Titre : Le XIXe siècle : journal quotidien politique et littéraire / directeur-rédacteur en chef : Gustave Chadeuil
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1892-04-07
Contributeur : Chadeuil, Gustave (1821-1896). Directeur de publication
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Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
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Description : 07 avril 1892 07 avril 1892
Description : 1892/04/07 (A22,N7388). 1892/04/07 (A22,N7388).
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-199
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 06/05/2013
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Vi>-dettcfîème année. - 7,388
CINQ Centimes-— et Département» —» • CINQ Centimes
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UNE PLAISANTERIE
TURQUE
Le gouvernement turc vient de faire
unenkhe à l'Angleterre. L'expression
est peut-être vulgaire, mais il n'en est
pas de plus juste. On n'aurait pas cru
le sultan Abdul-Hamid si facétieux ni
le Divan si folâtre. Mais on peut être
badin à tout âge, et l'on a vu des hom-
mes plus que mûrs s'amuser à jouer
des tours d'écolier.
Le nouveau khédive d'Egypte, le
jeûne Abbas, a besoin, pour régner
tout à fait, d'un firman octroyé par
son suzerain. Il en a besoin, mais il
s'en serait passé à la rigueur, comme
les gens mariés à la mairie se passe-
raient à la rigueur du curé. Il s'est
rendu directement dans ses nouveaux
Etats, sans passer par Constantinople;.
il a pris immédiatement possession du
pouvoir, si l'on peut appeler pouvoir
la faculté qui lui est accordée de sui-
vre ponctuellement tous les conseils
de son Mentor impérieux, le résidant
britannique. Comme on annonçait la
prochaine arrivée du messager qui de-
vait apporter au Caire le précieux
papier, une nombreuse et redoutable
flotte anglaise l'attendait à Alexandrie,
pour lui faire honneur et pour bien
montrer aux Turcs comme aux Egyp-
tiens qu'il n'est point de belle fête sans
les canons de la reine.
Abdul-Hamid, pour déjouer ce des-
sein, a suspendu le départ de son en-
voyé jusqu'à l'ouverture du Ramadan.
Le Ramadan est le carême des musul-
mans, un carême à la fois rigoureuse-
ment et joyeusement observé : on
jeûne et on dort le jour, les nuits se
passent en noces et bombances; dou-
ble motif 'pour que les croyants ren-
voient à une autre époque toutes les
affaires sérieuses. La flotte anglaise
quitta donc Alexandrie, et aussitôt un
yacht impérial, en dépit des t raditions,
arrivait à Alexandrie, apportant le di-
gnitaire turc et son firman. La récep-
tion manque un peu de pompe, à cause
des convenances religieuses, mais
l'Angleterre est jouée. Si par hasard
le sultan a dés flatteurs, ils doivent le
féliciter chaudement de ce chef-d'œu-
<;Wre de haute diplomatie, et célébrer
sur tous le&, toiis une si glorieuse vic-
toire.
Nous sommes au premier abord
tentés d'en faire autant, parce que
nous n'avons pour les Anglais qu'une
sympathie modérée, qui devient en
Egypte quelque chose comme une
farouche antipathie.
Comme nous souhaitons de les voir
contraints à quitter la vallée du Nil,
quiconque leur cause quelque diffi-
culté ou quelque ennui est notre allié.
Aussi ne pouvons-nous que savoir bon
gré aux Turcs de ce qu'ils témoignent
une mauvaise humeur égale à la nô-
tre, et de - ce qu'ils jettent quelques
bâtons dans les roues du char britan-
nique.
Mais il ne faut pas non plus nous
- faire illusion sur la portée de cette op-
position, plus platonique que redouta-
ble, ni sur la fermeté de la diplomatie
ottomane, ni sur la valeur des succès
;' qu'elle remporte en esquivant les sal-
ves de la flutte anglaise. Le sultan est
le suzerain de l'Egypte, cela n'est pas
contestable, puisqu'il confirme les
pouvoirs des khédives et perçoit tous
les ans une somme très ronde sur les
impôts payés par les malheureux fel-
lahs. Mais il n'y a rien de plus vague
que la suzeraineté du sultan. Elle est
également établie sur des territoires
comme la Bosnie, l'Herzégovine et
Chypre, où l'autorité du sultan est
tout juste égale à celle qu'il exerce
sur le soleil et la lune. Il est aussi le
suzerain de la Bulgarie, qui se moque
de lui; si on l'interrogeait, il revendi-
querait un droit analogue sur la Tu-
nisie et même sur l'Algérie. Cela n'a
pas d'importance.
La Porte ottomane ressemble un
peu au Vatican. C'est une cour dont
les prétentions sont infinies, qui sou-
tient son pouvoir temporel par son
pouvoir spirituel et réciproquement,
qui fait de grandes pertts sans ja-
mais renoncer à rien, qui réclame
tout et se contente de ce qu'on lui
donne, fût-ce un sac d'écus, qui plie
tant qu'il faut, ne rompt guère, et
s'efforce sans cesse de renouer des
ficelles brisées. N'insistons pas sur ce
parallèle, qui deviendrait désobli-
geant et inj uste pour la papauté. Mais
achons bien que ce fameux firman
n'est qu'un bref, et que la façon dont
il a été remis ne changera rien à la
réalité des choses. -
Si d'ailleurs nous aimons à voir les
Turcs ennuyer les Anglais comme ils -
peuvent, nous ne devons en aucun
008 souhaiter de voir les premiers
substituer leur autorité à celle des se-
conds dans la vallée du Nil. Les An-
glais gouvernent durement et exploi-
tent méthodiquement les pays dont
ils sont maîtres ; mais ils gouvernent,
et ils y mettent de la , méthode. Ils ton-
dent les bredis, mais sans les écor-
cher, parce que les brebis écorchées
- ne sont plus bennes à rien ; ils cueil-
- tofil iggjrui& t mm M tf abaUeat pas
l'arbre. Leur despotisme n'est pas
très humain, mais ce n'est pas non
plus un despotisme bête et destructeur.
Partout où les Turcs ont passé, ils
ont fait le désert autant qu'il leur a
été possible. Ils ont conquis l'Egypte,
et ils l'ont piHée, mais ils ne l'ont ja-
mais administrée. Ce sont les Euro-
péens qui, sous MéhémeC-Ali et ses
successeurs, ont ramené un peu de
civilisation dans le pays des Ptolé-
mées ; or, Méhémet-Ali était un vassal
rebelle. Remettre l'Egypte sous le
joug des sultans, ce serait effacer un
siècle de progrès et replonger ce
malheureux pays dans la pire des
barbaries. La Turquie peut être pour
notre diplomatie un instrument, dont
il faudrait d'ailleurs se méfier. Mais le
jour où l'on nous soupçonnerait de
vouloir par dépit réinstaller au Caire
un pacha venu de Constantinople, la
cause que nous soutenons n'obtien-
drait plus aucune sympathie en Eu-
rope, et nous ne pourrions plus pré-
tendre que nous portons quelque in-
térêt aux Egyptiens.
Commines.
LeXIX0 SIÈCLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey.
L'INVESTITURE DU KHÉDIVE ;
Le Caire, 5 avril. — Eyoub-Pacha et le kbé-
dive on échangé aujourd'hui des visites.
Le firman est scellé. On croit qu'il règle la
question de frontière du Sinaï et fait courir ia
frontière de l'El Arish à Suez.
Dans ces circonstances, la cérémonie de la
lecture du firman et de l'investiture a été re-
tardée.
Ce retard cause une vive sensation.
LA QUESTION DU DAHOMEY
Un assez gros débat sur la politique co-
loniale en général, et sur ce qui se pass3
au Dahomey en particulier, s'engagera de-
main jeudi à la Chambre, à propos de la
discussion d'un crédit d3 360,000 francs
demandé par le gouvernement pour aug
menter l'effectif de nos troupes au Séné-
gal.
Par la même occasion, le gouvernement
déposera également une demande de cré-
dits supplémentaires destinés à envoyer
immédiatement au Dahomey les contin-
gents nécessaires à la défense de Porto-
Novo et de Kotonou et à la protection ide
nos compatriotes; ces contingents seront
pris parmi les troupes indigènes du Séné-
gal, qui seront remplacées au Sénégal par
de l'iiifàiiterie, de marine.;-
De plus, /deti:C croiseurs vont être en-
voyés au Dahomey, en sus du croiseur de
la division de l'Atlantique sud, qui a déjà
reçu l'ordre de partir. ;
Ces décisions ont été prises hier en con-
seil des ministres.
La dernière de Behanzin
L'administration des colonies a reçu de
Porto-Novo le télégramme suivant :
; j. Porto-Mo vo, 4 avril.
Dans la nuit du 3 au h, l'ennemi a brûlé Ke-,
tome et plusieurs villages des environs. Six
mille hommes, bien armés, sont actuellement
campés à quatre heures au nord de Porto-
Novo. -.
Ils paraissent attendre de nouveaux renforts
pour attaquer la ville.
Le lieutenant-gouverneur, M. Ballot, a reçu
une nouvelle lettre insolente du roi, dont
voici le résumé :
« Je ne suis jamais allé en France faire la
guerre, et je vois avec peine que la France
m'empêche de la faire contre un pays afri-
cain. Ceia ne la regarde pas. Si vous n'êtes
pas contents, vous pouvez faire ce que vous
voudrez ; moi, je suis prêt. »
On verra bien.
Encore une fois, il ne doit pas être ques-
tion de conquêtes nouvelles, mais do con-
server les positions acquises, mais de faire
respecter un traité que Behanzin viule avec
une insolence qui mérite un châtiment. 11
suffira de menacer Wydah, le seul point,
avec Kotonou, du royaume de Behanzin
par où se fasse le commerce maritime,
pour avoir raison dé cet anthropophage.
L'HIPPODROME D'AUTEUIL
L'accord n'est pas encore conclu entre la
commission municipale des courses et la
Société des steeple-chases de France.
Sur un point important la commission a
obtenu gain de cause: le comité de la So-
ciété des steeple-chases admet le principe
d'un prélèvement proportionnel sur les
recettes dans les mêmes conditions que
pour Longchamps, soit 3 0/0 de 1,500,000 fr.
à 1,800,000 fr., Ji 0/0 de 1,800,000 fr. à S mil-
lions, 5 0/0 au-dessus.
Une difficulté subsiste au sujet de l'élé-
vation du loyer annuel. La Société des
steeple-chases offre de payer 10,000 francs,
ainsi qu'elle le faitdepuis 1873, tandis que la
commission est d'avis de porter cette rede-
vance à cinquante mille francs.
La commission doit se prononcer au-
jourd'hui sur les dernières propositions
de la Société des steeple-chases.
UN CRUCIFIÉ VOLONTAIRE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Kœnigsberg, 5 avril.
Une incroyable tentative de suicide due
au fanatisme religieux s'est produite dans
la banlieue de notre ville.
Un ouvrier qui se rendait depuis long-
temps fameux par son exaltation religieuse
s'était construit une croix au moyen de
deux grosses poutre?. Profitant hier d'une
absence de sa femme, il traîna cette
croix dans sa maison, s'étendit dessus, se
lia les pieds avec une corde enroulée au-
tour de la poutre et de ses membres in-
férieurs. A la hauteur de la main gauche,
un grand clou à la tête appointie au moyen
d'une lime, sur lequel il appuya sa main
tandis que de l'autre il se la perçait à
grands coups de marteau. Cela fait, il se
saisit d'un couteau et s'en porta des coups
dans la poitrine. C'est en ce moment que
sa femme rentra. Elle arracha à l'exaité
son couteau, le délia, tout en apposant au
secours. On eut toutes les peines du monde
à arracher ce crucifié volontaire de son
, instrument de supplice, sur lequel il se
torturait en chantant les psaumes de la
pénitence. Il n'était vêtu que d'un pagne,
voulant imiter le Christ le plus fidèlement
possible.
Cétto aiiroroduit ici une vivt émo-
t~. - "'," - -,
LA BANQUE D'ALGERIE
CE QUI S'EST PASSÉ AU COMITÉ
SECRET DU SÉNAT
La situation de la Banque d'Algérie.
-Les aveux du directeur. — Le
voyage de la commission
d'enquête.
Un incident dès plus graves, sur lequel
nous .sommes arrivé-à faire la lumière
complète, s'est produit a l'une des derniè-
res séances de la commission sénatoriale
de l'Algérie.
M. Nelson, directeur de la. Banque d'Al-
gérie, était venu précédemment donner des
explications (!) sur la situation équivoque
de la société dont il s'était chargé d'assu-
rer la prospérité; Certains- journaux ayant
,publié un compte rendu de nature à éga-
rer l'opiiîion, M. Dide émit l'idée de faire
paraître une note rectificative. En même
temps, plusieurs des membres de la com-
mission manifestaient l'nteiîtion de procé-
der sans retard à une enquête approfondie
sur l'état de la Banque.
Sur la demande de M. Mauguin, la com-
mission se constitua aussitôt en comité
secret.
M. Mauguin demanda même que ses ob-
servations ne figurassent point au procès-
Bien qu'aucun des sénateurs présents
n'ait consenti à se laisser interviewer, nous
sommes aujourd'hui complètement rensei-
gne sur cette discussion dont nous allons
résumer les points importants.
La violation des statuts
La violation formelle des statuts a d'abord.
été établie. -
En effd, l'article 6 de la loi constitutive
de la Banque d'Algérie es; ainsi conçu :
ti Le montant ces billets en circulation,
cumulé avec celui ues sommes dm:s par la
Banque eu compte courant, ne .pourra ex-
céder le triplé du numéraire existant en
caisse. »
Or, d'après lé bilan du 139 février der-
nier, le numéraire en caisse est en chiffres
ronds de 31,800,000 francs; par cO¡ltre,i\n-
semble dCS,CU¡i¡pt.;S, courants s'élève a 50
millions qui, ajoutés aux 71 miilton. de
billets en circulation, forment un total de
121 millions, supérieur de 20 millions au
triple'du numéraire en caisse.
Inutile d'insister.
Les comptes extérieurs
- D'autre part, l'article du bilan, comptes
extérieurs, inscrit pour 18 millions, com-
prend les propriétés que la Banque a été
forcée d'exproprier.
Depuis longtemps, on prétendait dans le
mouué de la Bourse que si la Banque Vou-
lait réaliser ces immeubles, eile perdrait
certainement 8 à 10 millions. Cette asser-
tion pouvait paraître contestable.
Elle ne l'est plus, puisque M. Nelson en a
reconnu lui-même l'exactitude devant la
commission, avouant ainsi qu'il contreve-
nait à un autre article des statuts obli-
geant la Banque à comprendre dans son
actif les créances en souffrance pour moi-
tié seulement de leur valeur nominale. -
Les vampires
Mais ou là stupéfaction do certains séna-
teurs aatteint son maximum,c'est envoyant
le directeur de la Banque dans l'impossi-
bilité de contester les renseignements qu'on
leur avait donnés sur la manière dont il
pratiquait les affaires.
Il suffisait de « plaire" au directeur pour
obtenir, sans aucune garantie, des prêts
fantastiques. Tous les conseillers généraux
d'Algerie sont ou les débiteurs de la Ban-
que, ou ses hommes d'affaires. En particu-
lier M.Morinaud,conseiller général deCons-
tantine, qu'à tort ou à raison l'on accusait
de prêter à la petite semaine, a eu un
compte débiteur de 900,000 francs, qui
s'élève encore aujourd'hui à 300,000 francs.
M. Lesueur, sénateur, avait, au mois de
février 1891, une fiche de 976,000 fraucs
dont les intérêts étaient dus et qui atteint
actuellement 1,100,000 francs.
.L.a maisonBertagna, de Bone, doit 500,000
francs; pareille somme a été prêtée à un
bonhomme de Kabylie, sur un moulin
qu'on ne parvient pas à vendre 75,000 fr.
Afin de régulariser » ces opérations
scandaleuses, ia Banque établissait dans
les différentes villes des comptoirs d'es-
compte, en apparence indépendants, qui
lui servaient d'intermédiaires.
Pour ne citer qu'un exemple, le comptoir
de Philippeviile, fondéau capital de 100,000
francs, sur lesquels 25,000 seuls furent ver-
sés, avait, au moment de sa liquidation,
un compte de 1,700,000 francs à la Banque.
Tous ces faits, nous le répétons, car c'est
là le point capital, ont été reconnus exacts
devant la commission par M. Nelson.
Déclaration de M. Mauguin
On conçoit l'état d'âme de nos pères
conscrits en présence de telles révéla-
tions.
Aussi l'un d'eux, invoquant ce qui s'était
fait récemment pour le Crédit foncier,
proposa d'envoyer de suite un inspecteur
des finances à Alger.
M. Mauguin se leva et, après avoir fait
promettre le secret à ses collègues, pro-
nonça les paroles suivantes, qu'il a eu l'im-
prudence de répéter ailleurs :
« Je connais cette situation depuis 15
ans. Non seulement le capital est perdu;
mais, en supposant une liquidation lente,
opérées dans les meilleures conditions pos-
sible, on ne pourrait même pas rembour-
ser les billets en circulation. Puisqu'il n'y
a rien à sauver, il serait donc imprudent
de prendre dcw mesures « conservatoires»
qui pourraient provoquer une panique
désastreuse. »
Les collègues de M. Mauguin n'ont pas été
tout à fait de son avis, et ils ont décidé de
profiter de leur voyage en Algérie pour se
livrer à une enquête très minutieuse sur la
situation de la Banque.
Ces messieurs s'embarquent le 16 avril ;
tous les jours ils reçoivent des lettres d'Al-
gériens qui demandent à être entendus.
Il est donc certain que le ministre des
finances ne déposera pas le projet de re-
nouvellement du privilège de la Banque
d'Algérie avant le retour de la commis-
sion.
LA MISSION MENARD MASSACRÉE
Le gouverneur du Sénégal a reçu du
lieutenant Marchand, résident auprès du
roi Tiéba, des informations datées de Kou-
tiène, au sud de Timé (carte Binger}, 21 fè-
vrier, mentionnant, sous toutes réserves,
le bruit du massacre de la mission Ménard,
le J. février, a Seguela, par des hommes de
Samory. 1 : -f'
[ St £ u«la est mmjrajid viiiaae loriiâô du
pays de KaIJandra, situé au croisement du
9e degré de longitude ouest et du 7e degré
! de latitude nord.
Le lieutenant Marchand était parti pour
Seguela afin de s'assurer de la valeur de
ces bruits, mais il ignorait s'il pourrait y
parvenir.
Le courrier de la côte occidentale d'Afri-
que a apporté hier une lettre du capitaine
Ménard au sous-secrétaire d'Etat des co-
lonies. Dans cette lettre, datée de Sakhala,
le capitaine Ménard donne des nouvelles
favorables de la santé de la mission et se
loue du bon accueil qu'il a reçu sur son
parcours; mais il signale les difficultés
que l'état de guerre dans les possessions
de Saniory va apporter à l'accomplisse-
ment de sa mission. ','
L'ŒUVRE DES PETITES MENDIANTES
Notre collaborateur Paul Ginisty a reçu
hier, pour l'œuvre si intéressante des
« Petites Mendiantes », dirigée par Mlle
Rault, dont il avait parlé dans une récents
chronique :
D'un anonyme, à Calais. 100
Laure, à Chartres. 50
Un abonné -. 5
Mlle HOl'ber. 5
Anonyme. 10
Anouyme. 2
J. R 90
Nous avons également reçu, diverses pe.
tltes-sommes en timbres-poste. Nous re-
mercions vivement nos lecteurs de la
sympathie qu'ils témoignent à uns oeuvre
bien digne, en effet, de l'inspirer.
LE METROPOLITAIN
M. Santon, président du conseil munici-
pal de Paris, et Ca, on, rapporteur dans la
question du Métropolitain, ont eu hier
après midi une entrevue avec M. Vielle,
ministre des travaux publics.'
M. Viette s'est fait exposer par MM. San-
ton et Caron l'historique des pourparlers,
auxquels a donné lieu cette affaire, il a
écouté très attentivement le> explications
qui lui ont été fournies et promis d'exami-
ner prompteinent, avec le désir de pou-
voir l'approuver, le projet de tracé adopté
par le conseil municipal de Paris. ,,'
: ON REND L'ARGENT
Les époux Letoux,demeurant à Levallojs-
Perret, A0, rue Victor-Hugo, ont une mo-
nomanie bizarre.
Alors que la plupart des contribuables
cherchent tous les moyens de se dérober
aux exigences du fisc, ces originaux s'ef-
forcent vainement d'acquitter une dette
imaginaire—.-^-. ;
Sous prétexte qu'ils ont acheté jadis deâ
matériaux provenant du château de Blois
dont ils n'auraient pas payé le prix, les
époux Letoux adressent vainement à toutes
les autorités constituées des liasses de bil-
lets de banque. V , ;
M. Carnot a reçu d'abord cinq cents francs,
qu'il s'est empressé de renvoyer aux expé-
diteurs par l'intermédiaire du commissaire
de police.
Un nouvel envoi de deux mille francs
n'a pas été mieux accueilli à la présidence
de la République, et l'administration des
postes, chargée cette fois d'opérer la res-
titution, n'a pu, jusqu'à ce jour, décider
les époux Letoux à reprendra leur bien.
Hier enfin, l'administration des domai-
nes, à qui M. et Mme Letoux avaient en-
voyé quatre cents francs, a dû remettre
l'argent entre les mains du commissaire
de police de Levallois-Perret, les époux
Letoux refusant obstinément d'ouvrir la
porte à l'employé chargé d'opérer la resti-
tution.
C'est la première fois,croyons-nous,qu'on
voit le fiac offrir, en vain. de rendre l'ar-
gent.
LA FLOTTE VOLONTAIRE RUSSE
On ignore généralement qu'il existe en
Russie une flotte volontaire, dont la for-
mation remonte, à l'époque du traité de
Berlin, grâce à l'initiative de comités diri-
gés par le grand-duc héritier d'alors, au-
jourd'hui le tsar.
Cette flotte, d'abord composée de trois
croiseurs achetés aux Etats-Unis, et qui
ressort au ministère de la marine —
quoique propriété particulière — parce
qu'elle est chargée, en temps de paix, du
personnel et du matériel de l'Etat entre
Odessa, Vladivostock et Saghalien, pourra
mettre en ligne, dès l'année prochaine,
douze navires entièrement neufs, filant de
17 à 18 nœuds, et qui porteront les noms
de provinces russes.
Il résulte d'une communication trans-
mise par notre attaché naval qu'un ukase
alloue à la flotte volontaire une subven-
tion de 600 mille roubles pendant dix ans,
à la condition d'acquérir pendant ce temps
quatre nouveaux bâtiments à marche ra-
pide d'un déplacement minimum de 7,000
tonneaux.
UN AVENTURIER
Orléans, 5 avril.
Aujourd'hui est venu s'échouer devant
la cour d'appel d'Orléans un baron hol-
landais authentique nommé Reeser de
Graillet, qui a été autrefoiscondamné à un
an de prison pour espionnage par la cour
de Leipzig.
Reeser s'est rendu coupable de nombreu-
ses escroqueries, principalement au préj u-
dice des prêtres, chez lesquels il se présen-
tait comme un écrivain catholique de va-
leur et digne d'intérêt. Il montrait de
fausses lettres de l'archevêqua de Malines
et de l'évêque d'Amiens. Emprisonné à Pi-
thiviers, il avait tenté de s'évader et fut
condamné, pour ce fait, à trois mois de
prison.
Il a fait appel devant la Cour d'Or-
léans, où il a comparu il y a six semaines.
Il a demandé le huis clos sous prétexte
qu'il avait à produire certains documents
concernant des hommes politiques en vue.
Le huis clos a été accordé.
Aujourd'hui il a comparu de nouveau,
ayant fait appel d'un autre jugement du
tribunal de Pithiviers le condamnant à
trois mois de prison pour escroqueries. Il
a demandé de nouveau le huis clos, qui
lui a été refusé. Reeser prétend avoir rendu
de grands services à la France. Il a servi,
dit-il, dans t'armée française en 1870. Il se
fijt poursuivi par la vengeaaca de certains
hommes politiques. La Cour s'est montrée
indulgente : elle a baissé la peine à un
mois de prison. Rtiéser se trouve, en outre,
aous le couD d'un arrêté d'çxiiuisioû.
DERNIERE SUPPLIQUE"
LE PÈRE D'ANASTAY AU PRÉSIDENT
DE LA RÉPUBLIQUE
Deux lettres suppliantes. ;. Bou-
chage et M. Anastay.
Malgré là démarche qu'a faite avant-hier
à l'Elysée Me Henri Robert, M. Âhàstày père-,
affolé par l'annonce de la décision défavo-
rable de la commission des grâces, a cru
devoir adresser une supplique dernière à
M. le président de la République. -
M. Anastay père est aùé trouver hier
son avocat, Me César Bouchage, et lui 9 de*-
mandé avèc instance de vouloir bien sup-
plier personnellement M. Carnot d'user dé
son droit de grâce en dépit des rapports
de M. lé président des assises,de M. le pro-
cureur général et de la commission des
grâces.
Très bienveillamment; Me César Bou-
chage s'est mis à la disposition de M. L.
Anastay et a écrit à M. le président de la
République une lettre au bas de laquelle
le malheureux père du meurtrier de la
baronne Dcllard a, d'une écriture tremblée,
ajouté quelques lignes suppliantes.
Voici la lettre de MO César Bouchage :
« Monsieur le président de la Répu-
blique,
» M. Anastay père, dont je suis l'avocat,
me prie d'appuyer auprès de vous le re-
cours en grâce de son malheux fils.
» Je ne puis résister au désir de ce pau-
vre homme dont je connais la profonde
douleur.
"Mais que pourraisje vous dire ? Vous
avez tout appris;
a Permettez-moi cependant de vous faire
respectueusement observer que la défense
n'a pas trouvé, dans l'instruction de cette
malheureuse affaire, les garanties qu'elle
était en droit d'exiger.
» Anastay n'a pas été soumis à un exa-
mon médico-légal. N'y avait-il pas lieu
pourtant, en. présence des documents mili-
taires versés aux débats et en raison même
du siège de sa maladie qui touche au
cerveau, de faire la lumière sur le point de
savoir si l'accusé était sain d'esprit?
» Anastay est-il complètement responsa-
ble ? Le doute à cet égard me semble por-
HUS. Et s'il en est ainsi, ia mesure de clé-"
mence que nous sollicitons pour lui ne se
justifie-t-elle pas d'elle-même ?
» Je livre ces simples réflexions à votre
conscience éclairée, monsieur le président,
persuadé que vous apprécierez comme il
le méfite le sentiment qui me guide.>,
"Dans l'espérance que vous voueffèz
bien m'excuser si j'ai été importun, dai*
gnez agréer, monsieur le président, l'home
mage de mes sentiments les plus respeo-
tueux. ,
» (Signé) : César Bouchags,
» Avocat à la cour d'appel de Paris,
» Conseiller général de là Savoie.
Suit la supplique ainsi conçue de M.
Ahasjay père :
« A réloquenfet véridique appel de tnpn
avocat, je ne peux qu'ajouter - Grâce,
grâce pour un insensé! Pitié pour un mal-
heureux père!
(Signé) : L. ANASTAY. »
GEHIE ET ARTILLERIE
UNION DES SŒURS ENNEMISS
Rivalité qui date de loin. — Un moyen
de mettre la paix dans le ménage.
- Plus qu'une seule arme.
Les généraux Tricoche et de Frescheville
viennent de déposer à la Chambre une pro-
position de loi qui soulèvera un vif émoi
dans les armes spéciales. Il s'agit de la fu-
sion des deux armes « sœurs » dont l'anta-
gonisme séculaire est connu de tout le
monde : le génie et l'artillerie. Tentative
généreuse s'il en fut, de vouloir réconcilier
chiens et chats, et à laquelle s'associent
MM. de Mahy, colonel de Plazanet, de Pon-
levoy, vicomte de Montfort, c'est-à-dire des
députés appartenant aux opinions les plus
diverses.
De fait, les deux armé3 étaient réunies à
l'origine et leur sép aration s'est effectuée
lentement, péniblement, et sans raisons
suffisantes. La logique semble en effet
réclamer que les officiers du génie, « dùnt
la fonction principale consiste dans la
construction des forteresses et dans les
travaux d'attaque et de défense des places,
ne soient pas tenus séparés de leurs col-
laborateurs naturels, les artilleurs, pour
lesquels la fortification n'est qu'une série
de batteries de pierre, et les tranchées une
série de batteries de terre. » Et ne sortent-
ils pas les uns et les autres de l'Ecole po-
lytechnique?
Quelque spéciale que soit cette proposi-
tion de loi, ses auteurs ont jeté çà et là des
tableaux qui ne manqueront pas d'amuser
ceux qui, comme nous, ne sont pas du
« bateau ».
L'officier du génie
Après avoir « blagué » le titre « pom-
peux d'ingénieurs militaires », le rédacteur
de la proposition,— ce doit être le général
Tricoche,- nous fait le portrait suivant de
l'officier du génie :
Il tient à bâtir et à entretenir les casernes.
Ne pouvant plus construire de fortifications
permanentes, il essaye de s'affirmer comme
quatrième arme sur le champ de bataille, en
encombrant ce dernier d'ouvrages de campa-
gne; en On, il se charge d'assurer les commu-
nications par ballons, pigeons voyageurs, che-
mins de fer, ponts de circonstance, etc.
Si l'on examine de près toutes ces attribu-
tions, il semble qu'elles aient été, en grande
partie du moins, imaginées pour sauver le
prestige mourant de l'arme du génie.
Pourquoi s'obstiner à faire bâtir et entrete-
nir les casernes par des officiers, quand on
sait combien les conceptions des bilreaux mi-
litaires manquent de souplesse et de variété
et à quel prix reviennent les œuvres de ces
bureaux?
Cette observation s'applique, d'ailleurs, aussi
bien à l'artillerie qu'au génie, puisque les of-
ficiers d'artillerie construisent eux-mêmes
leurs docks et leurs bâtiments spéciaux.
Les fortifications de campagne, l'infante-
rie en fera elle-même la plus grande par-
tie; les communications de l'armée, mais
nous avons les ballons, les pigeons, les vé-
locipèdes; le génie établit' des ponts de
circonstance, des ponts de chevalet, mais
l'artillerie aussi, et elle s'en est acquittée
avec tant d'honneur « qu'on n'a jamais osé
la déposséder de ses glorieux ponton-
niers w.
La vérité, c'est que tous les officiers du
génie aspirent à une existence militaire moins
effacée, et que, dans leur ardeur inconsidérée
mais excusable, quelques-uns d'entre eux
vont jusqu'à demander qu'on leur donne l'ar-
tillcFie de forteresse, ce qui serait une vérita-
- frajûsoB dea intérêts Ics plus sacrés sic
l'armée, l'affaiblissement certain et déplorable
de l'artillerie française.
Car c'est là toute la question. Le génie et
l'artillerie étant en rivalité, le génie voyant
son rôle amoindri demande les ponton-
niers et l'artillerie de forteresse, ce contre
quoi s'élève l'artillerie. Fusionnons les
detix armes, dit la p oposition, et toute
querelle cessera, et les officiers, tous sortis
de Polytechnique, n'étant plus cantonnés
dans une spéciatité, pourront aller dans
l'emploi- quitter convient le plus. Tel artil-
Ipur qui est doué de qualité d'ingénieur
ferait des ponts ou des fortifications, tel
ofilcie.du génie qui aime la balistique
commanderait à des canaunierS.
Nous demandons que nos officiers du, corps
unique de l'artillerie et du génie, instraft!J<'è
toutes les parties de la science complexe de
leurs armes, soient spjéàialiaés le plus possible,
selon leurs altitudes soiguftusemçnt : consta-
tées et utilisées au'mieux fleurs intérêt~s et
des intérêts de l'armée.
I l'y aurait * ce* eharrgement des écono-
mies considérables à réaliser par la sup-
pression d'emplois parallèles et de direc-
tions rivales.
Les exemples du général Tricoche.
,: Mais c'est surtout la rivalité existant en-
tre les deux armes qui sert de base au gé-
néral Tricoche. Il précise l'heure où éclata
l'antagonisme (il date de 1766).
Le siège de Saint-Jean-d'Acre aurait en-
core réussi « si une division coupable, une
lutte acandaleuse, ne s'était établie entre
l'artillerie et le genie. »
Au siège de aëte, en 1806, on n'aurait
pas perdu un temps précieux à pratiquer*
des cheminées dans le roc, si les généraux
du génie avaient voulu employer l'artille-
rie dés le début.
A Badajoz, en 1811, les discussions de
l'artillerie du et génie sur l'emplacement-do
la batterie de brèche ont retardé le dénoue-
ment de huit jours. -,
Quand j'assiégeais les places de Catalogne,
dit Gouvion Saint-Cyr, je me trouvais entre
les commandants de l'artillerie et du génie -
comme un malade entre deux médecins bien
décidés.à ne pas le guérir.
Pendant le siège de Dantzig, le vieux maré-
chal Lefebvre se trouva plus d'une fois per-
plexe entre les avis opposés des généraux La-
riboisière et Chasseloup-Laubat.
L'intendant Lefcaûssoivle géaéral Su-"
sane demandaient la fusion des. deux ar- ,
-
mes.; •
Et cette fusion, intéressés ne «s'oppo-
sent pas à là voir ^accomplir. Le génie a
tout à y gagner. Quant à l'artillerie, « elle*
fera peut-etre quelques" objections, mais
elle comprend bien la nécessité de la me-
sure, et si elle résiste un peu, c'est qu'elle
craindra de voir introduire dans ses ca-
drés des officiers dont l'avancement a été
rapide et emi se trouveraient avoir le pas
sur leurs camarades de promotion de l'ar-
tillerie ».
C'est bien quelque chose, cela, quoique
le générât Tricuche n'ait pas l'_)y atta-
cher grande importance. V Pure question
de personnes M, dit-il sans trop s'y arrêter.
Telle est, rapidement analysée, cette
proposition intéressante, en somme, et
qui part d'une excellente intention.
CURIEUSE DESERTION
Un cas des plus curieux de désertion
vient d'être signalé à l'autorité par le con-
seil d'administration du 13° hussards, à
Gray.
Un militaire, âgé de quarante ans et qui
avait déserté le même régiment une pre-
mière fois il y a dix-huit ans, s'est évadé
de la prison où il venait d'être incarcéré
en attendant sa comparution devant un
conseil do guerre.
Sous un faux nom, il avait pu séjourner
à Paris sans être inquiété, lorsqu'à la suite
d'un vol de sacs de charbon, il fut enfermé
à Mazas. On put alors établir son identité,
et on le dirigea sur Gray, nouvelle garni-
son de son régiment.
Comme ce déserteur a huit enfants, la
prison militaire; eut pour lui quelques
égards et permit à ieà parents de lui faire
passer quelques victuailles.
Or, iL est maintenant certain qu'on a pu
lui fournir des effets d'habillement civit
dans un panier de provisions de bouche.
Les recherches faites pour le découvrir
sont restées infructueuses, et le brigadier
de surveillance est menacé d'un conseil de
guerre comme suspect de complicité.
RAVACHOL
E.'instruCtiOD. — Trois mises en
liberté.
C'est à n'y rien comprendre ! Ravachol a
été confronté hier après midi avec Chau-
mantin, Bastard et ua anarchiste nommé
Simon, dit Biscuit, qu'il accusait d'avoir
préparé avec lui les engins ayant servi aux
diverses explosions dont il est inculpé.
Ravachol accusait aussi — nous l'avons dit
— Bastard d'avoir commis l'attentat de la
caserne Labau. Or, après la confrontation,
qui a été très mouvementée et au cours de
laquelle Bastard et Simon ont violemment
reproché à leur camarade ses révélations,
Bastard a été remis en liberté.
11 était parvenu à prouver au juge, comme
deux et deux font quatre, qu'il n'ètaitpour
rien dans les affaires de Ravachol et que ce
dernier, en l'accusant, avait effrontément
menti.
Après la même confrontation, la mise en
liberté de Chaumantin a été décidée égale-
ment. Elle aura lieu aujourd'hui.
Le pauvre malheureux arrêté à Pantin
par M. Clément, uniquement parce qu'il
était assis sur un vieil obus, a été égale-
ment rendu à la liberté hier soir.
11 en a été de même d'Emile Mathieu, le
frère de Gustave qui se trouve actuellement
en Belgique.
Il est maintenant établi que, pour une
forte partie de ses fameuses révélations.
Ravachol a trompé la justice. De méchan-
tes langues prétendaient hier que la pré-
fecture de police avait elle-même trompé
le public en lui annonçant qu'en tenant
Ravachol elle tenait le véritable auteur des
attentats qui ont tant ému Paris en ces
derniers temps. Ce ne sont là, croyons-
nous, que des racontars; mais c'est égal,
M. Lozé ferait bien de nous apprendre sur,
quelles raisons il se base pour croire Ra-
chol vraiment coupable quand il ne parle
que de lui, et pour ne plus le croire du
tout quand il a dénoncé les autres.
Toute cette affaire Ravachol est entou-
rée, à la préfecture de police, d'un mystèra
d'autant plus incompréhensible qu'il n'a
plus aucune raison d'être. On pourrait bien
l'éclaircir un peu, jouer cartes sur tabla
en un mot; car dans le public on com-
mence sérieusement à croire que Ravachol
est un comparse de la préfecture de poliefe
chargé de déguisèr.pon.in5uifisaaçfe
ô »'«* dvi^taawrt ïi*al
Vi>-dettcfîème année. - 7,388
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UNE PLAISANTERIE
TURQUE
Le gouvernement turc vient de faire
unenkhe à l'Angleterre. L'expression
est peut-être vulgaire, mais il n'en est
pas de plus juste. On n'aurait pas cru
le sultan Abdul-Hamid si facétieux ni
le Divan si folâtre. Mais on peut être
badin à tout âge, et l'on a vu des hom-
mes plus que mûrs s'amuser à jouer
des tours d'écolier.
Le nouveau khédive d'Egypte, le
jeûne Abbas, a besoin, pour régner
tout à fait, d'un firman octroyé par
son suzerain. Il en a besoin, mais il
s'en serait passé à la rigueur, comme
les gens mariés à la mairie se passe-
raient à la rigueur du curé. Il s'est
rendu directement dans ses nouveaux
Etats, sans passer par Constantinople;.
il a pris immédiatement possession du
pouvoir, si l'on peut appeler pouvoir
la faculté qui lui est accordée de sui-
vre ponctuellement tous les conseils
de son Mentor impérieux, le résidant
britannique. Comme on annonçait la
prochaine arrivée du messager qui de-
vait apporter au Caire le précieux
papier, une nombreuse et redoutable
flotte anglaise l'attendait à Alexandrie,
pour lui faire honneur et pour bien
montrer aux Turcs comme aux Egyp-
tiens qu'il n'est point de belle fête sans
les canons de la reine.
Abdul-Hamid, pour déjouer ce des-
sein, a suspendu le départ de son en-
voyé jusqu'à l'ouverture du Ramadan.
Le Ramadan est le carême des musul-
mans, un carême à la fois rigoureuse-
ment et joyeusement observé : on
jeûne et on dort le jour, les nuits se
passent en noces et bombances; dou-
ble motif 'pour que les croyants ren-
voient à une autre époque toutes les
affaires sérieuses. La flotte anglaise
quitta donc Alexandrie, et aussitôt un
yacht impérial, en dépit des t raditions,
arrivait à Alexandrie, apportant le di-
gnitaire turc et son firman. La récep-
tion manque un peu de pompe, à cause
des convenances religieuses, mais
l'Angleterre est jouée. Si par hasard
le sultan a dés flatteurs, ils doivent le
féliciter chaudement de ce chef-d'œu-
<;Wre de haute diplomatie, et célébrer
sur tous le&, toiis une si glorieuse vic-
toire.
Nous sommes au premier abord
tentés d'en faire autant, parce que
nous n'avons pour les Anglais qu'une
sympathie modérée, qui devient en
Egypte quelque chose comme une
farouche antipathie.
Comme nous souhaitons de les voir
contraints à quitter la vallée du Nil,
quiconque leur cause quelque diffi-
culté ou quelque ennui est notre allié.
Aussi ne pouvons-nous que savoir bon
gré aux Turcs de ce qu'ils témoignent
une mauvaise humeur égale à la nô-
tre, et de - ce qu'ils jettent quelques
bâtons dans les roues du char britan-
nique.
Mais il ne faut pas non plus nous
- faire illusion sur la portée de cette op-
position, plus platonique que redouta-
ble, ni sur la fermeté de la diplomatie
ottomane, ni sur la valeur des succès
;' qu'elle remporte en esquivant les sal-
ves de la flutte anglaise. Le sultan est
le suzerain de l'Egypte, cela n'est pas
contestable, puisqu'il confirme les
pouvoirs des khédives et perçoit tous
les ans une somme très ronde sur les
impôts payés par les malheureux fel-
lahs. Mais il n'y a rien de plus vague
que la suzeraineté du sultan. Elle est
également établie sur des territoires
comme la Bosnie, l'Herzégovine et
Chypre, où l'autorité du sultan est
tout juste égale à celle qu'il exerce
sur le soleil et la lune. Il est aussi le
suzerain de la Bulgarie, qui se moque
de lui; si on l'interrogeait, il revendi-
querait un droit analogue sur la Tu-
nisie et même sur l'Algérie. Cela n'a
pas d'importance.
La Porte ottomane ressemble un
peu au Vatican. C'est une cour dont
les prétentions sont infinies, qui sou-
tient son pouvoir temporel par son
pouvoir spirituel et réciproquement,
qui fait de grandes pertts sans ja-
mais renoncer à rien, qui réclame
tout et se contente de ce qu'on lui
donne, fût-ce un sac d'écus, qui plie
tant qu'il faut, ne rompt guère, et
s'efforce sans cesse de renouer des
ficelles brisées. N'insistons pas sur ce
parallèle, qui deviendrait désobli-
geant et inj uste pour la papauté. Mais
achons bien que ce fameux firman
n'est qu'un bref, et que la façon dont
il a été remis ne changera rien à la
réalité des choses. -
Si d'ailleurs nous aimons à voir les
Turcs ennuyer les Anglais comme ils -
peuvent, nous ne devons en aucun
008 souhaiter de voir les premiers
substituer leur autorité à celle des se-
conds dans la vallée du Nil. Les An-
glais gouvernent durement et exploi-
tent méthodiquement les pays dont
ils sont maîtres ; mais ils gouvernent,
et ils y mettent de la , méthode. Ils ton-
dent les bredis, mais sans les écor-
cher, parce que les brebis écorchées
- ne sont plus bennes à rien ; ils cueil-
- tofil iggjrui& t mm M tf abaUeat pas
l'arbre. Leur despotisme n'est pas
très humain, mais ce n'est pas non
plus un despotisme bête et destructeur.
Partout où les Turcs ont passé, ils
ont fait le désert autant qu'il leur a
été possible. Ils ont conquis l'Egypte,
et ils l'ont piHée, mais ils ne l'ont ja-
mais administrée. Ce sont les Euro-
péens qui, sous MéhémeC-Ali et ses
successeurs, ont ramené un peu de
civilisation dans le pays des Ptolé-
mées ; or, Méhémet-Ali était un vassal
rebelle. Remettre l'Egypte sous le
joug des sultans, ce serait effacer un
siècle de progrès et replonger ce
malheureux pays dans la pire des
barbaries. La Turquie peut être pour
notre diplomatie un instrument, dont
il faudrait d'ailleurs se méfier. Mais le
jour où l'on nous soupçonnerait de
vouloir par dépit réinstaller au Caire
un pacha venu de Constantinople, la
cause que nous soutenons n'obtien-
drait plus aucune sympathie en Eu-
rope, et nous ne pourrions plus pré-
tendre que nous portons quelque in-
térêt aux Egyptiens.
Commines.
LeXIX0 SIÈCLE publiera demain la
a Chronique », par Francisque Sarcey.
L'INVESTITURE DU KHÉDIVE ;
Le Caire, 5 avril. — Eyoub-Pacha et le kbé-
dive on échangé aujourd'hui des visites.
Le firman est scellé. On croit qu'il règle la
question de frontière du Sinaï et fait courir ia
frontière de l'El Arish à Suez.
Dans ces circonstances, la cérémonie de la
lecture du firman et de l'investiture a été re-
tardée.
Ce retard cause une vive sensation.
LA QUESTION DU DAHOMEY
Un assez gros débat sur la politique co-
loniale en général, et sur ce qui se pass3
au Dahomey en particulier, s'engagera de-
main jeudi à la Chambre, à propos de la
discussion d'un crédit d3 360,000 francs
demandé par le gouvernement pour aug
menter l'effectif de nos troupes au Séné-
gal.
Par la même occasion, le gouvernement
déposera également une demande de cré-
dits supplémentaires destinés à envoyer
immédiatement au Dahomey les contin-
gents nécessaires à la défense de Porto-
Novo et de Kotonou et à la protection ide
nos compatriotes; ces contingents seront
pris parmi les troupes indigènes du Séné-
gal, qui seront remplacées au Sénégal par
de l'iiifàiiterie, de marine.;-
De plus, /deti:C croiseurs vont être en-
voyés au Dahomey, en sus du croiseur de
la division de l'Atlantique sud, qui a déjà
reçu l'ordre de partir. ;
Ces décisions ont été prises hier en con-
seil des ministres.
La dernière de Behanzin
L'administration des colonies a reçu de
Porto-Novo le télégramme suivant :
; j. Porto-Mo vo, 4 avril.
Dans la nuit du 3 au h, l'ennemi a brûlé Ke-,
tome et plusieurs villages des environs. Six
mille hommes, bien armés, sont actuellement
campés à quatre heures au nord de Porto-
Novo. -.
Ils paraissent attendre de nouveaux renforts
pour attaquer la ville.
Le lieutenant-gouverneur, M. Ballot, a reçu
une nouvelle lettre insolente du roi, dont
voici le résumé :
« Je ne suis jamais allé en France faire la
guerre, et je vois avec peine que la France
m'empêche de la faire contre un pays afri-
cain. Ceia ne la regarde pas. Si vous n'êtes
pas contents, vous pouvez faire ce que vous
voudrez ; moi, je suis prêt. »
On verra bien.
Encore une fois, il ne doit pas être ques-
tion de conquêtes nouvelles, mais do con-
server les positions acquises, mais de faire
respecter un traité que Behanzin viule avec
une insolence qui mérite un châtiment. 11
suffira de menacer Wydah, le seul point,
avec Kotonou, du royaume de Behanzin
par où se fasse le commerce maritime,
pour avoir raison dé cet anthropophage.
L'HIPPODROME D'AUTEUIL
L'accord n'est pas encore conclu entre la
commission municipale des courses et la
Société des steeple-chases de France.
Sur un point important la commission a
obtenu gain de cause: le comité de la So-
ciété des steeple-chases admet le principe
d'un prélèvement proportionnel sur les
recettes dans les mêmes conditions que
pour Longchamps, soit 3 0/0 de 1,500,000 fr.
à 1,800,000 fr., Ji 0/0 de 1,800,000 fr. à S mil-
lions, 5 0/0 au-dessus.
Une difficulté subsiste au sujet de l'élé-
vation du loyer annuel. La Société des
steeple-chases offre de payer 10,000 francs,
ainsi qu'elle le faitdepuis 1873, tandis que la
commission est d'avis de porter cette rede-
vance à cinquante mille francs.
La commission doit se prononcer au-
jourd'hui sur les dernières propositions
de la Société des steeple-chases.
UN CRUCIFIÉ VOLONTAIRE
(DE NOTRE CORRESPONDANT PARTICULIER)
Kœnigsberg, 5 avril.
Une incroyable tentative de suicide due
au fanatisme religieux s'est produite dans
la banlieue de notre ville.
Un ouvrier qui se rendait depuis long-
temps fameux par son exaltation religieuse
s'était construit une croix au moyen de
deux grosses poutre?. Profitant hier d'une
absence de sa femme, il traîna cette
croix dans sa maison, s'étendit dessus, se
lia les pieds avec une corde enroulée au-
tour de la poutre et de ses membres in-
férieurs. A la hauteur de la main gauche,
un grand clou à la tête appointie au moyen
d'une lime, sur lequel il appuya sa main
tandis que de l'autre il se la perçait à
grands coups de marteau. Cela fait, il se
saisit d'un couteau et s'en porta des coups
dans la poitrine. C'est en ce moment que
sa femme rentra. Elle arracha à l'exaité
son couteau, le délia, tout en apposant au
secours. On eut toutes les peines du monde
à arracher ce crucifié volontaire de son
, instrument de supplice, sur lequel il se
torturait en chantant les psaumes de la
pénitence. Il n'était vêtu que d'un pagne,
voulant imiter le Christ le plus fidèlement
possible.
Cétto aiiroroduit ici une vivt émo-
t~. - "'," - -,
LA BANQUE D'ALGERIE
CE QUI S'EST PASSÉ AU COMITÉ
SECRET DU SÉNAT
La situation de la Banque d'Algérie.
-Les aveux du directeur. — Le
voyage de la commission
d'enquête.
Un incident dès plus graves, sur lequel
nous .sommes arrivé-à faire la lumière
complète, s'est produit a l'une des derniè-
res séances de la commission sénatoriale
de l'Algérie.
M. Nelson, directeur de la. Banque d'Al-
gérie, était venu précédemment donner des
explications (!) sur la situation équivoque
de la société dont il s'était chargé d'assu-
rer la prospérité; Certains- journaux ayant
,publié un compte rendu de nature à éga-
rer l'opiiîion, M. Dide émit l'idée de faire
paraître une note rectificative. En même
temps, plusieurs des membres de la com-
mission manifestaient l'nteiîtion de procé-
der sans retard à une enquête approfondie
sur l'état de la Banque.
Sur la demande de M. Mauguin, la com-
mission se constitua aussitôt en comité
secret.
M. Mauguin demanda même que ses ob-
servations ne figurassent point au procès-
Bien qu'aucun des sénateurs présents
n'ait consenti à se laisser interviewer, nous
sommes aujourd'hui complètement rensei-
gne sur cette discussion dont nous allons
résumer les points importants.
La violation des statuts
La violation formelle des statuts a d'abord.
été établie. -
En effd, l'article 6 de la loi constitutive
de la Banque d'Algérie es; ainsi conçu :
ti Le montant ces billets en circulation,
cumulé avec celui ues sommes dm:s par la
Banque eu compte courant, ne .pourra ex-
céder le triplé du numéraire existant en
caisse. »
Or, d'après lé bilan du 139 février der-
nier, le numéraire en caisse est en chiffres
ronds de 31,800,000 francs; par cO¡ltre,i\n-
semble dCS,CU¡i¡pt.;S, courants s'élève a 50
millions qui, ajoutés aux 71 miilton. de
billets en circulation, forment un total de
121 millions, supérieur de 20 millions au
triple'du numéraire en caisse.
Inutile d'insister.
Les comptes extérieurs
- D'autre part, l'article du bilan, comptes
extérieurs, inscrit pour 18 millions, com-
prend les propriétés que la Banque a été
forcée d'exproprier.
Depuis longtemps, on prétendait dans le
mouué de la Bourse que si la Banque Vou-
lait réaliser ces immeubles, eile perdrait
certainement 8 à 10 millions. Cette asser-
tion pouvait paraître contestable.
Elle ne l'est plus, puisque M. Nelson en a
reconnu lui-même l'exactitude devant la
commission, avouant ainsi qu'il contreve-
nait à un autre article des statuts obli-
geant la Banque à comprendre dans son
actif les créances en souffrance pour moi-
tié seulement de leur valeur nominale. -
Les vampires
Mais ou là stupéfaction do certains séna-
teurs aatteint son maximum,c'est envoyant
le directeur de la Banque dans l'impossi-
bilité de contester les renseignements qu'on
leur avait donnés sur la manière dont il
pratiquait les affaires.
Il suffisait de « plaire" au directeur pour
obtenir, sans aucune garantie, des prêts
fantastiques. Tous les conseillers généraux
d'Algerie sont ou les débiteurs de la Ban-
que, ou ses hommes d'affaires. En particu-
lier M.Morinaud,conseiller général deCons-
tantine, qu'à tort ou à raison l'on accusait
de prêter à la petite semaine, a eu un
compte débiteur de 900,000 francs, qui
s'élève encore aujourd'hui à 300,000 francs.
M. Lesueur, sénateur, avait, au mois de
février 1891, une fiche de 976,000 fraucs
dont les intérêts étaient dus et qui atteint
actuellement 1,100,000 francs.
.L.a maisonBertagna, de Bone, doit 500,000
francs; pareille somme a été prêtée à un
bonhomme de Kabylie, sur un moulin
qu'on ne parvient pas à vendre 75,000 fr.
Afin de régulariser » ces opérations
scandaleuses, ia Banque établissait dans
les différentes villes des comptoirs d'es-
compte, en apparence indépendants, qui
lui servaient d'intermédiaires.
Pour ne citer qu'un exemple, le comptoir
de Philippeviile, fondéau capital de 100,000
francs, sur lesquels 25,000 seuls furent ver-
sés, avait, au moment de sa liquidation,
un compte de 1,700,000 francs à la Banque.
Tous ces faits, nous le répétons, car c'est
là le point capital, ont été reconnus exacts
devant la commission par M. Nelson.
Déclaration de M. Mauguin
On conçoit l'état d'âme de nos pères
conscrits en présence de telles révéla-
tions.
Aussi l'un d'eux, invoquant ce qui s'était
fait récemment pour le Crédit foncier,
proposa d'envoyer de suite un inspecteur
des finances à Alger.
M. Mauguin se leva et, après avoir fait
promettre le secret à ses collègues, pro-
nonça les paroles suivantes, qu'il a eu l'im-
prudence de répéter ailleurs :
« Je connais cette situation depuis 15
ans. Non seulement le capital est perdu;
mais, en supposant une liquidation lente,
opérées dans les meilleures conditions pos-
sible, on ne pourrait même pas rembour-
ser les billets en circulation. Puisqu'il n'y
a rien à sauver, il serait donc imprudent
de prendre dcw mesures « conservatoires»
qui pourraient provoquer une panique
désastreuse. »
Les collègues de M. Mauguin n'ont pas été
tout à fait de son avis, et ils ont décidé de
profiter de leur voyage en Algérie pour se
livrer à une enquête très minutieuse sur la
situation de la Banque.
Ces messieurs s'embarquent le 16 avril ;
tous les jours ils reçoivent des lettres d'Al-
gériens qui demandent à être entendus.
Il est donc certain que le ministre des
finances ne déposera pas le projet de re-
nouvellement du privilège de la Banque
d'Algérie avant le retour de la commis-
sion.
LA MISSION MENARD MASSACRÉE
Le gouverneur du Sénégal a reçu du
lieutenant Marchand, résident auprès du
roi Tiéba, des informations datées de Kou-
tiène, au sud de Timé (carte Binger}, 21 fè-
vrier, mentionnant, sous toutes réserves,
le bruit du massacre de la mission Ménard,
le J. février, a Seguela, par des hommes de
Samory. 1 : -f'
[ St £ u«la est mmjrajid viiiaae loriiâô du
pays de KaIJandra, situé au croisement du
9e degré de longitude ouest et du 7e degré
! de latitude nord.
Le lieutenant Marchand était parti pour
Seguela afin de s'assurer de la valeur de
ces bruits, mais il ignorait s'il pourrait y
parvenir.
Le courrier de la côte occidentale d'Afri-
que a apporté hier une lettre du capitaine
Ménard au sous-secrétaire d'Etat des co-
lonies. Dans cette lettre, datée de Sakhala,
le capitaine Ménard donne des nouvelles
favorables de la santé de la mission et se
loue du bon accueil qu'il a reçu sur son
parcours; mais il signale les difficultés
que l'état de guerre dans les possessions
de Saniory va apporter à l'accomplisse-
ment de sa mission. ','
L'ŒUVRE DES PETITES MENDIANTES
Notre collaborateur Paul Ginisty a reçu
hier, pour l'œuvre si intéressante des
« Petites Mendiantes », dirigée par Mlle
Rault, dont il avait parlé dans une récents
chronique :
D'un anonyme, à Calais. 100
Laure, à Chartres. 50
Un abonné -. 5
Mlle HOl'ber. 5
Anonyme. 10
Anouyme. 2
J. R 90
Nous avons également reçu, diverses pe.
tltes-sommes en timbres-poste. Nous re-
mercions vivement nos lecteurs de la
sympathie qu'ils témoignent à uns oeuvre
bien digne, en effet, de l'inspirer.
LE METROPOLITAIN
M. Santon, président du conseil munici-
pal de Paris, et Ca, on, rapporteur dans la
question du Métropolitain, ont eu hier
après midi une entrevue avec M. Vielle,
ministre des travaux publics.'
M. Viette s'est fait exposer par MM. San-
ton et Caron l'historique des pourparlers,
auxquels a donné lieu cette affaire, il a
écouté très attentivement le> explications
qui lui ont été fournies et promis d'exami-
ner prompteinent, avec le désir de pou-
voir l'approuver, le projet de tracé adopté
par le conseil municipal de Paris. ,,'
: ON REND L'ARGENT
Les époux Letoux,demeurant à Levallojs-
Perret, A0, rue Victor-Hugo, ont une mo-
nomanie bizarre.
Alors que la plupart des contribuables
cherchent tous les moyens de se dérober
aux exigences du fisc, ces originaux s'ef-
forcent vainement d'acquitter une dette
imaginaire—.-^-. ;
Sous prétexte qu'ils ont acheté jadis deâ
matériaux provenant du château de Blois
dont ils n'auraient pas payé le prix, les
époux Letoux adressent vainement à toutes
les autorités constituées des liasses de bil-
lets de banque. V , ;
M. Carnot a reçu d'abord cinq cents francs,
qu'il s'est empressé de renvoyer aux expé-
diteurs par l'intermédiaire du commissaire
de police.
Un nouvel envoi de deux mille francs
n'a pas été mieux accueilli à la présidence
de la République, et l'administration des
postes, chargée cette fois d'opérer la res-
titution, n'a pu, jusqu'à ce jour, décider
les époux Letoux à reprendra leur bien.
Hier enfin, l'administration des domai-
nes, à qui M. et Mme Letoux avaient en-
voyé quatre cents francs, a dû remettre
l'argent entre les mains du commissaire
de police de Levallois-Perret, les époux
Letoux refusant obstinément d'ouvrir la
porte à l'employé chargé d'opérer la resti-
tution.
C'est la première fois,croyons-nous,qu'on
voit le fiac offrir, en vain. de rendre l'ar-
gent.
LA FLOTTE VOLONTAIRE RUSSE
On ignore généralement qu'il existe en
Russie une flotte volontaire, dont la for-
mation remonte, à l'époque du traité de
Berlin, grâce à l'initiative de comités diri-
gés par le grand-duc héritier d'alors, au-
jourd'hui le tsar.
Cette flotte, d'abord composée de trois
croiseurs achetés aux Etats-Unis, et qui
ressort au ministère de la marine —
quoique propriété particulière — parce
qu'elle est chargée, en temps de paix, du
personnel et du matériel de l'Etat entre
Odessa, Vladivostock et Saghalien, pourra
mettre en ligne, dès l'année prochaine,
douze navires entièrement neufs, filant de
17 à 18 nœuds, et qui porteront les noms
de provinces russes.
Il résulte d'une communication trans-
mise par notre attaché naval qu'un ukase
alloue à la flotte volontaire une subven-
tion de 600 mille roubles pendant dix ans,
à la condition d'acquérir pendant ce temps
quatre nouveaux bâtiments à marche ra-
pide d'un déplacement minimum de 7,000
tonneaux.
UN AVENTURIER
Orléans, 5 avril.
Aujourd'hui est venu s'échouer devant
la cour d'appel d'Orléans un baron hol-
landais authentique nommé Reeser de
Graillet, qui a été autrefoiscondamné à un
an de prison pour espionnage par la cour
de Leipzig.
Reeser s'est rendu coupable de nombreu-
ses escroqueries, principalement au préj u-
dice des prêtres, chez lesquels il se présen-
tait comme un écrivain catholique de va-
leur et digne d'intérêt. Il montrait de
fausses lettres de l'archevêqua de Malines
et de l'évêque d'Amiens. Emprisonné à Pi-
thiviers, il avait tenté de s'évader et fut
condamné, pour ce fait, à trois mois de
prison.
Il a fait appel devant la Cour d'Or-
léans, où il a comparu il y a six semaines.
Il a demandé le huis clos sous prétexte
qu'il avait à produire certains documents
concernant des hommes politiques en vue.
Le huis clos a été accordé.
Aujourd'hui il a comparu de nouveau,
ayant fait appel d'un autre jugement du
tribunal de Pithiviers le condamnant à
trois mois de prison pour escroqueries. Il
a demandé de nouveau le huis clos, qui
lui a été refusé. Reeser prétend avoir rendu
de grands services à la France. Il a servi,
dit-il, dans t'armée française en 1870. Il se
fijt poursuivi par la vengeaaca de certains
hommes politiques. La Cour s'est montrée
indulgente : elle a baissé la peine à un
mois de prison. Rtiéser se trouve, en outre,
aous le couD d'un arrêté d'çxiiuisioû.
DERNIERE SUPPLIQUE"
LE PÈRE D'ANASTAY AU PRÉSIDENT
DE LA RÉPUBLIQUE
Deux lettres suppliantes. ;. Bou-
chage et M. Anastay.
Malgré là démarche qu'a faite avant-hier
à l'Elysée Me Henri Robert, M. Âhàstày père-,
affolé par l'annonce de la décision défavo-
rable de la commission des grâces, a cru
devoir adresser une supplique dernière à
M. le président de la République. -
M. Anastay père est aùé trouver hier
son avocat, Me César Bouchage, et lui 9 de*-
mandé avèc instance de vouloir bien sup-
plier personnellement M. Carnot d'user dé
son droit de grâce en dépit des rapports
de M. lé président des assises,de M. le pro-
cureur général et de la commission des
grâces.
Très bienveillamment; Me César Bou-
chage s'est mis à la disposition de M. L.
Anastay et a écrit à M. le président de la
République une lettre au bas de laquelle
le malheureux père du meurtrier de la
baronne Dcllard a, d'une écriture tremblée,
ajouté quelques lignes suppliantes.
Voici la lettre de MO César Bouchage :
« Monsieur le président de la Répu-
blique,
» M. Anastay père, dont je suis l'avocat,
me prie d'appuyer auprès de vous le re-
cours en grâce de son malheux fils.
» Je ne puis résister au désir de ce pau-
vre homme dont je connais la profonde
douleur.
"Mais que pourraisje vous dire ? Vous
avez tout appris;
a Permettez-moi cependant de vous faire
respectueusement observer que la défense
n'a pas trouvé, dans l'instruction de cette
malheureuse affaire, les garanties qu'elle
était en droit d'exiger.
» Anastay n'a pas été soumis à un exa-
mon médico-légal. N'y avait-il pas lieu
pourtant, en. présence des documents mili-
taires versés aux débats et en raison même
du siège de sa maladie qui touche au
cerveau, de faire la lumière sur le point de
savoir si l'accusé était sain d'esprit?
» Anastay est-il complètement responsa-
ble ? Le doute à cet égard me semble por-
HUS. Et s'il en est ainsi, ia mesure de clé-"
mence que nous sollicitons pour lui ne se
justifie-t-elle pas d'elle-même ?
» Je livre ces simples réflexions à votre
conscience éclairée, monsieur le président,
persuadé que vous apprécierez comme il
le méfite le sentiment qui me guide.>,
"Dans l'espérance que vous voueffèz
bien m'excuser si j'ai été importun, dai*
gnez agréer, monsieur le président, l'home
mage de mes sentiments les plus respeo-
tueux. ,
» (Signé) : César Bouchags,
» Avocat à la cour d'appel de Paris,
» Conseiller général de là Savoie.
Suit la supplique ainsi conçue de M.
Ahasjay père :
« A réloquenfet véridique appel de tnpn
avocat, je ne peux qu'ajouter - Grâce,
grâce pour un insensé! Pitié pour un mal-
heureux père!
(Signé) : L. ANASTAY. »
GEHIE ET ARTILLERIE
UNION DES SŒURS ENNEMISS
Rivalité qui date de loin. — Un moyen
de mettre la paix dans le ménage.
- Plus qu'une seule arme.
Les généraux Tricoche et de Frescheville
viennent de déposer à la Chambre une pro-
position de loi qui soulèvera un vif émoi
dans les armes spéciales. Il s'agit de la fu-
sion des deux armes « sœurs » dont l'anta-
gonisme séculaire est connu de tout le
monde : le génie et l'artillerie. Tentative
généreuse s'il en fut, de vouloir réconcilier
chiens et chats, et à laquelle s'associent
MM. de Mahy, colonel de Plazanet, de Pon-
levoy, vicomte de Montfort, c'est-à-dire des
députés appartenant aux opinions les plus
diverses.
De fait, les deux armé3 étaient réunies à
l'origine et leur sép aration s'est effectuée
lentement, péniblement, et sans raisons
suffisantes. La logique semble en effet
réclamer que les officiers du génie, « dùnt
la fonction principale consiste dans la
construction des forteresses et dans les
travaux d'attaque et de défense des places,
ne soient pas tenus séparés de leurs col-
laborateurs naturels, les artilleurs, pour
lesquels la fortification n'est qu'une série
de batteries de pierre, et les tranchées une
série de batteries de terre. » Et ne sortent-
ils pas les uns et les autres de l'Ecole po-
lytechnique?
Quelque spéciale que soit cette proposi-
tion de loi, ses auteurs ont jeté çà et là des
tableaux qui ne manqueront pas d'amuser
ceux qui, comme nous, ne sont pas du
« bateau ».
L'officier du génie
Après avoir « blagué » le titre « pom-
peux d'ingénieurs militaires », le rédacteur
de la proposition,— ce doit être le général
Tricoche,- nous fait le portrait suivant de
l'officier du génie :
Il tient à bâtir et à entretenir les casernes.
Ne pouvant plus construire de fortifications
permanentes, il essaye de s'affirmer comme
quatrième arme sur le champ de bataille, en
encombrant ce dernier d'ouvrages de campa-
gne; en On, il se charge d'assurer les commu-
nications par ballons, pigeons voyageurs, che-
mins de fer, ponts de circonstance, etc.
Si l'on examine de près toutes ces attribu-
tions, il semble qu'elles aient été, en grande
partie du moins, imaginées pour sauver le
prestige mourant de l'arme du génie.
Pourquoi s'obstiner à faire bâtir et entrete-
nir les casernes par des officiers, quand on
sait combien les conceptions des bilreaux mi-
litaires manquent de souplesse et de variété
et à quel prix reviennent les œuvres de ces
bureaux?
Cette observation s'applique, d'ailleurs, aussi
bien à l'artillerie qu'au génie, puisque les of-
ficiers d'artillerie construisent eux-mêmes
leurs docks et leurs bâtiments spéciaux.
Les fortifications de campagne, l'infante-
rie en fera elle-même la plus grande par-
tie; les communications de l'armée, mais
nous avons les ballons, les pigeons, les vé-
locipèdes; le génie établit' des ponts de
circonstance, des ponts de chevalet, mais
l'artillerie aussi, et elle s'en est acquittée
avec tant d'honneur « qu'on n'a jamais osé
la déposséder de ses glorieux ponton-
niers w.
La vérité, c'est que tous les officiers du
génie aspirent à une existence militaire moins
effacée, et que, dans leur ardeur inconsidérée
mais excusable, quelques-uns d'entre eux
vont jusqu'à demander qu'on leur donne l'ar-
tillcFie de forteresse, ce qui serait une vérita-
- frajûsoB dea intérêts Ics plus sacrés sic
l'armée, l'affaiblissement certain et déplorable
de l'artillerie française.
Car c'est là toute la question. Le génie et
l'artillerie étant en rivalité, le génie voyant
son rôle amoindri demande les ponton-
niers et l'artillerie de forteresse, ce contre
quoi s'élève l'artillerie. Fusionnons les
detix armes, dit la p oposition, et toute
querelle cessera, et les officiers, tous sortis
de Polytechnique, n'étant plus cantonnés
dans une spéciatité, pourront aller dans
l'emploi- quitter convient le plus. Tel artil-
Ipur qui est doué de qualité d'ingénieur
ferait des ponts ou des fortifications, tel
ofilcie.du génie qui aime la balistique
commanderait à des canaunierS.
Nous demandons que nos officiers du, corps
unique de l'artillerie et du génie, instraft!J<'è
toutes les parties de la science complexe de
leurs armes, soient spjéàialiaés le plus possible,
selon leurs altitudes soiguftusemçnt : consta-
tées et utilisées au'mieux fleurs intérêt~s et
des intérêts de l'armée.
I l'y aurait * ce* eharrgement des écono-
mies considérables à réaliser par la sup-
pression d'emplois parallèles et de direc-
tions rivales.
Les exemples du général Tricoche.
,: Mais c'est surtout la rivalité existant en-
tre les deux armes qui sert de base au gé-
néral Tricoche. Il précise l'heure où éclata
l'antagonisme (il date de 1766).
Le siège de Saint-Jean-d'Acre aurait en-
core réussi « si une division coupable, une
lutte acandaleuse, ne s'était établie entre
l'artillerie et le genie. »
Au siège de aëte, en 1806, on n'aurait
pas perdu un temps précieux à pratiquer*
des cheminées dans le roc, si les généraux
du génie avaient voulu employer l'artille-
rie dés le début.
A Badajoz, en 1811, les discussions de
l'artillerie du et génie sur l'emplacement-do
la batterie de brèche ont retardé le dénoue-
ment de huit jours. -,
Quand j'assiégeais les places de Catalogne,
dit Gouvion Saint-Cyr, je me trouvais entre
les commandants de l'artillerie et du génie -
comme un malade entre deux médecins bien
décidés.à ne pas le guérir.
Pendant le siège de Dantzig, le vieux maré-
chal Lefebvre se trouva plus d'une fois per-
plexe entre les avis opposés des généraux La-
riboisière et Chasseloup-Laubat.
L'intendant Lefcaûssoivle géaéral Su-"
sane demandaient la fusion des. deux ar- ,
-
mes.; •
Et cette fusion, intéressés ne «s'oppo-
sent pas à là voir ^accomplir. Le génie a
tout à y gagner. Quant à l'artillerie, « elle*
fera peut-etre quelques" objections, mais
elle comprend bien la nécessité de la me-
sure, et si elle résiste un peu, c'est qu'elle
craindra de voir introduire dans ses ca-
drés des officiers dont l'avancement a été
rapide et emi se trouveraient avoir le pas
sur leurs camarades de promotion de l'ar-
tillerie ».
C'est bien quelque chose, cela, quoique
le générât Tricuche n'ait pas l'_)y atta-
cher grande importance. V Pure question
de personnes M, dit-il sans trop s'y arrêter.
Telle est, rapidement analysée, cette
proposition intéressante, en somme, et
qui part d'une excellente intention.
CURIEUSE DESERTION
Un cas des plus curieux de désertion
vient d'être signalé à l'autorité par le con-
seil d'administration du 13° hussards, à
Gray.
Un militaire, âgé de quarante ans et qui
avait déserté le même régiment une pre-
mière fois il y a dix-huit ans, s'est évadé
de la prison où il venait d'être incarcéré
en attendant sa comparution devant un
conseil do guerre.
Sous un faux nom, il avait pu séjourner
à Paris sans être inquiété, lorsqu'à la suite
d'un vol de sacs de charbon, il fut enfermé
à Mazas. On put alors établir son identité,
et on le dirigea sur Gray, nouvelle garni-
son de son régiment.
Comme ce déserteur a huit enfants, la
prison militaire; eut pour lui quelques
égards et permit à ieà parents de lui faire
passer quelques victuailles.
Or, iL est maintenant certain qu'on a pu
lui fournir des effets d'habillement civit
dans un panier de provisions de bouche.
Les recherches faites pour le découvrir
sont restées infructueuses, et le brigadier
de surveillance est menacé d'un conseil de
guerre comme suspect de complicité.
RAVACHOL
E.'instruCtiOD. — Trois mises en
liberté.
C'est à n'y rien comprendre ! Ravachol a
été confronté hier après midi avec Chau-
mantin, Bastard et ua anarchiste nommé
Simon, dit Biscuit, qu'il accusait d'avoir
préparé avec lui les engins ayant servi aux
diverses explosions dont il est inculpé.
Ravachol accusait aussi — nous l'avons dit
— Bastard d'avoir commis l'attentat de la
caserne Labau. Or, après la confrontation,
qui a été très mouvementée et au cours de
laquelle Bastard et Simon ont violemment
reproché à leur camarade ses révélations,
Bastard a été remis en liberté.
11 était parvenu à prouver au juge, comme
deux et deux font quatre, qu'il n'ètaitpour
rien dans les affaires de Ravachol et que ce
dernier, en l'accusant, avait effrontément
menti.
Après la même confrontation, la mise en
liberté de Chaumantin a été décidée égale-
ment. Elle aura lieu aujourd'hui.
Le pauvre malheureux arrêté à Pantin
par M. Clément, uniquement parce qu'il
était assis sur un vieil obus, a été égale-
ment rendu à la liberté hier soir.
11 en a été de même d'Emile Mathieu, le
frère de Gustave qui se trouve actuellement
en Belgique.
Il est maintenant établi que, pour une
forte partie de ses fameuses révélations.
Ravachol a trompé la justice. De méchan-
tes langues prétendaient hier que la pré-
fecture de police avait elle-même trompé
le public en lui annonçant qu'en tenant
Ravachol elle tenait le véritable auteur des
attentats qui ont tant ému Paris en ces
derniers temps. Ce ne sont là, croyons-
nous, que des racontars; mais c'est égal,
M. Lozé ferait bien de nous apprendre sur,
quelles raisons il se base pour croire Ra-
chol vraiment coupable quand il ne parle
que de lui, et pour ne plus le croire du
tout quand il a dénoncé les autres.
Toute cette affaire Ravachol est entou-
rée, à la préfecture de police, d'un mystèra
d'autant plus incompréhensible qu'il n'a
plus aucune raison d'être. On pourrait bien
l'éclaircir un peu, jouer cartes sur tabla
en un mot; car dans le public on com-
mence sérieusement à croire que Ravachol
est un comparse de la préfecture de poliefe
chargé de déguisèr.pon.in5uifisaaçfe
ô »'«* dvi^taawrt ïi*al
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