Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1892-05-15
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 15 mai 1892 15 mai 1892
Description : 1892/05/15 (A22,N7426). 1892/05/15 (A22,N7426).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7565963f
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
M
Vingt-deuxième année7 — N* 7,A!ï6 CINO Centimes - Paris et Départements *"*■ CINO Centimes
DIMANCHE 15 MAI 1892
RÉUCTION ET ADMINISTRATIOR
|4S, Rue Mone
1 PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
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âdTMM télégraphique : XIX* SlÈCLB — IPAM
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- bureaux de DOS te.
Lundi prochain, le XIXe SIÈCLE
commencera la publication d'un grand
roman-feuilleton dû à la plume de
MARIO UCHARD :
INÈS PARKER
INÈS PARKER, c'est le roman d'une
jeune Américaine que diverses cir-
constances éloignent momentanément
de son mari, alors que pour la haute
société parisienne au milieu de laquelle
elle doit vivre, aucun ménage n'est
plus uni.
Nos lecteurs et surtout nos lectrices
liront avec plaisir cette étude curieuse
et mouvementée d'un caractère fine-
ment observé et dans laquelle le célèbre
romancier a jeté beaucoup d'esprit.
La Sinrilé Dudtair
Le budget de 1893 avait très bonne
mine quand la Chambre en a reçu le
dépôt. Il était en équilibre, bien en-
tendu, car vit-on jamais un budget se
présenter en déficit? Il comprenait un
projet de réforme de l'impôt des bois-
sons, très séduisant au premier as-
pect; plus d'un détail en était criti-
qué, mais des corrections pouvaient
être introduites sans remettre forcé-
ment en question le succès d'une ré-
forme depuis longtemps réclamée.
Ce morceau de la loi de finances
excepté, il semblait que tout dût aller
comme sur des roulettes. Les divers
départements ministériels s'étaient
conformés à la recommandation du
ministre des finances de se renfermer
autant que faire se pouvait dans les
limites des crédits alloués aux bud-
gets précédents. Il ne s'agissait plus
que de supprimer le reste des petits
fonds d'emprunt qui traînaient encore
dans des recoins du budget, et l'objet
de la discussion la plus sérieuse était
l'emploi des excédents à prévoir, ou
plutôt déjà prévus. Les appliquerait-
on au remboursement des obligations
à court terme du Trésor ou à arrêter
les émissions de nouvelles obligations
(faites par les grandes compagnies en
vertu des conventions, ou bien ferait-
on un partage entre ces deux affecta-
tions, comme le proposait d'ailleurs
'le projet du gouvernement?
Ces questions sont saus aucun doute
du plus vif intérêt ; mais elles sont de
celles que des commissaires financiers
ont plaisir à débattre. Le pénible,
c'est de chercher de l'argent ; quand
on a l'argent disponible devant soi et
que l'on n'a plus qu'à rêver aux
moyens d'en faire un bon usage, c'est
déjà une situation agréable. Comme
.dit don César de Bazan : -
De l'argent qu'on reçoit, d'abord, c'est toujours
1 clair.
Dans de pareilles conditions, la
commission du budget devait avoir la
tâche facile. On se bornait à regretter
que la crise ministérielle eût retardé
de quelques semaines sa nomination
et le commencement de ses travaux.
Mais, en travaillant bien et en se gar-
dant du fast. des rapports trop volu-
mineux, elle pourrait saisir la Cham-
bre assez jpromptement et couper
court à la fâcheuse habitude des dis-
cussions prolongées jusqu'aux derniè-
res heures de l'année, et même au-
delà.
Un examen attentif n'a pas tardé à
assombrir un peu ces trop riantes
perspectives. Avant de se demander
ce qu'on ferait des excédents, était-
on bien sûr d'en avoir? Ne pouvait-
il y avoir quelques mécomptes, soit
sur l'évaluation faite des plus-values
à attendre des nouveaux tarifs de
douane, soit sur les recettes de che-
mins de fer, dans les premiers temps
de l'application des nouveaux tarifs
de la grande vitesse ?
C'étatent là des scrupules sur les-
quels on pouvait différer de senti-
ment. Mais il y avait une autre ques-
tion parallèle : Etait-on saisi des pré-
visions réelles de dépenses ? Une
remarque fut faite tout de suite. Un
chiffre figurait bien au projet d'en-
semble pour les dépenses du ministère
de la marine ; mais ce ministère tar-
dait beaucoup à fournir les dévelop-
pements à l'appui. Un certain" nombre
des services étaient portés pour des
chiffres notoirement inférieurs aux
dépenses engagées. Ces insuffisances
de prévisions atteignaient visiblement
un nombre notable de millions. De
hauts fonctionnaires de la rue Royale,
interrogés personnellement sur un
à-peu-près de cette taille, n'avaient
pas fait difficulté de reconnaître la
grave inexactitude des chiffres d'a-
bord annoncés et d'avouer que le pro-
jet primitivement préparé était à re-
yoir presque d'un bout à l'autre.
o Le projet rectifié est prêt, paraît-il,
et il n'eût tenu qu'à la commission de
s'en saisir en reprenant S-S travaux;
mais elle n'a pu accepter la responsa-
bilité de recevoir comme un amende-
ment banal un budget de dépenses
qui dépasse dans des proportions con-
sidérables le chiffre dont la Chambre
était saisie; Le budget de la marine,
tçut au ètrç
* '1
tinctement sur le bureau avant d'être
renvoyé à la commission.
Il n'y a certes pas d'autre départe-
ment ministériel où les imprévisions
atteignent, à beaucoup près, de sem-
blables dimensions et soient de nature
à compliquer autant la tâche de main-
tenir ou de rétablir l'équilibre finan-
cier. Mais, dans presque tous, il y a
des dépenses, petites ou grandes,
mais inévitables, et qu'on a, ou
omises dans les prévisions, ou éva-
luées au-dessous des besoins connus.
C'est une pratique trop courante et
dans laquelle les bureaux s'obstinent,
en dépit de remontrances répétées
chaque année.
Il n'y a pas de danger qu'ils éva-
luent trop bas les dépenses sur les-
quelles il serait possible. d'opérer des
réductions pratiques; celles-là, ils les
gonflent plutôt. En revanche, ils ré-
duisent volonjers celles qu'on ne
pourrait comprimer sans inhumanité
ou sans désorganiser un service, ou
même qui résultent obligatoirement
de l'exécution d'une loi. Ils ne voient
aucun inconvénient à n'obtenir pour
celles-là que des crédits insuffisants,
puisqu'ils savent qu'on ne pourra re-
culer quand l'insuffisance se repré-
sentera sous forme de crédit supplé-
mentaire.
CJ procédé, qu'on peut appeler
sans ir'QU;U'T}rfl le tnia de la carte
forcée, donne lieu chaque année à des
plaintes qui n'empêchent pas la ré-
cidive.
Les bureaucrates sont de l'avis de
ce cocher du siècle dernier qui venait
d'être blâmé en cour du Parlement et
qui demandait :
- Blàmé 1 Cela m'empêchera-t-il de
conduire mon fiacre ?
— Non, mon garçon, répondit le
président.
— En ce cas-là, je m'en f.
Les bureaux empochent les blâmes,
et continuent à rouler comme au-
paravant.
C'est pour diminuer ces pratiques,
à supposer qu'on ne puisse pas les
déraciner tout-à-fait, que la commis-
sion a pris le parti de demander à
tous les ministres d'établir des prévi-
sions complètes et d'attirer leur atten-
tion sur les chapitres où l'expérience
des années précédentes et les pres-
criptions de lois récentes donnent
lieu de soupçonner de véritables dis-
simulations de dépenses nécessaires.
Il ne suffit pas d'aligner des chiffres
sur le papier et de les faire cadrer,
mais de dire nettement ce qu'on aura
à payer.
Gustave Isambert.
POURSUITES CONTRE UN DEPUTE
Dès la rentrée de la Chambre, unedeman-
de en autorisation do poursuites sera dé-
posée par un groupe d'actionnaires de l'an-
cienne Société de dépôts et comptes cou-
rants contre M. Achille Fould, ancien admi-
nistrateur de cette société et député, des
Hautes-Pyrénées.
On sait que M. Achille Fould est le beau-
frère du prince de Monaco.
AU DAHOMEY
LETTRE DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER
Lagos, 5 avril.
Dès le 27 mars, les autorités de Porto-
Novo avaient télégraphiés à Konakry l'at-
taque de la chaloupe la Topase, et les inten-
tions du gouvernement n'ont été connues
à Porto-Novo que vers le 3 avril-car il faut
vous dire, ou plutôt vous savez que le Bé-
nin, malgré son importance commerciale,
a été placé sous les ordres d'un gouverneur
dont le siège est à Konakry (10 à 12 jours
de mer), que toutes les correspondances
doivent s'y arrêter, que l'administrateur de
Porto-Novo ne peut, ne doit correspondre
directement avec le département à Paris ;
tout séjourne et s'arrête à Konakry; c'est là
que se prennent les grandes résolutions !
Il serait bon, cependant, pour nous venger
des inj ures de cet anthropophage, d'orga-
niser sur une nouvelle base l'administra-
tion de la colonie.
L'armée de Behanzin est à 15 kilomètres
de Porto-Novo. D'autres troupes daho-
méennes sont concentrées dans les envi-
rons de Kotonou.
Jusqu'à présent, les Dahoméens ont dé-
truit les villages de Darou, Deuko, Abata,
Quito, Biko, Zouagomé, Topii, Aglalorée,
Agougée, Dawémé, Ketin et Ketinsota.
Tous ces villages font partie du royaume
de notre allié Toffa, et tous arborent le
drapeau français.
Toute la population du Bas-Ouémé se
porte sur Porto-Novo, réclamant la protec-
tion de la France.
Pur suite d'une grande faute, l'autorité
de Toffa ayant été depuis un an considéra-
blement amoindrie, il y a d'énormes diffi-
cullés à faire marcher les indigènes de la
ville.
Puisqu'on a décidé de marcher, espérons
que le gouvernement agira avec énergie et
qu'il s'abstiendra de nous envoyer des
Pères Dorgère ou des diplomates comme
l'amiral de Cuvervillc.
M. NICOLAS DE GIERS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 13 mai. — On sait que
dépuis la mort du baron Frederiks, 1J gouver-
nement russe n'a plus de ministre plénipo-
tentiaire à Stuttgard.
Néanmoins, par égard pour sa tan la. reifte
douairière Ola. de Wurtemberg, l'empereur
tient à avoir, tant qu'elle vivra, un chargé
d'affaires à Stuttgard.
Il était questiou de confier ce poste à M. Ni-
colas Karlovitsch de Giers, premier secrétaire
à l'ambassade de Russie à Paris, mais il pa-
raît que celui-ci fait son possible pour se dé-
rober à cet honneur.
M. WYSCHNEGRADSKI
Saint-Pétersbourg, 13 mai. - M. Wyschne-
gradski, ministre des finances de Russie, vient
d'avoir une rechute. Son état est U'ç iUYÇ et
M ÇÏâîgJ. 1MI
M. YVES GUYOT
CONSPUÉ PAR SES ÉLECTEURS
LA DÉBÂCLE. — LA DÉMISSION
M. Yves Guyot monte au Capitole.-Le
lâchage des principes. — Les frais
d'un inaugurateur. — Déclaration
du comité radical-socialiste.
M. Yves Guyot a pu mesurer hier la dis-
tance qui sépare le Capitole de la roche
Tarpéienne, et se rendre compte de ce que
valent, devant les électeurs, toutes les ar-
guties d'un ex-ministre oublieux de ses
programmes radicaux-socialistes. Invité
par quelques-uns de ses amis à rendre
compte — pour la forme — de son mandat
législatif, le député du premier arrondisse-
ment avait organisé hier soir à l'hôtel Con-
tinental une réunion privée où, pour entrer,
il fallait non seulement être porteur d'une
lettre d'invitation mais encore de sa carte
électorale.
Aussi, à la porte, les protestations étaient-
elles violentes. Des citoyens notoirement
connus comme électeurs de l'arrondisse-
ment se voyaient refuser l'accès de la salle,
bien qu'ils fussent munis de la fameuse in-
vitation. Quelques-uns s'indignent de ce
procédé qu'ils qualifient « d'ignoble et
d'aosurde ». Les commissaires de la reu-
nion les font expulser par les gardiens de
la paix. Quelques amis de M. Yves Guyot
ne peuvent s'empêcher de s'élever contre
ce contrôle excessif.
Malgré ces précautions, on va voir com-
me M. Yves Guyot est sorti de cette réu-
nion, composée d'amis.
A neuf heures et quart, il est procédé à
la constitution du bureau.
- Après refus de M. Bagot, président de l'an-
cien comité de M. YVP.OI: (hJVI)t. netus dont
nos lecteurs connaitront tout a l'heure les
motifs, M. Deroselle est nommé président
par la moitié de la salle. Immédiatement
M.Yves Guyot se lève et, sous prétexte de
passer en revue les divers points de son
programme politique, entreprend son apo-
logie.
« J'ai sauvé la République ! »
Comme un interrupteur lui reproche son
entrée au ministère Tirard, qu'il a autre-
fois vivement combattu :
— Oui, s'écrie solennellement l'ancien
inaugurateur, le rapprochement de deux
adversaires est une leçon de morale poli-
tique que je recommande aux bons ci-
toyens. Cela prouve qu'en politique il suf-
fit, pour s'entendre, d'apporter de la bonne
foi, de la sincérité, de la probité.
- Vive la probité! crie-t-on de divers
côtés.
M. Yves Guyot continue son discours. Il
tâche d'expliquer comment son devoir lui
commandait de repousser la revision de la
Constitution, qui était inscrite dans son pro-
gramme. Il n'a pas voulu faire le jeu des
monarchistes.
En vain les assistants crient à l'orateur
que presque tous ses collègues de la dépu-
tation de la Seine ont voté la revision, il
n'entend point.
M. Yves Guyot parle de la liberté de la
presse. Qui douterait qu'il en soit partisan ?
Seulement, la presse commet des excès de
langage qu'il laut pouvoir réprimer. Avec
le jury, ça n'est pas commode, tandis que
devant la police correctionnelle, tous les
journalistes qui se permettent d'accuser
les ministres seraient condamnés au maxi-
mum.
— Il y a des ministres qu'on n'a jamais at-
taqués !
M. Yves Guyot prend l'interruption pour
son compte :
— Pour moi, dit-il, je suis blasé.
— Ça se comprend !
Et l'orateur aborde la séparation des
Eglises et de l'Etat :
Si jamais réforme a été désirée par quel-
qu'un, c'est bien par lui, Yves Guyot. Il
avait préparé un superbe projet, on n'en
a pas voulu. Et cependant, c'est le seul qui
fût étudié, qui fût sérieux.
— Bravo! bravo! s'écrient ironiquement
quelques électeurs.
On sait quelle sourde hostilité manifesta
M. Yves Guyot, durant son passage aux af-
faires, à l'égard de la ville de Paris, pour
laquelle il avait autrefois si chaudement
réclamé une extension de ses franchises.
Par prudence, l'orateur a rapidement passé
sur ce point.
La salle n'attendait qu'une occasion pour
éclater. M. Guyot la lui a fournie en énu-
mérant le nombre de kilomètres de che-
mins de fer par lui inaugurés en trois ans.
Avis aux statisticiens
Eu 1889, 5^2 kilomètres ; en 1890, 390 kilo-
mètres; en 1891, 821 kilomètres.
Ce qui chagrine l'ancien ministre, « c'est
qu'il avait prévu pour 1892 800 kilomètres
qu'il n'aura pas le plaisir d'inaugurer ! »
— Heureusement ! répond-on, et l'assis-
tance de se tordre.
Pour comble, M. Yves Guyot se vante
d'avoir obtenu le chauffage des wagons des
trains de banlieue et de s'être efforcé de
faire aboutir le Métropolitain.
Nous tous qui pensions que M. Yves
Guyot avait été mis deux fois sur la sel-
lette à propos de ce chauffage des trains,
et qu'il était la cause du retard dans le
vote du Métropolitain ! Enfin, passons.
Sentant le terrain lui manquer, M. Yves
Guyot parle des intérêts de son arrondis-
sement. Les Halles ont besoin d'être réor-
ganisées. En quel sens, il dédaigne de l'in-
diquer nettement.
Entre temps, voici se qu'il dit :
Ainsi, il faut favoriser les commission-
naires et non les facteurs. Ces derniers
présentent des garanties que n'offrent pas
les autres. Ils sont assermentés.
— Ce qui signifie, réplique-t-on, qu'il
faut être assermenté pour être honnête !
C'est un commissionnaire, san3 doute,
dont le député ignorait la présence dans la
salle.
Les interruptions ne font qu'augmen-
ter : « M. Yves Guyot ne s'est pas préoc-
cupé de la revision de la loi des patentes. »
— Je m'occupe de la question, répond-il
à l'interrupteur.
— Vous en aurez le loisir dans un an,
reprend-on d'autre part.
Et M. Yves Guyot continue, continue.
Il termine enlin par ces mots : « Il n'y a
qu'un seul gouvernement possible en
France, celui qui saura réprimer aussi
bien les menées césariennes que les me-
nées anarchistes. »
La riposte
Quelques applaudissements saluent cette
péroraison,et la parole est donnée à un élec-
teur de l'arrondissement, M. le docteur La-
tasse, qui, très écouté, reprend un à un les
points traités par M. Yves Guyot et montre
que celui-ci a manqué à tous ses engage-
ments. Lui, l'auteur de publications anti-
cléricales, a été le défenseur au ministère
des cléricaux.
En ce qui concerne les droits de Paris,
l'orateur cite un fait quj jurait concluant
Q ri.$fibl1 -
« C'est sous le ministère de M. Yves
Guyot que la préfet de la Seine s'est ins-
tallé à l'Hôtel de Ville, ce qu'il n'avait pas
osé faire encore. »
— Pouvons-nous oublier enfin, dit M.La-
tasse, que M. Yvei Guyot s'est fait à la
Chambre le défenseur de M. Caillaux, ce
ministre du Seize-Mai deux fois. flétri par
la Chambre et par le Sénat?
Des voix s'élèvent de toutes parts. : — Ça,
jamais ! non, non 1
L'orateur termine par ce coup droit :
— Vous avez écrit, dans un de vos livres,
M. Yves Guyot: « La morale politique con-
siste à faire au pouvoir ce qu'on a prêché
dans l'opposition. » Or, M. Yves Guyot a
renié tout son passé politique.
Une double salve d'applaudissements
prouve à l'orateur qu'il a exprimé l'opi-
nion de la majorité des membres pré-
sents.
il se fait tard, et les orateurs sont nom-
breux. M. Degouy, rédacteur à la Justice,
monte cependant à la tribune, et, en quel-
ques mots éloquents, rappelle les « opi-
nions successives » de M. Yves Guyot, au-
quel il pose, pour finir, cette question :
« Qu'y a-t-il de vrai dans ce qu'ont publié
es journaux sur vos frais de voyages d'i-
nauguration Y.
M. Yves Guyot se lève et déclare que ce
sont là des calomnies inventées par les
réactionnaires.
M. Degouy intervient à nouveau, énu-
mère les chiffres et la date des mandats de
paiement : Le lh juin 1889, inauguration
du chemin de fer de La Roche à Cluze,
SA kilomètres: mandat de 2,100 francs.
En août, inauguration du chemin de fer
de Saint-Raphaël à Saint-Tropez, trente
kilomètres: 2,300 francs, etc.
M. Yves Guyot n'est pas à l'aise. Il se
borne à répondre que de tout temps on a
1.81.. V'-'- » Lr -----
— En tout cas, répond M. Degouy, ces dé-
penses n'étaient pas destinées à payer les
voyages en Suisse de la famille de M. Yves
Guyot.
Le comité s'en mêle
Visiblement, la partie est perdue pour
l'ancien ministre. Un dernier orateur est
venu achever cette déroute: C'est M. Bagot,
un vieux républicain d'aspect vénérable,
président du comité radical-socialiste de
l'arrondissement.
D'une voix légèrement émue, M. Bagot lit
la déclaration suivante :
« Le comité républicain radical socia-
liste, sur la foi du programme socialiste de
M. Yves Guyot en 1881, et renouvelé en
1839, avait soutenu la candidature de M.
Yves Guyot.
» Mais aujourd'hui, en présence de la
volte-face étrange, en présence de l'aban-
don de toutes les promesses du député du
premier arrondissement, revision de la
Constitution, abrogation du Concordat,
autonomie communale, etc., le comité ré-
publicain radical-socialiste vient, par ma
voix, vous demander pardon de l'erreur
qu'il a commise en vous présentant cette
candidature, car il est persuadé que, dans
notre loyal pays de France, on s'honore
toujours en reconnaissant ses erreurs, et
c'est ce que le comité vient faire aujour-
d'hui devant vous. »
Dépeindre l'effet produit par cette décla-
ration est impossible. Le bureau se lève
pour quitter la salle, mais les républicains
venus pour donner une leçon au défenseur
des grandes compagnies et des ministres
du 16 Mai se fâchent et réclament le vote
d'un ordre du jour.
Le président de la réunion n'entend pas
de cette oreille. Il consulte M. Guyot, les
assesseurs, espérant que pendant ce temps
la salle se videra. Il n'en est rien. Les ré-
publicains tiennent bon, ils veulent un
ordre du jour.
Le président, ne sachant plus comment
sauver la situation, demande qu'on lui ré-
dige un ordre du jour, et pendant qu'un
citoyen se livre à ce travail — deux minu-
tes a peine - M. Guyot et ses amis honteux
et confus filaient prestement par une porte
de derrière.
L'ordre du jour est rédigé. En vain cher-
che-t-on le président pour la mise aux
voix. Disparu! Des sifflets partent do plu-
sieurs coins de la salle.
Cependant M. Degouy demande à l'assem-
blée de se prononcer sur l'ordre du jour
de confiance. Dix voix à peine se lèvent
pour le voter.
L'immense majorité accueille ce vote par
un cri formidable de démission! dont M.
Guyot, d'une salle voisine, a pu longtemps
entendre les échos.
Morale : Voilà ce qu'il en coûte à un an-
cien ministre de la République, jadis radi-
cal-socialiste, non-seulement d'avoir aban-
donné son programme, mais surtout
d'avoir, à la tribune parlementaire, pris la
défense d'un ancien ministre du SA Mai et
du 16 liai, M. Caillaux.
L'ËLECTION DES MAIRES
On sait qu'en vertu des instructions qui
leur ont été transmises par le ministère de
l'intérieur, les préfets de tous les départe-
ments ont pris des arrêtés prescrivant aux
conseils municipaux de se réunir dimanche
prochain pour nommer les maires et les
adjoints dans chaque commune.
On s'est étonné de lire dans les journaux
qu'un certain nombre de conseils munici-
paux ne s'étaient pas conformés aux arrê-
tés des préfets de leur département et n'a-
vaient pas attendu le jour prescrit par
l'administration pour se réunir et pro-
céder à l'élection des maires et des ad-
joints.
On s'est demandé si ces réunions étaient
légales.
Aucun doute n'est possible à cet égard. -
Les conseils municipaux qui ont procédé
de la sorte ne soni pas sortis de la légalité.
La loi de 188h dit que les Conseils munici-
paux se réuniront en session ordinaire au
mois de mai. Et pour les réunions en ses-
sion ordinaire, le maire n'a même pas
besoin d'aviser le préfet. Quant à l'élection
des maires et adjoints, elle est réglée par
l'article 77,qui ne parle ni de l'intervention
du préfet ni de celle du sous-préfet.
Les arrêtés des préfets sont une réminis-
cence du régime qui a précédé la loi de
188A; mais ils n'ont plus aujourd'hui leur
raison d'être, et c'est à bon droit qu'un
certain nombre de communes ont constitué
leurs municipalités sans se soucier de la
date fixée par les représentants du pou-
voir central.
L'ALLEMAGNE ET L'ESPAGNE
Madrid, 13 mai. — Dans les cercles officiels,
on-affirme que les négociatious commerciales
entre l'Espagne et l'Allemagne ont échoué à la.
suite du refus du gouvernement espagnol
d'accorder à l'Allemagne le ré&vmç ctç infla-
tion la favorisé?, -- - -
CHRONIQUE
Je fais partie d'une commission que le
ministre de l'instruction publique a
chargée d'étudier l'organisation du Con-
servatoire, d'en reviser les règlements
et de proposer les réformes qui lui pour-
raient paraître utiles. Je n'ai jamais rien
dit dans le journal et ne veux rien dire
des travaux de cette commission. Quand
le rapport, qui ne tardera pas à nous
être lu, aura été rendu public par le mi-
nistre, je pourrai sans inconvénient sor-
tir de la réserve que les convenances
m'imposent.
Mais, quand nous avons fini de discu-
ter les questions qui nous sont soumises,
quand nous ne sommes plus en séance,
on cause plus librement, et il s'échange
là beaucoup de bonnes idées qu'aucune
bienséance n'oblige à tenir secrètes.
Parmi les réformes dont nous nous en-
tretenons) quelques-unes se heurtent à
une considération dont nous avons tou-
jours à tenir compte ; car on est forcé de
nous l'opposer sans cesse. Un de nos col-
lègues, qui est académicien, nous disait
à ce propos :
« Quand on pense que, tous les ans, il
y a un certain nombre de personnes ri-
ches qui lèguent ou donnent à l'Académie
française des sommes considérables pour
servir à des fondations de prix! Ces prix,
qui sont de toutes sortes, ont leur utilité,
je n'en disconviens pas ; et nous avons
plaisir à les distribuer, bien que ce soit
parfois pour uousungros surcroit de be-
brés de ces fondations de prix, et la liste
va s'en allongeant chaque année.
"Quel dommage que, parmi les généreux
millionnaires,il n'y en ait pas qui songent
au Conservatoire ! Beaucoup d'entre eux
aiment le théâtre; beaucoup lui ont dû
d'agréables heures qu'ils n'ont pas payées
très cher. C'est le Conservatoire qui leur
a formé ces comédiens et ces comédien-
nes dont le talent les a enchantés. Ils
feraient acte de spirituelle reconnais-
sance soit en y fondant des bourses, ou
des prix, soit en lui attribuant une
somme dont le revenu serait em-
ployé au mieux des intérêts de l'éta-
blissement. Si l'on y disposait d'une
rente fondée par un particulier, comme
il serait plus facile d'organiser dans l'in-
térieur de la maison, sur son théâtre, des
représentations où l'on convierait dis-
crètement un public d'amis! »
La conversation s'engagea sur ce thè-
me.
Je fis remarquer que le Conservatoire
avaitdéjà rencontré quelques riches bien-
faiteurs. Chaque année, à la distribution
des prix, on nous parle de ceux qui sont
dus à la générosité de certains donateurs,
Ainsi, dans les classes de piano, il y. a
toujours pour les deux premiers prix,
hommes et femmes, deux pianos à queue
offerts, l'un par la maison Erard, l'autre
par la maison Pleyel. Il y a aussi un vio-
loncelle, prix fondé, je crois, par la veuve
de Georges Hainl, l'ancien chef d'orches-
tre de l'Opéra, qui, avant de prendre le
bâton du commandement, avait été un
violoncelliste remarquable.
M. Réty nous adonne quelques dé-
tails sur ces fondations. Il ne s'y trouve
qu'une pension; elle est due à la munifi-
cence de Mme Ponsin, qui, en mourant,
s'est souvenue qu'elle avait passé par le
Conservatoire, qu'elle y avait connu les
tristesses de la iiiisère,et a légué le capi-
tal d'une pension à servir à une jeune
élève durant le temps de ses études.
- Cette pension est peu considérable.
— Mais vous ne savez pas, nous disait
un de ces messieurs, ce qu'apporte de
soulagement et d'aisance dans ces mé-
nages, modestes toujours et le plus sou-
vent très pauvres, un méchant supplé-
ment de cinquante francs par mois. On
reproche aux jeunes gens qui font leurs
études au Conservatoire d'aller caboti-
ner un peu partout, au hasard. Il faut
pourtant bien qu'ils mangent. Un cachet
de dix francs, c'est deux ou trois jours
où ils ne crèveront pas de faim.
Les jeunes filles. elles. je ne veux
pas insinuer qu'elles ont d'autres res-
sources; j'aime mieux croire à leur vertu,
et ce qui étonnera sans doute bien des
lecteurs, c'est qu'en effet les mœurs sont
en général assez honnêtes au Conserva-
toire. L'innocence de ces futures artistes
n'est sans doute pas celle d'Agnès ; elle
est aiguisée et armée. C'est de l'inno-
cence, après tout. Mais elles vivent dans
leur famille ; elles trouvent en rentrant
au logis maternel un ménage monté et le
pot-au-feu qui bout sur le poêle.
Les hommes sont moins heureux. Tous
les chanteurs, nous disait un de ces mes-
sieurs, arrivent du Midi ; ils sont pour la
plupart de très humble origine et leur
famille ne peut leur allouer de quoi sub-
venir à leurs besoins. Ils n'ont pas la res-
source de donner des leçons, puisqu'ils
sont d'âge à en prendre; ils ne sont pas
invités à chanter dansles salons ; ils n'ont
à attendre que les cailles qui leur
tombent, rôties ou non, d'un ciel inclé-
ment. Que veut-on qu'ils deviennent?
11 en va de même à peu près pour les
apprentis comédiens, sauf qu'ils ne vien-
nent pas de Toulouse, de Bordeaux ou
de Marseille. Ils sont pauvres, très pau-
vres, et le métier qu'ils exercent les con-
traint à avoir une certaine tenue, à faire
figure.
Cent francs par mois, c'est très peu de
chose, au prix où sont les loyers aujour-
d'hui et les tables d'hôte. Ce serait pour-
tant là une aide considérable, et il est
bien fâcheux que le fonds des pensions
soit si modique au Conservatoire.
Ce qui arrête, j'imagine, beaucoup
d'initiatives généreuses, c'est que le
Conservatoire n'est pas une personne
civile. Un millionnaire, en lui léguant
une somme plus ou moins considérable,
même pour un objet déterminé, peut
craindre que cette somme, au lieu de
profiter à l'oeuvre dont il s'est mis en
peine, ne vienne en déduction du budget
que f Etat vote chaque année à, Vabbs-::
j?eiaeût i; x a là JlJle Wi\ii!!:dy¡,}.tk
gouvernement pourrait se préoccuper..
aurait-il quelque inconvénient à ce que
l'on donnât au Conservatoire le privilège
de la personnalité civile, qu'on lui
attribuât le droit de recevoir des legs et
d'en disposer au gré du testateur, aprést
approbation du ministre, bien entendue
Ce ne serait là qu'une formalité légala:
destinée à rassurer les bonnes intentiong,
des donateurs à venir. Car la pension,
qu'a léguée madame Ponsin n'a pas fait
diminuer de cent sous l'allocation con-
sentie par l'Etat, et il est fort probable
qu'il en serait de. même si d'autres,
plus importantes, venaient à s'ajouter à
celle-là. Mais il faut toujours compter
avec les craintes et les susceptibilités du.
public. Peut-être y aurait-il avantage à
consacrer par une loi l'autonomie du
Conservatoire.
Mais, en attendant, il faut que les per<.
sonnes qui s'intéressent aux destinées du
théâtre et qui sont riches à ne savoir que'
faire de leur argent apprennent que
nous en avons un besoin pressant au,
Conservatoire, que toutes les réformes
dont nous nous occupons resteront en
suspens, faute de ce maudit métal.
Songez qu'en Amérique il y a telle uni-'
versité qui a été constituée et qui est en- !
tretenue grâce à une fondation d'un ri-,
chissime Yankee. Ce n'est pas par centai-
nes de mille francs qu'il a compté ; il a
jeté d'un coup une dizaine de millions
dans cette entreprise, et, ce qui vaut
mieux encore, il les a jetés de son vivant.
Il s'est donné le délicieux plaisir de voie;
naître et croître son oeuvre; il a joui de
mante que se refusent les bienfaiteurs
qui ne veulent l'être qu'après leur mort.
Ne nous plaignons pas d'eux ; on est
encore trop content lorsqu'ils veulent
bien distraire de l'héritage laissé à leur
famille une part plus ou moins grosse
pour un intérêt d'ordre général. A cheval
donné, dit le proverbe, on ne regarde pas
labride.On ne chicane pas les morts, s'ils
ont préféré laisser à d'autres le souci
de leur bonne œuvre.
Mais je suis chargé de rappeler aux
millionnaires qu'il y a un Conservatoira
à Paris, et que ce Conservatoire a besoin
d'argent, autant que l'Académie, autant
que le Louvre, autant que l'Ecole des
beaux-arts.
A bon entendeur, salut!
Francisque Sarcay.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
a Chronique *, par M. Paul Giniity.
UN VOL DE 11,000 FRANCS
AU PALAIS DE JUSTICE
- y»-
Hier matin, vers onze heures, un préposé
de l'administration de l'enregistrement,
nommé Cornu, se présentait au bureau de
la cour d'appel, galerie Saint-Louis, pour
prendre le versement du receveur, et don"
nait décharge d'un sac contenant 11,000 fr.
en billets de banque de 100 francs.
Quelques minutes plus tard, il revenait
au bureau, disant qu'il avait dû oublier la
versement.
Le petit commis du receveur, un garçon
d'une quinzaine d'années, affirmait le lui
avoir remis.
Ceci se passait pendant l'absence du re-
ceveur.
Le malheureux préposé, âgé d'une cin-
quantaine d'années et depuis longtemps auw.
service du ministère des finances, gagne
21,300 francs par an et transporte annuelle-
ment au Trésor, pour le compte de l'admi-
nistration, plus de deux cents millions.
On le dit à l'abri de tout soupçon.
En dehors de son honorabilité, qui pa-
rait certaine, il y a lieu de supposer, en ef-
fet, qu'il n'aurait pas détourné 11,000 françsr
alors que certains jours il transporte plu-
sieurs millions en or et en billets de
banque.
Le receveur, de son côté, prétend être
certain de la probité de son jeune commis.
Les 11,000 francs ont-ils été volés à
Cornu dans le trajet de la galerie Saint-
Louis au boulevard du Palais, où l'atten-
dait la voiture du ministère ? Les a-t-ils
perdus? Le jeune commis ne mérite-t-ili
pas la confiance dont son patron l'honore ? i
Dans la sArÕe d'hier, M. Dhers, commis-
saire de police du quartier Saint-Germain-
l'Auxerrois, a procedé à une enquête.
Nous en dirons les résultats.
LE
VOYAGE DE RAVACHOL
Les incidents de la route. — L'arrivée
à Saint-Etienne
Comme nos lecteurs le savent, Ravachoty
a quitté avant-hier Paris, où il a marqua
sa présence par de si bruyants incidents.
Voici les dépêchés que nous recevons sur
le voyage et sur l'arrivée à bon port du cé-
lèbre bandit : ~,
1 A Roanne l
t' Roanne, 13 mai. i"
Ravachol, escorté do trois gardiens et
placé dans le wagon no 20 du service péni-i
tentiaire du ministère de l'intérieur, esti
arrivé à Roanne à midi 25 par le train
n° 761.
Après un arrêt de 20 minutes, il a été di-
rigé sur Saint-Etienne.
Beaucoup de personnes s'étaient rendues
à la gare, mais le prisonnier est resté in-
visible. :
A Saint-Etienne
,.. Saint-Etienne, 13 mai.
De nombreux journalistes s'étaient ren-
dus à la gare de bifurcation de Montrond-
pour y attendre le train amenant Ravachol,
et dans lequel ils sont montés- jusqu'à'
Saint-Etienne. j
Au passage dans plusieurs gares, les cu-i
rieux se montraient le wagon cellulaire en
répétant en chœur : « C'est Ravachol ! C'estf
Ravachol !» >
Au moment de l'arrivée du train à la
gare de Châteaucreux à Saint-Etienne, ontf
remarquait parmi les autorités présenter
sur le quai de la gare : MM. Lépine, préfef
du département, Sarlot, son chef de cabi-t
net, le commissaire spécial de police, ses.
deux inspecteurs, plusieurs commissaires
de police et un officier de gendarmerie.
M. Vacquier, inspecteur principal de lfc
Compagnie P.-L.-M., assisté, d'un autre in-r
pecteur, commande aussitôt la manœuvre.;
La voiture cellulaire est détachée dtt
traîna côodùHe yur la voie de garage e
presque aussitôt attachée à un train spês
.ciai aiù dgit U conduire de _bjere
Vingt-deuxième année7 — N* 7,A!ï6 CINO Centimes - Paris et Départements *"*■ CINO Centimes
DIMANCHE 15 MAI 1892
RÉUCTION ET ADMINISTRATIOR
|4S, Rue Mone
1 PARIS
DIRECTEUR POLITIQUE
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Union Postale — 9L; — IOL; — 32 L
Lee Abonnements aont reçus «an* irais dan tm
- bureaux de DOS te.
Lundi prochain, le XIXe SIÈCLE
commencera la publication d'un grand
roman-feuilleton dû à la plume de
MARIO UCHARD :
INÈS PARKER
INÈS PARKER, c'est le roman d'une
jeune Américaine que diverses cir-
constances éloignent momentanément
de son mari, alors que pour la haute
société parisienne au milieu de laquelle
elle doit vivre, aucun ménage n'est
plus uni.
Nos lecteurs et surtout nos lectrices
liront avec plaisir cette étude curieuse
et mouvementée d'un caractère fine-
ment observé et dans laquelle le célèbre
romancier a jeté beaucoup d'esprit.
La Sinrilé Dudtair
Le budget de 1893 avait très bonne
mine quand la Chambre en a reçu le
dépôt. Il était en équilibre, bien en-
tendu, car vit-on jamais un budget se
présenter en déficit? Il comprenait un
projet de réforme de l'impôt des bois-
sons, très séduisant au premier as-
pect; plus d'un détail en était criti-
qué, mais des corrections pouvaient
être introduites sans remettre forcé-
ment en question le succès d'une ré-
forme depuis longtemps réclamée.
Ce morceau de la loi de finances
excepté, il semblait que tout dût aller
comme sur des roulettes. Les divers
départements ministériels s'étaient
conformés à la recommandation du
ministre des finances de se renfermer
autant que faire se pouvait dans les
limites des crédits alloués aux bud-
gets précédents. Il ne s'agissait plus
que de supprimer le reste des petits
fonds d'emprunt qui traînaient encore
dans des recoins du budget, et l'objet
de la discussion la plus sérieuse était
l'emploi des excédents à prévoir, ou
plutôt déjà prévus. Les appliquerait-
on au remboursement des obligations
à court terme du Trésor ou à arrêter
les émissions de nouvelles obligations
(faites par les grandes compagnies en
vertu des conventions, ou bien ferait-
on un partage entre ces deux affecta-
tions, comme le proposait d'ailleurs
'le projet du gouvernement?
Ces questions sont saus aucun doute
du plus vif intérêt ; mais elles sont de
celles que des commissaires financiers
ont plaisir à débattre. Le pénible,
c'est de chercher de l'argent ; quand
on a l'argent disponible devant soi et
que l'on n'a plus qu'à rêver aux
moyens d'en faire un bon usage, c'est
déjà une situation agréable. Comme
.dit don César de Bazan : -
De l'argent qu'on reçoit, d'abord, c'est toujours
1 clair.
Dans de pareilles conditions, la
commission du budget devait avoir la
tâche facile. On se bornait à regretter
que la crise ministérielle eût retardé
de quelques semaines sa nomination
et le commencement de ses travaux.
Mais, en travaillant bien et en se gar-
dant du fast. des rapports trop volu-
mineux, elle pourrait saisir la Cham-
bre assez jpromptement et couper
court à la fâcheuse habitude des dis-
cussions prolongées jusqu'aux derniè-
res heures de l'année, et même au-
delà.
Un examen attentif n'a pas tardé à
assombrir un peu ces trop riantes
perspectives. Avant de se demander
ce qu'on ferait des excédents, était-
on bien sûr d'en avoir? Ne pouvait-
il y avoir quelques mécomptes, soit
sur l'évaluation faite des plus-values
à attendre des nouveaux tarifs de
douane, soit sur les recettes de che-
mins de fer, dans les premiers temps
de l'application des nouveaux tarifs
de la grande vitesse ?
C'étatent là des scrupules sur les-
quels on pouvait différer de senti-
ment. Mais il y avait une autre ques-
tion parallèle : Etait-on saisi des pré-
visions réelles de dépenses ? Une
remarque fut faite tout de suite. Un
chiffre figurait bien au projet d'en-
semble pour les dépenses du ministère
de la marine ; mais ce ministère tar-
dait beaucoup à fournir les dévelop-
pements à l'appui. Un certain" nombre
des services étaient portés pour des
chiffres notoirement inférieurs aux
dépenses engagées. Ces insuffisances
de prévisions atteignaient visiblement
un nombre notable de millions. De
hauts fonctionnaires de la rue Royale,
interrogés personnellement sur un
à-peu-près de cette taille, n'avaient
pas fait difficulté de reconnaître la
grave inexactitude des chiffres d'a-
bord annoncés et d'avouer que le pro-
jet primitivement préparé était à re-
yoir presque d'un bout à l'autre.
o Le projet rectifié est prêt, paraît-il,
et il n'eût tenu qu'à la commission de
s'en saisir en reprenant S-S travaux;
mais elle n'a pu accepter la responsa-
bilité de recevoir comme un amende-
ment banal un budget de dépenses
qui dépasse dans des proportions con-
sidérables le chiffre dont la Chambre
était saisie; Le budget de la marine,
tçut au ètrç
* '1
tinctement sur le bureau avant d'être
renvoyé à la commission.
Il n'y a certes pas d'autre départe-
ment ministériel où les imprévisions
atteignent, à beaucoup près, de sem-
blables dimensions et soient de nature
à compliquer autant la tâche de main-
tenir ou de rétablir l'équilibre finan-
cier. Mais, dans presque tous, il y a
des dépenses, petites ou grandes,
mais inévitables, et qu'on a, ou
omises dans les prévisions, ou éva-
luées au-dessous des besoins connus.
C'est une pratique trop courante et
dans laquelle les bureaux s'obstinent,
en dépit de remontrances répétées
chaque année.
Il n'y a pas de danger qu'ils éva-
luent trop bas les dépenses sur les-
quelles il serait possible. d'opérer des
réductions pratiques; celles-là, ils les
gonflent plutôt. En revanche, ils ré-
duisent volonjers celles qu'on ne
pourrait comprimer sans inhumanité
ou sans désorganiser un service, ou
même qui résultent obligatoirement
de l'exécution d'une loi. Ils ne voient
aucun inconvénient à n'obtenir pour
celles-là que des crédits insuffisants,
puisqu'ils savent qu'on ne pourra re-
culer quand l'insuffisance se repré-
sentera sous forme de crédit supplé-
mentaire.
CJ procédé, qu'on peut appeler
sans ir'QU;U'T}rfl le tnia de la carte
forcée, donne lieu chaque année à des
plaintes qui n'empêchent pas la ré-
cidive.
Les bureaucrates sont de l'avis de
ce cocher du siècle dernier qui venait
d'être blâmé en cour du Parlement et
qui demandait :
- Blàmé 1 Cela m'empêchera-t-il de
conduire mon fiacre ?
— Non, mon garçon, répondit le
président.
— En ce cas-là, je m'en f.
Les bureaux empochent les blâmes,
et continuent à rouler comme au-
paravant.
C'est pour diminuer ces pratiques,
à supposer qu'on ne puisse pas les
déraciner tout-à-fait, que la commis-
sion a pris le parti de demander à
tous les ministres d'établir des prévi-
sions complètes et d'attirer leur atten-
tion sur les chapitres où l'expérience
des années précédentes et les pres-
criptions de lois récentes donnent
lieu de soupçonner de véritables dis-
simulations de dépenses nécessaires.
Il ne suffit pas d'aligner des chiffres
sur le papier et de les faire cadrer,
mais de dire nettement ce qu'on aura
à payer.
Gustave Isambert.
POURSUITES CONTRE UN DEPUTE
Dès la rentrée de la Chambre, unedeman-
de en autorisation do poursuites sera dé-
posée par un groupe d'actionnaires de l'an-
cienne Société de dépôts et comptes cou-
rants contre M. Achille Fould, ancien admi-
nistrateur de cette société et député, des
Hautes-Pyrénées.
On sait que M. Achille Fould est le beau-
frère du prince de Monaco.
AU DAHOMEY
LETTRE DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER
Lagos, 5 avril.
Dès le 27 mars, les autorités de Porto-
Novo avaient télégraphiés à Konakry l'at-
taque de la chaloupe la Topase, et les inten-
tions du gouvernement n'ont été connues
à Porto-Novo que vers le 3 avril-car il faut
vous dire, ou plutôt vous savez que le Bé-
nin, malgré son importance commerciale,
a été placé sous les ordres d'un gouverneur
dont le siège est à Konakry (10 à 12 jours
de mer), que toutes les correspondances
doivent s'y arrêter, que l'administrateur de
Porto-Novo ne peut, ne doit correspondre
directement avec le département à Paris ;
tout séjourne et s'arrête à Konakry; c'est là
que se prennent les grandes résolutions !
Il serait bon, cependant, pour nous venger
des inj ures de cet anthropophage, d'orga-
niser sur une nouvelle base l'administra-
tion de la colonie.
L'armée de Behanzin est à 15 kilomètres
de Porto-Novo. D'autres troupes daho-
méennes sont concentrées dans les envi-
rons de Kotonou.
Jusqu'à présent, les Dahoméens ont dé-
truit les villages de Darou, Deuko, Abata,
Quito, Biko, Zouagomé, Topii, Aglalorée,
Agougée, Dawémé, Ketin et Ketinsota.
Tous ces villages font partie du royaume
de notre allié Toffa, et tous arborent le
drapeau français.
Toute la population du Bas-Ouémé se
porte sur Porto-Novo, réclamant la protec-
tion de la France.
Pur suite d'une grande faute, l'autorité
de Toffa ayant été depuis un an considéra-
blement amoindrie, il y a d'énormes diffi-
cullés à faire marcher les indigènes de la
ville.
Puisqu'on a décidé de marcher, espérons
que le gouvernement agira avec énergie et
qu'il s'abstiendra de nous envoyer des
Pères Dorgère ou des diplomates comme
l'amiral de Cuvervillc.
M. NICOLAS DE GIERS
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Saint-Pétersbourg, 13 mai. — On sait que
dépuis la mort du baron Frederiks, 1J gouver-
nement russe n'a plus de ministre plénipo-
tentiaire à Stuttgard.
Néanmoins, par égard pour sa tan la. reifte
douairière Ola. de Wurtemberg, l'empereur
tient à avoir, tant qu'elle vivra, un chargé
d'affaires à Stuttgard.
Il était questiou de confier ce poste à M. Ni-
colas Karlovitsch de Giers, premier secrétaire
à l'ambassade de Russie à Paris, mais il pa-
raît que celui-ci fait son possible pour se dé-
rober à cet honneur.
M. WYSCHNEGRADSKI
Saint-Pétersbourg, 13 mai. - M. Wyschne-
gradski, ministre des finances de Russie, vient
d'avoir une rechute. Son état est U'ç iUYÇ et
M ÇÏâîgJ. 1MI
M. YVES GUYOT
CONSPUÉ PAR SES ÉLECTEURS
LA DÉBÂCLE. — LA DÉMISSION
M. Yves Guyot monte au Capitole.-Le
lâchage des principes. — Les frais
d'un inaugurateur. — Déclaration
du comité radical-socialiste.
M. Yves Guyot a pu mesurer hier la dis-
tance qui sépare le Capitole de la roche
Tarpéienne, et se rendre compte de ce que
valent, devant les électeurs, toutes les ar-
guties d'un ex-ministre oublieux de ses
programmes radicaux-socialistes. Invité
par quelques-uns de ses amis à rendre
compte — pour la forme — de son mandat
législatif, le député du premier arrondisse-
ment avait organisé hier soir à l'hôtel Con-
tinental une réunion privée où, pour entrer,
il fallait non seulement être porteur d'une
lettre d'invitation mais encore de sa carte
électorale.
Aussi, à la porte, les protestations étaient-
elles violentes. Des citoyens notoirement
connus comme électeurs de l'arrondisse-
ment se voyaient refuser l'accès de la salle,
bien qu'ils fussent munis de la fameuse in-
vitation. Quelques-uns s'indignent de ce
procédé qu'ils qualifient « d'ignoble et
d'aosurde ». Les commissaires de la reu-
nion les font expulser par les gardiens de
la paix. Quelques amis de M. Yves Guyot
ne peuvent s'empêcher de s'élever contre
ce contrôle excessif.
Malgré ces précautions, on va voir com-
me M. Yves Guyot est sorti de cette réu-
nion, composée d'amis.
A neuf heures et quart, il est procédé à
la constitution du bureau.
- Après refus de M. Bagot, président de l'an-
cien comité de M. YVP.OI: (hJVI)t. netus dont
nos lecteurs connaitront tout a l'heure les
motifs, M. Deroselle est nommé président
par la moitié de la salle. Immédiatement
M.Yves Guyot se lève et, sous prétexte de
passer en revue les divers points de son
programme politique, entreprend son apo-
logie.
« J'ai sauvé la République ! »
Comme un interrupteur lui reproche son
entrée au ministère Tirard, qu'il a autre-
fois vivement combattu :
— Oui, s'écrie solennellement l'ancien
inaugurateur, le rapprochement de deux
adversaires est une leçon de morale poli-
tique que je recommande aux bons ci-
toyens. Cela prouve qu'en politique il suf-
fit, pour s'entendre, d'apporter de la bonne
foi, de la sincérité, de la probité.
- Vive la probité! crie-t-on de divers
côtés.
M. Yves Guyot continue son discours. Il
tâche d'expliquer comment son devoir lui
commandait de repousser la revision de la
Constitution, qui était inscrite dans son pro-
gramme. Il n'a pas voulu faire le jeu des
monarchistes.
En vain les assistants crient à l'orateur
que presque tous ses collègues de la dépu-
tation de la Seine ont voté la revision, il
n'entend point.
M. Yves Guyot parle de la liberté de la
presse. Qui douterait qu'il en soit partisan ?
Seulement, la presse commet des excès de
langage qu'il laut pouvoir réprimer. Avec
le jury, ça n'est pas commode, tandis que
devant la police correctionnelle, tous les
journalistes qui se permettent d'accuser
les ministres seraient condamnés au maxi-
mum.
— Il y a des ministres qu'on n'a jamais at-
taqués !
M. Yves Guyot prend l'interruption pour
son compte :
— Pour moi, dit-il, je suis blasé.
— Ça se comprend !
Et l'orateur aborde la séparation des
Eglises et de l'Etat :
Si jamais réforme a été désirée par quel-
qu'un, c'est bien par lui, Yves Guyot. Il
avait préparé un superbe projet, on n'en
a pas voulu. Et cependant, c'est le seul qui
fût étudié, qui fût sérieux.
— Bravo! bravo! s'écrient ironiquement
quelques électeurs.
On sait quelle sourde hostilité manifesta
M. Yves Guyot, durant son passage aux af-
faires, à l'égard de la ville de Paris, pour
laquelle il avait autrefois si chaudement
réclamé une extension de ses franchises.
Par prudence, l'orateur a rapidement passé
sur ce point.
La salle n'attendait qu'une occasion pour
éclater. M. Guyot la lui a fournie en énu-
mérant le nombre de kilomètres de che-
mins de fer par lui inaugurés en trois ans.
Avis aux statisticiens
Eu 1889, 5^2 kilomètres ; en 1890, 390 kilo-
mètres; en 1891, 821 kilomètres.
Ce qui chagrine l'ancien ministre, « c'est
qu'il avait prévu pour 1892 800 kilomètres
qu'il n'aura pas le plaisir d'inaugurer ! »
— Heureusement ! répond-on, et l'assis-
tance de se tordre.
Pour comble, M. Yves Guyot se vante
d'avoir obtenu le chauffage des wagons des
trains de banlieue et de s'être efforcé de
faire aboutir le Métropolitain.
Nous tous qui pensions que M. Yves
Guyot avait été mis deux fois sur la sel-
lette à propos de ce chauffage des trains,
et qu'il était la cause du retard dans le
vote du Métropolitain ! Enfin, passons.
Sentant le terrain lui manquer, M. Yves
Guyot parle des intérêts de son arrondis-
sement. Les Halles ont besoin d'être réor-
ganisées. En quel sens, il dédaigne de l'in-
diquer nettement.
Entre temps, voici se qu'il dit :
Ainsi, il faut favoriser les commission-
naires et non les facteurs. Ces derniers
présentent des garanties que n'offrent pas
les autres. Ils sont assermentés.
— Ce qui signifie, réplique-t-on, qu'il
faut être assermenté pour être honnête !
C'est un commissionnaire, san3 doute,
dont le député ignorait la présence dans la
salle.
Les interruptions ne font qu'augmen-
ter : « M. Yves Guyot ne s'est pas préoc-
cupé de la revision de la loi des patentes. »
— Je m'occupe de la question, répond-il
à l'interrupteur.
— Vous en aurez le loisir dans un an,
reprend-on d'autre part.
Et M. Yves Guyot continue, continue.
Il termine enlin par ces mots : « Il n'y a
qu'un seul gouvernement possible en
France, celui qui saura réprimer aussi
bien les menées césariennes que les me-
nées anarchistes. »
La riposte
Quelques applaudissements saluent cette
péroraison,et la parole est donnée à un élec-
teur de l'arrondissement, M. le docteur La-
tasse, qui, très écouté, reprend un à un les
points traités par M. Yves Guyot et montre
que celui-ci a manqué à tous ses engage-
ments. Lui, l'auteur de publications anti-
cléricales, a été le défenseur au ministère
des cléricaux.
En ce qui concerne les droits de Paris,
l'orateur cite un fait quj jurait concluant
Q ri.$fibl1 -
« C'est sous le ministère de M. Yves
Guyot que la préfet de la Seine s'est ins-
tallé à l'Hôtel de Ville, ce qu'il n'avait pas
osé faire encore. »
— Pouvons-nous oublier enfin, dit M.La-
tasse, que M. Yvei Guyot s'est fait à la
Chambre le défenseur de M. Caillaux, ce
ministre du Seize-Mai deux fois. flétri par
la Chambre et par le Sénat?
Des voix s'élèvent de toutes parts. : — Ça,
jamais ! non, non 1
L'orateur termine par ce coup droit :
— Vous avez écrit, dans un de vos livres,
M. Yves Guyot: « La morale politique con-
siste à faire au pouvoir ce qu'on a prêché
dans l'opposition. » Or, M. Yves Guyot a
renié tout son passé politique.
Une double salve d'applaudissements
prouve à l'orateur qu'il a exprimé l'opi-
nion de la majorité des membres pré-
sents.
il se fait tard, et les orateurs sont nom-
breux. M. Degouy, rédacteur à la Justice,
monte cependant à la tribune, et, en quel-
ques mots éloquents, rappelle les « opi-
nions successives » de M. Yves Guyot, au-
quel il pose, pour finir, cette question :
« Qu'y a-t-il de vrai dans ce qu'ont publié
es journaux sur vos frais de voyages d'i-
nauguration Y.
M. Yves Guyot se lève et déclare que ce
sont là des calomnies inventées par les
réactionnaires.
M. Degouy intervient à nouveau, énu-
mère les chiffres et la date des mandats de
paiement : Le lh juin 1889, inauguration
du chemin de fer de La Roche à Cluze,
SA kilomètres: mandat de 2,100 francs.
En août, inauguration du chemin de fer
de Saint-Raphaël à Saint-Tropez, trente
kilomètres: 2,300 francs, etc.
M. Yves Guyot n'est pas à l'aise. Il se
borne à répondre que de tout temps on a
1.81.. V'-'- » Lr -----
— En tout cas, répond M. Degouy, ces dé-
penses n'étaient pas destinées à payer les
voyages en Suisse de la famille de M. Yves
Guyot.
Le comité s'en mêle
Visiblement, la partie est perdue pour
l'ancien ministre. Un dernier orateur est
venu achever cette déroute: C'est M. Bagot,
un vieux républicain d'aspect vénérable,
président du comité radical-socialiste de
l'arrondissement.
D'une voix légèrement émue, M. Bagot lit
la déclaration suivante :
« Le comité républicain radical socia-
liste, sur la foi du programme socialiste de
M. Yves Guyot en 1881, et renouvelé en
1839, avait soutenu la candidature de M.
Yves Guyot.
» Mais aujourd'hui, en présence de la
volte-face étrange, en présence de l'aban-
don de toutes les promesses du député du
premier arrondissement, revision de la
Constitution, abrogation du Concordat,
autonomie communale, etc., le comité ré-
publicain radical-socialiste vient, par ma
voix, vous demander pardon de l'erreur
qu'il a commise en vous présentant cette
candidature, car il est persuadé que, dans
notre loyal pays de France, on s'honore
toujours en reconnaissant ses erreurs, et
c'est ce que le comité vient faire aujour-
d'hui devant vous. »
Dépeindre l'effet produit par cette décla-
ration est impossible. Le bureau se lève
pour quitter la salle, mais les républicains
venus pour donner une leçon au défenseur
des grandes compagnies et des ministres
du 16 Mai se fâchent et réclament le vote
d'un ordre du jour.
Le président de la réunion n'entend pas
de cette oreille. Il consulte M. Guyot, les
assesseurs, espérant que pendant ce temps
la salle se videra. Il n'en est rien. Les ré-
publicains tiennent bon, ils veulent un
ordre du jour.
Le président, ne sachant plus comment
sauver la situation, demande qu'on lui ré-
dige un ordre du jour, et pendant qu'un
citoyen se livre à ce travail — deux minu-
tes a peine - M. Guyot et ses amis honteux
et confus filaient prestement par une porte
de derrière.
L'ordre du jour est rédigé. En vain cher-
che-t-on le président pour la mise aux
voix. Disparu! Des sifflets partent do plu-
sieurs coins de la salle.
Cependant M. Degouy demande à l'assem-
blée de se prononcer sur l'ordre du jour
de confiance. Dix voix à peine se lèvent
pour le voter.
L'immense majorité accueille ce vote par
un cri formidable de démission! dont M.
Guyot, d'une salle voisine, a pu longtemps
entendre les échos.
Morale : Voilà ce qu'il en coûte à un an-
cien ministre de la République, jadis radi-
cal-socialiste, non-seulement d'avoir aban-
donné son programme, mais surtout
d'avoir, à la tribune parlementaire, pris la
défense d'un ancien ministre du SA Mai et
du 16 liai, M. Caillaux.
L'ËLECTION DES MAIRES
On sait qu'en vertu des instructions qui
leur ont été transmises par le ministère de
l'intérieur, les préfets de tous les départe-
ments ont pris des arrêtés prescrivant aux
conseils municipaux de se réunir dimanche
prochain pour nommer les maires et les
adjoints dans chaque commune.
On s'est étonné de lire dans les journaux
qu'un certain nombre de conseils munici-
paux ne s'étaient pas conformés aux arrê-
tés des préfets de leur département et n'a-
vaient pas attendu le jour prescrit par
l'administration pour se réunir et pro-
céder à l'élection des maires et des ad-
joints.
On s'est demandé si ces réunions étaient
légales.
Aucun doute n'est possible à cet égard. -
Les conseils municipaux qui ont procédé
de la sorte ne soni pas sortis de la légalité.
La loi de 188h dit que les Conseils munici-
paux se réuniront en session ordinaire au
mois de mai. Et pour les réunions en ses-
sion ordinaire, le maire n'a même pas
besoin d'aviser le préfet. Quant à l'élection
des maires et adjoints, elle est réglée par
l'article 77,qui ne parle ni de l'intervention
du préfet ni de celle du sous-préfet.
Les arrêtés des préfets sont une réminis-
cence du régime qui a précédé la loi de
188A; mais ils n'ont plus aujourd'hui leur
raison d'être, et c'est à bon droit qu'un
certain nombre de communes ont constitué
leurs municipalités sans se soucier de la
date fixée par les représentants du pou-
voir central.
L'ALLEMAGNE ET L'ESPAGNE
Madrid, 13 mai. — Dans les cercles officiels,
on-affirme que les négociatious commerciales
entre l'Espagne et l'Allemagne ont échoué à la.
suite du refus du gouvernement espagnol
d'accorder à l'Allemagne le ré&vmç ctç infla-
tion la favorisé?, -- - -
CHRONIQUE
Je fais partie d'une commission que le
ministre de l'instruction publique a
chargée d'étudier l'organisation du Con-
servatoire, d'en reviser les règlements
et de proposer les réformes qui lui pour-
raient paraître utiles. Je n'ai jamais rien
dit dans le journal et ne veux rien dire
des travaux de cette commission. Quand
le rapport, qui ne tardera pas à nous
être lu, aura été rendu public par le mi-
nistre, je pourrai sans inconvénient sor-
tir de la réserve que les convenances
m'imposent.
Mais, quand nous avons fini de discu-
ter les questions qui nous sont soumises,
quand nous ne sommes plus en séance,
on cause plus librement, et il s'échange
là beaucoup de bonnes idées qu'aucune
bienséance n'oblige à tenir secrètes.
Parmi les réformes dont nous nous en-
tretenons) quelques-unes se heurtent à
une considération dont nous avons tou-
jours à tenir compte ; car on est forcé de
nous l'opposer sans cesse. Un de nos col-
lègues, qui est académicien, nous disait
à ce propos :
« Quand on pense que, tous les ans, il
y a un certain nombre de personnes ri-
ches qui lèguent ou donnent à l'Académie
française des sommes considérables pour
servir à des fondations de prix! Ces prix,
qui sont de toutes sortes, ont leur utilité,
je n'en disconviens pas ; et nous avons
plaisir à les distribuer, bien que ce soit
parfois pour uousungros surcroit de be-
brés de ces fondations de prix, et la liste
va s'en allongeant chaque année.
"Quel dommage que, parmi les généreux
millionnaires,il n'y en ait pas qui songent
au Conservatoire ! Beaucoup d'entre eux
aiment le théâtre; beaucoup lui ont dû
d'agréables heures qu'ils n'ont pas payées
très cher. C'est le Conservatoire qui leur
a formé ces comédiens et ces comédien-
nes dont le talent les a enchantés. Ils
feraient acte de spirituelle reconnais-
sance soit en y fondant des bourses, ou
des prix, soit en lui attribuant une
somme dont le revenu serait em-
ployé au mieux des intérêts de l'éta-
blissement. Si l'on y disposait d'une
rente fondée par un particulier, comme
il serait plus facile d'organiser dans l'in-
térieur de la maison, sur son théâtre, des
représentations où l'on convierait dis-
crètement un public d'amis! »
La conversation s'engagea sur ce thè-
me.
Je fis remarquer que le Conservatoire
avaitdéjà rencontré quelques riches bien-
faiteurs. Chaque année, à la distribution
des prix, on nous parle de ceux qui sont
dus à la générosité de certains donateurs,
Ainsi, dans les classes de piano, il y. a
toujours pour les deux premiers prix,
hommes et femmes, deux pianos à queue
offerts, l'un par la maison Erard, l'autre
par la maison Pleyel. Il y a aussi un vio-
loncelle, prix fondé, je crois, par la veuve
de Georges Hainl, l'ancien chef d'orches-
tre de l'Opéra, qui, avant de prendre le
bâton du commandement, avait été un
violoncelliste remarquable.
M. Réty nous adonne quelques dé-
tails sur ces fondations. Il ne s'y trouve
qu'une pension; elle est due à la munifi-
cence de Mme Ponsin, qui, en mourant,
s'est souvenue qu'elle avait passé par le
Conservatoire, qu'elle y avait connu les
tristesses de la iiiisère,et a légué le capi-
tal d'une pension à servir à une jeune
élève durant le temps de ses études.
- Cette pension est peu considérable.
— Mais vous ne savez pas, nous disait
un de ces messieurs, ce qu'apporte de
soulagement et d'aisance dans ces mé-
nages, modestes toujours et le plus sou-
vent très pauvres, un méchant supplé-
ment de cinquante francs par mois. On
reproche aux jeunes gens qui font leurs
études au Conservatoire d'aller caboti-
ner un peu partout, au hasard. Il faut
pourtant bien qu'ils mangent. Un cachet
de dix francs, c'est deux ou trois jours
où ils ne crèveront pas de faim.
Les jeunes filles. elles. je ne veux
pas insinuer qu'elles ont d'autres res-
sources; j'aime mieux croire à leur vertu,
et ce qui étonnera sans doute bien des
lecteurs, c'est qu'en effet les mœurs sont
en général assez honnêtes au Conserva-
toire. L'innocence de ces futures artistes
n'est sans doute pas celle d'Agnès ; elle
est aiguisée et armée. C'est de l'inno-
cence, après tout. Mais elles vivent dans
leur famille ; elles trouvent en rentrant
au logis maternel un ménage monté et le
pot-au-feu qui bout sur le poêle.
Les hommes sont moins heureux. Tous
les chanteurs, nous disait un de ces mes-
sieurs, arrivent du Midi ; ils sont pour la
plupart de très humble origine et leur
famille ne peut leur allouer de quoi sub-
venir à leurs besoins. Ils n'ont pas la res-
source de donner des leçons, puisqu'ils
sont d'âge à en prendre; ils ne sont pas
invités à chanter dansles salons ; ils n'ont
à attendre que les cailles qui leur
tombent, rôties ou non, d'un ciel inclé-
ment. Que veut-on qu'ils deviennent?
11 en va de même à peu près pour les
apprentis comédiens, sauf qu'ils ne vien-
nent pas de Toulouse, de Bordeaux ou
de Marseille. Ils sont pauvres, très pau-
vres, et le métier qu'ils exercent les con-
traint à avoir une certaine tenue, à faire
figure.
Cent francs par mois, c'est très peu de
chose, au prix où sont les loyers aujour-
d'hui et les tables d'hôte. Ce serait pour-
tant là une aide considérable, et il est
bien fâcheux que le fonds des pensions
soit si modique au Conservatoire.
Ce qui arrête, j'imagine, beaucoup
d'initiatives généreuses, c'est que le
Conservatoire n'est pas une personne
civile. Un millionnaire, en lui léguant
une somme plus ou moins considérable,
même pour un objet déterminé, peut
craindre que cette somme, au lieu de
profiter à l'oeuvre dont il s'est mis en
peine, ne vienne en déduction du budget
que f Etat vote chaque année à, Vabbs-::
j?eiaeût i; x a là JlJle Wi\ii!!:dy¡,}.tk
gouvernement pourrait se préoccuper..
aurait-il quelque inconvénient à ce que
l'on donnât au Conservatoire le privilège
de la personnalité civile, qu'on lui
attribuât le droit de recevoir des legs et
d'en disposer au gré du testateur, aprést
approbation du ministre, bien entendue
Ce ne serait là qu'une formalité légala:
destinée à rassurer les bonnes intentiong,
des donateurs à venir. Car la pension,
qu'a léguée madame Ponsin n'a pas fait
diminuer de cent sous l'allocation con-
sentie par l'Etat, et il est fort probable
qu'il en serait de. même si d'autres,
plus importantes, venaient à s'ajouter à
celle-là. Mais il faut toujours compter
avec les craintes et les susceptibilités du.
public. Peut-être y aurait-il avantage à
consacrer par une loi l'autonomie du
Conservatoire.
Mais, en attendant, il faut que les per<.
sonnes qui s'intéressent aux destinées du
théâtre et qui sont riches à ne savoir que'
faire de leur argent apprennent que
nous en avons un besoin pressant au,
Conservatoire, que toutes les réformes
dont nous nous occupons resteront en
suspens, faute de ce maudit métal.
Songez qu'en Amérique il y a telle uni-'
versité qui a été constituée et qui est en- !
tretenue grâce à une fondation d'un ri-,
chissime Yankee. Ce n'est pas par centai-
nes de mille francs qu'il a compté ; il a
jeté d'un coup une dizaine de millions
dans cette entreprise, et, ce qui vaut
mieux encore, il les a jetés de son vivant.
Il s'est donné le délicieux plaisir de voie;
naître et croître son oeuvre; il a joui de
mante que se refusent les bienfaiteurs
qui ne veulent l'être qu'après leur mort.
Ne nous plaignons pas d'eux ; on est
encore trop content lorsqu'ils veulent
bien distraire de l'héritage laissé à leur
famille une part plus ou moins grosse
pour un intérêt d'ordre général. A cheval
donné, dit le proverbe, on ne regarde pas
labride.On ne chicane pas les morts, s'ils
ont préféré laisser à d'autres le souci
de leur bonne œuvre.
Mais je suis chargé de rappeler aux
millionnaires qu'il y a un Conservatoira
à Paris, et que ce Conservatoire a besoin
d'argent, autant que l'Académie, autant
que le Louvre, autant que l'Ecole des
beaux-arts.
A bon entendeur, salut!
Francisque Sarcay.
Le XIXe SIECLE publiera demain la
a Chronique *, par M. Paul Giniity.
UN VOL DE 11,000 FRANCS
AU PALAIS DE JUSTICE
- y»-
Hier matin, vers onze heures, un préposé
de l'administration de l'enregistrement,
nommé Cornu, se présentait au bureau de
la cour d'appel, galerie Saint-Louis, pour
prendre le versement du receveur, et don"
nait décharge d'un sac contenant 11,000 fr.
en billets de banque de 100 francs.
Quelques minutes plus tard, il revenait
au bureau, disant qu'il avait dû oublier la
versement.
Le petit commis du receveur, un garçon
d'une quinzaine d'années, affirmait le lui
avoir remis.
Ceci se passait pendant l'absence du re-
ceveur.
Le malheureux préposé, âgé d'une cin-
quantaine d'années et depuis longtemps auw.
service du ministère des finances, gagne
21,300 francs par an et transporte annuelle-
ment au Trésor, pour le compte de l'admi-
nistration, plus de deux cents millions.
On le dit à l'abri de tout soupçon.
En dehors de son honorabilité, qui pa-
rait certaine, il y a lieu de supposer, en ef-
fet, qu'il n'aurait pas détourné 11,000 françsr
alors que certains jours il transporte plu-
sieurs millions en or et en billets de
banque.
Le receveur, de son côté, prétend être
certain de la probité de son jeune commis.
Les 11,000 francs ont-ils été volés à
Cornu dans le trajet de la galerie Saint-
Louis au boulevard du Palais, où l'atten-
dait la voiture du ministère ? Les a-t-ils
perdus? Le jeune commis ne mérite-t-ili
pas la confiance dont son patron l'honore ? i
Dans la sArÕe d'hier, M. Dhers, commis-
saire de police du quartier Saint-Germain-
l'Auxerrois, a procedé à une enquête.
Nous en dirons les résultats.
LE
VOYAGE DE RAVACHOL
Les incidents de la route. — L'arrivée
à Saint-Etienne
Comme nos lecteurs le savent, Ravachoty
a quitté avant-hier Paris, où il a marqua
sa présence par de si bruyants incidents.
Voici les dépêchés que nous recevons sur
le voyage et sur l'arrivée à bon port du cé-
lèbre bandit : ~,
1 A Roanne l
t' Roanne, 13 mai. i"
Ravachol, escorté do trois gardiens et
placé dans le wagon no 20 du service péni-i
tentiaire du ministère de l'intérieur, esti
arrivé à Roanne à midi 25 par le train
n° 761.
Après un arrêt de 20 minutes, il a été di-
rigé sur Saint-Etienne.
Beaucoup de personnes s'étaient rendues
à la gare, mais le prisonnier est resté in-
visible. :
A Saint-Etienne
,.. Saint-Etienne, 13 mai.
De nombreux journalistes s'étaient ren-
dus à la gare de bifurcation de Montrond-
pour y attendre le train amenant Ravachol,
et dans lequel ils sont montés- jusqu'à'
Saint-Etienne. j
Au passage dans plusieurs gares, les cu-i
rieux se montraient le wagon cellulaire en
répétant en chœur : « C'est Ravachol ! C'estf
Ravachol !» >
Au moment de l'arrivée du train à la
gare de Châteaucreux à Saint-Etienne, ontf
remarquait parmi les autorités présenter
sur le quai de la gare : MM. Lépine, préfef
du département, Sarlot, son chef de cabi-t
net, le commissaire spécial de police, ses.
deux inspecteurs, plusieurs commissaires
de police et un officier de gendarmerie.
M. Vacquier, inspecteur principal de lfc
Compagnie P.-L.-M., assisté, d'un autre in-r
pecteur, commande aussitôt la manœuvre.;
La voiture cellulaire est détachée dtt
traîna côodùHe yur la voie de garage e
presque aussitôt attachée à un train spês
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