la môme raison, il est par*,
faitement inconnu en France. Cela n eui-
pêche pas que sa candidature n'ait ren-
contré déjà quelques adhérents narmi
ceux qui ne veulent à aucun prix du prince
Napoléon et comprennent bien qu'il leur
sera impossible de faire du prince Victor
un prétendant malgré son père. Il faut
s'attendre, nous assure-t on, à voir )e îiorn
du prince Jérôme Patterson lancé "Oar des
journaux anglais et repris ensuite par une
feuille parisienne que l'on p.^us cite. -
Un dernier détaU : 0':.,. nous assure que
1 ex-impératrice, si * lie survit &u coup qui
S' a li entlon, dès que les fu-
nérailles de son tils seront terminées, de
se retir^ au couvent des carmelites de
B'Iirgo?. dei carm filites cle
Quant à la retraite de M. Rouher, il l'a
lui-même officiellement aDDoncee, et con-
trairement à ce que prétendent divers
journaux, nous croyons savoir que le yrra-
ce Napoléon n'a rien fdit pour l'en détour-
ner. M. Routier Ee conserve actuellement
son mandat de député que pour prendra
part aux discussions qui vunt avoir lieu
snr les traités de commerce. Il donnera
quelque temps après ta démission. Beau-
coup de députés bonapartistes sont d
.e cas. C'est ainsi que M. Laroche Joobmv
député d'Angouleme, aurait annoncé à.
quelques uns de ses collègues son inten-
tion d'abandonner prochainement la rie
publique pour céder la place à koa fils,
qui viendrait tiéger à gauche.
Tout cela, comme on voit, semble indi-
quer dans le parti un découragement pro-
fond et une grande lassitude.
———— n» ————-
Nouvelles parlementaires
La eommtllioa #fc^Atoria^e du retour àJParfs
i reanle -':;'d.nt la séance pour euteiidre
* * i« ♦ 1(9 rapport que M. Jaias Simon a lu
4 la
Ilbune.
Parmi les orateurs qui se sont fait Imcrlre
immédiatement pour parler contre le projet,
figure M. Laboulaye. *
* *
L'Union République du Sénat a tenu séan-
ce pour discuter un amendement au projet de
lot sur le retour à Paris, modifiant l'article
qn indique le mole de réquisition de la force
armée mis à la disposition des présidents des
deux Chambres.
ï »
A la Chambre, aucun groupe se s'était réu-
ni pour s'occuper de l'interpellation sur le
préfet de poUce, et aucun ordre du jour mo-
tivé n'avait été préparé à l'avance.
*
* *
Les bureaux de la Chambre ont nommé
une commission pour l'examen du projet dai.
loi concernant l'exploitation des lignas mari-
times postales entre la France et l'Algérie.
Ont été nommés commissaires :
MM Foaasfit, Jacques , Ecarguel, Thom.
son, Journault, Ménard Dorttu, OâVU (Ge"s),
Maunoury, bosc, Escanyè, Parent.
Toas sont favorables au projet, qui corn.
Drend un service hebdomadaire entre Port.
Vendres et Oran, et entra Port-Vendras et
Alger.
La discussion a été anlm4e dans quslq ms
bureaux, notamment dans le deaxième, où le
projet a été attaqué par M. ROUVlttr, dépbtf
de Marseille, et énergiquémont soutenu par
M. Jacques, députa d'Oran. qui poursuit de.
puis plusieurs année. l'ét,b.!Jnme¡u de lî>
gnes partant de Port VeDdres.
M. Forné, qui a soutenu le projet dans te
mme bureau, a retiré sa candidature devai
celle de M. Jaoqué.
l. -
LES PHRASES JOUTES FAITES
Elles sont le pain quotidien de la onn-
versaiion pour les imbéciles, et un* pré-
cieuse ressource pour les hommes intel
ligents. Il ne faut pai trop se moquer
des phrases toutes faites. A qui de nous
n'est-il pas arrivé d'y avoir recours ?
Elles dispensent, lorsqu'on n'est pas en
train, de courir après l'esprit, que i'on
n attraperait pas. Il est impossible de
toujours dire tes choses intéressantes
et neuves. Les phrases toutes faites oïl
el. ae bon qu'elles donaent le temps de
les attendre, ou qu'elles y suppléent.
Elles bouchent les trous et comblent le&
vides des entretiens.
Deux boulevardiers parisiens se ren-
contrent : supposez-leur tout l'esprit du
monde ; il faudra pourtant bien qu'a-
vant de le déployer, ils aient trouvé un
sujet de conversation. Ils ne peuvent pas
à brûle-pourpoint entamer une discus-
sion philosophique, ou littéraire, ou poli-
tique. A moins de rester l'un en face de
l'autre, muets et embarrassés, il f&uf
bien qu'ils se rejettent sur les lieux com-
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La pluie et l, beau. ltul", et II fl-eid et Il ,h_cr.
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